Porto-V Ecchio Tempi Fa
Total Page:16
File Type:pdf, Size:1020Kb
Fausto AMALBERTI Fernand ETTORI Jean JEHASSE Francois de LANFRANCHI Geneviève MORRACCHINI-MAZEL Francis POMPONI Porto-V ecchio tempi fa CACEL DE PORTO-VECCHIO AMIS DE LA BIBLIOTHÈQUE ET DU BASTION - 1992 Porto-Vecchio Tempi Fà Fausto AMALBERTI Fernand ETTORI Jean JEHASSE Francois» de LANFRANCHI Geneviève MORRACCHINI-MAZEL Francis POMPONI Por to-Vecchio Tempi F à CACEL DE PORTO-VECCHIO AMIS DE LA BIBLIOTHÈQUE ET DU BASTION 1992 REMERCIEMENTS Ce livre a été publié avec la participation : du Ministère de la Culture et de la Communication DRAC de Corse la Ville de Porto-Vecchio le Centre d'Activités Culturelles et de Loisirs l'Association des Amis de la Bibliothèque et du Bastion la Région de Corse. © Cacel de Porto-Vecchio Amis de la Bibliothèque et du Bastion 1992 Préface Le passé est enseignement. Définir le passé de Porto-Vecchio, c'est situer les Porto-vecchiais dans leur propre existence. Aussi, lorsque Jean-Pierre Mattei, adjoint délégué aux Affaires culturelles, m'a proposé l'organisation d'un colloque et l'édition de ses actes traitant de l'histoire de l'occupation humaine de Porto-Vecchio, je n'y ai vu qu'intérêt pour la connaissance de notre Passé et pour les perspectives de recherche dans des domaines quelque peu négligés ou bien enfouis sous une masse de clichés et d'approximations. Ma reconnaissance s'adresse tout d'abord à Monsieur Fernand Ettori, Professeur honoraire de l'Université de Provence et ancien Directeur du Centre d'Etudes Corses, qui a encouragé la tenue de ce colloque, soucieux de laisser à chacun une grande liberté intellectuelle et a permis à tous de bénéficier de ses vastes connaissances de l'Histoire de notre région. Mes remerciements s'adressent à Monsieur François de Lanfranchi, archéologue, enseignant-chercheur honoraire de l'Université de Corse, actuelle ment Directeur scientifique du Centre d'Études et de Recherches Archéologi ques en Alta Rocca, dont les travaux dans l'extrême-sud font autorité. A Monsieur Jean Jehasse, archéologue, Directeur des Antiquités de la Corse qui consacre une vigilance remarquable aux fouilles menées sur l'île. A Madame Geneviève Moracchini-Mazel, archéologue, chargée de recher ches au CNRS, qui nous fait redécouvrir la richesse du Moyen Age insulaire, A Monsieur Fausto Amalberti, historien italien, qui nous a merveilleuse ment retracé la naissance de Porto-Vecchio qui n'était alors que Vintimiglia la Nuova. A Monsieur Francis Pomponi, Professeur à l'Université de Nice, ancien antiquiste reconverti à l'histoire moderne qui participé activement depuis plusieurs années au renouveau culturel de la Corse dans sa discipline. De chapitre en chapitre, les auteurs ont essayé de regarder l'histoire globale de Porto-Vecchio, de la préhistoire au xixe siècle, selon l'éclairage successif des diverses sciences de l'homme : histoire, géographie, économie, sociologie... Tous sont portés à la recherche de l'identité de Porto-Vecchio. A la lecture de leur texte, on peut dire que leur quête est couronnée de succès. 5 Les archéologues préhistoriens et médiévistes nous démontrent que Porto-Vecchio n'est pas une « Terra archéologica incognita », mais qu'elle détient sur son sol un potentiel archéologique exceptionnel. Rendons hommage à ces chercheurs qui interrogeant les stratigraphies et les vestiges découverts ont mis au jour de véritables trésors : des sites de Tappa et de Torre aux églises romanes et aux fondations de Vintimiglia la Nuova. Les modernistes témoignent des courants de fond qui ont parcouru notre région au cours des xvne, xvme et xixe siècles. Notre société a été traversée par des mouvements qui renvoient aux plus vastes fractures qu'a connu le Monde Méditerranéen et l'ensemble national français. Cette double appartenance, cette dualité culturelle et sociale, parfois contradictoire, souvent complémentaire donnent à notre société ses traits particuliers. Ainsi la construction de la communauté porto-vecchiaise apparaît-elle dans sa complexité et son originalité. Passé, présent constituent selon Fernand Braudel un couple inséparable, diabolique. Permettez-moi de lui joindre le futur. « L'Histoire », écrit Julien Gracq « est devenue pour l'essentiel une mise en demeure adressée par le Futur au Contemporain ». Nous souhaitons que les actes de ce colloque tenu à Porto-Vecchio soient utiles à ceux qui s'intéressent à l'histoire de notre commune, qui y vivent, qui sont soucieux de son avenir, à ceux aussi qui s'efforcent de maintenir à travers la langue, l'histoire, la mémoire vivante et collective de notre passé pour vivre notre temps dans cette continuité. Mais nous invitons aussi notre jeunesse à abandonner les pesanteurs du passé pour les incertitudes de l'avenir. Porto-Vecchio, Janvier 1992 Dr J.-P. de ROCCA-SERRA Député Maire de Porto-Vecchio Pdt. de l'Assemblée de Corse 'S o lù u a r a . ^ J d e Corson* %)% Tde S orraco de Por to A'ecchio '■ della O h m /· ' Siiriffqphu IToimqUeMsTcicJi&r où i u T p u u L r d ’e a u .p a r d t 'tyorvzaffhd ·,etio C a o ( d l i Γ-— — --- . ■·■■■- 1 I IFMMMil ___I y W f prn>mm ' —. --------------------- - - +Λ M i d v S .Î *U V 1 ^ a v tx i J Juridiction de Bonifacio et Porto-Vecchio (extrait de « Carte Nouvelle de I'Isle de Corse », Robert de Vaugondy, 1756). 7 L'histoire des communautés paysannes de Porto-Vecchio des origines à la romanisation François de LANFRANCHI Au moment de présenter les bilans on se rend compte à quel point les résultats obtenus dans le domaine de la recherche archéologique sont tributaires des moyens mis en œuvre. A ce sujet, nul ne pourra contester que l'archéologie de la Corse est pauvre. Pauvre en moyen, pauvre en hommes, pauvre en structures diverses, en laboratoires spécialisés et équipement en appareils modernes. Malgré ces contraintes, les résultats obtenus grâce au dévouement de tous les chercheurs travaillant dans l'île permettent non pas de surmonter ce handicap, mais, à tout le moins d'obtenir quelques résultats. Nous les devons en fait à des acteurs travaillant en ordre dispersé. Les uns, dans le cadre d'une thèse universitaire, ou d'un programme de recherche de type CNRS, d'autres, en amateurs au sein d'associations, et dans ce cas sans possibilité de sanction universitaire. Dans ces conditions, on admettra volontiers l'inégalité des résultats obtenus par les uns et les autres. Enfin, il faut ajouter que, dans une cité en expansion démographique, l'importance des travaux à l'aide d'engins mécanisés puissants, entraîne une destruction des sites archéologiques mais, par la même occasion, permet de prendre connaissance de documents et de structures inédits. C'est à partir de ces données, c'est-à-dire de recherches programmées ou de découvertes fortuites que l'on peut présenter un état de nos connaissances en 1986. Oublions un moment le cloisonnement administratif actuel de la région de Porto-Vecchio en communes ou autres cantons. Imaginons ce golfe de la partie méridionale et son arrière-pays, l'Alta Rocca. C'est la première réalité géographique, à savoir un territoire de plaines ou de légères collines, celui de la dépression de Figari. Porto-Vecchio et un arrière-pays montagneux. C'est la que, vers le 7e millénaire avant notre ère va commencer la plus ancienne aventure humaine de l'île. Au plan climatique après les grandes glaciations du Würm, nous entrons dans une phase dite préboréale (8200 à 6800 av. J. C.) caracterisee par une amélioration générale du climat. A ce réchauffement assez sensible de la température, tendance qui se poursuivra durant le Boréal (6800-5500 b.c.) correspond une modification lente de la flore. Pour la faune si 1 on en croit l'étude la plus récente sur le sujet a \ en comparant les espèces pléistocènes et les espèces sauvages actuelles, on se rend compte que les familles domestiques (2), p0rc, bœuf, mouton, chèvre, et les espèces sauvages ou marronnes ont été introduites par l'homme en Corse, à partir du Néolithique, vers le 5e millénaire av. J. C. Donc, à la suite d'un grand bouleversement climatique qui correspond à une phase de transition entre les froids du Tardiglaciaire et les prémices du réchauffement Postglaciaire que l'on nomme Préboréal, plusieurs phénomènes vont se produire. Sur le continent, la modification de la flore qui convenait parfaitement aux troupeaux de Rennes que chassaient les hommes du Paléolithique va contribuer au départ de cette espèce qui va pousser vers le nord. Elle sera remplacée par le cerf, le sanglier, et la petite faune, qui vont trouver dans la forêt naissante un biotope de choix. L'homme néolithique va non seulement modifier le mode de vie antérieur, mais probablement partir à la recherche de nouveaux rivages. C'est ainsi que nous expliquons la motivation qui va pousser des groupes humains du continent, à la découverte de la Corse. Au début du 7e millénaire avant J.C. trois groupes humains sont implantés dans 1 ensemble Corso-Sarde <3> à Bonifacio, Levie, Saint-Florent. Nous les avons nommés des Prénéolithiques. Ces prédateurs vivent de la collecte de coquillages, de la cueillette de fruits sauvages, de chasse et de pêche. La chasse, en 1 absence de grands mammifères (4) est réduite à celle des oiseaux et du Prolagus sardus Wagner, le lapin-rat ou Cunigliu topu. Ils vont très tôt quitter les zones littorales pour explorer l'intérieur ce qui explique les rapports privilégiés qui existent entre la zone calcaire bonifacienne, et probablement celle du pays de Porto-Vecchio à Figari et le Pianu di Livia. Ces populations vivent dans des abris sous roche. Ils enterrent leurs morts dans la demeure du vivant selon un rituel commun aux Européens de ce temps. Le seul sujet prénéolithique étudié à ce jour en Corse était allongé sur e dos.