Valentina Lisitsa Liège, Salle Philharmonique Dimanche 29 Avril 2018 |16H Andante2
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1 € Dimanche 29 avril 2018 | 16h Liège, Salle Philharmonique Valentina Lisitsa ● PIANO 5 ÉTOILES Lisitsa dispose de formidables moyens techniques. Son jeu se distingue par des tempos ] rapides – proches de ceux de Rachmaninov lui-même – mais aussi par une exceptionnelle 25 clarté de texture, une rythmique et des attaques tranchantes, et un penchant pour des accords corsés, à la manière d’Horowitz. (Classicstoday.com) WAGNER/LISZT, Tristan et Isolde (1857-59), Mort d’Isolde (transcr. 1867) [PROGRAMME > env. 6’ LISZT, Sonate pour piano en si mineur (1852-1853) > env. 35’ Pause RAVEL, Gaspard de la nuit (1908) > env. 24’ 1. Ondine 2. Le Gibet 3. Scarbo VALENTINA LISITSA RACHMANINOV, Sonate n° 1 en ré mineur op. 28 (1907) > env. 35’ 1. Allegro moderato 2. Andante 3. Allegro molto Valentina Lisitsa, piano Sur le vendredi 18.05.2018, à 20h DIMANCHE 29 AVRIL 2018 29 AVRIL 2018 DIMANCHE alentina Lisitsa est « la pianiste qui valait 170 millions de vues sur YouTube » (Culturebox) et a signé pour le label Decca des enregistrements de Chopin, Nyman (La Leçon de piano) ou encore Philip Glass. Pour la saison « Séduction » de l’OPRL, elle convoque Ondine, la séductrice aquatique de Gaspard de la nuit, mais aussi Isolde,V dont la mort touche au sublime chez Wagner. Dans les immenses sonates de Liszt et Rachmaninov se cache la figure de Faust et de sa relation passionnée avec Marguerite. Wagner/Liszt Tristan et Isolde (1857-59), Mort d’Isolde (TRANSCR. 1867) LES TRANSCRIPTIONS pour piano occupent la fin de l’opéra de Wagner. Pour parvenir à res- une place importante dans l’œuvre de Liszt : tituer ce passage complexe, Liszt a usé d’une pour piano à deux mains, à quatre mains ou à grande ingéniosité : outre l’outil classique du deux pianos. En cela, Liszt sacrifia largement transcripteur (trémolos, arpèges), il fait appel à au goût du XIXe siècle. Composé de 1857 de nombreuses innovations permettant de faire à 1859, l’opéra Tristan et Isolde de Richard cohabiter jusqu’à cinq voix en même temps. Le Wagner (1813-1883) ne sera créé qu’en 1865 à titre original de la fin de l’opéra était Isolde’s Munich, sous la baguette de Hans von Bülow. Liebstod (« Transfiguration d’Isolde ») et non Très ardue d’un point de vue technique (enche- pas Isolde’s Liebestod (« Mort d’Isolde »), titre vêtrement de thèmes qu’il convient de rendre que porte la transcription. Mais celle-ci devint tous), la transcription de la Mort d’Isolde par si célèbre que l’usage substitua le titre de Liszt Liszt (1867) est jouée par presque tous les à celui de Wagner. grands pianistes. Fidèle à l’original, la trans- FRANÇOIS-RENÉ TRANCHEFORT cription suit constamment le fil mélodique de Sonate pour piano en si mineur (1852-1853) PROPORTIONS CO- 30 minutes ! L’appellation « sonate » n’est pas LOSSALES. Alliant le pour autant périmée ; le compositeur garde génie de l’interprète à en mémoire les anciennes architectures de la celui du compositeur, tradition : il débute par un prologue, conclut Franz Liszt (1811-1886) par une coda et propose entre ces parties a révolutionné le genre plusieurs thèmes contrastés (on en dénombre de la sonate pour jusqu’à six !) qu’il expose, développe, réexpose, piano. Sa Sonate en si comme le requiert toute sonate classique. mineur, sa plus impor- Malgré cette filiation, Liszt innove encore : il tante partition pour propose une nouvelle technique d’enchaîne- le clavier, avec Les Années de pèlerinage, ments et de fusion des différents thèmes qui rompt avec le traditionnel découpage en trois ne pourraient subsister isolément. Sa tech- ou quatre mouvements auquel Beethoven et nique de construction est la même que celle ses prédécesseurs avaient habitué le public. que Wagner emploie au même moment dans Liszt conçoit sa Sonate sous la forme d’un ses opéras avec des leitmotivs qui, enchaînés mouvement unique dont les proportions sont les uns aux autres, façonnent les différents pour le moins colossales puisqu’il dépasse les actes d’une œuvre. 2 DRAME PIANISTIQUE. Par ailleurs, quand en do à Liszt. La partition fut créée le 22 jan- bien même Liszt garderait à l’esprit les quatre vier 1857 à Berlin, lors du « baptême » d’un grand mouvements de la sonate beethovénienne tra- piano à queue Bechstein, par le célèbre pianiste ditionnelle (allegro, andante, scherzo, finale), et chef d’orchestre Hans von Bülow (accessoire- cet aménagement n’est pas perceptible à ment le premier mari de la fille de Liszt, épousée l’audition : la Sonate a l’allure d’une énorme l’année de cette création !). Les audaces de rhapsodie improvisée avec toute la panoplie construction de la Sonate lui valurent une récep- de virtuosité que cela implique pour l’inter- tion négative. Clara Schumann l’entend jouée prète. Elle s’écarte de l’esprit de la musique par Brahms et la trouve épouvantablement pure pour devenir un grand drame pianistique ennuyeuse, le critique Hanslick la qualifie de (sans doute inspiré du Faust de Goethe), une « moulin à vapeur génial qui tourne presque tou- tragédie romantique perceptible dès le lever jours à vide » et de « non-sens musical presque de rideau des premiers accords. La fugue inexécutable ». Seul Richard Wagner, comprit la monumentale, aux deux tiers de la partition, nouveauté et l’audace de ce chef-d’œuvre, qui sonne comme un climax théâtral et mène à une a acquis tous ses galons depuis. L’autographe conclusion aux accents exaltés. de la partition est aujourd’hui la propriété de Robert Owen Lehman (à New York). AUDACES. L’œuvre est dédiée à Robert STÉPHANE DADO Schumann qui, 15 ans plus tôt, dédia sa Fantaisie Ravel Gaspard de la nuit (1908) LA MUSIQUE pour essentiel, l’élément suggestif, point de départ piano de Maurice d’un nouveau poème qui se profile sur l’ancien Ravel (1875-1937) plutôt qu’il ne le commente. » constitue un fleuron dans le répertoire des Gaspard de la nuit n’est un poème romantique pianistes. En 1908, que par l’argument original. Il échappe à l’ana- après s’être consacré à lyse par la liberté poétique de son écriture. son opéra L’Heure espagnole, Ravel livra aux Tour à tour insaisissable (Ondine), funèbre et mélomanes son sommet pianistique, le trip- cauchemardesque (Le Gibet) et imprévisible tyque inspiré des poèmes d’Aloysius Bertrand (Scarbo), il nous plonge dans un monde sonore (1807-1841), Gaspard de la nuit. Les 65 poèmes inouï. Les richesses de l’harmonie tantôt fluide (1835) de l’auteur fantasque très proche de et claire, tantôt dissimulées sous les couches E.T.A. Hoffmann fascinèrent Ravel qui entreprit mélodiques surprennent et émerveillent. Sans d’utiliser trois textes pour sa nouvelle œuvre. jamais rompre avec le principe tonal, Ravel Ondine, Le Gibet et Scarbo furent créés par crée ici l’une de ses pièces les plus modernes. Ricardo Viñes en janvier 1909 à la Société La technique pianistique mise en œuvre est Nationale de Musique. Si cette nouvelle complexe et diversifiée. Elle repousse les merveille musicale se rattache à la musique limites de l’instrument avec une aisance dé- à programme (Ravel fit reproduire le texte concertante, libérant, comme par magie, une correspondant à chaque pièce en marge de multitude d’impressions sonores plus saisis- la partition), l’auteur la qualifiait de « poème santes les unes que les autres. Gaspard de la pour le piano » et Alfred Cortot soulignait que nuit reste l’une des plus grandes contributions « nous ne le verrons pas moins en négliger les de Ravel à la musique du XXe siècle. péripéties, ne retenir de l’argument que le trait JEAN-MARC ONKELINX 3 Rachmaninov Sonate n° 1 (1907) PROLIXITÉ PIANIS- spirituelle, résonnant comme la partie supé- TIQUE. Contrairement rieure d’un choral autour de la note ré répétée à à Scriabine et Prokofiev, plusieurs reprises. Le développement s’efforce qui ont rendu à la so- d’équilibrer la participation des deux thèmes – nate au XXe siècle ses se perdant parfois dans des flots de virtuosité, lettres de noblesse, la s’organisant, en d’autres moments, en struc- contribution de Serge tures puissantes et rythmées où passent des Rachmaninov (1873-1943) accents scriabiniens. La réexposition est pré- à cette forme fut beau- cédée d’un moment de profond apaisement. coup plus réduite. Ses Après une série de grands accords, la coda deux Sonates sont certes s’effectue en mode majeur. des monuments, mais restent moins jouées que ANDANTE. Ce mouvement central est tout ses Préludes ou ses Études-tableaux. en simplicité, dépouillement, mélange de recueillement et de désolation d’un thème par- FAUST DE GOETHE. Composée en 1907, la ticulièrement « parlant » – auquel la cellule de Sonate n° 1 est contemporaine de la Symphonie quinte du premier mouvement sert d’accom- n° 2 et fut écrite en Allemagne, à Dresde, pagnement. Il est enveloppé bientôt dans une où Rachmaninov vécut entre 1906 et 1909. texture sonore plus complexe, mais gardant Dans une lettre à son ami Nikita Morozov toujours son relief et accentuant encore son (8 mai 1907), le musicien fait état d’un pro- intensité expressive. Dans la partie centrale, gramme pour sa sonate consistant en « trois l’agitation est marquée par l’accélération des types humains contrastés, pris dans une œuvre valeurs rythmiques (quintolets de doubles de la littérature mondiale ». Il s’agit du Faust de croches). À la fin de la reprise, quelques Goethe, et les trois mouvements de l’œuvre re- ornements, en miroitement de trémolos ; ce flètent respectivement les visages de Faust, de mouvement reste une des très belles pages Marguerite et de Méphisto. On peut donc tracer méconnues de Rachmaninov.