Parade Estl’Histoired’Unegrandefêteaucoursdelaquel- En1971avecdel’Argent Hollandaiset,Deuxans
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PARADE DE JACQUES TATI FICHE TECHNIQUE FRANCE - 1974 - 1h23 fi che fi lm che fi fi Réalisation, scénario & dialogues : Jacques Tati Image : Jean Badal & Yunnar Fisher Montage : Sophie Tati, Per Carleson, Siv Lundgren, Jonny Mair Musique : Charles Dumont Parade est l’histoire d’une grande fête au cours de laquel- Interprètes : le Jacques Tati organise une rencontre entre spectacteurs, Jacques Tati artistes, clowns, enfants et lui-même. Tout au long du film, (Monsieur Loyal) SYNOPSIS adultes et jeunes forment une seule masse enthousiaste Karl Kossmayer et sa mule et unie par le spectacle. Dès le début, une petite fille et un petit garçon symbolisent, en un seul regard échangé, la Les Vétérans joie d’être ensemble. Le public participe directement au Les Williams spectacle qui tient à la fois du music-hall et du cirque, et Pierre Bramma Tati, en Monsieur Loyal, dirige et anime la représentation. Les Sipolo Pin Colombo Michèle Brabo CRITIQUE Los Argentinos Après le traumatisme de Playtime, Jacques Tati, ruiné, ne Hall, Norman et Ladd peut tourner qu’avec le soutien de pays étrangers. Il signe Bertilo Trafic en 1971 avec de l’argent hollandais et, deux ans plus tard, accepte une commande de la télévision suédoi- Johnny Lonn se qui ranime son projet de consacrer un film à l’univers Bertil Berglund du cirque : ce sera Parade. Pour autant, cet ultime opus Jan Swahn n’a rien à voir avec du cirque filmé : le réalisateur invente Monica Sunnerberg le spectacle en fonction d’une écriture toute cinématogra- phique et manie sa caméra avec une virtuosité étonnante. Du coup, comme à son habitude, Tati nous le prouve une nouvelle L’Humanité, 28 Décembre 1974 les gags abondent sans un instant fois cette semaine avec la pré- «Je recommence à zéro, je suis de répit – jusqu’à cette mémora- sence en salle de Parade : le pre- trop solitaire, trop perfection- ble course poursuite entre une mier film tourné en vidéo en 1974, niste. On m’a reproché des films mule et un bonhomme rondouillet. l’histoire d’une grande fête aux très chers - enfin, quant au résul- Tati rend aussi hommage à son savoureuses surprises orchestrée tat commercial. Je crois que ces passé de mime – qui suscita par Tati en personne. films-là ressortiront un jour. J’ai autrefois l’admiration de Colette d’ailleurs souvent été en avance –, ressuscitant pour notre plus Zurban n°294 - Addison De Witt sur la folie d’un monde robotisé grand bonheur ses numéros, du Un hommage au cirque qui offre qui ne sait plus être tendre et joueur de tennis au boxeur, du un regard rétrospectif sur toute drôle.» gardien de but à l’écuyer et au son œuvre. pêcheur à la ligne. Poète fantas- que, le cinéaste s’amuse à créer aVoir-aLire.com - Samir Ardjoum des rapports inattendus entre Le résultat est fascinant. Une ENTRETIEN les images : la fleur orange d’une sorte de création multimédia robe imprimée devient un motif d’avant l’heure. AVEC LE RÉALISATEUR du décor ou encore un specta- teur dans le hall du cirque se Le Monde - 23 Décembre 1974 Cinématographe : J’aimerais que confond un instant avec un clown C’est le film d’un poète qui aime vous nous parliez de Parade, sur une affiche. (…) L’inventeur les baladins et les saltimbanques d’abord à cause du plaisir très de monsieur Hulot préfère inven- et qu’enchante le regard émer- spécial qu’il procure, très pro- ter, encore et toujours, et parier veillé de deux enfants. che du plaisir du théâtre, c’est- sur l’avenir. On ne s’étonnera pas à-dire une émotion très immédia- alors que ce jeune homme de 66 Valeurs actuelles - 23 déc. 1974 te, ensuite parce que l’on y sent ans ait été le premier cinéaste à Toute la magie et la poésie du cir- que vous aimez ces gens-là : les tourner en vidéo. Ce qui donne que réinventées par Jacques Tati. acteurs, les «artistes», que vous à Parade une brillance des ima- Un spectacle éblouissant. êtes un acteur de music-hall ; ges et une souplesse des mouve- puis j’aimerais que vous nous ments d’appareil inédites. Malgré Jacques Tati, Le Monde - 23 Déc. 1974 parliez de la dette de votre ciné- les contraintes, Jacques Tati n’a «J’ai tourné Trafic en Hollande ma au music-hall. cessé d’imposer sa singularité et et Parade en Suède. Du moins, Jacques Tati : Comme vous le son génie avant-gardiste. Il meurt ces films sont-ils français. savez, il y a différents moyens le 4 novembre 1982 avant d’avoir Evidemment, j’aurais pu partir en d’expression dans le film à pré- pu porter à l’écran Confusion, son URSS, où l’on me proposait de réa- tention amusante. Tout a débuté tout dernier projet. liser une importante production par la pantomime qui est le plus Franck Garbaz au milieu de vingt jeunes cinéas- vieux moyen d’expression ; même www.arte-tv.com/fr tes qui auraient été un peu mes les Grecs s’exprimaient et se fai- élèves. J’ai refusé. Les Américains, saient comprendre sans dialo- de leur côté, m’ont demandé de gue... c’était une expression «cor- CE QU’EN DIT LA PRESSE venir chez eux pour donner une porelle». Les comiques ont suivi... suite aux aventures de M. Hulot. et au cirque, les plus vieux numé- A Nous Paris n°307 - Fabien Menguy Mais je tiens à ma liberté. Je suis ros de clowns ne se souciaient Immense comique et grand pion- content d’avoir tourné Parade.» pas du dialogue. nier du cinéma français, Jacques 2 C. : Grock, par exemple ? devant une glace comme un bal- mon numéro parce que je le con- J.T. : Ce n’est pas un exemple let, comme une expression corpo- nais : je serais incapable de don- extraordinaire, je vais vous dire relle mais très étudiée. Dans mon ner des leçons de pantomime ; pourquoi. Ca n’est pas que son cas, les pantomimes du joueur de indiquer des petits détails, oui, numéro n’est pas bien… mais lui, football, de la boxe etc., ne sont mais seulement, je serais incapa- Grock, est un musicien, un très pas apprises ; elles sont venues ble de faire répéter mon numéro bon musicien, qui s’est habillé naturellement sans jamais répé- par d’autres. en clown. La plupart du temps, le ter. Et c’est là la différence qu’il Parce qu’il y aurait peut-être clown apprend à jouer d’un ins- y a entre les deux ; aussi notre moins de défauts, mais il y aurait trument bien ou mal, souvent mal célèbre mime a tourné deux films aussi moins de qualités- Ça ne d’ailleurs, pour finir son numé- en Amérique qui sont catastro- peut en aucun cas être «classi- ro par un peu de sentiment, car phiques parce que justement, on que». C’est là que le music-hall on ne finit jamais un numéro par sent la leçon, on sent l’école, on devient un apport fabuleux parce une grosse rigolade. Par contre, sent qu’il peut être professeur que c’est cette présence sur une le clown s’exprime beaucoup avec de mime -ce qu’il fait d’ailleurs scène avec un contact direct avec ses jambes - ce que ne faisait -mais au cinéma c’est une chose le public qui vous prouve que pas Grock - et c’est ce moyen qui n’existe pas, qui ne se met vous avez eu tort ou raison. d’expression qui a été employé pas à vivre. Ou alors on danse aux débuts du cinéma, puisque le carrément un ballet classique et C : A ce propos, j’aimerais que cinéma était muet ; Mack Sennett ça devient un peu ennuyeux au vous nous parliez de cet appren- s’est penché sur les artistes qui bout d’un quart d’heure… tissage du métier d’acteur de faisaient rire au music-hall, il les music-hall ; les qualités et les a transportés dans des images C. : Vous parlez de l’ennui, c’est à exigences de ce métier -je pense dont d’ailleurs l’exemple le plus cause de l’absence d’invention… à l’un de vos numéros, celui que frappant est celui du grand numé- J.T. : En fait on ne peut pas modi- je préfère, le boxeur - ce qu’il faut ro comique de Little Titch, qui a fier un ballet en fonction de l’ac- d’exigence quand on est dans été en fait le premier film comi- cueil du public ; c’est impossi- cette situation sur la scène... que - ils ont tourné son numéro ble, on est prisonnier. On n’attend J.T. : Tout cela forme un tout. dont il y a une copie au National plus de la part des danseurs de D’abord il n’y a pas d’école. Institut de Londres - cet exemple l’imagination - ils n’ont pas le L’école de clowns, je n’y crois démontre que la pantomime est à droit d’en avoir… on peut trou- pas, je n’y crois pas du tout..., la base de tout film comique. Moi ver ça très beau... ce qui arrive les autres peuvent y croire, en aussi de mon côté j’ai suivi cette très souvent… Il y a évidemment monter, et peut-être obtenir quel- école, je l’ai suivie dans l’impro- quelques ballets qui passent au- que chose. Pour moi, il faut que le visation. Alors, de tout cela il dessus de tout ça, par de gran- type, l’acteur, se sente capable de ressort en fait une vérité, parce des inventions et puis la qualité faire rire mais capable à tous les qu’on mélange tout aujourd’hui des vedettes, des danseurs qui niveaux..