Actes des VIe Rencontres - Archéosismicité & Vulnérabilité, Environnement, bâti ancien et société ∗ Groupe APS ∗ 2002

Archéosismicité des Hautes-Pyrénées

Anne Chaillou1, Hubert Gillan2

Résumé des avaries d’origine sismique pouvant servir à alimenter L’objet de cette communication est une première une base de données archéosismiques. approche archéosismique du département des Hautes Pyrénées. Elle se compose de trois axes : 2. Sismicité des Hautes-Pyrénées - La présentation des séismes auxquels cette région a été soumise ; La est un pays d’activité sismique modérée. Elle - Une description d’avaries sismiques observées sur le présente cependant des régions où l'activité sismique se bâti de certaines agglomérations ; manifeste plus sensiblement. C’est le cas pour la chaîne - Un recensement typologique des avaries d’origine des Pyrénées et, en particulier, sa partie centrale. Sur la sismique sur le bâti ancien avec propositions de fiches carte Sisfrance des épicentres des Pyrénées (Figure 1) on techniques d’archéosismicité. note que ceux-ci se concentrent particulièrement dans une zone s’étendant de l’Est du département des 1. Introduction Pyrénées-Atlantiques au Sud du département de la Haute-Garonne. Cette communication fait suite à la communication « La région sismique du département des Hautes-Pyrénées Archéosismicité des Pyrénées-Atlantiques, Arette trente s’étend sur 80 km d’Est en Ouest, entre les deux ans après » présentée lors des Ve Rencontres du Groupe départements précités. Dans sa partie Ouest, se trouve, APS en 2000 (Gillan, 2002). Elle s'inscrit dans un travail sur 40 km de longueur, une zone d’accumulation de recherches archéosismiques dans les Pyrénées. d’épicentres tels que ceux d’Argelès- et de Cette communication comporte trois parties. La première Bagnères-de-Bigorre (tableau 1). est relative à la sismicité régionale et s'appuie sur les Le plus ancien séisme répertorié est celui de Gavarnie en données fournies par la base de données SisFrance (site 580. Il lui a été attribué une intensité maximale de V-VI. SisFrance BRGM/EDF/IRSN: http://www.sisfrance.net). Le plus destructeur fut celui de Bagnères-de-Bigorre du La deuxième est un inventaire des avaries relevées lors 21 juin 1660 (VIII-IX). d'observations sur le terrain. Dans la troisième partie, qui À l’examen de la base Sisfrance on constate depuis le associe les travaux sur Arette et sur les Hautes-Pyrénées, XVIIè siècle, une certaine régularité des séismes les plus nous proposons un tableau synoptique d’observations importants ; Ils se produisent tous les cent ans, archéosismiques et une méthode de relevés sur le terrain sensiblement au milieu du siècle : 1660 à Bagnères de

Figure 1 : carte Sisfrance des épicentres des Pyrénées

1 architecte-archéologue, courriel : [email protected] 2 ingénieur, 32bis, rue Sorbier, 75070 Paris cedex 18, courriel : [email protected]

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1 Actes des VIe Rencontres - Archéosismicité & Vulnérabilité, Environnement, bâti ancien et société ∗ Groupe APS ∗ 2002

0 archéosismique actuellement lisibles sur le bâti avec, Localisation Date Longitude Latitude I Intensité épicentrale autant que possible, confirmation par des informations provenant de la sismicité historique. Ils portent sur trois Bagnères 21/06/60 0,04 42,58 V III -IX zones : les deux zones épicentrales d’Argelès-Gazost et Juncalas 24/05/50 -0,02 43,04 V III de Bagnères-de-Bigorre et celle, plus à l’Est, de Saint- Bertrand-de-Comminges. Juncalas 24/06/50 0,00 43,03 V II Les deux premières, étant donné leur proximité, ont subi Bigorre St Pé 07/06/78 -0,10 43,06 V II les effets destructeurs de quatre séismes compris entre Bigorre St Pé 17/11/50 -0,10 43,06 V II VII et VIII-IX, ce qui complique la datation des avaries Argelès Gazost 20/07/54 -0,03 43,02 VII-VIII constatées. V allées d’Aure et de Luchon 05/12/55 0,30 42,50 V II 3.1. Zone d’Argelès-Gazost 3.1.1. Argelès-Gazost Bigorre (Bagnères) 28/11/73 0,09 43,02 V II Peu d’indices archéosismiques sont relevés sur le bâti, celui-ci étant bien entretenu et rénové de façon Bigorre (Bagnères) 13/07/04 0,07 43,04 V II importante. Le linteau du tympan de l’église est fissuré. Bigorre () 31/01/50 0,10 42,58 V II Nous disposons pour le séisme de 1660 du témoignage Bigorre (Campan) 13/10/53 0,15 43,01 V I suivant : «la mayson seigneuriale a été ébranlé par tous Bigorre (Heches) 25/11/58 0,22 43,00 V I-V II les coings et le suhl (seuil) des portes de pierre fendeus et le dessus de plusieurs est tombé» (Lambert et al., (Ferrières) 28/09/81 -0,13 43,02 V 1997). Ce texte donne le constat précis d’avaries Tableau 1: Séismes d’intensité notable dans le département d’origine sismique que l’on relève souvent en des Hautes Pyrénées, d’après la base SisFrance (échelle MSK). archéosismicité.

Bigorre (IX-VIII), 1750 à Juncalas (VIII), 1854 à 3.1.2. Au sud d’Argelès-Gazost en remontant la vallée du Argelès-Gazost (VIII-VII), 1950 à Campan (VII) avec Gave (D 921) : une décroissance de l'intensité (Figure 2). La Saint-Savin caractéristique majeure de la sismicité de cette région est À 3 km au Sud d’Argelès sur la D 101, à 22 km de la forte intrication, dans le temps et dans l’espace, des Bagnères, à Saint-Savin se trouve une église romane événements sismiques : il y a 21 kilomètres à vol construite en 1160 par les Bénédictins. Elle a été d’oiseau entre Argelès-Gazost et Bagnères. Juncalas se fortement affectée par le tremblement de terre de 1660, trouve à mi-chemin entre ces deux villes. Campan est à «Le monastère de Saint Savin subit des outrages six kilomètres au sud de Bagnères. considérables, comme l’atteste un procès-verbal rédigé le 6 novembre 1660. En particulier, le dôme, les voûtes, les vingt-six piliers de l’église, son portail de 10 pieds (3,20 m) d’épaisseur, tout en pierre de taille et diverses murailles durent être entièrement réparées» (Lambert et al., 1997). Nous avons relevé les avaries suivantes : -une importante fissuration en oblique dans la maçonnerie du dôme depuis l’ouverture d’un vitrail en partie supérieure, jusqu’à un arc de voûte supporté par un pilier massif, -des éclatements de compression et des fracturations de moellons des piliers supportant les arcs de voûte du dôme, -au niveau du mur gauche du transept, orné d'une niche, un réseau de fissuration et une descente du moellon de clé en voûte de la niche. Figure 2 : Schémades séismes des Hautes Pyrénées À l’extérieur de ce mur, on retrouve le réseau de (dessin A. Chaillou) fissuration, des éclatements de moellons et des éléments de réparation (remplacement de moellons). 3. Archéosismicité régionale : observations de terrain Au niveau d’un portail latéral, une fissuration verticale relie un vitrail au linteau. Les moellons du linteau sont Les relevés archéosismiques présentés ci-après sont un plus récents et moins patinés. Ils indiquent une premier défrichage des désordres d’origine réparation.

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Au niveau du portail principal, et ce malgré sa réfection Nous avons noté un nombre important de linteaux avec après le séisme, on constate toujours une fissuration avaries dans l’agglomération. Un porche avec descente verticale dans le mur à gauche. du voussoir de clé porte la date de 1787. De même, un Dans l’abbatiale, un linteau de porte est cassé et à sa bâtiment daté de 1787 porte une fissuration verticale proximité des moellons portent des éclatements. avec rupture de l’encadrement de la fenêtre à l’étage et descente du moellon de clé de la fenêtre en rez-de- Pierrefitte-Nestalas à 6 km au sud d’Argelès-Gazost et chaussée. 21 km de Bagnères. On relève des avaries telles que des linteaux de portes 3.1.3. Au Nord Est d’Argelès : Juncalas endommagés avec éclatement de moellons et des déformations de l’ensemble. Dans la rue menant à Sur la D26, à 10 km à vol d’oiseau au Nord est d’Argelès l’église, en plus d'une avarie de linteau, on remarque une et à 12 km à l’Ouest de Bagnères. fenêtre où il manque une colonnette et, au rez-de- Juncalas est l’épicentre d’un séisme important en 1750 chaussée, une ouverture voûtée autour de laquelle des (tableau 2). moellons sont éclatés. Dans la même rue, au n°2, une façade porte une fissure verticale. Cette fissure court 0 depuis la corniche du toit, passe par la voûte du linteau Localisation Date Longitude Latitude I Intensité épicentrale de la fenêtre à l’étage et atteint la voûte de la porte du rez-de-chaussée avec une descente du moellon de clé Juncalas 24/05/1750 -0,02 43,04 V III (Figure 3). Une maison de deux étages porte la même Juncalas 24/06/1750 0,00 43,03 V II pathologie de fissure verticale depuis le toit brisant tous les linteaux en béton des fenêtres des deux étages et de la Tableau 2 : Principales secousses du séisme de 1750 porte. Cette fissure est accompagnée d’éclatements du crépi. L’église porte sur son porche la date de 1619 ou 1679 mais elle est entièrement recouverte de crépi. indice n’est donc visible mis à part un pilier du portail d’accès du cimetière qui à sa partie supérieure brisée suite à une chute.

3.2. Zone de Bagnères de Bigorre 3.2.1. Bagnères Cette ville a subit le plus important séisme enregistré dans les Pyrénées, celui du 21 juin 1660. Depuis elle a subit d’autres séismes notables (tableau 3).

0 Localisation Date Longitude Latitude I Intensité épicentrale Bagnères 21/06/1660 0,04 42,58 V III -IX

Bigorre (Bagnères) 28/11/1873 0,09 43,02 V II

Bigorre (Bagnères) 13/07/1904 0,07 43,04 V II

Bigorre (Bagnères) 31/01/1905 0,06 42,55 V I-V II Tableau 3 : Séismes destructeurs dans la région de Bagnères de Bigorre

Figure 3 : relevé de fissuration en façade d’une maison de Église Saint Vincent Pierrefitte-Nestalas (dessin A. Chaillou) Elle est mentionnée dans les archives dès le Xe siècle. Elle conserve des traces romanes, gothiques et renaissance. Elle a été en partie détruite par Luz-Saint-Sauveur :à 16 km d’Argelès et 25 km de l’écroulement du clocher lors du tremblement de terre de Bagnères. 1660. Les écrits suivant nous éclaire sur l'importance des Dans "Les tremblements de terre en France. Hier, dégâts : «Les efforts les plus violents se concentrent au Aujourd’hui, Demain" (Lambert et al., 1997), le cœur même de la Bigorre, de Bagnères à Campan et témoignage suivant est cité pour le séisme de 1660 : «A d’Argelès – Gazost à Luz Saint Sauveur. Préchac et à Luz des maisons se sont écroulées». A Bagnères, le vicaire Dangos l’atteste : “le vingt

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3 Actes des VIe Rencontres - Archéosismicité & Vulnérabilité, Environnement, bâti ancien et société ∗ Groupe APS ∗ 2002 uniesme juin mil six cent soixante, à quatre heurs du matin, un si terrible terre tremble arriva qu’il mict par terre une partie du clocher de l’église paroissiele Saint Vincent de la présente ville de Baignères et quelques pierres des arceaux de la voûte, ensemble plusieurs maisons, entre autres celle de feu Pierre Vergès, chirurgien ; le devant de la maison, tenue à louage par Odet Bousigues, cordonnier, est aussy tombée du mesme tremblement de terre… À mesme heure sont tombées contre le pont de l’Adour la maison de Jean Forcade et la maison de Ramonet de Souriguère, tailleur”. De ces seules habitations, onze personnes dont sept enfants décéderont, étouffées et écrasées sous les ruines.(…) survenues sans signes avant-coureurs, des répliques se succéderont pendant quarante jours, affirment des témoins.Moins d’un siècle plus tard, le 24 mai 1750, une nouvelle secousse presque aussi terrible Figure 5 : avaries de fenêtre, immeuble n°1 place de l’Uzer à viendra propager ses effets destructeurs dans le secteur Bagnères (photographie H. Gillan) de Juncalas, , Saint-Pé-de-Bigorre» (Lambert et d’enduit. Le seuil de la porte d’entrée est fissuré. Un mur al., 1997). latéral porte un réseau de fissurations (fissuration en L’observation archéosismique permet de noter que le croix) (Figure 6)), l'autre façade latérale porte une fissure mur latéral, à gauche de l’église, porte les traces de verticale près de l’angle. Les archives d'origines de ce destruction/reconstruction. Sa chaîne d’angle principale, bâtiment n'existent plus. La façade principale, qui vient qui a conservé une partie de l’ancienne maçonnerie, d’être classée, est datée par l'architecte chargé de son porte de nettes marques de désorganisation (Figure 4). classement du XVIIIe. Il existe des circonstances aggravantes des effets du séisme qui sont la faiblesse des fondations et la hauteur de la nappe phréatique proche de la surface du sol.

Figure 4 : chaîne d’angle du mur latéral à gauche de l’église Figure 6 : fissuration d’un mur latéral de l’immeuble de la Saint-Vincent de Bagnères (photographie H. Gillan) place de l’Uzer (dessin A. Chaillou)

3.2.2. Dans la ville on retrouve des pathologies typiques de À 2 km au Nord de Bagnères, dans la vallée de l’Adour, fissuration verticale et de désorganisation de linteaux sur la D935. d’ouvertures. C'est le cas à l’office de tourisme, rue L’église est du XVIe siècle, et son gros œuvre a été Albert Tournefort, avec des fissures filant depuis la terminé en 1548. On relève une fissuration verticale du corniche jusqu’au linteau voûté des fenêtres du premier mur principal, passant par l’encadrement d’un vitrail et étage, ainsi que des descentes des voussoirs de clé (il y a atteignant le panneau peint de la renaissance, achevé en rupture d’un linteau inférieur de la fenêtre de gauche), et 1563, surmontant le portail d’entrée. La peinture de l’immeuble n°1 de la place d’Uzer (Figure 5). La d’origine a survécu à 450 ans mais le séisme l’a fissuré. façade principale de cet immeuble porte, outre les Un document réalisé par le Service départemental fissures et les avaries des fenêtres, des éclatements d’architecture précise que l’église est : «Peut-être

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4 Actes des VIe Rencontres - Archéosismicité & Vulnérabilité, Environnement, bâti ancien et société ∗ Groupe APS ∗ 2002 endommagée par les tremblements de terre du XVIIe précédentes par une forte densité épicentrale. Les plus siècle, notamment celui de 1660, la voûte en pierre est proches, enregistrés par écrit, sont ceux du Haut- remplacée par une voûte de bois sommaire». Comminges en décembre 1855 (VII), de Luchon en janvier 1870 (VII), à 20 km environ et de Hèches en 3.2.3. En remontant vers le sud dans la vallée de l’Adour 1958 (VI-VII) à 16 km. Cette zone a été choisie à cause Campan de la richesse et de l’ancienneté de son patrimoine. À 6 km au sud de Bagnères, sur la D 935. L’église Saint-Jean-Baptiste-de-Campan date du XVIe 3.3.1. Saint-Bertrand-de-Comminges siècle. Le portail monumental d’entrée de l’enceinte de La tradition situe la première implantation romaine à l’église est daté de 1767. Le mur porte la marque d’une Lugdunum en 72 avant notre ère par Pompée (106-48) destruction/reconstruction. Une entrée latérale, donnant qui, après avoir mis fin à une rébellion en Espagne, accès au clocher, présente de nets éléments de décida de créer une communauté en bordure de la déformation de la maçonnerie. En voûte, on note un Garonne. remploi daté de 1548. La maçonnerie extérieure de La cathédrale Sainte Marie et le cloître. l’abside indique n changement d’appareil et des fissures. Elle est édifiée au début du XIIe siècle. Peu d’indices Un dicton local recueilli à l’office du tourisme dit : sont visibles. On note dans le cloître une «Tremblement de terre en hiver indique qu’il va neiger». destruction/reconstruction de mur, des désorganisations Il indique, pour le moins, la permanence des perceptions de niches et de linteaux de porte. sismiques de la part de la population. Saint Just-Valcabrère. Saint Roch L'église fut construite entre la fin du XIe et le début du Une chapelle en bord de la route D 935 à 8 km de XIIIe siècle. Vraisemblablement à l’emplacement d’une Bagnères présente un réseau notable de fissures dont nécropole romaine puis paléochrétienne, sur un édifice certaines, verticales, descendent de la toiture vers l’œil- de culte construit très tôt (peut-être dès le IVe). À de-bœuf qui est désorganisé, puis vers le porche d’entrée l’intérieur on trouve des colonnes romaines et des avec désorganisation du linteau, descente de moellons de remplois. Il y a de nombreuses traces de pathologies voussoir, fissuration de moellons de jambages et d’origine sismique telles que des éclatements de éclatement de crépi. moellons, et des désorganisations de linteau de voûte d’ouvertures avec descentes de voussoirs en clé. A 24 km au sud est de Bagnères dans la vallée de la La différence importante d’avaries entre Saint-Bertrand Neste, sur la D 929 (hors zone VIII de 1660). et Saint-Just-Valcabrère, pourtant proches, est notable. L’église est achevée en 1545. On relève des joints Elle est vraisemblablement liée à un effet de site : Saint- ouverts entre moellons au-dessus du portail d’entrée et Bertrand est situé sur un promontoire, Saint-Just est situé des éclatements de colonnettes. dans la plaine alluvionnaire de la Garonne. Près de la frontière et du tunnel de Bielsa, sur la D 929, 3.3.2. Saint Béat à 31 km à vol d’oiseau de Bagnères. En remontant la vallée de la Garonne vers le Sud, à 14 L’église ayant été restaurée en 1976/1977, il n’y a km à vol d’oiseau de Saint-Bertrand sur la N 125. pratiquement pas d’indice sauf la descente du voussoir L’église est typique de l’art roman pyrénéen, elle date du en clé de la porte d’entrée. XIe-XIIe siècle. Des éclatements de voussoirs sont On constate qu’au fur et à mesure que l’on s’éloigne de visibles. Cependant elle a subi une importante l’épicentre, la densité d’avaries diminue. restauration.

3.2.4. À l’Est de Bagnères 3.3.3. Saint Plancard Bulan À 16 km au nord de Saint-Bertrand sur la D 633, se À 11 km de Bagnères, l’église révèle un léger trouve l’église romane de Saint-Just-des-vignes. Elle a mouvement du voussoir de clé du porche (un moellon été construite sur le site d’un temple païen dédié à porte la date de 1561). Les fenêtres en œil-de-bœuf de Sutugius, dieu topique assimilé à Mars. Elle a deux l’abside sont fissurées. absides en hémicycle, une à chaque extrémité. Une Abbaye de l’Escaladieu décoration murale datée de la fin du XIe ou du début du À , à 10 km de Bagnères, sur un bâtiment XIIe siècle est encore visible. annexe de l’abbaye, on note une désorganisation d’un Le linteau de la porte d’entrée est fissuré avec linteau de portail avec descente de voussoirs et désorganisation et descentes de moellons en voûte et éclatements de moellons. rupture du seuil. Un changement d’appareil en maçonnerie du côté Nord (où un bras de l’abside s’est 3.3. Zone de Saint-Bertrand-de-Comminges écroulé) est visible (destruction/reconstruction archéosismique?) Cette région n’est pas caractérisée comme les deux

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3.3.4. Villa gallo-romaine de Montmaurin - Fissures inclinées depuis la partie supérieure des À 21 km au Nord de Saint Bertrand sur la D 633 : Villa du Ier chaînes d’angle, se dirigeant vers la partie centrale en siècle, enfouie dans les alluvions de la Save. Aucun indice n'a été base du mur. relevé. - Fissures inclinées depuis la partie supérieure d’un mur se dirigeant vers la chaîne d’angle. 4. Tableaux synoptiques des avaries archéosismiques et méthodes de relevés Avaries des fenêtres (Figure 8) - Descentes d’éléments de voussoirs en partie supérieure Les avaries décrites ci-dessus proviennent de zones où il de l’ouverture y a eu des séismes, avec pour certaines d’entre elles - Ruptures de linteau confirmation par l’écrit. Leur relevé permet d’étendre le recensement des avaries d’origine sismique initié avec le travail sur Arette (Gillan, 2002). Le tableau synoptique suivant porte sur des observations d’avaries du bâti dans 24 agglomérations des Pyrénées ayant subi des séismes au cours des trois derniers siècles. Il a pour but d’initier la structuration d’un catalogue des différents types d’avaries d’origine sismique que l’on peut relever sur le bâti ancien du territoire national.

Figure 8 : avaries de fenêtres (dessin A. Chaillou)

Avaries des portes et porches (Figure 9) - Désorganisations de linteau avec déplacement de voussoirs et irrégularité des joints. - Descentes d’éléments du linteau

Figure 7 : relevé de démolition reconstruction en partie supérieure de bâtiment observée à Arette (dessin A. Chaillou)

Avaries des murs - Différents appareils traduisant une destruction- reconstruction. Notamment en partie supérieure des bâtiments (Figure 7). - Fissures verticales en angle. - Fissures verticales depuis une ouverture située en partie supérieure du bâtiment ou depuis la charpente du toit et se dirigeant vers les ouvertures en partie inférieure particulièrement les linteaux des fenêtres et des portes Figure 9 : avaries de portes et de porches (dessin A. Chaillou) (Figure 3).

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- Éclatements de moellons du linteau “E NTI TÉ GÉ OG RA PHI QUE” - Déplacements latéraux de jambages - Ruptures de seuils. ville n “T Y POL OG I E” ville 1 ville 2 Avaries des piliers TY PE A - Éclatement de moellons. Ces différents types d’avaries ne sont pas d’origine exclusivement sismique et ne sont que des présomptions d’action sismique. Pour chaque cas relevé, une analyse TY PE B d’identification prenant en compte les autres sources d’avaries (tassements différentiels par exemple) et les documents historiques doit être menée. bâtiment n Ces deux études sur Arette et les Hautes-Pyrénées nous TY PE C ont amenés à réfléchir à la possibilité de mettre en place bâtiment 6 une méthode de travail de relevés sur le terrain avec pour objectif l’homogénéisation du repérage et de la bâtiment 5 description des avaries archéosismiques. bâtiment 1 Elle consisterait en l’établissement de fiches techniques TY PE n composées de deux parties. La première serait un schéma type de l'avarie, défini selon le catalogue des différents types d'avaries d'origine sismique. La deuxième comprendrait des informations telles que : VI LL E 1 VI LLE 2 VI LLE n - Localisation géographique (région, agglomération, “ ENTITÉ ARCH I TECTURALE” rue,…). Figure 10 : schéma de principe de fonctionnement de la base - Nature du bâtiment (rural, urbain, habitation, église,…) de données archéosismiques nationale - Typologie constructive et technique de construction (bois, pierre, liant,…) au fur et à mesure que l'on s'éloigne de l'épicentre. - Liste des avaries avec descriptions et schémas. Cette base de données serait composée de trois fichiers - Date de construction du bâti. (Figure 10) : - Date du séisme (présumé ou établi) avec références -Un fichier “typologie” dans lequel les différents types bibliographiques si elles existent. de pathologies déterminées seraient décrits et auxquels - Informations concernant l’action du séisme sur le serait associé un dessin schématique d’explication ; bâtiment (déclarations de témoins, archives). -Un fichier “entité géographique” qui regroupera toutes - Réparations : nature et datation. les villes, villages, hameaux, … qui sont étudiés, leur situation géographique, ainsi que les différents séismes Ces fiches techniques pourraient, le cas échéant, servir à qui ont touché cette entité ; alimenter une base de données archéosismiques - Un fichier “entité architecturale” dans lequel chaque nationale. Cette base permettrait par exemple de voir s'il bâtiment, monuments, petit patrimoine (lavoir, fontaine, existe un lien entre typologie constructive – technique de …), …, ayant au moins une pathologie sismique sera construction et avarie sismique. Une avarie est peut-être analysé de manière individuelle. Le choix des associée à un type de matériau et/ou à une méthode de pathologies sera fait en fonction des typologies construction. Il serait aussi possible, par l'intermédiaire déterminées dans le fichier “typologie” et plusieurs types de cette base de données puis d'un système d'information pourront être choisis. Ce fichier sera aussi lié au fichier géographique (SIG), d'avoir une vision géographique de “entité géographique” pour associer ville, village, … et la localisation des différents types d'avaries en liaison bâtiment, monument, … avec l'épicentre du séisme concerné. Il serait en effet Ces fiches techniques, et cette base de données, sont intéressant de savoir si toutes les avaries sont encore à formaliser mais elles marqueraient, selon nous, représentées quelle que soit la distance par rapport à un point important dans la poursuite de l'analyse des l'épicentre, ou s'il y a une “hiérarchisation” de ces avaries avaries sismiques sur le bâti ancien du territoire français.

Bibliographie

Lambert, et al., 1997 Lambert, J, (dir), Bernard, P., Czitrom, G., Dubié, J.Y., Godefroy, P., Levret-Albaret, A. Les tremblements de terre en France. Hier, Aujourd’hui, Demain. Éditions BRGM, 1997

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Gillan, 2002 Gillan, H., Archéosismicité des Pyrénées-Atlantiques. Arette, trente ans après, in Archéosismicité et Sismicité historique. Actes des V° Rencontres du Groupe APS, Perpignan, 2000.

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