Marcel-François /BERG ANTON /

LE DÉRIVÉ DU NOM INDIVIDUEL AU MOYEN ÂGE EN BÉARN ET EN BIGORRE

USAGE OFFICIEL SUFFIXES et FORMATIONS

ÉDITIONS DU CNRS LE DÉRIVÉ DU NOM INDIVIDUEL AU MOYEN AGE EN BÉARN ET EN BIGORRE

ANTHROPONYMIE DE LA HAUTE GASCOGNE CENTRALE

LE DÉRIVÉ DU NOM INDIVIDUEL AU MOYEN AGE EN BÉARN ET EN BIGORRE

USAGE OFFICIEL SUFFIXES ET FORMATIONS

PAR

Marcel François BERGANTON

ÉDITIONS DU CENTRE NATIONAL DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE 15, quai Anatole-France — 75700 PARIS 1977 DL-2 1-11-1977-2 6713

e Centre National de la Recherche Scientifique, Paris, 1977 ISBN 2-222-02024-7 TABLE

Bibliographie et références abrégées —— 9 INTRODUCTION 11

NOM INDIVIDUEL et MODIFICATIONS AFFECTIVES I - Les Anthroponymes —— _ 13 1 - Définitions — 13 2 - Le nom patronymique — 13 3 - Le nom complémentaire 14 4 - Les appellations familières 14 II - Les appellations familières 14 1 - L'all itération -—,— 14 2 - L'aphérèse et l'apocope 15 3 - La palatalisation 16 Les DERIVES I - Introduction -— 17 1 - Le dérivé —~ 17 2 - De l'exubérance à la pauvreté — — 17 II - Faux dérivés - Dérivés camouflés — 19

III - Historique de l'usage — 23 1 - Introduction 23 2 - Du onzième au treizième siècle 24 3 - Le quatorzième siècle 30 a - Le Debita regi Navarrae -- 31 b - Le Livre Vert de Bénac 31 c - Le nom complémentaire dans le Dénombrement de 1385 et le Censier de 1429 - 33

De l'USAGE des DERIVES 1 - Origines de l'usage 37 1 - Sources 37 2 - Fondement 40

II - Variations quantitatives 42 1 - Les zones 42 2 - Evolution 46 3 - Diffusion 60 a - Effets contraires des autorités lalques et religieuses 61 b - Relations populaires - Répartition 69 4 - Effacement de la coutume ------76 Les SUFFIXES

I - Composition des suffixes — 80 1 - Voyel les et consonnes 80 2 - Suffixes monosyllabiques 82 3 - Suffixes paroxytons 83 4 - Les palatalisées ——————————————————— 87 II " Dénombrement des suffixes - Leur répartition -—. 88 1 - La présentation —~ 89 2 - Les particules copulatives 90 3 - Les suffixes 91 1 . AC 91 2 - ALH 93 3 - AM 94 4 - AN 94 5 - AND 96 6 - ANH (an) — - 96 7 - ARROU 96 8 - ART 96 9 - AS 97 10 - AT 98 11 - AU (-ale) 102 12 - AU (-ave/-abe) - - 103 13 » AY ------103 14 - EC ( -ècou ) 103 15 - ELH (el) 104 16 - EN (-ee) 104 17 - ENH (en) - 105 18 - ENTIA - - 105 19 - ÈRI —. 106 20 - !ES 106 21 - ES -- 111 22 - ^T , ERE 111 23 - ET , ETE - 112 24 - (-éu) ; EU , ELE/ÈRE — 115 - Termes écartés 116 - Termes en -éu 117 - Termes en -èu 117 - Dérivés gascons en -èu 118 - Les toponymes 120 - Les anthroponymes 122 - Finales issues du latin 122 - Formations en -evus 123 - Formations en -et lus 124 - Examen des anthroponymes 126 25 - EX (es) — - - 129 26 - EY —-- - 129 27 - IC 129 28 - IE 130 29 - ILH (il) - 130 30 - IN (-ii ,-i) - - - 130 31 - INH (in) - 132 32 - LIS ---- -— 132 33 - IS — 132 34 - IT - - 133 35 - IU ( -i i a ) - 133 36 - lU (-ibe/-ive) 133 37 - IXS ( i s) - 134 38 - 10 - 134 39 - OC - 134 40 - ÔLO — 135 41 - OLH (oj,> -ul h) —————————— 136 42 - ON (-00,-0) ————————————— 136 43 - ONH (on)tr —————————————— 140 44 - ONI 141 45 - OS 141 46 - OT 141 47 - bu (-ove/-obe) 144 48 - OY --- 145 49 - UC - 146 50 - US — 147 51 - UIXS (us) 147 52 - X (s) 147 SURVIVANCES - CONSIDERATIONS GENERALES

CATALOGUE DES NOMS 1 - Relevé statistique des dérivés 154 2 - Les noms individuels ———---—————————- 173

TABLEAUX, FIGURES et GRAPHIQUES

1- Dérivés d'Arnaud au XlVe s. 18 14- Effets des autorités lafques 2- Les suffixes du XIe au et religieuses (Big.) 63 XIIIe s. 24 15- Le pays des Angles (Big.) 65 3- Les termes locatifs dans 16- Effets des autorités laïques le DRN. 39 et religieuses (Béarn). 68 4- Répartition des densités 17- Les enclaves bigourdanes en 1429 (Bigorre), 43 en Béarn. 72 5- Béarn et Bigorre (carte) 45 18- Le rayonnement pal ois 6- Fluctuations territoriales (carte) 74 en Bigorre. 47 19- Rayonnement pal. (schéma) 75 7- Carte des communautés à 20- Les suffixes du DOB et du dérivés (Bigorre). 48 CEB 81 8- Permanence et progression 21a- Répartition des suffixes de l'usage (Bigorre). 49 en Béarn (1385). 273 9- Quantités des noms dérivés 21b- Répartition des suffixes par zone (Bigorre). 50 en Bigorre (1429). 276 10- Nombre de recensés et de 22a- Taux d'usage en Béarn. 278 dérivés (Castelloubon), 52 22b- Taux d'usage en Bigorre. 284 11- Mêmes éléments pour les 23- Courbes comparatives d'usa- autres fiefs du vte de Lav, 53 ge des principaux suffixes. 286 12- Andrest (H.P.)-Liste d'habi- 57 24- Liste des communautés. Béarn tants (XIVe s.). (1385), Bigorre (v. 1312 et 13- Noms individuels masculins à 1429) : nombre d'inscrits, de Lourdes (XIIe, XIIIe s., 1429) 58 dérivés et pourcentages. 287

BIBLIOGRAPHIE - REFERENCES ABREGEES

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A se référer aux règles imposées par la législation actuelle dans le choix immuable des prénoms que, par la suite, tous actes et relations of- ficiels doivent obligatoirement respecter, naît une surprise certaine à cons- tater que le moyen âge fit un usage courant de dérivés familiers dans la ré- daction de chartes et jusque dans la confection de registres fiscaux. L'étude qui, plus spécialement, portera sur deux documents retenus parmi ces derniers, établis en 1385 et en 1429 respectivement pour les pays de Béarn et de Bigorre, offre un intérêt multiple. Elle permettra de reconnaître les suffixes et d'en dresser un ta- bleau en décomposant le jeu de leurs combinaisons; elle en présentera la ré- partition géographique, De cela et en poussant l'analyse se découvriront les habitudes locales et populaires par les déclarations des intéressés faites en présence de leurs "voisins" et administrateurs immédiats, généralement élus. L'influence du commissaire, facilement décelable, se révèlera de peu d'effet, il subira plus qu'il n'infléchira. Ces dérivés revêtent parfois des formes si aberrantes qu'une liste des anthroponymes de cette époque devient obligatoire pour justifier les rat- tachements. Au préalable une définition de termes et quelques notions sur les types de désignations attribuées aux personnes, suivies d'un exposé histori- que sur l'apparition et le développement de ce procédé prépareront à l'énumé- ration des suffixes et au catalogue des noms, classés d après le primitif. Une évocation sommaire de leur survivance, fossilisée tant dans l'onomasti- que actuelle que dans le dialecte, en constituera la conclusion.

La découverte fortuite, dans le Dénombrement de 1385 en Béarn, du nombre élevé de "prénoms" sous forme dérivée suscita la recherche de l'ori- gine d'un tel usage officiel. Outre leurs primitifs, leur importance dans les "noms de famille" éveilla la curiosité par le fait que ces dénominations contreviennent à l'adage coutumier "Le seuil ne change pas de nom", adage dont l'application se révélait impérative dans les lieux où la dévolution des biens avitins à l'aîné ne distinguait pas entre les sexes. Une telle coutume régissant le Lavedan une étude sur l'onomastique de cette région s'imposait, Aussi commencé pour le Béarn, le travail allait porter sur la Bigorre : d'où la délimitation de Haute Gascogne Centrale. Elle englobe les vallées pyrénéen- nes du Barétous, contigu à l'Euskadi, jusqu'à celle de Campan où naît l', et le piémont adjacent, éventail ouvert à l'ouest, dans le pays orthézien, qui se replie, par degrés, en approchant les paresseuses Bayse gardées, en dehors, par le plateau de Lannemezan.

NOM INDIVIDUEL et MODIFICATIONS AFFECTIVES

I - Les ANTHROPONYMES.

1 - Définitions. Le nom, tel qu'il faut l'entendre pour cette époque, correspond à notre actuel prénom. Au moyen âge lui seul importait encore après que l'usage d'un complément devenait de pratique courante, Aussi faut-il rejeter comme impropres, du moins jusqu'au début des temps modernes, prénom, nom de famil- le et patronyme parce que leur acception présente diffère des notions médié- vales à définir. Paraissent plus conformes à l'expression de leur rôle : - nom individuel pour le premier, puisqu'il est propre à chaque personne et ne sous-entend aucun lien social; - nom complémentaire pour les deux autres, en raison du défaut d'hérédité caractérisant le deuxième et de relation certaine avec l'indication de pater- nité rendue par le troisième,

2 - Le_nom_gatrgnymigue. Au lendemain des invasions germaniques, la profusion des noms, faci- litée par la composition, permet d'éviter aisément les homonymies. En outre, le jeu de thèmes, à sens plus ou moins perçus, parait marquer les liaisons fa- miliales (1). Mais bientôt la signification des éléments s'obscurcit et s'é- teint, demeurent alors des types désormais fixés qui feront l'objet d'appro- priation (2); ainsi verra-t-on hérités du Béarn, Centulle en Bigorre et en Astarac, Gaston chez les Foix, D'un fonds figé, la tradition ne retient que quelques noms, un plus grand nombre tombe en désuétude sans que des emprunts ou des créations n'apportent une compensation notable, La nécessité de distinguer les individus porteurs d'un même nom conduit à rechercher un procédé générateur de variété. Au cours du IXe siècle, inspiré soit du type "Paulus Petri (filius)" soit de la composition à éléments représentatifs d'un lien de parenté, un premier essai adjoint le nom individuel du père à celui de ses fils et, pour de très rares cas en Euskadi, des filles qui ailleurs portent un nom unique; Lupo Donati et Guillelmus Garssie traduisent alors Loup fils de Donat, Gui l - laume fils de Garcie, Avec la raréfaction progressive des noms individuels le système patronymique perd toute valeur et, au début du XIIe siècle, il tend à dispa- raître de la majeure partie de la Gascogne. Néanmoins il laisse subsister les noms doubles cristallisés et qui, de noms individuels, sont, pour beau- coup, devenus noms de famille : Guilhemsans (Guillaume Sanche parfois écrit de nos jours Guilhemsang), Fortané, Forsans, Monguilh (Ra)MON-GUILH(em), Gachassin GASS(ie)-ASS(ieu) +-in.

(1) Paul LEBEL, Les noms de personnes (PUF 1959 p. 51); M. Th. MORLET, Etude d'anthroponymie occitane (RIO 1957 p. 272). (2) P. LEBEL, l.c. pp 49 à 51. 3 - Le-nom_comelémentaire.

Avant même l'abandon du nom patronymique, les rédacteurs des char- tes introduisent un autre mode, l'addition, en surnom, d'un toponyme. A l'o- rigine simple indication de résidence sans caractère honorifique, qu'aux XIe et XIle siècles, on fit souvent précéder des termes confondus de nomen, cogno- men ou agnomen et mieux encore d'adverbes : scilicet, utique, vero, quoque, vide!icet, namque, nihilminus (3). Auprès des toponymes et des microtoponymes, le groupe social, con- formément à son propre génie, crée des désignations rappelant qualités ou défauts et autres particularités et les fait adopter en compléments distinc- tifs. Quand ces dénominations passeront du père aux enfants elles auront acquis la qualité et le rôle de "nom de famille".

4 " Les_appellations_fami l ières.

Dans les relations courantes et intimes le nom individuel subit diverses modifications pour exprimer sentiments ou appréciations. L'une de celles-là, la dérivation, constitue l'objet du présent essai, cependant il convient de définir sommairement les trois autres : l'all itération par rédu- plication d'une syllabe, l'aphérèse et 1'apocope, la palatalisation.

II - Les APPELLATIONS FAMILIERES.

1 - ^allitération.

Communément utilisée par le français moderne, le gascon l'ignorait et ne semble pas la connaître. L'apparence seule conduit à rapprocher des hypocoristiques français Toto, Bébert, Nanou les béarnais anciens Didô, Totô, Totoô dérivés au deuxième degré d'un primitif réduit à sa consonne finale par une aphérèse couramment pratiquée. Le très commun Arnaut dont, en composition, la finale peut être dure avec Arnautot, Arnautôlo, ou douce dans Arnaudet, Arnaudine; qui, par aphérèse devient Naude, Aude, NautÓ, Nauduc, Talamon (Arnau)T-ALAM(an)-on, Tamonat (Arnau)T-A(rra)MON-at répondrait favorablement d'autant qu'il retient dans une même famille le DidÓ de Bilhère (Ossau), les 10 Tit6 ainsi que Totô lequel avec trois Peyrotô à Sauveterre et un Guilhemot6 à Orthez dérivent par le suffixe composé -ot-on. Mais si Galhart, Guiraut, Fort, Doat, Amat et Vive,, peuvent être négligés on ne saurait écarter Bernât. Si celui-ci joue. sauf PernathÓ à Arga- gnon et Bernatx à Tarbes, de la seule dentale douce comme son ,.ntracté * Bert, radical de très nombreux dérivés - sur près de vingt mille per .)nnes, on dénom- bre 409 Berdot, 102 BerdÓlo, 298 Berdolet, 99 Berduc, ,. - et, hors Nat-Guilhem

(3) Pontius videlicet de Villalonga "homme" (serf) de l'abbaye de St Savin (CSS 41/401), à Vie Bigorre, ne semble pas sujet à aphérèse, sous réserve de la mutation reconnue pour Arnaud de d en t, les formes TucoÓ, TucÓlo, Tucan, Tol06, ont leur correspondant dans Ferducoo, Berducolo, Berducan, Berdoloo sans que l'on puisse avancer un quelconque dérivé similaire d'Arnaud. Comment n'être pas tenté d'identifier Berdot de l'Abadie à Tolet de 1 'Abadie quand on confronte les deux relevés de droits relatifs a Lansac à la page 191 du Livre Vert de Bénac. D'autre part si, en 1385, le Béarn oppose 316 Bernard à 483 Arnaud, la position s'inverse à retenir les dérivés de * Bert, solution inutile en Bi- gorre puisqu'en 1429 pour 522 Bernard on compte 517 Arnaud; vers 1312 déjà le Debita regi Navarrae marquait la différence en faveur du premier : 456 Bernard contre 433 Arnaud (4). Le doute qui subsiste quant au rattachement s'affermit avec Dodon que certains rapportent à Odon après aphérèse et par cet effet de réduplica- tion inconnu du gascon tout autant que la prosthèse érigée en système par L6pez Mendizabal pour 1'anthroponymie basque. Si nous admettons que Dodo(n) du haut moyen âge fût reçu comme un véritable nom et qu'il conservât encore cette valeur au XIIe siècle pour l'abbé de Pessan, Dodo, et pour l'évêque tarbais Dodo vel Odo, nous estimons qu'à part ces rares exceptions, il avait disparu à cette époque en s'aggrégeant aux dérivés d'Arnaud ou de Bernard. Le cas de Bernard III, comte de Comminges, fortifierait une telle hypothèse. Fils de Bernard 1er, il succède en 1150 à son frère aîné Bernard II. Jusqu'alors il était Dodon seigneur de Samatan, maintenant selon les chartes il passe de Bernardus Dodo en 1155 à Dozo en 1156 et à Bernard en 1160, il revient à Dozo en 1163 et termine par Dodo en 1166. Ne devrait-on pas voir en Dodo un dérivé de Bernard afin de distinguer entre père et frères ? Pour le XIVe siècle la réponse est certaine quant au caractère de dérivé (5).

2 " L'aghérèse_et_Vagocoge.

La chute de lettres ou syllabes, initiales ou finales, traduit la paresse qui, après allongement par suffixe ou par composition, tend à abréger. Lorsque Vivent et Domenge donnent Bivendote à Lucq et Domenj6lo à Bosdarros Louvie Juzon répond par Bendote et Montaut par Menj6lo tout comme Pernaut de Bugnein ou Peraut de Betbéder (Ste Suzanne) proviennent de Per Arnaut main- tenu à St Pé et à Momères (6). La transformation rend parfois un nom méconnaissable. Si Tholomèu à Betpouey et Bortholot à Bordères renvoient aisément à Bortholomèu le -Miu- du XIXe siècle intrigue et Auda (deus Coms) à St Pé évoque bien plus le nom du saint personnage contemporain de Charlemagne qu'il ne rappelle Arnaude (7). Quand Monaut, (Ra)MON-(Arn)AUT, procède d'une double aphérèse Mon- guilh, (Arra)MON-GUILH(em), emprunte aux deux figures, inversées dans Guimon, UOTU hem)-(Arra)M0N. Sur l'exemple de ces combinaisons des types nouveaux sont créés que la dérivation enrichira.

(4) Nat Guilhem de Puy6u à Vie Bigorre (CEB 286 R) cf. Bernat Guilhem Darmanhac à Rabastens (l.c. 333 R). (5) G. Chr. I; Bernard III, J.V. II 309, COM p. 22. (6) Lucq, Bosdarros, Louvie, Montaut, Bugnein, Betbeder : DOB; St Pé (CEB 182 R), Momères (1 .c. 462 V). (7) Betpouey (l.c. 13 V), Bordères (l.c. 226 V), St Pé (DRN 30 R). 3 - La palatalisation

Vivante en Euskadi, la palatalisation semble inexistante de nos jours en Gascogne où, d:ailleurs, elle ne dut jamais être très généralisée. Toutefois l'actuel caytiu (

(8) Esfiele, AdHP H47. Pour la prononciation rapprocher Arnautholo, Thoet, Tholet de th6lou (tôln), le crapaud dans la partie amont de la vallée de l'Ouzoum (nom de personne attribué à un animal, cf. Martin pour l'âne ou 1'ours). (9) Peyrégne, AmL GG 1 S 11 nov. 1645. Par analogie avec le surnom de son compatriote et contemporain Pierre Daure dit Pey de Peyrouteau (-eau fran- çais pour la diphtongue gasconne -èu), l.c. 15 avril l 45, et de Pierre Vergès dit Peyroutet, AdHP G 563, pour lesquels le sobriquet est un dérivé de leur prénom, nous estimons que Peyregne provient de Pierre pour Pey d'Arrodere. Cette remarque vaut en raison de l'homonymie avec les appella- tifs peyrénh/peyrénhe, assise de pierres ou de rochers. Nous ne le retien- drons pas malgré la similitude tucoulet diminutif de tuc, coteau, et Tucolet (actuel Tucoulet), anthroponyme absolument certain dérivé ou d'Ar- naud ou de Bernard; à noter le curieux Montagne de Roque, dénomination normale de la femme d'Etienne Sicard (AdPA en 1491, E 1976), Montagne se rattache au nom féminin Clarmont ou Miramonde. - Petre représente l'une des formes de Pierre en vallée d'Aspe; cf. en vallée d'Azun : Peyregnasce, CAB P 2V, B 4R vers 1070, transcrit au XIIe siècle Per Dregnas, .c.P 3V et Pedregnas, id B 6R, cette seconde forme, correcte, prépare Peyregne à peine plus récent, id P 18V, B 27R. (10) Moumour, Ance, Bellocq : DOB; Tarbes (CEB 366 R), Marsous (l.c. 84 V et 85 R). Les DERIVES

I - INTRODUCTION.

1 - Le dérivé.

Le principal de l'étude porte sur les dérivés mais non pas sur les hypocoristiques. Bien qu'ils en constituent la majeure part, les dérivés ne sont pas tous des hypocoristiques car, si ces derniers évoquent la gentillesse, la grâce, ceux-là, en traduisant ces nuances, caractérisent d'autres aspects, en particulier péjoratifs de laideur, de mépris. Mariete et Maruque, dérivés de Marie, rentrent à ce titre dans une même famille mais se separent irrémé- diablement du point de vue affectif : la charmante familiarité du premier s'oppose au sens d'épouvantail, de femme mal accoutrée dont la malice populaire colore le second. L'intérêt de ces formations réside dans leur usage officiel. En Haute Gascogne les formes romanes apparaissent au XIe siècle avec les premiers textes mixtes. Leurs rédacteurs durent se heurter à des difficultés de tra- duction en latin et plus encore à l'ignorance des intéressés ou obligés. Ainsi dans la charte du service d'ost dû par les maisons du Lavedan, dressée vers les années 1050/1070, alors que le scribe vient de noter six désignations latines : bigorrensis, ecclesia sancte marie, casale sancti pastoris, de sancto saturnine,... il se satisfait de reproduire les noms en vulgaire pour 45 autres toponymes y compris sent creag (St Créac < Cyriacus). Cela ressort plus net avec les anthroponymes. A la suite des deux vicomtes Raimundus Garssias et Raimundus Willelmus, responsables de l'enquête, les noms de 22 assujettis nommément désignés figurent en roman même quand ils répondent à Raymond : parmi eux Arramonat de Biusag (Vieuzac à Argelès) (1).

2 " De_l'exubérance_à_la_pauvreté.

Le complément de Vieuzac suffirait, par rapport aux inscrits de la liste, à préciser le "miles" tenu à l'ost, mais à l'intérieur de cette minus- cule communauté et, qui sait, au sein de sa famille la dénomination courante se révélait obligatoire comme nous l'avons vu chez les comtes de Comminges (2). La richesse en éléments monosyllabiques distincts ainsi que la fa- cilité de la composition germanique avaient produit une abondance de noms qui permettaient une large différenciation dans l'identité des individus. Mais le passage des groupes germaniques au monde gallo-romain, avec chacun son génie particulier, allait arrêter ce système multiplicateur et, après avoir fixé les formations, en laisser perdre une grande partie. Les recommandations de l'Eglise, invitant les fidèles à prendre comme patron de pieux personnages ou qu'elle adoptait pour tels, purent plus tard enrichir le propre de diocèses sans grand effet car la mode restreignait le choix. Le fonds primitif, progressivement diminué, au XIVe siècle se résol- vait à quelques trente noms habituels : Arnaud, Bernard, Gaillard, Géraud, Guillaume, Manaud, Raymond,... importés par les envahisseurs barbares, les romans et indigènes Fort, Gassie, Grat, Loup, Vital, Sans, ... auxquels les XIe et XIIe siècles avaient ajouté Jean, Marie, Pierre et tardivement Domini- que. Quelques autres persistaient en rares exemples, parfois uniques : tels Gay et Ximenet (Semen) en vallée d'Azun, Silem, Silamet et Silonet en Baré- tous.

(1) Charte de l'ost CAB P 2V, B 4R. (2) Bernard III Dodo v, page 15. Pour une population en croissance et dans une société qui élargis- sait ses relations, le défaut de variété dans les primitifs conduisit à re- courir aux dérivés à un, deux et même trois suffixes : la forme suppléait au fond.

TABLEAU N° 1 Dérivés d'Arnaud dans le DOB et le CEB,

Les dérivés dont l'initiale est ou T ou D peuvent également provenir de Bernard, en particulier par son contracté * Bert. II - FAUX DERIVES - DERIVES CAMOUFLES.

Cette pratique renoue avec celle dont usait le haut moyen âge et qui, de nos jours, perce par de timides et involontaires essais quand les préposés aux actes de l'état civil, si pointilleux sur l'attribution de pré- noms aux nouveaux-nés, admettent Ginette en quoi, par une ignorance fort com- mune, ils ne perçoivent pas le primitif Geneviève. Le procédé engendre un effet de substitution lorsqu'il se généralise et devient officiel, En conséquence de la disposition naturelle qui abrège les thèmes longs et qui tend à faire disparaître les thèmes courts, ceux-ci survivent parfois dans un dérivé qui leur redonne corps. De ce fait, des noms que leur forme présente comme dérivés en ont perdu la valeur ou finissent de la dépouiller : tels sont aux XIVe et XVe siècles Odet, Fauquet et Uguet. Le primitif Ot (Od, Oddo) apparaît seulement trois fois sur plus de vingt mille noms : Hôto à Hibarette vers 1312 et, en 1385, Odon à Arette ainsi qu'à Ste Marie d'Oloron, en composition, En Ot Guilhem, tandis que plus de soixante Odet sont dénombrés entre les trois manuscrits (3). Les deux autres sont bien plus rares. Si l'on veut, comme il se doit, distinguer Falco (Fàuc...) de Fulco (Fôuc...) malgré la confusion certainement intervenue, négligeant donc FuTc--ô Peregrinus, témoin à St Savin en 1175, Foec de Noguer, témoin dans une vente de 1258, Foocs de Bégole, témoin en 1281 et les détenteurs de fiefs à l'Enquête de 1300 Fulco de Ossano, Fulco de Aueraeda et Fulco de Bégole, déjà nommé, à peine retiendra-t-on a Sorde -Fauquet de Ulu entre 1105 et 1119, Falguetus (Falquet) fils de Martel vers 1119/1136, W. Falco (Fauco) lequel s'engage vers 1170 envers le comte de Bigorre et Fauquet de St Germes en 1258 suivis par Fauquet de la Caza à Vier en 1294, Falouerus de Saios (Falquet de Sayoos) à Ousté vers 1312 et en 1313, l'ostau de Hauquet à Bougarber, l'ostau de Hauquin à Méritein, Hauquine d'Arbexaa à Gan, Fauquinot de Hauquet à Vielleségure, tous quatre en 1385, enfin Fauquet de Puyou Debat à Arcizans Avant, Fauquet de Perer à Ayzac, l'un et l'autre en 1429, et main- tenu aux environs de 1500 en nom complémentaire Falguerii (4). Moins heureux que Falco, connu au XIe siècle et bien que porté par des prélats et abbés de la province ecclésiastique d'Auch, Uc ne parvint guère à pénétrer du toulousain et de l'Astarac dans le Béarn et la-Bigorre. Chez celui-là à peine relève-t-on Uguet à Cassaber et Uguetes à Départ, chez celle- ci deux Huguetus vers 1312, Huguet à Caixon en 1429 et, à la même date, méritant une mention spéciale, Huguolet de Matheu à Lourdes qui, fixé dans cette famille et peu modifié en Ugôlou, pour ancien UgÓlo, désignera une ferme sise au sud du lac, au XVIIIe s. il servira de surnom aussi bien aux Matheu, propriétaires, qu'à leurs fermiers (5),

(3) DRN : Hibarette 148 V; DOB ; Arette, Ste Marie; CEB : 28 Odet seulement. Pour l'époque antérieure et contemporaine on peut citer Oddo de Ezerexo en 1085, Od de Bilar au XIIe s., Od Dartagnan à Vie au XIIIe s. (CAB P18 R, 17 R, 25 R; B 26 V, 25 R, 34 V); Ot, évêque de Lescar en 1391 (G. Chr. I) (4) F. Peregrinus, CSS 46/431; F. de Noguer, CAB P 31 V; F. de Bégole, LVB 108 R/217; F. de Ossano, F. de Aueraeda, F. de Bégole, Bal pp 92, 93, 95; F. de Ulu (deu Leu), SOR 80/64); F. Martel, l.c. 130/110; W. Falco, CAB P 17 R, B 25 R; F. de St Germes (id P 31 V; F. de la Caza, LVB 82 R/167; F. de Saios, DRN 28 V et LVB 54 R/125. Bougarber, Méritein, Gan et Vielle- ségure : DOB. F. de Puyou, CEB 75 R; F. de Perer, id. 117 R. Jean et Guilhem Falquerii, AdPA E 1978. L'Obituaire de St Savin donne trois Fauquet pp 134, 146 et 147, XVe siècle ou antérieur. (5) DOB : Cassaber, Départ; DRN : 84 R Sère Rustaing, 147 R. Oursbelille; CEB : 301 R Caixon, 158 R Lourdes, Si, à la rigueur, quelque doute pourrait entacher le retranchement de Fauquet, aucun ne s'élèvera pour l'élimination de Caubet peu, mais cepen- dant usité et, semble-t-il, reçu comme un véritable primitif. Au XIIe siècle, 1 'armagnacais Calbetus de Tarrida et le bigourdan Calvetus de Bordis font écho à sept, ou mieux cinq, béarnais de Morlaas : Cal vetus "TTlbari si i, Calvetus Tocascilla, Calvetus Draper, Calbetus D., Berengerius Calvetus, Raimundus Calvet et R. Calbet. Le nom demeurera peu fréquent jusqu'à l'entrée du XlVe siècle avec ces ultimes exemples, Caubetus de Domec à Arrens et Caubetus de Daucios à Arcizans Dessus dans la vallée fermée d'Azun. On relève, contemporain des plus anciens, Auger Calb d'Aster vers 1175 mais de Calb, très rare, on signalera, en noms complémentaires, avec le curieux Petrus del Cauf (pour Caub ?), Ramundus Guillermi del Caub et Vitalis de Caub recensés à Vie vers 1312 ainsi qu'en 1429 deux Bernât de Caube à Luz et Pey de Cauba à Bernac Debat enfin Arnaud Guilhem de Caub à Pau en 1533, La signification barégeoise de "petite anfractuosité dans un rocher" élimine les deux luzéens, (caube< covam) tandis que Bortholot de Caubin à Bernac Debat assure, pour son compatriote, un anthroponyme attribué à une maison (ostau, casau : domaine rural); il dut en être de même quant aux masculins Caub de Vie et de Pau (6). Caubet pose une question que nous examinons, quoique secondaire, car elle amorce par sa solution celle de l'origine du suffixe -eu. Termes masculins et féminins, en général, se correspondent, donc Caubère, relevée dans "ecclesia de Sa Caubera"cédée en 1194 à l'abbaye de l'Escaledieu, pos- tulerait un masculin * Caubet continuateur d'un * Calvellum à quoi les lati- nisations constantes Calvetus s'opposent sauf à soutenir une ignorance in- firmée par ailleurs, Or il faut voir dans sa, de Sa Caubera, non pas l'abré- viation de sancta, ce qui vaudrait à Caubère la qualité d'anthroponyme, mais l'article issu de ipsam,, d'où Caubère est un appellatif désignant un lieu tout ainsi que, de la même époque, Sa Peda, relevant de ladite abbaye, ou Za Broce, domaine comtal voisin qui, plus tard, contribuera à la formation du territoire constitué pour la bastide de Tournay. La nature de toponyme d'origine, encore supposable vers 1312 dans le nom complémentaire de Francha de Caubera à Ibos, s'affirmerait avec Caubère, terre sise au sud d'Ordizan (7). Une confusion de suffixes est impensable car, avant même la donation de 1194, vers 1150, Bonéta est féminin de Bonét, ce dernier répandu dans notre contrée, du Labourd à l'Astarac, et déjà connu depuis le milieu du IXe siècle, El s Boniti vendeur d'un domaine en Lavedan. Caubère ne fut pas substitué fau- tivement à un inconnu * Caubéte, ni, davantage, n'implique nécessairement * Caubèt. D'ailleurs les clercs, familiarisés dans la dérivation gasconne avec l'alternance -t final / -r- intervocalique, des mots dont les étymons latins présentent un "^11- intervocalique, traduisaient correctement : ainsi Porchet

(6) C. de Tarride, StM 87/133; C, de Bordis CAB P 12 V, B 20 R; Morlaas, MOR4/11 (1123), 5/13 (1131), 14/30 (1122..1170), 16/32 (s.d.), 22/37 (s.d.), 36/47 (1170..1180), 37/49 (1175..1190) ; DRN : Arrens 14 V, Arcizans 17 V. A. Calb vicomte d'Asté, CAB p 14 R, B 22 R. DRN, Vie 91 V, 101 R et 102 V. CEB : 8 V et 10 R à Luz, 473 R et V à Bernac. A.G. Caub à Pau, AdPA E 1987 (1533..1535). En outre Johannes Calvus de Estelano, Caz 637/435 en 1210. (7) ecclesia (dîme) de Sa Caubera,,, 1194, AdHP H 45; Sa Peda (Lanespède), id H 15; Za Broce, CAB P 9 V, B 15 R; F. de Caubera, DRN 157 V; ab lo terratori de caubera ...", CEB 483 V. Ordizan, à 5 kilomètres en aval de Bagnères de Bigorre, se situe également dans la région voisine de l'Esca- ledieu, IGN feuille Bagnères de Bigorre 5/6 91-421 (sommet plat dénudé ceinturé par des restes boisés).

Si les noms précédents ne doivent plus être considérés comme diminu- tifs tout ainsi que l'actuel Colette si anciennement détaché de Nicolas ce sont cependant des dérivés qui en perdirent la valeur. D'autres que leur as- pect tendrait à y classer n'en présentent que la seule apparence. L'analyse y décèle une composition. Le plus fréquent Donot que les commissaires, à l'imitation de Pey- rotus, latinisèrent en Donotus dans le Débita, renverrait à quelque * Berdonot ou * Arnautonot comme Toi et à Berdolet ou Arnautolet, Seulement les textes anciens ne connaissent presque exclusivement que la forme Don Od, nom composé en voie de disparition au début du XIVe siècle. Le Dénombrement de 1385 n'en recense aucun pour le Béarn; Azun et Barège en comptent trois en 1429. Il faut le rapprocher des autres désuets, rencontrés surtout au XIIe siècle. Don Ante, Don Bidal, Don Etz, Don Fortes, types qui ne dépassent guère le XIIIe siècle, sauf comme noms complémentaires Donfédac à Luz, Don Boo et Donboson à Lourdes. Don «d6minum), contrairement a l'opinion d'Achille Lu-

(8) Il...filia ejusdem Calveti nomine Boneta.." CSS 40/395.- Bonetus d'Ahaxe, J. V. II 252 (note 5) (v. 1106); Bonetus de Peiramod, Caz 392/265 (1151).- "..quod comparavi de Elete Boniti.." LVB 83 V/172.- Porchet : Caz 786/530 (1219), 550/377 (1238), Porcellus : id 286/199 (1151), 775/522 (1163), Porcet CAB P 2 R, B 3 R (XIIIe s,), En Astarac s dur passe à ch cf. Logorzano/ Logorchano. (9) Caz 713/481 (1153), 656/446 (s.d.), 20/14 (1210), 821/549 (1240). Centul- lus et Centullus Elis, prêtres, CNA ch. 47. (10) Traitement du -11- intervocalique : -castellum;> castèt, casterét/casterot (petit château); bel1um>bèt bère, beroy (joli); caballum7cabat/cauat, cabarét (chevalet), cabart accoupler étalon et jument); tellem7pet,e perissè (mégissier) tandis que pilum>péu, pela (épi 1er, le pèle-porc con- siste à racler la peau de l'animal mort pour enlever le poil mais non la peau, peler est abusif); pullum ^pout/poure (coq, poule), pouralhè (volail- ler) mais potionem >pout (pâte), poutarre (mangeur de bouillie), poutingue (potion, drogue), Le respect de la règle et l'absence de féminin expliquent les hésitations entre Bonellus et Boneus. Bonel introduit du Languedoc de- vait vocaliser la finale comme Carbonel l'avait fait, d'où les intermédiai- res Carbonello (1175) CAB P 13 V, B21 R; Brunello (1190) MOR 39/53; en 1385, Benadelo à Arette, Mondelo à Oloron, Monelo à Morlaas. chaire n'est pas un titre honorifique commun avec l'Espagne, mais un nom indi- viduel qui tombera dans l'oubli au moment même où, apparemment venu du toulou- sain, Domenge pénètre en vallée d'Aure puis gagne rbos et Lourdes (11). Par référence à Guilhamatz de Squirollo à Vic, qui évoque une abré- viation de Guilhamatus, Assietz de Colonquis, à Sarriac, traduirait un aberrant Assietus d'autant qu'il est associé à Arnaldus, son frère. Or rien ne prouve que la finale de Guilhamatz marque un nominatif latin, ce qui permet l'inter- prétation plus régulière Assi Etz comparable à Asiez de Solano d'un censier d Aure au XIIe siècle. Celui-ci est un nom composé dont les deux éléments ont fusionné comme Assiadil, Gassiassi, Gassianer et Sansaner tandis que 25 autres sont du type Sanz Centul, Ariol Dat. Le scribe juxtapose généralement les deux noms ainsi qu'on le pratiquait au IXe siècle : Sancio El si de Belsen (v. 870), Asenarius Elzi (988) mais quand les noms individuels Elz (Els, Ils) et Edz (Ezi, Ez, Aiz) tombèrent en complète désuétude put-on lire, et même dès le XIe siècle, Anerils de Salt (1009), Fortels à Marsous et Gassanels à Bun (v. 1069), Sanziels de Godz et Garciez de Godz (v. 1090), Gassiels de Bastanos (1186), Acenaretz à Blanga (12), Malgré l'apparence le nom complémentaire de Peyrot de Ramondat, recensé à Arras en 1429, n'est pas un dérivé de Raymond mais se laisse décom- poser en Raymond-Dat (Arramon Dat), nom que portait précisément à Arras vers 1070 Aramondat de Arras selon la graphie retenue par la version paloise du cartulaire de Bigorre mais que le manuscrit bordelais rétablit en Aramon Dat en cela conforme avec les leçons Ramon Arnaut ou Aramon Arnalt, nom de son prédécesseur immédiat dans la charte des maisons du Lavedan tenues à l'ost (13).

A l'inverse quelques anthroponymes soit mal analysés, soit réfrac- taires à l'analyse, cèlent de véritables dérivés. Au nombre de ceux-ci Assibat et Perabat. i Assibat provient d'Assieu (Arsivus, Assius) dont le u^ final d 'Assilu que la Bigorre conservera en semi-consonne, passe à b bilabial en Béarn : Assi-u/b+at; et Perabat fait suivre le primitif Per T

(11) Donot, CEB : Arrens 78 V; Marsous 85 V; Betpouey 14 R. Luz, CEB 6 R; Lourdes, Don Boo CAB 1 V/2 V (XIIIe s.), Donboson CEB 163 R, Luch. Recueil, lexique. Aure CAB 13 V/21 V (fin XIIe s.); Ibos, id B 36 R; Lourdes, id 19 V/28 (déb, XIIIe s,). (12) Guilhamatz, DRN 98 R; Assietz, id 124 R. Censier d'Aure, CAB 6 V/10 V. S.E. de Beaucens LVB 84 V/174; Aznar Elz J.V. 1 396. A. de Sault id II 499, F. et G. Elz CSS 22/289. S, et G. de Gouts StM 25/42. G. de Basta- nos Caz 614/417, Aznar Edz G. Ch. I Inst. 162. (13) Arras CEB 96 V; Aramon Dat CAB 2 V/4 R; après la nasale ji la dentale s'amuït, en dérivation d ne réapparaîtra vers le seizième siècle finis- sant qu'avec l'introduction de la langue française. (14) Goudon, DRN 81 V, CEB 567 R. D'abbas au génitif ou à l'ablatif le Debita dénombre sept cas, huit à compter une répétition. La fonction de l'un des recensés confirme la correc- tion du terme : Guillelmus de Domec dictus Abbas à Gaillagos, tenant du domaine (domec, domenjadure) propre à son rang de damoiseau, est également titulaire de T'abbaye laïque (abadie laye, charge du protecteur de l'église paroissiale et décimateur). Un deuxième Donatus Abbatis, à Neuilh, a pour correspondant et successeur Arnaut Abad. Mais, hors ces deux cas, abat signifie ad vallem comme Dabat, Labat, Ainsi dans la communauté d'Ayné PeF'Abad se situe dans la série : Arnaut de Dabad en 1309 qui se retrouve au Debita Arnaldus de Labat et, après Per Abad en 1384, ces deux inscriptions, au début du XVe siècle, Debad et Labad; le sens de au bas, en bas ressort de l'opposition entre le domaine d'en bas (abat, labat) et cet autre dénommé Damont (15),

III - HISTORIQUE de l'USAGE,

1 - Introduction.

Avant d'esquisser l'adoption officielle des anthroponymes dérivés au cours de la période qui précède le quatorzième siècle où il atteindra son pleii épanouissement il convient de signaler que : - 10 final atone représente encore, ce qu'il partage avec -on, la désinence de-Ta troisième déclinaison latine qui tend à régir la majeure part des anthroponymes masculins et même certains féminins; cependant, comme échap- pé à une plume latine égarée dans un texte roman, ne représenterait-il pas aussi une forme vernaculaire - qui intrigue dans les suffixes paroxytons - puisque dans une même charte voisinent Gassio, Manzo, Sancio - alignés sur Oddo - avec Gassia, Mans (Manz), Sans (Santz, Sanz) issus des latins ou la- tinisés Garssias, Mancius, Sancius. Fortis passe à Forto qui alterne avec Fort, Fortz, et Fuert, Bientôt la seule forme 10, qui subsistera, jouera le rôle de suffixe atone lequel, à partir de féminins, donnera soit les masculins correspondants, soit, mais moins courant, quelques diminutifs (16); - l'exposé s'en tiendra à une énumération qui montre la continuité de ce procédé même s'il n'était plus apparent par les textes; mais ignorant la fré- quence d'un suffixe et la date de sa première mention - en raison du nombre réduit de documents qui fournissent les exemples proposés - ce relevé n'avan- cera aucune conclusion sur l'importance de l'emploi ni ne déduira davantage aucun ordre d'antériorité, pas plus que la position respective des suffixes dans les groupes composés par additions successives d'un second et, rarement, d'un troisième élément, ne leur assignera un rang.

(15) Gaillagos, DRN 17 R; Neuilh, id 27 V, LVB 75 V/157 (1324) et ultérieure- ment des Abadie (LVB); Ayné, LVB 9 R/53 (1384), 54 R/125 (1309), DRN 26 R, LVB 21 R/73 et 19 R/70, Damont, expression rare, est des plus curieuses en sa forme, Ayné se situe dans la vallée de Castelloubon, partie du Lavedan, où ad se maintint longtemps malgré l'introduction tardive du de. Des notaires étrangers au bassin supérieur du préposèrent Ué au ad déjà soudé au nom, Ce ne devait pas les troubler pour faire encore précéder le tout d'une nouvelle particule locative de : ainsi Arnaut de Dabat vaut Arnaldus de de ad vallem; P. de Damont, F7 de de ad montem; à St Créac, village contigu, Dammolas signifie de aU moTas (molas, les meules, le moulin), LVB pp 49, 55, 74, 66, 124. (16) Voir p. 82 2 " Du onzième au treizième siècles

La période étudiée qui, avant d'user de la langue vulgaire, intro- duit des termes romans dans des rédactions latines, emploie des dérivés cons- titués depuis longtemps et parmi lesquels certains, pour une meilleure préci- sion, à leur tour donnent naissance à de nouveaux dérivés. Le censier Lourde I, dressé vers les années 1170, première des chartes retenues au cartulaire de Bigorre, compte "10 casal de Cortina", Trois siècles auparavant, aux environs de 860, ce même terme, commun, désignait un domaine rural "ad Curtina" sis en la villa de Sois, domaine que la comtesse Faquilo cédait au monastère de St Orens de Lavedan. Au début du XIIIe siècle, dans Lourde II, après que le casal lourdais a fait l'objet d'un partage,,on distin- gue les deux nouveaux immeubles, nommés indifféremment Cortina/Cortla, par l'adjonction du pronom indéfini altre et l'adverbe dessus. Quelques années plus tard pour éviter tout risque de confusion, le rédacteur de Lourde III, conser- vant Cortie pour la petite ou la moins bien pourvue des deux fractions, ins- crit la plus importante sous l'appellation Corti6la. La chute, même récente, du ji intervocalique de Cortina, alors que l'effet en était ancien dans la lan- gue puisque déjà Lourde l, donc vers 1170, présente Lagûasdacunas, empêcha-t- elle de reconnaître un diminutif dans Cortie ? Mais si l'on ne veut considérer Cortiola comme un superdérivé, il n'en ressort pas moins que d'un ancien dérivé peut en provenir un nouveau (17), Si, pour le Dénombrement de 1385 et le Censier de 1429, l'inventaire des suffixes atteint le chiffre de 114, soit 35 simples, 70 doubles, 9 triples, celui pratiqué pour les documents retenus dans la période précédente parvient, avec peine à 33, soit 18 simples et 15 doubles, le tout formé à l'aide de 22 éléments différents,

TA BLE AU N° 2

(17) Cortina, CAB 1 R/l R; Curtina, LVB 83 V/172; CAB Lourde II 19 R et 3 à 19 V/27 V, 2 à 28 R, 28 V; Lourde III, A. de Cortie, 6 deniers (1 V/2 V), "la maso et la borda de Cortiola" 12 deniers (2 R/2 V). A noter que selon la région, -61o est tantôt augmentatif, tantôt diminutif : Cortiola, la grande Cortie, de même arredole, gros tas, gros andain; au contraire seubo- le, forêt de peu d'étendue. La chute de ji intervocal ique est générale : TUnam>lúe; coronam>cor6a (moderne, couroue); coronale>croau (mod. crouàu), couronnement; bande de rochers et assise d herbage qui entourent une mon- tagne et dessinent comme une couronne, L'absence de certains suffixes,dans ce tableau, étonne si l'on veut se rappeler les avoir reconnus antérieurement : ainsi pour le masculin Obeco Urcegui, en 967, et le féminin Onneca, de SangUesa, vers 790; les adjectifs basques obe (meilleur) et on (bon) formèrent des dérivés à l'aide de -ec qui apparait-oans Haneguii (Jonan) de 1385, Mais à l'origine était-il en usage hors de l'Euskadi ? Ultérieurement représentait-il l'effet d'une reprise ou, plus simplement, d'une importation ? (18) Nous retiendrons les 22 suffixes énumérés par ordre de la date des chartes dans lesquelles ils furent relevés. 1 - -in, -elin, -osin (avant 1020), Les premiers dérivés que nous rencontrons seraient des formations doubles dont le second élément -in ne peut surprendre quand le microtoponyme Curtina date des années 860 alors qu'il dépouille à peine son sens commun. Sous le bénéfice de Curtina/Cortina plus ancien ou contemporain nous verrons des superdérivés dans Montosinus nom du vendeur, avant 1020, à l'église Ste Marie de Lescar d'un bien sis a , Montosinus de Sancto Paulo qui, vers l'an 1083, vivait en vallée d'Aure et, à l'opposé, à Lucq en Béarn Montelina "uxor Raimundi Lupi de Moncengn". De la fin du XIIe siècle à l'an 1250 s'échelonnent 1_ Fortine - dont Fortina de Auja- no, moine à Berdoues, et Fortina de Cruce époux de Gassiete, donc noms a forme féminine pour des hommes - et 2 Fortinus (19), 2 - -a£ (vers 1055). La notice relative à la fondation du prieuré de St Mont nomme, pour cette époque, Willelmus Fedacus et Fedacus, deux des fils d'Adhémar de Polastron; un siècle plus tard, vers 1150, Fezâc de Polastron, un de leurs successeurs, intervient dans un acte intéressant l'abbaye de Ber- doues. Le censier Lourde III, au XIIIe siècle dénombre Fedach sous ce seul nom. A Ibos, en ce même XIIIe siècle un censitaire porte le nom de Baiag (20). 3 - -enhas (vers 1070). Un seul type fourni par le cartulaire de Bigorre à deux dates différentes ; la plus ancienne mention Peyregnasce (Pei- regnace) figure parmi les assujettis à l'ost en Lavedan; la seconde est du XIIe siècle : Per Dregnas (Pedregnas) dans le censier Azun I, Anthroponyme ou toponyme ? le contexte ne permet pas de trancher, La forme féminine du premier assure un masculin pour le second dont la leçon bordelaise Pedregnas rectifie le manuscrit palois et résout l'analyse du nom. Entre Petrum et petram nous ne déciderons pas en raison du trop fragile soutien apporté par le surnom moderne Peyrégne considéré de nature anthroponymique.

(18) Obeco, EAV p, 14 cart. de San Mi llàn; Onneca, J V II 2, Hanequii, DOB Orthez. (19) Montosinus, J.V. II 536; M. de Sancto Paulo, CAB 12 V/20 R; Montelina, LUC 21/24; pour ces noms voir Montasinus au catalogue des noms, p. 246 Fortina, Fortinus Caz 483/340, 177/132, 640/437, 693/467, 56/37, 507/353, 700/471, CAB18 V/27 R. (20) StM, notice p. 7; Fezac, Caz 689/464; Fedach (Fedax), CAB 2 R/3 R. Baiag, CAB 7 V/13 R, ce nom paraît être un anthroponyme, voir au catalogue des noms p. 188 . Na Gensac Lambert, fille d'Arnaud Lambert et épouse de Raymond Robert, vicomte de Tartas (J, V, II 613 et AdPA E 226 en 1287) et Genssac "fi lia Arnaudi de Baidz" (SOR 148/123 au XIIe siècle) renfor- cent notre position,de plus Pagesac (Pagés

(21) Peyregnasce, CAB 2 V/4 R; 3 V/6 R. Peyrégne, v. ci-avant p.16. Béarn, DOB. (22) R. de Vieuzac, CAB 2 V/4 R. Vilemata, StM 38/61. R. d'Aspet CAB 16 V/24 V. C. de Logorsan, Caz 713/481. Arramongat, CAB 1R/1 R. Bernadat Caz 491/345, 196/143, 731/493, 70/45, 81/54; Lobat, 209 et 210/153. Ferrat, CAB 19 V/28 R; B. Ferad, CAB 1 V/2 V; C. Ferrada, id 2 R/ 3 R; Aramonat, id 2 V/3 V. (23) Fàlquerus à Ousté, DRN 28 V. Jean et Guilhem Falquerii à Pau, AdPA E 1978. Pour les Fauquet voir pagel9. Voir en page 21 la mutation t/r laquelle (v. p.111) nous fit décider sur l'emprunt de ce suffixe au couple -èt/-ère. Nous ajouterons, de Sorde, Sanzol de Beyrie (vers 1136) et Sanzol de Bespoi. Enfin plus récent vers 1235 à Vieuzac, avec c sonnant s dur, Sancol de Perrear (24),

7 - -ét (début du XIIe siècle), -anhet (agnet). D'un emploi très général ce suffixe joue tant avec les noms de personnes et de lieux qu'avec les substantifs, adjectifs et verbes. Sa diffusion s'amplifiant réduisit de façon assez rapide l'usage des autres. La réunion dans un censier de la fin du onzième siècle, début du douzième, de tenanciers - Arnaldus Daura, ... Petrus Sancti Petri, ... - et de domaines - Za Seerra, ... sas Vinhas, .,. - avec légère prédominance de ces derniers, 9 contre 7, fait hésiter sur la nature du dix-septième recensé : Sparagnet (esparre ?), nom qui rappelle, sans en tirer argument, celui du vi- comte de la Barte Arnaud Espar (Arnaldus Esparci) mort en 1210 tandis que de la confrontation avec le type Petrus Sancti Petri on tendrait à le classer parmi les personnes malgré l'absence du £ final. Le sens péjoratif du -agn apparaît atténué par la valeur diminutive du -et. On notera : Lobet, vicomte de Maredme, qui vivait en 1122; Boneta, fille de Calvet de Casted, 1150; de la même époque Brunet de Balagnas et Brunet de Us, Orgolhet de Big; Avarchet de la Bartha entre 1160 et 1175; Arnaudet à Sorde en 1170. Au treizième siècle on relèvera une dizaine de Bonet et de Boneta, Gassieta de Artiga à Lourde III, Gassiete dez Escadau et sa soeur Daunet en Astarac, en 1250; et, à nouveau dans la vallée d'Azun enT235, Daunet d'Ar- rasset, seconde épouse du gendre de la maison Abadie Debat à Marsous, A signa- ler un nom de forme masculine, Daunet (de dauna

8 - -ot (début du XIIe siècle). Par une curieuse coïncidence les exemples recueilTfs au cours de cette période dériveraient de Guillaume : - Guilemod, nepos Bernardi cfe Avezos; Guilemod Bernardus de Volo; Guillamota de Abbadia, à Marsous, en qui Jean Bourdette voit un homme; et Guilhota, à Lourdes, au XIIIe siècle - si l'Astarac n'apportait une nouveauté, un dérivé de Paul, Paloth, Sancius Paloth de Loriol (26).

(24) Garsiazolus, StM 86/117. - Azellus Elzi de Samadello, J. V. 1 395 (988), Azor Acelini, J. V, 1 402 (1028), Azela, Spé 46/F 19 (sd), Azera «AzeÍla) nom en usage, Tersol d'Espèche, CAB 18 R/26 V. B. de Grézian, id 16 V/24 V. S. de Beyrie, SOR 83/68; S. de Bespoi, id 61/50. Perrear, CAB B 4 V, Peyrear, id P 3 R. £ représente parfois £ dur : Marsous écrit Marcaos, CAB 7 R/ 10 R et 12 -R ; le même cartulaire pour le fief d'Espèche, après Tersol de 1085, donne B. Torcol Despesa (P 13 V) que le manuscrit borde- lais rend, en le gratifiant d'une métathèse, par B. Trecol Despessa (21 R). (25) Sparagnet, CAB 7 V/12 R; Arnaud Espar (c), Bru p. 561. L, de Maremne, J, V. II 131. Boneta, CSS 40/395. Les deux Brunet, CAB 3 V/5 R. Orgolhet (Orgulhet) de Vic, id 7 V/12 R. Avarchet, id 13 V/21 R; Caz 724/489. Arnaudet, SOR 79/151. G. de Artiga, CAB 2 V/3 V, G. et D. dez Escadau, Caz 700/471. Daunet d'Arrasset, CAB 25 V 10 R. (26) Guilemod, nepos, et Guilemod de Volo, LUC 17/21. G, de Abbadia, CSS 36/373 (vers 1131), Guilhota, Lourdes, CAB 2v/3v. Paloth, Caz 677/457 sd. 9 - -an (début du XIIe siècle). D'usage restreint ne relèvera-t-on que Sanciozan à Luz (27).

10 - -èu, -atèu, -èlet (début du XIIe siècle). La coexistence de Bonel et de Boneu, désignant parfois la même personne, décèle la vocalisation en u d'un 1_ antérieur, Cela justifie les latinisations -ellus et -eus que nous expliquerons par ailleurs, Sous l'administration de Centulle II, comte de Bigorre, vers 1120, Carbonel de Sancto Marti no , en Barège, intervient comme témoin. Près d'un demi siècle plus tard, farboneTlo (CarÓoneu) de Grisigna assiste à l'hommage que rend au comte Centulle III Assiu Griu de Bignec. Avant que ne finisse ce dou- zième siècle nous relevons en cette même vallée d'Aure Bonel et son fils Bone- let et en Astarac Lobadeus de Balasbads (1183). Le censier Lourde II énumère les devoirs auxquels est tenu Boneu de Clauaria et Lourde III recense Bonel de Parade, Bonel de Sant Béat et Bonel de Clauaria (28),

Il - -on, -unat (,onat, o/li) (milieu du XIIe siècle). Par perte de l'accent o gascon s'assourdit jusqu'à se fermer en ou. Dès cette époque les scribes marquèrent quelquefois des hésitations pour-Te rendu de ce son. La graphie de Sanzunat de Ponsa marquant cette évolution phonique, il faut réta- blir la finale en -onat, suffixe composé. Ce nom montre que de Sanz fut formé un premier dérivé en -on. Or quand on lit Espagnon de Abadia, de Geroncengn, dans la pièce 27 du cartulaire de Lucq il ne fait aucun doute que -on représente la désinence comme elle le paraît aussi pour Gars ion de Big en 1155 lorsqu'en 1157 on trouve l'ablatif "a Garssio", Mais pour Sanzunat nous sommes dans les années 1180, Au siècle suivant les trois Gassion de Poncarred, de Sa Bartera et Porcaro rentrent sans conteste dans la classe des dérivés de même que Gnalon de Basalag, à Vie Bigorre et Ne Marion, à Marsous (29). 12 - -it, -itan, -itat, -itôu/1, -ito(n) (vers 1150). Caritas, épouse de Bernard d'AbbaOTe, à Orthez, porte le nom d'une vertu théologale soit qu'on le lui imposât, soit qu'il aboutit à cette homonymie par dérivation de car/ca (

Au treizième siècle, nous rencontrons a vie Grazide selon le texte bordelais, que la copie paloise rend par Gracie, simple féminin de Grat dis- paru en laissant une nombreuse famille dont les composants quand ils conser- vent la dentale d origine, lui donnent la valeur d'une spirante; Lourdes four-

(27) Sanciozan, CAB 5r/8v, (28) Voir le suffixe -èu pp. 115 ss. C. de St Martin, CAB 6r/10v. C. de Grézian, id 13v/21r. "Bonelet fil Bonel", id 13v/21v. Lobadeus, Caz 397/267 et ch. 399 et 401. Boneu de Clauaria, CAB P 19v, Bonel de C. B 28r. Les trois Bonel de Lourde III, id P 2r et v, B 2v, 3r et 3v. (29) Sanzunat, Caz 252/178 (entre 1160 et 1185). Espagnon, LUC 27/27, Garsion de Vic, Caz 266/186 (1155), 268/188 (1157). Poncarred, id 240/172, Sa Bartera, id 161/120 et Porcaro, id 772/520 respectivement en 1203, 1207 et 1220. Gnalon CAB 23r/33r, le nom est Jal

15 - -ic, -iquet (fin du XIIe siècle). Seul dans Fortica de Zasus et dans le nom complémentaire de Clauère Darnaltico, ce suffixe constitue le premier élément du composé chez Fortiqued de Durfort (33).

16 - -oc (1187). Ce suffixe, augmentatif avec souvent une valeur péjorative, compte deux ou trois dérivés en Astarac, donc hors de notre région : Vidai cous de Balanteas, Vidaloca qui pourrait être le même que le précédent, forme féminine du nom que justifie Peiroca Desclassan (34).

17 - -and (vers 1230). Deux censitaires de Vie portent le nom indi- viduel de Méliande qui remonte au primitif mel hor (meilleur): Mellande de Sent Ierme et Melianda de Pales. Sans vouloir en tirer une conséquence quelconque on pourra rapprocher cette formation des Uciandus Fedanti, Uciando Aster, Asnerius Uciandi, commissaires chargés, en fin du IXe siècle, d enquêter sur la consistance des biens du monastère de St Orens de Lavedan ainsi que de Gaicerandus, dans les années 1060, moine à St Savin : la finale de ces noms put conduire à y voir un suffixe (35).

18 - -plan (vers 1230), Dérivé de Gausen, Gausolan désigne deux recensés vicquois mais, nom individuel pour le premier, il est nom complémen- taire pour le second, ou la seconde, Gausen (et Guasen) de Gausolan (36).

(30) Caritas, Bourg LXXIV/LII. Carit6u, SOR 148/123. Carito de Gaston et C. Ferrada, CAB 2r/3r. Carrit, id 19r/27v. Caritan, AdHP H 46. J. Caritat, AdPA E 514. Grazide, CAB B 35v, Gracie P 24r. Sorita, Lourdes, id 2r/3r, Sore (soeur), id 18v/27r; cf. quelques Fil h (fils) et Paparot de Marrencs, 1152, Caz 532/368, paparot (grand-père chéri). (31) Ozilia, CAB P 5v; Osilia, B 9r. (32) Don Fortes, id Ir/lv; Mondes, Caz 630/428; Genses, J,V. II 497; Gales, J,V. II 126; Gale, id 271, SOR 180/152; Gantes, J.V. II 591. (33) Fortica, CAB B 6v, le manuscrit pal ois (4r) présente une cacographie re- marquable F. del Dasasus : F. de illo de ad ipsam (domum) super; Arnaltico, id 2r/3r, suffixe paroxyton v. p. 85 Fortiquet, Caz 480/338. (34) Caz 89/60, 90/64 (1253), 333/227 (1187), v. p. 80 et note 22 ci-avant. (35) Meliande, CAB 23r/33r et 24r/35v; cf. Ne Melhor Coiera, id 23r/33r. Ucian- dus, ..., St Orens, LVB 84v/174. Galcerandus, CSS 12/273. Pour -and v. p.96

(36) CAB 23r/33r.