Document generated on 10/01/2021 11:02 a.m.

24 images

Theodore Ushev Nicolas Thys

100 cinéastes qui font le cinéma contemporain Number 163, September 2013

URI: https://id.erudit.org/iderudit/70360ac

See table of contents

Publisher(s) 24/30 I/S

ISSN 0707-9389 (print) 1923-5097 (digital)

Explore this journal

Cite this article Thys, N. (2013). Theodore Ushev. 24 images, (163), 51–51.

Tous droits réservés © 24/30 I/S, 2013 This document is protected by copyright law. Use of the services of Érudit (including reproduction) is subject to its terms and conditions, which can be viewed online. https://apropos.erudit.org/en/users/policy-on-use/

This article is disseminated and preserved by Érudit. Érudit is a non-profit inter-university consortium of the Université de Montréal, Université Laval, and the Université du Québec à Montréal. Its mission is to promote and disseminate research. https://www.erudit.org/en/ Theodore Ushev e film le plus étonnant de Theodore composée de Tower Bawher, Ushev est peut-être Tzaritza, son seul et . Parmi ces films abs- L court métrage conçu expressément traits et engagés sur l’idéologie, l’industrie, pour les plus jeunes, réalisé en 2006 dans la guerre et leur rapport au pouvoir et à le cadre de la série « Les petits conteurs » l’art, le dernier a directement été imaginé de l’ONF. Cette douce rêverie d’une fille en stéréoscopie. De même, ils font appel à qui rejoint sa grand-mère en Bulgarie est des jeux de métamorphoses ainsi qu’à des certainement son histoire la plus personnelle formes graphiques souvent reliées aux avant- et le rendu graphique 2D en papier découpé, gardes des années 1920 – constructivisme, sans profondeur, y est remarquable. On y Bauhaus, futurisme, cubisme, vorticisme, retrouve certains traits qu’il réutilisera etc. Theodore Ushev ne rejette aucune comme la persistance de textures ou de technique artistique, il les utilise et les couleurs particulières, et un goût pour les pense afin de les intégrer au mieux dans créateur paranoïaque. Sorti l’an dernier, mouvements simples et rapides. son discours. Joda, qui anime des vers en farsi de Rûmî, Entre 1999 et 2004, il avait déjà conçu Deux mille dix fut l’année des Journaux est un hommage au réalisateur iranien plusieurs films destinés à être diffusés sur le de Lipsett, court métrage perdu entre fic- emprisonné Jafar Panahi. Preuve encore site mortadellatv.com, aujourd’hui fermé. Il tion et documentaire. Réalisé à l’ordinateur que son art ne peut être envisagé hors du y expliquait sa démarche militante : « L’idée mais peint image par image, ce film sur politique et des expérimentations plastiques que le Web puisse tuer la télé était une la figure du cinéaste est la et sonores. – Nicolas Thys utopie. Maintenant, c’est juste la réalité, et quintessence du travail d’Ushev. Grâce soutenir le courant majoritaire ne m’inté- à une voix narratrice et à une technique « … son art ne peut être resse pas. » Cette visée révolutionnaire du expressive qui oscille entre figuratif et abs- envisagé hors du politique et cinéma et des nouvelles technologies, on trait, entre réalité et folie, le film donne des expérimentations plastiques la retrouve dans sa trilogie du XXe siècle l’impression de pénétrer l’esprit d’un et sonores. » Agnès Varda ès ses premiers documentaires, les Cubains) – et déjà là, on sent que le comme Opéra-Bouffe, on sent cinéma est pour elle amusant et instructif D immédiatement la présence – ou de Noirmoutier (Quelques veuves intime – qui ne se démentira pas durant de Noirmoutier, un film sur le deuil, 75 ans – d’une personne, Agnès Varda. jamais lourd). Préférant les chemins de Déjà une tendresse, grande, imprègne son traverse que la route droite, c’est-à-dire regard. Elle signe alors, dans un même jamais l’académisme ni les clichés, ses élan, un pacte avec le spectateur, qui est documentaires ne veulent aucunement son invité, à qui elle s’adresse comme à épuiser leur sujet. Bavarde, pétillante, un ami. Cela sera constant, ce sera son impertinente, Varda préfère les digres- éthique, son esthétique également. Même sions, les détails et les sensations ; elle quand elle tournera jusqu’au milieu des pique, butine et grappille, comme dans années 1980 des films de fiction, elle Les glaneurs et la glaneuse. La réalité n’abandonnera jamais le documentaire, est regardée par morceaux, rien de mieux qui s’insérera entre eux, comme s’il fallait pour affronter le réel ; on sait qu’il nous qu’elle donne de temps en temps à ce échappe, faisons semblant que la réalité chez Varda relève du plaisir de raconter ; spectateur, qui fait dorénavant partie nous échappe aussi. L’écran est un filet, si par lui passe la fantaisie la plus atten- de son destin, des nouvelles d’elle. Des les choses et les mots pourront par brins, drissante, y passe surtout une pensée sur cartes postales lui sont envoyées rapi- bribes, éclats, passer entre ses mailles. Ce le monde. – André Roy dement ; elle se fiche bien qu’elles ne cinéma fait d’impressions, de souvenirs soient pas plastiquement sublimes ; le et d’émotions est un album de famille « Ce cinéma fait d’impressions, sublime chez elle se trouve dans ce que qui s’élargit en représentation collective. de souvenirs et d’émotions est un Roland Barthes appelle le punctum : ce C’est un théâtre du quotidien transformé album de famille qui s’élargit en qui vient nous toucher, nous traverser. en archives du présent. Portrait des peti- représentation collective. » Elle peut les envoyer de Cuba (Salut tes gens et autoportrait, le documentaire

DOSSIER 24 IMAGES 163 51