Leur Oasis, C'est
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No 120, juin 2014 Premiers comptes en noir 4 Les joies du temps libre 8 Fregiécourt: la terre en fête 12 Un duo d’exposantes 16 Gentille Marguerite 19 L’essentiel Les garçons si sérieux de 1930 23 Au plus tôt pour éteindre 7 Il était une fois la poste 13 Editorial Par cette belle matinée de prin- temps, à bord de la nacelle qui m’emmène dans un ciel bleu sans nuages, je contemple la nature. Comme chaque année depuis des siècles, elle se réveille dans un foi- sonnement de verdure et de fleurs. Cette résurrection perpétuelle m’invite à réfléchir. Au cours des dernières décen- nies, notre vie a changé de façon radicale grâce aux inventions, aux nouvelles technologies de toutes sortes, aux progrès réalisés dans tous les domaines. Des moyens de Hans-Jörg et Maria Reichardt. Photo jlm communication toujours plus per- formants ont accéléré ces transfor- • Asuel mations et favorisé l’ouverture vers les lointains continents. Sur la toile, Hans-Jörg et Maria Reichardt les contrées les plus lointaines sont à notre portée. Pourtant, malgré leurs prouesses Leur oasis, c’est ici techniques, les hommes n’évitent ni les drames, ni les guerres du Hans-Jörg Reichardt a bourlingué, fait étape, s’est fixé monde dans lequel nous vivons. longtemps dans le secteur bancaire avant de se recon- Dure réalité. Ils ne peuvent pas, ils vertir dans le service à domicile, aidé de son épouse ne pourront rien non plus changer Maria. aux cycles de la nature. Tout n’est qu’un éternel recommencement. Le père de M. Reichardt, Allemand, s’était engagé à l’âge de vingt-quatre ans Ne dit-on pas qu’il faut prendre de la hauteur afin de relativiser? dans la marine durant la Deuxième Guerre mondiale. Il survécut. Mais, très Vu d’en haut en effet, tout est mis marqué par la disparition de nombreux camarades, il n’en parlait guère. En en perspective, et le monde paraît 1950, on lui proposa un emploi en Suisse en tant qu’imprimeur. Il fut alors idéal. Pour autant que l’être humain assuré de pouvoir s’y établir et d’y faire venir son épouse. sache les apprécier, les valeurs et Hans-Jörg quant à lui est né le 24 février 1956 à Baden, dans le canton d’Ar- les bonheurs simples de la vie res- govie. Ce fut une naissance à domicile. Son père était âgé de trente-six ans. teront toujours d’actualité. /eb/ En 1959, la famille s’agrandit avec la naissance d’une petite fille. > o La Baroche Le rendez-vous des villages – N 120 – juin 2014 une septantaine de gallinacés. Des cochons et des oies s’ébattaient alen- tour. Il y avait aussi des chevaux de monte en pension accompagnés de cinq chiens et d’autant de chats. Plus tard, des chèvres rejoignirent cette ménagerie, tout heureuses d’offrir leur lait aux habitants de l’exploita- tion. Or bleu et enfer vert Dans ce climat subtropical, les to- mates, les choux et les pastèques poussaient à ravir, mais aussi les avocats, les noix de coco et toutes En pleine mer à bord du «MS Caribia», un cargo affrété par la compagnie Swiss Outre- sortes de bananes. C’était pourtant mer Zürich, qui reliait l’Europe et l’Afrique. Le jeune matelot Reichardt était steward et était affecté à l’entretien du bateau. Le cargo a été démonté il y a plus de 30 ans et mis loin d’être un pays de Cocagne, se en pièces détachées dans des conteneurs. Photo hjr souvient Hans-Jörg: «C’est là que j’ai compris que les besoins les plus Hans-Jörg Reichardt avait 11 du Sud. Au Bélize (Honduras britan- élémentaires de la vie étaient les plus ans lorsque la famille obtint la nique), avec des amis, il acheta une durs à satisfaire. Par exemple, en cas nationalité suisse et s’installa dans ferme avec chambres d’hôtes et, pen- de sécheresse, alors que les stocks un lotissement d’une société de d’eau des réservoirs construction. Il se souvient toujours Les conteners à quai, baissaient irrémé- du corridor où ronflait un fourneau fini le farniente diablement, il fal- alimenté au bois et au charbon qui lait aller en cher- tempérait le séjour et une chambre à cher dans le fleuve. coucher. Pour cuisiner, il Chaque samedi, la famille se rendait dant sept ans, il dirigea une exploi- nous fallait du bois, difficile à trouver en forêt pour y récolter du bois. Le tation agricole basée essentiellement dans la nature alentour. Pour nous soir, une table était dressée en forêt sur la production d’oeufs fournis par rendre en ville par temps de pluie, et toutes les familles du lotissement se réunissaient autour d’un bon feu pour déguster des saucisses rôties. L’appel du large Sa scolarité terminée, Hans-Jörg Rei- chardt entreprit un apprentissage de commerce dans une grande banque zurichoise. Puis l’appel du large se fit ressentir et il se retrouva en haute mer comme marin. Tout d’abord sur un navire transportant des mar- chandises, ensuite sur un bateau fri- gorifique. Ses voyages l’amenaient en Afrique et dans les territoires et Régions d’outre-mer. Lorsque les conteneurs arrivaient à quai, fini les heures de farniente! Le bateau frigorifique «MS Favorita» transportait des fruits, notamment des régimes de bananes, et des légumes. Hans-Jörg était aux commandes à côté d’un officier, car il D’autres voyages le conduisirent en pouvait appareiller à toute heure du jour ou de la nuit. (1976) Photo hjr Amérique centrale et en Amérique o La Baroche Le rendez-vous des villages – N 120 – juin 2014 3 seul un engin tout terrain pouvait se avons alors vendu notre maison du Dans l’horoscope celtique, le pin risquer dans la boue des ornières, ou lac d’Hallwil. A la recherche d’un est l’arbre de naissance de mon- alors il fallait s’y rendre par le fleuve, nouveau toit, nous sommes tombés sieur Reichardt. Le pin, père de une expédition ni toujours aisée ni sur une maison à vendre à Asuel. Ce la sagesse, croît sur le rocher, sur même sans danger.» fut le coup de foudre! Alors, départ le sable, sur les terrains les plus pour Asuel, où nous voilà installés ingrats. C’est un arbre «blindé». La patrie en famille au Pécal 70 depuis décembre 2012. Les natifs du pin sont bien trop De retour en Suisse, Hans-Jörg Pour nous, Asuel, c’est comme une intelligents pour agir égoïste- Reichardt renoua avec le domaine oasis de calme et de repos après une ment. Un avantage obtenu par un commercial de ses débuts en tant journée éreintante.» natif du pin finit toujours par re- qu’acheteur chez Ditting SA, une so- jaillir sur ses partenaires. Johann ciété sise au Rennweg à Zurich. C’est Service à domicile Wolfgang von Goethe et Victor là qu’il fit la connaissance de Maria, De son côté, Hand-Jörg Reichardt Hugo, entre autres, étaient natifs née à Gênes un 21 juillet au sein de a conservé son activité d’accompa- du pin. la famille Merlino, et épousée en gnateur et continue le «service à do- Quant à l’orme, arbre de l’atti- 1986 dans la chapelle du couvent de micile», tout d’abord au jardin, mais tude noble, c’est l’arbre de nais- Wettingen. De cette union naqui- également dans tous les domaines où sance de madame Reichardt. Les rent deux filles: Claudia en 1987, et son aide pourrait être nécessaire. De natifs de l’orme ont pour idéaux Manuela en 1990, toutes deux main- temps à autre, son épouse lui donne la justice et la tolérance. Ils sont tenant adultes et indépendantes. un coup de main mais, comme il convaincus que tous les hommes Une proposition de travail de l’UBS dit, «elle s’occupe en priorité de no- sont corrects, généreux et servia- le trempa à nouveau dans le secteur tre ménage et... de mon bien-être! bles. Albert Schweitzer était natif bancaire. Il dédia à cet employeur D’ailleurs, elle adore cuisiner et faire de l’orme. trente ans de fidélité, et ce malgré de la pâtisserie». bien des turbulences, comme par Il a souvent des demandes d’aide exemple les fusions, les restructura- de la part de gens dont les parents de leurs filles habitent toujours à Ba- tions permanentes, les licenciements âgés sont propriétaires d’une mai- den. De nouveaux clients résident en et autres crises financières. son qu’ils ne peuvent plus gérer eux- région bâloise. «Et, ajoute-t-il, bien Le lotissement de son enfance ayant mêmes. Les contacts avec le canton sûr, mon plus grand plaisir serait de été voué à la destruction, la famille d’Argovie perdurent, sa mère et une pouvoir compter des Jurassiens > Reichhardt se mit à la recherche d’un nouveau gîte. Elle acheta au bord du lac d’Hallwil, dans le Seetal, une vieille maison qu’elle remit en état en quelques années. A bon port Maria avait trouvé un emploi com- me vendeuse à Zurich, dans un ma- gasin Coop situé au St-Annahof. Mais entre-temps, la situation au sein des grandes banques devenait de plus en plus difficile. Ce fut alors l’heure du bilan et d’une réorienta- tion. «A côté de ma vie profession- nelle, j’accompagnais et assistais déjà des seniors et des personnes nécessitant de l’aide sur le plan phy- sique (mobilité, par exemple). Par ailleurs, j’avais créé une petite entre- Alta Vista, Bélize: au début, Hans-Jörg se servait d’un char attelé léger pour faire les commissions; par la suite, ce fut à la Willis de dompter les ornières.