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est l’histoire d’une institution qui a accompagné, pendant plus de 7 décennies, les mutations économique, C’ sociale et culturelle du Royaume, tant au Maroc qu’à l’international. La Confédération Générale des Entreprises du Maroc a, dans cet ouvrage, effectué un travail de reconstitution avec le concours des anciens Présidents et des forces vives de la Confédération. ANS

ISBN : 978-9954-1-0659-4 Dépôt légal : 2018MO1045 70 ans au service de l’Entreprise est l’histoire d’une institution qui C’ a accompagné, pendant plus de 7 décennies, les mutations économique, sociale et culturelle du Royaume, tant au Maroc qu’à l’international. La Confédération Générale des Entreprises du Maroc a, dans cet ouvrage, effectué un travail de reconstitution avec le concours des anciens Présidents et des forces vives de la Confédération. ISBN : 978-9954-1-0659-4 Dépôt légal : 2018MO1045 E ntreprise de l’ service au ans 70 2 3 Direction éditoriale Abdelkader Retnani

Direction Artistique Richard Leroux 70 ANS Maquettiste Saida Hanine Coordination AU SERVICE DE Pôle Communication et Marketing - CGEM

Correction Mohamed Grou Photos L’ENTREPRISE © Karim Tibari Lorenzo Selami : P 148/156/173/183 Cécile Tréal : P 104 © CGEM © Casablanca Portrait d’une ville Art Déco : Éditions la Croisée des Chemins

Impression Uniprint

Dépôt Légal 2018MO1045

ISBN 978-9954-1-0659-4

© CGEM 23, boulevard Mohamed, Quartier Abdou Palmiers 20340 - Casablanca - Maroc www.cgem.ma

© Éditions La Croisée des Chemins [email protected] www.lacroiseedeschemins.ma SOMMAIRE

8 Avant – propos 10 Préface 5 16 Mot de lA présidente 2 20 Historique 23 Chapitre 1 : l’ère coloniale 1947-1969 6 41 Chapitre 2 : La reprise 1969-1984 59 1 9 Chapitre 3 : La continuité / La mesure 1984-1988 3 69 Chapitre 4 : La privatisation 1988-1994 8 85 Chapitre 5 : La normalisation 1994-2000 4 107 Chapitre 6 : La mondialisation 2000-2006 121 Chapitre 7 : La modernité 2006-2009 7 133 Chapitre 8 : L’ancrage 2009-2012

149 Chapitre 9 : La croissance 2012-2018

185 70 années à défendre la liberté d’entreprendre

203 L’ENTREPRISE MAROCAINE FACE AUX DÉFIS DU XXIe SIÈCLE

211 PAROLES DE PATRONS...

298 La Fondation CGEM pour l’entreprise Avant-propos

a Confédération Générale des Entreprises du Maroc, sous l’impulsion Un livre ne saura contenir à lui seul l’histoire d’une institution telle que la de sa Présidente, Miriem Bensalah Chaqroun, a effectué un travail CGEM et, sans prétendre à l’exhaustivité, cet ouvrage retrace quelques L de reconstitution de son histoire. L’histoire d’une institution qui a pans de son histoire. 8 accompagné, pendant plus de 7 décennies, les mutations économique, Écrire l’histoire, c’est d’abord s’y inscrire, en faire partie, et la CGEM fait 9 culturelle et politique du Royaume, tant au Maroc qu’à l’international. partie de l’histoire du Maroc depuis bien plus de 70 ans. Cette histoire ne pouvait s’écrire sans l’apport des femmes et des hommes qui Nous tenons à remercier toutes les personnes qui ont participé à la réalisation constituent le socle de cette institution. Les anciens Présidents, les différentes de cet ouvrage. entreprises réparties sur l’ensemble du territoire marocain, ou encore les Présidents régionaux, ont tous répondu à l’appel de la CGEM et ont bien La CGEM tient à noter que les propos, issus des interviews, tenus dans voulu apporter leur pierre à l’édifice en témoignant, chacun, de sa vision et cet ouvrage, ne représentent que l’opinion de leurs auteurs et n’engagent de son expérience au sein de la CGEM. aucunement l’institution qui ne peut y être associée. Préface

oici un livre qui va certainement susciter et enrichir le débat sur le s’explique par le fait que la plus grande partie de ces investissements sont plutôt rôle du secteur privé dans le développement économique de notre publics et d’infrastructure, certainement essentiels pour la rentabilité sur le long V pays, après que Sa Majesté le Roi Mohammed VI, a appelé à revoir terme des secteurs productifs, mais pas créateurs d’emplois permanents. notre modèle économique, devenu inadapté par rapport aux défis qui nous Si l’État semble avoir rempli sa mission sur le plan des investissements, ce n’est pas attendent. le cas du secteur privé. Pourtant, depuis la fin des années 90, le Maroc a réalisé des avancées Le constat est que le nombre de créations nettes d’emplois ne cesse de diminuer depuis incontestables, tant sur les plans économique et social que sur les plans des 2000, passant de 170 000 à moins de 50 000 par an, alors qu’environ 1 700 000 jeunes libertés individuelles et des droits civiques et politiques. âgés de 15-24 ans n’ont actuellement aucun travail, ne suivent aucune formation, ne 10 11 Il a réussi à accélérer son rythme de croissance, permettant ainsi de fréquentent aucune école, et…en majorité, ce sont des femmes. quasiment doubler son PIB par habitant, éradiquer la pauvreté extrême, augmenter l’espérance de vie, avec un meilleur accès aux services publics Plusieurs facteurs expliquent cette situation, parmi lesquels on peut citer la baisse de base, y compris un accès universel à l’éducation primaire. de la part du secteur industriel dans le PIB, ce qui se traduit par une tertiarisation croissante de l’économie. C’est vrai que le secteur industriel est celui qui crée le De grands projets structurants ont été réalisés ou sont en cours de réalisation, plus d’emplois directs et indirects, alors même que le problème de l’emploi et de parmi lesquels on peut citer le port de Tanger-Med, le réseau autoroutier, et l’insertion des jeunes dans la société constitue le défi majeur qui se pose à nous pour un réseau d’écosystèmes s’articulant autour de projets industriels intégrés : éviter une dislocation du contrat social. parcs éoliens et photovoltaïques pour parvenir à un mix énergétique de 42% en 2020, valorisation de l’exploitation du phosphate, de l’agroalimentaire, Bien plus, nous ne maitrisons pas notre croissance qui reste dépendante de facteurs de l’industrie pharmaceutique, de l’automobile, de l’aéronautique, du exogènes, irrégulière, faiblement inclusive et mal répartie. Le revenu du capital TGV, et des autres nouveaux métiers mondiaux du Maroc, alors que des augmente plus vite que celui du travail. Ce qui conduit à une aggravation des secteurs comme celui des banques, des assurances, de la logistique, du inégalités, source d’instabilité et de destruction du lien social, constituant majeur de transport aérien, du bâtiment, ou des télécoms s’appliquent à investir et à l’ossature d’une nation. conquérir le marché africain. Et c’est dans ce contexte que pourrait se situer le vrai combat du secteur privé, et Si notre pays a réalisé des investissements considérables au cours de cette d’une manière générale des entreprises marocaines et des entrepreneurs marocains. période, avec un taux supérieur à 30 % du PIB, ces derniers n’ont pas Comment peuvent-ils contribuer de manière significative à la dynamique de la été suffisamment créateurs de croissance et d’emplois. Cette situation création d’emplois ? 70 ans au service de l’entreprise Préface

Depuis sa création en 1947, la CGEM est le représentant du secteur privé auprès Cette politique a aussi permis de relancer les capacités entrepreneuriales du pays des pouvoirs publics, des pouvoirs sociaux et des institutions. Forte de ses 90 000 dans la mesure où de nouvelles générations d’entrepreneurs, stimulés par une membres, elle assure la représentation et la promotion des entreprises membres, concurrence plus agressive, ont commencé à émerger alors que l’élite traditionnelle quels que soient leur taille ou leur secteur d’activité. L’objectif de la confédération précédente, enfermée dans une situation de rente, ne parvenait pas à affronter la reste le même depuis sa création, à savoir la valorisation du rôle de l’entreprise dans concurrence intense induite par la vague des accords de libre-échange conclus. À cet le développement économique et social et l’encouragement de la mise en œuvre effet, plusieurs entreprises industrielles ont arrêté leurs activités pour se reconvertir d’une politique de développement de l’entreprise. dans d’autres comme l’immobilier ou le commerce. Une autre forme de rente. L’histoire de la CGEM telle qu’elle est illustrée dans le présent ouvrage retrace aussi L’ouverture commerciale accélérée a conduit à ce que les dépenses publiques et la l’histoire économique du Maroc et celle de nos entrepreneurs. consommation des ménages s’adressent désormais en bonne partie à des entreprises étrangères, aggravant par là même le déficit de la balance commerciale. Le moteur Le Maroc, après indépendance, avait mis en place une politique d’industrialisation par économique enregistre des fuites. substitution d’importation soutenue par des mécanismes de protection commerciale, 12 des barrières douanières, et par des incitations financières et fiscales. Mais cela n’a pas empêché l’esprit d’entreprise de continuer à se diffuser au sein de 13 la société, d’intéresser de plus en plus les jeunes et s’introduire au sein même de notre Cette stratégie a contribué à l’émergence d’une élite d’entrepreneurs, issus des système éducatif. milieux traditionnels du commerce et de l’agriculture, qui ont constitué la première forme du capitalisme industriel marocain. On a assisté ainsi à la création au cours De son côté, les mutations de l’organisation patronale se succèdent, cherchant des années 60-70 d’une multitude d’entreprises d’activité manufacturière : textile, toujours à ériger l’intérêt de l’entreprise en cause juste et nécessaire. Afin de gagner agro-industrie, plastique, sidérurgie, caoutchouc, mécanique, raffinage, montages en légitimité, les dirigeants successifs de la confédération, grâce à leurs qualités automobiles etc… professionnelles et humaines, ont su faire évoluer, chacun à son tour, les structures de l’organisation, en l’adaptant au contexte du moment, et en mettant en relief sans Mais l’État a également profité de ces incitations et a investi massivement dans ces cesse le rôle déterminant de l’entrepreneur marocain. Et c’est ainsi que la CGEM secteurs à travers ses filiales, privatisées par la suite, pour renforcer le secteur privé. est devenue peu à peu un puissant groupe de pression, représenté au Parlement et Le PAS (Programme d’Ajustement Structurel), mené en liaison avec le FMI et la pesant même sur les négociations avec les pouvoirs publics. banque mondiale au cours des années 80 et début 90, a permis de libérer l’économie Cette évolution positive place la confédération et ses entrepreneurs devant de et de rétablir les équilibres macroéconomiques pour asseoir les bases d’une croissance nouveaux défis. saine et durable. Il a été l’occasion aussi pour la CGEM de se restructurer en prenant appui sur la nouvelle idéologie économique, marquée par la confirmation de la Comment peut-elle contribuer à faire du secteur industriel la locomotive de la liberté d’entreprendre et du rôle de l’entreprise dans le processus de transformation croissance ? Comment développer une vision moins fragmentée des secteurs et de la société. surtout plus inclusive ? Comment pousser à plus d’investissements productifs 70 ans au service de l’entreprise Préface

créateurs d’emplois ? Comment intégrer les nouveaux secteurs émergents comme La CGEM fait de la citoyenneté de l’entreprise une force morale. Cette dernière ne se l’automobile et l’aéronautique dans le processus industriel existant et créer des décline-t-elle pas autour de quatre types de responsabilités vis-à-vis de la société : des synergies ? Comment parvenir à un juste équilibre entre les excès du libre-échangisme responsabilités économiques d’abord comme cellule de production, sociales ensuite et ceux du protectionnisme ? Comment améliorer la compétitivité industrielle et sa dans la mesure où l’entreprise est un lieu d’épanouissement des hommes où l’esprit composante, la productivité des facteurs ? Comment placer le capital immatériel au de concertation doit primer sur celui de confrontation, des responsabilités culturelles centre de toute politique de développement ? et sociales où l’entreprise est un lieu de recherche d’une réussite commune, un L’entrepreneur seul ne peut pas affronter ces défis. Ni la CGEM. On attribue à partenaire des autres institutions sociales, économiques et étatiques pour participer l’entreprise marocaine sa faible compétitivité. Le concept de compétitivité est à la lutte contre le chômage, l’exclusion sociale, la dégradation de l’environnement, complexe. Il dépend d’une multitude d’éléments : le coût des facteurs, le coût de et enfin des responsabilités internationales, lieux où se tissent des relations de l’énergie, les procédures administratives, la corruption, la politique fiscale, le coût partenariat avec l’étranger. du financement, le coût du foncier, mais aussi de la politique monétaire et de la Je ne pourrais pas terminer ces réflexions sans rendre hommage à la Présidente, 14 politique des taux de change. Miriem Bensalah-Chaqroun, d’avoir pris l’initiative de réaliser ce travail de mémoire. 15 Sa dynamique est reliée à celle des autres secteurs. Elle est reliée aux réformes Merci aux équipes de la CGEM et de La Croisée des Chemins qui nous délivrent, économiques, politiques, sociales, institutionnelles, humaines et culturelles. À à travers cet ouvrage, une masse d’informations illustrées par des interviews, des l’existence d’une culture industrielle qui caractérise la société. Mais surtout, au anecdotes et des images qui alimentent sa vivacité et qui serviraient de source de niveau d’éducation de la population. documentation pour les travaux de recherche de nos étudiants. C’est donc un processus qui doit engager toutes les composantes de la société dans À l’instar des travaux de recherche universitaire, il est certain que des questions restent un esprit d’intelligence collective. posées quant aux évolutions futures de cette organisation face aux incertitudes qui caractérisent l’environnement international dans un monde globalisé. Toute avancée Les valeurs que porte la CGEM, le sens de responsabilité et de patriotisme de dans la connaissance conduit naturellement à de nouveaux territoires de l’ignorance. ses membres, leur expérience multiforme face aux changements réguliers de Aussi les questions non résolues pourraient faire l’objet d’intéressants thèmes de l’environnement, l’invitent à participer efficacement aux débats nécessaires pour recherche, dans la perspective d’une plus grande intégration de nos entreprises dans construire un nouveau modèle économique pour notre pays. Débats francs à le tissu universitaire marocain. l’intérieur de l’organisation mais aussi avec les autres partenaires de la société où la cohérence globale prime sur les visions parcellaires, où la priorité est donnée à la Mohamed Berrada production nationale, où les tabous ne seront plus d’actualité, et où la différence des Professeur émérite à l’Université Hassan II idées devient une source de richesse. Ancien ministre des Finances (1986-1993) Mot de la Présidente La force d’une institution

ccompagner et défendre l’entreprise au Maroc, faire entendre la voix du officiel de l’État et des syndicats, qui fait bouger les lignes. Un acteur responsable, secteur privé et constituer une interface vis-à-vis des pouvoirs publics. écouté, respecté, crédible et influent. C’est le sens de l’action que nous avons menée, A Tout au long de ses 70 ans d’existence, la CGEM, syndicat patronal, tout au long des six dernières années. a fait siennes ces missions et s’est adaptée aux nécessités de son temps et de la C’est grâce à ce long parcours, ce cumul d’expérience et par la volonté de ses conjoncture qui le caractérise. dirigeants que la CGEM peut se définir aujourd’hui comme la Maison de l’entreprise. Organisation professionnelle ouverte à toute entreprise légalement constituée Un réseau de 90.000 membres, à l’approche multidimensionnelle : sectorielle avec au Maroc, la CGEM aura fort à faire à ses débuts pour s’imposer comme le 34 Fédérations statutaires ; régionale avec une présence dans 17 villes ; transverse représentant naturellement légitime des entreprises, dans un contexte marqué avec des Commissions permanentes thématiques ; internationale avec 52 Conseils par la timide apparition des premières industries à capitaux marocains, une d’affaires et un rôle affirmé et reconnu dans la diplomatie économique ; législative 16 concurrence des Chambres d’industrie et de commerce et une ambigüité due à avec 8 sièges à la Chambre des Conseillers. 17 la période coloniale. Grâce à la ténacité de ses militants et à l’expertise du terrain Ces réalisations, ces résultats, sont le fruit d’un engagement sans faille des apportée par ses membres, la CGEM gagnera progressivement ses galons et entrepreneurs pour les entrepreneurs, loin de toute considération partisane et de deviendra un acteur du paysage économique. Cette propension à élargir son tout compromis avec l’État qui ne tienne pas compte de l’intérêt de l’entreprise en cercle d’influence fera désormais partie de son ADN. premier lieu. Une position que j’appelle les futur(e)s Président(e)s à maintenir et à La CGEM accompagnera ainsi l’évolution économique du Maroc post- renforcer. Une CGEM forte, c’est d’abord une CGEM indépendante. colonial, avec des épisodes marquants comme la Marocanisation, les plans Cet ouvrage se veut non seulement être un récit sur l’évolution de la Confédération quinquennaux, l’ajustement structurel, la libéralisation de l’économie ou encore mais également un voyage et un retour sur image par rapport à la transformation la tristement célèbre campagne d’assainissement. Autant de périodes qui ont de l’économie marocaine. Je rends hommage aux past-Présidents de la CGEM et marqué de leur empreinte l’entreprise marocaine, appelée à muer pour créer ce les remercie pour le temps accordé à apporter leurs précieux témoignages, chargés Maroc économique nouveau, à s’adapter aux réalités du marché international, d’émotions et riches en enseignements. Je remercie également les nombreux ou encore à se défendre contre l’arbitraire. Cette expérience aura forgé l’esprit opérateurs économiques qui se sont exprimés pour approfondir cette lecture. Je salue, et la posture de la Confédération et de ses Présidents respectifs qui ont été enfin, toutes les forces vives de notre Confédération, qui font sa force et sa puissance. appelés à assumer les responsabilités d’une association professionnelle tour à tour invitée à : s’exprimer quand elle était sollicitée, agissante en étant pro- Longue vie à la CGEM. active, marquante de par ses positions tranchées, devenant force de proposition, Miriem Bensalah-Chaqroun pour arriver à ce qu’elle est aujourd’hui, un acteur institutionnel, partenaire Présidente de la CGEM 18 19

Boulevard Mohammed V, premier bâtiment de la bourse de commerce de Casablanca. Ces photos reflètent l’année 1947, La place du café du commerce était le rendez-vous date de la création de la CGEM. de toutes les transactions immobilières et commerciales. Historique

Les premiers pas du capitalisme marocain La fondation des premières Chambres de Commerce est intimement liée aux grands travaux maritimes. En effet, à Casablanca, sous la pression insoutenable du trafic portuaire, les travaux À l’avènement du Protectorat, l’histoire politique et économique du Maroc va vivre une réforme d’aménagement du grand port de Casablanca permettront de ne plus dépendre, comme en radicale par les multiples mutations qu’elle va entraîner. L’État français se pose d’emblée en 1788, du seul bon vouloir occasionnel de l’exploitant espagnol, concessionnaire pour 10 ans de maître d’œuvre de tout projet d’envergure, suivant alors une stratégie résidentielle d’inspiration l’exportation des céréales. Désormais à l’abri du grand plan économique des réformes en cours américaine et néocapitaliste. L’objectif ? Lancer économiquement le Maroc. Historiquement, de lancement à , les ambitieux projets du commerce d’exportation maritime seront pris en les CCI (Chambres de commerce et d’Industrie) et la Confédération générale économique charge par le budget général des Travaux publics de l’État. du Maroc, nées sous le Protectorat, sont des organes puissants de représentation du patronat européen. Elles sont calquées sur le modèle centralisé des Chambres consulaires françaises et ont une fonction bien définie : conseiller, émettre avis et positions sur toutes les questions Le premier envol de l’économie marocaine est lancé commerciales ou industrielles qui comptent aux yeux du Résident général. Puis, leur rôle s’étend L’indépendance du Maroc ne va pas détruire la dynamique de l’œuvre moderniste, lancée 40 jusqu’à favoriser la création d’établissements commerciaux et industriels. ans plutôt, mais au contraire va poursuivre, selon ses acquis, la marocanisation de l’économie. 20 Très vite, le Royaume va vivre l’instauration d’une industrie importante. Les CCI sont partie Les différents gouvernements vont se succéder et, avec eux, leurs plans économiques. Pourtant, 21 prenante dans le développement du Port de Casablanca, elles incitent à l’ouverture de la Banque jamais il n’a été question de remettre en question le legs colonial. centrale de l’État et des multiples administrations coloniales, ainsi qu’à la mise en place des C’est ainsi que l’introduction du capitalisme au Maroc est indissociable du système de gestion mis services publics ; elles prêtent également des locaux pour faciliter le développement des activités en place par le Protectorat. en cours. Toutes ces transformations vont permettre au Maroc de moderniser son économie.

1913 : les chambres de commerce, premier acteur économique « Il existe un partenariat d’exception entre la et le Maroc. La France est aujourd’hui le C’est un arrêté du 23 juin 1913 qui signe l’acte de naissance officiel des chambres de commerce premier bailleur de fond bilatéral du Maroc et le premier investisseur étranger. De nombreux françaises au Maroc. Elles vont très vite dominer le paysage de la représentation du patronat projets structurels et emblématiques ont été construits en commun ces dernières années parmi et dans ce sens, vont subir de nombreuses réformes dans les années d’ajustement. L’évolution lesquels la ligne LGV entre Casablanca et Tanger, les tramways de Rabat et Casablanca ou plus fluide des Affaires se faisant sentir, les Chambres de Commerce et d’Industrie françaises au encore le Port Tanger-Med. La volonté d’accompagner le processus de réforme entamé sous Maroc mettent leur savoir-faire dans l’accompagnement actif des grandes réformes du Maroc l’impulsion de Sa Majesté le Roi Mohammed VI. La Chambre de Commerce est un élément traditionnel. Ces réformes, entreprises dès 1913, concernent alors presque toutes les structures central du dispositif économique français au Maroc et acteur quotidien de ce partenariat. » fondamentales d’un État moderne : organisations municipales, cadastre et propriété foncière, réforme judiciaire et code des obligations et contrats, mais aussi de grands travaux portuaires. Charles Fries, ancien ambassadeur de France au Maroc (2012-2015). L’ère coloniale 1947 / 1969

22 Une économie naissante

Marcel Conchon (1955-1959) Thierry Lorrain Cruse (1959-1962) George Nestrenko (1963-1965) Jean Imberti (1966-1967) Robert Savin (1967-1969) 70 ans au service de l’entreprise L’ère coloniale 1947 / 1969

a date de constitution de l’organisation patronale remonte bien avant la fin du Protectorat. Elle naît dans les années 40 et accompagne alors essentiellement la poussée industrielle du pays. L Les premiers pas de ce capitalisme colonial au Maroc remplacent les structures traditionnelles qui organisaient jusqu’alors le dynamisme économique du pays, ses forces dirigeantes et ses élites. Sous le Protectorat, le Maroc devient un nouveau centre de préoccupations. Il représente, pour la Métropole, un enjeu économique essentiel. Les patrons marocains d’avant le Protectorat, s’ils n’étaient pas réunis en confédération, n’en occupaient pas moins les fonctions classiques de leur classe. C’est à la fin du XIXe siècle que la distinction entre l’élite économique et le reste de la population s’ap- plique au Maroc comme dans le reste du monde, y compris sous les régimes dits démocratiques modernes. Selon Abdessalam Himmer, sociologue, l’élite marocaine s’articule alors autour d’ « une minorité orga- nisée dans le cadre des appareils de l’État makhzenien, elle se distinguait par rapport à la majorité des 24 individus et des groupes sociaux par un ensemble de caractéristiques : le leadership, la richesse, Annassab 25 (la filiation/l’appartenance), la science et la dignité. Grâce à ces spécificités, cette minorité acquiert une suprématie et un respect au sein de la société lui permettant le monopole du champ politico-religieux et l’exercice de la domination sur les autres groupes sociaux d’une manière légitime ». Cette analyse s’applique aussi à la fraction « affairiste » de cette élite traditionnelle. Il s’agit de la stratégique confrérie du commerce et des marchands qui œuvrait sous l’égide du Makhzen, grand acteur déterminant dans les échanges commerciaux et économiques. Avec l’instauration du Protectorat (1912-1956), cette organisation va disparaître. Le Maroc passe, sans intermédiaire, d’un système précapitaliste traditionnel au capitalisme européen moderne, directement importé de la Métropole. Au nom des « réformes impératives » que nécessite le Royaume, les forces occupantes transforment les structures économiques existantes. Le pays devient très vite un espace de prospection et d’investigation des matières premières qu’il recèle. Les grands chantiers sont lancés. Pour les accompagner, plusieurs usines de ciment, de bois, de métallurgie ont été construites. Les grandes banques françaises, convaincues des importantes ressources naturelles du Maroc commencent à investir. Dans les années 20, les principales activités économiques de la cité étaient installées dans cette rue. Après évolution de la ville, le bâtiment de gauche devient la Société Générale et celui de droite, l’Hôtel Excelsior. 70 ans au service de l’entreprise L’ère coloniale 1947 / 1969

Époque où l’économie 26 marocaine est essentiellement 27 constituée du volume des investissements français.

À ce moment, l’économie marocaine est essentiellement constituée du volume des investissements français publics ou privés, dont le financement repose sur les ressources financières métropolitaines. Ce sont ces investissements qui ont façonné la nouvelle économie dont héritera plus tard le Maroc indépendant. En attendant, l’économie marocaine présente un profil « satellitaire ». Celle-ci se caractérise par une inégalité d’intérêts des investisseurs entre les différentes sphères économiques. En effet, dans l’optique d’une rentabilité rapide, certains secteurs plus prometteurs sont privilégiés par les investisseurs, tandis que d’autres restent sous-exploités. Dans ce sens, la plus grande partie des capitaux publics et privés investis dans l’économie coloniale au Maroc l’a été d’abord au profit d’une forte infrastructure. C’est elle qui Lettre de Marcel Conchon, permet le développement rapide des activités exportatrices, de l’industrie légère et de certaines activités Président de la CGEM, tertiaires comme le commerce ou l’immobilier. au Président de la chambre syndicale des agents maritimes (1957) 70 ans au service de l’entreprise L’ère coloniale 1947 / 1969

que 40 % de ce que représente le secteur des mines avec une main-d’œuvre qui se compte à près de 60.000 personnes dont 4.000 Européens. Dans le contexte du Protectorat, le capital national marocain, détenu par des élites locales, représente, lui, selon plusieurs estimations, entre 5 et 7 % de tous les capitaux investis. Ce capital privé, (hors quelques participations au sein de petites et moyennes entreprises industrielles, ainsi que dans les branches de l’alimentation, du textile, des transports routiers et quelques entreprises de construction de bâtiment), relève surtout des secteurs du commerce, de la distribution et de la spéculation immobilière et foncière.

L’organisation patronale sous le Protectorat Selon la typologie élaborée par l’historien René Gallissot, dans son ouvrage Le patronat européen au Maroc 28 (1931-1942), il existe à cette époque trois types d’entrepreneurs coloniaux : le haut patronat, basé en 29 Métropole et qui siège au sein des Conseils d’Administration des grands groupes industriels ou financiers ; le patronat des chambres de commerce, capitaines d’industrie proches des sphères du pouvoir ; le patronat sans vision d’avenir et âpre au gain immédiat. Enfin, le dernier type, décrit dans cet ouvrage, est celui du propriétaire terrien qui met les Les noms successifs de la CGEM terres acquises au service de l’agriculture de l’export. C’est dans ce 20 octobre 1947 : Confédération du Patronat au contexte et sous l’impulsion d’un Comité central des industriels, que Maroc (CGPM) l’association patronale est créée en 1947. À côté de cette nouvelle 5 avril 1956 : Confédération Générale organisation, le patronat marocain est toujours présent et dispose Interprofessionnelle Économique et Sociale (CGIES), d’une représentation institutionnelle. Sous domination française, celle- (fin du Protectorat français) ci occupe dans le paysage politique et social une place et des fonctions Le développement du capitalisme colonial basé sur cette infrastructure est essentiellement constitué 16 avril 1956 : Confédération Générale Économique variables, souvent réduites à des rôles subalternes dans la nouvelle d’entreprises étrangères, mais aussi, et dans une moindre mesure, du capital investi par quelques grandes Marocaine (CGEM) administration. familles marocaines. C’est ainsi que le tissu économique colonial se dote, d’années en années, de nouveaux 28 juin 1995 : Confédération Générale fleurons dans le secteur de l’industrie. Ainsi, en 1935, on pouvait décompter 10 branches industrielles Réunie en confédération, celle-ci va évoluer rapidement, malgré des Entreprises du Maroc (CGEM). qui vont de l’industrie alimentaire, aux matériaux de construction en passant par le textile, la chimie, la les concurrences actives rencontrées dans l’espace institutionnel de métallurgie, la construction navale ou les tabacs. Pourtant, cela ne représente en termes de capitalisation l’époque. 70 ans au service de l’entreprise L’ère coloniale 1947 / 1969

Le principal concurrent à cette course capitaliste n’est autre que les Chambres de Commerce et d’Industries qui ont été implantées dès le début du Protectorat, après l’arrivée du premier Résident général français : le Maréchal Lyautey. D’une certaine façon, ce sont elles les «vrais patrons», assumant des réformes nombreuses dans les premières années de l’ajustement et rendant, de fait, la vie dure à l’identité patronale. Celle-ci reste problématique, jusqu’à ce que les privatisations et le recul de l’État employeur se précisent enfin. Pourquoi tant de difficultés à imposer le leadership d’un patronat indépendant ? Cela s’explique par la difficulté pour la Confédération de faire face aux puissantes Chambres de commerce, d’industrie et de services (CCIS) qui bénéficient, elles, de liens solides avec l’Administration et le Parlement. Au final, le patronat obtiendra gain de cause, fort de ses compétences matérielles et symboliques. Au fil des années du Protectorat, la Confédération gagne peu à peu la confiance des employeurs, des entrepreneurs et des 30 entreprises du Royaume. Elle parvient enfin à s’imposer en tant que représentante de ceux-ci. Son identité 31 sociale ainsi que sa légitimité sont alors unanimement reconnues. Un partenariat informel avec les Chambres de commerce et d’industrie est alors conclu. Il en ressort deux conséquences de poids pour la répartition économique des rôles : tandis que la Confédération patronale devient peu à peu l’un des organes principaux de représentation du patronat européen et collabore à la création d’établissements commerciaux et industriels, les chambres conservent, elles, le pouvoir décisif auprès du Résident général. Si au début, la reconnaissance d’un « intérêt patronal » ne semble être une évidence pour personne, au même titre que l’identité symbolique de « l’entrepreneur », les choses ont enfin changé. On assiste rapidement au développement des privatisations dans le monde de l’entreprise, boom économique qui coïncide avec l’évolution du droit du travail et des affaires. Ce sont tous ces facteurs qui permettent dans ces premiers temps d’occupation, d’installer la légitimité définitive de la Confédération. Depuis les années 30, ces pionniers d’un patronat essentiellement colonial, sont pour la plupart Européens et

Courrier du Secrétaire Général de la CGEM, André Rouault, concernant un projet de convention collective pour la branche professionnelle de la navigation, au lendemain de l’Indépendance du Maroc. 70 ans au service de l’entreprise L’ère coloniale 1947 / 1969

dirigent des entreprises moyennes dans ce que l’on appelle à l’époque la « Petite Californie française » (D. Rivet, 1996, p.81). Encouragés par la France coloniale, ces premiers patrons s’installent, bénéficiant, entre autres, de promesses foncières. Certains d’entre eux exigent rapidement un droit de regard sur la gestion de la Résidence par le biais des Chambres de commerce et d’industrie. Sous le régime du Protectorat, il faut savoir que celles-ci font souvent office de « conseil des ministres ». En conséquence, les interventions de la Métropole déplaisent et paraissent incongrues à cette nouvelle population de patrons qui désire faire corps avec la Résidence et impose sa volonté de régler problèmes et besoins en comité clos et idéalement local. « “La réunion de la Chambre de commerce de Casablanca et les hauts fonctionnaires du Protectorat” constitue “le véritable conseil des ministres du Maroc” ». (R. Gallissot, 1964, p. 50). Exit donc les avis de la Métropole, les entrepreneurs au Maroc veulent prendre leur destin économique 32 en main. Un nouvel arrangement social vient marquer l’époque, accompagnant le mouvement syndical 33 qui se développe au Maroc et devient l’une des bases du mouvement de protestation qui agite la France laborieuse. En réponse à la colère ouvrière, le patronat marocain serre ses rangs et fait pression pour la création d’une séparation officielle, c’est-à-dire légale, entre ouvriers marocains et européens. Une façon adroite d’offrir une concession symbolique au grand mouvement ouvrier de l’année 1936. Sont alors créées dans les chambres de commerce et d’industrie, des « sections indigènes », dans lesquelles les discus- sions se déroulent en arabe. Les membres y sont désignés par « arrêté viziriel ». Au cours de ces années, les virages économiques et sociaux sont nombreux, mais c’est à partir de l’Indépendance que le patronat marocain va connaître ses plus grands défis.

Sources : l’IRMC (Institut de Recherche sur le Maghreb Contemporain). L’élite économique marocaine, Noureddine Affaya et Driss Guerraoui. L’investissement au Maroc (1912-1964) Abdelaziz Belal., L’élite marocaine et problématique de la modernisation, Abdessalam Himmer.

Extrait du CEDIES INFORMATIONS, bulletin de la CGEM contenant les informations économiques du Royaume du Maroc, datant de1958 à propos de la constitution de la Banque Nationale. 70 ans au service de l’entreprise L’ère coloniale 1947 / 1969

Extrait du CEDIES INFORMATIONS Bâtiment construit au début des années 50, de 1963 soulignant les dispositions aujourd’hui, réstaurant prisé économiques que le gouvernement a prévu des casablancais et des touristes. de concrétiser après la promulgation 34 de la première Constitution de 1962 35 ainsi que la place prépondérante des initiatives privées dans le développement de l’économie marocaine. 70 ans au service de l’entreprise L’ère coloniale 1947 / 1969

Immeuble BMCI, Extrait du CEDIES en face de l’hôtel Hyatt Regency, INFORMATIONS Place de France. de 1959 revenant sur les décisions prises par le gouvernement 36 marocain, au lendemain 37 de l’indépendance, dans le cadre des actions d’aide aux différents secteurs économiques. 70 ans au service de l’entreprise L’ère coloniale 1947 / 1969

38 39

Vue de l’Ancienne Médina à partir de l’immeuble BMCI. Casablanca -la Kisaria du Boulevard du 4e Zouaves et la douane La reprise 1969 / 1984

40 La transition sereine MOHAMED

MOHAMED AMOR AMOR 70 ansans au au service service de del’entreprise l’entreprise La reprise 1969 / 1984

a décennie 1970 restera dans l’histoire comme une période de profonde mutation de l’économie mondiale. C’est la fin annoncée des « trente glorieuses » et de la convertibilité du dollar en or, L le temps des chocs pétroliers et le début d’une crise économique inédite. Ces événements vont marquer durablement la deuxième moitié du 20e siècle. Pour le Maroc, c’est une décennie où le pays fait des choix décisifs sur les plans territorial, politique, économique et social. Le temps où il marocanise son économie, où le patronat unit ses forces autour d’une organisation spécifique pour entamer une phase nouvelle dans le processus d’éclosion d’une nouvelle classe de chefs d’entreprises, comme autant de forces de proposition. Il s’agit d’un contexte mondial de bouleversements économiques et géostratégiques. Cette décennie marque, dans le monde, le retour des idées libérales. On assiste alors à la disparition programmée 42 du type de société de consommation qui faisait loi depuis 1945. En effet, dans la nouvelle ère qui s’ouvre, 43 les produits finis ou alimentaires connaissent le même sort que la marchandisation du pétrole dont le prix du baril se voit multiplié par quatre en 1973. Au niveau géopolitique, on assiste, à partir du milieu de la décennie, à une recrudescence de la guerre froide en raison du déclin relatif des États-Unis qui se rapprochent de la Chine, tandis que l’influence soviétique pèse sur l’Asie, l’Afrique, l’Indochine, l’Angola, l’Éthiopie et l’Afghanistan. Les USA, de leur côté, resserrent l’étau sur l’Amérique Latine (le Chili de Salvador Allende), alors que des événements sanglants à Soweto, tonnent comme un signal avant-coureur de la fin du terrible Apartheid en vigueur en Afrique du Sud. En Europe, la CEE, créée entre six États en 1957, passe à neuf membres avec l’adhésion du Royaume-Uni, de l’Irlande et du Danemark, tandis que le Portugal, la Grèce et l’Espagne s’engagent sur la voie de la démocratie. Quant au Maghreb, où les stigmates de « la guerre des sables » entre l’Algérie et le Maroc en 1963 restent plaies ouvertes, un groupe de militaires d’obédience nassérienne, mené par Centre ville de Casablanca avec à gauche un certain colonel Kadhafi, prend le pouvoir en 1969 en Libye et rajoute un peu plus d’instabilité à l’entrée de l’Ancienne Médina. l’Afrique du Nord. C’est ce régime qui, entre autres, s’allie à l’Algérie dans son œuvre de soutien et de financement d’un mouvement séparatiste au Sahara marocain, hypothéquant ainsi la construction de tout regroupement maghrébin viable. 70 ansans au au service service de del’entreprise l’entreprise La reprise 1969 / 1984

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Bank Al-Maghrib, la banque centrale du Maroc créée en 1959, a eu un rôle déterminant dans le tournant libéral du pays. La wilaya du Grand Casablanca, siège également de la Mairie, dont la construction a été achevée en 1937. La reprise 1969 / 1984

C’était aussi le temps de…

46 47 Acte d’allégeance de Khatri ould sidi Said Joumani. Des choix décisifs pour le Maroc De manière officielle, de 1956 à 1961, la politique économique marocaine se définissait comme « dirigiste », avant de se proclamer « libérale ». Dans les faits, la séparation n’a pas été aussi nette. Car si l’orientation vers La Marche Verte pour l’intégrité territoriale : un certain capitalisme d’État était assez nettement affirmée jusqu’en 1960-1961, les années postérieures Fort de l’avis consultatif de la Cour Internationale de Justice de La Haye, le Maroc, dont la décolonisation a commencé par étapes ont vu s’accroître la responsabilité de l’État et des organismes publics dans l’investissement global, au en 1956, surprend le monde par l’organisation de la Marche Verte qui permettra de récupérer pacifiquement les provinces sahariennes point que la part du secteur public est devenue, durant ces années, largement majoritaire ! Cependant, en novembre 1975. Feu SM le Roi Hassan II signe aussitôt un accord de décolonisation avec l’Espagne de Franco. Mais l’événement la « philosophie » qui sous-tend cette intervention est animée essentiellement par le désir de contribuer à l’extension d’un capitalisme privé autochtone mais aussi étranger. Cette politique s’est exprimée à déclenche une riposte militaire de la part de l’Algérie qui chasse de son territoire, dans des conditions désastreuses, 350.000 travers la mise en œuvre de trois « plans » successifs : le Plan quinquennal (1960-1964), le Plan triennal Marocains résidant de longue date en Algérie, soit exactement le nombre des marcheurs mobilisés pour la Marche Verte. Après de (1965-1967) et le Plan quinquennal (1968-1972) . violents incidents du même ordre, l’intégrité retrouvée du territoire national bénéficie d’un cessez-le-feu décrété et toujours garanti à ce La réforme agraire, lancée sur la base des terres coloniales récupérées, a permis au Maroc d’approfondir la jour par l’ONU. C’est le moment que choisit le Maroc pour lancer un processus continu de développement économique et social de ses stratégie des périmètres irrigués et des barrages hydrauliques, pour assurer l’autosuffisance alimentaire en provinces sahariennes, les transformant radicalement dans l’attente d’une reconnaissance onusienne définitive. Néanmoins, le dossier produits de base, ainsi que l’exportation de produits alimentaires bruts, agrumes et primeurs essentiellement de l’intégrité territoriale est toujours ouvert, Sebta, Melilla et des présides en Méditerranée restant occupées. transformés. 70 ans au service de l’entreprise La reprise 1969 / 1984

Le choix du libéralisme Maroc signe son premier accord commercial avec la CEE, Devenu premier exportateur mondial de phosphates, le Royaume a bénéficié d’une conjoncture favorable donnant un signal supplémentaire de sa volonté d’arrimage dans le sillage de la crise de 1973. En effet, les cours de ce minerai ont été, en moins d’une année, multipliés économique à la sphère industrialisée libérale. Le pays table par cinq sur le marché mondial. La capacité de financement du pays s’élève alors considérablement et sur une ouverture des marchés européens à ses produits, un permet des taux d’investissement atteignant des pics de près de 40 %. Le plan quinquennal 1973-77 soutien financier, des conditions d’accueil correctes à ses « de développement économique et social » déploie un effort public d’investissement à travers la SNI (Société émigrés et un flux suffisant de touristes et d’investisseurs. Nationale d’Investissement), la CDG (Caisse de Dépôt et de Gestion) notamment, et l’ODI, (Office de L’Europe de son côté, fait du Maroc un allié politique et Mohamed Amor, premier Marocain à la Développement Industriel) chargé de soutenir les entreprises privées. Un code des investissements est publié sécuritaire et une base arrière de production de réassort, présidence. pour épauler les industries substitutives des importations et promouvoir la sous-traitance pour l’exportation. notamment dans les domaines de l’habillement. Mais un Ce même code traduit une autre loi, celle du 2 mars 1973, relative à la marocanisation, qui fixe le taux deuxième et troisième élargissements, plus contraignants Mohamed Amor a été ministre de l’Emploi et des maximum de participation du capital étranger dans les sociétés de droit marocain et publie une liste d’activités pour le Maroc, puisque intégrant la Grèce en 1981 et Affaires sociales du Maroc sous le règne de SM le Roi surtout l’Espagne et le Portugal en 1986, donneront lieu 48 réservées aux nationaux. Même si la marocanisation de certaines industries est restée limitée, elle a corrigé les Hassan II, dans le gouvernement où 49 rapports de pouvoir entre le capital national et étranger et a élargi le nombre des entrepreneurs. à des ajustements de l’accord, élargi, entre temps, au il a remplacé Thami el-Ouazzani à compter du Aussi, l’État confirme-t-il une politique équilibrée avec le capital étranger en organisant l’ouverture sur les domaine de la pêche. remaniement d’août 1964. marchés extérieurs européens par la signature avec la CEE d’un Accord d’association en 1976. Dès 1969, le CGEM, naissance du patronat marocain PDG de CGE Maroc, il a participé dans cette grande La marocanisation a relancé la constitution d’un capital entreprise créée en 1947 par des capitaux français, privé marocain, engagée depuis l’Indépendance, moyennant à faire diversifier sa production dans le secteur de des protections douanières et une politique de substitution l’électricité et du câblage, jusqu’à l’introduire à la Le plan quinquenal ouvre la voie à la véritable indépendance économique aux importations. Progressivement, l’ascension d’une bourse de Casablanca en 1983. Le plan quinquennal 1960-1964 constitue la première étape d’un développement concerté de nouvelle génération d’industriels élargit la base historique En 1969, au moment où la CGEM a senti la nécessité l’économie marocaine. Pour la première fois au Maroc, en effet, le développement économique de l’entrepreneuriat marocain, formée de couches aisées de marocaniser ses structures, Mohamed Amor a vite est envisagé dans son ensemble, des orientations et des objectifs sont formulés dans le cadre d’une traditionnelles, à de nouvelles couches des classes moyennes. émergé comme l’homme du moment. La transition Des cadres administratifs se convertissent également en politique de développement portant sur plusieurs années. Pour la première fois également, grâce à sereine était le vœu de tout le monde. l’organisation institutionnelle qui a présidé à l’élaboration du plan, les représentants des groupements entrepreneurs. La marocanisation est surtout à l’origine de professionnels et des syndicats ont pu collaborer étroitement avec l’Administration et décider de l’avenir la formation de groupes financiers familiaux aux activités Il a été élu Président de la Confédération générale des économique du pays. À ce titre, le plan quinquennal peut être considéré comme une œuvre collective. diversifiées qui vont durablement dynamiser l’économie du entreprises du Maroc (CGEM) en octobre 1969 pour Le monde diplomatique, juin 1962. p. 13. y rester jusqu’en juillet 1984, devenant le premier Marocain à la présider. 70 ans au service de l’entreprise La reprise 1969 / 1984

pays. Leur consolidation se fera par la privatisation qui sera opérée en fonction de leurs possibilités réelles et des moyens dont ils disposent ». Car, « l’élargissement continuel dans le cadre du PAS (Programme d’Ajustement Structurel). du champ d’action du secteur public ne saurait se justifier dès lors qu’il concurrence dangereusement les initiatives privées ». Marocanisation du patronat : l’union fait la force Pour Mohamed Amor, la CGEM se définit comme un organisme attaché à la défense des intérêts de ses membres, mais aussi un partenaire à part entière qui entend assumer ses responsabilités dans la recherche des La marocanisation de la CGEM ne s’est pas faite de manière voies et moyens permettant d’asseoir un développement harmonieux du pays, dans le cadre du régime libéral brutale. Il a fallu en effet attendre 1969 et l’intégration du que le Maroc a adopté comme choix de société. Groupement des Industriels du Maroc (GIM) pour assister à Créateur de « l’esprit CGEM », l’homme instaure les premières assemblées mensuelles dans le but de renforcer l’élection du premier Président marocain. Mohamed Amor a fait les activités des quatre Fédérations sectorielles, des deux commissions techniques permanentes et des associations ses armes au sein d’une filiale d’un grand groupe français, la CGE professionnelles membres. Ces rassemblements donnent aux chefs d’entreprises l’opportunité d’exprimer Maroc. Cette transition symbolique et le choix de la personne, directement et publiquement doléances et griefs aux autorités publiques concernées. Elles ont également visaient non seulement à rassurer les capitaux étrangers, en permis aux responsables publics d’expliquer leurs programmes et leurs moyens d’action. Les organes techniques 50 général, et français en particulier, afin de préparer sereinement la 51 permanents de travail de la CGEM, en l’occurrence, la commission financière et fiscale et la commission sociale, marocanisation du tissu productif national. permettent de mûrir les points de vue des chefs d’entreprises et de faire des propositions à l’Administration aux 1969 fut l’année d’unification des forces du patronat marocain, diverses occasions de concertation, notamment la préparation des plans de développement, des lois de finances, l’année de l’entrée à la CGEM du Groupement des Industriels des très sensibles révisions du PGI (Programme Général des Importations) d’alors, ou encore la préparation de marocains, dans lequel militaient Abderrahmane Bennani Smirès lois à connotation économique, financière ou sociale. La grande réforme fiscale, entamée en 1984, a constitué ou Abdelhamid Ayouch. L’entrée pour la première fois de patrons un dossier essentiel de l’ère Amor. Partie prenante dans cette réforme, par le biais de sa Commission fiscale et de poids, comme Haj Mohamed Sekkat, Président de Maghreb financière, le comité des experts (créé par la Direction des Impôts et qui réunissait l’Administration, les experts Steel et l’élection consensuelle du premier Marocain patron des comptables et la CGEM) a mobilisé beaucoup d’énergie. Officiellement, la loi-cadre en préparation visait la patrons. L’ex-GIM a carrément repris la Fédération de l’industrie modernisation du système fiscal, par l’introduction de la TVA, la réduction des dettes de l’État, la simplification des Le rôle noble du chef d’entreprise de la CGEM, ce qui était le deal essentiel du regroupement. procédures et le rééquilibrage des rapports entre Administration et assujettis. Mais, deux dispositions inquiétaient L’ère Amor a été marquée par la recherche d’une place de choix « D’aucuns se plaisent à affubler les entrepreneurs particulièrement les chefs d’entreprises : l’imposition suivant les signes extérieurs de richesse et la pénalisation pour le secteur privé. Face au poids lourd que représentait le privés d’affairistes, expression dont la connotation de la fraude fiscale. La CGEM revendiquait aussi la création de juridictions fiscales spécialisées et compétentes. secteur public, la question de la vocation du Maroc s’est posée péjorative n’échappe à personne et qui en plus en- La réforme s’est finalement réalisée de manière progressive, d’abord par l’introduction de la TVA en 1986, d’emblée. La CGEM n’a pas hésité à demander « de délimiter tretient la confusion. Je dirais tout simplement que suivant un consensus savamment dosé. Si la suite de ce dossier a été transmise par Mohamed Amor à ses les rôles respectifs des secteurs public, semi-public et privé, et cela si notre affairisme contribue à créer des emplois et successeurs, comme celui, lourd, du suivi du P.A.S, côté entreprises, il a laissé une confédération qui a développé à élever le niveau de vie de nos concitoyens, alors acceptons l’épithète ». M. Amor. 70 ans au service de l’entreprise La reprise 1969 / 1984

ses relations intérieures, mais aussi extérieures, notamment avec des patronats étrangers comme le CNPF (France), la CEOE (Espagne) ou le CBI (Grande-Bretagne). Un organisme patronal qui s’acquittait de ses obligations dans les organes de concertation tripartite dans lesquels il représentait le secteur privé, comme la CNSS (Caisse Nationale de Sécurité Sociale) ou l’OFPPT (Office de la Formation professionnelle et de la Promotion du Travail). Le financement de la CGEM est toujours resté un problème dans l’esprit du Président, tant le souci était de garder à l’organisme patronal son indépendance morale, en déclinant les financements publics, quitte à gérer les faibles rentrées des cotisations et soutiens privés. 52

Réception à l’espace Actua de la fondation Attijariwafa bank (26 octobre 2017). Mohamed Amor et son épouse, Hazar Senoussi, discutant avec le conférencier et ancien ministre de l’Economie et des Finances, Fathallah Oualalou. 70 ans au service de l’entreprise La reprise 1969 / 1984

MISE EN ŒUVRE DES MOYENS La crise de mars 1983 et le Programme d’Ajustement Structurel

La fin de mandat de Mohamed Amor a été également marquée par la dure crise financière de 1983 et son DU DÉVELOPPEMENT fort impact sur l’économie nationale et les entreprises. L’envolée des dépenses publiques depuis 1973, la courte montée du prix des phosphates, puis sa chute brutale, la forte augmentation de la dette publique, la DE 1957 À 1962 hausse des taux d’intérêt, l’inflation à deux chiffres, le coût de la marocanisation, le faible impact du plan triennal de sauvetage ainsi que la longue période de sécheresse de 1979-82, ont eu raison des réserves en devises du pays, qui s’est déclaré en quasi-cessation de paiement en mars 1983. Il a fallu alors demander l’appui des créanciers. Une cure sévère d’ajustement a ainsi été appliquée pour dix ans, afin de rétablir les Depuis l’indépendance, le gouvernement marocain s’est attaché à mettre l’économie. La transformation de l’appareil bancaire d’autre part équilibres fondamentaux du pays, assainir les finances publiques, consolider la base productive, réajuster la sur pied ou à parfaire les instruments nécessaires à sa politique de (création d’un Institut national d’émission, de la Banque nationale pour

54 politique sociale, renforcer la capacité concurrentielle de l’industrie, promouvoir les exportations et réorienter développement : le développement, d’une Caisse d’épargne, de la Caisse de dépôts et de 55 la stratégie économique de l’État par la réforme de la protection des activités nationales et la privatisation. - En 1957, un tarif douanier différencié est promulgué et assure depuis gestion et de la Banque du commerce extérieur) doit faciliter l’orientation et Le Maroc, après une décennie de fortes dépenses et d’endettement va bientôt vivre sa plus grave crise financière cette date une production efficace des industries locales ; l’investissement de ces capitaux ; depuis l’Indépendance. Il a dû se résigner à accepter le traitement préconisé par le FMI pour rééchelonner - En 1958, le code d’investissements, étendu et complété par un dahir de - En 1960, la création de l’Office national des irrigations et en 1961 la dette et se reconstituer sous un rigoureux lifting, co-dirigé avec la Banque Mondiale. 1960 qui prévoit notamment l’attribution de primes d’équipement, a pour celle de l’Office de la modernisation rurale donnent à l’État les moyens de but de favoriser les investissements privés, de quelque origine qu’ils soient ; concentrer les efforts techniques et financiers pour une plus grande efficacité de ses interventions dans le domaine de l’agriculture ; - La création, au cours de la même année, du Bureau d’études et de participations industrielles donne à l’État des moyens d’intervention pour - Enfin en 1962, la réforme fiscale et la création d’un fonds national accélérer le processus d’industrialisation ; d’investissements viennent compléter l’ensemble des moyens institutionnels que l’État marocain a mis sur pied pour le développement de son action - En 1959, l’établissement du contrôle des transferts met un terme à économique. Cette action est actuellement définie par le plan quinquennal l’hémorragie de capitaux dont souffrait le Maroc depuis quelques années 1960-1964. et permet à l’épargne formée dans le pays de rester à la disposition de Le Monde diplomatique, juin 1962. 70 ansans au au service service de del’entreprise l’entreprise La reprise 1969 / 1984 - La transition calme,La reprise Mohamed 1969 /Amor 1984

Entrevue

Ma première décision a été de faire appliquer les bulletin (vote) secret. Lors de ma 14e et dernière principes légaux et la marocanisation, au sein du année de présidence, j’ai procédé à un changement Patronat, qui consistait à amener les entreprises des statuts afin que le mandat du Président élu soit « Ce qu’il étrangères à céder au minimum 51 % de leur de 3 ans renouvelable une seule fois. capital à des opérateurs de nationalité marocaine. L’une de mes satisfactions professionnelles ? en pense Ce principe découlait d’une loi promulguée par le Constater que le nombre d’entreprises affiliées gouvernement de M. alors Premier à la CGEM a plus que quintuplé durant ma aujourd’hui... ministre ; je dois avouer que la grande majorité des présidence. Quant aux Présidents qui m’ont » sociétés concernées ont répondu favorablement. succédé à la tête de la CGEM, ils ont, comme moi, Ma décision la plus difficile ? Ce fut aussi la imprimé leur propre style à la structure, ainsi que plus honorante pour la CGEM. Faire souscrire leur propre dynamisme dans la défense des enjeux L’avenir est porteur d’opportunités sans l’ensemble des membres à l’effort logistique et économiques de l’époque. précédent. financier de la Marche Verte. Cette décision est Mes relations en tant que Président de la CGEM 56 celle qui m’a le plus marqué. 5757 « À l’indépendance, la CGEM existait déjà, créée avec le gouvernement et avec les syndicats n’ont et gérée par une large majorité d’entreprises Durant mes mandats, j’ai été très impressionné par pas toujours été simples mais j’ai su trouver un françaises. Elle comptait alors peu de Marocains quelques sociétés adhérentes à la confédération. terrain d’entente avec eux, notamment, avec tels que les familles Sebti, Bennani Smires et Les groupes privés qui constituaient selon moi le syndicat fort de l’époque (UMT) présidé par quelques autres. le bon exemple de stratégie, de dynamisme et Mahjoub Ben Seddik. de professionnalisme étaient ceux de El Haj J’ai été nommé tout d’abord Vice-Président par L’avenir ? Il prend un nouveau visage. Le Abdelkader Bensalah, de Miloud Chaâbi et de le Conseil d’Administration de la CGEM, après climat politique et économique du Maroc Moulay Ali Kettani. avoir quitté mon poste de ministre du Travail et actuel, grâce au dynamisme de Sa Majesté le des Affaires sociales et notamment ma position au Mon bilan ? Il est sur plusieurs niveaux : sur Roi Mohammed VI, est porteur d’opportunités sein du BIT à Genève. Le Président d’alors était la dimension politique et économique, nous sans précédent. Il appartient aux entrepreneurs Robert Savin, patron de la Chérifienne des Mines. nous sommes efforcés d’être une véritable force actuels de développer une attitude proactive Un an plus tard (1969), j’ai été élu Président par de proposition de lois destinées à faciliter les notamment dans leur relation avec l’Afrique. En le Conseil d’Administration et devais le rester 14 échanges commerciaux, les processus industriels ce qui concerne le développement des petites et années, soit jusqu’en 1984. Je représentais alors et le dynamisme financier des opérateurs. Sur moyennes entreprises avec l’Afrique, il ne peut se la CGE Maroc (Compagnie Générale Marocaine la dimension d’organisation interne, il faut se faire qu’avec l’appui des grands opérateurs déjà d’Électricité), actuelle Nexans et la société Caplam souvenir qu’à l’époque, les statuts de la CGEM implantés dans les différents pays. » (Caoutchouc et Plastique du Maghreb). prévoyaient l’élection annuelle du Président par La continuité / La mesure 1984 / 1988

58 L’homme du consensus MOHAMED DRISSI KAITOUNI 1984 / 1986

Un diplomate à la barre BENSALEM GUESSOUSS MOHAMED DRISSI KAITOUNI 1986 / 1988 BENSALEM GUESSOUSS 70 ans au service de l’entreprise La continuité / La mesure 1984 / 1988

Mohamed Drissi Kaitouni et Farouk Benbrahim (décembre 1984 / juillet 1985)

- On dit de Mohamed Drissi Kaitouni qu’il possède rononçant un long discours, en guise de rapport moral d’adieu à la présidence Durant la maladie de Mohamed Drissi une personnalité calme et consensuelle. Spirituel, ses de la confédération, Mohamed Amor a passé le flambeau lors d’une assemblée Kaitouni, Farouk Benbrahim, le plus amis le décrivent comme un amateur de proverbes et Pgénérale élective, où l’on votait encore à mains levées. C’est Mohamed Drissi ancien des Vice-Présidents, assuma de bons mots. Kaitouni qui prend la relève. Candidat unique, il personnifie un cran supplémentaire l’intérim informel, jusqu’au décès - Il représente une étape supplémentaire dans la 60 dans la marocanisation de la CGEM, puisqu’il représente Tisbrod, l’une des du Président élu. Le Bureau de la marocanisation de la CGEM. Entrepreneur issu du 61 entreprises textiles du groupe privé marocain Moulay Ali Kettani, permettant ainsi à Confédération se réunit dans la semaine secteur textile. Très dynamique dans le domaine, il est un groupe privé marocain, d’accéder à la présidence pour la première fois de l’histoire et, à l’unanimité, Farouk Benbrahim fut également le créateur de l’association l’AMIT quand du patronat. Succession logique, car, discret mais très actif, l’homme évolue depuis de élu nouveau Président. Cette cooptation il est nommé à la tête de la CGEM. longues années dans les arcanes de la Confédération. se justifiait par les nombreuses années - On le surnomme « Le sage entrepreneur ». À la tête de Calme, spirituel et consensuel, plus à l’aise en arabe qu’en français, Mohamed Drissi Kaitouni ne manque que ce dernier avait passées à la tête de la Commission pas de proverbes et de bons mots pour détendre l’atmosphère quand cela s’avère nécessaire. Issu du secteur économique et fiscale, par ses mandats successifs comme Tisbrod, l’une des entreprises textiles du groupe privé textile, il fut le Président et l’animateur dynamique de l’influente association professionnelle, l’AMITH (Asso- Président de la Fédération du Commerce et des Services ainsi marocain Moulay Ali Kettani, il travaille à l’essor du ciation Marocaine des Industries du Textile et de l’Habillement), avant son élection à la tête de la CGEM. Il que par son expérience de Président-fondateur de l’Association premier groupe privé marocain avant d’accéder à la présentait l’avantage d’appartenir à un secteur influent de l’époque, celui des industries de transformation, Professionnelle des Importateurs de Matériels ( APIM ). Présidence de la CGEM. Une première dans l’histoire du patronat. dont il était le principal employeur et exportateur. Le secteur espérait depuis longtemps une nouvelle réflexion Dès la première réunion du Bureau, le nouveau Président sur sa mise à niveau. annonce qu’il organisera des élections dans les mois qui - Son talent pour le déploiement lui vaut le surnom de Mohamed Drissi Kaitouni était aussi l’homme de l’exportation, puisqu’il a été, accompagné d’autres exporta- suivent. Farouk Benbrahim était un dirigeant d’entreprise. « l’homme de l’exportation » teurs, à l’origine de la création de l’ASMEX (Association Marocaine des Exportateurs) en 1982. Hélas, il ne put À la fois libéral et progressiste, il se montrait critique - La maladie l’a emporté dès décembre 1984, obligeant jamais mettre en pratique à la CGEM le fruit de ses expériences, la maladie l’ayant emporté dès décembre 1984, à l’égard des administratifs. Le nouveau Président se les adhérents à tenir une AGO prématurée après un sans qu’il eut le temps d’engager le plan d’action qu’il souhaitait mettre en œuvre. C’est Farouk Benbrahim, montrait souvent irrité par les excès d’un syndicalisme court intérim de cinq mois, assuré par M. Farouk assurant déjà l’intérim, qui aura à reprendre les rênes jusqu’à l’assemblée générale de juillet 1985. dogmatique. Il se démarquait des patrons qui faisaient Benbrahim, président de la Fédération du Commerce et des Services. 70 ans au service de l’entreprise La continuité / La mesure 1984 / 1988

peu d’efforts dans le volet social et réfutait les thèses des industriels partisans d’un protectionnisme excessif. Il militait constamment pour le développement technologique et l’amélioration de la qualité des produits et des services. Il insistait sur l’importance de la concertation entre le secteur privé et l’Administration et appelait à un véritable dialogue sur les questions essentielles, notamment la fiscalité, le dédouanement, les délais de paiement et de remboursement, la réforme de la justice, etc… Ce sont d’ailleurs ces questions qu’il évoquait dans le document qu’il a distribué avant l’assemblée électorale. Finalement, c’est Bensalem Guessouss qui est élu, les «patrons» ayant préféré élire à leur tête un homme déjà connu de l’Administration et qui avait déjà exercé de hautes fonctions.

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Créée en 1940, l’unité de production des Fonderies et Aciéries Photo, datant des années 90, de l’entrée de l’Avenue des Forces Armées Royales, du Maroc, exemple de développement technologique. axe névralgique menant au port de Casablanca et aux différents quartiers de la ville. 70 ans au service de l’entreprise La continuité / La mesure 1984 / 1988

Bensalem Guessouss

Président d’association, riche d’un passé de responsabilités administratives et diplomatiques variées et de haut niveau, il bénéficiait, en plus, de l’appui de l’Administration et des grands groupes. En outre, son La mesure engagement libéral sans ambages, le prédestinait à accompagner le mouvement de privatisation en cours. Né en 1919, dans une famille urbaine de commerce originaire d’Andalousie, il a vécu À un moment de véritable croisée des chemins, son acceptation de la dure tâche de Président, s’explique, selon toute la période du Protectorat jusqu’en 1956. Recevant une éducation moderne tout lui, par sa seule volonté de « sauvegarder l’organisation patronale des visées d’apprentis sorciers politiciens en baignant dans le nationalisme naissant, il a lui-même, en pleine jeunesse, mis la qui la guettaient ». Il faut dire que le libéral qu’il était, s’est avéré être aussi un défenseur coriace d’un main à la pâte en militant dans le parti de l’Istiqlal de l’époque pour l’Indépendance « interventionnisme mesuré » et nécessaire de l’État. Sa défense des codes des investissements à la mesure des du pays et cela, après des études brillantes entamées en pleine Seconde Guerre besoins des investisseurs en est une manifestation. mondiale dans une France elle-même occupée par les Nazis. Ce qui, très tôt, l’a Sa philosophie, il l’a développée dans le colloque organisé sous le Haut patronage de S.M. le Roi Hassan II, conforté dans sa certitude que le Maroc retrouvera vite sa pleine indépendance. 64 par l’Amicale des Ponts et Chaussées et la CGEM, sous le thème révélateur : « Secteur public-secteur privé ; 65 À cette époque, Bensalem Guessouss exerça plusieurs hautes fonctions dans vers un meilleur équilibre ». Le colloque fut l’occasion pour lui d’improviser des ajouts sévères au discours l’Administration marocaine. Il a été Gouverneur de Tanger, Ambassadeur du Maroc à Bruxelles, puis ministre préparé pour lui par le secrétariat général. Des envolées lyriques, dans son français impeccable ont frappé les plusieurs fois, notamment des Finances. PDG de Laprophan, une unité pharmaceutique de premier plan, il esprits, du genre : « En corruption, comme en mariage, il faut être deux », prononcée comme réplique à un y exerça ses talents de pharmacien, sa formation de base, qu’il a parachevée à Strasbourg, en France de 1942 intervenant qui accusait ouvertement les entreprises d’être seules à l’origine de la corruption qui entachait à 1947, pour devenir le premier pharmacien diplômé marocain. Dès son retour au pays, il ouvre son officine les marchés publics. Sous sa présidence, la CGEM a eu essentiellement la tâche de gérer la mise en œuvre dans sa ville natale. du PAS (Programme d’Ajustement Structurel), d’essayer d’amortir ses chocs pour l’entreprise et de lancer la mise à niveau de celle-ci. Une mise à niveau très attendue car confrontée à l’ouverture des frontières et aux Vers un « interventionnisme mesuré » et nécessaire de l’État divers élargissements de la CEE. Il s’agissait surtout de suivre le cours de la privatisation avec l’instauration concomitante d’un équilibre entre le secteur public et les entreprises privées. Bensalem Guessouss n’hésitait De plus en plus marocaine, après l’ère de compromis positif initiée par Mohamed Amor, et poursuivie par pas à exprimer sa fierté d’avoir réussi à garder à la CGEM son indépendance financière car, répétait-il : « Sans Mohamed Drissi Kaitouni, la CGEM a connu une période houleuse d’âpres discussions au sujet de la future indépendance financière point d’indépendance morale ». À son départ, volontaire, après un seul mandat en présidence et de l’avenir de l’organisme patronal. Le consensus s’est fait autour de la personne de Bensalem juin 1988, il regrettait deux projets non réalisés : doter la CGEM d’un siège à la hauteur de ses ambitions Guessouss , dont la candidature a surpris, car il exprimait publiquement son souhait de ne pas briguer la et d’un journal. Deux projets qui se sont avérés plus difficiles à réaliser qu’il ne le pensait. Ses successeurs présidence du patronat. Il l’a fait et le consensus a été général, tant il disposait de qualités indéniables : ont réussi le premier en réaménageant le traditionnel siège du quartier Palmiers à Casablanca, mais se sont homme de réseau, charismatique, fin connaisseur du milieu entrepreneurial et du milieu politique, homme résignés à penser, concernant le projet du journal, que chacun devait exercer son métier. Le journalisme d’affaires à succès, y compris dans le mutuel CIMR (Caisse Interprofessionnelle Marocaine de Retraite), restant celui des professionnels des médias. 70 ans au service de l’entreprise

Discours d’alerte pour une politique économique équilibrée, prononcé en 1986 par Bensalem Guessouss devant

« Monsieur le Premier ministre, donc offrir du travail aux millions de bras rendus ainsi Tout à l’heure, avec votre permission, les Présidents des disponibles ? Qui ? Sinon l’industrie et le secteur tertiaire. Fédérations et Associations Professionnelles prendront Or, au moment où les autres branches d’activité sont la parole à tour de rôle pour vous présenter de vive voix diversement encouragées - telles que celle de l’immobilier - la synthèse des problèmes auxquels se heurtent leurs l‘industrie ne cesse de subir les contrecoups de la secteurs respectifs. Je voudrais auparavant, vous faire conjoncture et des mesures de politique économique part d’une réflexion qui revient souvent dans nos débats. qu’appelle cette conjoncture : hausse permanente des Nous comprenons fort bien - car nous partageons le coûts des facteurs de production, déprotection, difficultés même souci - que le Gouvernement de Sa Majesté, dans l’application du code des investissements industriels, pour accéder à l’autosuffisance alimentaire, oriente handicaps à l’exportation, rareté des terrains industriels 66 énergiquement les efforts du monde rural et lui prodigue viabilisés, sans parler d’une fiscalité écrasante. 67 tous les encouragements en son pouvoir : équipements Voilà un exemple de ces contradictions qui exercent hydrauliques, subventions du matériel agricole et des dans la société le même effet nocif qu’un poison dans un engrais, surcoût de la production, exonération d’impôts, organisme. C’est pourquoi, nous souhaitons vivement voir etc. redéfinir et adopter une nouvelle politique économique Nous ne sommes pas contre cette politique qui aboutira, plus équilibrée pour que les prélèvements obligatoires plus sans aucun doute à un développement remarquable et équitablement répartis, deviennent économiquement bénéfique de notre agriculture. Mais force nous est donnée supportables. de constater, à travers l’expérience des autres pays, que La création d’un Conseil Économique et Social - par grâce à la mécanisation et à l’agrochimie, le développement définition tripartite - offrirait, pensons-nous, un cadre plus de l’agriculture s’accompagne inévitablement de la approprié pour élaborer les éléments d’une telle politique. diminution du nombre des paysans. Et, sans aller jusqu’en En attendant, nous avons l’honneur de vous soumettre Hollande où les agriculteurs ne représentent plus que aujourd’hui un mémorandum qui, sans perdre de vue les 3 % de la population, nous relevons chez nous, que si la aspects spécifiques de certains secteurs stratégiques, met population totale double tous les 25 ans, la population des particulièrement l’accent sur les problèmes que rencontrent Le discours de Bensalem Guessouss devant Azzeddine Laraki a mis en exergue la nécessité villes double tous les 17 ans. Il y a donc déjà un exode rural les entreprises industrielles, qu’elles soient tournées vers le de redéfinir une nouvelle politique économique notamment pour le secteur de l’agriculture. considérable qui sûrement continuera crescendo. Qui va marché intérieur ou vers l’exportation. » La privatisation 1988 / 1994

68 Des convictions libérales ABDERRAHMANE

ABDERRAHMANE BENNANI SMIRES BENNANI SMIRES 70 ans au service de l’entreprise La privatisation 1988 / 1994

année 1988 marque un tournant dans l’histoire de la CGEM et ouvre une ère nouvelle à l’organisation patronale, après la période du PAS fortement mouvementée avec ses effets néfastes particulièrement L’sur le plan social. Abderrahmane Bennani Smires, porté à la tête de la CGEM, le 30 juillet 1988, pour deux mandats successifs (1988-1994), ne rate aucune occasion pour faire entendre la voix de l’organisation patronale. Cet épisode aura été chargé d’événements majeurs avec des effets notables sur la politique économique : réforme fiscale, code du travail, réglementation douanière, formation professionnelle, privatisation, libéralisation des échanges, etc. La CGEM voulait cerner clairement le dispositif réglementaire et dissiper aussi les craintes des gouvernements successifs (Azeddine Laraki, Karim Lamrani et ) quant à la position de l’organisation patronale par rapport aux décisions publiques. Elle voulait un débat responsable et serein sur la meilleure politique économique à adopter dans l’intérêt général et pour plus de cohésion sociale et de progrès économique à 70 l’avenir. 71 Le projet de loi de finances pour l’année 1990 fut une occasion pour la CGEM de revendiquer une fiscalité adaptée, une libéralisation progressive et maitrisée, une révision de la réglementation douanière, une réforme du marché financier, etc. Elle a même tenté d’apporter quelques petits ajustements pour remettre les rails à l’endroit, en vue de limiter le creusement des déficits et lutter contre le chômage. Depuis sa création, la CGEM n’a jamais renoncé à ses convictions fondamentalement libérales. Elle allait en effet obtenir bien des concessions de la part du gouvernement dirigé par Azeddine Laraki. Ce dernier déclara en substance, en recevant le 13 octobre 1988 le bureau de la CGEM, après l’allocution prononcée par le Président de la confédération patronale, Abderrahmane Bennani Smires : « votre discours au contenu éminemment responsable aurait pu être celui du Premier ministre lui-même ; les thèmes sur lesquels vous avez insisté ne peuvent que mobiliser le gouvernement ». De l’avis général des observateurs, Abderrahmane Bennani Smires a su, en un laps de temps très court, imprimer un style nouveau à l’action patronale. Sa stratégie : faire de la CGEM une organisation forte, solide Abderrahim Lahjouji, et crédible. Elle devait, à cet effet, élargir sa base, décentraliser son action, renforcer son rayonnement et Hassan Chami adopter une posture plus dynamique et plus agressive. et Abderrahmane Bennani Smires. 70 ans au service de l’entreprise La privatisation 1988 / 1994

Le Président désire en premier lieu s’attaquer à un tabou marocain : le « tout État ». Aucun de ses prédécesseurs C’est pourquoi elle entreprend une ouverture tous azimuts ne s’y était risqué. C’est en cherchant un « dialogue permanent avec le gouvernement » et en proposant une en direction de tous les partenaires sociaux. L’objectif est « réflexion commune », qu’il parvient à asseoir les bases d’un véritable partenariat et faire de la CGEM un double : diffuser la culture d’entreprise et sensibiliser les interlocuteur légitime et crédible. acteurs sociaux à l’intérêt commun d’avoir des entreprises Sur la privatisation, la CGEM, par la voix de son Président, estime que « cette question doit être envisagée sous prospères et à agir dans ce sens. l’angle pragmatique et non pas sous l’angle dogmatique ». Pour le patronat, « l’État, qui proclame sa volonté Dans cette stratégie nouvelle de concertation et de - Deux mandats : 1988 et 1994. Il présente le visage de privatiser, doit au préalable moderniser le marché financier, déréglementer et démanteler les monopoles dialogue permanent tant avec l’Administration qu’avec les de l’apaisement afin de rassurer quant à la maturité de qu’ils soient publics ou privés ». partenaires socio-économiques, la CGEM tient à préserver l’Organisation patronale. Quant à la CNSS et les questions liées à la prévoyance sociale, la CGEM appelle à une révision totale de son son indépendance. « Elle ne peut être le lieu de la politique - Pour Abderrahmane Bennani Smires, « Le secteur privé politicienne. Sa seule politique est celle de relever le défi de système de gestion. Elle préconise une « gestion autonome de ses capitaux » à même de procurer, au bénéfice doit être partie prenante dans la préparation des décisions l’investissement, de la création des richesses et de l’emploi, de ses affiliés, des produits financiers énormes. « Avec nos entrepreneurs, nous sommes les payeurs et nous qui se dessinent ». 72 voulons savoir ce que devient l’argent que nous donnons », déclare A. Bennani Smires à la presse. bref de l’expansion de l’entreprise et du développement de 73 l’esprit d’entreprise ». - Il met les réformes économiques et sociales en tête de ses priorités. Transformation de la CGEM Il faut dire que le nouveau discours entretenu par Abderrahmane Bennani Smires permet de bousculer et moderniser les - « L’autosatisfaction c’est fini, le Maroc a entrepris un Dans le contexte nouveau marqué par la création du marché maghrébin - dans structures de la confédération que d’aucuns qualifiaient de travail courageux mais il n’est pas encore sorti du tunnel », La question de la privatisation, le cadre de l’Union du Maghreb Arabe - et la perspective du Marché unique « club de patrons ». c’est ainsi qu’il annonce la couleur, lors du débat organisé « Cette question doit être envisagée sous l’angle européen en 1993, l’organisation patronale doit faire sa mue et repenser ses Réformiste et artisan du recentrage de l’organisation patronale, le 14 février 1989 par la CGEM à Casablanca et pragmatique et non pas sous l’angle dogmatique. missions. L’État, qui proclame sa volonté de privatiser, Abderrahmane Bennani Smires ambitionne une évolution animé par le ministre des Finances à l’époque, Mohamed Il s’agit désormais de mener une large mobilisation autour de l’entreprise. doit au préalable moderniser le marché financier, de la société marocaine vers un État de droit où le dialogue Berrada. Le but étant de réussir « le passage d’une société administrée à une société social tiendrait un rôle central dans la définition des politiques déréglementer et démanteler les monopoles qu’ils - Il a l’ambition de jeter les nouvelles bases d’une économie responsable ». publiques, tant au niveau des entreprises qu’au niveau des soient publics ou privés ». A. Bennani Smires. moderne, par la maîtrise des équilibres macroéconomiques. Dans cette démarche, la CGEM a changé d’optique. « D’une association branches professionnelles. - Il est convaincu que le stimulant majeur de cette transition revendicative, elle est devenue une association positive, crédible et responsable. D’une association réduite à À chaque occasion (réunions mensuelles, colloques et suivre les événements, elle s’est transformée en organisme qui prospecte, initie et anticipe les changements séminaires), la CGEM tente de se présenter, tant bien que ne pouvait être que les privatisations. Un programme qui dans l’intérêt de l’entreprise et de la nation ». Et « elle a trouvé un répondant net auprès de l’Administration, mal, comme étant la structure organisationnelle par excellence avait suscité à son lancement quelques remous, mais qui qui témoigne d’un formidable changement d’esprit en faveur de l’entreprise ». du secteur privé. a fini par représenter l’accélérateur de la modernisation de l’entreprise marocaine. La privatisation 1988 / 1994

Forte de la Sollicitude royale, la CGEM, jadis tolérée, est Elle entretient, en outre, des relations permanentes avec la BEI, la SFI, la DEG, l’ONUDI, le PNUD, l’OIT, désormais reconnue en tant qu’organe responsable. Elle l’OAT*, et développe des relations de partenariat avec les organisations patronales des principaux pays de a fini par s’imposer en interlocuteur incontournable. Elle l’Union européenne et du monde arabe. Compte tenu de son poids et de sa représentativité, elle est consultée participe au dialogue social depuis le début des années 90 ; par les organisations et experts internationaux. aux différentes réunions du CNJA (Conseil national de la jeunesse et de l’Avenir) pour l’insertion professionnelle des Une force de propositions Jeunes diplômés ; elle est aussi bien représentée dans les différentes rencontres, colloques et séminaires traitant des D’ores et déjà, sous la houlette de Abderrahmane Bennani Smires, la confédération patronale se présente questions d’intérêt économique et social. comme l’organisation représentative de l’ensemble des chefs d’entreprises ayant cette noble et exaltante tâche : devenir l’avant-garde élitiste capable de contribuer au redressement du Maroc. Elle participe également et de manière régulière au dialogue avec l’Administration au sujet des lois de Finances, de Depuis sa création au milieu des années 1940, la CGEM, selon ses statuts, est une confédération à laquelle 74 l’application du Programme d’ajustement structurel (1 et 2), adhèrent des entreprises, des associations et autres fédérations professionnelles. En effet, l’organisation 75 de la promotion des exportations, des questions fiscales patronale compte, à fin 1993, quatre fédérations (industrie ; commerce et services ; BTP bâtiment et travaux et sociales, de la politique monétaire et de crédit, de la publics ; énergie et mines), une soixantaine d’associations sectorielles, les grands groupes importants du pays, réglementation des prix. Elle prend part également aux sans aucune exception, ainsi que des centaines de PME-PMI. Cet ensemble lui permet de représenter quelque instances de la CNSS, de l’OFPPT et de l’ODEP (Office 5000 entreprises appartenant aux différents secteurs d’activité. d’Exploitation des Ports). Et pour chaque occasion, chaque À ce titre, la CGEM a pour vocation d’être le représentant du secteur privé L’Autonomie revendiquée rencontre, la CGEM prépare des études et documents précis et le trait d’union entre ses membres, face aux pouvoirs publics et aux autres La CGEM tient à garder intacte son indépendance. pour faire valoir son point de vue. organisations socioprofessionnelles. Elle entend agir dans le cadre d’une « Elle ne peut être le lieu de la politique politicienne. À travers ses quatre commissions, qui sont de véritables stratégie de concertation entre les différents agents économiques regroupés en Sa seule politique est celle de relever le défi de groupes de réflexion, elle constitue un centre d’études et son sein et s’efforce d’exprimer aux pouvoirs publics les exigences des chefs l’investissement, de la création des richesses et de La CGEM participe au dialogue social dès 1990 d’analyses des problèmes économiques, financiers, fiscaux, d’entreprises, en attirant leur attention sur les moyens propres à promouvoir le l’emploi, bref de l’expansion de l’entreprise et du et prend part au débat au sujet des questions commerciaux et sociaux qui se posent à l’économie nationale, développement économique et social du pays. développement de l’esprit d’entreprise. » économiques avec l’Administration. aux entreprises et à leurs secteurs d’activités. Elle est devenue, au fil du temps, un lieu privilégié de consultations et d’encadrement qui fait d’elle un forum pour la promotion de l’entreprise marocaine, tant à l’intérieur du pays qu’à * BEI : Banque Européenne d’Investissement ; SFI : Société Financière Internationale ; DEG : Deutsche Investitions-und Entwicklungsgesellschaft ; ONUDI : Organisation des Nations Unies pour le Développement Industriel ; PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement ; l’extérieur. OIT : Organisation Internationale du Travail ; OAT : Organisation Arabe du Travail. 70 ans au service de l’entreprise La privatisation 1988 / 1994

Pour un Maroc à grande vitesse Pour la première fois, la CGEM accueille, le 19 juillet 1989 à Casablanca, le Président de la BM (Banque Toutefois, la mise en œuvre du PAS a induit quelques distorsions au plan social, et de ce fait, la Banque mondiale Mondiale) Barber Conable. Cette rencontre a accordé à l’organisation patronale plus de poids et d’attention a suggéré pour les années à venir une sorte « d’ajustement social » qui privilégiera la santé, l’éducation, qu’elle n’en avait auparavant. Les consultations CGEM-BM ont commencé dès la mise en place du PAS en l’agriculture en zone Bour, l’habitat social, etc. Car la situation sociale, aux yeux du responsable de la BM était 1983. Plusieurs réunions ont eu lieu avec les experts des deux institutions FMI-BM. Les contacts devaient réellement « préoccupante », eu égard notamment au taux élevé d’analphabétisme de l’ordre de 60 % et le se poursuivre au plus haut niveau. Ainsi, la rencontre avec M. Conable de la Banque Mondiale, a permis manque flagrant de qualification professionnelle de la main-d’œuvre. d’aborder les modalités d’application du PAS et de son impact économique, financier et social. « Avec un taux de chômage avoisinant les 16 % et une croissance du PIB de l’ordre de 4 %, le chômage Le 15 juillet 1992, une délégation de la CGEM, conduite par Abderrahmane Bennani Smires, est reçue poursuivra son inexorable ascension et s’établira à 22 % », constatait Jean François Rischard, Vice-président par le nouveau président de la BM, Lewis Preston. Alors que l’économie marocaine vit une année difficile de la Banque mondiale chargé du développement des secteurs privé et financier, lors d’une rencontre, en 1994 (sécheresse, effets de la crise du Golfe, morosité internationale), la délégation de la CGEM doit exposer le à Rabat. contexte atone et les deux principaux freins au développement de l’entreprise marocaine : la pression fiscale La BM a mis l’accent sur la nécessité pour le Maroc de « réaliser dans les prochaines années des taux de 76 qui grève le cash flow des entreprises et pénalise les plus petites d’entre elles et les difficultés de financement 77 croissance de 7 à 8 % pour rattraper le gap social et lutter contre la pauvreté ». Une contribution accrue du en lien avec les taux d’intérêt élevés en vigueur au Maroc. secteur privé est indispensable, selon le responsable de la BM, pour éviter une « nouvelle cure d’ajustement ». La CGEM espère alors voir la Banque mondiale apporter son soutien au processus de libéralisation du système Le développement du secteur privé est prioritaire, estime l’institution de Bretton Woods, pout la réorganisation financier marocain pour éviter tout dérapage et favoriser la mise en place des mesures d’accompagnement du système monétaire international. Il doit disposer d’outils à même d’augmenter sa productivité et générer les dont, entre autres, un fonds de restructuration destiné à ressources nécessaires à la promotion de l’investissement. La confédération patronale, dans ses diverses actions, amortir les coûts et les chocs liés à la phase dite de transition. Selon l’historien, J.F. Rischard, le développement stratégique du Maroc passe par l’adoption de mesures telles revendiquait un État de droit pour les affaires. C’est dans ce cadre Auparavant, le Vice-président de la Banque mondiale chargé que la création de zones industrielles, d’une agence de la concurrence, la refonte du marché des capitaux, la que s’est inscrite la Lettre royale au Premier ministre de juin 1993, du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord, Caio Koch-Weiser, promotion des relations extérieures de l’entreprise par l’institution de sociétés de trading et son intégration annonçant le projet de réforme de la Constitution de 1986, et dans qui a pris ses fonctions en décembre 1991, s’est rendu au dans le réseau international de diffusion de l’information. laquelle le Roi Hassan II affirmait : « Nous avons voulu que cet État Maroc en avril 1992. Au cours de sa visite, il a été reçu par moderne soit un État de droit, où la loi est au-dessus de tous et inspire une délégation de la CGEM présidée par Abderrahmane « Un Maroc à grande vitesse c’est d’abord une Administration à l’écoute du secteur privé, une Administration confiance à tous ; un État qui garantit les libertés et se démarque de Bennani Smires. régulatrice et partenaire qui doit réviser ses méthodes et la manière dont elle soutient le secteur privé », notait toutes pratiques ou légalisations contraires aux Droits de l’Homme ». Barber B. Conable, le président de la BM. Pour son premier voyage au Maroc, le Vice-président de la BM a pu prendre la température de l’économie marocaine qui était dans un « état grave » en 1984, mais qui C’est aussi un secteur privé fort et visionnaire, qui doit, selon une formule de Bennani Smires, « réviser ses a pu, en quelques années, améliorer ses principaux indicateurs. attitudes et tendre davantage vers la transparence, la promotion et le souci du social ». 70 ans au service de l’entreprise La privatisation 1988 / 1994

Des réformes en demi-teinte La dynamique d’ouverture enclenchée dans le sillage du PAS a été jalonnée par des étapes successives de réformes intérieures et de libéralisation des échanges : consolidation des équilibres macroéconomiques (désendettement extérieur) ; réformes réglementaires (code du travail, secteurs financier et fiscal) et mise en place d’un cadre adéquat pour l’investissement. En toile de fond, une 78 situation économique très difficile et un très faible développement humain. La faible croissance globale, conjuguée aux

« Un Maroc à grande vitesse, c’est d’abord la mise en place d’un univers technique et moral à la pointe d’une modernité universelle incontournable. C’est d’abord une Administration irréprochable, à l’écoute du secteur privé, c’est aussi une Administration régulatrice et partenaire, qui doit réviser sans cesse ses méthodes et la manière dont elle soutient le secteur privé ». Barber B. Conable, le Président de la Banque Mondiale. 70 ans au service de l’entreprise La privatisation 1988 / 1994

déséquilibres sur le marché du travail, a engendré des inégalités et entretenu un chômage de masse qui continue de freiner le développement humain du pays et d’approfondir la fracture sociale. Selon les rapports du PNUD, le Maroc connait un taux de chômage à 2 chiffres depuis 1982. De son côté, le secteur privé est resté bridé par le difficile accès au crédit, les taux d’intérêt élevés, les complications foncières, les lenteurs administratives et les incertitudes judiciaires. Une situation angoissante mais qui ne peut entraver la volonté du patronat de marcher vers l’avenir. La CGEM a placé les réformes économiques et sociales en tête des priorités. Un chantier qui exigera plus d’engagement et plus d’ingéniosité. Pour Abderrahmane Bennani Smires, « le secteur privé doit être partie prenante dans la préparation des décisions qui se dessinent ». « L’autosatisfaction, c’est fini. Le Maroc a entrepris un travail courageux… mais il n’est pas encore sorti du tunnel », soutenait-il, lors du débat organisé en février 1989 par le CGEM à Casablanca et animé par le ministre des Finances, Mohamed Berrada. La CGEM souhaite que le gouvernement oriente 80 ses décisions avec sagesse et prudence, tenant le plus large compte des aspirations et des préoccupations du 81 secteur privé. Il est question de jeter les fondements d’une économie moderne, à travers une maîtrise des déséquilibres macroéconomiques (réduire le déficit de la balance des paiements et baisser le taux d’inflation). Et, surtout, de permettre au secteur privé de réussir une adaptation et un ajustement évolutif d’allure raisonnée et rassurante en termes de paix sociale. Le stimulant majeur de cette transition ne peut reposer que sur les privatisations. Un programme qui a suscité, à son lancement, quelques remous, mais qui a fini par représenter l’accélérateur de la modernisation de l’entreprise marocaine. Il fallait, au préalable, installer un climat de confiance nécessaire au développement du marché. D’où la mise en place d’un arsenal juridique constitué de la charte des investissements, du nouveau code du commerce, de la loi sur la société anonyme, de celle sur la concurrence, ou encore la loi instituant les tribunaux de commerce… La confédération patronale, dans ses diverses actions, revendiquait un État de droit pour les affaires. C’est dans ce cadre que s’est inscrite la Lettre royale au Premier ministre de juin 1993, annonçant le projet de réforme de la Constitution de 1986, et dans laquelle feu SM le Roi Hassan II affirmait : « Nous avons voulu que cet État moderne soit un État de droit, où la loi est au-dessus de tous et inspire confiance à tous ; un État qui garantit Unité de production de Lesieur Cristal Maroc, une entreprise les libertés et se démarque de toutes pratiques ou légalisations contraires aux Droits de l’Homme ». qui a vécu des opérations de fusion et de reprise entre 1988 et 1994. 70 ans au service de l’entreprise La privatisation 1988 / 1994

LES EFFETS SOCIAUX DU PROGRAMME D’AJUSTEMENT STRUCTUREL MAROCAIN

e désengagement de l’État induit, dans tous les domaines, pour augmenter de plus d’un million d’hectares les superficies eu un effet sur les nouvelles formes de bourgeoisie urbaine. pour les entreprises exportatrices, la dépréciation du dirham, 82 y compris dans celui, nouveau, de la formation cultivées en utilisant les serres, les semences sélectionnées Les choix en faveur de l’exportation ont développé des secteurs l’assouplissement des régimes douaniers et d’octroi du crédit 83 Lprofessionnelle, le développement d’un secteur privé actif. et les irrigations par aspersion ou par goutte-à-goutte. qui existaient déjà, comme le textile, ou qui en étaient encore avec des taux bonifiés pour l’exportation, tout cela a encouragé Par exemple, les investissements agricoles ont augmenté en La conséquence est que le Maroc a pratiquement recouvré, à l’état artisanal, comme la pêche. Mais, dans l’analyse, il l’émergence d’un nouveau groupe de dirigeants de PME- moyenne de 11 % entre 1981 et 1990. La part de l’État, sauf pour les céréales, l’huile et le sucre, son autosuffisance convient de distinguer l’économie officielle avec ses principaux PMI, essentiellement celles qui exportent, même s’il y a eu qui était de 73 % en 1981, est passée à 26 % en 1990. Les alimentaire. Désormais, le blé tendre dépassant le blé dur, secteurs (production industrielle, secteur financier, banques et « déprotection » graduelle des entreprises et si la valeur ajoutée investissements agricoles de l’État n’ont augmenté que de 3,1 % les paysans consomment du pain blanc comme les citadins, Bourse) des autres formes de l’économie, économies spontanée, des établissements industriels est restée au même niveau, en en moyenne durant la dernière décennie, ce qui est inférieur à ce qui est un changement symbolique très important. Mais clandestine et illégale, ces deux derniers secteurs correspondant dirhams constants, entre 1980 et 1990. l’inflation. En revanche, le secteur privé a connu une croissance nul ne peut encore prévoir les récoltes futures qui dépendent à environ 40 % de la production totale de biens et de services. annuelle moyenne de 25 %. des aléas climatiques (94 millions de quintaux de céréales en En ce qui concerne l’économie officielle, l’État avait créé un Aujourd’hui, ce secteur est le premier investisseur agricole 1994 et 25 millions en 1995 par exemple, la chute globale secteur privé marocain après 1973 par le biais de l’Office de (64 % des investissements en 1990 contre 27 % en 1981). de la production agricole étant en 1995 de 56 %). Or le Développement Industriel (ODI). Cette politique a été efficace Jean-François Clément Une nouvelle bourgeoisie rurale (en partie citadine pour la PIB dépend étroitement, aujourd’hui encore, de la production puisque le nombre d’entreprises est passé de 1918 en 1969 floriculture et le maraîchage) est donc en train d’apparaître. de céréales (qui a connu une croissance globale de 11,5 % à 2 980 en 1980. En 1988, les deux tiers des entreprises Article «Les effets sociaux du programme Elle a profité de la politique de construction de barrages mais en 1994, tout à fait exceptionnelle, mais une décroissance existantes avaient été créées après 1973. Le nouveau code d’ajustement structurel marocain», Politique étrangère, aussi de la diffusion des engrais, désormais produits au Maroc, en 1995). La politique d’ajustement structurel a surtout des investissements de 1983 avec ses avantages particuliers n°4, 1995, 60e année. La normalisation 1994 / 2000

84 85 La moralisation des affaires ABDERRAHIM

ABDERRAHIM LAHJOUJI LAHJOUJI 70 ans au service de l’entreprise La normalisation 1994/2000

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S. M le Roi Hassan II écoutant la présentation d’Abderrahim Lahjouji S. M le Roi Hassan II recevant le bureau du Bureau de la CGEM, à ses côtés Abdelkader Bel Arbi. de la CGEM conduit par Abderrahim Lahjouji. 70 ans au service de l’entreprise La normalisation 1994/2000

Campagne de moralisation générale La bataille menée par le patronat dans les années 70 pour propulser la CGEM au rang d’interlocuteur reconnu de l’Administration, va se concrétiser dans les années 90, riches en événements d’importance. Face aux Pouvoirs publics, la CGEM a rempli son rôle d’intermédiaire des entreprises dans un cadre légal et dédié. Pourtant, ce pacte tacite commence à perdre de sa cohérence avec la nécessité de nouvelles orientations pour l’entreprise. Celle-ci se positionne désormais non seulement en tant qu’acteur économique mais aussi social. Durant cette décennie, on assiste à l’accélération dans la volonté d’autonomisation et d’affirmation de la CGEM en tant qu’interlocuteur de poids auprès de l’Administration. Ces évènements sont décisifs pour 88 l’avenir de l’entrepreneuriat national, en prise avec l’ouverture de l’économie nationale à l’investissement 89 privé et étranger.

Missions inédites des tribunaux de commerce L’environnement des Affaires est alors marqué par la création des tribunaux de commerce, ainsi que par la nouvelle loi sur la SA (société anonyme), dont le cadre juridique n’est plus vraiment adapté aux contraintes du milieu des Affaires. La mise en place de ces nouveaux tribunaux de commerce nécessite une armature ajustée à l’univers du droit des affaires et se distingue par la nomination d’un juge de l’exécution des peines. Au sein de son architecture, le tribunal de commerce devra exercer ses missions en toute indépendance, sous la houlette de juges accrédités et spécialisés, participant ainsi à la création de nouveaux métiers au sein de l’entreprise. Naissent alors les professions de commissaire aux comptes, de magistrat, d’économiste, de juge commissaire, juge de l’exécution des peines et de syndic liquidateur. Avec les tribunaux de commerce, il ne s’agissait pas de mettre en place ou de « créer un corps étranger » mais de donner toute sa place à une institution judiciaire nouvelle, dotée d’une compétence particulière 70 ans au service de l’entreprise La normalisation 1994/2000

qui se révèle parfaitement intégrée à l’ensemble de l’édifice judiciaire d’hier et d’aujourd’hui. Au plan télécoms doit favoriser la création de nouveaux métiers dans le géographique, l’implantation de la juridiction sera effective dans les principales régions d’activité champ économique, ainsi que dans « les services à forte valeur économique et concernera six tribunaux de commerce et trois cours d’appel en charge des litiges ajoutée ». Cette libéralisation doit poser une série d’exigences commerciaux. et d’objectifs socio-économiques, propres à initier une meilleure couverture territoriale et économique. Il s’agit ici d’optimiser l’efficacité des entreprises. Enfin, la CGEM souhaite l’entrée L’ordre et la rigueur - Les années 90 sont marquées par la Campagne du Maroc dans la société de l’information. La Confédération, d’assainissement. Une période qui a fortement impacté la La loi sur la SA se doit de mettre de l’ordre dans « les entreprises familiales ». Elle se distingue par un elle-même, s’attèle à préparer un mémorandum sur la question. arsenal de sanctions, de la constitution à la liquidation, en passant par la gestion ou le contrôle. Cette CGEM et les entreprises. Cette Campagne s’achève par le pacte du « Gentlemen’s Agreement » pour bâtir l’avenir. nouvelle loi va adopter également de nouvelles mesures, inspirées du droit allemand, adoptées en France Le respect des règles dans le domaine du droit commercial des sociétés à capitaux : il s’agit de la SA à directoire et à conseil de - La même période voit naître pour la première fois de surveillance. La nouvelle loi sur la SA fait preuve de rigueur et n’hésite pas à sanctionner les actionnaires Cette période des années 90 a également vu la création de nouvelles relations entre la CGEM et les syndicats. De 90 nouvelles règles d’élection à la présidence de la CGEM par 91 physiques en les pénalisant financièrement. Le nouveau texte interdit aussi les comptes courants débiteurs nouveaux rapports s’instaurent entre les deux entités pour la présentation de candidatures multiples. Cette option a en faveur des actionnaires physiques, comme il interdit l’octroi d’emprunts ou de cautions, sous quelque aboutir à la promulgation du code du travail et favoriser forme que ce soit, aux administrateurs physiques. favorisé la démocratie et montré que la CGEM est devenue ainsi l’apaisement. une institution capable d’organiser des élections dans une réelle La privatisation et l’ouverture des entreprises publiques au capital privé et étranger ainsi que la mise en sérénité et portant à la présidence des entrepreneurs qui, au- - La structuration de la CGEM est en pleine expansion concession des services publics représentent des points essentiels pour la CGEM, pilier de l’Entreprise delà du consensus, peuvent se prévaloir d’un vote démocratique nationale, devenue force de proposition, désormais écoutée par les Pouvoirs publics. Ceux-ci, au terme avec la création des fédérations internes qui passent de et d’une majorité acquise par la voie des urnes. d’une « campagne d’assainissement » mouvementée, ont trouvé en la confédération un partenaire solide. 4 (industrie, service, commerce et bâtiment) à 12, avec C’est également la période où la CGEM élargit sa base, passant l’arrivée de nouveaux membres. Une réforme de la réforme de quatre fédérations à une douzaine de fédérations sectorielles. - Dès 1996, la CGEM introduit le concept de l’entreprise Si sur le plan interne la période est favorable, l’environnement de citoyenne qui inaugure la responsabilité sociale et Ce fut l’occasion, pour la CGEM, de revendiquer la présence de l’entreprise, voire de prévoir une disposition la CGEM est agité. L’image de « l’entrepreneur malhonnête » environnementale de l’entreprise. C’est en 1998 que la dans les cahiers des charges des marchés publics et autres opérations de privatisation ou de concession. Par ira jusqu’à la caricature et mènera quelques personnalités CGEM intègre le Comité de l’Éthique. ailleurs, la revendication se résume en une « réforme de la réforme », avec en priorité la révision des décrets du monde des affaires devant la justice. La campagne d’application jugés inappropriés par le patronat afin de permettre aux entreprises marocaines de devenir d’assainissement qui deviendra « campagne de moralisation » - Durant ces années, la CGEM, procède à une ouverture également des acteurs à part entière dans cette nouvelle structure qu’est l’ANRT (Agence Nationale de des affaires, démarre sur l’obligation de respect des règles des à l’international. Réglementation des Télécommunications), par exemple. Dans l’esprit de la CGEM, la libéralisation des régimes en douane ainsi que sur la déclaration des marchandises. 70 ans au service de l’entreprise La normalisation 1994/2000

Cette campagne, d’une ampleur sans précédent, sera officiellement ternie qui en découlera, trouvera une nouvelle raison sociale : en effet, sous l’impulsion de la CGEM le menée par les ministères de l’Intérieur et de la Justice. mot « campagne d’assainissement » sera remplacé par un plus modéré « politique de moralisation » ou Dans le même esprit, la lutte est vigoureusement menée contre la de « normalisation ». contrebande dans l’espoir de doter le Trésor de « fleuves d’argent », La CGEM obtiendra également le droit (privilège dans ce contexte) de siéger dans les commissions expression prêtée à Mohamed Ziane, ministre de la Justice de l’époque. interministérielles de contrôle, composées surtout de fonctionnaires des préfectures et de la magistrature, La corruption et toutes les opérations de fraude liées au monde des à qui manquaient souvent les compétences professionnelles pour traiter les affaires des entreprises et celles affaires visent alors tous les entrepreneurs non-respectueux des régimes du commerce extérieur. Dans le même contexte, la CGEM pourra travailler dans la sérénité, sans « effets d’affaires où peut s’exprimer la fraude. médiatiques », et obtenir des réformes « concertées », notamment avec l’Administration des douanes.

92 C’est ainsi que l’organisme gestionnaire du contrôle douanier, le corps Pour la première fois de son histoire, la confédération sera reçue par S.M le Roi Hassan II, ouvrant ainsi 93 même de la douane est également touché. Enfin, les entrepreneurs la voie au Gentlemen´s Agreement qui sera signé entre le patronat et les Pouvoirs publics. L’enjeu d’un tel ne sont pas les seules victimes de la campagne d’assainissement. La engagement réciproque consiste à favoriser une culture du dialogue et de la concertation en lieu et place logique de cette campagne va s’élargir rapidement. des confrontations qui caractérisaient jusqu’alors les relations entre les entreprises et les Administrations. Plusieurs accusés innocents deviennent victimes de nombreuses dérives. Dans cette dynamique vertueuse, le pacte social signé avec les syndicats augure d’une paix sociale porteuse Les arrestations de ces personnes opérées par les forces de l’ordre, d’avenir et de développement mieux maitrisé de l’entreprise, avec pour points d’appui la révision du code À propos de la Campagne restent à ce jour la face sombre de la campagne d’assainissement. Le du travail et le règlement à l’amiable des conflits sociaux. Si « une grande distance » sépare, par tradition, d’assainissement symbole le plus frappant de ces dérives fut la lourde peine de prison le patronat de l’Administration, l’enjeu est aujourd’hui d’encourager les « rapprochements », et d’œuvrer aux échanges fructueux entre le ministère de l’Intérieur et la présidence de la CGEM. « Nous avons contesté le bien-fondé de la campagne d’assainissement infligée à un opérateur en industrie pharmaceutique, Mohamed et ses implications. Ce droit à l’indignation a contribué à la refonte Moncef Benabderrazik. Cet homme sera condamné pour l’importation C’est ainsi qu’en 1996 sont négociés et signés les accords de libre-échange avec l’Union européenne, assortis de tout un pan de notre arsenal juridique et socio-économique. d’un sang décrété contaminé, alors que les analyses n’avaient rien d’un accord d’association en bonne et due forme. C’est un autre combat que doit mener le patronat pour Aujourd’hui, il apparaît comme le ressort idéal d’un renouveau décelé de tel. assurer les intérêts des ses membres, notamment, ceux des opérateurs regroupés au sein de la fédération national et comme un levier de mobilisation, prêt à agir à chaque de l’agro-industrie et du secteur de la pêche. fois que le bien-être individuel ou collectif est menacé. » La liberté sera enfin rendue aux victimes de ce procès inique lié à ladite campagne. Ils ont tous bénéficié de la grâce royale. L’image A. Lahjouji 70 ans au service de l’entreprise

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Abderrahim Lahjouji en compagnie d’André Azoulay Conseiller de S.M le Roi Hassan II (à droite.)

Les années de restructuration et de proximité sociale « À partir du milieu des années 90, la CGEM a procédé à des réformes statutaires qui font qu’elle fonctionne par delà les personnes. C’est cet aspect ‘‘ Institution ’’ qui fait que les élections pour le renouvellement à la tête de la CGEM se déroulent dans la sérénité et sans contestation des résultats. Ces années furent marquées par ce qui fut appelé « la campagne d’assainissement », un fait qui a affecté la CGEM et les entreprises d’une façon générale. Cette campagne s’achèvera par le pacte du ‘‘ Gentleman agreement pour bâtir l’avenir ”. Le second événement important de cette période réside dans le fait que pour la première fois, des contacts directs ont été établis entre le patronat et les syndicats Le Président de la CGEM avec l’ancien ministre d’État et de l’Aménagement du territoire, pour aller vers une nouvelle appréhension des relations syndicats-entreprises. Cette dynamique aboutira à la promulgation du code du de l’eau et de l’environnement, Mohamed El Yazghi (à gauche.) travail et favorisera des relations plus apaisées entre les syndicats et les entreprises employeuses. » Mohcine Ayouche 70 ans au service de l’entreprise La normalisation 1994/2000

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De gauche à droite Bouchaïb Ben Hamida, Ahmed Benkirane, Le Prince Héritier Sidi Mohammed, Abderahim Lahjouji et Hassan Chami, lors d’un débat avec les membres de la CGEM . reçu par le Président de la CGEM Abderrahim Lahjouji. 70 ans au service de l’entreprise La normalisation 1994/2000

qui allait brutalement changer le paysage des « Heureusement que le Roi est intervenu », conclut- Entrevue Affaires. il son intervention. Celui-ci nous a demandé de C’est ainsi que la campagne d’assainissement a dégeler au plus vite la situation. commencé. Devant le tollé provoqué par cette Les réunions entre le Gouvernement et le patronat première mesure et afin de calmer les esprits, se poursuivaient quand une nouvelle exigence le message royal fut rappelé à tous : « Cette Royale fit cesser les « hostilités ». Il nous fut alors Ce qu’il opération dont vous vous plaignez, c’est moi qui demandé d’établir un « Gentlemen’s Agreement » « l’ai commandée ». Le Roi visionnaire n’ayant pas en bonne et due forme. Le texte de ce contrat déterminé la manière d’y parvenir, c’est le ministre entre les parties que nous représentions, nous en pense de l’Intérieur qui décida d’appliquer ses propres a pris plusieurs semaines de rédaction. L’ordre méthodes. royal était clair : nous allions devoir travailler à aujourd’hui... » Sa première décision de mettre fin à l’exonération l’apaisement. Le document fut signé devant tous des droits de douane ne tenait pas compte de les membres actifs de l’administration générale, De l’Assainissement au Gentlemen’s la réalité. Cette mesure fut jugée injuste car le Walis, Gouverneurs, grands directeurs du Agreement. code de la douane, datant de l’année 1912, était ministère de l’Intérieur, etc. Le message que nous « La période de la campagne d’assainissement jusqu’alors légal, aux yeux des acteurs du secteur, délivrions à ce moment ? Celui qui permettrait fut très particulière, marquée par une ambiance de rétablir la confiance et de promouvoir 9898 pour profiter des insuffisances et lacunes du texte. 9999 déplaisante de forte répression policière. Le climat C’est en 1996 que l’on a enfin évoqué la totalité l’investissement. Cet appel à la relance fut, hélas, politique était également assombri par les réserves des réformes à mener dont celles de la douane, interprété comme un appel particulièrement émises par la Banque Mondiale, accompagnées du Code du travail, etc. Nous étions prêts à nous cynique. La confiance ne risquait pas de revenir des conclusions du rapport rédigé par le Parlement y atteler. C’est dans la Salle du Trône que Feu tant que les personnes arrêtées par les services de de Paris, qui dénonçait le fléau de la contrebande S. M le Roi Hassan II évoqua alors son souhait l’Intérieur étaient encore en prison. Le malaise Les partis politiques nous interpellaient et nous qui sévissait chez nous. Autant de facteurs qui d’une nouvelle Commission avec les ministres ressenti se généralisait quant à l’identité même de reprochaient de « ne rien faire ». Nous répondions ont mené à un climat politique et économique concernés. « Je vous donne la possibilité de vous la CGEM. Certains sont allés jusqu’à prétendre qu’ils pouvaient se rassurer, que nous intervenions désastreux au sein de notre classe dirigeante. exprimer à travers une Commission spéciale », que la confédération était devenue un parti dans le cadre de notre rôle d’organisation À ce moment, S.M le Roi Hassan II, conscient a-t-il déclaré aux ministres de l’Intérieur, des politique. économique. Nous répondions à ces partis des maux qui rongeaient notre économie, chargea Finances, de la Justice et de l’Agriculture. La Il faut se souvenir que le contexte général n’était d’opposition que nous devions nous atteler à Mohamed Kabbaj, le ministre des Finances, de CGEM était également présente. Après cela, pas des plus brillants : Le Maroc se préparait l’élaboration des droits économiques. faire enfin cesser les pratiques frauduleuses dans eut lieu au ministère de l’Intérieur la première à la mondialisation, soumis à une mutation C’était en 1994. La CGEM est enfin parvenue le monde des affaires. Message bien reçu par le réunion entre les quatre parties nommées où économique et politique importante tandis qu’en à introduire ces mêmes droits économiques. En ministre qui décida de procéder avec intelligence et Kabbaj, ministre des Finances, a tenu tête à Basri. matière des droits de l’Homme, la situation était 1999 vint enfin la réforme de la Constitution, puis en douceur. De son côté, le ministre de l’Intérieur, Il déclara publiquement qu’il rendait un hommage catastrophique, entre violences et règlements naquit le Pacte du dialogue social. Naissait aussi Driss Basri, annonçait devant le Gouvernement particulier à la CGEM et aux responsables de celle- de compte. Les prisonniers de la campagne sous ma Présidence à la CGEM, la précieuse et l’Administration de la Douane, la fin de ci, pour leur mobilisation contre l’injustice majeure d’assainissement étaient toujours incarcérés. notion d’entreprise citoyenne ». l’exonération des droits de douane. Une mesure faite aux acteurs économiques du Royaume. 70 ans au service de l’entreprise La normalisation 1994/2000

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Le Président de la CGEM en compagnie des deux Premiers ministres S.M le Roi Hassan II et le Président Jacques Chirac, en compagnie marocain et français, et Lionel Jospin. de son épouse Bernadette, salués par Abderahim Lahjoujji. 70 ans au service de l’entreprise La normalisation 1994/2000

De droite à gauche : Abdelali Doumou, Ahmed Benkirane, Habib El Malki, Abderrahim Lahjouji, Azzedine Guessous, à l’extrême gauche, Mouhcine Ayouche.

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Abderrahim Lahjouji et Mustapha Oukacha, président de la Chambre des Conseillers, recevant le Prince Héritier S.A.R Mohammed VI.

Signature d’un accord de partenariat entre les patrons marocains et indiens De gauche à droite : Mohamed Abdelkader Belarbi, Abderrahim Lahjouji, lors de la visite du Chef du Gouvernement, Abderrahmane El Youssfi à New Delhi. Azelarab El Kettani, Hassan Chami, Mohamed Benkirane, Kamil Benjelloun. 70 ans au service de l’entreprise La normalisation 1994/2000

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Casablanca, où la CGEM a été créée, est désormais capitale économique du Royaume du Maroc et futur hub financier d’Afrique (vue aérienne datant de 1996). La mondialisation 2000 / 2006

106 Une solidarité de raison HASSAN

HASSAN CHAMI CHAMI 70 ans au service de l’entreprise La mondialisation 2000 / 2006

Échanges autour des grands dossiers Une audience royale ouvre donc une nouvelle étape et donne une dimension inédite à l’action de la CGEM et plus globalement à celui de tout entrepreneur face aux Pouvoirs publics. Cette représentation acquise, la voix de la CGEM se fait ainsi mieux entendre sur les grands dossiers qui engagent l’avenir de l’économie nationale. La Confédération cherche à définir le rôle du patronat dans la création des réglementations et autres amendements, destinés aux espaces juridiques des entreprises. À l’orée des années 2000, date de l’entrée en vigueur de l’Accord d’association avec l’Union Européenne, dans le sillage des privatisations lancées en 1993, la capitalisation boursière est multipliée par huit, avec le développement de l’actionnariat et de la stimulation du flux des investissements directs étrangers. Ces privatisations ont concerné plusieurs secteurs d’activité (tourisme, énergie, finances...). Le mouvement est lancé. On réfléchit à l’attribution de concessions dans les domaines de la distribution d’eau et d’électricité, de la production d’énergie 108 électrique, des infrastructures portuaires et routières et de la réforme du secteur des télécommunications, 109 visant ainsi la libéralisation du secteur qui s’est concrétisée par l’attribution de la deuxième licence GSM au groupement Méditelecom et par l’ouverture du capital de Maroc Télécom au secteur privé. La révision de la loi sur les privatisations a étendu le processus, au delà de la liste initiale, à tous les établissements publics qui seront restructurés et recapitalisés pour faire face à la nouvelle conjoncture. Dans le public comme dans le privé, la dynamique est à la mise à niveau des entreprises afin de fournir à celles-ci les moyens d’entrer dans la compétition internationale sans handicaps avec les entreprises de la concurrence. Un ministère de l’Industrie, du Commerce et de la Mise à niveau de l’Économie est même créé pour répondre aux exigences et à l’urgence du moment, comme fut créé un département des privatisations sous l’appellation de ministère des Finances et de la Privatisation pour mieux encadrer celle-ci. Si la Mise à niveau de l’Économie est confiée à un chef d’entreprise par un Premier ministre qui est, lui-même, un entrepreneur, le ministère des Finances et de la Privatisation est confié, pour sa part, à un socialiste XXXXXXXXXXXXXXX convaincu, Fathallah Oualalou. Il s’agit de se développer, certes, mais surtout d’anticiper le démantèlement XXXXXXXXXXXXXXX des barrières douanières qui fait craindre le pire aux entreprises qui s’estiment livrées, sans protection, à la Le Président Hassan Chami recevant une délégation étrangère en présence du Prince Héritier Sidi Mohammed. concurrence mondiale. En particulier à celle de l’Europe. 70 ans au service de l’entreprise La mondialisation 2000 / 2006

Le patronat estime même que, au-delà des entreprises publiques, « les monopoles publics peuvent être les Pouvoirs publics ne partagent pas ce pessimisme qui beaucoup mieux valorisés qu’ils ne le sont déjà. Ils pourraient devenir les porte-avions de l’économie de incite à encourager les exportations. notre pays, autour desquels graviteront les flottilles de bateaux plus petits » (L’Économiste du 19 septembre À cet effet, une baisse des charges sociales, la refonte du 2002) , laissant entrevoir ainsi une solidarité de raison entre l’entreprise publique et l’entreprise privée. Initié système fiscal et la promotion du Maroc à l’étranger, au milieu des années 90, le programme de privatisation s’inscrit dans une logique globale des réformes. sont envisagées comme autant de mesures susceptibles - À l’orée des années 2000, L’accord d’association avec Celles-ci vont concerner la libération du commerce extérieur, la dérèglementation des prix, l’ouverture de de dynamiser la production des entreprises. Sur le plan l’économie nationale aux investisseurs étrangers, la modernisation du système fiscal, la restructuration des politique, l’alternance ouvre des perspectives et fait l’Union Européenne entre en vigueur. entreprises d’État et la modernisation du marché des capitaux. espérer une meilleure représentation de l’entrepreneur. - Le patronat estime qu’au-delà des entreprises publiques, Des membres de la CGEM se présentent aux élections. Le Plan Émergence verra le jour en 2005 et se propose de contribuer à renforcer et à redynamiser le tissu « les monopoles publics peuvent être plus valorisés qu’ils C’est une opportunité offerte à certains interlocuteurs industriel national ainsi que son accroissement concurrentiel, fondé sur une politique orientée vers des ne le sont déjà. Ils pourraient devenir les porte-avions issus de l’entreprise et à même de comprendre l’acte secteurs pour lesquels le Maroc présente des avantages compétitifs sur le marché local et à l’international. de l’économie de notre pays autour desquels graviteront d’investir, de produire et de commercialiser. Jugés 110 Sept secteurs, orientés vers l’export et considérés comme des moteurs de croissance stratégiques et les flottilles de bateaux plus petits ». Une façon élégante 111 « attentistes » par les instances gouvernementales de porteurs, seront ainsi identifiés : Offshoring, Automobile, électronique, Transformation des produits de d’annoncer la volonté d’une solidarité de raison entre l’alternance, les entrepreneurs répondent qu’aucun de la mer, Aéronautique, Textile et cuir, Agroalimentaire. Des zones industrielles dédiées, un cadre incitatif l’entreprise publique et l’entreprise privée. leurs interlocuteurs de l’Administration n’a jamais joué ainsi qu’un programme de formation intégré, conçus pour favoriser le développement de ces secteurs qui le rôle d’investisseur privé. - Initié au milieu des années 90, le programme de privatisation viennent renforcer la politique industrielle à mettre en place. Le Plan Azur, dans un secteur touristique pourvoyeur s’inscrit dans une logique globale des réformes: libération La CGEM mène des actions de sensibilisation à la modernisation des méthodes de gestion et plus de devises et le Plan Textile confronté à une rude du commerce extérieur, déréglementation des prix, ouverture généralement à la conquête des marchés extérieurs. Elle émet des signaux d’alerte et s’attend à de massives concurrence à l’international et sur le marché local, les de l’économie aux investissements étrangers, modernisation suppressions d’emploi si les pouvoirs publics n’anticipent pas sur l’avenir immédiat. Selon le patronat, ce nouvelles technologies de l’information, faisant l’objet du système fiscal, restructuration des entreprises d’État, ne sont pas moins de 50.000 emplois qui seraient menacés à défaut de mesures gouvernementales fortes de contrats-programmes, restent des modèles de ce modernisation du marché des capitaux. et concrètes. Par la voix de son Président, Hassan Chami, et en présence du ministre de l’Industrie, du dialogue pouvoirs publics-entrepreneurs pour construire - Le Plan Émergence voit le jour en 2005. Il propose Commerce, de l’Énergie et des Mines, Mustapha Mansouri, la CGEM, lors de son Assemblée en 2000, l’avenir sectoriel de l’économie nationale. La veille des de renforcer et de redynamiser le tissu industriel national déclare : « Près de 30 000 emplois ont été supprimés, du fait de la non-compétitivité de nombreuses élections de 2003, un document : « 10 questions au ainsi que son accroissement concurrentiel, fondé sur une entreprises et de l’appréciation superficielle du Dirham. Nous souhaitons instaurer un dialogue avec le cœur de la création de l’emploi » (L’Économiste du 11 politique orientée vers des secteurs pour lesquels le Maroc gouvernement pour qu’il nous accompagne dans la mise à niveau de nos entreprises », et cela avec des juin 2003), servira de matrice à la confection des 60 présente des avantages compétitifs, sur le marché local et à prévisions favorables liées aux réformes engagées. En ce qui concerne l’année agricole qui s’annonce, mesures pratiques, proposées par la CGEM. l’international. La mondialisation 2000 / 2006

La refonte du code du travail l’Administration, comme il apporte assistance et information sur les mécanismes de mise en œuvre et de financement de la mise à niveau. Service externe du ministère de l’Intérieur placé sous l’autorité des Walis, Certaines de ces mesures seront reprises dans la déclaration les CRI obtiendront, l’année suivante, leur mise en place, du statut de Service de l’État Géré de Manière gouvernementale. Cette reprise confirme ainsi le rôle à jouer par la Autonome (SEGMA). CGEM dans l’élaboration et la définition de la politique économique, - La CGEM s’investit auprès de ses adhérents pour une des relations sociales et de l’intégration du Maroc dans l’économie De son côté, la CGEM renforce ses structures et sensibilise ses adhérents à la participation aux manifestations sensibilisation à la modernisation des méthodes de gestion, internationale. La mondialisation est aux portes du Royaume, pour économiques qu’elle organise. Une façon de promouvoir les produits « made in Maroc » aussi bien sur vers la conquête des marchés extérieurs. De massives le meilleur, mais aussi pour le pire, si son économie est faible et le marché local qu’international. La logique de la démarche, dans son versant « marché extérieur », est simple : si le Maroc doit importer, il doit aussi exporter. C’est la condition pour garder les équilibres, suppressions d’emploi sont attendues si l’on ne mise pas sur sans réel pouvoir de résilience aux chocs du marché. L’écueil social sera contourné, voire éliminé par la promulgation en 2003 d’un favoriser le développement des entreprises, y créer et assurer l’emploi. Un rapport, « Les grands scénarios l’avenir. Selon le patronat, pas moins de 50 0000 emplois nouveau code du travail qui introduit la barémisation des indemnités de la CGEM pour une croissance économique efficace », élaboré par la Fondation CGEM montre la voie 112 seraient menacés à défaut de mesures gouvernementales 113 de licenciement et permet aux partenaires sociaux de passer par et trace les perspectives pour faire de l’entreprise un vecteur de développement et de création d’emplois fortes. En 2000, le Président Chami, en présence la voie judiciaire. La seconde mesure attendue et inscrite dans le dans un environnement de concurrence. Dans cette perspective, le rapport dresse la liste des grands métiers du ministre de l’Industrie, déclare : « Près de 30 000 code du travail est la réglementation du droit de grève. À charge de la politique économique à mettre en œuvre. Avec, pour horizon, un certain équilibre entre absorption emplois ont été supprimés du fait de la non compétitivité de pour l’entreprise de contribuer à la mise en place d’une indemnité du chômage et réalisation d’une croissance économique suffisante, capables de résister aux chocs que ne nombreuses entreprises, (…) Nous souhaitons instaurer un pour perte d’emploi et d’une assurance-maladie obligatoire pour les manqueront pas de provoquer les accords de libre-échange entrés en vigueur entre 2000 et 2006 : Accord dialogue avec le Gouvernement pour qu’il nous accompagne employés. de libre-échange Maroc- États de l’Association Européenne de Libre-Echange (mars 2000), Accord de dans la mise à niveau de nos entreprises. » libre-échange Maroc-Émirats Arabes Unis (juillet 2003), Accord de libre-échange Maroc-États- Unis Pour faciliter et accompagner les investisseurs, la question d’un (janvier 2006), Accord de libre-échange Maroc-Turquie (janvier 2006), Accord d’Agadir (Maroc, Tunisie, - En pleine mondialisation, c’est en 2003 que la guichet unique qui se posait avec acuité sera résolue dès 2002 avec Égypte, Jordanie - mars 2007). CGEM induit un nouveau code du travail introduisant la création des Centres Régionaux d’Investissement (CRI), prenant la barémisation des indemnités de licenciement et permet en compte la régionalisation et la nécessité d’un maillage national Le rapport en question a-t-il fait preuve de vision d’avenir ? Les huit métiers qui y sont recensés : les aux partenaires sociaux de passer par la voie judiciaire. La pour développer les territoires. Interlocuteur unique en matière de dérivés du phosphate, le tourisme, les produits alimentaires, l’industrie de l’habillement, les composants seconde mesure concerne le droit de grève. À charge pour création d’entreprise, le CRI est chargé de faciliter l’acte de création automobiles, les composants électroniques, les télé-services et l’exportation de services économiques… l’entreprise de contribuer à la mise en place d’une indemnité en réduisant les formalités, les pièces juridiques et surtout les délais de confirment, des années plus tard, la pertinence d’une analyse de prospective sur le surcroît de croissance pour perte d’emploi et d’une assurance maladie obligatoire création d’entreprise. Le CRI intervient également dans le règlement, anticipé. La crainte des déséquilibres suscités par le désarmement douanier, pousse à une prise de conscience non seulement des risques mais surtout des mesures à prendre. Il s’agit aussi de faire prendre conscience pour les employés. à l’amiable, des différends qui peuvent surgir entre les investisseurs et 70 ans au service de l’entreprise La mondialisation 2000 / 2006

de la nécessité de lancer les bases d’une nouvelle politique économique qui privilégie les exportations pour compenser les importations, en rapport avec des expertises et des savoir-faire, des métiers de l’entreprise nationale qui présentent des atouts comparatifs incontestables par rapport à la concurrence.

Redorer son image La publication en période électorale de l’audit stratégique de la CGEM, en mars 2003, fera également l’essentiel du débat au sein de l’association patronale. Ce qui devait être un simple « état des lieux » de l’action de la CGEM, ses orientations pour l’avenir, sa « Vision 2007 » dans la perspective d’une phase d’expansion, suscitera un vif débat en interne et des remises en cause du travail effectué durant les huit années précédentes. Face à son exploitation « électoraliste », il sera dit que « l’audit devait être indépendant, transparent, sans censure et reflétant l’avis d’un large échantillon représentatif des membres 114 adhérents, partenaires et décideurs en relation avec la CGEM ». Encore une fois, il s’agissait de faire le lien entre l’action de l’association patronale et ses adhérents, les entrepreneurs. La démarche n’est ni « syndicaliste », ni un rapport d’analyse de l’environnement de l’entreprise et de confrontation avec celui- ci, mais une analyse des logiques internes de la CGEM et des actions qu’elle a menées, mènent et devrait mener dans le court terme, avec un éclairage particulier sur les faiblesses structurelles de l’organisation patronale. Le verdict est que l’image de la CGEM est à améliorer comme elle doit redoubler d’efforts auprès des adhérents, afin de développer une stratégie de communication, propre à améliorer et diversifier ses ressources financières. L’intérêt pour le débat et l’implication des membres dans le devenir de la CGEM se traduira par une présence massive des adhérents aux élections de 2003, qui fera écrire que « Jamais élection d’un Président du patronat n’a mobilisé autant d’entreprises depuis 1969 ». Le nombre des adhérents à jour de leurs cotisations, à cette date, atteint un niveau record. Le résultat du scrutin donne la victoire à Hassan Chami face à Adnan Debbagh, avec seulement 19 voix de différence (1108 voix contre 1089). 70 ans au service de l’entreprise La mondialisation 2000 / 2006

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Photos d’archives 70 ans au service de l’entreprise La mondialisation 2000 / 2006

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Signature d’un protocole d’accord entre la France et le Maroc, en présence des deux Premiers ministres français et marocain, respectivement Jean-Pierre Raffarin et Driss Jettou.

Événement diplomatique en présence d’Abderrahman El Youssoufi, Premier ministre, et de Hassan Chami. La modernité 2006 / 2009

120 La rationalisation MOULAY HAFID

MOULAY HAFID ELALAMY ELALAMY 70 ans au service de l’entreprise La modernité 2006 /2009

Une nouvelle image Au début des années 2000, la CGEM se transforme en profondeur. Ce club des patrons qui entretient des La CGEM se renouvelle et l’objectif de cette nouvelle équipe est clair : faire entendre la voix de la Confédération rapports complexes avec les Pouvoirs publics, tient un discours plus resserré sur le sujet : la CGEM se perçoit au sein des institutions du pays. Moulay Hafid Elalamy est conscient que le changement est nécessaire à désormais comme une organisation puissante, dont la seule vocation se lit dans la représentation accrue des l’économie marocaine. En premier lieu, il s’agit de défendre les intérêts des entrepreneurs, mais aussi ceux intérêts du patronat et de l’entreprise. de leurs employés. Les centrales syndicales sont séduites par la promesse de rapprochement à travers des négociations simples, franches et directes. En juin 2006, l’organisation procède à l’élection de son nouveau Président, Moulay Hafid Elalamy. Candidat unique, il est élu d’office. On retiendra de son CV la prise de contrôle par son groupe SAHAM de la CNIA, C’est là une nouvelle mue amorcée par la Confédération. Notons qu’elles ne sont pas les premières, les son poste de direction à la Compagnie africaine d’assurance du Groupe ONA à la fin des années 1980 et sa métamorphoses sont un acquis stable dans le « code génétique » de la CGEM. Pour exemple, la période 1990- nomination en tant que secrétaire général de l’ONA en 1994, avant de prendre les affaires de la CNIA. 2000, s’était également révélée riche en renouvellements des structures internes de l’organisation. Des jalons posés au fil du temps, qui ont permis la formation d’un véritable groupement d’intérêt, structuré, reconnu, Des débuts incitatifs visant à discuter avec les Pouvoirs publics et à intervenir dans la fabrication des politiques publiques, au nom d’un intérêt économique, érigé en cause collective. Le nouveau Président affiche très vite sa volonté de faire bouger la Confédération. À peine trois mois après 122 123 son élection, entouré de cinq Vice-présidents, il définit sa stratégie. Moulay Hafid Elalamy présente son Des relations à géométrie variable équipe avec simplicité, les femmes et les hommes qui vont œuvrer avec lui. L’équipe est également composée de jeunes professionnels, impatients de voir se réaliser de nouvelles idées. L’une des premières initiatives de Au-delà de leur statut formel d’organisation, les transformations successives de la CGEM au début du XXIé Moulay Hafid Elalamy est symbolique : Il a mobilisé de grands patrons pour adhérer la Fondation CGEM qui siècle, ont permis, entre autres, de réveiller les imaginaires politiques. Elles sont parvenues à inventer la notion avait pour missions la promotion et la réalisation d’études. Suivront également le financement d’un nouveau même de « l’entrepreneur » pris au sein d’une organisation qui se doit de compter d’un côté avec le politique siège pour la Confédération ainsi que les frais d’une série d’études qui nourriront le Livre blanc de la CGEM. et de l’autre avec l’Administration. Pas à pas, les métamorphoses de la confédération permettent à celle-ci de « C’était la première fois que le patronat sortait du schéma classique de revendiquer une baisse d’impôts. s’afficher, dès les années 2000, comme partie prenante des transformations politiques du Royaume. Solidement Avec ce Livre blanc, la CGEM arrivait avec des plans sectoriels qui nécessitaient la mise en place de mesures inscrit dans cette tradition, le Président Elalamy annonce la couleur. Il faut d’abord soigner le Capital : « Ceux incitatives », se rappelle un responsable au département des Finances. Le contenu du livre tient compte de qui m’intéressent ce sont ceux qui s’enrichissent beaucoup. Ceux qui épargnent, qui sont puissants. Je suis la réalité du terrain de l’entreprise. On y découvre constats, propositions et recommandations, sur autant de heureux de les voir baigner dans leur richesse. Tout en restant éthiques bien entendu, c’est-à-dire qu’ils paient sujets sensibles du monde des affaires : le renforcement de la formation du capital humain, l’aide à l’émergence l’impôt, qu’ils sont justes avec leurs collaborateurs et leurs employés. Il faut fédérer les puissants, les opérateurs des PME, la nécessité de professionalisation de la Justice, l’amélioration nécessaire de la compétitivité fiscale, capables de faire face à la mondialisation et de protéger l’emploi. Je veux mettre sur un piédestal et faire un comme la levée des rigidités sur le marché de l’emploi. C’est dans ce livre que sont également abordées la modèle de ceux qui réussissent. Gagner de l’argent n’est pas honteux. » responsabilité de l’État dans la régulation de l’économie, ainsi qu’une série de propositions concrètes pour Multipliant les discours décomplexés, le Président Elalamy, continue à faire bouger les lignes : réforme des l’édification d’une économie performante. structures de la confédération, renouvellement de toute l’équipe, le président annonce qu’il désire « réconcilier » 70 ans au service de l’entreprise La modernité 2006 /2009

les grands groupes avec la CGEM. Ceux-ci, incertains, pensaient alors qu’il aujourd’hui - ou du moins le demande - à une indépendance. Mais c’est à était anormal qu’une entreprise qui réalise des milliards de dirhams de elle de préserver cette indépendance », affirme le Président Moulay Hafid chiffre d’affaires, ait le même poids qu’une PME. Elalamy. « C’est une erreur monumentale de parler de bonne gouvernance. Moulay Hafid Elalamy prend à rebours les discours convenus sur les grands Ce n’est pas à la CGEM de parler de gouvernance. Ça ne regarde que les groupes. Il élimine les soupçons qui pourraient faire de lui l’instrument partis politiques et les journalistes. » Le déficit d’image dont souffre l’entreprise des puissants de l’industrie, renversant les images péjoratives associées à ce auprès du politique et de manière générale dans son environnement extérieur, est préjudiciable pour tous. Cette recommandation, Moulay Hafid El Elalamy La mise en œuvre de la charte grand capital proche du Pouvoir. Enfin, bonne nouvelle en 2007 : le statut RSE, d’après la norme ISO 26000 d’utilité publique est finalement accordé à la Fondation CGEM. la prend en compte car il sait depuis longtemps l’importance de dépoussiérer l’image publique comme privée de la CGEM, et cela aussi bien dans un contexte national qu’international. C’est le 14 décembre 2006 que la CGEM Florilège des attentes patronales adopte la charte RSE. 124 Le patron de la Confédération est l’objet de grands espoirs au sein de la Une force de critique constructive et de proposition Selon ce label, la responsabilité d’une entreprise 125 communauté des entrepreneurs. Il est vrai que sous son mandat, l’esprit s’engage vis-à-vis des impacts de ses décisions de la CGEM se modernise et promet de privilégier le dialogue entre Le dynamisme est bien là, les nouvelles équipes sont compétentes, enthousiastes et activités sur la société en général et sur toutes les entités internes concernées. Ce vent moderne qui commence à et positives. Les grands chantiers du mandat de Moulay Hafid Elalamy l’environnement. Cet engagement se traduit Libéral, Moulay Hafid Elalamy, est souffler dans les arcanes de la Confédération, convient bien aux grands peuvent commencer. On s’attelle alors à optimiser l’accompagnement des un entrepreneur qui n’en possède entrepreneurs adhérents, tous secteurs confondus. Ceux-ci n’hésitent pas à entreprises face à la mondialisation et le financement. On réfléchit à la par un comportement éthique et transparent. pas moins la fibre sociale. Sur la exprimer publiquement idées neuves, projets de développement et autres problématique de la flexibilité qui affaiblit la rentabilité de la production. Dans ce sens, l’entreprise se doit de contribuer Enfin, l’une des grandes priorités doit être donnée à la création de nouvelles lutte contre le chômage des jeunes doléances. Ainsi, les grands patrons adhérents exposent leurs cahiers des au développement durable, y compris à la mesures d’accompagnement au service d’un entrepreneuriat diversifié : plus au Maroc, estimé à 30% par la charges respectifs, et cela jusque dans les médias. Évidemment, les réformes santé et au bien-être de la société. Elle doit Banque Mondiale : « L’État doit aider les réclamées sont nombreuses et les problèmes bien identifiés. spécifiquement, aider les PME dans la course à la compétitivité, car la CGEM, traditionnellement, est plutôt tournée vers les grandes entreprises et le secteur également prendre en compte les attentes des investisseurs, mais pas tous. Je favoriserais En premier lieu, il est urgent dans ces années 2006-2009, de professionnaliser tiers qui gravitent autour d’elle. ceux qui agissent dans l’intérêt du Maroc, du textile. Enfin, parmi les urgences, il y a celle d’assouplir les relations avec la CGEM et de la moderniser par l’exploitation de tous les moyens de gestion les banques. Celles-ci sont en surliquidité alors que les entreprises n’osent pas ceux qui créent de l’emploi et paient des L’entreprise est également tenue de respecter modernes mis à disposition. La réputation de la Confédération, d’adopter investir en raison de l’importance des garanties exigées. les lois en vigueur, tout en restant cohérente impôts. Les autres n’ont pas besoin de nous. » la posture d’une opposition systématique face aux Pouvoirs publics, doit avec les normes internationales. disparaître pour des relations enfin apaisées. Dans ce sens, le Président Face aux chantiers entrepris, on retiendra de ce mandat, une volonté réelle de tient un discours clair : « La CGEM n’a pas à être pour ou contre un hisser la Confédération vers une nouvelle ère : celle de la modernité. Gouvernement. Il y a une distance normale à conserver. La CGEM prétend 70 ans au service de l’entreprise La modernité 2006 /2009

« Le moins d’État et le plus d’initiative privée ont été un déclencheur pour une économie moderne au Maroc. Il a fallu décomplexer l’acte d’entreprendre. Aujourd’hui, l’État dégraisse : qui va créer l’emploi ? Qui recrute ? Un chantier principal a été de réhabiliter l’entreprise dans sa fonction 126 la plus noble. Avant que nous arrivions, elle était perçue 127 comme une machine à gagner de l’argent sale. C’était un cliché qui aidait Driss Basri. On a eu un effort à faire pour cureter cet imaginaire. L’entreprise a un rôle dans la société. On crée des richesses, on prend des risques, des initiatives. Nous sommes des acteurs au premier rang des batailles. À la présidence de la CGEM, je veux démystifier l’opérateur économique et le gain. Nous sommes d’obédience latine : notre relation à l’argent est compliquée. Je veux expliquer que sans création de richesse d’abord pour l’opérateur économique qui prend des risques, il ne peut pas y avoir de croissance. Il faut changer les esprits face au capitalisme et aux capitalistes. » M. H. Elalamy 70 ans au service de l’entreprise La modernité 2006 /2009

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Cérémonie de remise des Trophées «Plages Propres 2009» par SAR la Princesse Lalla Hasnaa, le 8 novembre 2009.

Moulay Hafid Elalamy et Mohamed Chaibi, Président Directeur Général de Ciments du Maroc

70 ans au service de l’entreprise La modernité 2006 /2009

du terrain, en répertoriant les maux de notre managériale de l’entreprise comme dans ses Entrevue économie, puis de proposer des pistes de réflexion activités quotidiennes. Nous tenions à mettre le et de solutions adéquates. Cinq commissions y progrès à l’honneur : celui des conditions de travail ont été dédiées, la formation, la PME, le droit, la du salarié, du partenaire économique et celui de fiscalité, l’emploi. Et plusieurs axes y ont été traités la communauté en général. comme ceux du « renforcement de la formation du Nous tenions à ce que la RSE invite les sociétés à Ce qu’il capital humain », « l’aide à l’émergence de PME dialoguer avec toutes les parties prenantes pour « compétitives et éthiques », la « professionnalisation intégrer dans sa politique des préoccupations de la Justice », « l’amélioration de la compétitivité sociales, environnementales, éthiques, etc. en pense de la fiscalité » et enfin, la « levée de la rigidité Nous sommes convaincus que la promulgation de sur le marché du travail ». Le développement de ce label CGEM présente un intérêt économique aujourd’hui... ces thèmes a représenté un long travail, ponctué » certain. C’est un atout réel pour la rentabilité de rencontres régulières entre le patronat et le de l’entreprise. En ce qui concerne les salariés, gouvernement. Un rendez-vous mensuel avec l’application des valeurs de la RSE représente un chacun des cinq ministres concernés a permis aux levier de motivation qui donne du sens au travail commissions patronat-gouvernement d’ouvrir effectué au quotidien. Sur le plan international, Contribuer à la réflexion nationale plusieurs grands chantiers, toujours d’actualité 130 la RSE est un élément « rassurant » en termes 131 aujourd’hui. « La rédaction du Livre blanc que nous avons de mise à niveau, pour les investisseurs étrangers publié en 2008 me paraît un bon repère de ce et européens. De même pour les entreprises que nous avons tenté de faire progresser au Le label CGEM, pilier pour les Droits de marocaines qui souhaitent s’implanter à l’étranger. l’Homme en entreprise sein de la CGEM. Renforcer et consolider le Nous avons évidemment rencontré quelques dynamisme de l’économie marocaine. Le mot Une autre réalisation majeure à mon sens fut celle difficultés à la création du label CGEM. La d’ordre royal consistait à accélérer le processus de de la création du label CGEM. il a été créé par la RSE représentait un grand changement dans les modernisation et de développement que connaît CGEM et élaboré par des cabinets indépendants pratiques habituelles. C’est toujours compliqué. le Maroc. agréés par notre organisation. Il s’agissait pour nos Pour exemple, le principe de parité dans l’entreprise Le Livre blanc de la CGEM reste aujourd’hui entreprises, de définir nos responsabilités et de les n’a pas toujours été compris, comme le fait de une force de propositions, un modèle économique rationnaliser sous la charte d’un label moderne et consacrer des emplois aux personnes handicapées. « parfait », conçu à partir d’un certain nombre de universaliste. Le label CGEM allait nous aider à Ce sont les PME qui sont le plus loin de l’accès à la démarches que le patronat souhaitait mettre en faire entrer l’entreprise dans le XXIe siècle. Nous labélisation. Leurs premières préoccupations sont marche. Une façon pour nous de contribuer à l’avons conçu comme une distinction spécifique, ailleurs, tandis que les grands groupes se révèlent la réflexion nationale. Il s’agissait alors de poser qui affiche, pour les affiliés, la responsabilité bien plus sensibilisés. Notre tissu économique étant intérêt, à terme, d’adopter notre charte. Celle-ci un diagnostic sur une méthodologie définie au sociétale de l’entreprise, son engagement dans ce essentiellement composé de PME, il faut continuer a fait des émules, notamment au Sénégal, où le préalable, celle d’établir un diagnostic à partir sens et l’intégration de ses valeurs dans la stratégie à motiver celles-ci en les convaincant de leur label de notre charte a également été adopté. » L’ancrage 2009 / 2012

132 Une économie en résilience MOHAMED

MOHAMED HORANI HORANI 134 135

Audience royale à l’occasion de l’élection de Mohamed Horani et Mohamed Tamer, respectivement à la Présidence et à la Vice-présidence de la CGEM en 2009. 70 ans au service de l’entreprise L’ancrage 2009 / 2012

a CGEM a consolidé ses structures avec la libéralisation opérée dans les années 1990. Elle s’est, pour et dirigeant de la plus petite multinationale technologique au monde, la marocaine HPS. Autant de ainsi dire, ancrée dans le paysage national des affaires qui s’est, lui-même, transformé. Prétendant à caractéristiques qui ont fasciné une partie du patronat, celle des PMEI. L l’autonomie et briguant un statut de partenaire social institutionnalisé, les trajectoires de la CGEM et de son équipe dirigeante depuis le milieu des années 1990 attestent d’une transformation de la politique Une économie mondiale impactée par la crise des affaires. Crise d’excès de spéculation financière, de complaisance des agences de notation, ou simple moment d’un Cette transformation va être consacrée dans la Constitution de 2011, permettant aux représentants des cycle économique violent, cette crise a mis en exergue le rôle crucial du système bancaire et de l’État en acteurs sociaux et aux hommes d’affaires d’entamer une phase qualitative nouvelle et de défendre leurs tant qu’ultime intervenant. intérêts, ainsi que l’image de l’entreprise dans l’opinion publique nationale. À partir de 2009, la majorité des pays ont, dans un premier temps, opté pour des politiques de relance. C’est l’œuvre qui fait vibrer Mohamed Horani, présidant la Confédération de 2009 à 2012, et qui, sous Début 2010, si la plupart semblent sortir de la récession, le FMI reste prudent. La récession laisse alors son mandat, doit négocier et préparer cette avancée. place à une croissance lente, voire à une stagnation économique. Les plans de sauvetage et de relance Pourtant, le contexte de l’après-crise mondiale n’est pas des plus faciles. En 2009, la crise, dite des subprimes, ont fait exploser les dettes publiques, le chômage continue d’augmenter, d’importants déséquilibres dans 136 137 bat encore son plein et les programmes publics, mastodontes de soutien au système bancaire, sont en les balances des transactions courantes demeurent, sans compter les risques d’éclatement de nouvelles application aux USA et en Europe pour éviter l’écroulement total du système économique et financier. bulles financières qui sont toujours à craindre. En Europe, face au risque d’explosion de leur dette La crise s’avère plus dure que celle de 1929-36 et ses manifestations et conséquences, aussi diverses que publique, les États mettent rapidement en place des politiques pro-cycliques d’austérité, combinant impôts sévères. supplémentaires et dépenses publiques en baisse. Si ces politiques de rigueur budgétaire parviennent à freiner l’augmentation de l’endettement public, elles accentuent davantage la progression du chômage Dans ce contexte, le Maroc, grâce à son contrôle des changes strict, et son implication limitée dans les et des inégalités. Elles engendrent d’énormes dettes, une flambée des prix des produits alimentaires, flux financiers internationaux, a échappé à la crise financière, et fait preuve d’une résilience certaine. Il une inflation importante, ainsi que l’éclatement de la bulle immobilière créant une série de malaises n’empêche qu’il souffrira fortement de ses impacts commerciaux, énergétiques et touristiques. Le Maroc qui débouchent sur des crises politiques dans plusieurs pays. Plus ou moins graves, elles impacteront fera aussi les frais du repli des flux de financements publics et privés, notamment européens. durablement l’Europe (Espagne, Grèce, Autriche, etc.) bousculée, de surcroit, par un mouvement accéléré Mais les espoirs d’accélération de l’émergence économique du royaume sont là, avec des programmes des migrations et des demandes de refuge. Sans compter la forte déstabilisation du Moyen-Orient et de sectoriels en application, la poursuite d’un grand effort d’infrastructures, d’un agenda optimiste concernant l’Afrique. Jusqu’à la théorie économique qui s’en est trouvée bousculée. de nouveaux secteurs mondiaux pour le Maroc et d’une réorientation sud-sud prometteuse. La théorie monétariste ultra-libérale, selon laquelle tout contrôle des changes et des mouvements de La CGEM, dont la restructuration et la mise à niveau se sont faites avec son précédent Président sera capitaux est à proscrire, ainsi que les mouvements de capitaux libres permettant d’homogénéiser les livrée à un self made man, diplômé d’une école supérieure nationale, mais et c’est très important, créateur changes et les taux d’intérêt, a été contredite par les faits. Cette théorie, entretenue au cours des années 70 ans au service de l’entreprise L’ancrage 2009 / 2012

1990-2000 par les innovations de la technologie financière, est puissamment démentie par la crise de 2008. 20 février dans la rue ; leurs manifestations exprimant des En termes keynésiens, l’illusion du marché parfait s’est accompagnée de la non-prise en compte de la nature revendications économiques et sociales. « animale » des acteurs et de l’absence d’une réflexion sur la manière de les canaliser. D’où une réflexion Le Roi réagit rapidement et son Discours du 9 mars 2011 engagée, une fois la crise survenue, sur la taille des banques et les moyens d’éviter qu’elles récupèrent les peut être qualifié d’historique. Une nouvelle Constitution bénéfices et en fassent supporter les pertes par les contribuables et l’ensemble du tissu économique, jusque sur est soumise à la volonté du peuple et votée en juillet 2011. l’outil mathématique qui a servi à justifier la financiarisation de l’économie. Des élections législatives ont aussitôt suivi donnant un Les décideurs à travers le monde ont dénoncé les pratiques spéculatives exagérées, les rémunérations fantaisistes gouvernement de coalition inédite, d’obédience islamiste de certains dirigeants financiers, les notations d’agences orientées et l’ouverture commerciale et financière à modérée, présidée par Abdel-Ilah Benkirane. Celui-là même Membre du Conseil Économique, Social et outrance. Autant de serments qui, finalement, ne vont durer que le temps du rétablissement de « l’ordre qui avait, en mai 2009, assisté aux élections du patronat Environnemental, Mohamed Horani est lauréat de financier », avant que tous reprennent de plus belle les pratiques habituelles. ayant porté Mohamed Horani à la tête de la CGEM. l’Institut National de Statistique et Économie appliquée Les pays émergents, n’échapperont pas à la crise, même si la leur semble mieux maîtrisée. Quant à l’Afrique, de Rabat (1974). 138 139 elle connait des déséquilibres déconcertants entre la montée des prix des matières premières et la crise Innovation et citoyenneté pour accélérer L’homme a fondé en 1995 Hightech Payment Systems environnementale qui enfonce le continent dans son premier rang de zone de refuge et de migrations internes. l’émergence marocaine (HPS) qu’il dirige depuis en tant que Président Une Afrique, en transition démographique, où la jeunesse domine largement la démographie, les liens entre la La CGEM de Mohamed Horani et son équipe auront, Directeur Général. Il a également été Président de croissance, l’emploi et la réduction de la pauvreté ne sont pas encore automatiques. Les objectifs du Millénaire à la charnière de la réforme constitutionnelle de 2011, à la Fédération des Technologies de l’Information, des pour le développement restent en ligne de mire dans un contexte où la coopération internationale faiblit et communiquer et négocier avec deux chefs de Gouvernement Télécommunications et de l’Offshoring (APEBI) de que les jeunesses africaines demandent une mobilisation interne de leurs pays pour assurer un développement différents : (de septembre 2007 à fin janvier 2008 à mai 2009. autonome et accéléré d’un continent riche en ressources, tant humaines que naturelles. novembre 2011) et Abdel-Ilah Benkirane (à partir du 29 novembre 2011). Horani a placé son mandat sous le slogan Une économie marocaine vers l’accélération de son émergence « l’entreprise marocaine : oser et innover », sous l’en-tête d’une stratégie 2020, qui clame l’économie du savoir, En 2009, le Maroc entame sa deuxième décennie de règne de SM le Roi Mohammed VI avec un bilan empreint l’entreprise citoyenne et l’innovation. Il se présente comme de réussites certaines aux plans politique, humain et social. Mais la crise économique et les perturbations l’homme du consensus entre PME et grands groupes, entre régionales ne laissent pas le pays indifférent. Surtout que près de lui, l’Égypte, la Tunisie, la Libye et le Sahel, secteurs traditionnels comme le textile-habillement (dont connaissent de fortes vagues de protestation qui vont bouleverser leurs régimes respectifs. La décélération provient son vice-président général), entre l’artisanat et les du rythme de croissance économique et la contagion régionale font sortir les jeunes du Mouvement du nouveaux secteurs comme les NTIC ou l’automobile. 70 ans au service de l’entreprise L’ancrage 2009 / 2012

Il aura à diriger une organisation patronale qui a ouvert textile-habillement et de l’automobile. On compte également à son actif le courage d’accepter une hausse du la Fédération des PMEI avec Moulay Hafid Elalamy, pour SMIG (+15%), très difficilement négociée avec les siens et les accords de modération sociale signés avec les signifier que la quasi-totalité des entreprises marocaines est syndicats (2011), ou encore la défense acharnée du projet de loi limitant les délais de paiement à un maximum de gabarit PME ou même TPME et qu’il y a une marche de 90 jours. commune à entreprendre entre grands groupes et structures, Au plan de la gestion interne, la CGEM lui doit une initiative d’assainissement de ses comptes en ayant décidé petites ou moyennes, pour réussir l’émergence économique. de radier 460 entreprises membres, non à jour de leurs cotisations, ce qui s’est traduit par un provisionnement Après les importantes réformes statutaires précédentes qui de 25 millions de MAD et, in fine, une perte nette comptable de 5,6 millions de MAD à fin 2010. Acte ont augmenté le nombre des Fédérations et des Commissions, courageux qui touche la représentativité de l’organe patronal et qui s’est opéré dans un contexte de difficulté Mohamed Horani est ainsi parvenu, grâce au changement à mobiliser des fonds par la Confédération. constitutionnel, à poursuivre la consolidation de l’organisation 140 Horani s’est appliqué à en finir avec le cliché qui affublait la CGEM d’une «instance de réclamation», voire 141 patronale. Si ses fonctions d’intermédiaire restent privilégiées, une «chambre d’enregistrement de doléances», pour en faire une organisation citoyenne et responsable. l’organisation s’est engagée dans la mise en place d’un « label social » (Les Afriques du 11 juin 2009) et de la parité, nouvelles Le social, le fiscal et l’international, ont bénéficié de l’action Horani, se résignant à laisser à l’équipe suivante sensibilités qui restent comme l’évolution majeure apportée le soin de trouver les meilleures solutions. C’est le cas, à titre d’exemple, du dossier des retraites, de la fiscalité par l’équipe Horani. d’entreprise et de l’évaluation des accords de libre-échange. Sous son mandat, la CGEM a dû, surtout, composer avec Aussi, la parole fortement portée, dans des instances nationales comme le CNDH, le CESE (Conseil économique une grave crise économique et sociale. L’implication du social et environnemental), ainsi qu’au sein des organes sociaux tripartites, par le biais d’une communication « Notre souhait, c’est de parvenir à améliorer l’attractivité du juste et continue, donneront un atout supplémentaire au mandat Horani. Royaume, en termes de compétences, de ressources humaines patronat dans le cadre du comité de veille stratégique, qualifiées, de maîtrise des technologies et d’innovation dans le créé par le Gouvernement pour suivre la crise et la gérer, a À la fin de son mandat, le Président se déclare fier de son bilan et heureux de transmettre les rênes de la domaine des affaires. Je dois rappeler que grâce à son « Label », permis de sauver des milliers d’emplois dans les secteurs du CGEM à une femme cheffe d’entreprise. Pour la première fois dans l’histoire du Maroc et du monde arabe. la CGEM poursuit ses efforts pour faire entrer le développement durable et la responsabilité sociale de l’entreprise dans le mode de réflexion de la gestion des entreprises. » M. Horani 70 ans au service de l’entreprise L’ancrage 2009 / 2012

Quand SM le Roi Hassan II a reçu les membres de la CGEM, en 1996, à la suite de la difficile campagne d’assainissement qui a touché nombre de chefs d’entreprises, en guise de rappel des obligations d’éthique, il les a accueillis en ces termes : « Nous faisons partie d’une seule et même équipe et notre objectif commun est de gagner le 142 défi économique, social et de la dignité du Maroc.» 143 Ce message a été bien reçu. La terminologie du management des entreprises marocaines a évolué vers les concepts de « bonne gouvernance », d’« éthique », de « transparence », de « RSE (responsabilité sociale des entreprises)»… La CGEM s’est positionnée dans ce contexte comme le rempart de la crédibilisation et de la moralisation des affaires. Elle a mérité, sous le règne de SM le Roi Mohammed VI, son ancrage dans le nouveau paysage économique et des affaires du Maroc. Autant dire, aujourd’hui, que : « Le capitalisme du Maroc est un capitalisme ‘‘ opportuniste ’’, créé par l’État et qui continue d’être soutenu par les Pouvoirs publics ». Moyennant des entreprises engagées, innovantes, responsables et citoyennes.

70 ans au service de l’entreprise L’ancrage 2009 / 2012

Entrevue veille de la signature et ont abouti, dans le contexte en ayant pris la difficile décision de provisionner social difficile de l’époque à une restauration de la toutes les cotisations non payées suivant des règles confiance entre les partenaires sociaux. Le patronat statistiques établies, soit 25 millions de dirhams. a consenti une valorisation du SMIG de 15 %, Nous avons laissé, malgré tout, une trésorerie fractionnée en deux temps pour tous les secteurs positive d’une vingtaine de millions de dirhams. à l’exception du secteur textile-habillement qui a La récupération des parts qui étaient détenues « Ce qu’il bénéficié d’un fractionnement en six tranches. J’ai par des tiers dans la société propriétaire du siège dû organiser un Conseil d’Administration le 26 a permis à la confédération d’être propriétaire en pense avril, le jour même de la signature, pour valider de la totalité de cet important actif. Au plan les résultats desdites négociations. Le débat y a institutionnel, la reconnaissance constitutionnelle aujourd’hui... » été houleux, mais après des échanges francs et des organisations professionnelles des employeurs responsables, le Conseil a accepté à l’unanimité comme représentants des citoyens avec accès à la les termes de l’accord. Chambre des conseillers est un grand acquis. Je suis ravi de voir aujourd’hui la CGEM avec son propre La décision qui m’a le plus marquée ? Passons d’une logique de doléances à groupe parlementaire qui défend directement la La mise à niveau des statuts de la CGEM par rapport une logique d’entreprise citoyenne compétitivité des entreprises. 144 à la nouvelle Constitution 2011 et la préparation 145 Ma première décision ? Sous ma Présidence, comme sous celles des autres de la rentrée de la CGEM au Parlement. Votée à « Structurer les organes et les redynamiser. Je Présidents, les adhésions à la Confédération ont une majorité écrasante avec quelques réticences en tenais à dépersonnaliser la CGEM sur une base augmenté même en faisant fi des entreprises CNE (Conseil National d’Entreprise), cette rentrée de responsabilisation de tous les membres et de tous « fantômes » qui ont été radiées. De plus, les a été acceptée à l’unanimité par l’AGE (Assemblée les organes pour un travail collectif efficient dans nouveaux statuts ont introduit la notion de Générale Extraordinaire) tenue spécialement le strict respect de la parité. Aussi, la nomination membre affilié (plus de 30.000 membres indirects pour valider les nouveaux statuts. Les partisans de vice-présidents chargés de pôles thématiques par le biais de leurs fédérations ou associations du « non » au CNE invoquaient, de bonne foi, le prioritaires et la relance des Unions Régionales professionnelles) ainsi que la notion de membre risque de politisation de la CGEM. ont permis une plus grande mobilisation des associé qui a récemment permis de créer la 13e Fédérations sectorielles et de leurs membres. Prôner Une entreprise qui m’a impressionné ? région de la CGEM : Marocains entrepreneurs l’efficacité à ses partenaires commence par être L’OCP, pour notamment sa gestion courageuse de du Monde (MeM). efficace soi-même. la crise de 2008, en ayant réussi à sauvegarder les Durant mon mandat, j’ai désiré passer d’une Ma décision la plus difficile ? prix. Sa politique vis-à-vis des PME est exemplaire. logique de doléances à une logique d’entreprise Ce fut certainement la négociation de l’accord du Mon bilan ? citoyenne partenaire des pouvoirs publics, ce qui dialogue social du 26 avril 2011 avec les partenaires Au plan de la gestion, nous avons procédé au a représenté une mutation profonde. Aussi, la sociaux. Les négociations ont perduré jusqu’à la nettoyage comptable des comptes de la CGEM signature de conventions de médiation sociale avec 70 ans au service de l’entreprise

les 5 centrales syndicales les plus représentatives sociale et environnementale ainsi que l’éducation dans leurs sièges respectifs, est-elle importante, et la recherche scientifique. comme moyen durable de renforcement de la En ce qui concerne l’entrepreneur marocain confiance entre les partenaires sociaux. dans son paysage politique et économique, le Enfin, l’organisation des premières assises de la traitement de cette problématique a été structuré RSE en mai 2011 et notre approche « Genre » dans le cadre de la Commission Nationale de illustrée par la parité des administrateurs cooptés l’Environnement des Affaires que nous avons créée et la féminisation du texte de nos statuts, constituent avec le gouvernement et les autres partenaires en un fondement solide pour la pérennité de notre 2010. De ce fait, le « Doing business » au Maroc a confédération. Je pense être parvenu à établir des été très positivement impacté. relations de confiance en partant de la logique que les À l’international, les fréquents déplacements de 146 travailleurs représentés par les centrales syndicales SM le Roi Mohammed VI en Afrique nous ont sont également les employés de nos entreprises. offert de nouveaux marchés. L’accès aux marchés La confiance est un élément fondamental de la subsahariens est devenu plus ouvert grâce aux compétitivité. initiatives royales La stratégie gagnant-gagnant Nous avons également signé un mémorandum que prône SM le Roi s’adresse d’abord aux d’entente avec le gouvernement en mars 2012 qui entreprises marocaines. L’appel royal à l’Afrique instaure un comité mixte à parité égale et coprésidé de faire confiance à ce continent ouvre la voie à par le Chef de Gouvernement et le Président de nos entreprises pour se faire une place de choix sur la CGEM. Il s’agissait d’asseoir les bases d’une les marchés africains. confiance mutuelle entre le secteur privé et le Il reste à nos petites et moyennes entreprises, gouvernement et de faire de la concertation appuyées par les banques marocaines très présentes régulière une norme pour le traitement des dossiers en Afrique et tractées par des champions nationaux, économiques. Les axes de ce partenariat reposent de faire l’effort qui leur incombe. » sur 7 chantiers, notamment la compétitivité des entreprises, le climat des affaires, la responsabilité

Des collaborateurs de HPS tenant une réunion La croissance 2012/2018

148 Leadership et inclusion MIRIEM BENSALAH- CHAQROUN MIRIEM BENSALAH-CHAQROUN 70 ans au service de l’entreprise La croissance 2012/2018

u cours de la période 2012-2018, la CGEM a changé d’envergure pour devenir un acteur incontournable, respecté et écouté. L’organisation patronale a su imposer sa volonté de faire contrepoids à toute politique A gouvernementale contraire aux intérêts de l’entreprise. Avec l’arrivée de Miriem Bensalah-Chaqroun, première femme Présidente de la Confédération patronale (2012-2018), c’est un nouvel état d’esprit qui s’installe dans les différentes instances de l’organisation. Désormais, la CGEM revendique un droit de regard sur tous les dossiers qui touchent de près ou de loin l’entreprise, en particulier, et le secteur privé en général. De par son statut de représentant officiel des employeurs et sa capacité de mobilisation patronale, la CGEM pèse dans la balance pour influer sur les politiques publiques. Au-delà de sa représentation classique aux différentes structures à caractère économique et social (CNSS, Formation professionnelle, Dialogue social, CESE…), la CGEM a saisi l’opportunité de réforme proposée par SM le Roi Mohammed VI et s’est totalement transformée en organisation patronale socialement responsable, 150 soucieuse de la paix sociale et de la qualité du climat des affaires dans le pays. 151 Parmi les faits saillants qui ont marqué cette période, il y a lieu de noter la réforme des caisses des retraites, la gestion des contrats spéciaux de formation, la réforme fiscale, la concurrence et la lutte contre l’informel, la régionalisation… Ou encore le renforcement de la bonne gouvernance de l’organisation, la consolidation de la confiance entre toutes les forces vives du pays en priorité et la représentation du patronat à la deuxième chambre du parlement. Il faut rappeler que l’adoption quasi unanime des nouveaux statuts de la CGEM par l’Assemblée Générale extraordinaire du 3 avril 2012, est venue couronner une série d’actions d’importance, notamment la signature, le 6 mars 2012 à , d’un mémorandum d’entente avec le gouvernement, instituant la plateforme de travail CGEM-Gouvernement pour l’essor de l’entreprise, de l’entrepreneuriat et de l’investissement ; mais également la signature avec les cinq centrales syndicales les plus représentatives, d’un dispositif de prévention des grèves, par voie de médiation. Tous ces chantiers ouverts vont constituer le cœur du plan d’action de Miriem Bensalah-Chaqroun lorsqu’elle a pris les commandes de la CGEM en mai 2012. Une tâche aussi délicate qu’urgente qui pousse l’organisation

Audience royale accordée à Miriem Bensalah-Chaqroun à la suite de son élection à la Présidence de la CGEM, le 9 août 2012. 70 ans au service de l’entreprise La croissance 2012/2018

patronale à conquérir de nouveaux territoires et à élargir son spectre d’intervention. À commencer par les tous nouveaux registres : l’environnement et la coopération internationale avec un focus spécifique sur l’Afrique.

Une femme présidente Que de chemin parcouru. La mue de la confédération patronale est devenue manifeste. L’élection d’une femme à la tête de la CGEM est, à coup sûr, une première historique tant au Maroc qu’en Afrique et dans le monde arabe. Miriem Bensalah-Chaqroun, candidate unique, a reçu les soutiens de pratiquement toutes les composantes de l’organisation patronale. Son élection survient à un moment inédit où le secteur industriel poursuit son décrochage, le chômage continue de croître et le déficit de la balance des paiements se creuse davantage. Contexte inédit aussi avec l’arrivée au 152 gouvernement du PJD (Parti de la Justice et du Développement), dirigé par Abdel-Ilah Benkirane, à l’issue des 153 élections législatives du 25 novembre 2011. Les patrons font désormais bloc et veulent regagner en compétitivité. Il est vrai, par exemple, que la pression fiscale (l’une des plus lourdes au monde) pèse davantage sur les PME. La réforme fiscale revient comme un leitmotiv. Un thème que Miriem Bensalah-Chaqroun a abordé avec vigueur lors des Assises de la fiscalité. « Nous œuvrons ensemble pour que la confédération soit à la hauteur des enjeux de notre pays et des attentes des entrepreneurs », déclare la Présidente pour sa première sortie médiatique, à l’issue de son élection. Aussitôt installée, la patronne des patrons préside le premier Conseil d’Administration constitutif de la CGEM durant lequel les nouveaux membres du Bureau, du Conseil d’Administration et du Conseil National de l’Entreprise sont désignés. Un programme triennal ambitieux est adopté ; 22 commissions thématiques sont De gauche à droite : Abderrahim Lahjouji, Abderrahmane Bennani Smires, Miriem Bensalah-Chaqroun, Moulay Hafid Elalamy, constituées de manière à répondre aux enjeux et exigences de la nouvelle équipe dirigeante de la Confédération. Hassan Chami, Mohamed Horani et Salaheddine Kadmiri, Vice-président Général de la CGEM. 70 ans au service de l’entreprise La croissance 2012/2018

La nouvelle Présidente entend bien apporter sa touche personnelle à l’organisation patronale pour la rendre plus efficace et reconstruire un rapport vrai avec l’économie du pays. Pour faire avancer le projet du patronat, elle opte pour l’audace, ses premières décisions sont plutôt - L’élection d’une femme à la tête de l’organisation « chirurgicales ». Elle voudrait « des réformes qui préparent patronale est une première en Afrique et dans le monde l’avenir, qui favorisent l’activité et qui créent de l’emploi. » La presse est impressionnée par l’allure de cette « femme arabe. Un signal fort qui consacre les principes de vraie et sincère, qui tire sa notoriété de la maîtrise des l’égalité et du mérite. codes de son monde. » (Al Bayane du 29 juin 2012). - « Nous œuvrons ensemble pour que la confédération La CGEM se donne alors une nouvelle image et appelle soit à la hauteur des enjeux de notre pays et des attentes 154 à « entreprendre ensemble le changement ». « Dans cette de nos entrepreneurs », déclare la Présidente pour sa nouvelle voie, réussir l’avenir, moderniser et développer première sortie médiatique. nos entreprises malgré les difficultés est l’affaire de toutes - La CGEM se crée une nouvelle image. Elle appelle à

celles et tous ceux qui travaillent dans l’entreprise », déclare entreprendre ensemble le changement. Les résultats de Miriem Bensalah-Chaqroun. l’étude sur la compétitivité des entreprises, réalisée par la Dans un langage direct, elle a su démontrer son opiniâtreté CGEM, ont confirmé la nécessité de réindustrialiser le à s’atteler sans relâche à tous les dossiers qui sont au cœur Maroc. Un constat qui a justifié le Plan « d’accélération de la politique économique et sociale du pays. industrielle » lancé par le gouvernement. Pour la compétitivité de l’entreprise marocaine, nouvel - Lors de la présentation au Parlement du Projet impératif, la CGEM appelle à des mesures à même de de loi de finances pour l’année 2013 : « Un projet renforcer l’attractivité du Maroc : l’abaissement de la qui ne répond pas aux préoccupations majeures fiscalité, (l’impôt sur les sociétés), l’attribution d’incitations des entreprises.» L’organisation patronale constate (prime à l’emploi, crédit d’impôt), l’offre subventionnée de terrains industriels, la formation et la qualification sur qu’à défaut de rationaliser les dépenses publiques de mesure, etc. Sans oublier la création de clusters et de pôles fonctionnement de l’administration en hausse de 6 %, d’excellence, l’ouverture de zones franches à l’export, mais le gouvernement a opté pour la création de nouvelles taxes de nature à grever les facteurs de production. »

Forum économique Maroc-France, en présence d’Édouard Philippe, Premier ministre français, et de Saâdeddine El Othmani, Chef du gouvernement marocain, à Skhirat, le 16 novembre 2017. 70 ans au service de l’entreprise La croissance 2012/2018

aussi l’amélioration du transport et de la logistique, ainsi Un an auparavant, la CGEM a constaté l’incohérence budgétaire. Dans son mémorandum d’une cinquantaine que les infrastructures de télécommunication. Les résultats de pages, présenté à la presse, la Confédération épinglait les insuffisances des stratégies sectorielles, la de « l’Étude sur la compétitivité des entreprises », réalisée désorganisation qui régnait dans le système de formation-emploi, le déficit de la caisse de compensation, par la CGEM ont confirmé la nécessité de réindustrialiser l’ampleur de l’informel et la perte de compétitivité de l’entreprise marocaine. le Maroc. Un constat qui a, sans nul doute, justifié le « Plan D’autres échecs du gouvernement sont pointés du doigt. Ainsi, lors du colloque organisé par l’Association des d’accélération industrielle » lancé par le gouvernement. membres de l’inspection générale des finances, le 2 juin 2016 à Skhirat, Miriem Bensalah-Chaqroun devait pointer du doigt la politique économique de l’équipe Benkirane. Sur cinq critères caractérisant une économie Incohérence budgétaire émergente, le Maroc n’en a satisfait que deux. De toute évidence, la politique économique du gouvernement À quelques mois des législatives du 7 octobre 2016, la Présidente de la Confédération présente un bilan reste l’un des angles d’attaque favoris de la CGEM. La très critique de l’action gouvernementale en évaluant sa performance économique inférieure à la moyenne. confédération ne lâchera pas la pression sur la nécessité D’un taux de 4,6 % dans la période 2007-2011, le Maroc a enregistré une croissance moyenne de 3,3 % entre 156 des réformes. Elles concernent l’éducation, la formation, 2012 et 2016. « En 5 ans donc, nous avons perdu 1,3 point de croissance ; et le plus préoccupant est que ce 157 les retraites, la fiscalité, les dépenses publiques et les libertés ralentissement vient du PIB non agricole », expliquait Miriem Bensalah-Chaqroun. sociales. À titre d’exemple, lors de la présentation au Un constat partagé par le CMC (Centre Marocain de Conjoncture) qui, dans son rapport publié en juillet parlement du projet de Loi de finances pour l’année 2013, 2012, soulignait avec force « l’essoufflement du modèle économique marocain ». Pour la première fois, depuis - 2012-2018 : la CGEM n’a pas celui-ci « ne répondait pas aux préoccupations majeures 15 ans (arrivée du gouvernement d’alternance), le Maroc accusait un double déficit : celui du trésor et celui cessé d’élargir sa sphère d’influence et des entreprises ». L’organisation patronale constatait de la balance des paiements. De plus, le retard dans la promulgation de la Loi de finances a eu un impact de représentativité. Ainsi, fin 2016, qu’ « à défaut de rationaliser les dépenses publiques de négatif sur le moral des chefs d’entreprises et sur la croissance. Le CMC qualifie le premier semestre 2012 l’organisation patronale enregistre fonctionnement de l’Administration, en hausse de 6 %, le de « période blanche ». Un « semestre aveugle », si l’on mesure l’attentisme des milieux d’affaires marocains. gouvernement a opté pour la création de nouvelles taxes l’adhésion de 2500 nouvelles entreprises. Pourtant, le ministre du Budget de l’époque, Driss El Azami avançait que « le Maroc n’est pas en crise ». Essentiellement des PME et TPE. de nature à grever les facteurs de production ». La CGEM notait que « les déficits sociaux imposent la mise en place Le rapport du FMI, en revanche, laisse planer un doute sur la capacité du pays à s’en sortir tout seul et annonce L’organisation fédère 90 000 membres d’une véritable solidarité active, qui soit juste notamment l’ouverture d’une ligne de crédit de l’ordre de 5 milliards de dollars. « L’augmentation des subventions et directs et indirects. à travers une réforme fiscale qui permettrait une véritable des salaires de la fonction publique en réponse aux demandes sociales mettra à mal l’équilibre des finances - La CGEM représente aujourd’hui 33 redistribution des richesses ». publiques à moyen terme », estimait le FMI. Il préconisait plutôt la réforme du système de compensation jugé secteurs d’activité à travers ses fédérations « coûteux, inefficace et inéquitable », et un meilleur ciblage des produits à subventionner. sectorielles et son implantation s’étend sur 13 régions du Maroc. 70 ans au service de l’entreprise La croissance 2012/2018

Selon les experts du FMI, il y avait urgence à réformer les subventions du pétrole et du gaz butane. Une réforme du taux de la TVA est aussi nécessaire pour ne pas entrainer un déficit dans les comptes publics qui atteindrait 7,5 %. « Il nous faut réinitialiser la vision de la politique économique », déclarait en substance la Présidente de la Confédération au Forum de Paris-Casablanca Round, le 5 février 2014. Il serait important de « trouver le bon arbitrage entre l’assainissement des comptes de la dépense publique, les réformes structurelles et le soutien de la croissance ». Il appartient donc « aux acteurs publics d’être créatifs, rassurants et audacieux, de trouver les messages, les outils et les espaces de dialogue, afin d’instaurer et d’insuffler aux acteurs économiques ce qui ne se décrète pas, à savoir la confiance ».

La CGEM, un acteur institutionnel Déjà au terme de son premier mandat (2012-2015), Miriem Bensalah-Chaqroun a gagné la bataille de 158 l’opinion, en prônant le dialogue, en donnant une meilleure connaissance des objectifs possibles. En tout cas, 159 dans la continuité de ses prédécesseurs, elle a marqué des points sur plusieurs fronts : celui de la compétitivité et celui de la responsabilité sociale de l’entreprise (RSE), notamment. C’est la période où un consensus s’est installé autour de l’idée que la CGEM doit être institutionnalisée comme un acteur économique de premier plan. En effet, grâce à son rôle de lobbying auprès des Pouvoirs publics, la CGEM a été reconnue par le gouvernement Signature d’un protocole d’accord pour la création d’un fonds de médiation sociale à Casablanca, le 13 février 2018. comme organisation professionnelle des employeurs la plus représentative, en juillet 2015. Elle est devenue l’interlocuteur et le partenaire exclusifs, et de l’État en ce qui concerne l’entreprise, et des syndicats dans les négociations portant sur le secteur privé. Une position qui lui a permis d’engranger plusieurs succès sur les six La CGEM signe pour un fonds de médiation sociale années du mandat de la Présidente. « Nous avons signé avec les plus importants syndicats un pacte social pour prévenir la conflictualité et faire avancer des chantiers importants comme le droit de grève et la réforme du La Confédération et les syndicats les plus représentatifs s’engagent sur un protocole d’accord pour la création d’un fonds de code du travail. Nous avons également obtenu - et c’est une première - que l’État rembourse le crédit de TVA médiation sociale, en présence du ministre du Travail et de l’Insertion professionnelle, Mohamed Yatim. Le Fonds, soutenu dû aux entreprises, qu’il réduise sa dette envers ces dernières et que les entreprises et établissements publics par la Confederation of Danish Industry (CDI, Danemark) à hauteur de 20 000 euros, va servir à financer les opérations soient assujettis aux conditions de la Loi sur les délais de paiement. Tout aussi importantes ont été la réforme de médiation sociale convenues par les parties et à améliorer les capacités des médiateurs reconnus, à travers la formation. du système des Contrats spéciaux de formation, bloquée depuis plusieurs années, ou encore la réforme des Ce nouveau protocole entre la CGEM et les syndicats, vient conforter les objectifs du cadre conventionnel sur la médiation procédures administratives et la mise en place d’un Identifiant Commun de l’Entreprise - ICE - » rappelait sociale signé en 2012. non sans fierté Miriem Bensalah-Chaqroun. 70 ans au service de l’entreprise La croissance 2012/2018

Consolider la paix sociale Au centre d’un large faisceau d’entreprises Pour donner plus de force au dispositif de médiation sociale, dont les bases ont été jetées, six ans auparavant, Durant la période 2012-2018, la CGEM n’a pas cessé d’élargir sa sphère d’influence et d’accroître sa représentativité. Ainsi, la CGEM et les syndicats les plus représentatifs l’UMT (l’Union marocaine du travail), l’UGTM (l’Union à fin 2016, l’organisation patronale enregistre l’adhésion de 2 500 nouvelles entreprises, essentiellement des PME et TPE. générale des travailleurs au Maroc), l’UNMT (l’Union nationale du travail au Maroc) et la CDT (Confédération À ce moment, l’organisation fédère 90 000 membres directs et indirects, soit 2,9 millions de personnes employées et 55% démocratique du travail) ont signé, le 13 février 2018 à Casablanca, un protocole d’accord pour la création de la valeur ajoutée produite au Maroc. d’un fonds de médiation sociale. La CGEM s’inscrit désormais au centre d’un large faisceau d’entreprises représentant plusieurs secteurs d’activité, à travers Le protocole traduit « la volonté des parties d’atteindre les objectifs du cadre conventionnel sur la médiation ses Fédérations sectorielles, et son implantation dans les 12 régions du Royaume. Avec la création de la CGEM Drâa- sociale signé en 2012 », est-il noté dans l’accord paraphé par les centrales syndicales et l’organisation patronale. Tafilalet (Errachidia), de la CGEM Tétouan, l’antenne de Tanger, de la CGEM Nador, l’antenne de l’Oriental, ainsi que le bureau d’El Jadida, l’organisation patronale est présente dans 17 villes du Maroc. En outre, une 13e CGEM région, celle des Le fonds, soutenu par le BIT (Bureau International du Travail) et le DI (Patronat Danois), va servir à financer Marocains Entrepreneurs du Monde, baptisée CGEM-MEM, a été créée, avec pour rôle de représenter les entrepreneurs les opérations de médiation sociale convenues par les parties signataires et à améliorer les capacités des installés à l’étranger. Objectif : créer des passerelles d’affaires et de compétences. médiateurs reconnus, à travers la formation.

160 Une solution pour apurer définitivement les crédits de TVA 161 Tant attendu, le remboursement des crédits de TVA dus aux entreprises semble trouver une issue. La CGEM prend note de l’accord conclu, le 24 janvier 2018, entre le ministère de l’Économie et des Finances et le GPBM (Groupement professionnel des banques du Maroc), en présence de la Présidente de la Confédération, relatif à la possibilité de rachat, par les banques commerciales, des créances dues par l’État aux entreprises en matière de TVA. Cette mesure, dont la demande a été faite par la CGEM depuis plusieurs années et qui a été proposée dans le cadre de la plateforme de travail CGEM-Gouvernement, permettra de soulager la trésorerie des entreprises durement affectées par les arriérés de paiement étatiques. Elle sera de nature à apurer le stock de crédit de TVA, s’élevant à quelque 11 milliards de MAD. Tout en saluant l’esprit de concertation permanent, la CGEM souligne, dans un communiqué, sa volonté de rester mobilisée dans le cadre du dialogue public-privé, afin que les entreprises puissent évoluer dans un climat d’affaires respectueux des règles commerciales saines, nécessaire à leur pérennité.

Première édition du Moroccan Business Bridge organisé, en juillet 2017, événement dédié aux Marocains Entrepreneurs du Monde (13e région de la CGEM). 70 ans au service de l’entreprise La croissance 2012/2018

Pour une nouvelle économie climatique La CGEM s’est illustrée en étant à l’avant-garde de l’action climatique. Tout au long de l’année 2016, 21 événements nationaux et internationaux en rapport avec le climat ont été organisés. Année de la COP22, 2016 a vu la naissance du Marrakech Business Action for Climate (MBA4 Climate), à l’initiative de la CGEM, un réseau mondial regroupant une cinquantaine de patronats, signataires de la Déclaration de Marrakech pour coordonner les actions du secteur privé en faveur du climat. Aujourd’hui, la Confédération s’est dotée d’une stratégie climat pour le secteur privé marocain et accompagne les entreprises dans leur adaptation au changement.

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Groupe parlementaire CGEM à la Chambre des Conseillers. De gauche à droite : Youssef Mouhyi, Larbi Laraïchi, Neila Tazi, Abdelkrim Mehdi, Omar Moro, Hamid Souiri, Abdelilah Hifdi. Le 9 octobre 2015, la CGEM fait son entrée au Parlement La Constitution de 2011, suivie des différents textes adoptés, accordent à la Confédération les 8 sièges prévus pour les représentants des employeurs, et cela au titre d’association la plus représentative. La CGEM fait donc son entrée au Parlement par la grande porte. Elle dispose d’un groupe parlementaire présidé par Abdelilah Hifdi, d’une Vice-présidence de la Chambre des Conseillers (Neila Tazi première femme à accéder à cette position dans l’histoire de l’institution) et d’une Présidence de commission (agriculture et secteurs productifs présidée par Larbi Laraïchi). Au cours de ces 3 premières années du mandat, l’une des plus importantes actions engagées est sans conteste le dépôt de la première proposition de loi sur le droit de grève. Un droit reconnu par la Constitution de 1962 mais qui n’a jamais été formalisé au plan législatif. « Au-delà de la symbolique, la CGEM estime aujourd’hui vital pour l’économie du Maroc et pour ses entreprises, que la grève soit encadrée dans le respect des droits et Visite de François Hollande, Président de la République française , et de Pierre Gattaz, Président du MEDEF des obligations, aussi bien des entreprises que des salariés ». (Mouvement Des Entreprises de France), sur le stand de la CGEM zone verte, COP22 à Marrakech, le 14 novembre 2016. 70 ans au service de l’entreprise La croissance 2012/2018

Créer une « positive disruption » Face aux mutations qui s’imposent (management moderne et transformation dans les entreprises ; COP22 à Marrakech : 200 pays s’engagent défi climatique ; enjeu du digital ; montée en À la conférence sur le climat, du 7 au 18 novembre puissance dans la chaine de valeur, qualité de l’offre 2016, sous la Présidence marocaine, quelque 200 exportable ; crédit d’impôt pour la compétitivité et pays se sont réunis à Marrakech. Le 18 novembre, l’emploi ; Responsabilité sociétale des entreprises…), les accords sont signés afin de mettre au point dès le la CGEM s’est érigée en porte-parole systématique mois de décembre, les règles d’application définies des exigences de modernisation du tissu productif lors de l’accord conclu l’année précédente à Paris. marocain. Sur nombre de dossiers, l’organisation La détermination à relever le défi climatique est patronale, désormais forte et légitime, a eu le courage entière. Tous les pays présents à Marrakech se 164 de dénoncer l’immobilisme et les conservatismes 165 sont entendus pour soutenir l’Accord de Paris. Les dommageables aux intérêts de l’entreprise. entreprises nationales et mondiales présentes lors Sa présidente, Miriem Bensalah-Chaqroun, mesure de cette Conférence ont également confirmé leur la lourde responsabilité et le chemin à faire pour contribution à la lutte engagée contre les effets du activer tous les leviers indispensables d’un meilleur réchauffement climatique. Enfin, le Maroc a tenu sa climat des affaires. Car des problèmes persistent - promesse de placer au cœur des débats les principaux peu pris en compte - et qui fragilisent encore plus sujets qui touchent l’Afrique. l’entreprise. Mais, « au-delà des leviers identifiés et des recommandations de la Banque mondiale, C’est une première qu’un pays africain arabe l’enjeu majeur, aux yeux de la Présidente, est de accueille tous les chefs d’État pour un tel événement créer une positive disruption. Une rupture pour planétaire. faire émerger un nouveau Maroc ». La CGEM est bien décidée à poursuivre le combat pour que « l’état paie les entreprises à temps et de manière régulière » ; « le droit de grève devienne une réalité » ; Audience accordée par SEM Roch Marc Christian Kaboré, Président du Burkina Faso, en marge de la COP22, à Marrakech, le 14 novembre 2016. 70 ans au service de l’entreprise La croissance 2012/2018

« les PME et TPE accèdent aux marchés publics » ; « l’Administration - soit - au service de l’entreprise et du citoyen » ; « l’accès aux mécanismes de formation professionnelle pour les petites entreprises - soit - amélioré ». L’AGO (Assemblée Générale Ordinaire) de la CGEM, tenue le 20 juin 2017, était l’occasion pour la Présidente d’exposer les mesures - utiles et nécessaires - proposées par l’organisation patronale pour mettre en place « une meilleure fiscalité favorisant les entreprises qui créent de la valeur » ; créer une « concurrence saine et loyale à travers l’intégration du secteur informel » ; accompagner les entreprises « pour aller chercher de la croissance à l’international et particulièrement en Afrique où la CGEM s’est illustrée en matière de diplomatie économique », et l’intérêt aussi pour les entreprises d’intégrer « le risque et les changements climatiques dans leur stratégie ». Cette AGO fut surtout le moment fort pour la Présidente d’annoncer que la « Confédération fête ses 70 ans d’existence » et que l’organisation patronale a parcouru « un long chemin » et qu’elle a toujours « le cœur jeune et volontaire ». 166 167 Pour un développement durable, à bas carbone Sur la question du risque climatique, la CGEM a brillé par son audace et son activisme en mettant en place une stratégie climat, baptisée l’ Initiative Entreprises Climat Maroc (IECM) visant à aider le secteur privé marocain dans cette mutation. Partenaire officielle de la COP22 et acteur volontaire accrédité auprès de la CCNUCC (Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques), la CGEM s’est fortement mobilisée pour sensibiliser les entreprises à la donne climatique. Car, en définitive, ce sont les entreprises qui seront les locomotives de la transformation de l’économie mondiale. Elles doivent, à ce titre, et en conformité avec l’Accord de Paris, mettre en œuvre les engagements des États à travers notamment : l’adaptation de leurs systèmes productifs aux nouvelles exigences d’une économie dé-carbonée et résiliente ; et la création de nouvelles filières, génératrices de valeur ajoutée et d’emplois dans le cadre de la nouvelle économie verte. Pour la CGEM, il était urgent de passer à l’action. « Le coût de l’inaction sera plus élevé que celui de l’action » tant pour les États que pour les entreprises. « Lutter contre le changement climatique n’est pas un luxe, ni Lancement de l’Initiative Entreprises Climat Maroc, le 31 octobre 2016 une lubie de scientifique », dira la Présidente. Il s’agit avant tout de « transformer ce qui est perçu comme un 70 ans au service de l’entreprise La croissance 2012/2018

frein au développement en opportunité, en levier de croissance », La Déclaration de Marrakech souligne la CGEM dans une note publiée à l’occasion du Forum sur le changement Entreprises Climat Maroc, le 6 juin 2017. climatique Ainsi, pour renforcer les capacités nationales du secteur privé Pour Miriem Bensalah-Chaqroun, marocain en matière de lutte contre le changement climatique, «le changement climatique doit être la CGEM a procédé, le 5 mars 2018, à la signature de deux intégré dans la chaîne de valeur conventions de partenariat, en marge d’une rencontre organisée et dans la vision des affaires». par la Confédération sur « la nouvelle économie climatique ». Ces C’est ainsi que la CGEM est deux conventions ont été paraphées par la Présidente de la CGEM, parvenue à mobiliser 45 patronats Miriem Bensalah-Chaqroun, et la Secrétaire d’État chargée du internationaux, en particulier Développement durable, et présidente du Centre de compétences 168 les patronats du Sud pour lutter en changements climatiques du Maroc (4C), Nezha El Ouafi, d’une 169 contre les effets du dérèglement part, et Obaid Amrane, Secrétaire permanent du Cluster solaire climatique. Une mobilisation qui a et membre du Directoire de MASEN (Moroccan Agency for permis la signature de la Déclaration Sustainable Energy), d’autre part. de Marrakech, lors du High Level Business Summit, organisé par la Le Digital pour l’émergence Confédération le 16 novembre 2016, Réussir le challenge de la transformation digitale sur tous les en marge de la COP22 à Marrakech. fronts (éducation, économie, finance, énergie, transport, santé, Les patronats mobilisés s’engagent administration…) tel est le défi qui préoccupe l’organisation à anticiper et à s’adapter aux patronale. La CGEM mesure la taille de l’enjeu et tente de tout risques du changement climatique, mettre en œuvre pour permettre aux chefs d’entreprises de saisir et à collaborer dans ce sens avec cette formidable opportunité. les gouvernements et les autres partenaires. Le Forum de l’innovation numérique : FUTURE.E.S. In Africa, organisé le 1er mars 2018 à Casablanca, était l’occasion idoine pour la

Réunion de travail sur le climat avec Li Young, Directeur Général de l’Organisation des Nations Unies pour le Développement Industriel (ONUDI), à Vienne, le 12 mai 2017. 70 ans au service de l’entreprise La croissance 2012/2018

CGEM de réitérer l’importance stratégique de « relever le défi de la transformation numérique de nos modèles de la coopération Sud-Sud pour la communauté d’affaires et permet aux PME marocaines de tirer parti des économiques ». Le numérique est « une chance pour les pays africains de rattraper plus rapidement le retard opportunités qu’offre le continent africain. C’est en Afrique également que le Maroc s’apprête à intégrer la qu’ils accusent sur le reste du monde ». Le numérique, selon Miriem Bensalah- Chaqroun, oblige à changer CEDEAO, un marché de 15 pays et 300 millions de consommateurs, dont les besoins en infrastructures sont de logiciel, « à penser le monde de manière nouvelle ». énormes, « les entreprises marocaines bénéficient d’une expertise prouvée et de références solides ». Un autre Lors de sa rencontre avec le MEDEF (patronat français), le 27 octobre 2017 à Paris, la Présidente a argument que la Présidente de la CGEM n’hésite pas à mettre en avant face à ses homologues étrangers et particulièrement soutenu la mise en place, avec l’appui de l’organisation patronale française, du Campus décideurs politiques des pays amis. À chaque occasion, elle invite les milieux d’affaires étrangers à co-investir, numérique pour améliorer la formation digitale des adhérents via le MOOC (Massive Open Online Courses). à densifier les échanges et à développer de nouveaux champs d’investissements industriels. Elle a en outre lancé l’idée d’une Université du Numérique au Maroc, à l’instar de celle du MEDEF. Une battante qui passe le relais Appuyer la diplomatie économique À la veille de son départ, au terme de deux mandats successifs (2012-2018), Miriem Bensalah-Chaqroun passe le relais avec le sentiment du devoir accompli et la certitude d’avoir laissé la CGEM dans un meilleur état. 170 Sur le front de la diplomatie économique, la CGEM a montré sa capacité à mettre en évidence les atouts du 171 Maroc, en tant que destination de choix des investissements étrangers directs (IDE). En effet, à travers les En passant en revue son bilan, on ne peut s’empêcher de relever quelques traits. différents forums économiques bilatéraux (Maroc-Russie, le 10 octobre 2017 ; Maroc-France, le 16 novembre À la grande surprise des observateurs, Miriem Bensalah-Chaqroun s’est révélée une femme à poigne. Elle a 2017 ; Maroc-Portugal, le 5 décembre 2017 ; Maroc-Finlande, le 25 janvier 2018 ; Maroc-Paraguay, le 2 tenu le cap et honoré ses engagements. Souriante et optimiste de nature, elle dit être parvenue à « en finir mars 2018), la confédération patronale, désormais partie prenante, a contribué à l’ouverture sur l’économie avec l’image et les idées reçues sur la CGEM, vue comme un « club fermé de grands patrons ». C’est « tout mondiale, en consolidant la présence à l’international des entreprises marocaines particulièrement sur simplement insensé ». « 95 % de nos membres sont des PME », ajoute la Présidente. le continent africain. En plus d’attirer les IDE, elle se donne pour mission d’accompagner les entreprises Adepte de l’économie de marché et de l’entrepreneuriat, Miriem Bensalah-Chaqroun porte le combat sur plusieurs marocaines dans leur quête des marchés étrangers. fronts : liberté d’entreprendre, RSE (responsabilité sociale de l’entreprise) et indépendance de la Confédération En 2016, la CGEM a été associée à la tournée royale historique qui a permis au Maroc de renouer ses liens patronale. Pour elle, l’enjeu majeur auquel l’entrepreneur doit faire face est celui de la responsabilité. « Si d’amitié avec l’Afrique de l’Ouest, mais également de tisser des relations avec ceux de l’Afrique de l’Est et de l’entreprise fait faillite, tous les employés seraient déchus de leur statut de salarié ». Encore faut-il continuer l’Afrique Australe. Désormais, l’international, plus particulièrement l’Afrique, occupe une place prégnante le combat pour faciliter l’intégration du secteur informel et créer les conditions d’une concurrence saine dans les missions de la CGEM : forums économiques de grande envergure au Sénégal, en Côte-d’Ivoire, et loyale. « L’entreprise, déclare-t-elle, fait partie du tissu social. » Au chef d’entreprise de comprendre et au Gabon, au Mali et en Tunisie ; tournée de prospections, partenariats… La CGEM ouvre ainsi la voie d’accepter que son activité a le devoir de préserver l’environnement et de tenir compte des besoins sociaux. 70 ans au service de l’entreprise La croissance 2012/2018

Sauvegarder l’indépendance de la CGEM Miriem Bensalah-Chaqroun estime que l’enjeu de la prochaine mandature sera surtout de conserver l’indépendance de la CGEM. Elle a su initier et mettre en place un nouveau style de gouvernance, propre à faire de l’organisation patronale une institution crédible et respectée, qui tire toute sa légitimité de sa représentativité sectorielle, régionale, législative, internationale, mais aussi de l’expertise apportée aux entreprises. Grâce à son charisme personnel et aussi à son combat pour la cause de la femme, de l’égalité et de la parité, elle a su secouer les dogmatismes et libérer les énergies. Au départ, Miriem Bensalah-Chaqroun a fait un pari sur l’intelligence, celui de la confiance et de l’efficacité. Avec l’évolution du champ politique, qui s’est à la fois « simplifié et complexifié », la CGEM avait besoin de renforcer sa posture pour faire entendre sa voix et mettre en évidence les attentes du secteur privé. Car, pensait-elle, les enjeux sont nombreux et la nouvelle majorité gouvernementale semblait sourde aux multiples appels du secteur privé. « On a toujours quelques difficultés à discerner une cohérence des politiques publiques. On ne 172 prend pas en considération ce qu’on propose, pourtant on vient avec des études et des recommandations et nous leur disons : voilà ce qu’il nous faut pour pouvoir répondre aux attentes et être en ligne avec la vision d’un pays prospère et créateur de richesses », déclare-t-elle. La ré-industrialisation du tissu productif marocain est plus qu’une priorité, une urgence. Pour cela, la CGEM voudrait apporter sa contribution, mais aussi challenger et permettre de repenser certains programmes hors des agendas politiques. Pas si aisé pour la Présidente qui voulait fixer les règles à l’avance : « Nous ne voulons pas être seulement consultés, mais être partie prenante dans l’élaboration des politiques publiques », explique-t-elle avec conviction.

Réforme fiscale insuffisante Que pense-t-elle des réformes ? Le Maroc a bien avancé. La mise en place des stratégies sectorielles et des réformes de la Caisse de compensation, du système des retraites, ainsi que le lancement de la régionalisation avancée ont produit des résultats encourageants. Seule « la réforme fiscale, pourtant fondamentale, n’a pas été menée jusqu’au bout » durant cette mandature, regrette la Présidente. Où en est-on ? En matière de gouvernance économique, le Maroc enregistre des progrès indéniables. « À l’échelle du continent africain, nous sommes l’un des pays présentant le meilleur climat des affaires en termes de Doing Business », note la Présidente. 70 ans au service de l’entreprise La croissance 2012/2018

Quels enseignements tirer de tous ces événements ? « Il faut tenir nos engagements, être la vitrine du Maroc ; montrer ce que nous savons faire, ce que nous pouvons mieux construire ensemble dans le cadre de la coopération Sud-Sud. C’est vraiment une conviction de Sa Majesté et des opérateurs économiques sur le rôle que nous devons jouer dans le cadre du développement de cette chaîne de valeurs continentale », explique Miriem Bensalah-Chaqroun. Il s’agit essentiellement, selon la Présidente, de faciliter le business, développer les joint-ventures, attirer les investissements et les grandes entreprises internationales. Autrement dit, la politique de coopération économique et les accords commerciaux sont au cœur du plan d’actions de la CGEM. Dans ce sens, la patronne des patrons considère que « le Maroc est un pays ouvert. C’est une terre multiconfessionnelle, multiculturelle et multiethnique, donc en matière d’intégration en Afrique, en Chine ou en Russie, nous sommes très à l’aise lorsque nous sommes avec SM le Roi. Faire des affaires n’est pas toujours facile. Mais quand les conditions sont réunies nous rencontrons le succès ».

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La CGEM à Kigali pour le lancement de la Zone de Libre-Échange Continentale Africaine

Miriem Bensalah-Chaqroun, Présidente de la CGEM, accompagnée de M. Faiçal Mekouar, Vice-président Général de la CGEM, M. Abdou Diop, Président de la Commission Afrique et Sud Sud et Nabila Freidji, Présidente de la Commission Relations avec les Institutions Internationales, a participé hier à Kigali, au forum d’affaires « Tirer profit du pouvoir des entreprises pour stimuler l’intégration de l’Afrique », qui se tient en marge du lancement de la Zone de Libre-Échange Continentale Africaine (ZLECA). Extrait de l’article paru le 21 mars 2018 dans Le Maroc diplomatique.

Cérémonie officielle de signature de conventions et accords entre le Maroc et le Rwanda, à Kigali, le 18 octobre 2016. 70 ans au service de l’entreprise La croissance 2012/2018

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Cérémonie de signature de 19 accords gouvernementaux et de partenariats Première visite de SM le Roi Mohammed VI, accompagné d’acteurs économiques, au Ghana économiques entre le Maroc et la Zambie, à Lusaka, le 21 février 2017. le 17 février 2017, deux semaines après le retour du Royaume à l’Union Africaine. 70 ans au service de l’entreprise La croissance 2012/2018

Lancement du Women Entrepreneurs Finance Initiative (We-Fi) en marge du G20, à Hambourg, le 8 juillet 2017. 178 179

Sommet du G20 : La place des femmes dans la 4e révolution industrielle

Le 8 juillet 2017, la Présidente de la CGEM, Miriem Bensalah-Chaqroun, répond à l’invitation de Jim Yong Kim, Président de la Banque Mondiale, à la commémoration du lancement de l’initiative Women Entrepreneurs Finance (We-Fi), qui a vu le jour à Hambourg, lors du G20. À propos de l’entrepreneuriat féminin, Miriem Bensalah-Chaqroun a souligné les différents défis auxquels font face les femmes dans la zone MENA et en Afrique, notamment l’accès au capital et aux marchés, et les obstacles d’ordre social et culturel. La Présidente de la CGEM a mis l’accent sur la nécessité de soutenir les PME créées ou dirigées par des femmes afin d’accélérer la transformation et la résilience des économies africaines. Miriem Bensalah-Chaqroun a aussi appelé les femmes à saisir le momentum de la 4e révolution industrielle pour investir les secteurs qui façonnent nos économies, et où elles ne sont pas particulièrement présentes. L’initiative We-Fi de la Banque Mondiale vise à mobiliser plus de 800 millions de dollars pour soutenir l’entrepreneuriat féminin.

À Marrakech, lors du forum Global Initiative organisé par la Fondation Bill Clinton, le 5 mai 2015. 70 ans au service de l’entreprise La croissance 2012/2018

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High Level Business Summit à Marrakech, le 16 novembre 2016. 70 ans au service de l’entreprise La croissance 2012/2018

Entrevue

internationale et continentale. Le développement des partenariats et autres échanges d’expériences se sont régions a été déterminant à travers plusieurs plans, sans concrétisés. Je reste convaincue que la diplomatie est liée Ce qu’elle oublier la dynamisation de la 13e région que nous avons à l’obligation de résultat et le mot d’ordre de ces relations « créée, spécificité dédiée aux entrepreneurs marocains Sud-Sud demeure la découverte de partenaires locaux, qui exercent leurs talents à l’étranger. avec lesquels nous pouvons établir une chaîne de valeurs en pense à la veille Je suis convaincue qu’il est urgent aujourd’hui de se continentales et une véritable diplomatie économique. préoccuper des nouveaux facteurs de valeur ajoutée Nous nous attachons à développer ces partenariats, non de son départ » liés à l’esprit de créativité. Créer une Fédération des en donneur de leçon mais en partenaire réel. SM le Roi arts créatifs et culturels est une idée d’avenir. Artistes, a ouvert toutes ces portes-là. Il faut savoir que le chef galeristes, créateurs d’industries culturelles et des arts d’entreprise est un opportuniste positif. Il se manifeste plastiques, autant de métiers du secteur artistique qui sont par sa volonté d’investir et de créer richesse et valeur Réussir l’inclusion des femmes ajoutée. En Afrique, notre approche intervient sur le et des jeunes : un devoir en pleine expansion pour un Maroc riche de sa culture. Je considère qu’il s’agit d’un secteur porteur qui a besoin long terme. Toutes les conventions négociées lors de « Dès mon élection à la tête de la CGEM, j’ai eu la pleine de nous pour se développer et se professionnaliser. ces rapprochements font l’objet d’un comité de suivi conscience du challenge à venir et l’envie immédiate de qui incite à la pérennité, à l’exigence et au respect des 182 À côté des grands projets en cours, nous devons aussi nous 183 répondre présente devant la confiance que l’on avait engagements pris. Notre démarche repose sur la solidité pencher sur la PME, colonne vertébrale de l’économie, placée en moi. d’un maillage sain entre les pays du Sud. qui rencontre aujourd’hui certaines difficultés. Plusieurs Au terme de mes deux mandats, je suis assez satisfaite raisons sont en cause dont les délais de paiement qui Enfin, sur le plan international, SM le Roi a accéléré Nous sommes parvenus à mobiliser hommes et femmes du paralysent la trésorerie des sociétés les plus fragiles. 2017 le rythme des visites d’État, visites porteuses d’un secteur de l’entreprise pour créer un partenariat fort entre a été une année d’efforts pour la CGEM afin de soutenir rôle économique. À la CGEM, nous suivons cette le public et le privé. Je constate que, désormais, la CGEM les petites et moyennes entreprises face à la fiscalité dont dynamique. écrit une partie de la stratégie économique nationale. la réforme s’avère fondamentale. En même temps, il est Mon conseil à mes successeurs à la tête de la Dès le début, il m’a paru important d’instaurer un vrai obligatoire d’épurer le passif des années précédentes Confédération ? Faire preuve d’abnégations et se système d’« inclusion ». Celle des jeunes, des femmes et des et cela coûte cher aux entreprises. À cet effet, il serait débarrasser des intérêts partisans. Se souvenir que territoires. Je considère que ces trois entités représentent le bon que les organes institutionnels fassent usage de leurs nous sommes une ONG complètement indépendante, Maroc de demain. Dans ce sens, je me réjouis de la parité pleins pouvoirs. socialement responsable. Privilégier l’inclusion des d’impôts. C’est de la concurrence déloyale. Continuer établie au sein du Conseil d’Administration. Je pense qu’il Ces dernières années ont également été marquées par les femmes, des jeunes et des territoires. Promouvoir à proposer des études et des recommandations aux est important pour chaque acteur de notre société d’être partenariats Sud-Sud qui sont le résultat de la vision et nos valeurs et le sens des responsabilités sociales dans Pouvoirs publics. Contribuer à devenir un pays prospère entendu car la dimension humaine est fondamentale. de la conviction de SM le Roi. Lors de nos déplacements l’entreprise. Inclure l’informel au sein du système et créateur de richesses, avec des droits et des devoirs Elle est le premier moteur de la dynamique économique. en Afrique, je n’ai jamais eu l’impression d’être un économique car il n’est pas normal qu’un entrepreneur bien compris. Aujourd’hui, j’ai envie de penser que la Mon bilan ? Il s’inscrit dans le développement continu élément rapporté. À chaque fois, nous avons bénéficié qui paie ses charges, soit mis sur le même plan qu’un autre CGEM a une âme, un cœur, un portefeuille et aussi une de la Confédération qui est aujourd’hui territoriale, de notre moment particulier. Lors de ces événements, qui ne contribue pas à la communauté et ne paie pas plume pour le dire». 70 ANNÉES À DÉFENDRE LA LIBERTÉ D’ENTREPRENDRE 70 ans au service de l’entreprise 70 années à défendre la liberté d’entreprendre

epuis sa création en 1947, la CGEM personnalités marocaines prennent alors les est le représentant du secteur privé rênes de l’association. Les ajustements se suivent D auprès des Pouvoirs publics et des jusqu’à la veille des années 90. Ce sont des années institutions. Forte de ses 90 000 membres, dynamiques qui voient la CGEM se développer directs et indirects, sa puissance d’action au point de se constituer en quatre associations contribue aujourd’hui à l’évolution favorable professionnelles solides : l’Association marocaine de l’économie du Royaume pour le développement de l’Industrie textile et de l’habillement (AMITH), des entreprises. Dans ce sens, ses tâches sont la Fédération des BTP, la Fédération des mines et nombreuses. Elle se doit d’assurer la représentation la Fédération du commerce et des services. Ces et la promotion des entreprises membres, quels formations vont vite représenter de puissants que soient leur taille ou leur secteur d’activité. groupes de pression, pesant sur les négociations Dynamique, elle initie plusieurs actions afin avec les pouvoirs publics ou les partenaires 186 de promouvoir les intérêts des entreprises internationaux. 187 du Maroc auprès des pouvoirs publics et des pouvoirs sociaux. L’objectif de la confédération L’intervention royale reste le même depuis sa création, à savoir Les années 90 signent le début de la modernisation la valorisation du rôle de l’entreprise dans de la CGEM. Les patrons de l’époque posent le développement économique et social et les bases d’une « idéologie » nouvelle. Il s’agit l’encouragement de la mise en œuvre d’une de la mise en œuvre de la croyance en la liberté politique de développement de l’entreprise. d’entreprendre. Cette idée selon laquelle une Aujourd’hui, les engagements continuent économie libérale, relayée par des institutions d’évoluer vers l’amélioration de l’environnement politiques convaincues, aurait toutes les des affaires et de l’investissement, à l’échelon chances d’offrir au Maroc la réussite de sa international, à travers ses 43 conseils d’affaires. modernisation. Les mutations de l’association se Soixante-dix ans ont passé. La Confédération est succèdent, cherchant toujours à ériger l’intérêt issue de la période coloniale. Jusqu’en 1969, ce de l’entreprise en cause juste et nécessaire. sont des administrateurs français, issus de grands Afin de gagner en légitimité, les dirigeants groupes au Maroc, qui dirigèrent la CGEM. successifs de la Confédération transforment les C’est au moment de l’indépendance que des structures de l’organisation et gagnent en force. La Bourse de Casablanca a connu, dans les années 90, une série de réformes majeures du marché boursier dans le même objectif de modernisation du Maroc à travers une économie libérale. 70 ans au service de l’entreprise 70 années à défendre la liberté d’entreprendre

C’est probablement grâce à leurs qualités n’est pas suffisante, n’est pas représentative et individuelles ainsi qu’au contexte économique ne remplit pas les conditions devant la hisser au du moment, que leurs efforts rencontrent un niveau de l’engagement. Je les invite à constituer retentissement politique et social. dans le délai d’un mois, en tout cas le plus tôt L’écho royal ne se fait pas attendre. Le discours possible, un syndicat des “employeurs” où il n’y à la Nation du 16 mai 1995 est une allocution aura pas que les détenteurs de gros capitaux inattendue, justifiée par l’urgence provoquée par ou les grandes entreprises, mais aussi ceux qui la situation climatique du Maroc : la sécheresse constituent le véritable tissu économique national menace alors l’ensemble de l’activité économique tel que nous le concevons : autrement dit les petites du pays et en particulier le monde rural. et moyennes entreprises ». Le Souverain rappelle Appelant à la solidarité nationale, le Souverain à tous que « quand le monde rural est prospère, il 188 en profite pour dessiner ce que seraient les n’est pas le seul ». Il ajoute qu’« embarqués dans 189 orientations d’un vaste programme de réforme la même galère, il n’est guère permis aux uns et des institutions marocaines. Il annonce enfin la aux autres de s’affronter. » Colorado a été reprise par la famille Berrada en 1970. Depuis lors, tenue d’un référendum pour l’amendement de la il s’agit d’un exemple de réussite aux niveaux national et international. Constitution qui se tiendra en septembre 1996. La naissance de l’entrepreneur Il engage également les « partenaires » sociaux L’association patronale n’a pas attendu le à se restructurer, dans le cadre « d’un dialogue nombre des années avant de prétendre à une Discours de SM le Roi du 16 mai 1995 recevant une délégation social permanent » en annonçant qu’il allait autonomie d’action et de fonctionnement. Dès de la Confédération générale des entrepreneurs du Maroc « personnellement veiller sur les étapes de ce le début, elle brigue un statut de partenaire dialogue ». Mais, surtout, il s’adresse directement social institutionnalisé. Malgré un contexte social « Quels sont donc les atouts du Maroc pour réussir ? Il y a d’abord l’élément humain, qui est excellent et d’un haut à la CGEM, en indiquant par là, par défaut, le sous tension, dès les années 70, la CGEM offre niveau. Il y a ensuite le climat marocain, qui est un climat de famille où il n’y a nulle place à cette lutte ancestrale rôle qu’elle pouvait jouer, celui d’un « syndicat une plateforme de parole à l’entrepreneur et à des classes que connaissent de nombreux pays en développement. Le Maroc n’a en effet jamais connu, à travers son des employeurs. » l’entreprise marocaine. Elle participe également histoire, de familles bourgeoises, de financiers ou de banquiers qui ont plusieurs siècles d’existence. Nous avons des « Je précise qu’il y a un élément qui nous manque à une réorganisation des rapports sociaux, tentant familles qui émergent et qui réussissent et d’autres qui déclinent. L’histoire du Maroc et des classes au Maroc est faite dans ce dialogue, à savoir la Confédération de créer un lien commun entre les groupes de défis et de compétitions. Les cadres et l’élément humain sont excellents. Nous n’avons pas de classes dont l’histoire générale économique marocaine. Je m’adresse à économiques marocains aux intérêts spécifiques. a fait des maîtres et des valets. Au contraire les horizons sont ouverts. » ses membres pour leur dire : votre confédération La CGEM parle alors d’engagement collectif 70 ans au service de l’entreprise 70 années à défendre la liberté d’entreprendre

et de mise en place de dispositifs permettant du « dialogue social », s’instituent une nouvelle une médiation face aux pouvoirs politique et culture de la « discussion » qui vont conduire près Le discours royal du 16 mai 1995 constitua institutionnel. C’est ainsi que la Confédération d’une décennie plus tard, en 2003, à l’adoption sans doute une inflexion significative pour commence à asseoir sa légitimité vis-à-vis des d’un nouveau Code du travail en chantier depuis les réformes internes dans laquelle s’engagea pouvoirs publics et du monde entrepreneurial. plus de vingt ans. la nouvelle équipe de la CGEM : il fixait Elle établit de nouveaux partenariats avec les clairement la façon dont le Souverain syndicats, les ministères, l’État, ainsi qu’avec les Un groupe structuré et reconnu entendait encourager la réforme de la différentes fédérations qui adhèrent à ses valeurs. confédération, les limites et les contraintes Dans les années 1990-2000 l’organisation C’est au sein de ces rapports de force positifs que la qu’il assigne à la nouvelle équipe patronale. patronale continue sa mue et assoit son rôle de CGEM évolue et se transforme progressivement. Cette implication du Souverain se confirma porte-parole autorisé. La transformation de ses Elle est parvenue à créer ce nouveau concept qu’est lorsqu’il accepta de recevoir en audience le structures lui a donné force et crédibilité. Elle l’image sociale et politique de « l’entrepreneur ». 190 bureau de la CGEM en juin 1995, à la veille est devenue un groupe structuré et reconnu, 191 Un personnage valorisé par les dirigeants successifs de l’Assemblée générale où devait être votée capable d’exercer certaines pressions sur les de la CGEM et qu’elle s’efforce de mobiliser. Le une réforme controversée des structures pouvoirs publics et apte à intervenir dans le nouvel entrepreneur défend désormais ses intérêts de l’organisation. Dans un contexte de fonctionnement des politiques publiques au nom avec vigueur, soutenu par une confédération privatisations, de négociation des accords d’un intérêt économique essentiel, celui de la patronale dans le rôle d’intermédiaire de poids de libre-échange avec l’Union européenne liberté de l’entrepreneur, érigée par la CGEM face aux pouvoirs publics. C’est ainsi que les et de sécheresse accrue qui menaçait les en cause collective. Elle participe également aux nouveaux opérateurs économiques, unis au sein de équilibres de la production nationale, transformations du politique par la négociation la Confédération, vont faire face aux défis à venir. le Souverain engagea le patronat et la de concessions ou de conquête de domaines La CGEM élargit ses compétences et son pouvoir nouvelle équipe dirigeante de la CGEM à d’action, se mobilisant et intervenant auprès des en intégrant dans ses rangs la Fédération des se réformer. Le Roi s’imposait comme un élites économiques. jeunes entrepreneurs du Maroc, la FAJEM, puis « maître du temps politique » en créant en interne, une fédération des PME/ L’économie politique de la libéralisation a Bernard Cubertafond, Le système politique ouvert de nouvelles opportunités. Le monde de Créée en 1960, l’entreprise Citruma fait partie PMI. Fait exceptionnel, l’association s’engage, marocain, Éditions L’Harmattan,1997. des PME historiques du Maroc. dans les années 90, avec les syndicats ouvriers et l’entreprise, accoutumé aux anciennes méthodes, sous la houlette du ministère de l’Intérieur dans doit, lui aussi, faire sa mue et se mettre à niveau un cycle inédit de négociations. Derrière le slogan face aux nouveaux défis. La CGEM devient 70 ans au service de l’entreprise 70 années à défendre la liberté d’entreprendre

alors en quelques décennies un véritable groupe l’intégration des petites et moyennes entreprises. d’intérêt. Mais rapidement une Fédération des PME/PMI fut créée en interne. Premier soutien des opérateurs La Confédération d’aujourd’hui s’est encore économiques considérablement étendue et constitue le premier réseau d’entrepreneurs du Maroc avec 33 C’est dans les années 90 que la CGEM étend fédérations professionnelles statutaires regroupant considérablement sa représentativité. De quatre les entreprises et les associations professionnelles fédérations en 1994, l’association passe à 22 en d’un même secteur. 1998. Elle en compte vingt-cinq en 2007. De 600 membres inscrits en 1994, elle en compte Elles sont les porte-voix des entreprises auprès 1 400 en 1998. La CGEM abrite en son sein de du Conseil d’Administration et du Conseil grandes organisations, telles que l’Association National de l’Entreprise de la CGEM. Ces 193 marocaine des industries de l’habillement et Fédérations ont pour mission d’organiser des du textile ou encore la Fédération du tourisme. débats sur des sujets d’actualité affectant le En interne, elle crée plusieurs fédérations, dont secteur ; réaliser des études et identifier les la plus emblématique fut celle des PME/PMI, besoins et les problématiques qui les touchent ; appelée de ses vœux par SM le Roi Hassan II. assurer une veille régulière pour les membres ; Une fédération qui a mis du temps à apparaître instituer un climat des affaires favorable aux sous sa forme définitive. En effet, dans un premier entreprises ; maintenir une présence auprès temps, la CGEM avait intégré la Fédération des différents opérateurs économiques pour nationale des jeunes entrepreneurs marocains remonter les doléances des sociétés ; centraliser (FAJEM), créée en 1994. Celle-ci se donnait pour les dysfonctionnements détectés et remonter tâche « d’être le porte-parole et le représentant l’information aux pouvoirs compétents. Dans légitime des jeunes entrepreneurs et des PME/ les rapports avec ceux-ci, les dirigeants de la PMI, membres des associations marocaines, vis- CGEM revendiquent une indépendance de fait. à-vis de toute instance publique, politique ou non Le profil présenté par l’association patronale, ces politique ». Son entrée à la CGEM devait signifier dernières années, est celui de premier soutien de Totalement engagé dans la politique africaine du Maroc, l’Office Chérifien des Phosphates prévoit la création de 14 nouvelles filiales en Afrique Subsaharienne. 70 ans au service de l’entreprise 70 années à défendre la liberté d’entreprendre

l’entreprise marocaine. Elle se montre également restreints, la CGEM devient « le » patronat du préoccupée par le collectif du pays et compétente Maroc. Le nombre de ses adhérents ne cesse de à le défendre : « L’entreprise citoyenne et sociale croître. Ses interlocuteurs, les pouvoirs publics en en action », est l’un des meilleurs slogans de la particulier, les syndicats ouvriers, la reconnaissent CGEM. tous pour ce qu’elle est et signent avec elle des accords essentiels. Les enjeux de l’avenir se jouant Une organisation toujours en expansion sur plusieurs échiquiers, l’organisation patronale « Depuis 1947, la CGEM est la maison sort aujourd’hui des frontières du Royaume à la des entreprises marocaines. Notre mission : De tout temps, la CGEM s’est choisi des défendre les intérêts de nos membres et présidents emblématiques qui prennent, à tour conquête de nouveaux marchés. C’est ainsi qu’a été créé le Pôle des Relations Internationales de du tissu entrepreneurial d’une manière de rôle, la parole pour l’entrepreneur marocain, générale. la confédération. Cette structure œuvre pour Parmi les entreprises qui se développent à l’international, les organismes bancaires, lui donnent voix et, à travers les qualités qu’ils comme la BMCE qui a renforcé sa présence en Afrique à partir des années 2000. 194 exposent, lui donnent corps. L’organisation n’a le renforcement des relations économiques et Une véritable orientation client s’est alors 195 jamais cessé de se réformer en interne. La mue de commerciales entre le Maroc et le reste du monde dégagée vis-à-vis de nos adhérents pour la confédération est si profonde que dans la presse et accompagne les entreprises nationales dans leur conforter notre dimension, à la fois plurielle d’aujourd’hui comme dans les discours publics ou processus de développement à l’étranger. et unifiée. Plurielle par l’hétérogénéité de ses adhérents et de la diversité de leurs intérêts. Unifiée par la force de proposition que la CGEM met en œuvre vis-à-vis de ses partenaires. », « La CGEM, un acteur de À l’occasion de l’invitation de membres de la CGEM à une tournée royale en Amérique développement économique. » latine : « Tous les entrepreneurs marocains, sans exception aucune, sont résolument Édito CGEM Infos, n° 2456, 15 octobre 2004. et imperturbablement mobilisés derrière Sa Majesté le Roi Mohammed VI. C’est une conviction profonde unanimement partagée car porteuse de progrès. Les entrepreneurs marocains sont d’abord des citoyens. » Édito CGEM Infos, n° 2463, 3 décembre 2004.

Créée au lendemain de l’indépendance, la CGI a été la première société immobilière marocaine à obtenir la certification ISO dans sa version 2008 70 ans au service de l’entreprise 70 années à défendre la liberté d’entreprendre

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En 2014, la filiale de CDG Développement, Exprom Facilities, obtient le Label RSE de la CGEM.

La citoyenneté de l’entreprise « se décline autour de quatre types de responsabilité de l’entreprise vis-à-vis de la société : Faisant partie du ministère de l’Économie et des Finances, la Direction Générale des Impôts des responsabilités économiques (l’entreprise comme lieu de production des richesses) ; sociales (l’entreprise comme lieu est l’un des partenaires de la CGEM dont l’une des missions est d’étudier et d’élaborer les projets de textes législatifs et réglementaires à caractère fiscal. d’épanouissement des hommes où l’esprit de concertation doit primer sur celui de confrontation) ; des responsabilités socioculturelles (l’entreprise comme lieu de recherche d’une réussite commune et partenaire des autres institutions sociales, économiques et étatiques pour participer à la lutte contre le chômage, l’exclusion sociale, la dégradation de La Caisse Nationale de Sécurité Sociale, dont la CGEM l’environnement, etc.) ; et enfin des responsabilités internationales (lieux où se tissent des relations de partenariat avec fait partie du Conseil d’Administration. l’étranger : dès lors cette citoyenneté devient mondiale et transcende le concept national » A. Lahjouji Le temps des entrepreneurs ? Politique et transformation du capitalisme au Maroc, Myriam Catusse. 70 ans au service de l’entreprise 70 années à défendre la liberté d’entreprendre

Forte d’un réseau acquis au fil du temps, la Ainsi, les activités du Pôle des Relations CGEM s’appuie sur différents organismes et Internationales permettent les mises en relation partenaires, notamment les différents ministères entre les opérateurs économiques du Maroc (Affaires étrangères, Commerce éxtérieur, et membres de la CGEM et leurs homologues Industrie, Commerce, Investissements et étrangers afin d’étendre leurs réseaux, de Économie numérique, Économie et Finances…), bénéficier d’informations concrètes, de profiter les Ambassades, les Patronats étrangers, les des grands rendez-vous internationaux, de Administrations, Maroc Export, l’Agence renforcer leur visibilité, de dialoguer avec les Marocaine de Développement et d’Investissements décideurs publics et privés ainsi que les partenaires (AMDI), les chambres de commerce et d’industrie et s’associer à l’excellence marocaine. ainsi que les entrepreneurs marocains à l’étranger. 198 Les activités du Pôle des Relations Internationales 199 sont essentiellement concentrées sur l’organisation Sources : Le temps des entrepreneurs ? Politique et de séminaires, rencontres, missions, visites et la transformation du capitalisme au Maroc, mise en place de conseils d’affaires bilatéraux et Myriam Catusse. Institut de recherche sur le régionaux. Maghreb Contemporain.

L’un des acteurs privés les plus dynamiques, Maroc Télécom emploie « Notre devoir est de réfuter toutes ces allégations qui ternissent l’image de nos entreprises, aujourd’hui près de 11 000 collaborateurs sur tout le Royaume. notamment quand on nous dit que le privé marocain n’investit pas. C’est faux. Le Maroc présente tous les ans sur le marché du travail entre 250 000 et 300 000 personnes. Il y en a 220 000 qui trouvent des emplois en dehors des administrations. » La Banque Centrale Populaire est l’une des institutions historiques du Maroc avec un Entretien avec H.Chami. « Notre système de gouvernance est flou », La Vérité, 5-11 juillet 2005. réseau de près de 5 000 points de distribution et plus de 1 400 agences. 70 ans au service de l’entreprise 70 années à défendre la liberté d’entreprendre

CGEM REGIONS : des structures régionales Plus spécifiquement, la Région MEM a pour missions de formation et l’accompagnement, dans une perspective pour une plus grande proximité de la CGEM constituer une base de données des entreprises de droit non d’intégration nationale. avec ses membres Marocain dans lesquelles des Marocains sont décideurs, Dans sa proposition sur la régionalisation avancée, la Dès sa marocanisation dans les années 1970, et dans la foulée créer une plateforme d’échange professionnel entre les MEM CGEM a cerné le périmètre des actions à mener par de l’organisation territoriale du pays (loi de 1973), la CGEM et ceux du Maroc, assurer leur rencontre avec les décideurs les représentations régionales avec pour finalité : la a prêté une écoute active aux régions les plus dynamiques économiques du Maroc, inciter les investisseurs marocains décentralisation de la prise de décision, le redéploiement économiquement. Néanmoins, l’organisation de sa structure vivant à l’étranger à s’implanter sur le marché marocain, faciliter de la compétence administrative, l’harmonisation du régionale n’a véritablement pris forme, timidement d’abord le développement des exportateurs marocains sur les marchés droit des affaires entre les régions, l’amélioration du dans certaines régions, que durant les années 1990. Elle s’est étrangers par le biais des MEM. Cette démarche s’inscrit dans climat des affaires, les infrastructures, la formation ensuite organisée pendant les années 2000 dans la dynamique les missions des CGEM Régions qui restent mobilisées pour des ressources humaines et la R&D (recherche et nationale de régionalisation dans laquelle le Royaume s’est le développement économique de la région, la pérennisation développement), avec la création d’universités régionales, résolument engagé. des entreprises régionales, la promotion de la région et de ses incluant des cursus adaptés aux besoins des régions. potentialités, l’amélioration du climat des affaires, la promotion De fait, la CGEM compte, aujourd’hui, 13 représentations La Commission dynamique régionale de la CGEM régionales couvrant l’ensemble du territoire national. des investissements et le renforcement des relations avec les assure la coordination entre les différentes représentations partenaires institutionnels, gouvernementaux et syndicaux de régionales et convoque régulièrement un Conseil des 200 Avec le développement économique décentralisé, les CGEM 201 la région. Régions, instance qui se compose des Présidents et régionales prennent du poids et sont de plus en plus visibles. Leurs Vices-présidents Généraux des CGEM Régions ainsi Présidents sont membres du CA (Conseil d’Administration) et du L’engagement de la CGEM dans la mise en place d’un maillage que des membres du bureau de la commission autour CNE (Conseil National de l’Entreprise), dont symboliquement, régional s’inscrit dans une vision qui s’appuie sur la régionalisation de thématiques relatives à la dimension régionale de la des réunions se tiennent dans des chefs-lieux régionaux. Ainsi, comme fondement du développement économique des régions et CGEM. la ville d’Errachidia, par exemple, a abrité dernièrement le la pérennisation des entreprises régionales par l’information, la CA et le CNE ; l’occasion d’une rencontre avec les opérateurs Il reste entendu que les CGEM Régions peuvent économiques de la région. être les dynamos de création de véritables pôles de développement régionaux, en partenariat avec les Le poids pris par les régions se retrouve aussi dans la autorités locales, les élus régionaux, l’université et la représentation de la CGEM à la Chambre des Conseillers. Le société civile. Les élus régionaux, dont la responsabilité groupe est constitué de personnalités à forte sensibilité régionale, est de mettre sur pied des plans de développement sensibilité très utile aux débats institutionnels. régionaux, ont intérêt à bénéficier de l’expérience des Un pas supplémentaire a été franchi en 2017 par la CGEM CGEM régionales, acteurs centraux de mobilisation dans sa politique de régionalisation avec la constitution de la des entreprises et de leurs dirigeants. Il en va de la toute dernière-née des CGEM Régions, la MEM by CGEM pérennité de l’émergence économique accélérée du (Marocains Entrepreneurs du Monde), qui vient compléter Royaume. l’architecture de décentralisation et couverture de tous les courants d’affaires aux niveaux national et international. CA et CNE tenus le 6 février 2018 à Errachidia. L’ENTREPRISE MAROCAINE FACE AUX DÉFIS DU XXIe SIÈCLE 70 ans au service de l’entreprise L’ENTREPRISE MAROCAINE FACE AUX DEFIS DU XXIe SIECLE

industrie marocaine répond aujourd’hui secteur privé sont créés par des PME. Leur rôle dans Les grands groupes industriels, quant à eux, s’ils aux caractéristiques structurelles d’une la croissance économique est également intéressant, ne représentent que 8 à 10 % du tissu économique, L’économie en développement. Le tissu leur part dans les exportations marocaines avoisinant ils créent, en revanche, 90 % de valeur ajoutée et entrepreneurial du Royaume se dessine autour de les 35%. Néanmoins, cette catégorie d’entreprises, distribuent 85 % de la masse salariale. deux entités distinctes : d’un côté, les grands groupes malgré des efforts louables, reste en-deçà de ses Un déséquilibre qui devrait se réduire dans industriels, dirigés par des capitaines d’industrie qui possibilités. Ces faiblesses inhérentes au secteur ont les prochaines années. En effet, si l’entreprise ont su développer leur entreprise tout en bénéficiant été identifiées : ensemble des unités de production ne marocaine présente aujourd’hui un certain de relations apaisées avec les pouvoirs publics. De produisant pas de valeur ajoutée suffisante, modicité nombre de carences, elle offre pour demain de l’autre, la PME, dont le nombre, autour de 33 000 de la taille moyenne des entreprises, caractère belles perspectives de croissance. Sur le plan unités, représente 95 % du tissu productif national. familial prédominant du capital social, management géopolitique, sa situation est enviable. Elle Dans les deux cas, le management repose sur une inadapté aux exigences du commerce international. bénéficie d’une proximité géographique unique forte tradition de business familial. En 2015, l’entreprise Schiele Maroc, opérant dans le secteur de la distribution des D’autres manquements à la modernité nécessaire avec l’Europe et la stabilité politique du pays est composants électroniques, a conclu des partenariats stratégiques avec des acteurs 204 sont observés, comme l’utilisation d’une technologie exemplaire. L’avenir des sociétés du Royaume internationaux comme Siemens, Mitsubishi ou encore ABB. 205 PME, forces et faiblesses souvent obsolète, des modes d’organisation peu peut également compter sur la jeunesse d’une population active, ainsi que sur l’aide des pouvoirs Les petites et moyennes entreprises participent efficaces, une absence de normes et de certification publics et des partenaires de ceux-ci. Cela se fortement à la création d’emplois et contribuent des produits, tout cela assorti à un déficit patent de traduit par un secteur bancaire libéralisé et des au développement local et régional. On considère la culture d’entreprise, nécessaire au développement taux d’intérêts moindres. L’ouverture des marchés qu’aujourd’hui, plus de 60 % des emplois dans le harmonieux de la société. promet également de nouvelles opportunités afin d’augmenter le savoir-faire des entreprises marocaines associées à des multinationales. « Deux secteurs semblent retrouver, depuis trois ans, un certain dynamisme en matière de création Ce sont là des qualités qui marquent durablement d’emplois. Le premier, c’est l’industrie, y compris l’artisanat : 7000 emplois nets en 2017 et une le développement du secteur privé actuel, moyenne annuelle de 10 000 au cours des trois dernières années. Le second, c’est le bâtiment et les développement qui se révèle bien plus important travaux publics (BTP) avec une moyenne de 18 400 emplois sur les 3 ans. Les deux gros pourvoyeurs que celui du secteur public. d’emplois restent l’agriculture (42 000 emplois nets en 2017) et les services (26 000 emplois nets). ». Forafric, le groupe minotier marocain dont la marque phare est Maymouna, La Vie éco, 9 mars 2018 continue son expansion et a des vues de développement sur le continent africain. 70 ans au service de l’entreprise L’ENTREPRISE MAROCAINE FACE AUX DEFIS DU XXIe SIECLE

Enfin, favoriser la vocation africaine du Royaume l’engagement desentreprises envers l’environnement est aujourd’hui un objectif central qui se propose de offre des avantages certains tels qu’une production privilégier les partenariats Sud-Sud, dans le cadre de plus importante, une meilleure gestion des risques la création de valeur partagée. et la création d’une image positive auprès d’une Cette stratégie globale d’aide à l’Industrie marocaine clientèle nationale et internationale, sensible à la se poursuivra jusqu’en 2020 et devrait générer un mondialisation des pratiques industrielles. demi-million d’emplois dans le secteur et dégager un De nombreux cabinets en conseil de gestion ont accroissement de la part de l’industrie dans le PIB vu le jour ces dernières années, spécialisés dans les qui passerait alors de 14 % à 23 %. conduites de changement pour instaurer une mise à niveau de la chaîne managériale. Qualité des outils Les défis environnementaux de travail et capital humain sont les nouveaux points Multinationale française, le groupe Renault a permis, en s’implantant importants de la modernité face à la concurrence dans le Nord du Maroc, de créer divers partenariats avec des PME de la région. Le développement industriel du Maroc devra mondialisée. Il est alors urgent pour le Royaume bientôt faire face aux réalités mondialisées liées à la de réduire l’empreinte environnementale et de 206 dégradation environnementale qu’il entraîne. Les 207 Une nouvelle stratégie industrielle une industrie mieux intégrée, où seront valorisés les pérenniser le développement sociétal, assorti à une coûts de celle-ci, notables, sont déjà estimés à 13 écosystèmes autour de sociétés locomotives. C’est là image institutionnelle positive. Enfin, si la volonté L’avenir de l’entreprise marocaine est en marche. Du milliards de dirhams. Le Royaume, qui bénéficie du une façon positive de créer une dynamique nouvelle de réussir les challenges d’une industrie performante moins, tout est mis en œuvre pour cela. C’est dans Statut Avancé accordé par l’Union Européenne, tient sur la base de relations rapprochées entre PME et et moderne est bien présente, l’effort dans le temps ce sens que le Plan d’Accélération Industrielle 2014- également à l’application des « meilleures pratiques » grands groupes. reste à accomplir. Dans le sens d’une démarche 2020 a été créé. Une stratégie offensive des pouvoirs dans ses coopérations bilatérales. Il est vrai que managériale fiable, ouverte sur l’avenir. publics en faveur de l’entreprise, qui permettra, à La seconde série vise la mise en place d’outils de terme, la mise en place d’écosystèmes performants, soutien afin de booster la compétitivité des PME propres à consolider les relations locales entre les en leur offrant un accès aux investisseurs, aux grandes entreprises et les PME. Quels en sont les financements et aux marchés. Le dispositif financier principaux objectifs ? D’abord, capitaliser sur les n’est pas en reste dans ce Plan doté d’une enveloppe « Notre objectif est de maintenir notre position en tant que premier centre financier en Afrique. Nous réalisations accomplies et garder le cap des métiers de 20 milliards de dirhams et incluant la création du cherchons également à faire de Casablanca Finance City la plateforme qui permet aux entreprises mondiaux du Maroc, tout en intégrant les autres Fonds de Développement Industriel. La troisième série internationales d’accéder aux opportunités qu’offre le continent africain via Casablanca ». filières classiques du tissu industriel national, tels que de mesures s’attache, elle, à renforcer l’attractivité Said Ibrahimi, le textile et le cuir. Ce plan regroupe trois séries de des Investissements Directs Étrangers, par le biais de Président-Directeur Général de Casablanca Finance City, 6 mars 2018. mesures clés. La première série s’attache à construire professionnels de l’intermédiation, experts du métier. 70 ans au service de l’entreprise L’ENTREPRISE MAROCAINE FACE AUX DEFIS DU XXIe SIECLE

En 2013, Pharma 5 a créé la Fondation Noufissa dont l’objectif est de contribuer, à son échelle, à réduire les inégalités sociales et d’améliorer l’accès aux soins. Comme beaucoup d’entreprises marocaines, La Voie Express s’est engagée 208 dans une démarche qualité qui a été couronnée en 2012 par la certification 209 ISO 9001 version 2008.

EADS Maroc Aviation fait partie des entreprises françaises qui ont bénéficié de conventions d’investissement dans le cadre de leur implantation au Maroc.

« J’encourage les investisseurs à opter pour la France. Nous avons besoin d’investissements pour produire plus et renforcer l’attractivité de notre pays ». Message adressé par Édouard Philippe, Premier ministre de la République française, aux chefs d’entreprises marocains. Le groupe Akwa s’est engagé dans une politique de développement durable en étant, notamment, un partenaire actif d’opérations telles que Plages Propres. PAROLES DE PATRONS... PAROLES DE PATRONS... MOHAMED FIKRAT

PRÉSIDENT-DIRECTEUR GÉNÉRAL DE COSUMAR

212 213 70 ans au service de l’entreprise PAROLES DE PATRONS...

Réunir les intelligences marocaines du monde

Qu’est-ce qu’un patron aujourd’hui ? d’une tendance mondiale qui plébiscite la présence de la société civile dans tous les grands projets pour « Aujourd’hui, il n’y a pas de petits ou de grands la planète. » patrons. Un patron est un patron. Une entreprise, une entreprise. Il y a bien eu des patrons révolutionnaires, mais ce qui compte avant tout, c’est le pragmatisme. Tendance mondiale Soit on croit en l’Homme et, dans ce cas, on « Je me réjouis que la CGEM, 90 000 membres à l’accompagne dans son accomplissement, soit on ce jour, soit consultée et impliquée dans les grandes privilégie la réussite « sèche ». Mais la vie est plus décisions nationales. Plusieurs organismes tels que 214 complexe que cela. Il est important de respecter la Banque du Maroc ou la CNSS, ont intégré en 215 l’Homme. Celui-ci, toujours influencé par son leur sein plusieurs sièges réservés à la CGEM. C’est environnement, n’en demeure pas moins digne de une très bonne chose. Les pouvoirs publics savent respect. » l’intérêt qui réside dans le fait d’offrir d’autres espaces de discussion avec la société civile, les citoyens et le Concertation monde de l’entreprise. « Les directions choisies par la CGEM vont dans Avec le temps, je remarque que la CGEM continue le sens de la modernité et les défis ne manquent à avancer dans ce sens. Elle élargit ses compétences pas : aller vers toujours plus de concertations, la en multipliant les commissions. Celle qui me touche révision des textes de loi, les faire évoluer au fur et plus particulièrement, concerne le choix délibéré à mesure des réalités nationales et internationales. d’ouvrir la porte aux propositions de la société Sans cesse, renouveler l’arsenal juridique et le rendre civile. Cela crée beaucoup de nouveaux projets mieux adapté aux nouvelles circonstances. C’est pour alimenter un terreau d’idées innovantes issues important. Tout aussi essentiel que de poursuivre la d’une intelligence mondiale. C’est l’objectif de la conduite de projets dynamiques et innovants, tels que création de la 13e région dédiée aux Marocains l’organisation de la COP22. C’est là la concrétisation du monde. » 70 ans au service de l’entreprise PAROLES DE PATRONS...

216 PAROLES DE PATRONS... MOHAMED CHAIBI

PRÉSIDENT-DIRECTEUR GÉNÉRAL DE CIMENTS DU MAROC

218 219 70 ans au service de l’entreprise

Améliorer sans cesse notre compétitivité

« J’ai démarré ma carrière en tant qu’ingénieur Les Ciments du Maroc et la mondialisation d’exploitation en 1975. Après ma sortie de l’École « Nous ciblons essentiellement le marché national, des Mines de Paris, j’ai pris en charge les mines d’une mais comme nous sommes en surcapacité nous filiale de l’ONA, dont j’ai été Directeur Adjoint. ne négligeons pas le marché international et plus En 1978, j’ai rejoint la Société des Ciments Français particulièrement le marché africain. qui m’a nommé en 1979 directeur de sa filiale au C’est à la fois un défi, car nous devons améliorer en Maroc, la Société des Ciments d’Agadir (SCA) qui permanence notre compétitivité et c’est une chance s’est développée par la création de Cimasfi, une que nous puissions prendre, à partir de notre base, 220 nouvelle cimenterie à Safi. Cette dernière a fusionné des positions dans différents pays. Par ailleurs, nous en 1990 avec SCA pour devenir Ciments du Maroc. sommes déjà mondialisés puisque nous appartenons En 1999, Ciments du Maroc a absorbé Asmar à HeidelbergCement qui est un groupe international. (cimenterie de Marrakech) et j’ai été alors nommé Sur le plan africain, nous avons une présence assez Président-Directeur Général de la nouvelle entité ancienne en Mauritanie et bientôt dans d’autres pays, qui a développé en parallèle une filiale, Betomar, avec la prise de contrôle du groupe allemand de notre dans l’activité des matériaux de construction : béton capital qui est fortement implanté en Afrique. prêt-à-l’emploi, granulats et adjuvants (Axim Maroc). Nous allons également renforcer la présence de Aujourd’hui, je dirige cette société de 800 salariés Ciments du Maroc à travers sa filiale AFRICIM dans depuis 38 ans. » un certain nombre de pays (Mauritanie, Gambie…) » 70 ans au service de l’entreprise PAROLES DE PATRONS...

Le patriotisme économique « Pour moi qui ai toujours milité au sein de la CGEM depuis le début des années 90, je considère que le patriotisme économique est une évidence car une entreprise ne peut être pérenne que si elle résout l’équation d’équilibre entre les trois moteurs d’un développement harmonieux qui sont la rentabilité économique, la préservation de l’environnement ; enfin le développement humain et social de tous ses partenaires (personnel, voisinage, etc. 222 Aucune entreprise ne peut supporter sur le long terme d’être un îlot de prospérité dans un océan de misère. »

Une gestion ultra-moderne et citoyenne « Je pense que grâce au développement ultramoderne des nouvelles technologies, il devient de plus en plus facile d’allier modernité de la gestion des outils les plus intelligents et gestion des ressources humaines renforçant ainsi leur capacité. Même les petites entreprises qui appliquent ces recettes auront plus de chance de progresser dans la durée.

Une réunion de travail au sein de Ciments du Maroc. 70 ans au service de l’entreprise PAROLES DE PATRONS...

Et puis le rêve de toute petite entreprise n’est-il pas de participer à la préparation des jeunes à l’inclusion Les défis personnels pour les 5 locaux, d’où l’impératif d’innovation et de réduction devenir une grande PME, puis une grande entreprise dans le monde du travail en améliorant leur prochaines années de coûts notamment au niveau énergétique. C’est et une multinationale ? Les exemples ne manquent employabilité par des stages ou leur participation « Me maintenir dans le peloton de tête des dirigeants pour cela que nous investissons dans les énergies à des formations professionnelles dans des centres pas au Maroc et ailleurs. qui prennent du recul, réfléchissant et proposant à renouvelables et alternatives. Nous investissons dédiés. » Le strict minimum c’est d’appliquer la loi : la loi du leurs pairs des visions et des solutions novatrices pour également dans la relation client mais aussi dans la travail, la loi sur l’hygiène, la sécurité, l’environnement, améliorer la compétitivité, la pérennité, l’impact création de nouveaux produits adaptés au marché la couverture sociale, les relations syndicales… c’est Des réformes pour l’entreprise social et environnemental de nos entreprises. local. » marocaine du 21e siècle le SMIG que l’on doit donner à ses partenaires dans Pour ce qui est des obstacles, il y a en premier le le cadre d’une gestion citoyenne. Mais il faut aussi se « Bien sûr, il faut se remettre en question en défaitisme qui peut se résumer en une perte de Recommandations aux élites marocaines préoccuper de la formation continue. Il faut mettre 224 permanence et adapter l’administration pour qu’elle confiance en soi. Le deuxième me semble être la 225 « Merci de me classer dans cette élite marocaine. en place des mécanismes d’audit et de contrôle ainsi soit toujours au service du citoyen. L’entreprise doit baisse de niveau d’éducation dans tous les secteurs que des systèmes d’assurance qualité pour à la fois être vue comme une personne morale citoyenne. depuis la famille en passant par l’école et jusqu’aux Modestement, si j’ai un conseil à donner, cette élite garantir des relations transparentes entre l’entreprise, L’idéal serait que l’administration, tout en exerçant grandes universités. doit persévérer dans la recherche de l’exemplarité. ses fournisseurs et clients mais également mettre en Elle ne doit pas baisser les bras, elle doit rester ouverte son droit régalien, puisse considérer l’entreprise Le troisième est la tendance générale à choisir la place des normes et certifications services et produits à ce qui se fait de mieux dans le monde et prendre comme un client qui génère de la richesse et en restitue facilité, fuir le formalisme et la transparence, éviter pour la protection des consommateurs. une grande partie à l’État sous forme d’impôts et en le combat et se laisser glisser vers l’informel et les soin de son environnement tout en privilégiant la Il faut également veiller à l’impact de l’activité sur fournissant travail et emploi aux citoyens. pratiques qui en découlent. En ce qui concerne les compétitivité. Elle ne doit pas négliger son capital l’environnement et intégrer en permanence le coût de Il faut une remise en question constante dans Ciments du Maroc, nous sommes déjà filiale d’un humain mais doit aussi veiller à développer le goût la réduction de cet impact dans la valeur du produit. les rapports Administration/Entreprise en vue groupe mondial mais cela ne suffit pas car notre du risque au lieu de glisser vers la solution facile de L’entreprise doit s’occuper de son voisinage et d’accroître la création de richesse. » marché reste essentiellement constitué de clients la rente. » PAROLES DE PATRONS... MOHAMED EL KETTANI

PRÉSIDENT-DIRECTEUR GÉNÉRAL DU GROUPE ATTIJARIWAFA BANK

226 227 70 ans au service de l’entreprise PAROLES DE PATRONS...

Nous sommes présents dans seize pays du continent

« J’ai accompli l’ensemble de ma carrière au sein du groupe Attijariwafa bank, dans des fonctions d’encadrement et de direction couvrant les différents domaines d’activité de la banque. Depuis plus de trois décennies, mon parcours personnel est ainsi étroitement lié à celui du groupe Attijariwafa bank, ayant eu la chance de m’impliquer très jeune dans des missions stratégiques et de développement, et de bâtir année après année, aux côtés de mes collègues, et grâce à l’appui de notre grand actionnaire, AL MADA, un groupe bancaire de référence à l’échelle de notre continent. Le groupe Attijariwafa 229 bank compte aujourd’hui près de 20.000 collaborateurs et nous opérons actuellement dans 26 pays, dont 16 africains.

Intégration Sud-Sud Depuis 2005, nous menons une stratégie de développement en Afrique qui nous a permis de nous déployer dans 16 pays du continent, en priorisant, dans un premier temps, les pays du Maghreb et d’Afrique subsaharienne francophone. Cette première phase accomplie, nous avons désormais entamé le développement en Afrique anglophone, matérialisé l’an dernier par l’acquisition de Barclays Bank Egypt. Ce développement soutenu de nos activités à l’international s’inscrit dans une logique d’intégration Sud-Sud, permettant à nos opérateurs économiques de tirer avantage des potentialités économiques considérables de notre continent, et de nous impliquer fortement dans le développement socio-économique de chacun de nos pays de présence. 70 ans au service de l’entreprise PAROLES DE PATRONS...

Jeunes générations patronales iront de pair, et les opérateurs économiques que Injaz Al Maghrib, lancée par Al Mada (anciennement la rentrée littéraire 2018, du Prix du Livre de l’année. nous sommes, devront incarner des valeurs crédibles, SNI), et l’association Al Jisr. Depuis plusieurs décennies, le groupe Attijariwafa L’image du patronat dans notre pays évolue porteuses de sens, et vérifiées par une pratique bank s’implique dans la promotion de l’art et de nécessairement compte tenu de la montée de Enfin, je considère que la gestion citoyenne doit effective sur le terrain. la culture à travers l’organisation d’expositions jeunes générations ayant un rapport très différent à également s’incarner au quotidien dans nos artistiques, de débats et de rencontres culturelles l’entreprise, et devra évoluer encore davantage dans pratiques de gestion, nos rapports avec nos clients, rassemblant des publics variés. l’avenir. Dans ce monde en mutation permanente, Plan d’action citoyen nos fournisseurs, nos partenaires et nos écosystèmes. Ceci participe pleinement de notre responsabilité la responsabilité du dirigeant sera en effet autant de Confiance et citoyenneté. En effet, un engagement Enfin, la formation est une démarche permanente qui d’entreprise, en offrant à nos concitoyens des espaces diriger que d’accompagner, d’inspirer, de s’entourer citoyen et confiant dans nos capacités, me paraît concerne l’ensemble des collaborateurs du groupe de débat et d’expression, susceptibles de renforcer de personnes plus compétentes que lui, et de former être fondamental pour permettre à notre « élite » Attijariwafa bank, et qui constitue une condition l’implication de tous dans le développement les jeunes générations selon des politiques et une économique d’investir dans l’avenir de notre pays et clé de notre compétitivité. Aussi, nous consacrons socioculturel de notre pays car il n’y a pas de gouvernance inscrites au cœur de l’entreprise. Il me de notre continent pour plus de création de richesse, annuellement des budgets conséquents à la formation 230 développement sans culture. 231 semble qu’il s’agit là des nouvelles conditions requises d’emplois et de redistribution. continue, qui constitue un important levier de pour rehausser durablement la compétitivité de nos développement des compétences, de valorisation entreprises, permettre à l’innovation de se diffuser, et Au sein du groupe Attijariwafa bank, nous avons inscrit de nos collaborateurs, et de création de valeur pour Public-privé, faciliter le partenariat à nos jeunes de s’accomplir dans le monde du travail. la responsabilité sociale au cœur de nos pratiques l’entreprise. À ce titre, l’Académie Attijariwafa Dans un monde fortement concurrentiel, les relations managériales et de notre engagement d’entreprise. bank organise des formations pour plus de 4.000 Administration-entreprise gagneront à être repensées Ainsi, à travers notre Fondation, nous avons fixé des collaborateurs chaque année. Elle a aussi créé des Engagement socio-économique dans le sens d’un partenariat renforcé bâti autour de la priorités ayant trait au développement de l’accès antwennes de formation à Tunis, Dakar et Douala. La responsabilité sociale n’est plus une option. Il à l’éducation, au soutien de l’entrepreneuriat, confiance, permettant d’accroître notre compétitivité s’agit bien au contraire d’une nécessité, qui deviendra à la promotion de l’inclusion financière et au nationale. À cet égard, le développement volontariste Acteur culturel au service de la dans l’avenir un élément pleinement constitutif de la développement des TPE. Ces priorités, déclinées en du digital peut y contribuer, en facilitant les relations communauté compétitivité de nos entreprises. En effet, on ne saurait plans d’action mesurables, sont entièrement portées entre l’Administration et l’entreprise et en les envisager des entreprises durablement prospères, si par nos collaborateurs qui s’engagent au quotidien, Notre entreprise joue, de plus en plus, un rôle culturel simplifiant, ouvrant ainsi la voie à de nouveaux business models porteurs pour notre pays. elles ne tissent pas des liens d’engagement avec leur aux côtés des étudiants, des jeunes porteurs de projets, au sein de la communauté. Citons à titre d’exemples environnement socio-économique immédiat. Ainsi, ou des TPE. Ces actions sont rendues possibles par le cycle de conférences « Échanger pour mieux La formation initiale et continue, le développement performance financière et performance citoyenne nos partenaires que sont notamment la Fondation comprendre » ou encore le lancement, à l’occasion de de capacités nouvelles en terme de recherche 70 ans au service de l’entreprise PAROLES DE PATRONS...

& développement, la valorisation de la formation professionnelle peuvent également me semble t-il, constituer des axes forts d’action, pour doter notre pays de nouveaux avantages compétitifs, remonter les chaînes de valeur ajoutée, améliorer l’employabilité de nos jeunes et leur inclusion socio-économique.

Culture panafricaine Au cours des cinq prochaines années, Attijariwafa bank devra poursuivre son développement panafricain en Afrique anglophone, et renforcer encore davantage sa mission d’accompagnement des opérateurs économiques en leur ouvrant de nouveaux espaces d’échange et d’investissement. Ce challenge devra s’accompagner par une maîtrise toujours efficiente des risques, une efficacité 232 opérationnelle sans cesse améliorée, et une transition vers une culture panafricaine. La qualité de nos équipes constitue assurément un atout majeur, ainsi que la confiance et l’engagement de nos actionnaires de référence et de nos clients. S’agissant de la compétition mondialisée, nous évoluons dans des marchés concurrentiels ouverts, avec la présence d’acteurs internationaux dans l’ensemble de nos pays de présence, ce qui constitue un facteur stimulant pour nos collaborateurs. Aussi, nous veillons en permanence à hisser nos offres produits, nos process, nos méthodes de travail et notre qualité de service aux meilleurs standards. » PAROLES DE PATRONS... SALOUA KARKRI BELKEZIZ

PRÉSIDENT-DIRECTEUR GÉNÉRAL DE GFI ET PRÉSIDENTE DE L’ APEBI

234 70 ans au service de l’entreprise PAROLES DE PATRONS... 70 ans au service de l’entreprise PAROLES DE PATRONS...

Créer, développer, investir…

« J’ai créé et développé une SS2I dédiée aux solutions Dans le sens du patronat comme organisation syndicale, engagez toutes vos billes, vous consacrez tout votre projet, dans les passations de marchés, dans la informatiques, s’adressant aux PME, jusqu’à la CGEM, en particulier, montre un nouveau visage temps souvent au détriment de vous-même et de ceux conduite des projets, dans les règlements des atteindre un effectif d’une quinzaine de personnes de la modernité. Elle doit s’atteler cependant à qui vous sont chers, pour une rétribution ridicule. prestations dues, dans la disponibilité et l’efficience pour un chiffre d’affaires de 5 millions MAD. Cette davantage structurer l’environnement économique Vous servez l’État en premier, les régimes sociaux, des ressources humaines… Je suis Présidente de petite entreprise a intéressé la multinationale GFI de façon à ce que l’hétérogénéité de la structure de les banques, le personnel, les fournisseurs etc. N’est- l’APEBI, et j’ose espérer que le contrat programme Informatique qui désirait investir au Maroc et l’entrepreneur marocain ne soit pas au seul profit de ce pas là une forme de patriotisme économique ? » signé avec l’État, ou la stratégie Maroc Numérique qui en a fait l’acquisition. En tant que Présidente- ceux qui sont les moins modernes. » 2020, vont contribuer à améliorer les relations entre Directeur Général, je gère depuis la filiale marocaine, l’Administration et l’Entreprise en particulier. La L’engagement citoyen qui a pris le nom de Gfi Maroc, car les activités gestion des Hommes est aussi une marque de cette 238 Mondialisation et patriotisme économique 239 du groupe se développent sur toute l’Afrique. Celui-ci n’est pas forcément lié au surplus de liquidités modernité. La citoyenneté et l’action sociale en Aujourd’hui, Gfi Informatique Maroc compte trois « Gfi Offshore est dédiée à l’export et à la sous- dans une entreprise (ce qui d’ailleurs peut se faire entreprise présentent plusieurs étapes. La création cents collaborateurs, dont deux cents sont dédiés aux traitance des grands groupes. Gfi-Maroc a investi attendre longtemps). J’estime, en toute modestie avoir et le développement de l’entreprise sont déjà les métiers de l’offshoring IT. le marché africain ; nous sommes présent au fait preuve de comportement citoyen, avec la création premiers actes citoyens, souvent au détriment de Sénégal où nous réalisons 25 % de notre chiffre Je fais partie des entreprises adhérentes de la de l’AFEM et sa présidence pour deux mandats ; et soi-même et de sa propre famille. Ensuite, quand d’affaires, en Côte-d’Ivoire, au Mali, au Gabon, CGEM, membre du patronat marocain, qui, pris cela en faveur de l’entrepreneuriat féminin. Ce qui l’entreprise prend son rythme et qu’elle réalise au Togo et au Niger. Nous comptons élargir notre dans son ensemble, est très hétéroclite. Il y a, bien m’a valu des distinctions honorifiques au Maroc et des bénéfices, l’acte citoyen majeur est le respect pénétration et nous diversifier, en particulier vers les sûr, de jeunes entrepreneurs formés dans les grandes en France. des bonnes pratiques : payer ses impôts et autres pays anglophones. Face à la mondialisation, notre écoles françaises ou les universités américaines, à la charges sociales, respecter ses contrats, permettre force reste la compétence et la compétitivité de nos pointe du progrès dans leurs méthodes de gestion et à son personnel de s’épanouir, entre autres. ressources humaines, mais elle peut s’avérer aussi Des outils et des Hommes de production. Mais il y a aussi des entrepreneurs Et, finalement, quand l’entreprise peut se le notre principale faiblesse. plus traditionnels qui concentrent tous les pouvoirs, « Pour les grandes entreprises, la gestion moderne permettre, elle exprimera son patriotisme et sa certains pouvant même se montrer rétrogrades et Quant au patriotisme économique, quand vous avez des nouveaux outils dans le contexte mondialisé est responsabilité sociale en menant des actions au profit penser que les méthodes modernes sont un risque créé et développé une entreprise, vous avez un sens une lapalissade. Mais une gestion ultra moderne du citoyen. Mais ne brûlons pas les étapes, construire pour leurs entreprises. particulier de cette notion. Je vous résume : vous doit trouver des échos dans toutes les étapes d’un des écoles ou des mosquées, en esquivant de régler 70 ans au service de l’entreprise PAROLES DE PATRONS...

la totalité de ses charges sociales ou fiscales, ou sans cours de ma carrière. Nous avons pensé qu’il fallait assurer au personnel une évolution valorisante, ou réformer l’Entreprise, l’Administration, le système même au détriment d’investissements permettant à bancaire, la fiscalité, les mentalités… souvent sans l’entreprise d’évoluer, n’est pas forcément un acte de résultats tangibles. responsabilité sociale. Aujourd’hui, je pense qu’il faut réformer les projets. La CGEM a mis en place en 2006 un label RSE. Les projets sont le tissu conjonctif entre tous les Gfi-Maroc est l’une des premières entreprises à avoir intervenants économiques. Les projets ne doivent obtenu ce label qui lui a été renouvelé plusieurs fois. » pas être des risques pour les entreprises, mais des opportunités. Ils doivent être bien conçus, bien Augmentation des résultats et valorisation financés, convenablement planifiés. Et les écarts par des salariés rapport à ce qui est prévu doivent être pris en charge 240 par celui qui en est responsable et non plus inscris « Mon objectif est de booster nos résultats et d’offrir systématiquement au débit de l’entreprise seule. » des perspectives de valorisation à nos salariés. Dans ce sens, Gfi-Maroc promeut plusieurs plans de Mes défis personnels formation, technique ou managérial. Depuis plusieurs années, l’entreprise organise des séminaires annuels « Nous faisons partie d’une multinationale professionnels ou familiaux, autant d’initiatives qui représentant 15 000 personnes disséminées dans sont l’occasion de valoriser les plus méritants, les plus le monde entier. Nous bénéficions d’une expertise assidus. » exceptionnelle, dans tous les domaines, dans tous les secteurs. Et nous avons sur le plan local, des ressources humaines ouvertes, relativement compétitives par Réformes des mentalités pour rapport aux experts mondiaux, et qui peuvent être l’Administration du 21e siècle formées rapidement pour intervenir partout dans le « Pour mieux accompagner l’entreprise marocaine monde. Je souhaite continuer à créer, à développer dans le 21e siècle, mon point de vue a changé au et à investir. » PAROLES DE PATRONS... KARIM BENNIS

PRÉSIDENT-DIRECTEUR GÉNÉRAL DE NEXANS

242 70 ans au service de l’entreprise PAROLES DE PATRONS...

L’image du patronat doit encore progresser

« Mon parcours ? J’ai intégré le groupe Nexans en a été un précurseur dans le développement de son Former et accompagner nécessaire à l’entreprise pour son développement et 1985 en pilotant la direction commerciale de la activité sur le marché africain et maghrébin, avec des par conséquent pour la création d’emploi. » « Nous veillons aussi à développer le concept filiale de distribution Sirmel. En 1996, j’ai pris la succès importants pour représenter environ 35 % du de citoyenneté. La citoyenneté d’une entreprise direction commerciale de Nexans Maroc, puis en total des activités des entreprises. » s’exprime à travers de très nombreux axes tels que ses Une organisation souple 2002 la direction générale de la même filiale Sirmel. ressources humaines en offrant soutien, formation En 2006, j’ai occupé la direction générale de Nexans «Nos défis pour les 5 prochaines années ? Le plus Un objectif commun vers le progrès et accompagnement nécessaires à l’épanouissement Maroc pour prendre la direction générale de la zone grand défi réside dans la transformation permanente du personnel. La formation est la clé du progrès de du Maghreb, de l’Afrique de l’Ouest et de l’Afrique «Le patriotisme économique ? Il est absolument de l’entreprise pour accompagner la révolution l’entreprise à travers l’évolution de ses salariés. Un Centrale. Le groupe que je dirige comprend 800 impossible pour un dirigeant d’entreprise de numérique et l’évolution des mentalités que cela 244 budget formation conséquent est défini annuellement. 245 salariés dont 130 cadres et ingénieurs. développer sa structure sans embarquer l’ensemble des génère. Cette transformation nécessite, outre la formation continue des équipes, une grande souplesse Si je devais définir les exigences de la modernité, je collaborateurs vers un objectif commun de progrès. Enfin, notre devoir face à l’État est d’apporter à dans l’organisation pour faire face aux contraintes et dirais que l’image du patronat marocain progresse Ce développement nécessite le comportement citoyen celui-ci, à travers la création de richesse, notre aux contradictions qui se présentent. La plus grande mais pas à la vitesse de la transformation qu’il que vous évoquez et une responsabilité sociale vis-à- contribution au développement. Sur le plan social, difficulté au Maroc est d’évoluer dans ce cadre tout connaît face aux évolutions technologiques, aux vis de tout l’environnement de l’entreprise. nous nous engageons à respecter les contraintes environnementale, sécuritaire et d’hygiène. » en se positionnant dans un environnement qui contraintes de réactivité et de compétitivité et, enfin, Nous nous devons également d’intégrer pleinement face à la modernisation. Le patronat, aux yeux de la fonctionne à une vitesse réduite, avec des objectifs non la modernité technologique, car nous sommes dans société, continue à subir quelques préjugés négatifs, alignés par rapport à l’entreprise. Mais nous avons une économie mondialisée face à des compétiteurs Une réforme des mentalités très éloignés de la réalité du terrain, des difficultés des atouts : la qualité de nos produits, la diversité de originaires de tous les pays. Cela impose que rencontrées et des enjeux… ». « L’avenir ? Il est important d’initier de nouvelles notre offre, la notoriété de notre marque et notre l’entreprise marocaine ait la meilleure solution, réformes des mentalités dans l’Administration, présence tant locale, régionale que continentale. le meilleur produit et le meilleur service pour son pour mieux accompagner l’entreprise marocaine Le monde de l’entreprise doit continuer à croire en Une cible internationale client, au coût le plus compétitif possible. Il est donc dans le 21e siècle. L’Administration doit totalement les hommes du pays, en la compétence et le goût de « Notre marché ? Nous ciblons depuis plus de 20 ans important que l’entreprise utilise les outils et les se transformer pour atteindre deux objectifs l’innovation des collaborateurs. Tout en œuvrant à le marché international et plus particulièrement le process les plus modernes et les plus optimisés face à prioritaires : servir le citoyen de façon optimale et sensibiliser les pouvoirs publics afin qu’ils deviennent marché africain et Sud Européen. Nexans Maroc cette compétition internationale. » avec la plus grande célérité. Apporter tout le support un vecteur déterminant de soutien à l’entreprise. » PAROLES DE PATRONS... AMINE LOUALI

DIRECTEUR GÉNÉRAL DÉLÉGUÉ DE MAGHREB STEEL

246 70 ans au service de l’entreprise PAROLES DE PATRONS...

Réussir la transformation de notre modèle économique

« Diplômé de l’École Polytechnique et de Telecom d’actualité. On le voit de plus en plus impliqué dans les Paris, puis de l’Executive MBA du MIT (Masters of politiques publiques de développement, de création Business Administration du Massachusetts Institute d’emplois et de protection de l’environnement. Il ne of Technology), j’ai occupé plusieurs positions de cesse d’appeler pour la mise en place de mesures responsabilité au sein de grands groupes industriels. de protection comme forme de légitime défense Ancien directeur de la performance globale et de économique. L’intervention de l’État, même tardive, Pakistan Maroc Phosphore à l’OCP, j’ai eu la chance s’est avérée nécessaire pour contrecarrer les menaces de mener le projet de transformation industrielle qui pèsent sur l’avenir de l’industrie marocaine. » de l’OCP et la mise en place de l’OCP Production System, le système de production du Groupe. J’ai 248 249 aussi été en charge de l’intégration de la refonte Les enjeux de la mondialisation du système de formation industrielle d’OCP à « Il s’agit de réussir le défi de la transformation du travers la création de 4 centres de compétences. modèle industriel de l’entreprise : la restructurer J’ai également occupé plusieurs postes au niveau pour la rendre plus compétitive avec des produits du groupe Lafarge Holcim (Ex-Lafarge) en tant hautement qualitatifs ; renouveler son leadership et que responsable exploitation à l’usine de Meknès. lui permettre de recouvrer sa place et son image de J’ai rejoint Maghreb Steel en 2014 en qualité de fierté du Maroc industriel. Je désire faire du Groupe Directeur général délégué pour y conduire auprès Maghreb Steel - et avec lui tout l’écosystème - un de M. Amar Drissi le projet de transformation de bel exemple qui illustre la capacité de résilience Maghreb Steel. » face aux enjeux de la mondialisation. La phase de transformation de Maghreb Steel d’une entreprise La maturité du patronat marocain familiale en une entreprise moderne, disposant « La modernité permet de mesurer à quel point d’un processus de production high-tech et d’un le patronat marocain est sensible aux questions management professionnel. Un cas d’école au Maroc, de durabilité. Je pense qu’il cherche à être avant- symptomatique de la transformation que connait gardiste pour tout ce qui touche aux grands sujets le pays. » 70 ans au service de l’entreprise PAROLES DE PATRONS...

L’Afrique, un marché prometteur des programmes de formation sur le leadership fournir Renault et ceci est le début d’une longue série de 60 kg contre 100 kg au Maghreb, 120 kg en sécurité développés avec l’EMI (École Mohammadia de succès. C’est notre espoir en tout cas. La date Égypte et 400 kg en Turquie. Notre ambition, est « Nous capitalisons notre expérience à l’international. d’ingénieurs). Ce sont là quelques initiatives qui du 21 novembre 2016 est à marquer d’une pierre d’augmenter de 50 % le marché d’acier au Maroc Nous améliorons notre business en Afrique où nous s’inscrivent dans cette dynamique à haute valeur blanche dans l’histoire de Maghreb Steel. Elle sur 5 ans ». sommes déjà engagés. Nous servons déjà le marché ajoutée. En plus de l’investissement dans la formation, signe les premières livraisons de bobines laminées africain, mais le potentiel pourrait être décuplé si Maghreb Steel fait de la RSE (responsabilité sociale à froid à l’usine Renault Tanger. C’est le fruit d’un l’adhésion du Maroc à la CEDEAO se concrétise. de l’entreprise) une pratique effective et quotidienne. travail colossal mené en interne par l’ensemble des C’est un marché prometteur où l’on sera positionné La RSE est un impératif de la bonne gouvernance collaborateurs pour répondre aux exigences des comme l’unique producteur d’acier plat en Afrique d’entreprise. Une charte et des codes de conduite ont standards automobiles. Après Renault, Maghreb de l’Ouest, d’autant qu’on pourrait aussi vendre été adoptés, censés incarner une conscience sociale Steel est en contacts avancés avec PSA et bientôt des solutions. Nous sommes mieux positionnés et environnementale, en totale conformité avec les avec BYD, le géant chinois de la voiture électrique logistiquement et géographiquement que les Turcs qui vient de s’installer au Maroc. Cela nous assure 250 exigences du Label RSE de la CGEM. 251 ou les Chinois ». de nouveaux débouchés et des marchés pérennes en Maghreb Steel contribue au développement social tant que fournisseur de l’industrie automobile. La responsabilité sociale de son environnement immédiat en soutenant l’éducation et la scolarisation des enfants. À travers Cette conquête et ces bons résultats « proviennent d’une refonte radicale de l’ensemble de nos processus, « Au-delà des chiffres et de la performance le partenariat avec la fondation Zakoura, l’entreprise qui s’est traduite par une meilleure fiabilité de nos opérationnelle, Maghreb Steel, qui emploie plus de a démarré sa première école préscolaire dans le cadre installations, des réductions de nos coûts importantes 1300 personnes, place le capital humain au cœur de du programme Preschool Heroes et a équipé une et l’amélioration de notre qualité. Tout ceci a fait sa politique de développement. Notre objectif est école à Chellalate, dans la banlieue de Casablanca, qu’aujourd’hui nos parts de marché se situent à 85% de faire grandir les gens à travers des programmes en moyens informatiques. » de formation, tels que la création d’une Chaire de au lieu de 40% en 2014. » la transformation opérationnelle à l’École Centrale Des outils et des Hommes de Casablanca ; la signature d’une convention Nos défis sur 5 ans entre la Fédération des Industries Métallurgiques, « L’entreprise a pu se doter des dernières technologies « On essaie de tirer profit des opportunités, en créant Mécaniques et Électriques (FIMME) et l’OCP pour avec un système de production totalement informatisé un marché local dont le potentiel de croissance reste ouvrir les centres de compétences à l’ensemble des et nous continuons à faire de la recherche- très important. Pour l’heure, la consommation per acteurs de la transformation de l’acier, ainsi que développement. Aujourd’hui, on est homologué pour capita de l’acier au Maroc tourne aux alentours PAROLES DE PATRONS... MONCEF ZIANI

PRÉSIDENT-DIRECTEUR GÉNÉRAL DE CONSEIL INGÉNIERIE ET DÉVELOPPEMENT (CID)

252 70 ans au service de l’entreprise PAROLES DE PATRONS...

Développer notre présence internationale

« Je suis ingénieur de formation et mène depuis et cela depuis sa création. Nous avons également Grands travaux sur le marché africain aujourd’hui en phase finale de réalisation, avec sa l’obtention de mon diplôme de l’école des Ponts et réalisé la conception du port de Kénitra Atlantique centrale électrique. Au Kenya, nous participons à la «La présence et l’action de l’entreprise ne se Chaussées de Paris, une carrière dans l’ingénierie qui sera achevé dans les prochaines années, ainsi que réhabilitation d’un grand barrage, celui de Thika. limitent pas uniquement au Maroc. Notre expertise et les grands projets de développement. J’ai rejoint de celui de Nador, West Med, en cours de réalisation. Au Cameroun, nous sommes actifs dans le domaine s’exporte depuis le début des années 2000. Au départ, le CID (Conseil Ingénierie Développement), que je du bâtiment, plus précisément dans la construction Plusieurs Marinas, aussi bien sur la façade atlantique l’entreprise a ciblé le marché africain. Nous travaillons dirige actuellement, à l’issue de ma formation dans les d’hôpitaux, un programme qui comprend 2 CHU que méditerranéenne, ont été conçues par le CID. avec une vingtaine de pays sur des projets d’envergure, années 80. La société compte quelque 450 employés (Centres hospitaliers universitaires), 9 CHR (Centres Dans le domaine de l’eau potable et de l’assainissement, barrages, autoroutes, irrigation. Quelques exemples : dont 200 ingénieurs de différentes spécialités. hospitaliers régionaux). Depuis 2 ans, le CID a notre entreprise travaille sur plusieurs villes du en Mauritanie, le CID intervient dans le domaine entamé un programme de filialisation. Outre la Notre société est spécialisée dans l’ingénierie des Royaume, soit pour concevoir des stations de de l’agriculture, de l’assainissement (plan directeur Côte-d’Ivoire, l’entreprise a créé une filiale à Dakar, 254 projets d’infrastructures et de bâtiments : projets de traitement d’eau potable, soit sur les réseaux d’assainissement de Nouakchott, Nouadhibou), sans 255 au Sénégal et s’apprête à en ouvrir une nouvelle à routes, autoroutes, ouvrages d’art, barrages, centrales d’assainissement. Depuis plusieurs années, le CID oublier le grand port de pêche de Tanit, appelé à Djibouti. L’Afrique occupe une place importante hydrauliques, irrigation, eau potable et assainissement, s’investit dans l’élaboration de stations d’épuration des devenir le plus grand port de pêche du pays et dont les dans l’internationalisation de notre société, qui projets portuaires etc. Le CID a été associé à tous les eaux usées. À titre d’exemple, la station des eaux usées travaux sont en bonne voie. Dans ce même pays, nous vise également à se développer sur le marché du grands programmes de développement au Maroc. de Fès est l’une de nos conceptions. Cette station est étudions un projet de transfert d’eau sur plusieurs Moyen-Orient et dans les pays du Golfe, où nous Nous avons, entre autres, participé au programme conçue pour un million d’habitants. Dans le domaine centaines de kilomètres. Autre exemple, l’entreprise sommes dans une phase de prospection avancée, des autoroutes du Maroc depuis la conception du de l’irrigation, les ORMVA (Office Régional de Mise est présente en Côte-d’Ivoire, à travers l’une de nos avec l’ouverture de la première filiale à Mascate, au projet. Le dernier en date, c’est la rocade de routier, le en Valeur Agricole) , les DPA (Direction Provinciale filiales. Outre la Baie de Cocody, le CID travaille sur Sultanat d’Oman. » tronçon autoroutier qui contourne la ville de Rabat. de l’Agriculture) sont nos partenaires, ainsi que le l’extension du port d’Abidjan et la construction d’un Parmi les exemples d’ouvrages d’art, il y a lieu de ministère de l’Agriculture. Cette collaboration dans nouveau terminal à containers, sans oublier plusieurs citer le pont Mohammed VI qui relie Rabat à Salé. le secteur de l’irrigation nous assure une présence études dans les secteurs des routes et des ouvrages Le patronat, partenaire dans le développement économique Au plan hydraulique, le CID a travaillé sur une dans plusieurs régions du Maroc. Dans le domaine du d’art, répartis sur l’ensemble du territoire ivoirien. centaine de projets de grands barrages, soit pour bâtiment, l’expertise du CID s’affirme dans le secteur En Afrique de l’Est et Afrique de l’Ouest, le CID est « L’image du patronat marocain dans son ensemble réaliser des études spécifiques, soit pour superviser touristique, (complexes hôteliers et balnéaires), ainsi présent dans le domaine des barrages. Actuellement, a évolué et s’est nettement améliorée. Ce patronat les travaux. Dans le secteur portuaire, la société a été que dans les écoles. À ce titre, le CID vient d’achever nous assurons la supervision du chantier d’un grand est désormais perçu comme un partenaire dans associée à la majorité des ports qui existent au Maroc l’École Centrale de Casablanca. » barrage au Burkina Faso, le Barrage de Samandeni, le développement économique. Le mérite revient 70 ans au service de l’entreprise PAROLES DE PATRONS...

en grande partie au travail de la CGEM. La En ce qui concerne l’environnement, nous avons confédération est, non seulement, la représentante produit plusieurs dizaines d’études sur le sujet. Le des intérêts du secteur privé, mais également une CID a collaboré aux analyses qui ont structuré ce force de propositions sur toutes les thématiques secteur au Maroc, en particulier la préparation de du développement du Royaume (programmes la loi-cadre sur l’environnement et le développement d’investissement, réglementations, législation). Cette durable, ainsi que la préparation de la stratégie présence accrue de la CGEM dans la vie économique nationale de développement durable qui a été date d’une dizaine d’années. Bien entendu, je adoptée par le Conseil de gouvernement. Dans m’exprime sur la période que je connais, ayant moi- notre entreprise, la question de l’environnement même été Président de la CGEM pour la région de se décline à un niveau professionnel avec le Pôle Rabat-Salé-Zemmour-Zaer. » Environnement (eau, assainissement, dépollution 256 industrielle). Notre respect de l’environnement nous 257 Responsabilité sociale a d’ailleurs conduit à construire notre nouveau Siège et environnementale selon les normes recommandées à cet effet. Nous y « La responsabilité sociale de l’entreprise est d’une avons installé l’énergie solaire, le captage des eaux grande importance. Un dirigeant d’entreprise ne doit pluviales qui nous sert à arroser les espaces verts, pas uniquement surveiller les indicateurs financiers des mesures d’économie d’énergie avec, notamment, de l’entreprise. Il doit aussi se préoccuper de la un éclairage sensible à la présence. Nous avons dimension sociale et environnementale. Le patronat également incité les collaborateurs à privilégier le marocain est engagé dans cette problématique covoiturage, à utiliser les transports en commun, comme en témoigne le label RSE. Ce label commence à faire des économies en termes de papier… à intéresser beaucoup de patrons d’entreprises. Dans ce sens, le CID assure une formation de D’ailleurs, le CID vient d’obtenir son label RSE. Un son personnel à la culture environnementale pour patron trouve autant de satisfaction dans la réalisation sensibiliser l’ensemble des ressources humaines à la des objectifs économiques et financiers de l’entreprise question afin que tout un chacun soit porteur de ces que dans les objectifs sociaux et environnementaux. valeurs. » 70 ans au service de l’entreprise PAROLES DE PATRONS...

Vers une Administration partenaire par exemple, que les employés n’attendent pas que marché se développera bientôt sur un rythme ralenti pays. Travailler au Kenya n’est pas la même chose de l’entreprise l’entreprise soit payée, pour être eux-mêmes payés à alors que la concurrence n’arrête pas de s’amplifier. qu’œuvrer au Soudan ou au Burkina Faso. Plus les la fin du mois, comme les fournisseurs n’attendent pas Pour nous, les marges de développement se situent acteurs économiques sont convaincus que l’export «Le rapport à l’Administration n’est pas uniforme. que l’entreprise prestataire soit payée pour recevoir désormais à l’international. Il existe également une n’est pas un choix, mais une nécessité, plus les élites Chaque fois que vous interpellez un patron leurs dus. Beaucoup d’entreprises ferment à cause des concurrence mondialisée. Ceci dit, nous sommes économiques seront amenées à s’adapter aux différents d’entreprise, il vous répond selon son angle de vue, délais de règlement. La fermeture de certaines PME, habitués à la concurrence : les marchés sont toujours marchés et feront l’effort nécessaire. Un exemple : sa propre expérience, son personnel. Pour le CID des entreprises qui n’ont pas de patrimoine, provient gagnés dans un contexte concurrentiel, sur appel il y a une quinzaine d’années, les Tunisiens étaient qui travaille dans les infrastructures, l’Administration souvent de délais de paiement anormalement longs. » d’offres, tant sur le plan national qu’international. en avance en matière d’exportation de l’ingénierie. est d’abord un client. 90 % de nos commandes L’exemple du barrage de Thika, au Kenya, illustre L’explication était simple. À l’époque, l’exigüité du viennent du secteur public dans le domaine de parfaitement cette réalité : à chaque fois que le CID marché tunisien a forcé les ingénieurs à exporter leur l’ingénierie des grands projets de développement. Stratégies d’avenir soumissionne au Kenya, il trouve en face de lui vingt savoir-faire car l’Administration n’était pas en mesure Notre souhait ? Que l’administration adopte un « Selon le plan stratégique adopté, le CID vise, 258 à trente concurrents issus de l’Europe ou d’Asie. Nous d’absorber le nombre important d’ingénieurs formés. 259 esprit de partenariat avec l’entreprise. Cet état pour les prochaines années, l’internationalisation sommes formatés pour faire face à la concurrence. Un autre exemple : la crise du BTP en Espagne et au d’esprit existe déjà, mais il est rare. Or, on devrait de son activité, c’est-à-dire passer d’une société qui Nos atouts ? Ce ne sont pas les coûts, le CID n’est Portugal a poussé les bureaux d’études en ingénierie le trouver à tous les niveaux, car il peut contribuer travaille sur le marché marocain à une entreprise qui pas low cost dans le domaine de l’ingénierie, mais la à proposer leurs services à d’autres pays. C’est grandement au développement d’un secteur privé s’exporte. L’objectif est d’atteindre 60 % de chiffre qualité de la prestation et les solutions proposées, l’internationalisation où la disparition. La crise du fort. La problématique des délais de paiement en est d’affaires à l’export. Notre entreprise a une place à adaptées aux contextes locaux, faciles à mettre en marché local pousse à l’internationalisation. le symptôme. La CGEM a beaucoup travaillé sur occuper dans beaucoup de pays car nos références œuvre et à exploiter. Notre entreprise est une force La question de l’élite économique marquée par cette thématique. La loi sur les délais de paiement sont bonnes et nos réalisations plaident en faveur de de proposition de solutions innovantes, adaptées et les entreprises familiales, n’est pas significative. De est promulguée, mais malheureusement ne s’applique cette internationalisation. Le défi pour les prochaines plus simples à exploiter, avec des frais d’exploitation pas à l’Administration. Au-delà de la réglementation, années ? Faire du CID une société à dimension plus faibles. » grands groupes internationaux sont des entreprises c’est à l’Administration de faire preuve d’un esprit internationale dans le secteur de l’ingénierie. Nous familiales. Le secret réside toujours dans l’organisation de partenariat avec l’entreprise. C’est un travail de le sommes déjà sur le plan national où l’entreprise est et la gestion de l’entreprise. Un groupe familial qui Une élite économique ouverte longue haleine. Comment faire ? En guise d’anecdote, leader dans son secteur et également en Afrique, où le met en œuvre une gestion moderne et embauche des à l’international je dis souvent que pour sensibiliser les responsables CID devient aujourd’hui une référence. Cette volonté cadres réellement responsabilisés, peut parfaitement de l’Administration aux contraintes financières qui de nous développer s’explique par les perspectives « Notre élite économique nationale travaille dans se développer. Il n’y a pas d’a priori sur cette question pèsent sur l’entreprise, il faudrait qu’ils passent réelles qui s’offrent à l’international, et pas seulement un contexte mondialisé. Elle doit être ouverte à qui doit être abordée en termes de gestion et non d’un deux ou trois ans dans le privé. Ils comprendraient, en Afrique. Sur le plan national, nous savons que le l’international, à la business culture des autres point de vue dogmatique. » PAROLES DE PATRONS... JAOUAD CHEIKH LAHLOU

PRÉSIDENT-DIRECTEUR GÉNÉRAL DE COOPER PHARMA

260 261 70 ans au service de l’entreprise PAROLES DE PATRONS...

La plus grande richesse est celle des Hommes

« J’ai été embauché en tant que Directeur Adjoint de s’impose à nous et nous la considérons comme un par d’autres entreprises dans des actions à caractère Toutefois, certains domaines, l’éducation en Cooper Pharma en 1972, fonction que j’ai exercée réservoir d’opportunités. Nous estimons que l’Afrique social. Ainsi, un pôle citoyenneté a été créé, il y a particulier, nécessitent de nouvelles réformes. jusqu’en 1974. J’ai ensuite été Administrateur est notre zone de prolongement naturel et nous avons longtemps à Cooper Pharma, avec des actions phares Mes défis sur les cinq prochaines années sont de Délégué de 1974 à 1997, puis Président-Directeur comme exigence de partager notre savoir-faire avec menées régulièrement dans le domaine de la santé, maintenir un niveau d’engagement et de motivation Général depuis 1997. Je dirige cette société depuis nos voisins africains. » de l’éducation et de l’environnement, dans diverses au sein de toutes les ressources humaines de Cooper 45 ans. Cooper Pharma compte aujourd’hui, sans provinces du Maroc. Chez Cooper Pharma, on est Pharma et d’avancer sur les projets en cours dans le ses filiales, près de 1000 salariés. La transmission de valeurs citoyen avant d’être collaborateur. respect des engagements et des délais partagés. Le L’image du Patronat ? Je pense que le « patronat » La citoyenneté consiste aussi à accompagner nos Maroc a contribué à l’organisation et la modernisation « Je parlerai du « patriotisme » tout court, héritage de marocain, au vu de son engagement, évoluera collaborateurs dans leur progression professionnelle. du secteur pharmaceutique qui évolue dans un notre éducation et de notre histoire, et qui constitue avec les exigences de la modernité. En effet, le La formation est un pilier au sein de notre entreprise, cadre structuré et réglementé. Ce même secteur a, le socle de nos valeurs. J’ai essayé durant toute patronat doit s’adapter et se saisir des nouvelles à travers notre académie de formation « Cooper par ailleurs, bénéficié de formations essentielles 262 ma carrière de transmettre cette valeur à tous les 263 évolutions dans lesquelles il doit voir des opportunités Academy ». Je suis convaincu que la formation avec les entreprises multinationales et marocaines. collaborateurs de Cooper Pharma, qui a d’ailleurs d’amélioration. » est essentielle au développement personnel et Enfin, il a acquis un niveau de technologie qui lui obtenu le certificat RSE en 2014, notamment grâce professionnel, et que c’est un voyage sans fin puisqu’il permet d’atteindre les standards internationaux de au respect des droits humains, à la protection de y a toujours à apprendre. Cooper Pharma investit qualité et de productivité. La combinaison de ces trois Une présence forte en Afrique l’environnement, à la transparence… fortement dans la formation continue, externe facteurs fait de l’industrie pharmaceutique un secteur « Nous ciblons les marchés nationaux et internationaux Je pense sincèrement que la plus grande richesse est et interne, de ses collaborateurs. Un espace au potentiellement compétitif face aux concurrences pour nos produits, et en particulier l’Afrique et le celle des Hommes. La gestion des ressources humaines sein de nos locaux lui est d’ailleurs entièrement mondialisées. » Moyen-Orient. Nous sommes d’ailleurs présents doit impérativement s’adapter aux évolutions de ces dédié. » sur l’Afrique de l’Ouest depuis vingt ans, et sommes hommes pour mieux les accompagner. Il faut voir L’élite économique marocaine en train de finaliser la construction d’une unité de dans la gestion « ultra-moderne », des outils et des L’entreprise marocaine du 21e siècle fabrication en Côte-d’Ivoire. Nous développons Hommes, des opportunités d’amélioration et de «Elle se doit de contribuer au développement des également notre activité commerciale en Afrique facilitation, plutôt que des contraintes. Cependant, « L’Administration marocaine a fait preuve de Marocains à travers des actions sociales et citoyennes, de l’Est et avons lancé la construction d’une unité « l’humanité » doit demeurer le maitre mot dans la nombreuses évolutions pour accompagner l’entreprise chacun dans son domaine d’expertise ou de de fabrication au Rwanda. Enfin, nous avons gestion des entreprises. La Citoyenneté est également marocaine dans le 21e siècle, comme le montre prédilection. L’élite marocaine doit aussi contribuer des participations en Arabie Saoudite et aux l’une des valeurs fondamentales de Cooper Pharma. l’exemple récent de la digitalisation de la DGI, au rayonnement du Maroc à l’étranger. » Émirats-Arabes-Unis dans deux autres usines Nous avons jugé indispensable de nous associer aux l’évolution impressionnante de certains secteurs pharmaceutiques. Concernant la mondialisation, elle efforts consentis par les instances publiques ainsi que comme l’agriculture, l’automobile, l’aéronautique… PAROLES DE PATRONS... MOHAMED M’RABET

PRÉSIDENT-DIRECTEUR GÉNÉRAL DE FOUGHAL BUS

264 70 ans au service de l’entreprise PAROLES DE PATRONS...

Nouvelle génération de bus au Maroc

« Je suis devenu entrepreneur par accident, mais le développement durable et la compétitivité, entre des coûts, soient les plus favorables à l’emploi. En somme, l’image du patronat marocain moderne l’histoire de la constitution de la société Foughal Bus autres. Je peux affirmer que la CGEM a su inscrire son L’application du code du travail est un minima passe forcément par un changement des mentalités. s’est révélée passionnante. Créée en juillet 1995, action dans une réelle dynamique de modernisation obligatoire, mais l’idée d’aller vers une convention Chacun se doit d’être à la fois acteur et responsable. » Foughal Bus a démarré ses activités à Berkane avec du secteur productif ». collective, me paraît une solution idéale. 4 bus. Depuis, l’entreprise s’est bien développée et a Quant au volet formation, le système de formation Les défis à venir remporté successivement les marchés de transport Dynamiser la région de l’Oriental actuel de l’Office est une procédure lourde et urbain de Taza (2002), puis Guercif et Saidia en « Nous devons moderniser la flotte et surtout offrir « Nos objectifs ? Donner un nouvel élan à la mobilité inefficace. On met des années à récupérer nos 2010. Elle compte aujourd’hui une flotte de plus un service de transport de qualité à nos concitoyens. dans la région de l’Oriental et doter l’entreprise de investissements. Cela décourage les formations et d’une centaine d’autobus et emploie 360 personnes. Je n’ai pas hésité à m’associer au grand transporteur toutes les expertises de notre partenaire espagnol pénalise les entreprises qui continuent à payer la taxe Notre chiffre d’affaires frôle les 45 millions MAD en international espagnol Vectalia afin d’introduire, dans Vectalia. Notre filiale commune avec le groupe de formation. » 266 2017 et affiche des résultats d’exploitation positifs. notre pays, les dernières technologies en la matière. 267 espagnol a remporté le contrat de gestion du transport De plus, le démarrage en 2018 de l’activité à Nador Pour une gestion moderne… Ainsi, dès cette année, l’opération de modernisation devrait doper les résultats. » du Grand Nador en 2015 et démarrera ses activités commencera par la ville de Taza avec l’arrivée de bus courant 2018. C’est pour nous l’opportunité de « Je constate que les entreprises marocaines investissent dernière génération, uniques en Afrique. Au stade mettre en circulation des bus dernière génération peu ou pas assez dans l’industrie. L’implication des L’organisation patronale, un acteur où se trouve l’entreprise, enrichie par l’expérience à Nador et, du coup, tisser une toile de réseaux de familles dans la gestion des entreprises constitue un incontournable de nos équipes, nous prévoyons une expansion des transport urbain dans l’Oriental. » grand handicap, d’où l’importance voire l’urgence de activités au Maroc. Nous n’écartons pas non plus la « La CGEM est parvenue à peser et prendre position basculer vers une gestion moderne des entreprises. possibilité de développer des partenariats en Afrique dans le débat global sur l’entreprise. L’organisation Miser sur le personnel de l’Ouest. » patronale est devenue, au fil du temps, un acteur … Et une restructuration de incontournable et un partenaire social à part entière « Les clés du succès en entreprise c’est de miser sur l’Administration disposant désormais d’une représentation au sein de son personnel en le formant, le responsabilisant et « Il nous faut une profonde restructuration de la Chambre des conseillers. Son influence est palpable en lui demandant des comptes. Les entreprises ont l’Administration, car elle est encore loin des sur nombre de sujets et thèmes comme la réforme du un intérêt moral et pratique à être civiques. Il faut préoccupations des entreprises. Or, pour que code du travail, le délai des paiements, le butoir de rechercher dans l’entreprise des solutions qui, tout l’entreprise se développe et puisse relever les défis de la la TVA, l’esprit d’entreprise, l’efficacité énergétique, en restant compatibles avec une gestion rigoureuse mondialisation, le soutien de l’État est indispensable. PAROLES DE PATRONS... LARBI LARAÏCHI

PRÉSIDENT-DIRECTEUR GÉNÉRAL DE BASSATINE

268 269 70 ans au service de l’entreprise PAROLES DE PATRONS...

La meunerie, une histoire de père en fils

« Bassatine est aujourd’hui une minoterie industrielle et de débats thématisés, le patronat marocain est structurée et moderne, au rang de leader régional. devenu capable de parler d’égal à égal aux décideurs Adossée au groupe familial Laraïchi, l’entreprise, qui politiques. Il est pleinement dans son rôle. Je constate emploie plus de 300 personnes, pèse 400 millions MAD qu’avec le Label RSE, le patronat marocain bénéficie de chiffre d’affaires. Ces dernières années, nous désormais d’une image de marque très positive. » avons mené avec succès la restructuration graduelle de la minoterie industrielle. Nous avons lancé un Responsabilité de l’entreprise nouveau projet d’investissement pour sortir de la sphère « monoproduit ». Notre objectif : diversifier « Dans notre projet de modernisation, je persiste et valoriser la production en allant vers une deuxième à croire que la pérennité de l’entreprise dépend 270 transformation à forte valeur ajoutée. Comptable de en grande partie de l’implication de ses ressources 271 formation et familier du droit des affaires, j’ai bénéficié humaines. Nous avons la chance d’opérer dans un d’une formation opérationnelle en adéquation avec secteur à forte charge symbolique, celui du blé et du les exigences du métier. » pain, cela nous oblige à respecter certaines règles à savoir : donner et partager. C’est finalement la relation dialectique entre le capital et le travail. La CGEM a gagné en légitimité Notre démarche consiste à associer les salariés, à les « Je pense que le patronat marocain a réalisé une former et les informer de la stratégie de croissance. avancée remarquable ces dernières années. La CGEM Nous n’avons plus le choix. Le respect des principes a gagné en légitimité en se mettant à l’avant-garde de la Responsabilité sociétale et environnementale des espérances sur tous les plans : économique, social de l’entreprise devrait nous inspirer pour contrer la et environnemental. À force d’être défricheur d’idées brutalité de notre quotidien. » 70 ans au service de l’entreprise PAROLES DE PATRONS...

Nécessité d’une réforme de notamment africains, à partir des dérivés, n’est pas favoriser un désenclavement de la région Fès-Meknès l’Administration exclue. Il y a là des opportunités à saisir. via l’élaboration d’un partenariat public-privé avec l’ONCF, avec le soutien des pouvoirs publics. « Personne ne dira le contraire. Il est urgent que Pour l’heure, nous œuvrons à renforcer la notoriété Ma proposition procède de la nécessité d’activer l’Administration marocaine opère sa mue pour de la marque. Le processus de labellisation est en la régionalisation, en mettant à la disposition des plus de transparence et plus d’efficacité. On est cours. Notre objectif est de nous distinguer en jouant régions des compétences nécessaires et des budgets impatient de voir l’Administration améliorer ses la carte de la qualité et en misant sur les compétences conséquents. Nous devons tous ensemble prendre prestations, par la digitalisation de ses services, pour de nos ressources humaines. La mondialisation est à conscience du devoir de mettre les bouchées doubles mieux accompagner les entreprises. Je souhaite voir la fois une menace et une opportunité. Notre espoir pour accélérer l’amélioration du climat des affaires diminuer le fléau de la corruption, cette pieuvre est non seulement de rester dans la course, mais de dans notre pays. La CGEM avance aussi sur qui tue toute initiative d’entreprendre et d’investir. continuer à exceller pour gagner. » ce front. » Même chose pour les CRI (Centres Régionaux 272 d’Investissement) dont la refonte est tout aussi Surmonter les obstacles 273 urgente pour en faire un outil indépendant. » « À mon avis, le principal obstacle devant l’évolution économique marocaine c’est la persistance de la Face aux concurrences mondialisées culture des dirigeants détenteurs du capital. Il faut « Pour mieux gérer et relever les défis d’un marché en finir avec cet état d’esprit et basculer vers un de plus en plus ouvert et concurrentiel, notre management moderne. C’est une exigence en ces management lance un nouveau projet d’extension temps de forte compétition et d’innovation. de l’usine pour une enveloppe budgétaire de Nombre d’entraves persistent encore devant 70 millions MAD. Ce projet, qui va générer 120 l’émergence de la région Fès-Meknès en pôle nouveaux emplois, porte sur une intégration verticale d’attractivité économique. En effet, le coût de la pour accroitre la valeur ajoutée, mais surtout pour logistique est 3 fois plus élevé que celui enregistré perpétrer le savoir-faire et les valeurs humaines de dans les zones côtières. J’appelle donc à un la famille. allègement du coût de la logistique pour sauvegarder L’entreprise vise en premier le marché local, mais la compétitivité des entreprises de la région. Je pense l’ouverture sur d’autres marchés à l’international, qu’une connexion avec le port de Kénitra pourrait PAROLES DE PATRONS... MAJID JOUNDY

PRÉSIDENT-DIRECTEUR GÉNÉRAL DE BELMA

274 275 70 ans au service de l’entreprise PAROLES DE PATRONS...

Un label qui symbolise les saveurs du Maroc

« Ingénieur de formation, c’est en Belgique que j’ai plus de 1000 salariés. Ses boites de conserve (de poursuivi mes études supérieures à l’École supérieure sardines, en l’occurrence) sont exportées dans plus de textile et d’électronique (ESTET) de Tournai. Mon de 100 pays. Nous sommes devenus un label et une diplôme obtenu en 1972, je suis rentré au pays pour marque qui symbolisent les saveurs du Maroc. En rejoindre BELMA, une structure familiale opérant plus de sa marque originale, l’entreprise fabrique dans l’industrie du poisson à Agadir. J’ai gravi tous les d’autres marques notamment ARMORIAL et échelons au sein de l’entreprise et après avoir occupé CONNETABLE, suite au partenariat avec la plusieurs postes liés à la production, j’ai accédé à la maison Chancerelle, en 2002. L’entreprise produit direction de la société. » également des conserves de Poisson pour le compte des enseignes de grande distribution européennes et 276 Croissance et exportations nord-américaines. Mon défi personnel ? C’est de voir 277 la région Souss-Massa devenir un pôle économique « BELMA vient de célébrer ses 70 ans et figure en intégré. » tête des premières usines marocaines de l’industrie de transformation de poisson. L’entrée dans le capital du français Chancerelle a aidé l’entreprise à L’évolution du patronat se moderniser et à renforcer ses parts de marché à « Je considère que le patron se doit d’évoluer. Il l’international. doit posséder une formation de pointe, maîtriser les Nous avons créé deux unités de transformation, nouvelles technologies, être bien informé et réagir à participé à l’achat de bateaux de pêche dans les temps, pour être compétitif… Je crois que la gestion provinces sahariennes, accédé à des marchés à familiale est en train de disparaitre. Dans ce sens, la l’export et amélioré notre surface financière… CGEM continue son combat pour la modernisation BELMA est aujourd’hui une entreprise qui réalise du tissu économique marocain et bataille pour 350 millions MAD de chiffre d’affaires et emploie l’industrialisation du pays. » 70 ans au service de l’entreprise PAROLES DE PATRONS...

La nécessité d’une gestion moderne Nous avons développé une expertise agréée à l’échelle mondiale. La mondialisation s’impose à nous, elle « La bonne gouvernance ne peut qu’asseoir la nous oblige à nous améliorer. Le seul bémol, c’est la notoriété de l’entreprise. Les décisions doivent être concurrence déloyale et la contrebande. » prises rapidement, d’où la nécessité d’un management moderne et compétent qui doit faire face aux défis de la concurrence et de la création de valeur. » Une élite économique marocaine « L’élite économique marocaine a le devoir d’être bien L’Administration du 21e siècle entourée. Elle a intérêt à être à l’écoute de la base. Lorsqu’on sait que l’environnement des affaires est un « L’Administration marocaine doit évoluer pour monde large et complexe, les décideurs économiques, accompagner l’entreprise. Elle est appelée à fournir qui sont censés être bien formés, ont l’obligation de des statistiques fiables et à temps. Les lourdeurs 278 travailler dans la transparence, cultiver le sens des 279 administratives peuvent être surmontées par une solidarités et surtout bien communiquer. » décentralisation effective et un redéploiement progressif des compétences. »

Surmonter les concurrences « À mon avis, l’acte d’exporter est volontariste. Notre pays dispose d’un magnifique port, Tanger- Med, qui permet d’être connecté à tous les pays Les marchés africains La responsabilité sociale du monde. Il suffit de produire de la qualité pour « Le développement de notre entreprise est passé « Il ne peut y avoir de production saine que dans pérenniser l’entreprise. Nous ciblons tous les pays par l’accès aux marchés africains qui représentent un environnement sain. D’où l’obligation d’un en fonction de leur facilité d’accès. aujourd’hui 30% de notre chiffre d’affaires. audit social pour évaluer les mesures d’hygiène et de Nous ne craignons pas la mondialisation car le Maroc D’autres facteurs expliquent notre croissance : sécurité, le respect des droits légitimes des travailleurs, est grand producteur et 1er exportateur de sardines. le renouvellement des décideurs et les avantages l’accompagnement à la formation, etc. » Nous en exportons dans 105 pays. La sardine compétitifs du Maroc. » marocaine est le meilleur ambassadeur du pays. PAROLES DE PATRONS... MOHAMED LAMINE HORMATOLLAH

PRÉSIDENT-DIRECTEUR GÉNÉRAL DE SYNEDAKH

280 281 70 ans au service de l’entreprise PAROLES DE PATRONS...

L’activité de pêche en mer est collective et solidaire

« Je suis un autodidacte. Le sens de l’autonomie son évolution cadrent parfaitement avec les exigences et de la responsabilité m’a été inculqué par ma de la modernité. Il faut savoir que la modernisation famille, qui était connue dans l’activité d’élevage du des process de production est une exigence pour dromadaire et le commerce avec les Iles Canaries. capter des marchés aussi importants que le Japon. La J’ai créé SYNEDAKH en 1996 à Dakhla. C’était région est certes riche mais souffre encore du manque une petite structure de pêche artisanale disposant de de compétences nécessaires. » deux bateaux seulement. J’avais envie d’évoluer en harmonie avec ma passion : la pêche et le commerce L’Afrique dans les radars de poissons. Aujourd’hui, c’est une entreprise qui opère dans la pêche hauturière et compte un « Il reste beaucoup à faire en matière de mise à 282 effectif permanent de 280 personnes. Outre la pêche niveau des flottes de pêche, de reconversion vers des 283 pélagique et celle du poulpe, l’entreprise s’active engins performants, de formation sur les nouvelles aussi dans l’élevage des huîtres. Nous développons techniques de pêche pour parvenir à relever le niveau une nouvelle stratégie de croissance et réalisons un de la qualité aux meilleurs standards internationaux, chiffre d’affaires de 50 millions MAD, entièrement à et à mieux valoriser les captures. On ne veut pas l’export. La réussite a aussi été rendue possible grâce demeurer d’éternels pêcheurs pour l’Europe ; on doit à la hausse de la valeur des captures et, par la suite, tirer meilleur parti de cette économie bleue au grand au Plan Halieutis qui a marqué une étape décisive profit de notre pays. Dans notre secteur d’activité, la pour le redressement de la filière. » mondialisation ne pourrait avoir que des avantages, pourvu que l’on dispose d’un armement aussi performant. Pour le marché africain, malgré sa forte Le patronat, un appui pour l’entreprise demande en produits de la pêche, les exportations « La CGEM joue un rôle d’interface important avec demeurent limitées aux conserves de pélagiques. les autorités administratives pour moderniser et L’éloignement géographique, la multiplication des changer les mentalités. Je peux dire que son action et frontières, les lourdeurs douanières et la faiblesse 70 ans au service de l’entreprise PAROLES DE PATRONS...

de logistique de transport constituent encore des mer (pêche, sport, tourisme, gastronomie, etc.) et valables, l’élevage des huîtres est une activité de Tanger-Med, avec une connexion à la ligne obstacles. Mais ce n’est qu’une question de temps. encourager les jeunes à découvrir ces nouveaux capitalistique. Elle nécessite des investissements électrique haute tension, une zone industrielle, une L’Afrique, compte tenu de son fort potentiel de territoires d’émancipation. » d’installation conséquents et des fonds de roulement zone franche, un atelier de construction navale, croissance, est sur nos radars. » importants. ainsi que toutes les annexes nécessaires pour en faire Administration et compétitivité Nous devons faire en sorte que la région de Dakhla une réelle plateforme de développement de la filière L’humanité au travail dispose d’un port frontière Atlantique, à l’image pêche maritime dans la région. » « C’est à l’État de favoriser l’émergence d’un « L’activité de pêche en mer est foncièrement écosystème à même de faire de Dakhla un véritable collective et donc solidaire. L’humanité au travail pôle de compétitivité à l’instar d’Agadir et de devrait être une réalité de tous les jours.Il est Tanger. Cela passe par une réforme des CRI, un indispensable de valoriser les collaborateurs, des assouplissement des procédures d’investissement et 284 285 ouvriers et des employés pour la plupart, pour mener d’import-export, et un régime fiscal approprié. » le navire à bon port. Valoriser l’Homme comme pivot de développement de l’entreprise, c’est miser sur Projet d’expansion la durée. Le dirigeant d’entreprise doit savoir bien s’entourer et donc déléguer et faire confiance. Car il « Pour une meilleure valorisation des produits s’agit en définitive de créer de la valeur et maintenir de la mer, nous mettons les dernières touches à l’emploi pour limiter la précarité malgré les variations un projet de développement qui nécessite une saisonnières de l’activité. » enveloppe budgétaire de l’ordre de 250 millions MAD. Ce projet comprend essentiellement l’acquisition d’un navire de pêche pélagique de type Construire l’écosystème RSW (réfrigérant par eau de mer et pratiquant la « Aujourd’hui, Dakhla offre les meilleures huîtres congélation à bord) et la construction d’une usine du Maroc, grâce au développement réussi de de conserve. Nous nous préparons à passer du stade l’ostréiculture. La région de Dakhla est un réel espace de pêcheurs-congélateurs au stade d’industriels de de croissance et d’innovation. Il faut maintenant la conserve de poissons. Outre le traitement du faire émerger les nouvelles formations liées à la poisson dans des conditions de qualité et d’hygiène PAROLES DE PATRONS... REDOUANE EL GHAZOUANI

PRÉSIDENT-DIRECTEUR GÉNÉRAL DE REDNÉGOCE

286 287 70 ans au service de l’entreprise PAROLES DE PATRONS...

Notre défi, c’est de grandir

« Je suis né à Zagora. J’ai quitté l’école à l’âge de aussi dans les fournitures et le mobilier de bureau, la 16 ans pour devenir menuisier. Neuf ans plus tard, distribution de l’aliment de bétail et des moutons de j’ai changé de voie pour une reconversion dans la race destinés à l’élevage au profit des coopératives maçonnerie, le métier de mon père. Mon parcours féminines dans le monde rural. » professionnel commence avec la création en 2005 de HAMA-Construction (comme Hay Al Mansour L’irrigation dite « goutte-à-goutte » Addahbi), une structure de maçonnerie générale, qui a pu remporter plusieurs projets de construction à « Nous avons décroché notre premier marché dans Zagora. (Maisons d’hôtes et villas pour des étrangers une ferme de production de pastèques de plusieurs résidant dans la partie oasienne) et des locaux hectares. L’exploitant a trouvé notre solution efficace 288 administratifs et salles polyvalentes (Dar Attaliba) et rentable, parce qu’elle représente une alternative 289 dans les communes environnantes, dans le cadre de économique et non polluante. L’opération, d’un l’INDH (Initiative nationale pour le développement montant de 500 000 MAD, consiste à mettre en place humain) ; mais aussi des immeubles pour l’habitat une station de pompage équipée de plaques solaires économique aussi bien à Zagora que dans d’autres et à relier, ensuite, le système d’irrigation goutte- villes du Maroc comme Kénitra, Marrakech, à-goutte de la ferme à la pompe qui est immergée Tamesna, etc. dans le puits. Après cette opération qui a connu un vif succès, c’est le bouche-à-oreille qui a fonctionné. En 2013, à Zagora, dans le sillage du lancement de Nous avons été identifié comme fournisseur et la grande centrale solaire Noor-Ouarzazate, nous prestataire de services sérieux. » avons créé RedNégoce, une SARL qui s’active dans le pompage solaire photovoltaïque. Un créneau Patronat entrepreneurial porteur où une petite structure comme la nôtre s’adapte facilement aux besoins en équipements « Notre épanouissement a été rendu possible grâce de nombre d’exploitations agricoles de cette région à l’appui de la CGEM, dont je suis membre depuis oasienne. Grâce à l’INDH, RedNégoce s’investit 2009. L’important, c’est d’avoir les compétences, les 70 ans au service de l’entreprise PAROLES DE PATRONS...

produits et les services requis au bon prix. Face à la RedNégoce fonctionne à l’image des habitants de commande publique, cela devient plus facile quand Zagora, contrée connue pour être le berceau des le client sait ce que vous faites. travailleurs intègres. La nature de notre business est Je suis membre actif de la CGEM-Région Drâa- foncièrement citoyenne : réduction de l’empreinte Tafilalet en tant que Vice-président et coordinateur carbone par l’introduction du pompage solaire, provincial, et je dois reconnaitre qu’il n’y a plus accompagnement des coopératives féminines de clivage entre patrons de grandes entreprises et pour l’épanouissement de la femme rurale, travail ceux des très petites entreprises. La CGEM incarne sans relâche pour sauvegarder nos emplois, etc. aujourd’hui le patronat entrepreneurial. Le patron L’entreprise est soumise aux obligations légales (code c’est l’entrepreneur. En militant contre l’informel du travail, sécurité) et demeure sensible à la question et en encourageant la création des entreprises, de la RSE. » 290 la CGEM inscrit son action dans les mutations 291 économiques et sociales que connait notre pays. » Compétitivité et formation continue « De toute évidence, l’enjeu est de simplifier Une TPE citoyenne l’organisation, clarifier les règles de gouvernance « Pour l’heure, nos réalisations sont de petite pour sortir du cercle de la gestion traditionnelle et, Un management moderne est nécessaire. On ne peut Un saut qualitatif des services administratifs taille. Le chiffre d’affaires évolue entre 3 et 4 aussi, gagner en transparence pour pouvoir accéder réussir sans conseil d’expert. » est fortement souhaité. Le défi pour les cinq millions MAD. RedNégoce bénéficie d’un effectif au financement bancaire. Certes, notre obsession prochaines années est de grandir. Au nom de permanente c’est le résultat opérationnel, mais la annuel permanent de 15 personnes. C’est une Le défi de grandir l’emploi, une autre politique en faveur de la TPE entreprise à taille humaine qui fait appel à une qualité, la formation du personnel et la compétitivité est possible. Je le crois. Pour cela, il faudrait lever centaine de saisonniers pour faire face à des pics sont au cœur de nos préoccupations. Notre crédo, « La TPE fait face à de grandes difficultés au l’opacité qui entoure les marchés publics, respecter d’activité. Il nous faut plus d’envergure pour aller à c’est de réaliser le travail demandé dans les niveau local. Elle est tout simplement ignorée. les délais de paiement et rendre l’offre bancaire la conquête du marché africain. délais ; fournir un rapport qualité/prix concurrentiel. Sans soutien, son essor risque d’être compromis. plus encourageante pour les TPE. » PAROLES DE PATRONS... ABDELLATIF GUERRAOUI

PRÉSIDENT-DIRECTEUR GÉNÉRAL DU GROUPE AUTO HALL

292 293 PAROLES DE PATRONS...

Un riche parcours

« Ingénieur informatique, je suis diplômé de l’École Nationale Supérieure d’Electrotechnique, d’Électronique, d’Informatique et d’Hydraulique de Toulouse (ENSEEIHT). J’ai démarré ma carrière au sein de l’Office Chérifien des Phosphates où j’ai passé 26 ans. J’ai, par la suite, assuré la fonction d’Administrateur Directeur Général de la société ASMA Invest, de 1991 à 1994. De 1993 à 1998, j’ai occupé le poste de ministre de l’Énergie et des Mines, puis celui de ministre des Affaires sociales, de la Santé, de la Jeunesse, des Sports et de l’Entraide 294 nationale. De 1999 à 2000, j’ai été Président du 295 Directoire de THARWA FINANCE. En 2001, Wali de la région de Laâyoune-Boujdour - Sakia Al Hamra ; j’ai occupé, parallèlement, depuis 2002, le poste de Directeur Général de l’Agence pour la promotion et le développement économique et social des Provinces du Sud. En 2003, j’ai rejoint la SOMED, en qualité de PDG. Depuis 2004, j’occupe la fonction de PDG du Groupe Auto Hall. »

L ‘Afrique, formidable potentiel de croissance « Le Groupe Auto Hall opère depuis plus d’un siècle dans l’industrie et la commercialisation de véhicules multimarques au Maroc. Les anciens « Établissements Gabriel Veyre », représentant Ford Motor Company 70 ans au service de l’entreprise PAROLES DE PATRONS...

au Maroc depuis 1907, ont été transformés, en 1920, Le patronat mise sur la pérennité devoir vis-à-vis de la collectivité, en nous ouvrant Innover pour accompagner le XXIe siècle en société anonyme dénommée Auto Hall. Cotée à la sur le monde universitaire et associatif ; en offrant « Il est certain que le patronat marocain évolue en « Souhaiter de nouvelles réformes de l’Administration ? Bourse de Casablanca depuis 1941, notre entreprise également des opportunités d’intégration à des adéquation avec les exigences de la modernité. C’est Pas nécessairement. L’Administration marocaine a jeunes sans expérience. Enfin, nous étendons notre lance, dès 1974, l’activité d’assemblage des camions. une évolution nécessaire pour assurer la pérennité connu elle-même beaucoup de changement dans le participation à plusieurs actions dans les domaines Un grand investissement a été consenti à l’époque, de l’entreprise marocaine. Nous assistons à tous bon sens avec une génération de responsables qui ont la social, sportif, culturel, environnemental et citoyen.» pour la construction de notre réseau de distribution les niveaux à des initiatives innovantes permettant vision de l’entreprise privée. Il demeure bien entendu des résistances qui disparaîtront fatalement, avec dans les principales villes du Royaume. à l’entreprise marocaine de relever les défis de Le challenge de la compétition notamment le concept de la reddition des comptes, Aujourd’hui, nous accueillons au sein du groupe des l’ouverture et de la modernisation. L’histoire récente concept qui a fait son apparition récemment. » marques aussi variées que prestigieuses, tant pour les de la CGEM montre bien cette dynamique. » « Les évolutions réglementaires et technologiques voitures particulières que pour les véhicules industriels font qu’aujourd’hui le monde est devenu un village. Des défis à la mesure du Groupe et agricoles. Forts de nos 1300 collaborateurs, Le sens de la responsabilité Il n’y a plus de protection. Pour y réussir, l’entreprise 296 297 marocaine doit disposer des outils de management « Les défis qui attendent le Groupe Auto Hall, nous continuons à nous développer. Avec notre « Le Groupe Auto Hall a reçu, en 2009, le Prix national expertise et notre savoir-faire, nous ambitionnons les plus innovants. Elle doit constamment faire durant les 5 prochaines années, seront de parvenir de la qualité et obtenu également le Label RSE de preuve d’anticipation et de benchmark de ce qui se de rejoindre le peloton des groupes marocains déjà à atteindre un niveau d’activité à la mesure des la CGEM. La RSE est au cœur de notre stratégie. passe dans le monde. Tout cela doit s’accompagner investissements de ces dernières années. En quelque installés sur plusieurs marchés subsahariens. Notre Nos actionnaires ont créé au début de cette année d’une gestion spécifique. Il s’agit de faire preuve sorte, faire mieux avec moins. Notre challenge est Groupe a bénéficié de l’ouverture de l’économie la Fondation Auto Hall afin de fédérer l’ensemble de responsabilité vis-à-vis de nos clients, de nos d’innover sans cesse pour pérenniser notre business marocaine et des retombées positives des accords des actions que nous menons dans ce domaine collaborateurs et de la collectivité, tout en assurant model et consolider nos partenariats. Pour cela, le de libre-échange signés avec l’Europe, les USA, la Notre entreprise, ancrée dans le tissu économique la rentabilité nécessaire à nos actionnaires. Enfin, Groupe Auto Hall ne manque pas d’atouts : des Turquie et plusieurs pays arabes. Pour l’heure, notre national depuis plus d’un siècle, a toujours montré relever le challenge de la compétition exige des ressources humaines compétentes et un large réseau activité se concentre sur le marché marocain et nous un sens de la responsabilité exemplaire envers ses équipes qui travaillent en bonne synergie et en qui assure la proximité et le meilleur service à la n’écartons pas une évolution prochainement vers les collaborateurs. Nous respectons l’ensemble des parfaite cohésion. C’est pour cela que la formation clientèle. Nous devons avoir confiance dans le pays, pays de l’Afrique de l’Ouest. L’Afrique représente exigences réglementaires et nous offrons un cadre permanente fait partie de notre savoir-faire. Notre investir davantage et toujours innover. Nous devons un formidable potentiel de croissance, mais « on ira de travail, que nous cherchons à rendre professionnel, véritable valeur ajoutée est bien entendu la qualité réussir cela si nous désirons aider au développement crescendo ». motivant et épanouissant. Nous assumons le même de nos ressources humaines. » capitalistique de notre pays. » LA FONDATION CGEM POUR L’ENTREPRISE PROMOUVOIR LE DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE ET SOCIAL DU MAROC

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a Fondation CGEM pour l’Entreprise, reconnue l’Assemblée Générale, le Conseil d’Administration d’utilité publique le 22 février 2007, a été fondée dispose des pouvoirs les plus étendus pour Lavec pour missions la promotion et la réalisation mener ses missions, la gestion de la Fondation et d’études. Elle a également pour mission de mener l’administration de ses intérêts. C’est ainsi que le Conseil d’administration de la Fondation CGEM, des activités de nature à renforcer le développement Conseil d’Administration de la Fondation CGEM organisé au Musée Mohammed VI. économique et social national, en partenariat avec pour l’Entreprise statue sur toutes questions ou les pouvoirs publics, autant que possible. communications pouvant intéresser la fondation. La Fondation CGEM pour l’Entreprise est administrée Depuis sa création, la Fondation CGEM pour l’entreprise. La Fondation CGEM pour l’Entreprise l’étude sur la gouvernance d’entreprises au Maroc par un Conseil d’Administration désigné par le bureau l’Entreprise a organisé des séminaires et des encourage ainsi la recherche et l’innovation par avec le soutien du CIPE (Center for International de la CGEM. Le Conseil d’Administration comprend journées de réflexion sur des thématiques variées et différents leviers dont la réflexion, les études et les Private Enterprise). Cette étude a eu pour objet 3 membres au moins et 15 membres au plus. complémentaires pouvant être d’une utilité certaine partenariats entreprises-universités afin de contribuer l’évaluation du contexte juridique et institutionnel À l’exception des pouvoirs réservés par la loi et les pour l’entreprise de façon générale : compétitivité, à l’accroissement de la compétitivité des entreprises. ainsi que la pratique de la gouvernance dans les statuts de la Fondation CGEM pour l’Entreprise à gouvernance, recherche et innovation au service de C’est ainsi que fut menée en 2005, par exemple, entreprises par rapport aux textes en vigueur et aux 70 ans au service de l’entreprise FONDATION CGEM POUR L’ENTREPRISE...

normes et codes internationaux, notamment par plan de la reprise de l’activité que sur le dynamisme CGEM de l’Entreprise. Parmi les donateurs, les Des actions de formation sont menées au bénéfice des rapport aux principes révisés de l’OCDE. Cette étude commercial du marché. Dans la Vision 2020, la groupes occupent une place prépondérante : Akwa opérateurs économiques. À cet effet des programmes s’est appuyée sur une analyse détaillée du dispositif CGEM estime que le pays doit adopter un nouveau Group, SNI, Groupe Addoha, l’OCP, Holmarcom sont mis en place pour répondre à leurs préoccupations juridique et réglementaire, ainsi que des structures modèle de croissance qui soit axé sur l’investissement Group, Groupe Crédit Agricole du Maroc, CDG, par une mise à disposition d’informations contribuant et institutions impliquées dans la promotion de la productif et orienté vers l’export, avec l’objectif ainsi que des banques (Banque Populaire, BMCE à l’amélioration de leur « intelligence économique » bonne gouvernance, d’une part, une enquête sur de porter la participation de l’agriculture au PIB Bank), Maroc Telecom et l’Association Professionnelle et favorisant le rapprochement entre opérateurs à la base d’un questionnaire soumis à un échantillon à hauteur de 10 %, celle de l’industrie à environ des Cimentiers. Au plan de l’appui à la CGEM et travers le partenariat. Par ces diverses actions, il de 40 entreprises faisant appel public à l’épargne, 30 % et celle des services à 60 %. Cette dynamique de façon plus concrète, la Fondation CGEM en son s’agit par ailleurs pour la Fondation CGEM, de 300 en majorité des sociétés cotées en bourse, d’autre devrait permettre d’assurer un taux de couverture objet a pour vocation « l’appui et le renforcement consolider son développement institutionnel « de 301 part, comme sur l’étude documentaire de différents des importations par les exportations à 90 %. des capacités d’intervention de la Confédération manière à crédibiliser les activités de la Fondation et rapports et documents portant sur la gouvernance Les actions de la Fondation CGEM sont menées grâce générale des entreprises marocaines ». Cette vocation à former un réseau d’alliance durable pour soutenir d’entreprises. aux contributions annuelles de ses membres. Les se concrétise en « L’organisation de la réflexion sur ses actions grâce aux contributions matérielles ou non La Fondation CGEM finance la réalisation d’études montants de ces contributions sont fixés par le Conseil les préoccupations économiques et sociales du secteur matérielles », est-il souligné en son objet. dont la Vision 2020 de la CGEM et l’étude sur les d’administration sur la base d’un budget annuel et privé » et l’initiation et la réalisation d’études ciblées leviers de la compétitivité ainsi que l’élaboration de ratifiés par une Assemblée Générale, ainsi que le pour éclairer et instruire les décisions de la CGEM guides, comme elle assure la réalisation d’enquêtes stipule les statuts de la Fondation. Ces contributions et des opérateurs économiques. de conjoncture auprès des entreprises et apporte son font l’objet de conventions signées entre la Fondation soutien à l’activité d’utilité publique des associations. et le donateur. La qualité d’association d’utilité L’enquête de conjoncture est un baromètre de l’état publique exonère les donateurs de charges fiscales, les de la production nationale et des perspectives qui dons étant admis en déductibilité d’impôt et favorisant s’ouvrent à moyen terme à celle-ci, aussi bien sur le le financement des actions menées par la Fondation

Logos des donateurs de la Fondation CGEM. 70 ans au service de l’entreprise Historique

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