LOUIS BERTRAND (1807-1841) DIT ALOYSIUS BERTRAND

Après sa mort, malgré toutes les recherches aux- quelles on s'est livré, pas un témoin de sa vie n'est venu dire : « Je l'ai connu, je l'ai vu dans telle ou telle circonstance, voici ce qu'il a dit, ce qu'il a fait ». Pas un souvenir de lui dans les Correspondances du temps, qu'on exhume de toutes parts. J. Chasle-Pavie, Aloysius Bertrand, Revue de Paris, 15 août 1911, p. 780. DU MÊME AUTEUR : Columhia Verse, 1897-1924. Avec une préface par John Erskine, pro- fesseur à la Faculté des Lettres de Columbia University. Un volume in-i2. New-York. Columbia University Press. 1924. La Volupté et poésies diverses (1827-1840) de Louis Bertrand. (Poésies et documents inédits, avec introduction et notes). Un volume in-8. Paris, CHAMPION, 1926.

DU MÊME PRÉFACIER

- Le Récit nervalien, José Corti, 1990. - Lire le Romantisme, Dunod, 1992. - L'Esthétique de Nerval, SEDES, 1997, nlle édition revue, corrigée et augmentée, Eurédit, 2004. Édition de textes - Gérard de NERVAL, Aurélia et autres textes autobiographiques, Flammarion, « GF », 1990. - Gérard de NERVAL, Les Filles du Feu, Les Chimères, ibid., 1994. - , La Reine Margot, ibid., 1994. - Alexandre DUMAS, La Dame de Monsoreau, ibid., 1995, 2 vol. - Gérard de NERVAL, Lorely, José Corti, 1995. - Gérard de NERVAL, Léo Burckart, l'Imagier de Harlem, Flamma- rion, « GF », 1996. - , Premières Poésies, ibid., 1998. - Alfred de MUSSET, Poésies nouvelles, ibid., 2000. - Gérard de NERVAL, Jodelet, La Chasse au Snark, 2002. - Aloysius BERTRAND, Gaspard de la Nuit, Flammarion, « GF », 2005. À paraître - Gérard de NERVAL, Han d'Islande (d'après ), La Chasse au Snark. - Gérard de NERVAL, Choix des Poésies de Ronsard [etc.], (avec Jean CÉARD), La Chasse au Snark.

(Ç) Eurédit - J & S éditeur - européenne d'édition numérique Paris - mai 2005 ISBN 2-84830-057-4 Fac-similé de la 2" édition, 1926 [1927], Librairie ancienne Honoré Champion.

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LOUIS BERTRAND DIT ALOYSIUS BERTRAND 1807-1841 UNE VIE ROMANTIQUE Étude biographique d'après des documents inédits

PAR CARGILL SPRIETSMA DOCTEUR ÈS LETTRES

AVANT-PROPOS DE JACQUES BONY

Kurjcl i t

AVANT-PROPOS

On lira ci-après, enfin réédité près de quatre-vingts ans après sa publication, un ouvrage aussi introuvable que le fut, il n'y a pas si longtemps, le « fameux Gaspard de la Nuit », cher à Baudelaire, à Mallarmé, et à quelques autres. Dans notre récente édition (GF- Flammarion, mars 2005), nous avons eu l'occasion d'insister sur la malédiction qui semble avoir frappé le malheureux poète et son chef-d'œuvre : misère, maladie, mort prématurée, faillite du pre- mier éditeur, mauvaise volonté de Renduel, publication posthume de l'ouvrage sans aucun succès, disparition du manuscrit... com- posent le tableau parfait du destin tragique d'un poète romantique et maudit. Cette malédiction paraît s'être étendue aux études sur Aloysius Bertrand, particulièrement peu nombreuses si l'on songe à l'inté- rêt qu'ont manifesté pour lui non seulement Baudelaire et Mal- larmé, mais aussi tous les poètes en prose du XXe siècle. Le fait est là cependant : il n'y a pas dix livres entièrement consacrés à Bertrand et, parmi eux, il n'existe qu'une seule biographie, celle qu'on va lire, introuvable depuis longtemps et, en outre, manquante dans nombre de bibliothèques universitaires. Mieux : cette seule biographie existante d'un poète longtemps méconnu et même in- connu, thèse soutenue en Sorbonne en 1927, est l'œuvre d'un étran- ger, lui-même inconnu. Ce n'est pas sans une certaine gêne, en effet, que nous préfaçons un ouvrage sans rien savoir de son auteur que ce qu'il dit de lui-même dans sa préface. Nous pensions pou- voir obtenir quelques renseignements sur Cargill Sprietsma en re- trouvant des membres de sa famille. La recherche sur Internet nous a fourni de nombreux Sprietsma en Belgique et aux États-Unis ; nous avons écrit à bon nombre d'entre eux et n'avons reçu qu'une réponse, celle de Maresa Sprietsma, assistante de macro-écono- mie à Louvain-la-Neuve, que nous tenons à remercier ici, et qui, bien que n'étant pas liée directement à l'auteur de cet ouvrage, nous a aimablement indiqué que les Sprietsma étaient d'origine frisonne et qu'une grande partie de la famille avait émigré aux États-Unis au XIXe siècle. Nous pensions également que l'univer- sité Columbia où notre auteur semble avoir fait ses études, serait à même de nous renseigner au moins sur l'état civil de cet ancien étudiant, sur ses études, peut-être de nous en copier une photo ; trois demandes adressées à trois représentants de cette université n'ont reçu aucune réponse. Il nous restait un espoir : les archives des thèses de la Sorbonne qui doivent au moins conserver, outre le rapport de soutenance, l'état civil et l'adresse de l'impétrant. Peine perdue, le service interrogé ne nous a pas honoré de la moindre réponse. Faut-il, pour rester politiquement correct, déplorer le manque de personnel dont souffrent peut-être ces institutions ? Ou, plus vraisemblablement, se désoler de la désinvolture et de la discourtoisie généralisées ? si la réponse aux demandes de rensei- gnements devient l'exception, on peut s'inquiéter pour l'avenir des chercheurs... Ce que nous savons de Cargill Sprietsma se limite donc à ce que nous apprend sa préface : citoyen des Etats-Unis, militaire en 1918, affecté au QG de Bordeaux, résidant à New York en 1919, à Paris en 1922 où il poursuit des études à la Sorbonne sous la direc- tion de Fortunat Strowski. Nous savons, par ses lettres au collec- tionneur Joseph Dumas, que sa thèse est prête à imprimer en mars 1926, elle sera soutenue en Sorbonne en janvier 1927. On ne sait ce qu'il a fait par la suite. Il a également publié Colombia Verse (1857-1924) et La Volupté, sa thèse complémentaire, recueil de poèmes en vers d'Aloysius Bertrand ainsi qu'un article sur Racine 2. C'est peu, et l'on peut penser que Cargill Sprietsma n'a pas fait par la suite une carrière universitaire. Le seul élément sur lequel nous possédons des précisions est sa soutenance de thèse ; dans une lettre du 31 janvier 1927 à Joseph Dumas, qui lui avait communiqué nombre de manuscrits de sa collection, Sprietsma écrit : Je suis heureux de vous apprendre que ma soutenance a eu lieu sa- medi dernier [le 29 janvier]. Le jury qui se composait de MM. Hazard, Strowski, Mornet, Baldensperger (président), Estève et Le Breton3 fut très indulgent et m'accorda une mention honorable. La composition de ce jury peut surprendre ; certes, il s'agit d'éminents universitaires, auteurs de nombreux ouvrages encore utilisés aujourd'hui 4, mais aucun ne semble réellement compé- tent pour le sujet traité. Ce sont tous des comparatistes, deux d'en- tre eux sont plutôt orientés vers les siècles classiques, deux autres sont dix-neuviémistes, mais n'ont étudié en fait de poètes que Vi- gny. Jean Céard nous suggère que les étrangers, qui soutenaient alors des doctorats d'Université, et non des doctorats d'État, étaient automatiquement rangés dans la littérature comparée, mais on peut penser qu'il existait au moins un Baudelairien chez les compara- tistes... Faut-il voir dans cette composition du jury une marque du mépris de l'Université envers le pauvre Aloysius, mépris inverse- ment proportionnel peut-être à l'intérêt manifesté par les surréa- listes ? On peut s'étonner aussi de la mention honorable, qui se- rait aujourd'hui déshonorante ; est-ce un usage d'alors envers les thèses des chercheurs étrangers ? Nous avouons notre ignorance sur ce point ; mais Sprietsma paraît satisfait de cette mention. L'ouvrage de Cargill Sprietsma est un bel exemple de ces thè- ses d'entre les deux guerres, appuyées sur une documentation con- sidérable, qui faisaient, comme on dit, le tour de la question, et qui restent aujourd'hui une mine irremplaçable de renseignements. L'auteur a accompli un travail sérieux et documenté comme on les aimait alors ; il a certes beaucoup utilisé le travail de son prédé- cesseur dijonnais Henri Chabeuf, mais il a toujours vérifié et cor- rigé sur bien des points ses informations. Il a innové en dépouillant les archives de la Guerre et sa biographie est extrêmement docu- mentée sur la jeunesse de Louis Bertrand, le milieu scolaire dijonnais et, d'une façon générale, sa thèse constitue un témoi- gnage précieux sur le romantisme provincial ; on peut y voir que la société d'études de présentait, du moins à l'origine, un éclectisme dans la fréquentation, une tolérance, analogues à ce que Bertrand trouve à la même époque à l'Arsenal. On peut con- tester sa vision de Bertrand comme poète bourguignon : les ri- chesses de la Bourgogne, vignobles et architecture romane, sont absentes de l'œuvre de Bertrand qui se consacre uniquement à Dijon, encore est-ce au Dijon du passé ; nos idées actuelles sur le genre biographique s'opposeraient à l'assimilation souvent faite par Sprietsma dans sa quatrième partie entre les rêveries de « Gas- pard », personnage et auteur supposé du texte liminaire, et celles de Bertrand lui-même. Peut-être aussi Sprietsma a-t-il tort d'op- poser radicalement deux époques de l'inspiration bertrandienne, dijonnaise avant 1829, « romantique » ensuite : Aloysius n'a cer- tainement pas attendu d'être parisien pour lire , le pa- rallèle entre le romancier et Hoffmann nous semblant par ailleurs un peu sommaire aujourd'hui, après les travaux de Pierre-Geor- ges Castex. Sprietsma est bien inspiré, en revanche, de nous don- ner l'itinéraire du voyage de Dijon à Paris en 1830. Il faut bien admettre que notre gêne à la lecture de certains jugements tient à une conception du Romantisme qui a beaucoup évolué depuis 1927, époque à laquelle le mouvement était encore l'objet de polémi- ques passionnées. C'est sur le séjour parisien de Bertrand que l'ouvrage de Sprietsma est le plus critiquable ; certes, il essaie de reconstituer le plus fidèlement possible la chronologie des tentatives de publi- cation de Gaspard, mais il ignore apparemment un certain nom- bre de détails relatifs à la famille d'Aloysius, ce qui le conduit à présenter sa mère et sa sœur sous des couleurs hagiographiques qui sont inacceptables aujourd'hui après la publication des lettres et carnets de David d'Angers. Non, Mme Bertrand n'est pas une mère admirable qui a tout sacrifié pour son fils chéri, elle estime au contraire que c'est à lui de subvenir à l'entretien de la famille et cherche à tirer parti post mortem de son œuvre. Sprietsma ignore apparemment la liaison d'Élisabeth avec Coiret bien avant la mort d'Aloysius ; la « sœur chérie » se signale en suivant à Paris son amant, huit ans avant leur mariage (postérieur à la mort d'Aloysius), et en imposant à son frère une cohabitation qui ne devait guère lui plaire : le ferblantier Coiret est un bon représentant de l'école du « enrichissez-vous » cher à Guizot. Quant à la « sainte mère », loin de s'opposer à une conduite si peu conforme au code moral d'une « honnête famille », elle suit le couple à Paris et s'installe avec lui chez Aloysius sans scrupules de conscience apparents. Elle s'opposera violemment, en revanche, au mariage de son fils avec la mystérieuse Célestine, sans doute peu argentée. Le pauvre poète appartenait-il à ce monde ? Mère et sœur manifesteront une indifférence quasi totale à sa mort. On ne saurait en revanche en vouloir à Sprietsma de ne pas commenter l'œuvre de Bertrand : son propos est strictement biographique, comme l'indique le sous- titre « Une vie romantique » ; il ne manquera pas de commenter cependant l'œuvre en vers dans un autre cadre, celui de sa thèse complémentaire. La thèse de Cargill Sprietsma a connu deux publications. La première qui, à cette époque, tenait lieu d'exemplaire dactylogra- phié pour la soutenance, comportait, à la suite de la table, p. 262, l' Imprimatur, signé du Doyen de la Faculté des Lettres, Ferdinand Brunot, et du Recteur, en date du 23 février 1926. Cette première publication vit donc le jour le mois suivant, comme l'indique la préface. La couverture et la page de titre étaient légèrement diffé- rentes : LOUIS BERTRAND/( 1807-184 )/dit/ ALOYSIUS BERTRAND/ Etude biographique d'après des documents inédits/Thèse pour le Docto- rat ès Lettres présentée à la Faculté/des Lettres de l'Université de Paris/par/Cargill Sprietsma. La soutenance eut lieu, nous l'avons dit, le 29 janvier 1927 ; elle fut suivie d'un second tirage, destiné cette fois au public, que nous reproduisons ici et qui ne comporte que peu de différences avec le précédent : outre la suppression de l'Imprimatur, la couverture et la page de titre sont modifiées. La date de 1926 est maintenue quoique cette seconde publication ait été réalisée en 1927. On peut regretter que la Librairie Honoré Champion n'ait pas cru bon de corriger les errata dans le texte (voir p. 259). Nous nous pennettons d'en ajouter quelques-uns. Malgré son français à peu près impeccable, Sprietsma semble fâ- ché avec les accents circonflexes, leur omission convertit à plu- sieurs reprises les imparfaits du subjonctif qui s'imposaient en passés trop simples : pp. 53, 56, 58,165, cependant qu'on le trouve là où il n'a pas lieu d'être, sur raté (p. 123), sur arène (p. 166), sur Chateaubriand (p. 177). Pourparler (p. 65) ne devrait exister qu'au pluriel, et des vers peuvent (malheureusement) être banals, non banaux (p. 177). Nous exprimons notre gratitude aux amis de province qui nous ont apporté une aide précieuse dans la recherche des exemplaires rarissimes de cet ouvrage, en particulier Jean-Paul Cointepas et Jacques Popin, ainsi qu'aux éditeurs du présent tirage, Evelyn Blewer et José Sanchez, valeureux sauveteurs des chefs-d'œuvre universitaires en voie de disparition. Jacques BONY 1. Champion, 1926, rééd. Slatkine, 1981. 2. « Du Racine inédit à Columbia University, marginalia sur un exemplaire de Denys d'Halicarnasse », Renaissance, vol. 7, 1924, pp. 401-406. 3. Nous donnons le texte de cette lettre d'après la transcription de Mme H.H. Poggenburg dans les Œuvres complètes de Bertrand, Champion, 2000, p. 1010 ; M'"" Poggenburg lit : Le Britou, nom inconnu au catalogue de la BNF, nous corrigeons ; André Le Breton était spécialiste du roman français dont il a écrit une histoire, et du théâtre. 4. On peut mentionner La Crise de la conscience européenne de Paul Ha- zard (1930), co-directeur de la Revue de Littérature comparée avec Fernand Baldensperger, qui publie Goethe en (1904) ; Fortunat Strowski est l'auteur d'une monumentale Histoire du sentiment religieux en France (1921- 1928), Edmond Estève, auteur de Byron et le Romantisme français, s'est inté- ressé à Vigny, comme Baldensperger ; Daniel Mornet est plutôt spécialiste des XVIIe et XVIIIe siècles : Le Sentiment de la nature de Rousseau à B. de Saint- Pierre (1907), Le Romantisme au XVIIIe siècle (1912), Les Origines intellec- tuelles de la Révolution française (1933). A Monsieur FORTUNAT STROWSKI Membre de l'Institut Professeur à la Sorbonne

HOMMA GE de reconnaissance, d'affection et de respect

PRÉFACE

Les préfaces m'ont épargné bien des lectures Charles BRUGNOT.

Ce livre naquit d'une conférence à la Faculté des Lettres de Bordeaux en 1918 où il s'agissait de toute autre chose : le Traité de la constance et consolation ès calamités publiques, et voici comment. Après la conférence je fus présenté à Monsieur le Colonel Chenard qui recevait si hospitalièrement, le dimanche, plusieurs jeunes Américains du Quartier Général de Bordeaux. Quand je vins à Paris en septembre 1922 pour reprendre mes études, M. Chenard me présenta à l'auteur de Pascal et son Temps, M. Strowski, son ancien camarade qui m'accueillit et qui me « détermina ». Cette étude, qui, en quelque sorte naquit donc en 1918, date définitivement de 1922. Depuis lors mon maître n'a cessé de me donner l'encouragement si nécessaire à notre génération qui res- semble par plus d'un trait à celle à qui appartenait Louis Bertrand.

Quand j'essayais d'acheter le livre de Louis Bertrand, on me mon- trait Pépète et Balthasar, le Mirage oriental, ou Saint Augustin. Cette expérience répétée chez plusieurs libraires fut suffisante pour me convaincre qu'une étude sur l'auteur de Gaspard de la Nuit ne serait pas inutile. Comment se fait-il que celui qui avait symbolisé pour Sainte- Beuve la poésie de la misère ; le Chatterton français, le Gilbert de 1830 ; celui qu'Asselineau a appelé un maître ; qui a été le modèle de Baudelaire pour une de ses œuvres les plus connues ; pour qui Mallarmé et ses amis professaient un culte profond ; un auteur enfin, cité comme modèle par Banville dans son traité de poésie, comment se fait-il qu'il soit ignoré de beaucoup ?

Enfin je trouvais, rue de l'Ancienne Comédie, dans la vitrine toujours intéressante de Charles Bosse, une édition de Gaspard de la Nuit, éditée par ses soins et précédée d'une Notice par M. Étienne Port. Je trouvai dans sa notice une lettre qui ne put que m'éton- ner sur l'ignorance des libraires ordinaires au sujet de Bertrand. J'en cite la partie qui me frappa : Théodore de Banville appelait l'œuvre de Louis Bertrand la mythologie des Lettres françaises. Champfleury le goûtait et le citait entre initiés. Coppée en faisait dans un de ses contes la suprême convoitise d'un bibliophile. Moréas n'en parlait qu'avec effusion et regrettait que Verlaine ne l'eût pas placé dans la galerie de ses poètes maudits. Hervieu en a glané des citations typiques dans ses Heures de Route. Et j'entends encore Rodenbach interrompant un déjeuner quelques semaines avant sa mort, pour chanter d'une voix religieuse et en façon de rosaire les ver- sets de Haarlem. Alors moi, qui venais de traiter les libraires d'ignorants, je m'humiliai devant un groupe d'artistes qui, par leur admiration, ont mis sur l'autel l'œuvre consacrée par la mort de Bertrand, par le crayon de David d'Angers, la plume de Sainte-Beuve et les presses de Victor Pavie. Car quoique je fusse vivement ému par le portrait que Sainte-Beuve fit du poète, je ne connaissais qu 'impar- faitement son œuvre. J'ai rencontré depuis bien des témoignages d'un vrai culte que les initiés ont pratiqué et pratiquent encore pour cet « inconnu ». Ainsi Fortunat Strowski met dans sa Flèche d'Or une épigraphe de Gaspard ; quand M. Michaut connut mon intérêt pour Bertrand il me récita par cœur, le Pèlerin ; c'est ainsi que j imagine Rodenbach chantant Haarlem. Un autre jour je me trouvais chez M. Édouard Champion ; il se souvint immédiatement de l'impression profonde que Gaspard de la Nuit avait fait sur son ami Rémy de Gourmont. Et aujourd'hui même, parce que les « surréalistes » sont d 'au- jourd'hui, Louis Bertrand est cité parmi les ancêtres d 'André Breton 1. Ainsi Parnassiens, Symbolistes, modernes, tous puisent i. D'après Benjamin Cremieux, compte-rendu du Yanoramar oe m. Paris) dans la Nouvelle Revue Française, i juin 1925. dans Gaspard de la Nuit 1. Mallarmé avait remarqué la vitalité de ce livre et disait souvent à sa fille : « Prends Bertrand, on y trouve de tout » 2.

Dans tous ces souvenirs, je trouvais peu de renseignements sur la vie de l'auteur. Celui qui écrivait la lettre citée par M. Port cons- tata en 1911 l'obscurité dans laquelle les contemporains de Bertrand l'ont laissé. Quoique la tentation fût grande de rechercher dans les œuvres des Parnassiens, des Symbolistes et de nos contemporains l'influence de Gaspard de la Nuit, je crus que l'étude de Bertrand devait commencer par une connaissance aussi complète que pos- sible de sa vie 3. De là sortirait ce que M. Pierre Audiat a nommé depuis la biographie de l'œuvre littéraire. Or, quand je commençai à établir une bibliographie pour cette étude biographique je me rendis bientôt compte, que M. Chasles n'avait pas beaucoup exagéré ; outre la notice de Sainte-Beuve, quelques lettres de David d'Angers et de Bertrand, les documents étaient perdus ou inédits. La seule recherche sérieuse fut celle de M. Chabeuf, ancien Président de l'Académie de Dijon. Cette étude, publiée en 1889, est le point de départ de ce livre.

Je tiens à exprimer ma reconnaissance à celui qui à l'âge de quatre-vingts ans, me reçut dans son étude, rue Le Gouz Gerland, à Dijon, M. Henri Chabeuf. Il m'avait écrit quelques mois auparavant une lettre si bien- veillante, si émouvante que je n'hésitai pas à me présenter chez lui un jour de l'automne de 1924. Je vis devant moi un vieillard dont le corps était déjà immobilisé, mais dont l'esprit toujours vif m'en- tretint des dijonnais de jadis. - I. Le dernier ouvrage qui signale cette influence est l'Anthologie du Pastiche de Léon Deffoux et Pierre Dufay : « De Beaudelaire à Huysmans, parmi ceux qui ont adopté depuis la forme du poème en prose, aucun n'a échappé à l'influence de Louis Bertrand. » Tome I, p. 162. Paris, Crès, 1926. 2. Cité par E. Port dans sa Notice pour ie Gaspard de Charles Bosse ; Note, p. III. 3. D'ailleurs j'ai voulu profiter d'un séjour limité, en France, pour retrouver et consul- ter des documents rares ou inédits. Il n'est pas nécessaire d'être « sur place » pour recher- cher l'influence de Bertrand sur les écrivains, de Baudelaire à Stuart Merrill. Ce vénérable académicien est mort depuis quelques mois, et ce livre arrive trop tard pour lui apporter mon souvenir.

Plus j'avançais dans cette étude, plus je voyais de nouvelles questions intervenir, qui toutes se résument dans celle-ci : Quel rôle la Province a-t-elle joué dans le mouvement romantique ? Il n'est pas nécessaire de dire que je ne l'ai pas résolue. J'ai constaté cependant que l'historien de la littérature qui ne tiendra pas compte de l'élément provincial omettra un chapitre aussi important qu'absorbant de l'histoire du romantisme français. Sainte-Beuve l'a dit dans la Notice sur Bertrand : « Il suffisait dans chaque ville de deux ou trois imaginations un peu vives pour donner l'éveil et sonner le tocsin littéraire ». Mais selon lui, Paris donnait le signal. Oui, Nodier, Hugo et Lamartine stimulèrent la révolution litté- raire à Paris, mais ils étaient venus de province. Nodier, Franc-Comtois, semble toujours être resté provincial ; Sainte-Beuve, Émile Montégut et récemment Jean Larat 1 le démontrent dans leurs études consacrées au « père du romantisme ». Si le cas de Victor Hugo, lui aussi né Franc-Comtois, confirme moins cette thèse 2, que dira-t-on du précurseur Chateaubriand dont l'œuvre et la vie reflètent jusqu'à la fin l'effet des brumes de la Bretagne, ou de Lamartine qui, dans ses plus beaux vers, chante la terre natale ? Je pense qu'il y aurait un intérêt tout particulier à étudier ainsi ces grands écrivains, mais ce n'est pas ici que je voudrais définir le romantisme en province. Dans les pages qui vont suivre, je n'en parlerai que par rapport à Bertrand.

Évidemment cette étude, tout en exigeant le point de vue régio- naliste, souffrirait d'être faite par un Angevin, un Franc-Comtois 1. Voir la thèse de Jean Larat, Université de Strasbourg, 1923 : La Tradition et l'exo- tisme dans l'œuvre de . 2. On se souvient cependant de ses débuts toulousains. ou un Bordelais, à moins qu'il puisse renoncer à la tentation d'exa- gérer l'importance de son propre pays. Les documents pour cette étude existent dans les travaux des sociétés savantes, des revues locales, des histoires locales ou régio- nales du théâtre 1, des histoires des collèges et des universités provinciales, et des journaux. Les correspondances, telles que celles de Lacordaire, commencent à voir le jour. Dans la préface à l'édi- tion du Feu et Flamme par exemple, qui vient de paraître (Biblio- thèque romantique, IIe série, No 13, Paris, 1926) quelques lettres d'Ernest Havet, professeur de rhétorique à Dijon à partir de 1835, à Théophile Dondey, sont d'un intérêt capital à ce sujet. On trou- vera dans notre étude sur Louis Bertrand, des lettres de Charles Brugnot à Louis Bertrand, pour l'époque encore plus intéressante, 1828 à I830. Que de noms viendront sous la plume de cet historien : en Bre- tagne, Brizeux, Mercœur, Boulay-Paty, Hippolyte de la Morvonnais, Édouard Turquéty, Hippolyte Lucas ; à Toulouse, Soumet, Hugo et Baour-Lormian ; à Lyon, le salon de Madame de Sermésy, avec Ballanche et les Ampère, puis les Tisseur qu'on suivrait à Aix avec Victor de Laprade en 1832. En Anjou, ce sera les Pavie, Madame Janvier, David d'Angers ; en Bourgogne, Foisset, Lacor- daire, Bertrand et Brugnot 2. J'en passe beaucoup, car je n'essayerai pas même une esquisse du sujet qui peut entraîner bien loin celui qui se propose d'étudier dans son ensemble le romantisme en province. J'en ai dit assez pour indiquer qu'en racontant la vie de Bertrand, ce plan n'a pas été tout à fait absent de ma pensée ; j'espère que ce livre sera utile, non seulement pour l'étude littéraire de Bertrand, mais aussi à celui qui étudiera la contribution de la province au mouvement intellectuel du commencement du dix-neuvième siècle.

1. Dont la p.us récente est la belle étude de M. Paul Courteault, la Révolution et les théd- tres à Bordeaux, Perrin, 1926. In-8. 2. Quelques études sur les écrivains de province existent déjà. J'ai donné dans une biblio- graphie les titres de celles que j'ai rencontrées. Aucune n'a envisagé le sujet dans son ensemble. Le point de vue est quelquefois tout opposé. On le voit nettement dans le titre général de la thèse de M. Berthier : Autour des Grands Romantiques. C'est la dernière contribution à l'étude du romantisme en province que je connaisse. ,Thèse, Toulouse, 1923). Combien de fois pendant le cours de ce travail je me suis vu écrivant une longue préface dans laquelle je raconterais les diffi- cultés du chercheur et les imperfections de mon travail. Je ne ferai ni l'un ni l'autre. Je laisse deviner mes difficultés à ceux qui s'aper- cevront des lacunes, car il m'est trop agréable de parler des personnes dont la bienveillance n'a jamais cessé de m'encourager. Je les nom- merai dans l'ordre où je les ai rencontrées, et ainsi je terminerai le chemin que je viens de parcourir. Ce fut, après mon maître, M. Strowski, les professeurs de la Faculté des Lettres de Columbia University, et tout particu- lièrement M. le Doyen, Fréderick J. E. Woodbridge, et M. le Professeur John L. Gerig. Le système d'Exchange Professors qu'ils ont constamment encouragé m'a permis de profiter des conseils de M. Strowski pendant son séjour à Columbia University, comme Visiting Professor, pendant l'année 1923-1924. Je dois encore à Columbia University la bourse qui s'attache au titre de Cutting Traveling Fellow, elle m'a aidé à continuer sans interrup- tion cette étude. Je dois ici un souvenir affectueux à la mémoire du Dr Hartman Naylor. Il m'accueillit à New-York, grande et froide ville cosmo- polite, où j'arrivais en 1919, après dix-huit mois d'absence, aussi étranger que le dernier des immigrants. Les nouvelles de sa mort viennent attrister les dernières heures de mon travail.

Le nom de M. Joseph Dumas est écrit sur bien des pages de ce livre. Sans sa parfaite hospitalité, plusieurs de ces chapitres seraient sans nouveauté. Il m'a ouvert toute sa riche collection romantique, et par sa grande expérience et son savoir m'a fait éviter plusieurs erreurs dans la lecture des autographes de sa col- lection. Mme Duclaux a toujours répondu généreusement aux questions qui se posaient au sujet de son grand-oncle par la communication de tous les papiers de famille en sa possession et qui pouvaient éclaircir l'obscurité que j'ai essayé de pénétrer. Je tiens encore à remercier l'abbé Théophile Foisset, curé des Carmes à Avignon, Mme Maginot, et M. A. Guillois de la Faculté de Droit de Dijon pour la communication de documents des archi- ves de la maison Foisset ; les conservateurs d'archives et les bibliothécaires de Dijon, d'Angers, de Lyon, de Lausanne, de Chantilly et de Paris pour avoir facilité mes recherches, et parti- culièrement MM. Oursel et Laurent à Dijon, M. Maroucque à Angers M. Henri Girard à la Bibliothèque Nationale et M. Marcel Bouteron, conservateur de la Collection Spoelberch de Lovenjoul. Et que mes professeurs à la Sorbonne sachent que l'étranger qui est venu chercher des leçons à Paris a souvent voulu exprimer son dévouement par un témoignage digne de leur générosité. Je les prie de recevoir ici l'expression de toute ma reconnaissance.

Mars 1926.

COUVERTURE DE L'ÉDITION ORIGINALE DE GASPARD DE LA NUIT

PREMIERE PARTIE

CHAPITRE I LOUIS dit ALOYSIUS BERTRAND

Jacques-Louis-Napoléon Bertrand naquit le 20 avril 1807, à Céva, petite ville piémontaise, alors française, d'un père français, lieutenant de la gendarmerie impériale, et d'une mère italienne, Laure Davico, fille de Giacomo Davico, syndaco, ou maire de la ville 1. Depuis que Sainte-Beuve signala que l'auteur de Gaspard de la Nuit aima « à se poétiser Ludovic, ou plutôt encore Aloisius » 2, et surtout depuis que l'auteur du Sang des races, et de Pépète le bien-aimé 3 a multiplié ses livres et sa renommée, les amis du créateur des ballades de Gaspard de la Nuit qui sont un des chefs-d'œuvre du romantisme l'appellent de préférence Aloysius. Après Sainte-Beuve, Baudelaire, le premier, consacre à l'auteur qui fut son modèle pour les Petits Poèmes en prose 4, le nom d'Aloysius. Dès 1862 en effet Baudelaire écrivit à son ami, Arsène Houssaye, une lettre qui, publiée d'abord dans la Presse dont Houssaye était alors directeur, le 26 août de cette année 5, servit ensuite de dédicace aux Petits Poèmes. Dans cette lettre, il dit : « C'est en feuilletant pour la vingtième fois au moins, le fameux Gaspard de la Nuit d'Aloysius x. L'acte de naissance de Louis Bertrand et les renseignements sur la famille Davico ont été ralevés par M. Pallavicino, alors syndic de Céva, et publiés par M. Henri Chabeuf, d-e l'Académie des sciences, arts et belles-lettres de Dijon, dans les Mémoires de l'acadé- mie pour 1888-183), Louis Bertrand et le Romantisme à Dijon, p. 277, Dijon, Darantière, 1889. la-81. 2. P. II de la Notice de Sainte-Beuve, dans Gaspard de la Nuit, fantaisies à la manière de et de Callot, par Louis Bertrand : précédé d'une notice par M. Sainte-Beuve. Angers, imprimerie de V. Pavie, Paris, chez Labitte,.. 1842. In-8°. (Quand la date de l'édition de G. de la N. n'est pas signalée, le renvoi est à celle de 1842). 3. L'auteur contemporain, Louis Bertrand, quoique d'une famille lorraine, (le père de l'auteur de Gaspard naquit à Sorcy, dans la Meuse) n'a aucun rapport avec la famille de son prédécesseur. Voir Fortunat Strowski, Tableau de la littérature française au XIXe et au XXe s. Paris, Delaplane, 1925. In-12, p. 647-649. 4. , Œuvres complètes, 7 vol. In-i2 : IV, Petits Poèmes en Prose... Paris, M. Lévy, 1869, pp. 1 à 151. 5. P. 236. Charles Baudelaire, , petits poèmes en prose — édition revue sur les textes originaux accompagnée de notes et de variantes, et publiée par Ad. Van Be- ver. Paris, Crès, MCMXXII. In-16. Bertrand,... que l'idée m'est venue de tenter quelque chose d'analogue, et d'appliquer à la description de la vie moderne,... le procédé qu'il avait appliqué à la peinture de la vie ancienne, si étrangement pitto- resque 1 ». En 1904 Firmin Didot imprima une belle édition de Gaspard de la Nuit, pour Charles Meunier, relieur-éditeur : l'éditeur, aussi bien que Jules de Marthold, qui en fit la préface, a gardé le nom d'Aloysius. L'éditeur de l'édition de la Connaissance du Livre, de 1920, celui de la Sirène, de 1922 ainsi que celui de la Collection Prose et Vers, de 1926, l'ont conservé également 2. Ce nom a pris tant de place dans l'imagina- tion de notre génération que la ville de Dijon, où Louis Bertrand passa sa jeunesse, a donné, en 1922, à l'une de ses rues, le nom d'Aloysius. Bertrand 3. Cependant, nous sommes forcé de constater que Bertrand se servit rarement de ce nom. Nous ne le trouvons en effet que sur les registres de l'hôpital de la Pitié et au bas de quelques vers datés de 1840 4. Il serait donc étonné de voir le vingtième siècle bien plus romantique à son égard qu'il ne l'était lui-même.

Nous avons gardé le nom Louis Bertrand ; nos raisons se dégagent des faits suivants. Les premières pièces, publiées dans le Provincial (1828), et ses arti- cles dans le Patriote (1830-1832) 6 journaux dijonnais, furent signés /. L. B. ou L. B. Pour Madame Bertrand son fils restera toujours « son cher Louis )1, comme le prouvent les lettres de 1829 et les lettres du Chevalier Davico dont nous parlerons plus loin 6. Il est vrai que de 1832 à 1834 Bertrand aimait à se poétiser Ludovic. Sept lettres inédites du comte Gustave de Damas en sont une preuve, et ses lettres à Célestine en sont une autre. Mais il revient, en définitif, à son premier nom, et les dernières lettres sont signées L. B. Une, celle du 3 avril 1841, la dernière datée de sa vie, est signée Louis Bertrand ! 1. Cette lettre se trouve à la page i des éditions citées des Petits poèmes. 2. Cf. la Bibliographie des éditions de Gaspard de la Nuit. 3. Sur la proposition de la Commission des Vœux, de Dijon, qui proposa au maire de décider : Que la voie ouverte entre la rue Alphonse Legros et le Chemin rural de Daix, portera le nom de Aloysius Bertrand, ce qui fut approuvé le 15 mars 1922. (Archives de la ville de Dijon : Département des Voiries). 4. 3 poèmes inédits. Voir la troisième partie de notre livre La Volupté et poésies diverses. (1827-1840) de Louis Bertrand. Paris, Champion, 1926. In-8°. 5. Voir les cinquième et septième parties de ce livre. 6. Cf. la bibliographie. Quoique l'on ne puisse ignorer Aloysius, nous reprendrons donc dans ce récit son vrai nom, Louis, qui est inscrit sur son acte de naissance et qui non seulement est gravé sur la pierre tombale au cimetière Montparnasse *, mais ce qui est plus important, a été imprimé sur son œuvre immortelle par ses premiers amis, David d'Angers, Victor Pavie et Sainte-Beuve : si l'on veut se procurer ce livre rare et pré- cieux 2, l'on cherchera le Gaspard de la Nuit de Louis BERTRAND. 1. IOe division, 2e ligne nord, no 2 par l'ouest. 2. Le dernier exemplaire, simplement relié, s'est vendu 1.200 francs. Nous ne connais- sons d'ailleurs l'existence que de quelques-uns : 1° L'ex. de la Bibliothèque Nationale ; 2° de la Congressional Library, Washington, É.-U. ; 3° de Madame Duclaux-Bertrand ; 4° et 5" de M. Dumas, de Saint-Étienne, qui nous a aimablement cédé un deuxième exemplaire qui lui était venu de la vente Noilly. 6° de la famille Firmin Bonnet, de Dijon ; 7° d'Étienne Port, cité par lui à la p. VII de l'Édition Ch. Bosse de Gaspard de la Nuit, P. 1920. In-8". 8e1 de M. C. Gumpel, de Paris. bscur journaliste dijonnais, créateur du poème en prose 0 français, Louis, dit Aloysius, Bertrand avait réussi à attirer l'attention de Victor Hugo, était monté à Paris, avait fréquenté le salon de l'Arsenal... Las ! le manuscrit, accep- té par des éditeurs, ne fut jamais publié de son vivant ; misè- re, maladie, hôpital, famille indigne complètent le portrait de ce parfait poète maudit. La publication posthume de Gaspard de la Nuit passa qua- siment inaperçue malgré l'enthousiasme de Baudelaire. Il fau- dra attendre plus de quatre-vingts ans pour voir paraître cette grande biographie due à un obscur chercheur américain, bio- graphie vite devenue introuvable. Plus de quatre-vingts ans encore avant de la voir rééditée. Plusieurs rééditions de Gaspard de la Nuit l'ont précédée - dont celle, en 2005, de Jacques Bony, la première établie d'après le manuscrit original et publiée selon les vœux d'Aloysius Bertrand - : est-ce la fin d'une malédiction ?

Prix France : 68 euros ttc Ill. couverture : L'Alchimiste par David Teniers le Jeune 0 Royal Cabinet of Paintings Mauritshuis The Hague MuséeISBN : royal2-84830-057-4 des peintures Mauritshuis La Haye Diffusion-Distribution : Eurédit BP 35 - 32150 Cazaubon cedex (France) Tél. : (33) (0)5 62Courriel 69 52 55: [email protected] - Télécopie : (33) (0)5 62 69 56 30

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