Les Libertés Politiques Au Burundi

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Les Libertés Politiques Au Burundi Burundi : les enjeux du débat. Partis politiques, liberté de la presse et prisonniers politiques 12 juillet 2000 Rapport ICG Afrique N° 23 Nairobi/Bruxelles Table des Matières SYNTHESE & RECOMMANDATIONS ....................................................................... i CARTE DU BURUNDI INTRODUCTION....................................................................................................1 I. LES PARTIS POLITIQUES : EPURATION, DIVISION, REPRESSION ?............1 A. Les bénéficiaires de la démocratisation acteurs de la guerre civile (1992- 1996)....4 1. Des formations d’opposition aux identités incertaines ...................................4 2. Le recours à la violence pour prendre ou reprendre le pouvoir.......................8 B. Depuis le putsch, les jeux dangereux du gouvernement ......................................9 1. L’épuration ambiguë des opposants au processus de paix (1996-1998) ........ 10 2. Le harcèlement des activités militantes...................................................... 14 C. Avec les négociations, l’institutionnalisation de l’opportunisme politique.............. 17 1. Le développement du putschisme partisan et des alliances de circonstance . 18 2. L’absence d’attitude politique nouvelle....................................................... 20 D. Conclusion..................................................................................................... 23 II. QUELLES LIBERTES POUR QUELS MEDIAS ? ..............................................24 A. Les médias comptables de leur responsabilité dans la crise................................ 25 1. Médiocre formation des journalistes et autocensure (1993)......................... 26 2. Délits de presse et appels au meurtre (1993-1996) .................................... 27 B. L’obsession générale du contrôle politique ....................................................... 30 1. L’audiovisuel depuis 1996 : une censure par défaut.................................... 31 2. La presse écrite toujours militante............................................................. 32 3. La presse parlée, plus libre....................................................................... 33 C. Des politiques publiques d’information et de communication déficientes. ............ 34 1. Un encadrement juridique inadapté........................................................... 34 2. Un espace public atrophié ........................................................................ 35 3. Les négociations d’Arusha : une gestion incertaine de la communication ...... 38 D. Conclusion..................................................................................................... 39 III. LA QUESTION DES PRISONNIERS POLITIQUES .........................................40 A. Situation de la Population Carcérale................................................................. 43 1. L’origine des prisonniers........................................................................... 43 2. De quoi les prisonniers sont-ils coupables ? ............................................... 46 3. Qu’est-ce qu’un “ crime politique ” pour la justice burundaise ? ................... 49 B. Les enjeux politiques du débat........................................................................ 50 1. Le poids du “ génocide ” .......................................................................... 50 2. Les positions respectives des parties ......................................................... 51 C. Conclusion..................................................................................................... 57 RECOMMANDATIONS .........................................................................................59 ANNEXES ICG EN BREF LISTE DES RAPPORTS DE ICG LISTE DES MEMBRES DU CONSEIL D'ADMINISTRATION Burundi : les enjeux du débat. Partis politiques, liberté de la presse et prisonniers politiques SYNTHESE & RECOMMANDATIONS Après deux ans de négociations, le processus de paix burundais a atteint un point critique. Le médiateur Nelson Mandela, lors de sa dernière visite à Bujumbura du 12 au 14 juin, a renouvelé son soutien à l'exigence des rebelles selon laquelle le gouvernement de Pierre Buyoya doit libérer tous les prisonniers politiques, quels que soient leurs crimes, et restaurer la liberté d’action des partis politiques. En mars dernier, le médiateur avait également exigé la restauration de la liberté de la presse et le démembrement de tous les camps de regroupement. Un compromis a finalement été atteint sur ce seul point, le gouvernement du Burundi promettant de fermer tous les camps pour le 31 juillet 2000. Sur la question des prisonniers politiques, le gouvernement se défendit en avançant que la situation était plus complexe qu’il n’y paraissait au premier abord, et dénonça la propagande de l’équipe de la facilitation tanzanienne et de certains partis hutu. Pierre Buyoya considère, - comme la majorité de l’opinion publique tutsi - que les prisonniers sont des membres des bandes armées et des terroristes qui participèrent aux massacres consécutifs à l’assassinat du Président Melchior Ndadaye en octobre 1993. Au moment où le processus de paix entre dans sa phase finale, les exigences de Nelson Mandela auprès du gouvernement burundais se justifient pour plusieurs raisons. Tout d’abord, Pierre Buyoya, qui revint au pouvoir suite à un putsch en juillet 1996, doit donner des signes de bonne volonté pour mériter sa place dans la période de transition qui suivra l’accord de paix. Deuxièmement, tous les groupes rebelles doivent être amenés à la table des négociations, et leurs requêtes doivent donc être entendues. Il ne peut y avoir de négociations crédibles tant que les sympathisants des rebelles sont en prison avec pour seul chef d’accusation de représenter une menace pour la sécurité de l’Etat. Troisièmement, il ne peut y avoir de dialogue constructif avec des partis politiques dont les activités sont soumises à la répression des autorités. Enfin, la liberté de la presse est essentielle pour le succès du processus de paix et les chances de signature d’un accord resteront minces tant que la population ne sera pas totalement informée des progrès des négociations d'Arusha. Les exigences soulevées par Nelson Mandela sur les prisonniers, les partis politiques et la presse devraient certainement être l’aboutissement de négociations plutôt des conditions préalables à leur poursuite. Cependant, il est indispensable que le gouvernement y réponde par un geste significatif de compromis, pour donner un témoignage de bonne volonté à la population burundaise et provoquer un débat sur les changements attendus pendant la période de transition. Ces exigences ont été formulées pour renforcer le processus de paix à travers la participation des rebelles et de la population. Dans le débat qui s’en est suivi, les réticences du gouvernement à accepter tout compromis ne sont pas sans fondement. Il prévient notamment que le choix de Nelson Mandela de faire siennes les exigences des partis politiques hutu et des rebelles risque de provoquer une réaction violente de l’opinion publique tutsi. Il pense aussi qu’il est injuste de ne faire pression que sur une seule des Burundi : les enjeux du débat ICG Rapport Afrique N° 23, 12 juillet 2000 Page ii parties au conflit. Cependant, ces récriminations, pour justifiées qu’elles soient, ne diminuent en rien la responsabilité de ce dernier de montrer sa bonne volonté à ce moment précis du processus de paix. Les partis politiques : épuration, divisions, répression ? Le FRODEBU, parti vainqueur des élections de 1993, accuse le gouvernement de se comporter de manière autoritaire et de harceler ses opposants. A l’opposé, le gouvernement accuse le FRODEBU d’organiser la désobéissance civile et de mobiliser la population hutu contre lui. Alors que cette polarisation reflète la surenchère des deux parties à ce moment critique du processus de paix, deux paradoxes doivent être gardés à l’esprit. Tout d’abord, si les partis opposés au régime actuel ont pu émerger pendant la période de démocratisation concédée par Pierre Buyoya lui-même au début des années quatre-vingt-dix, à partir de 1994, ils sont devenus à la fois les promoteurs et les bénéficiaires de la guerre civile. La majorité d’entre eux s’est appuyée sur la violence pour obtenir des positions de pouvoir en 1994, lors de la signature de la Convention de gouvernement, et aucun d’entre eux ne peut être considéré comme a priori comme un défenseur de la démocratie ou des Droits de l’Homme. Deuxièmement, aucun de ces partis ne donne les signes d’une attitude nouvelle qui pourrait contribuer à la construction d’un avenir pacifique pour le pays. Au lieu de cela, le président et les partis passent leur temps en manœuvres et manipulations politiciennes et prennent des positions parfois radicales destinées à maximiser le soutien de leur électorat naturel ou à se positionner pour la distribution des rôles dans les institutions de transition. Ces manœuvres ont conduit Pierre Buyoya à organiser l’épuration du parti UPRONA de sa faction anti-Arusha, à réprimer ses opposants tutsi radicaux du PARENA, et à garantir, l’impunité de la police, des forces de l’ordre et de l’administration dans leur harcèlement permanent des militants du FRODEBU. Ces ajustements constants ont aussi suscité des divisions internes au sein des partis, des alliances et contre-alliances dont l’objectif politique n’était parfois que de s’attaquer à la personne de Pierre Buyoya. Quelle liberté pour quels médias ? Le contrôle des médias est une
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