Gilberto Gil Guitar, Vocals Gal Costa Vocals Nando Reis Guitar, Vocals Magno Brito Bass Kainã Drums, Percussion
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2018 20:00 18.03.Grand Auditorium Dimanche / Sonntag / Sunday Autour du monde «Trinca de Ases» Gilberto Gil guitar, vocals Gal Costa vocals Nando Reis guitar, vocals Magno Brito bass Kainã drums, percussion ~90’ sans pause / ohne Pause / without intermission Trinca de Ases – Gilberto Gil, Gal Costa, Nando Reis photo: Daryan Dornelles Le monde musical de Gilberto Gil Anaïs Fléchet « Je savais que la musique serait ma langue et que je découvrirais le monde avec elle. ». Avec 60 ans de carrière, 65 disques, 8 Grammy Awards et des concerts sous toutes les latitudes, Gilberto Gil – celui que les Brésiliens appellent Gil tout simplement – est aujourd’hui une icône en son pays et un ambassadeur de la musique brésilienne dans le monde. L’itinéraire de cet artiste aux multiples talents, guitariste et chanteur, auteur de certains des plus grands succès de la Música popular brasileira (MPB) (« Aquele abraço », « Expresso 2222 », « Realce », « Refazenda », « Toda Menina Baiana »…) et ministre de la Culture du premier gouvernement Lula, embrasse la diversité des styles musicaux tout autant que les méandres de l’histoire politique récente de l’Amérique latine. Luiz Gonzaga, João Gilberto et les Beatles Gilberto Passos Gil Moreira est né à Bahia en 1942 dans une famille de la classe moyenne – son père était médecin, sa mère institutrice. Il passe son enfance à Ituaçu, une petite ville de l’inté- rieur de l’État, avant de rejoindre Salvador pour poursuivre des études secondaires et universitaires. C’est à cette époque qu’il découvre la musique de Luiz Gonzaga, le grand maître du baião et des rythmes du Nordeste brésilien. À son exemple, Gil apprend à jouer de l’accordéon et fait ses débuts sur scène avec le groupe Os Desafinados (Les désaccordés) dans les fêtes d’anniversaire, les écoles et les clubs de Salvador. Comme pour beaucoup de musiciens de sa génération, la bossa nova est une révélation à la fin des années 1950. Impressionné par la technique et la sensibilité musicale de João Gilberto, Gil abandonne l’accordéon pour la guitare. En 1963, il enregistre son premier album à l’initiative du 5 producteur Roberto Santana, qui lui présente la jeune génération musicale de Bahia : Caetano Veloso, Maria Bethânia, Tom Zé et Gal Costa, qu’il retrouve aujourd’hui, au terme d’une longue amitié artistique, au côté du rocker Nando Reis. Gil part ensuite pour São Paulo, où il travaille pendant un an chez Unilever, avant de se consacrer exclusivement à la musique. L’année 1967 est celle des premiers succès : « Louvação », son premier disque 33 tours, sort chez Philips et sa chanson « Domingo no parque » est primée lors du Festival de la Musique Populaire Brésilienne. Revendiquant l’influence des Beatles, ce « manifeste pop » mêle des guitares électriques et un berimbau, cet arc musical traditionnel qui accompagne à Bahia les rondes de capoeira. Dès cette époque, Gil défend, avec son complice Caetano Veloso, une esthétique du métissage ouverte sur le monde : un « son universel », puisant indifféremment dans la musique pop anglo- saxonne, les sambas de Carmen Miranda ou les rythmes du Nordeste. De cette volonté de moderniser la musique brésilienne naît en 1968 le mouvement Tropicália qui réunit, derrière Caetano Veloso et Gilberto Gil, des chanteurs venus de Bahia, les musiciens du groupe rock Os Mutantes, les poètes Capinam et Torquato Neto, Nara Leão, la muse de la bossa nova, ainsi que le compositeur Rogério Duprat, un élève de Stockhausen. Explosion de liberté créatrice, le disque collectif « Tropicália. Panis et Circensis » consti- tue un jalon essentiel dans l’histoire de la musique brésilienne. Un musicien en exil L’aventure tropicaliste est toutefois de courte durée. La dictature militaire, instaurée par le coup d’État de 1964, connaît un durcis- sement sans précédent avec l’adoption de l’Acte institutionnel N° 5 en décembre 1968. Suppression de l’habeas corpus, renforcement de la censure, emprisonnement des opposants politiques, usage de la torture : la répression n’épargne pas les milieux culturels. Gil et Caetano sont arrêtés pour avoir porté atteinte au drapeau brési- lien dans l’un de leur spectacle dont le décor reprend l’œuvre du plasticien Hélio Oiticica, Seja marginal, seja heroi (« Sois marginal, sois un héros »). Après deux mois dans les prisons militaires, ils 6 Gilberto Gil photo: Jorge Bispo sont bannis du territoire national en février 1969. Commencent alors de longues années d’exil en Europe : débarqués au Portugal, Gil et Caetano passent une courte période en France avant de s’installer à Londres, où ils résident jusqu’en 1972. À Londres, Gil fréquente la scène pop et travaille son jeu de guitare pour égaler le niveau des instrumentistes qu’il trouve bien supérieur au sien. Mais l’exil est aussi un temps de création. Début 1971, Gil enregistre un album entièrement en anglais dans les studios Chappell. À la fin de l’année, il retrouve Gal Costa pour un live au Student Center : un double album qui sortira finalement au Brésil en 2014. Gil se produit aussi en Europe – au Festival de l’île de Wight, en France, en Suisse, en Allemagne, en Suède, etc. – et à New York. Durant ces années d’exil, il interroge ses racines afro-brésiliennes au contact d’activistes américains et des mouvements de libération africains. Les discriminations raciales, dont il affirmait n’avoir jamais souffert au Brésil en raison de son origine sociale aisée, lui sautent désormais aux yeux et cette « conscience noire » le conduit vers de nouveaux univers musicaux. Vers le reggae tout d’abord, qu’il découvre en Angleterre et qu’il contribue ensuite à diffuser au Brésil. En 1979, alors que le régime militaire donne ses premiers signes d’affaiblissement, il enregistre une version de« No Woman, No Cry » en portugais. Cet hommage à Bob Marley est aussi l’oc- casion de revenir sur la situation politique du pays. Good friends we have Oh good friends we’ve lost Along the way… devient ainsi Amigos presos Amigos sumindo assim Pra nunca mais… Littéralement « Des amis prisonniers, Des amis disparus ainsi, Pour toujours » : une allusion directe aux crimes de la dictature. 9 Annonce_Philharmonie_115*175_ConcoursReinElisabeth_r1.indd 1 28/02/2018 14:20 Black Rio C’est également à Londres que Gil développe une nouvelle approche des rythmes afro-brésiliens : de retour à Salvador en 1972, alors que le pays vit encore sous la chape de plomb imposée par les militaires, il assiste pour la première fois à une cérémonie de candomblé et se lie aux groupes afros du carnaval de Bahia. Le culte des orixas et les rythmes du carnaval hantent les albums de cette période, comme « Cidade do Salvador » ou « Gil Jorge Ogum Xango », enregistré en duo avec Jorge Ben Jor. En 1977, Gil découvre l’Afrique en participant à la deuxième édition du Festival Mondial des Arts Nègres organisée à Lagos. À son retour, il enregistre « Refavela », un album militant qui mêle les sonorités de l’Atlantique noir : « Samba do avião », une bossa nova de Tom Jobim reprise sur une rythmique funk ; « Ilê Ayé », un chant afro du carnaval de Salvador de Bahia ; le reggae « No Norte da saudade » et « Balafon », un hommage à la musique juju nigériane. D’un titre à l’autre, la voix et la guitare du Brésilien dessinent les contours du « cosmopolitisme moderne » qu’il appelle de ses vœux, où se croisent les rythmes africains et les musiques de la diaspora – en Amérique du Sud, dans les Caraïbes, aux États-Unis. Au Brésil, Gil se heurte toutefois à l’hostilité constante des mili- taires : en 1973, son micro est coupé lors d’un concert à São Paulo alors qu’il chante « Cálice » en duo avec Chico Buarque. Un morceau lent dont les paroles jouent sur l’homophonie entre cálice (le calice) et cale-se (tais-toi), justement pour dénoncer la censure. Trois ans plus tard, Gil est emprisonné à Florianópolis, lors de la tournée des Doces Bárbaros (Les Doux Barbares), le groupe qu’il a formé avec Caetano Veloso, Maria Bethânia et Gal Costa en pleine vague hippie. Condamné pour usage de cannabis, il est interné une quinzaine de jours dans un hôpital psychiatrique de la région. Musicien et ambassadeur du Brésil Après cette période de tensions, les années 1980 marquent le retour à la démocratie au Brésil et le développement de la carrière inter- nationale du musicien. En 1978, il enregistre un double album live au Festival de Montreux. L’année suivante, Warner lance son 10 Banque de Luxembourg, société anonyme, 14 boulevard Royal, L-2449 Luxembourg - RCS Luxembourg B5310 Luxembourg - RCS Luxembourg L-2449 Royal, boulevard 14 anonyme, société Banque de Luxembourg, Attentionnés envers nos clients, attentifs au monde Nous accompagnons nos clients avec attention afin qu’ils puissent mener à bien leurs projets en toute sérénité. Nous sommes attentifs au monde qui nous entoure et apportons notre soutien et notre expertise à des acteurs de la société civile. Partenaires de la Philharmonie dans le cadre de sa programmation musicale, nous sommes également mécènes fondateurs de la Fondation EME - Ecouter pour Mieux s’Entendre. www.banquedeluxembourg.com Tél.: 49 924 - 1 premier disque américain, « Nightingale ». En Californie, il enregistre « Realce », album marqué par l’influence de la musique pop-rock californienne, notamment des artistes comme Stevie Wonder, Nathan East et Abe Laboriel qu’il a rencontrés à l’occasion de la sortie de « Nightingale ». Gil s’affirme alors comme un passeur culturel de premier plan : entre le Brésil, l’Europe et l’Afrique, mais aussi à l’échelle du conti- nent américain. Il multiplie les tournées et s’impose sur le marché international avec « Gilberto Gil Unplugged » (une double produc- tion Warner et MTV).