3 & Coléoptères Capturés En Suisse Par Pièges Attractifs Aériens
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ENTOMO HELVETICA 6: 101 – 113, 2013 Coléoptères capturés en Suisse par pièges attractifs aériens: bilan après trois années et discussion de la méthode YANNICk ChITTARO1, ANDREAS SANChEZ2, MICkAËL BLANC3 & ChRISTIAN MONNERAT4 1 CSCF, Passage Maximilien de Meuron 6, CH-2000 Neuchâtel; [email protected] 2 Rue des Pommiers 50, CH-1962 Pont-de-la-Morge; [email protected] 3 MHNG, Route de Malagnou 1, CH-1208 Genève; [email protected] 4 CSCF, Passage Maximilien de Meuron 6, CH-2000 Neuchâtel; [email protected] Abstract: Beetles collected in Switzerland with active aerial traps: assessment after three years and discussion of the method. − Between 2010 and 2012, 370 active aerial traps were set up in most of the thermophilic regions of Switzerland. This approach targeted certain species of the Longhorn Beetles (Cerambycidae) and Flower Beetles (Scarabaeidae, Cetoniinae). It was intended to act as a complement to more classical technics used in the saproxylic beetles Red List program. In total, 305 species belong- ing to 43 families were captured. From a faunistic point of view, several captures are (re)discoveries for Switzerland or one of its biogeographical regions. We comment on the methods at the end of the article. Zusammenfassung: Gesammelte Käfer durch Köderfallen in der Schweiz: Bilanz nach drei Jahren und Diskussion der Methode. − Zwischen 2010 und 2012 kamen in den meisten thermophilen Gebieten der Schweiz über dem Boden aufgestellte Köderfallen zum Einsatz. Ziel dieser Methode war in ers- ter Linie der Fang bestimmter Vertreter der Bockkäfer (Cerambycidae) und Rosenkäfer (Scarabaeidae, Cetoniinae), dies als zusätzliche Fangtechnik zu den im Rahmen der geplanten Roten Liste der Holz- käfer eingesetzten klassischen Fangmethoden. Insgesamt gelang der Fang von 305 Käferarten aus 43 verschiedenen Familien. Aus faunistischer Sicht konnten dabei mehrere Arten in der Schweiz oder auf der Ebene der sechs biogeografischen Regionen neu oder wieder entdeckt werden. Einige Kommentare zur Methodik folgen am Schluss des Artikels. Résumé: Entre 2010 et 2012, 370 pièges attractifs aériens ont été placés dans la plupart des régions thermophiles de Suisse. Leur utilisation visait principalement la capture ciblée de certaines espèces de Longicornes (Cerambycidae) et de Cétoines (Scarabaeidae, Cetoniinae), en complément aux recherches de terrain de la future Liste Rouge des Coléoptères du bois. Au total, 305 espèces de 43 familles ont été recensées. D’un point de vue faunistique, plusieurs captures constituent des (re)découvertes, pour la Suisse ou pour l’une des six régions biogéographiques. Quelques commentaires d’ordre méthodologique sont fournis en fin d’article.. Keywords: active aerial traps, Coleoptera, red list, Switzerland, attractivity. 101 Entomo_Helv_6_13.indb 101 5/7/2013 10:41:34 AM YANNICK CHITTARO, ANDREAS SANCHEZ, MICKAËL BLANC & CHRISTIAN MONNERAT INTRODUCTION Les espèces de Coléoptères xylophages vivant dans la frondaison des arbres sont dif- ficiles à mettre en évidence par les méthodes classiques de chasse active (chasse à vue, battage, fauchage ... voir Gonseth 2008). Certaines d’entre elles sont par contre connues pour venir régulièrement aux pièges attractifs aériens, selon une méthode dérivée de la miellée utilisée pour les Lépidoptères (Allemand & Aberlenc 1991, Berger 2012). Ce type de piège est basé sur l’attractivité des liquides fermentés sur les espèces naturel- lement attirées par les suintements de sève fermentant le long des troncs (Paulian & Baraud 1982, Fadda & Ponel 2007). Utilisé par Danilo Baratelli dans quelques locali- tés tessinoises, en marge du projet Liste Rouge des Coléoptères du bois (Buprestidae, Cerambycidae, Scarabaeidae Cetoniinae et Lucanidae), ce type de piège a apporté des résultats encourageants et complémentaires aux relevés, notamment pour les Cetoniinae. Forts de cette constatation, nous avons décidé d’en placer dans la plupart des régions thermophiles de Suisse, entre 2010 et 2012. L’intérêt de notre démarche était double: 1. Recenser les Coléoptères attirés par cette méthode et améliorer la connaissan- ce sur les espèces collectées. Cette méthode n’a jamais été utilisée en Suisse à grande échelle, exception faite de piégeages réalisés par Claude Besuchet entre 1988 et 1998, principalement dans les cantons de Genève, de Vaud et du Valais (non publié). 2. Fournir des données complémentaires aux recherches de terrain effectuées dans le cadre de la Liste Rouge, notamment pour certaines espèces rares et/ ou sous-échantillonnées des genres Cerambyx, Gnorimus, Necydalis, Protaetia, Purpuricenus, Ropalopus et Trichoferus. MATÉRIEL ET MÉTHODE Les pièges attractifs aériens utilisés («pièges à bière», Fig. 1a) ont été fabriqués selon le modèle d’Allemand & Aberlenc (1991), à savoir une bouteille en PET de 1.5 litre dont le quart supérieur est coupé et retourné afin d’en faire un entonnoir. Deux petits trous latéraux sont percés à mi-hauteur, afin d’éviter tout débordement en cas de forte pluie et pour permettre une meilleure diffusion des odeurs. Un fil de fer (2.5 mm de diamètre) torsadé en anse, fixé au sommet de la bouteille par deux trous latéraux, per- met de suspendre le piège à des branches situées entre 3 et 5 mètres du sol au moyen d’une perche de 2 mètres. La mise en hauteur de ces pièges permet de cibler les es- pèces frondicoles ne descendant que très rarement au sol, tout en évitant la plupart des déprédations humaines. Le liquide attractif utilisé (environ 6 dl par piège) consiste en un mélange égal de vin rouge et de bière auquel est ajouté du sucre ainsi qu’une faible quantité de vinaigre et de sel. Le rôle du sucre est d’accélérer la fermentation, alors que le sel et le vinaigre assurent la conservation des spécimens capturés en ralentissant leur décomposition (Fadda & Ponel 2007), ce qui permet d’espacer les relevés. Les sites d’échantillonnage ont été choisis en fonction des températures moyennes régionales. Les niveaux thermiques 10 à 18 selon Schreiber et al. (1977) ont été privilé- giés, l’ensemble des espèces-cibles étant thermophiles. Au niveau local, les pièges ont 102 Entomo_Helv_6_13.indb 102 5/7/2013 10:41:34 AM COLÉOPTÈRES CAPTURÉS EN SUISSE PAR PIÈGES ATTRACTIFS AÉRIENS été placés dans des arbres poussant en situation dégagée ou en lisière et exposés plein sud, leur efficacité dépendant fortement de l’évaporation pour la diffusion des sub- stances attractives (Bonneil in Bouget & Nageleisen 2009, Allemand et al. 2009). Les arbres privilégiés ont été les chênes Quercus spp., les peupliers Populus spp., les saules Salix spp., ainsi que le châtaignier Castanea sativa au sud des Alpes, soit les feuillus exploités par le plus grand nombre de Coléoptères xylophages (Böhme 2001, Ovcharov et al. 2007). Afin d’échantillonner le plus large spectre possible d’espèces, certains piè- ges ont néanmoins été posés dans des essences a priori moins riches telles que le frêne Fraxinus excelsior et les érables Acer spp. Dans la mesure du possible, des arbres âgés et affaiblis (voire morts, Fig. 1b) ont été privilégiés, leur potentiel faunistique étant plus élevé que celui d’arbres jeunes et vigoureux (Allemand & Aberlenc 1991). Entre 2010 et 2012, 370 pièges ont été installés en Suisse, dans 171 carrés kilométriques différents (Fig. 2). En fonction de l’abondance d’arbres potentiellement intéressants pour les Coléoptères xylophages, entre un et cinq pièges distants d’une vingtaine de mètres au minimum ont été placés par carré kilométrique. Dans 39 cas (59 carrés kilométriques), les sites retenus correspondaient à des sites travaillés dans le cadre de la future Liste Rouge des Coléoptères du bois. Les pièges ont été relevés toutes les 3 semaines environ, de la mi-avril à la mi-septembre. Chaque piège est alors décroché et l’ensemble du liquide est passé au travers d’une passoire afin de récolter les insectes. Le liquide attractif est réutilisé et complété, puis le piège est remis à son emplacement initial. Après de fortes pluies, le liquide doit par contre être totalement remplacé, l’eau diluant le liquide attractif et les agents conservateurs, ce qui réduit son attractivité et accélère la décomposition des insectes piégés. Les insectes collectés sont ensuite rincés à l’eau claire et placés dans des flacons d’alcool à 70 ° étiquetés en attendant leur préparation et leur détermination. Ils se trouvent actuellement dans les collections privées des auteurs ou dans celles des Musées d’Histoire naturelle de Neuchâtel et de Genève. a b Fig. 1. a) piège attractif aérien (Brusio, GR); b) piège placé sur un chêne mort sur pied (Meride, TI). (Photos A. Sanchez, Y. Chittaro) 103 Entomo_Helv_6_13.indb 103 5/7/2013 10:41:34 AM YANNICK CHITTARO, ANDREAS SANCHEZ, MICKAËL BLANC & CHRISTIAN MONNERAT Fig. 2. Localisation des 370 pièges placés entre 2010 et 2012 en Suisse. Figurent en rouge ceux qui correspondent à des localités travaillées dans le cadre de la Liste Rouge des Coléoptères du bois. Les six régions biogéographiques (Gonseth et al. 2001) sont délimitées en noir. RÉSULTATS Au total, 305 espèces de Coléoptères, appartenant à 43 familles, ont été capturées lors des trois années de piégeage (Tab. 1). Quelques Staphylinidae, Nitidulidae et Scrapti- idae n’ont pas été déterminés à l’espèce à ce jour. DISCUSSION Sur la base des résultats d’Allemand & Aberlenc (1991), de Baratelli (2012), de Berger (2012) et de nos observations personnelles, 71 espèces ont été considérées comme étant réellement attirées par l’appât utilisé (Tab. 1). Globalement, cette méthode s’est avérée particulièrement performante pour le piégeage des Scarabaeidae Cetoniinae avec une attraction de plus de 50 % des espèces suisses. Pour les Cerambycidae et Lucanidae, cette proportion est plus faible mais s’élève tout de même à plus de 15 %. Au total, 13.8 % des espèces traitées dans le cadre de la Liste Rouge des Coléoptères du bois peuvent être considérées comme régulièrement attirées par cette méthode (Tab. 2). Parmi les 71 espèces réellement attirées, 19 (suivies d’une * dans le Tab.