Cossi Boniface GNANGUENON Cossi Boniface GNANGUENON election premonitoire du President Boni YAYI

------INFORMATION------Couverture : Classique [Grand format (170x240)] NB Pages : 352 pages - Tranche : (nb pages x 0,055 mm) + 2 = 21.36 du PrEsidentdu Boni YAYI ElectionprEmonitoire ------Élection prémonitoire du Président Boni YAYI SOUS LE SIGNE DE LA TECHNOLOGIE SOUS LE SIGNE DE LA TECHNOLOGIE ET DU MYSTICISME Cossi Boniface GNANGUENON ET DU MYSTICISME

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26.22 511363 Du même auteur :

• Réussir son inspection pédagogique : Cas pratiques de scénarisation. • Les TICE : Les approches numériques de la pédagogie. • ISBN 13 987 2 916703 05 3 – mars 2009 Les Editions OUANILO PARIS.

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Le pictogramme qui figure ci-contre mérite une explication. Son objet est d’alerter le lecteur sur la menace que représente pour l’avenir de l’écrit, particulièrement dans le domaine de l’édition technique et universitaire, le développement massif du photocopillage.

Le code de la propriété intellectuelle du 1er juillet 1992 interdit en effet expressément la photocopie à usage collectif sans autorisation des ayants droit. Or, cette pratique s’est généralisée dans les établissements d’enseignement supérieur, provoquant une baisse brutale des achats de livres et de revues, au point que la possibilité même pour les auteurs de créer des œuvres nouvelles et de faire éditer correctement est aujourd’hui menacée. Nous rappelons donc que toute reproduction de la présente publication est interdite sans autorisation de l’auteur, de son éditeur ou du Centre Français d’exploitation du droit de Copie. (CFC, 20, rue des Grands- Augustins, 75006 Paris) »

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2 3 reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (Art. L.1224). » Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 3352 et suivants du code de la propriété intellectuelle.

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Remerciements

A Son Excellence Monsieur Albert AGOSSOU. Ambassadeur de la République du Bénin en France à Paris. A son Excellence Monsieur Joseph Babalola YAÏ. Ambassadeur du Bénin auprès de l’UNESCO en France à Paris, A Monsieur Joseph Menard de POGNON. Consul Général du Bénin en France à Paris, A Monsieur Cosme AROUNA. Ministre Conseiller à l’ambassade du Bénin en France à Paris, pour le rôle actif qu’ils ont joué dans la mobilisation de nos compatriotes de la diaspora en France lors des élections présidentielles de mars 2011, à tous mes amis militants de CPBE (Convergences Pour un Bénin Émergent), de l’ABÉF (Les Acteurs Béninois de l’Éducation en France), i-de-Savoir pour la formation à distance et diverses autres associations à caractère social ou politique à Paris ou ailleurs dans le monde, à toute ma famille en France et ailleurs, plus particulièrement à mes enfants qui j’espère sans doute prendront aussi, un jour goût à l’écriture. Kófi Joris, KƆ djó Kevin, Nawì Karen, KƆƆvi Stéphane.

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Préface

Cet ouvrage est l’aboutissement d’un travail qui a démarré au lendemain des élections présidentielles de mars 2011. Il n’a pu être achevé à temps à cause des aléas et contraintes spatio-conjoncturels auxquels j’ai été confronté, mais avec rigueur et ténacité, je suis arrivé à le terminer. J’invite le lecteur à découvrir un autre univers, à être témoin de son temps, de l’histoire qui se crée instantanément devant ses yeux. Il pourra être le conteur de cette histoire, ou son narrateur dans les années à venir, devant ses enfants, ses amis ou un public plus large, divers et varié au sens de la diversité politique. Ce livre peut servir d’ouvrage de référence. Il est divisé en deux parties : Livre 1 et Livre 2. Le premier livre intitulé : « L’élection prémonitoire du Président Boni YAYI » traite de l’alternance démocratique au Bénin depuis MAGA jusqu’à YAYI, de la biographie du Dr. Boni Thomas YAYI, des tenants et aboutissants de l’élection présidentielle de mars 2011.

Le deuxième livre intitulé : « La technologie et le mysticisme » : présente la technologie sous tendue par la LEPI : Liste Électorale Permanente Informatisée et du mysticisme dans le cadre politique. A propos de la technologie, ce livre décrit la genèse la LEPI, ses méandres, la méthodologie de son déploiement et de sa mise en œuvre, les polémiques suscitées et les corrections à venir.

Le mysticisme, comme on dirait en fon (nu ό y swí m : les choses de l’ombre) il n’y a rien de péjoratif dans ce terme. Il s’agit de comprendre combien notre pays est ancré dans ses traditions culturelles et cultuelles au point que les politiques intègrent cette dimension dans leur logique de conquête du pouvoir.

Ce livre se veut aussi didactique car face aux critiques formulées sur la gestion et les décisions des hommes politiques en général, qu’elles soient fondées ou non, cet ouvrage propose un pavé d’analyse et de méthodologie de la décision. Il aborde par ailleurs, sommairement la théorie de la « Rationalité limitée » de Herbert SIMON. Cossi B. GNANGUENON

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LIVRE 1

Élection prémonitoire du Président Boni Yayi

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Avant-propos

Dans la course à la présidence de notre pays, s’il y a un candidat parmi les autres qui devrait être plus assuré de sa victoire avant même le scrutin, c’est bien le président Boni YAYI, candidat à sa propre succession. Pourquoi cette assurance prémonitoire ? En était-il conscient lui-même ? En effet, le Président-candidat a l’avantage de disposer d’un bilan élogieux à bien des égards, malgré ce qu’en pensent certains de ses concurrents qui font partie des treize autres candidats. Boni YAYI quant a lui, il a un bilan à défendre devant le peuple, contrairement aux autres qui avaient à peine un programme. Un programme au contenu théorique qui n’a encore subi aucune rigueur du temps ni celle de l’espace. En cinq ans, le Président-candidat a eu le mérite d’entreprendre des réformes dans presque tous les domaines et secteurs d’activité, ce qui a incontestablement un impact sur la population de notre pays. Le Président-candidat a déjà été plusieurs fois au contact des populations des villes et des campagnes, pour leur expliquer sa vision du pays. Il a été ce président qui est souvent à l’écoute de son peuple, depuis la ville en allant dans les campagnes et même au-delà, dans les contrées les plus reculées du pays. Il y a eu adhésion des populations béninoises à son projet de société, ce qui ne pouvait en être autrement car, ce sont les points saillants du projet du Président-candidat qui ont été repris par la plupart des autres candidats. Il est imbattable sur son bilan, d’autant qu’il a pris le soin d’en faire une large propagande à travers les médias, par éditions de plaquettes et de film largement diffusés tant au Bénin qu’à l’extérieur du pays. Il a mobilisé du monde, dans presque toutes les capitales des pays étrangers et dans la plupart des grandes villes comme : Paris, Bruxelles, Berlin, Genève, New- York. Fort de tout cela, le Président-candidat est sans doute plus confiant et plus assuré de sa réélection.

2 11 Au-delà des candidats, ce qui est paradoxal à mon sens c’est l’environnement de l’élection, c’est-à-dire tout ce qui se passe ou tout ce qui a été fait pour faciliter les élections tant du point de vue technologique que du point de vue mystique. Du côté technologique, c’est la première fois que la technologie informatique intervient de façon massive dans la préparation et la mise en œuvre des élections au Bénin. Cette technologie a pour nom : la LEPI1. Nous y reviendrons plus loin dans la suite de cet ouvrage. Du côté mysticisme, c’est le caractère mystique qui a entouré cette élection : le côté cultuel2. Presque tous les déplacements du Président- candidat pendant la période des élections sont des occasions de grandioses de cérémonies. Des sacrifices de veaux, vaches, moutons, bœufs, coqs, poules, autres quadrupèdes et bipèdes, selon le type de cérémonies ont lieu. Quelques cérémonies éparses sont parfois proposées à certains des autres candidats, mais l’intensité des prières et leur contenu mythique n’est sans doute pas aussi accentué. Tout était fait pour montrer que d’une part que les dieux sont avec lui, le Président YAYI et qu’ils vont l’aider à être réélu ; c’est une prémonition que de lui prédire sa réélection avant même qu’il ne se déclare officiellement candidat. D’autre part, ces prières et ces sacrifices ont aussi pour but d’apaiser les tensions tribales et politiques pour que ces élections se déroulent sans incidents et dans les meilleures conditions et non à feu et à sang comme ce fut le cas récemment en Côte d’Ivoire. Nous allons évoquer pour finir cette introduction, le rôle de la télévision nationale dans ces élections, quant à aux dimensions politique, culturelle, propagandiste voire mysticiste d’autant qu’elle couvrait et relayait presque toutes ces cérémonies. Par ailleurs, la télévision passait régulièrement des chansons typiques qui collaient au cadre et aux circonstances, diffusant ainsi des messages de paix, d’unité, de responsabilité. Ces chansons ou programmes insistaient sur l’effort qui est demandé à chaque enfant du pays d’être conscient de son rôle et de la mission qui est la sienne pendant ces élections en particulier et de la nation béninoise en général en tant que citoyen modèle.

1 LEPI : Liste Électorale Permanente Informatisée 2 Cultuel : adjectif qualificatif qui vient de culte 2 12

Partie I

De l’alternance démocratique au

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De MAGA à YAYI On parle d’alternance politique, lorsque des partis politiques appartenant à des courants politiques différents se succèdent au pouvoir. Elle consiste généralement en un renversement de la majorité politique lors d’élections présidentielles ou législatives, libres et transparentes. Dans les pays à tendance libérale, la possibilité d’alternance politique est une condition nécessaire à la démocratie, bien que celle-ci n’en soit pas une condition suffisante. Ainsi définie, on peut parler alors d’alternance démocratique au Bénin. Il existe alors dans ces pays dits démocratiques, un certain nombre d’organes ou d’institutions qui permettent le jeu régulier de cette alternance politique. Il est possible que, lors d’une élection le Président sortant soit réélu. Il forme un nouveau gouvernement composé de nouveaux membres et déploie ainsi une nouvelle équipe sensée mettre en œuvre son programme.

L’ère HUBERT MAGA Notre pays le Bénin, est entré dans ce cercle des pays démocratiques, depuis l’avènement de son indépendance le, 1er août 1960. Même si le Bénin, le à l’époque n’a pas connu de réelle stabilité politique à une certaine période de son histoire politique, et ce, bien que le premier Président de la république M. Hubert Coutoucou MAGA soit élu au suffrage universel, c’est n’est qu’au lendemain de la Conférence nationale de février 1990 à , qu’est réellement né ce renouveau démocratique.

Le coup d’Etat du Colonel L’instabilité politique d’alors n’a pas permis le jeu normal de la démocratie, puisque le Président MAGA a été renversé par un coup d’État le 28 octobre 1963, par le Colonel Christophe SOGLO sans effusion de sang.

2 15 Ce coup d’État était intervenu à cause d’une sombre et triste histoire de meurtre qu’un certain député BOHIKI, aurait commis. Un cadavre aurait été retrouvé flottant dans la lagune à Porto-Novo. L’agitation d’une certaine partie de la population venant de Porto-Novo avec branchage, l’exploitation politique et les manifestations populaires engendrées par cette situation ont eu raison dudit député BOHIKI, le contraindre à la démission et ont conduit les militaires au pouvoir sous l’égide du Colonel SOGLO. Le pouvoir militaire instauré, a promis de préparer des élections afin de remettre le pouvoir aux membres de la société civile. Ce qui était fait car en décembre 1963, le pouvoir a été confié aux deux autres protagonistes. Il s’agit de : Sourou Migan Apithy qui devient président de la République et Justin Ahomadébgé, Premier ministre et Vice-président, Hubert MAGA étant envoyé en prison, au plutôt en « Résidence Surveillée », à l’issue du coup d’État du 26 octobre 1963 dont il a été la victime. Le 5 janvier 1964, une nouvelle constitution a été adoptée par référendum. Les descensions entre les deux chefs de l’exécutif feront que le colonel SOGLO interviendra à nouveau dans les affaires du pays par un autre coup d’État le 22 décembre 1965.

Les jeunes cadres militaires Deux ans plus tard, quelques jeunes cadres militaires qui contestaient l’autorité du Colonel SOGLO devenu entretemps, Général, et qui ont à leur tête, le Commandant KOUANDETE, ont organisé un coup d’état le 17 décembre 1967. Ces jeunes cadres militaires ont dû confier la formation d’un nouveau gouvernement à un de leurs aîné, le Lieutenant-colonel . Le 26 juin 1968, d’autres jeunes cadres militaires regroupés au sein du CMR3, plutôt généreux de leur part, et sans raison apparente ont vite fait de confier le pouvoir au Dr Émile Derlin ZINSOU.4

L’ère du Dr. ZINSOU : le cadeau empoisonné Le pouvoir qui lui avait été confié n’était qu’un cadeau empoisonné. Le nouveau Président faisait preuve arrogance verbale, de mépris pour le peuple et pratiquait aussi de la dictature. Tous ces facteurs ont conduit à un paroxysme de mécontentement au sein de la population. C’est ainsi que le 10 décembre 1969, le Lieutenant-colonel KOUANDETE, a organisé un

3 CMR : Comité Militaire Révolutionnaire 4 http://www.gestiondelentreprise.com/resic/historique.htm. 2 16 autre coup d’État et le Président Émile Derlin ZINSOU a été déchu et écarté du pouvoir. Le Lieutenant KOUANDETE, avait mis ainsi fin à ce régime de même qu’à la dictature qui s’était installée. En ce temps-là comme dirait-on dans nos églises lors de la lecture des évangiles, je n’étais encore qu’un jeune lycéen. Je fréquentais alors le lycée technique COULIBALY à Cotonou. Je me rappelais cependant qu’il fut une période sous le Président ZINSOU, l’obligation était faite à tout individu en âge de travailler de s’acquitter de son impôt sur le revenu, dit impôt cédulaire. Il a été constaté par le pouvoir, notamment par les services administratifs et financiers que les dahoméens ne payaient pas leurs impôts. C’est ainsi une brigade était constituée pour récupérer ces impôts de gré ou de force. Ce n’était pas une mauvaise idée en soi, mais c’est les moyens mis en œuvre pour récupérer ces impôts qui sont plutôt condamnables. Les contribuables qui n’avaient pas payé l’impôt ou qui n’avaient pas moyen de la faire, étaient systématiquement pourchassés jusque dans leur domicile. Bon nombre de personnes qui étaient sans emploi et qui n’avaient pas les moyens de payer ces taxes ou prestations obligatoires, se cachaient chez eux, et se terraient parfois sous leur lit, afin d’échapper aux sévices des « Commandos du fisc ». Certains fuyaient carrément Cotonou5 pour aller se réfugier dans les campagnes, dans les champs ou ailleurs, très loin de la capitale. Peu importe où, ils étaient, l’essentiel c’est d’échapper aux commandos de ZINSOU. Ils allaient le plus loin possible, hors des tumultes du pouvoir politique. Certains partaient de chez eux très tôt le matin pour n’y revenir que très tard le soir, à l’heure où la « milice fiscale » ne pouvait plus expier son forfait. La fuite était le seul moyen dont disposent ces pauvres contribuables pour éviter les châtiments de la brigade fiscale fortement militarisée. La fuite reprenait de plus bel dès le lendemain au petit matin et ainsi de suite et tous les jours. Cette situation a créé une insécurité totale dans le pays. Plus la poursuite des contribuables se poursuivait, plus l’insécurité s’installait et plus le pouvoir se durcissait. Cependant cette situation a pu

5 Cotonou : Capitale économique du Bénin, c’est la ville dans laquelle les commandos étaient plus actifs, c’est le cœur du pouvoir politique 2 17 créer des failles au sein du pouvoir. Ainsi, affaibli par ces « razzias fiscales » que le pouvoir pratiquait, avec d’autres exactions, il a été « cueilli un soir », à la faveur d’une nuit étoilée, comme un fruit mûr par les mêmes militaires qui l’avaient installé un an plus tôt. Comme par hasard, ce soir-là, je revenais d’un spectacle organisé à l’ambassade de France, quand j’entendais des bruits de sirène des motards, qui nous dépassaient à vive allure dans la rue. Le palais présidentiel n’était pas loin de l’ambassade de France. Je me doutais que quelque chose se passait, et ce n’était que le lendemain matin que la nouvelle fut diffusée à la radio. Il n’y avait pas de télévision à l’époque ! « Encore un coup d’Etat » ! Entendait-on de partout. Le bruit avait circulé que le Président aurait été tué dans un échange de coup de feu, pendant que sa garde, ripostait pour le protéger contre les agresseurs. Ce n’était plus tard qu’un démenti était intervenu pour informer la population que le Président ZINSOU est effectivement renversé cette nuit, par un coup d’Etat, sans effusion de sang, et qu’il serait conduit « vers une destination inconnue ». La musique militaire que l’on jouait en ces occasions était diffusée sur les ondes, ce qui nous confirmait qu’un coup d’Etat avait vraiment eu lieu, pas de doute. Je me rappelle cette phrase : « … Il faut que les Dahoméens apprennent désormais à cueillir les fruits de leur jardin… » disait le Président ZINSOU, un jour à sa descente d’avion à Cotonou, alors qu’il revenait de la France. C’était au moment où des journalistes qui étaient présents à l’aéroport, lui avaient demandé ce qu’il ramenait de son voyage en Europe. Il était alors fou de rage, parce qu’il était visiblement agacé, qu’à chaque retour de voyage, que les dahoméens attentent toujours des cadeaux venant de l’extérieur alors, qu’ils devraient « cultiver leur propre jardin pour en cueillir les fruits ».

Le retour des militaires au pouvoir Les militaires ont donc mis ainsi fin à ce régime dictatorial, le 13 décembre 1969 et c’était le Colonel Paul Émile de SOUZA qui a pris le pouvoir. De nouvelles élections ont été organisées. Elles devraient exclure les trois anciens leaders, mais celles-ci ont échoué. Plusieurs personnalités ont émergé lors de ces élections il s’agit notamment des candidats comme MM. ADJOU, GANMADOUALO, Karim DA SILVA et d’autres, les

2 18 premiers résultats de cette consultation ont été invalidés et le scrutin a été annulé par les militaires au pouvoir. La raison officielle qui avait été évoquée pour invalider cette consultation, était : « la préservation de l’unité nationale ». Car notre pays le Dahomey serait au bord d’une guerre civile, susceptible d’entrainer une guerre de sécession. Le 7 mai 1970, un consensus a émergé du Comité Militaire qui était au pouvoir. Il s’agissait à nouveau de faire appel aux trois anciens leaders, car cette équipe de militaires était convaincue que sans ces anciens leaders, il n’y aura jamais de paix ou de stabilité en politique chez nous. Les trois anciens leaders à nouveau sollicités, étaient contraints de former un Gouvernement d’Union Nationale. Ils ont abouti à un système tricéphaloïde rotatoire, dénommé : « Conseil Présidentiel ». D’aucuns qualifiaient ce système de « triumvirat » faisant ainsi allusion à un ancien régime romain.

Le Directoire : le « Pouvoir tricéphale » Le mot « triumvirat » désigne à l’origine, en faisant référence à l’histoire, une association de trois généraux romains qui s’étaient emparé du pouvoir. Le premier triumvirat fut l’alliance politique illégale conclue entre Pompée, César et Crassus en 60 av. JC6. Ces trois hommes s’étaient engagé à mettre en commun leurs influences pour satisfaire leurs ambitions et dominer l’anarchie régnante.

Le second triumvirat fut formé par Octave, Antoine et Lépide en 43 av. JC. Cette fois, il s’agissait d’un titre et d’une mission officielle, car il n’accomplissait aucune œuvre importante, ses membres étant vite entrés en conflit.

Plus près de nous, dans l’histoire française, sous le régime dit : Consulat, il y eut trois consuls : on parle aussi ici de « triumvirat ». De nos jours, le terme désigne toujours une association de trois personnes, qui sont chargées d’une branche de l’administration. Comme dans le cas du second triumvirat évoqué plus haut, les acteurs béninois, dahoméens à l’époque entraient eux-aussi en conflit. Au regard de la charte qui était élaborée, chacun devrait gouverner pendant deux ans. Chacun devra, à l’issue de son mandat, laisser le pouvoir à l’autre. Ainsi au bout de six ans, ils auraient tous gouverné chacun à tour. Mais c’était peine

6 JC : Jésus Christ 2 19 perdue. Car à la fin du mandat du Président Sourou Migan APITHY, celui- ci ne voulait plus « lâcher le pouvoir ». Il ne voulait plus que son successeur, M. Justin AHOMDEGBE assume son tour pour deux ans, comme convenu. Il a bafoué ainsi les accords qui ont érigé le Conseil Présidentiel. Fragilisé par les querelles intestines, le 26 octobre 1972, le Conseil Présidentiel fut renversé par un coup d’État. Il est dirigé par un groupe de jeunes cadres militaires progressistes, ayant à leur tête le Capitaine Michel AYIKPE, Janvier ASSOGBA, Hilaire BADJOGOUME et Michel ALLADAYE. Ces d’officiers, n’avaient ni d’expérience ni d’envergure politique.

La révolution du 26 octobre 1972 Dans un souci de respect de la hiérarchie militaire, et pour gagner le soutien de la population de région du nord du pays, ces jeunes cadres confièrent le pouvoir à un de leurs aînés reconnu pour sa « rigueur et son intégrité » : le Commandant Mathieu KEREKOU, qui proclama à la fin de son discours, « la Révolution », car le discours se terminait par : « Vive la Révolution ». Le Commandant KEREKOU, quelques mois plus tard a dû se faire un auto-redressement de carrière, corrigeant, disait-il, les injustices dont il aurait été victime de la part de ses supérieurs hiérarchiques. Il se proclame alors Colonel Mathieu KEREKOU. Dans un souci de mystification, il s’est créé un slogan opportuniste : « La branche ne se cassera pas dans les bras du brave caméléon. »7 Ce phrase apparaît plutôt comme une sérieuse incantation qu’un vulgaire slogan. Le sens profond de cette métaphore signifie, que compte tenu des différents sursauts qu’a connu notre pays, en passant d’un coup d’État à un autre, le Colonel KEREKOU s’identifie donc à, un caméléon. Animal mythique très léger qui grimpe d’une branche à l’autre à allure mesurée. Par conséquent, il ne risque pas de t’attraper une branche par imprudence qui se briserait. C’est à la fois un symbole de longévité et de stabilité politique.

L’ère du Centralisme démocratique Cette alternance politique non démocratique, était qualifiée de « Centralisme démocratique » à l’image du modèle soviétique. Elle va être la plus longue de l’histoire de notre pays encore appelé Dahomey depuis son indépendance en 1960.

7 Atɛ n mɔ nɔ wɛ n ɖ ó agama lɔmɛ 2 20