Louis Bertrand, Dit Aloysius Bertrand, 1807-1841
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LOUIS BERTRAND (1807-1841) DIT ALOYSIUS BERTRAND Après sa mort, malgré toutes les recherches aux- quelles on s'est livré, pas un témoin de sa vie n'est venu dire : « Je l'ai connu, je l'ai vu dans telle ou telle circonstance, voici ce qu'il a dit, ce qu'il a fait ». Pas un souvenir de lui dans les Correspondances du temps, qu'on exhume de toutes parts. J. Chasle-Pavie, Aloysius Bertrand, Revue de Paris, 15 août 1911, p. 780. DU MÊME AUTEUR : Columhia Verse, 1897-1924. Avec une préface par John Erskine, pro- fesseur à la Faculté des Lettres de Columbia University. Un volume in-i2. New-York. Columbia University Press. 1924. La Volupté et poésies diverses (1827-1840) de Louis Bertrand. (Poésies et documents inédits, avec introduction et notes). Un volume in-8. Paris, CHAMPION, 1926. DU MÊME PRÉFACIER - Le Récit nervalien, José Corti, 1990. - Lire le Romantisme, Dunod, 1992. - L'Esthétique de Nerval, SEDES, 1997, nlle édition revue, corrigée et augmentée, Eurédit, 2004. Édition de textes - Gérard de NERVAL, Aurélia et autres textes autobiographiques, Flammarion, « GF », 1990. - Gérard de NERVAL, Les Filles du Feu, Les Chimères, ibid., 1994. - Alexandre DUMAS, La Reine Margot, ibid., 1994. - Alexandre DUMAS, La Dame de Monsoreau, ibid., 1995, 2 vol. - Gérard de NERVAL, Lorely, José Corti, 1995. - Gérard de NERVAL, Léo Burckart, l'Imagier de Harlem, Flamma- rion, « GF », 1996. - Alfred de MUSSET, Premières Poésies, ibid., 1998. - Alfred de MUSSET, Poésies nouvelles, ibid., 2000. - Gérard de NERVAL, Jodelet, La Chasse au Snark, 2002. - Aloysius BERTRAND, Gaspard de la Nuit, Flammarion, « GF », 2005. À paraître - Gérard de NERVAL, Han d'Islande (d'après Victor Hugo), La Chasse au Snark. - Gérard de NERVAL, Choix des Poésies de Ronsard [etc.], (avec Jean CÉARD), La Chasse au Snark. (Ç) Eurédit - J & S éditeur - européenne d'édition numérique Paris - mai 2005 ISBN 2-84830-057-4 Fac-similé de la 2" édition, 1926 [1927], Librairie ancienne Honoré Champion. La loi du 11 mars 1957 interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du Code pénal. LOUIS BERTRAND DIT ALOYSIUS BERTRAND 1807-1841 UNE VIE ROMANTIQUE Étude biographique d'après des documents inédits PAR CARGILL SPRIETSMA DOCTEUR ÈS LETTRES AVANT-PROPOS DE JACQUES BONY Kurjcl i t AVANT-PROPOS On lira ci-après, enfin réédité près de quatre-vingts ans après sa publication, un ouvrage aussi introuvable que le fut, il n'y a pas si longtemps, le « fameux Gaspard de la Nuit », cher à Baudelaire, à Mallarmé, et à quelques autres. Dans notre récente édition (GF- Flammarion, mars 2005), nous avons eu l'occasion d'insister sur la malédiction qui semble avoir frappé le malheureux poète et son chef-d'œuvre : misère, maladie, mort prématurée, faillite du pre- mier éditeur, mauvaise volonté de Renduel, publication posthume de l'ouvrage sans aucun succès, disparition du manuscrit... com- posent le tableau parfait du destin tragique d'un poète romantique et maudit. Cette malédiction paraît s'être étendue aux études sur Aloysius Bertrand, particulièrement peu nombreuses si l'on songe à l'inté- rêt qu'ont manifesté pour lui non seulement Baudelaire et Mal- larmé, mais aussi tous les poètes en prose du XXe siècle. Le fait est là cependant : il n'y a pas dix livres entièrement consacrés à Bertrand et, parmi eux, il n'existe qu'une seule biographie, celle qu'on va lire, introuvable depuis longtemps et, en outre, manquante dans nombre de bibliothèques universitaires. Mieux : cette seule biographie existante d'un poète longtemps méconnu et même in- connu, thèse soutenue en Sorbonne en 1927, est l'œuvre d'un étran- ger, lui-même inconnu. Ce n'est pas sans une certaine gêne, en effet, que nous préfaçons un ouvrage sans rien savoir de son auteur que ce qu'il dit de lui-même dans sa préface. Nous pensions pou- voir obtenir quelques renseignements sur Cargill Sprietsma en re- trouvant des membres de sa famille. La recherche sur Internet nous a fourni de nombreux Sprietsma en Belgique et aux États-Unis ; nous avons écrit à bon nombre d'entre eux et n'avons reçu qu'une réponse, celle de Maresa Sprietsma, assistante de macro-écono- mie à Louvain-la-Neuve, que nous tenons à remercier ici, et qui, bien que n'étant pas liée directement à l'auteur de cet ouvrage, nous a aimablement indiqué que les Sprietsma étaient d'origine frisonne et qu'une grande partie de la famille avait émigré aux États-Unis au XIXe siècle. Nous pensions également que l'univer- sité Columbia où notre auteur semble avoir fait ses études, serait à même de nous renseigner au moins sur l'état civil de cet ancien étudiant, sur ses études, peut-être de nous en copier une photo ; trois demandes adressées à trois représentants de cette université n'ont reçu aucune réponse. Il nous restait un espoir : les archives des thèses de la Sorbonne qui doivent au moins conserver, outre le rapport de soutenance, l'état civil et l'adresse de l'impétrant. Peine perdue, le service interrogé ne nous a pas honoré de la moindre réponse. Faut-il, pour rester politiquement correct, déplorer le manque de personnel dont souffrent peut-être ces institutions ? Ou, plus vraisemblablement, se désoler de la désinvolture et de la discourtoisie généralisées ? si la réponse aux demandes de rensei- gnements devient l'exception, on peut s'inquiéter pour l'avenir des chercheurs... Ce que nous savons de Cargill Sprietsma se limite donc à ce que nous apprend sa préface : citoyen des Etats-Unis, militaire en 1918, affecté au QG de Bordeaux, résidant à New York en 1919, à Paris en 1922 où il poursuit des études à la Sorbonne sous la direc- tion de Fortunat Strowski. Nous savons, par ses lettres au collec- tionneur Joseph Dumas, que sa thèse est prête à imprimer en mars 1926, elle sera soutenue en Sorbonne en janvier 1927. On ne sait ce qu'il a fait par la suite. Il a également publié Colombia Verse (1857-1924) et La Volupté, sa thèse complémentaire, recueil de poèmes en vers d'Aloysius Bertrand ainsi qu'un article sur Racine 2. C'est peu, et l'on peut penser que Cargill Sprietsma n'a pas fait par la suite une carrière universitaire. Le seul élément sur lequel nous possédons des précisions est sa soutenance de thèse ; dans une lettre du 31 janvier 1927 à Joseph Dumas, qui lui avait communiqué nombre de manuscrits de sa collection, Sprietsma écrit : Je suis heureux de vous apprendre que ma soutenance a eu lieu sa- medi dernier [le 29 janvier]. Le jury qui se composait de MM. Hazard, Strowski, Mornet, Baldensperger (président), Estève et Le Breton3 fut très indulgent et m'accorda une mention honorable. La composition de ce jury peut surprendre ; certes, il s'agit d'éminents universitaires, auteurs de nombreux ouvrages encore utilisés aujourd'hui 4, mais aucun ne semble réellement compé- tent pour le sujet traité. Ce sont tous des comparatistes, deux d'en- tre eux sont plutôt orientés vers les siècles classiques, deux autres sont dix-neuviémistes, mais n'ont étudié en fait de poètes que Vi- gny. Jean Céard nous suggère que les étrangers, qui soutenaient alors des doctorats d'Université, et non des doctorats d'État, étaient automatiquement rangés dans la littérature comparée, mais on peut penser qu'il existait au moins un Baudelairien chez les compara- tistes... Faut-il voir dans cette composition du jury une marque du mépris de l'Université envers le pauvre Aloysius, mépris inverse- ment proportionnel peut-être à l'intérêt manifesté par les surréa- listes ? On peut s'étonner aussi de la mention honorable, qui se- rait aujourd'hui déshonorante ; est-ce un usage d'alors envers les thèses des chercheurs étrangers ? Nous avouons notre ignorance sur ce point ; mais Sprietsma paraît satisfait de cette mention. L'ouvrage de Cargill Sprietsma est un bel exemple de ces thè- ses d'entre les deux guerres, appuyées sur une documentation con- sidérable, qui faisaient, comme on dit, le tour de la question, et qui restent aujourd'hui une mine irremplaçable de renseignements. L'auteur a accompli un travail sérieux et documenté comme on les aimait alors ; il a certes beaucoup utilisé le travail de son prédé- cesseur dijonnais Henri Chabeuf, mais il a toujours vérifié et cor- rigé sur bien des points ses informations. Il a innové en dépouillant les archives de la Guerre et sa biographie est extrêmement docu- mentée sur la jeunesse de Louis Bertrand, le milieu scolaire dijonnais et, d'une façon générale, sa thèse constitue un témoi- gnage précieux sur le romantisme provincial ; on peut y voir que la société d'études de Dijon présentait, du moins à l'origine, un éclectisme dans la fréquentation, une tolérance, analogues à ce que Bertrand trouve à la même époque à l'Arsenal. On peut con- tester sa vision de Bertrand comme poète bourguignon : les ri- chesses de la Bourgogne, vignobles et architecture romane, sont absentes de l'œuvre de Bertrand qui se consacre uniquement à Dijon, encore est-ce au Dijon du passé ; nos idées actuelles sur le genre biographique s'opposeraient à l'assimilation souvent faite par Sprietsma dans sa quatrième partie entre les rêveries de « Gas- pard », personnage et auteur supposé du texte liminaire, et celles de Bertrand lui-même. Peut-être aussi Sprietsma a-t-il tort d'op- poser radicalement deux époques de l'inspiration bertrandienne, dijonnaise avant 1829, « romantique » ensuite : Aloysius n'a cer- tainement pas attendu d'être parisien pour lire Walter Scott, le pa- rallèle entre le romancier et Hoffmann nous semblant par ailleurs un peu sommaire aujourd'hui, après les travaux de Pierre-Geor- ges Castex.