Des Émirats À La Conquêtedu Ciel
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0123 8 | dossier MARDI 9 JUIN 2015 Un A380 de la compagnie Emirates, à Dubaï. BLOOMBERG/GETTY IMAGES Des émirats guy dutheil rois sœurs contre trois sœurs. En mars, American Airlines, United et Delta, les trois plus importantes compagnies aé- à la conquête du ciel riennes américaines, ont bru- talement mis les pieds dans le Tplat. Rapport à la clé, elles ont dénoncé la concurrence, qualifiée de déloyale, de leurs Emirates, Etihad, Qatar Airlines… En moins rivales venues du Golfe : Emirates, Qatar toriques » européennes et leurs rivales asia- Airways et Etihad. En colère, elles brandis- de dix ans, les compagnies du Golfe tiques sont loin derrière, avec respective- sent leur réquisitoire de 55 pages, aboutisse- ment 16 % et 11 % de parts de marché. ment de deux années d’enquête, qui prou- ont conquis le tiers du mar ché long-courrier verait que les « trois sœurs » du Golfe auraient bénéficié de 42 milliards de dollars entre l’Europe et l’Asie, et s’attaquent Une croissance considérable (environ 37,2 milliards d’euros) de subven- désormais à l’Amérique. Les acteurs Et le fossé ne cesse de se creuser, au point tions publiques. de sembler désormais insurmontable. Les L’ire des compagnies américaines a été historiques hurlent à la concurrence déloyale trois groupes proche-orientaux « ont un notamment provoquée par les velléités taux de croissance considérable », constate, d’expansion de leurs rivales d’Abou Dhabi, mi-admiratif mi-catastrophé, un cadre diri- du Qatar et de Dubaï. Après l’Europe et geant d’une grande compagnie européenne. l’Asie, les compagnies du Golfe visent désor- Elles sont même en plein boom. Depuis plu- mais le marché américain. « Elles nous atta- sieurs années, leur croissance est à deux quent parce que nous avons commencé à mières victimes ont été européennes. Air trafic passagers sur la zone Europe, Moyen- chiffres. De 15 % à 20 % par an, quand celle opérer des vols vers les Etats-Unis depuis France-KLM et Lufthansa ont, elles aussi, Orient, Inde et Asie du Sud-Est, leur princi- des compagnies européennes ne dépasse deux à trois ans », reconnaît Thierry Aucoc, décidé de se battre par communiqués ven- pale aire de chalandise. A l’époque, dans la pas 3 % à 5 % par an. vice-président d’Emirates chargé de l’Eu- geurs et lobbying intensif. région, Air France-KLM, British Airways et Par ailleurs, quand Air France-KLM et rope et de la Russie. La compagnie de Dubaï Ces réactions sont à la mesure de la peur Lufthansa faisaient la loi, avec 23 % du mar- Lufthansa accumulent pertes et dettes vient tout juste de lancer une liaison directe que suscite l’essor des compagnies du ché. Loin devant les meilleures compagnies (198 millions d’euros perdus en 2014 pour vers Washington au départ de Milan. Golfe. Il faut dire que la montée en puis- asiatiques, qui culminaient à 15 %. Air France-KLM), plans sociaux et grèves, Mais les compagnies américaines ne sont sance d’Etihad, d’Emirates et de Qatar Sept ans plus tard, la hiérarchie a été totale- dans le Golfe, l’heure est à l’opulence. Emi- pas les seules, ni les premières, à pointer du Airways a été fulgurante. En 2008, elles ne ment bouleversée. Les transporteurs du rates vient ainsi d’annoncer que, « du PDG, doigt les trois compagnies du Golfe. Les pre- détenaient que 22 % de parts de marché du Golfe ont raflé un tiers du marché. Les « his- Tim Clark, au dernier des balayeurs, cha- cun va recevoir un bonus de neuf semaines de salaire ». La compagnie peut être géné- L’A380, navire amiral d’Emirates reuse. Début mai, elle a annoncé qu’elle avait réalisé le deuxième meilleur résultat annuel de son histoire, avec un bénéfice de cent quarante. C’est le chiffre passagers transportés par Avec son carnet de commandes l’A380. « S’il n’y avait pas les com- 1,2 milliard de dollars. qui fait se dresser les cheveux sur un A380. Le 1er décembre, la com- en bandoulière, Tim Clark, prési- mandes d’Emirates, il n’y aurait la tête des patrons d’Air France. pagnie de Dubaï prendra livraison dent d’Emirates, réclame de façon pas de programme A380. Nous sé- « En 2023, Emirates aura cent qua- de son premier Super-Jumbo re- récurrente un A380 NEO. Un Su- curisons tout le programme », rap- Aides d’Etat rante A380 » dans sa flotte, s’in- configuré selon ses vœux pour per-Jumbo remotorisé pour être pelle Thierry de Bailleul. Avec ses Pour les compagnies américaines et euro- quiète la compagnie, présidée par proposer 615 sièges. Le plus grand beaucoup moins gourmand en cent quarante A380 commandés, péennes, jalouses de la bonne santé de leurs Frédéric Gagey. nombre de passagers pour un ap- carburant. On dit qu’il serait aussi Emirates compte pour 44 % du to- rivales du golfe, cette forme éblouissante De quoi transporter des milliers pareil commercial. intéressé par un avion plus al- tal des commandes engrangées proviendrait pour une large part des mil- de passagers. D’autant que le Su- longé, pour transporter plus de par Airbus pour cet avion. liards d’euros de subventions dont elles per-Jumbo d’Airbus serait l’avion Une version « bi-classe » passagers. Une manière de faire L’A380 est devenu le fleuron auraient bénéficié. Une concurrence dé- préféré de ces derniers : lorsqu’ils Pour loger autant de passagers, baisser le coût du siège par kilo- d’Emirates. En 2015, la compagnie loyale qui fausse le marché. Air France-KLM ont le choix, ils optent générale- Emirates a supprimé la première mètre et par personne. va voir sa flotte long-courrier se dénonce ainsi les « aides directes considéra- ment, dit-on, pour un voyage classe et réduit le nombre de fau- « Emirates participe à la concep- gonfler de 28 appareils supplé- bles qui seraient condamnées comme aides en A380. Un avion admiré pour teuils en « business ». Cette version tion de l’A380 en tant que plus gros mentaires, parmi lesquels 12 Su- d’Etat dans l’Union européenne ». son envergure et réputé pour son « bi-classe » est entièrement con- client. Il y a en permanence des in- per-Jumbo. En 2016, vingt A380 Les compagnies du Golfe, financées par confort, sa luminosité et le silence forme aux desiderata de la compa- génieurs d’Emirates auprès d’Air- bi-classe devraient rejoindre la des monarchies pétrolières, sont accusées de sa cabine. gnie émiratie. Le premier A380 bi- bus », reconnaît Thierry de flotte d’Emirates. A titre de com- de ne pas payer leur pétrole au juste prix. El- Air France a des raisons de s’in- classe devrait desservir Copenha- Bailleul, directeur général d’Emi- paraison, Air France ne compte les sont aussi suspectées de ne verser qu’un quiéter. Et même plus encore gue au départ de Dubaï. Il viendra rates France. aujourd’hui que dix A380 dans sa « coût marginal » pour leurs infrastructu- qu’elle ne le croit. Emirates a soulager des Boeing 777, « toujours La compagnie de Dubaï a pres- flotte. p res. Surtout, elles bénéficieraient « des rede- choisi d’augmenter le nombre de pleins » sur cette destination. que droit de vie et de mort sur g. d. vances aéroportuaires parmi les plus faibles 0123 8 | france MERCREDI 10 JUIN 2015 Le plan Valls pour amadouer les PME Le premier ministre a annoncé, mardi 9 juin, une série de mesures « pour lever les freins à l’emploi » ne session de rattra- page. Après avoir reçu l’ensemble des parte- U naires sociaux, le pre- mier ministre, Manuel Valls, en- touré d’une partie de son gouver- nement, a annoncé, mardi 9 juin, un important volet de mesures en faveur des très petites entreprises (TPE) et petites et moyennes en- treprises (PME). Celles-ci s’estimaient les gran- des oubliées des projets de loi sur la croissance et l’activité, porté par le ministre de l’économie, Em- manuel Macron, et sur le dialogue social et l’emploi, défendu par le ministre du travail, François Reb- samen. Or, le gouvernement en convient, si les TPE et PME repré- sentent un fort gisement d’em- plois potentiel, c’est aussi là que les freins à l’embauche se font le plus sentir, malgré la – timide – re- prise de l’activité et de la crois- sance. Le gouvernement est donc dé- cidé à entraîner un mouvement en matière d’embauches dans les TPE et PME en les soulageant à la faveur d’un plan que Matignon présente comme « une sorte de “job act” à la française ». S’il ap- porte des garanties de sécurisa- tion aux entrepreneurs, il n’en- tend pas, cependant, ouvrir la boîte de Pandore du contrat de travail. Seule concession sur ce point : les contrats à durée déter- minée seront désormais renouve- lables deux fois, et non plus une comme actuellement, pour une durée maximale de 18 mois. Christian Eckert, secrétaire d’Etat au budget, Michel Sapin, ministre des finances, et Manuel Valls, premier ministre, à l’Elysée, mardi 9 juin. CHARLES PLATIAU/AFP « Corridor indemnitaire » Le principal volet des mesures an- indemnités légales de licencie- 15 ans d’ancienneté, la fourchette retenus par l’exécutif pourraient Matignon traintes de procéder à des plans so- noncé mardi porte sur les indem- ment, qui restent inchangées. sera comprise entre 4 et 20 mois les conforter dans leur hostilité à ciaux dès lors que le nombre de nités prud’homales en cas de licen- Pour les entreprises de moins de d’indemnité. En dessous de 2 ans, un tel dispositif. présente ce plan personnes concernées dépassait ciement contesté. Le projet de loi 20 salariés, une ancienneté de 2 à le maximum sera d’un sixième de comme dix, ce qui entravait ensuite les Macron avait déjà amorcé une ré- 15 ans donnera droit à une indem- mois par mois d’ancienneté.