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DÉPARTEMENT D'HISTOIRE ET DE SCIENCES POLITIQUES Faculté des lettres et sciences humaines Université de Sherbrooke

LES ENJEUX DES ÉTATS-UNIS DANS LA COURSE À L'ESPACE, 1953-1969 Par DOMINIC TESSIER

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Mémoire présenté pour l'obtention de la MAITRISE Ès ARTS (HISTOIRE)

Sherbrooke Le 12 janvier 2000 Biithèque nationale du Canada Acquisitions and Acquisitions et Bibliographie Services seivices bibliographiques

The author has grantecl a non- L'auteur a accordé me licence non exclusive licence dowing the exclusive permettant a la National Libraxy of Canada to Bibliothèque nationale du Canada de reproduce, loan, distribute or seil reproduire, prêter, distribuer ou copies of this thesis in microform, vendre des copies de cette thèse sous paper or electronic formats. Ia forme de rnicrofiche/film, de reproduction sur papier ou sur format électronique.

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Les enjeux des États-Unis dans la course à l'espace, 1953-1969 Dominic Tessier

Ce mémoire a été évalué par un jury compose des personnes suivantes :

Monsieur Gilles Vandal, directeur de recherche (Département d'histoire et de sciences politiques, Faculté des lettres et sciences humaines) Messieurs Pierre Binette et Jean-René Chotard, autres membres du jury (Département d'histoire et de sciences politiques, Faculté des lettres et sciences humaines) La course a l'espace entre les États-unis et I'URSS a amené les Américains a réaliser l'un des plus grands rèves de I'hunianité : celui d'envoyer des hommes sur la Lune. Avec la mise en orbite de Spoutnik 1. en octobre 1957. et en envoyant le premier homme dans l'espace. cn avril 1961. I'URSS a gagne les deux premières manches de la course a

I'espücs. Ainsi. en mai 1961. dans l'esprit de la Nouvelle Frontière. le président Kennedy a lanci Ic ddï a sa nation d'envoyer un homme sur la Lune avant 1970. Le défi Kennedy a immédiatement enchant2 l'opinion publique et le Congrès. Toutefois. aprés la crise des

Missiles. I'snthousiasme des Américains pour les programmes spatiaux perdait son ampleur. Les dcpenses exorbitantes du programme Apollo et l'enlisement des États-unis dans la gerrtt du Vietnam sont les principales raisons de cotte chute de la frenisie de la conqucte spatiale. Remerciements

J'aimerais remercier les personnes qui m'ont aidé à réaliser ce projet de mémoire de maîtrise :

- Mon directeur. M. Gilles Vandal. pour m'avoir guidé dans mon cheminement

de recherche et de rtdaction.

- Mme Catherine Harncl pour sa collaboration énergique à la réalisation de ce

niémoire gricc à ses compétences professionnelles de réviseure-comctrice. Sommaire

Remerciements 1

Sommaire 3

Table des tableaux et graphiaues 6

Lexiaue des abréviations 7

Introduction 8

Présentation de l'objet d'étude 8

L'émergence de la compétition technologique entre les Etats-unis et I'URSS 8 Les années cinquante : une genèse nébuleuse pour l'exploration spatiale américaine 9 Le défi de Kennedy 1O Problématique et hypothèse 11

Historiographie 12

Sources 15

Méthodologie t 6

Chapitre 1 : la genèse de la conauh de I'esmce par les ~tats-unis, 1953-1960 18

Les causes internationales 10

Les caractéristiques initiales de la Guerre froide La Conférence de Genève La Guerre froide après le Sommet de Genève La course aux armements Les projets de I'lntemational Geophysfcal Year (GY) L'URSS declenche la course A l'espace Les causes nationales

La politique des engins balistiques sous Truman 28 La politique des engins balistiques sous Eisenhower avant Spoutnik 30 La politique spatiale américaine de 1958 à 1960 33 La période de transition entre Eisenhower et Kennedy 40 Bilan 42

Chapitre 2 : l'intensification de la politiaue spatiale sous l'administration Kennedv. 1961-1 962 44

Les événements internationaux entraînant le defi de Kennedy 44

Les transformations de la rivalité entre les Etats-Unis et I'URSS Le vol de Youri Gagarine La Baie des Cochons Ces événements nationaux entraînant le ddfi de Kennedy

Le changement d'attitude de Kennedy vis-a-vis la politique spatiale 54 Le rapport Wiesner et la remise en cause du programme Mercury 56 L'apport de Lyndon B. Johnson en matière de politique spatiale 59 La contribution de James Webb, le nouvel administrateur de la NASA 61 Le défi de Kennedy 62

La révision du programme spatial américain ordonnbe par Kennedy 63 Le défi et sa portée politique 67 Bilan 70

Chapitre 3 : la course a la Lune après la crise des Missiles. 1962-1969 72

Le changement de la réalité internationale 72

La crise des Missiles La nouvelle réalité internationale Le frein de la guerre du Vietnam La course a la Lune entre les États-unis et I'URSS La course a la Lune sur la scène nationale

Le rnéccntentement grandissant du Congres 85 L'opinion publique de moins en moins favorable au programme Apollo 89 Comment le programme Apollo a-t-il pu se rendre a terme? Bilan

Conclusion 95

L'épilogue du défi Kennedy 97

Analyse theorique 101

Ouverture 103

Annexes 105

Biblioata~hie 119 Table des tableaux et graphiques

Tableau 1. NASA Mission target dates

Graphique 1. La course a l'espace entre les ctats-unis et l'URSS

Tableau 2. Activités lunaires et interplanétaires aux Gtats-unis et en URSS

Graphique 2. La course à la Lune entre les 6tats-~niset I'URSS, 1958-1969

Graphique 3. Demandes budgétaires versus le budget obtenu par la NASA,

1962-1973

Tableau 3. Les plus fortes coupures budgétaires de la NASA dans les années

soixante

Tableau 4. The United States Space Budget, 1959-69 (in $ millions)

Graphique 4. Evolution de l'opinion publique envers les programmes

spatiaux. 1965-1976 Lexique des abréviations

CIA Central Intelligence Agency

ICBM Inter Continental Ballistic Missile

IGY International Geophysical Year

IRBM Intermediate Range Ballistic Missile

MRBM Medium Range Ballistic Missile

NACA National Advisory Committee for Aeronautic

NASA National Aeronautic and Space Administration

NASM National Air and Space Museum

ONU Organisation des Nations unies

PSAC Presidential Science Advisory Committee

SRAM Short Range Attack Missile

TCP Technological Capabilities Panel Introduction

Le XXe siécle est un siècle marqué par l'horreur des guerres mais aussi par la grandeur des réalisations huniriines. En effet. un vent de progrès indéniable a transformé

I'humaniti lors de ce siècle. Les grands rêves de Jules Vernes au XIXS siècle se sont presque tous concrétisés au cours du XX' siècle. L'être humain a autant développé de moyens de transport pour faire le tour du monde en moins de quatre-vingts jours qu'exploré les profondeurs marines. Mais la réalisation la plus extraordinaire que

Jules Vernes a imaginé 3 Sté d'envoyer des hommes sur la Lune. Dans son roman

L)c Irr Terre Ir kr Lune. les Américains ont envoyé des hommes sur la Lune afin de montrer au monde les aptitudes scientifiques des États-unis. Le scénario de Vernes s'est réalisé un siécle plus tard lorsque le président Kennedy a décidé d'envoyer un homme sur la Lune pour rehausser le prestige américain terni par les aléas de la Guerre froide vers

1960.

L'émerqence de la compétition technologique entre les États-unis et I'URSS

A la suite de la Deuxième Guerre mondiale. deux grandes puissances sont sorties victorieuses du grand conflit. soit les États-unis et I'URSS. Entre ces dew alliés. un conflit idéologique a émergé pour donner lieu à ce qu'on appelle la Guerre froide. Cette tension idéologique a entraîné un climat de méfiance entre ces anciens alliés de ia

Deuxième Guerre mondiale. Ce climat a vite provoqué une bipolarité mondiale ferme.

La politique américaine. en ce début de Guerre Froide, était de limiter l'expansion soviétique afin de contrer la réalisation du processus de révolution du communisme intemational. Mais. en 1949, la situation se compliquait pour les États-unis puisque l'URSS annonçait la mise au point d'une bombe atomique. La course aux armements entre les deux Goliath commençait.

Les années cinquante : une cienése nébuleuse pour I'exoloration s~atiale américaine

Dans les anndes cinquante. la défense nationale américaine reposait sur sa supériorité aux niveaux de la rapidité et de la force de tiappe nucléaire. Ainsi. avec une menace de représailles niassives. I'U~iionsoviitique n'envisagerait pas l'expansion du communisme.

Vas Ia !in dcs années cinquante. cette avance semblait menacee lorsque les Soviitiques ont envoyi le premier satellite artiticiel au monde. c'est-à-dire Spoutnik 1. Bien que

l'administration Eisenhower tentât de réduire l'impact psychologique de ce (< Pearl

Harbor )) technologique, le peuple américain se sentait de plus en plus menacé. Pour la premiàe fois. les États-unis pouvaient être attaqués par des missiles nucléaires lancés à partir de IVRSS.

Au niveau national. l'impact des Spoutnik a été accentué par les démocrates. Ces derniers y voyaient une opportunité d'abaisser l'administration républicaine. d'autant plus que I'ichec de ', en décembre 1957, confirmait la faiblesse des États-unis en matière d'exploration spatiale. En 1958. la fondation de la NASA démontrait le soucis du président Eisenhower de voir les ~tats-unisplus forts sur le plan de l'exploration

spatiale. En fondant la NASA. Eisenhower attribuait un statut civil a l'exploration

spatiale amiricaine permettant ainsi de concentrer les efforts scientifiques vers des fins

pacifiques. Toutefois. le rendement de la NASA n'était pas au maximum de son potentiel

puisque c'était l'avancement militaire qui préoccupait le plus le président.

Le défi de Kennedy

Au tournant des années soixante. la notoriété internationale des États-unis paraissait

diminuée tandis que celle de I'URSS semblait se consolider. Cette constatation ne

s'appliquait pas seulement aux programmes spatiaux. En effet, il s'agissait d'une réalité

aux niveaus des relations avec les alliés et les pays du tiers-monde. de la croissance de

l'économie nationale. du développement de l'arsenal militaire. etc. Cependant. en

avril 1961. le président Kennedy ri entendu sonner le glas lorsque I'URSS a envoyé Youri

Gagarine en orbite terrestre. II savait qu'il devait poser un geste important pour rétablir la

situation des États-unis.

La réaction ofricielle est venue un mois et demi plus tard lorsque. le 25 mai 1961. dans

un discours proposant plusieurs solutions pour combler les besoins de la nation, le

président Kennedy a lancé le défi d'envoyer un homme sur la Lune avant la fin des

NASA. Hixrq Timt.linr. http:llw.hq.n-çov/office/pao/Historyltimeline.htmI. Le 9 octobre 1957, soit cinq jours après Ir décollage de Spouînik 1. le président Eisenhower annonçait que le projet Vanguard allait devenir un projet de recherche indipendant de la recherche balistique pour des fins militaires.

page 10 années soixante2. Ainsi. en juillet 1969, Neil A. Armstrong, Michael Collins et Edwin E.

Aldrin jr. embarquaient a bord d'une fusée V en direction de la Lune. Pendant que

Collins était en orbite lunaire, Armstrong et Aldrin avaient l'honneur d'ètre les premiers hommes à marcher sur la Lune. La mission Apollo 11 a permis aux États-unis de relever le défi lancé par Kennedy huit ans plus tôt. Toutefois, des éléments d'ordre contextuel permettent de mettre en doute l'atteinte des objectifs demére le défi du président

Kennedy avec la mission Apollo I 1.

Cette constatation m'amene à formuler la problématique suivante : d'après les motifs qui ont poussé John F. Kennedy a prendre la décision d'envoyer un homme sur la Lune avant

1970. est-ce que l'expédition lunaire de la mission Apollo 11 a permis aux États-unis d'atteindre les objectifs demére le défi lancé par le président américain en mai 1961?

Pour ripondre a cette probldmatique. il faut d'abord connaître les circonstances dans lesquelles ont pris naissance les programmes spatiaux américains. Ces circonstances sont autant de nature politique et diplomatique que technologique. Ensuite. il faut savoir quels ont éti les objectifs derriére le dit1 d'envoyer un homme sur la Lune avant 1970 lancé par Kennedy en mai 1961. Ces objectifs. qu'ils soient du domaine technologique, politique ou diplomatique vont devenir les critères permettant d'évaluer à quel point la mission Apollo l i a permis de les atteindre. Enfin. la compréhension du contexte dans lequel s'est rialisé Ir dkti de Kennedy permettra de déterminer si les objectifs ont été

' John F. Kennedy, Sprcial Ille~sageto [he Congrers on Urgent National NeedF. 25 Mai 196 I . page 10.

page 11 atteints. II s'agira donc de comparer l'état de la situation politique nationale et

internationale des États-unis entre 196 1 et 1969.

Bien que le défi de Kennedy ait été relevé avec succès, je crois que les objectifs

politiques de l'engagement de John F. Kennedy n'ont pas été atteints avec la mission

spatiale Apollo 1 1. Cette hypothèse est basée sur la supposition que les enjeux nationaux

et internationaux impliqués par ces objectifs en 1961 ont pris une dimension

radicalement di fférente en 1969.

Avant d'exposcr les dibats historiographiques. présentons les deux champs historiques

connexes a l'histoire spatiale américaine qui ont été essentiels a ce travail. La

problématique de celui-ci exigeant le recours a des champs historiques complémentaires,

l'histoire de la Guerre froide et l'histoire nationale des ~tats-unisont servi ici de cadre

d'analyse.

La Guerre froide. dans les années cinquante et soixante. est une thématique inévitabie

pour étudier les premiires années de l'ire spatiale. En effet. c'est par le biais de la course

aux armements que la Guerre t'roide a initié la course à l'espace entre les États-unis et

l'URSS. De plus. la Guerre froide a fourni des motifs justifiant l'engagement de Kennedy

d'envoyer un homme sur la Lune avant 1970. Elle a aussi caractérisé le contexte

international dans lequel s'est inscrit le progamme Apollo.

L'histoire nationale des États-unis est le deuxième concept secondaire qui a été

nkcessaire à l'analyse de I'histoire spatiale américaine. Ce concept a fourni le contexte de

la culture politique permettant de comprendre la réaction américaine aux exploits spatiaux des Soviétiques vers la fin des années cinquante et au début des années soixante.

Divers éléments composent la culture politique américaine et permettent d'expliquer l'accomplissement en moins de dix ans d'un projet de l'envergure du programme Apollo.

L'interaction particulière entre la présidence, le Congrès, la bureaucratie, la presse et l'opinion publique sont autant d'éléments fondamentaux qui ont composé la culture politique américaine entre 1935 et 1975. Ce travail doit donc démontrer que cette particularité de la culture politique américaine a été fondamentale à la réalisation du programme Apollo.

Une analysé des courants historiographiques s'avkre difficile pour un objet d'étude aussi récent et peu itudii. au sein des pays étrangers. Selon moi. il existe deux grandes controverses historiographiques concernant les débuts de l'histoire spatiale américaine.

La premikre controverse est celle dont les enjeux sont les mieux établis et dont le débat historiographique est le plus perceptible. La seconde reste plus subtile de sorte que je crois qu'il est encore impossible de parler d'un &bat historiographiqlie.

[.a prerniire controverse touchant le début de l'histoire spatiale américaine concerne la rertction nationale a la mise en orbite du satellite soviétique Spoutnik 1. Le débat se situe au niveau politique. cet etTet. les historiens ne s'entendent pas sur quelle administration. entre celle de Truman ou celle d'Eisenhower. est responsable du retard arncticain dans l'espace. On peut identifier deux caractéristiques dans ce débat historiographiquc.

D'abord. il y a le débat sur la nicessité d'envoyer le premier satellite dans l'espace. Il semble que le prkident Eisenhower ne sentait pas le besoin de voir son pays être le

page 13 premier dans le domaine de I'exploration spatiale. Sa priorité était limitée au développement des effectifs militaires. C'est. à mon sens, l'enjeu principal du débat.

L'autre caractéristique est de nature externe. A l'heure actuelle, il y a encore beaucoup de documents qui doivent certainement révéler des éléments importants sur cet aspect de

I'histoire des États-unis et qui ne sont pas encore déclassifiés3.Cet élément constitue une limite importante au débat.

La seconde controverse histotiographique a plus particulièrement été établie à partir d'une constatation personnelle que d'un débat entre historiens. J'ai effectivement remarque que. à la suite du discours de Kennedy lançant la course à la Lune entre les

~tats-uniset L'URSS. la grande majorité des Américains appuyaient cet engagement national. Toutefois. à mesure que les années soixante avançaient. deux tendances, qui existaient à la tïn des annies cinquante. ont refait surîàce. D'un côté. il y avait les politiciens. entre autres Lyndon B. Johnson et James E. Webb4. qui maintenaient inconditionnellement leurs eîTorts pour réaliser le defi lancé par Kennedy. Puis. il y avait une tendance politique difavorable A la realisation du défi Kennedy. En effet, outre les médias et l'opinion publique. la ptupart des personnes défavorables étaient des membres du Congrès qui pr~féraients'attaquer a des problèmes de nature concrète comme l'enlisement des États-unis dans la guerre du Vietnam. les conditions de pauvreté dans plusieurs foyers arniricains et II'égaIité des Noirs.

' Rip Buliiele-.. The Spritriih Crisis und Eadv United Stares Spacr Poli-: .4 Critique oj- the Hisroriograp/~y@'Spucr. Bloomington. Indima University Press. 199 1. page 145. J Administntrur de la NASA de 1961 à 1968.

page 14 Le paradoxe est apparu tlagrant avec l'affirmation de Erlend A. Kennan et Edmund H.

Harvey jr. disant que Kennedy a tenté de dénationaliser l'engagement qu'il avait pris en

196 1. Dés les premiers mois suivant le discours du 25 mai, le président semblait vouloir se défaire de son engagement et étendre le défi national d'envoyer un homme sur la Lune a l'échelle internationale. impliquant une collaboration soviétique.

Ce revirement d'attitude manifesté par Kennedy est significatif du changement du contexte national et international noté tout au long des années soixante. Est-ce le nouveau contexte de ditente qui. depuis la crise des Missiles, a rendu la course ji la Lune desuete aux yeux de Kennedy? Est-ce les compressions budgétaires imposées par une escalade du cuntlit vietnamien? Est-ce que le défi national semblait vraiment hors contexte aux yeux de Kennedy?

Il s'agit de cette polémique qui me fait croire qu'il y a lieu d'un débat historiographique sur le sujet. Je crois en effet qu'il faut revoir les enjeux politiques reliés au défi de 1961 et regarder dans quelles mesures le contexte politique national et international a changé au cours des annees 1960. S'il y a eu un changement important du contexte politique, est- ce que ce changement a eu des répercussions sur le programme spatial Apollo? Le défi de Kennedy devenait-il hors contexte? C'est dans cette direction que la recherche a été orientie.

Les sources utilisées devaient permettre d'évaluer a quel point les objectifs du défi national ont ét6 atteints lorsque Armstrong et Aldh ont aluni dans la mer de la

Tranquilliti en juillet 1969. Trois types de sources ont été retenues. D'abord, il y avait

page 15 divers textes d'archives de la NASA dont des discours prononcés par John F. Kennedy entre 196 1 et 1963 ainsi que des memorandums faisant état des propositions de la NASA et du PSAC (President's Science rlhisory Cornmittee) en matiére de politique spatiale.

Ensuite. il y avait des entrevues produites par le NASM (Nariond =lit- and Space it/l(~~um)dans les années 1980. Ces sources publiées sur Internet en 1996 par le NASM sont la retranscription d'entrevues produites avec des anciens membres du personnel de la NASA. Parmi les personnes interviewées, on compte des personnalités importantes qui ont œuvré auprès de l'administration de la NASA dans les années soixante. Finalement, j'ai eu recours à un tableau étalant !es budgets de la NASA ainsi que les demandes budgitaircs de 1-agence spaiiale auprès du Biireutc ojif'Birdgerau cours des années 1962 a

1972. Cette source est paniculiércment importante puisqu'ells démontre l'importance du programme spatial auprSs des instances politiques américaines lors de cette piriode.

Sur le plan m6thodologique. il a fallu procéder a un dépouillement exhaustif des sources.

Pour ce qui est de l'analyse du tableau des budgets de la NASA. j'ai procédé a une analyse quantitative. Ainsi. la production de graphiques était le principal moyen de constater une évolution au cours des années soixante. En ce qui concerne les documents d'archives et Les entrevues. il fallait recourir à une analyse qualitative. Les éléments retenus pour alimenter la chaîne argumentaire du présent travail ont eté intégrés dans une

d'analyse qui a inspiré la division chapitres. bde des

Contrairement a ci: qui avait éti prévu initialement. la nature de Ia problématique m'a amené à procéder à une analyse chronoIogique des arguments plut& que thématique.

C'est ce qui explique que la grille d'analyse et l'ordre des chapitres ont été établis selon

page 16 le mode d'analyse d'imputation causale (causes, effets et conséquences). Chaque chapitre est composé de trois parties correspondant aux thèmes national, international et les accomplissements dans l'espace. Par exemple, le premier chapitre fait la présentation des causes nationales et internationales ainsi que des accomplissements soviétiques dans l'espace qui ont amené les États-unis à être au second rang de la conquête spatiale.

Le principal risque de recourir à une analyse d'un fait historique de cause à effet est d'adopter involontairement le scheme explicatif simpliste de Car1 Hempels. C'est pourquoi j'ai dicidk d'utiliser le modèle proposé par Paul Ricoeur. La pensée de celui-ci correspond au modde explicatif de ce travail :

Suiire une histoire, en effet. c'est comprendre une succession d'actions, de pensties. de sentiments présentant à la fois une cenaine direction mais aussi des surprises (coïncidences. reconnaissances. révélations, etc.). Dés lors la conclusion de I'histoire n'est jamais déductible et prédictible [sic]. C'est pourquoi il faut suivre le derou~ement.~ De surcroît. le modde d'analyse adopté repose également sur celui de Koselleck avec ses concepts de chtrrnp ti'expC;rimcc et d'horizon d'arrenre7 de l'objet historique, Ces concepts doivent Etre pris en considiration par l'historien lorsqu'il procède a l'analyse d'un Cvknemrnt passe. C'est dans cet itat d'esprit que j'ai effectué la recherche dont vous trouverez les résultats dans les pages suivantes.

i Carl G. Hempel. (( The function of Genenl taws in History », Theories of Hisro.. New York. The Free Press. 1959. page 345. Selon ce modele. Carl G. Hernpel prétend que l'analyse des faits en sciences sociales doit se faire selon le mime modele qu'en science pure, c'est-adire avec des lois genérales ilaborées à partir des observations. Ainsi. ces lois pourraient ètre appliquées à d'autres faits. ce qui rendrait l'histoire prévisible. ~videmment.ce modile a rapidement été attaqué dans les années qui ont suivi.

Paul Ricoeur. (( Espliquer et comprendre ».Rriw philosophique de Louvain. volume 75, page 142.

' Concepts explicatifs présentes par Antoine Prost. Douze ïqons sur I'hisroire. Paris, diti ions du Seuil, 1996. page 18 1. Le chtp d'ap&ience constitue le bagage et l'expérience que le personnage historique possède a un moment précis du passé. L'historien doit taire abstraction des considérations futures qu'il posstide. Pour ce qui est de I'horkon d'uttenfe. il s'agit du hrur envisagé par le personnage historique B un moment précis du passi.

page 17 Chapitre 1 : la genèse de la conquête de l'espace par les

États-unis, 1953-1960

La naissance de la conquSte de l'espace américaine s'explique par plusieurs causes politiques. Celles-ci sr divisent en deux catégories : les causes internationales et les causes nationales. Sur Ir plan international. les événements de la Guerre froide, la course aux armements ainsi que les stratégies nuchiaires sont des éliments fondamentaux permettani dc comprendre l'origine de la conquête de l'espace par les États-unis. Quant à la scène nationale. le lancement du satellite soviétique Spoutnik 1 et l'effet de surprise provopu2 par cette mise en orbite ont développé chez plusieurs Américains un besoin de s'approprier du leadership spatial.

Le premier chapitre présente de façon détaillée les causes politiques de la naissance de la conquète de l'espace par les Américains. 11 expose également la formulation de la premiire politique spatiale des ~tats-unisqui a été dictée par le président Eisenhower entre 1958 et 1960.

Les caractéristi~uesinitiales de la Guerre froide

Avant 1955. Ics relations entre les États-unis et I'URSS étaient tr~stendues. Les risques d'un affrontement entre les deux superpuissances hantaient les dirigeants américains. Les États-unis détenaient le monopole nucléaire et l'URSS &ait devenue le deuxième acteur nucléaire en 1949 en développant sa première bombe atomique. Ainsi, la perspective d'un affiontement direct entre les deux supergrands laissait imaginer les pires scénarios apoczlyptiques. Étant donné l'impossibilité croissante de s'affronter directement, les stratégies indirectes ont pris de plus en plus d'importance dans les relations Est-Ouest tout au long des années cinquantet.

La situation conflictuelle entre les deuv grandes puissances était maintenue par la volonté de Staline de repousser toute menace étrangère et par l'excès des Américains de vouloir chasser le communisme. Toutefois, l'année 1953 laissait entrevoir les premiers pas vers

Ic cliangenient. L'csprit de conciliation du nouveau président Eisenhower et la mort de

Staline semblaient annoncer un vent nouveau. En etTet. dès son arrivée au pouvoir.

Eisenhower a démontr6 son caractère conciliateur en mettant un terme à la guerre de

Corée. Du côt6 soviétique. « le successeur de Staline. Georgi Malenkov. saisit cette chance et declara le 15 mars qu'il n'existait pas de contlit entre les deux pays "qui ne puisse se régler par des moyens pacifiques [. ..]" »'.Mais. ce n'est qu'a la Conférence de

Gencve de 1955 que la Guerre froide a connu un véritable point tournant.

I Stephane Bernard. Précis Jr iir Guerre jioide el de l'après Guerre froide : au carrefow de la Sécurité C'ol1c.ctir.e rr Je I~harchirInternarionale. Université Libre de Bruxelles. 1993. page 54. - Stephen E. Ambroise. Eisenhower, Flammarion, 1986. page 381.

page 19 la Conférence de Genéve

La Conférence de Genève de l'été de 1955~est considérée comme étant une étape cruciale dans l'évolution de la Guerre Froide durant les années 1950. (( Pendant les cinq années qui avaient précédé cette conférence. la guerre régnait en Corée et en Indochine. et menaçait partout. Pendant les cinq années qui suivirent la rencontre de Genève. les menaces se

firent plus mes. sauf a Suez en 1936 »".

Cependant. la Conférence de Geneve n'a pas résolu les conflits de la Guerre froide5. Elle

n'a fait que changer l'esprit de la diplomatie entre les dew superpuissances. À la fin de

1955. Eisenhower croyait effectivement que la tension entre les États-unis et I'URSS

avait pris une nouvelle tournure. Selon lui. N les Soviétiques avaient abandonné la

tactique stalinienne qui consistait à user de la force pour atteindre leurs objectifs )bb. C'est

un nouvel esprit de compétition. tant au niveau militaire qu'économique et technologique,

qui a dominé les relations entre les deux superpuissances jusqu'à l'escalade de la crise

des Missiles en 1962.

La Guerre froide a~rèsle Sommet de Genève

Après la Conférence de Genève, les relations diplomatiques entre les États-unis et

I'URSS étaient plus détendues jusque vers la fin du second mandat présidentiel

d'Eisenhower. La seule faille se trouvait au niveau des tentatives d'arriver à un accord de

' Jean Elleinstein. Lu Puirfroidr : Irs relurions Éruts-ifni~~~~~depuis 1950. Londreys. 1988. page 154. Du 18 au 73 juillet. les quatre vainqueurs de la Deuxième Guerre mondiale. soit les ~tats-unis.I'URSS. l'Angleterre et la France. se rencontraient a Genéve pour faire le point sur les affaires internationales. " S. Ambroise. op. cir.. page 447. 5 J. Elleinstein. op. rit.. page 155.

" S. Ambroise. op. cil., page 45.5. désarmement. car elles avaient toutes échoué et la course aux armements maintenait sa cadence.

Avant de quitter la présidence. Eisenhower espérait que la paix soit rétablie avec l'URSS7.

Les conditions semblaient propices à la discussion. En effet, cette année-lit, on

cornmenqait a percevoir une certaine concordance entre les deux puissancess.

Malheureusement. les espoirs d'Eisenhower d'arriver à une détente et a une entente sur

I'arrt3 de 13 course aux armements se sont écroulés, lors du Sommet de Paris. en mai

1960. à cause de I'at'faire de l'avion espion U19. ûepuis cene crise, Khrouchtchev avait

perdu toute contiance envers l'administration Eisenhower. Désormais. il était évident que

la Guerre froide n'allait pas se terminer avant l'arrivée d'un nouveau président américain.

la course aux armements

Particularités de Ia course aux amernenis durant la Guerre froide

Principal enjeu de la Guerre froide. la course aux armements permet d'expliquer la

naissance de la course à l'espace entre les États-unis et I'URSS. Le point commun entre

ces deux courses SC trouve dans le dévetoppement de la technologie balistique.

Depuis le dibut de l'ire atomique. les stratèges militaires de plusieurs pays estimaient

qu'il fallait développer deux domaines technologiques pour s'assurer la suprématie

Ihiil.. page 566. B 1. Elleinstcin. up. cil.. page 107.

" S. Ambroise. op. cii.. page 586. L'afïaire de l'avion espion américain U7 a provoque I'ichec du Sommet de Paris. Au dibut du mois de mai, un U3 qui survolait l'URSS a été abattu par les Soviétiques. Sous les accusations de Khrouchtchev. Eisenhower avait nie que l'avion espionnait I'URSS en afirmant que celui-ci s'était perdu. Toutefois. quelques jours plus tard. les Soviétiques ont fait savoir que l'avion avait Cté abam trks profondément en territoire soviétique et que le pilote était encore vivant.

page 21 mondiale : I'armement nucléaire et la technologie balistique. Combinées. ces deux technologies permettaient au pays qui les détenait d'être la nation la plus puissante. En

Union soviétique. l'effort pour le développement de ces deux domaines était déjà présent vers la fin des années quarante si au début des années cinquante. Par contre, l'effort américain s'était plutôt concentré sur la production de l'armement nucléaire. Au niveau balistique. l'effort des États-unis était particulièrement faible comparativement à

I~CIRSS~~'.

L'explication est trks simple. Dans la course aux armements. I'URSS misait surtout sur l'effet destructif pour combler Ie manque de précision de ses missiles. Pour les

Etats-unis. l'effort etait orienté vers des charges moins importantes mais dont les vecteurs etaient précis". La position stratégique avantageuse des États-unis lui permettait d'utiliser des bombardiers postés dans des pays ailiés comme la Turquie pour atteindre

I'URSS. C'est pourquoi. ils priféraient attendre que la technologie de I'armement nucliaire soit suffisamment avancée pour réduire le poids des bombes nucléaires afin de les introduire dans des missiles moins gros.

Pour cil qui est de l'Union soviétique. le développement des missiles à longue portée était la seule solution envisageable pour aiteindre les États-unis. L'URSS a donc opté pour le dkveloppsment de grandes tùsées afin d'introduire des ogives nucléaires d'un poids considérable. En développant des hséss à charge élevée, I'URSS pouvait également

1 O Rip Bulkeley. The Spirrnih Crisis and Early United Srutes Space Poliqv: A Critique of rhe Hisroriogrcrphy of Spucr. Bloomingon. Indiana University Press. 1991. page 16. II Lucien Poirier. Des srrarLigies nuclt;oirt.s. Bruxelles. Édition Complexe, collection Historiques. 1988 ( 1977). pages 1 18-1 19.

page 22 prendre de l'avance dans l'espace en menant en orbite des masses plus imposantes que les petites fusées américaines".

La stratégie de la riposte massive

Cette stratégie était principalement axée sur la protection de l'Europe. Elle combinait

deux systémes d'armes complémentaires : les forces terrestres de l'OTAN et la force de frappe nucléaire des USA ))13. Ainsi. I'URSS était directement menacée d'une riposte nucléaire massive si elle attaquait les forces terrestres européennes. Donc, I'URSS devait développer un moyen de menacer directement les États-unis par un arsenal nucléaire, d'ou l'importance d'une technologie balistique avancée et d'une force de frappe massive.

La mise au point d'une bombe H soviétique. en août 1953, a incité les États-unis a

élaborer unc nouvelle stratégie de défense. d'abord axée sur des négociations de dt.samemsnt des deux superpuissances. Le président Eisenhower présentait alors son projet .&ornes polir la pair. proposant l'utilisation pacifique de l'énergie nucléaire''.

Mais. a cillise des rumeurs d'une avance soviétique au niveau des bombes H. Eisenhower a raye son projet d'élimination des armes nucléaires après la crise de Fonnose en 1955".

Ainsi. la course aux armements était contrainte a demeurer.

1 ' Erlend A. Kennan et Edmund H. Harvey jr.. Mission 10 the htoon. New York. William Morrow & Cie., i 969. pages 69-70. I : S. Bernard. up. cil.. pages 83-84. IJ S. Ambroise. op. cil.. pages 393 et 395. ''ihid. page 435.

page 23 La stratégie de /a riposte flexible

La formulation de la stratégie de la riposte flexible doit son origine à l'apparition des niissiles intercontinentaux soviétiques venant ébranler la stratégie nucléaire précédente vers la fin des années 1950. Désormais. le territoire américain était directement menacé d'une attaque nucléaird6.

La stratigie de Iû riposte flexible ornait aux dirigeants américains une certaine liberté d'action concernant Ir: choix des forces à utiliser". Toutefois. cette stratégie exigeait un diveloppement important des forces conventionnelles américaines. Également, les instruments de frappe massive n'avaient plus l'exclusivité, ce qui justifie la réduction de l'effort dans le développement des missiles. Ce changement de stratégie permet aussi d'espliquer Ir: retard amiricain dans le domaine balistique.

Les ~roietsde I'lntemational Geo~hvsicalYear (IGY)

Au cours des années cinquante. les Américains souhaitaient davantage une coopération internationale dans l'exploration spatiale qu'une course entre les États-unis et l'URSS.

Les États-unis avaient mSme proposé de développer des satellites artificiels dans un conteste de collûboration internationale.

In the eariy 1950s the lnternational Council of Scientific Unions (ICSU) acccpted a proposal (rom a group of American scientists to sponsor a period of international cooperation in the geo hysical sciences in 1957 and 1958, entitled the International Geophysical Year. If:

16 S. Bernard. op. 'it.. pages 84-85. '- Ibid, page 85. [Y R. Bulkeley. op. rit.. page 17.

page 24 Aux yeux du gouvernement américain, I'IGY prenait toute son importance au niveau de

la défense nationale. En effet. la possibilité technique que L'URSS développe un système de bases spatiales de surveillance laissait les dirigeants américains dans la craintei9.

D'autre part. le développement d'un programme de satellites dans un contexte de

collaboration internationale allait permettre aux États-unis d'obtenir un maximum de

connaissances en échange d'un effort minim~rn?~.

La participation de I'URSS au développement d'un satellite dans le cadre de I'IGY

paraissait toujours nébuleuse. En etTet, malgré la confirmation officielle de sa

participation en octobre 1954 I'URSS ne tirait pas avantage de I'IGY étant donné son

avancement dans le domaine balistique".

L'URSS déclenche la course à I'esoace

Le développement de la technologie balistique soviétique

Le déclenchement de la course a l'espace par I'URSS avec Spoutnik 1. en octobre 1957.

s'csplique par l'avance des Soviétiques au niveau de la technologie balistique. Lors de la

Deusikme Guerre mondiale. I'URSS avait une avance considérable en matière de

technologie balistique sur les pays occidentaux". Seule l'Allemagne avait une avance

supkieure à l'Union soviétique. Ainsi. le développement rapide de I'URSS dans le

domaine des missiles après la Deuxième Guerre mondiale, ne dépendait pas seulement de

1') M. E. Davies et W. R. Harris. R.4ND's Role in the Evolution of Balloon and Satellite Observation &wms. ch. 4. n. 32. 1988. pages 53-53. Dans i5id.. pages 96-97. '"SNC-IGY - National Comrnittee. Folder: Otfice of Defense Mobilization. Merno. D. Z. Beckler for A. S. Flemming. "lniernational Geophysical Year". 12 avril 1954, pages I et 3. Dans ibid. pa9 127. ?t Ibid.. page 99.

i1 -- Ibid . pages 60-6 1

page 25 la contribution du génie allemand malgré l'importance de celle-ci". En effet, en 1945, les ingénieurs allemands partis dans le camp soviétique se comptaient par milliers. Chez les

Occidentaux. un peu moins de la moitié des 500 personnes composant L'équipe de

Wernher von Braun ont accepté d'aller travailler aux États-unis".

Dès 1949. l'avance de l'URSS sur les États-unis en matière de technologie balistique

était très nette. Les Soviétiques possédaient leur missile Pobedû d'une portée d'environ

300 kilométres. Les Américains ont mis au point leur premier missile Redstone, d'une portée équivalente de Pobeda. qu'en 1953'~.En 1955. les radars de la CIA, postés en

Turquie. captaient des essais de missiles soviitiques d'une portée variant entre 1 000 et

1 200 kilo métre^'^. Finalement. en aoüt 1957, « Khrouchtchev annonce les essais réussis d'un nouvel engin. le T.3 [.,.] sa poussée de 400 t, sa trajectoire (apogée de 1 500 km) et sa portée d'environ 10 000 km. montrent l'ampleur de la percée technique des

Soviitiqucs D".

Aus États-unis. la progression itait moins iclatante. En juin 1957. le premier essai du missile . le premier ICBM amiricain. s'est soldi par un échec2'. Ce n'est qu'en mai 1958 que les ~tats-unisont réussi à mettre au point ce missile d'une portée de

7: -' Ihid . pages 60-6 1. ?J Ihid., page 60. iz -- J. Elleinstein. op. cil.. page 179. ih L. Poirier. op. CIL. page I 15.

1 - - Ibid.. page l 16. 2s R. Bulkelry. op. cil., page IOS.

page 26 10 000 ki~ometres'~.Toutefois. la charge du missile Atlas était inférieure au T.3

soviétique3'. C'est à partir de cette différence importante entre la charge des fusées américaines et des soviétiques que certains spécialistes ont conclu que I'URSS avait au

moins deux ou trois ans d'avance sur les États-unis dans le développement des missiles3'.

La réaction des gtats-unis 8 la suite de Spoutnik 1

Contrairement a ce qu'on pourrait croire, l'envoi de Spoutnik 1 ne devait pas ètre un

secret pour les Américains. En juin 1957, la presse soviétique publiait l'un des propos

d'Alexander Nssmeyanov. le président de I'Academie des sciences de I'URSS, qui

aftirmait qui: le premier satellite allait être lancé prochainement3'. Les réactions négatives

à I'annonçc de Spoutnik provenaient davantage des démocrates et des médias. En fait, ce

sont eux qui ont critiqué l'administration Eisenhower et qui ont alarmé la population"3.

Spoutnik offrait aux dSmocrates l'opportunité d'obtenir le soutien de l'électorat. un peu

comme le maccarthysme avait servi à plusieurs républicains aux élections de 1952.".

1') Ihid, page t 16.

,i1 M. Stoiko. Suvier Rockrr~.New York. Holt Rinehart and Winston. 1970, pages 74-75. Harvey. Race. n. 3. pase 23. Gunston. Rockers & Atissilrs. n. 6. page 50. Dans ibid. page 6 1. '' R. Bulkeley. op. cil.. page 105.

3.I S. Ambroise. op. cil.. page 525. Après Spoutnik I. le Congrès en etait venu à la conclusion que les États-unis avaient deux ans de retard sur I'URSS dans le développement des fusées3'.

Ainsi. la mise en orbite de Spoutnik 1 par I'URSS a ébranlé la vieille conception américaine que les États-unis ne pouvaient perdre le leadership aux niveaux militaire,

économique et technol~gique~~.

Durant les semaines. les mois et mème les années qui ont suivi Spoutnik 1, les intellectuels américains ont tenté d'identifier quelle administration était responsable du retard américain dans l'espace. La vocation de ce travail n'est pas de trouver une réponse, mais plutôt de comprendre l'argumentation du débat.

La politique des enains balistiques sous Truman

L'administration Truman a laissé un héritage peu reluisant au niveau de la recherche balistique. En effet. en janvier 1953. les États-unis ne comptaient qu'un seul modèle de fusée qui avait été développi par l'équipe de Wernher von Braun".

II semble que Truman ne savait rien à propos de l'avance considérable de L'URSS en matière de développemcnt des missiles dans les années 1940 et 1950. Ce manque d'information proviendrait d'une faiblesse dans le système d'espionnage américain3'.

.- 3: E. Kcnnan et E. Harvey. up. ci(.. page 65.

:b John M. Logsdon. The Decirion ro Go ro the rlloon: Projecr .4pollo and the .Vationd Interest. Cambridge. MIT Press. 1970. page 1.1. .- " R. Bulkeley. op. cil.. pages 8. 30 Ibid. pages 6 1-62. Cependant. quelques spécialistes et politiciens s'inquiétaient tout de même d'une possibilité de retard des États-unis dans le développement des missile^'^. En octobre 1948. le doute d'une supériorité soviétique en ce qui concerne la technologie balistique commençait à se répandre aux États-~nis'"'.En 1949, et surtout en 1950, les dirigeants américains avaient des informations de plus en plus détaillées concernant le développement des installations permettant la construction de missiles soviétiques. Par contre, au début des années cinquante, il n'y avait que quelques Américains qui croyaient

à une véritable avance soviétique".

En outre. des 1949- 1950. on faisait de plus en plus de recommandations en faveur d'une accilération de la recherche concernant les missiles téléguidés et les satellites artificiels.

Ces recommandations se faisaient sous te ton alarmiste d'un retard éventuel des

États-unis sur I'URSS". En Février 1950. le sénateur Lyndon B. Johnson s'exprimait ainsi devant le Sénat i propos de la faiblesse de l'effort américain dans le développement des missiles :

Our missile program is a minor. even obscure. item in the defense budget. Each of the three services has a guided-missile program of its own - but, as yet, no really worthwhile guided-missiles. Publicity about some of our rocket research

.YI US Congress. House. Appropriations, Hearing. Milimy Appropriation for 19-18 (1947 - ch. 7, n. 9). page 649. LrMay faisait refirence aux observations d'un (( strange. cigar-shaped objects [by] Wimesses in Swden and Finland [... 1 )> : D. M. Jacobs. The UFO Conrrover~in Anferica. New York, New American Libnry, 1976. page 2 1. .VLW York Times. 12-14 aoiit 1946. Dans ibid. page 63. JO USNA - RG 3 19. .-lrmy I~trrlligenceDccimul File 19-11-1949. Jûû. I IZ Research (032) 7 1.10.48., US Army Intelligence Report. 2 I octobre 1948. dms Bower. Conrpiraq, n. 17. page 27 1. Dans ibid, page 65. 11 Ihid. pages 65-67. 42 Ibid.. page 78. has created a largely false impression that we have missiles which would be used in the defense of thiç country. As for now, we have none."

Finalement. une critique a été formulée dans un mémorandum, dirigé par le sénateur républicain William Knowland et le représentant Joseph Martin, blâmant l'administration

Truman d'être responsable du triomphe soviétique avec le lancement des Spoutniku.

La ~olitbuedes enclins balistipues sous Eisenhower avant Spoutnik

Malgré la dénonciation politique de l'administration Truman à travers le mémorandum de

Knowland et Martin. l'opinion publique semblait se joindre à la tendance générale des medias. c'est-à-dire de porter le blâme sur L'administration Eisenhower. En décembre

1957. la firme de sondage Ciuilup Pol1 demandait aux gens : <( Where. specitically. would you put the blame. il' anywhere. br lening the Russians get ahead of us in developing rockets and missiles'?». Les Américains rkpondaient généralement : cc Eisenhower

Administration. the Republicans. our leaders in Washington B".

L'un des premiers ouvrages traitant de la compéiition entre les États-unis et l'URSS dans

Ic. domaine des satellites a ét6 publié en septembre 1958 par Drew Pearson et

Jack Anderson. Ces auteurs attribuaient la responsabilité du retard américain dans l'espace aux dommages causés par Ir: maccarthysme. D'ailleurs. ils reprochaient aux

4: .k'm York Tirna. I J février 1950. Dans ibid. page 74. U Knowland et Manin. "Public Memotandumm(n. 28). Comparative figures for missile expenditures under the Truman and Eisenhower adminisn-arion were fint published by the Republican National Cornmittee in November 1957: llirshingron Duiiy :Vms. II Decemkr 1957. Voir aussi. D. W. Cox and M. Stoiko. Spclcepowrr: Il'har II .\leuns To 'oou. (Philadelphia: John C. Winston. 1958). page 33. Dans ibid., page 9. 15 Wmhingron Pm!. l 5 décembre 1957. Dms ibid. pages 9- 1O. républicains de ne pas avoir contrôle McCarthy à l'époqueJ6. Pearson et Anderson critiquaient également l'administration Eisenhower plutôt que l'administration Truman puisque durant les annies Truman. aucun signe ne prouvait que 1'URSS progressait rapidement dans le domaine de la recherche et du développement des missiles4'.

Cependant. en réponse aux reproches de Pearson et Anderson, Rip Bulkeley ajoute que les scientifiques américains avaient une bonne idée de l'évolution de La recherche et du développement des missiles sovietiques en 1948.

Vers la fin de 1931. Eisenhower sfintCressait déjà au développement des satellites aniîiciels. mais uniquement pour des fins militaires. c'est-à-dire pour mettre en orbite des satellites de reconnaissance4" Cet intérêt répondait à un rapport du TCP (Technological

C11puhiïilie~Pune0 qui proposait d'accroître les recherches dans le domaine bali~tique'~.

Toutefois. Eisenhower n'&nit pas d'avis qu'il faliait investir des sommes exorbitantes dans ce domaine". DGs 1955. les scientitiques américains et le Conseil national de sicurité tentaient de faire approuver par Eisenhower un imposant programme de d6veloppenient de satrllites. Cependant. le président résistait puisqu'ii favorisait toujours un programme plutôt modért?'.

Ih Drcw Pearson et Jack Anderson. US.4 - Second-Chss Power?. New York. Simon and Schuster. 1958. page 752. Dans ibid. .. page II. 4 - D. Pearson ci[ J. Anderson. op. ci!. , page 66. Dans ibid., paçe 14.

.1<1 J. Eileinstrin. op. cil.. page 180.

CO R. Bulkeley. op. cir.. pages 178- 179. '' UDEL - Ann Whitman File : NSC Papen. Box 8. "Discussion ai the 3lûth Meeting of the National Srcuriiy Council". Thursday. Sanuary 7% 1957. page 6. Dans ibid., paçe 136.

page 31 L'affaire du missile gap

La mise en orbite de Spoutnik a provoqué aux États-unis une réaction en chaîne aboutissant a un vent de panique du même ordre que la crainte du communisme du tournant des années cinquante. Certains politiciens commençaient a craindre une supériorité de I'URSS sur les États-unis dans l'efficacité de la frappe nucléaire5'.

Le missile gup. défini par John F. Kennedy en août 1960, est le moment ou « les capacités ot'fensives et défensives en missiles des ~tats-unisseront tellement en retard que nous nous trouverons en grand danger nS! Dans un rapport secret alarmiste sur la sécurité nationale imis par un comité dirige par Rowan Gaither, on prévoyait presque la lin du monde occidental"l. Pourtant. il semble que le missile gup n'était qu'une illusion.

Bien que I'URSS tüt en avance en matière de satellites, cette différence était minime. En etfet. les Américains possédaient encore l'arsenal nucléaire le plus imposant et ils disposaient d'une tlotte de bombardiers B 52 et de bases d'IRCM aux frontières de

I'URSS?

Quoique les preuves démontrent que le missile gap n'était pas réel. le phénomène a tout de mèrne engendré un etkt psychologique auprès de la population. Khrouchtchev a vite protité de la situation en tentant de confirmer la théorie du missile gap. C'est pourquoi

" Robert Jastraw et Horner E. Newell. (( The Space Program and the National Interest n, Foreign Afiirs. n. 50. Avril 1977. page 533.

1. Elleinstein. op. cil.. page 1 13. il S. Ambroise. op. cii.. page 518. Le comité Gaither était compose de scientifiques. d'économistes et d'experts militaires. 5 5 J. Elleinstein. op. L.L.page 113.

page 32 I'URSS avait fait savoir que les scientifiques avaient lancé (( dans le Pacifique une fusée qui parcourut 8 000 miles et toucha son objectif a 1 mile près

Khrouchtchev n'était pas le seul à profiter de la situation. En effet. comme la peur du communisme avait servi aux républicains aux élections de 1952, le missile gap avait servi aux démocrates lors des élections de 1960. Ces derniers accusaient les républicains d'être

responsables du retard américain en matière de missile. Dans un tel contexte. Eisenhower

n'aiait pas le chois. (( Le président avait beau assurer au pays que L'Amérique avait

beaucoup d'avance en matiére nucléaire. il ne serait écouté que lorsque la nation aurait

riussi à lancer un satellite sur orbite N'~.

La politique spatiale américaine de 1958 a 1960

La création de la NASA

Le 29 novembre 1957. Eisenhower a demandé au PSAC (Presidrnt's Science Advisory

C'ornt?ii~rrr)de faire des recommandations en matière de politique spatiale. Le comité

avait Gtabli quatre raisons expliquant l'urgence d'explorer l'espace. Ces raisons étaient

les suivantes : la nature humaine d'explorer et de découvrir. la défense. le prestige

national et les retomkès scientifiques'! Brièvement. les recommandations du PSAC

itaient plutàt difavorables à une course à I'espace puisque. selon lui, I'URSS ne devait

pas influencer les États-~nisdans leur politique spatiale.

ih Ihid. pases 2 t 2-2 13. ï - S. .4mbroise. op. L'O.. page 538. sa J. Logsdon. op. d..page 18.

page 33 Puis. vers la tin de 1957. de concert avec des membres du Congrès. Lyndon B. Johnson a produit un rapport de 17 points qui présentait des recommandations en matière de politique spatiale. Le rapport de Johnson mentionnait entre autres la nécessité de développer des fusées plus puissantes et de créer une nouvelle agence fédérale spécifiquement liée aux programmes spatiauxsg.

Cependant. Eisenhower ne voulait pas créer une agence spatiale. craignant que celle-ci

(( n'accorde la prioriti aux satellites. alors que le président voulait la maintenir sur les missiles »"". II proposait plutôt une réorganisation du Pentagone en fonction de

l'exploration spatiale. Au cours d'une réunion tenue le 4 février 1958. Nixon suggérait au

président que (( le prognmme spatial devrait comprendre des domaines non militaires D~'.

Deux jours plus tard. le Sénat adoptait une motion favorisant la création d'un comité

spécial sur l'espace et l'aéronautique (Speciul Cornmittee on Space und Aeronairtics)

chargé d'établir les compétences d'une éventuelle agence spatiaIe6'.

C'est finalement le 3 avril 1958 que le president Eisenhower a décidé. sous la

recommendation du comité sp&iaI sur I'espace et I'aéronautique. que le National

.-ldi.isov C'omniirrrc. fi~r.-lrrontiiirics (NACA) allait étendre son champ d'expertise au

domaine spatial. Cette agence allait devenir le .Wationui .-frronautics und Space

50 Robert A. Divine. CC Lyndon B. Johnson and the Politics of Space n. Dans The Johnson bars: Fietnam. The Environnienr. undscience. Lawrence. University Press of Kansas. 1987. page 224.

btl S. Ambroise. op. cil.. page 559-

hl I~ILLpage 539.

h2 R. Divine. op. cir.. page 136. .4Jtninistrarion NA SA)^'. Néanmoins, Eisenhower réservait la recherche spatiale pour des tins militaires au secrétariat de la Défense6). Deux raisons d'ordre politique ont motivé Eisenhower d'accepter la mise sur pied d'une agence spatiale. Premièrement, les programmes spatiaux de la NASA devaient servir de propagande à l'échelle mondiale

pour montrer que la démocratie était plus efficace que le communisme. Deuxièmement,

les activités spatiales de la NASA devaient voiler les activités spatiales militaires du

Dtipartement de Ia defenseb'.

Le comité spécial sur I'espace et l'aéronautique avait également souhaité l'établissement

d'un conseil de l'espace permanent (Space Council). .4u début, Eisenhower s'opposait à

cette idCe sous prétexte qu'un tel conseil lui demanderait trop de temps. Par la suite.

L-yndon B. Johnson l'ri convaincu en proposant au président de nommer une personne a la

présidence de ce conseil. Eisenhower a donc nommé James R. Killian, son conseiller

scientifique. ii la tete du Spacr Councip. Toutefois, jusqu'a la fin de son mandat, il

semble que le président ait utilisé le Space Coirncil qu'à de rares occasions.

b .; Ibici.. page 276.

M J. Elleinstein. op. cil.. page 198. h< Roger D. Launius. .i'.4S-l: .4 Hisfoc oj'rhe L1.S. Civil Space Progrum. Malabar. Krieger Publishing Company. 1994. page 34. >ih Robert L. Rosholt, .-ln .Idminisfrali\w Histoty of "VASA. 1958-1963, Washington.. Govemrnent Printing Otlice. 1966. pages 10-1 1. SchoenIe. "Establishment of NASA", pages 279-739.Analysis of S.3609 wiih Proposed Modifications. May S. 1958. Russell Papers. set. 9, A, box 3. Dans R. Divine, op. cil., pages 216-117.

page 35 Mise en branle du programme Mercuty

En 1958. l'Air Force tentait d'obtenir. de la part du président Eisenhower, le mandat d'envoyer un homme dans I'espace avant l'URSS6'. Toutefois. en août 1958, le président a décidé que le premier programme spatial habité, le programme ~ercury~',allait être dirigé par la NA SA'^. Devant l'armée. Eisenhower justifiait son choix par la volonté d'adopter une politique spatiale pacifique. Sa politique était diamétralement opposée à ce qu'il exposait aux scientifiques. En effet. selon lui, il n'y avait effectivement aucune raison que le programme spatial habité ait une nature militaire7'. Malgré la décision d'E isenhouer. l'Air Force poursuivait sa campagne pour obtenir le mandat de développer con propre programme spatial habité-'. L'un des arguments de l'Air Force était d'étendre la tactique de cwmrinnienr de la Guerre froide dans I'espace en cas d'une éventuelle

course vers la Lune. <( The United States should not fail "to be the first on the moon. We cannot afford to come out in a territorial race of this magnitude" D".

1.e progranime Mtircun avait pour mandat de mettre un homme en orbite avant les

Soviétiques. Ainsi. lorsque Mercury a été conçu. on ne prévoyait pas d'autres

h - J. Logsdon. op. cir.. page 47. hY Voir la chronologie des programmes spatiaux habités des ~tats-unisen annexe. h') David DeVorkin et al.. Enrrmies mec Robert Gilruth. National Air and Space Museum. 21 mars 1986, cassette 2. c8tC 2. Robert Gilruth Ctait le directeur des opérations de 1967 à 1972 au ,C~turshallSpuce Flighr C'rnrrr (MSFC). 'II Swenson. Grirn~oodet Alesander. This New Oceun. page 102. Dans J. Logsdon. op. cil.. page 30. J. Loasdon. op. cir.. page 3 1. -, - Brigadier Grneral Homer A. Boushey. "Blueprints for Space", Gantz Mun in Space, page 153. Dans ihid.. page 3 1. programmes spatiaux habites73. Le président refusait d'envoyer un homme sur la Lune pour des raisons budgétaires.

En lançant Mcrcury. Eisenhower tentait d'apaiser le désir des Américains de s'engager dans une course i l'espace. En ewet. selon Robert Gilruth, l'opinion publique était en faveur d'une comp6tition contre l'URSS dans l'espace. r< They wanted to challenge the

Soviets. The? wanted to see if we could beat the Soviets in space »".

Les recommandations au du président

En octobre 1958. un comitS spicial (Spciul C'ommitîee on Space Technoiog-v)remettait un rapport qui présentait des objectifs en matiére de recherche sur les vols spatiaux7'.

Sdon ce cornite. la conquète de l'espace devait d'abord se faire dans un cadre de recherche scientifique atin de mieux connaître l'univers et son influence sur la vie tcrrcstre.

13t.u.uikrnement. il s'rigissai t de promouvoir l'avancement de la technologie des vols spatiaus. Le comité proposait donc de divelopper la capacitk des fusées, de mettre au point un systkrne de contrde plus fiable. d'assurer une durée de propulsion plus longue et d'améliorer le système de communication. Ces objectifs secondaires devaient permettre le d6vslopprment iventurl des vols interplanétaires. Le savoir-faire demandé pour ce type de vol serait acquis par le biais d'un programme spatial expérimental.

-. D. DeVorkin. op. cil.. cassene j. coté 1. '1 '1 fbid. casserre 5. côté 2. -< Special Cornmirtee on Spacr Technolog. Rrcumm~nrlariomto the NASA Regarding .J Na;ional Civil Spuce Pro.qritni. Washington D.C. NASA Historical Reference Collection. History Office. NASA Fieadquartm. 28 octobre 1958. pages 3-5.

page 37 Troisièmement. l'exploration spatiale devait se faire par des vols spatiaux habités en

fonction du premier objectif. En ettèt. la présence de l'homme dans I'espace devait servir

a résoudre des imprévus que les instruments ne pouvaient régler.

Finalement. le quatrième objectif consistait à élaborer les dérivés qui serviraient

directement et indirectement a l'eue humain tant sur la Terre que dans I'espace.

Bref, selon ce comité. l'exploration spatiale ne devait servir en aucun cas à la cause

nationale des États-unis. En fait. ces propositions avaient la même teneur pacifique que

les principes de I'IGY.

En 1959. c'était au tour de l'armée de proposer au président le Projet Horizon qui

consistait en un voyage habite sur la Lune. Les principau.. enjeux d'une telle mission

itaieni de démontrer le leadership américain dans l'espace et d'établir une station de

communication. un laboratoire de recherche spatiale et une station spatiale de lancement

pour des expéditions de longue durée. Cette mission lunaire devait ~galementservir à

mettre en place un dispositif de sicurité en cas d'urgence ou de nécessité lors d'une

navigation spatiale. Sur le plan de la sécurité nationale. le Projet Horizon justifiait le

besoin des hats-unis d'he les premiers sur la Lune afin d'y établir un avant-poste. En

hit. le Projet Horizon aftimiait que d'être les premiers sur la Lune avait une signification

politique tellement considérable qu'il était encore impossible d'ivaluer pleinement son

La crainte de l'armée américaine de voir l'URSS envoyer un homme sur la

Lune avant les États-unis provenait probablement d'un document du National Securify

-n U.S.. Deparmient of the Amy. Amy Ordnance Missile Comrnand. Projeci Horion: .4 U.S. Atm). Bu& jOr rhe Esrablishnirnt of-u Lunur Ou~posr.Huntsville, Alabama. Amy Ordnance Missile Command, 1959. volume 1. pngrs 1.7 et 32. Dans J. Logsdon. op. cir.. pa_ee 57. Chuncil. daté du 18 août 1958. Ce document prévoyait I'alunissage du premier

Soviétique en 1965 et du premier Américain en 1968". Toutefois. Eisenhower ne voyait toujours pas la nécessité d'approuver les programmes spatiaux habités tant que le programme Mercury ne serait pas terminé7#.A cette époque, les coûts d'une mission lunaire etaient évalués entre 20 et JO milliards de dollars. Le budget annuel pour les programmes spatiaux etait de 1.09 milliard de dollars*.

En décembre 1959. le bureau responsable de la planification des programmes spatiaux de la NASA (O,!ficr of' Progrant Planning and Evaiuaiion) a identifie des objectifs concernant la conquête spatiale par les États-unis. Ces objectifs venaient contrecarrer la politique du président Eisenhower puisqu'ils justifiaient la nécessite d'une planification des programmes spatiaux à long terme. Cette planitication permettait d'assurer d'6ventuelles missions habitées sur la Lune et sur les planètes voisines de la Terreso. En

étudiant le plan proposi par la NASA. on remarque que le programme spatial américain n'itrtit pas uniquement centré sur l'envoi d'un homme sur la Lune. Au contraire. cette n~issionfaisait partie d'un ensemble de missions spatiaies. dont l'exploration des planètes

Mars et Vénus. Le tableau 1 présente la planification des activités spatiales de la NASA faites en 1959.

-- blcDougall. page 181. Eisenhower Library. NSC 5814/l. Preliminary US Policy on outer Space, page 16. Olfke of the Speciiil Assistant for Natianal Srcuiity Affairs. Dans J. Elleinstein, op. cil., page 198. -s Martin Collins et al.. Enrr~wrsavec Robert Seamans. National Air and Space Museum. au MIT B Boston et au National Academy of Sciences. 8 décembre 1987. cassette 1. côte 2.

70 Ibid. 7 novcnibre 1987. cassette 2. cctti 7. se NASA 0tXc.r of Pro-mm Planning and Evaluation. Long Range Pian of the National deronaulicr and Spce .Idminisrru~ion.Washingon D.C. NASA Historical Referencr Collection. Hisrory Ofice, NASA Headquarters. 16 décembre 1959, page 2.

page 39 Malgré cette planification détaillée. les pressions internes de plus en plus importantes et l'échec du Sommet de Paris en mai 1960. Eisenhower ne changeait toujours pas d'avis concernant la politique spatiale. (1 soutenait « qu'il ne souhaitait pas dépenser l'argent des impôts pour envoyer un homme sur la lune [sic] »".

Tableau 1. NASA Mission target datemu' 1960 First launching of a Meteorological Satellite. First launching of a Passive Reîlector . First launching of a vehicle. First launching of a -Deka vehicle. First launching of an Altas-Agena-B vehicle (by the Department of Defense). 1 First suborbital flight of an astronaut. I / 1961 First launcliing of a lunar impact vehicle. 11961-1962 Attainment of manned space flighi. Project Mercury. 1961 First launching to the vicinity of Venus andtor Mars. 1963 First launching of two stage Saturn vehicle. 1963-1964 First launching of unmanned vehicle for controlled landing on the moon. First launching Orbiting Astronomical and Radio Astronomy Observatory. Ll / 1964 First launching of uomanned lunar circumnavigation and return to earth vehicle. I First reconnaissance of Mars and/or Venus by an unmanned vehicle. 1965-1967 First lauiichiiip in a program leading to rnanned circumlunar flight and to perrnaner near- ranh sp3ce station. heond 1970 Mannd tlight to the moon. ..

La ~ériodede transition entre Eisenhower et Kennedy

Selon Jean Elleinstein. en accordant peu d'attention à la propagande soviétique entourant les exploits de l'URSS en matière d'exploration spatiale. Eisenhower laissait. malgré lui,

YI S. Ambroise. op. cil.. page 590. " Transcription integrale du tableau. NASA Office of Program Planning and Evaluation. op. cil.. page 9.

page 40 l'opportunité au candidat démocrate, John F. Kennedy, de protiter de la course à I'espace pour se faire élire"" Par contre. il semble que. durant la campagne électorale de 1960,

Kennedy et Lyndon B. Johnson insistait peu sur les piètres efforts des Américains dans l'espace". Robert Seamanss5 croyait même que la transition entre l'administration

Eisenhower et l'administration Kennedy était uniforme au point de vue de la politique

spatiale. (< As far as the scientitic community went. there was not a great transition, where yu had a bunch of "Republican scientists" who suddenly gave way to a bunch of

"Democratic scientists". It was quite uniforrn right through ?6.

Le débat demeure dificile à trancher. Toutefois, ce qui est possible d'en tirer, c'est qu'au

cours de son mandat. le nouveau président devenait plus ouvert à une politique spatiale

intensive contrairement a Eisenhower. L'exemple qui suit démontre encore sa fermeture

En décembre 1960. le PSAC soumettait 3 Eisenhower un rapport sur les intentions de la

Y:\SA en matiire d'esploration spatiale. Ce rapport avait été produit à la suite d'une

requête du président d'itudier cc les buts. les missions et les coüts » des vols spatiaux

habites que la NASA convoitait8'. Le rapport affirmait que Ie plan de la NASA était très

onéreux et qu'il s'tichelonnait jusqu'en 1975. Eisenhower avait refusé le plan puisqu'il ne

3: J. Elleinstein. op. ci[.. page 717.

YJ R. Divine. op. cil.. page 718.

S$ ' A cette époque. Seamans était membre du Scieniific Ahisow Board of rhe United States Air Force. Puis. il a itC le deputé administrateur de la NASA de décembre 1965 ii janvier 1968.

9h M. Collins. op. ci[.. I novembre 1987. casme 2. côte 2. Y: Note éditoriale en tëte du document par Roger D. Launius. The President's Science Advisory Commiaee. Rrpcirr uj'th .-Id HOC.t'und un .\tan-in-Space, Washington D.C.NASA Historical Reference Collection. Histo- Otlicc. NASA Headquaners. 16 décembre 1960. page 1.

page 41 voyait pas la nécessité d'entreprendre un programme spatial aussi cher et aussi ambitieux".

L'idée principale de ce rapport était d'avertir le président que l'enjeu de la conquête

spatiale avait bel et bien une nature internationale. « The most impelling reason for our

effort has been the international political situation which demands that we demonstrate

Our technological capabilities if we are to maintain our position of leadership Mais, le

manque de fiabilité des propulseurs disponibles semait le doute auprès du PSAC

concernant les chances de réussite du provme Mercury. Le PSAC mettait le président

en garde. car si la NASA avait ichoué sa première mission habitée, cela aurait

probablement entraid un refus total de la part des Américains pour la poursuite des

programmes spatiaux')".

Cs que l'on peut retenir de la politique spatiale américaine dans les années cinquante,

c'est qu'elle a Cte façonnée principalement en réaction aux réalisations spatiales des

SoviCtiques. Les États-unis ont donc entamé l'ère spatiale dans un contexte d'incertitude.

La situation critique de la Guerre froide. la course aux armements, la mise en orbite de

Spoutnik et la crise du missile gup sont tous des éléments qui ont terni le deuxième

mandat d'Eisenhower et qui ont amené les Américains à voter pour le changement aux

6lections de 1960.

RiI J . Logsdon. op. cil.. page j5. kl) The President's Science Advisory Cornmittee. op. cir.. page 1. 411 lbid. page 2. Aux États-unis. dans les années cinquante, le seul décideur de la politique spatiale était incontestablement Eisenhower. Ce dernier s'opposait à une politique spatiale trop intensive. Cette position a même amené le président se contredire de façon flagrante.

Devant les scientifiques. Eisenhower justifiait son refus d'augmenter l'effort dans la conquête de l'espace par le besoin des États-unis de concentrer la recherche balistique à des fins militaires. Devant l'armée, le président adoptait un discours totalement contraire en s'opposant aux projets militaires dans l'espace afin de maintenir l'aspect pacifique de la conquete de l'espace.

La valeur historique de la genèse de la conquête spatiale américaine sur les années subséquentes est difficilement Cvaluable. En effet, certains, comme Robert Seamans. ont affirmé que. sans l'effort spatial de la fin des années cinquante. les États-unis n'auraient pas pu aller sur la Lune avaat 1970. Selon Seamans. bien que cet effort parût minime. ce

était réticent a appliquer une politique spatiale dans une perspective de course. Enfin, pour ce qui est de Kennedy. le chapitre suivant montrera que la course à la Lune contre

I'URSS &ail devenue une option de premier choix pour servir plusieurs causes politiques nationales et internationales.

') l M. Collins. op. cil.. cassette 1. cÔ3 2. Chapitre 2 : l'intensification de la politique spatiale sous l'administration Kennedy, 1961-1 962

Au début de 1961. la nouvelle administration américaine. dirigée par John F. Kennedy. avait la ferme intention de laisser sa trace dans l'histoire. Cette administration a entamé son mandat dans l'esprit de la Nouvelle Fronriire. L'engagement de Kennedy d'envoyer un homme sur la Lune avant 1970 s'est inscrit dans cette perspective. D'autre part, l'administration Kennedy a dû alTronter une conjoncture internationale particulièrement kprouvante. Plusieurs évtinements qui se sont déroulés a l'étranger ont initié le jeune prbident et ont influenci directement la politique spatiale des années soixante.

Les transformations de la rivalité entre les Ctats-unis et I'URSS

Dans sa vision de l'ordre international. Kennedy abordait les enjeux de la Guerre froide sous un angle nationaliste. II semblait vouloir dénaturer le caractère principal de la

Guerre froide qui etait basé sur un difîërend idéologique entre les ~tats-uniset I'URSS'.

Cette façon de penser de Kennedy s'harmonisait avec la nouvelle attitude de l'URSS en ce début de 1961. L'Union soviétique connaissait alors une période euphorique :

I Arthur M. Schlesinger jr.. Lt.s 1000jour.v dr Kennedy. Paris. Denoël, 1966, page 274. A ce moment-là le chef du Kremlin avait sans doute l'impression, comme il ne devait plus jamais l'avoir dans l'avenir, que le communisme était au sommet de la vague. Depuis la mon de Staline, la fin de la guerre de Corée et le ralentissement du réarmement occidental. chaque événement venait renforcer la conviction d'une inévitable victoire.'

Selon Kennedy. cette prospérité de I'URSS représentait une sérieuse menace pour les

~tats-unis. II fallait agir concriternent en prenant des mesures militaires et diplomatiques. Au niveau militaire, Kennedy souhaitait une réorganisation de la stratégie

difensive de la nation en se dotant d'une plus grande variété de forces de frappe.

1 am directing the Secrctary of Defensc to undertake a reorganization and modcrnization of the Amy's divisional structure, to increase its non-nuclear tlrepower. to improve its tactical mobility in any environment, to insure its flexibility to meet any direct or indirect threat. to facilitate its coordination with our major allies. and to provide more modem mechanized divisions in Europe and bring tlicir equipment up to date. and new airborne brigades in both the Paci tic and ~uro~e.'

Sur le plan diplomatique. lors de son discours inaugural. Kennedy avait offert à I'URSS

une collaboration internationale sur le plan spatial. D'abord. cette ouverture devait

montrer au monde que les États-unis préféraient une coopération à une compétition

virulente avec l'Union soviétique. D'autre part. il était évident que I'URSS allait refuser

l'offre puisque son av'mce dans l'espace représentait un atout militaire et scientifique

important. Ainsi. en refusant l'offre. I'URSS allait être critiquée pour son manque de

volonté. Par contre. si elle acceptait la proposition de coopération. cela permettait aux

États-unis de devenir plus important sur le plan des activités spatiales. ce qui représentait

' Ihid.. pages 277-178.

-' John F. Kennedy. Special.2.lrssage IO the Congress on Urgent National Neeak 25 mai 1961, page 6. un niveau de visibilité tout aussi important". Toutefois, il clair que I'URSS allait refuser l'offre et Kennedy en était conscient. L'offre des États-unis était donc une simple question d'image.

C'est alors que le 3 1 janvier 1961. les États-unis ont concrètement offert une coopération internationale dans l'espace en proposant à I'URSS un sommet météorologique à

Washington. L'objet principal de cette rencontre était de mettre sur pied un programme de satellites météorologiques. Toutefois. l'union soviétique a décliné I'oftie et les

États-unis en ont profité pour dénoncer le manque de volonté des Soviétiques dans les affaires internationales'.

Quelques mois plus tard. a Vienne. lors de la première rencontre entre Kennedy et

Khrouchtchev. le président amiricain a proposé a son homologue soviitique une association entre les États-unis et I'URSS pour aller sur la Lune. Cette journée là,

Khrouchtchev a rkpondu que l'idée était intéressante. Selon Schlesinger. Khrouchtchev concevait riellement que cette proposition était un défi pacifique considérable pour les deus superpuissancesb.Toutefois. a la fin du Sommet de Vienne. à cause des discussions houleuses concernant le Laos. Berlin ainsi que les clauses d'un éventuel désarmement,

Khrouchtchev a diclari que les États-unis devaient s'y prendre seuls pour aller sur la

Roger D. Launius, .Ar.-!S.4:.-! Hisrun qt'lhe U.S.Cid Space Progrorn, Malabar. Kneger Publishing Compnnq. 1994. pages 57-58.

John M. Logsdon. The Decision ro Gu ro the Mmn: Projecr .ipollo and rhe Nafional Inieresr. Cambridge, MIT Press. 1970. page 94.

A. Schlesinger jr.. op. rit.. pages 330-33 1. Lune. Selon lui. (( un voyage commun serait impossible sans désannement. les fusées ayant 5 la fois des utilisations militaires et scientifiques H'.

Le vol de Youri Gaciarine

Au tùr et à mesure que les mois avançaient, l'inquiétude grandissait au sein de la NASA.

Les dirigeants de l'agence spatiale craignaient que I'URSS envoie un homme dans

I'rspace avant lès États-unis. Le 12 avril 1961. le cosmonaute soviétique Youri Gagarine donnait raison à cette inquiétude en effectuant un vol de IO8 minutes dans l'espace. Ce vol est devenu la première mission spatiale habitée depuis le début de l'histoire de l'humanités.

La propagande soviitique. i la suite du vol de Gagarine. se faisait à trois niveaux.

D'abord. les Soviétiques proclamaient que le vol de Gagarine démontrait la force du

communisme. (( The Central Committee of the Communist Party claimed that in this

achievement (( are embodied the genius of the Soviet people and the powerful force of

socialkm )) D".

Deuxiémement. l'exploit de Gagarine prouvait la supériorité de I'URSS sur le plan des sciences et technologies. « The USSR said that the flight showed. as had , that the

Soviet system could produce world leadership in science and technology D'O.

Y National Aeronautics and Space Administration. ..leronaurical and ..lsrronmtrical Evenrs of Junuun-Murch 196 1. hnp:~!\~~w.hq.nasa.gov/o~ce/pao/Histoimeline/196 1-1 .html ' Henry W. Lambright. Powr~ng.Jpollo: James E. Webb of NASA. Johns Hopkins University Press, 1995, page 93.

page 47 Finalement. même si son leadership dans l'espace lui permettait de devenir la puissance nucléaire la plus importante. I'URSS exprimait la volonté d'une paix mondiale par un désarmement général". Bref. cette image prestigieuse obtenue par l'envoi du premier homme dans l'espace donnait à I'URSS un pouvoir de négociation diplomatique très respectable.

La réaction mondiale a la suite de la mise en orbite de Youri Gagarine était très vive. En effet. en Angleterre. en France et en Italie. Youri Gagarine passait pour un héros mondial et l'exploit soviétique etait considéré comme étant l'événement le plus marquant du

XX'sit:clel'. Quant aus États-unis, même si la réaction au vol de Gagarine a été

importante. elle paraissait moins éclatante qu'a la suite de Spoutnik 1. Toutefois. la controverse concernant le retard américain avait la même ampleur. (( Still. the impact of

Gagarin's tlight - and the breed of giant boosters required for its accomplishment - was

sufficient to set offanother wave of controversy in the United States D'~.

La presse américaine paraissait indignée. Par exemple. dans le New York Times. on

accusait le président Kennedy de ne pas être l'homme de la situation. (( Since he took

ot'fice the President's image has ken beset by the difficulties he has had with Congress.

by his Mure to spell out the promised « sacrifices n to be required of the Amencan

people and by the continued recession ),lJ.

II J. M. Logsdon. op. ci!.. page 10 1. 1 : Ibid.. page 102. 1: Erlend A. Kennrin et Edmund H. Harvey jr.. ,\fission io the Moon. New York William Morrow & Cie.. 1969. page 79.

Il The Nor York Times. 16 avril 196 1. sec. IV. page 3. Dans J. M. Logdon, op. cil. page 102.

page 48 Par contre. Hanson Baldwin du Times était probablement le plus réaliste. Selon lui. il s'agissait de la politique spatiale défaillante des États-unis qui était responsable du prestige obtenu par l'Union soviétique dans l'espace. Baldwin déclarait que cene politique spatiale devait être révisée en fonction d'une compétition avec I'URSS. Le journaliste poursuivait en confirmant la supériorité de la force militaire américaine et l'avance des États-unis dans plusieurs domaines spatiaux. Baldwin affirmait que le monde etait impressionné par les exploits des Soviétiques et que. par conséquent, les gens croyait que les États-unis prenaient du retard aw niveaux militaire et technologique.

Mais. le message le plus important de Baldwin demeure certainement la mise en garde faite au gouvernement amiricain : « The dangers of such false images to our military power and Our diploniacy are obvious. The neutnl nations may come to believr: the wave of the future is Russian: even Our friends and allies could slough away HI'.

:\pris l'exploit de Gagarine. James Webb. l'administrateur de la NASA. etait convaincu que la course 1 l'espace allait s'étendre a la conquête de la Lune. La NASA et le gouvernement americain croyaient de plus en plus que I'URSS visait la Lune pour la commémoration du 50' anniversaire de la Révolution bolchevique. c( One ominously niomentous occasion preyed on everyone's mind: the fiftieth anniversaiy of the

Bolshevik Revolution in Octokr. 1967 »". Selon James Webb, il était possible pour les

États-unis de sr lancer dans une course vers la Lune en autant que la décision constituait

Ir The Times. 17 avril 196 1. page 5. Dans ibid.. pages 102- 103. '' E. A. Kennan et E. H. Harvey jr.. op. cil.. page 80.

page 49 un engagement national". Cependant. Kennedy n'était pas encore prêt à prendre une telle décision. II aura fallu que les États-unis connaissent un échec important sur la scène internationale pour que le processus décisionnel s'enclenche véritablement.

La Baie des Cochons

L'affaire de la Baie des Cochons à Cuba. en avril 1961. a été l'épreuve la plus embêtante du mandat écourté de Kennedy. La tension entre les États-unis et Cuba a pris naissance en 1959 lorsque le gouvernement révolutionnaire de Castro a nationalisé les exploitations sucrières américaines. Devant la contestation des États-unis. l'URSS et Cuba ont consolidti des relations commerciales et p~iitiques'~.Brièvement. le conflit commercial entre les États-unis et Cuba a provoqué un véritable cauchemar chez les Américains qui ont vu naitre un rigime communiste a proximité de la Floride. Fidel Castro, qui avait renversé te gouvernement de Batistas. avait attiré la sympathie des Américains.

Toutefois. les relations ont commencé à se détériorer lorsque Castro a entrepris la nationalisaiion des propriétés des compagnies américaines dont l'United Fruit en mai 1960"'. Crtrr coupure entre les États-unis et Cuba a provoqué le développement des dations iconomiques entre Cuba et l'URSS. Tellement que les ~tats-uniscraignaient que Cuba devienne communiste. De plus. les Américains redoutaient 1 'efler de domino en

Amérique latine si Cuba devenait communiste. Ainsi. en intervenant a Cuba, les

États-unis dimontraient leur désapprobation à d'éventuel régimes communistes en

Amérique.

1 - H. W. Lambright. op. cil.. page 93. S I Jean Elleiristein. La PuLrfioide :les relutions EIU~S-U~~S/URSSdepuis 1950, Londreys. 1988. page 71 1. 1 .] Ihid. page 2 I I. En 1960. des réfùgiés cubains. postés à Miami et au Guatemala, préparaient une attaque contre Ir gouvernement de Castro". La CIA avait demandé au président Eisenhower d'entraîner ces exilés cubains afin de démanteler le régime communiste à Cuba. Le

17 mars 1960. Eisenhower accordait à la CIA le droit d'utiliser les insurgés pour créer une force contre-révolutionnaire cubaine. Cette décision était habile puisqu'elle dissimulait l'intervention des États-unis. Cependant, lors des élections et de l'intedgne vers la tin de 1960. la préparation de l'opération contre Cuba était devenue une véritable obsession pour Washington.

Si les ~tats-unisconservaient un r81e assez discret pour dissimuler leur responsabilité. les chances de succès de I'opiration seraient forcement conipromises: d'un autre cÔtC, s'ils prenaient une part suffisante à l'opération pour lui assurer une chance maximale de succès, ils ne pourraient alors dégager leur responsabilité de fason plausible en cas d'échec."

Ce dilemme ri di maintenu jusqu'au milieu du mois de mars 1961 lorsque Kennedy a été contraint a prendre une décision. Le président du Guatemala demandait alors à Kennedy de faire en sorte que les réfugies cubains quittent son pays avant la tin du mois d'avril.

De plus. Cuba était encore faible pour se défendre adéquatemsnt a un éventuel dibarquement. Castro devait obtenir des avions a réaction soviétiques dans les semaines suivantes. ce qui aurait diminué les chances de réussite".

Sur Iri scène nationale. les pressions étaient de plus en plus fortes sur le président pour qu'une décision soit prise. D'un côte. il y avait ceux qui pensaient qu'il était impossible

:1 A. Schlesinger jr.. op. ri[.. pages 2 17-2 18.

7 7 -- Manucla Szmidei. Kennet+ et la Révolution cubaine: un apprentissage politique?. Julliard 1972, page 80.

page 51 d'annuler l'intervention étant donné la présence concrète des guérilleros au Guatemala et a ~iami".D'un autre côté. certains affirmaient que les dangers de voir se développer un communisme cubain n'était pas assez important pour menacer les États-unis.

Le régime de Castro est une épine dans notre chair: ce n'est pas un poignard dans notre cœur. Si les Éturs-unis intervenaient. même sous le couvert d'une légitimité de pure forme. nous aurions détruit les trente années d'efforts que nous avions passées à faire oublier d'anciennes interventions. Donner à cette activité un appui, même caché, n'a rien à envier à l'hypocrisie et au cynisme de l'Union Soviétique [sic] que les États-unis dénoncent constamment à I'0.N.U. et d'ailleurs."

Malgré tout. Kennedy a donné son approbation pour que l'intervention ait lieu. En donnant son accord à I'opérarion de la Baie des Cochons. Kennedy souhaitait abolir tout régime communiste en Amirique latine2'.

Avant le débarquement. Cuba devait Ctre attaqué par deux raids aériens pour détruire l'aviation cubaine. La premiére attaque a eu lieu le 15 avril 1961. mais cette attaque a immédiatement provoqué une réaction négative à travers le monde". Ainsi. Kennedy a dicidi d'annuler la deuxième attaque atin d'apaiser l'émoi. Avec l'annulation du dcusi2ms raid. l'intervention dans la Baie des Cochons courait déjà à sa perte puisque le premier raid n'avait pas suffi i la destruction des avions et des tanks cubains. Cette étape itliit essentielle afin d'assurer un minimum de sécurité lors du débarquement2'.

-.7; A. Schlesingerjr.. op. ci[..pages 123-274. '' blérnorandum rédigé par Pat Holt. assistant du sénateur Fulbright à la Commission des Affaires etnngires du Sénat. Kennedy et Meyer. Fulbrighr of.frkansas. rhe public positions of a private thinker. Washington. D.C.. Luce Inc.. 1963. pages 194-205. Cité dans M. Semidei. op. cit.. page 85.

7< -. J. Elleinstein. op. cil.. page 131. 33 M. Semidei. op. cit.. pages 93-94. Ep~ement. avant le débarquement. il était clair dans l'esprit de Kennedy que les

États-unis n'interviendraient pas dans le conflit. Le président avait déclaré a la presse :

(( la question cubaine ne se pose pas entre les États-unis et Cuba, mais entre les Cubains eux-m5mes D". La décision de Kennedy de ne pas envoyer l'aide militaire américaine à

Cuba dans la Baie des Cochons tient aussi d'un argument d'ordre international puisque

Kennedy craignait que Khrouchtchev en profiterait pour intervenir à ~erlin-Oued9.

L'op~rationdans la Baie des Cochons a donc été une catastrophe autant pour les insurgés cubains que pour les États-unis. En effet. l'échec de cette opération a beaucoup at'fecté la cause amiricaine. D'abord. Castro a décidé dmaff7cherouvertement son affiliation a

I'idtiologie communiste. D'autre part. Khrouchtchev a informé à Kennedy de son intention d'aider militairement Cuba en cas d'intervention américaine directe contre

Castro. Bref. (( l'expédition punitive s'est transformée en crise internationale »"O dont

Kennedy itait responsable et ce. même s'il n'était pas l'instigateur.

La consolidation de la politique spatiale américaine semble ktre rattachée a cette diminution de prestige causée par I'tichec de la Baie des Cochons. (( While the Bay of

Pigs invasion was never mentioned explicitty as a reason for stepping up U.S. effort in space. the international situation cenainly played a role as Kennedy scrambled to recover

3 measure of national dignity r?'. Aprés cet échec, Kennedy a demandé à Johnson de convoquer le Sp~ceC'oltncil afin de considérer les possibilités de l'avance dans la course

:s A. Schlesinger jr.. op. cit.. page 241. 2'1 IM.page 164. id M. Semidei. op. rit.. page 101. .: .: I R. D. Launius. up. cil.. page 60.

page 53 à l'espace". Jerome Wiesner, le conseiller scientifique de Kennedy, avait lui-même constatc l'influence de I'ichec de la Baie des Cochons sur la politique spatiale américaine.

1 don't think anyone can measure it, but I'm sure it had an impact. I think the President felt some pressure to get something else in the foreground. [...] L discussed it with the President and saw his reactions. I'm sure it wasn't his primas motivation. I think the Bay of Pigs put him in a mood to nin harder than he might have.33

Ainsi. l'échec de la Baie des Cochons. le vol de Youri Gagarine ainsi que les changements de la réalité internationale en ce début des années soixante constituent les facteurs d'influence de la politique spatiale américaine. Toutefois. il n'y a pas que ces

éliments d'ordre international qui permettent d'expliquer la consolidation de l'effort amkricain dans l'espace. Certains facteurs. a I'ichelle nationale. demeurent essentiels a la compréhension de la décision de lancer la course a la Lune.

Le changement d'attitude de Kennedv vis-&vis la ~olitiauesoatiale

Contrairement a Eisenhower. Kennedy était convaincu que l'ef'fort des États-unis dans l'espace devait etre accentue. Durant sa campagne électorale. il a critiqué l'administration

Eisenhower d'avoir laissé l'Union soviétique prendre le leadership au. niveau.. des missiles et de la conquete spatiale3".Kennedy considérait plutôt la conquête spatiale dans

:: Roben A. Divine. « L!,ndon B. Johnson and the Politics of Space », dans The Johmon Yrars: Yiernom. Tlir Ern?rc~nnimr.andScience. Lawrence. University Press of Kansas. 1987, page 230. .. I. Interview avec Jerome Wirsner. Dans J. M. Lopdon. op. rit.. pages 11 1-1 17. tl R. A. Divine. op. cil.. pages 230-23 1. un contexte de course contre l'URSS3'. D'ailleurs, il savait déjà a l'époque qu'on devait faire du domaine spatial une priorité afin d'accroître le prestige des États-unis à l'échelle niondiale.

While Kennedy was preparing to take office, he appointed an ad hoc cornmittee headed by Jerome B. Wiesner (1915- ) of the Massachusetts lnstitute of Technology to offer suggestions for American efforts in space. Wiesner [...] concluded ihat the issue of « national prestige )) was too great to allow the Soviet Union leadership in space efforts. and therefore the United States had IO enter the field in a subsiansive way?

En nommant Lyndon B. Johnson a la tête de la politique spatiale et James Webb en tant qu'administrateur de la NASA. Kennedy laissait paraître une volonté d'adopter une politique spatiale plus intensive".

Toutefois. la politique spatiale américaine sous Kennedy avait peu d'importance avant le vol de Youri Gagarine". Cette situation s'explique par la prudence de Kennedy. car ce dernier savait que Ir programme Mercury était le seul projet destiné à accroître le prestige national. Si Mercury etait un échec. la possibilité d'un leadership américain dans l'espace allait être mise en péril3".

D'autre part. Kc~edyn'osait prendre des décisions importantes en matière de politique spatiale puisque ses connaissances dans ce domaine n'&aient pas suffisantes. « His lack of knowledge about space matters made him hesitate to make basic changes in the space

;5 E. A. Kennan et E. H. Hancjr.. op. rit.. pagr 74.

76 R. D. Launius, op. cil.. pagr 56.

1- J. M. Lozsdon. op. '~t..,pase 64, fS H. W. Lambright. op. cil.. page 93.

;a) R. D. Launius. op. ci;.. page 57. policy developed by Dwight Eisenhower )>JO. Toutefois, cette hésitation semble être qu'apparante puisque durant ces deux premiers mois, le président avait des pr6occupations plus importantes relativement a des problèmes d'ordre national et

internationalJ1.La preuve est que, dés décembre 1960, Kennedy avait demandé à son conseiller scientitique de lui remettre un rapport en matière de politique spatiale.

En fait. c'est le 33 mars 1961 que Kennedy a pris sa première décision importante en ce

qui concerne l'e'tploration spatiale : il a acceptk le plan de développement d'un prototype

Je hs~eSaturn plus puissant que les prototypes précédents. Avec une telle décision,

Kennedy renversait la politique spatiale américaine qui était en vigueur depuis 1957. 11

acceptait ofticiellement d'accroitre les activités spatiales américaines dans un contexte de

compktition avec l'URSS. Malgri tout. Kennedy refusait encore d'accorder à la NASA le

proprnme Apollo puisqu'il ignorait si Ie programme Mercury allait réussi+'.

Le rapport Wiesner et la remise en cause du programme Mercuq

Dans l'esprit de la Nouvelle Frontiére, quelques semaines avant son inauguration.

John F. Kennedy a demandi à Jerome Wiesner. son futur conseiller scientifique, de

tormer un comitk titi hoc sur l'espace (Ad Hoc Cornmirtee on Spacr) afin de formuler des

recommandations en rnatiérs de politique spatiale. Le 10 janvier 1961, ce comité déposait

It: rapport Wiesner sur le bureau de Kennedy. On y trouvait une liste des principaux

niotifs d'une politique spatiale plus intensive. Ces motifs étaient dans l'ordre : le prestige

.lll J. M. Logsdon. op. cil.. page 93. JI Hugh Sidey. Jdvi F. Krnnr* Prrsidtm~.New York, Atheneum Press. 1964. page 59. Dans ibid, pages 93-95.

" .\lissiles und Rockrts. 3 avril 196 1, page 14. Dans ibid ,pages 99- 100. national. la sécurité nationale. les expérimentations et les observations scientifiques, les applications pour des fins non militaires et la coopération internationale en ce qui concerne L'exploration du systèrme solaireJs.

Le rapport reconnaissait que la grande défaillance technique des États-unis dans l'espace

Ctait la capacité restreinte des fuséesJ4.Le rapport Wiesner dihait que les États-unis ne pouvaient espérer être les premiers a envoyer un homme dans I'espace avec le programme MercuryJS.En fait. Wiesner était davantage en faveur d'un programme spatial inhabité. « He thought that more money ought to be put into unmanned scientific satellites DI".

La raison pour laquelle le comité s'opposait au programme Mercury était qu'on trouvait ahsurde de mettre Iri priorité sur l'envoi d'un homme dans l'espace plutôt que sur un programme de fusées plus puissantes4'. En effet, selon la vision du Ad Hoc Cornmirtee on

Sp~rcr. unc telle absurdité pouvait entraîner l'échec du programme Mercury et probablement la mort d'un astronaute d2s la première tentative. Cette éventualité aurait mis cn péril I'snsemble du programme spatial C'est pourquoi durant les

Ii This last factor - international cooperation - was a motivation added since the 1958 "Introduction to Outer Space": the order in which the other goals were listed was also shifled to move "prestige" to the top of the list. Dans ihid.. page 73. 11 Wiesner Committee. Report ro rhe Presidenr-Elect of rhe Ad Hoc Cornmittee on Space, Washington D.C. NASA Historicrtl Reference Collection. History Ofilce, NASA Headquarters, IO janvier 1961. page 4. 4 i J. M. Logsdon. op. cir.. page 73.

Ih Joseph Tatarewicz et al.. Enrr~wesmec James E. Webb. Washington D.C.. 72 mars 1985. cassette 1, cliti. 7. If Wiesner Committer. op. ci[.. page 15. 19 lbid.. page 16. premiers mois du mandat de Kennedy. la planification et !es objectifs du programme

Mercury ont fait l'objet d'une révision complète.

Le comité Wiesner proposait a la NASA de cesser de considérer Mercury comme étant le programme spatial principal. En effet. selon Wiesner. le public devait être informé de la possibilité d'exploiter d'autres domaines de l'exploration spatiale que Les missions habitees. rc We should tjnd effective means to rnake people appreciate the cultural. public service. ruid military imponance of space activities - other than space travel»?'.

Concernant I'6chéancier du programme Mercury, le comité s'interrogeait sur Iii justification d'une plmi fication aussi serrée. La seule motivation identifiée était de nature poiitique et consistait ii CC que les États-unis deviennent le premier pays a envoyer un homme dans I's~pace'~.

En rkvisant le programme Mercury. le comité Wiesner a conclu qu'il y avait un manque de leadership et d'organisation de luetTon spatial au sein de l'administration de la

NASA". Cettc conclusion a entraîné une réorganisation majeure de l'administration de l'agence spatiale. Comme il en sera question plus td.l'arrivée de James Webb constitue un exemple important de ce remaniement administratif.

Toutefois. avec cette restructuration, le programme Mercury a pris du retard, de sorte que le premier voi spatial habité des Etais-unis n'a eu lieu que le 5 mai 1961, soit plus de

1'1 E. A. Kennan ct E. H. Harvey jr.. op. cil.. pages 76-77. in . ïhe Prtrsidcnt's Science Advison: Cornmittee. Report ofthe Ad Hoc Panel on Atm-inSpace, Washington D.C. NASA Historical Reference Collection. History Office, NASA Headquarters. 16 drfcernbre 1960, page 2.

I Wiesner Comminee. op. cil.. page 4. trois semaines après celui de Gagarine. Selon Robert Gilmths', ce retard engendré par la révision du programme Mercury a été suffisamment long pour voir I'URSS gagner un deuxième point dans la cowse a I'espace. Gilruth croyait que l'Américain Alan Shepard aurait pu effectuer son vol bien avant Gagarine s'il n'y avait pas eu cette révision initiée par le comité Wiesner. (( We were al1 ready to go, and Wiesner came in with his in~vestigationinto whether or not we should even have a program »''.

II est clair que le rapport Wiesner constitue une donnée historique importante dans l'analyse de la décision d'envoyer un homme sur la Lune avant 1970. En effet. le rapport

Wiesner est venu remettre en question le principal objectif du programme Mercury, c'est-B-dire permettre aux ~tats-unisd'obtenir le leadership du domaine spatial. En remettant en cause cet objectif. le comité Wiesner a empêché les États-unis de prouver au monde qu'ils avaient autant. sinon plus d'aptitudes technologiques dans l'espace que

I'URSS. Les États-unis devaient désormais trouver un autre champ de bataille pour affronter I'URSS.

L'a~portde Lvndon B. Johnson en matière de politiclue s~atiale

Depuis Spoutnik 1. Lyndon B. Johnson jouait un rôle déterminant demère les décisions entourant les vols spatiaux. C'est le démocrate George Reedy qui. dans un mémo, a fait comprendre à Johnson l'enjeu politique d'une course à l'espace. L'argument de Reedy ktait basé sur des considkrations d'ordre géopolitique.

i' Ciilnith itait alors A la the du programme Mercury.

0: -. David Drvorkin et al.. Entre~tresmec Robert Gilruth. National Air and Space Museum. 2 mars 1987. cassene 1. côte 1.

page 59 Just as the Romans had used roads to establish their dominion, the British had used control of the sea, and Americans had used their rnastery of the air, the nation that could conquer outer space would dominate the worid of the future, Reedy arçued.'"

Le rôle de Johnson a contribué a consolider le concept de course a l'espace entre les

États-unis et l'URSS. Cependant, c'est essentiellement à partir des élections présidentielles de 1960 que le rôle de Johnson. dans la politique spatiale, est devenu plus concret. Selon une théorie de J. Leland Atwood, il est possible que la décision de

Kennedy d'adopter une politique spatiale plus intensive s'explique par une faveur politique entre Kennedy et Johnson. « 1 could well imagine that Kennedy promised

Johnson something when he accepted the Vice Presidency. Texas was very important politically to Kennedy ni'. Ainsi. en septembre 1961. Houston est devenu le principal centre spatial des Etats-unis.

Bien que Lyndon B. Johnson ait ité choisi par Kennedy pour son expérience en matière de politiqiie spatiale. le président tenait à prendre ses propres dicisians dans ce doniaine'" En fait. des que la décision d'accélérer le programme Apollo a été prise.

Johnson a dû prendre un rôle plus secondaire concernant Ir: domaine spatial, et ce, jusqu'a

ce qu'il soit prksident ii la suite du dicis iragique de Kennedy en novembre 1963. Puis, au

i-I R. A. Divine. op. cil.. page 71 9.

Ti " Johnson itait originaire du Texas. Martin Collins, Entrevues mec J. Leland Atwood. Pacific Palisades en Californie et au North Anierican à El Segundo en Californie. 14 juin 1989. cassette 2, cote 1. ih Steinberg. Sunr Joirnson's Boy. Page 559. Leonard Baker. The Johnson Eclipse: .4 Presidenl's Vice Prc~idetrq.New York. Macmillan. 1966, pages 127-129. Cronkite interview transcript. page 25. Tom Wolfe, The Righr Stuf]: New York. Fam Strauss & Girouu. 1979. page 226. James E. Webb oral history interview. 79 avril 1969. par Thomas H. Baker, pages 3-10. Dans R. A. Divine. op. cii.. page 239.

page 60 long de ses deux mandats présidentiels. Lyndon B. Johnson n'a jamais osé renoncer à relever le défi de Kennedys7.

La contribution de James Webb, le nouvel administrateur de la NASA

L'arrivée de James E. Webb à la tete de la NASA faisait partie d'un processus de révision des structures administratives qu'avait recommande Jerome Wiesner dans un rapport prcsenté au président le 10 janvier 1961. Webb était l'un des rares Américains capables de jouer le rôle d'administrateur de la NASA à l'époque. Sous les années Truman, il était directeur du Birreair (.fBidger puis. sous-secrétaire d'hat. Ainsi. il connaissait très bien les rouages de la politique américaine, ce qui constituait sa principale force comparativement à son prédécesseur. En effet. Keith T. ~lennan"était peu habité avec la tradition politique américaine. Quant à James Webb. il savait comment travailler avec le

Congrks"'. Tout au long des années soixante. ses contacts au sein du Congres lui ont permis d'obtenir les crédits nicessaires pour que la NASA puisse atteindre ses objectifs.

Dis le Jebut de son mandat. en fëvrier 196I. James Webb savait que la NASA a pris naissance dans un contexte de Guerre froide et que le rôle de cette agence était de préserver le prestige national. Ainsi. James Webb croyait que les États-unis devaient açcroitre l'effort dans le domaine des programmes spatiaux habités afin de permettre à la

NASA d'atteindre son objectif initial. Mais lorsque Webb est arrivé a la NASA, le programme spatial habité américain était en stagnation. On était encore loin d'un

5- R. A. Divine. op. cir.. page 233. 'R 'R Keith T Glennan etait administrateur de la NASA de aoiit 1958 à janvier 1961.

CU Martin Collins et al.. Entrmi~esmec Rohert Seamans. National Air and Space Museum. au MIT h Boston et au National Academy of Sciences. 8 décembre 1987, cassene 3, côté 1.

page 61 programme avec un but aussi précis que la Lunebo.Les premières propositions de Webb s'inscrivaient déji dans un esprit de course a l'espace. Les efforts de Webb pour maintenir le programme Mercury et pour obtenir une politique spatiale plus intensive se faisaient dans l'esprit de la Nouvelle Frontière que l'administration Kennedy avait proposé comme défi aux États-unis6'.

Lo Mi ûa Kan-

L'un des premiers grands débats au sein de l'administration Kennedy en matière d'exploration spatiale a eu lieu en mars 1961. Il concernait l'augmentation du budget de la NASA pour l'annde fiscale de 1962. Le directeur du Bureau oj'Budgrt. David E. Bell. s'objectait à l'augmentation budgétaire de 30 % réclamé par James Webb a moins que

Kennedy revienne sur la décision d'Eisenhower concernant l'expédition d'un homme sur la Lune avant l'URSS. C'est à la suite de ce ditTerend entre Webb et Bell que

John F. Kennedy a commencé à prendre conscience des bénéfices politiques d'envoyer un homme sur la une"'.

Mais Kennedy n'&ait pas encore prit à prendre une telle décision. Kennedy avait besoin de revoir les enjeux de la politique spatiale en fonction du prestige des États-unis. II fallait également que les dirigeants politiques américains associent le prestige national à l'exploration spatiale6;. De plus. en mars 1961. soit a la suite des recommandations du

6i) H. W. Lambright. op. 'ait.. pages 86 et 89. 0 1 Voir Arthur Schlesinger. jr.. .-iThoirsand De.and Sorenson. Kenne*. for accounts of the beginnings of the Kennedy administration. Dans J. M. Logsdon. op. cit.. page 89. 6' 6' R. A. Divine. op. rit.. pages 219-230. 0: J. M. Logsdon. op. cil.. page II. rapport Wiesner, l'effort était davantage orienté vers le développement des fusées que vers le développement des programmes spatiaux habités. Bref. ce n'est qu'après le vol de

Gagarine et l'échec de la Baie des Cochons que Kennedy s'est demandé s'il ne fallait pas investir davantage dans le développement des programmes spatiaux habitésM.

La révision du aroqramrne spatial américain ordonnée par Kennedy

Sur la scéne intemationaIe. c'est sans aucun doute le voyage dans l'espace de

Youri Gagarine ainsi que l'affaire de la Baie des Cochons qui ont provoqué la décision de

Kennedy d'envoyer un homme sur la Lune avant 1970. Ces deux événements constituaient une opponuniti de propagande et une source de prestige importante pour

I'URSS. Kennedy voulait donc affronter I'URSS a partir de leur propre arme psychologique. soit l'exploration spatiale. (( Afier two day's reflection, he reluctantly came to the conclusion that. if he wanted to enter the duel for prestige with the Soviets, he would have io do so with the Russian's own weapon. space achievemeni DO'. Ainsi, la principale raison de recourir à un programme spatial habité était de rehausser le prestige national vis-&vis le prestige de I'URSS". De plus. le président Kennedy savait que la reaction des Amkricains au vol de Gagarine allait lui permettre de justifier une politique spatiale plus intensiveh-.

e-4 M. Collins et al.. Enrrcues uvec Roberr Seamam, 19 janvier 1988. cassene 1, côté 2. hC J. M. Logscion. up. cit.. page 105.

Oh blichael L. Smith. (( Selling the Moon: The U.S. Manned Space Program and the Triumph ofcommodity Scientiçm U. dans Richard Fos. Wrightman et Lem. The Cubure oj' Co~um~rion:Critical Essqys in .4nwri~wnHiston: New York. Pantheon Books. 1983. page 194. fi- J. M. Logsdon. op. cil.. page 108. Le 19 avril 1961. Kennedy a convoqué son vice-président Johnson pour lui demander quelles étaient ses recommandations afin d'accélérer les programmes spatiaux. Le

Lendemain. dans un mémorandum adressé à Johnson, Kennedy formulait officiellement sa question qui était la suivante :

Do we have a chance of beating the Soviets by purting a laboratory in space, or by a trip around the moon. or by a rocket to land on the moon and back with a man? 1s there any other space program which promises dramatic results in which we could Win?''

Lors d'une réunion convoquée le 22 avril par Johnson en réaction à cette question du president. la NASA a donné son avis sur les possibilités de battre I'URSS dans le domaine de l'espace. Selon l'agence spatiale. les États-unis avaient des chances d'être

Ics premiers i envoyer un homme sur la Lune en autant qu'un effort national majeur soit maintenu en ce sens. La NASA considérait que le potentiel américain aux niveaux industriel. scientifique et technologique était suffisant pour vaincre I'URSS dans une course j. la Lune. De plus. l'agence spatiale croyait qu'il serait possible que le premier

Américain alunisse en 19676'). Bref. à la fin avril, les dirigeants américains étaient conscients de l'enjeu de la course Q l'espace qui n'était rien de moins que le prestige de l'administration Kennedy i l'échelle m~ndiale'~.Ces considérations ont fait l'objet du mhorandum de Johnson. daté du 28 avril et adressé à Kennedy en réponse à sa question.

hY H. W. Lambright. op. tir.. page 94. bY Mrmonndum frorn NASA to the vice president. April 27, 1968. (Copy in NASA Historical Archives.) This memonndum was prepared to answer the five questions posed by Kennedy in his April 20 memonndum to the vice president. 1. M. Logsdon. op. cil.. page Il;. 'O R. A. Divine. op. cil.. page 132. Selon Robert Seamans. le vol d'Ah Shepardi' a aidé Kennedy à prendre sa décision d'envoyer un homme sur la Lune avant I'URSS. Seamans a affirmé que, puisque le rapport Wiesner a discrédité le programme Mercury, Kennedy préfirait attendre que la

NASA ait pmuvé le bon Coiictionnement de Mercury avant de prendre une décision. Or, le vol d'Allan Shepard a démontré à Kennedy que la NASA était capable d'entreprendre des projets d'envergure. Mais, le tàit que les vols spatiaux habités suscitaient une grande visibilité iniernationalc a motivé davantage le président".

Des le 6 mai. soit le lendemain du vol de Shepard, des représentants de la NASA et du

DGpartemsnt de la défense se sont riunis pour choisir quelle proposition officieile de la politique spatiale allait Stre remise a la Maison-~lanche". Les représentants des deux groupes avaient i choisir enire trois propositions. La première ttriit un programme spatial base sur des activités en orbite terrestre telles la mise en orbite de satellites m~tioroIoyiqueset de communication. La deuxième suggestion était d'effectuer des voyages habites sur la Lune et la troisiéme. des voyages habités sur une autre planète. La plupart des membres de fa réunion ont optL pour un voyage habite sur la une".

Les membres de la réunion estimaient que I'URSS ne serait pas avantagée dans une kventuelle course à la Lune. L'option devenait dont intéressante pour les ~tats-unis.En sffit. l'uns des conclusions retenues de cette réunion est que Iss Soviétiques ne pouvaient

- I Premier Américain dans 1-espace le 5 mai 1961. Toutefois. son séjour n'a duré que 15 minutes. ce qui est irPs modeste compantivrment aux 108 niinutes du cosmonaute soviétique Youn Gagarine. - 1 - M. Collins tr al.. Enrrewe,~uwc Roberr Srumanr. 19 janvier 1988. cassette 2. côtd 1. -. ' Interview avec John Rubel. Dans J. M. Logsdon. op. rit., page 123. -4 fbiù.. pages 123- 124.

page 65 assurer un voyage habité sur la Lune avec le modèle de fùsée de l'époque. Par conséquent. l'URSS et les ~tats-unisétaient à égalité dans une éventuelle course à la

Lune. car les deux pays devaient mettre au point un nouveau prototype de fusée pouvant assurer un voyage lunaire".

Cependant. lors des pourparlers. James Webb était inquiet de la faisabilité du projet, craignant un manque d'appui politique7'. Webb reconnaissait qu'un tel engagement exigeait un support politique continu". L'administrateur de la NASA redoutait également que le prestige national du gouvernement américain fit mis en jeu dans un tel défi. Dans un tel cas. il fallait alors se rendre jusqu'au boutî'.

Finalement. James Webb a accepté la proposition d'envoyer un homme sur la Lune avant

I'LIRSS. Toutefois. il ri prévenu le vice-prksident Johnson que ce projet demandait beaucoup de temps et qu'il devait avoir le support politique requis7'. Cette mise en garde est devenue officielle le 8 mai lorsque le Spuce Colincil a rédigé un mémorandum adressé au prisident et au vice-prisidentu.

Mais Webb demeurait tout de même préoccupé par l'ampleur du déti. C'est pourquoi il a propos2 que la NASA puisse obtenir une certaine flexibilité budgétaire. De plus, il a

-. M. Collins et al.. Etltrri.ires mec Rob~Seumons. 19 janvier 1988. cassette 7. cote 2.

'h J. M. Logsdon. op. CIL. plire 110. .- J. Tatarewicz et al.. op. cc" 12 Ilal 1985. cassene 1. côte 1. -3 l-1. W. Lambright. op. tir.. page 95. -v Ibid.. page 96. 80 M. Collins et al.. Enrrmm mec Robert Sruntans, 19 janvier 1988. cassene 3, cbé 1. A l'époque de l'rtntrevue. le mCmonndum datC du 8 mai 1961 et signé par Webb et McNamara, n'était pas encore declasitié. ce qui limite les informations disponibles de cene source. Toutefois, la recommandation faite au président de prendre un ensagement national en ce qui concerne l'envoi d'un homme sur la Lune a Ltb divulguée dans l'entrevue avec Seamans. demandi à ce que la date butoir soit fixée à 1970 plutôt que 1967, et ce, même si la

NASA s'estimait capable d'accomplir le programme Apollo eii 1967. Ces recommandations allaient permettre aux États-unis de ne pas risquer inutilement de ditériorer son prestige national à cause d'un défi trop grands'.

Le défi et sa portée ~olitiaue

LI: 25 mai 1961. dans un discours dont les propos ressemblaient drôlement au discours du président du Gun-C'lirbV'.Kennedy s'adressait au Congrès et A la nation américaine. Il prenait ofticiellement l'engagement d'envoyer un homme sur la Lune avant la fin des annies soisante.

I believe that tliis nation should commit itself to achieving the goal, before this decade is out. of landinç a man on the moon and retuming him safely to the eanh. [...] It will not be one man going to the moon - if we make this judgment atXrmativel~.it will be an entire nation. For al1 of us must work to put him t~iere."'

L'engagement d'envoyer un homme sur la Lune avant 1970 avait une portée politique tris importante pour les États-unis. principalement en ce qui a trait à son prestige tant à l'échelle nationale qu'internationale. En faisant la démonstration des facteurs psychologiques expliquant le niveau de puissance d'une nation. Stéphane Bernard a

prouwi la pertinence de tenir compte de (( l'appui de l'opinion internationale ».

YI Ihid.. cassette 3. c8tk 1.

3: Personnage principal du roman de Jules Verne. Voici un extrait du dixours : « Ne vous étonnez pas si je biens vous entretenir ici de l'astre des nuits. II nous est peut-ëtre réservé d'être les Colombs [sic] de ce monde inconnu. Comprenez-moi. secondez-moi de tout votre pouvoir. je vous ménerai a sa conquête, et son nom se joindra a ceux dcs trente-sis ~tatsqui forment ce grand pays de l'Union! H. Jules Verne, De la Terre u la Lutle. Paris. Bookking International. 1995 ( 1865). page 37. %: J. F. Kennedy. op. cit.. page 10. L'appui de l'opinion internationale est devenu essentiel a une époque où les moyens classiques de la diplomatie sont de plus en plus épaulés par la pénétration idtiologique. La puissance des supergrands et, dans une certaine mesure, celle des moins grands. dépend fonement de l'impact de leurs idéologies, de leurs institutions et de leurs réalisations sur l'opinion internationa~e.~

Toutefois. cet engagement itait très critique pour le prestige américain, car c'était une politique du tout ou rien. II ne pouvait donc y avoir de demi-mesures. Dans une entrevue,

Webb donnait l'exemple qu'un programme de station spatiale pouvait être réduit si la

NASA ne pouvait mettre au point une fusée sutrisamment puissante pow mettre en orbite la station prévue. Le cas d'un voyage sur la Lune était different pour des raisons

techniques et de sécurité. (( The lunar landings could not be fudged. You either did it or

-ou didn't do it D".

Xialgri In formulation de l'engagement fixant l'échéance à 1970, Kennedy espdrait que la

NASA puisse envoyer un homme sur la Lune avant 1967. Cette date butoir était

I'riboutissement d'une skie de motivations d'ordre diplomatique. politique et scientifique.

D'abord. au niveau diplomatique. I'expedition d'un homme sur la Lune devait permettre aux Etais-unis d'obtenir le leadership technologique face a I'URSS tout en réduisant les risques d'affrontement militaire. Une victoire sur I'URSS à ce niveau allait également placer les Amiricains au premier rang du savoir-faire en ce qui concerne les expéditions spatiales habitiesm. Ainsi. un tel esploit allait permettre aux États-unis d'obtenir plus de

#.l Sdphane Bernard. PrCcis de lu Guerrefroide et de l'après Guerrejioide: au carrtfour de la Sécurilé C'ollecfne t.~dr 1'4nrnL.lI12In~rrnarionule. Université Libre de Bruxelles. 1993, page 745. Ri J. Tatarewicz et al.. op. cil.. II avril 1985. cassette 1. c6té 1.

Bb Robert Jastrow et Homer E. Newell. <(The Space Program and the National Interest 1). Foreign .@airs, 50 ( April 1977). page 533.

page 68 crédibilité à l'échelle internationale par un prestige rehausség7.L'envoi d'un Américain sur la Lune en 1967 avait toute son importance puisque les États-unis craignaient que les

Soviétiques visent la Lune pour célébrer le 50' anniversaire de la Révolution bolcheviqiie.

Outre la crainte de voir l'URSS se poser sur la Lune avant les États-unis. une raison personnelle poussait John F. Kennedy à envoyer un homme sur la Lune en 1967. Pour

Kennedy. 1967 correspondait a la fin de son deuxième mandat s'il était élu en 1964.

L'alunissage d'un Amdricain à cette étape de sa carrière représentait une occasion de temiiner sa prisidence dans la gloire".

Du côte politique, le programme Apollo allait permettre de créer des emplois aux

~tats-uniset de contrer la récession ainsi que le problème de chômage qui faisaient rage i IYpoqueS'~.

Par contre. c'est uns raison scientitique qui justifiait le mieux le besoin d'envoyer un honinie sur la Lune en 1967. En effst. les scientifiques savaient qu'en 1968 le Soleil allait connaitre uns piriode d'activiti plus intense. Ainsi. ils craignaient qu'un alunissage soit perturbé par les ondes intenses imises par le Soleil au cours de cette annéew.

$- J. M. Logsdon. op. cil.. page 134. XH E. A. Krnnan et E. H. Hane! jr.. op. cil.. page 75. $9 J. F. Kenned!. op. cil.. page 2. 'In E. A. Krnnan et E. H. Harvey jr.. op. cir.. page 75. Ce sont sans doute les événements de la scène internationale qui ont le plus incité

Kennedy a prendre l'engagement nationat d'envoyer un homme sur la Lune avant 1970.

En ce début des années soixante. la rivalité entre les États-unis et I'URSS semblait prendre une nouvelle tangente a t'avantage de l'Union soviétique. Au niveau technologique, I'URSS narguait à nouveau les États-unis en envoyant le premier homme dans l'espace. En ce qui concerne l'affaire de la Baie des Cochons, elle démontrait de plus en plus que I'impossibiliti d'un affrontement direct entre les deux superpuissances limitait les activités de chacun sur la scène internationale. La rivalité. qui ne pouvait plus

Stre militaire. prenait donc la forme d'un affrontement à un niveau autre que militaire. Par ssemple. à cette kpoque. les États-unis et l'URSS ont fait concurrence sur le plan iconomiqiie. Dans ce cas-ci. il s'agissait d'une compétition d'ordre technologique.

Toutefois. cette compétition technologique entre les Américains et les Soviétiques ne pouvait ètrc possible sans une transformation majeure de la perception des alTaires iniernationales par les ~tats-uniset sans une prise de conscience des possibilités offertes par une course à l'espace. C'est principalement par son entourage politique que le président a pu discerner les avantages politiques d'une éventuelle victoire américaine dans une course P la Lune. Dans l'esprit de la Nouvelle Frontière. l'engagement du programme Apollo avait kté initié dans la perspective conque par Kennedy en ce début des ann6es soixante qu'aucun projet n'est irréalisable.

Cependant. le troisiSme chapitre expliquera qu'après 1962, le contexte national et international a profondément change. En effet, jusqu'au premier pas sur la Lune en 1969, la réalitk nationale et internationale des ~tats-unisa pris une autre dimension. Mais,

page 70 comme l'avait espéré James Webb, l'engagement national de Kennedy a été maintenu jusqu'au bout malgré quelques failles. La question est alors de savoir si le maintien du defi de Kennedy demeurait pertinent après 1962?

page 71 Chapitre 3 : la course à la Lune après la crise des Missiles,

1962-1969

La crise des Missiles de 1962 a été un point tournant dans l'histoire des relations internationales depuis la Deuxième Guerre mondiale. Pour certains spécialistes, cette crise est I'Cvinement qui a annoncé la fin de la Guerre froide. Pour d'autres, il s'agit d'une pkriode moins critique de la Guerre froide appelée Wrenfr. La crise des Missiles a

&&ment Pté importante pour l'histoire spatiale américaine puisque dans les années qui l'ont suivie. on a assiste à la formation d'une nouvelle conception de l'exploration spatiale. Le présent chapitre expose cette transformation de la perception de la conquête de i'rspace selon la politique nationale et internationale américaine. Mentionnons que ce changement de mentalité s'est produit alors que les États-unis étaient en pleine course vers la Lune.

La crise des Missiles

Depuis 1'Cchec de la Baie des Cochons. I'URSS promettait une aide militaire a Cuba pour se difendre contre les États-unis. Mais. au début de juillet 1962. I'URSS et Cuba se sont entendus pour que l'Union soviétique envoie secrètement des missiles en territoire cubain pour l'automne suivant'. Par cette entente. l'Union soviétique (( espérait consolider sa tête de pont sur le continent, renforcer le prestige de Castro en Amérique latine, et montrer au monde l'impuissance de Washington à prévenir ces sortes de choses, même à ses portes D'.

La CIA a rapidement remarqué un changement dans les relations militaires entre les

Cubains et les Soviétiques. En août 1962. l'agence de renseignements a averti le président

(( que "quelque chose de nouveau et de diffërent" arrivait dans les opérations soviétiques

d'aide à Cuba D;. Toutefois. I'URSS tentait de se faire rassurante auprès des États-unis en

affirmant que les armes destinées à Cuba itaient défensivesJ.

Lors d'une conférence de presse tenue le 13 septembre 1962, Kennedy a averti I'URSS

que les États-unis nhcceptenient pas le développement d'armements soviétiques

offensifs en territoire cubain5. Un mois plus tard. la CIA détectait des rampes de

lancement de missiles nucléaires soviétiques offensifs à Cuba. Dès lors. le gouvernement

américain s'est engagé à mettre un terme a cette menace. Kennedy a convoqué un comité

spicial. appelé le corniri exéctttif: formé de ses principaw conseillers. Ce comité a

ciélibéri dans le plus grand secret pour ne pas alerter I'URSS. car (( rien n'aurait été pire

que d'alerter les Russes avant que les ~tats-unisaient décidé ce qu'ils feraient u6.

' Arthur M. Schlrsinger jr.. Les IOOOjours de Kenne&+. Paris, Dend. 1966. page 712. Ibid. page 7 1.1. ' IM.pqr 7 1.1. 1 Jean Ellrinstein. Lu Ptrkjioidr :les relurions Étars-u~~~~uRSSdepuis 1950, Londreys, 1988. page 145. 5 A. Schlesinçerjr., op. cit., page 771. " Ibid. pages 7 17-7 18.

page 73 Le comité s'est principalement attaqué au problème politique causé par l'affront des

Soviétiques. « Accepter l'installation des missiles soviétiques à Cuba, c'était céder au coup de force soviétique et encourager l'URSS à développer une politique offensive en d'autres points du monde. par exemple, à Berlin »'. Cependant, une opposition à l'installation des missiles risquait de degénérer en afiontement direct entre les deux supergrands. Le dilemme était grave et le temps pressait. Les États-unis devaient profiter du fait que les missiles n'étaient pas encore arrivés à Cuba.

Kennedy a finalement décidé d'imposer un blocus maritime aux navires soviétiques qui transportaient les missiles à Cuba. Le choix de mettre un terme à la crise revenait donc à

Khrouchtchev. La tension entre les États-unis et I'URSS n'avait jamais été aussi grande8.

La Guerre froide était à son paroxysme. Après quelques jours de tension, les bateaux soviitiques faisaient soudainement demi-tour et la crise était passée. Le recul de

Khrouchtchev représentait une victoire importante pour les États-unis. Cette victoire signifiait que I'URSS acceptait. sans le confirmer. le projet de statu quo proposé par

Kennedy concernant la Guerre froide''.

En acceptant le statu quo sous i'angle de l'équilibre des forces en présence plutôt que sous celui de la révolution communiste. Khrouchtchev ravalait non seulement sa dialectique de Vierine mais aussi les déclarations enflammées qu'il avait faites six mois auparavant sur l'évolution historique et inéluctable du monde vers le communisme. IO

1. Elleinstein. op. cil.. page 116. s Jean Hefir. Les EI~-c~~;sde Tnmun ù Bush, Pans. Armand Colin. 1992. page 156.

'' A. Schlesingerjr.. op. cil.. page 796. l O Ibid. page 795.

page 74 D'autre part. le recul des Soviétiques dans la crise des Missiles a permis a Kennedy d'obtenir le type de victoire psychologique qu'il espérait remporter si les États-unis gagnaient la course à la Lune. Ainsi. c'est dans le contexte de Guerre fioide que la crise des Missiles a rendu l'engagement national de Kennedy désuet.

Bret: après la crise des Missiles. le monde bipolaire qui caractérisait la Guerre froide depuis la tin de la Deuxième Guerre mondiale se fragmentait. u La Chine de Mao devient un ennemi irréductible de I'URSS. De Gaulle refuse les projets fumeux de "partenariat

atlantique" ))". Ainsi. après la crise des Missiles, la réalité internationale a pris une nouvelle forme.

La nouvelle réalité internationale

Au cours des années suivant la crise des Missiles, les relations entre les dew superpuissances ont pris un autre niveau. La période de détente était caractérisée par

l'absence d'atliontsment entre les États-unis et I'URSS et par une course a l'influence envers les États du Tiers Monde a partir de 1962". Toutefois. l'enjeu principal de la

Guerre froide ne semblait pas encore être réglé. En effet, la détente ne signifiait pas la fin

de ln course aux armenients nucliaires.

Une détente minimale a permis de contrôler les risques de conflit qui sont inséparables de la coiirse aux armements en phase de compétition. Une détente maximale consacrerait la fin de la course. Le désarmement, impossible a un

II J. Hsîfer. op. cir.. page 1 57. " Stéphane Bernard. Pricis de la Guerrefioide er de l'après Guerre froide :cm carrefour de la Sécurité CklIecrive rr de I~înurchieInrmmtionale. Université Libre de Bruxelles. 1993. page 3 13.

page 75 niveau de menace politique donne. ne saurait être tenu pour impraticable a un niveau de menace inférieur. 13

Selon Stéphane Bemard. la détente ne pouvait conduire a un désarmement de part et d'autre du rideau de fer. II affirme qu'il ne pouvait y avoir de désarmement durant la ditente puisqu'il n'y avait pas d'esprit de coopération entre les États-unis et I'URSS. De plus. Stéphane Bernard croit que les Soviktiques ne pouvaient coopérer avec les

États-unis. car ils n'avaient pas renoncé à u leurs objectifs historiques D'".

Cela ne signifie pas qu'il n'y a pas eu de négociations. Au contraire. durant les mois qui ont suivi la crise des Missiles, les États-unis et I'URSS ont entamé des pourparlers sur l'interdiction des essais nucléaires. Le 5 aoùt 1963. les États-unis ct I'URSS signaient à

Moscou. un traitt d'interdiction des essais nucléaires excepté les essais souterrains. Par la suite. Kennedy &ait exaspiri de voir que !es négociations pour le désarmement n'avançaient pas. Ainsi. voulant raviver L'esprit des discussions qui s'était développé a la suite de la crise des Missiles. le président Kennedy a prononce un discours devant l'ONU

It. 20 septembre 1963.

Dans ce discours. Kennedy a d'abord salui l'amélioration du climat international depuis la crise des Missiles". Puis. il a enchaîné en démontrant sa volonté de voir se développer une collaboration internationale pour le maintien de la paixt6. II espérait que l'arme nucléaire soit mise de côté en échange d'une coopération pacifique afin d'assurer la

I i Ihid.. pasr 106.

II Ihid.. pqe 105. Ir John F. Kennedy. .4Jdress Before the 18th General .&semb!v of the United ~Vafions.New York, 20 septembre 1963. pages 1-2.

page 76 sécurité mondialei7. Kennedy a terminé son discours en affinnant qu'il souhaitait que les premiers pas vers une coopération pacifique puissent se faire dans l'espace. Selon lui, il n'y avait aucune région plus neutre que l'espace pour entreprendre une collaboration d'une telle nature''.

Why. therefore, should man's first flight to the moon be a maner of national cornpetition? Why should the United States and the Soviet Union, in preparing for such expeditions. becorne involved in immense duplications of research, construction, and expenditure? Surely we should explore whether the scientists and astronauts of Our two countries - indeed of al1 the world - cannot work together in the conquest of space. sending someday in this decade to the moon not the representatives of a single nation. but the representatives of al1 of our IV couiitries.

Bref, ci: discours prononcé devant l'Assemblée des Nations Unies ressemblait a son discours du 25 mai 1961 a l'exception Ia proposition d'envoyer un homme sur la Lune qui était d'ordre international. Erlend Kennan et Edmund Harvey croient que Kennedy voulait ainsi dinationaliser son engagement de 1961. (( President Kennedy made a last rittempt to denationalizc the space monster that had been unleashed by his premature

If Ihid. page 5. 1s A. Schlesinçer jr., op. cil.. pase 820. Dans cet extrait. Schiesinçer explique comment la décision d'offrir à l'URSS d'aller sur la Lune dans un contexte de coopération pacifique a été prise. (( Comme d'habitude, nous times nos suggestions au Pksident pour son discours au cours d'une série de réunions. Le secrétaire d'~tatproposa ce qu'il appelait une Alliance pour l'Homme destinde a montrer que l'Amérique. la Russie et les autres membres de l'ONU pouvaient s'associer pour étudier les problèmes autres que politiques : santé, alimentation. productivité agricole. accroissement des ressources. [...] Comme nous commencions B rechercher des formes plus spectaculaires de coopiration, il nous vint a l'esprit de faire des expéditions communes nisso-américaines vers la Lune n. 1 '1 J. F. Kennedy. op. cil.. pages 6-7.

'O 'O Erlend A. Kennan et Edmund H. Harvey jr.. Mission (O (ire hloon, New York, William Morrow & Cie., 1 969. page 83.

page 77 Quoi qu'il en soit. Kennedy semblait considérer que les enjeux ayant donné naissance à la course à la Lune étaient dépassés. Le président estimait que, depuis la crise des Missiles, les circonstances internationales favorisaient davantage une collaboration plutôt qu'une compétition vers la Lune. Mais. le destin tragique de Kennedy allait changer le cours des

événements. 11 a été assassine avant qu'il puisse consolider son nouveau projet.

Le frein de la guerre du Vietnam

Sur la scène internationale, il n'y avait pas que l'amélioration des relations entre les

Etats-llnis et l'URSS qui a ralenti les ardeurs de la course à la Lune. En effet, durant les annies soixante et soixante-dix. la guerre du Vietnam a non seulement provoqué de i1ambreu.u bouleversements sociopolitiques aux États-unis, mais elle a aussi menacé la conquête de la Lune. Depuis l'arrivée de Lyndon B. Johnson à la pr~sidence des

Etats-unis en 1963. la guerre du Vietnam prenait de plus en plus d'importance au ditriment de la politique spatiale. «The competing demands of the Vietnam War prçvented him from doing al1 that he could to advance the American effort in space »".

De plus. cette guerre a compromis le programme Apollo sur le plan des restrictions

budgctaires. (( The heaw NASA spending coincided with the far-larger sums that were suddently needed by the escalation of the Vietnam War in 1965 D". Le budget de la

NASA soutrrait donc des dépenses reliées a la guerre du Vietnam. Concrètement, de

1965 et 1967. le budget de la défense nationale est passi de 50,2 milliards à 60.5

11 -- Roben A. Divine. (( Lyndon B. Johnson and the Polirics of Space ». dans The Johnson Years: Viernam, The Envirorimrnr. und Scicncr. Lawrence. University Press of Kansas, 1987, page 238.

page 78 milliards de dollars". Quant au budget de la NASA, le montant obtenu est passé de 5,2 milliards à 4.9 milliards de dollar^'^.

Finalement. l'enlisement des États-unis dans la guerre du Vietnam a fait en sorte que le programme spatial Apollo n'a pu remplir l'objectif que s'était fixé Kennedy en 1961, c'est-à-dire rehausser le prestige du pays. En effet, tant sur la scène nationale qu'internationale. le prestige américain a été particulièrement affecté par la guerre du

~ietnam". II est fort probable qu'au cours de cette période. l'attention mondiale était pluict orienttie sur les déboires américains au Vietnam que sur les réalisations grandioses de la NASA sur la Lune.

La course à la Lune entre les ctats-unis et I'URSS

Avant d'aborder la course i la Lune sur la scène nationale du côté des États-unis. il m'apparaît important de considérer I'arnpIeur de lbetTort soviétique dans cette course. En effet. il est i se demander si l'URSS a réellement tenté de remporter la course a la Lune et si elle se considérait comme étant un véritable concurrent. Sans quoi. l'expression course ti Itr Lltrw ne serait pas valide. Cette question demeure assez complexe et peut faire l'objet

d'une Stude historique approfondie. Le manque de sources disponibles rend la question

encore plus difticile à répondre. 11 serait donc probablement plus utile de comparer les

.- -'Emma S. Woytinsky. Projile of' rhe C!S. Economy : a Sumg of Growth and Change, New York. Frederick A. Praeger. 1967. page 43 1. '4 Homer Newell. Bqond rhr .-îrmosphere. Washington D.C.. Govenunent Printing Oftice, 1980, page 387. Richard Hunon. The Cosmir Chase. New York. New Amencan Library, 1981. page 201. Dans R. A. Divine. op. cil.. page 138. --7; Ihid.. page 166.

page 79 réalisations amckicaiaes et soviitiques dans l'espace au cours des années soixante en se faisant une représentation ghirale de l'existence et du rendement de la course a Ia Lune.

Avant de présenter les réalisations spatiales des deux supquissançes, il faut considtirer que durant les années soixante, I'üRSS concentrait davantage ses &orts sur sa dkfense que sur la conquête de l'espacex. II semble donc qu'a cette époque, ioüRSSappiiquait plut6t la politique de la prudence comme Pavait prode le pnisidmt Eisenhower dans les années cinquante.

Graphlque 1. La course B l'espace entre les états-unis et I'uRSS~'

Pour analyser l'effort soviétique comparativement à l'effort am&icain dans l'espace, je

me suis servi d'une chronobgie des activités lunaires et interplanétaires disponible sur le

?6 Ibid., page 788. n Ibid.. http:l/nssdc.gsfc.nasagov!planetary/chrono.htmi. site Internst de la NASA". J'ai delibékment mis de côte les progammes de satellites puisque leurs missions n'&aient pas uniquement consacrées a l'exploration spatiale.

L'analyse quantitative de cette chronologie permet de faire des constatations

intéressantes. D'abord. te graphiqiir 1 démontre une nette domination de l'URSS sur les

hts-unis au niveau du nombre d'expéditions lunaires et interplanétaires inhabitées-

D'aiilcurs. I'iinnee 1969 est visiblement l'une des plus importantes.

Tableau 2. Expéditions lunaires et interplandtaires aux etab-unis et en URSS'~ URSS - Mars Lune Vtinus Total Mors Lune Vénus Totai I ' 1, 1, I I I 1 1965 1 1966 1967 1 1968 i 1969 1 Total

Le i~ihlëciir 2 dévoile encore plus d'informations intéressantes. Entre autres,

rernarqur. que le total d'activités lunaires et interplanétaires inhabitées soviétiques est

presque deus fois plus devé que la somme des activités américaines. Cette domination

soviitique peut s'expliquer par le fait que l'objectif ultime des Américains dans l'espace

28 Williams R. David. Chrunuiogy oj'lunar und Planerun? Erplorariun. National Space Science Data Cznter. hnp:~inssdc.gsfc.nasa.goviplrtnrtary:chron~.htmlVoir ta compilation des missions lunaires et inrerplan&aires en annexe.

page 8 t au cours des années soixante était d'envoyzr un homme sur la Lune. Or, un tel objectif exigeait beaucoup de recherche et de préparation, de sorte que le nombre de missions

lunaires et interplanétaires américaines devait être plus limité qu'en URSS. En effet,

avant la mission Apollo 11, 90 % des missions habitées de Mercury, Gemini et Apollo

étaient des expéditions en orbite terrestre pour des fins de recherche. De plus, les

missions habitées exigeant une plus grande précision compte tenu des risques de perte de

vies humaines tr& élevés. le nombre d'expéditions était encore plus limité.

D'autre pan. la répartition des activités lunaires et interplanétaires etait plus importante

dans le camp sovietique : 64 % des missions visaieni la Lune contre 11 % Mars et 25 %

Vtinus. Aux ~tats-unis. les missions lunaires et interplanétaires se concentraient

davantage vers la Lune dans un rapport de 83 % contre 10 % pour Mars et seulement 7 %

pour VCnus. La concentration de I'etTon américain vers la Lune est compréhensible si on

considère l'engagement de John F. Kennedy en mai 1961.

Toutefois. r'st-il possihle de parler d'une course la Lune entre les États-unis et l'URSS?

Est-ce que l'Union soviétique constituait réellement un concurrent actif dans cene

course? Le gr~~phiqlirr2 dimontre que l'URSS était plus active au niveau des expéditions

vers la Lune. En effet. à pafiir de t 962. seule l'année 1967 a connu un plus grand nombre

d'expeditions améiicaines vers Ia Lune. Donc, l'Union soviétique avait une nette

domination sur les États-unis en ce qui concerne l'exploration lunaire. Graphique 2. La course A la Lune entre les 6tab-unis et l'URSS, 19s-196p

Cependant, est-ce que l'URSS disirait vraiment envoyer un homme sur la Lune? Mime si la question demeure encore ambiguë, il reste que durant les années soixante, les

États-unis avaient une crainte défendable de voir IWRSS remporter la course a la Lune.

Par exemple, en septembre 1968, la sonde soviétique Zond 5 a effe~hiéune expédition en orbite lunaire à une distance de 1 950 km de la surface avant de retourner intacte sur la

Terre, amerrissant doucement dans l'océan indien le 21 septembre3'. Selon

Henry Lambright, la mission Zond 5 signifiait pour la NASA que WRSS envisageait

30 Ibrd., hup:~~~~~~d~.g~f~.nasagov/planetarylchrono.hml. 31 Ibid.. hnp://nssdc.gsfc.nasagov/c~-bin/databaser'~w-nmc?68-076A prochainement d'envoyer des hommes en orbite lunaire. La situation était teilement critique que la NASA a prkcipité le lancement de la mission Apollo 832.

Également, la mission soviétique 15 constitue un autre exemple démontrant la crainte des États-unis de perdre la course à la Lune. En effet, quarante-huit heures avant

1s décollage d'Apollo 11. l'URSS a lancé sa sonde Luna 15. Les Américains craignaient alors que l'Union soviétique leur ait réservé une surprise avec cette sonde lunaire.

Pourtant. les Soviétiques avaient rassuré les dirigeants américains en affirmant que

Luna 15 n'allait pas entraver la mission Apollo 1 lJ3. Toutefois. bien que I'effort soviétique vers la Lune parût important. il demeure que l'URSS n'a jamais eu l'intention d'effectuer d'expidition habitée vers la Lune.

En considérant l'effort soviétique. il semble évident pour l'observateur d'aujourd'hui que la course i la Lune itait gagnée d'avance pour les États-unis. Mais. à cette époque, la réalité paraissait tout autrement aux yeux des -4méricains. Par exemple. le contexte de la

Guerre froide nc permettait pas aux dirigeants américains d'être informés de façon précise sur les activitis spatiales soviétiques.

Bref, depuis la crise des Missiles. l'engagement de John F. Kennedy avait perdu son rôle principal à l'échelle internationale. De plus. la deuxiéme partie de ce chapitre démontre que le domaine spatial avait perdu de l'importance sur la scène nationale.

;7 '- Henry W. Larnbright. Powrring .4pollo: Jumes E. Webb of :VASA. Johns Hopkins University Press. 1995, page 100. Apollo 8 avait pour mission d'envoyer des hommes en orbite lunaire. Ainsi, à NMl 1968. tel que l'avait imaginé Jules Verne un siècle plus tôt. trois Américains etaient en orbite lunaire à bord de la capsule Apollo 8. - - '' And&Jean Tudesq. Lo presse et 1ei.énement. Mouton - Paris - La Haye, ~colePratique des Hautes tud des and Mouton tk Cie.. 1973. page 86. La couru iIr Lum aur k rdm ~tionrk

Le mécontentement farandkant du Connrès

Dans les années soixante. l'un des principaux freins a la politique spatiale américaine itait le Congrès. Les événements à l'échelle internationale tels la crise des Missiles, l'amélioration des relations avec l'URSS et surtout la guerre du Vietnam incitaient le

Congrès a considérer qu'une course à la Lune était futile et moins nécessaire.

James Webb. l'administrateur de la NASA, avait remarque cette diminution de l'appui politique envers le programme Apollo au cours des années soixante. It became clear thrit some of the people who had supponed us in the tirst wave of enthusiasm began to sriy. "Well. you know. this is pretty expensive and I'm really for the militas, program, 1 don? know that 1 can stay with you." D~~

Dis 1962. Ir: Congres a effectué ses premières coupures budgétaires pour la NASA concernant l'année tiscale 1963". En fait. le graphique 3 démontre que ce n'est qu'en

1967 et 1964 que la NASA a obtenu un budget plus important que celui qui avait été demandé.

:J Joseph Taiarewicz et al.. Entrnws rnw Jumes E. Webb, Washington D.C.. 10 septembre 1985. cassette i . côte i . ;5 E. A. Kennan et E. H. Harvey jr., op. cir.. page 87. Graphique 3. Demandes budgdteires venus le budget obtenu par la NASA, f 962-19W

Quant au tableau 3, il dhnontre que les coupures budgétaires les plus importantes étaient croissantes au cours des années 1960. Ce tableau indique clairement que le programme

Apollo avait de moins en moins d'appui de la part du Congres. Par exemple, en 1969, la

NASA a reçu 483 441 000 $ de moins que Ie budget demandé. Pour préciser la valeur de ce montant, ii suffit de mentionner qu'à la même année, la NASA a investi 534 453 000 $ uniquement pour le développement des fusies Satum V.

j6 David Compton, Where No Man Hus Gonr Before: A History of Apollo Lunar Explorniion Missions. NASA S-P 421 4, 1989, httpjlwww. hq.nasagov/oEcdpaoMistory/SP-42I4lappt.html. Tableau 3. Les plus fortes coupures budgltaires de la NASA dans les années soixante Année Coupure Pourcentage

Les coupures budgétaires des annies soixante étaient tellement importantes pour le programme Apollo que Ifalunissage d'un homme, prévu pour 1967 par la NASA, a été remis à 1969'-. Cette date aurait pu être repoussée au-delà de 1970 si Johnson n'avait pas

L-tti président. En et'fsr. devant les coupures budgétaires de la NASA, deux possibilités s'offraient i Lyndon B. Johnson : soit qu'il reportait I'alunissage du premier Américain ais annies 1970. soit qii'ii annulait une grande partie des programmes spatiaux prévus aprk Ir: programme 11pollo;'. Lyndon B. Johnson était tellement attaché à l'engagement qu'rivait pris Kennedy en mai 1961 qu'il était prêt à sacrifier les projets futurs dans l'espace. « He would do sverything he could to advance that goal through Project Apollo, cven if it meant sacriking vital tirst steps toward more ambitious space ventures n'".

En hic. tout au long des annks soixante. Johnson a basé sa politique spatiale sur

I'cngagernsnt de Kennedy : << If we are io go only half way, or reduce our sights in the

face of dit'frculty. in my judgment it would be better not to go at a11 1)40. Toutefois,

Johnson oubliait probablement un aspect du discours du mois de mai 1961 voulant que le

.- ' E. A. Krnnrin et E. H. Hanq jr., op. çit.. page 89. :II Schultze to Johnson. Il et 14 aoüt 1967. WHCF. Ex FI UFG 760. box 30. Webb to Johnson, 10 août i957. WHCF. Es FI 4;FG 100. box 19. Dans R. A. Divine. op. cil.. pages 343-244. :'i Hornig to Johnson. Dec. 12. 1966. Donald Homig papers, box 4. Welsh oral history. page 3 1. Dans ibid., page 23 7.

JO John F. Kennedy. Speciul Message fo ~hrCongreirs on Urgent Na~ionalNeedr. 25 mai 1% 1. page 10.

page 87 programme lunaire n'encoure pas de sacrifices trop importants pour h nation américaine'". Pourtant. le programme Apollo a représente une dépense substantielle pour

les États-unis. soit environ 20.5 milliards de dollars". Le rableau 3 dérnonve également que. de 1966 à 1969. les dépenses de la NASA étaient plus importantes que le budget qui

lui etait accordi.

Tableau 4. The United States Space budget, 195969 (in S millions)* Appropriations for NASA Expenditures by NASA 305.4 145.5 1960 523.6 f 40 1 ,O 196 1 I 963.0 7343 ! i 1 ,962 j 1 814.9 1 757.0 1963 3 673.0 1 557.4 5 099.7 4 171.0 5 349.7 i 5 092.9 5 174.9 5 933.0 1967 4 967.6 5 475.7 1 968 4 588.8 4 723.7 - 1969 3 990.9 4251,7 Ainsi. ces coupures budg2rairt.s démontrent que le Congres etait de moins en moins

attach; a la conqut3o de l'espace au cours des années soixante. Selon James Webb. c'est

seulement après le succis d'Apollo 8 que le Congres a recommencé a s'intdresser aux

progrrimines spatiaux. (( Congress was getting tired of tbis problem. After Apollo 8 there

W~Srnuch more interest )t4.

4 I Ihid.. page 12. 4 l Kim Disrnukes. .V.:.-IS.4 Spdcr Hisislo~.NASA. 1999. hnp-~/nssdc.gsfc.nasa.gov/cgi-binldatabasekvw- nms?69-059.4. 4 .: Tnnscriprion inteple du tableau. H. Newell. opt. cir.. page 382. R. Hutton. op. cir., page 301. Dans R. A. Divine. op. cil.. page 733. 41 Joseph Tmrerviçz et al.. op. ci^. cassette 1. coté 2. L'opinion publique de moins en moins favorable au Drwramme A~ollo

Au cours des années cinquante et au début des années soixante, I'opinion publique ne s'objectait pas aux dépenses relatives à la conquète de I'espace. Par contre, au cours des années soixante. les Américains ont commencé à s'opposer aux programmes spatiaux puisque ceux-ci avaient des dépenses trop considérablesJs. De plus, l'opinion publique croyait de plus en plus que la menace soviétique dans la course à la Lune diminuait de sorte que I'intirSt pour la conquête de I'espace perdait de l'ampleur à mesure que l'engagement de Kennedy se realis3itJ6.

Graphique 4. Évolution de l'opinion publique envers les programmes spatiaux, 196~-1976~~

15 Robert Jastrow et Homer E. Nrwell, (( The Space Pro-enm and the National lnterest D, Foreign Affairs. 50 (April 1977). page 537. fh Ibid. page 53. 4: Ihid.. page 90. En termes plus concrets. le graphique J démontre qüe jusqu'en 1967, l'écart entre les opposanis aux programmes spatiaux et ceux qui étaient favorables s'était creusé progressivement. La proportion d'Américains en faveur des programmes réduisait tandis que cc.llc des Americains qui étaient défavorables était en hausse4'.

L'argument principal des opposants aux programmes spatiaux était le gaspillage d'argent.

En janvier 1967. les adversaires au programme Apollo avaient un auire argument imponani. il s'agit de I'accident d'Apollo 204". Ainsi, les pertes de vies humaines reprisentaient un facteur important expliquant l'augmentation de l'opposition a l'esplora~ionspatiale. et cc. meme si cette raison n'a pas été révélée dans les sondages5'.

Selon le sinatrur Mondale. l'attitude de la NASA a la suite de la catastrophe d'Apollo 204 a provoqu6 une perte de confiance de la part du Congrth et de l'opinion publique envers l'agence spatiale". De plus, cette tngidie a remis en question le besoin de vaincre l'URSS

JX Iierbcrt E. Krugman. (( Public Anitudes Toward the Apollo Space Program. 1965-1975 », Journal of' COntmuni~~uriot~.17 (automne 1977). page 87. 1') tleriry W. Lambright. op. cir.. pages 143-1-84. Le 17 janvier 1967. les trois membres de l'kquipage d'tlpollo 1 ont peri asph?siCs dans la capsule Ion d'une seance d'essais au sol. Le feu s'dtant déclaré sous l'lin des astroiiautes. I'iquipagt: n'a pu sortir à temps. D'importantes modifications ont étC apportées aux capsulcs spatiales a la suite de l'accident. notamment la réduction du taux d'oxygene dans I'habitacle. La K.il\SA n'a pas artribu2 l'adjectif numéral I d la mission étant donné qu'elle n'a jamais eu lieu. On appelle ctt accident .4po/Io 104 puisque cette piriode d'essais au SOI s'appelait ainsi. il1 H. E. Kruginan. op. cir.. page 92. i 1 E. A. Kennan et E. H. Harvey jr.. op. rit.. page 45. Mondale denonçait ie manque de sécuritk des astronautes dr la NASA ci reprochait i l'agence spatiale de ne pas avoir pris en considhtion le rapport Phillip de t96j qui faisait des recommandations en matikre de sécuritk. Bref. la tragédie d'Apollo 104 a donnti lieu à un débat politique important menant en jeu le progamme Apollo. Findement, c'est la North American. l'une des plus importantes compagnies sous-traitantes du programme Apollo, qui a reçu le blimc. dans une course à la Lune. « There was increasing skepticism about the need to kat the

Russians to the nioon H".

II a fallu attendre les missions Apollo 7 et surtout Apollo 8 pour que l'enthousiasme du public reprenne de la vigueurs3. Les informations du graphique 4 permettent d'exprimer la même idée. Par contre. le graphique démontre que l'enthousiasme des Américains pour le programme Apollo &ait quand même limité. D'ailleurs. il semble que le public a simplement laissé la chance à la NASA d'accomplir sa mission d'envoyer un homme sur la Lune pour esiger ensuite une diminution de l'effort américain dans l'espace. En effet, aprés Iri niission Apollo 11. on remarque une hausse radicale de l'opinion publique en désaccord avtc le programme Apollo. Plus de 40 % des Americains ont maintenu cette opinion jusqu'3 la fin du programme.

Comment le prosramme A~olloa-t-il pu se rendre A terme?

!,a survie du programme Apollo au cours des années soixante est sans aucun doute attribuablr aus et'fons de James Webb. A chaque année. Webb tentait d'obtenir le niminiuni de crédits en conjuguant ses qualitks d'administrateur et de politicien dans les coulisses du Congres. II riussissait à obtenir l'appui politique des membres dii Congres en idedisant Ir: progrimmç Apollo. .4 chaque fois qu'il défendait ce programme spatial, il le faisait dans les termes politiques établis par Kennedy en 1961. « He was very pragmatic about the program. and he also talked about the importance of the program in

'' Jirn Jones to Johnson. 17 janvier 1967. President's Appointment file. box 53. Bob Fleming to Johnson, 78 janvier 1967. WHCF. Es OS 4-1. box 8. Wilford, Wr Reach the Moo~i,pages 119-133. Dans R. A. Divine. op. ci!.. page 753. 5: E. .4. Kennan et E. H. Harvey jr.. op. cif.. pages 59-60. ternis of national purpose and national prestige and our place in the world )b5'. Robert

Gilmth affirmait même que Webb outrepassait les propos de Kennedy lorsqu'il protégeait

le programme Apollo. (( He sold the program on the fact that it not only gave us high prestige, but it raised Our statu5 in technology to where we would be a much richer nation. He was right. That was a great era for leaming in al1 kinds of technology

L'un des exemples les plus importants démontrant que James Webb a été le promoteur le plus déterminant du programme est lorsqu'il a démissionné en octobre 1968. En effet, sa dhission etait principalement une tactique pour servir la cause de l'engagement de

Kennedy. Cette dicision a été prise a la suite de la déclaration de Lyndon B. Johnson qui avait exprime Ic désir de ne pas se présenter aux élections de 1968. Les deux candidats prisidentiels de ces ilections. soit Hubert Humphrey et Richard Nixon, n'étaient pas vraiment cordiaux avec James Webb. Par conséquent. ce dernier craignait que cl'ivt.ntuels contlits avec IF: nouveau président allaient mettre le programme Apollo en pirili". En démissionnant. Webb savait que t'agence spatiale ailait perdre son orientation panisane. La NASA avait alors plus de chance d'atteindre son objectif avant 1970.

Webb thouglit that \cith Paine. a nonpolitical technocnt. in charge, even Nixon iniyht ketp the NASA leadership intact, at least until aAer the moon landing. If al1 wnt well with .Jpollu 7 and .4pollo 6, the lunar landing would be only months awaj whrn the ne\\ president took control. He probably would fell great pressure

il John Maurr. Enrrt?.ire.v mec Brian Dufl: National Air and Space Museum. 14 avril 1989. cassette 1, c8tC 1. Brian DUR était. à l'époque. à la tGte des affaires publiques du iClarshull Space Flight Cenrer, aujourd'hui appelé le Johnson Spuçr Ctrn~er. '' Drivid Devorkin et al.. Enfr~~uesmec Robm Giinrrh. National Air and Space Museum. 2 mars 1987, cassette 1. coté 1. 50 II. W. Lambright, op. cd., page 700. not io disrupt the program. if were going well, and there was someone in charge who was noncontroversial in a political sense."

Bref, bien que Lyndon B. Johnson ait été l'un des principaux instigateurs du programme

Apollo ail début des années soixante. c'est James Webb qui a véritablement permis a la

NASA d'atteindre le but fixé par Kennedy huit ans plus tôt. Ce n'est pas que Johnson ne croyait plus au besoin politique de l'engagement de Kennedy. Au contraire. jusqu'à la fin ds son mandat présidentiel. Johnson a été un défenseur important du programme Apollo.

Cependant. la situation des États-unis devenait de plus en plus critique vers la fin des annits soisante notamment en ce qui concerne la guerre du Vietnam et le climat social.

Cette dtWioration de la conjoncture politique a donc occupi Johnson jusqu'à la fin de son manddx. Ainsi. Ic prisident ne pouvait plus difendre le programme Apollo avec autant d'ardeur qiie lorsqu'il etait sénateur. puis vice-président.

Avec autrint de réactions nigatives a l'égard du programme Apollo. il est permis de se dcmatider si l'objectif J'.i\pollo avait encore une nicessité politique. En 1968, James k'ebb &ait convaincu que le programme Apollo était toujours indispensable pour les hts-~nis"'.Selon lui. Ic. pays avait besoin d'un projet duquel la population pouvait être tit;rr: puisque les États-unis connaissaient la pire annie au Vietnam et le projet de Grea

Socmirtvde Johnson conimençait i perdre de la vigueur.

5 - Aiid.. page 200. 5% Ihid. page 192. il)Ihid.. page 191. Ainsi. en ccite année plutot désastreuse de 1968. grâce à la mission Apollo 8, la NASA a r6ussi à redonner un peu de prestige à la nation américaine. L'agence spatiale avait st'tectivemsnt décidé de terminer 1'annPe par un exploit favorisant le prestige national, c'est-a-dire realiser la mission Apollo 8". Après cette mission, les Américains étaient de plus cn plus motiv~sde voir le défi Kennedy prendre forme. Toutefois, cette motivation ressemblait davantage à un soulagement qu'à une fierté nationale.

6u IhiJ.. page 198. Conclusion

.;\ cette Ctape-ci. il est important de revenir sur les principau~points de l'histoire de la politique spatiale amiricaine entre 1953 et 1969. En effet. un retour rapide sur les concepts essentiels de cette trame historique s'impose afin de répondre clairement à la problimatique 6noncie en introduction. Ainsi, l'histoire de la politique spatiale anléticaine entre 1953 et 1969 se divise en trois etapes chronologiques. Chacune de ces

tripes correspond a iinc perception precise du rôle de la conquête de l'espace dans la politique ails Etats-unis.

Enirc 1953 ct 1960. Iü politique spatiale d'Eisenhower htait principalement fondée en lonction de sa conception du rôle d'un président américain. En effet, tout au long de ses drus mandats présidentiels. Eisenhower a adopté un ton modérateur dans l'administration de son gouvernement. Sur la scéne spatiale. il faisait face à une meute de militaires et de scientiliqutrs esigtrant un investissement draconien du gouvernement américain dans la conquzte de l'espace. Le président s'opposait a ce que les États-unis s'engagent aussi tintrrgiquemtrnt dans le domaine spatial ce qui entrainaient parfois de drôles de contradictions. Ses principaux arguments Ctaient d'abord qu'il ne souhaitait pas que les

États-unis gaspillent trop d'argent dans une exploration spatiale essoufflante.

Deuxicmement. mSme si Eisenhower espérait contenir le communisme, il ne voulait pas affronter inutilement les Soviétiques par un développement balistique terrorisant. En fait. le président désirait plutôt se doter d'un armement défensif considérable que de voir son pays prendre le leadership de l'espace.

Toutefois. la politique spatiale d'Eisenhower a fait l'objet de critiques importantes depuis le début de l'ère spatiale. Ces critiques ont amené le gouvernement Kennedy à augmenter la cadence dans ce domaine. Les annkes 1961 et 1962 ont donc été marquées par une conception dit'f'érente du rôle de la politique spatiale au sein des États-unis. L'effort spatial devenait alors une solution pour rehausser le prestige politique américain tant a l'échelle nationale qu'à I'Schellc internationale. Cet effort s'est traduit par l'objectif d'erivoyer un honimt. sur la Lune avant 1970. lequel est devenu l'engagement national de

Kcnncdy.

Cependant. le prisident Kennedy n'avait pas prévu que la réalité nationale et

internationale allait changer considérablement en neuf ans. Sur la scène internationale, le changement de contexte a débuté en 1962 avec la crise des Missiles. Cette dernière a amené une amélioration importante au niveau des relations entre les États-unis et

l'URSS. D'autre pan. l'enlisement des Américains dans la guerre du Vietnam a aussi

changé l'ordre international au cours des années soixante. Cette guerre était de plus en

plus critiquée par l'opinion mondiale de sorte que le prestige des États-unis a été

bnitalcment at'fecté. Dans un sens. la guerre du Vietnam est devenue l'antithèse du

programnit: Apollo.

Sur la scène nationale. le Congres et l'opinion publique s'opposaient de plus en plus au

programme Apollo. Cette opposition était non seulement justifiée à cause de la guerre du

Vietnam. mais aussi à cause des dépenses importantes que le programme spatial exigeait.

En Janvier 1967. un événement plus concret a compromis davantage le programme Apollo. En faisant des essais radios au sol. les trois astronautes de l'équipage d'Apollo 1 ont péri asphyxiés à cause d'un feu qui s'était déclaré dans la capsule spatiale. Cette catastrophe a provoqué une remise en question des motifs politiques qui justifiaient les risques pris dans l'aventure d'envoyer un homme sur la Lune.

Bref. le changement de la réalité politique de 196 1 a eu pour conséquence de modifier les enjeux de la course à la Lune. Le personnage qui l'a probablement mieux compris est

John 1:. Kennedy. L'exemple le plus important a été son discours prononcé devant

I'.4ssernblcr des Nations Unies en septembre 1963. 11 a ouvertement affirmé que le nouveau contexte international ne se prctait plus à la course vers la Lune. II croyait plutôt que la conquète de l'espace &ait devenue une solution pour combattre la Guerre froide par les possibilités qu'otfiait une coiiaboration internationale dans ce domaine. En d'autres termes. il semblait vouloir réitérer l'engagement national de 1961 mais cette fois-ci à l'échelle internationale. Ainsi. l'urgence de mettre un terme ri la Guerre froide a\.ait pris ilne place plus importante aux yeux de Kennedy en 1963 que ses convictions nationalistes de 196 1. Cependant. sa mort prématurée l'a certainement empêché de promouvoir cette idée plus profondément.

Comme les ivinements l'ont démontré. les États-unis ont été les premiers a envoyer un homme sur la Lune. II est indéniable que la mission Apollo 11 a rempli avec succès l'engagement national de Kennedy. Toutefois. est-il possible de parler d'une victoire?

Est-ce que les États-L.inis ont réussi a gagner les enjeu du défi de Kennedy avec la marche sur la Lune de .4rmstrong et de Aldcin'?

page 97 En tenant compte du contexte dans lequel le programme Apollo s'est réalisé. je crois que

les ktats-unis n'ont pas pu atteindre l'essence même des objectifs du défi Kennedy. La

raison principale de cette affirmation est que la réalité de 1969 Stait trop différente de celle de 1961. .4vanr de revoir chacun des objectifs de Kennedy dans leur propre

perspective. il faut se rappeler que mzme si le président avait lancé le défi d'envoyer un

homme sur la Lune avant IWO, il espérait que ce défi puisse être relevé en 1967.

Tout d'abord. le but principal du défi de Kennedy était d'augmenter le prestige national

des Américains tant sur la scène nationale qu'internationale. Cependant. je ne crois pas

que la mission Apollo 1 1 a donné plus de prestige aux États-unis puisque la guerre du

Vietnam a annule. voire mime détériore I'etfet que devait produire l'expédition sur la

Liinç.

D'niitre part. je pense que les États-unis ont atteint de façon incontestable l'objectif de

prendre le leadership technologique. que ce soit pour des raisons scientifiques ou

militaires. Eii ce qui concerne les vols spatiaux habités. les Etais-unis ont nenement

domin2 I'linion soviitique. En etTet. au début des années soixante. la présence de

l'homme dans l'espace était au centre de la conception de l'exploration spatiale. Le

roman 2001 :I'ot!\:vsCe de 1 'espace d'Arthur C. Clarke. écrit dans les dessoixante, est

un esemplc. intirmant de cette conception voulant que l'homme soit présent pour étudier

directement l'espace. Pour y miver. les États-unis ont dii mettre au point une

technologie balistique des plus sophistiquées au cours des années soixante. Toutefois, si

on se tie a la quantité de sondes lunaires et interplanétaires lancées au cours des années

soixante. l'URSS semblait avoir pris une alternative moins coûteuse. plus efficace et

sunout moins dangereuse. Cens façon de procéder par des sondes inhabitées était certes

page 98 nioins glorieuse et peu spectaculaire. mais tout de même avant-coureur pour l'époque. En effet. depuis Apollo. les Américains ont adopté cette façon de faire afin d'explorer le systeme solaire. Cependant. il faut limiter la critique de cet objectif puisque son but

n'était pas nicessairement d'utiliser l'homme dans l'espace pour des fins exploratoires,

mais plutôt pour I'intiret que ces expéditions spectaculaires suscitaient.

TroisiGmenient. l'un des objectifs les plus importants du défi Kennedy était d'envoyer un

liommc. sur la Lune avant I'URSS. En 1961. l'esprit de la course a I'espace pouvait justitier l'engagement national en ce sens. Toutefois. au cours des années soixante. la

course à la Lune perdait de plus en plus son iclat avec I'essoufTlement de l'URSS dans le

doniaine spatial. .-1 la limite. on peut avancer que cet objectif aurait pu être atteint si la

preiiiitirt' iiinrche sur la Lune avait eu lieu en 1968 plutôt qu'en 1969. En etTet. en 1968.

nus ~CUSdes Arnéricdins. I'URSS semblait encore fkroce dans la course a la Lune tandis

qu'cn 1969. l'effort soviétique leur paraissait de plus en plus symbolique. Comme il a été

question dans le troisiéme chapitre. les missions Zond 5 en 1968 et Luna 15 en 1969

dtimontrent bien cette diffirence de perception.

Quant à l'objectif personnel de Kennedy dans son dtfi national. il est évident qu'il n'a

pas éd atteint. Cet objectif consistait à cil que l'alunissage d'un homme puisse servir de

prestige personnel pour la carriére de Kennedy. Évidemment. a cause des circonstances

tragiques. Kennedy n'a pas pu voir un homme marcher sur la Lune de son vivant. En

outre. il espirait que son déti soit relevé avant la fin d'un second mandat s'il était réélu en

1964. Mais 15 lin de ce second mandat devait être. au plus tard. en janvier 1969. Ainsi.

dans la perspective de cet objectif. la mission Apollo II avait six mois de retard. A la

limite. mime si Kennedy espérait que ce soit un président démocrate qui accueille les

page 99 preniiers conquérants de la Lune. c'est Richard Nixon. un républicain, qui a accueilli

I'Cquipage d'Apollo 11 en tant que président des ~tats-unis.Donc, cette expédition

lunaire n'a même pas pu servir de propagande partisane.

Finalement. l'atteinte de l'objectif de la création d'emplois et de la lutte contre le chhinagr et la récession est difticile à évaluer étant donné la quantité de détails d'ordre iconomiqiie à considirer. Une étude de I'explomtion spatiale américaine dans un contexte iconomique national serait probablement en mesure de répondre à cette question. On

peut tout de meme aifimer que le programme Apollo a indéniablement nécessité un

invcstissernt.nt ma.jeiir de la part du gouvernement américain dans l'économie nationale.

En tit1i.t. pour tàire marcher un homme sur la Lune. les Etats-unis ont dû investir douze

fois plus que pour le diveloppement du projet Manhattan'. En huit ans. la NASA a

dkpsiid 24 milliards de dollars pour les programmes spatiaux et a donné de l'emploi à

plus de 300 000 personnes'.

Jusqu'à maintenant. la présentation do chacun des objectifs de l'engagement de Kennedy

semble conircdirc nion hypothèse. II est vrai quo plusieurs objectifs ont été atteints. Si on

rrvicnt a I'lipothése initiale. j'esiimais que les objectifs politiques de l'engagement de

John F. Kennedy n'ont pas été atteints avec La mission spatiale Apollo 11. Ainsi, il faut

considkrer que les objectifs atteints avaient un impact politique relativement mineur.

r\utrcrnrznt dit. l'enjeu politique principal du défi de Kennedy. le prestige national, n'a

pas AC nettement gagne. La gloire des Américains a travers la mission .Apollo 11 n'a pas

l Le projet Manhattan &ait Ir projet de développement d'une bombe atomique durant la Deusikme Guerre mondiale atin de mettre un terme plus rapidement A cette guerre.

' Jean HetTer. Le's EIU~.Y-L~IIISde Truman a Bush. Paris. Armand Colin. 1997, page 15.

page 100 été célébrée autant qu'elle aurait pu l'être. Cette constatation s'appuie sur la présence de ce que j'appelle I'unrirhése du programme Apollo qui a été l'une des plus grandes humiliations de l'histoire des ~tats-unis.soit la guerre du Vietnam.

En s'adonnant à une analyse symbolique de la mission Apollo 11, on pourrait tirer la msme conclusion mais d'une manière presque satirique. En effet, en envoyant un homme sur la Lunc. Kennedy at2irmait que ce ne serait pas seulement un homme qui irait sur la

Lunc mais la nation entière. (( It will not be one man going to the moon - if we make this judgnitmt aî'tirmatii~ely.it will be an entire nation v3. Toutefois, lorsque Armstrong a t'ait

ses premiers pas sur la Lune. il posait ce geste non pas au nom des États-unis mais au

noni de I'humaniti. II sut13 de se rappeler sa phrase célébre : (( C'est un petit pas pour

l'homme. mais un bond de giant pour l'humanité n. De plus. Neil Armstrong et

Edwin Aldrin ont laisse deus objets symboliques sur la Lune : une plaque métallique

mvée et un drapeau américain. Sur la plaque était inscrit : (( here men from the planet L

Earth tîrst sct foot on the Moon July 1969. -4.D. We came in peace for al1 mankind ».

Ironiquenient. cette plaquc est toujours intacte sur la Lune. Quant au drapeau américain,

il a i-té détruit lors du dicollage du module iunaire d'Apollo 11. Les astronautes n'avaient

pas pris la prCcauiion de le planter loin du vaisseau. Bref. le séjour du premier drapeau

aniiricain sur la Lune n'a tnsme pas duré une journée.

Si on tente d'inscrire le d6fi de Kennedy et le programme Apollo dans un schème

esplicatit' théorique. je crois que les concepts de Koselleck s'y prêtent très bien. En

' John F. Kennrd-. Sprricil .I!essup ro rhr Congren on Urgent National Needs. 35 mai 196 1. page 10.

page 101 analysant l'histoire de la politique spatiale américaine dans les années cinquante et soixante. Koselleck s'exprimerait probablement en termes de champ d'expérience et

(1 'horizon d'c~f/enteJ.Pour rappeler brièvement ces concepts, le champ d'expérience d'un objet historique est l'amalgame de toutes les connaissances et cmyances de L'objet en question selon le cadre spatiotemporel dans lequel il est étudié. Ce que Koselleck appelle l'horizon rl'irtrente de l'objet historique est l'avenir anticipé par le personnage en fonction des présages imaginés à l'époque où il est étudii. Autrement dit, l'horizon d'attente d'un personnage historique s'itudie en dépit de son avenir réel.

L'objet de ce travail est un bon exemple pour effectuer une analyse explicative selon ces concepts. En effet. les decideurs du défi Kennedy n'envisageaient leur horizon d'attente qu'en Soncrion de leur champ d'experience immédiat. On peut aftimier que L'horizon d'attente du président Kennedy dans son défi comportait probablement trop d'éléments de la réalit; de 1961 pour que Iri mission Apollo 11 produise l'effet escompté. Le défi

Kennedy impliquait des enjeux trop nationalistes pour ce voyage lunaire digne d'une odysstk ipique. Kennedy avait lancé son défi selon le principe qu'aucun projet n'est irtérilisable. CL' principe appliqué au programme Apollo implique un rationnement iniportant dom la conjoncture a ité ébranlée par la guerre du Vietnam au cours des années soixante. Brd. l'horizon d'attente et la mission -4pollo 11 avaient une divergence trop grande pour at'firmer que le défi a été relevé au niveau politique.

Le deu'iikme chapitre a démontré que James Webb était le seul personnage sensible aux pcissibilitis infinies de l'horizon d'attente lors de la prise de décision d'envoyer un

1 .4ntoinr Prost. Dutcr 1rqott.s sur 1 'histoire.Seuil. 1996, pages 18 1 et 185.

page 102 homme sur la Lune. II redoutait une diminution de l'appui politique envers l'engagement des États-unis dans une course 3 la Lune. Également. l'échéancier du programme Apollo lui paraissait trop étroit malgré les prévisions des ingénieurs de la NASA. Seton lui, les conséquences politiques de l'engagement étaient trop importantes pour se fixer un schiancier aussi restreint. Bref, Webb paraissait être le seul des dtcideus a douter raisonnablement de la réussite du défi d'envoyer un homme sur la Lune.

Avant de terminer. il faut tout de mSme accorder aux ~tats-unisle mérite d'avoir réalisé, rivcc le programme Apollo. une œuvre importante demontrant la grandeur de l'humanité.

AU se111 des Etûts dimocratiques. les politiciens qui initient de tels projets font souvent

iice i deux obstacles majeurs : le temps et les coûts. Le système politique américain n'est

pas conçu pour que des politiciens hypothkquent ainsi la société par de tels projets. Par

contre. le conteste des années cinquante et du début des années soixante était

particiiliirenient lavorable pour le programme Apollo. Mais ces circonstances favorables

ont considkrablemsnt changé à partir de 1962. notamment avec ce que j'appelle

I'aniithCsc. du prograrnnir: Apollo. c'est-à-dire la guerre du Vietnam. Cette dichotomie

entre le programme Apollo et la guerre du Vietnam est peut-être plus importante qu'on le

croit. Une analyse comparative de ces deux moments forts de l'histoire des États-unis

serait sans aucun doute intéressante et constituerait un complément aux observations de

ce travail.

D'autre part. ce travail s'est particulièrement concentré sur le contexte général de la

politique nationale et internationale de I'histoire spatiale des États-unis. Ainsi. ceite

distinction constitue une limite aux conclusions qu'il est possible de tirer. Une analyse

page 703 plus pousser: de la course à la Lune entre les ~tats-uniset l'URSS représenterait un atout important dans !a compréhension de la politique spatiale américaine. D'autant plus qu'on ne peut Ctudier l'histoire spatiale américaine sans considérer l'histoire spatiale soviétique.

Finalement. sur la scène nationale. d'importantes recherches pourraient être faites pour renchérir l'analyse de ce thème historique encore peu exploité. Par exempk, une étude

6conomiquc et socioculturelle de l'histoire des États-unis des années cinquante et soixante constituerait un avantage majeur à la compréhension de i'histoire spatiate antkricrtine entre 1953 et 1969.

page 104 Annexes

Annexe 1. Les renseignements techniques des princiaaux missiles américains et sovietiaues

Catégories Portdes SRAM 300 km MRBM 800 a 2 400 km IRBM 2 400 a 5 000 km ICBM 6 400 km et plus

- Fusée Poussée totale (kg) Hauteur (m) Cosmos SL-8 . 3l,2O i Energiya SL-17 806 200 000 60,OO Energiya SL-? 806 200 000 60,OO SL-12 16 724 064 O00 58,90

I Proton SL-13 16 724 064 000 5930 SO~UZSL-4 1 029 630 000 49,30

1 I SL-4 1 1 029 630 O00 1 44,90

I Lucien Poirier. Dr.5. srrdgies ~iu&uire~.Bruxelks. Édition Complexe, collection Historiques, 1988 (1477).page 128. ' Robert tobbia et al. S~UCPErplorurion, 23 novembre 1997. hnp://adc.gsfc.na~.gov/addeducation spce -ex indcs.htrnl. 1 Année 1 Fus& 1 Poussée par Btage (kg) Hauteur (m) 1 Constnrcteur 1 1 1958 1 Atlas 150 O00 26 750 1958 Juno 1 37 600 21,40 NASA, Marshall 7 475 Space Flight 2 450 Center (MSFC) 815 1958 Juno 2 67 950 23,OO NASA, MSFC 7 475 2 450 81 5 - 1958 Thor- 2 400 900 638 730 5 435 1958 Vanguard 12 685 21,60 US Navy 3 400 1 i 1 400 --! 1959 Atlas-Able l 149 490 1 26 725 3 400 1 1 400 1959 Thor-Agena A 67 950 7 020 1960 Atlas-Agena A 149 490 i 26 725 1 6 795 Los printiphhœha rm4ricrInm 1960 Scout 52 095 NASA 22 650 5 890 1 360 1960 Thor-Able 77 915 Air Force 3 500 1960 Thor-Agena B 77 915 Air Force

Air Force. NASA 26 725 6 795 1961 Mercury- 35 335 NASA, MSFC Redstone 1961 Saturn 1 681 310 NASA 40 770 1962 (Mercury) Atlas 166 250 NASA, MSFC 26 725

- NASA

1962 1 Thor-Agena D 77 915 Air Force, NASA j 7 250 1963 Atlas-Agena D , 149 490 Air Force, NASA i 26 725 7 250 i 1964 1 D 71 020 NASA 79 310 Dsv-3d ilgr I 1250

page 107 lllA 194 790 Air Force 45 300 7 250 Titan II (Gemini) 194 790 NASA 45 300 ! 71 020 NASA ~~v-3~ 79 310 3 535 1 250 Titan MC 1 069 080 Air Force, NASA 1 240 995

Atlas-Centaur 167 610 NASA i 27 770 I I 6 150 Saturn 10 I 742 920 NASA, MSFC I 101 925 Titan IIIB-Agena ~ 209 830 Air Force 1 45 755 1 610 l 7 (Apollo) i 3 465 450 NASA, MSFC 1 520 950 j , 107 815 I Atlas- 2 1 167 610 Air Force 1 12 106 i 3 985

page 108 Missions Astre Date Missions Astre Date Pioneer O Lune 17 août 1958 Surveyor 1 Lune 30 mai 1966 Pioneer 1 Lune 1l oct. 1958 Explorer 33 Lune 1 juillet 1966 Pioneer 2 Lune 8 nov. 1958 Lunar Orbiter 1 Lune 10 août 1966 Pioneer 3 Lune 6 déc. 1958 Surveyor 2 Lune 20 sept. 1966 Pioneer 4 Lune 3mars 1959 Lunar Orbiter 2 Lune 6 nov. 1966 Pioneer P-3 Lune 26 nov. 1959 Lunar Orbiter 3 Lune 4 février 1967 Pioneer P-30 Lune 25 sept. 1960 Surveyor 3 Lune 17 avril 1967 Pioneer P-31 Lune 15 ddc. 1960 Lunar Orbiter 4 Lune 8 mai 1967 Ranger 1 Lune 23 août 1961 Mariner 5 Vénus 14 juin 1967 Ranger 2 Lune 18 nov. 1961 Surveyor 4 Lune 14 juillet 1967 Ranger 3 Lune 26 janvier 1962 Explorer 35 Lune 19 juillet 1967 Ranger 4 Lune 23avril1962 Lunar Qrbiter 5 Lune 1 aoiit 1967 Mariner 1 Vénus 22 juillet 1962 Surveyor 5 Lune 8 sept. 1967 Mariner 2 Venus 27 août 1962 Surveyor 6 Lune 7 nov. 1967 Ranger 5 Lune 18 oct. 1962 Surveyor 7 Lune 7 janvier 1968 Ranger 6 Lune 30 janvier 1964 Apollo 8 Lune 21 déc. 1968 Ranger 7 Lune 28 juillet 1964 Mariner 6 Mars 25 février 1969 Mariner 3 Mars 5 nov. 1964 Mariner 7 Mars 27 mars 1969 Mariner 4 Mars 28 nov. 1964 Apollo 10 Lune 18 mai 1 969 Ranger 8 Lune 17 février 1965 Apollo 11 Lune 16 juillet 1969 Ranger 9 Lune 21 mars 1965 Apollo 12 Lune 14 nov. 1969

1 W illianis R. David. C'hranulagrt of Lunur and Planaaty Exploration. National Space Science Data Centcr. http:"nssdc.pfc.nasa.~ov~planeta~chrono.html.

page 109 Missions Astre Date 9 Luna 1958A Lune 23 sept. 1958 Venera 1964A Venus 19 février 1964 Luna 19586 Lune 12 oct. 1958 Venera 19648 Vénus 1 mars 1964 Luna 1958C Lune 4 déc. 1958 Luna 1964A Lune 21 mars 1964 Luna 1 Lune 2 janvier 1959 Cosmos 27 Venus 27 mars 1964 Luna 1959A Lune 16 juin 1959 Zond t Vénus 2 avril 1964 Luna 2 Lune 12 sept. 1959 Luna 19648 Lune 20 avril 1964 Luna 3 Lune 4 oct. 1959 Z ond 1964A Lune 4 juin 1964 Luna 1960A Lune 15 avril 1960 Zond 2 Mars 30 nov. 1964 Luna 19606 Lune 18 avril 1960 Cosmos 60 Lune 12 mars 1965 i~arsnik1 Mars 1O oct. 1960 Luna 1965A Lune 10 avril 1965 Marsnik 2 Mars 14 oct. 1960 Luna 5 Lune 9 mai 1965 Spoutnik 7 Vénus 4 février 1961 Luna 6 Lune 8 juin 1965 Venera 1 Vénus 12 février 1961 Zond 3 Lune 18 juillet 1965 Spoutnik 23 Vénus 25 aoijt 1962 Luna 7 Lune 4 oct. 1965 Spoutnik 24 Vénus 1 sept. 1962 Venera 2 Vénus 12 nov. 1965 Spoutnik 25 Venus 12 sept. 1962 Venera 3 Vénus 16 nov. 1965 Spoutnik 29 Mars 24 oct. 1962 Cosmos 96 Vénus 23 nov. 1965 /Mars 1 Mars 1 nov. 1962 Venera 1965A Venus 23 nov. 1965 Ispoutnik 31 Mars 4 nov. 1962 Luna 8 Lune 3 déc. 1965 1 /Spoutnik 33 Lune 4 janvier 1963 Luna 9 Lune 31 janvier 1966 j~una19638 Lune 2 février 1963 Cosmos 1 11 Lune 1 mars 1966 Luna 4 Lune 2 avril 1963 Luna 10 Lune 31 mars 1966 Cosmos 21 Vénus 1 1 nov. 1963 Luna 1966A Lune 30 avril 1966

page 110 URSS Luna 11 Lune 24 août 1966 Venera 6 Vénus 10 janvier 1969 Luna 12 Lune 22 oct. 1966 Zond 1969A Lune 20 janvier 1969 Luna 13 Lune 21 déc. 1966 Luna 1969A Lune 19 février 1969 Venera 4 Vénus 12 juin 1967 Zond LIS-1 Lune 2 1 février 1969 Cosmos 167 Vénus 17 juin 1967 Mars 1969A Mars 27 mars 1969 Zond l967A Lune 28 sept. 1967 Mars 19698 Mars 2 avril 1969 Zond l967B Lune 22 nov. 1967 Luna 19696 Lune 15 avril 1969 'Luna 1968A Lune 7 février 1968 Luna 19696 Lune 14 juin 1969 Zond 4 Lune 2 mars 1968 Zond LIS-2 Lune 3 juillet 1969 ,Luna 14 Lune 7 avril 1968 Luna 15 Lune 13 juillet 1969 Zond 1968A Lune 23 avril 1968 Zond 7 Lune 7 août 1969 Zond 5 Lune 15 sept. 1968 Cosmos 300 Lune 23 sept. 1969 Zond 6 Lune 10 nov. 1968 Cosmos 305 Lune 22 oct. 1969 ,Venera 5 Venus 5 janvier 1969 1

page 111 Annexe 3. Renseignements techniques des wonrammes spatiaux habités amdricains, 1961-1969'

Le programme Mercury a été lancé en 1958 et s'est terminé en 1963. Les principaux objectifs du programme étaient de mettre en orôite une capsule spatiale habitée et d'étudier le comportement humain dans I'espace. Mercurv 3 (Freedom 7)

Astronaute : Alan B. Shepard jr. Décollage : 5 mai 1961 à 9 h 34 Fusée : Redstone 5 Durée : 15 minutes et 28 secondes Caractéristique Attemssage : 5 mai 1961 particulière : premier Américain dans I'espace

Mercurv 4 (Libertv Bell 71

Adronaute : Virgil I Grissom Décollage : 21 juillet 196 1 a 7 h 20 Fusée : Redstone 6 Durée : 15 minutes et 37 secondes Caractéristique Attemssage : 21 juillet 1961 particulière : deuxième mission habitée

Mercurv 6 (Friendship 7)

Astronaute : John H. Glenn jr. Nombre d'orbites : 3 Fusée : Atlas 6 Décollage : 20 février 1962 a 9 h 47 Caractéristique Durée : 4 heures, 55 minutes et parficuliere : premier Américain en orbite 23 secondes terrestre Attemssage : 20 février 1962

?; Kim Dismukes. .V.-fS.J Spuce Histon. NASA. 1999, http:l!spaceflight.nasa.çov/history/inde~l.

page 112 Mercurv 7 (Aurora 7)

Astronaute : Scott Carpenter Nombre d'orbites : 3 Fusée : Atlas 7 DBcollage : 24 mai 1962 A 7 h 45 Caractéristique Durée : 4 heures, 56 minutes et particulière : deuxieme Américain en orbite 5 secondes terrestre Atterrissage : 24 mai 1962

Mercurv 8 (Sigma 7)

Astronaute : Walter M. Schirra jr. Nombre d'orbites : 6 Fusée : Atlas 8 Décollage : 3 octobre 1962 Caractéristique Durée : 9 heures, 13 minutes et particulière : troisieme Américain en orbite Il secondes terrestre

Mercurv 9 (Faith 7)

Astronaute : L. Gordon Cooper Nombre d'orbites : 22,5 Fusée : Atlas 9 Décollage : 15 mai 1963 Caractéristique Durée : 1 jour, 10 heures, 19 minutes et particulière : première journée complete d'un 49 secondes américain dans l'espace

page 1 13 O biectifs

Le programme Gemini est le deuxième programme spatial habité des ctats-unis. Gemini se distingue de Mercury par un équipage de deux astronautes par mission. Ses objectifs étaient premièrement de vérifier si l'être humain et les équipements spatiaux pouvaient fonctionner durant un séjour de deux semaines dans l'espace. Deuxiérnement, il s'agissait de mettre au point une technique d'arrimage dans l'espace grâce A un système de propulseurs. Le programme Gemini devait finalement améliorer la technique de retour sur terre qui était peu efficace durant le programme Mercury. Gemini 3

Astronautes : Virgil 1. Grissom (commandant) Nombre d'orbites : 3 et John W. Young (pilote) Décollage : 23 mars 1965 A 9 h 24 Fusée : Titan II Durée : 4 heures, 52 minutes et Caracienstique 31 secondes particulière : première mission habitée du Attemssage : 23 mars 1965 programme Gemini

Gemini 4

Astronautes : James A. McDivitt (commandant) Nombre d'orbites : 62 et Edward H. White (pilote) D6collage : 3 juin 1965 à 10 h 15 Fusée : Titan II Durée : 4 jours, 1 heure, 56 minutes et caractéristique 12 secondes particulière : White a été le premier Américain Attemssage : 7 juin 1 965 en activité à l'extérieur de la capsule spatiale (Extra Vehicular activity - €VA)

page f 14 Astronautes : C. Gordon Coowr Nombre d Mites : 120 (commandant) et Décollage : 21 août 1965 A 8 h 59 Charles Conrad jr. (pilote) Durée : 7 jours, 22 heures, 55 minutes Fusée : Titan II et 14 secondes Caractéristique Atîemssage : 29 août 1965 pafticul~ere: un problème technique a empêché la mission de se rendre à terme

Gemini 7

Astronautes : Frank Borrnan (commandant) et Nombre d'orbites : 206 James A. Love11 (pilote) Décollage : 4 décembre 1965 à 14 h 30 Fusée : Titan Il Durée : 13 jours, 18 heures, 35 minutes Caractéristique et 1 seconde particulière : premier arrimage des Ltats-unis Atîemssage : déCernbre 965 avec la capsule Gemini 6-A

Gemini 6-A

Astronautes : Walter M. Schirra (commandant) Nombre d'orbites : 16 et P. (pilote) ' @coI,age : 15 décembre 1965 a 8 h 37 Fusée : Titan II Durée : 1 jour, 1 heure, 51 minutes et Caractéristique 24 secondes paiticuliere : premier arrimage avec la capsule Anemssage : 16 décwnbre 1965 Gemini 7

Astronautes : Neil A. Armstrong (commandant) Nombre d'orbites : 7 et David R. Scott (pilote) Décollage : 16 mars 1966 a 11 h 41 Fusée : Titan II Durée : 10 heures, 41 minutes et Caractéristiuue 26 secondes particuliére : rendez-vous avec une capsule Atîem'sSage : 17 maE Gemini cible (Gemini Agena Target Vehicle - GAN)

page 1 15 Gemini 9-A

Astronautes : Thomas P. Stafford Nombre d'orbites : 45 (commandant) et Décollage : 3 juin 1966 A 8 h 39 Eugene- A. Cernan (pilote) Durée : 3 jours, O heure, 20 minutes et Fusée : Titan II 50 secondes Caractéristique Attem-sage : 6 juin 1966 particuliere : arrimage avec un adaptateur d'arrimage cible (~ugmented Target Docking Adapter - ATDA)

Gemini 10

Astronautes : John W.Young (commandant) et Nombre d'orbites : 43 Michael Collins (pilote) Décollage : 18 juillet 1966 a 17 h 20 Fusée : Titan II Durée : 2 jours, 22 heures, 46 minutes Caractérklique et 39 secondes particulière : arrimage avec une capsule Attemssage : 21 juillet 1966 Gemini cible (Gemini Agena Target Vehicle - GATV)

Gemini 11

Asfronautes : Charles Conrad jr. Nombre d'orbites : 44 (commandant) et Décollage : 12 septembre 1966 à Richard F. Gordon jr. (pilote) 9 h 42 Fusée : Titan II Durée : 2 jours, 23 heures, 17 minutes Caractéristique et 8 secondes particulière :. arrimage avec une capsule Attemssage : 15 septembre 1966 Gemini cible (Gemini Agena Target Vehicle - GATV)

page Il6 Gemini 12

Astronautes : James A. Lovell ir. Nombre d'ohites : 59

Fusée : II Titan Durée : 3 jours, 22 heures, 34 minutes Caractéristique et 31 secondes particujiere : 5 heures et 30 minutes en activité AHemssage : novembre 1966 A l'extérieur de la capsule spatiale

Troisième programme spatial de la NASA depuis 1958, le programme Apollo a &té conçu pour faire alunir les premiers hommes. Apollo venait donc compléter les séries d'expériences des deux programmes précédents par un objectif concret, c'est-à-dire la Lune. Apollo 7

Astronautes : Walter M. Schirra ir. Nombre d'orbites : 163 Eisele DBcollqle : 11 octobre 1968 d 11 h 02 (pilote) et R. Walter Cunningham Durée : 10 jours, 20 heures et 9 Fusée : Saturn 1-0 minutes caractéristique Aîtemssage : 22 octobre 1968 à particulière : premiers tests d'une mission 19h 11 Apollo habitée

Apollo 8

Astronautes : Frank Borrnan, James Lovell jr. DBcollage : 21 décembre 1968 A 7 h 51 et William Anders Durée : 6 jours, 3 heures, O minutes et Fusée : Satum V 42 secondes Caracteristique Attemssage : 27 décembre 1968 Ci particulière : première orbite lunaire habitée de 10 h51 l'histoire

page 117 Astronautes : James McDivitt, David Scott et Décollage : 3 mars 1969 à 1 1 h 00 Russell Schweickart Durée : 10 jours et 1 heure Fusée : Saturn V Atterrissage : 13 mars 1969 a 12 h 01 Caractéristique particulière : premiers tests du module lunaire (lunar module - LM) en orbite terrestre

Astronautes : Eugene Cernan, John Young et Décollage : 18 mai 1969 à O h 49

Thomasl Stafford Durée : 8 jours, 3 minutes et 23 Fusée : Saturn V secondes Caracténktique Atterrissage : 26 mai 1969 à 12 h 52 particulière : même mission qu'Apollo 11 excepte I'alunissage

Astronautes : Neil Armstrong, Michael Collins Décollage : 16 juillet 1969 a 9 h 32 et Edwin Aldrin jr. Durée : 8 jours, 3 heures et 18 minutes Fusée : Saturn V Attemssage : 24 juillet 1969 A 12 h 50 Caractéristique particulière : alunissage des deux premiers hommes de l'histoire

Aoollo 12

Astronautes : Charles Conrad jr., Décollage : 14 novembre 1969 a Richard Gordon jr. et Alan Bean 11 h22 Fusée : Saturn V Durée : 10 jours, 4 heures et 36 Caractéristique minutes particulière : deuxième alunissage habite de Atterrissage : 24 novembre 1969 a I'histoire 15 h 58

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