Entretien Avec Lewis Furey Léo Bonneville
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Document generated on 09/25/2021 4:45 a.m. Séquences La revue de cinéma Entretien avec Lewis Furey Léo Bonneville Number 122, October 1985 URI: https://id.erudit.org/iderudit/50817ac See table of contents Publisher(s) La revue Séquences Inc. ISSN 0037-2412 (print) 1923-5100 (digital) Explore this journal Cite this document Bonneville, L. (1985). Entretien avec Lewis Furey. Séquences, (122), 4–9. Tous droits réservés © La revue Séquences Inc., 1985 This document is protected by copyright law. Use of the services of Érudit (including reproduction) is subject to its terms and conditions, which can be viewed online. https://apropos.erudit.org/en/users/policy-on-use/ This article is disseminated and preserved by Érudit. Érudit is a non-profit inter-university consortium of the Université de Montréal, Université Laval, and the Université du Québec à Montréal. Its mission is to promote and disseminate research. https://www.erudit.org/en/ V OCTOBRE 1985 Séquences — Où êtes-vous né et ENTRETIEN A V E C quelle a été votre formation musicale? Lewis Furey — Je suis né à Montréal. J'étais passionné pour le violon que j'ai commencé à pratiquer à l'âge de six ans. J'avais un tel intérêt pour cet instrument que mes parents m'ont envoyé au Conservatoire de musique qui se trouvait, à l'époque, rue Berri. Ensuite, à 15 ans, je suis allé étudier LEWIS à New York. Quand j'ai eu fini mes études musicales, je suis demeuré à New York et j'ai commencé à m'intéresser à la chanson populaire et à la musique théâtrale. FUREY — Quels ont été vos professeurs? — À Montréal Calvin Sieb qui était violon-solo à l'Orchestre symphonique de Montréal. Il est maintenant avec l'orchestre de Toulouse. À New York, chez Juliard, avec Ivan Galamian, le grand pédagogue russe qui vient de mourir et Dorothy Delay, son N CONNAÎT LEWIS FUREY POUR SES NOMBREU- associé. ses compositions musicales. D'ailleurs, ses récitals (avec — Que faisiez-vous d'autre? OCarole Laure), aussi bien chez nous qu'en Europe, l'ont — Avec mes cours de violon, j'ai fait connaître d'un large public. Large public qui s,'étend toujours pris toutes sortes d'autres cours. Il faut dire qu'à New York j'étais à grâce à ses disques. Mais se souvient-on de lui comme acteur? l'école pour enfants professionnels, Toutefois il faut avouer que ce qui l'a fait connaître davantage c'est-à-dire des enfants qui avaient au cinéma c'est la musique qu'il a composée pour plusieurs d'autres intérêts auxquels ils consacraient cinq ou six heures par réalisateurs. Il semble pourtant que cela ne lui suffisait pas pour jour. À cette école, se trouvaient pénétrer le cinéma. Il fallait qu'il se retrouvât derrière la caméra. tous les étudiants de Balanchine, du C'est fait. Il a réalisé Night Magic qui a été présenté, New York City Ballet. Il y avait naturellement de nuit, au dernier Festival de cinéma à Cannes. également les enfants qui jouaient dans les pièces de Broadway ou Le film est passé récemment au Festival des films du monde de faisaient des émissions de télévision. Montréal. Nous avons pensé que les lecteurs de Séquences J'étais complètement séduit par tous seraient heureux de découvrir le travail de cet homme plein de ces enfants qui avaient des préoccupations qui me semblaient talents qui ne manque pas de projets ambitieux. beaucoup plus intéressantes que celles d'un violoniste tout seul dans sa chambre. De plus en plus, j'étais conquis par le ballet, le théâtre, les Léo Bonneville spectacles de Broadway. Je pense SÉQUENCES N" 122 que ce fut le début de la fin de ma carrière de violoniste. Évidemment, j'ai canalisé mon intérêt pour la musique théâtrale qui pouvait le mieux exprimer ce que je vivais. Ce n'est donc pas étonnant si aujourd'hui je m'intéresse au cinéma musical. — Avant de travailler à la musique de film, aviez-vous touché à la composition musicale? — J'enregistrais des chansons. — Comment êtes-vous arrivé à la musique de film? — J'étais très intéressé par le cinéma. J'ai trouvé des jobs comme assistant pour des commerciaux afin de payer mes études. Un de mes cousins est un des fondateurs de Cinévision qui est maintenant La tête de Normande St-Onge, de Gilles Cari Panavision Canada. J'avais donc nécessairement ce qui m'intéressait — Y a-t-il des compositeurs de travaillé l'été à empaqueter des comme son. J'avais une ouverture musique de film qui vous ont caméras dans des boîtes. Puis, deux de la musique qui était plus grande influencé? de mes copains réalisaient le film que cela. Et aussi je voulais voir — Je suis très influencé par le The Rubber Gun Show. Ils des images. En fait, le monde de travail de Fellini/Rota. On ne sait m'avaient demandé s'ils pouvaient la musique pop ne m'intéressait pas pas comment séparer leur travail employer de mes chansons dans leur suffisamment. Mais la musique de respectif, tellement les éléments film. C'était ma première film me préoccupait. Chaque film musique/image se fusionnent. Des expérience. De plus, j'avais écrit un était quelque chose de différent. Il fois, on a l'impression que telle peu de musique supplémentaire. À n'y a pas deux films qui demandent scène est jouée avec la musique et la même époque, je donnais à la même musique. C'était donc que cette scène parlée semble être l'Évéché de l'Hôtel Nelson un passionnant. chantée. On dirait — car j'ai vu spectacle de cabaret. Carole (Laure) — Comment travaillez-vous pour des documentaires — de la musique avait vu le spectacle et avait composer la musique d'un film? de comédie musicale tellement elle demandé à Gilles (Carie) de le voir. — J'ai un système de vidéo où je s'envole. C'est cette combinaison de C'est alors qu'ils m'ont demandé peux lire au-dessus de l'image la musique et des images qui m'a de faire la musique de La Tête de combien j'ai de cadrages, de séduit. Je sais que Fellini met Normande St-Onge. C'était la minutes, de secondes. Je travaille parfois de la musique sur le plateau, première musique sérieuse composée avec le metteur en scène et les car en Italie on travaille toujours à partir de rien ou plutôt à partir producteurs à regarder plusieurs fois en post-synchronisation et non en des images. Les deux expériences le film et à analyser quel rapport direct. Fellini parle dans un porte- étaient passionnantes pour moi. J'ai la musique peut avoir avec lui. voix et la musique joue. Il y a alors voulu continuer dans cette voie. Je — Le metteur en scène vous donne- cette atmosphère de folie. De mettre sentais plutôt restreint le monde pur t-il des directives? de la musique sous le dialogue qui de la musique pop dont les — Je n'ai jamais connu de metteur fait que le dialogue devient presque chansons étaient dirigées vers les en scène qui m'a dit voici mon film, une chanson, voilà une chose qui stations de radio. Vers les années faites la bande sonore. Je ne crois m'a beaucoup influencé. Déjà à 70, cela demandait un son très pas que ce soit dans le caractère l'époque de La Tête de Normande spécifique. Ce n'était pas d'un metteur en scène. St-Onge j'essayais de faire ça dans OCTOBRE 1985 quelques scènes. parce que j'étais alors influencé par ce sont les acteurs qui ont le dernier — Maurice Jarre? une certaine musique de film mot sur le plateau. C'était bien de — C'est étonnant ce qu'il parvient romantique. J'avais envie de faire vivre cette expérience. Mais je ne à faire par l'apport mélodique qu'il une musique qui suivait beaucoup me trouve pas excellent acteur. Ce donne à un film. Le film prend les émotions profondes des gens. n'est pas dans mes cordes. C'est ainsi un poids additionnel. C'était différent de ce que j'avais dire que j'ai trouvé l'expérience très — Et John Williams? fait précédemment pour Gilles frustrante par moments. Il y avait — On ne peut être qu'influencé par Carie. Le film permettait cela et le des choses que j'avais envie de faire le génie de John Williams. Par le réalisateur était d'accord. Donc, j'ai pour le rôle en tant qu'acteur. contre-emploi qu'il utilise dans des fait quelque chose de complètement Malheureusement, je n'avais ni la choses ordinaires, il va au coeur de différent, utilisant ici un orchestre technique, ni l'expérience. Je n'ai la scène. Dans un film narratif à cordes. Je pense que cette musique jamais suivi de cours de comédien comme E.T, il ne faut pas de a aidé le film. Comme travail, cela de théâtre et je n'ai pas ce talent musique narrative. Le metteur en m'intéressait beaucoup. C'est dire naturel qu'ont certains comédiens. scène a déjà raconté son histoire. que mes intentions changent suivant — Après avoir été compositeur, John Williams devient libre de les périodes. acteur, vous voilà devenu parler de Dieu, de la bonté de — Cela dépend-il de la musique qui réalisateur. Qu'est-ce qui vous a l'homme envers son prochain, de évolue ou du film qui vous est amené à faire un film? la quête vers l'inconnu quand le présenté? — J'avais soupçonné que c'était le petit garçon part sur sa bicyclette — Du film qui m'est présenté au meilleur job sur un film.