Histoire Économique Et Sociale De L'ancienne Égypte
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HISTOIRE ECONOMIQUE ET SOCIALE DE L'ANCIENNE EGYPTE DU MÊME AUTEUR MÉMOIRES L'Amélioration des communications Escaut-Rhin; la question du Moer- dijk (Prix du Fonds de vulgarisation de la batellerie rhénane belge, Bruxelles, 1931). — Hors du commerce. Le Statut contemporain des étrangers en Egypte; vers une réforme du régime capitulaire (préface de C. Van Ackere, vice-président de la Cour d'appel mixte d'Egypte); 1 vol. in-81, 274 pages; Paris, Recueil Sirey, 1933. Histoire économique et sociale de l'Ancienne Egypte; tome Ier : Des ori- gines aux Thinites; 1 vol. in-So, 305 pages; Paris, A. Picard, 1936; tome II : La vie économique sous l'Ancien Empire; 1 vol. in-8°, 301 pages; Paris, A. Picard, 1936 (préface de J. Pirenne, professeur à l'Université de Bruxelles). ETUDES DIVERSES Les Rhein-Ruhr Hâfen; Duisbourg-Ruhrort (Revue des Sciences écono- miques, Liége, février 1932, 13 pages). L'Etat égyptien et les Etrangers en Matière d'Imposition directe (ibid., octobre 1932, 39 pages. Une Economie ancienne : Alexandrie des Ptolémées (ibid., juin 1933, 36 pages). Crise des Libertés démocratiques (ibid., février 1936, 11 pages). J. Pirenne et l'Evolution juridique de l'Ancien Empire égyptien (ibid., avril 1936, 8 pages). L'Economie dirigée (Etudes commerciales et financières, Mons, décem- bre 1936, 15 pages). L'Industrie et les Ouvriers sous l'Ancien Empire égyptien (Annales de la Société scientifique de Bruxelles, série D, Sciences économiques, t. LVI, 1936, 15 pages). Les Relations extérieures de l'Ancien Empire égyptien (Revue belge des Sciences commerciales, Bruxelles, nos 205-206, janvier-février 1937, 16 pages). G. DYKMANS Docteur Docteur en Sciences spécial Commercialesen Économie Politique de l'Universitéet et Socialede Liège Aspirant du Fonds National de la Recherche Scientifique HISTOIRE ÉCONOMIQUE ET SOCIALE DE L'ANCIENNE EGYPTE, TOME TROISIÈME L'Organisation Sociale sous l'Ancien Empire INTRODUCTION SOCIOLOGIQUE DE G.-L. DUPRAT Professeur de Sociologie de l'Université de Genève Secrétaire Général de l'Institut International de Sociologie AUGUSTE PICARD ÉDITEUR 82, rue Bonaparte, Paris VIe 1937 A Monsieur le Professeur Émile WITMEUR Doyen de la Faculté de Philosophie et Lettres de l'Université de Liège les trois volumes de cet ouvrage sont dédiés en témoignage de profonde gratitude Introduction sociologique à l'Histoire économique et sociale de l'Ancienne Egypte de G. Dykmans Grandeur et décadence de l'Etat monarchique par G.-L. DUPRAT Professeur de Sociologie de l'Université de Genève Secrétaire général de l'Institut international de Sociologie La publication du tome Jer de l'Histoire économique et sociale de l'Ancienne Egypte a appelé l'attention des socio- logues sur une étude dont la principale caractéristique est le souci de. marquer impartialement les facteurs géographiques, techniques, économiques, démographiques, éthico-religieux, d'une évolution politique particulièrement intéressante : l'an- cienne Egypte, en effet, est considérée avec raison comme ayant apporté l'une des plus larges contributions connues à la civilisation, si tant est que l'on puisse parler d'une civili- sation unique et qu'il n'y ait pas lieu de distinguer dans l'his- toire de l'humanité une grande diversité d'évolutions et de dissolutions correspondant les unes à des civilisations ethni- ques, les autres à des civilisations éthiques, selon une con- ception chère à Renouvier et que nous avons reprise dans notre Esquisse d'un Traité de Sociologie (Paris, 1936). La civili- sation égyptienne fut d'abord surtout ethnique, comme les autres ou la plupart des autres, liée à une hérédité sociale dans une aire restreinte, avec le minimum de rapports entre l'inté- rieur et l'extérieur, de métissages, de stratifications par suite d'invasions ou d'infiltrations; puis elle devint de plus en plus éthique, par suite des relations de plus en plus fréquentes et étendues avec le dehors, surtout par l'intermédiaire des cités du Delta. Et ce fut une civilisation, au sens propre du mot, c'est-à-dire une évolution de populations de plus en plus dominées par l'organisation éthico-religieuse, politique, juri- dique, économique, des cités, progressivement interdépen- dantes dans l'œuvre commune de concours organique, consti- tuant la vie sociale de plus en plus relevée à tous les points de vue. Rien de ce qui concerne la civilisation égyptienne ne peut donc laisser indifférent le sociologue, soucieux d'établir d'abord une morphologie comparative, c'est-à-dire des types abstraits, spécifiques et génériques, de relations sociales, de processus, d'institutions ou structures, de modes de vie collec- tive. Mais ici se pose la question des rapports entre l'histoire et la sociologie. I. L'HISTORIEN ET LE SOCIOLOGUE M. G. Dykmans a fait œuvre d'historien. Il a critiqué les témoignages et les interprétations de données qui prêtent sou- vent, surtout en égyptologie, à des conjectures d'autant plus aventureuses que le symbolisme paraît avoir joué sur les bords du Nil un rôle plus important. L'ethnologue et l'historien ont avant tout à se prémunir contre la tendance naturelle de tout observateur à projeter dans la vie sociale, passée ou présente, qu'il étudie, quelque différente qu'elle soit de la vie sociale qui lui est familière, ses schèmes habituels, ses conceptions, ses façons de traduire les paroles, d'interpréter les gestes, les attitudes, les comportements, et surtout le symbolisme, verbal ou autre. Nous ne parviendrons sans doute jamais à voir la réalité lointaine ou disparue autrement qu'à travers les verres déformants de notre optique propre : l'historien, surtout lorsqu'il ne possède que peu de données positives, lorsqu'il se trouve en face de vestiges très incomplets, de textes tronqués, d'hiéroglyphes, presque d'énigmes, ne peut guère qu'être vic- time de sa systématisation personnelle ou de celle d'une école, à laquelle il se rattache souvent comme à un moyen de con- trôle et à un réducteur antagoniste des fantaisies subjectives. M. Dykmans nous a donné l'impression d'un critique averti qui confronte impartialement les diverses interprétations et ne s'embarrasse pas de ces vues systématiques, capables surtout de conférer parfois aux chefs d'écoles un prestige passager. Il s'est donc efforcé, avec une louable constance, de donner aux textes, aux documents, aux inscriptions, aux symboles, une portée objective, indépendante de la valeur problématique des théories égyptologiques les plus renommées. C'est pourquoi le sociologue peut faire le plus grand cas des assertions pru- dentes d'un historien qui ne se croit pas autorisé à projeter dans l'Egypte préhistorique des formes de vie sociale dite primitive, d'après une anthropologie ou une psychologie aven- tureuse. Louons-le en particulier de n'avoir pas consenti à introduire le mythe du totémisme dans la conception des anté- cédents de la civilisation égyptienne : le rôle de l'historien n'est pas celui d'un amateur de théories dites sociologiques qui entoure son tableau de fictions sans fondement sérieux, sous prétexte de remplacer les témoignages absents par des élucubrations philosophiques. M. Dykmans a adopté à l'égard du totémisme l'attitude que nous avons prise depuis longtemps à ce sujet : ne voir dans le symbolisme dit totémique que la manifestation d'une solidarité d'êtres qui se supposent dotés en commun d'une vertu particulière. Il n'y a rien d'essentiel- lement religieux dans le symbolisme totémique, qui manifeste plutôt la reconnaissance naïve d'un psychisme collectif, plus ou moins étroitement associé à des pratiques de magie ou à des superstitions. C'est donc sans pouvoir projeter une clarté quelconque sur l'Egypte préhistorique ,que l'on a cru devoir faire reposer la civilisation des bords du Nil sur une concur- rence mythique de clans totémiques : il ne suffit pas de trouver des figures symboliques de plantes, d'animaux ou de météores, pour être autorisé à transposer dans une société antique les rites des Arunta et les conceptions religieuses de tribus austra- liennes. L'historien n'a pas le droit de supposer que la vie sociale primitive ou préhistorique a été uniformément celle que certains sociologismes porteraient à considérer comme universelle. Il n'a pas davantage le droit d'attribuer à tous les peuples une forme d'activité psychique dite primitive et dont la con- ception systématique, mais fondée sur des données ethnogra- phiques souvent suspectes, ne constitue pas le dernier mot de la psychologie collective. Dans l'état actuel de nos connais- sances positives, il ne semble pas qu'il y ait lieu de substituer à l'observation des faits d'ordre éthico-religieux, politique ou économique, des déductions d'hypothèses sur la mentalité primitive ou sur les prétendus principes fondamentaux de l'activité humaine (tel que le dogme injustifié de l'utilitarisme égoïste, d'où est née la théorie économique pseudo-libérale). L'historien de l'antique civilisation égyptienne a donc eu rai- son de prendre pour point de départ la période qui permettait de constater déjà l'existence, au crépuscule des temps prédy- nastiques, des villes maritimes et fluviales de Basse-Egypte jouissant d'une grande liberté (cf. t. Ier, p. 198) et tendant à l'autonomie à l'intérieur de leurs enceintes fortifiées, en anta- gonisme avec un pouvoir royal de plus en plus débile, tandis que la royauté de Nekhen, féodale, dominait en Haute-Egypte des populations surtout agricoles et s'appliquait à placer sous le signe horien aussi bien les grands vassaux dans les nomes du Sud que les villes du Nord, en perpétuelle opposition. Des considérations socio-géographiques permettent d'éta- blir les conditions spéciales dans lesquelles les économies urbaines, féodales et monarchiques, déterminaient des struc- tures sociales différentes dans les nonces du Sud et le Delta, au moment où le légendaire Mènes réalisa la fusion des vieux royaumes prédynastiques et où l'action des rois thinites pour- suivit sans relâche l'œuvre d'unification, puis de centrali- sation, dans les Deux-Terres antérieurement opposées.