Promouvoir, INPN

Protéger,

Connaître,

Eduquer

« Projet d’Arrêté Préfectoral de Protection

de Biotope Punta di Caldane»

Gestion

Zones humides

Plan Nationaux d’Actions

Natura 2000

Biodiversité

Patrimoine culturel et historique

Education à l’environnement

Mesures compensatoires

Réseau des gestionnaires

Source photo : CEN-Corse

« Violette FOUBERT »

Rédaction : « Août 2013 »

Promouvoir, protéger, connaître, éduquer

L'association des Amis du Parc Naturel Régional de Corse (AAPNRC) est née au Journal Officiel du 4 Août 1972 (association loi 1901). Dès 1992, l’Association adhère à la Fédération des Conservatoires d’Espaces Naturels (FCEN) et commence sa mission de protection d’espaces naturels via la maîtrise foncière ou d’usage. Un changement de nom s’opère en 2011 en "Conservatoire d'Espaces Naturels de Corse " (CEN Corse). Notre nouveau logo est alors défini. Cette évolution entérine la démarche inscrivant la structure dans la voie de l’agrément « Conservatoire d’Espaces Naturels » défini par l’article 129 de la loi Grenelle (L. 414-11) ainsi que par le décret et l’arrêté du 7 octobre 2011 (D414-30 et 31).

Totalement apolitique, forte de 200 adhérents, gérée par un Conseil d’Administration de 14 membres, tous bénévoles et venant d’horizons divers, le Conservatoire emploie, aujourd’hui, 6 salariés en CDI.

Les pôles d’activité du Conservatoire

Ils se définissent à partir de deux approches :

- Secteurs liés à la gestion de site :  Ilots marins  Golfe du Valincu  Plages du Sud-est  Vallée du Tavignanu  Cap Corse  Costa Verde  Balagna  Massif de Tenda

- Actions transversales et prospectives :  Prospection pour de nouveaux sites à gérer  Zones humides  Plans Nationaux d’Action (PNA)  Natura 2000  Mesures compensatoires  Patrimoine culturel et historique  Réseau des gestionnaires  Gestion de bases de données  Education à l’environnement

« Projet d’Arrêté Préfectoral de Protection de Biotope Punta di Caldane»

Partenariat : DIRECTION REGIONALE DE L’ENVIRONNEMENT DE L’AMENAGEMENT ET DU LOGEMENT Bernard RECORBET ( [email protected] ) Arrêté attributif de subvention 2012/001 n°2100704907 du 02 mai 2012

Coordonné par : CONSERVATOIRE D’ESPACES NATURELS DE CORSE Anciennement Association des Amis du PNRC Siège Social : Maison ANDREANI - lieu-dit Revinco - RN 193 20290 BORGO Tél. : 04 95 32 71 63 – Fax : 04 95 32 71 73 Email : [email protected] Site internet : www.cen-corse.org SIRET 39075220200031 - APE 9499Z

Rédaction : Violette FOUBERT ([email protected] )

Photographies : Conservatoire d'espaces naturels de Corse

Fonds cartographiques : Licence IGN/ PFAR Corse n°D031. Convention dans le cadre du groupe géomatique CIGEO (protocole n°8632 IGN)

Proposition de Citation : FOUBERT V., 2013. Projet d’Arrêté Préfectoral de Protection de Biotope « Punta di Caldane ». CEN Corse, 17 p.

Remerciements : Florence Delay

SOMMAIRE

INTRODUCTION ...... 2 1. Description du site ...... 3 1.1. Localisation ...... 3 1.2. Géologie et hydrologie ...... 3 1.3. Environnement naturel ...... 3

2. Les enjeux sur le site ...... 8 2.1. La flore ...... 8 2.2. La faune ...... 9 2.3. Les autres espèces protégées et remarquables ...... 9 2.4. L’intérêt du site pour les espèces ...... 11

3. Utilisation du site et pressions anthropiques ...... 12 3.1. Statut foncier ...... 12 3.2. Les usages ...... 12

4. Protection existante ...... 14

5. Proposition d’actions et de réglementations ...... 14 5.1. Réglementation et gestion ...... 14 5.2. Signalisation et information ...... 15

6. Conclusion...... 16

BIBLIOGRAPHIE ...... 17

INTRODUCTION

La Stratégie de Création d’Aires Protégées

La a lancé en 2010 la Stratégie de Création d’Aires Protégées (SCAP). Elle est fondée sur un diagnostic du réseau actuel d’aires protégées ainsi que sur l’identification de projets de création de nouvelles aires et vise à placer en protection forte 2 % du territoire d’ici 2019 (MEEDDM, 2010). La SCAP vise alors à identifier les faiblesses et lacunes du réseau actuel d’aires protégées afin de le compléter. La DREAL, appuyée par les d’experts et les scientifiques régionaux, a proposé une sélection de site à protéger en croisant l’ensemble des données disponibles en Corse. Aujourd’hui, environ 0,60 % du territoire terrestre de la Corse est recouvert d’aire de protection forte. Suite à la déclinaison régionale de la SCAP, 39 sites visés en Corse pour mettre en place un outil de protection forte ont été désignés et validés par le MEDDE. Parmi eux, 21 APPB sont prévus, la DREAL a chargé le Conservatoire d’Espace Naturel de Corse de mettre en place 5 d’entre eux.

Les Arrêtés Préfectoraux de Protection de Biotope

Le fondement législatif des Arrêtés Préfectoraux de Protection de Biotope est la loi n° 76-629 du 10 juillet 1976 relative à la protection de la nature du code de l’environnement. Elle pose les bases de la protection de la nature en France en donnant le droit de protéger les espèces et les milieux. Le Décret n° 77-1295 du 25 novembre 1977 (dernière modification le 21 septembre 2000) établit la liste des espèces protégées et confère au préfet le pouvoir d’édicter les APPB. L’article R411-15 note que « le préfet peut fixer, par arrêté, les mesures tendant à favoriser, sur tout ou partie du territoire d'un département à l'exclusion du domaine public maritime où les mesures relèvent du ministre chargé des pêches maritimes, la conservation des biotopes […], peu exploitées par l'homme, dans la mesure où ces biotopes ou formations sont nécessaires à l'alimentation, à la reproduction, au repos ou à la survie de ces espèces ».

L’APPB de la « Punta di Caldane »

La mise en place de cet APPB est appuyée par ce document qui fera un état des lieux de la richesse et des usages du site. Les documents joints exposent les mesures à prendre et déterminent les limites de l’APPB. Cet APPB est justifié par la présence d’espèces patrimoniales ne faisant pas encore l’objet de mesures de conservation de leur biotope en France. L’APPB permettra de maintenir les milieux en bon état de conservation et sera en réponse et en prévention face aux diverses pressions que subissent ces espèces.

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Figure 1 : Localisation de l’APPB « Punta di Caldane »

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1. Description du site 1.1. Localisation

Le site de la Punta di Caldane est situé dans la région du Boziu à l’Est/Nord-Est de Corte. Ce site de 728,68 Ha s’étend sur six communes : , , , , Carticasi et (Figure 1). Il est accessible en partant du col de San Antone ou en partant du haut du hameau de Poggio sur la commune de Pianello. Le site est dominé par la Punta di Caldane qui culmine à 1724 mètre d’altitude. Il s’étend sur le versant Sud-Ouest de ce massif sur environ 900 mètre de dénivelés. Il est donc caractérisé par une végétation du montagnard.

1.2. Géologie et hydrologie

L’APPB est situé sur le bassin versant de la Bravona qui prend sa source dans le massif montagneux de la Punta di Caldane. Ce massif fait partie de la zone des schistes lustrés, il est principalement constitué d’ophiolites en contact avec des séries métamorphisées d’âge jurassique et crétacé (Hervé et al , 1995). Il comporte plusieurs sommets dont la Punta di Caldane qui est la plus haute et le Monte Muffraje (1712 m). La Bravona est alimentée par plusieurs cours d’eau qui prennent leur source dans le massif de la Punta di Caldane comme le ruisseau de Sambuchetto. Ce dernier a pour affluent le ruisseau de Péri prenant également sa source dans le massif (Figure 2). Les sources relativement nombreuses sont témoins d’un état de fracturation des roches métamorphiques composant la partie supérieur de ce massif (Hervé et al , 1995).

1.3. Environnement naturel

Le site est composé de végétation et d’habitats typiques des zones montagnardes du Boziu ainsi que des ruisseaux et sources de montagne particulièrement riches. Une cartographie des habitats a été réalisée dans le cadre du site Natura 2000 FR9402007 « Site à Botrychium simplex et châtaigneraies du Boziu ». Cette cartographie a servi de base pour la réalisation de la cartographie du site à APPB (Annexe 1). Cependant, les informations sur la cartographie des habitats du site à APPB restent très succinctes, elles permettent d’identifier les grands types de végétation présents sur le site. Un temps supplémentaire de prospection permettrait d’approfondir davantage cette cartographie.

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Figure 2 : Réseau hydrographique sur l’APPB « Punta di Caldane » Page 4 sur 17

Hêtraie montagnarde à Gaillet à feuilles rondes Le site est composé, sur une très grande surface, de hêtraies. Ces forêts sont denses et composées de jeunes arbres dont une partie en taillis (Figure 2). La strate arbustive est nulle et la faible strate herbacée est composée de Galium rotundifolium , Luzula pedemontana , Cyclamen rependum…

Figure 2 : Hêtraie montagnarde, Foubert V, juillet 2013

Fruticée supra-méditerranéenne de Corse Ces fruticées, principalement présentes au Nord et du Sud du site, sont issues des pressions anthropiques liées à la gestion du milieu : feu, pâturage, défrichement… Elles sont composées d’ Helichrysum italicum , Anthyllis hermanniae , Teucrium marum … à la différence des fruticées montagnardes qui sont représentées surtout par Thymus herba-barona et Juniperus communis susp. nana . Sur sol épais, c’est un faciès à fougère aigle qui se met en place (Figure 3) avec quelques pruneliers. En limite de forêt, elles sont colonisées par l’aulne cordé ou le hêtre. L’abandon ou l’extensification du pâturage, qui a commencé il y a quelques décennies, entraîne une évolution de ces fruticées vers la forêt. Seule une gestion pastorale permettrait de conserver Figure 3 : Fruticée (faciès à fougère aigle), ces fruticées. Foubert V, juillet 2013

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Groupement d’éboulis à buis Dans les zones à très fortes pentes et sur des éboulis se forment des groupements denses à Buxus sempervirens (Figure 4) . Ces formations s’intercalent entre les hêtraies.

Figure 4 : Buxaie sur éboulis, Foubert V, juillet 2013

Pelouse méso-hygrophile à Botryches Différents Botryches poussent sur des pelouses méso-hygrophiles caractérisées par l’association phytosociologique Ophioglosso-Nardetum (Gamisans, 1976). Le sol est imbibé d’eau depuis la fonte des neiges jusqu’au début de l’été puis il s’assèche plus ou moins. Ces pelouses sont entretenues par un pâturage régulier. Cependant, un surpâturage peut dégrader et éroder ces pelouses, la composition floristique peut alors être modifiée. Une première pelouse (Station 1) d’environ 4170 m² est présente au Nord du Site en très légère pente et orientée Sud et une seconde (Station 2) d’environ 1700 m² est située à proximité de la Punta di Caldane, orientée Nord-Est et en plus forte pente (Figure 5).

Pelouse méso-xérophile montagnarde de Corse Les pelouses méso-xérophiles sont très bien représentées dans les zones qui subissent une importante pression de pâturage. Elles sont composées de nombreuses plantes herbacées vivaces. C’est le groupement à Sagina pilifera et Carex caryophyllea qui domine mais il est parfois dégradé. Dans certaines zones peu évoluées et dégradées, le thym Corse se développe, il est caractéristique des fruticées naines montagnardes. Dans d’autres zones où le pâturage a régressé, c’est un faciès à genévrier nain qui se développe.

Les rivières et ruisseaux Plusieurs sources sont présentes sur le site ciblé pour la mise en place de l’APPB ; la source de Bravona, de Butrone, de Sambuchetto et de Péri. Celles-ci forment ensuite des rivières et ruisseaux.

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Station 1

Station 1 : 1222922,4°N 6158344°E 4176 m²

Station 2 : 1223628,5°N 6157657,4°E, 1697,14 m²

Station 2

Figure 5 : Stations à Botryches sur le site à APPB Page 7 sur 17

Le ruisseau de Péri se jette dans le ruisseau de Sambuchetto qui lui, est un affluent de la Bravona. Le ruisseau de Butrone est également un affluent de la Bravona. Ces cours d’eau sont de très faible débit et sont intermittents pour les plus faibles : ils sont asséchés en période estivale. Des petites vasques d’eau se forment et sont favorables aux amphibiens.

2. Les enjeux sur le site

Plusieurs espèces protégées sont présentes sur le site, elles sont représentées sur une cartographie (Annexe 2).

2.1. La flore

Botrychium simplex Hitchc., 1823 et autres espèces des pelouses méso-hygrophiles

Le Botryche simple est une petite ophioglossacée haute de 5 à 10 cm, formée d’un lobe stérile et d’un lobe fertile (Figure 6) qui se séparent dès le niveau du sol. Il pousse au bord des ruisseaux formés par la fonte des neiges, sur des petites touffes herbeuses, essentiellement à l’étage montagnard et subalpin. Cette espèce est particulièrement sensible aux conditions climatiques ce qui participe aux fluctuations du nombre de pieds selon les années. Elle a également besoin d’un pâturage régulier pour entretenir les pelouses mais une pression trop forte de pâturage peut dégrader les populations. Figure 6 : Lobe fertile de Botrychium simplex, Foubert V., 2011

Le mode de dispersion des spores (anémochorie principalement) participe à la rareté de cette espèce en France se fait par le vent et il peut s’écouler plusieurs années avant la production d’un gamétophyte. Seules 9 stations sont connues en France dont 5 en Corse, en Castagniccia, Boziu et en forêt de Valduniellu. Cette espèce est alors inscrite à la Directive « Habitat-Faune-Flore » et à la convention de Berne. Elle est également protégée sur l’ensemble du territoire national et inscrite dans le livre rouge de l’UICN où elle est considérée comme vulnérable en France. Cette espèce régresse en Europe principalement à cause de l’abandon de l’exploitation traditionnelle de ses habitats. En Corse, plusieurs stations ont déjà disparues. Les stations présentes sur le site ne semblent pas être vraiment menacées mais elles restent vulnérables car

Page 8 sur 17 elles occupent des faibles superficies et comportent des effectifs restreints. Le pâturage actuel est également un facteur pouvant être menaçant pour les populations. Botrychium simplex peut être confondu avec Botrychium lunaria (L.) Swartz. qui est également présent sur les pelouses méso-hygrophiles du site. D’autres espèces protégées et patrimoniales sont présentes sur ces zones telles que Ophioglossum vulgatum qui est rare en Corse, Botrychium matricariifolium et Ophioglossum azoricum également rares en Corse, vulnérables et protégées sur l’ensemble du territoire français. 2.2. La faune

Les amphibiens

De nombreux amphibiens ont été observés et participent à la richesse du site. Sur les ruisseaux sont présents l’Euprocte de Corse, la Salamandre de Corse, le Discoglosse Sarde, le Discoglosse Corse.

2.3. Les autres espèces protégées et remarquables

Ce site est propice aux espèces citées ci-dessus mais également à la présence de nombreuses autres espèces. Ce site englobe la seule station à Cotoneaster integerrimus connue en Corse et des oiseaux protégés tels que Parus major ou Troglodytes troglodytes. Les espèces protégées et remarquables de la liste suivante ont été observées sur le site à APPB ou à proximité dans les ZNIEFF ou sur le Site Natura 2000. Bien que certaines données soient en dehors des délimitations de l’APPB, les espèces sont potentiellement présentes sur l’APPB car le site leur est favorable et elles se déplacent.

Espèces Statut Source Alchemilla alpina L., 1753 Très rare ZNIEFF Algyroïdes fitzingeri Wiegmann, 1834 Protégée Natura 2000 Alyssum robertianum Bernard, Godr. & Gren., 1848 Endémique ZNIEFF Apodemus sylvaticus Linnaeus, 1758 Faiblement menacée ZNIEFF Aquilegia bernardii Gren., 1847 Endémique ZNIEFF Archaeolacerta bedriagae Camerano, 1885 Protégée OGREVA Arenaria bertolonii Fiori, 1898 Peu fréquente ZNIEFF Armeria leucocephala Salzm. ex W.D.J.Koch, 1823 Endémique ZNIEFF Asplenium ruta-muraria L. Peu fréquente OGREVA Asplenium viride Huds., 1762 Rare ZNIEFF Bellium bellidioides L., 1771 Endémique ZNIEFF Botrychium lunaria (L.) Sw., 1802 Protégée OGREVA Botrychium matricariifolium (A.Braun ex Döll) W.D.J.Koch, 1846 Protégée OGREVA Botrychium simplex E.Hitchc., 1823 Protégée OGREVA

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Buteo buteo Linnaeus, 1758 Protégée ZNIEFF Cardamine plumieri Vill., 1779 Peu fréquente ZNIEFF Cephalanthera damasonium (Mill.) Druce, 1906 Rare ZNIEFF Cerastium stenopetalum Fenzl ex Gren. & Godr., 1848 Endémique ZNIEFF Certhia familiaris Linnaeus, 1758 Protégée ZNIEFF Cinclus cinclus Linnaeus, 1758 Protégée ZNIEFF Cotoneaster integerrimus Medik., 1793 Très rare J. Gamisans Cymbalaria hepaticifolia (Poir.) Wettst., 1891 Endémique ZNIEFF Discoglosse sp. Protégée CEN-Corse Discoglosse sardus Protégée CEN-Corse Doronicum corsicum (Loisel.) Poir., 1812 Endémique ZNIEFF Erithacus rubecula Linnaeus, 1758 Protégée ZNIEFF Euproctus montanus Savi, 1838 Protégée CEN-Corse Festuca alfrediana Foggi & M.A.Signorini, 1997 Endémique ZNIEFF Festuca arundinacea var. (Hack.) Kerguélen, 1994 Endémique ZNIEFF Festuca sardoa (Hack.) K.Richt., 1890 Endémique ZNIEFF Fringilla coelebs Linnaeus, 1758 Protégée ZNIEFF Galium corsicum Spreng., 1827 Endémique ZNIEFF Faiblement Glis glis Linnaeus, 1766 menacée ZNIEFF Helleborus lividus subsp. corsicus (Briq.) P.Fourn., 1936 Endémique ZNIEFF Kickxia elatine (L.) Dumort., 1827 Peu fréquente ZNIEFF Lathyrus niger (L.) Bernh., 1800 Endémique ZNIEFF Lithospermum arvense (L.) I.M.Johnst., 1954 Peu fréquente ZNIEFF Mustela nivalis Linnaeus, 1766 Protégée ZNIEFF Myosotis pusilla Loisel., 1809 Protégée ZNIEFF Neottia nidus-avis (L.) Rich., 1817 Endémique ZNIEFF Ophioglossum azoricum C.Presl, 1845 Protégée ZNIEFF Ophioglossum azoricum C.Presl, 1845 Protégée OGREVA Ophioglossum vulgatum L., 1753 Rare CEN-Corse Parus ater Linnaeus, 1758 Protégée ZNIEFF Parus caeruleus Linnaeus, 1758 Protégée ZNIEFF Parus major Linnaeus, 1758 Protégée CEN-Corse Poa alpina L., 1753 Peu fréquente ZNIEFF Polygala alpestris Rchb., 1823 Très rare CEN-Corse Potentilla crassinervia Viv., 1825 Endémique ZNIEFF Regulus ignicapilla Temminck, 1820 Protégée ZNIEFF Sagina pilifera (DC.) Fenzl, 1833 Endémique ZNIEFF Salamandra corsica Savi, 1838 Protégée CEN-Corse Saxifraga pedemontana subsp. cervicornis (Viv.) Arcang., 1882 Endémique ZNIEFF Scolymus grandiflorus Desf., 1799 Très rare ZNIEFF Silene nodulosa Viv., 1824 Endémique ZNIEFF Sitta whiteheadi Sharpe, 1884 Protégée ZNIEFF Stipa eriocaulis Borbás subsp. eriocaulis Rare ZNIEFF Stipa pennata L., 1753 Rare ZNIEFF

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Thesium kyrnosum Hendrych, 1964 Endémique ZNIEFF Thymus herba-barona Loisel., 1807 Endémique ZNIEFF Troglodytes troglodytes Linnaeus, 1758 Protégée CEN-Corse Veronica verna subsp. brevistyla (Moris) Rouy, 1909 Endémique ZNIEFF Faiblement Vulpes vulpes Linnaeus, 1758 menacée ZNIEFF

2.4. L’intérêt du site pour les espèces

Ce site de montagne est favorable à une riche biodiversité floristique et faunistique. La présence des Botryches et Ophioglosses dépend du bon état des pelouses méso-hygrophiles et donc de la pression de pâturage. Les Botryches et Ophioglosses sont très fragiles et sensibles face aux modifications de leur habitat. Ces espèces peuvent être menacées par l’abandon du pâturage et la colonisation des pelouses par les aulnes ou les genévriers nains mais une charge en bétail trop forte pourrait s’avérer néfaste également. Il peut alors se poser des problèmes d’enrichissement du sol, d’abroutissement des pieds et d’érosion. Sur le site les populations sont potentiellement menacées par l’élevage non contrôlé des porcins et bovins. Cependant, aucune étude n’a encore permis de connaître le réel impact du pâturage sur ces espèces mais il est certain qu’à long terme, le retournement du sol par les cochons est néfaste pour ces espèces. Botrychium simplex ne fait encore l’objet d’aucun site classé en protection forte. C’est pourquoi ce site a été désigné, dans le cadre de la SCAP, pour la mise en place d’un APPB.

D’autres zones sur le site sont potentiellement favorables à ces espèces et le fait de ne pas observer les plantes ne signifie pas qu’elles sont absentes ; la réapparition de populations peut survenir après plusieurs décennies et ces plantes passant inaperçues dans le tapis végétal peuvent être manquées. Ce site est également particulièrement intéressant pour toutes les sources et ruisseaux qu’il présente. Ces cours d’eau frais et de bonne qualité accueillent de nombreux amphibiens. Le maintien de la bonne qualité des eaux ainsi que d’un débit favorable favorisera le développement des populations. Ces petits ruisseaux peuvent également accueillir une diversité d’odonates et autres insectes très intéressante, endémique des zones montagnardes. Les ripisylves des ruisseaux sont également des atouts pour la présence d’une faune variée, notamment de l’avifaune. Les escarpements rocheux sont eux favorable aux reptiles tels que le lézard montagnard Corse. Finalement, l’alternance de pelouses méso- xérophiles et de hêtraies amène une mosaïque de milieux favorables aux oiseaux et le maintien de cette mosaïque dépend des pratiques pastorales sur le site.

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3. Utilisation du site et pressions anthropiques

3.1. Statut foncier

Ce site est composé de plusieurs parcelles dont la majorité appartient aux communes (Annexe 3). La commune de Bustanico a 5 parcelles sur le site, Pianello en a 13, Piobetta 3 et Mazzola, Alzi et Carticasi ont 1 parcelle. L’essentiel du site est donc communal ce qui facilite la mise en place d’informations et de gestions appropriées. Ce site est largement agricole, 12 parcelles sont déclarées en parcelle agricole dans le RPG de 2012 et exploitées ce qui représente environ 320 Ha et donc 43% du site (Annexe 4). L’activité agricole se concentre dans l’élevage extensif de bovins et de porcins. La plupart sont situées sur des prairies et fruticées et quelques unes couvrent des surfaces de hêtraies. Quelques chevaux pâturent également vers la bergerie, proche de la source de Péri. Une surface de 396 Ha est sur des parcelles soumises au régime forestier et donc à ce titre gérée par l’Office National des Forêt. Elle couvre les pelouses à Botryches et Ophioglosses. Une Reserve Biologique Forestière Dirigée pourrait être mise en place sur ces parcelles. Celle-ci permettrait de protéger les pelouses à Botryches et de mettre en place une gestion adaptée. Ce site est également en intégralité dans le Parc Naturel Régional de Corse, il est alors à ce titre influencé par les actions de celui-ci.

3.2. Les usages

L’essentiel des pressions que subit le site est lié à l’activité agricole. L’inaccessibilité du site ne favorise pas le tourisme, les sentiers pédestres menant jusqu’au sommet n’étant pas bien tracés, seul quelques connaisseurs viennent s’aventurer jusqu’à la Punta di Caldane. Les troupeaux de bovins et porcins sont principalement dans la partie inférieure du site et se déplacent librement à travers les prairies mais ils montent également régulièrement dans la partie supérieure du site. Les animaux broutent, retournent le sol et piétinent le bord des rus, notamment vers les stations à Botryches. La station 1 à Botryche située dans le Nord du site n’est pas déclarée en parcelle agricole d’après le RPG 2012, les animaux ne sont donc pas censés pâturer sur cette zone. La station 2 à Botryches, plus dans le Sud, est inscrite au RPG 2012 il est donc normal que les troupeaux pâturent sur cette zone. Toute fois, la surcharge du bétail pourrait dégrader les pelouses. Quelques bergeries sont dispersées sur le site et sont occupées une petite partie de l’année. Un point de captage d’eau potable a été mis sur la Bravona, un peu en aval de la source (Figure 7). Page 12 sur 17

Figure 7 : Localisation du point de captage d’eau sur la Bravona

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Cette zone est protégée afin d’éviter divers pollutions. Le débit réservé doit être suffisamment important pour assurer le continuum écologique de la rivière, maintenir les populations de poissons et d’amphibiens en aval ainsi que les herbiers aquatiques. Le fait que le site soit en grande partie utilisé pour des fins agricoles amène une nécessaire concertation avec les

exploitants du site.

4. Protection existante

Plusieurs outils de protections ont déjà été mis en place sur ce site (Annexe 5) :

PLU Aucun Plan Local d’Urbanisme des communes n’a encore été mis en place.

ZNIEFF de type 1 Deux Zones Naturelles d’Intérêts Ecologiques, Floristiques et Faunistiques de type I ont été mis en place. Il s’agit des ZNIEFF « Landes et pelouses sommitales du massif de San Petrone » et « Hêtraies du massif de San Petrone ». La première couvre 1380 Ha et la seconde 1890 Ha. Une ZNIEFF de type I correspond à une zone avec une ou plusieurs unités écologiques homogènes qui abritent au moins une espèce ou un habitat déterminant. Cette zone n’implique pas de réglementation particulière elle informe simplement sur la richesse biologique du site.

Natura 2000 Une Zone de Protection Spéciale au titre de la Directive « habitats » a été mise en place sur une partie du massif. Elle couvre une petite surface du site à APPB. Ce classement a permis la mise en place de sites Natura 2000 FR9402007 « Site à Botrychium simplex et châtaigneraies du Bozio » de 1840 Ha. Le DOCOB est en cours de rédaction par le bureau d’étude Biotope.

5. Proposition d’actions et de réglementations

5.1. Réglementation et gestion

Un suivi de Botrychium simplex ainsi qu’une étude du réel impact des bovins et porcins sur les pelouses méso-hygrophiles est nécessaire. En effet, cette étude permettrait de connaître la charge maximale de bétails et le type de cheptel adaptés au milieu dans l’objectif de conserver les populations de Botrychium simplex ainsi que les autres espèces de Botryches et d’Ophioglosses.

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Une interdiction formelle de faire pâturer le bétail sur l’ensemble des prairies du site ne serait pas adaptée. Le contexte socio-économique ne le permet pas et l’absence total de pâturage favoriserait le développement et l’avancée des fruticées ce qui dégraderait les pelouses. Cependant, le pâturage par le bétail sur les deux pelouses à Botryches pourrait être limité si un aménagement de mise en défend des pelouses à l’aide d’un grillage était installé. Cette installation peut se faire par l’intermédiaire de Natura 2000 ou d’une future Réserve Biologique. Une démarche de concertation auprès des exploitants agricoles est alors indispensable. Dans un premier temps, il est possible d’installer des points d’eau pour éloigner le bétail des stations à Botryches et Ophioglosses. Dans le cas de la station au Nord, quelque soit la réglementation ou la gestion mise en œuvre, l’exploitants doit (tant que la parcelle n’est pas déclarée) surveiller son troupeau ou installer des clôtures afin que le bétail n’aille pas pâturer dans les zones non autorisées. Afin de maintenir une bonne qualité des ruisseaux et des rivières des mesures doivent être prises pour éviter les pollutions diverses et conserver un débit favorable à la faune et la flore du site.

5.2. Signalisation et information

L’information concernant l’APPB est indispensable. D’une part, les APPB sont souvent mal vus de la population alors qu’ils sont preuves d’une grande patrimonialité d’un point de vu des espèces mais également souvent des paysages. Il est dans leur intérêt de les conserver et les mettre en valeur. Des panneaux d’information pourraient être mis dans les villages alentour car sur le site ils ne seront d’aucune utilité vue la faible fréquentation. Les panneaux présenteraient l’espèce phare du site ( Botrychium simplex), sans indiquer exactement la localisation afin de limiter les cueillettes abusives, et les principaux milieux (pelouse méso-xérophile, hêtraie…) puis l'objectif et les grandes mesures de l'Arrêté Préfectoral de Protection de Biotope. Les peines maximales encourues pour infraction à la réglementation pourront être présentées comme force de dissuasion. Ces panneaux peuvent être réalisés conjointement avec les panneaux du site Natura 2000. D’autre part, il est important de s’assurer que les exploitants connaissent la réglementation et la localisation précise des stations, un programme de communication doit être mis en place.

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6. Conclusion

Les enjeux de ce site sont très forts du fait de la présence de Botrychium simplex , Botrychium matricarrifolium , Ophioglossum azoricum qui à elles seules justifient la mise en place d’un Arrêté Préfectoral de Protection de Biotope. Cet APPB vise principalement la conservation des pelouses à Botryches mais il concerne également l’ensemble des biotopes présents dans la délimitation. Il vient prévenir des pressions agricoles pour la conservation d’une espèce protégée. Cependant, le site Natura 2000 est le plus apte à concilier les différents enjeux écologiques, sociaux et économiques. D’autre part, le contexte foncier du site permettrait la mise en place d’une Réserve Biologique Forestière. Ces outils sont complémentaires et doivent cohabiter afin d’atteindre les objectifs de l’un et l’autre. Enfin, le pâturage des troupeaux doit être plus encadré, actuellement les vache pâturent sur l’ensemble du site sans aucune limite ni surveillance alors qu’elles devraient se cantonner aux zones définies pour l’activité agricole.

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BIBLIOGRAPHIE

Gamisans J., 1997, « La végétation de la Corse », Edisud, 391 p.

Hervé J.Y., Juncy J., Le Bars P., 1995, « Etude méthodologique du Bassin versant de la Bravone », Rapport BRGM R38545, 35 p., 10 tabl., 3 p.

Ministère de l’Ecologie, de l’Energie, du Développement Durable et de la Mer, 2010 , « Quelques chiffres sur les aires protégées concourant à l’objectif 2 % », MEEDDM, 20 p.

MNHN, « Connaissance et gestion des habitats et des espèces d’intérêt communautaire », Tome 6 Espèces végétales, 270 p.

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ANNEXES

Annexe 1 : Cartographies des habitats de l’APPB « Punta di Caldane »

Annexe 2 : Espèces protégées et remarquables sur l’APPB « Punta di Caldane »

Annexe 3 : Les parcelles communales sur l’APPB « Punta di Caldane »

Annexe 4 : Localisation des parcelles agricoles sur l’APPB « Punta di Caldane »

Annexe 5 : Zones de protection sur l’APPB « Punta di Caldane »

Résumé

La France a lancé en 2010 la Stratégie de Création d’Aires Protégées qui vise à placer en protection forte 2 % du territoire. Plusieurs projets d’Arrêté Préfectoraux de Protection de

Biotope ont été approuvés en Corse. Présent ponctuellement sur les pelouses méso-hygrophiles sur le massif de la Punta di Caldane, le Botrychium simplex justifie à lui seul la mise en place d’un

APPB. Seulement 9 stations sont connues en France et le biotope de cette espèce ne fait l’objet

d’aucune protection réglementaire. La pression principale sur les espèces protégées présentes est liée aux activités agricoles et notamment au pâturage. L’APPB vient renforcer le site Natura

2000 déjà en place pour limiter les impacts néfastes de ces activités.