CHRISTIAN PETZOLD / HARUN FAROCKI

LES CINÉMAS DU CENTRE POMPIDOU

RÉTROSPECTIVE / EN PRÉSENCE DU CINÉASTE 23 NOVEMBRE 2017 - 14 JANVIER 2018 PETZOLD

AVANT-PROPOS SOMMAIRE Christian Petzold est le cinéaste qui a pris en charge la représentation de l’Allemagne contemporaine, jusqu’à l’incarner dans un visage, celui de sa comédienne et égérie, Nina Hoss, comme Fassbinder avait donné à son pays le visage d’ dans les années 1970. Depuis ses premiers films au milieu des années 1990, Christian Petzold n’a eu de cesse de radiographier les paysages de cette Allemagne réunifiée, entièrement capitaliste, « d’un non-lieu à un autre non-lieu », et la difficulté à les habiter. L’Ombre de l’enfant (2003), qui a fait de la voiture, • Avant-propos, de Serge Lasvignes, p. 1 au cœur de la société allemande, son ressort dramatique, sillonne la région de Wolfsburg, siège historique des industries Volkswagen – dont le passé nazi plane encore. Yella (2007) se déroule • Regarder l’Allemagne, de Pierre Gras, p. 2-3 dans les couloirs, les lobbies et salles de réunion d’hôtels aseptisés où se négocie âprement • Événements : ouverture, masterclass, séances présentées, p. 4 le financement d’entreprises et se joue leur destin. Avec Barbara (2012) puis Phoenix (2014), Christian Petzold a, dans un mouvement inverse, remonté le passé de l’Allemagne, aux dernières • Rétrospective des films, p. 5-17 années de la RDA pour le premier, à l’immédiat après-guerre dans un en ruines pour le • Informations pratiques, p. 18 second. Il y cherche, à travers ses personnages féminins à la grandeur et au courage inentamés, • Index des films présentés, p. 19 les sources des traumatismes de son pays, et plus largement de l’Europe moderne, habités par les fantômes et les non-dits d’un passé qui n’en finit pas. On reconnaît dans la démarche et la • Calendrier des séances, p. 20-21 précision des mises en scène de Christian Petzold les très fortes affinités entre son œuvre et celle d’Harun Farocki, les deux s’attachant aux rouages du monde actuel et agissant comme des révélateurs de spectres. Leur rencontre à l’Académie allemande du film et de la télévision, où Harun Farocki fut l’enseignant de Christian Petzold, a scellé une amitié et un dialogue ininterrompu. Harun Farocki a ainsi collaboré aux scénarios de tous les films de Christian Petzold, jusqu’à sa disparition en 2014, nourrissant les fictions de son ami par son regard de documentariste et d’essayiste. Après les rétrospectives consacrées à Hans Jürgen Syberberg, Rainer Werner Fassbinder, Werner Herzog et Werner Schroeter, le Centre Pompidou se réjouit de montrer à nouveau les films d’une grande figure du cinéma allemand dont la reconnaissance dépasse les frontières. Cette manifestation est organisée par les Cinémas du Département du développement culturel du Centre Pompidou dans le cadre du Festival d’Automne à Paris Tout cela n’aurait été possible sans le soutien du Festival d’Automne et du Goethe-Institut. Christian Petzold, qui a réalisé pour l’occasion un film en forme d’hommage à Harun Farocki pour notre collection « Où en êtes-vous ? », nous fait l’honneur et le plaisir d’accompagner sa rétrospective pendant une semaine. Nina Hoss le rejoindra lors d’une séance exceptionnelle le 29 novembre. C’est une fierté pour le Centre Pompidou d’être à l’initiative de telles rencontres

Avec le soutien du Goethe-Institut avec le public.

Serge Lasvignes En partenariat avec German Films Président du Centre Pompidou

En partenariat média avec

En couverture : Nina Hoss dans Yella, de Christian Petzold, 2007, © Jour 2 fête © Centre Pompidou, Direction de la communication et des partenariats, Ch. Beneyton, 2017 Conception graphique : MODULE

1 REGARDER L’ALLEMAGNE

Reconnu par le public français depuis Barbara rivaliser avec les grands films américains du (2012) et Phoenix (2014), Christian Petzold, né genre, Nina Hoss, actrice devenue égérie du en 1960, est un des cinéastes allemands les cinéaste depuis Dangereuses Rencontres en plus importants de ceux révélés après 2001, incarne, dans une ambiance fantastique la réunification. Après des études à la DFFB, se mêlant au réalisme documenté, une jeune l’école de cinéma de Berlin, il réalise son femme issue de l’Allemagne de l’Est qui premier long métrage en 1995, l’intriguant cherche un nouveau départ grâce à un poste Pilotes, et a proposé au public quatorze films dans la finance à l’Ouest. de fiction à ce jour, collaborant pour tous ses scénarios avec le documentariste et essayiste Avec Barbara en 2012 puis Phoenix en 2014, de cinéma Harun Farocki, avant la disparition deux fictions historiques dont Nina Hoss est de celui-ci en 2014. l’héroïne, l’œuvre prend un nouveau tournant. Jusqu’au début des années 2010, le cinéaste Dans le premier, une femme médecin de filme l’Allemagne contemporaine : il propose la RDA des années 1980 mutée dans une une manière d’observation anthropologique de petite ville pour sanctionner son projet de son pays sous la forme d’un cinéma narratif passer à l’Ouest, doit choisir de quitter le bloc faisant la part belle au cinéma de genre et au communiste ou de lutter ici et maintenant. mélodrame. Il évoque les traces du terrorisme Dans le deuxième, Nelly, l’héroïne défigurée d’extrême-gauche dans l’Allemagne réunifiée rescapée d’Auschwitz, se bat dans l’immédiat au début du siècle (Contrôle d’identité, 2000), après-guerre pour retrouver à la fois un visage les sociétés de capital-risque du capitalisme neuf et l’amour de son mari. Les combats Christian Petzold sur le tournage de Fantômes, 2005, ©DR

REGARDER L’ALLEMAGNE REGARDER mondialisé (Yella, 2007), le poids de l’argent des protagonistes sont situés dans le passé, L’ALLEMAGNE REGARDER construire minutieusement le regard du « la prolifération dans tous les domaines dans les relations humaines (Jerichow, 2008) ou mais il s’agit toujours de construire un futur spectateur sur un univers filmique pour conduire d’images apprêtées à seule fin de nous la place de la voiture dans la vie des Allemands humain alors que le système social paraît ne ses réactions (voir le début de L’Ombre de l’enfant). signifier quelque chose » ? En décantant vision (L’Ombre de l’enfant / Wolfsburg, 2003). Tous les laisser d’autre choix aux individus que de se Ce cinéma, qui connaît les leçons du grand et écoute, ses films permettent de porter notre films ont pour sujet la « vie de tous les jours » conformer. Il est logique alors que le film que cinéma américain et revendique l’héritage regard sur le présent nourri d’un passé que et la mécanique sociale qui la façonne. vient de tourner Petzold à Marseille cet été politique du cinéma godardien, rejoint cette prolifération des images ne cherche qu’à À cet égard, il est le cinéaste contemporain (et qui sortira en 2018) soit l’adaptation dans également celui de Claude Chabrol, refouler et de contribuer à construire un futur qui aborde le plus frontalement ces questions, le monde contemporain de Transit, le roman une source d’inspiration majeure pour Petzold, qui n’est pas décidé par avance. en portant une attention particulière aux d’Anna Seghers écrit en 1942. en choisissant de dépeindre une société à apprentissages modernes dans l’emploi, travers des intrigues narratives dans une la famille ou le couple. Milieux professionnels, Les deux films historiques nous amènent forme post-hitchcockienne. Et cela sans jeu Pierre Gras astuces criminelles, codes vestimentaires et à revoir sous un nouveau jour les films au second degré de citations cinéphiliques ou enseignant, spécialiste du cinéma allemand, comportementaux, usages des technologies précédents, faisant mieux apparaître les choix auteur de Good bye Fassbinder !, le cinéma allemand de destruction des codes, ce dont témoignera sont au cœur de ses sujets qui montrent figuratifs du cinéaste. Le réalisme souvent depuis la réunification, éd. Jacqueline Chambon/ brillamment Phoenix, variation sur Actes Sud, 2011 comment l’évolution sociale invite les individus associé trop légèrement à ses films n’en Sueurs froides (Vertigo, Alfred Hitchcock, 1958). (version allemande éd. Alexander Verlag, Berlin, 2014) à construire leur nouveau moi plus « en phase » est pas un. Il ne résulte que d’une série de Qu’il s’agisse de l’Allemagne contemporaine avec les besoins de l’économie contemporaine. décisions rigoureuses de mise en scène : ou de celle d’hier, Petzold fait sienne Ainsi dans Yella, thriller gothique féminin, que représenter ? Comment ? Loin de respecter l’interrogation de Farocki : comment, dans le rejoignant l’ambition fassbindérienne de un supposé « réel », il faut pour le cinéaste régime actuel du « tout image », lutter contre

3 ÉVÉNEMENTS RÉTROSPECTIVE DES FILMS

OUVERTURE SÉANCES PRÉSENTÉES EN PRÉSENCE DE CHRISTIAN PETZOLD Jeudi 23 novembre 8 SÉANCES AVEC CHRISTIAN PETZOLD : 18h30, Forum -1, accès libre Vendredi 24 novembre Exposition « Harun Farocki. 20h, Cinéma 1 : Barbara (2012, 105’, p.13) Images contre elles-mêmes » 20h, Cinéma 1, séance semi-publique Samedi 25 novembre Trois-Vies : Mieux que la mort Projection de 15h, Cinéma 2 : (2011, 88’, inédit, p. 13) Make Up (1973, 29’, inédit, voir Farocki, p. 34), L’Apparition (1996, 40’, voir de Harun Farocki et de 17h30, Cinéma 2 : Farocki, p. 28), Rien sans risque (2004, 50’, voir Dangereuses Rencontres (2001, 90’, inédit, p. 8), Farocki, p. 29), de Harun Farocki de Christian Petzold 20h, Cinéma 1 : Yella (2007, 89’, p. 10)

MASTERCLASS DE CHRISTIAN PETZOLD Dimanche 26 novembre Né en 1960, Christian Petzold est l’aîné de 17h30, Cinéma 1 : Fantômes (2005, 85’, inédit, p. 9) « l’école de Berlin » qui porte le renouveau 20h, Cinéma 1 : Jerichow (2008, 93’, p. 11) du cinéma allemand. Après des études de Pilotes, 1995, © Schramm Film lettres et de théâtre, il se forme à l’Académie Lundi 27 novembre du film et de la télévision, tout en faisant ses 20h, Cinéma 1 : Contrôle d’identité (2000, 106’, p. 7), AU SUD PILOTES armes comme assistant de Harun Farocki et et discussion avec Pierre Gras SÜDEN ÉVÉNEMENTS PILOTINNEN Hartmut Bitomsky. Il retrace ici son parcours de Christian Petzold de Christian Petzold Mardi 28 novembre Allemagne, 1990, 16 mm, 9’, Allemagne, 1995, 16 mm issue des collections de à travers les quatorze films qu’il a réalisés FILMS DES RÉTROSPECTIVE 19h30, Goethe-Institut : coul., sans dialogues, inédit depuis 1995 pour le cinéma et la télévision, et l’Österreichisches Filmmuseum de Vienne, 72’, coul., Police 110 : Les Loups (2016, 120’, p. 16) scénario, image, son, montage : Christian Petzold vostf et angl., inédit évoque les collaborations de Harun Farocki à Court métrage réalisé à l’Académie allemande du film scénario : Christian Petzold / dramaturgie : Harun Farocki / ses scénarios et de Nina Hoss qui incarne les et de la télévision de Berlin (DFFB) image : Hans Fromm / son : Heino Herrenbrück / 1 SÉANCE EXCEPTIONNELLE montage : Monika Kappel-Smith héroïnes de six de ses films. Une voiture seule. Une porte qui s’entrouvre. AVEC NINA HOSS ET CHRISTIAN PETZOLD avec Eleonore Weisgerber, Nadeshda Brennicke, Udo Schenk, La masterclass est animée par Antoine de Une femme à la fenêtre. Des livres dont les Barbara Frey Mercredi 29 novembre Baecque, historien et critique de cinéma, pages volent. Sur tout souffle un même vent, Film de fin d’études à l’Académie allemande du film 20h, Cinéma 2 : Phoenix (2014, 98’, p. 14) et de la télévision de Berlin (DFFB) (notamment aux Cahiers du cinéma, dont il a celui du sud peut-être. été rédacteur en chef de 1997 à 1999, puis à Karin est représentante de commerce pour 1 SÉANCE AVEC MATTHIAS BRANDT Libération, dont il a dirigé les pages culturelles « Entre la liberté du found footage et la mise en une entreprise de cosmétiques. Sophie est la Mardi 12 décembre de 2001 à 2006), auteur de nombreux ouvrages scène avant-gardiste, le sens se dissout dans compagne du fils du patron. Lorsque celui-ci 19h30, Goethe-Institut : et enseignant à l’École normale supérieure. l’atmosphère. En fin de compte, le sud est un reprend l’entreprise, Sophie devient l’assistante Police 110 : Les Cercles (2015, 90’, p. 15) Dimanche 26 novembre, 15h, Petite Salle lieu de nostalgie. » Alexandra Seitz, programme de Karin. Une rivalité acerbe se développe Entrée libre dans la limite des places disponibles de la Viennale, 2009 entre les deux femmes, jusqu’à ce qu’elles La masterclass est également diffusée en direct 1 SÉANCE AVEC PIERRE GRAS prennent conscience de n’être que des pions sur la chaîne YouTube du Centre Pompidou. Vendredi 15 décembre dans un jeu de pouvoir masculin. 20h, Cinéma 2 : Au sud (1990, 9’, inédit) et Pilotes (1995, 68’, inédit, voir ci-contre) « J’étais assis avec Harun Farocki au bord de la piscine et nous répétions les dialogues des deux héroïnes de mon film Pilotes.

4 5 On pouvait dire que Harun était mon conseiller VOL SUR L’OREILLER CONTRÔLE D’IDENTITÉ dans la sphère publique que dans le monde dramatique, mais ce n’était pas le dramatique DIE BEISCHLAFDIEBIN DIE INNERE SICHERHEIT privé. Seule l’idylle naïve de Jeanne et Heinrich qui nous intéressait, c’était beaucoup plus cette de Christian Petzold de Christian Petzold contredit, dans la sincérité de leur élan, connaissance de la vie de tous les jours que Allemagne, 1998, 35 mm issue des collections de Allemagne, 2000, 35 mm, 106’, coul., vostf l’isomorphie catastrophique de la répression l’on découvre à travers le film policier’ déclare l’Österreichisches Filmmuseum de Vienne, 85’, coul., vostf, scénario : Christian Petzold, Harun Farocki / image : Hans Fromm / et de la contestation. La froideur de la inédit son : Heino Herrenbrück / montage : Bettina Böhler le cinéaste Christian Petzold. Quand on voit scénario : Christian Petzold, Harun Farocki / image : Hans Fromm / avec Julia Hummer, Barbara Auer, Richy Müller, Bilge Bingül mise en scène, l’opacité psychologique Pilotes, on devine quelle scène aimaient son : Heino Herrenbrück, Martin Ehlers / montage : Katja Dringenberg Sélectionné à la Semaine de la Critique à Cannes en 2001, des personnages, l’étrangeté des décors, avec Constanze Engelbrecht, Nele Mueller-Stöfen, Wolfram Berger, Grand Prix du Jury à Valenciennes particulièrement répéter Petzold et Farocki Richy Müller, Nadeshda Brennicke tout se tient le temps d’un récit blême qui au bord de la piscine : celle magnifique où Hans et Clara, deux anciens terroristes représente l’Allemagne sous l’aspect d’une les deux personnages principaux, deux Petra séduit et dévalise des touristes allemands allemands, sont en cavale depuis longtemps. planète austère, verrouillée, qui n’en finit représentantes en produits de beauté affranchies, dans des hôtels au Maroc. L’argent volé sert Sillonnant l’Europe, ils vivent clandestinement plus de liquider les fantômes de son passé. avant de décider d’accomplir un braquage, à financer les études de sa petite sœur, Franziska, avec Jeanne, leur fille, qui a maintenant Représentation peu aimable qui puise s’allongent sur le capot de leur voiture, en plein qui la croit une entrepreneuse prospère. quinze ans. Au Portugal, la famille attend les précisément dans la meilleure tradition champ, au bord d’une piste d’aviation, pour Lorsque Petra décide de retourner en Allemagne papiers et l’argent nécessaires pour fuir au autocritique du cinéma allemand, de profiter du soleil et boire une bouteille de mauvais chez sa sœur, elle découvre que Franziska ne Brésil mais un incident les contraint à revenir Fassbinder à Helma Sanders-Brahms. » champagne à même le goulot. » lui a pas dit, elle non plus, toute la vérité. en Allemagne. Cependant, les aspirations de Didier Péron, Libération, 26 juin 2002 Pierre Gras, Good bye Fassbinder ! Jeanne à mener sa vie d’adolescente menacent Lundi 27 novembre, 20h, Cinéma 1, éd. J. Chambon/Actes Sud, 2011 « En ce sens, comme le cinéma de Harun leur existence clandestine. en présence de Christian Petzold Vendredi 15 décembre, 20h, Cinéma 2, Farocki […], les films de Petzold constituent et de Pierre Gras présentés par Pierre Gras un “cinéma ethnographique dans sa propre « Christian Petzold […] a une manière aiguë de Samedi 6 janvier, 20h, Cinéma 2 Dimanche 14 janvier, 15h, Cinéma 2 culture”. Le behaviorisme policier permet repérer les lignes d’asservissement, aussi bien d’étudier le social parce que la méthode du CUBA LIBRE criminel n’est jamais dans un film de Petzold de Christian Petzold qu’une méthode parmi toutes les méthodes Allemagne, 1996, Beta SP (format d’origine : 35 mm), 92’, sociales. Dans Vol sur l’oreiller, les techniques coul., vostf, inédit scénario : Christian Petzold / dramaturgie : Harun Farocki / de séduction de la voleuse et les tentatives de RÉTROSPECTIVE DES FILMS DES RÉTROSPECTIVE image : Hans Fromm / son : Heino Herrenbrück / sa jeune sœur pour réussir dans les entretiens FILMS DES RÉTROSPECTIVE montage : Bettina Böhler d’embauche sont ainsi mises en parallèle. avec Richy Müller, Catherine Flemming, Wolfram Berger Prix Promotion au Festival Max Ophüls Cette série d’entretiens de recrutement que subit la plus jeune se présente alors comme Tom tombe sur Tina dans un bar à la gare une version fictionnelle de Apprendre à se de Berlin. Il y a quelques années, il lui a volé vendre (1996), le film documentaire très humain de l’argent et l’a laissée le cœur brisé pour et très cruel que Farocki a consacré aux stages commencer une nouvelle vie à Cuba. Tina proposés aux chômeurs de longue durée veut se venger, Tom veut se rattraper. Ils sont allemands. Ici la caméra vidéo qui scrute rejoints par un homme qui cherche un ami et a le candidat pendant un entretien d’embauche de quoi se le payer. Tom espère, il fait espérer n’est que l’autre face de la caméra de et rêver de Cuba, une fois encore. surveillance de l’entreprise que le criminel « Un soir, à la cinémathèque de Vienne, j’ai vu doit déjouer. » Détour, de Edgar G. Ulmer, sur un homme qui Pierre Gras, Good bye Fassbinder ! veut arranger les choses mais qui continue à éd. J. Chambon/Actes Sud, 2011 s’égarer. Ça a été l’inspiration de Cuba libre », Dimanche 10 décembre, 20h, Cinéma 2 Christian Petzold Mercredi 3 janvier, 20h, Cinéma 2 Lundi 4 décembre, 20h, Cinéma 2 Vendredi 5 janvier, 20h, Cinéma 2 Contrôle d’identité, 2000, © Schramm Film

6 7 L’OMBRE DE L’ENFANT FANTÔMES WOLFSBURG GESPENSTER de Christian Petzold de Christian Petzold Allemagne, 2003, 35 mm issue des collections de Allemagne-France, 2005, 35 mm, 85’, coul., vostf, inédit l’Österreichisches Filmmuseum de Vienne, (format d’origine : scénario : Christian Petzold, Harun Farocki / image : Hans Fromm / 16 mm gonflé en 35 mm), 90’, coul., vostf, inédit son : Andreas Mücke-Niesytka / montage : Bettina Böhler scénario : Christian Petzold / conseiller dramaturgique : avec Julia Hummer, Sabine Timoteo, Marianne Basler, Harun Farocki / image : Hans Fromm / Aurélien Recoing, Benno Fürmann son : Andreas Mücke-Niesytka / montage : Bettina Böhler Sélectionné au Festival de Berlin avec Nina Hoss, Benno Fürmann, Antje Westermann, Astrid Meyerfeldt, Stephan Kampwirth Nina et Toni, deux adolescentes sans famille, Prix Adolf Grimme, Prix Fipresci de la critique font connaissance à Berlin. Ensemble, elles au Festival de Berlin vagabondent et commettent de petits vols. Phillip Wagner est concessionnaire à Wolfsburg, Bientôt, un sentiment amoureux naît entre la capitale allemande de l’automobile. Un jour, les jeunes femmes. Au même moment, Pierre il renverse un enfant accidentellement. vient chercher sa femme Françoise dans la Paniqué, il prend la fuite, puis, tenaillé par le capitale, alors qu’elle est partie une nouvelle remord, tente d’en savoir plus sur sa victime. fois à la recherche de leur fille, enlevée des À l’hôpital, où l’enfant est dans le coma, années plus tôt. Françoise croise le chemin de Philippe rencontre sa mère, Laura. Nina et croit reconnaître son enfant disparue.

« La campagne redécoupée par l’asphalte est « Fantômes est ainsi le film tant attendu sur le traversée par l’agitation automobile, comme Berlin contemporain. […] La capitale, telle que le premier plan de générique de L’Ombre Petzold et son directeur de la photographie de l’enfant est brutalement déchiré par le attitré Hans Fromm l’ont filmée, est un lieu Dangereuses Rencontres, 2001, © ZDF trait rouge de la voiture où les protagonistes étrange, irréel. Le faste moderniste de la dorment, mangent, tuent. L’Ombre de l’enfant Potsdamer Platz se fond ici directement dans Le premier film de Christian Petzold avec DANGEREUSES RENCONTRES est un film sur la culpabilité sans aveu et, la nature artificielle du zoo de Berlin. C’est qu’il RÉTROSPECTIVE DES FILMS DES RÉTROSPECTIVE Nina Hoss, qui jouera les rôles principaux de FILMS DES RÉTROSPECTIVE TOTER MANN en même temps, un film sociologique sur s’agit d’enfants volés, de fausses pistes et de cinq films à suivre, dont Barbara et Phoenix, de Christian Petzold l’attachement de l’Allemand à sa voiture. camouflages trompeurs. Fantômes est autant Allemagne, 2001, 35 mm issue des collections de jusqu’à faire corps avec le cinéma de Petzold. Ainsi, les territoires sont parcourus à la un film noir qu’un conte ; les frères Grimm, l’Österreichisches Filmmuseum de Vienne (format d’origine : « Dangereuses Rencontres (Toter Mann) débute 16 mm gonflé en 35 mm), 90’, coul., vostf, inédit recherche de clients et/ou de victimes, à moins tout comme Hitchcock, y ont laissé leurs comme une histoire d’amour et se révèle scénario : Christian Petzold, Jean-Baptiste Filleau / que les personnages ne sillonnent les routes empreintes. » conseiller dramaturgique : Harun Farocki / image : Hans Fromm / bien plus sombre, le récit d’une revanche son : Andreas Mücke-Niesytka / montage : Bettina Böhler que pour fuir leur passé ou, tout simplement, Christian Buss, Der Spiegel, 15 septembre 2005 préméditée qui fait écho aux films d’Hitchcock avec Nina Hoss, André Hennicke, Sven Pippig, Heinrich Schmieder, parce qu’ils se sentent étrangers à leur Dimanche 26 novembre, 17h30, Cinéma 1, Kathrin Angerer préférés de Petzold, Pas de printemps pour Marnie présent ». présenté par Christian Petzold Prix Adolf Grimme, FIPA d’or à Biarritz (Marnie, 1964) et Sueurs froides (Vertigo, 1958). » Pierre Gras, Good bye Fassbinder !, Lundi 18 décembre, 20h, Cinéma 1 Thomas Richter, avocat à , pense de Alasdair King, Edinburgh German Yearbook, 2013 éd. J. Chambon/Actes Sud, 2011 plus en plus à Leyla, une jeune femme qu’il Jeudi 23 novembre, 20h, Cinéma 1, Samedi 2 décembre, 20h, Cinéma 2 rencontre à la piscine. À peine entament-ils ouverture de la rétrospective en présence de Christian Petzold Vendredi 12 janvier, 20h, Cinéma 2 une relation amoureuse que Leyla disparaît. Dimanche 17 décembre, 15h, Cinéma 2 Lorsqu’il découvre un lien entre la jeune femme et un de ses anciens clients, tout juste sorti de détention, Thomas se précipite à la recherche de Leyla.

8 9 « La silhouette de Yella s’impose immédiatement comme une icône hitchcockienne, incontournable et obsédante : vissée à l’image (et nous avec), elle avance sur le fil d’une intrigue imprévisible et tragique, qui se (re) construit à chacun de ses pas. […] Ce qui impressionne le plus chez Petzold, c’est son talent à faire résonner discrètement des mécanismes intimes (culpabilité, désir, argent) avec la réalité du monde contemporain – entreprises en faillite et spéculation – dont il fait ressortir la nature fantastique et fantasmatique. » Amélie Dubois, Les Inrockuptibles, 21 avril 2009 Samedi 25 novembre, 20h, Cinéma 1, présenté par Christian Petzold Mercredi 13 décembre, 20h, Cinéma 1, précédé de Rien sans risque, de Harun Farocki (voir Farocki, p. 29)

Jerichow, 2008, © Jour2fête JERICHOW de Christian Petzold « En s’imprimant sur le visage et la silhouette Yella, 2007, © Jour2fête Allemagne, 2008, 35 mm, 92’, coul., vostf rigoureuse de Nina Hoss, l’angoisse, omniprésente scénario : Christian Petzold, d’après le roman Le facteur sonne dans le cinéma de Petzold, a gagné en noirceur. Christian Petzold s’est directement inspiré toujours deux fois, de James M. Cain / YELLA conseiller dramaturgique : Harun Farocki / image : Hans Fromm / La richesse narrative de ses précédents polars du documentaire de Harun Farocki sur les de Christian Petzold son : Andreas Mücke-Niesytka, Martin Ehlers / laisse place à des récits épurés, ancrés dans Allemagne, 2007, 35 mm, 89’, coul., vostf investisseurs en capital-risque, Rien sans montage : Bettina Böhler RÉTROSPECTIVE DES FILMS DES RÉTROSPECTIVE avec Nina Hoss, Benno Fürmann, Hilmi Sözer, André M. Heinnicke, des lieux et milieux cinématographiquement FILMS DES RÉTROSPECTIVE scénario : Christian Petzold / risque, pour les scènes de négociation. conseiller dramaturgique : Harun Farocki / image : Hans Fromm / Claudia Geisler vierges […] Deux hommes autour de Laura « Je pense qu’il faut essayer de voir le monde Sélectionné au Festival de Venise son : Andreas Mücke-Niesytka / montage : Bettina Böhler suffisent à l’articulation du drame, dans Jerichow. avec Nina Hoss, Devid Striesow, Hinnerk Schönemann, d’aujourd’hui par le prisme du cinéma. Christian Redl, Burghart Klaußner, Barbara Auer, Suite au décès de sa mère et à son renvoi de Petzold, qui s’est inspiré des Amants diaboliques Luchino Visconti et Jean Renoir voyaient le Selin Barbara Petzold l’armée, Thomas retourne à Jerichow, petite (adaptation du roman de James M. Cain, Ours d’argent de la meilleure actrice pour monde avec les moyens du cinéma ! ville d’une région pauvre du nord-est de Le facteur sonne toujours deux fois), fait du Nina Hoss au Festival de Berlin C’est même le cinéma qui leur permettait de l’Allemagne. Au chômage, le jeune homme manque d’argent un ressort de la frustration voir le monde. Je suis allé avec mon coauteur Laissant derrière elle un mariage raté et des devient le chauffeur puis l’assistant d’Ali, des amants. Comme chez Visconti, leur désir dans la région où nous avons tourné Yella, rêves brisés, Yella décide de quitter sa petite un riche propriétaire d’une chaîne de restauration préside à la mise en scène du drame, en nous avons regardé le paysage et vu que ville de l’est de l’Allemagne pour partir vers rapide. En chargeant tous les matins la camionnette reconduisant d’abord leur aliénation. Les amants les routes étaient comme les autoroutes l’ouest, au-delà de l’Elbe, dans l’espoir d’y d’Ali, Thomas rencontre l’épouse de celui-ci, se cachent et explorent les recoins de l’entrepôt, américaines, qu’il y avait de grandes stations trouver du travail et une vie meilleure. Laura. Devenus amants, ils ne vont avoir de cesse adossés à la caméra. Dans la nuit, leurs corps à essence comme on en trouve aux États- À Hanovre, elle rencontre Philipp, un jeune de nourrir secrètement leur désir d’amour et se frôlent dans le jardin, à deux pas d’Ali qui, Unis. Nous avions devant nous un paysage cadre financier. Elle devient son assistante d’indépendance, jusqu’au jour où ils réalisent alerté par un bruit, fouille les environs de totalement américain. Mais une Amérique dont et intègre l’univers des capitaux-risques, des qu’une vie commune n’est envisageable qu’au la maison avec une lampe-torche. » on a terminé le rêve et dont il ne resterait que bureaux en verre, des limousines en leasing et prix de la trahison. Élise Domenach, Positif, n° 578, avril 2009 la dépression. Le néoréalisme aussi racontait des couloirs d’hôtel. Tout paraît facile et Yella Dimanche 26 novembre, 20h, Cinéma 1, envisage son avenir avec Philipp. Mais son passé des mélodrames. » présenté par Christian Petzold vient la hanter. Christian Petzold, Les Inrockuptibles, 21 avril 2009 Samedi 13 janvier, 20h, Cinéma 2

10 11 MIEUX QUE LA MORT BARBARA ETWAS BESSERES ALS DEN TOD de Christian Petzold épisode de la mini-série Trois-Vies (Dreileben) Allemagne, 2012, DCP (format d’origine : 35 mm), 105’, coul., vostf scénario : Christian Petzold, Harun Farocki / image : Hans Fromm / de Christian Petzold son : Andreas Mucke-Niesytka / montage : Bettina Böhler / Allemagne, 2011, fichier numérique (format d’origine : avec Nina Hoss, , Rainer Bock, Christina Hecke, 35 mm), 88’, coul., vostf, inédit Mark Waschke, Jasna Fritzi Bauer, Jannik Schümann scénario : Christian Petzold / Ours d’argent du meilleur réalisateur au Festival de Berlin conseiller dramaturgique : Harun Farocki / image : Hans Fromm / son : Andreas Mücke-Niesytka / montage : Bettina Böhler avec Jacob Matschenz, Luna Zimić Mijović, Vijessna Ferkic Barbara est chirurgien-pédiatre dans un hôpital à Berlin-Est. Soupçonnée de vouloir passer à Johannes, issu d’un milieu modeste, fait son l’Ouest, elle est mutée par les autorités service civil dans une clinique à Trois-Vies en dans une clinique de province, au milieu de Thuringe, en même temps qu’il se prépare à nulle part. étudier la médecine aux États-Unis. La fille Tandis que son amant Jörg, qui vit à l’Ouest, de son patron, le médecin-chef de la clinique, prépare son évasion, Barbara est à la fois vient de rompre avec lui lorsqu’il rencontre inquiète et troublée de l’attention que lui porte Ana, une jeune réfugiée bosniaque, au passé André, le médecin-chef de l’hôpital. sombre et à la vie plus précaire encore que la sienne. Lors de leur première nuit ensemble, « L’Allemagne de l’Est finissante est le cadre un criminel s’échappe de l’hôpital. idéal d’une irréalité ordinaire, société où tout En 2006, les cinéastes Dominik Graf, Christian est théorique, où ne reste que le décor. […] Petzold et Christoph Hochhäusler entament Christian Petzold y fait résonner une vacuité une correspondance sur le cinéma en Allemagne absurde, et aussi la peur que le moindre geste (publiée dans la revue Revolver). Deux ans plus soit vu, dénoncé. Rien ne doit déranger l’ordre tard, ils décident de poursuivre autrement cet immobile, les apparences immuables. échange, avec un projet de film : trois histoires Tout ce que fait Barbara, dès lors, devient

RÉTROSPECTIVE DES FILMS DES RÉTROSPECTIVE autour d’un même fait divers, la fuite d’un signe. […] Son mystère habite le film, son FILMS DES RÉTROSPECTIVE criminel condamné, dans un même lieu imaginaire, secret guide le récit. Pour elle, la bannie, Dreileben (littéralement « Trois-Vies »), situé poussée dans un cul-de-sac de la RDA, dans la forêt de Thuringe. une histoire se recompose. Pas seulement « L’histoire d’Ondine est à l’origine du film : celle d’une résistance à un régime politique un homme, rejeté par celle qu’il désire, se rend destructeur (comme on le voyait dans près d’un lac et appelle Ondine. Ondine émerge La Vie des autres). À travers ce retour sur le des eaux. Elle aimera et sera aimée entièrement, passé de son pays, Christian Petzold soulève sans compromis. Un jour, l’homme fuit cet amour des questions qui dépassent les idéologies : et revient à la première femme. Il mourra pour la vraie vie est-elle toujours ailleurs ? cela, Ondine le tuera. Notre Ondine s’appelle Le présent est-il si vide et l’avenir si radieux ? Ana. Elle vient de Sarajevo et est réfugiée à Comme toutes les muses, cette Barbara a Dreileben, en Thuringe. Elle ne peut pas tuer. le pouvoir d’inspirer bien des pensées. » Elle ne peut plus se battre encore. C’est sa Frédéric Strauss, Télérama, 2 mai 2012 tragédie. » Christian Petzold, programme du Vendredi 24 novembre, 20h, Cinéma 1, Filmmuseum de Vienne présenté par Christian Petzold Samedi 25 novembre, 15h, Cinéma 2, Jeudi 7 décembre, 20h, Cinéma 1 présenté par Christian Petzold Mercredi 10 janvier, 20h, Cinéma 1

12Barbara, 2012, © Pyramide Distribution 13 À l’occasion de la rétrospective des films de NINA HOSS, LE VISAGE DES FILMS Christian Petzold au Centre Pompidou, le Goethe- DE CHRISTIAN PETZOLD Institut présente ses deux derniers longs métrages, « Une femme froide embrasse un homme inédits en France, réalisés pour la série Police 110. et, d’un coup, le monde s’embrase. Depuis que a disparu dans LES CERCLES les limbes d’un destin gâché, on pensait ne KREISE plus jamais voir au cinéma ces femmes au épisode de la série Police 110 (Polizeiruf 110) maintien raide et aux passions violentes qui de Christian Petzold furent l’une des beautés secrètes du cinéma Allemagne, 2015, fichier numérique, 90’, vostf, inédit scénario : Christian Petzold / image : Hans Fromm / américain […]. C’est d’abord la régularité son : Peter Preuß / montage : Bettina Böhler froide de sa beauté qui frappe. Réservée, avec Matthias Brandt, Barbara Auer, Justus von Dohnányi et même hautaine, elle n’accorde pas de Prix spécial de la mise en scène lors du Deutscher Fernsehkrimipreis regard, ou si peu. […] Quand Nina Hoss se met à marcher, lorsque son long corps Le cadavre d’une femme est retrouvé dans aux attaches fines et aux courbes cachées une clairière, recouvert de feuilles amoncelées s’ébranle, un héroïsme à la ténacité de plus telles une tombe de fortune. La victime est la en plus amplifiée surgit. […] Comme ses propriétaire du principal employeur de la petite consœurs hollywoodiennes avant elle, ville bavaroise, une manufacture de meubles. Nina Hoss embrasse comme elle libérerait Phoenix, 2014, © Diaphana un secret, avec la rage de celle qui connaît Avec son premier film pour la série Police 110, un film sur le monde de la bourgeoisie bavaroise PHŒNIX avons réalisé que très peu de films parlaient en la violence du monde et la sensualité de en déliquescence, Petzold a réalisé une étude de Christian Petzold Allemagne du retour des victimes des camps celle qui en connaît la fatale douceur. », magistrale qui démonte les clichés et conventions Allemagne, 2014, DCP au sein d’une société allemande qui avait Axelle Ropert, Les Inrockuptibles, 15 mai 2012 (format d’origine : 35 mm), 98’, coul., vostf du film criminel pour mieux les assembler à cherché à les exterminer. Cette idée nous aura scénario : Christian Petzold, Harun Farocki / image : Hans Fromm / nouveau. À partir de l’imbrication de rumeurs son : Andreas Mücke-Niesytka / montage : Bettina Böhler accompagnés pendant vingt-cinq ans avant Née à Stuttgart en 1975 d’un père syndicaliste,

RÉTROSPECTIVE DES FILMS DES RÉTROSPECTIVE et d’histoires, de révélations et de références FILMS DES RÉTROSPECTIVE avec Nina Hoss, Ronald Zehrfeld, Nina Kunzendorf, Trystan Putter, que le film ne se fasse. Par ailleurs, il y avait cofondateur du Parti vert, et d’une mère Michael Maertens, Imogen Kogge, Felix Römer naît une œuvre complexe sur la rébellion et ce livre très important en Allemagne de Bertolt directrice de théâtre, Nina Hoss fait ses Prix Fipresci de la critique au Festival de San Sebastian, le conformisme. mention spéciale du Prix Signis au Festival de Hong Kong Brecht, ABC de la guerre, où il évoque toutes débuts sur scène à l’âge de 14 ans pour ne les blessures au visage survenues au cours de plus la quitter. À ce jour, elle a incarné les Juin 1945. Nelly Lenz, ancienne chanteuse de « Christian Petzold a réussi un requiem aussi deux conflits mondiaux. Celui-ci a nourri notre héroïnes de six films de Christian Petzold, jazz et rescapée d’Auschwitz, est gravement méchant que tendre sur la classe moyenne réflexion. Et en regardant les récits, les films de Dangereuses Rencontres, en 2001, jusqu’à défigurée, après avoir reçu une balle dans allemande. Un grand art du film policier. » et les histoires existants autour de ce thème, Phoenix, en 2014, se voyant décerner l’Ours la tête juste avant sa libération. Après une Christian Buß, Der Spiegel, 26 juin 2015 nous avons constaté qu’ils étaient toujours d’argent de la meilleure actrice au Festival opération de reconstrution faciale, elle parcourt Matthias Brandt, dans le rôle de l’enquêteur relatés dans la perspective des hommes qui de Berlin pour Yella (2007). Parallèlement, les décombres de Berlin à la recherche de Hanns von Meuffels, sait, comme nul autre, reconstruisaient des visages de femme, elle a intégré la troupe de la Schaubühne de son mari musicien, Johnny. Mais ce dernier être présent avec de simples gestes et sur le modèle du mythe de Pygmalion. Berlin en 2013. On a pu la voir cette année ne la reconnaît pas, convaincu que sa femme mouvements. Nous, nous avons voulu raconter exactement dans le film Retour à Montauk, de Volker est disparue. Il lui propose alors de prendre Mardi 12 décembre, 19h30, Goethe-Institut l’inverse. » Schlöndorff. l’identité de son épouse présumée morte afin en présence de Matthias Brandt Christian Petzold, Libération, 28 janvier 2015 « Nina Hoss personnifie l’Allemagne, de récupérer son héritage. 17 avenue d’Iéna, 75116 Paris Mercredi 29 novembre, 20h, Cinéma 2, comme Hanna Schygulla à une époque. » réservation : 01 44 43 92 30 en présence de Nina Hoss et de Christian Petzold Anne Diatkine, Libération, 13 janvier 2016 plein tarif 4 €, tarif réduit 3 € pour les adhérents « Au milieu des années 1980, Harun Farocki Mercredi 20 décembre, 20h, Cinéma 1 du Centre Pompidou m’avait donné à lire le roman de Hubert Monteilhet, Le Retour des cendres, qui avait déjà été très important pour l’un de ses projets à lui, et nous

14 15 Où en êtes-vous, Christian Petzold ?, 2017, © Centre Pompidou, Schramm Film

OÙ EN ÊTES-VOUS, CHRISTIAN PETZOLD ? découpage, jeu d’acteur, documentaire et rêve, de Christian Petzold jusqu’à aborder la question essentielle de la France - Allemagne, 2017, fichier numérique, 23’, place du narrateur et, avec lui, du metteur en coul., vostf, inédit scène. La parole circule librement de l’un à scénario : Christian Petzold / image, montage : Hans Fromm / voix : Christian Petzold et Christoph Hochhäusler l’autre, à bâtons rompus. On ne voit d’eux que RÉTROSPECTIVE DES FILMS DES RÉTROSPECTIVE Film produit par le Centre Pompidou, Schramm Film, leurs mains manipulant les photographies, FILMS DES RÉTROSPECTIVE Les Loups, 2016, © Bayerischer Rundfunk, Claussen + Putz Filmproduktion avec le soutien d’Arte France Cinéma. Remerciements aux Films du Losange sans pouvoir distinguer qui s’exprime. LES LOUPS « Des portes dérobées s’ouvrent et libèrent Peu importe : ce qui compte, c’est l’échange, « Où en êtes-vous ? » est une collection initiée WÖLFE le monstre : des visages mutilés, des la réflexion et la passion partagées. Avec cet par le Centre Pompidou, qui passe commande épisode de la série Police 110 (Polizeiruf 110) loups-garous dans la nuit. Des angoisses hommage à Harun Farocki, disparu en 2014, à chaque cinéaste invité d’un film de forme de Christian Petzold existentielles. Mais l’amour est là aussi. Christian Petzold veut faire vivre et perpétuer Allemagne, 2016, fichier numérique, 120’, coul. vostf, inédit Et le travail que demande l’amour. », libre, avec lequel il répond à cette question à la l’esprit, le goût et la méthode de son ancien scénario : Christian Petzold / image : Hans Fromm / Christian Petzold. fois rétrospective, introspective, et tournée vers enseignant et ami, qui collabora aux scénarios son : Kristofer Harris, Peter Preuß / montage : Bettina Böhler l’avenir, ses désirs, ses projets. avec Matthias Brandt, Sebastian Hülk, Michael Witte Mardi 28 novembre, 19h30, Goethe-Institut de tous ses films. en présence de Christian Petzold Samedi 16 décembre, 20h, Cinéma 2 Il est question d’une affaire criminelle au cours 17 avenue d’Iéna, 75116 Paris Christian Petzold se livre ici avec Christoph Dimanche 14 janvier, 15h, Cinéma 2 réservation : 01 44 43 92 30 de laquelle la victime aurait succombé à des Hochhäusler, cinéaste lui aussi, à l’analyse Le film est également présenté dans l’exposition plein tarif 4 €, tarif réduit 3 € pour les adhérents morsures de loup. Mais il s’agit également des d’une séquence du Faux Coupable, d’Alfred « Harun Farocki. Images contre elles-mêmes » du Centre Pompidou deux enquêteurs, le commissaire principal Hitchcock (The Wrong Man, 1956), à partir d’une (voir Farocki, p. 6-13) Hanns von Meuffels (Matthias Brandt) et sa série de photogrammes. Ils parlent cadrage et collègue hambourgeoise Constanze Hermann (Barbara Auer), de leur solitude, de leur nostalgie et de leur attirance réciproque.

16 17 INFORMATIONS PRATIQUES RÉTROSPECTIVE DES FILMS PETZOLD

Centre Pompidou RÉTROSPECTIVE Pierre Laporte Communication Place Georges Pompidou Sylvie Pras 51, rue des Petites Écuries - 75010 Paris 75191 Paris cedex 04 Responsable des Cinémas 01 45 23 14 14 Métro Département du développement [email protected] Hôtel de Ville, Rambuteau, Châtelet- culturel (Ddc) [email protected] 1990 Au sud (Süden, court métrage, inédit, p. 5) Les Halles Presse cinéma du Centre Pompidou Informations Judith Revault d’Allonnes 1995 Pilotes (Pilotinen, inédit, p. 5) 01 44 78 12 33 assistée d’Alexandre Abbouche Christine Delterme Programmation 156, rue de Rivoli - 75001 Paris Tarifs 01 53 45 17 13 1996 Cuba Libre (inédit, p. 6) Cinéma : 6 €, 4 € tarif réduit et Catherine Quiriet [email protected] abonnés du Festival d’Automne à Paris assistée de Jules Vieville Presse du Festival d’Automne à Paris et du Goethe-Institut, gratuit pour Administration 1998 Vol sur l’oreiller (Die Beischlafdiebin, inédit, p. 6) les adhérents du Centre Pompidou REMERCIEMENTS (dans la limite des places réservées Baptiste Coutureau Nous remercions tout particulièrement aux adhérents, sauf ouverture semi- Régisseur film Christian Petzold ; Nina Hoss ; 2000 Contrôle d’identité (Die innere Sicherheit, p. 7) PETZOLD CHRISTIAN publique : 4 €) Gisela Rueb et le Goethe-Institut ; Achat de billets : Frédérique Mirotchnikoff Florian Koerner von Gustorf et 2001 Dangereuses Rencontres (Toter Mann, inédit, p. 8) par téléphone : 01 44 78 12 33 Coordination audiovisuelle pour le Ddc Schramm Film ; Margaret Menegoz, en ligne : https://billetterie. Régine Vial et les Films du Losange ; centrepompidou.fr Sylvain Wolff, Kim Lévy Olivier Père et Arte France Cinéma ; 2003 L’Ombre de l’enfant (Wolfsburg, inédit, p. 9) sur place : en caisses (uniquement le Service audiovisuel Emmanuel Demarcy-Mota, Marie Collin, jour de la séance) Christelle Masure, Gérard di Giacomo, Masterclass : entrée libre Yann Bréheret Christine Delterme, Clara Guedj, 2005 Fantômes (Gespenster, inédit, p. 9) Chargé de production audiovisuelle et le Festival d’Automne à Paris ; Retrouvez la bande-annonce et Maike Schantz et German Films ; l’ensemble des programmes sur Hugues Fournier-Montgieux et Claudia Siefen, Christoph Etzlsdorfer, 2007 Yella (p. 10) www.centrepompidou.fr les projectionnistes et agents d’accueil Regina Schlagnitweit et l’Österreichisches Régie des salles Filmmuseum ; Antoine de Baecque et 2008 Jerichow (p. 11) Suite aux besoins de vérification des Pierre Gras. sacs et des affaires des visiteurs RELATIONS AVEC LA PRESSE dans le cadre du plan Vigipirate-état ET PARTENARIATS Nous remercions également 2011 Trois-Vies : Mieux que la mort d’urgence, il est recommandé de se Benoît Parayre Fabián Teruggi et Ciné Cim Vidéo ; (Dreileben: Etwas besseres als den Tod, inédit, p. 13) présenter 30 minutes au minimum Directeur de la communication et Anke Hahn et la Deutsche Kinemathek ; avant le début de chaque séance. des partenariats Josephine Settmacher et la DFFB ; Sohela Emami et pr|emami ; Léna Force, 2012 Barbara (p. 13) Marc-Antoine Chaumien Cécile Miralves et Diaphana ; Directeur adjoint Élodie Dussoulier et les Films des Tournelles ; Benoît Perrier et 2014 Phoenix (p. 14) GermanFilmsPompidouParis2017.qxp_ARTWORKCéline Janvier 24.10.17 12:32 Seite 1 Jour 2 fête ; Océane Jubert et Pyramide Responsable des partenariats Distribution ; Janine Göllner et la ZDF. 2015 Police 110 : Les Cercles (Polizeiruf 110 : Kreise, inédit, p. 15) ...... Y S . . . N W . . . E . K . . . . E . . . N E . A . . A L . . . . U . . . N C . R ...... Á . . . N . I . N S S . . U . . O . . I . . . 2016 Police 110 : Les Loups (Polizeiruf 110 : Wölfe, inédit, p. 16) . . N O ...... D . . I N N U R K T B . R . . O . . T Y . . . . Y . . . I . .

. . L E A . . A B S A O . . . N ...... S E L V . . . C . . E A . . . R W R W A S . . L D ...... A . N . . . L . E B L T . . . . . O O H . M . I . . T . . . . . A

O 2017 Où en êtes-vous, Christian Petzold ? (court métrage, inédit, . M O . S E . R . N N . . . . C A . R . I . J O . . . . . N S V . S . T A

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P . O . . . S . . . sur une commande du Centre Pompidou, p. 17) . . Y . T D U . E D O . . I R ...... G T M . N C

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. . . A . . C P P . N ...... G ...... E . . . . . L . . OPENING THE DOORS . . . . E . . . . S ......

TO GERMAN CINEMA .

18 19 CALENDRIER DES SAMEDI 25 NOVEMBRE MARDI 28 NOVEMBRE DIMANCHE 3 DÉCEMBRE SAMEDI 9 DÉCEMBRE MARDI 12 DÉCEMBRE 15h Cinéma 2 19h30 Goethe-Institut 15h Cinéma 2 15h, Petite salle 19h30 Goethe-Institut RÉTROSPECTIVES Trois-Vies : Mieux que la mort Police 110 : Les Loups (2016, Bière pour tous (1966, 4’), Table ronde : Police 110 : Les Cercles HARUN FAROCKI ET (2011, 88’, inédit), 120’) de Christian Petzold Nature morte (1997, 56’), Pédagogies farockiennes #1 (2015, 90’), de Christian Petzold En présence du cinéaste de Harun Farocki Avec Christa Blümlinger, de Christian Petzold CHRISTIAN PETZOLD présenté par le cinéaste 17h30 Cinéma 2 Raymond Bellour, En présence de l’acteur 17h30 Cinéma 2 MERCREDI 29 NOVEMBRE Tel qu’on le voit (1986, 72’), Volker Pantenburg. Matthias Brandt L’Apparition (1996, 40’), 20h Cinéma 2 Sorties d’usines (1995, 36’), Modération : Dork Zabunyan JEUDI 23 NOVEMBRE Rien sans risque (2004, 50’), Phoenix (2014, 98’), de Harun Farocki Entrée libre dans la limite MERCREDI 13 DÉCEMBRE 18h30 Forum -1 de Harun Farocki de Christian Petzold 20h Cinéma 2 des places disponibles 20h Cinéma 1 Vernissage de l’exposition présentés par En présence du cinéaste et Images de prisons (2000, 60’), 17h, Petite salle Rien sans risque « Harun Farocki. Images Christian Petzold de Nina Hoss Reconnaître et Poursuivre Table ronde : (2004, 50’), de Harun Farocki, contre elles-mêmes » 20h Cinéma 1 (2003, 58’), de Harun Farocki Pédagogies farockiennes #2 Yella (2007, 89’), Accès libre Yella (2007, 89’), JEUDI 30 NOVEMBRE Avec Nora Alter, Constanze de Christian Petzold de Christian Petzold 20h Cinéma 2 LUNDI 4 DÉCEMBRE Ruhm et Dork Zabunyan. 20h Cinéma 1 présenté par le cinéaste Bénévole de campagne 20h Cinéma 2 Modération : Christa JEUDI 14 DÉCEMBRE Make Up (1973, 29’, inédit), (1967, 8’, inédit), Cuba Libre (1996, 92’, inédit), Blümlinger 20h Cinéma 2 de Harun Farocki, DIMANCHE 26 NOVEMBRE Les Mots du président de Christian Petzold Entrée libre dans la limite Apprendre à se vendre Dangereuses Rencontres 15h Petite salle (1967, 3’), des places disponibles (1997, 58’), (2001, 90’, inédit), Masterclass de Leurs journaux (1968, 17’), MERCREDI 6 DÉCEMBRE 20h Cinéma 2 Endoctrinement (1987, 44’), de Christian Petzold Christian Petzold, White Christmas (1968, 3’), 20h Cinéma 2 Le Goût de la vie (1979, 29’), de Harun Farocki En présence de Christian animée par Antoine de Baecque Feu inextinguible (1969, 25’), Vidéogrammes d’une révolution Section (1995, 25’), de Harun Petzold et Antje Ehmann Entrée libre dans la limite de Harun Farocki (1992, 106’), de Harun Farocki Farocki VENDREDI 15 DÉCEMBRE Séance semi-publique des places disponibles et Andrei Ujica 17h Goethe-Institut 17h30 Cinéma 1 VENDREDI 1ER DÉCEMBRE DIMANCHE 10 DÉCEMBRE Films pour les enfants VENDREDI 24 NOVEMBRE Fantômes (2005, 85’, inédit), 20h Cinéma 2 JEUDI 7 DÉCEMBRE 15h Cinéma 2 (1973-1979, env. 60’), 20h Cinéma 1 de Christian Petzold La Vie RFA (1990, 83’), 20h Cinéma 1 Par comparaison (2009, 61’, de Harun Farocki Barbara (2012, 105’), présenté par le cinéaste de Harun Farocki Barbara (2012, 105’), inédit), de Harun Farocki présentés par de Christian Petzold 20h Cinéma 1 de Christian Petzold 17h30 Cinéma 2 Christa Blümlinger présenté par le cinéaste Jerichow (2008, 93’), SAMEDI 2 DÉCEMBRE Sauerbruch Hutton, architectes 19h30 Goethe-Institut de Christian Petzold 15h Cinéma 2 VENDREDI 8 DÉCEMBRE (2013, 73’) Soirée avec Kevin B. Lee, présenté par le cinéaste Raconter (1975, 60’, inédit), 20h Cinéma 2 20h Cinéma 2 en conversation avec À l’examen : Peter Weiss (1979, Images du monde et inscription Vol sur l’oreiller (1998, 85’, Christa Blümlinger LUNDI 27 NOVEMBRE 44’, inédit), de Harun Farocki de la guerre (1988, 75’), inédit), de Christian Petzold 20h Cinéma 2 20h Cinéma 1 17h30 Cinéma 2 En sursis (2007, 40’), Au sud (1990, 9’, inédit), Contrôle d’identité (2000, 106’), Entre deux guerres (1978, 83’), de Harun Farocki LUNDI 11 DÉCEMBRE Pilotes (1995, 68’, inédit), de Christian Petzold de Harun Farocki 20h Cinéma 2 de Christian Petzold En présence du cinéaste et 20h Cinéma 2 Un nouveau produit (2012, 37’), présentés par Pierre Gras de Pierre Gras L’Ombre de l’enfant Les Créateurs des mondes (2003, 90’, inédit), d’achat (2001, 72’), de Christian Petzold de Harun Farocki

SAMEDI 16 DÉCEMBRE MERCREDI 20 DÉCEMBRE SAMEDI 6 JANVIER 15h Cinéma 2 20h Cinéma 1 15h Cinéma 2 Paris Ville-cinéma Phoenix (2014, 98’), White Christmas (1968, 3’), (1988, 60’, inédit), de Christian Petzold Feu inextinguible (1969, 25’), de Harun Farocki Entre deux guerres (1978, 83’), 17h30 Cinéma 2 JEUDI 21 DÉCEMBRE de Harun Farocki Travaux sur Rapports 20h Cinéma 2 17h30 Cinéma 2 de classes (1983, 65’), Une image de Sarah Schumann Bière pout tous (1966, 4’), L’Argent de Bresson (1978, 30’, inédit), Leurs journaux (1968, 17’), (1983, 30’, inédit), Georg K. Glaser – Écrivain et Bénévole de campagne de Harun Farocki Forgeron (1988, 44’, inédit), (1967, 8’, inédit), 20h Cinéma 2 de Harun Farocki La Division de tous les jours Où en êtes-vous, présentés par Marion Grand (1970, 65’, inédit), Christian Petzold ? de Harun Farocki (2017, 23’, inédit), VENDREDI 22 DÉCEMBRE 20h Cinéma 2 de Christian Petzold, 20h Cinéma 2 Contrôle d’identité (2000, 106’), L’Expression des mains Make Up (1973, 29’, inédit), de Christian Petzold (1997, 30’), Une image (1983, 25’), Sorties d’usines (1995, 36’), de Harun Farocki DIMANCHE 7 JANVIER de Harun Farocki 15h Cinéma 2 MERCREDI 3 JANVIER Les Mots du président DIMANCHE 17 DÉCEMBRE 20h Cinéma 2 (1967, 3’), Christian Petzold et Harun Farocki, 2011, Österreichisches Filmmuseum, © Andrea Wagner 15h Cinéma 2 Vol sur l’oreiller (1998, 85’, Quelque chose devient visible Dangereuses Rencontres inédit), de Christian Petzold (le Vietnam nous appartient) MERCREDI 10 JANVIER SAMEDI 13 JANVIER 17h30 Cinéma 2 (2001, 90’, inédit), (1982, 114’), de Harun Farocki 20h Cinéma 1 15h Cinéma 2 Une image (1983, 25’), Single. Production d’un disque de Christian Petzold JEUDI 4 JANVIER 17h30 Cinéma 2 Trois-Vies : Mieux que la mort Tel qu’on le voit (1986, 72’), 17h30 Cinéma 2 20h Cinéma 2 Vidéogrammes d’une révolution (2011, 88’, inédit), de Harun Farocki (1979, 49’), de Harun Farocki La Tromperie (1985, 99’), Dans les rues les hommes (1992, 106’), de Harun Farocki de Christian Petzold 17h30 Cinéma 2 20h Cinéma 2 de Harun Farocki s’avancent et se dressent… et Andrei Ujica Par comparaison La Vie RFA (1990, 83’), Le Goût de la vie 20h Cinéma 2 (1987, 8’, inédit), 20h Cinéma 2 JEUDI 11 JANVIER (2009, 61’, inédit), (1979, 29’), Livres de cinéma Industrie + Photographie Images du monde et inscription 20h Cinéma 2 de Harun Farocki de Harun Farocki (1986, 15’, inédit), (1979, 44’), de la guerre (1988, 75’), Un jour dans la vie 20h Cinéma 2 Peter Lorre. Le Double Visage Paysage urbain En sursis (2007, 40’), du consommateur final Jerichow (2008, 93’), Lorsque plusieurs films (1984, 59’), de Harun Farocki (1981, 44’, inédit), de Harun Farocki (1993, 44’, inédit), de Christian Petzold sont projetés au cours de Harun Farocki Que se passe-t-il ? (1991, 60’), d’une même séance, les LUNDI 18 DÉCEMBRE LUNDI 8 JANVIER de Harun Farocki DIMANCHE 14 JANVIER spectateurs peuvent entrer 20h Cinéma 1 VENDREDI 5 JANVIER 20h Cinéma 2 15h Cinéma 2 et sortir entre chaque film. Fantômes (2005, 85’, inédit), 20h Cinéma 2 Images de prisons (2000, 60’), VENDREDI 12 JANVIER Au sud (1990, 9’, inédit), de Christian Petzold Cuba Libre (1996, 92’, inédit), Reconnaître et Poursuivre 20h Cinéma 2 Pilotes (1995, 68’, inédit), L’exposition « Harun Farocki. de Christian Petzold (2003, 58’), de Harun Farocki L’Ombre de l’enfant Où en êtes-vous, Images contre elles-mêmes » (2003, 90’, inédit), Christian Petzold ? est présentée du 23 novembre de Christian Petzold (2017, 23’, inédit), 2017 au 7 janvier 2018, de Christian Petzold au Forum -1 du Centre Pompidou, de 11h à 21h, en accès libre. HARUN FAROCKI / CHRISTIAN PETZOLD

LES CINÉMAS DU CENTRE POMPIDOU

FAROCKIRÉTROSPECTIVE / EXPOSITION 23 NOVEMBRE 2017 - 14 JANVIER 2018

SOMMAIRE AVANT-PROPOS • Avant-propos, de Serge Lasvignes, p. 1 • Harun Farocki par lui-même, p. 2-5 Harun Farocki est l’un des plus grands observateurs de son temps. Né en 1944 d’un père indien et d’une mère allemande, il s’installe à Berlin et entre à l’Académie allemande du film et de • Expositions la télévision dans les années 1960 – il y deviendra à son tour enseignant, de Christian Petzold « Images contre elles-mêmes », au Centre Pompidou, p. 6-13 notamment. D’une ampleur inégalée, tant par ses champs d’investigation que par la diversité et l’inventivité de ses formes, son œuvre se compose de plus de cent-vingt films et installations, « Empathie », à la Friche la Belle de Mai, p. 14-15 réalisés de 1966 jusqu’à sa disparition en 2014, ainsi que de très nombreux écrits sur le cinéma et • Rétrospective des films les médias. Introduction, p. 16 Avec une économie et une simplicité du geste cinématographique, liées à un souci constant de Films militants, p. 17-19 pédagogie et de partage avec le plus grand nombre, Harun Farocki se donne pour mission de Mécaniques de la guerre, p. 20-23 « déblayer les décombres qui obstruent les images », de leur rendre une lisibilité menacée par Main/machine, p. 24-26 leur instrumentalisation. Il analyse et rapproche, avec la même curiosité, toutes les images que L’entreprise, de l’intérieur, p. 27-29 le monde génère, quelle que soit leur nature : photographies, images d’archives, de communication, Images, p. 30-33 de marketing, imagerie militaire, vidéosurveillance, jeux vidéo… Cinéma, p. 34-39 Dans la lignée de et de cinéastes tels que Jean-Luc Godard, Jean-Marie Straub Films pour enfants, p. 39 et Danièle Huillet ou Robert Bresson, Harun Farocki use de la distanciation, nécessaire à une observation et un esprit libres. Il donne ainsi ses plus beaux développements à la forme du • Tables rondes, soirée, édition, p. 40-41 film-essai (Images du monde et inscription de la guerre, 1988, L’Expression des mains, 1997, pour ne • Informations pratiques, p. 42 citer qu’eux). L’œuvre entière propose une lecture critique et poétique du 20e siècle et des débuts du e • Index des films présentés, p. 43 21 , une étude passionnante des rouages du monde contemporain, de l’économie, de la guerre, du travail. Elle s’aventure là où le cinéma souvent s’arrête, où notre vie se déroule pourtant • Calendrier, p. 44-45 largement : dans l’usine, dans l’entreprise, dans les mondes créés par la communication, le marketing, le commerce, la finance. Vous ne verrez pas thriller plus haletant que Rien sans risque Cette manifestation est organisée par le Centre Pompidou dans le cadre du Festival d’Automne à Paris (2004), un documentaire sur les investisseurs en capital-risque. Le Centre Pompidou se réjouit de montrer, pendant un mois et demi, dans le cadre du Festival d’Automne, la rétrospective la plus importante consacrée à Harun Farocki en France, à travers près de cinquante films – dont certains, tels La Vie RFA (1990) et Vidéogrammes d’une révolution (1992), comptent parmi nos collections. Parallèlement, une exposition en accès libre réunit douze de

Avec le soutien du Goethe-Institut et de la BPI – Cinémathèque du documentaire ses vidéos et installations, de la première, Section, créée en 1995, à la dernière, Parallèle I-IV (2012-2014). Le formidable travail de collecte et de numérisation entrepris par Harun Farocki

GbR, avec l’accompagnement sans faille du Goethe-Institut, ont été la pierre angulaire de cette manifestation. Le soutien de la Bibliothèque publique d'information dans son rôle de vitrine En partenariat avec Harun Farocki GbR et la Friche la Belle de Mai parisienne de la toute nouvelle Cinémathèque du documentaire lui a été essentiel. Je salue aussi la Friche la Belle de Mai à Marseille qui complète cet hommage en proposant une exposition rassemblant neuf autres installations de Harun Farocki autour du travail. Son œuvre, dont l’intelligence aiguë de notre monde et le goût du partage font tout le prix, est bien vivante,

Remerciements à la Galerie Thaddaeus Ropac offerte à nos regards.

En partenariat média avec

Serge Lasvignes Président du Centre Pompidou En couverture : Section (Schmittstelle), de Harun Farocki, 1995, © Harun Farocki © Centre Pompidou, Direction de la communication et des partenariats, Ch. Beneyton, 2017 Conception graphique : MODULE

1 HARUN FAROCKI PAR LUI-MÊME EXTRAITS DES « BANDES-ANNONCES ÉCRITES » 1944 1966 J’aurais dû naître à Berlin mais nous avons Cette année-là, j’ai réalisé mon premier film quitté la ville à cause des bombardements. de trois minutes pour une chaîne de télévision Je suis né à Neutitschein qui s’appelle aujourd’hui berlinoise. J’ai été admis à la toute nouvelle Nový Jičín, à l’époque dans le Sudetengau, école de cinéma, l’Académie allemande du film aujourd’hui en République tchèque. Nous ne et de la télévision de Berlin (la DFFB). sommes restés là-bas que quelques semaines ; nous y avons passé moins de temps qu’il ne 1967 m’en a fallu depuis pour expliquer que je suis J’ai été renvoyé de l’école de cinéma avec ni tchèque ni un Allemand des Sudètes. cinq autres étudiants après un examen J’ai également passé beaucoup de temps à intermédiaire. Ceci a donné lieu à une grande épeler mon nom, Harun El Usman Faroqhi, manifestation des autres étudiants qui a pris jusqu’à ce que je le simplifie en 1969. de l’ampleur l’été suivant et, à l’automne, nous avons été réadmis pour une année à l’essai. 1945-1953 Mon père était indien. Ma mère était allemande 1968 et a grandi à Berlin. En 1947, nous sommes Pour une fois dans ma vie, j’ai été en avance allés habiter en Inde où mon père avait sur Godard : au début de l’année, nous l’intention de s’installer comme médecin. avons interrompu le festival de cinéma En 1949, nous avons emménagé en Indonésie. expérimental de Knokke-le-Zoute, en Belgique, Harun Farocki, 2004, photo © Janni Chavakis heureusement pas pendant la projection des 1953-1958 films de Shirley Clarke et de Michael Snow. 1970 1977-1979 HARUN FAROCKI PAR LUI-MÊME PAR FAROCKI HARUN LUI-MÊME PAR FAROCKI HARUN Nous sommes revenus en Allemagne et avons J’ai été à nouveau expulsé de l’école de Nous avions le projet avec Hartmut Bitomsky, J’ai essayé en vain pendant des années vécu à Bad Godesberg, une petite ville près cinéma, cette fois avec une quinzaine d’autres d’adapter le Capital de Karl Marx : la première de trouver les moyens de faire un film qui de Bonn où seulement cinq maisons avaient étudiants, à cause de nos activités politiques. partie, La Division de tous les jours, a été montrerait comment la contradiction entre été bombardées et où j’ai été scolarisé dans achevée cette année-là. Nous avons lu Marx et les forces et les rapports de production a une école jésuite dans laquelle la majorité des 1969 ses commentaires et textes sur la sémiotique, poussé l’industrie allemande vers la crise et garçons étaient issus de l’élite économique J’ai fait un court métrage avec un budget la cybernétique, la didactique et les machines Hitler. Entre deux guerres a été terminé durant et politique. J’ai vu mes premiers westerns et de 15 000 Deutsch Mark (Feu inextinguible). intelligentes. Notre programme : « faire du l’été 1978. J’avais appris à gagner de l’argent. films de gangsters au cinéma Burglichtspiele. Les critiques m’ont accusé de laisser-aller cinéma de façon scientifique et faire des C’est-à-dire que j’avais appris à utiliser technique et de calculs excessifs. À cette sciences de façon politique. » l’instrument télévisuel. De 1979 à 2000, j’ai pu 1958-1962 époque, les choses évoluaient rapidement et produire un film par an avec des financements Mon père a installé son cabinet médical à quelques mois plus tard, le film n’a plus été 1971-1977 télévisuels, parfois même deux ou trois. Hambourg. J’ai vu la première mondiale de considéré comme un objet froid ou maladroit ; Ce n’était pas facile de faire quelque chose de Sainte Jeanne des Abattoirs de Brecht. Ça ne se il a été reconnu, même au-delà du mouvement politique à la télévision, d’abord parce que je ne 1980-1982 passait pas bien pour moi à l’école. J’ai fugué anti-guerre du Vietnam. voulais pas appréhender la politique comme Pour Quelque chose devient visible (le Vietnam plusieurs fois, je voulais devenir écrivain. simple contenu ou discours. J’étais à la nous appartient, 1982), j’ai reçu environ recherche d’une pratique avant-gardiste 300 000 DM de la ZDF. En 1980, deux semaines comme celle du groupe Dziga Vertov ou de la avant le tournage, j’ai pris conscience de revue Tel Quel. quelque chose que je ne m’étais pas avoué :

3 j’avais pris le parti du Vietcong sans aborder J’ai appris qu’en 1944, des bombardiers 1994-1995 installations : Œil/Machine I (2001), II (2002) la politique du régime communiste vainqueur américains venus d’Italie pour attaquer des J’ai parlé à Werner Dütsch de la chaîne et III (2003). J’ai aussi fait le film Reconnaître et et sans évoquer les boat people ni les camps usines en Pologne avaient pris des photos WDR d’un film que je souhaitais faire pour le Poursuivre (2003). de détention. J’ai tout annulé et j’ai écrit un aériennes d’Auschwitz. C’est une métaphore centième anniversaire du cinéma. Un film qui nouveau scénario. très forte : des images des camps ont été faites traiterait du premier motif du premier film 2004 sans que personne ne s’en aperçoive et n’ont jamais présenté en public : La Sortie de l’usine J’ai eu l’idée d’un film en cinéma direct sur 1983 pu être déchiffrées que des décennies plus Lumière à Lyon (1895). J’ai regardé des longs le capital-risque (Rien sans risque, 2004). Nous avons tourné quelques jours dans un tard. La prochaine destruction massive par les métrages, des films documentaires, des films C’est seulement après l’avoir réalisé que je me studio qui appartenait au magazine Playboy armes nucléaires était mon point de départ. industriels ainsi que des vidéos d’entreprise. suis rendu compte que c’était la première fois à Munich, pour filmer la fabrication du poster Presque personne n’a réagi à cette tentative que je voyais toute une négociation financière central représentant une fille nue (Une image). de relier Auschwitz aux armements actuels. En 1995, Régis Durand m’a invité à contribuer dans un documentaire. J’ai longtemps voulu relier l’effet d’aliénation J’ai travaillé sur deux versions (Images de à l’exposition organisée à Villeneuve d’Ascq non seulement à Brecht mais aussi au pop guerre, 1987 ; Images du monde et inscription (Lille), me demandant de faire un essai en vidéo 2007-2009 art. J’ai eu l’idée de documenter les processus de la guerre, 1988) pendant près de deux ans, sur mon propre travail. […] Je voulais travailler En janvier 2009, nous avons tourné deux jours de production des industries culturelles avec essentiellement à la table de montage. en double écran. J’attendais l’occasion depuis sur une base militaire à Fort Lewis, près ma caméra, à distance mais jusqu’au moindre que j’avais vu Numéro deux de Godard (1975). de Seattle, Washington. Nous filmions un détail. 1990-1992 atelier dans lequel des thérapeutes du civil En 1990, j’ai lu un livre sur la chute de Ceaucescu, 1997-1999 expliquaient à des thérapeutes militaires 1984 dirigé par Hubertus von Amelunxen et Andrei Parfois des amis se plaignaient qu’en cinq comment travailler avec Virtual Iraq qui est Pendant de nombreuses années, j’avais Ujica. J’ai eu l’idée de faire un film où des ans, depuis Vidéogrammes d’une révolution, utilisé dans le traitement des soldats et des procédé en réunissant de la matière que je personnes qui comprennent quelque chose à la je n’avais pas fait de long film. Pas de long vétérans traumatisés par la guerre. transformais en scénario, avec une sorte politique et aux images analyseraient en détail métrage ou de film comparable à un livre, Virtual Iraq, ou VI, est un programme d’animation d’intrigue et des personnages qui devaient la une série d’images de ces quelques jours de seulement des courts, comme des articles de numérique qui est supposé faciliter ou renforcer porter. Cela me paraissait à présent un détour décembre 1989. Réaliser un film comme un journaux. Je me rends compte maintenant que l’immersion, la plongée dans la source inutile. J’avais trouvé un moyen pour que les séminaire. Andrei Ujica a suggéré que nous je préférais ce petit format parce que je n’avais du traumatisme. Les images qui ont été textes deviennent moteurs sans passer par le fassions ensemble et pendant l’été 1991, rien de grand à dire. Après tout, la chose à fabriquées pour provoquer le souvenir d’un

HARUN FAROCKI PAR LUI-MÊME PAR FAROCKI HARUN le détour d’une action. nous sommes allés à Bucarest. Après avoir laquelle je voulais contribuer, la révolution événement traumatisant sont semblables LUI-MÊME PAR FAROCKI HARUN vu et revu des images qui montraient des sociale, avait été annulée. à celles qui sont utilisées aujourd’hui pour 1987 dizaines voire des centaines de milliers de entraîner les soldats américains et les préparer À la fin des années 1960, j’avais entendu parler gens se réunir pour faire tomber le régime, il 2002-2003 aux champs de bataille. J’aimerais traiter de ça d’un film de formation pour apprendre aux semblait absurde d’appeler cela une révolution J’avais déjà réalisé deux œuvres en double dans mon prochain travail. managers à gérer leurs employés. Ils étaient télévisuelle. Nous avons abandonné notre écran et j’étais à la recherche d’un sujet qui censés s’entraîner par exemple à démolir idée initiale de mener une analyse filmée et nécessiterait la comparaison entre deux une personne et à en complimenter une avons décidé de reconstituer les cinq jours images. J’ai pensé au traitement d’image qui Harun Farocki autre. J’ai alors proposé à un producteur d’une révolution, du 21 au 25 décembre 1989, consiste souvent à transformer une image Extraits des « Written Trailers » télé de faire un film sur des séminaires de à partir de sources variées et de la façon la vidéo en image numérique. La guerre des (« Bandes-annonces écrites »), parues dans management. Quand le film Endoctrinement plus complète possible. Je n’avais jamais forces alliées contre l’Irak en 1991 m’est revenue le catalogue Harun Farocki : Against What? (1986) a été diffusé, il a capté presque un tiers imaginé qu’un film au sujet d’une révolution à l’esprit. Un nouveau type d’images était Against Whom?, dirigé par Antje Ehmann et de l’audience. me tomberait dessus comme ça. Qui plus est apparu à la télévision à l’époque : filmées Kodwo Eshun, éd. Koenig Books, 2009, un film sur une révolution qui n’instaurait pas depuis la tête d’un projectile filant jusqu’à traduits de l’anglais par Eva Markovits mais abolissait le socialisme. son objectif – quand il atteignait sa cible, la transmission s’arrêtait. On disait qu’il s’agissait d’images provenant d’armes intelligentes. Pendant les trois ans qui ont suivi, je me suis intéressé à ces questions et j’ai réalisé trois

4 5 MOTS-TITRES, IMAGES-CHOC. UNE CONVERSATION AVEC VILÉM FLUSSER EXPOSITION AU CENTRE POMPIDOU SCHLAGWORTE, SCHLAGBILDER. EIN GESPRÄCH MIT WILÉM FLUSSER de Harun Farocki République Fédérale d’Allemagne, 1986, vidéo U-Matic 4/3 numérisée, 13’, coul., sonore, vostf

Harun Farocki conduit ici une interview avec le philosophe des médias Vilém Flusser, autour de la page de titre du tabloïd Bild Zeitung – littéralement : le « journal de l’image ». L’impact visuel brutal de la typographie, l’enchevêtrement serré des images et du texte, Section, 1995, © Harun Farocki induisent une lecture privée de toute distance critique. « Pour Vilém Flusser, écrit Farocki, SECTION l’invention de la photographie est une invention SCHNITTSTELLE aussi radicale que celle de l’imprimerie. de Harun Farocki Avec la photographie commence le développement Allemagne, 1995, diptyque vidéo sur deux téléviseurs 4/3, Betacam SP numérisée, 25’, coul., sonore, vostf des images mécaniques : film, image Centre Pompidou, Paris Musée national d’art moderne/ électronique, animation graphique sur ordinateur. Centre de création industrielle. Achat, 1996 Avec ces images techniques s’ouvre un nouvel C’est avec cette installation que l’œuvre d’Harun Section, 1995, © Harun Farocki environnement. Cette conversation devrait Farocki est entrée dans les arts plastiques. représenter quelque chose de la pensée de Un dispositif se met en place : celui de la HARUN FAROCKI. l’œuvre s’attache à poursuivre les images Flusser. » comparaison entre deux images, mettant comme IMAGES CONTRE ELLES-MÊMES sur leur nouveau terrain, car il devient clair l’observe Christa Blümlinger « le spectateur « Il faut être aussi méfiant envers les images qu’elles ne seront plus données dans une LE RÔLE DE LEADER devant un choix, comparable à celui dans qu’envers les mots, écrivait Harun Farocki. expérience frontale, occasionnelle, mais dans DIE FÜHRENDE ROLLE lequel le cinéaste se trouve dans sa salle de Images et mots sont tissés dans des discours, un flux, omniprésent, saisissant et pénétrant de Harun Farocki montage ». Section est une sorte d’autoportrait EXPOSITION IMAGES CONTRE ELLES-MÊMES CONTRE IMAGES EXPOSITION tous les champs de l’activité humaine. Allemagne, 1994, vidéo Betacam SP 4/3 numérisée, 35’, ELLES-MÊMES CONTRE IMAGES EXPOSITION des réseaux de significations. […] Ma voie, c’est coul., sonore, vostf rétrospectif qui met à distance critique le d’aller à la recherche d’un sens enseveli, de Vidéos en boucle et projections multiples travail de l’auteur lui-même. Farocki s’y montre déblayer les décombres qui obstruent les images ». construisent un regard distancié sur Cinq ans après la chute du mur de Berlin, au point d’intersection entre plusieurs travaux À travers des vidéos et des installations des les matériaux que l’auteur assemble et Harun Farocki examine la manière dont antérieurs, spatialisant le montage — un montage trente dernières années, l’exposition « Images réassemble, offrant matière à plus d’une les journaux télévisés ont tenté, jour après immatériel produit sur ordinateur — d’un écran contre elles-mêmes » invite à découvrir l’étendue lecture. Le montage est pour Farocki une jour, de saisir et de cristalliser une image à l’autre, invitant à un regard oblique et mobile. de la réflexion critique qu’a conduite le cinéaste « pensée gestuelle », il met le corps en emblématique de l’événement qui était en train Plusieurs œuvres y sont commentées, de Feu sur les images contemporaines. Leurs provenances mouvement et engage tant la réflexion que de se produire, en vain. Ce montage parle d’une inextinguible (1969), célèbre réquisitoire contre sont diverses, issues du cinéma, du marketing l’action. Trouvant écho auprès des jeunes « image absente » et plus globalement d’une la guerre du Vietnam où Farocki se livre à une et du management, des médias, des technologies générations de media artists, son œuvre tourne impossibilité de représenter, dans le temps action radicale sous l’œil de la caméra, de surveillance, des « armes intelligentes » et retourne les images, expose leur puissance direct des médias, l’échelle humaine, sociale et à Vidéogrammes d’une révolution (1993), analyse qui remplacent l’œil humain sur les fronts à produire du réel. politique de cet événement. « Aujourd’hui, cinq de la chute du président roumain Nicolae militaires, ou encore des jeux vidéo. C’est au 23 novembre 2017 – 7 janvier 2018 ans après, écrit Farocki, ce matériau montre Ceaucescu captée en direct par la télévision. milieu des années 1990 que Farocki étend Vernissage le 23 novembre à partir de 18h30 à quel point la conscience collective a été son travail, d’abord pensé pour le cinéma Puis tous les jours de 11h à 21h affectée par l’événement, et les efforts produits et la télévision, à la forme d’installations (sauf les mardis) pour réprimer le trauma. » spatialisées. Avec le développement d’Internet, Forum -1, en accès libre

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L’Expression des mains, 1997, © Harun Farocki Je croyais voir des prisonniers, 2000, © Harun Farocki Œil/Machine III, 2003, © Harun Farocki In-formation, 2005, © Harun Farocki L’EXPRESSION DES MAINS JE CROYAIS VOIR DES PRISONNIERS ŒIL/MACHINE III IN-FORMATION DER AUSDRUCK DER HÄNDE ICH GLAUBTE GEFANGENE ZU SEHEN AUGE-MACHINE III AUFSTELLUNG de Harun Farocki de Harun Farocki de Harun Farocki de Harun Farocki

Allemagne, 1997, vidéo Betacam SP 4/3 numérisée, 30’, Allemagne, 2000, diptyque vidéo, Betacam SP 4/3 numérisée, Allemagne, 2003, diptyque vidéo, Allemagne, 2005, vidéo DV 4/3 transférée sur fichier coul., sonore, vostf 23’, coul., sonore, vostf fichier numérique 4/3, 25’, coul., sonore, vostf numérique, 16’, nb et coul., silencieux, titres stf Centre Pompidou, Paris Musée national d’art moderne/ Cette œuvre part d’images filmées par une Œil/Machine III est la dernière d’une série de Harun Farocki a entièrement construit cette Centre de création industrielle. Achat, 2017 caméra de surveillance dans une prison de trois études nées en réaction aux machines œuvre sur l’immigration à partir du langage « Les premiers gros plans de l’histoire du cinéma, haute sécurité à Corcoran, en Californie. de vision utilisées en 1991 pendant la guerre des pictogrammes et diagrammes utilisés écrit Farocki, ont été dirigés sur le visage humain, Des prisonniers marchent dans une cour pour du Golfe. C’est dans ce contexte que sont dans la presse, les brochures pédagogiques, les suivants sur les mains. […] Qui est un homme, leurs trente minutes de promenade quotidienne. apparues publiquement les images prises par les documents administratifs produits par le film le lit sur son visage, et c’est là aussi Lorsqu’un prisonnier en agresse un autre, les projectiles au moment de frapper leur cible. le gouvernement. « Ils sont anachroniques, qu’il cherche son âme. Aux mains, il reste le reste du groupe se précipite au sol ventre à L’œil humain cesse de jouer un rôle dans la écrit Farocki, ils renvoient aux allégories le domaine pulsionnel. Les mains sont comme terre, les mains sur la tête. Ils savent ce que production des images et dans la manière dont politiques du 19e siècle […] Leur abstraction les petites gens : on ne peut pas très bien la surveillance vidéo induit immédiatement : elles interprètent le réel. Dans ce troisième étale une impuissance touchante. les différencier, elles font leur travail et ne EXPOSITION IMAGES CONTRE ELLES-MÊMES CONTRE IMAGES EXPOSITION un avertissement accompagné de balles volet, Farocki se penche plus particulièrement Nous avons pris des exemples de diagrammes ELLES-MÊMES CONTRE IMAGES EXPOSITION comptent pas beaucoup. La main filmée met en caoutchouc, qui deviendront des balles sur les images dites « opératoires », c’est-à- dans des journaux, des livres d’école et des l’imagination au défi de la prendre pour un petit réelles si le trouble ne cesse pas. Du contrôle dire faisant partie d’un processus informatique publications officielles et les avons utilisés animal rampant. Il y a tout un genre, où la main panoptique à distance de l’espace carcéral à entièrement automatisé qui procède par pour reconstruire l’histoire de l’immigration abandonne le service de son propriétaire et se celui des supermarchés où l’observation du comparaison pour déclencher ou non une dans la République Fédérale d’Allemagne. rend autonome… » Dans cette analyse filmique, comportement des consommateurs est mise action. En d’autres termes, ces images sans Ce que nous cherchons à faire, c’est une Farocki traverse l’histoire du cinéma depuis au service du marketing, Farocki analyse le rôle auteur déterminent les décisions prises par critique conceptuelle de la manière dont le film muet, où s’amorce une poésie visuelle de la vidéosurveillance dans l’assujettissement un logiciel et l’action qui en résulte sans l’immigration est représentée, en traçant du geste, jusqu’à l’exaltation du travail manuel des esprits. intervention humaine. l’origine des icônes et des symboles et en les dans le cinéma de propagande en Allemagne examinant du point de vue d’un contenu dont et aux États-Unis autour de la Seconde Guerre eux-mêmes n’ont pas conscience aujourd’hui. » mondiale.

8 9 Sur la construction des films de Griffith, 2006, © Harun Farocki Jeux sérieux IV. Un soleil sans ombre, 2010, © Harun Farocki SUR LA CONSTRUCTION DES FILMS DE GRIFFITH DOUBLAGE DÉVORER OU VOLER JEUX SÉRIEUX IV. UN SOLEIL SANS OMBRE ZUR BAUWEISE DES FILMS BEI GRIFFITH DUBBING FRESSEN ODER FLIEGEN SERIOUS GAMES IV. A SUN WITH NO SHADOW de Harun Farocki de Harun Farocki et Antje Ehmann de Harun Farocki et Antje Ehmann de Harun Farocki Allemagne, 2008, 6 vidéos sur écrans LCD 4/3, 33’, Allemagne, 2010, diptyque vidéo, Allemagne, 2006, diptyque vidéo sur 2 téléviseurs 4/3, Allemagne, 2006, vidéo sur écran LCD 16/9, nb et coul., sonore fichier numérique 4/3, 8’, coul., sonore, vostf Betacam SP numérisée, 8’, nb, silencieux, intertitres stf fichier numérique, 3’, coul., sonore Cette installation en double écran offre La célèbre réplique « You’re talking to me? » Cette installation en six écrans livre une À l’automne 2009, Farocki filme dans un camp une réflexion sur les films de D. W. Griffith traduite par « C’est à moi que tu parles ? », recherche sur les héros masculins tragiques d’entraînement de la base aérienne du corps (1875-1948, réalisateur notamment de de Robert De Niro/Travis Bickle dans le film de à travers l’histoire du cinéma. « Certains des Marines en Californie, connue sous le nom Naissance d’une nation) et à travers eux, Martin Scorsese, Taxi Driver (1976), est le centre dissèquent les oiseaux dans le but de les manger, de 29 Palms. Il observe les jeunes recrues sur « les rudiments d’un art appelé cinéma » de cette installation. Pendant trois minutes d’autres pour découvrir comment voler », s’exerçant à la guerre dans un Afghanistan de (Raymond Bellour). De séquences d’un court en boucle, le personnage se répète, doublé en écrit Harun Farocki. Avec la même volonté de synthèse et les médecins chargés de traiter métrage, The Lonedale Operator (1911), à même temps que sous-titré dans plusieurs « nous inculquer une conscience du langage les traumatismes psychiques post-combat en Intolérance (1916), Harun Farocki étudie langues. Les décalages, multiples, décuplent cinématographique » qui l’animait lorsqu’il s’aidant de ces mêmes logiciels de simulation. EXPOSITION IMAGES CONTRE ELLES-MÊMES CONTRE IMAGES EXPOSITION ELLES-MÊMES CONTRE IMAGES EXPOSITION l’évolution du découpage de l’espace et l’effet comique de la séquence : incongruité travaillait à Sorties d’usines (1995) ou Farocki interroge également le concepteur de des plans chez Griffith, et principalement de De Niro parlant successivement toutes L’Expression des mains (1997), Farocki poursuit ces programmes d’illusion immersive, utilisant l’utilisation nouvelle du champ-contrechamp les langues avec toutes sortes de voix, écarts avec Antje Ehmann l’édification d’une archive des ressorts d’action et un environnement dans une scène dialoguée. « Avec la figure du entre les doublages et les sous-titres qui font des expressions filmiques. Les deux artistes visuel en tous points semblables à ceux des champ-contrechamp qui existe maintenant bégayer la langue. Avec la voix, tout change : répertorient ici les derniers moments de ces jeux vidéo. Le quatrième et dernier épisode depuis quatre-vingt-dix ans et apparaît la perception du jeu de l’acteur, l’interprétation personnages évoluant vers une fin tragique. de cette série revient sur cette spirale de quasiment dans tous les films à chaque de la séquence. L’image originale s’en trouve À travers des films de Claude Chabrol, Pier confusions entre jeux, entraînement et thérapie séquence, l’espace narratif est divisé en deux. dénaturée. Paolo Pasolini, Gus van Sant, Jean-Luc Godard par un flux d’images et de sons qui touchent Je voulais montrer cette disjonction en présentant ou encore Christian Petzold, Farocki et Ehmann profondément le système sensoriel et cognitif. les images de champ et de contrechamp sur pensent en rapprochant et confrontant images Une spirale qui est aussi une industrie portée deux écrans différents. » Harun Farocki. et plans : quels gestes, quelles expressions ? par l’État Américain. Quels dialogues, quels silences ? Quels angles, quels cadres, quels mouvements de caméra ? Quelles distances, quelles durées ?

10 11 Parallèle III, 2014, © Harun Farocki, galerie Thaddaeus Ropac Où en êtes-vous, Christian Petzold ?, de Christian Petzold, 2017, © Schramm Film, Centre Pompidou PARALLÈLE I-IV Farocki, attribue une grande valeur artistique OÙ EN ÊTES-VOUS, CHRISTIAN PETZOLD ? découpage, jeu d’acteur, documentaire et rêve, PARALLELE I-IV au moment primitif d’une technique, à l’inverse de Christian Petzold jusqu’à aborder la question essentielle de la de Harun Farocki de l’industrie du jeu. Parallèle II et III examinent France - Allemagne, 2017, vidéo sur écran LCD 16/9, place du narrateur et, avec lui, du metteur en Allemagne, 2012-2014, 6 projections vidéo dont 2 diptyques, l’« envers du décor » de l’image du jeu vidéo, fichier numérique, 23’, coul., vostf, inédit scène. La parole circule librement de l’un à scénario : Christian Petzold / image, montage : Hans Fromm / fichiers numériques 4/3, 16’, 9’, 7’, 11’, coul., sonore, version faisant apparaître une structure récurrente l’autre, à bâtons rompus. On ne voit d’eux que française voix : Christian Petzold et Christoph Hochhäusler / de disques flottant dans l’univers qui rappelle production : Centre Pompidou, Schramm Film, leurs mains manipulant les photographies, Dans l’une de ses dernières grandes installations, avec le soutien d’Arte France Cinéma. certaines représentations antiques du monde. Remerciements aux Films du Losange sans pouvoir distinguer qui s’exprime. Harun Farocki développe une analyse Parallèle IV, enfin, observe les héros des jeux Peu importe : ce qui compte, c’est l’échange, EXPOSITION IMAGES CONTRE ELLES-MÊMES CONTRE IMAGES EXPOSITION ELLES-MÊMES CONTRE IMAGES EXPOSITION de l’animation graphique par ordinateur vidéo, « des homoncules, des êtres « Où en êtes-vous ? » est une collection initiée la réflexion et la passion partagées. Avec cet (Computer Graphic Animation, CGA) et de anthropomorphes créés par des humains » par le Centre Pompidou, qui passe commande hommage à Harun Farocki, disparu en 2014, son évolution. Ce mode de fabrication des avec lesquels, nous dit Farocki, on joue à chaque cinéaste invité d’un film de forme Christian Petzold veut faire vivre et perpétuer images semble amené à supplanter l’image « en partageant la fierté du créateur ». libre, avec lequel il répond à cette question à la l’esprit, le goût et la méthode de son ancien photographique du film dans la représentation fois rétrospective, introspective, et tournée vers enseignant et ami, qui collabora aux scénarios du monde. Parallèle I s’intéresse à l’histoire l’avenir, ses désirs, ses projets. de tous ses films. de cette technique depuis les premiers jeux des années 1980 et leur univers schématique Christian Petzold se livre ici avec Christoph construit à partir de lignes verticales et Hochhäusler, cinéaste lui aussi, à l’analyse horizontales. L’histoire de l’art, observe d’une séquence du Faux Coupable, d’Alfred Hitchcock (The Wrong Man, 1956), à partir d’une série de photogrammes. Ils parlent cadrage et

12 13 EXPOSITION À LA FRICHE LA BELLE DE MAI - MARSEILLE HARUN FAROCKI. EMPATHIE Eine Einstellung zur Arbeit / Labor in a single Du travail - temps 1 shot ; que l’on peut traduire par Le travail en Coordonnant leurs énergies, le Centre Pompidou une seule prise. De 2011 à 2014, Harun Farocki et la Friche la Belle de Mai - Marseille s’associent et Antje Ehmann ont organisé des ateliers avec pour donner à voir dans une ampleur inédite des cinéastes et des artistes dans 15 villes l’œuvre fondamentale du cinéaste allemand du monde entier. Ensemble, ces laboratoires Harun Farocki. La Friche déploie ainsi une vaste d’images ont produit plus de 400 films, de une exposition et de multiples propositions autour à deux minutes, sur le sujet du travail. de la notion de travail, largement mise en jeu Ces courts films, avec une vision unique, sorte dans l’œuvre de l’artiste : relation au travail, de long travelling, illustrent les nombreux image du travail, déshumanisation du travail types de travail qui coexistent aujourd’hui dans et nouveaux enjeux du travail dans le monde le monde : travail matériel ou immatériel, actuel sont discutés, éprouvés, montrés pendant travail rémunéré ou non rémunéré, professions The Silver and the Cross, 2010, © Harun Farocki toute la fin 2017 et début 2018 en plusieurs traditionnelles ou nouvelles. Les œuvres choisies temps à Marseille. par Harun Farocki ainsi que les films choisis L’exposition « Empathie » réunit neuf installations parmi l’ensemble du corpus révèlent que des vidéo de Harun Farocki, datant de 1995 à 2014. scénarios cinématographiques peuvent être Présenté pour la première fois à la Fondation trouvés partout où une pédagogie de l’image EXPOSITION EMPATHIE EXPOSITION EXPOSITION EMPATHIE EXPOSITION Antoni Tàpies (Barcelone, 2016), ce corpus existe. d’œuvres vidéo consacré au travail témoigne également d’un tournant dans la carrière et la Cette exposition s’inscrit dans un vaste projet pratique artistique de Farocki qui passe, en 1995, intitulé « Du Travail » à la Friche la Belle de au double écran et crée, à partir de Section, Mai - Marseille, dont il est le premier temps, et présenté également au Centre Pompidou, qui sera suivi aux mois de janvier et février d’un des installations pensées pour l’espace second temps, « Travailler/Œuvrer », réunissant d’exposition. « Empathie » regroupe des penseurs, chercheurs et artistes autour du Harun Farocki, Workers œuvres vidéo telles Sorties d’usines en onze questionnement du travail aujourd’hui. Leaving the Factory Avec la participation de Bernard Stiegler, in Eleven Decades, décennies, essai documentaire sur la disparition in tranzitdisplay Prague, anticipée du travail industriel, ou encore la Richard Sennett, Yves Citton, Christian Petzold, 2009, © Jirí Thýn vidéo Comparaison via un tiers sur l’industrie Jean-Pierre Rehm, François Hébel, traditionnelle en contrepoint de celle des pays Julie Kretzschmar. Cette exposition prend le titre et le concept d’une industrialisés. 25 novembre 2017 - 18 mars 2018 exposition qui a eu lieu à la Fondation Antoni Tàpies à Commissaire : Antje Ehmann Barcelone, Harun Farocki, Empathy (2 juin-16 octobre En complément de cette sélection d’œuvres 2016), sous le commissariat d’Antje Ehmann et Carles Friche la Belle de Mai, Marseille menées par l’intérêt d’Harun Farocki dans Guerra. Production de l’exposition à la Friche : Farocki le monde du travail, la Friche la Belle de Mai 41 rue Jobin, 13003 Marseille www.lafriche.org Filmproduktion avec le Goethe-Institut et la Friche présente le dernier projet à long terme de la Belle de Mai. En partenariat média avec France Une exposition partenaire du Plein tarif 5 € - tarif réduit 3 € Farocki, réalisé avec Antje Ehmann : Culture et Mediapart. 40e anniversaire du Centre Pompidou

14 15 RÉTROSPECTIVE DES FILMS FILMS MILITANTS

Harun Farocki a produit à ses débuts Des années 1960 jusqu’à sa disparition en 2014, Centre Pompidou, n’aurait pu voir le jour sans plusieurs films dénonciateurs et engagés. Harun Farocki a réalisé une centaine de films. le soutien du Goethe-Institut et de la Bpi avec Pour beaucoup d’entre eux, il s’agit de films Ses œuvres, jusqu’aux années 1990, ont été la toute nouvelle Cinémathèque du documentaire. d’école réalisés lorsqu’il étudiait à l’Académie majoritairement produites par la télévision allemande du film et de la télévision de Berlin allemande qui passait commande à des LA CINÉMATHÈQUE DU DOCUMENTAIRE (DFFB) à la fin des années 1960. Avec ces cinéastes novateurs. Farocki a essentiellement En résonance avec la société, ses espoirs, ses pamphlets, Farocki défend des idéaux qui expérimenté l’essai documentaire, dont il est rêves, ses inquiétudes, la création documentaire lui sont chers, pacifisme et communisme, l’un des plus grands auteurs avec Godard et connaît une effervescence extraordinaire. et trouve des formes qu’il ne cessera de Marker. Sa volonté d’explorer les possibilités du Elle attire un public toujours plus nombreux. travailler par la suite : remploi d’images de médium cinématographique le conduit aussi Au cinéma, à la télévision, sur les réseaux natures diverses et dialectique du montage. à travailler les formes de la fiction – cette même numériques, elle enrichit chaque jour un fonds Il dénonce tout particulièrement la guerre ambition l’amènera à pratiquer, à partir des d’une exceptionnelle diversité de regards, du Vietnam qui fait rage. Cette première années 1990, le double écran et l’installation. d’écritures et de formes. impulsion le poussera, plus tard, à étudier Ses collaborateurs, Antje Ehmann et Matthias L’exposition de ces œuvres est un enjeu majeur les mécanismes de la guerre en profondeur. Rajmann, ont entrepris, au sein de Harun Farocki GbR, auquel La Cinémathèque du documentaire de rassembler l’œuvre, de la numériser et de la entend contribuer. Initiée par la Scam et soutenu restaurer, avec le soutien du Goethe-Institut. par le CNC et le ministère de la Culture, cette BIÈRE POUR TOUS Ce travail nous permet aujourd’hui de montrer nouvelle entité a pour missions de contribuer au JEDER EIN BERLINER KINDL de Harun Farocki une sélection de 47 films, ce qui représente la recensement et à l’identification des œuvres, de République Fédérale d’Allemagne (RFA), 1966, plus grande rétrospective consacrée à Harun favoriser leur circulation, de mettre en valeur DCP (format d’origine : 16 mm), 4’, nb, vostf Bénévole de campagne, 1967, © Harun Farocki Farocki en France. toutes les actions d’un réseau de lieux de diffusion. image : Gerd Delp MILITANTS FILMS

RÉTROSPECTIVE DES FILMS DES RÉTROSPECTIVE BÉNÉVOLE DE CAMPAGNE L’intelligence et la force du travail de Farocki Elle trouve un écrin parisien au sein de la Des affiches publicitaires pour une bière DER WAHLHELFER résident notamment dans l’ampleur de ses Bibliothèque publique d’information qui, à partir populaire berlinoise se succèdent sur les murs champs d’études et les passerelles qu’il crée de 2018, assurera une programmation quotidienne de Harun Farocki d’un stade de foot. Un commentaire critique RFA, 1967, DCP (format d’origine : 16 mm), 8’, nb, vostf, inédit entre des domaines et des objets disjoints. de documentaires au Centre Pompidou. passe au crible ce « paysage » contemporain, scénario : Harun Farocki / image : Thomas Hartwig Il s’agit pour lui de saisir et comprendre le monde Organisée en trois grandes saisons proposant annonçant de futurs travaux de Farocki sur Un apprenti avocat, également membre contemporain à travers toutes les images qu’il chacune un cycle phare, cette programmation les images, leur fabrique et leur instrumentalisation. du parti libéral allemand (FDP), devient produit, en les rapprochant, les comparant. Bpi aura pour objectifs tout à la fois d’accompagner Dimanche 3 décembre, 15h, Cinéma 2 révolutionnaire. On peut néanmoins discerner des portes d’entrée et diffuser la création contemporaine, de montrer Samedi 6 janvier, 17h30, Cinéma 2 pour accéder à l’œuvre. Nous en proposons six, les films de patrimoine sur leur support d’origine « Au-delà du récit de la politisation d’un jeune qui ouvrent sur des formes et des sujets qu’il a et en version restaurée et de valoriser et interroger homme, le film parle de Kreuzberg, des particulièrement travaillés : les films militants des corpus artistiques et thématiques, problèmes auxquels fait face le FDP dans ce de ses débuts, les mécaniques de la guerre qu’il à commencer au premier trimestre 2018 quartier ouvrier traditionnel de Berlin, et d’une a explorées tout au long de sa carrière, l’observation par une rétrospective Johan Van der Keuken. histoire d’amour en Algérie. » du travail avec l’opposition entre main et machine Le partenariat avec les Cinémas du Centre Klaus Kreimeier, Harun Farocki, et l’autopsie de l’entreprise, l’analyse des images Pompidou autour de Harun Farocki inaugure Another Kind of Empathy, éd. Fundació Antoni de toutes natures, l’exploration du médium cette nouvelle aventure du regard, de l’esprit Tàpies, 2016 cinématographique dans ses moyens et son et des sens qu’ambitionnera d’être Jeudi 30 novembre, 20h, Cinéma 2 histoire. Parallèlement, le Goethe-Institut La Cinémathèque du documentaire à la Bpi. Samedi 6 janvier, 17h30, Cinéma 2 présente des films de Farocki pour les enfants. Cette rétrospective, conçue par les Cinémas du

16 17 WHITE CHRISTMAS leurs mauvaises fois, de leurs politiques de de Harun Farocki l’autruche ? C’est avec cette question chevillée RFA, 1968, fichier numérique (format d’origine : 16 mm), 3’, nb, vostf à l’âme que Farocki considère le problème scénario, montage : Harun Farocki / image : Skip Norman / de son film tout entier. C’est avec elle qu’il musique : Bing Crosby, White Christmas replonge ses propres yeux dans la caméra, et Farocki confronte des images publicitaires d’un c’est alors qu’il passe à l’acte. » parfait Noël américain à d’autres de la guerre Georges Didi-Huberman, Remontages du temps du Vietnam. Sur un ton satirique et acerbe, subi, l’œil de l’histoire, 2, éd. de Minuit, 2010 il dénonce la violence d’une guerre très médiatisée. Jeudi 30 novembre, 20h, Cinéma 2 « La guerre que les États-Unis menaient au Vietnam Samedi 6 janvier, 15h, Cinéma 2 était révoltante, d’abord par son insondable cruauté. Elle était le fait d’une société civile qui la suivait LA DIVISION DE TOUS LES JOURS sans intérêt ni passion particulière. » DIE TEILUNG ALLER TAGE Harun Farocki, « Une extrême passion », de Harun Farocki et Hartmut Bitomsky RFA, 1970, 16 mm, 65’, nb, vostf, inédit Trafic, n° 30, été 1999 scénario, montage : Harun Farocki, Hartmut Bitomsky / Jeudi 30 novembre, 20h, Cinéma 2 image : Carlos Bustamante, Adolf Winckelmann / Samedi 6 janvier, 15h, Cinéma 2 son : Johannes Beringer Au début des années 1970, Harun Farocki s’associe à Hartmut Bitomsky, également étudiant à l’école de cinéma de Berlin, qui deviendra lui aussi une grande figure du cinéma documentaire militant. Ensemble, ils développent plusieurs projets de films pédagogiques, dont une tentative de mise Les Mots du Président, 1967, © Harun Farocki en scène du Capital de Karl Marx. Il en résultera LES MOTS DU PRÉSIDENT LEURS JOURNAUX La Division de tous les jours (et Quelque chose MILITANTS FILMS

RÉTROSPECTIVE DES FILMS DES RÉTROSPECTIVE DIE WORTE DES VORSITZENDEN IHRE ZEITUNGEN d’explicite [15x] dont l’état actuel ne permet pas de Harun Farocki de Harun Farocki la projection). Dans cet essai qui tient de l’atelier Feu inextinguible, 1969, © Harun Farocki RFA, 1967, DCP (format d’origine : 16 mm), 3’, nb, vostf RFA, 1968, DCP (format d’origine : 16 mm), 17’, nb, vostf de création et de la réunion politique, les cinéastes scénario : Harun Farocki / image : Holger Meins scénario, montage : Harun Farocki / image : Skip Norman / présentent leur projet de film sur les rouages son : Ulrich Knaudt FEU INEXTINGUIBLE La visite du Shah d’Iran à Berlin, en 1967, NICHT LÖSCHBARES FEUER du capitalisme et en montrent des images à une déclenche un grand mouvement protestataire, Des gens déambulent avec des journaux devant de Harun Farocki assemblée qui réagit, débat, critique. leurs visages. On voit un article sur la guerre RFA, 1969, DCP (format d’origine : 16 mm), 25’, nb, vostf un étudiant y laisse la vie. Ciné-tract : les « Ce film a un caractère pédagogique. du Vietnam, un autre sur un fait divers. scénario, montage : Harun Farocki / image : Gerd Conradt / son : textes de Lin Biao se font avion de chasse et Ulrich Knaudt Avant la destruction du mouvement ouvrier publicité protestataire. Mais si les mots sont Toutes les informations sont sur le même plan, En pleine guerre du Vietnam, le jeune par le fascisme, il y avait des milliers de gens des armes, ce sont des armes de papier. les mots perdent de leur substance. Farocki, alors âgé de 25 ans, ose un acte de qui prenaient des cours d’histoire, de culture, Un film d’agit-prop lié au mouvement étudiant « […] Mon interprétation de l’époque, c’était militantisme radical. La force de ce film très de politique ou d’économie, pourtant sans contre le groupe de presse d’Axel Springer, à peu près : quand on essaie de transformer connu de l’artiste réside dans cette image de bénéfice direct pour leur vie professionnelle. accusé de manipuler l’opinion. les livres en armes, on obtient des armes de Farocki se brûlant lui-même l’avant-bras avec Nous voulions ressusciter cette idée. Mais les Jeudi 30 novembre, 20h, Cinéma 2 papier, ou : notre praxis reste textuelle, et se sa cigarette : « Une cigarette brûle à 400 °, écoles où un tel film pourrait être utile n’ont, Samedi 6 janvier, 17h30, Cinéma 2 suffit d’un combat d’école. » Harun Farocki, le napalm brûle à 3000 °. » elles, pas été rétablies. La vie a tellement changé, Reconnaître & Poursuivre, nouvelle éd. TH.TY., la poursuite des temps de loisirs occupe les gens « Mais comment donner connaissance à qui en coéd. avec le Centre Pompidou, 2017 autant que le travail le faisait auparavant. » ne veut rien savoir ? Comment ouvrir vos yeux ? Jeudi 30 novembre, 20h, Cinéma 2 Harun Farocki, www.harunfarocki.de Comment les désarmer de leurs remparts, Dimanche 7 janvier, 15h, Cinéma 2 Samedi 6 janvier, 17h30, Cinéma 2 de leurs protections, de leurs stéréotypes, de

18 19 l’artisanat et la création. Farocki se démarque radicalement de l’inconscience négligente des productions télévisuelles moyennes. La clarté et l’ordonnancement précis de ses images en noir et blanc qui n’illustrent pas des idées mais sont des idées, font penser au Godard récent. La pauvreté de ce film — sa production a duré six ans — est aussi sa force. » Hans C. Blumenberg, 1979, www.harunfarocki.de Samedi 2 décembre, 17h30, Cinéma 2 Samedi 6 janvier, 15h, Cinéma 2

Quelque chose devient visible, 1982, © Harun Farocki PAYSAGE URBAIN STADTBILD QUELQUE CHOSE DEVIENT VISIBLE de Harun Farocki (LE VIETNAM NOUS APPARTIENT) RFA, 1981, fichier numérique (format d’origine : 16 mm), ETWAS WIRD SICHTBAR 44’, coul., vostf, inédit de Harun Farocki scénario : Harun Farocki / image : Ingo Kratisch, Ronny Tanner / RFA, 1982, 35 mm, 114’, nb, vostf son : Rolf Müller / montage : Johannes Beringer scénario : Harun Farocki / image : Ingo Kratisch / En 1945, l’Allemagne est en ruines, tout est à son : Rolf Müller, Manfred Blank / montage : Johannes Beringer avec Ursula Lefkes, Anna Mandel, Marcel Werner, reconstruire. Farocki explore ici l’évolution de Hanns Zischler, Inga Humpe, Bruno Ganz, Hartmut Bitomsky l’architecture entre l’avant et l’après-guerre, à Fiction « anti-narrative » à l’influence Berlin principalement, à travers photographies brechtienne, ce long métrage revient sur la et entretiens. Autant que l’architecture, ce sont Entre deux guerres, 1978, © Harun Farocki guerre du Vietnam. Dix ans après les ciné-tracts les modes de vie et les regards qui changent. que le conflit avait inspirés à chaud à Farocki, ENTRE DEUX GUERRES « Les ruines offraient l’opportunité d’une dont Feu inextinguible, le cinéaste réexamine les RÉTROSPECTIVE DES FILMS DES RÉTROSPECTIVE MÉCANIQUES ZWISCHEN ZWEI KRIEGEN approche radicalement nouvelle de événements, avec un recul nouveau sur la GUERRE LA DE MÉCANIQUES de Harun Farocki l’architecture, et l’Allemagne est devenue le guerre alors la plus médiatisée de l’histoire. RFA, 1978, 16 mm, 83’, nb, vostf DE LA GUERRE lieu de pèlerinage de l’avant-garde. Plusieurs questions sont mises en perspective scénario : Harun Farocki / image : Axel Block, Ingo Kratisch / son : Karl-Heinz Rösch / montage : Harun Farocki L’attitude envers ce qu’il restait était claire : à travers un jeune couple : elle est terroriste, lui Pour mieux dénoncer la guerre, Harun Farocki l’ancien était horrible, il représentait Un film de fiction brechtien sur l’essor de est agent de la CIA. Comment font-ils, désormais, veut d’abord la décrypter. Il en étudie les l’oppression, l’autoglorification, le pompeux l’industrie sidérurgique dans la République de pour vivre avec les images de cette guerre ? ressorts économiques, industriels, sociaux et le kitsch. L’ornementation était devenue un Weimar et ses conséquences politiques, Comment les dépasser ? Faut-il les montrer ? autant que politiques. À travers cet ensemble pêché architectural. Tout cela a changé dans le nazisme et la guerre. « Une guerre, déjà lointaine. Des images du de films, il analyse ces mécanismes, mettant les années 1960, l’un des signes tangibles étant Vietnam dans un film dont elles sont le centre, au jour des liens entre eux généralement Ce projet profondément original de film de fiction le livre d’Elisabeth Niggemeyer et Wolf Jobst mais le film s’intéresse davantage aux marges. inexplorés. La méthode est d’une intelligence sur l’économie, peut-être le plus important de Siedler, Die gemordete Stadt (« La ville assassinée »), […] Dans ce film, les images se voient mieux et d’une efficacité irrésistibles : recherches Farocki dans les années 1970, mit six ans à voir qui argumente à travers des photos. Tout à coup, qu’autrefois, du temps qu’elles étaient simplement transversales, rapprochements inédits et le jour. Le développement de l’industrie lourde l’ancien paraissait attachant, poétique. de l’information. On a besoin de la fiction pour approche pédagogique font accéder à une de 1917 à 1933 et les causes économiques du Le nouveau était l’image de la monotonie : s’approprier les images, le documentaire ne compréhension nouvelle de la guerre. fascisme y sont examinés et mis en scène, formes cubiques, façades grillagées, entre concerne jamais que les autres. Ce constat, que ainsi que les conditions de travail du cinéaste les maisons uniquement des marches ; une Godard a formulé, le film le prend à cœur. » lui-même. architecture qui n’offrait plus d’image à l’œil. » Frieda Grafe, Reconnaître & Poursuivre, nouvelle « Entre deux guerres est aussi un film sur les programme de la WDR, www.harunfarocki.de éd. TH.TY., en coéd. avec le Centre Pompidou, 2017 difficultés de la réalisation et une réflexion sur Jeudi 4 janvier, 20h, Cinéma 2 Dimanche 7 janvier, 15h, Cinéma 2

20 21 EN SURSIS AUFSCHUB de Harun Farocki Allemagne, 2007, DCP (format d’origine : Beta num), 40’, nb, muet avec intertitres français

Dans un exercice qui lui est cher, Farocki se réapproprie des images d’archives préexistantes. Celles-ci ont une consonance particulière puisqu’elles montrent le camp de transit nazi de Westerbork (Pays-Bas) et ont initialement été tournées par un prisonnier juif en 1944, sous les ordres d’un SS voulant montrer le bon traitement des prisonniers. Reconnaître et poursuivre, 2003, © Harun Farocki Ces images détonnent avec l’inconscient RECONNAÎTRE ET POURSUIVRE collectif que dégagent, à juste titre, les camps ERKENNEN UND VERFOLGEN de concentration : temps de travail, de repos de Harun Farocki ou encore de loisirs. Farocki, lui, vient contrer Allemagne, 2003, DCP (format d’origine : mini DV), ce message de propagande. Par l’ajout 58’, coul., vostf scénario : Harun Farocki / image : Ingo Kratisch, Rosa Mercedes / d’intertitres, d’arrêts sur images ou encore son : Louis van Rouki / montage : Max Reimann de répétitions et d’éléments factuels, Farocki Images du monde et inscription de la guerre, 1988, © Harun Farocki Le titre Reconnaître et Poursuivre fait référence rétablit la vérité, dure mais essentielle. DANS LES RUES LES HOMMES S’AVANCENT le monde ignorait l’existence des camps de aux missiles à tête chercheuse, outils militaires ET SE DRESSENT… concentration, une photo aérienne du camp conçus pour distinguer et chasser leur cible « Seul le savoir sur l’événement et sur DIE MENSCHEN STEHEN VORWÄRTS IN DEN STRASSEN d’Auschwitz est prise par les forces militaires jusqu’à la détruire. Ce film propose une le contexte de l’enregistrement permet de restituer à ces images leur violence cachée, de Harun Farocki américaines. Obnubilés par leur mission qui recherche approfondie sur ces dispositifs RFA, 1987, fichier numérique (format d’origine : 16 mm), de prendre la mesure de leur hors-champ. », RÉTROSPECTIVE DES FILMS DES RÉTROSPECTIVE consistait à localiser des usines de production mis en place afin de faciliter la tâche militaire. MÉCANIQUES DE LA GUERRE LA DE MÉCANIQUES 8’, coul., vostf, inédit d'armes pour les bombarder, les Américains ne Pour Farocki, les prises de vues réalisées Sylvie Lindeperg, « Vies en sursis, images scénario : Harun Farocki, Michael Trabitzsch, basé sur revenantes. Sur Respite de Harun Farocki », le poème de Georg Heym (1911) / image : Ingo Kratisch / voient pas les longues rangées de personnes par les projectiles américains sont l’exemple son : Klaus Klingler / montage : Harun Farocki attendant la mort, pourtant perceptibles. d’un nouveau type d’images, réduites à des Trafic, n° 70, été 2009 « C’est ainsi que le montage de Farocki nous Farocki filme en plans fixes plusieurs coursives Farocki questionne alors l’image et la violence algorithmes et des opérations techniques. donne à voir, à savoir et à imaginer encore la d’immeubles d’après-guerre. Dans cette que la prise de vue, parfois trop automatisée, « Avec l’aide de matériel d’origine et d’archives, réalité profonde du camp de Westerbork. architecture vide et dépeuplée, seuls les sons peut provoquer. Farocki s’engage à définir la relation entre la Nous voyons les prisonniers travailler si de la ville, au loin, témoignent de la vie. « Il faut être aussi méfiant envers les images stratégie militaire et la production industrielle, calmement à leurs établis ; il est donc Le poème de Georg Heym donne aux images qu’envers les mots. Images et mots sont tissés et met en lumière de quelle manière la nécessaire de savoir que ce travail, en dépit des le lyrisme d’une fiction de fin du monde. dans des discours, des réseaux de significations. technologie de guerre trouve une application apparences, est un travail forcé, un esclavage. » Jeudi 4 janvier, 20h, Cinéma 2 […] Ma voie, c’est d’aller à la recherche d’un dans la vie de tous les jours. » Georges Didi-Huberman, Remontages du temps sens enseveli, de déblayer les décombres qui Antje Ehmann, www.harunfarocki.de subi, l’œil de l’histoire, 2, éd. de Minuit, 2010 IMAGES DU MONDE ET INSCRIPTION obstruent les images. » Dimanche 3 décembre, 20h, Cinéma 2 DE LA GUERRE Vendredi 8 décembre, 20h, Cinéma 2 Harun Farocki, cité par Christa Blümlinger, Lundi 8 janvier, 20h, Cinéma 2 Dimanche 7 janvier, 20h, Cinéma 2 BILDER DER WELT UND INSCHRIFT DES KRIEGES Reconnaître & Poursuivre, nouvelle éd. TH.TY., de Harun Farocki en coéd. avec le Centre Pompidou, 2017 RFA, 1988, DCP (format d’origine : 16 mm), 75’, nb et coul., vostf scénario : Harun Farocki / image : Ingo Kratisch / Vendredi 8 décembre, 20h, Cinéma 2 son : Klaus Klingler / montage : Rosa Mercedes Dimanche 7 janvier, 20h, Cinéma 2 Au centre de cet essai, une triste révélation faite par Harun Farocki : en 1944, alors que

22 23 SINGLE. PRODUCTION D’UN DISQUE MAIN / MACHINE SINGLE. EINE SCHALLPLATTE WIRD PRODUZIERT de Harun Farocki RFA, 1979, fichier numérique (format d’origine : 1 -inch-MAZ), Avec le développement du capitalisme, de 49’, coul., vostf scénario : Harun Farocki / image : Ingo Kratisch, David Slama, e l’industrie et des technologies au 19 siècle, Gerd Braun / son : Rolf Müller, Johannes Beringer, Karl-Heinz le travail se voit rationalisé et automatisé. Wegmann / montage : Gerd Braun, Gerrit Sommer, La gestuelle humaine est rentabilisée par la Farocki filme la production d’un disque dans un division des tâches. De nouvelles machines studio d’enregistrement. Pour une chanson de apparaissent qui remplacent toujours plus trois minutes, l’opération dure deux jours. le travail de la main. Cette évolution aux La Vie RFA, 1990, © Harun Farocki conséquences considérables sur la société et « Chaque produit se veut individuel ; l’individualité Tel qu’on le voit, 1986, © Harun Farocki LA VIE RFA elle-même sert au renforcement de l’idéologie la vie humaine est l’un des grands sujets de LEBEN-BRD Harun Farocki qui, toute sa carrière, a cherché TEL QU’ON LE VOIT du fait que l’on provoque l’illusion que ce de Harun Farocki qui est chosifié et médiatisé est un refuge à en saisir les occurrences dans des domaines WIE MAN SIEHT RFA, 1990, fichier numérique (format d’origine : 16 mm), d’immédiateté et de vie’ (Adorno, L’Industrie de très différents. de Harun Farocki 83’, coul., vostf scénario : Harun Farocki / image : Ingo Kratisch / RFA, 1986, DCP (format d’origine : 16 mm), 72’, nb et coul., vostf la culture). La critique culturelle d’Adorno fut son : Klaus Klingler / montage : Rosa Mercedes, Irina Hoppe scénario : Harun Farocki / image : Ingo Kratisch, Ronny Tanner / formulée en des termes traditionnels. son : Manfred Blank, Klaus Klingler / montage : Rosa Mercedes INDUSTRIE + PHOTOGRAPHIE Farocki s’intéresse ici aux exercices de Single démontre que de tels arguments sont INDUSTRIE UND FOTOGRAFIE Cet essai cinématographique est une étude simulation qui préparent hommes, femmes et dans un besoin urgent de ré-vision. » de Harun Farocki méticuleuse de « l’industrialisation de la enfants aux événements de la vie quotidienne Ulrich Kriest, www.harunfarocki.de RFA, 1979, fichier numérique (format d’origine : 35 mm), pensée ». À partir d’images apparemment et aux situations d’urgence. Une sage-femme Dimanche 14 janvier, 17h30, Cinéma 2 44’, nb, vostf banales, c’est l’idéologie du progrès technologique montre à ses élèves comment faire accoucher MACHINE

scénario : Harun Farocki / image : Ingo Kratisch, Rosa Mercedes, Rolf Silber / montage : Hella Vietzke / qui est ici déconstruite. Farocki met en relation avec une poupée, un professeur montre à sa À L’EXAMEN : PETER WEISS / commentaire : Christhart Burgmann classe comment traverser la route prudemment, ZUR ANSICHT : PETER WEISS l’histoire des technologies, dans l’industrie, la MAIN de Harun Farocki Industrie et photographie sont liées, la guerre et le colonialisme, la rationalisation du une voiture subit des crash-tests… Autant de RÉTROSPECTIVE DES FILMS DES RÉTROSPECTIVE travail et l’ouverture sur de nouveaux marchés. situations auxquelles cet effet de répétition RFA, 1979, fichier numérique (format d’origine : 16 mm), reproduction les rapproche. Mais que voit-on, 44’, coul., vostf, inédit au fil du temps, au fil de la mécanisation et Sont relatés des moments de fracture dans (au sens de l’apprentissage mais aussi celui de scénario : Harun Farocki / image : Gerd Braun / son : Lasse Sjäström / montage : Rosa Mercedes de l’avènement de la production industrielle cette histoire : ainsi celui de l’invention de la la redondance) donne une tonalité absurde et moderne, toujours plus cachée derrière les mitrailleuse et sa relation avec le métier à presque humoristique. Farocki se rend chez l’écrivain Peter Weiss à tisser et la calculatrice. À partir d’une image enceintes des entreprises ? La photographie, « Exercices de marche, on s’entraîne à mettre Stockholm. Comme un artisan ferait visiter de mitrailleuse, l’argument évolue en spirale, qui inclut la prise de vue cinématographique, un pied devant l’autre – non, ce dernier exercice son atelier, l’auteur dévoile les rouages de son par répétition et décalage, élargissant toujours permet-elle de voir le travail, les processus à n’apparaît pas dans le film, mais le film donne écriture et présente ses outils rassemblés sur le cercle des connections qui relèvent toutes l’œuvre, la production plutôt que le produit ? à voir comment des dispositions, des aptitudes son bureau. Peter Weiss travaille alors à ce de la logique capitaliste. L’élargissement Industrie et photographie posent la question du autrefois naturellement acquises au contact qui sera son grand œuvre, L’Esthétique de la de ce cercle et la rupture avec la structure visible, de leur lisibilité par le regard humain. de la VIE quotidienne demandent aujourd’hui résistance, roman trotskiste d’après-guerre. narrative classique permet de faire apparaître Jeudi 4 janvier, 20h, Cinéma 2 à être enseignées, pratiquées, étudiées. un autre sens derrière les évidences. S’il y a « Il a travaillé dessus depuis plus de dix ans Autrement dit, les opportunités d’apprentissage dénonciation, elle passe concrètement par une et il n’y a pas une seule phrase qui ne soit pas ne se rencontrent plus dans la VIE, elles sont analyse, un déchiffrement des images. fondée. Weiss a fait une incroyable quantité de stockées ailleurs, comme la vision dans la télé- Nathalie Magnan, www.docsurgrandecran.fr recherches, d’études sur la vie des gens qui lui vision, l’audition dans le walkman, la mémoire Dimanche 3 décembre, 17h30, Cinéma 2 servent de modèles jusqu’au moindre détail, et dans l’ordinateur, la VIE dans le temps libre. ». Samedi 13 janvier, 15h, Cinéma 2 il attache une grande importance à visiter les Helmut Färber, Reconnaître & Poursuivre, lieux où se passe son action. Le film donne un nouvelle éd. TH.TY., en coéd. avec ressenti de son travail. » le Centre Pompidou, 2017 Harun Farocki, 1979, www.harunfarocki.de er Vendredi 1 décembre, 20h, Cinéma 2 Samedi 2 décembre, 15h, Cinéma 2 Dimanche 14 janvier, 20h, Cinéma 2 24 25 PAR COMPARAISON de cinq jours dans une ambiance close révèle ZUM VERGLEICH L’ENTREPRISE, la manipulation et l’infantilisation enseignées de Harun Farocki à ces « élèves », qui en sont les premières Allemagne, 2009, fichier numérique (format d’origine : 16 mm), DE L’INTÉRIEUR victimes plus ou moins consentantes. 61’, coul., vostf scénario : Harun Farocki, Matthias Rajmann / « Si j’arrive, M. Riese, à vous faire dire cinq image : Ingo Kratisch / son : Matthias Rajmann / Dans les années 1980 et 1990, on assiste fois OUI, […] alors l’inertie de votre cerveau montage : Meggie Schneider à une révolution dans le monde du travail. est si prégnante qu’à la sixième question vous Qu’est-ce qui différencie une brique fabriquée Les termes management, marketing, répondrez dans l’indécision OUI. » Transcription à Bombay en Inde, d’une autre fabriquée coaching, corporate font leur entrée massive des dialogues dans Harun Farocki, Films, à Dachau en Allemagne ? Tout, à vrai dire, dans l’entreprise et, avec eux, de nouvelles éd. TH. TY., 2007 et c’est justement ce qui intéresse Farocki politiques d’encadrement et d’incitation, Jeudi 14 décembre, 20h, Cinéma 2 dans ce documentaire tourné sur plusieurs fondées sur des outils « scientifiques », Georg K. Glaser, 1988, © Harun Farocki continents, à la recherche des différents modes s’étendant des employés à la clientèle. QUE SE PASSE-T-IL ? GEORG K. GLASER - ÉCRIVAIN ET FORGERON de fabrication de ces briques. À travers ce Harun Farocki, animé par la volonté constante WAS IST LOS? GEORG K. GLASER - SCHRIFTSTELLER UND SCHMIED motif symbolique de nos sociétés actuelles, d’étudier et de filmer le monde contemporain de Harun Farocki de Harun Farocki Farocki soulève les questions culturelles et et son quotidien, est l’un des seuls cinéastes Allemagne, 1991, DCP (format d’origine : 16 mm), RFA, France, 1988, DCP (format d’origine : 16 mm), sociétales liées aux gestes du travail et à son à pénétrer l’entreprise et à montrer la réalité 60’, coul., vostf scénario : Harun Farocki / image : Ingo Kratisch / 44’, coul., vostf, inédit concrète du travail. Avec ces quelques scénario : Harun Farocki / image : Ingo Kratisch / automatisation par la machine. son : Gerhard Metz / montage : Rosa Mercedes, Irina Hoppe son : Klaus Klingler / montage : Rosa Mercedes, Klaus Klingler Lorsqu’en Suisse, l’opération de l’homme films, il observe ces nouvelles pratiques de Comment entraîner les dirigeants de s’arrête au simple fait d’appuyer sur un bouton, management, dont l’absurdité et la violence Georg K. Glaser est un homme au destin sociétés de services ? Comment tester sur au même moment au Burkina Faso la fabrication apparaissent d’elles-mêmes. mouvementé et à la personnalité hors du le consommateur l’impact de la publicité ? d’édifices tient plus d’un rendez-vous artisanal commun. Connu pour ses activités militantes Marketing, argent, politique, surveillance… et culturel où, tout en façonnant les briques contre le nazisme montant en Allemagne, il autant d’outils utilisés pour régir une société de leurs propres mains, hommes, femmes et s’exile en France dans les années 1930, où il capitaliste. Harun Farocki montre l’étendue enfants partagent des chants. devient à la fois forgeron et écrivain. Dans cet insoupçonnée de son champ d’étude, en RÉTROSPECTIVE DES FILMS DES RÉTROSPECTIVE

entretien, filmé dans son atelier du Marais à « Le film de Farocki offre à nos yeux et répertoriant les innombrables formes et L’INTÉRIEUR DE L’ENTREPRISE, Paris, Glaser livre sa vision globale du travail à nos oreilles différentes traditions de applications de ces outils de contrôle. où ses deux activités se complètent pour production de briques en comparaison – et « Le film relie ses sujets par paires former une parfaite alchimie. pas en compétition, pas dans un choc des conceptuelles avec plusieurs termes associés cultures. Farocki nous présente plusieurs « Glaser a commencé à travailler comme comme des dominos (‘Test/argent — argent/ sites de production de briques dans leurs artisan, exprimant ainsi une critique en pensée crédit — classe moyenne/beauté’). Il s’agit d’un couleurs, leurs mouvements et leurs sons. et en pratique. Il combine l’artisanat avec Endoctrinement, 1987, © Harun Farocki texte d’auteur condensé en intertitres, avec […] Le film montre que certains modes de l’écriture et souligne d’ailleurs que dans le mot pauses, ruptures et coupures. » production imposent leur propre durée et que ENDOCTRINEMENT français ‘artisan’, la syllabe ‘art’n’a pas encore Jörg Becker, www.harunfarocki.de les différences entre cultures peuvent être DIE SCHULUNG divorcé du travail manuel. » Jeudi 11 janvier, 20h, Cinéma 2 calculées en ‘temps de brique’. » de Harun Farocki Harun Farocki, 1988, www.harunfarocki.de RFA, 1987, DCP (format d’origine : vidéo 1 -zoll-MAZ), Ute Holl, www.harunfarocki.de Jeudi 21 décembre, 20h, Cinéma 2, 44’, coul., vostf scénario : Harun Farocki / image : Simon Kleebauer / présenté par Marion Grand, membre du collectif Dimanche 10 décembre, 15h, Cinéma 2 son : Rolf Müller / montage : Roswitha Gnädig de l’université Rennes 2 à l’origine de l’exposition Samedi 13 janvier, 17h30, Cinéma 2 « Harun Farocki. Screenshot » (2017) En immersion dans un séminaire pour cadres destiné à leur apprendre à mieux se vendre et à convaincre leurs interlocuteurs, Farocki filme les méthodes de rhétorique et de langage corporel qu’enseigne le professeur. Ce stage

26 27 L’APPARITION RIEN SANS RISQUE de s’affiner, mais la novlangue se prend les DER AUFTRITT NICHT OHNE RISIKO pieds dans un tapis de métaphores : la culture de Harun Farocki de Harun Farocki d’entreprise serait ‘un manteau’, le chef, une Allemagne, 1996, DCP (format d’origine : Beta SP), Allemagne, 2004, DCP (format d’origine : Beta num), huître capable d’accepter un grain de sable 40’, coul., vostf 50’, coul., vostf pour produire une perle’, et un concours scénario : Harun Farocki / image : Ingo Kratisch / scénario : Harun Farocki, Matthias Rajmann / image : Ingo son : Ronny Tanner / montage : Max Reimann Kratisch / son : Matthias Rajmann / montage : Max Reimann d’architectes une ‘clôture que personne ne veut peindre mais qu’à la fin, tout le monde veut Farocki filme une réunion entre une entreprise Nous n’avons pour ainsi dire jamais accès à peindre’... À la fois grotesque et rébarbative, qui fabrique des lunettes et l’agence de des négociations entre entreprises, pourtant cette rhétorique qui masque une idéologie communication qu’elle a engagée pour essentielles au fonctionnement de l’économie. coercitive fait en réalité froid dans le dos : concevoir sa nouvelle campagne publicitaire. C’est précisément ce que Farocki s’emploie à quand QT décide de s’appliquer ‘en interne’ L’agence avance très stratégiquement ses filmer ici, avec sa détermination inépuisable à la flexibilité que sa conception de l’espace et propositions, visuels et slogans, face aux montrer le monde tel qu’il fonctionne. des rapports hiérarchiques implique, c’est dirigeants de l’entreprise d’optique, visiblement Rien sans risque suit le déroulement des Les Créateurs des mondes d’achat, 2003, © Harun Farocki au bon vieux paternalisme qu’elle taille des démunis par le jargon et la vision marketing de négociations entre une société de capital-risque habits neufs – des habits bruns, de surcroît. » leurs produits. LES CRÉATEURS DES MONDES D’ACHAT et une entreprise qui a besoin d’argent pour Charlotte Garson, catalogue du Cinéma du réel DIE SCHÖPFER DER EINKAUFSWELTEN un nouveau produit, dévoilant la voracité des « La première [proposition] est ‘pertinente, Lundi 11 décembre, 20h, Cinéma 2 de Harun Farocki investisseurs et la pression de l’innovation et pas arrogante’ ; la seconde, ‘variée, pas Allemagne, 2001, DCP (format d’origine : Beta num), permanente. uniforme’ et la troisième est ‘créative, pas 72’, coul., vostf SAUERBRUCH HUTTON, ARCHITECTES exubérante’. Ces termes sont simplement scénario : Harun Farocki / image : Ingo Kratisch, Rosa Mercedes / « Ce que le capital-risque signifie est expliqué son : Ludger Blanke, Matthias Rajmann, Leo van Rooki / SAUERBRUCH HUTTON ARCHITEKTEN des traductions, des traductions stratégiques montage : Max Reimann par le film lui-même. Les banques ne prêtent de Harun Farocki de vos besoins basiques et de votre analyse de l’argent que contre des garanties. Ceux qui Allemagne, 2013, DCP (format d’origine : video AVCI 100 25 pn), Ce documentaire étudie la conception 73’, coul., vostf du marché également. », Transcription des n’en ont pas sont contraints de se tourner vers des centres commerciaux, résultat d’un scénario et montage : Harun Farocki / dialogues du film les investisseurs en capital-risque et de payer image : Ingo Kratisch / son : Matthias Rajmann long processus réunissant une armée de Samedi 25 novembre, 17h30, Cinéma 2 des intérêts à hauteur de 40 %. Au minimum. » planificateurs, gestionnaires, architectes, etc. Sauerbruch Hutton, architectes est le dernier Harun Farocki, 2004, www.harunfarocki.de RÉTROSPECTIVE DES FILMS DES RÉTROSPECTIVE et régi par des outils scientifiques utilisés à film de Harun Farocki qui a suivi pendant APPRENDRE À SE VENDRE Samedi 25 novembre, 17h30, Cinéma 2 L’INTÉRIEUR DE L’ENTREPRISE, des fins purement commerciales. plusieurs mois les architectes de ce cabinet Mercredi 13 décembre, 20h, Cinéma 1 DIE BEWERBUNG réputé internationalement au gré de projets de Harun Farocki et réunions. L’acuité de son regard apporte un Allemagne, 1997, DCP (format d’origine : Beta SP), « Les regards comme les trajets des clients UN NOUVEAU PRODUIT 58’, coul., vostf doivent être conditionnés par l’architecture recul, parfois amusé, sur un métier qui mêle le EIN NEUES PRODUKT scénario : Harun Farocki / image : Ingo Kratisch / et par la mise en scène des produits. concret et l’abstrait, l’infime détail et la vision son : Ludger Blanke / montage : Max Reimann / de Harun Farocki d’ensemble. musique : Neil Young Pour parvenir à ce but, ‘les créateurs Allemagne, 2012, DCP (format d’origine : mini DV), des mondes d’achat’ simulent dans leurs 37’, coul., vostf « Durant l’été 1966, nous avons filmé des « Dans ce portrait de groupe, les créateurs ordinateurs jusqu’à mille schémas d’une seule scénario : Harun Farocki / image : Ingo Kratisch / stages où l’on apprend à poser sa candidature son : Matthias Rajmann / montage : Jan Ralske apparaissent à la fois comme des maîtres et même surface de vente, des échantillons rhétoriciens et comme des enfants jouant pour un emploi. […] Enseignants, universitaires, « Un an durant, Harun Farocki suit les de personnes sont placés devant des séries avec les matériaux et les couleurs. À travers chômeurs de longue durée, anciens drogués, réunions de Quickborner Team (QT), société d’images du centre commercial, les mouvements leurs palinodies, ce ne sont rien moins que managers, tous doivent apprendre à s’offrir, de consulting de Hambourg qui développe de leurs pupilles scannés par l’ordinateur les rapports entre le verbe et la matière à se vendre, au nom du self-management. un nouveau ‘produit’. Fini le bureau fixe et permettent d’étudier l’enchaînement des qu’interroge Farocki – qui à n’en pas douter Ce concept n’est peut-être qu’un crochet personnalisé, bienvenue dans des firmes regards et d’en déduire l’aménagement de trouve aussi un miroir du cinéma dans le métaphysique auquel l’identité sociale est dont les 80 000 mètres carrés constitueront le l’espace. », mystère renouvelé de l’art architectural : suspendue. » bureau nomade de tout employé, autorisé à Rembert Hüser, Reconnaître & Poursuivre, produire des formes à partir de discours. » Harun Farocki, 1997, www.harunfarocki.de faire un jogging pendant le travail pour booster nouvelle éd. TH.TY., en coéd. avec Charlotte Garson, catalogue du Cinéma du réel Jeudi 14 décembre, 20h, Cinéma 2 sa productivité. Grâce aux croquis colorés le Centre Pompidou, 2017 Dimanche 10 décembre, 17h30, Cinéma 2 Lundi 11 décembre, 20h, Cinéma 2 d’un ‘facilitateur visuel’ (sic), le concept tente

28 29 familier du mouvement féministe, et qu’il IMAGES montre ainsi délibérément l’artiste Schumann au travail dans son atelier, mais uniquement à travers son objet d’étude, l’apparition d’une Comment fabrique-t-on une image ? image. » Que nous dit cette image ? Et surtout : qui Michaela Melian, Harun Farocki, Another Kind of l’initie et dans quel but ? L’œuvre entière de Empathy, éd. Fundació Antoni Tàpies, 2016 Farocki travaille ces questions, proposant une Jeudi 21 décembre, 20h, Cinéma 2, analyse à l’ampleur sans précédent des images présenté par Marion Grand, membre du collectif produites et utilisées par le siècle, avec la de l’université Rennes 2 à l’origine de l’exposition « Harun Farocki. Screenshot » (2017) double intention de les désinstrumentaliser et d’instruire le regard. Au long de sa carrière, UNE IMAGE il mènera un véritable travail de chercheur EIN BILD et de monteur d’images de toutes natures : de Harun Farocki photographies et films d’archives sur les RFA, 1983, DCP (format d’origine : 16 mm), 25’, coul., vostf sujets les plus divers, images de design, de scénario : Harun Farocki / image : Ingo Kratisch / marketing, de communication, de publicité, son : Klaus Klingler / montage : Rosa Mercedes images de jeux vidéo, images militaires et de La fabrication du centerfold, le poster de femme surveillance… Il distinguera en leur sein ce nue qui se trouve au centre du magazine Playboy, qu’il appellera des « images opératoires », est l’objet de toutes les attentions. Dans les générées par la machine, qui ne sont plus studios munichois du magazine, Harun Farocki ni dirigées ni destinées à l’œil humain. filme pendant quatre jours la création de cette Vidéogrammes d’une révolution, 1992, © Harun Farocki et Andrei Ujica photographie, de la fabrication des décors

jusqu’à l’obtention d’un cliché convaincant. VIDÉOGRAMMES D’UNE RÉVOLUTION « Si au début de la révolte roumaine une seule IMAGES UNE IMAGE DE SARAH SCHUMANN Ce travail mobilise ouvriers, régisseurs, VIDEOGRAMME EINER REVOLUTION caméra osait filmer, le lendemain il y en avait EIN BILD VON SARAH SCHUMANN décorateurs, accessoiristes, maquilleurs, de Harun Farocki et Andrei Ujica déjà cent. Du 21 décembre 1989 (dernier RÉTROSPECTIVE DES FILMS DES RÉTROSPECTIVE de Harun Farocki mannequin, photographe… Le corps nu de la Allemagne, 1992, DCP (format d’origine : vidéo transférée discours de Ceaucescu) au 26 décembre 1989 sur 16 mm), 106’, coul., vostf RFA, 1978, fichier numérique (format d’origine : 16 mm), femme est le centre aveuglant de la fabrication (premier résumé TV de son procès), 30’, coul., vostf, inédit scénario : Harun Farocki, Andrei Ujica / montage : Egon Bunne scénario : Harun Farocki / image : Ingo Kratisch / de cette image commerciale. les événements qui se déroulaient dans son, montage : Hans Beringer Lorsqu’à la fin du mois de décembre 1989, les endroits les plus importants de Bucarest « Le premier film où pour moi l’occasion de le peuple roumain se révolte contre le régime étaient presque intégralement filmés. Farocki filme la création d’un tableau de regarder dans la caméra ne s’est pratiquement du dictateur Ceausescu, des centaines de Nous avons réunis ces différents documents Sarah Schumann, peintre féministe de la scène pas présentée – ne serait-ce que parce que journalistes mais aussi des cameramen dans l’intention de construire la chronologie berlinoise. Jour après jour, du canevas blanc j’avais à pousser le chariot de la caméra. Dès le amateurs et des vidéastes filment les visuelle de ces jours. Le but était de démêler à l’apposition finale de la signature, il capture début, la fille était nue, si bien que les lampes événements d’une révolution qui se réalise l’enchevêtrement d’images et de montrer les l’évolution de l’œuvre qui mêle photographie, qui l’éclairaient faisaient entre nous office de progressivement à travers son exposition séquences comme si on pouvait se déplacer collage et peinture. Le film se fait tableau en paravent. Nous nous déplacions latéralement, médiatique. C’est le premier événement d’une caméra à une autre, cinq jours durant, mouvement : on admire dans les moindres misant sur l’instant où, entre les corps de l’équipe historique bénéficiant d’une couverture tout en restant sur le même rouleau de détails le travail des matières plastiques, qui de photographes et les spots, le modèle en image quasi intégrale, il est également pellicule. » apparaissent aussi pleinement comme outils apparaîtrait. » symbolique par sa rapidité, respectant une Andrei Ujica et Harun Farocki, de pensée. Aussi gracieux qu’émouvant, il Harun Farocki, Reconnaître & Poursuivre, unité de lieu et de temps. Tout se déroule en www.newmedia-art.org semble capter ainsi l’essence-même de la nouvelle éd. TH.TY., en coéd. avec cinq jours entre la place de l’Université, le Mercredi 6 décembre, 20h, Cinéma 2 peinture. le Centre Pompidou, 2017 Comité central et le Studio 4 de la télévision Dimanche 7 janvier, 17h30, Cinéma 2 « Dans toute sa structure, le film donne Vendredi 22 décembre, 20h, Cinéma 2 nationale. Vidéogrammes d’une révolution l’impression que le cinéaste Farocki était Dimanche 14 janvier, 17h30, Cinéma 2 interroge le pouvoir des médias et le rôle de l’image dans la formation de l’histoire.

30 31 Ainsi, en reprenant des fragments de ses vidéos, « Dans l’Antiquité grecque il y avait un ordre dépersonnalisation du contrôle des prisonniers Farocki commente et décale soigneusement des préséances : la représentation des dieux à travers caméras et armes maniables à son et image, son et son, image et image, pour avait de la valeur, la représentation des objets distance qui permettent, paradoxalement, faire entrer le spectateur pensif dans un entre- inanimés en avait beaucoup moins. de pénétrer l’intimité des détenus et de les deux. » Christa Blümlinger, De nos jours les gens qui apprêtent des objets atteindre physiquement pour les neutraliser. www.newmedia-art.org et les photographient, pour la publicité surtout, Dimanche 3 décembre, 20h, Cinéma 2 sont tout aussi spécialisés que des artisans du Lundi 8 janvier, 20h, Cinéma 2 « Aujourd’hui, je ne saurais plus écrire un mot Moyen Âge. Les uns ne travaillent que sur L’installation Je croyais voir des prisonniers, présentée sans avoir sur l’écran une image à regarder. la nourriture, les autres sur les meubles, dans l’exposition, travaille à partir des mêmes Ou plutôt : deux écrans », mots prononcés par images de la prison de Corcoran. la bière, les cosmétiques, le parfum, etc. » Harun Farocki au début de Section. Harun Farocki, Reconnaître & Poursuivre, Samedi 9 décembre, 20h, Cinéma 2 Section, présenté lors de cette séance dans sa version nouvelle éd. TH.TY., en coéd. avec le Centre Pompidou, 2017 Section, 1995, © Harun Farocki monobande, est également visible dans l’exposition en double écran. Dimanche 3 décembre, 15h, Cinéma 2 SECTION SCHNITTSTELLE de Harun Farocki France - Allemagne, 1995, version monobande, fichier numérique (format d’origine : Betacam SP), 25’, coul., vostf scénario : Harun Farocki / image : Ingo Kratisch / son : Klaus Klingler / montage : Max Reimann

Section est la première installation de Harun Farocki, conçue pour deux écrans. C’est en 1995 qu’il répond à la commande du commissaire de Un jour dans la vie du consommateur final,

l’exposition « Le monde après la photographie » de Harun Farocki, 1993, © Harun Farocki IMAGES au Musée d’art moderne de Villeneuve d’Ascq. UN JOUR DANS LA VIE DU CONSOMMATEUR FINAL Seule consigne donnée à l’artiste : faire son RÉTROSPECTIVE DES FILMS DES RÉTROSPECTIVE Nature morte, 1997, © Harun Farocki EIN TAG IM LEBEN DER ENDVERBRAUCHER propre portrait. Farocki décide alors de se Images de prisons, 2000, © Harun Farocki de Harun Farocki montrer au travail. NATURE MORTE Allemagne, 1993, DCP (format d’origine : STILLEBEN IMAGES DE PRISONS Beta SP), 44’, coul., vostf, inédit « C’est avec l’installation Section que l’œuvre scénario : Harun Farocki de Harun Farocki du cinéaste berlinois Harun Farocki est rentré GEFÄNGNISBILDER Allemagne-France, 1997, DCP (format d’origine : 16 mm), de Harun Farocki Harun Farocki compile et assemble les publicités dans le monde des arts plastiques. Ce déplacement 56’, coul., vostf Allemagne-États-Unis, 2000, DCP (format d’origine : vidéo), scénario : Harun Farocki / image : Ingo Kratisch / diffusées pendant 24 heures sur une chaîne s’est produit à travers un dispositif que les 60’, nb et coul., vostf son : Ludger Blanke, Jason Lopez, Hugues Peyret / de télévision allemande. Ce film satirique fait scénario : Harun Farocki / image : Cathy Lee Crane, installations suivantes vont réitérer : deux montage : Irina Hoppe, Rosa Mercedes, Jan Ralske Ingo Kratisch / son : Louis van Rooky / montage : Max Reimann la critique d’une société de consommation à moniteurs (ou deux écrans), côte à côte, mettent Nature morte explore le processus de fabrication laquelle Farocki s’oppose ici fermement. le spectateur-visiteur devant un choix, comparable Farocki collecte des représentations de la prison de photographies publicitaires. Comme pour à celui devant lequel le cinéaste artiste se trouve à travers l’histoire du cinéma qu’il rapproche « Ce collage de ‘belles images’, jubilatoire déchiffrer une écriture secrète, Harun Farocki dans sa salle de montage. Section est une sorte d’images contemporaines, empruntées à et chaotique, déconstruit non seulement les s’interroge sur la représentation d’objets d’autoportrait artistique de Farocki portant la prison de haute sécurité de Corcoran repères qui ponctuent la vie quotidienne, mais inanimés. Pourquoi sont-ils notamment devenus un regard rétrospectif sur ses propres travaux. en Californie. Par le montage, il peut ainsi laisse aussi libre cours à un humour dans le sujet principal de la peinture au 17e siècle ? L’artiste s’y met à sa table de montage, ou plutôt confronter les images poétiques et fantasmées la tradition de distanciation brechtienne. » En s’appuyant sur l’observation de cinq natures de mixage (puisqu’il travaille là sur vidéo), pour de Un chant d’amour de Jean Genet (1950), ou Andrei Ujica, www.harunfarocki.de mortes flamandes et sur la création d’images faire un tour d’horizon de son travail. encore de Un condamné à mort s’est échappé Jeudi 11 janvier, 20h, Cinéma 2 publicitaires actuelles, Farocki recherche Cette confrontation-installation pose le corps de Robert Bresson (1956), à des images de similitudes et différences entre deux procédés de l’artiste à de multiples points d’intersection, vidéosurveillance collectées sur le terrain. de représentation dans lesquels marchandises à l’intérieur de son dispositif de travail. Le cinéaste analyse l’automatisation et la et objets tendent à devenir fétiches.

32 33 Raconter, 1975, © Harun Farocki Le Goût de la vie, 1979, © Harun Farocki RACONTER LE GOÛT DE LA VIE ERZÄHLEN DER GESCHMACK DES LEBENS de Harun Farocki et Ingemo Engström de Harun Farocki RFA, 1975, fichier numérique (format d’origine : 16 mm), RFA, 1979, DCP (format d’origine : 16 mm), 29’, coul., vostf 60’, coul., vostf, inédit scénario : Harun Farocki / image : Rosa Mercedes / scénario : Harun Farocki, Ingemo Engström / son et montage : Hanns Beringer / musiques : Tony Conrad With image : Axel Block / son : Karl-Heinz Rösch / Faust, The Rolling Stones, Jimi Hendrix, Deep Purple Make Up, 1973, © Harun Farocki montage : Erika Kisters, Birgit Schuldt avec Avinho Barbeitov, Ingemo Engström, Harun Farocki, Caléidoscope d’impressions d’un été berlinois, Hanspeter Krüger, Willem Menne, Karl Retzlaw, Otto Sander, croquis fugace de scènes du quotidien, Le Goût Hanns Zischler CINÉMA de la vie dresse un portrait amoureux de la Harun Farocki a un projet de film sur l’essor ville d’adoption de Farocki. Le cinéaste capture CINÉMA de l’industrie sidérurgique dans la république des fragments de vie des habitants sur des L’exploration du médium cinématographique plutôt à travers le spectre du cinéma de Godard, de Weimar et ses conséquences politiques, musiques des Rolling Stones, de Deep Purple, traverse l’œuvre de Farocki. Dans cet ensemble période Nouvelle Vague. Une jeune femme RÉTROSPECTIVE DES FILMS DES RÉTROSPECTIVE le nazisme et la guerre (qui deviendra Entre qui donnent au film une saveur nostalgique. sont réunis des films qui ont pour même objet mannequin (Marie-Christine Deshayes), un peu deux guerres). Il voudrait en faire un film de le cinéma, mais l’abordent par différents versants. perdue et absente au monde, se prépare à une « Pendant des années, j’ai cherché les moyens fiction, raconter cette histoire. Mais comment Harun Farocki y étudie successivement les formes séance de photographies. Alors qu’un peintre de capter la vie quotidienne telle qu’on la raconte-t-on des histoires ? Avec la réalisatrice que prend la fiction, le « vocabulaire des images » (Harun Farocki) recouvre le studio d’une couche perçoit dans la rue, en un coup d’œil. […] finlandaise Ingemo Engström et l’aide de et les moyens du cinéma, les méthodes de travail de peinture, un maquilleur (Serge Lutens) enduit Pendant deux mois et demi, j’ai marché avec l’acteur Hanns Zischler, il enquête et réfléchit de cinéastes qu’il admire (Jean-Marie Straub le visage de la jeune femme de crèmes, poudres ma caméra dans différentes parties de la ville aux structures de tout récit. et Danièle Huillet, Robert Bresson), ou encore et fards. Avec une violence sous-jacente, il frotte, et j’ai rassemblé ces images. » l’histoire du cinéma à travers lieux, livres et gratte et époussette sans fin, la traitant comme « Les études interdisciplinaires mises en Harun Farocki, 1979, www.harunfarocki.de carrière d'acteur. une pure surface de travail. pratique nous ont toujours intéressés, Samedi 9 décembre, 20h, Cinéma 2 Harun Farocki comme moi. Nous avons Dimanche 14 janvier, 20h, Cinéma 2 « Il semble que la vie doit être gelée pour MAKE UP développé très tôt des projets de recherche atteindre la beauté ; j’ai réutilisé quelques plans de Harun Farocki sur la fiction dans les films, ou de films comme de ce film quinze ans plus tard, dans Images du RFA, 1973, DCP (format d’origine : 16 mm), instruments de recherche, ce qui permettait 29’, coul. vof et stf, inédit monde et inscription de la guerre, qui traite de à des personnes de différentes disciplines scénario : Harun Farocki / image : Carlos Bustamante / la relation entre conservation et destruction. » son : Hans Beringer / montage : Rolf Basedow de se réunir et de découvrir des choses, de Harun Farocki, www.harunfarocki.de avec Marie-Christine Deshayes, Serge Lutens, Harun Farocki poursuivre une ligne de pensée, ou juste de Jeudi 23 novembre, 20h, Cinéma 1, s’aventurer. » Make Up est l’une des rares fictions réalisée ouverture de la rétrospective Ingemo Engström, www.harunfarocki.de par le cinéaste. Il ne faut pas entendre le mot Vendredi 22 décembre, 20h, Cinéma 2 « fiction » ici dans un sens traditionnel, mais Samedi 2 décembre, 15h, Cinéma 2

34 35 ce serait impossible, j’en suis sûr. Ainsi, j’ai décidé de filmer les répétitions et plus tard le tournage à Hambourg, mais seulement quelques petites parties pour pouvoir comparer, pour voir les différences entre les études préparatoires et le tournage. » Harun Farocki dans un entretien avec Alice Malinge pour la revue 201, n. 1, novembre 2008 Samedi 16 décembre, 17h30, Cinéma 2

L’ARGENT DE BRESSON L’ARGENT VON BRESSON Travaux sur Rapports de classe, 1983, © Harun Farocki de Harun Farocki, Hartmut Bitomsky et TRAVAUX SUR RAPPORTS DE CLASSE Manfred Blank RFA, 1983, fichier numérique (format d’origine : 16 mm et 2 ARBEITEN ZUR KLASSENVERHÄLTNISSE -zoll-MAZ), 30’, coul., vof et stf, inédit de Harun Farocki scénario : Harun Farocki, Manfred Blank, Hartmut Bitomsky, RFA, 1983, DVD (format d’origine : 16 mm), 65’, coul., vostf Jürgen Ebert, Gaby Körner, Melanie Walz, Barbara Schlungbaum / scénario : Harun Farocki / image : Ingo Kratisch / image : Leo Borchard, Carlos Bustamante / son : Manfred Blank, son : Klaus Klingler / montage : Rosa Mercedes Egon Bunne, Susanne Röckel / montage : Manfred Blank

Comme s’il s’agissait du journal d’un film, Des auteurs de la revue Filmkritik, dont Harun Harun Farocki, ancien étudiant de Jean-Marie Farocki a été le rédacteur en chef pendant Straub à l’Académie allemande du film et de la une dizaine d’années, analysent avec précision télévision, enregistre des séances de répétition L’Argent de Robert Bresson (1983), qui venait

et de tournage d’Amerika – Rapports de classe alors de sortir, à partir de photogrammes CINÉMA (1984). Le film révèle la technique de direction du film et d’entretiens avec acteurs et d’acteurs de Jean-Marie Straub et Danièle collaborateurs du cinéaste. Peter Lorre. Le Double Visage, 1995, © Harun Farocki et Felix Hofmann RÉTROSPECTIVE DES FILMS DES RÉTROSPECTIVE Huillet, proche du théâtre. L’élocution à chaque Au moment où il filme Jean-Marie Straub prise de parole devient très importante et initie PETER LORRE. LE DOUBLE VISAGE pouvoir l’utiliser comme visage. Il en résulte et Danièle Huillet pendant la préparation et les mouvements des comédiens dans la scène. PETER LORRE. DAS DOPPELTE GESICHT une harmonie floue entre le masque et le le tournage de Amerika - Rapports de classe de Harun Farocki et Felix Hofmann visage. Tout le métier de l’acteur Peter Lorre « À l’époque, les Straub habitaient chez moi. (1984), Harun Farocki étudie aussi avec une RFA, 1984, Beta SP (format d’origine : 16 mm), repose sur ce flou.’ On en voit tout l’effet Ils faisaient des recherches ici parce qu’ils grande acuité la méthode de Robert Bresson, 59’, nb et coul., vostf condensé dans les deux moments forts de ce scénario : Harun Farocki, Felix Hofmann / voulaient tourner à Berlin Amerika-Rapports sans le cinéaste cette fois mais à partir de image : Wolf-Dieter Fallert, Ingo Kratisch / son : Klaus Klingler, film-commentaire d’une vie, qui nous conduit de classes (Klassenverhältnisse). Au début, divers matériaux et témoignages. Gerhard Metz de son rôle le plus célèbre au chef-d’œuvre nous avons fait des repérages, nous avons Samedi 16 décembre, 17h30, Cinéma 2 À partir de photos et d’extraits de films, presque inconnu qui la clôt, au long duquel le cherché des lieux pour filmer, etc. Ils ont Harun Farocki reconstruit et analyse avec masque et le visage coïncident, pétrifiés : commencé à faire des essais et on a décidé précision les aléas de la carrière de l’Austro- ‘Peu de films ont annoncé le fascisme avec que je pourrais aussi contribuer en jouant le hongrois Peter Lorre, acteur mythique de autant de précision que M le maudit, et peu rôle de Delamarche dans ce film. Comme il me M le Maudit de Fritz Lang (1931), de ses débuts de films l’ont décrit après coup avec une telle fallait apprendre tous les textes et être présent au théâtre à Vienne et Berlin jusqu’à Hollywood. intensité qu’Un homme perdu.’ » aux essais, j’ai alors demandé à une chaîne de Raymond Bellour, « Pourquoi Harun nous était télévision si un film sur les Straub l’intéressait. « De l’acteur protéiforme mais si étrangement si précieux », Trafic, n ° 93, printemps 2015 À ce moment, on pouvait faire des petits films toujours identique à lui-même, la figure est Dimanche 17 décembre, 20h, Cinéma 2 sur les productions d’art et essai, aujourd’hui d’emblée cernée d’un trait : ‘On ne sait pas s’il utilise son visage inexpressif comme masque, ou s’il donne une expression au masque pour

36 37 PARIS VILLE-CINÉMA incessante des opérations, un degré KINOSTADT PARIS d’organisation qui ne laisse à l’individu aucun FILMS POUR ENFANTS de Harun Farocki et Manfred Blank pouvoir de décision ni aucune marge de RFA, 1988, fichier numérique (format d’origine : Beta SP), manœuvre —, tout cela semble fermer la porte 60’, coul., vostf, inédit aux péripéties de l’existence. » Harun Farocki, réalisateur, essayiste et artiste scénario : Manfred Blank, Harun Farocki à partir d’une citation de Un ethnologue dans le métro de Marc Augé / Harun Farocki, « D’un pas décidé », Trafic, n° 14, des nouveaux médias disséquait le monde, image : Helmut Handschel / son : Thomas Schwadorf / printemps 1995 celui de l’apparence. Il définissait des critères montage : Edith Perlaky Dimanche 3 décembre, 17h30, Cinéma 2 pour de nouvelles générations de réalisateurs Manfred Blank et Harun Farocki tournent ce Samedi 16 décembre, 20h, Cinéma 2 qui se voyaient comme des observateurs La Tromperie, 1995, © Harun Farocki film aux quatre coins de Paris. critiques de notre temps. Entre 1973 et 1979, LA TROMPERIE De la Cinémathèque française aux sites de L’EXPRESSION DES MAINS il a également réalisé des courts métrages rencontre par Minitel, ils cherchent à montrer DER AUSDRUCK DER HÄNDE pour enfants dont le Goethe-Institut présente BETROGEN Paris comme une ville « d’images ». Aussi de Harun Farocki une sélection, parallèlement à la rétrospective de Harun Farocki mènent-ils le film comme une véritable Allemagne, 1997, fichier numérique restauré (format Harun Farocki au Centre Pompidou. RFA, 1985, 35 mm, 99’, coul., vostf d’origine : Beta SP), 30’, coul., vostf scénario : Harun Farocki / image : Axel Block / enquête en convoquant des personnages scénario : Harun Farocki, Jörg Becker / image : Ingo Kratisch / son : Rolf Müller / montage : Renate Merck bien connus du monde du cinéma comme son : Klaus Klingler / montage : Max Reimann avec Roland Schäfer, Katja Rupé, Nina Hoger l’ethnologue Marc Augé, le critique Jean Le poing levé, la main tendue et celle qui Un homme solitaire cherche l’amour. Un jour, Narboni ou le cinéaste Paul Vecchiali, et manipule les films… Farocki, avec son goût il rencontre une belle jeune femme dans un bar d’autres qui le sont moins comme des ouvreurs pour les encyclopédies, répertorie ici les gestes miteux. Il jette tout son dévolu sur elle mais cette de petits cinémas indépendants. de la main à travers l’histoire du cinéma. dernière veut rester libre et n’appartenir à Samedi 16 décembre, 15h, Cinéma 2 Un jeu de mise en abîme et de métaphore personne. Lorsqu’il la convainc de l’épouser afin court tout au long du film avec le cinéaste qui, d’avoir plus d’emprise sur elle, il signe le tournant SORTIES D’USINES en nous montrant ces extraits à sa table de de leur histoire. Histoires pour s’endormir, 1970, © Harun Farocki ARBEITER VERLASSEN DIE FABRIK montage, ne dévoile de lui-même que ses de Harun Farocki Il s’agit là de la seule fiction pure réalisée par propres mains, en train de travailler, de dessiner, HISTOIRES POUR S’ENDORMIR Allemagne, 1995, DCP (format d’origine : FILMS POUR LES ENFANTS LES POUR FILMS

RÉTROSPECTIVE DES FILMS DES RÉTROSPECTIVE Harun Farocki, un film noir. Si le cinéaste adopte Beta SP), 36’, nb et coul., vostf d’imiter les gestes qu’il désigne à l’écran. EINSCHLAFGESCHICHTEN les codes du genre, on reconnaît à l’usage scénario : Harun farocki / montage : Max Reimann « La main est là pour le toucher, mais le cinéma Deux petites filles sur le point de s’endormir parcimonieux des dialogues et au jeu contenu Harun Farocki est un collectionneur d’images. doit couler les perceptions de tous les sens s’amusent à imaginer des histoires de ponts, des acteurs son goût de la distanciation. Partant ici du premier film des frères dans celui de la vue. Le visage humain a occupé de bateaux, de funiculaires. Qu’est-ce qui mérite Dimanche 17 décembre, 17h30, Cinéma 2 Lumière, ce film traverse l’histoire du cinéma, les premiers gros plans de l’histoire du cinéma, d’être dit, d’être pensé, d’être montré ? À la fin, à la recherche d’un motif ordinaire autant Anna et Lara, qui sont par ailleurs les filles du LIVRES DE CINÉMA après ce fut les mains. Souvent, les mains sont qu’extraordinaire : les ouvriers à la sortie de amenées à trahir ce que l’expression du visage réalisateur, s’endorment. Le jeu est terminé. FILMBÜCHER l’usine. cachera, par exemple : un verre se brise dans de Harun Farocki Dans les années 1970, Harun Farocki a également RFA, 1986, DCP (format d’origine : U-matic), « La première caméra de l’histoire était dirigée une main qui le serre, sans que la moindre tourné pour les enfants des petites histoires 15’, coul. vostf, inédit sur une usine, mais un siècle plus tard on peut irritation se lise sur le visage. Bien que ancrées dans la vie quotidienne autour notamment scénario et montage : Harun Farocki dire que l’usine a plutôt rebuté qu’attiré le les mains soient aussi un signe distinctif d’une fabrique de chocolat ou de pelleteuses. Une caméra filme Harun Farocki à son bureau, cinéma. Le film ouvrier n’est pas devenu un de la personne, le cinéma ne campe pas Vendredi 15 décembre, 17h, Goethe-Institut une autre se focalise sur ses mains. Il nous genre majeur, l’esplanade de l’usine est restée un personnage en montrant ses mains. » durée totale : env. 60’ présente et commente plusieurs livres de une scène secondaire. La plupart des films de Transcription du film présentation par Christa Blümlinger, professeure en études de cinéma et de l’audiovisuel, cinéma empilés à côté de lui pour tenter de Samedi 16 décembre, 20h, Cinéma 2 narration se déroulent dans une vie qui se Université Paris 8 L’Expression des mains est également présenté répondre à ces questions : qu’est-ce qui fait un détourne du travail. Tout ce qui assure la 17 avenue d’Iéna, 75116 Paris dans l’exposition. bon ouvrage de cinéma ? Comment traduire et supériorité du travail industriel sur d’autres réservation : 01 44 43 92 30 penser ce médium de l’image et du mouvement modes de production — la décomposition des plein tarif 4 €, tarif réduit 3 € pour les adhérents du Centre Pompidou par l’écrit et sur le papier ? activités en gestes élémentaires, la répétition Dimanche 17 décembre, 20h, Cinéma 2

38 39 TABLES RONDES ÉDITION

Dès ses premiers films, Harun Farocki a Harun Farocki expérimenté des dispositifs pédagogiques Reconnaître & Poursuivre propres au cinéma. Il les a ensuite renouvelés Textes réunis et introduits et exportés à la télévision, avant d’investir par Christa Blümlinger le domaine de l’exposition des images en Suivis d’une filmographie commentée mouvement. Christa Blümlinger (enseignante- chercheuse à l’Université Paris 8, responsable « Aujourd’hui, le plus mauvais des textes sur de l’édition des textes de Farocki en français) et la photographie ne peut faire l’économie Dork Zabunyan (critique et enseignant-chercheur d’une référence à L’œuvre d’art de W. Benjamin, à l’Université Paris 8) reviendront sur ces tandis que le meilleur des textes sur la musique dispositifs multiples en animant deux tables Le Goût de la vie, 1979, © Harun Farocki de Bach croit pouvoir s’en tirer sans rondes autour des mécanismes d’apprentissage, Anna Magdalena Bach de Straub et Huillet. En partenariat avec le projet « Politiques de la du fonctionnement de la mémoire et des procédés Et un livre sur les nouveaux lotissements à la distraction » du Labex Arts H2H et l’Université de distraction, cristallisés entre autres chez périphérie des villes ne connaît pas Numéro Paris 8. Farocki dans des processus de jeu (comme deux de Godard. le jeu vidéo, le sport ou encore le jeu de rôle). Le film-essai, le film essayiste, est une tache Samedi 9 décembre, Petite Salle aveugle dans l’œil du spectateur. [...] entrée libre dans la limite des places disponibles En Allemagne, l’essai provoque une réaction de

Ces tables rondes bénéficient d’une aide de l’ANR au titre du défense, car il exhorte à la liberté intellectuelle, ÉDITION 15H, PÉDAGOGIES FAROCKIENNES #1 programme Investissements d’avenir (ANR-10-LABX-80-01). écrit Adorno, on serait toujours prêt ici à TABLES RONDES TABLES La première table ronde s’intéresse aux formes ‘proclamer’ ‘son vrai désir’ de ‘se soumettre variées de la pédagogie farockienne et à sa SOIRÉE AVEC KEVIN B. LEE à une instance quelconque’. Nous voulons manière de mobiliser la mémoire du cinéma. Le vidéaste et critique américain Kevin B. Lee, investir une forme de cinéma qui exhorte à la Elle réunit Raymond Bellour (critique et premier artiste en résidence au prestigieux liberté de l’esprit, qui ne se laisse pas subordonner Parution en novembre 2017 chercheur au CNRS, membre du comité de la Institut Harun Farocki à Berlin, est considéré au journalisme, au divertissement, aux sciences 144 pages, 21 € revue Trafic), Volker Pantenburg (enseignant- comme l’un des pionniers du supercut, et à l’art. » En vente à la librairie Flammarion chercheur à la FU Berlin, membre du conseil remontage numérique héritant de la forme de Harun Farocki, « Essay », Die Tageszeitung, du Centre Pompidou du Harun Farocki Institut Berlin) et Christa l’essai filmique, pratiqué par Harun Farocki et 28 mars 1987 Blümlinger. Modération : Dork Zabunyan. se caractérise par l’attention portée aussi bien Vente-signature en présence de à l’esthétique des images qu’à leurs formes La première édition de Reconnaître & Poursuivre Christa Blümlinger le samedi 9 décembre, 17H, PÉDAGOGIES FAROCKIENNES #2 de circulation et aux enjeux économiques et est parue aux éditions TH.TY. en 2002. à l’occasion des tables rondes La seconde table ronde s’intéresse aux figures politiques de leur production. Kevin B. Lee Harun Farocki avait décidé de ce titre alors « Pédagogies farockiennes », de jeux et de reprises dans l’œuvre de Farocki échange avec Christa Blümlinger et présente qu’il travaillait à un film du même nom, entre 16h30 et 17h, devant la Petite Salle. et réunit Nora Alter (enseignante-chercheuse, entre autres son film Interface 2.0, l’exploration Erkennen und Verfolgen, sorti en 2003. spécialiste du film d’essai, en particulier de l’œuvre de Harun Farocki, Section. Reconnaître & Poursuivre est réédité aujourd’hui de Chris Marker et Harun Farocki, Temple Vendredi 15 décembre, 19h30, Goethe-Institut dans une version mise à jour à l’occasion de University à Philadelphie), Constanze Ruhm 17 avenue d’Iéna, 75116 Paris la rétrospective et de l’exposition consacrées (artiste et commissaire d’expositions, ancienne entrée libre à Harun Farocki par le Centre Pompidou. collègue de Farocki à l’Académie des Beaux- réservation : 01 44 43 92 30 Arts de Vienne) et Dork Zabunyan. Modération : Christa Blümlinger

40 41 INFORMATIONS PRATIQUES RÉTROSPECTIVE DES FILMS FAROCKI

Centre Pompidou Marcella Lista et Sylvie Pras RELATIONS AVEC LA PRESSE ET À l’examen : Peter Weiss Par comparaison (Zum Vergleich, 2009, p. 26) Place Georges Pompidou Commissaires de l’exposition PARTENARIATS (Zur Ansicht : Peter Weiss, 1979, p. 25) Paris Ville-cinéma 75191 Paris cedex 04 L’Apparition (Der Auftritt, 1996, p. 28) (Kinostadt Paris, 1988, p. 38) Étienne Sandrin Benoît Parayre Métro Attaché de conservation Directeur de la communication et Apprendre à se vendre Paysage urbain (Stadtbild, 1981, p. 21) Hôtel de Ville, Rambuteau, des partenariats (Die Bewerbung, 1997, p. 28) Peter Lorre. Le Double Visage Châtelet-Les Halles Judith Revault d’Allonnes Marc-Antoine Chaumien L’Argent de Bresson (Peter Lorre. Das doppelte Gesicht, 1984, p. 37) assistée de Marion Grand Directeur adjoint (L’Argent von Bresson, 1983, p. 36) Informations Programmation, exposition, brochure Céline Janvier Que se passe-t-il ? (Was ist los?, 1991, p. 27) 01 44 78 12 33 Responsable des partenariats média Bénévole de campagne Quelque chose devient visible Catherine Quiriet (Der Wahlhelfer, 1967, p. 17) (le Vietnam nous appartient) Tarifs assistée de Jules Vieville Pierre Laporte Communication Bière pour tous (Etwas wird sichtbar, 1982, p. 21) Cinéma : 6 €, 4 € tarif réduit et Administration 51, rue des Petites Écuries (Jeder ein Berliner Kindl, 1966, p. 17) abonnés du Festival d’Automne à Paris 75010 Paris Raconter (Erzählen, 1975, p. 35) et du Goethe-Institut, gratuit pour les Baptiste Coutureau 01 45 23 14 14 Les Créateurs des mondes d’achat Reconnaître et Poursuivre adhérents du Centre Pompidou (dans Régisseur film [email protected] (Die Schöpfer der Einkaufswelten, 2001, p. 28) (Erkennen und Verfolgen, 2003, p. 23) la limite des places réservées aux [email protected] Dans les rues les hommes s’avancent et se Rien sans risque (Nicht Ohne Risiko, 2004, p. 29) adhérents, et sauf ouverture semi- Frédérique Mirotchnikoff Presse cinéma du Centre Pompidou dressent… HARUN FAROCKI publique : 4 €) Coordination audiovisuelle pour le Ddc (Die Menschen stehen vorwärts in den Sauerbruch Hutton, architectes Achat de billets : Christine Delterme Strassen, 1987, p. 22) (Sauerbruch Hutton Architekten, 2013, p. 29) par téléphone : 01 44 78 12 33 Stéphane Guerreiro 156, rue de Rivoli Section (Schnittstelle, 1995, p. 32) en ligne : https://billetterie. Directeur de la production 75001 Paris La Division de tous les jours centrepompidou.fr 01 53 45 17 13 (Die Teilung aller Tage, 1970, p. 19) Single. Production d’un disque sur place : en caisses (uniquement le Yvon Figueras [email protected] En sursis (Aufschub, 2007, p. 23) (Single. Eine Schallplatte wird produziert, jour de la séance) Chef du service des expositions Presse du Festival d’Automne à Paris 1979, p. 25) Tables rondes : entrée libre dans la Endoctrinement (Die Schulung, 1987, p. 27) Sorties d’usines limite des places disponibles Mina Bellemou REMERCIEMENTS Entre deux guerres (Arbeiter verlassen die Fabrik, 1995, p. 38) Exposition : accès libre Adjointe Nous remercions tout particulièrement (Zwischen zwei Kriegen, 1978, p. 20) Antje Ehmann, Matthias Rajmann et Tel qu’on le voit (Wie man sieht, 1986, p. 24) L’Expression des mains Retrouvez la bande-annonce et Laurence Fontaine Harun Farocki GbR ; (Der Ausdruck der Hände, 1997, p. 39) Travaux sur Rapports de classes l’ensemble des programmes sur Architecte-scénographe Gisela Rueb et le Goethe-Institut ; (Arbeiten zur Klassenverhältnisse, 1983, p. 36) www.centrepompidou.fr Christine Carrier, Monique Pujol, Feu inextinguible Marie-Annick Hamon Arlette Alliguié et la Bpi – Cinémathèque (Nicht Iöschbares Feuer, 1969, p. 19) La Tromperie (Betrogen, 1985, p. 38) Suite aux besoins de vérification des et Capucine Borde du documentaire ; Emmanuel Demarcy- Films pour enfants (p. 39) Un jour dans la vie du consommateur final sacs et des affaires des visiteurs Chargées de production Mota, Marie Collin, Christelle Masure, (Ein Tag im Leben der Endverbraucher, 1993, dans le cadre du plan Vigipirate-état Gérard di Giacomo, Christine Delterme, Georg K. Glaser – Écrivain et Forgeron p. 33) d’urgence, il est recommandé de se Alain Chaume Clara Guedj et le Festival d’Automne (Georg K. Glaser - Schriftsteller und Schmied, présenter 30 minutes au minimum Régisseur d’espace à Paris ; Arne Ehmann et la galerie 1988, p. 26) Un nouveau produit avant le début de chaque séance. Thaddaeus Ropac ; Alain Arnaudet, (Ein neues Produkt, 2012, p. 29) Le Goût de la vie Sylvain Wolff, Julien Blanchet, Ariane Groos, Céline Jarousseau et (Der Geschmack des Lebens, 1979, p. 35) Une image (Ein Bild, 1983, p. 30) Vahid Hamidi, Kim Lévy, la Friche la Belle de Mai – Marseille ; RÉTROSPECTIVE ET EXPOSITION Philippe Puicouyoul, Axel Misipo, Christa Blümlinger, Dork Zabunyan, Images de prisons Une image de Sarah Schumann Yvan Gariel, Lisa Durand le Labex Arts H2H et l’université Paris 8 ; (Gefängnisbilder, 2000, p. 33) (Ein Bild von Sarah Schumann, 1978, p. 30) Kathryn Weir Service audiovisuel Bénédicte Vilgrain, Bernard Rival et Images du monde et inscription de la guerre Vidéogrammes d’une révolution Directrice du département du les éditions TH. TY. (Bilder der Welt und Inschrift des Krieges, (Videogramme einer Revolution, 1992, p. 31) développement culturel (Ddc) Hugues Fournier-Montgieux et 1988, p. 22) La Vie RFA (Leben-BRD, 1990, p. 25) les projectionnistes et agents d’accueil Nous remercions également Bernard Blistène Régie des salles Emmanuelle Tornero et l’agenda Industrie + Photographie White Christmas (1968, p. 19) Directeur du Musée national d’art sonore d’Arte radio ; Camille Pollas et (Industrie + Fotografie, 1979, p. 24) moderne Yann Bréheret les éditions Capricci ; Fabián Teruggi Leurs journaux (Ihre Zeitungen, 1968, p. 18) Chargé de production audiovisuelle et Ciné Cim Vidéo ; Helmut Wietz et Sylvie Pras Common Film ; Anke Hahn et la Deutsche Livres de cinéma (Filmbücher, 1986, p. 38) Responsable des Cinémas du Ddc Kinemathek ; Léocadie Handke ; Mélanie Make Up (1973, p. 34) Lemaréchal et le Jeu de Paume ; Marcella Lista Alexandra Heller-Nicholas, Hermano Les Mots du président Conservatrice Nouveaux médias Callou, Ednei de Genaro et Senses of (Die Worte des Vorsitzenden, 1967, p. 18) Cinema ; Elvan Zabunyan et le master Nature morte (Stilleben, 1997, p. 32) Métiers et Arts de l’Exposition de l’université Rennes 2.

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