Fonds Le Journal (1874-1961)
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Fonds Le journal (1874-1961) Répertoire (8AR/1-8AR/662) Par V. Dignac et B. Joly Archives nationales (France) Pierrefitte-sur-Seine 1997 1 https://www.siv.archives-nationales.culture.gouv.fr/siv/IR/FRAN_IR_004452 Cet instrument de recherche a été encodé en 2012 par l'entreprise Numen dans le cadre du chantier de dématérialisation des instruments de recherche des Archives Nationales sur la base d'une DTD conforme à la DTD EAD (encoded archival description) et créée par le service de dématérialisation des instruments de recherche des Archives Nationales 2 Archives nationales (France) INTRODUCTION Référence 8AR/1-8AR/662 Niveau de description fonds Intitulé Fonds Le journal Date(s) extrême(s) 1874-1961 Nom du producteur • Le Journal (Paris ; 1892-1944) Localisation physique Pierrefitte DESCRIPTION Présentation du contenu Historique du Journal (1892-1944) Le premier numéro du Journal paraît le 28 septembre 1892, entouré d'une publicité particulièrement tapageuse Cet historique s'inspire beaucoup de l' Histoire générale de la presse, tome 3, De 1871 à 1940, Paris, 1972, 688 p. Son fondateur, Fernand Xau Fernand Xau (1852-1899) a été secrétaire du député Laisant, imprésario puis reporter à l'Echo de Paris. , se distingue assez contradictoirement par son souci d'atteindre le plus large public et par la générosité de ses contrats qui lui permet d'attirer l'élite littéraire du moment, politique que tous ses successeurs conserveront La rubrique littéraire est toujours dirigée par des écrivains reconnus : Catulle Mendès, Henri de Régnier puis Lucien Descaves . Ces largesses ont un prix et Xau, ayant assez vite épuisé ses réserves, doit se résoudre à s'associer en commandite avec les frères Letellier, Eugène et Léon ; avant 1900, Henri Letellier, fils d'Eugène, devient le véritable chef du Journal qui rachète le Gil Blas. La ligne politique est modérée et, dans l'affaire Dreyfus, le Journal évite de se compromettre de façon trop visible. A partir de 1903 environ, le titre dépasse nettement la barre des 700.000 exemplaires et s'oppose efficacement à son grand rival le Matin, ce qui ne va pas sans quelques péripéties judiciaires. Un tournant se produit en 1911 quand Charles Humbert, influent sénateur de la Meuse, devient directeur politique du Journal et lui fait prendre un virage conservateur et patriote accentué qui ne nuit pas à la progression constante des ventes. Toutefois, agité et prétentieux, Humbert s'entend mal avec Henri Letellier qui cherche à vendre ses parts. A la veille de la guerre, le Journal, à son apogée, tire à un million d'exemplaires et fait partie des quatres grands, avec le Matin , le Petit Journal et le Petit Parisien. Outre sa tenue littéraire, il tire une bonne partie de sa popularité de ses très abondantes petites annonces qui l'obligent souvent à paraître sur dix à 16 pages. Les événements qui suivent sont bien connus. Un individu fort douteux, Pierre Lenoir, achète les parts mises en vente (juin 1915) et entre dans la nouvelle société anonyme créée le 6 août suivant ; en janvier 1916, Humbert rachète les parts de Lenoir avec l'aide intéressée de Bolo Pacha, c'est-à-dire avec des capitaux allemands. Le malheureux sénateur jurera qu'il ignorait la provenance exacte de ces fonds et l'on peut sans doute le croire, mais, dans l'ambiance de chasse aux espions qui règne alors, il a le plus grand mal à se faire entendre. Arrêté en février 1918, il est acquitté de justesse, à la minorité de faveur, le 8 mai 1919, tandis que Pierre Lenoir, condamné à mort, est fusillé le 24 octobre 1919. Conséquence logique de ces péripéties fâcheuses, le nombre de lecteurs a diminué de moitié. La retraite forcée du sénateur Humbert provoque le retour d'Henri Letellier qui, en 1918, installe à la tête du journal 3 Archives nationales (France) un individu au parcours sinueux, François-Ignace Mouthon, ancien journaliste catholique et antisémite passé ensuite au Matin. De 1918 à sa mort en 1930, Mouthon va être le directeur incontesté de la publication et réussit à reconquérir une partie des lecteurs, sans toutefois retrouver les chiffres d'avant-guerre. En janvier 1925, Henri Letellier finit par vendre le Journal à un groupe formé par l'agence Havas, les papeteries Darblay, Cornuché (directeur du casino de Deauville) et la banque de Paris et des Pays-Bas, ce qui fait entrer le titre dans la mouvance Hachette. En août 1929, après avoir longtemps envisagé de fonder un journal sportif, le Journal rachète l'Echo des sports. Après la mort de Mouthon en 1930, Pierre Guimier, venu de l'agence Havas lui succède et s'entoure de l'équipe qui dirigera la publication jusqu'à sa disparition : Gerar-Dubot (secrétaire général) et Raoul Barthes puis surtout Jacques de Marsillac (rédacteur en chef), tandis que Lucien Descaves règne depuis 1916 sur la rubrique littéraire qui reste le point fort du Journal. Certaines initiatives, tels que SVP ou le théâtrophone, semblent n'avoir qu'un succès médiocre et le Journal, souffrant de la concurrence offensive de Paris-Soir, décline doucement et repasse, en 1938, sous la barre du demi-million d'exemplaires tirés En 1939, le Journal ne tire plus qu'à 410.000 exemplaires, contre 1,8 million à Paris- soir et 1,3 au Petit Parisien. Il distance cependant son grand rival le Matin, tombé à 300.000 exemplaires. La ligne politique varie peu : hostilité franche à la gauche, mais respectueuse de certaines formes (le Front populaire est jugé sévèrement mais pas combattu de façon injurieuse), méfiance vis-à-vis de l'extrême-droite, germanophobie mais résignation à Munich. En 1940, le Journal se replie en zone libre, se répartit entre Limoges, Lyon et Marseille, et continue de paraître jusqu'à la Libération, non sans de nombreuses difficultés et un allègement sévère de sa rédaction. Suspendu en 1944, il tente vainement de faire lever l'interdiction dont il est l'objet ; son très riche fonds photographique est finalement attribué à l'Aurore. Etat du fonds d'archives Le fonds d'archives du Journal est entré par dépôt aux Archives nationales en 1970-1971. Malgré leur ampleur (plus de 400 mètres linéaires), ces documents ne représentent qu'une partie du fonds primitif, beaucoup plus considérable et amputé d'autre part de sa partie photographique, confiée à la Bibliothèque nationale. Dans la plupart des domaines, la période antérieure à 1920 est beaucoup moins bien représentée que les années 1920 et surtout les années 1930 ; de même, l'organisation interne du journal et sa politique générale ont laissé des traces plus réduites qu'on ne pouvait l'espérer. Quant aux registres de comptes, en dépit de leur nombre déjà impressionnant, ils forment des séries souvent lacunaires. Les Archives nationales ont longtemps hésité avant d'oser se lancer dans le traitement de ce fonds. Son ampleur inhabituelle, l'absence totale d'intrument de recherche même grossier et l'état matériel déplorable des documents faisaient de cet ensemble une montagne en vrac particulièrement rébarbative. En fait, cette apparence était quelque peu trompeuse et les premiers sondages ont vite montré qu'il était relativement facile d'éliminer une part notable des documents, dénués de toute valeur historique : cartons vides ou remplis de formulaires vierges (cas anormalement fréquent), registres inutilisés, pièces de caisses et reçus, numéros mal tirés, doubles etc. Le fonds a pu être ainsi réduit à des proportions plus favorables, mais la suppression du service des archives de presse et d'association (1 er janvier 1997) a sensiblement accéléré le traitement et rendu impossible l'élaboration d'un classement et d'un inventaire aussi satisfaisants qu'on aurait pu le souhaiter. Tel qu'il se présente aujourd'hui, le fonds du Journal apportera néanmoins beaucoup aux chercheurs. La collection de dossiers personnels forme notamment un ensemble inégal mais fort riche où se distinguent quelques noms illustres (Aragon, Céline, Montherlant, Valéry etc.). Les relevés quotidiens des tirages forment également une série à peu près complète pour l'Entre-Deux-Guerres. On notera aussi les dossiers relatifs aux ententes entre grands journaux parisiens à la fin de la Première Guerre mondiale, les dépêches Havas de mai-juin 1940 et une collection, malheureusement lacunaire, de « consignes et notes d'orientation à la presse » sous le régime de Vichy. SOURCES ET REFERENCES Sources complémentaires 4 Archives nationales (France) • Sources complémentaires 1. Il est naturellement impossible de citer ici l'ensemble des sources et des ouvrages relatifs au Journal, à ses collaborateurs et à son environnement. A elle seule, l'affaire Humbert-Lenoir occuperait plusieurs pages. Il faut cependant signaler que le fonds d'archives du Petit Parisien conservé aux Archives nationales (sous-série 11 AR) permet d'utiles comparaisons avec celui du Journal. • Archives nationales • Correspondances de divers dirigeants et collaborateurs du Journal : • Pierre Guimier : 324 AP 9 (lettres à Tardieu, 1929-1939). • Charles Humbert : 324 AP 9 (lettres à Tardieu, 1911-1916), 334 AP 6-7 (affaire Lenoir, 1919), 387 AP 17 (affaire Caillaux, 1915-1917), 475 AP 285 et AB XIX 3323, dossier 2. • F.-I. Mouthon : 370 AP 2, dossier 1 (lettre à Peycelon, 1925). • Fernand Xau : 87 AP 7 et 18 (papiers Jules Simon, 1885-1896), 400 AP 214 (lettres au prince Victor-Napoléon, 1885- 1895). • 434 AP 8, fonds Dupuy, rapports sur divers journaux dont le Journal (12 juillet 1919). • 65 AQ U 166, Statuts du Journal (1892) et coupures de presse le concernant (1892-1918). • Fonds de l'agence Havas (sous-série 5 AR) : • 5 AR 401 : correspondance avec le Journal (1928-1940). • 5 AR 520 : contrat avec le Journal (1892-1933). • 5 AR 512, dossier 8 : relations avec le Journal (1942).