NICOLAS MENGUS

MAI-JUIN 40 PHOTOS INÉDITES PRISES PAR LES SOLDATS ALLEMANDS PENDANT LA CAMPAGNE DE FRANCE

Éditions OUEST-FRANCE AVANT-PROPOS RETOUR SUR LES ÉVÉNEMENTS « Mais les enfants ce sont les mêmes, (SEPTEMBRE 1939-JUIN 1940) À Paris ou à Göttingen. Ô faites que jamais ne revienne Le temps du sang et de la haine, Car il y a des gens que j’aime, ’histoire que nous allons retracer ici commence a marqué durablement les mémoires. Pour l’immense À Göttingen, à Göttingen. » par une date : le 3 septembre 1939. Le Royaume- majorité des Alsaciens et les Mosellans concernés, c’est LUni et la France déclarent la guerre à l’Allemagne un saut dans l’inconnu. L’acheminement et l’accueil dans Barbara, Göttingen nationale-socialiste, dont le chancelier est, depuis les le sud-ouest, l’ouest et le centre de la France connaissent élections de 1933, . À ce moment précis, des succès variables. Le voyage, essentiellement en wagons ces deux pays estiment que la diplomatie a été un à bestiaux, reste synonyme de calvaire pour beaucoup. ai-juin 1940. La bataille de France. Une défaite lui-même vécu cette défaite en tant que capitaine de échec et que seule une guerre peut encore contenir Écoutons la Mosellane Marthe Schweitzer : « Je me sou- des armées française et anglaise, belge et hol- l’armée française, il y faisait part de ses analyses et les ambitions des nazis. viens avoir quitté Bouzonville [pour Chauvigny, dans la Mlandaise face au rouleau-compresseur natio- écrivait, entre autres : « Beaucoup d’erreurs diverses, L’année précédente, 1938, a été marquée par l’Anschluss Vienne] avec un petit rucksack (« sac à dos ») de couleur nal-socialiste. Dans les mémoires, on se souvient de dont les efets s’accumulèrent, ont mené nos armées au (« rattachement ») de l’Autriche à l’Allemagne et, surtout, kaki et mon petit masque à gaz. Il fallait laisser la maison cette campagne comme celle d’une marche triomphale désastre. Une grande carence, cependant, les domine par les accords de Munich : Hitler y obtient gain de cause avec les meubles, le linge, la vaisselle, les jouets et tous de l’armée allemande. Une « guerre-éclair » où la toutes. Nos chefs ou ceux qui agissaient en leur nom sur la question des Sudètes (région de Tchécoslovaquie les souvenirs. Il fallait emmener un maximum de 30 kg Wehrmacht et la Wafen-SS ont littéralement bousculé n’ont pas su penser cette guerre. En d’autres termes, peuplée de 3 millions d’Allemands) et les démocraties de bagages (je n’ose imaginer cela aujourd’hui). Il fallait l’ennemi engoncé dans des stratégies d’une autre guerre, le triomphe des Allemands fut, essentiellement, une pensent avoir sauvé la paix. Parallèlement, la France et lâcher dans la nature les bêtes : cochons, lapins, poules, etc. d’un autre temps, celle de 1914-1918. victoire intellectuelle et c’est peut-être là ce qu’il y a eu l’Angleterre développent leur potentiel militaire, bien plus Le plus dur, je crois, c’était d’abandonner ici son chat, là Les clichés sur cette période de l’Histoire abondent, au en lui de plus grave. » que l’Allemagne nazie. En mars 1939, Hitler rompt lesdits mon chien (…). » Une fois embarqués dans des wagons sens propre comme au sens fguré : vieillards séniles à Quant au vainqueur du moment, Propagandakom- accords et envahit le reste de la Tchécoslovaquie. Les à bestiaux, « les mamans pleuraient beaucoup ; moi- la tête de l’armée française, erreurs stratégiques dignes panien (compagnies de propagande) et Frontkämpfer démocraties doivent se rendre à l’évidence : la diplomatie même j’étais heureuse de voyager et de dormir sur de la d’un débutant ou lâcheté des soldats français… S’il est (combattants du front) multiplient flms et photogra- ne sufra pas à contenir les projets d’Hitler. En mai, l’Alle- paille. Lors des arrêts, la Croix-Rouge nous distribuait vrai que, en certains points du front, les troupes alliées phies pour immortaliser ces instants glorieux dont magne signe le pacte d’Acier avec l’Italie ; cette dernière, de du café. Nous avons voyagé plusieurs jours, je crois, cela ont décroché sans combattre, ailleurs elles ont résisté ils ont été les premiers surpris. En les rapportant par sa seule situation géographique, représente une réelle représentait pour moi : traverser la France ». âprement, héroïquement. dans leurs foyers, les soldats partageaient leur ferté menace pour les Franco-Britanniques en Méditerranée. Le déroulement des faits – occasions ratées comme d’avoir vaincu les armées de plusieurs pays (et non Le 1er septembre, l’Allemagne attaque la Pologne. Contrai- Arrivés sur place, les évacués (374 000 Alsaciens et l’ofensive française en Saar/Sarre (1939) ou stratégie des moindres), prouvant ainsi la toute-puissance de rement aux afrmations de la propagande nazie, l’armée 302 732 Mosellans) n’y trouvent pas toujours l’accueil aberrante (trouée de Sedan) – en laisse plus d’un per- la Wehrmacht et le génie militaire de leur Führer polonaise oppose une résistance certaine à la Wehrmacht. qu’ils espéraient. C’est un choc culturel, d’autant que les plexe. Si, parmi les nombreux éléments qui ont conduit (« guide ») Adolf Hitler. Mais la non-intervention de ses alliés français et britan- nouveaux arrivants parlent essentiellement l’alsacien ou à la capitulation de la France, la rigidité du comman- niques, puis l’attaque des Soviétiques le 17 septembre (en le platt, ces langues régionales qui sont assimilées à de dement français et le manque de cohésion entre les accord avec le pacte germano-soviétique du 23 août 1939) l’allemand ; beaucoup ne comprennent pas le français. alliés sont souvent évoqués, d’aucuns n’hésitent pas, ont fnalement raison de la Pologne. Ils sont rapidement surnommés les « Ya-Ya » (de l’ex- aujourd’hui, à parler de trahison pour expliquer cette pression « Ja, Ja » qui signife « Oui, oui ») ou, selon les « étrange défaite », pour reprendre le titre d’un ouvrage Nous avons dit que notre histoire commençait le 3 sep- cas, traités de Boches. Il faut parfois du temps pour que de Marc Bloch (écrit en 1940 et paru en 1946). Ayant tembre 1939. Mais ce n’est pas tout à fait exact : elle débute les uns et les autres s’apprivoisent et s’apprécient. Si cette deux jours plus tôt. En efet, si l’on excepte la mobilisation nouvelle vie s’avère plus ou moins compliquée pour les générale (en juillet ; une première mobilisation avait eu adultes (essentiellement des femmes et des vieillards, lieu en août 1938), c’est bien l’évacuation des zones fron- les hommes ayant été mobilisés), elle est plutôt perçue talières (tant du côté français que du côté allemand) qui comme une grande aventure pour les enfants. Ainsi, des

2 MAI-JUIN 1940 MAI-JUIN 1940 3 Haut commandement de la Wehrmacht (OKW)

Berlin, le 20 novembre 1939 8 copies

Directive n° 8 pour la conduite de la guerre

1. En ce moment, un état élevé de préparation doit être maintenu af n de permettre, dès l’instant où l’ordre en sera donné, de lancer l’of ensive prévue. C’est seulement de cette manière que nous serons assurés de pouvoir prof ter immédiatement Nord. « Von Belgien… nach d’éventuelles conditions météorologiques favorables. La Wehrmacht se tiendra prête de façon à ce qu’il lui soit possible de Frankreich », « De la Belgique… reporter l’of ensive, même si l’ordre de report ne lui parvient que J-1 avant 23h 00. À cette heure au plus tard, les commandants à la France ». La Wehrmacht auront reçu le mot de code qui sera : « Danzig » (of ensive conf rmée) ou « Augsburg » (of ensive reportée). franchit la frontière franco- Les commandants en chef de la Heer et de la Luf waf e sont tenus de transmettre, aussitôt après avoir été informés du jour belge au lieu-dit « La Glanerie » f xé pour l’of ensive, au bureau des opérations du haut commandement des forces armées, l’heure sur laquelle ils se sont (commune de Rumes, Belgique) accordés pour le lancement de l’of ensive. sur la N50 (actuelle D938 et N508 en Belgique). Comme indiqué, le 2. Contrairement aux ordres précédents, toutes les dispositions prévues contre la Hollande seront prises sans nécessiter panneau « France » est un « don de d’ordre spécial lorsque l’of ensive générale sera lancée. L’attitude des forces hollandaises ne peut être anticipée. Lorsqu’il ne l’Automobile-Club du Nord ». sera pas rencontré d’opposition, l’invasion prendra le caractère d’une occupation pacif que. 3. Les opérations terrestres seront conduites selon les ordres opérationnels du 29 octobre. Ces ordres sont complétés par les instructions suivantes : a) Toutes les dispositions seront prises pour permettre à l’ef ort principal de l’attaque de basculer du groupe d’armée B vers le groupe d’armée A s’il s’avère que le groupe d’armée A, en fonction de la disposition des forces ennemies, est en mesure d’obtenir de meilleurs résultats. b) La Hollande, y compris les îles de la Frise occidentale, mais Texel (pour le moment) exclu, devra être occupée initialement jusqu’à la ligne Grebbe [et son af uent la] Meuse. 4. La Kriegsmarine ef ectuera le blocus des ports belges ainsi que des communications maritimes et, contrairement aux ordres précédents, ceux de Hollande aussi. Pour les sous-marins (U-Boote), cette action sera autorisée à partir de la nuit précédant l’of ensive. Les navires de surface et l’aviation devront attendre l’heure de l’attaque terrestre. Le délai entre le début du blocus et le commencement de l’attaque terrestre doit cependant rester aussi bref que possible, y compris en ce qui concerne les U-Boote. Des actions contre la marine hollandaise ne seront entreprises qu’en cas de comportement hostile. La Kriegsmarine sera responsable de la mise en place de l’artillerie de défense côtière dans les territoires occupés pour s’opposer à toute attaque venant de la mer. Des préparations sur ce point devront être entreprises. 5. Les missions de la Luf waf e demeurent inchangées. Elles ont été complétées par des ordres spéciaux communiqués orale- ment par le Führer pour les opérations aéroportées en soutien de la Heer visant à la capture des ponts à l’ouest de Maastricht. La 7e division Aéroportée sera parachutée une fois que les ponts sur le canal Albert seront tombés entre nos mains. Lorsque ce sera le cas, le commandant en chef de la Heer devra immédiatement transmettre cette information au commandant en chef de la Luf waf e. Les centres de populations en Hollande et en Belgique-Luxembourg, en particulier les grandes villes et les installations industrielles, ne devront pas être attaquées sans que cela ne soit rendu nécessaire par le déroulement des opérations militaires. 6. Contrôle des frontières. a) Jusqu’au déclenchement de l’attaque, le traf c routier et les communications à travers les frontières hollandaises, belges La prétendue « drôle de guerre » prend brusquement d’armée (Generaloberst) dans les et luxembourgeoises restera ouvert normalement af n d’assurer la surprise de l’opération. Les autorités civiles devront se f n le 10 mai 1940, lorsque les Allemands lancent Ardennes. Les troupes alliées se trouvant en Belgique – préparer à la fermeture de ces frontières après le lancement de l’of ensive. une vaste of ensive appelée Fall Gelb ou « bataille de qui manquent de coordination avec les troupes belges b) Suite à l’attaque, les frontières avec la Hollande, la Belgique et le Luxembourg seront fermées au traf c routier et aux com- France ». Peu soucieuse de la neutralité de certains et néerlandaises — sont désormais séparées de celles munications qui n’auront pas un caractère militaire. Le commandant en chef de l’armée devra communiquer ses ordres dans états, la Wehrmacht envahit le Luxembourg, les Pays- se trouvant en France. La traversée des Ardennes n’est ce sens aux autorités civiles et militaires concernées. Au commencement de l’attaque, l’OKW transmettra des instructions aux plus hautes autorités civiles pour qu’elles suivent directement les ordres de l’OKH (Oberkommando des Heeres) pour la Bas et la Belgique, appuyée par la Luf waf e. cependant pas si aisée pour les Allemands, car les fermeture des frontières, y compris celles de Hollande qui se trouvent en dehors du théâtre des opérations. Des parachutistes sautent sur la Hollande et la Belgique. soldats belges résistent. c) Pour les autres frontières du Reich avec les États neutres, aucune mesure de restriction particulière ne sera prise pour le Des troupes se placent face à la ligne Maginot. Une L’armée néerlandaise capitule le 15 mai ; ce même traf c routier et les communications au moment de l’of ensive. Des mesures concernant le contrôle et le passage des personnes partie des troupes franco-britanniques progressent jour, l’aviation anglaise bombarde des raf neries et des et des communications ont déjà été prises et seront appliquées le cas échéant. vers la Belgique, favorisant ainsi l’of ensive du général gares dans la Ruhr (Allemagne). Pendant ce temps, les

Signé :

6 MAI-JUIN 1940 MAI-JUIN 1940 7 Un Stuka (abréviation de Sturzkampfflugzeug) – surnom familier du Junkers Ju 87 – est un bombardier qui attaque en piqué, souvent accompagné du bruit d’une sirène hurlante. C’est une pièce maîtresse des victoires allemandes en 1939 et 1940. Ces avions semèrent la terreur parmi les civils en exode sur les routes de France.

Du 21 au 23 mai, les Britanniques s’opposent aux Alle- muf e !!! Mais… les autres « Alliés » (?) anglais ont mands à Arras (Pas-de-Calais). Les troupes du général créé un précédent. Souvenez-vous de Dunkerque ! d’armée (Generaloberst) Heinz Guderian s’emparent de Et de leur réembarquement précipité pendant que… Les forces allemandes progressent en Haute-Marne à partir du 15 juin 1940. Boulogne et de Calais (Pas-de-Calais). Celles de von les Français sont seuls massacrés ! Les événements Rundstedt reçoivent l’ordre de s’arrêter à Gravelines en changent, mais… pas les méthodes des « Alliés » ! Allemands atteignent la Meuse, établissent des têtes vue de la prise de Paris. C’est à l’aviation que revient la Voulez-vous vous faire saigner pour eux ?? » de pont à Dinant (Wallonie) et à Sedan (Ardennes), mission de réduire la poche de Dunkerque (Nord). Les et percent une brèche de 75 km à travers les lignes pilotes britanniques résistent af n qu’un maximum de adverses en direction de l’ouest. soldats puissent être évacués ; l’évacuation – l’opération Entre le 15 et le 20 mai, la situation se détériore plus Dynamo – débute le 26 mai et s’achève le 4 juin avec la au nord. Les Français doivent se retirer des Pays- prise de la ville et la capture de 40 000 soldats français. Bas. Les Belges combattent dans les secteurs d’Anvers Cette opération a permis à 338 682 hommes d’échapper et Bruxelles, mais sont contraints à la retraite. Les à la poche de Dunkerque, parmi lesquels on compte 17-19 mai, la 4e division cuirassée conduite par le 123 095 Français. colonel Charles de Gaulle tente en vain de mener une Le repli des Alliés sur Dunkerque rend toute résistance contre-of ensive dans le secteur de Laon et Montcornet inutile en Belgique. Le roi des Belges capitule le 28 mai. (Aisne). Les Allemands atteignent Cambrai (Nord) le Le 9 juin, le roi de Norvège, réfugié en Grande-Bre- 18 et Abbeville (Somme) le 20. Les forces alliées sont tagne, donne l’ordre à ses troupes d’arrêter les combats. séparées par le « corridor » créé par les Allemands et Notons que l’épisode de Dunkerque réapparaîtra dans prises à revers. Il faut agir vite, mais le remplacement la propagande allemande lors des combats de la poche du général français Maurice Gamelin par Maxime de Colmar (Haut-Rhin) pendant l’hiver 1944-1945. Weygand occasionne une perte temps irrattrapable. Un tract à destination des soldats français disait : e « En Alsace comme à Dunkerque ! Après la reprise Messerschmitt Bf109 de la Jagdgeschwader 53 (53 escadre de chasse), dite Pik As (« As de pique »). Cette unité d’Obenheim par nos troupes, nous avons appris par la Front ouest, 1940. « Portrait » du char (Sturmpanzer 1) participe activement à la campagne de France. La maîtrise « Bison » baptisé Cambrai. Sur une photo bien connue, on population que les Américains avaient déclaré : “Nous rapide des airs par la Luftwaffe a été primordiale pour le voit circuler en colonne, derrière son homologue appelé nous retirons ! Que les Français se battent eux-mêmes empêcher les aviateurs français d’occuper l’espace et de Bismarck et marqué du symbole de la 2e Panzerdivision du pour l’Alsace !” Pour des « Alliés »… hum ? C’est plutôt mettre en danger les colonnes de chars, mais aussi de XIXe Panzerkorps de Guderian. cavaliers, de cyclistes et de fantassins.

8 MAI-JUIN 1940 MAI-JUIN 1940 9 L’aigle allemand fond sur Paris. Couverture de Die Wehrmacht du 19 juin 1940. POURQUOI UNE VICTOIRE Coll. N. Mengus. Ce texte de Keitel – qui avait été nommé Generalfeld- SI RAPIDE ? marschall le 19 juillet 1940 – est la préface du livre Mit Hitler im Westen (Avec Hitler à l’Ouest) paru en 1940. Ouvrage de propagande, il retrace en image la cam- pagne victorieuse de l’armée allemande sur la France et u 10 mai 1940 au 22 juin 1940, date de signa- l’armée allemande parvient à vaincre les armées alliées ses alliés. On y voit des soldats progressant dans la cam- ture de l’armistice entre la France vaincue et de la France, de l’Angleterre, de la Belgique et des Pays- pagne ou dans des villes en ruines, des parachutistes l’Allemagne nationale-socialiste triomphante, Bas en un temps record. D sautant au-dessus de la Hollande, sous-marins, chars il aura fallu deux mois de combats… seulement. Contre La victoire de juin 1940 et l’état d’esprit allemand est ennemis en f ammes ou soldats français se rendant, toute attente, lors d’une « guerre éclair » (Blitzkrieg), ainsi exposé par le général Wilhelm Keitel (1882-1946) : blockhaus détruit de la ligne Maginot et blockhaus intact de la ligne Siegfried, etc., sans oublier Hitler dans son rôle de stratège et de chef de guerre victo- « Sonnenwendtage 1940 löschte der Führer im Walde von Compiègne die Schach des Waf enstillsatandes vom 9. rieux posant devant la tour Eif el à Paris ou visitant la November 1918 aus. cathédrale de Strasbourg. Il est le ref et d’une victoire Vom Nordmeer bis zur Biskaya steht heute die Atlantikküste der deutschen Wehrmacht für den Entscheidungs- éclatante, surtout dans sa vitesse pour l’obtenir. kampf gegen den letzten Gegner, England, zur Verfügung. Heer, Kriegsmarine und Luf waf e wetteifern und treuer Waf enbrüderschaf um die Erringung des Endsieges. Les Allemands sont eux-mêmes surpris de leur si In tiefer Dankbarkeit gedenken wir immer des Mannes, der Kopf und Herz dieses gewaltigen Geschehens ist und rapide victoire. Un paragraphe de l’ouvrage Der dessen geniale Führung den Sieg auch über England erzwingen wird. Wieder war es mir vergönnt, während dieses Krieg 1939/1940 in Karten (La guerre 1939/1940 einzigartigen Siegeszuges unserer Wehrmacht in Holland, Belgien und Frankreich an der Seite des Führers zu ste- hen, ihn bei den Besuchen der Front zu begleiten und mit ihm nicht nur die Schlachtfelder aufzusuchen, auf denen seine Soldaten un diesem Kriege siegten, sondern auch jene, auf denen im Weltkrieg 1914-1918 deutsche Männer kämpf en und starben. Dieses Bildwerk « Mit Hitler im Westen » will Erinnerungen an diesen einmaligen Siegeszug festhalten. Dem deut- schen Volke soll es Höhepunkte des kriegerischen Geschehens vor Augen führen, die dort ihren Ausgang nahmen, wo En 1940, la Luftwaffe maîtrise le ciel de der Führer inmitten seiner siegreichen Truppen weilte. Möge das deutsche Volk und vor allem die deutsche Jugend France (ici des bombardiers Heinkel 111 H-6), darin ein Zeugnis der Leistung von Führung und Truppe erkennen ! facilitant ainsi les opérations terrestres (1), Keitel, und Chef des Oberkommandos der Wehrmacht » mais cela n’est pas sans risques (2).

« Le jour du solstice 1940, en forêt de Compiègne, le Führer a ef acé les échecs du cessez-le-feu du 9 novembre 1918. De la mer du Nord à Biscaye, la côte atlantique de la Wehrmacht allemande est aujourd’hui disponible pour la lutte contre le dernier adversaire, l’Angleterre. L’armée de terre, la marine de guerre et l’armée de l’air rivalisent et s’unissent en une f dèle fraternité d’armes pour remporter la victoire f nale. Avec une profonde gratitude, nous nous souvenons toujours de l’homme qui est à la tête et au cœur de ce grand événement et dont la brillante direction forcera aussi la victoire sur l’Angleterre. Une fois de plus, j’ai eu le privilège d’être aux côtés du Führer, alors que, fait unique, notre Wehrmacht était victorieuse en Hollande, en Belgique et en France, de l’accompagner lors des visites sur le front et de partir non seulement sur les champs de bataille où ses soldats ont gagné cette guerre, mais aussi sur ceux où des Allemands se sont battus et sont morts pendant la guerre de 1914-1918. Cet ouvrage illustré Mit Hitler im Westen veut immortaliser les souvenirs de cette victoire unique. Qu’il montre au peuple allemand les hauts faits de la guerre qui ont connu une issue favorable, là où le Führer se trouvait au milieu de ses troupes victorieuses. Puisse le peuple allemand, et surtout la jeunesse alle- mande, y voir un témoignage de la réussite du commandement et de la troupe !

Keitel, Generalfeldmarschall et chef du haut commandement de la Wehrmacht. »

12 MAI-JUIN 1940 MAI-JUIN 1940 13 Alsace. Image classique de l’armée allemande triomphante. En voyant ces fantassins marcher le long IMAGES DE GUERRE, d’une route, le début du chant de marche Auf der Strasse des Sieges (Sur la route de la victoire, 1940) revient en mémoire : « Wenn deutsche Soldaten marschieren, dann LE QUOTIDIEN DU CHAOS hält sie kein Teufel mehr auf. Dann fallen die Würfel des Krieges, dann flattern die Fahnen des Sieges den stürmenden Heere vorauf », « Quand les soldats allemands e présent ouvrage revient sur la vision allemande Mais, pour l’heure, voici le quotidien d’une guerre – marchent, alors aucun démon ne peut les arrêter. Alors les de ces événements en se fondant, premièrement, entre les combats et les moments de repos, entre la dés de la guerre tombent, les drapeaux de la victoire se sur quelques publications nationales-socialistes mort des camarades et la victoire sur les Pays-Bas, la déploient devant l’armée de terre à l’assaut ». Sur le side- L car, le « G » identifie la Panzergruppe 2 Guderian. parues à l’époque pour l’édif cation du peuple allemand Belgique et, surtout, sur la France. La campagne de et pour glorif er le Führer Adolf Hitler et son état-ma- France à travers l’œil de l’envahisseur. jor. Si ces ouvrages bénéf cient d’une riche illustration Une armée en marche, combats photographique fournie par les compagnies de pro- « Infanterie, Kavallerie, Artillerie, Pioniere, et destructions pagande (Propagandakompanien), nous publions ici Nachrichtenmänner, Sanitäter, Kolonnenfahrer, Schützen, une sélection de photographies « privées »1, en ce sens Panzermänner – Soldaten, Of ziere, Generalstäbler, Le chant Panzerlied (1933) se fait déjà l’écho du qu’elles ont été réalisées par les soldats eux-mêmes, à des Generale – sie bilden im grossen Zusammenklang der Blitzkrieg mené tambour battant par les chars : « Ob’s überhaupt nicht an. Sie fahren zwischen ihnen durch und f ns de « souvenirs » qu’ils rapporteront chez eux – ce Waf engattungen, im planvollen Auf au der Organisation, stürmt oder schneit, ob die Sonne uns lacht, der Tag glühend brausen unauf altsam weiter in Richtung Rouen, nachdem en quoi ils remplissent le même rôle que la propagande im Zusammengreifen aller Kräf e, in der Ausrichtung heiß oder eiskalt die Nacht, bestaubt sind die Gesichter, sie auf der einzigen unzerstört gebliebenen Eisenbahn- of cielle ; après la bataille de Stalingrad, le nombre de auf ein gemeinsames Ziel, mit alten Traditionen und doch froh ist unser Sinn, ist unser Sinn. brücke bei Flixecourt über den Fluss gesetzt sind. Wenn photos prises par les Frontkämpfer (combattants du jungem Lorbeer den grossen, sieghaf en Rammblock Es braust unser Panzer im Sturmwind dahin. Mit don- man diese kleine schmale Eisenbahnbrücke sieht… Jawohl, front) va décliner au gré des défaites successives. unseres Heeres », « L’infanterie, la cavalerie, l’artillerie, les nernden Motoren, geschwind wie der Blitz, dem Feinde Glück muss man haben ! Aber das « Glück » wiederholt pionniers, les hommes des transmissions, entgegen, im Panzer geschützt. Voraus den Kameraden, sich hier in so vielen hundert Variationen und bei so vielen les services sanitaires, les convoyeurs, les im Kampfe steh’n wir allein, steh’n wir allein, so stoßen tausend Gelegenheiten, dass man schliesslich merkt : es ist tireurs, les tankistes – soldats, of ciers, wir tief in die feindlichen Reih’n… », « Qu’il tempête jenes Glück, das nach Moltkes Wort auf die Dauer eben hommes d’état-major, généraux –, ils for- ou qu’il neige, que le soleil nous sourit, que le jour soit doch nur der Tüchtige hat ». ment le grand ensemble des dif érentes brûlant ou la nuit glaciale, les visages sont couverts de « La bataille des Flandres est f nie. Le front Somme-Aisne armes, en une organisation méthodique- poussière, mais notre esprit est heureux, c’est notre esprit. se heurte à la ligne Weygand. La division blindée a réussi ment structurée, avec la collaboration de Notre char f le dans l’ouragan, moteur grondant, rapide à traverser la Somme et se prépare à attaquer le front très toutes les forces, orientées vers un objectif comme l’éclair, contre l’ennemi, à l’abri dans le char. En fortif é français derrière le f euve (…). commun, avec d’anciennes traditions et avant des camarades, nous sommes seuls dans la bataille, Au-delà de la Somme, le général Weygand a construit de jeunes lauriers, ils forment le grand nous sommes seuls, alors nous pénétrons profondément une nouvelle ligne de nids de résistance soigneusement bloc victorieux de notre armée. » (Sieg dans les rangs ennemis… » camouf és et puissamment fortif és. Mais, en grande im Westen, 1940.) partie, les chars allemands n’attaquent pas ces nids de 1 – Dans chaque chapitre, les photos sont présen- Selon la propagande allemande et comme dans la chan- résistance. Ils passent entre eux et continuent inexorable- tées dans l’ordre alphabétique des départements. son, la Wehrmacht progresse à la vitesse-éclair en pays ment leur route vers Rouen après avoir traversé le f euve à ennemi. Rien ne peut l’arrêter. Dans Sieg im Westen Flixecourt sur le seul pont ferroviaire resté intact. Si vous (1940), on lit par exemple : « Die Flanderschlacht ist been- voyez ce petit pont ferroviaire étroit… Oui, il faut avoir Somme. Photo légendée ainsi : « Strassensperre det. Die Somme-Aisne-Front tritt gegen die Weygandlinie de la chance ! Mais la “chance” se répète ici tellement, en in Rosières an Santerre (Deutscher centaines de variations et en milliers d’occasions, que l’on Panzerspähwagen) 7.6.40. Auf. Bauer J. Gefr. », an. Der Panzerdivision ist es gelungen, über die Somme « Barrage routier à Rosières-en-Santerre zu setzen, und sie steht vor dem Angrif auf die starke constate f nalement – selon les mots de Moltke – que seul (Panzerspähwagen allemand) 7 juin 1940. Photo französische Verteidigungsfront hinter dem Fluss (…). l’habile a cette chance à la longue. » J. Bauer, caporal ». Cette commune est le lieu Jenseits der Somme hat der General Weygand eine neue Sur le même sujet, la revue Die Wehrmacht du 19 juin1940 de durs combats le 22 mai. Début juin, elle est Linie von geschickt getarnten und schwehr befestigten titre : « Wir stürmen durch die Weygand-Linie ! Der Stoss bombardée, puis un incendie se déclare au soir du Widerstandsnestern aufgebaut. Aber die deutschen Pan- ins Herz des Feindes ! », « Nous lançons l’assaut à travers la 6 juin. Plus de la moitié des habitations est ravagée. zer greifen diese Widerstandsnesterner zum grössten Teil ligne Weygand ! Le coup porté dans le cœur de l’ennemi ! »

16 MAI-JUIN 1940 MAI-JUIN 1940 17 Aisne. Des cavaliers allemands font boire leurs chevaux à la fontaine des Trois Grâces à Bohain- en-Vermandois. La propagande nazie mettra à l’honneur le rôle des chevaux : « Trotz Panzer und Motore hat auch in diesem Krieg die Kavallerie wieder ihre Ausgaben », « Malgré les chars et les moteurs, la cavalerie a de nouveau son rôle dans cette guerre », (Sieg im Westen, 1940).

Aisne. Un convoi de la 3e Panzerdivision dans une rue d’Oulchy-le-Château. La marque tactique sur le side-car identifie la 8e compagnie d’un régiment d’infanterie motorisé. Sur le camion, on distingue les silhouettes de soldats français faits prisonniers. À l’arrière-plan se reconnaît l’Hôtel de Ville.

Aisne. Deux camions de la Luftwaffe en stationnement à Saint-Erme, au niveau de l’Hôtel Glorieux, au croisement de la route de Sissonne (D18) et, à gauche, de la route de Aisne. Les troupes allemandes envahissent la rue des Telliers à Crécy-sur-Serre. On reconnaît notamment un Panzer III et, Liesse (D24) en direction de Laon. à l’arrière-plan, la tour de Crécy. Le 18 mai 1940, le colonel Charles de Gaulle rassemble 155 chars et combat les Allemands avec courage à Crécy et à Pouilly-sur-Serre. Malgré cela, le rôle de la Luftwaffe assure la victoire à la Wehrmacht.

20 MAI-JUIN 1940 MAI-JUIN 1940 21 Aisne. Troupes allemandes franchissant Aisne. La place devant la mairie de Saint-Michel fourmille de troupes allemandes. Au pied du monument le viaduc de la gare à Saint-Quentin. aux morts, un char français Renault avec queue de franchissement marqué d’un as de pique, ce qui désigne la Au fond se reconnaît la basilique. Le 1re section (la couleur, elle, désigne la 1re compagnie : bleu, la 2e : blanc, noir, la 3e : rouge). Au premier plan, un 16 mai 1940, la municipalité avait fait autre, désormais marqué de la croix de la Wehrmacht, va désormais combattre pour les Allemands. savoir que « les circonstances actuelles ne justifient, en aucune manière, l’évacuation de la ville ». Dans la nuit du 18 mai, la 2e Panzerdivision de Heinz Guderian poursuit sa route vers Abbeville (Somme) pendant qu’une partie de la troupe occupe la ville. Le 20, Abbeville est aux mains des Allemands qui forment une tête-de- pont sur la rive gauche de la Somme. Du 27 mai au 4 juin, plus de 500 chars britanniques et français, dont ceux des 2e et 4e divisions cuirassées, vont tenter de reprendre le terrain.

Aisne. Soldats de la Wehrmacht prenant la pose devant un panneau directionnel à la hauteur du 2, avenue de Laon, à Soissons. La ville est prise par l’envahisseur le 8 juin 1940. Paris n’est plus qu’à 98 km. Au sol, le panneau indique un lieu de rassemblement (Sammelstelle) des troupes (on y lit « 530 »). Parmi les villes indiquées sur le Aisne. « Angriff auf St. panneau figure Château-Thierry. Dans Sieg im Westen Quentin », « Attaque sur (1940), le reporter de guerre (Kriegsberichter) Ertl débute Aber nun ist das Teufelkonzert um uns… », « Je n’oublierai Saint-Quentin ». Pour se son récit par : « Ich werde diese Stunden in Château-Thierry jamais ces heures dans Château-Thierry ! Nous filons avec protéger de la poussière, nicht vergessen ! Wir brausten mit unseren Kübelwagen nos Kübelwagen depuis la droite dans la localité. Quelques l’homme au centre utilise von rechts in den Ort. Die Stuka hatten wenige Minuten minutes auparavant, les Stukas avaient ici transformé la terre un tissu placé sur le visage. vorher die Erde hier in eine Hölle verwandelt (…). Und dann en un enfer (…). Et puis nous nous retrouvons dans de beaux Celui de droite, des lunettes sehen wir die Bescherung selbst : die Burschen drüben draps : les gars d’en face ont bien tiré, en plein milieu d’une anti-poussière ou Staubbrille, haben gut geschossen. Mitten in eine Kolonne ! Kameraden colonne ! Des camarades gémissent dans le fossé. Deux utilisées par les troupes de stöhnen im Strassengraben. Ein paar Sanitätssoldaten ambulanciers bandent un blessé. Des chevaux moribonds montagne et motorisées, verbinden einen Verwundeten. Pferde röcheln verendend. râlent. Quelques mules sont rigides comme des chevaux à Elles sont aussi utilisées par Einige Maultiere stehen starr wie Schaukelpferde herum bascule et fixent, presque stoïquement, les talus de la Marne. l’Afrika-Korps. und starren fast stoisch über die Böschung der Marne. Mais, maintenant, le concert du diable nous environne… ».

22 MAI-JUIN 1940 MAI-JUIN 1940 23 Aisne. « Fahrt durch 1 französ. Stadt », « Traversée d’une ville française ». On reconnaît la place de Laon à Soissons. « Nous avons dû Ardennes. Un convoi avancer contre toute attente. Nous avons eu fort de la 1re Panzerdivision à faire. Les combats autour de Soissons ont fait (on reconnaît la feuille beaucoup de blessés », écrit le soldat allemand de chêne qui lui sert Hans Scholl, (futur fondateur, avec sa sœur d’insigne à l’arrière du Sophie, du mouvement de résistance antinazi Schützenpanzerwagen « La Rose Blanche »), le 12 juin 1940. Derrière la tractant un canon, ainsi chenillette stationne un Panzer II. que la marque tactique de la 15e compagnie d’un régiment d’infanterie motorisé) progresse sous le couvert forestier.

Ardennes. À Signy-l’Abbaye, des Allemands examinent des obus abandonnés par l’armée française.

Ardennes. À l’image de leur future réputation, les Allemands et leurs Panzer se faufilent à travers la forêt.

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