Archéosismicité Des Hautes-Pyrénées
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Actes des VIe Rencontres - Archéosismicité & Vulnérabilité, Environnement, bâti ancien et société ∗ Groupe APS ∗ 2002 Archéosismicité des Hautes-Pyrénées Anne Chaillou1, Hubert Gillan2 Résumé des avaries d’origine sismique pouvant servir à alimenter L’objet de cette communication est une première une base de données archéosismiques. approche archéosismique du département des Hautes Pyrénées. Elle se compose de trois axes : 2. Sismicité des Hautes-Pyrénées - La présentation des séismes auxquels cette région a été soumise ; La France est un pays d’activité sismique modérée. Elle - Une description d’avaries sismiques observées sur le présente cependant des régions où l'activité sismique se bâti de certaines agglomérations ; manifeste plus sensiblement. C’est le cas pour la chaîne - Un recensement typologique des avaries d’origine des Pyrénées et, en particulier, sa partie centrale. Sur la sismique sur le bâti ancien avec propositions de fiches carte Sisfrance des épicentres des Pyrénées (Figure 1) on techniques d’archéosismicité. note que ceux-ci se concentrent particulièrement dans une zone s’étendant de l’Est du département des 1. Introduction Pyrénées-Atlantiques au Sud du département de la Haute-Garonne. Cette communication fait suite à la communication « La région sismique du département des Hautes-Pyrénées Archéosismicité des Pyrénées-Atlantiques, Arette trente s’étend sur 80 km d’Est en Ouest, entre les deux ans après » présentée lors des Ve Rencontres du Groupe départements précités. Dans sa partie Ouest, se trouve, APS en 2000 (Gillan, 2002). Elle s'inscrit dans un travail sur 40 km de longueur, une zone d’accumulation de recherches archéosismiques dans les Pyrénées. d’épicentres tels que ceux d’Argelès-Gazost et de Cette communication comporte trois parties. La première Bagnères-de-Bigorre (tableau 1). est relative à la sismicité régionale et s'appuie sur les Le plus ancien séisme répertorié est celui de Gavarnie en données fournies par la base de données SisFrance (site 580. Il lui a été attribué une intensité maximale de V-VI. SisFrance BRGM/EDF/IRSN: http://www.sisfrance.net). Le plus destructeur fut celui de Bagnères-de-Bigorre du La deuxième est un inventaire des avaries relevées lors 21 juin 1660 (VIII-IX). d'observations sur le terrain. Dans la troisième partie, qui À l’examen de la base Sisfrance on constate depuis le associe les travaux sur Arette et sur les Hautes-Pyrénées, XVIIè siècle, une certaine régularité des séismes les plus nous proposons un tableau synoptique d’observations importants ; Ils se produisent tous les cent ans, archéosismiques et une méthode de relevés sur le terrain sensiblement au milieu du siècle : 1660 à Bagnères de Figure 1 : carte Sisfrance des épicentres des Pyrénées 1 architecte-archéologue, courriel : [email protected] 2 ingénieur, 32bis, rue Sorbier, 75070 Paris cedex 18, courriel : [email protected] Archéosismicité des Hautes-Pyrénées - Anne Chaillou, Hubert Gillan 1 Actes des VIe Rencontres - Archéosismicité & Vulnérabilité, Environnement, bâti ancien et société ∗ Groupe APS ∗ 2002 0 archéosismique actuellement lisibles sur le bâti avec, Localisation Date Longitude Latitude I Intensité épicentrale autant que possible, confirmation par des informations provenant de la sismicité historique. Ils portent sur trois Bagnères 21/06/60 0,04 42,58 V III -IX zones : les deux zones épicentrales d’Argelès-Gazost et Juncalas 24/05/50 -0,02 43,04 V III de Bagnères-de-Bigorre et celle, plus à l’Est, de Saint- Bertrand-de-Comminges. Juncalas 24/06/50 0,00 43,03 V II Les deux premières, étant donné leur proximité, ont subi Bigorre St Pé 07/06/78 -0,10 43,06 V II les effets destructeurs de quatre séismes compris entre Bigorre St Pé 17/11/50 -0,10 43,06 V II VII et VIII-IX, ce qui complique la datation des avaries Argelès Gazost 20/07/54 -0,03 43,02 VII-VIII constatées. V allées d’Aure et de Luchon 05/12/55 0,30 42,50 V II 3.1. Zone d’Argelès-Gazost 3.1.1. Argelès-Gazost Bigorre (Bagnères) 28/11/73 0,09 43,02 V II Peu d’indices archéosismiques sont relevés sur le bâti, celui-ci étant bien entretenu et rénové de façon Bigorre (Bagnères) 13/07/04 0,07 43,04 V II importante. Le linteau du tympan de l’église est fissuré. Bigorre (Campan) 31/01/50 0,10 42,58 V II Nous disposons pour le séisme de 1660 du témoignage Bigorre (Campan) 13/10/53 0,15 43,01 V I suivant : «la mayson seigneuriale a été ébranlé par tous Bigorre (Heches) 25/11/58 0,22 43,00 V I-V II les coings et le suhl (seuil) des portes de pierre fendeus Lavedan et le dessus de plusieurs est tombé» (Lambert et al., (Ferrières) 28/09/81 -0,13 43,02 V 1997). Ce texte donne le constat précis d’avaries Tableau 1: Séismes d’intensité notable dans le département d’origine sismique que l’on relève souvent en des Hautes Pyrénées, d’après la base SisFrance (échelle MSK). archéosismicité. Bigorre (IX-VIII), 1750 à Juncalas (VIII), 1854 à 3.1.2. Au sud d’Argelès-Gazost en remontant la vallée du Argelès-Gazost (VIII-VII), 1950 à Campan (VII) avec Gave (D 921) : une décroissance de l'intensité (Figure 2). La Saint-Savin caractéristique majeure de la sismicité de cette région est À 3 km au Sud d’Argelès sur la D 101, à 22 km de la forte intrication, dans le temps et dans l’espace, des Bagnères, à Saint-Savin se trouve une église romane événements sismiques : il y a 21 kilomètres à vol construite en 1160 par les Bénédictins. Elle a été d’oiseau entre Argelès-Gazost et Bagnères. Juncalas se fortement affectée par le tremblement de terre de 1660, trouve à mi-chemin entre ces deux villes. Campan est à «Le monastère de Saint Savin subit des outrages six kilomètres au sud de Bagnères. considérables, comme l’atteste un procès-verbal rédigé le 6 novembre 1660. En particulier, le dôme, les voûtes, les vingt-six piliers de l’église, son portail de 10 pieds (3,20 m) d’épaisseur, tout en pierre de taille et diverses murailles durent être entièrement réparées» (Lambert et al., 1997). Nous avons relevé les avaries suivantes : -une importante fissuration en oblique dans la maçonnerie du dôme depuis l’ouverture d’un vitrail en partie supérieure, jusqu’à un arc de voûte supporté par un pilier massif, -des éclatements de compression et des fracturations de moellons des piliers supportant les arcs de voûte du dôme, -au niveau du mur gauche du transept, orné d'une niche, un réseau de fissuration et une descente du moellon de clé en voûte de la niche. Figure 2 : Schémades séismes des Hautes Pyrénées À l’extérieur de ce mur, on retrouve le réseau de (dessin A. Chaillou) fissuration, des éclatements de moellons et des éléments de réparation (remplacement de moellons). 3. Archéosismicité régionale : observations de terrain Au niveau d’un portail latéral, une fissuration verticale relie un vitrail au linteau. Les moellons du linteau sont Les relevés archéosismiques présentés ci-après sont un plus récents et moins patinés. Ils indiquent une premier défrichage des désordres d’origine réparation. Archéosismicité des Hautes-Pyrénées - Anne Chaillou, Hubert Gillan 2 Actes des VIe Rencontres - Archéosismicité & Vulnérabilité, Environnement, bâti ancien et société ∗ Groupe APS ∗ 2002 Au niveau du portail principal, et ce malgré sa réfection Nous avons noté un nombre important de linteaux avec après le séisme, on constate toujours une fissuration avaries dans l’agglomération. Un porche avec descente verticale dans le mur à gauche. du voussoir de clé porte la date de 1787. De même, un Dans l’abbatiale, un linteau de porte est cassé et à sa bâtiment daté de 1787 porte une fissuration verticale proximité des moellons portent des éclatements. avec rupture de l’encadrement de la fenêtre à l’étage et descente du moellon de clé de la fenêtre en rez-de- Pierrefitte-Nestalas à 6 km au sud d’Argelès-Gazost et chaussée. 21 km de Bagnères. On relève des avaries telles que des linteaux de portes 3.1.3. Au Nord Est d’Argelès : Juncalas endommagés avec éclatement de moellons et des déformations de l’ensemble. Dans la rue menant à Sur la D26, à 10 km à vol d’oiseau au Nord est d’Argelès l’église, en plus d'une avarie de linteau, on remarque une et à 12 km à l’Ouest de Bagnères. fenêtre où il manque une colonnette et, au rez-de- Juncalas est l’épicentre d’un séisme important en 1750 chaussée, une ouverture voûtée autour de laquelle des (tableau 2). moellons sont éclatés. Dans la même rue, au n°2, une façade porte une fissure verticale. Cette fissure court 0 depuis la corniche du toit, passe par la voûte du linteau Localisation Date Longitude Latitude I Intensité épicentrale de la fenêtre à l’étage et atteint la voûte de la porte du rez-de-chaussée avec une descente du moellon de clé Juncalas 24/05/1750 -0,02 43,04 V III (Figure 3). Une maison de deux étages porte la même Juncalas 24/06/1750 0,00 43,03 V II pathologie de fissure verticale depuis le toit brisant tous les linteaux en béton des fenêtres des deux étages et de la Tableau 2 : Principales secousses du séisme de 1750 porte. Cette fissure est accompagnée d’éclatements du crépi. L’église porte sur son porche la date de 1619 ou 1679 mais elle est entièrement recouverte de crépi. Aucun indice n’est donc visible mis à part un pilier du portail d’accès du cimetière qui à sa partie supérieure brisée suite à une chute.