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#22 - juin 2018

50 ANS PREMIER TIR AU CSG 50 ANS DE L’ESTEC

80 ANS NPO LAVOTCHKINE 40 ANS DE VOYAGER (partie 2) ESPACE & TEMPS Le mot du président

IFHE Institut Français d’Histoire de l’Espace adresse de correspondance : 2, place Maurice Quentin Chers amis, 75039 Paris Cedex 01 e-mail : [email protected] L’IFHE a tenu son assemblée générale le 16 mai. Ce jour- Tél : 01 40 39 04 77 là, nous avions 44 membres dont six n’ont pas encore payé leur co- tisation 2018. Avec ma ré-election comme administrateur pour L’institut Français d’Histoire de l’Espace (IFHE) est une quatre ans (2018-2022), notre conseil d’administration comprend : association selon la Loi de 1901 créée le 22 mars 1999 C. Lardier (président), Y. Blin et J. Simon (vice-présidents), Jean qui s’est fixée pour obiectifs de valoriser l’histoire de Jamet (secrétaire général), Pierre Bescond (trésorier), Jacques Du- l’espace et de participer à la sauvegarde et à la préserva- rand et Jean-Pierre Morin (administrateurs). L’année prochaine, il tion du patrimoine documentaire. Il est administré par faudra un nouveau président et un nouveau trésorier, ainsi qu’un un Conseil, et il s’est doté d’un Conseil Scientifique. nouvel administrateur pour remplacer Jacques Durand. La grande nouveauté de cette assemblée générale était la Conseil d’administration présence d’un nouveau représentant du Cnes : Brice Lamotte, qui Président d’honneur...... Michel Bignier remplace Gérard Azoulay. Sa fonction à l’agence concerne les rela- tions avec les institutions et les partenariats. Il a indiqué qu’il vien- Président...... Christian Lardier drait à nos conseils d’administrations. Vice-présidents...... Yves Blin, Jacques Simon Le 23 mai, le livre Observation de la Terre Volume 1 en an- Trésorier...... Pierre Bescond glais a été livré chez l’éditeur à Paris et à l’ISPRA en Italie. C’est le Secrétaire général...... Jean Jamet résultat de sept mois de travail de Guy Duchossois, Gérard Brachet Administrateurs...Jacques Durand, Jean-Pierre Morin et Jean-Jacques Dechezelles. Cette traduction a été rendue possible Représentant du CNES...... Brice Lamotte grâce à l’ESA. Nous avons pré-vendu environ 900 exemplaires de cet ouvrage (dont 375 à l’UE, 150 à l’ESA, 50 au Cnes, 100 à Air- Conseil scientifique (formé en 2005) bus, etc). Parallèlement, le volume II de l’Observation de la Terre, dirigé par Jean-Louis Fellous, devrait être publié par les Editions du Pr. Jacques Bla mont, Pr. Roger Maurice Bonnet, Jean- CNRS en 2019. Nous en avons pré-vendus 930 exemplaires. Pierre Causse, Claude Goumy, Pr. Pierre Morel, Pr. Le livre d’Hervé Moulin, basé sur sa thèse de doctorat, qui Robert Halleux, Pr. Dominique Pestre, Pr. Jean-Chris- a finalement été publié, est envoyé gratuitement aux membres de tophe Romer, Pr. Pascal Griset, Pr. Alain Beltran, l’IFHE par l’ESA que nous remercions. Agnès Beylot. Nous avons lancé la candidature pour le prix Robert Aubi- nière 2018. Le jury est présidé par Roger-Maurice Bonnet. L’édition des Actes des conférences sur les 50 ans du CNES, du CSG et de Diamant est toujours d’actualité. Nous envisageons de faire une conférence sur les 50 ans du premier lancement d’une ESPACE & TEMPS fusée depuis le CSG en partenariat avec la 3A Cnes cet automne. Nous avons toujours besoin de volontaires pour nous aider Bulletin d’information édité par à organiser des manifestations car nous envisageons un colloque l’institut Français d’Histoire de l’Espace (IFHE) historique sur les laboratoires scientifiques du programme spatial français en 2019. Directeur de la publication : Christian Lardier Je remercie encore tous nos membres pour leur soutien qui Ont également participé à ce numéro : est indispensable pour la sauvegarde de la mémoire spatiale en Yves Blin, Patrice Lille, Jean-Jacques Serra, Philippe France. Varnoteaux. Christian Lardier, président de l’IFHE Impression: photocopies - tirage : 50 ex. Crédit photo : Droits réservés

Les idées et opinions exprimées dans les arti cles n’en- gagent que leurs auteurs et ne re présentent pas néces- sairement celles de l’IFHE.

2 -juin 2018 - Bulletin d’information de l’Institut Français d’Histoire de l’Espace L’année 1968 par Christian Lardier

Janvier Février 7/1 : L’Atlas-Centaur n°15 6/2 : Lancement d’une Vos- lance la sonde lunaire Sur- khod (11A57) avec le satel- veyor-7 (1036 kg) de Cape lite-espion Zenith-4 (11F69) Canaveral. Elle alunit sur le de Baïkonour (65,4°). De- bord extérieur du cratère venu Cosmos-201, il effectue Tycho le 10 janvier et envoie une mission de 8 jours. des images, des informations 7/2 : Lancement d’une Molnya sur la composition et les ca- (8K78M n°Ya716-57) avec la ractériques mécaniques des sonde Luna-14A (E-6LS Panorama du site de Surveyor-7 roches lunaires jusqu’au 21 n°112). Mais c’est l’échec du e janvier. C’était la dernière 3 étage. La doublure sera mission de ce programme. lancée avec succès le 7 avril. 11/1 : La Thor-Delta n°56 lance le sa- 20/2 : Lancement d’une Cosmos-2 tellite géodésique Explorer-36 ou (11K63) du silo Dvina avec le GEOS-2 (209 kg) de Vandenberg. Il DS-U2-V n°4 (287 kg). Il est destiné à est placé sur une orbite polaire l’étude des vibrations et possède un 1082/1570 km inclinée à 105,8°. émetteur Mayak pour l’étude de l’iono-

16/1 : Lancement d’une Voskhod Explorer-36 GEOS-B sphère par l’IZMIRAN. Devenu Cos- (11A57) avec le satellite-espion Ze- mos-202, il rentre dans l’atmosphère nith-2 (11F61 n°59) de Plessetsk (65,4°). Devenu le 24/3/68. Cosmos-199, il reste accroché au Block-I et est dé- 20/2 : Lancement d’une Cosmos-3M (11K65M) truit lors de la rentrée dans l’atmosphère. avec le premier satellite de géodésie Sphera 17/1 : La Thorad-Agena-D n°498 lance le satellite (11F621 n°1). Devenu Cosmos-203, cet engin de d’écoute électronique (ELINT) Samos-F3 n°8 de 630 kg construit par NPO PM permet d’établir Vandenberg. Il reste en orbite jusqu’au 7 juillet 1970. des cartes avec une précision de 3 m. Le réseau 18/1 : La Titan-IIIB-Agena-D n°13 lance le satel- de stations optiques utilise la caméra AFU-75, lite-espion KH-8 n°4311 de Vandenberg. Il effec- puis la caméra VATs (20 sites). tue une mission de 17 jours. 26/2 : tir de l’Atlas-F n°116F avec une ogive Abres. 20/1 : Lancement d’une Cosmos-3M (11K65M) 28/2 : Tir de la Titan-II n°B-88 de Vandenberg. avec le satellite Tselina-O n°2 Mars (11F616). Devenu Cosmos-200, il 2/3 : Lancement d’une UR-500 (8K82 rentre dans l’atmosphère le n°231-01) avec la sonde lunaire 24/2/73. Zond-4 (11F91 n°6L). Elle est placée 22/1 : La Saturn-1B n°AS204 lance sur une orbite à 354.000 km d’apo- le module lunaire LEM-1 (14,3 t) en gée, mais lors de la rentrée dans l’at- orbite terrestre pour tester les mosphère, un capteur d’orientation étages de descente et d’ascension ne fonctionne pas et la capsule en quatre orbites. Le vol est parfai- tombe sur une trajectoire balistique tement réussi. dans une région indéterminée. Elle 24/1 : La Thorad-Agena-D n°516 est automatiquement détruite. lance le satellite-espion KH-4A 2/3 : La Scout S-162C lance le sa- n°1045 et l’ELINT Ferret-B (type 2) tellite de navigation Transit-O-13 de P-11 n°4412 de Vandenberg. Le KH- Vandenberg. 4A effectue une mission de 34 jours. 4/3 : L’Atlas-Agena-D n°5602A 31/1 : tir de l’Atlas-F n°94F avec lance le satellite scientifique OGO- une ogive Abres. Apollo-5 avec le LEM n°1 5 (Orbiting Geophysical Observa-

juin 2018 - Bulletin d’information de l’Institut Français d’Histoire de l’Espace - 3 tory) de la Nasa depuis Cape (65,4°). Devenu Cosmos- Canaveral. Le satellite (611 207, il effectue une mission kg) est placé sur une orbite de 8 jours. 272 x 148 228 km pour étu- 21/3 : Lancement d’une Vos- dier la magnétosphère. Le khod (11A57) avec le pre- système de contrôle d’atti- mier Zenith-2M (11F690) tude est victime d’une défail- emportant une charge utile lance le 6 aout 1971 et le Nauka (1KS n°1) pour satellite est mis en veille le 8 l’études des émissions octobre 1971. Cosmos-208, premier Zenit-2M gamma à haute énergies. 5/3 : Lancement d’une Cos- Devenu Cosmos-208, il ef- mos-2 (11K63) de Plessetsk avec fectue une mission de 12 jours le satellite DS-P1-I n°3. C’est un (durée de vie augmentée). satellite de calibration radar pour 22/3 : Lancement d’une Cyclone- les systèmes ABM et ASAT de la 2A (11K67 n°N22500-08L) lancée défense anti-aérienne. Devenu de la zone 90 avec le satellite US- Cosmos-204, il retombe le 2/3/69. A. Devenu Cosmos-209, cette ma- 5/3 : Lancement d’une Voskhod quette du satellite de surveillance (11A57) avec le satellite-espion Ze- océanique manoeuvre pour se pla- nith-2 (11F61 n°56) de Plessetsk cer sur une orbite à 874/932 km (or- (65,4°). Devenu Cosmos-205, il ef- bite cimetière pour le générateur fectue une mission de 8 jours. nucléaire). 5/3 : Lancement du satellite scien- 28/3 : Mort de Youri Gagarine dans

tifique Explorer-37 (SE-B, Solrad-B) © Photos Christian Lardier un accident d’avion. Il effectuait un par la Scout n°S-160C de Wallops Le conteneur Nauka vol d’entraînement avec son ins- Island. du satellite Zenit-2M tructeur V. S. Sereguine sur un 6/3 : Echec du lancement d’une MiG-15UTI. Cosmos-2 (11K63) du silo Dvina 28/3 : Echec du lancement de la avec le satellite DS-U1-Ya destiné seconde sonde d’altitude VKZ par à l’étude des radiations. Mais c’est une 11K65 depuis la zone 41 de e l’échec à la 216 s de vol. Baïkonour. La sonde était 6/3 : tir de l’Atlas-E n°74E avec construite par M. F. Rechetnev de une ogive Abres. la NPO PM. 13/3 : La Titan-IIIB-Agena-D n°14 Avril lance le satellite-espion KH-8 2/4 : Tir de la Titan-II n°B-36 de Enterrement de Gagarine et n°4312 de Vandenberg. Il effec- Seregine dans le mur du Kremlin Vandenberg. tue une mission de 11 jours. 3/4 : Lancement d’une Voskhod 14/3 : La Thorad-Agena-D n°518 (11A57) avec le satellite-espion lance le satellite-espion KH-4A Zenith-2 (11F61-60) de Plessetsk n°1046 et l’ELINT Ferret-B (type (premier Zenith sur 81,2°). De- 2) P-11 n°4411 de Vandenberg. venu Cosmos-210, il effectue une Le KH-4A effectue une mission de mission de 8 jours 27 jours. 4/4 : second vol de la Saturn-V du 14/3 : Lancement d’une Vostok programme Apollo. La fusée (8A92M) avec le satellite météo- n°SA-502 lance le composite rologique Meteor (11F614 n°9). Apollo-6 (capsule CSM-020 + ma- Devenu Cosmos-206, il remplace quette de module lunaire LTA-2R) le Cosmos-184 qui était tombé en de 36,9 t de Cape Canaveral. Le e panne. 1 étage subit un fort POGO et 16/3 : Lancement d’une Voskhod deux moteurs J-2 tombent en e (11A57) avec le satellite-espion Capsule Apollo-6 lancée par Sa- panne sur le 2 étage : l’orbite est Zenith-4 (11F69) de Plessetsk turn-V et récupérée à 11,2 km/s de 172 x 223 km au lieu d’une or- 4 -juin 2018- Bulletin d’information de l’Institut Français d’Histoire de l’Espace bite circulaire à 175 km. Fi- 15/4 : Lancement d’une nalement la capsule a Soyouz (11A511) avec le opéré un retour atmosphé- vaisseau Soyouz (11F615 rique à la seconde vitesse n°07/Passif). Devenu Cos- cosmique (11,2 km/s). mos-213, il opère un rendez- 6/4 : L’Atlas-F n° 107F lance vous avec Cosmos-212. Les les OV-1-13 (107 deux capsules atterrissent kg) et OV-1-14 (101 kg) de en douceur. La mission a Vandenberg. OV-1-13 de- été une réussite totale, Rendez-vous automatique de Cosmos-212 et 213 vait étudier l’environne- mais il aura fallu lancer huit ment spatial (compteur Geiger, spectromètres, Soyouz pour parvenir au résultat attendu en no- analyseur magnétique, analyseur électrostatique) vembre 1966. Le programme a ainsi accumulé et son effet sur des roulements et des cellules so- 18 mois de retard. laires. OV-1-14 devait étudier la raie Lyman-alpha 17/4 : La Titan-IIIB-Agena-D n°15 lance le satel- du Soleil et les radiations des ceintures de Van lite-espion KH-8 n°4313 de Vandenberg. Il effec- Allen (il n’a fonctionné qu’une semaine). tue une mission de 12 jours. 7/4 : Lancement d’une Molnya-M (8K78M 18/ : tir de l’Atlas-E n°77E avec une ogive Abres. n°Ya716-58) avec la sonde Luna-14 (E-6LS 18/4 : Lancement d’une Voskhod (11A57) avec le n°113). Elle se place en orbite lunaire à 160/870 satellite-espion Zenith-4 (11F69) de Plessetsk km. Elle est identique à Luna-12, mais l’appareil (81,2°). Devenu Cosmos-214, il effectue une mis- photographique a laissé la place au système ra- sion de 8 jours. e diotechnique DRK de la 3 génération de sonde 19/4 : Lancement d’une Cosmos-2 (11K63) de lunaire E-8 dont la réali- Plessetsk avec le satellite sation a commencé le DS-U1-A. Devenu Cos- 14/6/67. Elle emporte mos-215, il étudie les pro- aussi une série de trans- priétés de l’atmosphère missions à dents fabri- dans le domaine optique. qués avec différents Il retombe le 30/6/68. matériaux, différents re- Le satellite astronomique Cosmos-215 (DS-U1-A) 20/4 : Lancement d’une vêtements et différentes Voskhod (11A57) avec le huiles qui devront fonctionner en apesanteur en satellite-espion Zenith-2 (11F61 n°62) de Baïko- l’absence de collage ou soudage à froid. Ces nour (51,8°). Devenu Cosmos-216, il effectue transmissions seront nécessaires pour les roues une mission de 8 jours. La capsule a atterri dans du Lunakhod et le mécanisme de forage des mis- la Volga à 1 km de la rive et a coulé après 42 min sions de retour d’échantillons. De plus, l’étude (85 % des données ont été détruites). des paramètres orbitaux permet de mieux 21/4 : Lancement d’une Molnya-M (8K78M connaître le champ gravitationnel de la Lune et n°Ya716-84) avec le satellite de télécommunica- d’approfondir le phénomène des mascons. Le tions Molnya-1 (11F67 n°12) pour le système Or- premier Luna E-8 sera lancé le 19/2/69. bita. Il retombe le 29/1/74. 9/4 : Lancement d’une Cosmos-2 (11K63) de 23/4 : Lancement d’une UR-500 (8K82 n°232-01) Plessetsk avec le satellite DS-P1-You n°12. Ce avec la sonde lunaire Zond (11F91 n°7L). Mais satellite est destiné à la calibration des radars c’est l’échec du second étage. Le système de d’alerte avancée (SPRN) et de surveillance de sauvetage fonctionne et la capsule est récupérée. l’espace (SKKP). Devenu Cosmos-211, il re- 24/4 : Lancement d’une Cyclone-2A (11K67) tombe le 10/11/68. lancé de la zone n°90 avec une cible pour satel- 14/4 : Lancement d’une Soyouz (11A511) avec le lite anti-satellite I-2M (Cosmos-217) de V. N. vaisseau Soyouz (11F615 n°08L/Actif). Devenu Tchelomei. Il est placé sur une orbite 396/520 km, Cosmos-212, il est rejoint le lendemain par Cos- mais reste accroché au dernier étage du lanceur. mos-213 avec lequel il opère un rendez-vous au- Il rentre dans l’atmosphère deux jours plus tard tomatique en 46 min. Ils restent amarrés pendant et le lancement de l’intercepteur est annulé. 3 h 50 min, puis se séparent et rentrent sur Terre 25/4 : Lancement d’un FOBS par une R-36Orb après un vol de cinq jours. (8K69 n°Ya22500-17L). Devenu Cosmos-218, il juin 2018 - Bulletin d’information de l’Institut Français d’Histoire de l’Espace - 5 effectue deux tiers 27/5 : Lancement d’un d’une orbite autour de FOBS par une R-36Orb la Terre. (8K69 n°Ya22500-19L). 26/4 : Lancement d’une Il est lancé vers l’équa- Cosmos-2 (11K63) du teur. silo Dvina avec le satel- 30/5 : Lancement d’une lite DS-U2-D n°2 (Cos- Cosmos-2 (11K63) de Le satellite Cosmos-219 (DS-U2-D) mos-219). Il étudie le Plessetsk avec le sa- flux de particules chargées. Il rentre tellite DS-P1-You n°14 (Cosmos-222). Il dans l’atmosphère le 2/3/69. est destiné à la calibration des radars 27/4 : La Scout S-164C lance le véhicule d’alerte avancée (SPRN) et de surveil- Reentry-5 sur une trajectoire sub-orbi- lance de l’espace (SKKP). Il retombe le tale depuis Wallops Island. 11/10/68. 27/4 : tir de l’Atlas-E n°78E avec une Juin ogive Abres. 1/6 : Lancement d’une Voskhod (11A57) Mai avec le satellite-espion Zenith-2 (11F61 1/5 : La Thorad-Agena-D n°511 lance le n°63) de Plessetsk (72,9°). Devenu Cos- satellite-espion KH-4B n°1103 de Van- mos-223, il effectue une mission de 8 jours. denberg. Il effectue une mission de 14 1/6 : tir de l’Atlas-F n°89F avec une jours. ogive Abres. 3/5 : Echec du tir de l’Atlas-F n°95F avec Reentry-5 4/6 : Lancement d’une Voskhod (11A57) une ogive Abres. avec le satellite-espion Zenith-4 7/5 : Lancement d’une Cosmos- (11F69) de Baïkonour (51,8°). De- 3M (11K65M) de Plessetsk avec venu Cosmos-224, il effectue une un satellite de navigation Cyclone mission de 8 jours. 11F617 n°3 (Cosmos-220). 5/6 : La Titan-IIIB-Agena-D n°16 14/5 : Lancement d’une Thor lance le satellite-espion KH-8 n°205 (DSV-2J) de l’île Johnson n°4314 de Vandenberg. Il effectue dans le cadre du Program 437 une mission de 12 jours. (ASAT). Interception réussie. 10/6 : La commission d’état décide 17/5 : Lancement de la Scout S- de réaliser un rendez-vous entre 161C lance le satellite scientifique un Soyouz occupé par un pilote ESRO-IIB Iris (75 kg) de Vanden- (Beregovoï, Volynov ou Chatalov) berg. et un Soyouz automatique avant ESRO-IIB Iris 18/5 : Echec du lance- de passer au rendez- ment de la Thor-Agena-B vous entre deux Soyouz n°520 avec le satellite mé- habités avec passage téorologique Nimbus-B de deux cosmonautes (571,5 kg) et le satellite d’un vaisseau à l’autre. géodésique Secor/EGRS- Par ailleurs, il est décidé 10 (18 kg). de pas faire participer de Cosmos-225 (DS-U1-Ya) 20/5 : Lancement d’un cosmonautes ayant déjà FOBS par une R-36Orb (8K69 n°Ya22500-18L). volé, mais uniquement des nouveaux (Bykovsky Il est lancé vers l’équateur. et Nikolaiev sont donc remplacés par Chonine et 23/5 : La Thor-Burner-II n°277 lance le satellite Filipchenko). météorologique militaire DMSP-4B-F1 (195 kg) 11/6 : Lancement d’une Cosmos-2 (11K63) du de Vandenberg. silo Dvina avec le satellite DS-U1-Ya n°2 (Cos- 24/5 : Lancement d’une Cosmos-2 (11K63) du mos-225). Il étudie les rayons cosmiques et re- silo Dvina avec le satellite DS-P1-You n°13 (Cos- tombe le 2/11/68. mos-221). Il est destiné à la calibration des ra- 12/6 : Lancement d’une Vostok-M (8A92M) avec dars d’alerte avancée (SPRN) et de surveillance le satellite météorologique Meteor (11F614 n°10). de l’espace (SKKP). Il retombe le 31/8/69. Devenu Cosmos-226, il fonctionne simultané- 6 - juiin 2018 - Bulletin d’information de l’Institut Français d’Histoire de l’Espace ment avec Cosmos-144, 156, 206. 5/7 : Lancement d’une Cosmos-2 (11K63) du silo 12/6 : Tir de la Titan-II n°B-82 de Vandenberg. Dvina avec le satellite DS-U3-S (Cosmos-230). Il 13/6 : La Titan-IIIC n°16 lance huit satellites de procède à l’étude du soleil et retombe le 2/11/68. télécommunications militaires IDCSP (45 kg). 5/7 : Lancement d’une Molnya-M (8K78M 15/6 : Lancement d’une Cosmos-3M (11K65M) n°Ya716-85) avec le satellite de télécommunica- de Baïkonour (56°) avec le satel- tions Molnya-1 (11F67 n°13) pour lite de liaisons militaires Strela-2 le système Orbita. Il retombe le (11F611 n°3). Mais cet un échec 15/5/71. au lancement. 10/7 : Lancement d’une Voskhod 18/6 : Lancement d’une Voskhod (11A57) avec le satellite-espion (11A57) avec le satellite-espion Zenith-2 (11F61 n°64) de Baïko- Zenith-4 (11F69) de Baïkonour nour (65,4°). Devenu Cosmos- (51,8°). Devenu Cosmos-227, il 231, il effectue une mission de 8 effectue une mission de 8 jours. jours. 20/6 : La Thorad-Agena-D n°517 11/7 : L’Atlas-F n°75F lance les lance le satellite-espion KH-4A satellites OV-1-15 (215 kg) et OV- n°1047 et l’ELINT Ferret-B (type 1-16 (272 kg) de Vandenberg. 2) P-11 n°4420 de Vandenberg. OV-1-15 emportait l’expérience Le KH-4A effectue une mission Explorer-38 Spades (Solar Perturbation of At- de 25 jours. mospheric Density Experiment). 21/6 : Lancement d’une Voskhod OV-1-16 emportait l’expérience (11A57) avec le satellite-espion Loads (Low Altitude Density Satel- Zenith-2M (11F690) de Baïko- lite) ou Cannonball-1 (sphère de nour (51,8°). Devenu Cosmos- 58 cm). 228, il effectue une mission de 12 15/7 : Lors de la préparation au jours. La capsule Nauka emporte lancement d’une UR-500 (8K82K) une expérience sur les rayons porteuse d’un vaisseau Zond cosmiques. (11F91 n°8L), une explosion s’est 22/6 : tir de l’Atlas-F n°86F avec produite au niveau du 4e étage une ogive Abres. Block-D faisant un mort (I.F.Khri- 26/6 : Lancement d’une Voskhod dine) parmi le personnel se trou- (11A57) avec le satellite-espion Cosmos-230 (DS-U3-S) vant sur la plate-forme de tir. Zenith-4 (11F69) de Plessetsk 16/7 : Lancement d’une Voskhod (72,9°). Devenu Cosmos-229, il (11A57) avec le satellite-espion effectue une mission de 8 jours. Zenith-4 (11F69) de Plessetsk 29/6 : tir de l’Atlas-F n°32F avec (65,4°). Devenu Cosmos-232, il une ogive Abres. effectue une mission de 8 jours. Juillet 18/7 : Lancement d’une Cosmos- 4/7 : La Thor-Delta n°57 lance le 2 (11K63) de Plessetsk avec le satellite Explorer-38 (RAE-A, satellite DS-P1-You n°15 (Cos- Radio Astronomy Explorer) de mos-233). Il est destiné à la cali- Vandenberg. Le satellite (193 kg) bration des radars d’alerte a été placé sur une orbite 5851 avancée (SPRN) et de surveil- km x 5861 km où il a recueilli des OV-1-15 lance de l’espace (SKKP). Il re- données sur les émissions radio tombe le 2/7/69. de Jupiter, du Soleil et de la Voie Lactée dans les 30/7 : Lancement d’une Voskhod (11A57) avec longueurs d’ondes comprises entre 0,2 et 9,2 le satellite-espion Zenith-4 (11F69) de Baïkonour MHz grâce à deux antennes en V longues de 229 (51,8°). Devenu Cosmos-234, il effectue une mis- mètres. Deux mois après le lancement, le ma- sion de 6 jours. gnétophone à bande qui enregistre les données Août se détériore et les données ne sont plus trans- 6/8 : Lancement de l’Atlas-Agena-D n°5501A mises qu’en temps réel. avec le satellite d’écoute électronique (Sigint) Ca- juin 2018 - Bulletin d’information de l’Institut Français d’Histoire de l’Espace - 7 nyon-1 « Spook Bird » n°7501 pour tester la propagation des (275 kg) sur une orbite géos- ondes dans l’ionosphère, tationnaire. OV5-8/ERS-19 pour tester la 6/8 : Lancement de Titan-3B- friction dans l’espace, ainsi Agena-D n°17 avec le satel- que les expériences RM-18 et lite-espion KH-8 n°4315 de UVR (radiomètres fixés sur Vandenberg. Il effectue une l’étage Burner-II). mission de 10 jours. 16/8 : La Thor-Delta n°58

7/8 : Lancement de la Thor- Vick Charles Dessin © lance le satellite météorolo- Agena-D n°522 avec le satel- gique ESSA-7 (145 kg) de lite-espion KH-4B n°1104 de Canyon (program AFP-827) Vandenberg. Vandenberg. Il effectue une 21/8 : Tir de la Titan-II n°B-53 mission de 20 jours. de Vandenberg. 8/8 : Lancement de la Scout n°S- 21/8 : premier tir d’un 8K67P 165C avec les satellites scienti- équipé de trois têtes nucléaires fiques Explorer-39 de 9,3 kg 8F676 de 2,3 Mt. Trois autres tirs (ADE-C, Air Density Explorer) et sont réalisés en 1968. En 1969, le Explorer-40 de 71 kg (-5, IE- missile est doté de la tête 8F677. E, Ionospheric Explorer-E). Le Le 26 octobre 1970, le système premier, un ballon gonflable de (SS-9 Mod 4) est déclaré opéra- 3,6 m de diamètre, est rentré dans tionnel. Environ 100 exemplaires l’atmosphère le 22 juin 1981. Le sont déployés jusqu’au retrait en second étudie les particules char- 1979. gées, les radiations, la propaga- 22/8 : La Scout n°S-168C lance le tion des ondes VLF et les restes véhicule de rentrée RAM-C-B Explorer-40 de l’opération Starfish de 1962. (Radio Attenuation Measure- 9/8 : Lancement d’une Voskhod ments) sur une trajectoire sub-or- (11A57) avec le satellite-espion bitale depuis Wallops Island. Zenith-2 (11F61 n°61) de Baïko- 27/8 : Lancement d’une Cosmos- nour (51,8°). Devenu Cosmos- 3M (11K65M) de Baïkonour (56°) 235, il effectue une mission de 8 avec le satellite de liaisons mili- jours qui est partiellement réussie taires Strela-2 n°4 (Cosmos-236). à la suite d’une panne du système 27/8 : Lancement d’une Voskhod de parachute. L’atterrissage trop (11A57) avec le satellite-espion brutal a provoqué la perte de 30 % Zenith-4 (11F69) de Plessetsk des images). (65,4°). Devenu Cosmos-237, il 10/8 : Echec du lancement de l’At- effectue une mission de 8 jours. las-Centaur n°17 avec le satellite © Photos Christian Lardier 28/8 : Lancement d’une Soyouz de télécommunications expéri- (11A511) avec le vaisseau Soyouz ATS-4 au Smithonian mental ATS-4 (391 kg). (11F615 n° 09L/Passif) de Baïko- 16/8 : Echec du lancement de l’At- nour (51,8°). Devenu Cosmos- las-Burner-II n°7004 avec le com- 238, il effectue une répétition posite P68-1 comprenant : trois générale d’un vol habité de quatre satellites de géodésie (Secor-11, jours. Le feu vert est donné au Secor-12, Lidos utilisant une rendez-vous entre Soyouz-2 et plate-forme Transit), Radcat et Soyouz-3. LCS-3 (sphère) pour la calibration Septembre radar, quatre ballons AVL-802 5/9 : Lancement d’une Voskhod pour étudier la densité atmosphé- (11A57) avec le satellite-espion rique (deux Gridsphère, Rigid- Zenith-4 (11F69) de Baïkonour sphère et Mylar Balloon), Orbiscal RM-18 et UVR sur l’étage Burner-II (51,8°). Devenu Cosmos-239, il

8 - juin 2018 - Bulletin d’information de l’Institut Français d’Histoire de l’Espace effectue une mission de 8 jours. les systèmes ABM et ASAT de la 10/9 : Lancement de Titan-3B- défense anti-aérienne. Il retombe Agena-D n°18 avec le satellite-es- le 13/11/68. pion KH-8 n°4316 de Vandenberg. 23/9 : Lancement d’une Voskhod Il effectue une mission de 15 jours. (11A57) avec le satellite-espion 14/9 : Lancement d’une Voskhod Zenith-2M (11F690) de Baïkonour (11A57) avec le satellite-espion Ze- (premier lancé sur 71,4°). Devenu nith-2 (11F61 n°66) de Baïkonour Cosmos-243, il effectue une mis- (51,8°). Devenu Cosmos-240, il ef- sion de 11 Jours. La capsule fectue une mission de 7 jours. Nauka (2KS n°1) emporte un ra- 14/9 : Lancement d’une UR-500 diomètre micro-ondes pour l’étude (8K82 n°234-01) avec le vaisseau de la terre (une seconde expé- Zond-5 (11F91 n°9L). Il survole la rience sera réalisée avec Cosmos- Lune à une distance de 1960 km. © Photos Christian Lardier 384). L’engin de 5,7 t est doté d’un cône La capsule Zond-5 chez Energiya 25/9 : tir de l’Atlas-F n°99F avec scientifique de 150 kg dans lequel une ogive Abres. se trouve un appareil photogra- 26/9 : La Titan-IIIC n°5 lance les sa- phique. Dans la capsule, il y a des tellites LES-6 (163 kg), OV2-5 (204 expériences biologiques (tortues, kg), OV5-2/ERS-21 (10 kg), OV5- insectes, plantes, bactéries) et des 4/ERS-28 (13 kg) sur orbite géos- instruments pour la mesure des ra- tationnaire de Cape Canaveral. diations, des rayons cosmiques et LES-6 (Lincoln Experimental Satel- de la composition de l’atmosphère lite) est destiné à tester des com- solaire, ainsi qu’un photomètre munications tactiques en UHF. stellaire. Mais lors du retour, le sys- OV2-5 est le premier satellite scien- tème d’astronavigation est tombé tifique géostationnaire. Il emporte : en panne et la capsule rentre dans détecteurs à scintillation, cage de l’atmopshère comme un boulet de Faraday, piège à ions sphérique, canon avec une décélération de 10 Intelsat-3 construit par TRW analyseurs électrostatiques, ma- à 16 g. Le retour balistique s’opère gnétomètre, récepteur VLF, balise dans l’océan indien sur une mer ORBIS-High, photomètre UV démontée et la récupération ne (Lyman-alpha). OV5-2/ERS-21 peut intervenir que le lendemain. emporte des spectromètres, comp- C’est un succès partiel. teurs Geiger et détecteurs de pro- 16/9 : Lancement d’une Voskhod tons et d’électrons. OV5-4/ERS-28 (11A57) avec le satellite-espion OV-2-5 emporte une expérience sur les Zenith-4 (11F69) de Plessetsk fluides bouillants. (65,4°). Devenu Cosmos-241, il 27/9 : tir de l’Atlas-F n°84F avec effectue une mission de 8 jours. une ogive Abres. 18/9 : La Thorad-Agena-D n°524 Octobre lance le satellite-espion KH-4A 2/10 : Lancement d’un FOBS par n°1048 et l’ELINT Ferret-B (type une R-36Orb (8K69 n°V22501- 2) P-11 n°4413 de Vandenberg. 10T). Devenu Cosmos-244, il ef- Le KH-4A effectue une mission de fectue deux tiers d’une orbite 20 jours. autour de la Terre. 18/9 : Echec du lancement de 3/10 : Lancement de la Scout S- Thor-Delta n° avec le satellite de 167C lance le satellite scientifique télécommunications Intelsat-3 F-1 ESRO-1A Aurorea ESRO-IA Aurorea (80 kg) de (293 kg) construit par TRW. l’ESRO de Vandenberg. Il est des- 20/9 : Lancement d’une Cosmos-2 (11K63) de tiné à l’étude de l’ionosphère et des aurores bo- Plessetsk avec le satellite DS-P1-I n°4 (Cosmos- réales. 242). C’est un satellite de calibration radar pour 3/10 : Lancement d’une Cosmos-2 (11K63) de juin 2018 - Bulletin d’information de l’Institut Français d’Histoire de l’Espace - 9 Plessetsk avec le satellite (23 mois d’interruption en DS-P1-You n°16 (Cosmos- raison de la tragédie 245). Ce satellite est des- d’Apollo-1). tiné à la calibration des 19/10 : Lancement d’une radars d’alerte avancée Cyclone-2A (11K67 (SPRN) et de surveillance n°N22500-06L) de la zone de l’espace (SKKP). Il re- 90 avec une cible I-2M tombe le 15/1/69. (Cosmos-248) de Tchelo- 5/10 : La Thorad-Agena-D mei pour l’ASAT qui doit n°521 lance le satellite être lancé le lendemain. d’écoute électronique 20/10 : Lancement d’une (Elint) Strawman-1 (P-770 Cyclone-2A (11K67 n°7164) de Vandenberg. Il satellite Elint “Strawman-1” (P-770 n°7164) n°N22500-05L) de la zone fonctionne un peu plus d’un 90 avec l’ASAT du type IS an et retombe le 26 mars (Cosmos-249) de Tchelomei 1971. qui intercepte la cible en deux 5/10 : Lancement d’une Mol- orbites. Puis il s’autodétruit en nya-M (8K78M n°Ya716-86) 60 fragments. avec le satellite de télécom- 23/10 : La Thor-Burner-II munications Molnya-1 (11F67 n°173 lance le satellite météo- n°14) pour le système Orbita. rologique militaire DMSP-4B- Il retombe le 16/7/76. F2 (195 kg) de Vandenberg. 7/10 : Lancement d’une Vos- Equipage d’Apollo-7 25/10 : Lancement d’une khod (11A57) avec le satellite- Soyouz (11A511) avec le vais- espion Zenith-4 (11F69) de seau Soyouz-2 (11F615 Plessetsk (65,4°). Devenu de n°11L/Passif). Il doit s’amarrer Cosmos-246, il effectue une avec Soyouz-3, mais c’est un mission de 5 jours (périgée ex- échec. La capsule est récupé- ceptionnellement bas de 147 rée le 28 août au Kazakhstan. km). 26/10 : Lancement d’une 11/10 : Lancement d’une Vos- Soyouz (11A511) avec le vais- khod (11A57) avec le satellite- seau Soyouz-3 (11F615 espion Zenith-2 (11F61 n°65) n°10L/Actif) de 6575 kg occupé de Plessetsk (65,4°). Devenu par Georgui Beregovoï. Pour la Cosmos-247, il effectue une première fois, un vaisseau ha- mission de 8 jours. bité décolle de la zone 31. Le 11/10 : La Saturn-1B n°AS205 premier rendez-vous est réalisé lance le vaisseau Apollo-7 à la première orbite. Beregovoï (CSM-101) de 14,6 t en orbite prend la commande manuelle à terrestre. Il est occupé par les une distance de 200 m, mais astronautes Walter Schirra, l’amarrage est impossible. Une Walter Cunningham et Donald Lancement du satellite-intercepteur IS seconde tentative est réalisée le Eisele. Le premier jour de vol lendemain sur une révolu- est consacré aux manœuvres tion. Beregovoï dirige l’ap- avec le 2e étage du lanceur proche finale jusqu’à qui simulent celles prévues quelques mètres de Soyouz- avec le module lunaire. 2, mais à nouveau, il n’y a L’équipage est revenu sur pas d’amarrage. Le vol, qui Terre le 22 octobre (10 jours se termine le 30 août par un 20 h 9 min). C’était le premier atterrissage à 70 km au nord vol habité américain depuis Commission d’état pour Soyouz-3 de Karaganda, a duré 94 h Gemini-12 en novembre 1966 51 min. C’est un échec, mais 10 - juin 2018 - Bulletin d’information de l’Institut Français d’Histoire de l’Espace la mission suivante est mainte- ricochet de plus de 5000 km nue pour janvier 1969. pour atterrir au Kazakhstan. 30/10 : Lancement d’une Cos- Mais elle est victime d’une dé- mos-3M (11K65M) avec le satel- hermétisation. Le parachute se lite d’écoute électronique détache et elle s’écrase au sol. Tselina-O (11F616 n°3). Devenu Malgré cela, une partie des pho- Cosmos-250, il retombe le tos de la Lune sera sauvée. 15/2/78. C’est un échec qui est présenté Cosmos-251, premier Zenit-4M 31/10 : Lancement d’une Vos- par la presse soviétique comme khod (11A57) avec le satellite-espion un succès. Zenith-4M (11F691 n°1) de Baïko- 13/11 : Lancement d’une Voskhod nour (65,4°). Devenu Cosmos-251, il (11A57) avec le satellite-espion Ze- effectue une mission de 18 jours. nith-2 (11F61 n°67) de Plessetsk C’est le premier satellite manoeuvra- (65,4°).Devenu Cosmos-253, il effec- ble. Il emporte des expériences de tue une mission de 5 jours. Mais une radio-astronomie et de mesure des panne de la caméra SA-20 à la 13e

émissions gamma. Pioneer-9 orbite fait perdre 53 % des données. Novembre 16/11 : Echec du tir de l’Atlas-F 1/11 : Lancement d’une Cyclone-2A n°56F avec une ogive Abres. (11K67 n°N22500-09L) avec le sa- 16/11 : Lancement de la première tellite ASAT du type IS (Cosmos- UR-500 à trois étages (8K82 n°236- 252) de Tchelomei qui intercepte la 01) avec le satellite scientifique Pro- cible et la détruit en 139 fragments ton-4 (N-6) de 18 t. Il est destiné à le jour même. l’étude des rayons cosmiques. Il re- 3/11 : Lancement de la Thor-Agena- tombe le 24/7/69. D n°515 avec le satellite-espion KH- 19/11 : Tir de la Titan-II n°B-3 de 4B n°1105 de Vandenberg. Il Vandenberg. effectue une mission de 20 jours. 20/11 : Lancement d’une Thor

6/11 : Lancement de Titan-3B- Lever de Terre sur la Lune n°252 (DSV-2J) de l’île Johnson Agena-D n°19 avec le satellite-es- photo de Zond-6 dans le cadre du Program 437 pion KH-8 n°4317 de Vandenberg. (ASAT). Interception réussie. Il effectue une mission de 14 jours. 21/11 : Lancement d’une Voskhod 8/11 : La Thor-Delta n°60 lance la (11A57) avec le satellite-espion Ze- sonde interplanétaire Pioneer-9 (63 nith-4 (11F69) de Plessetsk (65,4°). kg) et le petit satellite TTS-1 (40 kg). Devenu Cosmos-254, il effectue Pioneer-9 est placé sur une orbite une mission de 8 jours. héliocentrique pour l’étude du vent 24/11 : tir de l’Atlas-F n°60F avec solaire, du champ magnétique so- une ogive Abres. laire et des rayons cosmiques. La 29/11 : Lancement d’une Voskhod -4 Nasa est restée en contact avec la (11A57) avec le satellite-espion Ze- sonde jusqu’au 3 mars 1987. Le nith-2 (11F61 n°68) de Plessetsk TTS (Test And Training Satellite) est (65,4°). Devenu Cosmos-255, il ef- un octahedron de 28 cm de côté fectue une mission de 8 jours. équipé d’un répéteur en bande S 30/11 : Lancement d’une Cosmos- pour l’entraînement des opérateurs 3M (11K65M) avec le second satel- du programme Apollo. lite de géodésie Sphera de NPO PM 10/11 : Lancement d’une UR-500 (Cosmos-256) de Plessetsk. (8K82 n°235-01) avec le vaisseau 30/11 : Echec du lancement de la Zond-6 (11F91 n°12L). Il survole la fusée Europa-1 F-7 de Woomera. Lune à une distance de 2420 km. Pour la première fois, la fusée com- Le 17 novembre, la capsule pénè- prenait ses trois étages Blue Streak tre dans l’atmosphère et opère un HEOS-1 de l’ESRO (UK) + Coralie (France) + Astris (Al- juin 2018 - Bulletin d’information de l’Institut Français d’Histoire de l’Espace - 11 lemagne). Mais Astris s’éteint (8K78M n°Ya716-87) avec le prématurément. satellite de télécommunica- Décembre tions Molnya-1 (11F67 n°15). 3/12 : Lancement d’une Cos- Mais il tombe en panne et de- mos-2 (11K63) de Plessetsk vient Cosmos-260. Il retombe avec le satellite DS-P1-You le 9/7/73. n°17 (Cosmos-257). Ce satel- Cosmos-259 (DS-U2-I) 16/12 : dernier tir d’un missile lite est destiné à la calibration R-9A (8K75) de série de Baï- des radars d’alerte avancée konour. (SPRN) et de surveillance de 19/12 : Lancement de Thor- l’espace (SKKP). Il retombe le Delta n°63 avec le satellite de 5/3/69. Cosmos-261 (DS-U2-GK) télécommunications Intelsat-3 4/12 : Lancement de Titan-3B- F-2 (293 kg). Agena-D n°20 avec le satel- 20/12 : Lancement d’une Cos- lite-espion KH-8 n°4318 de mos-2 (11K63) de Plessetsk Vandenberg. Il effectue une avec le satellite scientifique mission de 8 jours. DS-U2-GK n°1 (Cosmos- 5/12 : La Thor-Delta n°61 Cosmos-262 (DS-U2-GF) 261). Il est destiné à l’étude de lance le satellite scientifique l’atmosphère sur les régions HEOS-1 (108 kg) de l’ESRO de Cap polaires. Il retombe le 12/2/69. Canaveral. HEOS (Highly Eccentric 21/12 : 3e vol de la Saturn-V du pro- Orbiting Satellite) est destiné à l’étude gramme Apollo. La fusée n°SA-503 du vent solaire et de la magnéto- lance le composite Apollo-8 (capsule sphère terrestre. CSM-103 + module lunaire LTA-B) de 7/12 : L’Atlas-Centaur n°16 lance le 37,8 t de Cape Canaveral. L’équi- satellite astronomique OAO-2 (2,0 t) page comprend Frank Borman, de Cape Canaveral. L’OAO (Orbiting James Lowell et William Anders. Il se Astronomical Observatory) est équipé OAO-2 place en orbite autour de la Lune le de 11 télescopes UV pour 24 décembre (110/112 km incli- l’étude de l’Univers. Il fonctionne née à 12°). L ‘équipage trans- jusqu’en janvier 1973. met un message la nuit de Noël 10/12 : Lancement d’une Vos- et photographie le premier lever khod (11A57) avec le satellite- de Terre autour de la Lune. Le espion Zenith-2 (11F61 n°69) de 25 décembre, il rentre vers la Baïkonour (65,4°). Devenu Cos- Terre où il amerrit deux jours mos-258, il effectue une mission plus tard au terme d’une mis- de 8 jours. sion de 6 jours 3 h 0 min. 12/12 : La Thorad-Agena-D 26/12 : Lancement d’une Cos- Equipage d’Apollo-8 n°527 lance le satellite-espion mos-2 (11K63) du silo Dvina KH-4A n°1049 et l’Elint/Sigint Ferret- avec le satellite scientifique DS-U2- C (type 3) P-801 n°1 de Vandenberg. GF (Cosmos-262). Il est destiné à Le KH-4A effectue une mission de 16 des études héliophysiques. Il re- jours. tombe le 18/7/69. 14/12 : Lancement d’une Cosmos-2 (11K63) du silo Dvina avec le satellite Nota 1 : le bilan soviétique scientifique DS-U2-I n°3 (Cosmos- Depuis Baïkonour, il y a eu 101 tirs 259). Il est destiné à l’étude de l’iono- dont 42 lancements spatiaux (38 sphère. Il retombe le 5/5/69. réussis) et 59 ICBM (un R-9A, 16 x 15/12 : La Thor-Delta n°62 lance le 8K64, 15 x 8K67, 27 x 8K84). Ces satellite météorologique ESSA-8 tirs ont permis de lancer 36 satellites (132 kg) de Vandenberg. dont trois Zond, Luna-14, quatre Lancement d’Apollo-8 16/12 : Lancement d’une Molnya-M Soyouz (dont Cosmos-212 et 213), 12 - juin 2018 - Bulletin d’information de l’Institut Français d’Histoire de l’Espace quatre Molnya-1 (dont Cosmos- 8K75, 10 x 8K98 et 7 x 8K99). 260) et Proton-4. Les installa- Enfin, huit lancements spa- tions pour la fusée lunaire N-1 tiaux ont été effectués de Ka- sont prêtes. En décembre, la pustin Yar dont un échec première fusée n°3L avec la (DS-U1-Ya). charge utile L-3S (11F91) est transférée du MIK-112 à la Nota-2 : plate-forme n°110P. Depuis la Non compte-tenu des tirs de base de Plessetsk, il y a eu 31 Minuteman, Polaris, de fu- lancements spatiaux réussis et Lever de Terre sur la Lune sées-sondes et du X-15. Photo d’Apollo-8 42 tirs d’ICBM (22 x 8K64, 3 x e 45 Congrès Gagarine Gagarine 10-12 mars 2018 e Le 1 congrès scientifique d’avia- -100 ans de S. S. Krioukov, adjoint tion et de cosmonautique, dit “Ga- de Korolev par A. M. Pesliak (journa- garine”, s’est tenu à Moscou en liste, historien) 1971, trois ans après la mort du -Gagarine en livres par Ya. N. Kos- cosmonaute. Il était organisé an- tiouk, collectionneur nuellement par un comité dirigé -pièces du musée : le récepteur de l’académicien A. You. Ichlinsky de bord ZB-17 par V. G. Ivanov (musée l’Institut des problèmes de méca- polytechnique de Moscou). nique de l’Académie des sciences. -Savant dans le rôle d’expérimenta- e Les cosmonautes au congrès Gagarine Les actes du 8 congrès de 1978 teur : pages du journal de S.A.Bou- ont été publiés par les éditions Nauka en grov par R. A. Vartbaronov, V. G. Zouiev, 1980. Au total, 12 livres sont publiés (Centre de médecine aérospatiale et ergo- e jusqu’au 21 congrès de 1991. Puis le nomie militaire TsNII de l’armée de l’air), congrès est arrêté pendant quatre ans. Il I.B.Ouchakov. reprend dans la ville de Gagarine (Gjatsk -Etudes du LII sur l’homme sur la Lune par jusqu’en 1968) en 1995 : 24 congrès ont V. V. Gorin, L. M. Berestov, S. N. Filippen- e e lieu jusqu’en 2018 (22 à 45 ). kov (LII Gromov). Session plénière : -200 ans de K.I.Konstantinov par S. A. -Particularité de la sélection ouverte du Guerasioutin (MMK). groupe de cosmonautes de Roscosmos -Etudes du LII dans le domaine de la gra- par P. N. Vlassov, A. A. Kouritsyne, M. M. vité artificielle par L. A. Kitaiev-Smyk, V. D. Kharlamov, B. I. Krioutchkov (TsPK). I.B.Solovieva et V.L.Ponomareva, Mokeiev, S. N. Filippenkov (LII Gromov). -110 ans de V. P. Glouchko par V. K. doublures de Terechkova -La “pierre de taille” lunaire You. P. Kitliach Chvanov, V. S. Soudakov, V. F. Rakhma- (45 ans de Lunokhod-2) par You. A. Kha- nine (EnergoMach). khanov (ancien de l’institut TransMach). -Sélection et préparation au vol du groupe des -Etalissement de la radiobiologie spatiale nationale par femmes cosmonautes par I. B. Solovieva, doublure B. I.Davydov, V.G.Zouiev, R.V.Afanaseiev (Centre de de V.V.Terechkova. médecine aérospatiale et ergonomie militaire TsNII de Session Histoire de la technique spatiale : l’armée de l’air), I.B.Ouchakov. -105 ans de V. I. Yazdovsky par R. A. Vartbaronov, I. -Aspects historiques des essais neuro-psychologiques M. Jdanko, M. N. Khomenko (Centre de médecine aé- des candidats-cosmonautes sur le stand Kvant par A. V. rospatiale et ergonomie militaire TsNII de l’armée de Vasin, A. A. Zlobine (TsPK). l’air), I. B. Ouchakov. -Aspects historiques de la préparation spéciale en pa- -Les constructeurs en chef d’EnergoMach : M. R. Gne- rachute des cosmonautes par A. V. Vasin, A. A. Zlobine, sine, A. D. Daron, S. P. Agafonov par V. S. Soudakov, V. A. Ren(TsPK). S. A. Kolinova, V. F. Rakhmanine (EnergoMach). -100 ans d’O. G. Gazenko par M. S. Belakovsky (IMBP). -Histoire véridique de la cosmonautique, fondement de -115 ans de V. V. Parine par I.P.Ponomareva, D.V.Ko- son développement réussi par V. E. Bougrov (PAO missarova, M.S.Belakovsky (IMBP). Energiya). -Elaboration et étude au LII de systèmes pour les vais- -90 ans de A. S. Barer, pionnier de l’entreprise Zvezda seaux Voskhod, Soyouz et l’objet L par V.B.Mitenkov, par A. S. Piatnitza (NPP Zvezda). You.L.Vajnov (LII Gromov).

juin 2018 - Bulletin d’information de l’Institut Français d’Histoire de l’Espace - 13 80 ans de NPO Lavotchkine La NPO Lavotchkine a été créée par la décision (1946, premier avion à aile en flèche), La-162 n°86ss du le 27 avril 1937 qui transfert l’usine de (1946, projet d’avion-fusée à moteur RD-2MZV meubles de Khimki au ministère de l’industrie de de Douchkine), La-168 (1948), La-174 (1947, défense (MOP) pour la production d’avions. L’Or- prototype du La-15), La-176 (1948, premier avion dre n°121 du ministère en fait l’usine n°301 diri- à franchir le mur du son), La-180 (1948, version gée par You. B. Eskine avec un bureau d’études biplace La-15UTI), La-190 (1950, supersonique), (OKB) dirigé par A. A. Doubrovine. En 1937/38, La-200A et 200B (1949/52, radars embarqués), elle produit l’avion français Caudron C690. Puis, La-250 Anaconda (1954/60, premier intercepteur en 1938/39, l’UT-2 de Yakovlev (386 exem- à missiles air-air). plaires). En 1950, l’OKB commence à développer des Dans le plan de construction d’avions expérimen- missiles. Le premier est l’engin-cible La-201/La- e taux préparé par la 1 17 à statoréacteur RD- glavka du ministère de 900 (produit à 847 l’industrie aéronautique exemplaires à l’usine (MAP) en mars 1939, n°47 d’Orenbourg). Il l’OKB doit faire un chas- donne naissance aux seur à moteur M-105. versions La-202/La- A. A. Doubrovine part 17MM, La-203/La-17M alors dans une usine de et La-204/La-17R à tur- Kharkov (Ukraine), tan- boréacteur RD-9BK qui Lavotchkine, Gorbounov, Goudkov (LaGG) dis que V. P. Gorbou- sont produits pendant e nov1, chef du 4 secteur de la presque 40 ans. e 1 glavka, prend sa succession. Le second est le missile sol-air Il porte un projet réalisé en coo- 205/V-300 (3,58 t) du système pération avec les ingénieurs S. S-25 Berkout pour la défense A. Lavotchkine2 (conception) et anti-aérienne de Moscou. Il est M. I. Goudkov3 (production) : le développé par P. D. Grou- I-301 (objet K, LaGG-1) qui est LaGG-3 (1940) chine6. Héritier du Wasserfall en concurrence avec les I-200 allemand, il est propulsé par un (MiG-1), I-26 (Yak-1), I-21 (Pa- moteur à quatre chambres chinine), I-110 (Tomachevitch). S09-29 d’A. M. Isaiev. Il est La fabrication est décidée par le testé en vol à Kapustin Yar le décret du 29 juillet 1939. L’OKB- 25/7/51. Puis il est produit à e 301 est créé officiellement le 1 2313 exemplaires à l’usine septembre 1939. L’avion effec- n°82 de Touchino d’avril 1952 à La-9 avec deux stato RD-13 (1946) tue son premier vol le 30 mars 1954. Le 25/5/53, un bombar- 1940. Il devient le LaGG-3 qui dier Tu-4 volant à 7000 m d’al- est produit en série (6.645 titude est abattu par une fusée. exemplaires). Il est suivi du La-5 De nombreux tirs sont effectués (10.002 exemplaires), La-7 à Kapustin Yar contre des Yak- (5.905 exemplaires), La-9 (1882 28 et Tu-4 jusqu’en 1954. En exemplaires) et La-11 (1182 mai 1955, le système S-25 (SA- exemplaires), soit un total de avion-fusée La-162 à RD-2M-ZV (1946) 1 Guild) est intégré dans l’ar- 25.616 avions. Pendant la mement : environ 3200 guerre, les adjoints de Lavotchkine sont lanceurs fixes sont déployés autour de Moscou. S.M.Alexeiev4 et L.A.Zaks5. Il donne naissance au missile 206 en 1952 (mo- Après la guerre, l’OKB a réalisé des avions à teur à une chambre S2-145), 207 en 1952, 207A réaction : La-150 (1946), La-152 (1946), La-156 en 1953/54, 208 en 1952, 207T/215 à ogive nu- (1947, premier avion à post-combustion), La-160 cléaire en 1956/57 7, 217 (moteur S3-42A), 217A

14 - juin 2018 - Bulletin d’information de l’Institut Français d’Histoire de l’Espace (moteur S5-1), 217M (système sile V-500 sont décidés. Le 15 S-25M), 217T/218 à ogive nu- février 1963, un décret arrête cléaire, 217MA/5Ya25 (moteur DAL, DAL-M et DAL-2 au profit S5-41/5D25), 219/5Ya24 (mo- du S-200 de Grouchine. teur S5-44/5D25M), 219S/44N6 En 1958/62, l’OKB a égale- à ogive nucléaire en 1979/81. ment travaillé sur d’autres pro- La système S-25 a été retiré du © Photo C. Lardier jets : service en 1984 et remplacé La-17 à stato RD-900 (1950/54) - la fusée 220 (V-600) qui de- par le S-300. Les missiles ont vait être dotée d’un moteur A6- été utilisés comme engins-ci- 12 à deux niveaux de poussée bles : 205/Kounitza en (4000-1500 kg) développé par 1965/70, 207/Sobol et Belka L. S. Douchkine. en 1970/88, 217M/Zvezda en - la fusée 225 (3,94 t) pour le 1988/93, 5Ya25M et L’objet 205 du missile V-300 (1950/54) système S-50 de protection de 5Ya24/Strij depuis 1993. Leningrad. Le 20 avril 1956, la médaille de héros - la fusée 425 pour le système antimis- du travail socialiste est attribuée à siles A-10 Choukine (Comité spécial), Vetochkine - la fusée 435 pour le système antimis- (ministère industrie défense), Rasple- siles A-35 tine, Kissounko (KB-1), Lavotchkine missile air-air G-300 en 1950 (OKB-301), Isaiev (OKB-2 NII-88), En 1950/52, Lavotchkine réalise la Mintz (radars) pour le S-25. La même fusée air-air G-300 (objet 210) capable année, Lavotchkine devient construc- d’atteindre une cible à 15 km. Le bom- teur général. En 1958, il est élu mem- bardier Tu-4 devait être doté d’un radar bre-correspondant de l’Académie des D-500 et de quatre fusées G-300. D’un sciences. poids de 1000 kg, elle était identique à

En 1955/58, l’OKB développe le missile © Photo C. Lardier l’objet 205 avec un accélérateur à pou- V-400 Dal (SA-5 Griffon) pour la protec- dre. En 1952, l’objet 211 est doté d’un L’objet 205 tion de Leningrad. C’est une moteur d’Isaiev à deux niveaux fusée de 8,75 t composée d’un de poussée qui permet d’amé- accélérateur à poudre PRD-70 liorer les caractéristiques balis- de I. I. Kartoukov et d’un étage tiques et de supprimer à liquide doté d’un moteur R01- l’accélérateur à poudre. Les 154 de S. A. Kosberg. Il pos- essais en vol sont réalisés à sède un radar semi-actif du La-250 Anaconda (1954/60) Kapustin Yar à la fin 1952, NII-17 (Slepouchkine) et d’un mais le programme est aban- autopilote de l’OKB-923 (Anti- donné. En 1953/60, il déve- pov). Le premier vol a lieu le 30 loppe l’avion La-250 Anaconda décembre 1958 à Sary-Sha- avec le système air-air K-15. gan. Le 9 juin 1960, lors d’un Le missile (800 kg), à ergols li- essai, Lavotchkine meurt d’une quides, est développé en ver- crise cardiaque à Sary-Sha- La-350 Bouria (1954/60) sion radioguidée (objet 275), à gan. Il est remplacé par M. M. radar semi-actif (objet 277), à Pachinine8. Le 3 août, la pro- ogive nucléaire (objet 279). duction en série à l’usine n°82 Une version à ergol solide est décidée. Mais les essais (objet 280) est aussi étudiée. d’interception échouent tous Mais le programme est aban- en 1962 et le programme est donné au profit du Tu-28-80 de arrêté après 77 tirs. Entre- Tupolev. temps, dès juillet 1959, le DAL- En 1954/60, il développe le M avec le missile 420 à trois missile de croisière La-350 e étages et le DAL-2 avec le mis- La-400 Dal (1958/62) Bouria. Le 1 étage consiste en juin 2018 - Bulletin d’information de l’Institut Français d’Histoire de l’Espace - 15 deux boosters à liquide dotés succès de Babakine. Il dirige chacun d’un moteur d’Isaiev S- l’OKB pendant 76 mois et 2-1150 à quatre chambres (65 meurt le 3 août 1971. t de poussée unitaire), tandis Ses successeurs sont S. S. e que le 2 étage est un avion à Krioukov12 en 1971/77, V. M. aile delta (flèche de 70°) pro- Kovtounenko13 en 1977/95, V. pulsé par un statoréacteur RD- A. Serebrennikov14 (intéri- 012U de M. M. Bondariouk. Le Luna-9 à 14 (1966/68) maire) en 1995/96, S. D. Kou- 1e tir en juin 1957 est un suc- likov15 en 1996/2003, K. M. cès (4000 km), mais les trois Pitchkhadze16 en 2003/2005, autres vols de 1957/58 sont G. M. Polechouk17 en e des échecs. Un 4 vol réussira 2005/2010, V. V. Khartov e en 1959, ainsi que le 5 et der- (1955) en 2010/2015, S. A. Le- e nier le 16/12/60 (8000 km). Les mechevsky (1961) en 2015 (1 travaux sont arrêtés après la adjoint O. S. Grafodatsky). mise en service de la R-7 de A partir de 2003, le chef de Evpatoria, premières photos de Luna-9, de g. à dr., ? (KIK), Korolev. Deux autres missiles You.K.Khodarev (NII-885), A.I.Lebedinsky, E.Ya.Bogous- l’OKB est A. A. Moicheiev lavsky (NII-885), B.E.Tchertok (OKB-1), de croisière sont étudiés : G.N.Babakine(OKB-301), I.I.Pikovsky (NII-885),assis (1944) en 2003/2008, K. M. - l’objet 325 : bombardier su- M.V.Keldysh (Académie des sciences). 1966 Pitchkhadze (1944) en personique (turboréacteur VK- 2008/2015, M. B. Martynov en 15) en 1956/57 2015/2017, A. E. Chirchakov - l’objet 375 : engin expérimen- en 2017. tal à statoréacteur nucléaire en Le directeur de l’usine est You. 1955/60 B. Eskine en 1937/51, V. N. En 1960, N. S. Tcherniakov9, Lissitsyne (1905-1978) en qui dirigeait le programme La- 1951/53, I. N. Loukine 350, et une partie de son (1906- ?) en 1954/70, A. P. Mi- B.N.Petrov, G.N.Babakine et trois collègues au équipe, sont allés chez Tchelo- Salon du Bourget de juin 1967 lovanov (1918-2012) en mei. Mais il n’y reste qu’un an 1970/87, A. M. Baklounov avant de partir chez Sukhoï. (1930-2015) en 1989/96, V. N. Po- Finalement, le 18 décembre 1962, letsky, A. P. Tioutiounnikov. L’ingé- l’OKB et l’usine deviennent la filiale nieur principal est A. P. Milovanov n°3 de l’OKB-52. Le chef de la fi- en 1954/70, A. M. Baklounov en liale est A. I. Eïdis10, adjoint de 1970/87, N. I. Laptev (arrêté en Tchelomei. L’entreprise se consa- 1996), etc. Le chef de la production cre alors à la production de mis- est V. I. Tetliatnikov en 1960/80, R. siles navals P-5, P-6, P-7, P-35, V. Komaiev en 1980/99, etc. Ametist. Trois ans plus tard, le 2 Les programmes de l’OKB sont les mars 1965, l’entreprise reprend suivants : son autonomie au sein du minis- Luna-16 (1970) 1-Dans le domaine des sondes in- tère des machines générales terplanétaires : (MOM). Elle est confiée à G. N. - Luna E-6, E-7, E-8 (Luna-9 à Babakine11 qui devient le Luna-24) : 26 exemplaires constructeur principal des sondes Actuellement, il travaille sur les interplanétaires Luna, Venera et Luna-25/Luna-Glob (2020), Luna- Mars, ainsi que de l’étage supé- 26 (2021), Luna-27 (2022), Luna- rieur Bloc-L (activités de l’OKB de 28/Luna-Grunt (2024). Korolev qui sont transférées de - Venera V67, V69, V70, V-72, 4V,

Podlipki à Khimki). Korolev meurt 1e rang, g à dr, G.A.Tiouline, G.N.Babakine, 5V (Venera-4 à 16, Vega-1 et 2) : S.A.Afanaseiev, 2e rang, B.N.Petrov, le 14 janvier 1966 et la sonde B.A.Stroganov, You.N.Troufanov, 3e rang, 18 exemplaires Luna-9 se pose en douceur sur la M.Ya.Marov, V.A.Salnikov, V.V.Domokhovsky, Actuellement, il étudie le Venera- You.N.Koptev, R.S.Kremnev. 1970 Lune le 3 février : c’est le premier D en coopération avec la Nasa 16 - juin 2018 - Bulletin d’information de l’Institut Français d’Histoire de l’Espace pour l’après-2025. tions Kupon/Bankir en 1997 : 1 - Mars M-69, M71, M73, 4NM, exemplaire 5NM, 1F (Mars-2 à 8, Phobos-1 - les satellites météorologiques et 2, Phobos-Grunt) : 13 exem- Elektro-L (n°1 en 2011, n°2 en plaires 2015, n°3 en 2018). Actuellement, il travaille sur l’Exo- - les satellites Arktika-M à partir mars-2020 en coopération avec de 2019. l’ESA et le programme Expedit- 4-Dans le domaine des étages sia-M qui comprend la sonde Luna-17 avec Lunokhod-1 supérieurs : e Phobos-Grunt-2 (Boomerang) - le Bloc-L (4 étage de Mol- pour 2024 et la sonde Mars- nya) : 285 exemplaires en Grunt pour l’après-2025. 1967/2005. - le projet Laplace d’explora- - le Fregat (lanceurs Soyouz tion de Jupiter prévu en 2026. et Zenit) : 65 exemplaires en 2-Dans le domaine des 2000/2017. sondes scientifiques : La structure de l’OKB : - Prognoz (SO, SO-M, SO- En 1960, les secteurs sont M2) : 12 exemplaires transformés en KB : Evpatoria, alunissage de Luna-17, M.V.Keldysh, - les observatoires astrono- M.S.Riazansky, ? , E.P.Molotov, A.P.Vinogradov, KB-1 : vue générale (Mikhail miques Astron (1A n°602), M.D.Millionchikov, G.N.Babakine. 17-11-1970 Ivanovitch Tatarintsev, Ilya Ni- Granat (1AC n°420), Spectre- kolaievitch Fedorov (1909-1996), R/Radioastron (2011), Spectre- Razan Sadykovitch Sadykov, RG (2019), Spectre-UF ou etc) WSO-UV (2021), Gamma-400 et KB-2 : aérodynamique (Mikhail Spectre-M ou Millimetron (2023), Kirillovitch Rojdestvensky, Arkadi Interheliozond (après 2025). Tigranovitch Ouloubekov, Vene- - les microsatellites MKA/Karat : dikt Pavlovitch Kariagine, etc) Zond-PP (2012), Relek (2014), KB-3 : ? Resonance (2021). Venera-4 (1967) KB-4 : système de direction, ba- 3-Dans le domaine des satellites listique, dynamique du vol (David d’applications : Konstantinovitch Brontman, Youli - les satellites d’alerte avancée Davidovitch Volokhov, Fedor Mi- US-K/Oko et US-KMO/Oko-2 : 99 khailovitch Ovseienko, M.A.Ro- exemplaires en 1972/2006 zenberg, O.V.Papkov, Nikolai - les satellites d’imagerie optique Dmitrievitch Kapyrine, Alexandre Arkon-1 n°6420 en 1997 et Sergueievitch Demekhine, Vladi- n°6421 en 2002 : 2 exemplaires mir Pavlovitch Panteleiev, Sta- - le satellite de télécommunica- Mars-69 (1969) nislav Danilovitch Koulikov, etc)

Les dirigeants de l’entreprise : You.B.Eskine, A.A.Doubovine, S.A.Lavotchkine, V.P.Gorbounov, M.I.Goudkov, V.N.Lissitsyne, I.N.Loukine, G.N.Ba- bakine, A.P.MIlovanov, S.S.Krioukov, V.M.Kovtounenko, S.D.Koulikov, K.M.Pitchkhadze, G.M.Polechouk, V.V.Khartov, S.A.Lemechevsky. juin 2018- Bulletin d’information de l’Institut Français d’Histoire de l’Espace - 17 KB-5 : systèmes radio et antennes (Vassili Geor- général en 1956/60, Général-major-ingénieur en gievitch Timonine, Mikhail Borissovitch Faïnch- 1942, membre-correspondant de l’Académie des tein, Alexandre Nikolaievitch Diatlov, A.V.Kantor, sciences en 1958, Héros du travail socialiste en Boris Alexeievitch Prigoda, etc) 1943/56, Prix d’état en 1941/43/46/48. KB-6 : dispositifs électriques (Samouil Idelevitch 3 Mikhail Ivanovitch Goudkov (1904-1983) ter- Kroupkine, Andrei Borissovitch Izmailov, etc) mine le MAI en 1934, travaille au TsAGI en KB-7 : construction (Abram Lvovitch Gourevitch, 1934/36, à l’usine n°126 de Komsomolsk-sur- e Anatoli Konstantinovitch Bolchakov, Vladimir Amour en 1936/37, au 4 secteur de la 1 glavka Alexeievitch Serebrennikov, etc) du ministère en 1937/39, à l’OKB-301 en 1939/43 KB-8 : installation motrice, thermorégulation (Ni- (chef en décembre 1940, prix Staline en 1941, kolai Nikolaievitch Gorochkov, Leonid Nikolaie- avion Gu-1 type Aerocobra), à l’usine n°84 en vitch Mikhailov, Ivan Alexeivitch Skrobko, etc) 1943/44, à l’usine n°51 en 1944/46 (Tchelomei), KB-9 : dispositifs terrestres (A.A.Petrov, etc) à l’OKB-2 de l’usine n°1 d’Ivankovo (Berezniak) Secteur des essais en vol (Dmitri Dmitrievitch Po- en 1946/53, à l’usine n°491 de Savelovo en louianov, Igor Nikolaievitch Selivokhine, Vladimir 1953/55, à l’usine n°424 de Dolgoproudny en Vladimirovitch Kamnev, Boris Evguenievitch Ko- 1956/59 (stratostat Volga), à l’usine n°648 Uni- logrivov, etc) versal en 1959 (parachutes). En 1972, les KB sont transformés en complexes : 4 Semen Mikhailovitch Alexeiev (1909-1993): -Complexe 100 : sondes scientifiques (Roald Sa- Termine le MAI en 1933, entre dans vovitch Kremnev, Konstantin Mikhailovitch Pitch- l’OKB de Tchijevsky, dans l’OKB de khadze, etc) Doubrovine en 1937, dans l’OKB- -Complexe 200 : ? 301 en 1939, dans l’OKB-21 en e -Complexe 300 : ? 1941, 1 adjoint de Lavotchkine en -Complexe 400 : satellites d’applications (Stanis- 1941/46, constructeur principal de lav Danilovitch Koulikov, Alexandre Lvovitch Ro- l’OKB-21 en 1946/48, chef de l’OKB-1 de l’usine dine) n°1 d’Ivankovo en 1948/50, chef complexe au -Complexe 500 : construction (Vladimir Alexeie- LII en 1950/52, constructeur principal de l’usine vitch Serebrennikov, Alexandre Alexandrovitch n°918 de Tomilino (NPP Zvezda) en 1952/64 Moicheiev, etc) (sièges éjectables, scaphandres, moyens de -Complexe 600 : travaux expérimentaux (V.I.Da- survie), puis adjoint en 1964/74, puis construc- vydov, Nikolai Alexandrovitch Markatchev) teur en chef en 1974/87. Héros du travail socia- -Complexe 700 : essais en vol (Valerian Nikolaie- liste en 1961. vitch Baïkine, etc) 5 Leonid Alexandrovitch Zaks (1912-1999) : Ter- -Complexe 800 : ? mine le MAI en 1937, entre dans -Complexe 900 : essais électriques (O.V.Kovtou- l’OKB-301 en 1939, chef de la bri- nenko, E.N.Maslov) gade aérodynamique, constructeur L’OKB et l’usine forment une association (NPO) principal adjoint jusqu’en 1960 en 1974. En 1985, les complexes sont transfor- (avions, missiles, installations ter- més en Centres (le Complexe 100 devient le restres), adjoint filiale n°3 OKB-52 Centre Babakine). en 1960/63, chef de l’OKB Vympel en 1963/74 -Le personnel de l’OKB : (installations terrestres). 1 Vladimir Petrovitch Gorbounov (1903-1945) : 6 Piotr Dmitrievitch Grouchine (1906-1993): Ter- termine le MAI en 1931, travaille chez Tupolev, mine le MAI en 1932, OKB du MAI, e au 4 secteur de la 1 glavka du ministère en constructeur principal usine n°135 1937/39, chef de l’OKB-301 en 1939/40 (prix Sta- de Kharkov en 1940, adjoint de La- line en 1941), chef et constructeur principal de votchkine à l’usine n°21 de Gorky en l’OKB-31 de Taganrog en 1940/44, transféré à 1941, à l’usine n°381 de Moscou en l’usine n°458 d’Ivankovo en 1944. 1943, professeur au MAI en e 2 Semen Alexeievitch Lavotchkine (1900-1960) : 1946/51, 1 adjoint de Lavotchkine en 1951/53, Termine le MVTU en 1927, travaille à l’OKB-301 constructeur principal de l’OKB-2/Fakel de en 1939, à l’OKB-21 de Gorky en novembre Khimki en 1953, constructeur général de missiles 1940, chef de l’OKB-301 en 1943, constructeur sol-air en 1959/88. Docteur, professeur, Acadé- 18 - juin 2018 - Bulletin d’information de l’Institut Français d’Histoire de l’Espace e micien en 1966, Héros du travail socialiste en il retourne à la NPO Energyia comme 1 adjoint 1958/81, prix Lénine en 1963, prix d’état en 1965. du constructeur principal. Docteur es sciences 7 Quatre tirs de Kapustin Yar les 19 janvier 1957, techniques en 1956, Héros du travail socialiste e 1 et 3 novembre 1958 et 6 septembre 1961 avec en 1961, Prix Lénine en 1957, Prix d’état en 1978 explosion d’une bombe de 10 kt. 13 Viatcheslav Mikhailovitch Kovtounenko (1921- 8 Mikhail Mikhailovitch Pachinine (1902-1973) : 1995) : Termine l’Université de Lé- Termine le MAI, travaille à l’usine ningrad en 1946, entre dans l’OKB-1 n°1, constructeur principal de l’OKB- de Korolev en 1946/54, constructeur 21 en 1939/40 (chasseur I-21), principal adjoint de Yangel en passe dans l’OKB-301 où il devient 1954/77, constructeur principal en adjoint en 1951, puis 1e adjoint en 1977/88, constructeur général en 1957/60, chef de l’OKB en 1960/62 1989/95, Membre-correspondant de l’Académie e (1 adjoint B.N.Landychev), puis travaille au la- des sciences en 1984, Héros du travail socialiste boratoire n°10 du TsAGI. en 1961, Prix Lénine en 1960, Prix d’état en 1978 9 Naum Semenovitch Tcherniakov (1915-1998) : 14 Vladimir Alexeievitch Serebrennikov (1926) : Termine le MAI en 1939, travaille à Termine le MAI en 1949, entre chez l’OKB-301, à l’OKB-21 en 1941/43, Lavotchkine (KB-7), prix d’état en adjoint de Lavotchkine en 1946, 1980, Héros du travail socialiste en e constructeur principal en 1957/60 1986 (Vega), 1 adjoint en 1987/98, (Bouria), adjoint de Tchelomei en patron intérimaire en 1995/96, puis 1960/61, adjoint de Sukhoï en 1962 constructeur principal adjoint. (T-4 ou avion 100), Docteur es sciences tech- 15 Stanislav Danilovitch Koulikov (1936-2005) : nique en 1962, professeur en 1966. Termine MAI en 1960, puis travaille 10 Aaron Ionovitch Eïdis (1913-2004) : Termine l’ins- chez Lavotchkine, Docteur es titut en 1937, travaille à l’usine n°22, sciences techniques et professeur adjoint de M. V. Orlov au NII-642 en en 2001, prix d’état en 1999. 1952, adjoint de Tchelomei en 1958, chef de la filiale n°3 en 1962/65, 16 Konstantin Mikhailovitch Pitchkhadze (1944) : constructeur général adjoint de l’OKB- Termine le MAI en 1968, entre chez 52 en 1965/85, prix Lénine en 1967. Lavotchkine, chef du centre Babakine e 11 Gueorgui Nikolaievitch Babakine (1914- en 1997, patron en 2003/2005, 1 ad- 1971): Radiotechnicien en 1930/43, joint en 2005, docteur es sciences travaille au à l’Institut d’automatique techniques en 2000, prix d’état en où il s’occupe de guidage de fusées 1986. sol-air en 1943/49, au NII-88 en 17 Georgui Mikhailovitch Polechouk (1940) : Ter- 1949/51, à l’OKB-301 où il devient mine l’académie Dzerjinsky en 1967, constructeur principal adjoint en travaille au centre d’espionnage spa- 1960. En mars 1965, il est nommé constructeur tial du GRU (unité 54023) en principal des sondes interplanétaires. Il devient 1967/89, chef adjoint glavka de docteur es sciences techniques en 1968, mem- l’Etat-major en 1989/98, s’occupe de bre-correspondant de l’Académie des sciences l’observation de la Terre à la RKA en en 1970, Héros du travail socialiste en 1970, Prix 1998/2005, patron de Lavotchkine en 2005/2010, Lénine en 1966. général-lieutenant, docteur es sciences tech- 12 Serguei Sergueievitch Krioukov (1918-2005) niques, professeur, prix d’état en 1993. : Termine le MVTU en 1946, puis - Vladimir Evgrafovitch Ichevsky (1913-1990) : entre dans l’OKB de Korolev où il termine le technicum par cours du sera constructeur principal adjoint soir, entre au TsAGI (avions de Tu- en 1961/66. En désaccord avec Mi- polev), entre à l’OKB-301, prix chine, il redevient chef de secteur d’état en 1949, constructeur princi- en 1966/70. En mars 1970, il de- pal adjoint, prix Lénine. e vient 1 adjoint de Babakine, puis il succède à ce dernier en 1971/77. Ensuite, en décembre 1977, - Oleg Grigorievitch Ivanovsky (1922-2014) : ter- juin 2018 - Bulletin d’information de l’Institut Français d’Histoire de l’Espace - 19 mine le technicum industriel en - Vladimir Guennadievitch Perminov (1931) : 1941, armée en 1941/46, Institut des constructeur en chef des Venera et liaisons de Mytichi en 1946/47, NII-88 Mars, prix Lénine en 1970. en 1947, termine le MEI par cours du pseudonyme Vladimir Priamov soir en 1953, OKB-1, secrétaire du Parti, constructeur en chef adjoint de Spoutnik en 1957, constructeur en chef du Vostok en 1958/61, chef de secteur de la VPK en 1961/65, OKB-301 en - Alexandre Lvovitch Rodine (1933) : Termine 1965, adjoint pour les Luna en 1968/76, travaille sur l’institut en 1959, entre chez La- les satellites Prognoz et Astron, directeur du musée votchkine, constructeur en chef de e en 1983, prix Lénine en 1960, prix d’état en 1978. Venera-4, 1 adjoint pour science e - Roald Savovitch Kremnev (1929) : termine l’Ins- en 1985, 1 adjoint pour les appli- titut d’aviation de Kazan en 1953, il cations en 1989, adjoint pour les devient adjoint de Babakine en satellites en 1998, prix d’état. 1969, directeur du Centre Babakine - Anatoli Grigorievitch Tchesnokov (1926-2016): en 1985, prix Lénine en 1986, prix entre à l’OKB en 1945, termine le d’état en 1972. MATI par cours du soir en 1952, constructeur principal des satellites e - Garri Nikolaievitch Rogovsky (1931-2008) : 1 d’alerte avancée du type Oko en adjoint du centre Babakine, prix Lé- 1969, prix Lénine en 1981. nine en 1973 - Samouil Idelevitch Kroupkine (1921) : termine le MAI en 1943, OKB-301, chef KB- 6 en 1964/74, adjoint de complexe en 1974/90, prix d’état. - Youri Pavlovitch Delvine (1930-2017) : OKB en pseudonyme Semen Kroupnov 1954/2005, constructeur en chef des Luna, prix d’état - Victor Nikolaievitch Karatchevsky (?) : construc- teur en chef des satellites Prognoz. - Vladimir Andreievitch Assiouchkine (1945) : termine le MAI en 1968, entre chez Lavotch- - Leonid Nikolaievitch Mikhailov ( ?) : chef de sec- kine, constructeur principal des teur. étages supérieurs (Fregat).

- Konstantin Georguievitch Soukhanov (1941) : - Alexandre Sergueievitch Demekhine (?) : chef termine le MAI en 1964, chef du de secteur. secteur de balistique, prix d’état en 1982.

- Dmitri Dmitrievitch Polouianov (?) : termine le - Vladimir Pavlovitch Panteleiev (1930) : termine MAI en 1947, entre au NII-88, puis le MVTU, entre à l’OKB-301, à l’OKB-301, adjoint pour les es- constructeur principal adjoint, prix sais en vol. Lénine en 1970.

- Igor Nikolaievitch Selivokhine (1932-1982) : ad- - Victor Nikolaievitch Smorkalov (1936-2006) : di- joint pour les essais en vol en 1972, prix Lénine. recteur des vols pour les sondes Luna. 20 - juin 2018 - Bulletin d’information de l’Institut Français d’Histoire de l’Espace Le livre des résultats scientifiques de la mis- sion Lunokhod-1 publié par Nauka en 1971 :

- Vladimir Vladimirovitch Kamnev (1932-1985) : adjoint pour les essais en vol en 1982, prix Lénine en 1986, prix d’état en 1981.

- Valerian Nikolaievitch Baïkine (?) : chef du com- plexe n°700, prix d’état pour le sa- tellite Oko-2. Les auteurs du chapitre n°1 sur la construction de Luna-17 (E-8) ont pris des pseudonymes : -K.S.Anisov : R.S.Kremnev (1929) -V.I.Mastakov : V.E.Ichevsky (1913-1990) - Youri Markovitch Zavetsky (1938-2012) : -O.G.Ivanov : O.G.Ivanovsky (1922-2014) pseudonyme Youri Markov -L.N.Leonidov : L.N.Mikhailov - Mikhail Borissovitch Faïnchtein ( ?) : -G.N.Nikolaiev : G.N.Babakine (1914-1971) pseudonyme M. Borissov -A.D.Dnieprov : A.S.Demekhine Certains ont eu une carrière institutionnelle : -A.K.Alexandrov : A.L.Kemourdjian (1921-2003) - Youri Nikolaievitch Koptev (1940) : termine le -P.S.Semenov : P.S.Sologoub (1928) MVTU en 1965, entre dans l’OKB- -A.F.Gratchev : A.F.Soloviev (1931-1995) 301, puis au MOM (ingénieur, chef -V.I.Komarov : V.I.Komissarov (1934-2009) de secteur, 1e adjoint, chef de la di- -G.N.Chesternev : G.N.Korepanov (1935) rection spatiale en 1977, ministre -A.V.Rybakov : A.V.Mitskevitch (1934) adjoint en 1988, chef de l’agence -R.L.Bykova : R.L.Bykhovskaya spatiale (RKA) en 1992/2004, chef de départe- -M.I.Bolchov : M.I.Malenkov (1942) ment au ministère de l’industrie et de l’énergé- -F.P.Yakovlev : F.P.Chpak (1939-2007) tique en 2004/2008, travaille chez Rostech -V.K.Michkine : V.K.Michkiniouk (1938-1998) depuis 2008, docteur es sciences, professeur, -M.B.Kolessov : M.B.Schwartzbourg prix d’état en 1978/93/99. -P.N.Naoumov : P.N.Brodsky (1929) - Alexandre Ivanovitch Medvedchikov (1945) : Dans les autres chapitres : termine le MAI en 1970, entre à -V.P.Poutchkov : V.P.Panteleiev (1930) l’OKB-301, instructeur de la section -F.I.Babkov : F.I.Babitch MOM du secteur d’industrie de dé- -A.A.Alexandrov : A.A.Bolchoï (1910-1985) fense au Comité central du PCUS, -P.A.Artemiev : P.A.Agadjanov (1923-2001) chef de secteur à RosObcheMach -G.I.Bogatov : G.I.Bogatyrev en 1991, directeur général adjoint -I.A.Elenov : I.A.Zelenov pour la coopération internationale à la RKA en -V.A.Ryvkina : V.A.Korovkina 1992/2008, officier de la Légion d’honneur en -E.G.Ouzkiï : E.G.Rouzkiï 2003. -A.I.Chakhov : A.I.Cheïkhet - Mikhail Nikolaievitch Khaïlov (1973) : termine le -You.P.Kotlov : You.P.Titlyash MAI en 1996, entre dans l’OKB- -L.N.Polenov : L.N.Poliakov 301, directeur général adjoint de -B.I.Garin : I.S.Bolkhovitinov (1933-2016) Roscosmos pour les satellites Nota : mes remerciements à Mikhail Ivanovitch automatiques (remplace A.E.Chi- Malenkov, un des créateurs du chassis de Luno- lov) en octobre 2014. khod au VNII TransMach, qui a retrouvé les pseudonymes de ses collègues à l’Institut. juin 2018 - Bulletin d’information de l’Institut Français d’Histoire de l’Espace - 21 e Il y a 50 ans, le Centre spatial de Guyane (1 partie). Les origines et les enjeux Par Philippe Varnoteaux, docteur en Histoire, membre de l’IFHE Depuis les années 50 et jusqu’en 1967, les tirs gins classifiés en plein cœur d’un… Etat indépen- de fusée militaires et civils s’effectuaient en dant. Ainsi dès le 4 juillet 1962, le ministre des grande partie1 depuis le Centre interarmées Armées, Pierre Messmer, décide de faire rapa- d’essais d’engins spéciaux (CIEES) de Colomb- trier en métropole les moyens techniques et hu- Béchar en Algérie2. L’indépendance algérienne mains pour procéder au plus vite aux essais remettait en cause la présence française dans le depuis un centre établi près de Biscarosse dans Sahara. La crainte, un jour, de subir un éventuel les Landes.4 Pour Pierre Morin, ingénieur au chantage de la part des autorités algériennes a CNES en 1964 (puis chef adjoint de la division décidé les responsables politiques français de Opération du CSG en 1973), estime que la déci- e fermer le CIEES au 1 juillet 1967. Si les essais sion des militaires a été prise «trop militaires pouvaient être effec- rapidement».5 Pierre Messmer a tués depuis la métropole, en re- ainsi pris de court les scienti- vanche pour les lancements fiques du CNES… Lancer des fu- spatiaux, cela semblait plus pro- sées-sondes depuis Biscarosse blématique… aurait été envisageable, en re- vanche pour satelliser, il y aurait Les conséquences des ac- eu davantage de difficultés cords d’Evian et la décision comme le rappelait en 2001 le gé- unilatérale des militaires néral Robert Aubinière, le premier En mars 1962, au moment où directeur général du CNES (1962- sont signés les accords d’Evian 1972) : «Les Landes étant orien- entre les autorités politiques tées vers l’ouest, ça ne pouvait françaises et algériennes pas coller pour le champ de tir

conduisant à l’indépendance de ©© Universal Photo / Collection Ph. Varnoteaux spatial».6 Pourquoi ? En fait, en ti- l’Algérie (5 juillet), les scienti- rant vers l’est, une fusée profite de général Robert Aubinière en 1971 fiques mettent en place le Cen- l’effet de la rotation de la Terre ac- tre national d’études spatiales quérant ainsi un supplément de vi- (CNES), l’agence française de l’espace créée tesse. Cependant tirer vers l’est depuis les Landes quelques mois plus tôt. De leur côté, les militaires, présenterait des risques pour les populations sous la conduite de la Société pour l’étude et la comme le souligne justement Pierre Morin : «L’axe réalisation d’engins balistiques (SEREB), sont en- idéal était en direction du sud-est, celui qui permet gagés dans le développement de missiles balis- de profiter au maximum de l’effet de fronde (…) tiques pour la force de frappe nucléaire, ainsi que [mais] il aurait fallu survoler la région de Toulouse, d’un lanceur de satellites (Diamant) - appelé à le Languedoc… hors de question compte tenu des être mis à la disposition du CNES et dont le pre- risques que l’on ferait courir à des millions de ci- mier tir est prévu pour 1965, au plus tard 1966. toyens».7 «Par conséquent, précisait Robert Au- Au moment où l’Algérie proclame son indépen- binière, il nous fallait trouver un [autre] champ de dance, il n’est donc pas question de procéder aux tir [pour le] spatial. Nous avons hésité…». tirs balistiques et au lancement du premier Dia- mant ailleurs qu’en Algérie : les infrastructures et Le temps des hésitations les champs de tir du CIEES sont prêts ou en Le CNES réfléchit très vite au projet de la future passe de l’être.3 En outre, le pouvoir algérien ne base spatiale. En juin 1962, lors d’un Conseil souhaite pas forcément le départ des Français d’Administration du CNES, son président Pierre qui, en avril 1962, ont négocié leur présence Auger évoque la question en soulignant l’avan- e jusqu’au 1 juillet 1967. tage qu’aurait un champ tir se trouvant proche Cependant pour les militaires français, il n’est d’une zone équatoriale et avec une ouverture guère souhaitable de poursuivre les essais d’en- vers l’est. Jacques Blamont, alors directeur 22 - juin 2018 - Bulletin d’information de l’Institut Français d’Histoire de l’Espace scientifique et technique du CNES, nous déclara un jour être tirés des lanceurs européens. Cer- il y a quelques années : «Oui, je me souviens tains évoquent ainsi la Côte d’Ivoire, une an- bien de cette affaire-là. On a très tôt évoqué la cienne colonie française indépendante depuis question d’un champ de tir équatorial, peu de août 1960, un pays plus proche de l’équateur. Le temps après la création du CNES. J’ai proposé site de Bouaké est même pressenti.13 Toutefois, la Guyane à Auger et Aubinière en juillet 1962 et les discussions avec les partenaires européens j’ai envoyé à ce moment-là Jacques Seince à n’incitent à pas poursuivre. Nouvelles hésitations. Cayenne. C’est lui qui a alors identifié le site de C’est dans ce contexte que revient l’idée d’instal- Kourou».8 Une première mission exploratrice ler une base spatiale en métropole même… semble donc avoir été organisée par Jacques Seince, alors le patron des fusées-sondes à pro- Et pourquoi pas une base spatiale en métro- pulsion solide au sein de la société Sud Aviation. pole ? L’idée de la Guyane a germé semble-t-il à la suite L’idée d’installer une base spatiale en métropole d’une visite en Argentine des installations de Cor- n’était pas nouvelle, elle avait déjà été émise l’an- doba et de Chamical.9 Un rapport est établi par née précédente. Alors que le CNES n’existait pas Jacques Seince qui, des années plus tard, se encore, les affaires spatiales étaient depuis janvier souvenait de cet épisode. Dans une lettre adres- 1959 entre les mains du Comité des recherches sée à Jacques Blamont en 2002, celui-ci écrit : spatiales (présidé par Pierre Auger). Ce dernier «Vous aviez préparé et annoncé cette visite à la remet le 23 mai 1961 un rapport dans lequel est Préfecture de Cayenne dont l’aide me fut très ef- posée la question de l’opportunité d’établir une ficace. Je ne possède plus le rapport que je vous base spatiale en métropole même, pour des lan- avais transmis (il y a 40 ans !), mais j’ai en mé- cements de fusées de faibles ou moyennes per- moire ses principales conclusions : un seul site formances. Trois sites sont alors identifiés : la possible sans travaux démesurés : Kourou ; site presqu’île de Quiberon, Naouas près de Bisca- desservi par la route côtière Cayenne-Saint-Lau- rosse et Le Barcarès près de Perpignan.14 rent du Maroni ; terrain hors mangrove et hors Biscarosse et Quiberon posant le problème du tir forêt (sur l’emplacement du bagne) ; quelques vers l’ouest, la réflexion se porte fin 1962 sur la bâtiments réparables pour installer la préparation région de Perpignan. Le projet est alors soutenu des fusées (…). Mais, poursuit Jacques Seince, par Pierre Chiquet, le directeur de la division Equi- aucune suite ne fut donnée à ce projet».10 L’af- pements au sol au centre spatial de Brétigny : «Je faire en est restée momentanément là, principa- venais de créer ma propre direction d’équipe- lement du fait des difficultés logistiques que ments au sol. Je planchai déjà sur une étude de représentaient alors la Guyane et son éloigne- réseau de stations de poursuite. Alors, pourquoi ment de la métropole. pas un champ de tir ?». Toutefois, le CNES n’était Par ailleurs, et dans le même temps, des négo- qu’à ses débuts et manquait de moyens. Pierre ciations politiques entre six nations européennes Chiquet déclare alors à Robert Aubinière : «Mon (plus l’Australie) conduisent lentement (et labo- général, puisque nous sommes condamnés à la rieusement) à la création de l’ELDO11. L’objectif pauvreté, je ne vois qu’une solution : la côte fran- affiché est de réaliser le premier lanceur de sa- çaise du Languedoc-Roussillon. Elle seule est tellites européen : Europa. La France s’engage orientée vers l’est avec un large dégagement sur dans la construction du deuxième étage (Coralie) la mer».15 Robert Aubinière lui demande de de ce lanceur qui doit être testé et lancé depuis mener une enquête plus approfondie… un champ de tir particuliè- Pendant ce temps, la presse rement éloigné de l’Europe du sud de la France s’agite. : Woomera en Australie.12 Ainsi, le 11 janvier 1963, C’est la raison pour la- L’Indépendant titre en pre- quelle les responsables du mière page : «Un champ de CNES n’écartent pas la tir spatial serait créé entre possibilité de créer une Leucate et Perpignan» ; le base spatiale plus proche 12 janvier, Midi Libre écrit : de l’équateur que ne l’est © Droit réservé « La France aura près de Woomera, où pourrait bien Une du quotidien l’Indépendant, 11-1-1963 Leucate un champ de tir juin 2018 - Bulletin d’information de l’Institut Français d’Histoire de l’Espace - 23 pour fusées spatiales»16 ; le CNES, soulignant les intérêts du même jour, La Liberté, annonce site : «Entre Leucate et Le Barca- presque triomphalement : «Un rès, il y avait une bande de sable Cap Canaveral dans le Roussillon. avec, derrière, l’étang qui permet- Le premier satellite 100 % français tait une distance de protection suf- serait lancé en mars 1965». Sa- fisante. C’était une solution à chant que pour lancer des satel- moindres frais. On pouvait loger lites plus lourds il serait toujours les gens à Perpignan [à 25 km], possible de faire appel aux Améri- EDF n’était pas loin, on pouvait cains (puis plus tard au lanceur mettre un radar vers Perillos, une européen), l’emplacement près de base arrière technique vers Perpignan pouvait donc convenir Salses, et les moyens de téléme- pour des lancements de faibles ou sure sur le rocher de Leucate»17, moyennes charges utiles. Situé sans oublier la présence d’un aé- entre Leucate et Le Barcarès, rodrome prévu pour la Caravelle. s’étendant sur une bande côtière En mai, les responsables du étroite de 500 m à 1 km de largeur CNES acceptent de financer une et de 10 km de long orientée nord- étude plus poussée. Seulement, sud, le site permettait des tirs en contrairement à ce que laissent direction de l’est au-dessus de la entendre plusieurs médias mer Méditerranée. comme ceux cités ci-dessus, les

Il n’y a pas que la presse qui natu- © Collection Ph. Varnoteaux autorités politiques sont moins en- rellement s’intéresse à cette af- Carte du littoral du Languedoc Rous- jouées et finissent par rejeter faire. Les politiques la suivent de sillon où pourrait être installée la base de l’idée. L’une des raisons évoquées près et au plus haut niveau, lancement, extrait de l’Indépendant, tenait au fait que la région pouvait comme le souligne l’Indé- 11-1-1963 devenir une nouvelle «Ri- pendant le 11 janvier 1963 : viera française» et qu’en ins- «L’intérêt que prend le géné- tallant une base spatiale ral de Gaulle au programme cela risquait de faire fuir les spatial français n’est un se- touristes. Cet argument trou- cret pour personne. La se- vait d’ailleurs un écho dans maine passée, le Président une partie de la presse de la République s’est fait comme dans Aux écoutes projeter à l’Elysée le film du du monde : «Sur le plan tou- lancement au Sahara de la ristique, Leucate se situe au fusée Topaze. Cette fusée © Cnes centre d’une région en plein qui a été lancée dans des Fenêtre de tir de la base de Leucate, rapport essor. Les bruits, les activi- conditions particulièrement Chiquet, 6-2-64 tés d’un centre spatial impor- satisfaisantes constituera le second étage de l’en- tuneraient les touristes du Canet, la quiétude gin Diamant. Elle permettra l’envoi dans l’espace estivale de Perpignan, le charme catalan de Col- du premier satellite français pesant environs 80 lioure et tous les touristes s’empresseraient de kg». Toutefois, les propos de l’article vont un peu fuir vers des rivages plus reposants. En justifica- vite en conclusion en ce qui concerne le choix du tion de ce projet ahurissant, précise l’hebdoma- site de Leucate : «C’est pourquoi les dirigeants daire, on a parlé, pour appâter les habitants, français, après avoir localisé les champs de tir d’une «promotion régionale». A cet égard, les im- américains et soviétiques, ont demandé au Cen- portants travaux d’irrigation en cours, entre tre national d’études spatiales de choisir l’étang Nîmes et Perpignan, servent beaucoup mieux les de Leucate dans sa partie roussillonnaise». La intérêts locaux qu’une base spatiale…».18 démarche de Pierre Chiquet ne passait manifes- Quant à Pierre Chiquet, il trouvait l’argument tou- tement pas inaperçue… ristique un peu léger, estimant que la situation de Le 23 mars 1963, Pierre Chiquet présente son Leucate offrait une configuration comparable à la rapport final au Conseil d’administration du base américaine de Wallops Island en Virginie à 24 - juin 2018 - Bulletin d’information de l’Institut Français d’Histoire de l’Espace 300 km au sud de New-York.19 Certes… mais particulier. L’île offrait une impressionnante fenê- pour Wallops Island la fenêtre de tir s’ouvre sur tre de tir pour différents types de satellisation.22 l’immensité de l’Atlantique, ce qui n’est pas le cas Tout comme le colonel Genty, les Américains ont de Leucate : en cas de problème avec un engin semble-t-il été sensibles aux avantages de Ma- ou un étage de fusée, le risque que celui-ci re- dagascar puisqu’en 1963 une antenne de pour- tombe sur un territoire habité (Corse, Italie, suite de la NASA y a été installée.23,24 Grèce) n’était pas nul. Il le reconnaissait d’ailleurs lui-même en affirmant que certains engins Leucate vs Guyane comme les fusées-sondes Véronique «aux tra- Début février 1964, sur les quatorze sites sélec- jectoires trop fantasques20 devraient (…) être tionnés, cinq sont retenus. La Guyane a alors les abandonnées».21 faveurs. Dans une Note sur le champ de tir spa- La solution de l’hexagone étant donc délicate, les tial français, Pierre Chiquet compare la Guyane autorités politiques demandent au CNES de re- avec… le Roussillon.25 Pourquoi une telle dé- chercher un autre site. La base équatoriale re- marche alors que le site de Leucate n’a plus vrai- trouvait du crédit. ment les faveurs ? Dans la note, il souligne que La mission Chiquet «sur le plan technique, un Accompagné notamment de champ de tir en Guyane est l’ingénieur colonel du Génie plus satisfaisant (…) mais Raymond Debomy, Pierre avec un délai de mise en ser- Chiquet se met en quête du vice plus long», tandis qu’au site équatorial idéal. Pendant niveau politique, il considère plusieurs mois, la mission Chi- que si «l’installation dans le quet prospecte, se déplace, Roussillon bouleverserait les visite plusieurs sites potentiel- © Cnes plans des services de l’Amé- lement intéressants, tenant Plan de masse du CSG, rapport Chiquet, nagement du Territoire (…), compte de différents paramè- 6-2-64 l’installation en Guyane ne tres comme le fait d’être au plus près de l’équa- présente que des avantages». Le seul élément teur, de ne pas mettre en danger les populations, qui lui semble être en défaveur de la Guyane est mais aussi d’avoir un minimum d’infrastructures l’aspect financier : la création de la base guya- facilitant le développement de la base avec si pos- naise coûterait 260 MF (revu à 338 MF en 1964) sible un port aménagé et un aérodrome pour le contre 100 MF (140 M€) pour Leucate. personnel, sans oublier un milieu climatique favo- Mais, précise-t-il, «A long terme, au contraire, le rable et le fait que le futur site doit permettre des bilan financier est en faveur de la Guyane, le lancements équatoriaux et polaires… champ de tir du Roussillon ne convenant pas à Quatorze sites retiennent l’attention : les îles Sey- des lanceurs de satellites plus importants que le chelles (alors britanniques), les îles de la Trinité Diamant et ne pouvant, en aucun cas, intéresser (britanniques), les îles Nuku-Hiva et Tuamotu en les autres pays, non plus que les organisations Polynésie française, les îles de la Désirade et de européennes ou internationales. Dans ces condi- Marie Galante (Antilles françaises), la Guyane tions, conclut-il, il semble raisonnable de recom- française, la côte française des Somalis (future mander la création du champ de tir guyanais. Le Djibouti), Darwin en Australie, Trincomale à Cey- site de la Guyane permettrait les tirs du CERS lan (Sri Lanka, 1972), Mogadisque en Somalie, [ESRO]26 et du CECLES [ELDO]. Il serait parti- Port Etienne en Mauritanie, Belem au Brésil ou culièrement convenable pour les satellites de té- encore Fort Dauphin sur l’île de Madagascar. lécommunications » et pas seulement, puisqu’il Pour cette dernière, précisons qu’en 1957 une précise que de Guyane il pourrait un jour y avoir mission menée par le colonel Genty, du Comité des lancements de sondes planétaires et même d’Action scientifique de la Défense nationale (or- des vols habités. «A ce titre, écrit-il, il est suscep- ganisme qui soutenait alors le développement tible d’intéresser les Européens et, peut-être les des fusées-sondes), préconisait l’installation USA».27 Le dernier argument est d’importance, d’une base spatiale française dans l’océan indien sachant que les politiques ont engagé la France en général, au nord de l’île de Madagascar en dans une dynamique spatiale européenne. Enfin, juin 2018 - Bulletin d’information de l’Institut Français d’Histoire de l’Espace - 25 Pierre Chiquet se plaît à souligner que «Si l’ins- également tirées. Voir notamment le reportage tallation d’un champ de tir en Métropole ne peut sur le CEL, JT du 20h, ORTF, le 4 novembre être envisagée favorablement, force sera donc de 1966 (1’32) : http://www.ina.fr/video/CAF97002791 rechercher outre-mer une autre solution néces- 5 Jean-Pierre Morin, La naissance d’Ariane, sairement plus coûteuse et de délais de réalisa- e/dite, Paris, 2009, p.89. tion plus longs. La GUYANE [sic] offre le site le 6 Robert Aubinière et André Lebeau, Le général plus adapté»28, positionnée par 5° de latitude Robert Aubinière. Propos d’un des pères de la nord offrant un gain de performance pour une conquête spatiale française, FRS, L’Harmattan, fusée de l’ordre de 460 m/s (contre 344 m/s pour Paris, 2008, p.149. Le Barcarès à 42° de latitude). Par ailleurs, le gain 7 La naissance d’Ariane, op.cit., p.90. de vitesse n’est pas le seul intérêt pour un site tel 8 Propos tenus à l’auteur le 28 octobre 2013. que la Guyane : pour les lancements vers l’orbite 9 L’Argentine s’intéresse très tôt au spatial. Man- géostationnaire, il y a aussi celui de minimiser quant de moyens, les Argentins recherchent des l’énergie nécessaire au changement d’inclinaison. coopérations pour acquérir des technologies et La note de Pierre Chiquet semble bien avoir servi accéder à l’espace. L’une d’elles aboutit à une le général Aubinière pour convaincre29 le Premier collaboration avec la France en octobre 1962. ministre Georges Pompidou Quelques semaines plus tard, de soutenir le projet de la une première fusée-sonde Guyane.30 Le 14 avril 1964, française (Centaure) décollait le chef du gouvernement an- du centre de Chamical. nonce l’implantation de la pro- 10 Lettre de Jacques Seince chaine base spatiale à Jacques Blamont datée du française en Guyane. (A sui- 16 mai 2002, aimablement vre) communiquée à l’auteur. Jacques Blamont a publié ce

Nota : © Droit réservé témoignage dans son livre 1 Précisons que les Marins, Général Aubinière montrant où se situera la L’action sœur du rêve. Sou- pour des raisons évidentes, future base de Guyane venirs de voyage, e/dite, disposaient de leur propre Paris, 2012, p.291. centre d’essais à l’île du Levant en mer Méditer- 11 Initiée par les politiques, la convention ELDO ranée. Par ailleurs, les scientifiques tiraient éga- (European Launcher Development Organization) lement des fusées-sondes dans d’autres pays, / CECLES (Centre européen pour la construction seuls ou en coopération (Argentine, Inde, Nor- de lanceurs d’engins spatiaux) a été signée le 29 vège, etc.). mars 1962, mais n’entre en vigueur que le 29 fé- 2 Sur le CIEES, voir notre précédent article « 70 ans vrier 1964. du CIEES » in Espace & Temps n°20, juin 2017. 12 Le choix de Woomera tenait surtout au fait 3 Les trois principaux champs de tir implantés à que les Britanniques y avaient depuis plusieurs Hammaguir, à 120 km au sud de Colomb-Béchar, années des facilités pour y expérimenter leurs fu- ont été réorganisés et rendus opérationnels à sées, dont le missile Blue Streak appelé à deve- partir de mars 1959 pour le site BLANDINE (fu- nir le 1er étage d’Europa… sées-sondes à propulsion à liquides), décembre 13 Claude Carlier et Marcel Gilli, Les trente pre- 1960 pour BACCHUS (missiles et fusées-sondes mières années du CNES, Documentation fran- à propulsion solide), décembre 1962 pour BRI- çaise, Paris, 1994, p.280. GITTE (missiles balistiques, lanceur Diamant). 14 Les trente premières années du CNES, En novembre 1966, un quatrième champ de tir op.cit., p.279. (BEATRICE) s’ouvre pour la fusée Cora destinée 15 Pierre Chiquet, Cap sur les étoiles. L’aventure au lanceur européen Europa. spatiale française, JM. Laffont, 2005, p.232. 4 Les premiers essais au Centre d’essais des 16 Pour ce document, voir le site de Michel Tail- Landes (CEL) interviennent à partir de mars lade, Nos premières années dans l’espace : 1964. Les militaires vont y expérimenter princi- https://nospremieresannees.fr/SitesLancement/L palement des engins tactiques et stratégiques. eucate/texte02.html Notons que plusieurs fusées-sondes y seront 17 Propos recueillis par Midi Libre, le 12 janvier 26 - juin 2018 - Bulletin d’information de l’Institut Français d’Histoire de l’Espace 1963, dans l’article « La France aura près de 1975, l’île s’engage dans une expérience socia- Leucate un champ de tir pour fusées spatiales ». liste, s’alignant sur le bloc soviétique. Les intérêts 18 Anonyme, « La France cherche toujours son occidentaux sont alors remis en cause. Cap Canaveral », in Aux écoutes du Monde, 18- 25 Note sur le champ de tir spatial français – 1-1963, p.12. Comparaison entre le Roussillon et la Guyane, 6 19 Cap sur les étoiles. L’aventure spatiale fran- février 1964, Brétigny. çaise, op.cit., p.234. 26 Parallèlement à l’ELDO, les scientifiques eu- 20 Le système de guidage de Véronique se fai- ropéens constituaient le 14 juin 1962 le Conseil sait par le déroulement de quatre câbles reliés européen de recherches spatiales (CERS) / Eu- aux extrémités de l’empennage. Vers 55 mètres ropean Space Research Organization (ESRO) d’altitude, les câbles se détachaient, la fusée dans le but d’engager des programmes spatiaux poursuivait sa course. Ce système rendait la tra- communs utilisant des fusées-sondes et des sa- jectoire de Véronique sensible aux moindres tellites. aléas. 27 Note sur le champ de tir spatial français – 21 Cap sur les étoiles. L’aventure spatiale fran- Comparaison entre le Roussillon et la Guyane, çaise, op.cit., p. 233. op.cit., chap. IV, p.24. 22 Archives SHAA, Vincennes, Série E, carton 28 Idem, chap. II, p.7. 4398. 29 Le général Robert Aubinière. Propos d’un des 23 NASA Historical Data Book SP-4012, vol. III, pères de la conquête spatiale française, op.cit., Programs and Projects 1969-1978, consultable p.150-151. sur https://history.nasa.gov/SP- 30 C’est également l’argument avancé par 4012/vol3/ch6.htm Jacques Blamont dans son livre L’action sœur du 24 Précisons que la situation politique de Mada- rêve, souvenirs de voyage, e/dite, Paris, 2012, gascar se détériore au début des années 70 ; fin p.292.

Astrophilatélie : Kourou 1968 par Yves Monier, membre de l’IFHE

juin 2018 - Bulletin d’information de l’Institut Français d’Histoire de l’Espace - 27 La saga des sondes Voyager Partie 2 : A la découverte du système jovien par Yves Blin, président délégué de l’IFHE Il y a quarante ans, en 1977, débutait une des 1978, du mécanisme d’orientation de la plate- plus grandes missions d’exploration du système forme mobile portant une partie des instruments solaire et du milieu interstellaire menée par l’hu- scientifiques, en particulier les caméras, de la manité avec le lancement des sondes Voyager- sonde Voyager-1. Quoique les équipes du JPL 1 et Voyager-2. Ce second article de la saga de réussissent à débloquer le mécanisme, la décision ces deux sondes est consacré est prise de positionner et bloquer au survol de la planète Jupiter et la plateforme porte-instrument de de ses lunes. Voyager-1 dans la position lui per- mettant d’obtenir les meilleures 1 – Destination Jupiter images pendant la phase de sur- vol du système jovien. Après des lancements réussis et Début avril 1978, Voyager-2 n’est quelques frayeurs concernant la pas en capacité recevoir les télé- santé technique de la sonde commandes émises depuis la Voyager 2, les premiers mois de Terre. Le logiciel de bord de la vol des sondes Voyager sont es- sonde, ayant détecté la défail- sentiellement marqués par une lance du système principal de ré- insuffisance dans le contrôle de La trajectoire de Voyager-1 ception des télécommandes, a ces sondes au niveau du Jet Pro- basculé sur le système secours pulsion Laboratory (JPL); La de réception. Or ce système pré- faute à l’assignation des équipes sente lui-même une défaillance. en charge des sondes Voyager En cause le court-circuit d’un sur les études de faisabilité de la condensateur du circuit électro- prochaine mission d’exploration nique assurant le calage sur les du système jovien, la sonde Ga- émissions provenant des sta- lileo. Cette double assignation tions terrestres du Deep Space conduit à un retard dans la plani- Network. Les équipes du JPL dé- La trajectoire de Voyager-2 fication des survols de Jupiter cident alors d’envoyer une com- par les sondes Voyager mais surtout par l’annu- mande vers le calculateur de la sonde Voyager-2 lation d’une manœuvre d’ajustement de trajec- lui enjoignant de rebasculer sur le récepteur prin- toire des sondes Voyager en décembre 1977. En cipal de télécommande. Le récepteur principal se avril 1978, un des deux sondes est mis en dan- rallume pour hélas s’arrêter de nouveau. Les ger par l’oubli, par l’équipe de contrôle du JPL, équipes du JPL n’ont d’autre choix que d’attendre de l’envoi de la commande hebdomadaire per- la prochaine session de liaison hebdomadaire, mettant aux sondes de vérifier le bon fonctionne- pour tenter de recontacter la sonde malgré l’ano- ment de leur liaison avec la Terre. malie de la boucle de poursuite en fréquence du La succession de ces disfonctionnements système de réception secours. Heureusement la conduit la direction de la NASA à intervenir pour sonde reçoit les signaux en provenance de la remédier à ce management chaotique. Le budget Terre permettant au JPL d’implémenter une mo- du JPL est augmenté afin de lui permettre de dis- dification du logiciel permettant à la sonde de re- poser d’une équipe dédiée à la gestion des cevoir les ordres de la Terre malgré le sondes Voyager. court-circuit dans le système de poursuite en fré- Les vols des deux sondes Voyager entre la Terre quence du récepteur secours. et Jupiter sont finalement émaillés de très peu de La sonde Voyager-1 ayant été injecté sur une tra- problèmes. Il nous faut cependant mentionner le jectoire héliocentrique plus rapide que celle de blocage lors d’un test de routine, le 21 février Voyager-2 dépasse cette dernière le 15 décem-

28 - juin 2018 - Bulletin d’information de l’Institut Français d’Histoire de l’Espace bre 1977 dans leur vol vers Jupiter. obligés de se rendre à l’évidence, des phéno- A l’automne 1978, Voyager-1 et 2 traversent sans mènes géologiques récents ont refaçonné la sur- problème, comme auparavant les sondes Pion- face de IO. Les images les plus résolues prises ner-10 et 11, la ceinture d’astéroïdes. Ces quatre par Voyager-1 leur permettent finalement d’iden- traversées sans incident conduisent les scienti- tifier l’agent à l’origine de ce remodelage de la fiques à revoir à la baisse leur évaluation de la surface d’IO, le volcanisme. Des centaines de densité des matériaux orbitant dans cette zone dépressions, similaires aux caldeiras des volcans du système solaire. existant dans les îles Hawaï sur Terre, sont re- Dès décembre 1978, les images de Jupiter prises censées sur les images d’IO prises par Voyager- par la sonde Voyager-1 ont une meilleure réso- 1. On découvre aussi de larges plaines au relief lution que n’importe quelle image par un téles- très peu marqué et des coulées de laves de dif- cope terrestre. Fin janvier 1979, les images de férents types, suggérant un magma à la fluidité Jupiter par Voyager-1 dépassent en qualité très variée (très fluide à très visqueux). Aucune toutes les images réalisées par les sondes Pio- chaîne de montagne n’apparaît à la surface de neer-10 et 11. IO, seuls quelques pics épars et déchiquetés, vestiges semble-t-il de la croûte originelle d’IO, 2 – Voyager-1 à la découverte du monde jo- culminent à 10 km d’altitude. Des failles, des es- vien carpements, des fossés d’effondrement (graben) démontrent une activité tectonique sur IO. Le 28 février 1979, Voyager-1 pénètre dans la Clairement IO est un monde géologiquement magnétosphère de Jupiter. Com- actif. La preuve la plus éclatante mence alors une moisson specta- est apportée par un cliché pris par culaire de découvertes. La Voyager-1 à plus de 7 millions de première d’entre toute sans nul kilomètres de IO, peu après le doute concerne la lune galiléenne passage de la sonde au plus près IO que Voyager-1 survole à seu- de la planète Jupiter, afin de per- lement 20000 km d’altitude. Les mettre aux équipes du JPL d’affi- images de Voyager-1 montrent ner la connaissance de la une lune dont la couleur domi- trajectoire de la sonde. A cette nante est un jaune orangé avec distance, très peu de détails de la des zones polaires plus sombres. IO par Voyager-1 le 4 5 mars 1979 surface de Io sont visibles sur le Au niveau de l’équateur d’IO, depuis 400 000 km cliché. Cependant, lors du traite- Voyager-1 découvre des tâches ment de l’image pour faire ressor- irrégulières de couleur blanchâ- tir deux étoiles servant de tres alors que le reste du globe référence pour la navigation, est couvert d’une collection sur- Linda A. Morabito, une membre prenante de motifs de petite taille de l’équipe de navigation du JPL, certains brillants d’autres sombres remarque la présence d’un fin et avec une grande variété de ténu croissant juste au-dessus du formes et de couleurs. limbe de IO. Après analyse, il Au départ les scientifiques pen- s’avère que c’est un nuage de sent que les tâches sombres sont gaz et de poussières situé 270 des cratères d’impact. Mais au fur km au-dessus de la surface de Image de Voyager-1 révélant et à mesure que Voyager -1 se l'activité volcanique sur IO IO. Sur la même image une rapproche de IO et que la résolu- prise le 9 mars 1979 tâche brillante est observée sur tion des images s’améliore (1 km la partie nocturne de IO. C’est un au sol), il s’avère qu’aucun cratère autre panache d’origine volca- d’impact est discernable. S’ap- nique qui s’est élevé suffisam- puyant le taux moyen de forma- ment haut pour être éclairé par le tion de cratères d’impact Soleil. Les études menées ulté- rencontré dans le système solaire L’activite volcanique de IO rieurement permettront d’asso- intérieur, les scientifiques sont prise par Voyager-2 cier ces panaches à deux juin 2018 - Bulletin d’information de l’Institut Français d’Histoire de l’Espace - 29 structures de type volcanique sur aux bords très acérés et aux la surface de IO identifiés. Après formes très variées (triangle, rec- cette découverte, l’équipe image tangle, hexagone …) sont satu- de la mission Voyager examine rées de cratères indiquant leur les autres clichés de IO pris pré- grande ancienneté, de l’ordre de cédemment par Voyager-1. Elle 4 milliards d’années. Ces zones découvre finalement 7 autres pa- sombres sont séparées par des naches volcaniques. Ce volca- bandes brillantes, d’environ une nisme, surprenant pour un monde centaine de kilomètres de large, aussi petit que IO, a pour origine comportant des rainures paral- les forces de marées induites les lèles profondes de quelques cen- perturbations de l’orbite d’IO par Photo de l'anneau de Jupiter prise par taines de mètres. La plus faible les lunes galiléennes Europe et Voyager-1 le 4 mars 1979 densité de cratères sur ces Ganymède et le champ gravita- bandes permette d’affirmer tionnel de la planète Jupiter. La qu’elles sont plus jeunes que les température mesurée sur les zones sombres d’environ un mil- points chauds de IO se révèle liard d’années. faible, 290°. Cette mesure Callisto, la dernière lune gali- conduit les scientifiques à consi- léenne et la plus sombre, est dérer le volcanisme de IO comme aussi photographiée par Voyager- atypique, impliquant des compo- 1. L’extrême saturation en cra- sants chimiques volatiles à basse tères de sa surface révélée par température. Les études menées les images indique que la surface ultérieurement grâce aux me- de Callisto date d’au moins 4 mil- sures réalisées par les sondes liards d’années. Au-delà de ces Galileo et Cassini permettront cratères, la surface de Callisto d’identifier le soufre et les sili- présente deux larges structures Mosaique d’images Voyager-2 cates sulfurés comme les compo- montrant l'anneau de Jupiter multi-annulaires ressemblant à sants majeurs des éruptions celles rencontrées sur Mercure et volcaniques de IO. la Lune à une différence notable Europe est le satellite galiléen de près. Sur Callisto, au centre de Jupiter survolé à la plus grande ces structures, aucune dépres- distance par Voyager-1. Sur les sion n’est visible. Seulement une images peu résolues de Voyager- surface plus claire moins cratéri- 1, on découvre cependant des sée que le reste de la surface de fractures linéaires longues de Callisto. plusieurs milliers de kilomètres Europe photographié par Des nombreux petits satellites sur une surface par ailleurs éton- Voyager-1 le 4 mars 1979 gravitant autour de Jupiter seul namment lisse démontrant sa à 2 millions de km Amalthea sera à la portée des jeunesse géologique. caméras de la sonde Voyager-1. Les premières images de la lune Sur les clichés réalisés, Amal- galiléenne Ganymède réalisées thea apparaît comme un objet par Voyager-1 révèlent une sur- oblongue (140 km x 165 km), de face quasi-lunaire avec des couloir noire avec des nuances zones claires et sombres et des de rouge, dont le grand axe est points brillants ressemblant à des dirigé vers le centre de Jupiter. cratères d’impact. Au fur et à me- Une des autres grandes décou- sure que Voayger-1 se rapproche vertes permises par Voyager-1 de Ganymède, les images prises est associée à une prise de vue révèlent une surface très diffé- de longue durée, un peu plus de rente de celle du satellite naturel Europe photographié 11 minutes, réalisée par la sonde de la Terre. Les aires sombres, par Voyager-2 juste avant son passage au plus 30 - juin 2018 - Bulletin d’information de l’Institut Français d’Histoire de l’Espace près de la planète Jupiter. Cette Les images de Ganymède image révèle, en effet, la pré- prises par Voayger-2 permettent sence d’un fin anneau autour de de mieux apprécier la com- Jupiter, orbitant à 128 000 km du plexité de la surface de ce satel- centre de la planète. lite galiléen. Enfin, les prise de Alors que Voyager-1 se rap- vue de Voyager-2 de la surface proche de Jupiter, ses instru- de Callisto non visible par Voya- ments scientifiques sont braqués ger-1 montre une surface en- vers la planète. Cependant, au core plus cratérisée confirmant moment du survol, les conditions son extrême ancienneté. aérologiques de la haute atmo- Callisto photographié Les prises de vue de Voyager-2 sphère jovienne limitent la qua- par Voyager-2 confirme l’existence de l’anneau lité des mesures réalisées de Jupiter détecté par Voyager 1 notamment dans le domaine de et surtout de mieux en apprécier l’infrarouge. Par contre les l’étendue, 800 km de large pour images de la face nocturne du la partie la plus dense pour une globe jovien révèleront la pré- extension totale de 5200 km. sence d’aurores au niveau des L’épisode jovien de la mission pôles et des éclairs au niveau de Voyager se termine une mois- son atmosphère. son scientifique de tout pre- Alors que Voyager-1 s’éloigne de mière ordre. Mais l’aventure ne Jupiter, l’attention des équipes fait que commencer. Dans notre du JPL se tourne vers la sonde prochain article, nous nous pen-

Voyager-2 dont le passage au vue de Callisto par Voyager-1 cherons sur la découverte de plus près de Jupiter doit avoir lieu réalisée le 6 mars 1979 Saturne et de ses Lunes par ces le 9 juillet 1979. Au cours de son deux sondes. survol du système jovien, Voya- ger-2 confirme l’activité de 6 des Sources : 8 volcans de IO détectés précé- - Voyager’s Grand Tour de demment par Voyager-1. Pas- Henry C. DETHLOFF et Ronald sant beaucoup plus près A. SCHORN – Smithsonian d’Europe, les images de Voay- Books (1984) ger-2 permettent de recenser - NASA’s Voyager Missions Ex- deux types de terrain, le premier ploring the Outer Solar System sombre semble moucheté alors and Beyond de Ben EVANS que le deuxième, plus clair, est avec David M. HARLAND – strié de nombreuses lignes SPRINGER & PRAXIS Publi- noires brillantes présentant des shing (2004) lignes de crêtes étroites. Aucune Ganymède en moyenne résolution - Robotic Exploration of the des formations à la surface d’Eu- Solar System – Part 1 – The rope ne présentent une altitude Golden Age 1957 - 1982 de élevée. Le faciès de la surface Paolo ULIVI avec David M. d’Europe fait penser à une fine HARLAND - SPRINGER & croûte de glace flottant au-des- PRAXIS Publishing (2007) sus d’une surface liquide. Deux photos d'Amalthea - www.jpl..gov prises par Voyager-1

juin 2018 - Bulletin d’information de l’Institut Français d’Histoire de l’Espace - 31 “Les origines du programme indien de fusées-sondes et son évolution” par Jean-Jacques Serra, membre de l’IFHE La première expérience spatiale réalisée en Inde parallèle avec la mise en place des moyens de est intervenue le 21 novembre 1963 à Thumba, production des fusées Centaure. un petit village de pêcheurs près de Trivandrum au sud-ouest du pays. Ce jour là, la fusée était Centaure construites sous licence américaine, l’ordinateur et l’hélicoptère de surveil- La série de fusées-sondes de Sud Aviation se lance étaient russes, et l’expérience embarquée basait sur l’emploi d’un étage principal nommé Bé- était française. Cela témoignait d’une ligne poli- lier qui pouvait être employé seul ou bien monté tique originale qui allait permettre à l’Inde d’accé- sur un premier étage. Ce dernier pouvait être der au plus vite à la dimension spatiale mise au chargé d’un bloc Vénus ou Stromboli selon la per- service du développement du pays. formance recherchée 1. Le Bélier était chargé d’un Les opérations du 21 novembre étaient coordon- bloc Jéricho en Epictète (double base moulée) hé- nées par Vikram A. Sarabhai qui deviendra le père rité d’un programme de missile sol-air abandonné incontesté du programme spatial indien. Jacques en 1958. Le bloc Vénus était en Plastolite (com- Blamont, alors directeur scientifique du CNES, et posite à liant PVC) et le bloc Stromboli, plus mo- lui s’étaient rencontrés l’année précédente et un derne et plus puissant, était en Plastolane projet de collaboration fut rapidement établi. L’ac- (Plastolite dopée en poudre d’aluminium). cord de coopération officiel a été signé en mai Au début des années 1960, les propergols à liant 1964 entre le CNES et l’INCOSPAR (Indian Natio- PVC ont été remplacés en France par des proper- nal Committee for Space Research). gols à liant polyuréthane, nommés Isolite ou Iso- Cet accord prévoyait, entre autres, une cam- lane selon qu’ils étaient dopés ou non en poudre pagne de lancement de quatre Centaure fournies d’aluminium. La température de cuisson de ces par le CNES en 1964, la fourniture de matériel propergols était de 40-50°C contre 160-170°C français pour la base de Thumba et le transfert à pour les précédents, ce qui permettait leur mou- l’Inde de la licence de fabrication des fusées Cen- lage à l’intérieur de l’enveloppe du propulseur, et taure construites par Sud Aviation. En fait, le pre- par conséquent la réalisation de propulseurs de mier tir de Centaure en Inde n’interviendra qu’en gros diamètre 2. 1965 et au total dix Centaure françaises ont été Ainsi, Sud Aviation a mis en chantier deux nou- lancées depuis Thumba avant le premier vol d’une velles versions de ses fusées : une version II pour Centaure IIA construite en Inde. A cela, il faut ajou- l’exportation et une version III pour les besoins du ter le tir d’un Dragon quelques mois plus tard. CNES. Bélier II était chargé d’un bloc Véga en Plastolite tandis que sur Bélier III, le bloc Véga Fusées expérimentales était en Isolane. Les blocs Vénus et Stromboli des Entre temps, l’INCOSPAR, créé en 1962 pour premiers étages restaient inchangés. organiser la recherche spatiale indienne, avait mis Par conséquent, les fusées Centaure II, dont la en service le SSTC (Space Science and Techno- licence de fabrication pouvait être cédée à un pays logy Centre) dans les collines près de Thumba. A étranger, ou celles destinées à l’exportation, em- partir de 1965, cet établissement a été en charge ployaient deux propulseurs chargés en Plastolite, du développement de fusées et des techniques propergol devenu obsolète. Les Indiens étaient associées. C’est là que fut conçue la fusée pre- parfaitement conscients de la situation, mais l’ex- mière fusée indienne, désignée Rohini-75, ou RH- périence gagnée en apprenant à fabriquer ces fu- 75 car elle mesurait 75 mm de diamètre. Le sées allait néanmoins leur permettre de gagner du premier tir a eu lieu le 20 novembre 1967 avec une temps sur les étapes ultérieures de leur pro- fusée chargée en cordite (poudre double base ex- gramme. trudée). Par la suite, différents types de propergols Les fusées Centaure II sont stabilisées par des et de chargements ont été expérimentés. Les dia- empennages et par mise en rotation. Quatre im- mètres ont augmenté pour passer à 100, 125, puis pulseurs, montés sur les empennages du premier 200 mm. Ces développement étaient menés en étage, sont déclenchés au décollage et génèrent

32 - juin 2018 - Bulletin d’information de l’Institut Français d’Histoire de l’Espace une vitesse de rotation de 5,5 tr/s, puis sont lar- rées en Inde, en comptant les 10 Centaure I impor- gués après une seconde de vol. A T+7,5 s, une tées de France 10. Elles ont toutes été lancées de- horloge déclenche la séparation des étages grâce puis le TERLS, même après la mise en service du à un cordon détonnant et la mise à feu du second champ de tir de Sriharokota (SHAR) en octobre étage. Avec une charge utile de 60 kg, la fusée 1971. Ces fusées ont servi a des expériences à ca- peut ensuite monter jusqu’à 148 km d’altitude. ractère scientifique ou technologiques, les premières La fusée complète pèse 530 kg, dont 312 kg sont bien documentées, les autres parfois moins. pour le Bélier avec 232 kg de Plastolite, et 158 kg Les expériences scientifiques concernaient ma- pour le booster avec 95 joritairement la géophy- kg de Plastolite. Le boos- sique ou l’astronomie ter délivre une impulsion des rayons X. Certaines totale de 204 kNs en 6 s, ont été réalisées en col- et le moteur principal 499 laboration avec un pays kNs en 23 s 3. L’enve- étranger. loppe des deux propul- - expériences fran- seurs est en acier çaises du programme 15CDV6. Les dimensions Electrojet en octobre principales sont indi- 1972 et mars 1973 ; quées à la figure 1. - expériences japo- La fabrication sous li- naises en juillet 1973, cence de la fusée Cen- mars 1976, mai 1988 ; taure II devait être - expériences britan- réalisée sur le site de niques (champs magné- Thumba, à côté du tiques) en février 1975 ; TERLS (Thumba Equa- - expériences russes torial Launch Sta- (spectrométrie de tion). Le complexe sera masse) en avril 1975 ; baptisé en 1972 VSSC - expériences bul- (Vikram Sarabhai Space Figure 1 : à gauche, dimensions principales de la fusée gares en octobre 1978, Centre) après la mort de Centaure IIB (ref.3) ; à droite, Centaure indienne C10 (RFF) mars 1979. Vikram Sarabhai en décembre 1971 ; il compre- Les expériences technologiques ont débuté en nait le SSTC, la RPP (Rocket Propellant Plant, janvier 1971 avec un test de système de récupé- mise en service en février 1969) et la RFF (Rocket ration de la charge utile développé au VSSC. Ce Fabrication Facility, en janvier 1971) 4. fut un échec. L’expérience a été répétée en octo- La fabrication des Centaure II a commencé en bre 1971 depuis Kourou11, avec une Centaure I 1969, avant que la RPP et la RFF ne soient opé- fabriquée en France. Malgré un apogée plus bas rationnelles, au Centre de Recherche Atomique que prévu, le système de récupération a bien fonc- Bhabha. Les blocs de propergol des deux pre- tionné et la charge a été récupérée dans l’Océan mières fusées a été importé de France et la pre- Atlantique. mière d’entre elles a été lancée avec succès le 26 Trois Centaure IIB ont été lancées en juin 1974, février 1969 5. A partir du troisième exemplaire, les novembre 1975 et juillet 1976 pour tester des blocs ont été produits par la RPP et la première sous-systèmes destinés au futur lanceur SLV12. fusée Centaure dotée de blocs de propergol fabri- Les deux dernières étaient équipées d’un système qués en Inde a été lancée avec succès le 7 dé- de contrôle d’attitude, comportant des gyroscopes cembre 1969 6,7. En 1971, la RFF a commencé miniatures et des éjecteurs de gaz pressurisé, à produire des fusées Centaure IIA et, après une ainsi qu’une pointe en fibre de verre. Sur com- série de douze exemplaires, est passée à la ver- mande, elles pouvaient être stabilisée par mise en sion IIB ne comportant plus que des composants rotation, dans un sens puis dans l’autre 13. indiens 8. La première Centaure IIB indienne a été Quatre Centaure IIB emportant un système de lancée en 1974 9. contrôle d’attitude développé par l’Allemagne ont Entre 1965 et 1988, 81 fusées Centaure ont été ti- été lancées entre novembre 1979 et avril 1981

juin 2018 - Bulletin d’information de l’Institut Français d’Histoire de l’Espace - 33 dans le cadre du programme AST (Attitude Sen- Au début des années 1970, l’Inde a développé sing Techniques) 14. Elles ont permis de tester dif- un liant, désigné ISRO polyol, à partir d’huile de férentes techniques comme un interféromètre ricin. Une famille de propergols basés sur ce liant bande S, une caméra CCD ou un microproces- ont a fait l’objet d’études approfondies en vue de seur de vol 15,16. leur utilisation pour la propulsion-fusée. La version IPP-40, fournissant une impulsion spécifique de Fusées indiennes de première génération : 245 s, a été utilisée sur la fusée RH-300 à partir RH-300 et RH-560 de janvier 1983 26,27. Le développement d’une version améliorée de Les fusées RH-300 ont été lancées à la fois de- la fusée Bélier, désignée RH-300, avait été entre- puis le TERLS et le SHAR. Ces fusées ont égale- pris dès 1968 17, avant même la création de ment servi a des expériences à caractère l’ISRO (Indian Space Research Organization) en scientifique et technologiques. Parmi ces der- août 1969. Pour cela, l’Inde a étudié toute une nières, on peut citer la RH-300 tirée depuis série de nouveaux proper- Thumba dans le cadre du gols qui ont été expérimen- programme germano-indien tés sur des fusées Rohini AST (Attitude Sensing Tech- 18,19,20. Ces travaux niques) en avril 1978. Elle a étaient menés par deux permis de tester un interfé- groupes indépendants : la romètre bande S et un cap- RPP et la PED (Propellant teur de zénith 28. Engineering Division). Dans le cadre de la mise au point du lanceur ASLV, Fusée RH-300 Figure 2 : Enveloppe commémorant le premier une fusée RH-300 équipée lancement de RH-300 du 21 septembre 1971 La filière des propergols à de deux boosters RH-200 a liant polyester n’ayant pas rencontré le succès es- été lancée en octobre 1983 29. Le véhicule, dési- péré, la RPP a mis au point un propergol à liant gné SO-300-200, a servi à tester la technique de polyuréthane, équivalent de l’Isolane, désigné PP- lancement de l’ASLV où seuls les boosters, à tuyère 10. Le premier essai au banc d’un bloc de 300 mm inclinée, sont allumés au décollage, le moteur cen- en PP-10 a eu lieu en juin 1970. Après cet essai tral étant allumé plus tard pendant le vol 30. réussi, il a été décidé de procéder à un essai en vol “avant la fin de l’année” 21. Fusée RH-560 Cet essai, apparemment réalisé avec un proto- Dès 1970, la RPP avait mis au point un proper- type équipé d’un bloc plus court que le bloc définitif gol à liant PVC chargé en aluminium (équivalent 22, n’interviendra qu’en septembre 1971, peu de de la Plastolane) désigné RPP-II. Après avoir été temps avant la mise en service du champ de tir de expérimenté sur des petites fusées RH-125 et RH- Sriharikota (SHAR). 200, ce propergol a été retenu pour le booster de La première RH-300 “normale” sera lancée de- 560 mm de diamètre de la fusée RH-560. puis le SHAR en septembre 1973 23. Ce booster qui devait jouer un rôle équivalent à Les RH-300 sont des fusées mono-étage stabi- celui du Dragon de Sud Aviation n’en était pas une lisées par empennages et par mise en rotation copie conforme. Son enveloppe était en tôle grâce à deux impulseurs montés sur deux empen- d’acier 15CDV6 roulée-soudée 31, et non en tech- nages diamétralement opposés. Ils assurent une nologie enroulé-collé (liasse de bandes d’acier en- mise en rotation à 5,5 tr/s avant d’être largués roulées et collées en spirale) comme celle du après une seconde de vol. L’inclinaison des em- moteur S2 du Dragon. Les empennages étaient pennages stabilise ensuite la rotation à 6 tr/s. Avec trapézoïdaux et ressemblaient davantage à ceux une charge utile de 50 kg, la fusée peut monter de la fusée Tacite de l’ONERA. jusqu’à 135 km d’altitude. La fusée RH-560 est ainsi une fusée bi-étage La fusée complète pèse 369 kg dont 240 kg de dont le deuxième étage est identique à celui de la propergol. Le propulseur délivre une impulsion to- fusée Centaure IIB. Elle est stabilisée par empen- tale de 542 kNs en 16 s 24. L’enveloppe du pro- nage et par mise en rotation grâce à quatre impul- pulseur est en acier 15CDV6 25. Les dimensions seurs, montés sur les empennages du premier principales sont indiquées à la figure 3. étage, qui assurent une vitesse de rotation de 2,8 34 - juin 2018 - Bulletin d’information de l’Institut Français d’Histoire de l’Espace tr/s. Une horloge placée pement de guidage dans l’inter-étage dé- comprenait une réfé- clenche la séparation rence d’attitude 3-axes des étages et l’allumage miniaturisée, un ensem- du second étage à T+22 ble de gyroscopes, un s. Des plans stabilisa- programmeur d’attitude teurs seront rajoutés à et un pilote automatique l’extrémité des empen- analogique. De cette nages du second étage. manière, la fusée a pu Avec une charge utile de suivre un programme de 90 kg, la fusée peut vol prédéterminé 38,39. monter jusqu’à 390 km Des expériences tech- d’altitude. nologiques ont égale- La fusée complète ment été emportées par pèse 1344 kg, dont 319 des RH-560 normales. kg pour le Bélier avec Un prototype de calo- 232 kg de Plastolite, et duc, destiné à la régula- 935 kg pour le booster tion thermique de avec 690 kg de RPP-II. satellites, a été expéri- Le booster délivre une menté en apesanteur en impulsion totale de 1518 décembre 1980 40. Un kNs en 19 s, et le moteur Figure 3 : ci-dessus) Dimensions principales des fusées système de contrôle RH-300 et RH-560 (ref.3) ; à droite) RH-300 et RH-560 principal 499 kNs en 23 (RFF-VSSC) d’attitude développé col- s 32. Les dimensions laboration germano-in- principales sont indiquées à la figure 3. dienne dans le cadre du programme APC-REX Le premier tir d’un engin de la série RH-560, où (Autonomous Payload Control-Rocket EXperi- apparemment seul le premier étage était actif, est ment) a été testé en avril 1991 41. Un mauvais intervenu en janvier 1973 33. La première fusée fonctionnement de la fusée a conduit à un échec RH-560 complète a été lancée en avril 1974 34. de l’expérience qui n’a pas été renouvelée. L’Alle- Dans les années 1990, le deuxième étage Bélier magne a par ailleurs utilisé fréquemment des fu- II a été remplacé par un moteur de type RH-300. sées RH-560 pour des expériences de Trente-six fusées RH-560 ont été lancées depuis géophysique. Sriharikota avant le premier tir de la version Mk.2 Quatre fusées mono-étages RH-560S, à propul- en 1995 35. A ce nombre, il faut ajouter quelques seur allongé, ont été tirées entre juin 1979 et mars fusées appartenant à la même série mais compor- 1982 42. Ces fusées de 5,856 m de long étaient tant des différences notables. stabilisées par des empennages de 1,871 m d’en- Deux fusées type RH-560 ont été lancées en oc- vergure. Quatre impulseurs montés sur les em- tobre 1976 et en octobre 1978 avec un deuxième pennages et déclenchés au décollage, assuraient étage à liquides (acide nitrique-aniline) de 3 t de une mise en rotation à 2,75 tr/s avant d’être lar- poussée 36. Le premier lancement s’est conclu gués. La fusée complète pesait 1457 kg dont 1045 par un échec, le moteur à liquides ne s’étant pas kg de propergol. Le propulseur délivrait une impul- allumé après le vol non propulsé suivant la sépa- sion totale de 2299 kNs en 19 s. Avec une charge ration des étages. Celui de la seconde fusée, dans utile de 150 kg, la fusée pouvait monter jusqu’à laquelle l’inter-étage avait été modifié pour que le 210 km d’altitude 43. Ses performances étaient second étage puisse être mis à feu dès le décol- donc intermédiaires entre celles des fusées fran- lage, a parfaitement réussi 37. çaises Dauphin et Tacite. La série, destinée à l’em- Une fusée type RH-560, modifiée pour tester les port de charges lourdes, n’a pas été poursuivie équipements de pilotage du futur lanceur SLV-3, après ces 4 tirs 44. a été lancée en octobre 1977. Elle a permis d’ex- e périmenter plusieurs techniques : injection de Fusées indiennes de 2 génération : RH-300 et fluide dans la tuyère et empennage orientables sur RH-560 version Mk.II e e le 1 étage, jets de gaz sur le 2 étage. Son équi- Dans la deuxième moitié des années 1980, la juin 2018 - Bulletin d’information de l’Institut Français d’Histoire de l’Espace - 35 date d’expiration de la licence de fabrication des RH-560 Mk.II fusées Centaure II approchant, l’ISRO a décidé de Comme indiqué précédemment, les fusées RH- concevoir une nouvelle fusée-sonde pour la rem- 560 lancées après l’expiration de la licence de fa- placer 45. Plutôt qu’un engin biétage, comme le brication du Bélier II utilisaient un étage supérieur Centaure II, le choix s’est porté sur un engin de type RH-300. Une nouvelle version, désignée mono-étage doté d’un propulseur à deux niveaux RH-560 Mk.II, est apparue en août 1995 mais le de poussée. premier succès n’est intervenu qu’au troisième tir en avril 1997. RH-300 Mk.II Les deux étages utilisent Cette nouvelle fusée, dé- l’HTPB comme propergol. signée RH-300 Mk.II, a été Quatre impulseurs montés introduite en juin 1987. Les aux extrémités des empen- principales modifications nages du premier étage par rapport à la RH-300 mettent le véhicule en rota- étaient 46: tion. Celle-ci est entretenue - augmentation de la par l’inclinaison de ces em- masse de propergol (IPP- pennages. Le premier 40) qui passe de 240 kg à étage brûle pendant 19 s. 340 kg, ainsi que de la lon- Après 22 s de vol, il est lar- gueur du moteur qui passe gué au moyen d’un disposi- de 2,2 m à 3,4 m ; tif pyrotechnique nommé - utilisation d’un bloc de FLSC (Flexible Linear-Sha- propergol coulé-moulé en ped Cord). Le second configuration double pous- étage brûle ensuite pen- sée (un segment tubulaire à dant 22 s. Avec une charge l’avant suivi d’une configu- utile de 100 kg, la fusée ration en étoile à six peut monter jusqu’à 470 km branches) ; 51. Les dimensions princi- - réduction de l’épaisseur Figure 4 : ci-dessus) Dimensions principales des pales sont indiquées à la fi- de l’enveloppe, qui passe fusées RH-300 Mk.II et RH-560 Mk.II (ref.46) ; à gure 4. de 2,0 mm à 1,6 mm. droite) RH-300 Mk.II et RH-560 Mk.II (RFF-VSSC) Les deux dernières fu- Avec une masse au dé- sées de cette série lancées collage de 504 kg, cette fusée pouvait envoyer à ce jour (avril 2018) l’ont été en janvier 2010. e e une charge utile de 70 kg à 130 km d’altitude 47. C’étaient les 8 et 9 RH-560 Mk.II 52. Les dimensions principales sont indiquées à la fi- gure 4. Advanced Technology Vehicle (ATV) Deux ans plus tard, le propergol IPP-40 a été Une fusée comportant deux étages de la série remplacé par l’HTPB (hydroxyl terminated polybu- RH-560 a été lancée pour la première fois en mars tadiene). Le premier tir d’une RH-300 Mk.II utili- 2010. Désignée ATV (Advanced Test Vehicle), elle sant ce propergol est intervenu en décembre 1989 comporte deux étages RH-560M avec un charge- 48. Cette version est encore utilisée de nos jours. ment en HTPB augmenté. Elle est conçue pour La 21ème RH-300 Mk.II a été lancée le 6 avril permettre l’essai en vol de superstatoréacteurs 2018 depuis Thumba 49. (scramjets) expérimentaux. La charge utile com- Les fusées RH-300 sont lancées à la fois depuis porte le module d’alimentation placé au sommet de Thumba et depuis Sriharikota. Un lancement a la fusée et deux superstatos placés de part et d’au- même été réalisé depuis le champ de tir de Sval- tre de l’étage supérieur. Utilisé comme fusée- bard en Norvège en novembre 1997 50. Pour l’oc- sonde, l’ATV serait capable d’envoyer une charge casion, la RH-300 Mk.II avait été équipée d’une de 200-400 kg jusqu’à 800 km d’altitude 53. Les di- pointe avant mise au point pour la fusée Judi-Dart. mensions principales sont indiquées à la figure 5. Le lancement ne fut pas un succès total (apogée Le premier étage brûle pendant 24 s. Le véhicule de 71 km au lieu des 129 km attendus) et l’expé- poursuit sur sa lancée jusqu’aux environs de rience ne fut pas renouvelée. t+47s. La mise à feu du second étage est déclen- 36 - juin 2018 - Bulletin d’information de l’Institut Français d’Histoire de l’Espace chée depuis le sol à un ins- 8 “Annual report of tant déterminé grâce aux the Department of mesures radar. Le Atomic Energy”, Go- deuxième étage fonctionne vernment of India, également pendant 24 s. p.173, 1971-72 L’allumage du superstato 9 M.S. Narayan, “A est également déclenché Solar Cycle of Soun- depuis le sol lorsque la vi- ding Rocket Pro- tesse requise est atteinte gramme from 54. Thumba”, ISRO-HQ- Le premier essai de mars SR-04-76, p.5, avril 2010 a servi à la validation 1976 aérodynamique du véhicule. 10 P.V. Manoranjan En août 2016, le superstato Rao, P. Radhakrish- a correctement fonctionné nan, “A Brief History pendant 5 s. of Rocketry in ISRO”, Universities Conclusion Press, p.48, 2012 L’analyse de l’évolution 11 M.K.A. Majeed, des fusées-sondes de “Payload Recovery l’ISRO montre que, si l’in- Figure 5 : à gauche) Dimensions principales de l’ATV ; à System for Centaure fluence française s’est faite droite) ATV D-01 sur sa rampe Rocket”, VSSC Rpt sentir jusqu’au milieu des années 1980, les mo- 12 P.V. Manoranjan Rao, P. Radhakrishnan, dèles apparus par la suite sont de conception ab- op.cit, p.90 solument indienne. Les diamètres principaux (305 13 Gopal Raj, op.cit, p.157 et 560 mm) rappellent encore les fusées de Sud 14 Une première expérience AST-1 avait été lan- Aviation, mais les propergols et tous les sous-en- cée sur fusée RH-300 en avril 1978. sembles n’ont plus rien à voir avec ceux de leurs 15 A.F. Dahl, M. Otterbein, “The German Scienti- lointains ancêtres. fic Balloon and Sounding Rocket Programme”, Cette influence s’est déplacée vers le domaine ESA SP-152, 1980 de la propulsion liquide, avec la cession de licence 16 Indian Parliamentary Debates: Official Report, du moteur Viking, mais ceci est une autre histoire. Vol.118, p.77, 1981 17 Compte-rendu de l’Inde au COSPAR (avril Nota 1968 - mars 1969) 1 Ph. Jung, J-J. Serra, “French Sounding 18 R. Nagappa, M.R. Kurup, A.E. Muthunaya- of the Sixties : Belier, Centaure, Dra- gam, “ISRO’s Solid Rocket Motors”, Acta Astro- gon”, IAC-02-IAA.2.2.3, 2002 nautica, Vol.19, No.8, pp.681-695, 1989 2 J-J. Serra, Ph. Jung, “French Solid Motors for 19 T.L. Varghese, V.N. Krishamurthy, “The Evolu- Missiles and Rockets from WWII to the Sixties”, tion of Solid Propellants in ISRO” in “The Che- IAC-05-E4.3.07, 2002 mistry and Technology of Solid Rocket 3 V. Sudhakar, “Sounding Rockets of the ISRO”, Propellants”, 2017 ISRO-VSSC-TN-02-76, p.9, 1976 20 V.N. Krishnamurthy, S. Thomas, “ISRO Polyol 4 Le retard dans la mise en service de la RFF - The Versatile Binder for Composite Solid Pro- était essentiellement dû aux difficultés d’approvi- pellants for Launch Vehicles and Missiles”, Def. sionnement en acier 15CDV6 nécessaire à la Sci. J., Vol 37, No 1, January 1987, pp 29-37. réalisation des enveloppes des propulseurs. 21 T.L. Varghese, V.N. Krishamurthy, op.cit., p. 5 “Annual report of the Department of Atomic 269 Energy”, Government of India, p.66 & p.71, 22 “Rapport sur les programmes indiens de fu- 1969-70 sées-sondes”, Rapport CNES 12-71 CB-TL, Fé- 6 “Compte-rendu annuel du CNES”, 1970 vrier 1971 7 Gopal Raj, “Reach for the Stars - The evolution 23 http://www.shar.gov.in/sdscshar/launchsoun- of India’s Rocket Programme”, p.38, 2000 dingcompleted.jsp juin 2018 - Bulletin d’information de l’Institut Français d’Histoire de l’Espace - 37 24 V. Sudhakar, op.cit., p.7 sur un booster CB-250 (250 mm de diamètre) en 25 R. Nagappa, M.R. Kurup, A.E. Muthunaya- mai et juin 1973. gam, op.cit., p.68 38 Gopal Raj, op.cit, p.157 26 Gopal Raj, op.cit, p.41 39 P.V. Manoranjan Rao, P. Radhakrishnan, 27 T.L. Varghese, V.N. Krishamurthy, op.cit., p. op.cit., p.90-91 281 40 P.P. Gupta et al., “Arterial Wick Heat Pipe Ex- 28 A.F. Dahl, M. Otterbein, “The German Scientific periment Aboard Rohini Sounding Rocket RH- Balloon and Sounding Rocket Programme”, ESA 560”, Proc. IVth Int. Heat Pipe Conference, SP-152, 1980 September 1981 29 Gopal Raj, op.cit., p.130 41 G. Milholin, “India’s missiles”, Bull. Atomic 30 P.V. Manoranjan Rao, P. Radhakrishnan, Scientist, November 1989 op.cit., p.74 42 http://www.shar.gov.in/sdscshar/launchsoun- 31 R. Nagappa, M.R. Kurup, A.E. Muthunayagam, dingcompleted.jsp op.cit., p.68 43 V. Sudhakar, op.cit., p.14 32 V. Sudhakar, op. cit., p.11 44 Le programme indien comportait également les 33 P.V. Manoranjan Rao, P. Radhakrishnan, projets d’une RH-300B composée d’un booster op.cit., p.60 Vénus surmonté d’une RH-300, et une RH-560B 34 Gopal Raj, op.cit, p.42 composée d’un premier étage RH-560S surmonté 35 http://www.shar.gov.in/sdscshar/launchsoun- d’un premier étage de RH-560 normale. Ces pro- dingcompleted.jsp jets n’ont pas été réalisés. 36 Gopal Raj, op.cit, pp.112-113 45 La dernière fusée Centaure II indienne a été 37 Ces vols avaient été précédés par les essais lancée en mai 1988. d’un moteur LP-006 (600 kg de poussée) monté 46 P.V. Manoranjan Rao, P. Radhakrishnan,

38 - juin 2018 - Bulletin d’information de l’Institut Français d’Histoire de l’Espace op.cit., p.71 51 P.V. Manoranjan Rao, P. Radhakrishnan, 47 P.V. Manoranjan Rao, “From Fishing Hamlet to op.cit., p.74 Red Planet”, Harper Collins Pub. India, p.93, 2016 52 http://www.shar.gov.in/sdscshar/launchsoun- 48 http://www.shar.gov.in/sdscshar/launchsoun- dingcompleted.jsp dingcompleted.jsp 53 http://www.isro.org/newsletters/scripts/newslet- 49 “Scaling new heights: Sounding rocket experi- tersin.aspx?page7jan2010mar2010 ment successful”, The New Indian Express, April, 54 R. Varaprasad et al., “Ground-Based Real-Time 8, 2018 Auto Commanding System for ISRO Advanced 50 C.M. Hall et al., “Plasma density over Svalbard du- Technology Vehicles”, IEEE A&E Systems Maga- ring Isbjørn campaign”, Ann. Geophysicae, 18, 2000 zine, May 2014

juin 2018 - Bulletin d’information de l’Institut Français d’Histoire de l’Espace - 39 Parmi les mesures du rapport Causse : le projet Europa-III par Patrice Lille, membre de l’IFHE Etant considéré comme le précurseur du pro- nistre Macmillan) en 1961 après leur proposition gramme Ariane, le programme Europa 3 a de lanceur européen basé sur leur missile Blue consisté en fait à un pré-développement : qu’il Streak et ce malgré les réticences du ministre s’agisse des études système, de la définition des des Armées de l’époque et des experts comme étages, des systèmes élec- le général Aubinière, les fran- triques, de la coiffe et du dé- çais ont toujours eu en vue la veloppement de certaines mise au point d’un lanceur technologies (1), c’est en puissant et moderne, comme quelque sorte une pièce inter- cela fut proposé lors de la réu- médiaire entre Diamant, Cora- nion des ministres des états lie et Ariane. membres du CECLES-ELDO La plupart des hommes qui en janvier 1965 (1). ont animé le programme En effet, le besoin d’une telle Ariane et qui se sont retirés de fusée s’était fait sentir très tôt la vie active entre 1990 à sous le sigle ELDO B, bien 2000 avaient acquis la pas- avant la création de l’équipe sion et la connaissance des Europa-3 (1). L’ELDO et ses lanceurs dans le cadre du pro- Etats-membres dont la France gramme Diamant (2). se rendaient compte qu’il fal- lait passer à un lanceur plus Introduction puissant que celui du pro- Conçu dans le cadre du CE- Le projet de lanceur Europa-III gramme initial (Europa-1) vu CLES-ELDO, organisme créé la tendance de croissance de en 1962 qui avait pour but de mettre au point des la masse des satellites de télécommunications. lanceurs de satellites et de construire des engins (1). La France proposa avec le projet ELDO B de spatiaux dans un contexte européen, le pro- stopper les essais des étages supérieurs et de gramme Europa-3 était très différent des pro- garder Blue Streak avec des structures renfor- grammes précédents (Europa-1 et 2), car son cées (les parois des citernes devaient être plus e développement était géré par l’ELDO et non pas épaisses de 0,6 mm à 1,5 mm), le 1 étage an- par les états comme c’était le cas pour le pro- glais ayant été testé avec succès à trois reprises e gramme initial ELDO A (Europa-1) (1). lors des tirs F1, F2, F3 et de remplacer le 2 e En 1972 après l’échec d’Europa-2, Yves Sillard, étage français Coralie et le 3 étage allemand As- qui jusque-là avait été le patron du Centre Spatial tris par un seul étage ayant un moteur cryotech- Guyanais, a été désigné directeur du programme nique HM4 étudié par la SEPR. En fait deux Europa-3 par le CECLES-ELDO, dont le secré- configurations sont étudiées : ELDO-B1 à deux taire général à cette l’époque était le général Au- étages avec un étage supérieur cryoechnique binière et le directeur technique Raymond Orye . H1 de 7,5 t (moteur de 7 t) et ELDO-B2 à trois e e Il a constitué une équipe de projet dirigée par étages avec un 2 étage H2 de 19 t et un 3 Hartmut Treiber, ingénieur allemand, Fréderic étage H1. Initialement, les premières versions d’Allest et Roger Vignelles occupant des postes des études avaient prévues des capacités plus clés. L’ELDO lançait alors des appels d’offres réduites à 14 t pour H2 et 5,5 t pour H1, ce qui systématiques suivis par leur évaluation et le permettait tout de même de mettre en orbite choix du contractant par l’ELDO (1). basse une charge de 3,5 t. Mais celles-ci ont vite augmentées par la suite (10). En vue de réduire Historique le délai de réalisation et le coût du projet estimé Dès le début de cette organisation, bien que le à 140 millions de dollars supplémentaires, le mo- e général de Gaulle ait cédé aux anglais (au 1 mi- teur cryotechnique fut axé sur le réemploi systé-

40 - juin 2018 - Bulletin d’information de l’Institut Français d’Histoire de l’Espace matique des matériels existants et des tech- à Paris. Elle associait le CERS-ESRO, le CE- niques déjà acquises, qu’il s’agisse d’installations CLES-ELDO et la CETS et voyant que tous ces d’essais, d’équipements de mesure ou de consti- objectifs allaient prendre du temps, elle a décidé tuants. Ce moteur, d’une poussée de 60 kN ré- de créer un groupe ad hoc dirigé par Michel Bi- utilisait la turbopompe du HM4, il s’agissait du gnier qui procédera à un inventaire des pro- moteur HM6 de 6 t de poussée qui se présentait grammes. Celui-ci a insisté sur la nécessité comme un ensemble compact, construit autour d’éviter les doubles emplois entre les pro- d’une chambre propulsive unique dont l’étude et grammes, avec un œil sur la concurrence poten- la réalisation auraient été confiées à la société tielle entre le satellite de télécommunications britannique Rolls-Royce. L’étage H2 de l’ELDO- prévu pour la CETS et le Symphonie franco-alle- B2 utilisait quatre de ces moteurs, tandis que le mand. Il a identifié certaines lacunes majeures e e 3 étage de l’ELDO-B2 était le 2 étage de dans les activités européennes, notamment l’ab- l’ELDO-B1. Par la suite, la poussée fut portée à sence du lanceur puissant capable de placer un 7 t, mais ce projet fut abandonné en 1971. Rolls satellite de télédiffusion directe en orbite géosta- Royce a construit deux chambres de ce type et tionnaire. Et il a insisté pour que les gouverne- en avait essayé une à Spadeadam (4). Le pro- ments soit prêts à doubler leurs investissements gramme ELDO-B fut abandonné ainsi que le mo- dans l’espace de 0,05 % du PNB à 0,1 %. teur de 70 kN également à la fin des années La deuxième Conférence Spatiale Européenne a 1960 (4). eu lieu à Rome le 11 juillet 1967 et a décidé la La proposition de la France nécessitait d’aban- création d’un Comité Consultatif des Pro- donner les essais en cours avec Europa-1, mais grammes dirigé par Jean-Pierre Causse qui a aussi de retarder le programme, d’augmenter les d’ailleurs résumé la situation : coûts et d’accroître les risques techniques. «Il va y avoir un nouveau programme qui va être Elle fut rejetée à la conférence d’avril 1965, qui fait sur des bases nouvelles proposées dans le décida de conserver le lanceur Europa-1 comme rapport Causse, c’est-à-dire un bi-étage et sur- base de développement d’un lanceur plus perfor- tout une direction intégrée. Donc, plus de direc- mant par la suite. Alors que se poursuivaient les tion des Etats. En pratique, cela a été très difficile premiers essais en vol, notamment le tir F4 d’Eu- à mettre sur pied et puis au sein de l’ELDO on al- ropa-1 début 1966, le CECLES-ELDO entrait lait terminer le programme Europa-1/Europa-2» dans une phase de crise importante. Les Britan- (5). «Ensuite on allait créer une Direction des af- niques annonçaient leur intention de remettre en faires futures. Alors là, l’erreur ça a été que je cause leur participation pour des raisons finan- n’aie pas eu tous les moyens dont j’avais besoin. cières. Ils estimaient que le Blue Streak, dont ils On était en crise financière. Les Anglais avaient avaient la responsabilité, avait parfaitement tout bonnement dit qu’il fallait tout arrêter. Alain fonctionné lors de tous ses essais en vol et qu’ils Peyrefitte avait alors rétorqué : «Mais vous vou- ne voyaient pas pourquoi ils auraient à assumer lez rire, maintenant que les Européens ont fi- les dépassements de coûts du programme (3). nancé la réalisation, vous voulez tout arrêter, ce Malgré les très vives résistances de la Grande n’est pas sérieux et on va vous traîner devant les Bretagne, la conférence des ministres plénipo- organisations internationales.» (5) «Les Anglais tentiaires décida en juillet 1966, que tous les ont donc été obligés de poursuivre, mais à la e Etats-membres participeraient à compter du 1 condition de fixer un plafond et de s’y tenir.» d’où janvier 1967 à un programme nouveau consis- une diminution des cotisations pour les britan- tant en une modification du programme initial et niques. En cas de dissolution de l’ELDO, les qu’un programme complémentaire serait établi. américains avaient également peur que la Cela comprenait : le programme ELDO PAS (Eu- France, seule ou en s’associant avec les sovié- ropa-2) afin d’accéder à l’orbite géostationnaire, tiques, réalise une fusée plus puissante (14) ce la création de la base de lancement à Kourou et qui les incita à influencer les anglais pour qu’ils la volonté d’une politique spatiale européenne restent dans l’ELDO (14). coordonnée d’où l’instauration du caractère perma- «On sortait donc de cette crise de l’ELDO, qui nent de la Conférence Spatiale Européenne (7). s’en était tirée en proposant de faire Europa-2 et La première Conférence Spatiale Européenne non plus seulement Europa-1. Il s’agissait là (CSE) s’est déroulée du 11 au 13 décembre 1966 d’une orbite géostationnaire» (5). juin 2018 - Bulletin d’information de l’Institut Français d’Histoire de l’Espace - 41 En 1968, L’ELDO crée une nouvelle soit solides P16 de la SNIA-BPD. Une société, la SETIS (Société Euro- autre alternative consistait à utiliser péenne d’Etudes et Intégration de deux Blue Streak comme propulseurs Systèmes Spatiaux) dirigée par auxiliaires (boosters) et de relier les Jean-Charles Poggi de la SEREB qui systèmes de propergols entre les trois était également polytechnicien de unités de manière à transférer le car- l’Armement (1). burant non utilisé des boosters dans Cette société renforçait le pouvoir du l’élément Blue Streak central de telle secrétariat de l’ELDO et le conseillait façon que ses réservoirs soient pleins pour le pré-développement et le finan- au moment de la séparation des cement des programmes (1). boosters. Des configurations avec Le comité consultatif fit trois proposi- des boosters de différentes tailles tions contenues dans le rapport Causse comparables à la configuration de la qui comportait 120 pages et qui a été fusée américaine Titan-3C furent rendu public le 14 mars 1968 (8). également envisagées. Premièrement : un lanceur plus puis- version à boosters à Ce rapport Causse représentait un sant après Europa-2 qui permette la ergols solides effort considérable de rationalisation mise en orbite géostationnaire de sa- des programmes spatiaux européens. tellites de télévision directe de 500 kg. Il suggérait que la Conférence Spa- Deuxièmement : une agence spatiale tiale Européenne coordonne les acti- unique regroupant l’ELDO et l’ESRO. vités nationales et fixe la politique à Troisièmemen : la possibilité d’inclure suivre au niveau international dans des satellites d’application dans les tous les secteurs. Une commission activités civiles de l’ESRO. permanente de quelques membres Pour le lanceur plus puissant, deux élus sera établie parallèlement à la étapes étaient prévues : conférence spatiale. La décision de e -1 étape : développer un lanceur bi- mettre en route le programme de dé- e étage avec un 1 étage Blue Streak et veloppement du lanceur Europa-3 de- e un 2 étage cryotechnique. Pour vait être prise en 1969 (8). Il fallait Jean-Pierre Causse, le lanceur bi- dans un premier temps exécuter le étage paraissait plus sûr (6) car cela programme d’études d’Europa-3, e supprimait une séparation d’étages et avec un 2 étage cryotechnique qui il fallait surtout éviter de recommen- pourrait devenir opérationnel en 1975- cer les écueils primitifs de 1976 (6). Parallèlement, des études l’ELDO. L’utilisation du Blue Streak seraient poursuivies pour le satellite e comme 1 étage était logique puisque version à boosters à de 500 kg sur orbite géostationnaire, cet étage avait toujours donné satis- ergols liquides Pour les industriels européens re- e faction et en proposant un 2 étage, groupés sous Eurospace, il devenait on ne pouvait plus séparer les res- en effet urgent de développer les ponsabilités sauf par une organisa- systèmes de satellites européens ré- tion industrielle. gionaux perfectionnés de 500 kg qui Dans l’esprit de Jean-Pierre Causse, auraient peu de chance d’être lancés e ce 2 étage devait être motorisé par par les américains qui contrôlaient la deux moteurs HM7, ce qui faisait un COMSAT et pour cette raison les H15 que le Blue Streak pouvait por- lanceurs européens de la capacité ter en le renforçant un peu (6). de Europa-3 devaient être opération- e -2 étape : dans un temps ultérieur, il nels dès 1976. En effet les satellites était prévu de développer un lanceur régionaux européens auraient un tel e Europa-4 : avec un 1 étage Blue potentiel de rentabilité, qu’ils Streak flanqué de 4 propulseurs n’étaient pas compatibles économi- moteurs du LRBA : auxiliaires soit liquides dérivés du quement avec l’organisation INTEL- M-40 et M-55 premier étage L17 de Diamant-B, SAT (18). 42 - juin 2018 - Bulletin d’information de l’Institut Français d’Histoire de l’Espace Ensuite on pourrait envisager un satellite de présenté. C’est le désengagement du Royaume- 2000 kg sur orbite géostationnaire, pour pouvoir Uni des lanceurs européens, qui donne sa pré- le lancer en 1978, avec une fusée Europa-4, en férence aux lanceurs américains, ce qui est e utilisant du propergol liquide ou éventuellement confirmé à la 3 Conférence Spatiale Euro- des systèmes de propulsion électrique (8). péenne du 12-14 novembre 1968 à Bad Godes- Ce rapport ne remettait pas en cause le projet Eu- berg. Les Anglais ont répondu : «Nous, on ne ropa-2, même si la question de sa survie au-delà marche pas, on n’approuve pas ce rapport» et les de la phase de développement se trouvait posée. autres ont répondu : «On l’approuve» (5). Cela donna lieu à un débat intense, à l’issue du- Le 15 avril 1969, le comité interministériel des quel le CECLES-ELDO décida de mener à son Etats-membres du CECLES-ELDO prend la dé- terme cette phase de développement et créa une cision de mettre en route les études relatives à Direction des Activités Futures (DAF) qui sera Europa-3 et quatre Etats (France, RFA, Pays Bas confiée en 1969 à Jean-Pierre Causse, puis à et Belgique) décident, quoi qu’il arrive, de pour- Hans. W. Hoffman en 1971 (3). suive l’effort lanceur en proposant un lanceur ca- e Au mois de juin 1968 à Munich, au cours de la 3 pable de mettre en orbite géostationnaire un conférence organisée par Eurospace, les repré- satellite de 700 kg (15). sentants officiels américains, transmettent l’offre En juin 1969, deux évènements importants ont américaine à l’ELDO de collaborer à l’étude et à lieu : d’une part le test réussi à Vernon du moteur la réalisation de fusées, et de mettre sur orbite à ergols liquides M40 qui était le précurseur du des satellites européens de communications, à moteur Viking, et d’autre part, la création de la condition de respecter les règles d’Intelsat. SEP par la fusion de la SEPR et de la division Dans «Le Monde» du 21 juin 1968, Nicolas Vich- Engins Espace de la SNECMA. ney s’interroge: «Les conditions américaines Compte tenu d’une part de l’expérience acquise vont-elles conduire à une condamnation d’ELDO, en France dans le domaine des ergols stocka- puisque Washington offre de lancer des satellites bles et d’autre part du refus du Royaume Uni de de communications européens, mais à des condi- continuer à participer au développement des lan- tions précises ? Aboutiront-elles au contraire à ceurs, la délégation française qui avait changé faire repartir le programme européen des lan- d’avis, n’a plus voulu du Blue Streak comme pre- ceurs, puisque les Etats-Unis offrent une large mier étage d’Europa-3 (3). coopération technique, notamment en ce qui La délégation française a décidé de faire le L120, concerne la réalisation, qui promet d’être délicate, et en conséquence tout s’est organisé autour du des étages supérieurs à hydrogène liquide ? (8). premier étage L120 plus grand que le Blue Le 11 et 12 juillet 1968, la conférence des minis- Streak (5). Le M40 serait associé par quatre pour tres des Etats-membres du CECLES/ELDO est être la base du L120 et ainsi devenir un premier un échec, l’Italie et le Royaume Uni refusent étage de substitution à l’étage anglais Blue d’augmenter leur contribution. Streak pour Europa 3. Des mesures d’économie sont alors décidées. En choisissant le M40, la filière des ergols Mais la conférence de juillet 1968 ne peut aboutir, stockables (N2O4-UDMH) a donc été retenue. on propose de se réunir en octobre 1968 (3). Par la suite, le projet a évolué : on envisagera Compte-tenu du malaise qui règne au sein du bientôt l’utilisation de cinq moteurs M40 puis de CECLES-ELDO, le CNES suggère que la France quatre moteurs de 55 t de poussée. Le M55 qui e qui est devenue la 3 puissance spatiale grâce était plus puissant, mais aussi plus lourd (550 kg au lanceur Diamant-A depuis novembre 1965, se au lieu de 390) est devenu le Viking-1. e retire de cette organisation et qu’avec les autres Le 2 étage serait doté d’un système de propul- pays européens ayant une volonté spatiale, elle sion cryotechnique très ambitieux (le flux intégré) puisse définir un nouveau programme de lan- le H20 (20 t d’hydrogène). Ce lanceur visait une ceurs susceptible d’aboutir vers 1974, cette pro- performance de l’ordre de 1500 kg en orbite de position obtient l’aval de la Présidence de la transfert géostationnaire. Cet objectif, qui a été République française le 21 juillet 1968. maintenu pour Ariane, correspondait à la perfor- Le 11 novembre 1968 au comité interministé- mance du lanceur américain Atlas Centaur qui riel des Etats-membres du CECLES-ELDO à était alors la référence pour les plus grands sa- Bonn, le nouveau rapport Causse remanié est tellites de communication (1). juin 2018 - Bulletin d’information de l’Institut Français d’Histoire de l’Espace - 43 En ce qui concerne le second étage concepts s’affrontaient l’un proposé par la SEP Les travaux allemands sur les moteurs fusées en France et l’autre par MBB en Allemagne. débutèrent en 1956 chez Bölkow Entwicklungen La SEP proposait un ensemble propulsif consti- AG sous contrat du ministère fédéral de la Dé- tué de deux moteurs HM7, alors que MBB offrait fense. Il s’agissait de concevoir un moteur expé- un moteur unique, très évolué et très puissant. rimental de 50 kN de poussée utilisant de La proposition de la SEP était composée de deux l’oxygène liquide et du kérosène. Le moteur P111 nouveaux moteurs HM7 de 70 kN de poussée et qui en résulta devint ainsi le premier moteur- brûlant de l’oxygène et de l’hydrogène liquides. fusée à flux intégré. Il se caractérisait par un Chaque moteur formait un ensemble autonome, cycle thermodynamique dit «à combustion éta- alimenté par sa propre turbopompe. La chambre gée» avec une préchambre riche en oxydant, de combustion comportait un tronçon régénératif une chambre de combustion refroidie par circu- refroidi par de l’hydrogène, un injecteur muni lation d’oxygène liquide (refroidissement régéné- d’une chambre et un divergent démontable per- ratif) et par une turbopompe mono-arbre mettant ainsi les essais au sol. L’hydrogène était comprenant la pompe oxygène, la pompe kéro- injecté dans le circuit de refroidissement à partir sène et la turbine. La préchambre était située d’un collecteur torique situé dans le plan de tron- entre ces deux derniers composants et générait cature de la chambre. Il s’écoulait dans 120 ca- un gaz chaud riche en oxygène entraînant la tur- naux constitués par des clinquants emboutis au bine avant d’être injecté dans la chambre de profil désiré et brasés sur une enveloppe exté- combustion principale (13). rieure en acier inoxydable tenant les efforts de Ce programme démontra également l’intérêt de pression. L’hydrogène et l’oxygène destinés à la la chambre de combustion en alliage de cuivre combustion étaient directement injectés dans la pour ce type de moteur. Lors de la conception du chambre au moyen de 104 injecteurs élémen- P111, une nouvelle technologie adaptée aux taires répartis sur cinq couronnes concentriques. chambres de combustion refroidies par circula- Au centre de la plaque d’injection débouchait la tion d’oxygène liquide a dû être inventée. préchambre. L’oxygène alimentant cette dernière L’équipe de Bölkow a fait appel à un alliage de était prélevé sur le circuit d’oxygène en amont de cuivre OHFC (Oxygen High Free Conductivity) la vanne d’injection dans la chambre. L’allumage pour la partie intérieure de la chambre. Des rai- de la préchambre était assuré par une bougie. Le nures fraisées longitudinalement permettent le type d’injecteur utilisé était identique à celui ex- passage de l’oxygène de refroidissement. Une périmenté sur le moteur HM4, l’ensemble des couche de nickel déposée par électrolyse à l’ex- éléments le constituant étant en acier inoxydable. térieur de cette pièce en cuivre permet de refer- La turbopompe était dérivée de celle équipant le mer le passage (13). moteur HM4 : les deux pompes étaient entraî- La firme allemande a donc construit le premier nées par une turbine unique, directement pour la moteur-fusée à flux intégré et à combustion éta- pompe à hydrogène et par l’intermédiaire d’un ré- gée au monde de 5 t de poussée en utilisant des ducteur pour la pompe à oxygène. Mais ce projet ergols stockables, qui a été testé aux installa- n’a jamais été concrétisé (13). tions d’Ottobrünn de MBB en 1963. En 1967-68, Par ailleurs MBB proposait un moteur dérivé du MBB a travaillé avec Rocketdyne pour concevoir P 111 et du BORD : à flux intégré et combustion le premier moteur cryogénique à haute pression étagée, doté d’une chambre de combustion réa- BORD, à hydrogène et l’oxygène liquides (13). lisée en cuivre revêtu de nickel électro déposé et Ce moteur construit par MBB et testé par Rocket- doté d’une turbopompe mono-arbre dont l’axe dyne, produit quelque 13 t de poussée. La sélec- était confondu avec celui de la chambre, donnant tion de ce type de moteur a été un sujet de ainsi un aspect très «allongé» au moteur. contestation pendant les premières phases de En fin de compte, l’ELDO convainquit MBB et la définition d’Europa-3B. La France préférait SEP de s’associer pour produire en commun un s’orienter vers une technologie éprouvée dans un moteur très évolué, directement dérivé de la pro- souci d’économie et de fiabilité ce qui a abouti au position MBB. Cette association permettait d’uti- lanceur L3S comme on le verra plus loin. liser les points forts de chacun (les pompes et La plupart des propositions pour Europa-3 utili- l’expérience de motoriste et de systémier pour la e saient un 2 étage cryogénique pour lequel deux SEP et les chambres pour MBB). C’est ainsi que 44 - juin 2018 - Bulletin d’information de l’Institut Français d’Histoire de l’Espace fut créé le groupement Streak et le 21 juillet d’intérêt économique 1969 le débarquement CRYOROCKET vers la de l’homme sur la lune mi-1970 (13). avec Apollo-11 changeait la donne car les améri- Le moteur H20 de cains devenaient très Cryorocket prééminents vis à vis de Ce moteur H20 de Cryo- l’Europe spatiale. Il est rocket était d’efficacité vrai que les nouvelles comparable à celui en La famille Europa-III A, B, C, D spatiales en Europe cours d’élaboration par la n’étaient pas optimistes North American Rockwell compte tenu de l’échec en 1970 pour l’orbiteur de la navette spatiale. du lanceur britannique Black Arrow et surtout C’était certainement le projet le plus avancé de celui du tir F8 d’Europa-1 (9). moteur-fusée jamais entrepris en Europe. Il utilisait À la mi-décembre 1969 lors du symposium à le même procédé de flux intégré à combustion Paris, la Direction des affaires futures présidée étagée. En raison de son expérience passée, la par Jean-Pierre Causse présente les quatre “fa- SEP était responsable de la turbopompe et des milles” possibles pour le futur lanceur Europa-3 : systèmes auxiliaires et de contrôle, la chambre et Europa-3A : réalisée à partir du Blue Streak e la préchambre étaient conçus et réalisés par MBB. comme 1 étage auquel serait éventuellement Le moteur H20 était en fait une synthèse des adjoint des boosters à poudre genre P16 plus un e P111, BORD et HM4 : il associait le savoir-faire 2 étage cryogénique H15 (Europa-3A/TA) solu- de la SEP en matière de conception et de réali- tion initiale proposée par Jean-Pierre Causse. sation des turbines et des pompes à la technolo- Europa-3B : proposée par la France et la RFA, à gie développée par MBB pour les chambres de partir d’un étage nouveau le L135 du LRBA + et e combustion. Son fonctionnement était complexe d’un 2 étage H20. : une petite quantité d’oxygène en provenance de Europa-3C : utilisant la technologie Blue Streak e la pompe oxygène était injectée dans la pré- avec un 1 étage plus large de 3 m de diamètre chambre, le reste était dirigé vers l’injecteur prin- avec 4 moteurs Rolls Royce RZ-2 sous alimen- cipal. Après le premier étage de la turbine tés et une structure entièrement nouvelle, ce qui hydrogène, une partie de l’hydrogène partait re- ferait économiser la mise au point d’un nouveau e froidir le divergent alors que l’essentiel de ce li- moteur + un 2 étage H20 Cryorocket. quide traversait le système de refroidissement de Enfin Europa-3D : avec propulsion cryogénique la chambre et de la préchambre et pénétrait dans pour les deux étages proposé par MBB (11). cette dernière. Des gaz chauds y étaient produits L’ELDO envisageait aussi deux évolutions inter- et étaient utilisés pour entraîner la turbine. Après médiaires : il s’agissait d’Europa-2 avec des pro- avoir traversé la turbine et l’injecteur principal, pulseurs auxiliaires soit solides P16 (proposition ces gaz étaient brûlés dans la chambre avec la de la firme italienne BPD) ou liquides L17 cor- e majeure partie de l’oxygène. Le rapport de mé- respondant au 1 étage de la fusée Diamant-B lange était contrôlé par la vanne chambre oxy- qui étaient des technologies existantes en Eu- gène, la poussée par la vanne préchambre rope. Il s’agissait des configurations : Europa- oxygène avec la vanne de chambre oxygène. La 2/TA/L et Europa-2/TA/P alors que Europa-2B et SEP engagea quelques travaux préliminaires Europa-2C étaient abandonnés en faveur Eu- (essentiellement technologiques) sur les pompes ropa-2D qui pourrait être lancé en 1974 (19). avant l’arrêt total du programme Europa-3 en L’ELDO estimait que les études de faisabilités de- 1972, MBB en fit de même pour la chambre de vaient prendre fin à l’issue de 1969 et que les combustion (13). deux années suivantes 1970 et 1971 serviraient Le 3 juillet 1969, c’est un échec pour Europa-1 à aux travaux expérimentaux et au développement Woomera lors du tir F8 dû au troisième étage al- du projet sélectionné. lemand Astris qui ne s’est pas allumé alors que Le 14 Octobre 1969 donc quelques mois après l’étage français Coralie a parfaitement fonctionné le débarquement de l’homme sur la lune, Tho- ainsi que le premier étage britannique Blue mas Paine, l’administrateur de la NASA fait part juin 2018 - Bulletin d’information de l’Institut Français d’Histoire de l’Espace - 45 aux membres de la commission permanente de La décision de la mise en route du programme la conférence spatiale européenne de son inten- Europa-3B intervient en mai 1971, mais en tion de faire participer l’Europe au programme juin1971, déjà la divergence entre l’Allemagne et post Apollo (14). la France sur la politique à suivre en matière de Un groupe d’experts comprenant Jean-Pierre lanceurs est notée par le ministre des affaires Causse et J.A. Dinkespiler (directeur pro- étrangères français. (14) Et comme le disait Ro- grammes ESRO) sont chargés d’étudier la pro- bert Aubinière lors de son interview par André Le- position américaine et remettent leur rapport en beau : «Ce qui les intéressait (les allemands), avril 1970. Il s’avère que jusqu’à ce que la na- c’est la technique et la technologie. Ça ne les in- vette spatiale soit opérationnelle vers le milieu de téressait pas de dire : je vais lancer des satellites. la décennie 80, il y aurait une place pour un lan- Vous voyez ce que je veux dire.» (9) ceur européen de type Europa-3 s’il pouvait être En octobre 1971, la configuration finale d’Europa- disponible dès 1978 (14). 3B est définitivement arrêtée : ce sera un lanceur Les 27-28 avril 1970 au cours de son conseil, bi-étage d’une masse de 190 t environ, d’une lon- e l’ELDO recommandait d’écarter définitivement le gueur de 40 m : avec un L120 pour le 1 étage, e Blue Streak en tant que premier étage d’Europa- et un 2 étage cryotechnique. La France et la e 3, d’utiliser le L135 comme 1 étage, le L35 pour RFA s’affrontent sur le choix de la technologie e e le 2 étage à oxygène et hydrogène liquides (16) pour le 2 étage : basse ou haute pression et fi- et donnait son feu vert pour les études et le pré- nalement c’est la solution allemande à haute développement d’Europa-3B. pression, qui est retenue. Le 12 juin 1970 C’est l’échec d’Europa-1 lors du Par la suite, le lanceur Europa-2 à 4 étages ex- dernier vol F9 à Woomera. Alors que tous les plose à Kourou après 150 secondes de vol le 5 étages ont bien fonctionné, la coiffe ne s’est pas novembre 1971. ouverte empêchant la satellisation d’un petit sa- Jean-Pierre Causse nous raconte (5) : “J’étais tellite expérimental de télécommunications. rentré en France pendant l’échec et avec le Gé- e e Lors de la 1 session de la 4 conférence spatiale néral Aubinière, on a mené une Commission européenne (CSE) à Bruxelles le 23-24 juillet, d’enquête dont il était Président et moi Secré- l’Europe spatiale vole en éclats : il ne reste plus taire. La Commission d’enquête a conclu à un que quatre pays : France, Allemagne et Belgique manque total d’intégration globale et d’essais glo- plus les Pays-Bas (sous certaines réserves) qui baux de ce lanceur et tout ça a conduit ensuite à sont concernés par le développement d’Europa- des propositions de notre commission pour es- 3B, dont le coût est estimé à 460 millions de dol- sayer de repartir sur le nouveau lanceur Europa- lars, avec engagement des pays jusqu’à fin 1971 3”. (5) seulement, et avec une réserve de l’Italie. Le 5 janvier 1972, le général Aubinière est Au conseil des ministres du CECLES-ELDO, nommé secrétaire général de L’ELDO et nomme réuni quelques jours après la CSE, le vote ne Yves Sillard responsable du programme Europa- e porte que sur une somme de 7 millions de dol- 3, tandis que Frédéric d’Allest s’occupe du 2 lars jusqu’à fin 1970, afin d’engager quelques tra- étage H20 (9) et que de nombreuses personnes vaux de pré-développement en attendant les à l’ELDO sont limogées. (9) conclusions de la mission du président de la CSE En France en février 1972, après la déclaration auprès de la NASA : au cas où les Etats-Unis du premier ministre Michel Debré en faveur d’un consentent à fournir leurs lanceurs sans condi- gros lanceur national, l’industrie travaillait sur tion, l’Europe pourrait éventuellement renoncer trois projets : (2) au développement d’Europa-3. e Le 4 novembre 1970, lors de la 2 session de la Le projet Europa 3B e e 4 CSE à Bruxelles, il s’avère que la position Il y avait deux projets : celui du CNES avec un 2 e américaine reste ambiguë sur les lanceurs, et le étage simplifié et un 3 étage HM4 avec un désaccord sur un lanceur européen indépendant chambre unique et un projet à 2 étages dont le e est tellement intense que la réunion prend fin dès 2 était propulsé par plusieurs HM4. (2) le premier jour. (17) En conséquence, il ne reste La division lanceurs du CNES dirigée par Albert plus que trois pays intéressés la France, la RFA, Vienne estimait en effet que la technologie défi- e et la Belgique. nie pour le 2 étage d’Europa-3B (le H20) était 46 - juin 2018 - Bulletin d’information de l’Institut Français d’Histoire de l’Espace hors de portée de l’Europe et proposait un lan- (Mach 8,8) et suivrait une trajectoire inclinée à ceur à 3 étages beaucoup moins risqué et surtout 25° ; à ce moment, le premier étage serait largué moins onéreux. Roland Deschamps coordonnait et le moteur du second étage allumé. un groupe de travail pour proposer une alterna- Le second étage, pesant au total 23 t, devait être tive à Europa-3 (2) propulsé par un seul moteur «à Pendant ce temps-là, le CECLES- haute pression à flux non dérivé» ELDO définissait le projet Europa- de 20 tde poussée (impulsion 3 et décidait de le budgétiser en spécifique: 448 s) qui fonctionne- mars 1972 (12) rait pendant 448 s également. En La raison d’être essentielle de ce fin de combustion des ergols (hy- nouveau lanceur était de donner à drogène et oxygène liquides) — l’Europe (ou tout au moins aux soit 598 s après le décollage — pays intéressés) la possibilité ma- l’étage et sa charge utile auraient térielle de mettre en orbite vers la atteint une altitude de 203,5 km fin de la décennie ses propres sa- et une vitesse proche de 9 800 e tellites de télécommunications à m/s. Le moteur unique du 2 couverture «régionale» (plus limi- étage devait faire appel à une tée que celle des satellites d’Intel- technique encore jamais éprou- sat) dont elle estimait avoir besoin, vée, même pas aux Etats-Unis. Europa-III (1972) concurremment aux services four- C’est un moteur de puissance nis par les satellites «mondiaux» très élevée obtenue par un fonc- avec la capacité de mettre en or- tionnement sous des pressions bite géostationnaire une charge de combustion très importantes utile d’environ 700 à 800 kg. (11) (130 bars), ce qui constitue l’une Les responsables européens se des originalités du projet, l’autre sont finalement arrêtés sur une étant que les gaz chauds action- fusée présentant les caractéris- nant la turbine ne sont plus reje- tiques suivantes: tés et perdus à l’extérieur du Fusée à deux étages, le premier moteur, mais injectés directement étant réalisé selon une technique dans la chambre de combustion, relativement rustique (coefficient accroissant le rendement global de structure et ergols classiques), d’au moins 10 %. Comme nous (5) le second était un étage à er- l’avons vu son développement a gols cryogéniques, beaucoup plus été confié à un groupement d’in- raffiné. térêt économique «Cryorocket» La fusée mesurerait 40 m de hau- formé par la SEP et la société al- teur et pèserait 191 t au décollage lemande MBB.Tandis que celle e dont 1,55 t pour la charge utile qui du 1 étage devait incomber à sera placée sur une orbite l’industrie française (tache pour 200/36.000 km (circularisée en- laquelle l’Aérospatiale est bien e suite à 36.000 km par le moteur 2 étage d’Europa-III placée). (20) e d’apogée). Le poids total du 1 Les études de définition du projet étage sera de 166 t, dont 150 t pour les ergols Europa-3B ont été achevées et soumises au conseil (N2O4/UDMH), plus 2,8 t d’eau, l’étage vide pe- de l’ELDO le 5 avril 1972 aux termes d’un premier sant 13,6 t. Il serait propulsé pendant 151 s (dont contrat portant sur 35 millions de dollars. (11) 149 s de vol) par quatre moteurs à turbopompe Mais ce projet bat de l’aile car dès le mois de juin Viking-1 du LRBA délivrant une poussée totale 1972, la lettre de la NASA à l’ELDO propose de de 241 t au décollage (impulsion spécifique : 237 lancer les satellites de télécommunications euro- s) et de 279 t dans le vide (impulsion spécifique péens et vient jeter le doute sur l’utilité du lanceur 279 s). (20) européen. On s’aperçoit par ailleurs que les ca- En fin de propulsion, la fusée aurait atteint une ractéristiques des satellites de télécommunica- altitude de 60 km, une vitesse de 2 900 m/s tions européens dépassent les capacités de juin 2018 - Bulletin d’information de l’Institut Français d’Histoire de l’Espace - 47 lancement d’Europa-3 et de plus la na- le lanceur L3S est donnée. vette spatiale américaine semble révo- Lors du conseil de l’ELDO du 27 avril lutionner la technique spatiale. Tout 1973, il est mis fin à toutes les activités ceci se concrétisera lors du conseil de du CECLES-ELDO, en raison de l’ELDO de juin 1972 par la divergence l’abandon du dernier programme en franco-allemande sur la politique des cours (Europa-2). lanceurs exacerbée après l’échec d’Eu- En ce qui concerne le moteur H 20, qui ropa-2 (14).Par ailleurs au salon de n’avait plus aucune raison d’être du fait Farnborough, le 4 septembre 1972, de l’abandon d’Europa-3. L’équipe res- l’industrie britannique par l’intermédiaire ponsable fut donc dissoute. Pourtant, de Hawker Siddeley Dynamics propose bien que n’exerçant plus aucune activité, une autre alternative moins couteuse le GIE Cryorocket survécut plus de 10 que le projet Europa-3B utilisant des ans puisqu’il ne fut dissout qu’en avril éléments déjà développés. Celle-ci en 1984 (13). effet, était inquiète de ne plus participer La dissolution complète du CECLES- e aux programmes européens de lan- ELDO est intervenue à la 72 et dernière ceurs et voulait rester dans la course en réunion du conseil de l’ELDO qui s’est e proposant un 2 étage cryogénique et tenue le 30 mai 1975 sous la présidence e un 1 étage Blue Streak flanqué de du Néerlandais E.A.Plate (14). deux propulseurs auxiliaires qui se- Projet Europa-III Le 10 mai 1973 a été présenté le projet raient le premier étage de Diamant-B : alternatif de HSD L3S aux industriels et organismes des le L-17 (21). pays intéressés: successeur simplifié Peu après la France démarre son dossier alter- d’Europa-3, le lanceur L3S a repris une partie de natif à Europa-3 au début du mois de novembre l’acquis technique et des études de ce lanceur. 1972, le projet suppléant à Europa-3 (E3S) est Comme le disait le général Aubinière, Ariane a publié le 30 novembre 1972 et présenté au repris le premier étage d’Europa-3B et le pas de conseil interministériel restreint qui décide de le tir CECLES de Kourou ; le CECLES-ELDO n’était proposer aux Européens. donc pas quelque chose de complétement perdu e Lors de la 5 CSE à Bruxelles, qui a été reportée mais on aurait pu faire tout de même pour moins une première fois de juillet à octobre 1972 du fait cher et plus rapidement (9). e des tergiversations allemandes, et qui a finale- Le 1 étage de L3S est un étage L140 équipé de e ment lieu le 20 décembre 1972, la RFA refuse de quatre moteurs Viking-2 et le 2 un étage L33 participer au programme Europa-3B qui semble équipé d’un moteur Viking-4, spécialement donc moribond (il ne restait plus en effet que la adapté pour fonctionner dans le vide et piloté France et la Belgique en faveur de ce pro- selon 2 axes. La conception et la production du gramme). Le ministre allemand Klaus Von Dohna- moteur Viking sont entièrement européennes et nyi avait expliqué en aout 1972 que le marché réalisées par la SNECMA. européen était trop étriqué pour justifier le déve- L’Allemagne participe à la fabrication de ce mo- loppement d’un lanceur indigène et qu’Europa-3 teur par l’intermédiaire de l’entreprise MAN pro- était d’un faible intérêt technologique (14, p155). duisant la turbopompe génératrice. La Suède Dans ces conditions, la France par la voix de Jean collabore avec l’entreprise VOLVO qui réalise la Charbonnel déclare qu’elle réalisera seule, s’il le chambre de combustion. La Belgique s’occupe, faut, un lanceur à 3 étages suppléant à Europa-3 elle, de la production des vannes d’alimentation. (L3S) proposé par le CNES avec des solutions Quant à l’assemblage et aux essais de toute la techniques existantes mises au point par le LRBA section production, ils sont assurés en France e afin de remplacer à moindre cout Europa-3. par la SNECMA à Vernon. L’adoption pour le 3 Le nom de code E3S a été changé en L3S en no- étage du moteur SEP HM7 de 7 t de poussée à vembre 1972 afin d’éviter toute référence à Eu- turbopompe et 35 bars de pression découlant ropa. Lors du conseil de L’ELDO du 31 décembre des études faites depuis longtemps pour l’ELDO- 1972, la décision est prise d’abandonner le pro- B était naturelle mais cette fois-ci avec une cham- gramme Europa 3 (14) et le 27 mars 1973 l’au- bre unique développée par MBB et non par torisation de démarrer les travaux du CNES pour Rolls-Royce puisque que la Grande Bretagne 48 - juin 2018 - Bulletin d’information de l’Institut Français d’Histoire de l’Espace s’était retirée du pro- rope de l’espace p. 175. gramme (4). 9 Le général Robert Le projet L3S est adopté Aubinière propos d’un par neuf représentants des pères de la européens le 21 juillet conquête spatiale fran- e 1973, lors de la 6 CSE çaise p. 178,179. à Bruxelles. L’appella- 10 Bernd Leitenberger tion barbare L3S cède Die Europa rakete Edi- son nom à “Ariane “ en tion Raumfahrt Kom- A : Europa-1, B : Europa-II, C : Europa-1 avec propulsion élec- septembre 1973 (14). trique, D : Blue Streak à boosters à liquides, E : Blue Streak à pakt 2010 p. 105. boosters Carole, F : Europa-III à étage cryo, G : Europa-4 avec 11 Jacques Morisset Nota : propulsion électrique, H : Europa-4 à boosters, I : Europa-4 à Air et Cosmos n°304 du 1 Interview de Ray- boosters et propulsion électrique. 26 juillet 1969 p. 37 mond Orye par David “Europa 3 : une troi- Redon: ESA : Oral history of Europe in space sième solution envisagée”. http://archives.eui.eu/en/oral_history/INT051 le 12 Hans Hoffmann directeur technique de 19 novembre 2002 l’ELDO revue Interavia n°4/1972 p. 398-399. 2 Roger Vignelles, La naissance d’Ariane La 13 Christophe Rothmund : la coopération France et l’Europe spatiale aux 3éme rencontres Franco-allemande dans le domaine des moteurs de l’IFHE 30-31 octobre 2003 Page192. fusées cryotechnique SNECMA Vernon. 3 Hervé Moulin : ESA: La France dans l’espace 14 John Krige : Fifty years of european coope- 1959-1979 contribution à l’effort spatial européen ration in space, juin 2014 éditions Beauchesne. HSR-37 juin 2006. 15 Marcel Depasse : “Vers l’unité institution- e 4 Pierre Soufflet salle de l’espace du CNES nelle” La France et l’Europe spatiale 3 rencon- Paris les débuts de la propulsion cryotechnique tres de l’IFHE 30-31 octobre 2003 p. 220. bulletin Espace et Temps juin 2017. 16 “ELDO to drop Blue Streak” Flight internatio- 5 Interview de Jean-Pierre Causse par David Redon nal du 7 Mai 1970 p. 789. ESA : Oral history of Europe in space http://ar- 17 Bulletin n°157 de l’ESA février 2014 “History chives.eui.eu/en/oral_history/INT055 le 19 mars of europe in space” 2003. 18 “European decision time” Flight international 6 Jean-Pierre Causse : La France et l’Europe du 4 Juin 1970 p. 946. e spatiale table ronde p 198 aux 3 rencontres de 19 extrait de Air et Cosmos n°315 du 15 novem- l’IFHE 30-31 octobre 2003. bre 1969. 7 La cessation des activités de l’ELDO et la re- 20 Pierre Langereux Air et Cosmos n°441 du 24 lance de l’Europe spatiale Jean Chappez an- juin 1972 “Europa 3 : nouveau lanceur pour les nuaire de droit international Année 1973 Volume satellites de télécommunications”. 19 Numéro 1 pp. 941-956. 21 Pierre Langereux Air et Cosmos n°447 du 9 8 Orio Giarini L’Europe et l’espace Lausanne septembre 1972 “Alternative Europa 3”. centre de recherches européennes 1968 l’Eu- 80 ans de NPO TechnoMach Le 28 mai 1938, l’institut GSPI-7 du ministère de RKA (FGUP en 1998). L’effectif est passé de 455 l’armement devient le TsKB-40. En 1944, l’institut personnes en 2008 à 600 en 2012. est associé à l’usine n°44 de Moscou. En 1946, Les directeurs ont été A. N. Malov en 1938/40, il devient l’institut technologique NITI-40 en G. M. Zavialov en 1940/41, B. A. Kaganovitch en charge de technique des fusées (V-2). En 1966, 1942/47, F. K. Tcharsky en 1947/52, V. I. Lazarev il devient le NIITM du ministère des machines gé- en 1952/61, A. I. Milekhine en 1961/72, Ya. V. Ko- nérales (MOM). En 1990, il devient la NPO Tech- loupaiev en 1972/81, V. A. Issatchenko (1936- noMach avec des filiales à Zlatoust, Tomsk, 2017) en 1981/91, V. V. Boulavkine en Krasnoïarsk, Voronej. En 1992, elle devient une 1992/2007, A. N. Kotov en 2007/2012, puis D. V. entreprise d’état appartenant à l’Agence spatiale Panov depuis 2012.

juin 2018 - Bulletin d’information de l’Institut Français d’Histoire de l’Espace - 49 50 ans de l’ESTEC à Noordwijk (Hollande) Lors de la création de l’ESRO, la Le 31 janvier 1972, c’est au tour France a obtenu le siège à Paris, du satellite HEOS-2. l’Allemagne l’ESOC à Darms- Le programme TD (Thor-Delta) tadt, l’Italie l’ESRIN à Frascati et comprenanit quatre satellites : la Hollande l’ESTEC (European TD-1 pour l’astronomie stellaire, Space Technology & Research TD-2 pour l’astronomie solaire, Center) à Noordwijk. Le premier TD-3 pour l’ionosphère et TD-4 choix était à proximité de l’Uni- pour la haute atmosphère. Mais versité de Delft où était logé le seul TD-1A (473 kg) est réalisé personnel de l’ESRO. Mais au et lancé le 12 mars 1972. Les printemps 1964, le gouverne- autres missions sont transfor- ment hollandais a retenu le ter- mées en ESRO-3 (ionosphère) rain de Noordwijk à 40 km et ESRO-4 (atmosphère et evnt d’Amsterdam. Les premiers bâti- solaire). Mais ESRO-3 est éga- ments provisoires étaient en lement abandonné. ESRO-4 place en juin. Le personnel est (130 kg) est finalement lancé par transféré de Delft à Noordwijk le une Scout le 20 novembre 1972. 22 juillet 1965. Le 14 octobre En 1975, l’ESTEC se dote de la 1966, le centre est victime d’un Dynamic Test Chamber (DTC) incendie. Mais les essais des de 10 m de diamètre qui s’ajoute premiers satellites de l’ESRO inauguration le 3 avril 1968 aux trois chambres à vide ther- commencent : ESRO-2A est mique (HBF). Le 9 août 1975, le lancé par une fusée américaine satellite d’astronomie gamma Scout le 29 mai 1967, mais c’est COS-B (278 kg) est lancé avec un échec au lancement. Le cen- succès par une fusée Delta. tre est inauguré le 3 avril 1968 Puis en 1977, trois lancements par la princesse Béatrix. Le 17 ont lieu : l’échec du GEOS-1 mai suivant, ESRO-IIB Iris (75 (Geostationnary Scientific Satel- kg) est lancé avec succès par lite) le 20 avril, l’échec d’OTS-1 une Scout de Vandenberg. Il est (Orbital Test Satellite) le 13 sep- suivi le 3 octobre par ESRO-IA tembre et le succès de Météo- Aurorea (80 kg) destiné à l’étude Vue aérienne (1966) sat-1 (320 kg à poste) le 23 de l’ionosphère et des aurores novembre. L’année suivante est boréales. Enfin, le 5 décembre, meilleure : OTS-2 est lancé avec une Thor-Delta lance le satellite succès le 11 mai 1978 et GEOS- scientifique HEOS-1 (108 kg) de 2 l’est également le 14 juillet de Cap Canaveral. HEOS 1978. En 1984, un incendie a (Highly Eccentric Orbiting Satel- lieu dans le centre des ordina- lite) est destiné à l’étude du vent teurs. Le DTC est converti en solaire et de la magnétosphère LSS (Large Space Simulator) en terrestre. En septembre 1968, 1984/85. En 1987, l’effectif était l’ESLAB (European Scientific La- Cérémonie des 50 ans (à g., Heidi Graf). de 1000 personnes et 500 sous- boratory), qui avait été créé en traitants. En 2018,il est de 2500 février 1965 à l’hôtel Helmhorst à Noordwijk, fu- personnes dont la moitié en interne et l’autre moi- sionne avec l’ESTEC. Devenu le Space Science tié en sous-traitance. Le centre a été successive- Department, il rejoint l’ESTEC en avril 1969. En ment dirigé par Johan Berghuis, Massimo Trella 1969, un autre incendie se produit dans le bâti- en 1978/85, Marius Le Fèvre en 1985/96, David ment 16/2. Ce qui n’empêche pas le satellite Dale en 1997/2004, Michel Courtois en e ESRO-1B Boreas d’être lancé le 1 octobre 1969. 2004/2011, Franco Ongaro depuis 2011.

50 - juin 2018 - Bulletin d’information de l’Institut Français d’Histoire de l’Espace 100 ans du TsAGI (institut central d’aérohydrodynamique) Cet ONERA soviétique a été organisations : le TsIAM (Institut e créé le 1 décembre 1918 à par- central des moteurs d’avions), le tir du laboratoire d'aérodyna- VIAM (Institut des matériaux aé- mique du MVTU. Il a été dirigé ronautiques), etc. En 1941, il est par N. E. Joukovsky (1947- transféré à Stakhanovo (devenu 1921) en 1918/21, S. A. Tcha- Joukovsky) et donne naissance plygine (1869-1942) en à l'Institut des essais en vol de 1921/31, N. M. Kharlamov Ramenskoe (LII Gromov). (1892-1938) en 1932/37, I. K. Les savants M. V. Keldysh Protsenko (1899-?) en 1937/38, (1911-1978), M. A. Lavrentiev M. N. Chouljenko (1895-1982) (1900-1980), S. A. Kristianovitch en 1938/39, I. F. Petrov (1897- (1908-2000), A. A. Dorodnytsine La navette Bourane dans la soufflerie 1994) en 1940/41, S. N. Chich- hypersonique T-117 (1910-1994), L. I. Sedov (1907- kine (1902-1981) en 1941/50, A. 1999), G. I. Petrov (1912-1987), I. Makarevsky (1904-1979) en 1950/60, V. M. G. I. Maïkapar (1914-2004), K.K.Kostiouk (1913- Miassichev (1902-1978) en 1960/67, G. P. Svichev 1998), K. P. Petrov (1939-2003), V.A.Yaro- (1912-1999) en 1967/90, G. I. Zagaïnov (1935) en chevsky (1932-2014), etc ont travaillé sur 1990/94, V. Ya. Neiland (1932) en 1994/98, V. G. l'aérodynamique des grandes vitesses (avions à Dmitriev (1944) en 1998/2006, V. A. Kargopoltsev réactions, missiles et fusées spatiales, engins hy- (1946) en 2006/2007, S. L. Tchernychev (1955) en personiques). 2007/2009, B. S. Alechine (1955) en 2009/2015, Le TsAGI a joué un rôle important dans l’aérody- S. L. Tchernychev (1955) en 2015. namique des capsules de rentrée atmosphérique Les adjoints étaient V. V. Strouminsky (1914-1998) (Vostok, Soyouz, Venera, Mars) et de navettes en 1952/66, G. S. Biouchgens (1916-2013) en spatiales (Energiya-Bourane). En 1966, le prix 1961/91, L. A. Simonov (1912-1989) en 1956/79, Lénine a été remis aux aérodynamiciens du NII- V. V. Sytchev (1924-2016) en 1960/89, L. M. Chka- 1/centre Keldysh (G. F. Telenine, M. Ya. Youde- dov (1927-2003) en 1987/2003, etc. lovitch, You. Ya. KarpeIsky), NII-88/TsNIIMach (A. L’institut se trouvait initialement à Moscou. F. Kouliabine + 4 autres), de l’OKB-1/Energiya L’avionneur A.N.Tupolev a dirigé le secteur de (V.D.Ossipov), de l’OKB-586/Youjnoe (F. I. Kon- construction d'avions du TSAGI de 1918 à 1936. dratenko), du TsAGI (K. P. Petrov, G. L. Grod- Les souffleries T-101 à T-106 sont construites en zovsky) et du Centre de calcul de l’Académie des 1935/43. En 1930, il donne naissance à d'autres sciences (O. M. Belotserkovsky).

juin 2018 - Bulletin d’information de l’Institut Français d’Histoire de l’Espace - 51 Nouveau livre Manifestation

52 - juin 2018 - Bulletin d’information de l’Institut Français d’Histoire de l’Espace 100 ans de la naissance de S.A.Afanaseiev (1918-2001) Né le 30 avril 1918 à Klin dans la Le conseil scientifico-technique région de Moscou, il termine l’u- (NTS) est dirigé par G. S. Nari- niversité technique Bauman manov et la direction technique e (MVTU) en 1941, puis travaille par V. V. Kartachevsky. La 3 dans des usines d'armement en Glavka 2 a été dirigée par 1941/46 (usine n°8 de Kalin- K.A.Kerimov en 1965/74 (prési- ingrad en juin-octobre 1941, dent de la commission d’état usine n°172 de Perm en pour les vols habités), V.D.Vatch- 1941/46). En 1946, il entre à la nadze en 1974/77, You.N.Koptev direction technique du ministère en 1977/91. Afanaseiev a reçu de l'armement (MV)1 : ingénieur, l’ordre de Lenine en 1966 (plan 7 chef de secteur, adjoint en ans 1959/65), l’ordre de Lenine 1950/55, chef en 1955/57. Il en 1968 (50 ans), l’ordre de Le- reçoit le prix Staline en 1952 et nine en 1971 (plan 5 ans l’ordre du travail du drapeau 1966/70), le prix Lenine en 1973 rouge en 1957 (Spoutnik-1). (Luna-17), la médaille de Héros Puis, il part au Conseil économique (SovNark- du travail socialiste en 1975, le prix d’Etat en hoz) de Leningrad en 1957/61 (adjoint en 1976 (R-36M), la seconde médaille de Héros du 1957/58, puis chef en 1958/61) et au Conseil des travail socialiste en 1978 (60 ans), l’ordre de la ministres de la République fédérative de Russie révolution d’octobre en 1982 et l’ordre du travail (RSFSR) en 1961/65 (adjoint et président du du drapeau rouge en 1983 (65 ans). En 1983, il SovNarkhoz de Russie). Il reçoit un ordre de Le- est remplacé par O.D.Baklanov et devient min- nine en 1958 (40 ans) et un autre en 1961 (Vos- istre de la construction de machines lourdes et tok-1). En mars 1965, il est nommé ministre des de transport jusqu’en 1987. Il était membre du machines générales (MOM) qui est en charge Comité central du PCUS de 1961 à 1989. Il est e des fusées et satellites civils et militaires. Le 1 décédé le 13 mai 2001. adjoint est G. A. Tiouline. Les adjoints sont N. D. Nota : e Khokhlov (1 glavka des fusées), G. M. Tabakov 1 Le ministère de l’Armement (MV) devient le e e (2 glavla des moteurs), V. Ya. Litvinov (3 Glavka ministère de l’industrie de Défense (MOP) en e spatiale), G. R. Oudarov (4 Glavka de l’infra- 1953, puis le Comité d’état pour la technique de e e structure terrestre), L. I. Goussev (5 et 6 Glavka Défense (GKOT) en 1957, puis le ministère de des systèmes de guidage, radiotechniques et gy- de l’industrie de Défense (MOP) en 1965/91. roscopes) et M. A. Brejnev (moyens généraux). 2 Glavka : direction principale

110 ans de la naissance de N.A.Piliougine (1908-1982) Nikolai Alexeievitch Piliougine termine le kovsky de l’Académie des sciences en MVTU en 1935. Il travaille au TsAGI en 1958 et la médaille Korolev n°4 en 1935/41, puis à l’Institut des essais en 1976. Il est élu membre-correspondant vol Gromov en 1941/44. Il entre au NII- de l’Académie des sciences en 1958, 1 en août 1944 et part étudier les fusées académicien en 1966, membre du pré- en Allemagne d’août 1945 à janvier sidium de l'académie en 1967/82. En 1947. Il devient constructeur principal 1963, son département du NII-885 de- des systèmes de guidage au NII-885 en vient le NII d’automatique et d’instru- 1946. Il reçoit la médaille de Héros du mentation qu’il dirige jusqu’à sa mort. Il travail socialiste en 1956 pour la R-5M, le prix Le- reçoit le prix d’état en 1967 pour l’UR-100 (SS-11) nine en 1957 pour Spoutnik-1 et une seconde mé- et l’UR-500 (Proton). En 1969, il commence à en- daille de Héros du travail socialiste en 1961 pour seigner à l’Institut de radiotechnique, d’électro- le vol de Gagarine. Il a reçu la médaille d’or Tsiol- nique et d’automatique (MIREA).

juin 2018 - Bulletin d’information de l’Institut Français d’Histoire de l’Espace - 53 54 - juin 2018 - Bulletin d’information de l’Institut Français d’Histoire de l’Espace juin 2018 - Bulletin d’information de l’Institut Français d’Histoire de l’Espace - 55 Carnet gris Jean-Pierre Causse (4-10-1926 à 10-3-2018) Né le 4 octobre 1926 à Montpellier (Hérault), il fréquente le lycée de Montpellier avant de rejoindre le lycée Saint-Louis de Paris pour pré- parer le concours d’entrée à l’École normale supérieure qu’il intègre en 1946. Lauréat de l’agrégation de physique en 1950, il part un an en stage au centre de recherche de Schlumberger aux États-Unis. Il ef- fectue son service militaire dans la Marine nationale en 1951/52. Puis il est chercheur dans le laboratoire du professeur Lallemand à l’Observa- toire de Paris jusqu’en 1955. En l’Enseignement supérieur de février 1955/62, il retourne au centre de re- 1987 à mai 1988, il est vice-prési- cherche de Schlumberger aux Etats- dent du Conseil supérieur de la re- Unis (chef de département en cherche et de la technologie de 1960). En 1962, il rentre en France 1987 à 1989, et membre du Comité pour prendre la direction de la divi- national d’évaluation de la re- sion satellites du CNES. Il dirige cherche (CNER) de 1989 à 1992. personnellement la construction des Membre du Conseil des applications quatre premiers satellites français de l’Académie des sciences lancés avec succès en 1965, 1966 (CADAS) depuis 1984, il participe à et 1967. Il est directeur du centre la fondation de l’Académie des tech- spatial de Brétigny en 1966/69. Il est directeur nologies en 2000. Il est membre de l’Institut de l’ELDO (fusée Europa) en 1969/72, puis de Français d’Histoire de l’Espace (IFHE) depuis l’ESRO (programme Spacelab) en 1972/74. Il sa création en 1999. Il est Officier de la Légion est nommé directeur général adjoint, chargé de d’honneur, Commandeur de l’Ordre national du la recherche, à Saint-Gobain en 1974/89. Mérite, Officier des Arts et Lettres, Médaille de Conseiller spécial auprès de Jacques Valade, vermeil du CNES, Grand prix Marcel Dassault ministre délégué chargé de la Recherche et de de l’Académie des sciences. Général François Maurin (9-3-1918 à 21-1-2018) Né à Paris, il est le fils du général Louis Maurin (1869-1956), ministre de la guerre en 1934/36 et son frère ainé Philippe (1913-2008) a été chef d’état-major de l’Armée de l’air française en 1967/69. Il termine l’Ecole de l’air en 1939 et devient pilote de bombardement pendant la seconde guerre mondiale, en Algérie en 1946/47, en Indochine en 1947/50. Puis il travaille à Villacoublay en 1950/52, au service du per- sonnel de l’Armée de l’air en 1952/54, au CEAM de Brétigny-sur-Orge en 1954/56. Il est stagiaire à l’Ecole supérieure de guerre aérienne en 1956/58, colonel en 1959. Il occupe divers fonctions dans l’Armée de l’air en 1958/65, puis devient comman- e dant de la 3 région aérienne à Bordeaux en 1966/67, commandant de la défense aérienne à Taverny en 1967/70. Il est général d’armée aérienne en 1971 et chef d’Etat-major des armées en 1971/75. Il rédige le Livre blanc sur la défense de 1972. Il est conseiller d’Etat en 1975/86, président de l’AAMA en 1987/97, membre de l’AAE en 1984, de l’IFHE en 1999. Il était Grand-croix de la Légion d’honneur, Grand-croix de l’Ordre National du Mérite, Croix de Guerre 1939-1945.

56 - juin 2018 - Bulletin d’information de l’Institut Français d’Histoire de l’Espace Vladimir A. LiakhovNé à Antracite dans (20-7-1941 la région de Vorochilovgrad, à il termine20-4-2018) l’école primaire de pilotage en 1960, puis l’école des pilotes militaires de Kharkov (Tchougouiev) en 1964. Il vole sur Yak-18, Mig-15, Mig-17 (242 h 41). Il est affecté dans des régiments des PVO (notamment sur l’île Sakhaline et dans la région de Khabarovsk). Au terme de la préparation générale, il est affecté au programme Spirale (1970/74) de la section n°4 de la direction n°1 du TsPK. Il effectue une formation de pilote d’essai au NII VVS en 1972/73 (il vole sur Mig- 21, Su-7, Su-9, etc) et participe à l’élaboration du système de pilotage du Spirale. Il devient instructeur de parachutisme en 1972, pilote d’essai de 3e classe en 1973, puis pilote de 1e classe en 1974 (plus de 4500 heures de vol). Par ailleurs, il termine l’Académie de l’air Gagarine en 1975. De janvier 1974 à 1976, il s’entraîne avec Voronov pour un vol d’essai du Soyouz-T (7K-S/11F732). De 1976 à octobre 1977, il s’en- traîne avec Gretchko comme triplure de Soyouz-25. De octobre à décembre 1977, il s’entraîne avec Ri- oumine comme triplure de Soyouz-26. De décembre 1977 à mars 1978, il s’entraîne avec Rioumine comme doublure de Soyouz-29. Puis il vole pour la première fois à bord de Soy- ouz-32. Il devient Colonel et commence à s’entraîner sur les vols internationaux en 1979. D’octobre 1980 à mars 1981, il est doublure de l’équipage soviéto-mongole. De janvier à mai 1982, il est triplure de Soyouz-T5. De mai 1982 à avril 1983, il est doublure de Soyouz-T8. Puis il effectue son second vol à bord de Soyouz-T9. Il a reçu le Prix d’état en 1984. Puis il s’entraîne comme cosmonaute-sauveteur en 1985/87. De février à novembre 1987, il est triplure de Soy- ouz-TM4 (d’abord avec Kaleri, puis avec Zaïtsev). Puis de novembre 1987 à mai 1988, il est doublure de Soyouz-TM5 (d’abord avec Zaïtsev, puis avec Serebrov). Enfin, il vole pour la troisième fois à bord de Soyouz-TM6. Il devient cosmonaute de 1e classe en 1988, puis cosmo- © Crédit DR naute-sauveteur en 1988/94. A la Cité des étoiles, il est chef de la section n°25 de la 2e direction V.Liakhov, J.Terweij, A.Balandine en mai 1987, puis chef adjoint de la direction de préparation des cosmonautes en octobre 1988, puis commandant adjoint du groupe des cosmonautes en mars 1993. Il quitte le groupe le 19/8/94. Il a été directeur général adjoint de la société d’édition Rossia en 1995/98. Il est à la retraite en 1998.

Leonid K. KadenioukNé à Klichkovtzy dans la(28-1-1950 région de Tchernovitzkoï à(Ukraine), 31-1-2018) il termine l’école des pilotes militaires de Tch- ernygov en 1971 où il devient pilote-instructeur. Il effectue un stage de pilote d’essai à Aktioubinsk de sep- tembre 1976 à juin 1977. Il suit également un entraînement de parachutisme en août 1977. Il est pilote d’essai de 3e classe en 1977. D’octobre 1977 à septembre 1978, il effectue sa préparation générale. Il retourne à Vladimirovka en 1979/81 (Mig-23, 25, 27, Su-15, Tu-22, 134, 154, Yak-28). Il est instructeur de parachutisme en 1979. Il est écarté du groupe le 22/3/83 et devient commandant d’un escadron à Lipetsk. De juin 1984 à octobre 1988, il est pilote d’essai au NII de l’armée de l’air. Il étudie au MAI en 1985/88. Il est colonel en 1986 et pilote d’essai de 1e classe en 1987 (2400 h de vol sur 54 machines différentes). Il entre dans le groupe des pilotes militaires de Bourane en 1988. De décembre 1988 à juillet 1990, il s’entraîne sur le programme Bourane et réalise des vols simulés sur Mig-25 au LII Gromov. De novembre 1990 à mars 1992, il s’entraîne pour le Soyouz de sauvetage (Kadeniouk-Batchourine-Borodaï). En février 1996, il est retenu par la NSAU pour devenir le premier cosmonaute ukrainien. Il effectue son premier vol à bord du Shuttle (STS-87) en 1997. En 1998, il est général- major et chef de l’aviation des PVO d’Ukraine. En 1999, général-lieutenant, il est assistant du président Leonid Koutchma pour les questions aéronautiques et spatiales.K. Bela Magyari (8-8-1949 à 23-4-2018) Né à à Kiskunfélegyháza, il entre, après ses études secondaires, à l'école de technologie aéronautique "György Kilian" qu'il termine en 1969. Puis, il continue ses études en Union SoSéviétique et devient pilote-ingénieur en 1972. En 1977, il est pilote de 1ère classe. Sélec- tionné en mars 1978, il est doublure de Bertalan Frakas pour le vol de Soyouz-36 en mai 1980. Il est diplômé de l'Université polytechnique de Budapest en 1986. Il passe ses années actives en tant qu'ingénieur aéronautique et pilote. Il est également président de la Société astronomique de Hongrie et travaille au Bureau spatial de Hongrie.

Stephen Hawking (8-1-1942 à 14-3-2018) Né à Oxford où il termine l’université en 1962. Il part ensuite étudier à Cambridge où il passe son doctorat en 1966. A partir de la théorie d'Albert Einstein, il élabore avec Roger Penrose de nouvelles théories cosmologiques sur les singularités, les trous noirs, le Big Bang, etc. En 1974, il devient l'un des plus jeunes membres élus de la Royal Society. En 1975, il prédit qu’un trou noir, qui est une singularité qui absorbe tout ce qui l’entoure et d’où aucun rayonnement ne peut être émis, émet néanmoins un infime rayonnement de corps noir, dit “évaporation de Hawking”, et démontre que des effets d’origine quantique sont à l’origine d’un tel phénomène. Il s’agissait là d’un tout premier pas vers l’unification de la physique quantique et de la relativité générale.Il reçoit la médaille Albert Einstein en 1979 et il est fait commandeur de l'ordre de l'Empire britannique en 1982. Il publie son best-seller “Une brève histoire du temps. Du big bang aux trous noirs” en 1988, ainsi que “Une belle histoire du temps” en 2005. juin 2018 - Bulletin d’information de l’Institut Français d’Histoire de l’Espace - 57 NéJean-Marie à Soissons, il entre à la SNCFRiche à 18 ans. Au (15-3-1921 début de la guerre, à 18-3-2018) il entre dans la résistance. En 1944, il est interprète au 724th ROB. US Army. En 1945, il est Lieutenant DGER. A la libération, il de- vient journaliste aéronautique à La vie des transports (1945), American Aviation (1949), Combat (1950), L’Équipe (1950), ORTF (1957), Aviation Magazine, Les Ailes (1960), Jours de France (1960) et enfin Air et Cosmos dont il est co-fondateur avec Jacques Morisset et Albert Ducrocq en 1963, rédacteur en chef, pdg en 1972/90, directeur de la rédaction 1990/93. Conseiller de la fédération FO Métallurgie en 1993. En décembre 1949, il a fondé l’AJPAE (Association des Journalistes Professionnels de l’Air et de l’Espace) avec trois de ses confrères. Il en est devenu prési- dent d’honneur en 1993. Il était chevalier de la Légion d’Honneur et © Christian Lardier officier de l’Ordre National du Mérite. il a également reçu les mé- dailles de la Résistance et de l’Aéronautique. Il était membre de l’A- Le 25 octobre 2017, déjeuner des anciens d’Air & Cosmos : J-M cadémie de l’air et de l’espace en 1996, membre émérite de l’AAAF Riche, Renaud de Beauchêne, J-P Casamayou, P. Piernaz, en 2002, du Tomato et du Charles Club jusqu’à son décès. Jacky Delys, Nicole Beauclair. Pierre Poubeau (13-11-1923 à 5-1-2018) Diplomé de Supélec, section Radioélectricité en 1946, il part en mission en 1946/48 à Madagascar pour le compte du CEA-DREM. Puis il entre chez Air France comme assistant du chef du service IRDO en charge de l’installation de sept stations de guidage des avions civils en Afrique. En 1949/51, il crée son entreprise et dépose un brevet pour un détecteur de particules multifils qui sera plus tard associé au système de traitement numérique des signaux de Georges Charpak. En 1951/53, il travaille à la Société Française Radioélectrique où il est responsable des essais de tous les typesde radars produits par la société. En 1953/60, il est chef de service à Nord-Aviation où il conçoit un système de liaison sol-air/air-sol pour le guidage des avions d’interception. En 1960/63, il est détaché au Centre de Recherches Nucléaires de Strasbourg-Cronenbourg où il s’occupe du traitement numérique des mesures en physique corpusculaire. En 1963/70, il est chef du départe- mentr Satellites chez Nord-Aviation où il développe la structure du satellite FR-1. En 1970/83, il travaille chez Aerospatiale au secteur R&D où il conçoit et développe les roues à inertie à paliers magnétqiues qui équipent les satellites Spot et Hélios. En 1983, il prend sa retraiote et se lance dans des recherches sur la dualité de l’Espace-Temps. Ses travaux sont présentés sur le site in- ternet http://inseparabilité-quantique.fr. Il était membre à vie de l’IFHE. Victor Vassilievitch Favorsky (9-4-1924 à 18-5-2017) Termine l’académie Dzerjinsky en 1951, représentant de la GAU au NII-88 en 1952/53, ingénieur de l’UZKA (fusée R-5, R-5M), puis chef du secteur des moteurs du GURVO en 1959/66 (fusée R-9), chef adjoint du centre de la direction principale pour le Cosmos (GUKOS) en 1967, puis chef 1e direction en 1970/79, chef adjoint GUKOS en 1979/86, adjoint des Forces spatiales pour l’armement (GUV VKS) en 1986/89, secrétaire et membre de commissions d’état (président de commission pour les satellites d’observation de la terre), prix d’état en 1978 pour Saliout-6, Général-lieutenant et Héros du travail socialiste en 1982.

Gueorgui Fedorovitch Lyssenko (4-9-1937 à 22-9-2017) Termine l’académie Dzerjinsky en 1973 et l’académie de l’Etat-major en 1981, sert dans la 8e division de fusées (RD) en 1976/79, commandant de la 47e RD en 1981/85, chef ad- joint de Baïkonour (NIIP-5) en 1985/87, 1e adjoint de l’Etat-major en 1987/89, adjoint pour la préparation militaire en 1989/91, général-lieutenant en 1990, 1e adjoint des Forces spatiales (VKS) en 1991/93.

58- juin 2018 - Bulletin d’information de l’Institut Français d’Histoire de l’Espace Yakov PetrovitchTermine le technicum, Riabov puis travaille à (24-3-1928l’usine des turbomoteurs de à Sverdlovsk 17-4-2018) en 1946/60, au secrétariat du PC de la ville de Sverdlovsk (1e secrétaire en 1971/76), secrétaire du Comité central pour l’industrie de défense e (dont le spatial) en 1976/79, 1 adjoint du Gosplan en 1979/83, président du Comité d’Etat pour les liaisons économiques externes en 1983/84, président adjoint du Conseil des ministres en 1984/86, ambassadeur en France en 1986/90.

Viatcheslav Konstantinovitch Tonkikh (1941-2018) Général-lieutenant, chef du cosmodrome de Kapustin Yar en 1990/97.

Youri Vassilievitch Polejaiev (24-6-1937 à 26-3-2018) Diplômé de l’Université de Moscou, travaille au NII-1/NII des processus thermiques/Centre Keldysh en 1959/73, puis devient chef de secteur au NII-88/TsNII Mach en 1973/85, directeur adjoint à l’Institut des hautes tempéra- tures de l’Académie des sciences en 1985/2006, puis chef de secteur en 2007. Docteur es sciences en 1971, professeur (chef de chaire au MAI en 1973/85), membre-correspondant de l’Académie en 2000. Il publie “Pro- tection thermique” avec F.B.Yourevitch en 1976. Il reçoit le prix d’Etat en 1976 pour les protections thermiques d’engins spatiaux et en 1999 pour l’étude des flux poussiéreux.

Evgueny Nikolaievitch Avronine (11-7-1932 à 9-1-2018) Diplômé de l’Université de Moscou, entre au KB-11/VNIIEF d’Arzamas, puis au VNIITF de Snejinsk (Oural) dont il devient directeur scientifique en 1985, puis directeur en 1996/98. C’est un spécialiste de l’armement nucléaire. Il est docteur es sciences en 1974, professeur (chef de chaire au MIFI de Moscou), académicien en 1992, héros du travail socialiste en 1966, prix Lénine en 1963.

Alan Bean (15-3-1932Diplomé de l'Université du Texasà 26-5-2018) en 1955, puis entre dans l'aéronavale à Jacksonville. Il termine l'école des pilotes d'essai de Patuxent River. Il est retenu dans le groupe n°3 des astronautes de la Nasa en octobre 1963 (14 personnes dont il ne reste que David Scott, Michael Collins, Edwin Aldrin, Walter Cunningham, William Anders, Russel Schweickart). Il s’entraîne d’abord comme doublure pour la mission Gemini-10 en 1966, puis pour Apollo-9 en mars 1969. Il commande le module lunaire d'Apollo-12 en novembre 1969 (équipage Gordon, Cooper et bean). En 1973, il commande le second équipage de la station orbitale Skylab qui passe 59 jours dans l’espace (équipage Bean, Lousma et Garriot). Ensuite, il est doublure de la mission Apollo-Soyouz de 1975. Au cours de sa carrière de pilote, il a volé sur 27 machines et cumulé 7.145 heures de vol. En octobre 1975, il quitte la Marine et devient chef du groupe des candidats-astronautes au bureau des astronautes de Houston. En juin 1981, il quitte la Nasa pour se consacrer uniquement à la peinture.

Equipage Apollo-12 (à g.), équipage Skylab-2 (au centre), peinture de A.Bean d’Apollo-12 (à dr.) juin 2018 - Bulletin d’information de l’Institut Français d’Histoire de l’Espace - 59 62 - juin 2018 - Bulletin d’information de l’Institut Français d’Histoire de l’Espace