Le Dico Des Musiques. Musiques Occidentales, Extra-Européennes Et
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Le dico des musiques Du même auteur Louis Armstrong (avec Christine Mulard) Éditions du Seuil, nouvelle coll. « Solfèges » Rock Vinyl Éditions du Seuil, coll. « Point-Virgule » Rock Babies (avec Raoul Hoffman) Éditions du Seuil, coll. « Point-Actuel » Pink Floyd Albin Michel et Seghers Le Rock de A à Z (avec Jean-Noël Ogouz) Albin Michel, coll. « Rock & Folk » (4 éditions) U2 Albin Michel, coll. « Rock & Folk » Sting et Police Albin Michel, coll. « Rock & Folk » Jacques Higelin (avec Jacques Vassal) Albin Michel, coll. « Rock & Folk » Jean-Marie Leduc Le dico des musiques musiques occidentales, extra-européennes et world Éditions du Seuil COLLECTION DIRIGÉE PAR NICOLE VIMARD ISBN 2-02-026348-3 @ Éditions du Seuil, novembre 1996 Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisa- tion collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque pro- cédé que ce soit, sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants de la propriété intellectuelle. Ce livre n'aurait jamais vu le jour sans les encouragements de Nicole Vimard. Je tiens également à remercier particulièrement Jean-Noël Ogouz et Christine Mulard pour avoir relu le manuscrit et m'avoir fait de judicieux commentaires et fines observations, ainsi qu'Ursula. J.-M. L. Avant-propos Nous sommes une génération de zappeurs, qui profitons de la mondialisation des musiques et du formidable tohu-bohu sonore actuel de genres et de styles joyeusement téles- copés. Les quarante dernières années (1960-1990), appelées parfois les « années musiques », ont passablement fait exploser les barrières musicales, géographiques et sociales, et glissé des pétards sous le moelleux tapis du conformisme musical. La musique est aujourd'hui comme la télé, nous sommes passés du noir et blanc à la couleur et à la haute définition. Et, depuis les années 1970, les envies de fusion sont générales, et mêlent jazz, rock, folk, funk, soul, hip-hop, etc. L'apparition de la world music, la « musique du monde », appelée depuis les années 1980 la « sono mondiale », marie, horizontalement et verticalement, les accents électriques occidentaux et les traditions de tous les pays, de toutes les cultures. Les progrès de la musicologie et les divines décou- vertes de la musique ancienne, du baroque, de la techno et du rap ont fait le jeu des éditeurs et des industriels, qui cherchent sans cesse à élargir le marché mondial. Ainsi, le désir de musique a changé ; nous trouvons désor- mais dans le panier du Rouletabille de la fin du xxe siècle et de la consommatrice « branchée musique » les références de toutes les musiques possibles enregistrées, et des compi- lations, plus ou moins réussies, de genres à découvrir, en voie de reconnaissance plus ou moins avancée. La musique est devenue mosaïque. Mais voilà, comment s'y retrouver dans cette caverne d'Ali Baba des mégastores modernes ? Qui joue et chante quoi, où, quand et comment ? Ce dictionnaire vous aidera à vous situer et à reconstituer le paysage musical, le spectre sonore de votre époque ; il vous propose même, en final, une carte générale de quelques dizaines de musiques essentielles ; certaines s'observent, d'autres se jaugent et se frottent déjà, et s'enrichissent mutuellement, au pluriel et au singulier. Ce dictionnaire peut être complété à l'infini et renvoie bien entendu à d'autres ouvrages plus complets, mais malheureusement toujours spécialisés et univoques ; il est autant d'occasions de décou- vertes d'expressions plus ou moins exotiques, synonymes de transes et d'extases électriques ou acoustiques, de vitalité et de volonté de communiquer et d'exister. Dans son œcuménisme actuel, la musique, par ailleurs en danger d'industrialisation et de marketing trop intensif, peut contribuer à éveiller la curiosité et l'imagination, à expéri- menter une sensibilité ; elle est pour certains un modèle initiatique, capable de rétablir une communication dange- reusement codifiée, dévoyée, qui voudrait faire de nous des automates pour boîtes à musique. Comme le disait le maître du jazz américain Duke Ellington, finalement, il n'y a que deux musiques à distinguer, la mauvaise et la bonne. J'ajou- terais : celle qui vit et celle qui refuse la vie. Claude Debussy, avant et après tant d'autres, aura le mot de la fin : « En musique, le plaisir est la seule règle. » J.-M. L., 1996. de a cappella j A a 1 azriate A CAPPELLA Le chanteur, la chanteuse sans autre instru- ment que sa voix. De l'italien « de la chapelle » ou « pour la chapelle ». Désigne la musique chorale sans accompagnement instrumental, à une ou plusieurs voix. A l'origine, la musique d'église non accom- pagnée, comme celle de Luigi da Palestrina qui, au XVIE siècle, prit l'initiative de la Contre-Réforme musicale et voulut faire (enfin) comprendre chaque mot chanté des textes catholiques. Par extension, l'expression recouvre aujourd'hui toute expression chantée, sacrée ou profane, sans accompagne- ment instrumental : les work songs, chants de travail des anciens esclaves noirs des États-Unis, les psalmodies de louanges au Prophète des Égyptiens, les chœurs d'hommes sud-africains mbube ou les tchatches des rappers de tout poil. Parmi les innombrables curiosités « a cappella » à explorer, les motets de Henry Purcell ou ceux de Jean- Sébastien Bach, les chœurs profanes de deux musiciens romantiques, Johannes Brahms et Robert Schumann, le Golden Gate Quartet, le premier groupe noir à avoir eu accès à la fin des années 1930 à la radio américaine et à connaître le succès discographique, et les trois CHANSONS A CAPPELLA de Claude Debussy qui renouent avec la Renaissance. Un genre à dimension humaine redevenu d'actualité au milieu des années 1990, saturées de gros sons électriques, électro- niques et technologiques, avec Boyz II Men, quatuor afro- américain de la nouvelle soul d'outre-Atlantique (l'album END OF THE ROAD, chez Motown), Bobby McFerrin, ou les rappers de Bone Thugs'N'Harmony. En France, à la suite du succès de Pow Wow en 1990, ce retour aux sources favorisera les carrières d'Indigo et de Chanson Plus Bifluoré, et la redé- couverte des expressions, extra-occidentales comme le Mys- tère des Voix Bulgares, ou régionales (bretonne avec les kan ha diskan, béarnaise, corse, basque, etc.). En se gardant d'oublier Flying Pickett ou Vocal Sampling, le groupe cubain vivant à Bruxelles, qui imite (à la voix) maracas, congas, cui- vres et guitares salsa, ou encore LES GRANDS BOLÉROS A CAP- PELLA des Cubains Gema 4, et le trio brésilien Esperança (A CAPPELLO DO BRASIL, chez Mercury/Phonogram). Un festival du chant « a cappella » est désormais organisé à Carros, près de Nice. Titre d'un album-fusion du rocker américain Todd Rund- gren (chez Rhino). Voir Bulgare, Chapelle, Chorale, Descriptive, Motet, Poly- phonie, Soul, Work songs. ABORIGÈNE Des chants venus d'un autre âge et d'un autre monde, des musiques de la Papouasie-Nouvelle- Guinée, de l'Argentine, de Taïwan et surtout d'Australie, dédiés à la nature, aux chiens sauvages, aux wallabys et autres aigles et rapaces. Un fonds musical tout en vibrations de plus de 40 000 ans d'âge, seulement découvert il y a deux siècles par les Occidentaux ! Ces sons simples et cosmiques de sociétés ancestrales « explosent » nos oreilles et nos références occidentales « modernes ». A découvrir les Australiens Yothu Yindi dans une fusion à la mode entre rythmes ancestraux et façons « pop-rock » (TREATY et l'album FREEDOM, chez Hollywood), et les Indiens d'Amazone Xavantes qui rencontrent en 1996 les métallistes de Sepultura dans l'album ROOTS (chez A Roadrunner/Musidisc) ; ceux des communautés côtières B Yolngu du nord-est de l'Australie (TRIBAL VOICES), qui nous servent leur interprétation moderne d'une culture inconnue, ou du désert australien Warumpi, dont une formation jouera en 1986 en première partie du groupe de rock Midnight Oil et auxquels celui-ci dédiera son album-réussite DIESEL AND DUST (chez Columbia/Sony Music). Ou encore David Hud- son et son RAINBOW SERPENT (chez Celestial Harmonies). ABSTRACTROCK Un« rockabstrait ». Comme la peinture du même nom, il se veut épuré, conceptuel, intellectuel, réfé- rentiel -arty, disent les Anglo-Saxons. Quelques petits maîtres du rock s'y sont essayés selon leur période et leur pays, avec une certaine réussite : David Bowie, souvent, King Crimson, Kraftwerk, Wire, Depeche Mode, Cure, Talking Heads, U2. ACADIENNE Au nord du Canada, l'Acadie fut colonisée par les Français au début du xvir siècle ; livrée à l'Angleterre en 1713, elle est rebaptisée Nouvelle-Écosse. Ses habitants sont alors chassés et vont pour la plupart s'installer en Loui- siane alors encore française. Appelés Acadiens ou impro- prement Cajuns, les natifs de cette communauté disposent d'un riche patrimoine musical qui a inspiré le monde du blues, de la country et du rock. Ses plus fameuses repré- sentantes sont la dynamique Edith Butler et l'Acadienne du Nouveau-Brunswick, Marie-Jo Thério, qui s'exprime en « chiaque », mélange savoureux d'anglais, de créole cana- dien et d'ancien français. L'album ACADIE du producteur-compositeur-chanteur Da- niel Lanois (0 MARIE, JOLIE LOUISE et JEAN GUY, chez WEA) de 1989. Voir Cajun, Nouvelle-Orléans, Zydeco. ACCORDÉON La Chambre syndicale de la facture ins- trumentale signale dans son bilan 1994 que la vente en France des accordéons est en progression. Le « piano à bre- telles », instrument populaire s'il en est, a retrouvé ses lettres de noblesse, en particulier auprès et grâce aux rockers (comme Willy DeVille), jazzmen alternatifs et musiciens du monde de la vague du Nouvel Accordéon. Un instrument longtemps considéré comme « ringard » par la vague « pop- rock » à redécouvrir dans les traditions folk anglo-améri- caines, celles de l'Europe de l'Est ou dans le grand orchestre de la musique arabe, dans les musette, polka, tarentelle, reel, jig, cajun et zydeco, ranchera, « haupanga », valle- nato, cumbia, chamané, tango, « gaucha », forro, juju, klezmer, etc.