LA MAISON DE LA ROCCA

HISTOIRE ET GÉNÉALOGIE

FERNAND ETTORI

LA MAISON DE LA ROCCA

Un lignage seigneurial en Corse au Moyen-Age

Ouvrage publié avec le concours de la Collectivité territoriale de Corse

Editions Alain Piazzola Maquette et mise en pages réalisées dans l'atelier des Editions Alain Piazzola par Marie-Hélène Rossi-Launay

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ISBN: 2 - 907161 - 35 - 0 ISSN : en cours INTRODUCTION

Intentions et Sources

Cet ouvrage n'est pas l'histoire de la seigneurie de la Rocca, c'est celle des seigneurs du même nom. On ne trouvera pas ici une étude de la société qui vivait au XIV siècle et au XV dans l'espace délimité par la Serra d'Istria, la rivière de la Solenzara et la mer (Bonifacio exclu), tout simplement parce qu'une telle étude est impossible faute de documents suffisamment nombreux. Où est l'équivalent des statuts de la seigneurie Gentile et de ceux des Da Mare Et les archives des abbayes de Terre ferme si précieuses pour l'histoire agraire du Deçà et si bien analysées par Silio Scalfati Ni la Gorgona, ni Monte Cristo ni San Venerio del Tino n'ont possédé de terres dans la Rocca. Ici visiblement la culture était orale et réduite la part de l'écrit. Quand il existe des documents, ils viennent de Bonifacio, seul endroit où l'on écrit vraiment et concernent d'abord Bonifacio Jean Cancellieri a tiré des notaires bonifaciens tout le parti possible pour le XIII siècle mais la Corse y est vue de l'œil du marchand, attentif à tout ce qui peut s'acheter et se vendre ou de celui de l'agriculteur soucieux de protéger ses cultures contre la dent du bétail et le pillage ; le reste n'intéresse guère. Loin de toute irréalisable ambition qui ne pourrait s'appuyer que sur l'arbitraire d'un comparatisme naïf, notre projet, comme l'indique le titre, se bornera à suivre pendant deux siècles une maison seigneuriale, de sa naissance vers 1300 jusqu'à sa fin en 1511. La généalogie sera donc la trame du récit et l'homme, sa matière. Mais, étant donné que cette famille a tenu une place

(1) Les Statuts des seigneuries appartenant aux Gentile ont été publiés par l'abbé Letteron, B.S.S.H.N.C. fasc. 48 (1884). Ceux de la seigneurie de San Colombano par F. Ettori, E.C. n° 15 (1980). (2) Voir Silio Scalfati, monastica, Pisa, 1992 et La Corse médiévale, Ajaccio, 1980. (3) Voir les Statuts de Bonifacio du XIV siècle et du XV publiés par Marie Claude Bartoli, B.S.S.H.N.C., fasc. 634-636 (1980) et J. Cancellieri Bonifacio au XII siècle, 1972. (4) Voir J. Cancellieri Gênes en Corse et en Sardaigne au XIII siècle, Aix, 1980. considérable dans les événements de son époque, c'est l'histoire politique de la Corse tout entière qui apparaîtra, vue toujours par les yeux du seigneur et des siens. Pour notre propos, la source principale est la Chronique de Corse. On sait ce qu'il faut entendre par là. Comme l'a montré, il y a quatre-vingt-dix ans, l'abbé Letteron La Historia di Corsica, publiée en 1594 à Tournon par Anton Pietro Filippini, est une compilation qui reprend, sans les nommer, en les continuant, trois chroniqueurs précédents, Giovanni della , son continuateur Montegiani et Pietro Antonio Ceccaldi, lequel reprenait déjà les deux précédents avant de les continuer. L'abbé Letteron a restitué à chacun son dû Dans les limites chronologiques de notre sujet, seuls nous intéressent Giovanni della Grossa jusqu'en 1464, date de sa mort, et Montegiani, de 1464 à 1511. Si Montegiani, succint jusqu'à la sécheresse, doit être parfois complété par la version de Ceccaldi, en revanche, l'œuvre de Giovanni della Grossa présente un exceptionnel intérêt pour le XV siècle contemporain et même, dans une certaine mesure, pour le XIV encore proche. Son auteur allie au goût de l'histoire une riche expérience humaine et politique. Né dans la Rocca, ce n'est pas, comme Ceccaldi et Filippini, originaires de Vescovato, un historien de cabinet : il possède la connaissance des lieux ainsi que la pratique des hommes et des affaires Nommé scrivano, à l'âge de dix-huit ans, par Andrea Lomellini, Giovanni della Grossa, scribe devenu notaire chancelier, ne s'est pas borné à manier la plume ; il a été aussi vicario della Corte, c'est-à-dire chef de la justice, ou encore commissaire, chargé de missions administratives et militaires : on le voit assurer l'intendance d'une expédition et même combattre à la tête d'un corps de troupes; négociateur aussi et diplomate. Dans ces fonctions aussi importantes que variées, il a servi tour à tour, les gouverneurs génois, les seigneurs Vincentello d'Istria, comte de Corse, et Simone Da Mare, ainsi que les représentants en Corse du pouvoir pontifical. Au cours d'une carrière d'un demi-siècle, il a résidé à Biguglia, capitale de la Terre de la Commune, à Cinarca, capitale de la Terre des Seigneurs, au château de San Colombano du Cap et à celui d'Ornano : l'île n'a pas de secrets pour lui.

(5) B.S.S.H.N.C., fasc. 313-324 (1907) (6) Parmi les chroniqueurs, noter aussi le prêtre Pietro Cirneo qui écrivit en latin un De rebus corsicis jusqu'en 1506. Il n'enrichit guère les autres chroniques que de sa propre biogra- phie et de détails sur la piève d'Alesani, son pays natal. (7) Voir dans le Dizionario biografico degli Italiani, vol. XXXVII, la biographie de G.G. faite par Jean Cancellieri d'après les nombreuses indications données par lui-même. Il se pourrait que G.G. fils de Guglielmo, gonfalonier de la piève de Bisogène en 1356 fût de la maison vaincue des Biancolacci. L'historien est un homme instruit qui a commencé ses études à Bonifacio et les a finies à Naples. Son mérite est d'avoir fixé par écrit la tradition orale qu'il a recueillie auprès de témoins "dignes de foi" et d'avoir consulté tous les documents et relations écrites (aujourd'hui perdues) qu'il a pu trouver. Sa fonction de notaire chancelier, qui lui donnait accès aux archives, facili- tait le travail de collecte. La chronique de Giovanni della Grossa est donc une source majeure, à condi- tion, bien sûr, de vérifier la chronologie et d'encadrer le texte par des docu- ments d'archives ou des travaux solides. Un certain nombre de pièces ont été publiées dans le Bulletin de la Société des Sciences historiques et naturelles de la Corse, ou dans des revues telles que Corse historique et Etudes corses ; elles seront signalées en leur lieu. Quant aux études, Giovanna Petti Balbi couvre le XIV siècle avec son Genova e la Corsica nel Trecento et Carlo Bornate a étudié minutieusement une dizaine d'années du XV siècle. Restent encore d'immenses gisements non exploités aux archives de Gênes ou de Milan, à celles de l'ancien royaume d'Aragon et au Vatican. Le travail de dépouillement est commencé par une équipe jeune et active groupée autour d'Antoine Marie Graziani et de José Stromboni. Parallèlement Gilles Giovannangeli fouille castelli et ville. Espérons que les uns et les autres trouveront l'aide qu'ils méritent. Il faut souhaiter que, d'ici quelques années, le présent livre fondé presque uniquement sur des sources publiées, se trouvera dépassé et demandera à être réécrit. Ce sera, pour la recherche historique, une preuve de vitalité.

(8) G.G. p. 231 Liste des abréviations

G.G. = Giovanni della Grossa, Chronique, texte italien. Mtg. = Montegiani, Chronique, texte italien. Cc. = Ceccaldi, Chronique, traduite en français par l'abbé Letteron. B.S.S.H.N.C. = Bulletin de la Société des Sciences historiques et naturelles de la Corse. C.H. = revue Corse historique. E.C. = revue Etudes corses. P.B. = Petti Balbi, Genova e Corsica nel trecento. C.B. = Carlo Bornate, Genova e Corsica alla fine del Medioevo.

Note sur la graphie

En règle générale, les noms propres sont transcrits dans la graphie que la Chronique leur a, le plus souvent, donnée. Pour quelques rares toponymes, nous utilisons la forme de l'usage commun d'aujourd'hui : le Cap corse, Saint-Florent, Ile Rousse, , S Lucie de Tallano, mais San Gavino di . Afin d'éviter l'excès des italiques, certains termes intraduisibles et fréquents ont été francisés : c'est le cas de pieve, devenu piève. De même l'anthroponyme Cinarchese est écrit Cinarcais.

SEIGNEURIE DE LA ROCCA CHAPITRE 1

Les Cinarchesi

La seigneurie de la Rocca, au sens strict du terme, n'a duré que deux siècles, le XIV et le XV Mais les seigneurs, eux, sont d'une race plus ancienne. Comme ceux d'Istria, d'Ornano, et de Leca, ils appartiennent au grand clan des Cinarchesi ou Cinarcais qui règnent depuis longtemps sur le Delà- des-Monts Leur origine reste obscure. Le chroniqueur Giovanni della Grossa, écrivant au XV siècle, rapporte une généalogie traditionnelle qui laisse l'historien sceptique. A l'en croire, toute la féodalité légitime remonterait à un certain Ugo Colonna et à ses compagnons romains envoyés en 816 pour reconquérir la Corse sur les Sarrasins et investis par le Souverain Pontife après la victoire L'abbé Letteron en 1888 n'a eu aucun mal à démontrer que cet Ugo est inconnu dans la Maison Colonna, dont le premier membre n'apparaît que trois cents ans plus tard, et à constater le caractère fabuleux de cette "recon- quête" inspirée des chansons de geste du XI siècle. On sait par les textes contemporains que les Sarrasins n'ont pas "occupé" la Corse au sens où ils ont occupé l'Espagne : ils se sont bornés à y faire de brèves incursions et à établir parfois sur les côtes des bases en vue d'opérations en Italie. Si l'on écarte cette généalogie douteuse, dont nous verrons plus loin la fonc- tion, il ne reste pas autre chose que des hypothèses plus ou moins vraisem- blables. La seule certitude est que, en dehors des seigneurs du Cap, issus d'offi-

(1) La barrière montagneuse qui s'allonge dans le sens nord-ouest/sud-est, de Calvi à Solenzara délimite deux régions, dont les noms Deçà ou Delà-des-Monts, varient suivant la localisation de celui qui parle. Mais les géographes et les politiques, qui ont besoin d'une terminologie stable, ont toujours adopté le continent italien pour point de réfé- rence. Le Deçà-des-Monts s'étend donc à l'est de la chaîne centrale, le Delà, à l'ouest. (2) Le scepticisme sur l'existence d'Ugo Colonna et ses hauts faits n'exclut pas l'hypo- thèse que, à l'occasion d'une expédition contre les Maures organisée ou financée par la Papauté, des guerriers romains aient pu se tailler des principautés en Corse. (3) Histoire de la Corse : Chronique de Giovanni della Grossa, traduite par l'abbé Letteron, Introduction. ciers génois, et des marquis de Toscane devenus au XI siècle indépendants et héréditaires, le reste de la féodalité corse se répartit en deux clans, les Biancolacci et les Cinarchesi. On a coutume d'opposer la destinée de la Sardaigne et celle de la Corse après la fin de la domination byzantine. La première, plus éloignée du continent italien, développa une organisation originale fondée sur les judicats. La seconde, de par sa position géographique, tomba dans l'orbite de la féodalité toscano-franque. L'opposition est juste, à condition d'ajouter qu'elle concerne plus le Deçà que le Delà-des-Monts. A l'est, en effet, l'attraction continentale se fait forte- ment sentir à partir du moment (825) où Boniface II, comte de Lucques, fut chargé par l'empereur Lothaire de défendre la Corse et la Sardaigne contre les Sarrasins. Ses descendants, devenus marquis, continuèrent à se dire tuteurs et protecteurs des Iles lorsque se constitua au X siècle la marche de Toscane et à exercer sur la Corse plus qu'une simple suzeraineté. A plusieurs reprises, certains membres de cette famille que les historiens appellent Obertenghi s'installèrent même dans le Deçà-des-Monts Une branche toscane, plus anciennement établie que les Obertenghi, semble s'être imposée sous le nom de Comtes, à partir du palazzo del Poggio, situé près de Corte Le dernier de cette lignée fut le célèbre Arrigo Bel Messere, assassiné aux environs de l'an mil, figure idéale où s'exprime le regret de l'ordre post-carolingien disparu Toutefois si traditions et documents s'accordent sur la réalité de cette domination toscane, il s'en faut qu'elle se soit également exercée sur toute la Corse. Certes, en 1080 encore, Alberto Ruffo, fils d'Oberto, se considère comme seigneur de ce comté de Frasso dont il fait donation à l'abbaye de San Venerio del Tino. Mais, d'une manière générale, dans le Delà-des-Monts, à l'abri d'une barrière montagneuse qu'il ne faut pas sous-estimer, il existe un autre clan qui ne semble pas devoir grand-chose, sauf de façon culturelle, à la féodalité continentale. Ses origines sont encore plus obscures que celles des comtes du Palazzo. Ce clan, comme l'indique son nom, est lié au château de Cinarca qui s'élevait

(4) Les Obertenghi sont les descendants d'Oberto, petit-fils de Boniface II comte de Lucques, mentionné plus haut. (5) Décrit, mais non daté, par G. Moracchini-Mazel (Cahiers Corsica 57-58, 1976). (6) E' morto il Conte Arrigo Bel Messere E Corsica andarà di male in peggio... On n'a pas suffisamment remarqué que ce regret s'exprime en un distique de décasyl- labes, vers héroïque par excellence, qui semble un vestige d'une "Chanson du Beau Messire". sur une colline à l'embouchure de la Liscia, dans la partie sud du golfe de Sagone. Il importe peu de savoir si un certain Cinarco, comme le veut Giovanni della Grossa, a donné son nom au château ou si le castello de Cinarca est l'éponyme des Cinarcais : de toute manière, il y a du grec dans ce mot. A l'époque byzantine, quand les îles dépendaient de l'exarque d'Afrique, un synarque de Corse était adjoint à l'archonte de Sardaigne pour le commandement militaire et l'administration. Le nom de cet officier semble avoir quelque rapport étymologique avec celui de Cinarca, soit que le Synarque ait résidé en ces lieux, soit que, après le départ des Byzantins quelques chefs corses se soient parés de ce titre, de la même manière qu'il reste des consuls, des préteurs, des tribuns partout où s'était conservé le souvenir de Rome. Il n'est pas sans intérêt de noter que le château de Cinarca, situé, à peu de chose près, sur le parallèle d'Aleria (et de son prolongement montagnard du Palazzo) tourne, lui, le dos à la Tyrrhénienne. Il n'en est pas moins, entre Liamone et Gravona, au centre d'une piève hellénisée puis romanisée où la carte de Ptolémée place la civitas d'Ourkinion que rappelle encore aujourd'hui le nom d'Orcino. Lorsque, au début du XII siècle, selon Giovanni della Grossa, Arrigo et son fils Diotajuti, ancêtres des Cinarcais, venant de Sardaigne, débarquent à Cinarca et s'emparent du château, on peut voir en eux des immigrés conqué- rants ; on peut aussi les croire quand ils disent qu'ils sont de la souche des anciens seigneurs revenus d'exil pour reconquérir leur patrimoine Il appa- raît en effet comme vraisemblable que, dans le Delà-des-Monts, plus éloigné de toute autorité continentale, la société n'est pas restée dans un état de vide politique après le départ des Byzantins et qu'un système autochtone de pouvoir, s'y soit constitué ou plutôt reconstitué. A regarder de près, sont juxtaposées chez Giovanni della Grossa deux traditions différentes. L'une, celle d'Ugo Colonna, fonde la légitimité des comtes sur une reconquête à partir de l'Italie. L'autre affleure curieusement dans le texte à propos d'Arrigo Bel Messere pourtant descendu, nous dit-on, d'Ugo Colonna. Le chroniqueur, rapportant qu'Arrigo Bel Messere se fit armer chevalier par l'Empereur, fait remarquer qu'il n'en aurait pas eu besoin, vu l'anti- quité de la race des comtes de Corse, issus di tanti re antiqui a tempo di Gentili. Le mot "Gentils", issu de l'Ancien Testament et repris par saint Paul, désigne les païens qui n'ont pas encore reçu la Bonne nouvelle et renvoie à une

époque bien antérieure au débarquement romain de 816 ; il laisse supposer que la tradition véhicule l'idée d'une autre source, autochtone celle-là, du pouvoir.

(7) G.G. p. 116 à 120 (8) G.G. p. 81

Cette tradition des rois de Corse, rejetés dans un passé mythique, a son pendant en Sardaigne. L'une et l'autre de ces îles, de temps immémorial, sont considérées comme royaume Royaume sans roi que rappellera Pascal Paoli en faisant dresser un trône vide dans la grande salle du Palazzo Nazionale de Corte et dont les puissances continentales maîtresses de la Corse, ou prétendant l'être, maintiendront la fiction. Le doge de Gênes, le jour de son élection, ceint la couronne de Corse, tandis que, de son côté, le roi d'Espagne, héritier de l'Aragon, maintiendra jusqu'à nos jours, le royaume de Corse dans sa titulature. Quant à la Sardaigne, on sait comment, en 1720, le duc de Savoie, en l'acquérant, devint Sa Majesté Sarde. Sous le nom de ces rois, aux confins du souvenir et du mythe, on discerne les chefferies indigènes d'avant la conquête romaine, que les conquérants décri- vent retranchés dans leurs castra des montagnes. De cette continuité témoi- gnent les castelli médiévaux souvent construits sur des sites préhistoriques. Dans ce contexte, on comprend mieux ce que signifie la tradition d'Ugo Colonna recueillie par Giovanni della Grossa. La première signification est de légitimité. A la charnière du X et du XI siècle, les comtes du Palazzo del Poggio qui se sont affranchis de la suzeraineté des marquis, avaient besoin d'une généalogie prestigieuse et ancienne pour légitimer leur pouvoir. Quoi de plus respectable qu'un membre de l'illustre maison Colonna libérant la Corse des Sarrasins avec la bénédiction pontificale ? Investis par le Pape qui prétendait à la suzeraineté de la Corse, ils pouvaient parler d'égal à égal avec les marquis, investis par l'Empereur. Aussi la Chronique fait-elle le silence le plus absolu sur le rôle des marquis de Toscane dans la défense de la Corse : aucune mention des expéditions menées par eux contre les Sarrasins, ni même des actions de la flotte carolingienne en 806 et 812. Mieux encore, tout se passe comme si l'on avait voulu effacer Boniface II, comte de Lucques en donnant son nom au fils aîné d'Ugo Colonna, Bonifazio dit Il Bianco. A cette fonction de légitimité s'ajoute une fonction d'unité. Il s'agit de réunir les deux clans que nous avons essayé de définir, en une généalogie unique à partir d'un ancêtre commun, Ugo Colonna qui aurait eu deux fils, l'aîné Bonifazio, ancêtre des comtes du Palazzo, et le cadet Cinarco, ancêtre des Cinarcais. Selon la tradition, en effet, avant la mort du comte Arrigo Bel Messere, sa fille avait épousé Antonio, fils de Forte de Cinarca, tandis que la lignée issue de Bonifazio continuait sous le nom de Biancolacci par un frère d'Arrigo nommé Bianco ou Biancolo.

(9) Quand le pape Boniface VIII, en 1295, un an avant d'investir le roi d'Aragon de la Corse et de la Sardaigne, donne à ces îles le titre de royaume, il ne fait que consacrer une antique tradition. La crise de succession (réelle ou symbolique ?) qui suit la mort d'Arrigo Bel Messere est analysée par Giovanni della Grossa avec une extrême préci- sion. Deux légitimités s'affrontent. Forte de son droit d'aînesse, la lignée issue de Bonifazio revendique l'héritage comtal, tandis que la branche cadette issue de Cinarco fait valoir le mariage d'Antonio de Cinarca avec la fille d'Arrigo. La rivalité entre les deux clans devient une affaire de famille, ce qui arrange assez les Cinarcais, privés, par leur origine vraie, du prestige toscan. Entre les deux parties, la force tranchera, deux siècles plus tard. Le résultat de cette confrontation est dores et déjà prévisible, tant les Biancolacci vont en s'affaiblissant. La situation d'anarchie féodale du XI siècle, connue sous le nom d'incastellamento (10) les prive du Palazzo ancestral des comtes, rasé par les barons révoltés. Réfugiés au château de Capula dans la piève de Carbini ils ne règnent plus guère que sur quelques morceaux de l'Alta Rocca, pendant qu'une autre branche, tout autant diminuée subsiste à Bisogène, près de Sartène. Au XIII siècle, leur sort sera réglé par l'un de leurs parents de Cinarca. La décrépitude des Biancolacci contraste avec le dynamisme des Cinarcais qui, au XII siècle, s'étendent hors de la Cinarca, vers la piève de Vico, au nord, et au delà de la Gravona, au sud. A Cinarca réside Guido en compagnie de son frère cadet, Guglielmo. Mais, à une date indéterminée, Guglielmo, lassé d'obéir, fait sécession et va s'installer, loin de là, au château de la Rocca di Valle qu'il vient d'acquérir. Toujours sévèrement jugée, mais fréquente une telle initiative donna naissance à une nouvelle seigneurie cinarcaise qui devait faire parler d'elle en la personne de son second seigneur, Giudice.

(10) L'incastellamento, en Corse comme en Italie est l'époque où, après la ruine de l'ordre post-carolingien, le pays se hérisse de castelli tenus chacun par un petit sire qui, du haut de son rocher se proclamait seigneur d'une vallée ou d'un morceau de vallée. Cette époque est, en gros, celle du XI siècle. (11) La présence des Biancolacci à Capula explique peut-être pourquoi la piève de Carbini a si longtemps dépendu de l'évêque d'Aleria, et non, comme ses voisines, de celui d'Ajaccio. (12) La seigneurie de Bozzi est née, au XIII siècle, d'une semblable sécession : Ristorcello, se séparant de son frère, Lupo d'Ornano, fonde le château de Bozio et la lignée des Bozzi. Au-delà des événements et des hommes, l'empreinte des Cinarcais sur la société corse s'est marquée de façon plus profonde : les seigneurs du Delà ont laissé un ensemble de valeurs dont la trace, à demi effacée, est encore visible aujourd'hui. La Terre de la Commune n'a pas échappé à cette imprégnation. Par l'intermédiaire des caporaux qui imitaient les seigneurs et qui étaient peut-être eux-mêmes de souche féodale une certaine vision du monde s'est répandue de haut en bas jusqu'à former le peuple tout entier. Voilà sans doute la source lointaine de cette "particularité" qu'on s'accorde à reconnaître aux Corses par rapport au continent français ou italien et par rapport à la Sardaigne elle-même. Entre deux îles géographiquement proches, le détroit de Bonifacio, depuis le Moyen-Age, a toujours séparé deux civili- sations. Les voyageurs sont les témoins de cette coupure. En 1173 déjà, Gérard de Lorraine, vicomte de Strasbourg, chargé par l'Empereur d'une mission en Egypte, traverse la Corse et la Sardaigne. La description qu'il fait des habi- tants prend la forme d'une opposition radicale : les Corses sont courtois, hospitaliers, guerriers ; en Sardaigne il ne voit que d'affreux vilains, inaptes aux armes. Autrement dit, en Corse, un féodal a rencontré d'autres féodaux semblables à ceux qu'il connaissait, tandis qu'il est déconcerté devant les Sardes, éloignés des côtes italiennes et chez lesquels il ne retrouve pas les valeurs auxquelles il est habitué Ces valeurs, on en perçoit encore aujourd'hui les vestiges sous l'uniforme de la modernité. Observez ce groupe de jeunes gens au café quand vient le moment de l'addition : ailleurs, on partage la somme et chacun verse son écot ; ici on se dispute l'honneur de payer la tournée. "Se faire honneur" est l'impératif de toute morale aristocratique, depuis les liturgies d'Athènes jusqu'à la "prouesse" du chevalier. La volonté de se distinguer prend mille formes et peut se dégrader en simple vanité. De l'ostentation des funérailles et de la magnificence des

(18) Comme nous avons déjà eu l'occasion de le remarquer au chapitre IV, Cortinchi et Bagnaninchi (sans compter ce qui restait des Amondaschi et des Pinaschi) s'étaient assez multipliés pendant trois siècles pour que des branches éliminées, hostiles au seigneur en place, aient pu prendre la tête de la révolte de 1358, de la même manière que Mariano da Gaggio, cortinco authentique, a pris celle du parti populaire, cent ans après. Voir dans les caporaux des paysans enrichis est une simple hypothèse tant que des recherches généalogiques, du reste fort difficiles, n'auront pas éclairé leur orjgine. (19) Chronica Slavorum, Francfort, 1581, VII, 200. (20) On appelait ainsi à Athènes un service public (armer une galère, équiper un bataillon, organiser une fête religieuse) confié à une personne privée et rempli par elle à ses frais. Au V siècle, les grandes familles se disputaient l'honneur d'assumer les liturgies. tombeaux, on passe insensiblement à des signes moins traditionnels : ceux qui exhibent les plus belles voitures ne sont pas toujours les plus riches. Le courage lui-même a besoin du regard d'autrui. Un condamné, roué sur la place de son village, mourra les dents serrées, mais il aura peut-être parlé sous la torture dans l'ombre d'un cachot. A la veille de la bataille de Ponte Novo, Petriconi conseillait une attaque nocturne ; Paoli, qui connaissait bien ses compatriotes, lui répondit qu'en plein jour, sous les yeux de ses parents et amis, le corse fait des merveilles, mais, la nuit, on peut craindre le pire. Telle est l'éthique du paraître (21) Et la célèbre "paresse" si vivement reprochée aux Corses par les Génois et les Français, scandalisés de devoir faire appel à des Lucquois pour défri- cher la plaine ? Elle traduit une répugnance à des rapports purement écono- miques. Tel qui consentait (ou même demandait) à "prendre la journée" chez un propriétaire du village, se refusait à travailler pour des gens qu'il ne connaissait pas et avec lesquels il n'avait aucune relation personnelle, cet indis- pensable lien d'homme à homme venu du fond du Moyen-Age. Peut-être aussi fallait-il comprendre que, dans la hiérarchie des valeurs, d'autres devoirs passaient avant le travail, tant exalté au XIX siècle. Anomale aussi apparaît l'attitude des Corses envers la propriété. La terre n'est pas pour eux un simple moyen de production qui doit rendre le plus possible, mais reste indifférente en soi ; elle est chargée de références symbo- liques dans l'imaginaire collectif. Le notable la considère comme le signe visible de son statut. Pour garder prestige et influence, il faut savoir fermer les yeux sur les usurpations des fidèles : tel chef de clan du XIX siècle a vu ainsi disparaître une bonne partie de sa fortune terrienne. Grands ou petits, les propriétaires manifestent pour la terre un attachement qui excède sa valeur économique : on se sent toujours un peu coupable si on la vend. Quant à la maison paternelle, elle a un caractère quasi sacré et nul ne veut en être exclu. D'où le fameux "problème de l'indivision" dont se désolent les notaires, entrave au désir d'entreprendre, mais aussi facteur de conservation du patri- moine quand un des héritiers est resté sur place. Qui dit patrimoine dit famille dans toute l'extension du terme ou dans sa profondeur historique, le large réseau de la parenté, mais aussi la longue suite des ancêtres. Il faut avoir entendu le plus pauvre des bergers se désigner lui-même avec orgueil comme "le fils d'un tel" pour comprendre qu'il reven- diquait par là toutes les vertus de sa race, au premier chef, le courage. "Musca annant' à un nasu, u fiddolu d'Antonu Barbonu ùn ni supporta micca".

(21) "Mémoires de Gio Lorenzo de Petriconi" in B.S.S.H.N.C. n° 143-145 (1892-93) p. 187. Cet idéal viril se traduit par ce qui est probablement le trait culturel le plus caractéristique des Corses : le goût des armes. En 1976, Henri Rossi, magis- trat et historien, a pu écrire un livre de 889 pages au titre significatif : Les armes du pays corse dans l'histoire, les mœurs, la tradition. On hésite à rappeler des évidences : toujours le corse a possédé une arme personnelle, objet de sa fierté. Filippini rapporte que, quand apparut l'arquebuse à rouet, certains n'hésitaient pas à vendre un champ pour acquérir le dernier produit de la tech- nique militaire Besoin de sécurité, soit, mais beaucoup plus que cela : l'arme est signe de liberté et de dignité. Mirabeau en fit l'expérience. Resté en Corse après la fin de la conquête où il avait servi dans les rangs de l'armée française, il entreprit de visiter le pays et s'aperçut vite qu'il était reçu avec plus d'égard lorsqu'il eut mis un fusil en bandoulière : il s'annonçait ainsi comme appartenant à l'espèce des hommes libres U porta rispettu méritait bien son nom. L'arme invitait à la circonspection, selon le vieil adage : omu ùn si tocca. Depuis 1770, l'essentiel n'a guère changé. Les Corses restent un peuple qu'aucune autorité publique, génoise ou française, n'a jamais réussi à désarmer, ni même l'occupation italienne de 1940 qui ne badinait pas sur ce chapitre : les habitants remirent aux gendarmes les vieilles pétoires de leurs grands-pères, mais, malgré les risques, ils gardèrent les armes utiles. Aujourd'hui encore, il suffit d'avoir entendu, le premier janvier sur le coup de minuit, les salves se répondre de hameau à hameau pour comprendre que la Corse n'est pas la Creuse ou le Loir-et-Cher. Faut-il, une fois de plus, répéter que les Corses ont été des soldats appréciés dans la garde papale, chez les princes italiens et le roi de en attendant l'infanterie coloniale française. Pendant la guerre d'Algérie, on a pu entendre, sur les quais de Bastia, les appelés s'embarquer au chant de la Marseillaise quand en France, les femmes bloquaient les trains qui transportaient vers Marseille les jeunes soldats du contingent. Accès de patriotisme tricolore ? Ce n'est pas sûr : les jeunes corses partaient résolument vers ce qu'ils pensaient être une aventure guerrière. Dans les analyses précédentes, nous avons parfois hésité entre le présent et l'imparfait de l'indicatif, car les jeunes gens d'aujourd'hui, surtout ceux des villes, ne se reconnaîtront peut-être pas dans ce portrait et ne sentiront pas peser sur leurs épaules le poids du passé, tant, depuis les années 60, une évolution sociale et culturelle accélérée, a, semble-t-il, effacé les dernières différences.

(22) Anton Pietro Filippini, Chronique de la Corse, A.M. Graziani, 1996, 2e vol. p. 421. (23) Mirabeau, sous-lieutenant aux chasseurs à pied de la légion de Lorraine, fit en Corse six mois de campagne et douze mois d'occupation. Voir notre "Mirabeau en Corse", in Actes du Colloque d'Aix sur Les Mirabeau, 1966. Toutefois, sans tomber dans les simplifications de la "psychologie des peuples", il convient de rappeler que la Corse a été à peine effleurée par la Révolution française et qu'au siècle suivant, elle est restée à l'écart de l'indus- trialisation. Autant de raisons d'avoir "conservé". Le volcan dort sous le poli des mœurs et le vernis des idéologies ; mais vienne une commotion, et le feu primitif jaillit, du moins chez quelques-uns. Inaptitude au monde moderne ou méfiance devant les leurres de la moder- nité ? De toute manière, il y a là matière à réflexion pour ceux, quels qu'ils soient, qui auront à gouverner un vieux peuple rebelle au point de n'avoir jamais su construire lui-même un Etat à sa mesure ni supporter durablement un Etat extérieur. Encombrant morceau de Moyen-Age ! Faut-il s'affliger de ces incommodes survivances ? Ou bien, en ce siècle où s'est effondré dans l'horreur, le mythe rassurant du progrès et quand nul ne sait quels chemins prendra l'histoire, peut-on chercher, au sein des archaïsmes, un signe d'espoir ? Ce qui est défaut aujourd'hui ne sera-t-il pas demain qualité ?

BIBLIOGRAPHIE

Sources

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Etudes

ADAMI, Vittorio. "La Corsica i Duchi di Milano" in A.S.C., 1925, p. 170 sq. 1927, p. 253 sq. 1929, p. 73 sq. ARABADIA, Jesus Lalinde. La Corona de Aragon en el Mediterraneo medieval, (1229-1479), Saragosse. BORNATE, Carlo. Genova e Corsica alla fine del Medioevo, Roma, I.S.P.I. 1940. CANCELLIERI, Jean A. Gênes en Corse et en Sardaigne, au XIII siècle, Aix, 1980. CASANOVA, Antoine "Essai d'étude sur la seigneurie banale en Corse", in E.C. n°17 (1958) COLONNA DE CESARI ROCCA, Pierre-Paul-Raoul. La réunion définitive de la Corse aux états de la Commune de Gênes, Gênes, 1900. EMMANUELLI René. "L'implantation génoise", chap. VII de l'Histoire de la Corse, sous la direction de Paul Arrighi, Toulouse, Privat, 1971. GIOVANNANGELI, Gilles -Recherches sur la société dans l'Au-delà des Monts à la fin du Moyen- Age, mémoire de maîtrise, Aix, 1972. -"Recherches sur les castelli cinarchesi à la fin du Moyen-Age (1340-1505)" in B.S.S.H.N.C. fasc. 659 (1991). MARINI, Le R.P. "Alphonse d'Ornano (1494)", in Revue de la Corse, n° 37 (1926). ORSINI, Michel. La Corse, terre vaticane, s. l. 1976. VITALE, Vito. Breviario della Storia di Genova, Gênes, 1955, 2 vol. INDEX ANALYTIQUE DES NOMS DE PERSONNES

CINARCHESI

CINARCAIS avant les seigneuries du XIV siècle et du XV siècle Arrigo de Cinarca p. 13 Arrigo Orecchiriti pp. 17, 21, 23, 25 Branca della Catena p. 31 Cinarco pp. 15, 16 Diotajuti, il Cinarchese p. 13 Guido pp. 16, 17, 21, 25 Giudice Maggiore pp. 16, 25-33 Guglielmo Martore pp. 16, 17 Ladro, frère de Giudice Maggiore p. 18 Rinieri Pazzo pp. 17, 21, 25 Rinieri de Cozzi pp. 26, 29, 31 Truffetta, frère de Giudice Maggiore pp. 18, 26

MAISONS CINARCAISES à partir de 1300 BISÈ Ugolino pp. 26,28 BOZZI Maison pp. 48, 49, 73, 80, 83, 86, 123, 134 Battista pp. 97, 114 Colombano p. 80 Guglielmo p. 103 Guglielmo Sacrificato (ou Purificato) pp. 31, 33, 41 Ristorcello pp. 16, 31 Vincentello pp. 121, 125 ISTRIA Maison pp. 46, 61, 71, 73, 80, 94, 123, 134 Arrigo, fils de Salinese pp. 31, 32, 111 Bartolomeo, bâtard du Comte pp. 72, 78 Bernardino p. 144 Francesco, bâtard du Comte pp. 84, 85, 96, 98 Ghilfuccio, fils d'Arrigo pp. 33, 46, 47, 49, 56, 90, 125 Giovanni Massura, frère du Comte pp. 67, 69, 71 Giovanni,fils du Comte p. 84 Giudice, neveu du Comte pp. 22, 61, 72-74 Salinese, fils de Giudice Maggiore pp. 24, 26, 27 Vincente, fils de Vincentello Secondo pp. 111, 112, 125, 128 Vincentello, Comte pp. 8, 22, 58-62, 63-72, 83-86, 93-106, 108 Vincentello Secondo, fils de Giovanni Massura pp. 94, 95, 125 Vincentello, fils de Vincente pp. 125, 126, 132 LECA Maison p. 71 Donessa, Madonna, fille de Renuccio pp. 95, 97, 101, 109 Francesco, fils du Comte p. 129 Giocante, frère de Raphè pp. 104-106, 108, 112 Giovan Paolo, Comte pp. 112-114, 118-124, 131-134, Giovanninello, oncle du Comte p. 124 Mannone, frère de Raphè p. 104 Raphè, fils de Renuccio I pp. 86, 94, 98-102, 120 Renuccio, fils de Giocante pp. 67-70, 72, 73, 75-80, 82, 83, 93, 95, Ristorcello, frère de Raphè p. 112 LITALLA Arrigo Strambo pp. 26, 28, 29 Carlo, fils de Renuccio pp. 82, 83, 105 Giudicello, fils de Renuccio p. 83 Guglielmo, ou Guglielminuccio, fils d'Arrigo Strambo pp. 31, 35, 38, 43, 56 Nicolao, bâtard de Guglielmo p. 64 Renuccio, fils de Guglielmo pp. 58, 61, 64, 66, 67 ORNANO Maison pp. 39, 40, 46, 48, 49, 71, 73, 80, 83, 86, 123, 134 Anton Paolo, frère d'Alfonso p. 124 Alfonso pp. 121-125 Arrigo, fils de Lupo p. 33 Carlo, fils de Nicroso pp. 68,69 Ghilfuccio, fils de Lupo pp. 46, 47, 56, 61 Guglielmo, fils de Ghilfuccio p. 64 Guglielmo dit Il bastardello, fils d'Anton Paolo pp. 124, 125 Lupo pp. 16, 24, 26, 29 Nicroso, fils de Ghilfuccio pp. 47,65-67 Orlando, fils de Carlo pp. 99, 103 Ristorcello, fils de Nicroso p. 67-69 LA ROCCA Ambroggio, fils de Gottifredo pp. 35, 41, 42, 55, 90 Antone, fils de Francesco Scorda pp. 63, 70, 80, 84, 92-95, 97, 99, 100, 105, 139, 145 Antonetto de Serra, fils bâtard d'Orlando pp. 107, 112 Anton Francesco, meurtrier de Rinuccio p. 141 Anton Fregoso, fils d'Antone pp. 97, 107, 112, 114 Anton Lorenzo, fils du comte Arrigo pp. 52, 55 Anton Paolo, fils de Rinuccio pp. 140, 144 Anton Paolo, fils d'Orlando pp. 107, 112 Arrigo, dit Arriguccio, fils de Giudice Maggiore pp. 26-28 Arrigo, Comte pp. 35-53, 90 Arrigo, fils du comte Polo pp. 95-97, 12, 103-105 Bernardino, fils de Rinuccio pp. 132, 144 Calcagno, fils de Gottifredo pp. 35, 41, 42, 46, 55, 64, 90 Carlo, fils du comte Polo pp. 89, 107, 109-116, 117, 140 Colombano, frère de Rinuccio pp. 114-118, 145 Colombano, fils de Luciano da p. 105 Contessa, nièce de Rinuccio p. 123 Filippo da Quenza, fils de Francesco de Ghilfuccio d'Antone p. 145 Finidora, nièce du comte Arrigo p. 47 Francesco, bâtard de Francesco Scorda pp. 63, 145 Francesco, fils de Vinciguerra p. 129 Francesco, fils de Carlo pp. 117, 130, 136, 139, 140 Francesco, fils de Ghilfuccio, petit-fils du comte Polo p. 124 Francesco Scorda, bâtard du comte Arrigo pp. 102, 104, 107, 112 Francesco, di Funicello, fils bâtard du comte Polo pp. 97, 102, 105 Ghilfuccio, fils de Rinuccio pp. 140, 144 Ghilfuccio, fils d'Antone pp. 97, 107, 114 Ginebra, soeur du comte Arrigo p. 47 Giovanantonio, fils de Rinuccio pp. 135, 144 Giovan Paolo, fils de Carlo pp. 117, 118 Giovanni, fils de Giudice pp. 117, 118 Giudice, fils du comte Polo pp. 87, 92-102 Giudice, fils de Carlo pp. 117, 118, 129, 136, 140 Giudicello, fils de Rinuccio pp. 138, 144 Giudicello, fils de Vinciguerra pp. 129, 145 Gottifredo pp. 26, 38 Guglielmo Maggiore, fils de Giudice pp. 25, 33 Guglielmo, fils de Francesco Scorda pp. 63, 65, 92, 111, 145 Guglielmo da Quenza, fils de Vincente pp. 105, 107, 129, 145 Guglielmino, fils de Calcagno pp. 64, 90 Imbalestrati pp. 91, 102, 144 Lodovico, fils d'Orlando pp. 96, 97, 103-108, 112, 113, 139 Luciano da Quenza, fils de Vincente pp. 105, 145 Nicolao, fils de Vinciguerra pp. 129, 145 Nicroso, fils de Vincente pp. 105, 107, 129, 145 Orlando, fils de Francesco Scorda pp. 63, 70, 79, 80, 84, 92, 93, 129, 139, 145 Pierandrea, fils bâtard du comte Polo pp. 105, 106, 107, 117, 118, 139 Pieretto, frère de Rinuccio pp. 114, 117, 118, 145, 151 Pietro, fils de Vinciguerra pp. 145, 151 Polo, Comte pp. 63-74, 75-87, 89-108 Polo da Quenza, fils de Pierandrea pp. 118, 129, 130, 139, 145 Raschiato/Aquila, frère bâtard du comte Arrigo pp. 47, 55, 90, 92 Rinuccio, fils bâtard de Giudice pp. 117-141 Ristorcello, frère du comte Arrigo pp. 35, 55, 61 Serena, Madonna Serena Cattaneo della Rocca pp. 124, 126-128, 131 Serena, fille de Rinuccio et de Serena p. 144 Sosino, fils d'Orlando p. 145 Tristano, fils de Ghilfuccio d'Antone p. 124 Vincente, fils de Guglielmo de Francesco Scorda pp. 92, 97, 102, 145 Vincentello, frère de Rinuccio pp. 117, 118, 145, 151 Vinciguerra, bâtard du comte Polo pp. 102, 105-107, 109, 112, 114, 117, 118, 139, 145 Violante, Madonna, fille du comte Arrigo pp. 55, 63, 64

CORSES

Amondaschi, seigneurs pp. 19, 32, 48 Andrea de Viggiani p. 83 Angiolino da lo Pruno d'Ampugnani p. 76 Asco, gentilhommes d' p. 32 AVOGARI-GENTILE, seigneurs de Brando et de Nonza pp. 7, 33, 40, 43, 44, 76, 81 Giacomo p. 44 Luchino p. 45 Paris p. 136 Piero p. 52 BAGNANINCHI, seigneurs pp. 23, 48 Battuti ou Flagellanti, secte religieuse pp. 86, 87, 91, 93 BIANCOLACCI, seigneurs pp. 15, 16, 18, 19, 26, 31 Giovanni di Filituccio de Biguglia p. 52 Bonifaciens pp. 36, 51, 66, 70, 99, 117, 132, BUTTURACCI famille issue des Biancolacci pp. 105, 114, 117 Asinoncello p. 37 Brancaleone p. 102 mère de Rinuccio della Rocca p. 117 Cagionacci, parti pp. 39, 42, 46, 48, 51, 52, 110 Cagnesi, gentilhommes p. 27 CAMPOCASSO, caporaux de pp. 71, 76 Antone ou Antonio pp. 79, 81 Guglielmo p. 81 Polino p. 50 CASABLANCA, caporaux de la pp. 71, 109, 126, 136 Bernardino pp. 135, 136 Giovanninello pp. 135, 136 Pietro p. 135 Renuccio pp. 76, 81, 82 CASTA, caporaux de pp. 76, 126 Carlo p. 115 Deodato p. 135 Girolamo p. 135 Luciano p. 135 Martinetto p. 135 CATTACCIOLI, famille bonifacienne p. 127 Giovanni pp. 108, 127 Cofano de p. 53 CHIATRA, caporaux de Vincente pp. 76, 79 Vincentello p. 81 CIAMANACCI, gentilhommes pp.66, 121, 123, 129 Francesco p. 72 Guglielmo p. 66 Pietro Antonio p. 140 CORBARA, caporaux de p. 76 Paolo p. 49 Corsoli, gentilhommes p. 58 CORTINCHI, seigneurs pp. 19, 23, 48 Caponiello pp. 48, 50, 76 Giudicello p. 112 Guglielmo Schiumaguadella pp. 24, 32, 33, 40, 43 Guglielmo pp. 76, 79, 81 Orlando p. 30 Renuccio p. 48 Ristorcello p. 55 COVASINACCI, seigneurs pp. 18, 43, 48 Trufetta p. 18 Finidora p. 17 DA MARE, seigneurs de San Colombano du Cap pp. 7, 33, 40, 44, 76, 77 Carlo pp. 71,73 Colombano p. 73 Giacomo Santo p. 135 Simone pp. 8, 70-74, 75-77 Cristoforo dell'Erbaggio p. 76 Franceschino d'Evisa pp. 40, 42 Franceschino d'Omessa p. 39 Franceschino d' p. 37 GAGGIO, caporaux de Giudicello p. 110 Mariano pp. 84, 85, 103 Giovannali, secte religieuse p. 38 MATRA, caporaux de Lanfranco p. 112 Paganuccio pp. 110, 115 Silvagnolo pp. 79, 81 OMESSA, caporaux d' Ambroggio, évêque d'Aleria pp. 66, 69-71, 76, 77, 81, 85, 106, 108 Orlando, seigneur de la Costa di Nebbio p. 22 ORTALE, caporaux de l' p. 135 Lanfranco p. 129 PANCHERACCIA, caporaux de la Lupacciolo pp. 79, 81, 112 PASTORECCIA de ROSTINO, caporaux de la Benedetto, prêtre p. 131 Diodato, chanoine p. 76 Pinaschi, seigneurs pp. 19, 23, 43, 48 Pippino ( ou Pizzino) Lusitano de Bonifacio pp. 58, 61, 70, 71, 73, 77 Raimondacci, seigneurs p. 25 Ristagnacci (ou Rusticacci), parti pp. 39, 42, 46, 48, 52, 110 Sambucuccio d'Alando pp. 39, 42 Sambucuccio d'Alando II pp. 111, 112 Sant'Antonino, caporaux p. 76 Santello de Zuani p. 52 Srubalo de Furiani p. 52 VENZOLASCA, caporaux de la p. 109 Teramo p. 52

GÉNOIS ADORNI, famille pp. 38, 65, 104, 125 Gabriele pp. 36, 40 Gregorio p. 84 Rafaele p. 82 Antonio Calvo pp. 101, 103, 120 BOCCANEGRA Giovanni pp. 37, 39 Simone pp. 35, 38 CATTANEI, famille pp. 126, 134, 137 Cosmo p. 126 Cristofaro pp. 126, 131, 132 Serena épouse de Rinuccio della Rocca p. 126 Serena, fille de Rinuccio della Rocca p. 144 DORIA, famille pp. 28, 29, 136 Andrea p. 139 Battista p. 97 Branca pp. 66, 67 Francesco p. 143 Lucchetto p. 23 Niccolò pp. 136, 139, 140, 144, 145 Ottone (ou Aitone) p. 29 Pier Battista pp. 97, 98 FIESCHI, famille pp. 28, 29, 142 Filippo p. 122 Giacomo p. 128 Giovannantonio, dit Battaglino p. 81 Giovan Luigi p. 137 Francesco del Porto, capitaine p. 104 Figoni Andreolo p. 42 Fontana Martino p. 135 Franchi Luciano p. 26 FREGOSI, famille pp. 65, 68, 82, 85, 92, 104, 106, 128, 133 Abramo pp. 66, 88 Catalina p. 106 Domenico pp. 40, 42, 44 Galeazzo pp. 85, 87, 95 Jano pp. 78-82, 119, 134 Lodovico pp. 85, 106 Tomasino pp. 65, 75,78, 81, 82, 106, 108, 116, 118, 119 Giustiniani Silvestro p. 35 Grimaldi Bartolomeo pp. 57, 58 GUARCO Isnardo p. 75 Nicolò p.44 LOMELLINI, famille pp. 48, 65 Andrea pp. 8, 58-60, 63-65, 68 Leonello pp. 44, 45, 47-51, 58, 60 Valentino pp. 59, 61 Magnerri Giovanni pp. 45, 47, 48 Mainetti p. 102 Maona pp. 39, 45-51, 59 Maruffo Cristoforo p. 49 MONTALDI Antone pp. 83 Antonio p. 52 Cristoforo p. 57 Giovanni pp. 76, 77, 83 Leonardo pp. 36, 37 Nicroso pp. 76-78, 83 Raffaello pp. 52, 56, 57, 76 Murta, Tomaso de p. 32 Narcisse, Antonio p. 102 NEGRONI, ou DE NEGRI, famille Alessandro p. 130 Ambroggio pp. 122, 132, 133 Domenico pp. 126, 132 Urbano p. 101 Oddone, Raffaele p. 130 Office de St Georges pp. 39, 98-99, 101, 119-121, 124, 126, 128-138 Panzani, Tomaso p. 52 SALVAGO, Accelino, banquier p. 127 gouverneur p. 98 Savignone, Hieronimo, capitaine pp. 100,101 SCAGLIA, Felice pp. 39, 40 SPINOLA, famille Antonio pp. 104, 105, 120, 145 Paolo Battista p. 142 Zacharia p. 71 Squarciafico, Pietro pp. 66, 68, 69, 79, 80 Tridano della Torre pp. 39-41 Vitale, Giovanni pp. 105, 108 ZOAGLI, famille Battista pp. 51, 52 Gottifredo p. 30

ARAGONAIS

ALPHONSE II, roi de Naples p. 130 ALPHONSE V, roi d'Aragon pp. 67, 69, 70, 85, 94, 95, 103 AREMOS (d'), Ximenen Perès d' p. 50 FERDINAND V, roi d'Espagne pp. 119, 130 JEAN I roi d'Aragon p. 50 JEAN II, roi d'Aragon p. 103 MARTIN le Jeune, roi de Sicile p. 59

MARTIN le Vieux, roi d'Aragon p. 59

PIERRE IV, roi d'Aragon pp. 30, 41 VILLAMARINA

Beringuer p. 100 Leonardo pp. 96, 101 FRANCAIS

CHARLES VI, roi de France pp. 56, 59 CHARLES VIII, roi de France pp. 130, 132 LOUIS XII, roi de France pp. 132, 133 Boucicaut, gouverneur de Gênes pp. 56, 57, 59 Clèves, Philippe de, gouverneur de Gênes p. 137

MILANAIS

Giovan Battista Geraldino di Amelia, gouverneur p. 112 Maurizio Scotti di Piacenza, gouverneur p. 110 SFORZA, famille Galeazzo Maria, duc de Milan, assassiné en 1476 p. 116 VISCONTI, famille Filippo Maria, duc de Milan p. 72 Valentina, grand-mère de Louis XII de France p. 132

EGLISE (gouvernement de l')

BONIFACE VIII, pape p. 28 CALIXTEIII, pape p. 100 EUGENE IV, pape pp. 83, 85, 92 EUGENE V, pape pp. 85, 92 Giacomo de Gaeta, évêque de Potenza, légat pontifical p. 84 Mariano da Norcia, capitaine des troupes pontificales p. 85 Evêques de Corse Accia p. 118 Ajaccio p. 16 Aleria, voir Ambrogio d'Omessa Mariana pp. 66, 69, 81, 98 Sagone p. 86