Assemblage Dossier De Presse Sur Pippo Delbono Fait Debut Mai 2004 (Depuis Plusieurs Articles Ont Été Publiés, Don’T Celui, Élogieux, De Libération.)
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Assemblage Dossier de Presse sur Pippo Delbono Fait debut mai 2004 (depuis plusieurs articles ont été publiés, don’t celui, élogieux, de Libération.) Revue Mouvement / th. La rage à fleur de peau La Rabbia, de Pippo Delbono. La Rabbia emprunte son titre au film de Pasolini. Dédicace au poète sous forme de correspondances intimes où, toujours à fleur de peau et de voix sur le fil acéré d’un désespoir rageur, Pippo Delbono nous livre des images d’une subtile et sublime poésie. Retrouvez le dossier Pippo Delbono sur www.mouvement.net … D'autant qu'El suicidio reste à mi-chemin d'une liquidation plus radicale de certaines conventions théâtrales. Comme si Daniel Veronese, Ana Alvarado et Emilio Garcia Webhi avaient hésité à « suicider » vraiment leur spectacle. Ce n'est pas « raté », c'est juste un peu à côté ; El suicidio passe légèrement à côté de son sujet et le rendez-vous que nous attendions, sans être foncièrement déplaisant, laisse un goût de partie remise. Une impression semblable nous cueille à la sortie d'Il silenzio, de Pippo Delbono, déjà consacré comme étant la « révélation » de ce festival d'Avignon avant même que les trois spectacles qu'il va y présenter n'aient été vus. Il silenzio part aussi d'un drame collectif, le tremblement de terre qui a secoué la Sicile en 1968, ravageant totalement la petite ville de Gibellina. D'emblée, on est séduit par le vaste espace nu d'une cour d'école, où se joue le spectacle, avec une étendue de sable en office de scène. On est séduit par la douceur extrême de la voix de Pippo Delbono, venant s'adresser au public dans un français approximatif pour évoquer en quelques mots ce tremblement de terre. Mais comment occuper ce retrait, cette dévastation ? Pippo Delbono lance sa vingtaine d'acteurs dans une farandole qui, dans son épatante simplicité, vous arrache le cœur. Un petit orchestre la joue classique, et un guitariste pousse la chansonnette, sirupeuse. Et après ? Pippo Delbono ne semble plus très bien savoir s'il doit vider la scène, en jetant par- dessus bord les maigres accessoires (tables, chaises), ou la combler. Des miniatures plutôt réussies (le repas d'un vieil homme, un combat de boxe burlesque...) alternent avec des fresques tout aussi réussies (un banquet de village avec maire évêque, une parade de majorettes...). Et pourtant, là aussi, cela prend et ne prend pas, comme si Pippo Delbono courait en vain après ce « silenzio » (qu'en hispanisant, on pourrait trouver dans la corrida ou le flamenco) qu'il rêve d'atteindre. Au début du spectacle, il est fait mention d'une inscription notée au camp de Buchenvald : « Quand tu es ici, fais silence. Une fois dehors, ne reste pas silencieux ». Certes, mais entre la parole qui doit témoigner et le vain bavardage, il y a un abîme. Or, les incursions de Pippo Delbono dans le spectacle, en maître d'œuvre agité, deviennent de plus en plus bavardes, vocalement et gestuellement. La touchante humanité de ses acteurs semble alors ramer à contre-courant. Les ficelles apparaissent alors pour ce qu'elles sont : des emprunts à Pina Bausch, un peu à Tadeusz Kantor, à l'Odin Teatret d'Eugenio Barba, à la danse excentrique d'un Fellini... L'art est fait de pillages, pourquoi pas ? Sauf qu'ici, le collage ne se transforme pas en montage, et le cinéma de Pippo Delbono s'enraye. On ne jugera certes pas le metteur en scène italien sur un seul spectacle, dans l'attente de Guerra et de La rabbia, qui viendront prendre le relais en Avignon. Mais ce premier rendez-vous laisse, à son tour, un goût de partie remise. Avignon, 12 juillet 2002. Jean-Marc ADOLPHE Publié le 13-07-2002 h.Pippo DELBONO Impressions festivalières - Extrait Bruno Tackels, Journal de la Chartreuse Bruno Tackels, en résidence d'écriture à La chartreuse de Villeneuve-lez-Avigon pour Mouvement, tient un carnet de bord du festival. Extrait sur Pippo Delbono 11 Juillet Il Silenzio, de Pippo Delbono. Histoires de fils Une cour d'école, laissée à son ordinaire de cour d'école. Quelques arbres, puissants, qui rappellent la cour des Célestins, un sol sablé, quelques pupitres pour les musiciens. Arrive le Monsieur Loyal de la soirée, à mi-chemin entre un coryphée laïcisé et un Kantor revisité par la faconde sicilienne. C'est Pippo Delbono qui parle. Il accompagne le voyage des comédiens, en lisant des textes infiniment doux, souvent poignants, parfois sur le bord sentimental, bien vite renversés, par une pirouette d'humour ou de dérision. Là aussi les corps construisent leur propre texte. Allégorie d'eux-mêmes, ils ne prennent sens que dans l'architecture que les scènes dessinent entre elles. A peine des scènes d'ailleurs, plutôt des actions, petites ou grandes: ratisser le sable, commander un verre de vin, faire la noce, la révolution, un enterrement, les majorettes, une petite danse, un grand numéro, une Madone en procession. C'est à peine une architecture, d'ailleurs, plutôt de l'ordre d'un tricotage qui ne paie pas de mine. A force de navettes, les fils ténus se mettent à dessiner des silhouettes. Un monde englouti surgit de sous la terre On commence à voir. C'est le village de Gibbelina, en Sicile, complètement détruit par un tremblement de terre en 1968. Et c'est pleinement la Sicile qui se met en branle devant nous. Le plus troublant dans ce spectacle tient à la force d'exposition de ce monde absolument ancré, terriblement sicilien. A la manière de Kantor, mais avec l'humour en plus, Pippo Delbono agite son monde enfoui, avec tendresse, entre journal intime et délire fellinien. Il faut croire que ce soir, le public français était davantage du côté de l'introspection, et fort peu sensible à l'humour camp de Pippo et sa bande. Nous n'étions pas nombreux à rire aux furieuses apparitions de ces êtres jubilatoires. Eux par contre s'amusaient, bien, c'était visible. Une vraie fête, pas vraiment partagée. «On est tous en train de mourir, Chaque minute qui passe, on est un peu plus proche de la mort». C'est Lucia qui lance cette adresse au public silencieux. Pas de quoi s'affoler. Dans le texte de présentation, Pippo dit qu'il ne sait plus vraiment d'où elle vient. Peut-être d'un film avec Marilyn Monroe. Les mots et les gestes n'appartiennent à personne, la propriété marchande, celle des biens comme des idées, s'est trop longtemps prise pour la vérité. La scène de Pippo Delbono fait le rêve silencieux d'un monde «commun», rêves et bribes du passé mêlés, pour tous. Comme tout ce qu'il met sur la scène, on assiste à vue au passage des souvenirs, à la fois doux et forts, qu'il fait sien pour nous les rendre. «La course sur un fil a toujours été le chemin de notre théâtre». Là c'est Pippo qui parle. Et j'aurais pu l'écrire, à l'identique, si j'y avais pensé. C'est un signe qui ne trompe pas: un grand moment de théâtre. Bruno TACKELS Publié le 07-08-2002 th.Le théâtre italien en friche Qu'est-ce qu'un théâtre à l'italienne? Mouvement fait un état des lieux remis en friche, un théâtre où la vie circule à nouveau, loin du pourpre et du velours. Et voilà qu'à nouveau, le théâtre italien est en friche. Avec, en tête de chantier, trois metteurs en scène qui appartiennent précisément à cette génération des années soixante-dix-quatre-vingt: Mario Martone, à qui vient d'être (très provisoirement?) confiée la direction du prestigieux Teatro di Roma ; Giorgio Barberio Corsetti, désormais responsable de la section théâtre de la Biennale de Venise; et Romeo Castellucci, dont les spectacles avec la Socìetas Raffaello Sanzio propagent une onde de choc à travers toute l'Europe. De Milan (Centre de recherche théâtrale) à Bari (Teatro Kismet), le théâtre italien frémit de lieux où la vie semble à nouveau circuler; on investit des espaces à l'abandon : friches industrielles à Bologne (le projet Link), à Florence (Fabrica Europa), à Rome (Teatro India), à Catane ou encore à Palerme avec les exemplaires Cantieri alla Zisa (9 000 mètres carrés des anciennes usines Ducrot reconvertis en un site culturel qui abrite notamment salles de spectacles et de répétition, médiathèque, musée d'art contemporain. .) et l'installation de Carlo Cecchi au Teatro Garibaldi, un édifice totalement délabré de la capitale sicilienne. Les compagnies ne sont pas en reste: outre les Castellucci, Corsetti et Martone sus-nommés, voici venir le Teatrino Clandestino de Pietro Babina, une troupe de Bologne invitée à Paris par le Festival d'Automne en 2000 avec «L'Idéaliste Magique»; l'étonnant Pippo Delbono qui joint à son travail des «marginaux», «théâtre d'intégration» que pratique également Mario Martinelli; jusqu'à de plus jeunes compagnies parfois extravagantes: le Masque Teatro près de Forli, Motus et Kinkaleri à Bologne, le Teatro del Lemming (installé à Rovigo) dont le dernier spectacle, «Edipo», se joue pour un spectateur à la fois! La danse reste dans une structuration beaucoup plus fragile. Mais les «anciens» du groupe Sosta Palmizi sont toujours là: «Quoeur» de Raffaella Giordano est un régal; Caterina Sagna à Venise, Virgilio Sieni près de Florence, le surprenant Roberto Castello (récemment associé à un spectacle d'images de Studio Azzuro, pionniers du «vidéo-théâtre»), mais aussi Adrianna Boriello, Monica Casadei, etc. ., montrent que l'Italie ne manque pas de talents chorégraphiques. scandaleusement sous-traités dans leur propre pays. La friche est certes fragile. En ce moment-même, Mario Martone est poussé à la démission du Teatro di Roma par une partie de la gauche et l'extrême-droite, étrangement coalisées.