5.3 LA ZONE PRÉ-LACUSTRE DE SENDÉGUÉ

Bréhima KASSIBO

Notre étude se situe à deux niveaux. Au niveau géné- de première occupation a été partiellement gommé ral, elle porte sur l’Arrondissementde Sendégué,dont au profit des groupes hégémonistesqui l’ont recupéré le chef-lieu, relevant du Cercle de , est situé à grâce à l’emploi de la force devenue facteur de légiti- une centaine de kilomètres au nord-est de la capitale mation ; ce qui en rend la lecture de plus en plus régionale. Il se compose d’un ensemble de neuf vil- malaisée et contradictoire par les intéressés eux- lages ayant emprunté le même parcours historique, et mêmes, et assez confuse pour le profane. Le village d’un écosystèmevarié et riche constitutif du terroir de Déra semble être l’un des plus anciens sites de commun. À un niveau plus réduit, le village de peuplement de la zone avec Gourdo et Tioka. Le Sendéguéoffre la particularité de renfermer la majori- peuplement m&a apparaît aux yeux de la majorité té des pêcheurs qui, par leur position privilégiée, des autochtonescomme la strate la plus ancienne. Le contrôlent l’essentiel des activités halieutiques de la clan marka des Fofanü revendique la paternité de la zone. 11y a interférence constante entre ces deux fondation de Déra, ce que lui contestentles Bamanan niveaux, ce qui Offre I’opportunité d’utiliser plusieurs (Bouaré) qui en détiennent encore kd chefferie. Ce angles d’observation permettant d’appréhender la sont eux qui en ont fait - grâce à sa foire hebdoma- dynamique globale du système.La zone étudiée est daire - l’un des principaux centrescommerciaux de la intéressanteà plusieurs points de vue : elle constitue sous-région depuis le X?rIIIe siècle. Cependant, par une vaste cuvette d’inondation située à l’entrée des leur caractèreguerrier et leur nombre élevé, ils ont pu lacs Débo et Korientzé, elle est propice à l’exercice selon toute vraisemblanceassujettir les Marka minori- des trois activités séculairesdu Delta Central, c’est-à- taires et acquérir ainsi la maîtrisepolitique du terroir. dire la pêche, l’agriculture et l’élevage. Elle sert à l’accueil des pêcheurs migrants lors des pêches de Le représentant le plus ancien du groupe de pécheurs soro- saison froide et d’étiage. Zone de peuplement multi- go est le clan Sembé, qui revendique une communauté ethnique qui regroupe une mosaïque de groupes d’origine avec les autres clans marka de la zone, spéciale- humains, elle apparaît comme la représentation en ment les Fofana auxquels il est étroitement lie dans l’exécu- miniahue du macrocosmedeltaïque. Historiquement tion des sacrif?ces rituels de l’eau résultant strictement du considérée comme foyer de peuplement ancien, les droit de première occupation. Les Semhé auraient réside principaux groupes ethniques constitués de pasteurs avec les Fobna 2 Dém avant leur dëpart pour Sendégué. Plusieurs autres groupes de @heurs &nt les Kossiboi les (Peuls), d’agriculteurs (Marka, Bamanan, Rimaïbé), Kontao ( 1) et les Komou ont rejoint les Sembé à Send&é. de pêcheurs (Bozo, Somono) l’ont marqué - chacun à les Somono étaient d’abord installés dans le M&a à sa façon - de leur empreinte. M&ou d’où ils ont été d&portés pdr les Toucouleur 2 Sendégue. Constituts de patrilignages différents ils ont fini par former un groupe homogène sous la direction des Tiaké. Le groupe peu1 majoritaire est d’installation très HISTOIRE ancienne. Le clan des E%îissu de l’ancètre éponyme &z1so c.2) DU PEUPLEMENT

Les migrations en direction de la zone se sont effec- tuées par vagues successives,l’ordre chronologique (1) Les Kossibo, littéralement IUw~ (serpent) et ShiDo,alliés d’arrivée se lisant à travers les préséancesfoncières du serpent noir, maître en sciences trc&es dont le foyer de sur la terre, l’herbe et l’eau, qui s’expriment à travers dispersion est le village de Sabü dans le lXdlloub6, seraient issus le monopole ethnique d’un de ces facteurs naturels originairement du clan des Kontao, maitre de la pluie (kzwn : de production. Cependantcet ordre fondé sur le droit pluie et iua : appeler), venu du iWmd&selon la tradition. reussita hltir une unité pastoraleappelée Ouroubé Doudé supérieures appelées cantons, à composante mono-eth- bien abant l’avènementde la Dina. SékouAmadou octroya nique, ont continué à assurer la gestion politique des la chefterieau clan des Ci& installéà Kontza.C’est sous la pêcheries (arbitrage des conflits) et des hommes (paiement colonisationfrançüise que le sort du cantontomba entre les des impôts et taxes). Les pêcheursde Sendéguéne rele- mainsdes Bâ de Send@ué.Ils transformèrentle village en vaient pas du canton de I’Ouroubé Doudé mais de celui de chef-lieujusqu’en 1%8, date de la suppressiondu canton- BCoulaka Bozo dont Ic chef-lieu était M’Bouna. nat. L’érection de I’ex-canton de I’Ouroubé Doudt! en wondissement-ampute de Iiontza et bien d’autresvillages dominés-permit aux diiérents clans des Bà de Sendégué La création de l’arrondissement de Sendégué en 1967 d’étendreleur pouvoir sur les autresgroupes ethniqueset et le pouvoir concédé au chef de village sur les chefs les vi&grs environnants,gr2ce à l’accaparementde la chef- de quartiers ont permis une intégration des différents ferie de village et des principalesfonctions politiques leur terroirs dans le finage villageois et leur insertion dans cc&rant le contr?+ occulte des décisionspolitico-admi- une entité plus vaste dont la gestion est devenue nistfatwen. commune, sous la responsabilité du chef d’arrondisse- ment et des autorités traditionnelles. Étude de la morphologie villageoise Les groupes de lignages

Le village de Sendégué, à l’instar de tous ceux de la La déftition classique du ligmage fait référence à un r+ion, est le lieu d’inscription des rapports interligna- ascendant commun à tous les descendants mâles d’un gers. La configuration alvéolaire de l’habitat regroupé groupe déterminé, ayant en commun un nom propre autour de la résidence de l’a*%&du groupe est typique et des traditions spécifiques. Les termes bozo : du regroupement par f&w (ensemble de segments de hzwynmn, kadioma, !+zco dont l’équivalent en patrilignages) et l’ordre d’arrivée est énoncé par Bamanan est le j&so (c’est-à-dire maison des pères) l’agencement des quartiers à prédominance ethnique ; correspondent à peu près à cette définition. il se lit à partir du centre de l’agglomération, qui est le Cependant le JISO peut signifier une unité résidentiel- lieu du pouvoir, vers la périphérie où résident les le (quartier de village), le village ou le pays d’origine, dépendants et les exclus du pouvoir. la patrie dans son sens le plus extensif. Dans le cadre de notre étude il représente le groupe de patrili- Les Sembé et les Bâ occupent le centre du village. Les gnages. Face à l’étranger et à l’administration, le grou- quartiers sont j composanteethnique. Tous les Peuls et pe est présenté comme unité biologique, résidentielle Iwrs dépendantssont regroupésdans le quartierFzrnnmti, et sociale, dont tous les membres relèvent d’une auto- les Sorogo,dans le quartierSorng~r~n sous la direction reli- rité commune qui est celle de l’aîné, le /~a ou chef du gieuse dei: Sembésacrificateurs et des Kossibo chefs de peche. Bien qu’ultérieurementinstallés, ces derniers leur faso. C’est ainsi qu’il apparaît dans les rôles adminis- ont ravi la chefferie politique des eaux et du quartier tratifs sous la forme d’unité administrative de paie- Swoguna. Les Somono occupent Konzonn,espace situ ment d’impôt. entre les SembCet les Bà, sur lequel ils ont éte conviés2 s’établirpar suite d’une alliance matrimonialeavec le chef de la fractiondirigeante des Peuls.IA gestiontraditionnelle Dans la réalité il en va autrement car le f&o est des territoires(p%urages, pecheriea, champs) était l’rruvre constitué de ménages autonomes qui sont autant des chefs de quartiers à composante mono-ethnique ; d’unités de production et de consommation placées chaqueélément du terroir relevait d’une entir traditionnel- sous l’autorité d’un chef de ménage. Cette confusion le (chef de pâturage ou dioro, chef de terre ou ~US&, de sens repose sur une indifférenciation entre proces- maitre des eaux appeléji durzznz~~. MEme insérés dans les sus de production et rapports sociaux qui s’exercent à entités étatiques(peules, toucouleur,française) les unités des niveaux différents et par des acteurs différents. C’est au niveau des rapports de production que l’on note i’existence de droits et de prérogatives liés au -~- statut social des producteurs, dans la distribution du (2) Mohamedag Youssouf (19‘841,à propos de la fondation de surplus. En réalité, le fmo correspond au groupe de I’Ouroubé Doudé, fait référence au mythe de création des patrilignages (3) constitué grâce au regroupement quatre clans peuls par quatre fr&es issus de la même mère. autour du segment aîné du lignage fondateur, de seg- C’est l’un des quatre fils de Juuso, Yero, qui serait â l’origine de ments cadets ainsi que de familles étrangères prove- la crtation du Wum Y&oobé de Sendégué.Cependant aux dires d’un chef des Ouroubé de Sendégué rapportés par Gdllais (1%7), leur depart du Fouta Toro daterait de 547 ans avant la Dina de Sékou Amadou, soit en 1271.Mais leur fmation (3) 11s’agit du regroupement de plusieurs segments d&itive dansles agglom&rationsfizzes a été l’asuvrede la Dina patrilignagers sous l’autorité du chef de la lignée aînée. 11existe au &but du XIXe siècle.Le clan des Uro Boulo s’estinstalli: à une différencede statutentre les différentssegments, les SendPgu6depuis le temps de la Dia& (paganisme) antérieur à repr6sentant.sdes groupes cadets, dominés ou assimilés, ayant l’islamisdtion du pays. moinsde prérogativesque les segmentsautochtones aînés. nant d’autres lignages, qui ont été intégrés pour des Cependant la mobilité extrême des ménages de pêcheurs considérations économiques (besoin de force de tra- provoque une intense variation de cet effectif qui fluctue vail), matrimoniales (alliance) ou sociales (clientélis- selon les périodes correspondant à l’arrivée ou au départ me). Le groupe de lignage que nous appelons faso des migrants, aux déplacements des autochtones dans les est soumis à une autorité commune qui est celle du campements. Ceci s’est manifesté lors de nos enqu&es où les échantillons ont constamment varié. Les résultats fournis chef de lignage aîné, il apparaît seulement comme par le recensement officiel de 1987 ne tiennent pas compte unité d’exploitation de tenure lignagère, dans des de ces variantes, ils ont pour base les roles administratifs types d’activités spécifiques : pêche de barrage, qui sont loin de refléter la réalite des faits c5>. exploitation de senne lignagère, etc, impliquant le tra- vail collectif de sesmembres actifs.

Les ménages LE FINAGE VILLAGEOIS : LES TERRITOIRES DE PÊCHE Cependant l’unité réelle d’observation est le ménage que l’on peut considérer comme un groupe domes- tique ou résidentiel produisant et consommant L’installation successive des groupes ethniques de ensemble ; il correspond à la marmite. Il peut revêtir production et leur accès à la ressource caractérisent des dimensions varié,esallant de la famille nucléaire à les phasesessentielles de l’appropriation de l’espaceà la famille polygamique étendue. Il peut être de com- des fins productives. La socialisation des principaux position variable et regrouper plusieurs descendants espacesde production (eau, terre, herbe) a abouti à (agnats,parents) dune ou plusieurs générations sous leur insertion dans des sphères de pouvoirs : familia- l’autorité d’un ascendant. le, lignagère, interlignagère, villageoise et régionale. On distingue plusieurs modes d’appropriation des Le groupe de lignages des SembC de Sendégué village finages halieutiques, basés sur le droit de première comprend six ménages Sembé dont trois de la lignée aînée occupation, sur les dons, resultant des rapports et trois de la lignée cadette ainsi que dix ménages assimilés ; d’alliance ou d’inter& sur l’expropriAon politique ou celui des Kossibo comprend seize ménages Kossibo et cinq magique (expulsion des génies agressifs).Ces diffé- assimilés, tandis que celui des Kontao actuellement placé rentes expressions sont présentes dans l’histoire des sous la direction d’un Komou comprend trois ménages Kontao, trois Sembé, trois Komou, un Bilacoro et un pêcheriesde la zone. Sanankoua, soit onze ménages au total. Dans le village de Sendégué les trois faso sorogo comptent cinquante ménages et les ménages somono sont au nombre de trente neuf d’où un total de quatre-vingt neuf ménages selon les La confïguration résultats de notre enquête effectuée en 1990. Le recense- des pêcheries ment exhaustif de tous les ménages pêcheurs de l’Arrondis- sement -y compris les ménages migrants présents- a permis de dénombrer cent soixante douze menages de pêcheurs. Les eaux de l’arrondissementde Sendéguésont limi- tées au sud par celles de Kontza (section de Patawal D’après les résultats du recensement démographique de sur le Kolikoli), à l’ouest par le fleuve Niger, propriété 1987, le village de Sendégué compterait cinquante-cinq des Somono de Bourra ; au nord-ouest par le lac ménages de pêcheurs sur un total de quatre-vingt-quinze dans l’Arrondissement. Par rapport à la population totale Débo, et au nord-est par le lac Korientzé. Elles sont du village de Sendégué ils ne représenteraient que 7 YOdes situéessur un axe sud-nord parallele à celui du fleuve ménages, les Peuls étant deux fois plus nombreux que Niger (fig. 1). Les pêcheurs dès le commencementde l’ensemble des pêcheurs bozo et somono dont l’effectif la décrue s’installent dans des campements sur serait égal à celui des Rimaibé et gens de caste inclus dans l’ensemble de leur finage, rejoints par des migrants le groupe peu]. L’arrondissement serait peuplé de 9 618 dont la majorité provient de l’aval ; ils y demeurent âmes dont 12 M seulement de pêcheurs. 60 $6 de la popu- lation de pêcheurs seraient actifs. Au niveau de l’arrondis- jusqu’à la montée des eaux. L’installation des campe- sement, il y aurait cinq personnes par ménage (4) ; six per- ments s’effectue en fonction du rassemblement des sonnes par concession ; un ménage par concession avec groupes lignagers en des points stratégiquesen vue un taux d’accroissement de 0,6 $6par an. d’assurerun contrôle permanent.

(4) En réalité, lors de nos enquêtes auprès des ménages de pêcheurs de ?Arrondissement, nous avons constaté que l’effectif (5) Nos résultats sont différents de ceux du recensement moyen des ménages oscillait autour de neuf individus chez les administratif, qui ne prend pas en compte les ménages pêcheurs sorogo et les migrants, soit dix pour les autochtones et allochtones et qui considère toujours lefnso comme unitê huit chez les migrants temporaires et permanents ; il était de administrative de base soumise à l’autorité d’un seul chef, sept chez les Somono. même si les ménages y sont autonomeî.

La zone pré-lacustrede Sendégué - 5.3 385 FIGTJRE 1: les fmages de pêche du village de Sendégué.

Doundé Wendou . . ..A d’Drd@bo

/I 0 - --- .! l \\ /fl Barsorné:.

- Samataka

,-- .\ t’ \ ‘l.‘-.. Sérffiré

Village 0 --- Limite des eaux de SendeguB Campement de pêcheurs [permanent ou temporaire) Principaux barrages Cours d’eau et mares permanents et quasi-permanents /a G$ ., Maitrise d’eau du faso Sembé Y’-*) ‘4. Mares desséchées 111111111 Maîtrise d’eau du faso Kosibo .., ...... Limite de l’inondation en 1959 Maîtrise d’eau du faso Kontao Le finage halieutique est loin d’être homogène, les l LE SYSTEMETRADITIONNEL DE PËCJSE pêcheries sont constituées de mares qui sont au nombre d’une vingtaine dont plusieurs asséchéesces Le système de pêche traditionnel des Sorogo de la dernières années. On en décompte, parmi les plus zone prélacustre,bien qu’ayant évolué dans le temps, grandes, onze aux mains des Sembé, trois avec les n’en a pas moins conservé des traits spécifiques Kossibo et trois au nom des Kontao ; ces deux der- anciens qui lui confèrent encore de nos jours une cer- niers les ayant acquis à titre de musa ji (eau de taine particularité. Il s’agit donc de restituer ce systè- femme) grâce à leur alliance matrimoniale avec les me dans sa forme ancienne, puis de l’appréhender ffies du clan Sembéqui les ont reçues sous forme de sur un plan dynamique à travers les changementsqui legs de leur patrilignage. En plus des mares,plusieurs l’ont affecté durant les soixante dernièresannées. cours d’eau permanents traversent le fmage de part en part parmi lesquels on retrouve le Kolikoli, les Le calendrier de pêche se caractériseencore de nos bras Songé, Bortao et mayo Jude qui font l’objet jours par deux grdndespériodes de six mois chacune : d’une pêche intense pendant la décrue et l’étiage ; l’entrée de l’eau (crue et étale) et sa sortie (décrue et c’est sur leurs rives que les campementssont érigés. étiage). Lors de l’entrée de l’eau, en période de crue Ainsi les pêcheriessont constituéesd’un ensemblede biotopes : fleuves, bras permanents et temporaires, les pêcheurs sorogo de l’Arrondissement dressaient mares et chenaux, qui s’articulent les uns aux autres de petits barragesen terre appelés I?ouôpour la cap- suivant le calendrier de pêche qui module les activi- hure des poissons entrant ddns bd plaine. En période tés. Cette variabilité de l’écosystème constitutif des d’étale plusieurs types de pêche étaient pratiqués pêcheries entmîne une sélectivité et une mobilité sai- avec des instruments appropries ; c’est ainsi qu’on sonnière de la ressource en fonction des différentes pouvait distinguer la pêche au harpon à travers les étapes du cycle, dont le corollaire est I’adaptativité hautes herbes (technique du Ui& ; l’utilisation des sélective des techniques et engins de pêche en fonc- sumzp le long des berges et aupr& des kou~(bar- tion des biotopes exploités. Les traits du milieu phy- rages faits de lianes torsadées servant à effrayer le sique interviennent donc comme facteur d’organisa- poisson en vue de le capturer) puis des filets dor- tion des activités halieutiques et apparaissentcomme mants. La descente dans ks eaux était régie par le une des conditions nécessairesà leur réalisation. calendrier stellaire pour les inities avec son corres- pondant lunaire pour les profanes. Le jkso Sembé descendait le quatrième jour du mois lunaire gouw goura. Le jko Kossibo le douzième jour du même Les modes d’accès mois. Lefcrso Kontao pouvait le faire dès le quatrième à la ressource jour du mois précédent.-4 causedes perturbations cli- matiques ayant entraîné l’irr6gularité des précipita- tions et du volume des crues, le calendrier était En fonction de la nature des biotopes, les pêcheries modulé en fonction de ces diffkrents paramètresnatu- ont été exploitées selon trois modalités. rels. La chasseaux mammif&w ilamantins, hippopo- tames) et aux crocodiles à l’aide de foènes servait de l Les mares ont fait l’objet d’une appropriation ligna- complément 2 la p&he en pdriode de crue. gère, le mode d’exploitation est demeuré exclusive- ment familial et privé. La sortie de kdu à sa première phase donnait lieu à l’ouverture de la campagneactive de pPche.L’exploi- tation des barragesde clayonnage appelés su’on - à l Les eaux permanentes (fleuve, chenal, bras) relè- vent du domaine public avec l’accès théoriquement l’intérieur desquels on p&hait avec le S(U~~R”(petit libre à tous les ressortissantsdu village et aux étran- filet triangulaire) et les filets à deux mains durant gers, mais dans la pratique ces derniers sont astreints toute la nuit - procurait des ressourcesimportantes à s’acquitter des droits de pêche auprès des chefs de aux pkheurs, grke au nombre élevk des captures. pratilignagescontrôlant le terroir villageois. Le titwni (Briq?zza IwA-cd etait pêché au SU~~~~ et son huile servait à la consommation et à l’acquisi- tion des céréalesgrâce au troc et à la vente. On conti- l Les réserves, constituées de plans d’eau mis en nuait à pêcher avec les filets dormants pendant toute défens, sont d’un accèslibre à tous (pêcheurs autoch- la période de décrue. En étiage, les pkhes collectives tones, allochtones et agro-pécheurs)lors des Pêches des fosses constituaient l’essentiel des activités de collectives où elles font l’objet d’une exploitation pêche au sein des campements situls le long des commune. Ces différentes modalités sont sujettes à cours d’eau permünents jusqu’à l’arrivée de bd crue des modifications selon les circonstances,çdr la ges- qui marquait le retour au village. tion des pêcheries est soumise j des lois coutumières qui régissentles différentespratiques. l LES GRANDS BOULEVEBSEMENTS tones du Delta Central. Les techniques du fumage et du salage(salé-séché) se vulgarisent, avec pour résul- Une conjonction des facteurs technologiques, écono- tat un accroissement et une amélioration des tech- miques, politiques et humains va bouleverser les techniques de pêche et le mode de vie des Sorogo. niques de conservation des captures durant cette Tous les engins utilisés étaient tirés de matériau végé- décennie. Sous l’impulsion des étrangersfut engagée tal, donc naturel, les premiers filets triangulaires et une pêche intensive des principales espècescibles : dormants étaient en fibre végétale @WU,dab). Leur Gytrznazus, L&es, Gl&as etc. Puis ce fut le tour des fabrication nécessitait un temps de travail énorme, grands animaux aquatiques dont la viande était bou- doublé d’une précarité qui en exigeait le renouvelle- canée et exportée : hippopotames et crocodiles. La ment constant. Puis le fd de coton artisanal remplaça pratique du pré-financement annuel des captures par la fibre végétale et renforp la longévité des engins. les commergantsanglophones, qui sillonnaient toute Pendant la période coloniale l’arrivée sur le marché la zone en pirogue, orienta les activités halieutiques de matériaux plus résistants : fissirizualé (l’ingrat), vers une optique lucrative, encouragéeen cela par la gziéssétzi(petite trame), tègèni ou petite main, (impor- politique de stimulation coloniale frangaisesoucieuse tes du N$%a) puis du nylon (transitant par la Haute- d’accroître la monétarisation du commerce dans la Volta) facilitera l’accèsdes pêcheurs Sorogo aux filets pure logique capitaliste (6). Cette période (les années maillants dérivants jusque là privilège des Somono. cinquante) a été celle du boom économique dans le Dans les années soixante l’acquisition de trois sennes domaine de la pêche, avant que les commerçants lignagèresintensément exploitées par les Sorogo mar- anglophones ne soient progressivement supplantés quera l’apogée du boom halieutique dans la zone par les acheteursdes sociétéscoloniales de traite puis (Kassibo, 1988a). par les diozzlaqui finirent par accaparerle marché du poisson (achat et exportation) 2 la période de l’indé- pendance du pays. De même, l’introduction timide de Lü s‘ophisticationcroissante des engins de pêche, de la pirogue clouée appelée kalzgo, plus performante Iü deuxième guerre mondiale j la période contempo- raine. entraîna une amélioration sensible des condi- que les pirogues monoxyles et cousuestraditionnelle- tions de vie des pêcheurs de la zone. Elle se traduira ment utilisées pour la pêche, favorisera les grands par un gain de temps énorme, la fin de la procédure déplacementsmigratoires, renforcés par la motorisa- artisanale de fabrication et de réparation des filets tion des pirogues grâce au moteur de type g&e ;i l’introduction des nappes préfabriquéeset des Archimède, de fabrication suédoise. Cette période monofilaments et une prolongation de l’effort de marque l’envoi intensif par leurs aînés des jeunes pèche surtout en morte saison (crue et étale’)grâce à Sorogo dans la zone lacustre : lacs Niangaye, Dô et la diversificdtion des activités de pêche. Komrou - très poissonneux à l’époque - pour la satis- faction de la demande croissanteen poisson émanant des commerçants anglais devenus de plus en plus l L’apport techno-économiquedes anglophones avides. La politique coloniale française a donné une forte impulsion au développement des activités halieu- tiques, non seulementpar l’introduction d’engins nou- l L’impacttechnologique des pêcheursmaliens du sud veaux (éperviers, lignes et filets plus résistants)mais Les seconds acteurs d’innovation technologique sont aussi par l’insertion de la pêche dans le circuit mar- les pêcheurs du sud, originaires de la région de chand. D’où une orientation des exportations vers les Ségou, du Diaka, de Nouh, bref ceux de l’amont de pays limitrophes : Haute-Volta, Côte d’ivoire et Mopti, qui apportèrent des techniques plus perfor- Ghana, afin de pallier, dit-on, le déficit alimentaire mantes. L’introduction des barrages de diéné dans la des populations autochtones de I’AOF, mais aussi zone est l’oeuvre des pêcheurs du Diaka, ceux de pour des raisons économiques (l’apport en devises Nouh ont apporté la technique des papolo et des des pays anglophones) et politiques (stratégiealimen- dzwankom Les Somono de l’amont et les Kélinga ont taire visant le ravitaillement des troupes et des fonc- vulgarisé la technique des sennes et de l’épervier tionnaires coloniaux).

Les Ashanti (ghanéens)et les Fofo (Yoruba nigérians) vont jouer un rôle tr&s important dans l’économie de (6) Ia ventedes captures se faisait au panier et non au poidset la pêche en intervenant simultanément sur les pro- selonla tailledes espèces. Avec les commerçants anglophones ducteurs, les techniques de capture et de conserva- qui payaienten deviseanglaise, un panierd’@timcyws séchés pesantentre 30 et 40kg revenaità 200FCFA (petites unités) tion du poisson et sur le circuit commercial. Les Fofo ou 300FCFA (grosses unités) ; à cette@que, 500FCFA vont introduire la palangre Cgangarr3dans les années représentaientune fortune, car il y avaitpeu d’argent en cinquante, tandis que les Ashanti apportent la tech- circulation; 3 titred’exemple l’impôt per capita était de 5 FCFA nique de construction des fours inconnue des autoch- parpersonne imposable.

388 dont ils sont les spécialistes; tandis que les pêcheurs des pêcheries qui relèvent du domaine privé ou de la zone de Mopti (, Kontza etc) ont amené public comme précédemmentdécrit. le sauwz segu (gros filets maillants aux dimensions énormes,capables de barrer complètementles bras et chenaux). Les dernières inventions en date des l LES MARES LIGNAGÈRES pêcheurs du sud, le k@i ou birijo (filet recouvrant), la Elles sont considéréescomme propriété des groupes fowrië~~ ou filet encerclant,par leur coût modique et de lignage sorogo, les Somono en sont exclus. Les leur facilité de manipulation, apparaissent comme différents chefs de ménages,sous la conduite du chef engins de substitution aux sennesdevenues trop oné- du faso, en organisent l’exploitation en érigeant des reusespour le budget des ménages.De plus en plus, barrages. Ces ouvrages sont en clayonnage (suçon), on parvient à réaliser un gain de temps, un gain avec des ouvertures qui permettent de contrôler d’argent et un gain en main-doeuvre, grâce aux per- l’entrée des poissons.Les jeunes du fcrso(actifs céliba- formancestechniques des nouveaux engins. Le systè- taires et mariés), en position de cddets, effectuent me de production sorogo, traditionnellement confiné l’essentiel des travaux (coupe du SICOU,érection de au nomadisme saisonnier d’exploitation du terroir l’ouvrage, capture du poisson, vente, etc.) sous la avec des moyens limités et précaires a su, depuis le direction des aînés (chefs de ménages et chef du début du siècle, s’ouvrir au monde extérieur et modi- &.so) installés dans un campement érigé à cet effet. fier ses habitudes. Ce sont les palangres, les filets Traditionnellement, les jeunes pêchaient avec le maillants et triangulaires, la pirogue clouée, I’épervier garzga à l’intérieur du barrage ouvert à temps fixe et les nassesdwankom et papolo, les sennes,qui ont pour permettre l’entrée du poisson et la récupération bouleversé le mode de vie traditionnel des Sorogo de des forces. Les captures transformées, stockées ou Sendégué.Ils ont rendu leur migration possible en les vendues représentent le foroba, bien commun du arrachantà l’exploitation séculaire de leur terroir, à la faso, réparti entre les ménages en fonction du pratique intensive du troc et ceci, grâce à un environ- nombre des membres actifs. De plus en plus elles nement dynamique concourant à leur insertion dans sont vendues aux commerçantsprésents sur le site et un système extraverti, basé sur l’échange monétaire l’argent est remis au chef de faso qui le répartit entre (Kassibo 1988b). les chefs de ménage suivant le même principe, ces derniers l’utilisent pour les besoins de leurs dépen- Ces divers éléments seront mis à profit par les dants. Longtemps exclus du partage au profit des pêcheurs concernés dans le sens d’une exploitation a*més,les jeunes, surtout les cadets célibataires sans plus intensive de la ressourcependant les quatre der- charge familiale, exigent de plus en plus une rétribu- mères décennies et surtout depuis la nationalisation tion substantielleen fonction des efforts qu’ils fournis- des eaux décrétéeen 1963par 1’Eta.tmoderne du ; sent. Après la première phase d’exploitation collective il s’ensuivra une nouvelle stratégie d’exploitation et des mares par le j2s0, les ménages pêchent indivi- d’accès aux territoires de pêche basée sur de nou- duellement avec leurs propres engins : maillants, veaux types de rapports. palangres,nasses, etc. et s’approprient directementles captures jusqu’à épuisement de la ressource,ensuite le fmo se déplace vers une autre mare où le même Les modes d’appropriation processusrecommence. Pendant la deuxième phase correspondant à l’appropriation directe familiale, les de la ressource jeunes filles du faso sont autorisées à se regrouper pour poser des dwatzkom dans les mares. Les cap- Le mode d’appropriation de la ressourceet la réparti- tures sont réparties entre elles (en nature ou en tion du produit sont intimement liés à la forme de espècesrésultant de la vente) et chacune remet son propriété des facteurs de production. En ce qui gain à sa mère qui n’a pas le droit d’en user. L’exploi- concerne le repéragedes centres de décision, l’analy- tation des maresmet en relief deux types de modali- se portera sur deux niveaux : tés, le premier d’ordre collectif impliquant le travail en commun et le second d’ordre familial réservé aux seuls ménagessans partage des prises. . D’abord celui des groupes de lignages exerçant un droit d’exploitation séculier sur les pêcheries commu- nautairesvillageoises ou inter-villageoises. l LES EAUX COMMTJNATJTAIRES l Puis celui des unités de production et de consomma- Leur accès est libre en principe pour tous les ressor- . tion : les ménagesdésignés sous le termede “marmite”. tissants de la communauté villageoise mais aussi régionale ainsi qu’aux pêcheurs agriculteurs sous Le processusest varié et l’exploitation des plans d’eau forme de pêche collective. Dans l’arrondissementde n’est pas uniforme, elle dépend du statut juridique Sendéguéon distingue trois variantes.

389 * PIPADOGO : LA MARE coLLEcTIvE permis de peche, amena les pêcheurs autochtones et allochtones à changer les règles du jeu, très souvent C’rst la plus grande mare dc la zone. elle appartient avec la complicité tacite de l’administration. Erigé en au &so SernbCmais à cause de Sa grande superficie arrondissementen 1967,l’ancien canton de Sendégué les autres groupes de lignages sorogo de Sendégué en profita avec lü bénGdiction du premier chef ont été associésà son exploitation, qui nécessiteune d’arrondissement pour étendre ses prkrogatives sur main d’oeuvre énorme. Les jeunes des trois fmo cou- l’étendue présumée de toute sa circonscription, en pent le SZWI et érigent le barrage, puis ils pêchent procédant au contrôle strict des étrangerset des eaux avec les galzga et les filets 9 deux mains. Les captures frontalières. Ceci se traduisit par un redéploiement sont reparties entre les ménagesdes trois faso, selon des trois faso sur l’ensemble des pêcheries où les le nombre d’actifs h~mi, sous la direction des aînés pecheurs migrants furent de plus en plus astreints au du groupe de lignage. Une fois cette phase terminée paiement de redevances. tous les pècheurs de la r&gion sont autorisésà pürtici- per. Chaque ménage utilise ses propres engins et bénéficie directement de ses prises jusqu’à épuise- La perception de la rente ment de bd ressource(deux semainesau moins) sans payer de redevance.La descentedes trois faso le jour Les mares lignagères,les chenaux et surtout les eaux de I’inaugurztion marque la préskancedu village sur communautairesqui échappaient au nwzga ji finirent la mare, propriété initiale des Sembé. par y être soumises,suivant des modalités nouvelles. e m3 RÉSERVESTEMpoIwms 0 L'EXPLOITATION DES BARRAGES Une fois achevée la p&zhe des mares,celle des eaux Les barrages de diésé et de papolo, spécialité des permanentesrelevant du domaine public commence gens du sud (Diafarabé, Dia Kérd, Dia Bozo, Nouh, en &iage avec la le& des d&ns dont les fossespro- Pora, Kouakourou, etc.), installés sur les chenaux et fondes font l’objet d’une exploitation intensive durant sur quelques bras permanents,ont toujours fait l’objet plusieurs mois. Qualifiées de yaya ou fomba tnood, de la perception du tnmga ji de la part des ,faso de c’e,st-A-direp&he collective, elles font l’objet de sacri- Sendégué, équivalent au produit d’une journée de fice de lzdpart du maître des eaux (ji dumma~ et se péche sur trois 17). Les barragesde suwz installés sur d&oulent sur l’ensemble des cours d’eau permanents les mares lignageres étaient essentiellementexploités où les résenTessont successivement pêchées. Elles par les trois &.so sorogo. Les migrants du sud initia- gardent encore un cara&re extra-lignager, supra-vil- teurs des durmzkom etaient juste autorisésà les instal- lageois et pluri-ethnique impliquant la participation Ier en aval derrière les s~~~~tz.Depuis 1973,à causede des professionnels de la pêche aussi bien que des la sécheressemais probablement aussi du manque de agriculteurs marka, lyümanan, rimaïbé et bellah. qui main-d’œuvre (envoi intensif de jeunes en migration), les faso ont commencé 5 louer les mares aux kdn- utilisent uniquement les filets à deux mdins. Il n’y a gers moyennant redevance. püs & paiement de nwzgaji.

Aimi, à titre d’exemple, le @CI SemhL;en 1990 à tir& de la I»cation de six de ses mares une redevance de 463 250 FCFA, tandis que les gains du jkso pour l’exploitation des L’UNITÉ ADMINISTRATIVE quatre plus grandes s’t%vaient à 1 750 0110FCFA. Les cap- tures ont éte achetées par un commerçant au jour le jour. DE MAÎTRISE D’EAU : Sur un total de 2 213 000 FCFA, considké comme fovoh~, les jeunes actib célihatairrs ont hén8icié de 15 à 20 CXIO L’ARRONDISSEMENT FCFA chaclun ap& un p&vement discret de 90 WI FCFA à leur propre compte. Le reste a été r+wti entre les cheEs de ménage du jko (sept au total) en fonction du nomhre Sous la coupe des différents pouvoirs peul, toucou- de leurs dépendants actifs au nombre de quarante, la pa6 leur et fmnyais, les prérogativesen matière de gestion des aînés étant la plus grande. Le ji~mlxz accumulé a ainsi de- pècheriessont demeureesaux nains des collecti- pemtis le payement de plusieurs tonnes de céréales qui ont vit& lignageres et v-illageoisesau sein des cantons été réparties entre les mtkagcs. dans la majorité des cas. Les pêcheurs du sud depuis les annéestrente ont négocié avec les autochtones de la zone les moddlités d’accès à leur terroir, notam- 17) Depuis ces demiks dnnées, on ohserve une intensification ment en ce qui concerne la pêche au barrage et l’utili- dans la perception du rnuîzglzji, équivalent non plus au tiers sdtion des differents engins. LJ nationalisation des mais à h moiti& des captures. Le $wr Konta<.+par exemple, eaux par 1’Etdt malien en 1963, garantissant bd libre perçoit sur ses pkheurs de hamgr le produit d’une journée de circuhtion des pècheure moyenndnt l’acquisition du péche sur deux.

390 1 La production des mares associke aux gains fournis collectives, période à laquelle les eaux redeviennent par les étrangers constitue un apport économique libres, mais ie systèmedt! partage demeure identique. important pour les ménages.Le système d’exploita- Chaquefmo a droit à un quota d’étrangersà installer tion des marespar les étrangersse déroule selon plu- et de sennes étrangèresà faire descendre.Le partage sieurs modalités : s’effectue de la manière suivante en trois parts (8) égdkS :

l une part pour le propri&aire du filet, l une exploitation libre par l’étranger aprèsprestation de serment de ce dernier qui s’engageà remettre au l une part pour la main-d’oeuvreétrangère, faso chef du une quantité de captures ou l’équivalent l une part pour la main-d’oeuvrefournie par les fmo. en argent déterminé d’un commun accord. À la fin de la campagne l’argent collecté par les l la vente des captures d’un jour sur trois aux com- jeunes est remis aux chek des ,jkso qui distribuent à merçants en présence d’un contrôleur du faso. chacun une sommedéterminée, puis partagentle reli- l’argent comptabilisé est verse par le chef d’exploita- quat entre les chefs de msnage. tion au chef du jâso à la fin de la campagne. En fin de campagne tous les migrants installés dans l la fiiation d’une somme forfaitaire à verser en fm les campements,contrEIés par les trois faso, partici- de campagnequel qu’en soit le résultat. C’estla solu- pent à une collecte de fcjnds (15 à 30 000 FCFAselon tion la moins retenue car en cas de mauvaise cam- les résultats de la campagne!organisée par leur chef pagne c’est l’étranger qui perd, tandis que c’est le qui reverse Ia somme au chef de ,fiso dont ils relè- jàso qui est lésé dans le cas contraire. vent. Cet argent rentre dans le cddre du foroba ligna- ger et seuls les aîn& en profitent.

l L’EXPLOITATION DES EATJX COMMUNAUTAIRES . LE FOROBA,TJNE RENTE DE SITUA~ON ? Ce sont des eaux dont l’accèsest libre à tous, cepen- Ainsi, le processusde production décrit est assurépar dant elles offrent l’occasion d’accumuler une rente les jeunes des ménages constituant les groupes de considérable sur le dos des pêcheurs étrangers. La lignages ; mais le contrrile en est assurépar les a’inés, pêche de Pipadogo, la mare collective, révèle le droit chefk de lignces et les chefs de menage dont les plus de préséancedes trois jkso de Sendegué,seuls hdbili- âgés ne participent pas directement aux activités de tés à pêcher le premier jour. Une part est prélevée sur pêche. L’accès à Id ressource est conditionné pour les captures et réservée aux autorités administratives tous les étrangers au paiement du nrn~g~ ji. les (chef d’arrondissement,agents des Eaux et Forêts) et autochtones (ressortissantsdu terroir de l’Arrondis- politiques ainsi qu’aux notables du village, qui prési- sement)en sont exempt&. D’où l’assimilütion couran- dent la cérémonie d’ouverture. Il en est de même te du terme twUzG~~iji à la “taxe perçue sur kkinger” pour toutes les pêches collectives de défens.À la der- c’est-à-direcelui qui quitte son terroir pour exploiter nière phase de chaque séquencede pêche collective, les eaux d’autrui. Cette rcgle se généralisede plus en les pêcheurs à l’épervier, constitués en majorité de plus et les seules exceptions concernent les rdpports Kélinga, sont autorisésà racler les fonds, moyennant d’alliance ou de pdrenté. le paiement d’une taxe s’élevant de 500 à 1 500 FCFA par pirogue - dont le nombre est supérieur à la cen- Les utilisations du &&z snnt rarGes ; elles concernent : taine - aux chefs de faso ; un tiers de cette somme l le paiement du izi soqo (impbt de capitation) pour tous revient de droit aux autorités citées qui ferment les les imposables du jùw ; yeux sur la pêche à l’épervier, pratiquée ici à grande l l’achat de n«urriture pwr assurer la s&xrit6 alimentaire échelle, mais officiellement proscrite par la conven- du groupe ; tion régionale de pêche de 1975. l l’habillement des femmes, des enfants, et des jeunes gens célibataires ; Les pêcheurs à la senne, tous des étrangersdésormais par suite de la disparition des senneslignagères, s’ins- tallent dans les campementsauprès des ménagesdes (81 Dans le cas de la Renne lignagtw, une pxt revenüit ~U~NI, trois fmo qui les font descendredans les bras de fleu- une au fournisseur de la pirogue et le tiers restant au CIet ; ve lors des pêches collectives, en leur offrant de la verïé dans la caisse cc~mmune,il sentit au renouvellement de main-d’œuvre (jeunes du faso) qui les aident à tirer l’outil de trüvail et jouait le r&me rhle que celui d&olu au les engins. Le processus continue après les pêches fOdXX

L.1 zone pri--lacuîtfc de Sen&gut’ - 5.3 391 * les prestations sociales : paiement de la dot pour les j&so, qui au moment de rentrer au village prolongent males du ,&v, circoncision et excision des jeunes, achat du les activités saisonnièrespar l’envoi des jeunes (céli- krhkr (mouton de la tabasld) et de la matière des sacri- bataires et mariés) vers l’aval. La migration extra-del- fices ; taïque pose un autre type de problème car elle peut l le solde des dettes contractées par les membres - surtout favoriser l’autonomie du migrant par rapport à son les jeunes migrants pour l’acquisition des pirogues, des cadre traditionnel et occasionner à long terme la fup- engins de péche et des céréales aupres des dioula et autres ture avec le lignage d’origine. créanciers ;

l le paiement de permis de peche collectifs (par exemple en 1990 les trois fus0 et les étrdngrrs ont payé au service des Eaux et Forêts une taxe de 11X iIOCIFCFA pour les Le terroir administratif serines et les filets mailIants) ; l le paiement des amendes infligées pour infractions L’arrondissementde Sendégué,actuellement composé diverses (coupe de bois sans permis, insalubrite, etc.) ; de neuf villages dont sept occupés par les pêcheurs, a l la thésaurisation : achat de bétail, d’or ou d’objets pré- constammentvarié tant dans ses dimensions géogra- cieux, pour assurer la sécurité du groupe en période difficile. phiques que dans sa composition démographique au gré des différents pouvoirs. Cela a occasionné une En ce qui concerne les modalités de distribution de la superposition d’espacespolitiques régis par des droits rente, les jeunes célibatairesont commencéà revendi- différents issus des découpagesadministratifs (canton, quer leur part depuis les années cinquante, période subdivision. arrondissement.etc.). Les droits séculiers de monétarisation intense des échanges. Principaux des lignages et villages ont été pris en charge par acteurs de la pêche au barrage et de halage des l’unité administrative actuelle aui est l’arrondissement, serines, ils n’entendaient plus être considéréscomme et érigés en droit collectif, régissantl’ensemble du ter- des irresponsables,d’où les différentes gratifications roir relevant de la juridiction. La création d’organes dont ils bénéficient en fin de campagne.Ils profitent associatifstels que les comités et conseils de pêche a de la rente dans la mesure où ils assurentles presta- rendu l’administration maîtresse du jeu et arbitre tions ; mais dans le cas de la pêche à l’épervier ou à suprême des litiges. L’inadéquation entre le droit tra- l’aide de sennes étrangèresainsi que pour la location ditionnel de maîtriseet de gestion des eaux et le code des mares,seuls les aAmesy ont droit. domanial actuel a donné naissance à de nombreux conflits récurrents à cause du caractèrecontradictoire des décisions administratives (Kassibo 1988a et b et L’opposition aîné-cadettransparaît ainsi au niveau des 1991 a, Fay 1990 a). On distingue au niveau de objectifs, en ce qui concerne le type d’exploitation à l’arrondissementplusieurs types de conflits. privilégier. Les aînés préfèrent les barragesde clayon- nage (~~~077) qui leur apparaît plus économique du point de vue investissement et plus bénéfique au . LES CONFLITSFRONTATJERS jkso. D’où leur obstination a intensifier leur exploita- Ils opposent les pêcheurs de l’Arrondissement de tion par les jeunes des groupes de lignages et au Sendégué à ceux des arrondissements limitrophes besoin par les étrangersde l’amont. Les jeunes - prin- (Kontza au sud et Korientzé à l’est). Ils sont relatifs cipdux supports de la main-d’oeuvre - trouvent ce tra- soit à l’agrandissement d’une réserve limitrophe en vail harassant et peu profitable ; ils affectionnent les vue de s’approprier une portion des pêcheries fronta- engins modernes : filets maillants, palangres, éper- lières (cas de la réserve de Patawal qui suscita une viers, jugés onéreux par les arméset dont le renouvel- vive réaction des pêcheurs de Kontza) ; soit à l’appro- lement constant “enchaîne” les ménagesdes jko en priation de zones privilégiées de pêche. Citons raison des dettes que leurs achats occasionnent. Ces l’exemple de Tafa, ressortissantde Korientzé, installé engins faciles à manier allègent le travail des cadetset à Doundé Wendou sur le bras du Kolikoli à la limite favorisent leur autonomie en facilitant les possibilités des eaux de Sendégué; son barrage pose d’énormes de migration vers les lacs et les plans d’eau artificiels problèmes aux pêcheurs de Sendéguéqui ont utilisé (Sélingué, par exemple). sans succèstoutes sortes de stratagèmespour le faire déguerpir. Les départs nombreux des jeunes à l’extérieur (Burkina Faso, Côte d’ivoire etc.) et les modifications constantesdu calendrier migratoire (qui est dephasé . LES CONFLITSENDC9GÈNES par rapport au cycle traditionnel de pêche) posent de Certainssont liés à la perception du mangaji par les plus en plus un problème de main-d’œuvre aux aAmés trois faso qui rivalisent dans l’accueil des migrants pour l’exploitation des plans d’eau, d’où le recours de devenu hautement lucratif. Ils opposent les faso, lors plus en plus fréquent aux étrangers. Les migrations de la mise en défens des pêcheries,processus qui en lacustres sont des migrations saisonnières, elles empêche l’accès à tous jusqu’en étiage et contrarie demeurent toujours en partie contrôlables par les bien des intérêts. D’autres proviennent de la rivalité entre les faso pour le contrôle des instancesassocia- Sur 133 ménages recensésdans ces campementset tives : coopérativesde pêche, comité de surveillance, pêchant sur le finage de l’arrondissement,tous possè- comité de pêche. Sur le plan politique, ils opposent dent au moins une pirogue tandis que le nombre des les clans rivaux affiliés à des fractions peules farou- pinassesest insignifiant (0,l par ménage).Les grands chement opposées.Plusieurs conflits sont engendrés migrants sont les principaux possesseursdes grosses par des divergences d’intérêts dans l’exploitation des pinassesindispensables aux grands déplacementssai- ressources,la participation des non-pêcheurs dans les sonniers. Les pinassesdans ce contexte n’apparaissent organes de gestion de la pêche et le monopole du pas comme un signe extérieur de richesse mais centre décisionnel par I’administration. comme un instrument de tmvail qui sert au transport de la famille, au stockagedu poisson et comme abri, car elles sont converties en habitat flottant durant . LES CONFLJTSINTER-ETHNIQUES toute la durée de la campagne. Ils sont assimilables à des conflits de prérogatives lorsqu’il s’agit d’agro-pêcheurs riverains (Peuls, Un recensementportant sur 15 ménages de migrants du Rimaïbé,Bamanan, Marka), s’arrogeantdes droits de sud, en février 1991, nous a donné 1,2 pinasse et 1,4 maîtrise concédésaux pêcheurs moyennant redevan- pirogue par ménage. ce. Plusieurs ont dégénéré en bataille rangée : à Tondimina en 1958, on a déploré plusieurs morts et En février 1990 notre enquête portant sur l’occupation de blesséslors du conflit qui a opposé les Marka de cette 11 campements représentatifs faisait état de 81 ménages localité aux pêcheurs ressortissants de Kontza, où dont 45 autochtones et 36 allochtones, dont 18 permanents l’administration fut violemment prise à partie. Le che- et 18 temporaires, soit 45% de ménages étrangers. vauchement des droits et prérogativesde l’Etat et des particuliers dans la gestion du terroir rend toute solu- Le parc piroguier est constitué en majorité d’embarcations de tion éphémèreet aléatoire. trois SIcinq m&res dont le prk varie de 50 OGOà (fi 000 FCFA. Les grosses pirogues de neuf mètres coûtent de 100 000 à 150 000 FCFA. Les embarcations sont achetées surtout à Le terroir administratif conçu en tant qu’entité homo- Mopti et le pins souvent à crédit (d’une durée moyenne de gène à composantevariable (eau, terre, herbe) offre 2 à 3 ans)après versement d’un acompte.Concernant les une opportunité d’organisation harmonieuse des acti- achats au comptant, 70 40 des mkages somono affirment vités complémentairesdans la perspective de la sau- avoir recu une pirogue des migrants lors de leur retour. Il vegarde de l’intérêt collectif multi-ethnique, il peut en est de même chez les Sorogo où la part des migrants servir de base à une réflexion approfondie sur la aux investissements est considkable : achat de pirogues, de grains (de deux sacs a plusieurs tonnes pour les redéfinition du foncier et les droits d’usufruit ou de ménages), d’engins (filets> et de matkriel lourd (embarca- propriété liés à son exploitation multiforme. tions). Les en@ sont pris à crédit, nrement les hamepns. Un carton cïhameçons nn 14, 15 ou 16 revient à 3 500 FCFA au comptant et à 4 000 FCFA à crédit. Une balle de tilet no 2,3 ou 4 revient approximativement à 35 000 ou 45 000 FCFA SYSTÈMES D’ACTIVITÉS payé comptant et à 50 000 ou 55 000 FCFA à crédit ; les prix sont fonction du rapport existant entre pêcheur et ET STRATÉGIES commerczdnt mais aussi de I’offre et de la demande. Plusieurs modes d’accès au crkiit coexistent. DE PRODUCTION

De la période de décrue à l’entrée de l’eau, les fàso L’endettement des ménages se répartissentpar ménagesdans les campementsde pêche appelés daRa. Le nombre d’occupants varie Pour faire face aux dépenses de renouvellement de énormément en fonction des saisons et des périodes matériel et d’engins, les ménages sont obligés de de pêche, mais aussi à cause de la grande mobilité s’endetter. Cet endettement revêt plusieurs formes, des pêcheurs migrants. Leur durée d’installation est quoique l’apport des commrrpnts privés semble très variable en fonction du type d’engins possédés, détemtiant dans l’allocütion globale du crédit. du mode d’accueil et des biotopes exploités. En pleine campagnei1 nous a été donné de repérer 23 campements dont huit occupés par les autoch- l LES CRÉDJTSINSTITUTIONNELS tones de Sendégué et des villages pêcheurs de ET SEMI-INFORMELS l’arrondissement ; 11 autres étaient majoritairement peuplés d’étrangersspécialisés dans la pêche de bar- Pour pallier la contrainte liée à l’équipement des rages (duralzkoto et diéné) tandis que les quatre der- pêcheurs, 1’Etat est intervenu sous des formes niers étaient de composition mixte. diverses. l Des crédits de la Banque Nationale pour le * LES UNITÉS DE PËCHES D~crlopptment de l’Agriculture (BNDA), d’une valeur de -i millions de francs CFA, ont été attribués 5 L’exemple suivant nous permettra d’illustrer concrète- une centüine de pkheurs relevant du fàso Kossibo en ment I’articulation des élkments, essentielle à la com- 1986 ; 1i la date d’aujourd’hui (1992) ils n’ont pas préhension de ces rapport$. Il porte sur un ensemble encore été soldés.Le taux d’endettementbancaire des de quatre ménagesapparentés résidant dans le même pkheurs coopérateurs était d’environ 95 000 FCFA campementet exploitant un finage commun ; ils sont pür pkheur contmctant. devenus autonomes par suite d’une division entre les agnats d’un même segment disloqué de lignage Sembéqui renferme au moins quatre générations. l Suite 2 l’échec des prêts BNDA, des prèts assimilés ont 6té instüur& entre pêcheurs et commercants,avec Bour6ma Semhé représente la g@néntion des pères, il a l’Ill des c)rg&smes de tutelle (Opération PZche longtempsjouP le rôle de chef de ménage commun. Mopti, Action Coopérative) : 1 500 000 FCFA ont été Dienguina et son fr+re Sékou SemE appartenant a la allou& a la coopérative de Sendégué dont les fkso méme marmite sont ses neveux. Moussa est le cousin de Kontao et Srmbé, soit une quarantaine de ménages Dienguina (c’est le fils du frere de Bouréma). Marna Sembé environ, ont été les principaux bénéficiaires en 1990. est aussi un des neveux de BourGma. Ce dernier, Le toux de remboursementa eté plus élevé que pour Dienguina Moussa et Müma sont tous chefs de menage, ils les prêts bancaires, müis jusyu?i présent au moins Fploitent chacun pour son compte le patrimoine lignager. -tO % demeurent impayés. Il n’en est pas de mème A part l’exploitation commune des barrages du fnso, chaque ménage correspond à une marmite en tant qu’unité pour les comme;ants qui ont adopté des tactiques de production et de consommation depuis l’éclatement du plus performantesen la matière. segment qui était sous la direction de Bouréma le pa&arche. * LE CRÉDIT INFORMEL l Le ménage de Hourémü Sembé. Il comprend cinq actifs : Il est principalement l’œuvre de commerpnts privés le chef de m&agr et ses fiis qui se répartissent le tmvail au ~~~~z&zri.Marna et Bouacari, fils aînés de Bour@ma, tra- qui wtretiennent des rapports privilbgiés avec les vaillent ensemble dans une pirogue, tandis que les deux pêcheurs de la zone. Malgré la pauvreté relative des fr&es cadets, Daramane et Lamine, occupent une seconde m&ages, ces derniers bén&ient toujours du credit pirobwe. Boutima supervise les a&%& mais ne p&zhr pas. octroyé par les privés, m&iie si l’on constate une diminution progressivedes montants alloués. En 1991 * Le menage de Dienguind Sembé. 11comprend dix actifs, les trois &NI du village de Sendégué(une cinquantai- dont deux (le chef de menage et son petit frère Sékou) ne de ménagesenviron) totalisaient en début de cam- supervisent les activités. Les huit autres sont leurs fils et pagne trois millions de francs CFA de dettes vis-a-vis neveux Amddou et son petit frère Lamini fils de Dienguina des crmmerGmts pour l’acquisition de filets maillants pèchent dans une pirogue affectée au filet dérivant C@E et d’hamrCons,soit un taux d’endettementmoyen de @jo). Deux pirogues sont affcctges aux trois couples res- tanti qui pGchent avec les domyants ibnrwrnjo). Nouhoun, 60 000 FCFA pdr menage. Les remboursementsont fils de chef de ménage, p&he en compagnie de son fr&e lieu a la. fin des pkhes de décrue, et plus des trois cltdet au filet dormant. Ntruhoun, neveu du chef de mena- yuxts sont rffectu& gràce a la pkhe de barrage.Les ge (fils de Moussa, le petit frère de Dienguina, décédé) commerçantsinstüllks dans lc campement rkception- pèche en compagnie de Ni, f& de Dienguina. Bréhima, nent ;RI jour le jour les czdphlreset les enregistrent. A neveu du chef-d; ménage (fils de son p&t frère Sékou) h fin de la campagne ils font le compte et soldent péche avec .Amadou, petit-fis du chef de ménage. (fils de toutes les drues contrwtées par les ménagesdu jk.~ bon fils Amadou). Tous les revenus tirés de ces activittis qu’ils ont ravitaillCs en engins, après la répartition des reviennent au chef de nimdge, Dienguina, qui a la charge du groupe. Ainsi trois piroguca servent à quatre unités gain>. constituées de deux personnes, dont une spécialistie dans la pêche au fil+~lè p et trois occupees du maniement des Les stratégies des ménages hmzu~~o (filets dormanL5). l Le menage de Moussa Sembr. Mouhhd est le cousin de Elles reposent a la fois sur le matériel lourd (embarca- Dienguind (le fis du petit frère de son ptre) et le neveu de tions), les engins (filets maillants et triangulaires, Bour6ma Semi+ ; il vit avec sa femme et un enfant de 8 ans avec lequel il utilise sa pirogue pour pccher avec le palangres,lignes, nasses),la f<)rcede travail (carücté- b~~rnnjo, le ,@lèfilè~fo et le ,qan.utz>~,à tc)ur de r&. ria& par le nombre d’actifs), la technique et les cap- tures (sélectives en fonction des types d’engins utili- c Le m@ndge de hldmd ,Semht;. Mdma est seul avec ‘id ses>. Elles s’expriment donc en terme de rapport femme et ses enfant,s mineur,5 ; il esf le cousin de hornmr-engin-nlilieu-ressource. Dienguina et le neveu de Bourema Semht ; il pêche avec les filets domwts. Il peut se faire aider de temps en temps par les enfantsde Dienguinaqui lui ont souventfait don d’engins de pêche ipalangre, lignrl.

394 I l LES INVESTISSEMENTS fin de la pêche de décrue varie entre 400 000 et 500 000 FCFA,et est de l’ordre de 200 000 FCFApour Les investissements r@aliséspar le ménage de Diengutia une sous-unité de pêche de deux personnes,d’après Sembé (dix actifsj pour la dotation en engins pour la cam- pagne VO/91portent sur 4 balles de filets maillants respecti- les estimationsde la majorittt des pêcheursinterrogés ; vement de quatre, deux, un et un demi doigts d’un coût de et ceci lorsque le ravitaillement en céréalesest bien 165 000 FCFA à titre de crédit, sur lesquels 35 000 avaient assuréet lorsque les espècespechtes sont de premier déjà &3 pay& avant janvier 91. Ils ont servi à la confection choix (~~~~~~~,rz~rsou Ides). de filets dormants et dérivants. Quarante cartons d’hame- çons ont ét& payés comptant à 100 000 FCFA, d’où un investissement de 265 000 FCFA sans compter le prix des l IA COMMERCIALISATION ralmgues. En plus de cela, chacune des deux femmes de DES CAPTURES Dienguina possède trois drrr~~z~ow. Lui meme en a construit les annatures et acheté les filets. Ces engins per- Durant les soixante demi&es années, elle a subi des mettent aux femmes de subvenir à leurs besoins mineurs transformations notoires, accentuées depuis les (@Ydu savon et du condimentpour la sauce).On compte annees 1970. quinze durankom pour les femmes des quatre ménages.

Les &rankom ont été introduits dans la zone en 1981. En l Le circuit traditionnel plus d’une somme forfaitaire que chaque femme mariée L’essentiel des captures effectuées dans les campe- reçoit du chef de ménage (2 500 à 3 000 FCFA), ces engins ments était transform6en fumé et séché. Les activités leur assurent plus d’autonomie et permettent même à cer- de fumage ont r6ellement démarr6 dans les années taines de prendre en charge une partie des besoins de leur d’aprcs-guerre sou la forte demande des commer- mari (cola, cigarettes, habillement, etc.). çdnts ashanti et yorul~~. La tentative de vulgarisation du salé-séch6n’a pas eu le SU~C~Sescompté auprès L’exemple de ces quatre ménagesest significatif dans des pêcheurs sur le plan de ld consommationlocale. la mesure où il y a une modulation des activités : 11&ait de coutume pour les pêcheurs de l’intérieur de diversification des engins sur un même terroir à une prélever sur kS caphlres journalières une part réSer- même période afin d’assurer le profit maximum. vée à I’autoconsommation,le reste étant transformé. Notre enquête sur les activités des ménages s’est Line partie du frais et surtout du transforméétait tro- déroulée en période de crue, mais lors de la décrue quée contre des céréalesou m&ne vendu sur le mar- le rythme varie selon les étapesde la saison.Tous les ché hebdomadaire local par les femmes pour l’achat ménages ont la panoplie complète (snvz@ti, lignes, des condiments. La quantite transforméeétait stockée filets maillants, filets triangulaires et nasses)mais tous durant deux à trois mois, au bout desquels elle était n’utilisent pas les mêmes engins en même temps. vendue à Mopti ou ü , au moment favorable. Ainsi les dormants de quatre doigts sont ~O&S 2 De retour, le p&heur achetait la nourriture (grains, l’entrée des grandes mares entre cinq heures du soir condiments), l’habillement, les engins (filets, hame- et six heures du matin, tandis que la pêche au jèlè çons) à un prix plus avantügeuxqu’au campement. jièlè jo dure toute la nuit. L’équipage est en général composé de deux personnes,il forme une sous-unité l Le nouveau circuit de pêche qui appartient à une unité plus vaste de La sécheressede 197.3a bouleversé ce schéma : à production et de consommation suivant la taille du cause de la diminution des captures,une part impor- ménage qui la constitue. Ainsi les plus gros ménages tante du frais sert au troc contre des céreales en peuvent faire varier au morne moment leur composi- période de r6colte. Les m&ges démunis ne peuvent tion et leurs tactiques, tandis que les plus petits sont plus faire le voyage a Mopti, czarles capacitésde stoc- limités à un minimum de choix sur le court terme à kage sont réduites et les capturesjournalières servent moins de fournir beaucoup d’efforts et de disposer de à l’alimentation quotidienne, par vente de poisson moyens adéquats.

l LE mvmu ms MÉNAGE~ (9) Certaines espèces telles que l’~~&o~n~.~ et le Lates, séché Le revenu varie considerablement d’un ménage à ou fùmé, ont un prix élevt?sur le marché, ZIcause de la forte l’autre, suivant sa composition (nombre d’actifs) demande ; leur aphlre est donc économiquementplus intéressante - chiffre plus pertinent que sd taille réelle (effectif) -, que celle des f%rios ; Zititre d’exemple le prix d’un kilo la nature des engins, les biotopes exploités, mais d’l&~~cjwrs séché peut &re le double de celui du Clarinsen bonne &-iode de vente (de (1lI0FCFA au campementà 1250 FCFA aussi l’espèce cible recherchée (3). Ainsi pour deux à Mopti pour le premier et de 600 i 700 FCFA pour le second! ; sous-unités de pêche de quatre personnes disposant ceci à titre purement indicatd c;1r les prix sont très fluctuants au de deux pirogues, ou de trois sous-unitésde six per- cours de l’année et selon les poinh de \-ente, mais le npport sonnes disposant de trois pirogues, le revenu brut à k3 entre les prix des dii3entes especes reste presque constant. pour l’achat des céréales.L’innovation constatéepar- bozo” de dimensionstrès réduites- à peine un hectare- tout est la présencedes commerçantsdans les campe- jouxtaient les habitations proches de l’eau. Les quanti- ments de p&he ; ils achètent sur place les captures tés récoltées(uniquement de riz) étaient loin d’assurer pour les revendre à Mopti, offrent des engins et les l’autonomie vivrière annuelle des ménages, qui cé&ales à crédit, puis récupèrent leur dû sur la pro- axaient l’essentiel de leur effort sur le troc, le trans- duction des débiteurs. Un groupe de quatre commer- port et l’achat des céréalesen période de récolte. Un çants somono a mis sur pied une véritable flottille mois d’activité suffisait - aux dires des anciens - à pro- marchande constituée de plusieurs pinasses et de curer la quantité annuelle indispensable en vivrier. De matériel de conditionnement (glace). Ces commer- plus tous les ménagesne cultivaient pas (1Oj. gantspassent quotidiennement dans les campements; de Mopti ils font le trajet jusqu’au lac Débo et au lac Korientzé pour ramasser le poisson frais dont une * LE CALITWRIERTRADITIONNEL partie est acheminée, dès l’arrivée à Mopti, sur les Il était compatible avec celui de la pêche en ce sens bourgs du pays dogon (, Koro, ) que cette dernière constituait de loin la principale qui bénéficient ainsi de poisson frais. Pour en hâter le activité de production à laquelle toutes les autres transport, un autre réseauutilise la route jusqu’à D&a étaient subordonnées. Dankdn ; les pinasses prennent la relève jusqu’aux lws ; à leur retour les camionnettesbâchées ramènent Les ménages cultivaient le riz h&if (»a’t>zrg~~feenu) qu’on le poisson frais à Mopti en moins de trois heures. semait le treizième jour de l’étoile Alkxscz, les travauxde pré-labours ayant été effectués à la décrue. Pour la produc- tion du gros riz, on faisait des offrandes le septième jour de Ce sont ces mi?mescommerçants qui préfinancent l’étoile Aljiru puis le huitiéme jour les semailles commen- actuellement le gros du matériel de pêche des çaient. Le riz hâtif se récoltait au bout de trois mois, le gros ménagesdes J%GO. Ils récupèrent une grande partie de riz en cinq mois, aucune de ces variétés n’étant cultivée leurs fonds lors de la p&he des mareslignagères et à depuis la sécheresse des années 1970. la fii de la campagnede saison froide. Il s’ensuit : Le système pêche reposait sur l’agriculture qui lui assuraitl’autonomie vivrière grâce à l’échange et aux l une baissedu prix du frais au producteur, parce que vendu sur le lieu mème de production ; prestationsde services,et inversementla pêche prodi- guait à l’agriculture le complément de protéines l une diminution du rOle des intermédiaires nécessaireà son équilibre alimentaire, les deux sys- ikztigui) de Mopti ; tèmesétaient complémentaires. l un allègement considérable du travail des femmes, occupées3 la transformation ; Les années 1970 sont un point de rupture, car la l la levée de la contrainte du bois, qui se fait très rare sécheressea perturbé simultanément l’équilibre des à cause de ka déforestation, et auquel on avait com- systèmeshalieutiques et agricoles.La riziculture sorogo mencé à substituer la bouse de vache, qui rend le a complètementcessé dès l’année 1973.La chute des poisson fumé peu agréable au goût et de qualité captures et de la production agricole a accentué la considéréecomme médiocre ; tendance des producteurs à l’autoconsommation, car l enfin le gain de temps et d’argent permis par la dis- ni la pêche ni l’agriculture ne pouvaient suffire. Il en pdrition des longs déplacementssur Mopti. résulta un déséquilibre alimentaire et économique à l’intérieur des deux systèmesentrés en état de crise Bien que se plaignant du manque à gagner occasion- prolongée. L’exploitation des terres sèches par les né par la vente du frais, les pêcheurs évaluent les dif- Sorogo de l’arrondissementpour la culture du mil est f6rent.savantages que nous venons de citer et sem- l’élément remarquable dans le domaine agricole blent apprécier les services rendus par les commer- depuis ces vingt dernières années ; les effets se font Gants,même si les conditions apparaissentdrastiques. sentir jusque dans les habitudes alimentaires qui en sont profondément modifiées. Cette activité apparaît comme une compensation au déficit alimentaire Les activités complémentaires : consécutif à l’abandon de la rizicuhure à cause du I’agriculture L’agriculture n’a jamais joué un rôle prépondérant ( 101 Les ménages du fmo Kossibo n’auraient jamais cultivé chez les pêcheurs sorogo de l’Arrondissement.Avant avant la sécheresse des armées 70 selon le dire de leurs la sécheressede 1973, seule la tiziculture pluvio-flu- représentants ; ce n’est qu’ensuite qu’ils se seraient initiés à la viale était pratiquée par les ménages. Les “champs culture du mil.

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I manque d’eau et de la perturbation des sourcestradi- L’arrivée des migrants correspond à la récolte : tionnelles de ravitaillement. Les parcelles sont attri- d’octobre à décembre les pirogues sont affectéesau buées aux ménages qui en font la demande auprès transport des céréales,et le chargementd’une pirogue des propriétaires fonciers (Peuls, Bamanan, Marka). sur dii revient au transporteur. Certains jeunes vont Les rapports s’orientent de plus en plus vers le clien- avec leur embarcation dans le Macina (Dialloubé) et télisme. Les terres allouées sont retirées au bout de dans la zone du gorien& pour le transport des trois ans par les propriétaires - Peuls surtout - afin grains. Le troc bat son plein, et une quantité impor- d’en empêcher l’appropriation définitive par l’exploi- tante est acheteeaux agriculteurs. tant. La pratique du faire-valoir direct est générale, mais si on note l’absencedu métayageet du fermage, Agriculteurstwditiwmels, les Somonode la zone ont tou- on constatecependant la pratique coutumière de gra- jours cultivé le mil et le riz et d’une fason plus intensive tifications sur une vaste échelle. Elle consiste en dons que les Sor«go. Le finage de p&he des Somono se trouve de céréales (mil et sorgho) pendant la récolte, de au lac Dékw (ChaIdé) (11) dont ils détiennent la maîtrise d’une partie des eaux. Les activités agricoles ont lieu dans poisson (sporadiquement)au propriétaire en déplace- la zone lacustre (riziculture) et la culture du mil est prati- ment dans le campementde pêche, dons assortisde quée sur les terres sèches periphériquesde Sendéguéque prestations telles que le soutien politique, et de les ménages empruntent aux propriétaires terriens. Dès la menus services comme le transport de l’intéressé ou décrue une partie des jeunes du fnso s’installe au Walado des membresde sa famille pour la traverséedes cours où elle pkhe pendant trois mois avant de s’installer ~2 d’eau. Certains pêcheurs achètent des terres (un à Chaldé jusqu’en juiller-août (début de la crue). L’autre par- deux hectares), mais le pourcentage est minime tie constituk d’ainés ëgés munis de réserves alimentaires reste à Sendégut avec les enfants et s’occupe des champs. (moins de 1% ). Par rapport à l’ensemble des agricul- Ils rejoignent le reste du groupe en janvier à Chaldé et y teurs de la zone le niveau technologique est bas, en restent jusqu’a la crue. En juillet tous revenaient à ce qui concerne l’utilisation des engins mécaniqueset Sendégué, mais depuis la sécheresse un groupe de jeunes de l’engrais. reste aux lacs et s’occupe des travaux rizicoles et de la pêche ; les autres rentrent au villüge où ils continuent la pêche et l’agriculture. Lors de la r&zolte, ceux restés au lac . LE CALENDRIERACTUEL reviennent aider leurs ménages, ils font du transport de grain et participent au troc et à l’achat des céréales aux Ce calendrier (tabl. 1) est compatible avec les activités agriculteurs. À la décrue, les jeunes installés au Walado de pêche des ménagessorogo. Les activités agricoles vont dans le Dialloubé participer ~2la &Coke du riz (trans- sont l’oeuvre des cadets(jeunes célibataireset adultes port, troc, achat) et au troc avec les agriculteurs qui vien- mariés). Dès le début de la crue (mi-juillet) les aînés nent ddns les campements. Ils récoltent leur champ de riz. quittent le campement et s’installent au village, une partie des jeunes fait le va-et-vient entre le village et Les plus nantis et surtout ceux qui accusentdu retard le campementjusqu’à pétale,où elle rejoint les autres. font appel aux Bella et aux Rimaïbépour effectuer les L’autre partie, constituée d’hommesmariés en majori- principales activités agricoles, mais la majorité des té, part pêcher avec femmes et enfants et retourne 3 ménages du fnso Somono les exécute elle-même. A la décrue au village, au moment de la récolte l’instar des Sorogo, moins de 3 % sont propriétaires (novembre), Les jeunes restésau village pêchent pen- de leur champ et à part quelques ménages (moins dant la nuit avec les filets dérivants, relèvent les dor- d’une dizaine) tous les autres ont abandonné la rizi- mants et les palangres tôt le matin et retournent tra- culture pluvio-fluviale à cause du manque d’eau de vailler sur les champs durant la journée. La panoplie pluie et d’inondation. dérivant-dormant-palangrepermet aux jeunes de réa- liser la conjugaison harmonieuse des deux activités. l LA PRODUCTIONAGRICOLE Les aînés supervisent les travaux des champs et assu- rent la surveillance, en compagnie des plus jeunes, DES PÊCHEURS contre les prédateursdurant toute la journée. Les acti- Sur un échantillon global de 136 ménages enquêtés au vités de pêche continuent au ralenti avec la capture niveau de l’arrondissement, 56 Yoont cultivé en 1988. Nous du poisson pour la “saucequotidienne” na diègè, une avons recens& sensiblement le mkme effectif en 1989. Seuls quantité de capture est vendue pour assurer l’achat les pêcheurs autochtones de l’arrondissement cultivent le de céréales.C’est la période de soudure, les plantes mil, les allochtones temporaires retournent chez eux dès la sauvagestelles que riz, fonio, pastèque, sont recher- chéescomme complément alimentaire. Au niveau des ménagesdes JXO, il existe des formes ( 11) Chaldt est le lieu de résidence temporaire (campement) de coopération telles que l’entraide au labour (prêt de des Somono de Sendégué qui sont exclus des pêcheries du jeunes aux ménagesdépouwus de main-d’œuvre ou village. Ils y séjournent traditionnellement de janvier à juillet. ayant accusédu retard sur le calendrier agricole) et à Situé sur le rivage du lac Débo, Chaldé relke de la récolte, qui exige beaucoup de main-d’œuvre. l’arrondissement de Guidio.

~1 zune pr&larustre de Sendégué- 5.3 397 TABLEAU 1: le calendrier actuel des travaux agricoles dans la zone prélacustre de Sendégué.

MOiS Durée Travaux à effectuer

4 mois Confection des “tiolé” ou paquets dans la zone latéritique ckpissage des maisonspar les rirnaibé.

Mai 1 mois Préparationdu terrain : nettoyage et transport de la fumure organique, parcagedu bétail. mre chez les pkheurs

JliIl 1 mois Poursuite du transport de la fumure. Début des lers semisdans la 26me et 3ème décade.

Juillet 1 mois Ere décadefin des lers semis et début des lers sarclages 15 jours aprk le premier. LXrnaridge à 2 ou .Splants lors des travaux d’entretien. - _-._ hoîlt 1 mois Buttage 40 à 45 jours apr& les semis

Septembre 1 mois Début de la surveillance contre les prédateurs (oiseaux surklut) .- Octobre 20 jours Poursuite de la surveillance 10 jours Début de la rkcolte du mil - Nowmbre 15 jours Poursuite de la kcolte et transport du mil des champsaux greniers -- Decembre 45 jwrs D&ut de la rkolte du riz d&rue ou continuent leur migration vers l’aval (vers le lac stadeIII : non emploi d’engraisavec matériel, Débo surtout) ; les permanents n’ont pas d’activités agri- coles. 46 % des pêcheurs ont cultivé en 1988 et 89, ce qui stade IV : emploi d’engrais avec matériel et tech- démontre l’importance de l’agriculture en tant qu’activité niques vulgarisées. secondaire. 68 % des Sorogo de Sendégué ont mené une activité agricole pendant la même période. Quant aux Somono de Sendégué village, 51 % de leurs ménages (20 À part trois ménages somono de Sendégué qui ou 39) cultivent et exploitent au moins 31 % de l’emblavure détiennent encore des charruesen état de fonctionne- totale en mil et riz qui était de 162ha environ dont 148 ha ment, l’essentiel des travaux agricoles s’effectue à la de mil et 13 ha de tiz en 1988. 25 % des exploitants somo- houe. Ceux qui font appel à la main-d’oeuvresalariée no ont plus de 2 champs, 25 9bpo&dent 3 champs et 10 Va (somono surtout) sont de plus en plus rares et ils le ont cultivé à la fois le mil et le riz. Cependant malgré le font uniquement par contrainte de temps ou d’actifs nombre élevé de champs de mil, les ménages n’enculti- disponibles. Pamü les pêcheurs sorogo exploitants de vent souvent qu’un seul ; et même s’ils en exploitent plu- sieurs, l’emblavure n’excède pas la moyenne. Le fait de mil, seuls deux mGnagessont au stade II et six au posséder plusieurs champs apparaît plutôt comme une stra- stdde III. Six ménagessornono sont au stade III. Le tégie pour pallier la précarité des emprunts qu’une tentative niveau de technicité est hds düns l’ensemble et les d’augmenter la production. La superficie moyenne cultivée pêcheurs ne profitent pas de la vulgarisation agricole. par ménage somono est de 2,5 ha, ce qui correspond à la N’ayant jümaisété de grands cultivateurs, les ménages moyenne g&Aale des pêcheurs qui est de 2,35 ha par sorogo ont peu investi dans les instruments aratoires ménage exploitant. Les Somono, bien qu’ayant une tradi- (charrue, herse, etc.). Même à l’époque du boom éco- tion culturale ancienne, ne cultivent pas plus de mil que les nomique, l’équilibre alimentaire était assuré par la Sorogo de la zone. Ils ont exploité en 1988 deux champs de riz d’une superficie de 3 ha sur les 13 existants, ce qui complémrntarité des echangesentre pêche et agricul- dorme 23 % en tenant compte de l’abandon général de la ture. Il faut voir dans l’initiation des pêcheurs sorogo riziculture à cause des conditions que l’on sait. En 1988 il y 5 la céréaliculture de terres exondées la conséquence avait en tout 63 ménages de pécheurs exploitants agricoles directe de la rupture de cet équilibre. qui ont cultivé 148 ha environ de mil, et 146 ha en 1989.

En 1988 il y a eu 380 mm de pluie en 30 jours et seulement 274 mm en 1989, en 21 jours de pluie. Le suivi des activités La consommation des ménages de la campagne agricole de 1988 - l’une des meilleures de la décennie dans la zone - nous a permis d’estimer (gràce A La production des ménagesest insuffisante 5 couvrir la méthode des car& de rendements par ha) le rendement leurs besoins annuels en céréales, meme en cas de à 421 kg par ha ; d’où une production approximative de bonne récolte (campagne1988 par exemple). Certains 62tonnes environ soit une moyenne de 1 tonne et 2,G ha des ménagesqui avaient le plus récolté (entre cent et par exploitant de mil. Quant à ia campagne de 1989, elle a été l’une des plus désastreusesde la zone ; à l’inwffiisance cent soixante siri (13) ou gerbes de mil ou riz) et ?I la mauvaise répartition des pluies s’est ajoutée I’action avaient pratiquement consommé toute leur produc- dévastatrice des parasites (chenilles, coléopteres, sdute- tion sept mois apr+sIü récolte. riaux, vers, oiseaux etc).

l L’AUTONOMIE VIVRIÈRE La production moyenne par hectare a chuté à 36 kg contre 421 kg en 1988selon nos enquêtes.D’où une L’autonomie assuréepar les récoltesest donc fonction estimation de production de S tonnes, soit un écart de des stratégies alimentaires préconisées par les 57 tonnes par rapport à la production de la campagne ménages.En realite, les céréalesproduites n’assurent 1988.Nous avons là les productions de deux annees pas plus de quatre mois d’autonomie réelle en pério- extrêmes, la moyenne habituelle devant se situer de de bonne récolte, moins de trois dans le cas autour de 34 tonnes, soit 0,s t par ménage aussi bien contraire. En effet les produits des champs ne sont sorogo que somono. Cependant nous remarquons pas immédiatement consommés. En octohre- que les plus grandes superficies (3 à 6 ha) sont le lot des gros ménagesoù le nombre d’actifsvarie de 4 à 6. La stratégieculturale des ménagesest non seulement fonction de leur composition mais aussi des opportu- C121 Pour les cultures sèchr5 en génbal 1mil et sorgho), nités offertes par la pêche (,migration, éloignement, l’emploi d’engins mécaniqws cchdnue, herse, sen!oir, etc.) peut manque de bonnes terres, aléas climatiques) pour étre facultatif, ainsi que la prdtique du prélahrur. A püI? l’usage l’harmonisation des deux activit& de la fumure par les agriculteur\ traditionnels, leur degré de trchnicité est 3 peu pr&s identique a celui des pécheurs ; seuls les i?imaïl+ ont un taux supérieur a la moyenne des Le degré de technicité (12) peut se caractériserainsi : agriculteurs. stadeI : non emploi d’engmis ni de matkriel agricole, stadeII : emploi d’engraissans ma.tGriel, novembre une partie importante de mil est acquise lement déclarent avoir consommé presque par troc auprtts des agriculteurs. Une partie sert à la exclusivement des céréales (mil, riz et maïs) et 6 % consommation journalière et le reste est stocké. En des céréales associées au riz sauvage. 10 % des décembre c’est le riz qui est acquis par troc et achat ménagesaffirment avoir poursuivi les échangespois- sur le marché. sons/céréales deux à trois mois avant les récoltes, ainsi que les transportsrémunérés en nature. Au fur et 2 mesurede l’épuisementde ce stock,le produit des récoltesest progressivementconsommt?. Certains Plusieurs ménages affirment avoir consommé le mil ménagesen gardentpour la souduremais rares sont ceux dans les champs avant la récolte ; au moins 10 ména- qui y parviennent.I\ la datedu 25 mai 1989 une enquête ges de pêcheurs exploitants agricoles déclarent avoir effectuéeaupr& de 44 ménagessur la duréede consom- mationrestünte après la bonnerécolte d’octobre-novembre consommé pour 100 jours de céréalessur pied, d’où 1988a donnéles résultatssuivants : 3 $6des ménages une moyenne de 10 jours de consommationpar mé- avaientdrja épuiséleur stock; 71o/o n’avaient plus qu’une “age. Les plantes sauvages,dont certaines entraient autonomiesuppo,s&e de quinzejours maximum et à 7 “41il dans l’alimentation traditionnelle des pêcheurs,ont fini restaitune tisrrve de .Smois. IJn seul mknageLsomono) par devenir une nourriture d’appoint pour conjurer le était près d’atteindrel’autonomie annuelle. 72 ‘Y6des déficit alimentaireque ne parvient pas à combler la pro- ménagesaffirmaient avoir achetédu grain (mil et riz) ; duction agricole des ménagesen période de soudure. Mtemancemil/paddy dans le régimealimentaire semble diminuerla ponctionsur lesréserves de mil. Les pêcheurs tendentsoit à conserverle plus longtempspossible leur Nous pouvons concevoir la pratique de la céréalicul- propreproduction, soir à augmenterles réserves afin de la ture comme une stratégie de limitation des risques, consommerau momentoù les prix grimpent(étiage et adoptée par les ménagesface à l’incertitude que font périodede soudure),lorsqu’ils sont obligés d’acheter sur planer les variations climatiques sur la pêche. Cette lesmarchés avec les commerçant<. diversification des activités secondairestient compte, dans la majorité des cas, de conditions objectives . LES PRODUITS DE CUEW’ITE données, car sa réussite dépend de son harmonisa- tion avec les activités halieutiques. La production des En période de soudure, tandis que le poisson se fait céréales,en permettantla reaiisation de deux activités rare (juillet-octobre), le prix du kg de paddy atteint par une même unité de production, répond avant 150 FCFA,celui du riz traité (de l’Office du Niger ou tout au souci de réaliser l’autosuffisancealimentaire ; d’importation) grimpe jusqu’à 250 ou 275 FCFA et le c’est celle-ci qui détermine en dernière instance les mil 2 175 FCFA dans les campements.L’essentiel de meilleures conditions de réalisation de l’activité l’approvisionnement provient aiors des plantes sau- halieutique, et garantit en même temps son optimisa- vages. Ainsi durant la période d’août à octobre 1989, tion économique. Ainsi la contrainte alimentaire pro- sur un échantillon de 128 ménages pêcheurs, 72 % voquée par le déficit vivrier et la baisse des captures déclarent avoir consommél’une des plantes sauvages semble avoir profondément affecté l’équilibre des sys- suivantes : riz sauvage(~bo~g~~ ou ~~ITOU),graines de tèmes de production dont la complémentarité était ncnuphar ( tim»ti), fonio sauvage (pag4, pastèques une des conditions nécessairesde reproduction har- sauvages(pewbé) ou plusieurs d’entre elles. 4 % seu- monieuse.