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saison 2020-2021 auditorium du

MERCREDI 9 juin, 19 h

NUITS

VERONIQUE GENS I GIARDINI programme Distribution Note musicologique

Crépuscule. Nuit d’amour Cauchemar. Nuit d’angoisse Véronique Gens, Nuit d’été Gabriel Fauré soprano Propice à la prière et à la méditation, (1870 – 1894) (1845 – 1924) susceptible de libérer les visions, la I Giardini nuit est un moment privilégié du Trois Poèmes (1892) Quintette pour piano et quatuor à cordes n° 1 romantisme, où le poète guette les en sol mineur opus 89 (1903-1906) 3. Nocturne Shuichi Okada, messages prophétiques dans l’éclat 1. Molto moderato Guillaume Chilemme, de la lune et des étoiles. Elle berce violons le sommeil, peuplé de rêves qui (1803 – 1869) Léa Hennino, (1855 – 1899) apaisent les souffrances du jour. Les Nuits d’été (1834-1856) alto L’homme s’imagine alors dans des 6. L’île inconnue* Chanson perpétuelle opus 37 (1898) Pauline Buet, contrées exotiques, à la découverte violoncelle de voluptés que seul un Orient idéalisé peut procurer. À l’inverse, (1864 – 1955) David Violi, piano la nuit est parfois oppressante, Rêve. Nuit d’ailleurs Quatre Poèmes d’après l’« Intermezzo » source de cauchemars, symbole de Heinrich Heine (1899) Fernand de La Tombelle d’une mort rejetée avec terreur ou (1854 – 1928) 3. Ceux qui, parmi les morts d'amour* acceptée sereinement. Heureusement, elle représente aussi le moment où Orientale opus 22* (1888) l’on se laisse griser par le tourbillon des plaisirs. L’obscurité favorisant la Ivresse. Nuit de fête confusion des identités et les jeux (1842 – 1912) Charles-Marie Widor de masques, les amours se nouent Nuit d’Espagne* (1874) (1844 – 1937) et se dénouent le temps d’une fête, dans l’espoir que l’ivresse se prolonge Camille Saint-Saëns Quintette pour piano et quatuor à cordes dans un matin qui chante. Poètes et (1835 – 1921) n° 1 en ré mineur opus 7 (1868) musiciens ont exalté les sortilèges 3. Molto vivace Désir de l’Orient* (1871) nocturnes dans des mélodies pour voix et piano, parfois diaprées Louis Guglielmi (dit Louiguy) d’une orchestration chatoyante. (1916 – 1991) Dans ce programme, la voix sera La Vie en rose* (1947) accompagnée par un effectif intermédiaire : le quintette pour piano et cordes, auquel Chausson (1874 – 1947) avait destiné sa Chanson perpétuelle. Une revue (1926) Si Fauré et Lekeu ont adapté La dernière valse* eux-mêmes leurs mélodies, les autres morceaux ont été transcrits spécialement pour cette Nuit d’été. Entre les pièces chantées, quelques * Transcriptions d’, Directeur artistique du Palazzetto Bru Zane mouvements instrumentaux, Éditions musicales du Palazzetto Bru Zane empruntés à des quintettes avec piano de Widor (1868) et de Fauré (1905), réaliseront la transition entre les différents climats.

2 3 Aimer la nuit, aimer au loin Des procédés présents également les poèmes de Heinrich Heine, Biographies des interprètes La nuit pare la nature d’un mystère dans l’Orientale de Fernand de La transpose leur douleur intériorisée, qu’ignore la vie diurne. Tombelle (1888), à l’origine pour mais écarte en revanche leur ironie, L’esprit empli de ces visions oniriques, piano à quatre mains. perceptible dans l’allusion à la Dans L’Île inconnue d’Hector « fleur bleue ». La troisième mélodie Guillaume Lekeu écrit lui-même Véronique Gens, soprano I Giardini les textes de son recueil de Trois Berlioz, dernière mélodie des Nuits s’ouvre sur le motif de quatre notes Poèmes (1892), qui s’achève sur d’été orchestrées en 1856, une jeune (la-sol-la-mi) qui unifie l’ensemble Après avoir dominé la scène baroque, Né en 2012 sous l’impulsion de ses avant tout un échange permanent, Nocturne. Les ondoiements du femme aspire à voguer vers la « rive du cycle, jusqu’à l’évocation du Véronique Gens s'est établie une deux directeurs artistiques, Pauline entre eux et avec le public. piano bercent la voix, dans un climat fidèle, où l’on aime toujours ». suicide de l’amant(e). solide réputation à l'international et Buet, violoncelliste et David Violi, I Giardini poursuivra cette rêveur, où percent par moments des Les visions somptueuses de son Mais la Belle Époque et les est aujourd'hui considérée comme pianiste, I Giardini est un collectif exploration des spectacles immersifs accents plus passionnés. rêve sont portées par la houle de Années folles chassent les ténèbres l'une des meilleures interprètes de d’artistes inspirés et engagés parmi en intégrant à ses prochaines En 1895, Ernest Closson compare l’accompagnement (Théophile fuligineuses du romantisme obsédé Mozart et du répertoire français. les plus talentueux de leur génération. productions des profils nouveaux : cette mélodie à « un tableau, un Gautier avait titré son poème par la mort. Sous le cristal des Elle chante sur les plus grandes Espace de liberté et d’exploration, comédiens, illustrateurs, danseurs, paysage, mais un paysage subjectif, Barcarolle), jusqu’à la révélation lustres, la danse enivre les cœurs et scènes lyriques : Opéra de Paris, I Giardini s’inspire de la variété des light artists... vu avec les yeux de l’âme ». finale. Car l’homme rétorque à les corps. Lorsque Reynaldo Hahn, Covent Garden, Wiener et Bayerische sonorités et des personnalités pour Toutefois, le cadre d’une nature l’innocente : « Cette rive, ma chère, dans Une revue (1926), retrace un Mécénat Musical Société Générale et Staatsoper, La Monnaie, le Liceu, révéler un univers romantique familière ne suffit pas toujours à on ne la connaît guère, au pays des siècle de divertissements, il associe La Caisse des Dépôts et Consignations le Teatro Real, Amsterdam, unique où les productions sont des l’artiste, lequel imagine des contrées amours ». La mélodie s’achève sur 1910 à la valse, image d’Épinal de sont les grands mécènes d’I Giardini. aux festivals d’Aix-en-Provence, matières vivantes, conjuguant exotiques aux sortilèges encore plus les bribes d’un refrain disloqué. la Belle Époque. Entre les deux Salzbourg... et se produit aussi en exigence musicale de premier plan puissants. Il les découvre notamment Berlioz nous abandonne sur le guerres, la femme s’émancipe et concert et en récital dans le monde et ouverture permanente aux autres en franchissant les Pyrénées, dans souffle du vent, au terme d’une prend son destin en main. entier. points de vue et formes d’expression. cette Espagne où la chaleur invite à invitation au voyage qui se heurte à Une vingtaine d’années plus tard, Ses nombreux enregistrements (plus Fauré, Bonis, La Tombelle, vivre la nuit. Jules Massenet, comme l’amère réalité. Édith Piaf voit « la vie en rose ». de 80 CD et DVD) ont reçu plusieurs Chausson, Schumann, Hersant, d’autres musiciens français, aime Les paroles de sa chanson (revues récompenses internationales. Bonardi... autant de compositeurs évoquer son atmosphère capiteuse par Henri Contet et mises en Véronique Gens enregistre en emblématiques ou à découvrir qui au moyen de staccatos stylisant la musique par Louiguy) font bientôt exclusivité pour Outhere Music sont au cœur de leur démarche. guitare et de quelques harmonies Nuit qui pleure, matin qui le tour du monde. . Depuis sa création, I Giardini s’est discrètement folkloriques. Pour chante Mais la libération qu’elle célèbre en ce mois de mai 1945 n’est pas Très investie dans le travail du produit sur les grandes scènes réaliser Nuit d’Espagne (1874), il a La déception amoureuse entraîne seulement celle de la femme. Palazzetto Bru Zane – Centre de françaises (Musée d'Orsay, Théâtre placé l’Air de ballet de ses Scènes souvent le désespoir de la femme C’est celle de la France et de bien musique romantique française, des Bouffes du Nord, Arsenal de pittoresques sur des vers de Louis abandonnée, comme celle de la d’autres pays, quand s’achève enfin Véronique Gens a participé à , TAP Poitiers, Opéra de Lille, Gallet, contrairement à la démarche Chanson perpétuelle d’Ernest une nuit qui semblait éternelle. plusieurs disques de la collection Fondation Royaumont, Variations habituelle consistant à inventer la Chausson (1899). « Opéra français » dont La Reine de Classiques Annecy) et internationales. musique d’un poème existant. Sur des vers de Charles Cros, une Chypre d’Halévy et Faust de Gounod. Leurs dernières tournées les ont Point de préoccupations Ophélie romantique relate son Hélène Cao Parmi ses projets, citons Les Contes notamment menés à Montréal ethnographiques : c’est le charme et bonheur disparu, exprime sa d’Hoffmann d’Offenbach à l’Opéra (Salle Bourgie, Festival Classica), la sensualité d’un ailleurs fantasmé souffrance et annonce sa mort par de Paris, Scylla et Glaucus de en Chine (NCPA Beijing, qui prévalent. Camille Saint-Saëns noyade. La musique, qui se souvient Leclair à San Francisco et à l’Opéra Forbidden City Concert Hall, ne titre-t-il pas Désir de l’Orient (1871) de Wagner tout en se teintant d’un Royal de Versailles, Così fan tutte Shanghai Oriental art center), une mélodie qu’il compose sur des symbolisme fin de siècle, nuance ses de Mozart au Festival d’Aix-en- en Allemagne (Beethovenfest, vers de son cru ? Ce désir stimule états d’âme mais évolue vers un Provence, Henri VIII de Saint-Saëns Heidelberg Frühling), en Italie d’autant plus l’imagination qu’il sentiment douloureux de plus en au Théâtre de la Monnaie... (Bologna Festival, Palazzetto Bru reste inassouvi : « Ah ! que ne puis-je plus profond. Une atmosphère Véronique Gens est Chevalier de Zane). à tire d’aile, / Orient sacré / Atteindre similaire se dégage de Ceux qui, La Légion d'Honneur et Chevalier Les derniers enregistrements de ton azur fidèle / Ton beau ciel nacré ! ». parmi les morts d’amour, troisième des Arts et des Lettres. l'ensemble ont été salués par la presse. La couleur locale repose sur les volet des Quatre poèmes d’après Concerts, projets lyriques, nouvelles quintes à vide de l’accompagnement, l’« Intermezzo » de Heine de Guy formes de langages comme la réalité des dessins mélodiques insolites et Ropartz (1899). Le compositeur virtuelle, pour eux la musique est quelques touches modales. français, qui a traduit lui-même

4 5 Biographies des compositeurs

Hector Berlioz (1803-1869) comique du 18e siècle, s’inspire de parmi les plus représentatives de la l’auteur d’une ambitieuse tragédie puis l’ami intime. Naturalisé stylistiquement éclectique voire Virgile pour Les Troyens. Car chez musique française de la fin du siècle, lyrique (Prométhée, 1900), d’un français en 1912, il demande à atypique, qui mérite d’être Pour un large public, Berlioz lui, l’ardeur des passions s’allie tels le drame lyrique Le Roi Arthus, magnifique opéra (Pénélope, 1913), partir au front en 1914 puis travaille reconsidérée non seulement pour incarne à lui seul le romantisme toujours à la discipline de la raison. la Symphonie en si bémol, le poème et d’un célèbre Requiem (1888), c’est au ministère de la Guerre (1916). ses propres mérites, mais aussi musical français. Sa Symphonie symphonique Viviane, le Poème avant tout dans le monde intimiste Alors qu’il s’était distingué à parce qu’elle illustre une forme fantastique (1830), créée quelques pour violon et orchestre ou ses et raffiné de la musique de chambre, l’Opéra-Comique au début du d’activité sociale et artistique en e e mois après la « bataille d’Hernani » Ernest Chausson (1855-1899) nombreuses pièces vocales (dont la du piano et de la mélodie que Fauré siècle (L’Île du rêve en 1900 et La France au tournant des 19 et 20 et la Révolution de Juillet qui inspire Chanson perpétuelle) et de musique développa les aspects les plus Carmélite en 1902), sa production siècles. Son catalogue, qui embrasse à Delacroix La Liberté guidant le Issu d’une famille aisée, Chausson de chambre. novateurs de son style. Mélodiste durant l’entre-deux guerre s’oriente tous les genres (mélodies, musique peuple, constitue un « Manifeste du bénéficia de l’instruction d’un de premier plan, harmoniste d’une vers l’opérette – Ciboulette (1923) et de chambre, pièces d’orgue, œuvres romantisme » tel que l’envisage précepteur qui, soucieux de lui offrir stupéfiante intuition, il fut l’un des Malvina (1935) – et la comédie chorales religieuses ou profanes, Berlioz : la forme, conçue en une solide culture générale, l’initia Gabriel Fauré (1845-1924) grands représentants de la musique musicale – dont Mozart (1925) pour pages orchestrales ou pianistiques, fonction de l’« idée », s’émancipe très tôt aux disciplines artistiques. française au tournant du siècle, Yvonne Printemps et Ô mon bel musiques de scène accompagnées des structures préétablies ; C’est sans doute sous cette influence Fils d’un directeur d’école normale, position qui lui valut en 1909 une inconnu (1933) pour Arletty. ou non de fantaisies lumineuses, l’orchestration d’une originalité qu’il décida, quelques années plus Fauré fut envoyé dès l’âge de neuf élection à l’Institut. Reynaldo Hahn obtient une etc.), se complète en effet de sans précédent traduit le « vague tard, après avoir suivi des études ans à l’École de musique classique consécration institutionnelle après photographies, dessins, peintures, des passions » et stimule l’imagination juridiques couronnées par un et religieuse fondée en 1853 par Louis 1945 : il est nommé membre de écrits – théoriques ou littéraires – et visuelle de l’auditeur. Les audaces doctorat en 1877, d’embrasser une Niedermeyer. Élève de Loret (orgue), Reynaldo Hahn (1874-1947) l’Académie des beaux-arts et ouvrages touchant à l’astronomie du compositeur rencontreront bien carrière de compositeur. Entre 1879 Saint-Saëns (piano) et Niedermeyer directeur de l’Opéra de Paris ou à l’art culinaire. L’ensemble des obstacles, lesquels nourriront en et 1880, il fut inscrit au Conservatoire lui-même (composition), il y reçut Né à Caracas, Hahn s’installe à (1945-1946). constitue, en définitive, le fruit du retour l’invention de nouveaux dans les classes de Massenet et de une formation exceptionnellement Paris en 1878. Son intégration dans travail d’un artiste doué et possédant moyens d’expression. Après l’échec Franck. Mais c’est avec ce dernier riche, découvrant aussi bien les la haute société est facilitée par les une culture générale remarquable, de Benvenuto Cellini (1838), Berlioz seul qu’il poursuivit sa formation maîtres anciens que modernes. nombreux contacts entretenus par Fernand de La Tombelle digne d’un honnête homme qui élabore les formes dramatiques jusqu’en 1883. Très attentif aux Sans surprise, il embrassa à la fin sa famille, issue de la bourgeoisie (1854-1928) œuvra aussi beaucoup en faveur de singulières de Roméo et Juliette et courants les plus novateurs, il assista de ses études, en 1865, une carrière d’affaire vénézuélienne. Admis au l’éducation musicale des milieux de La Damnation de Faust. en 1882 à la création de Parsifal, et dans la musique religieuse, qui le en 1885, il n’y Élève de Théodore Dubois et populaires. Afin de défendre sa musique et fut nommé en 1886 secrétaire de la conduisit notamment à l’église de obtient que de maigres récompenses d’, proche de celle des compositeurs qu’il admire, Société nationale de musique. la Madeleine comme maître de mais rencontre le pianiste Risler – Saint-Saëns des conseils duquel il il rédige des critiques qui révèlent Dès lors, il ne cessa de fréquenter, chapelle (1877-1905) puis organiste ami avec lequel il entretiendra toute bénéficia, Fernand de La Tombelle Guillaume Lekeu (1870-1894) un remarquable talent littéraire, jusqu’à sa tragique disparition dans (1896-1905). sa vie une correspondance suivie. mena une double carrière de prend la baguette et devient l’un un accident de vélo, la fine fleur du Parallèlement, il se mit à fréquenter Ses premiers succès musicaux et sa compositeur et d’interprète virtuose, Né en Belgique (à Heusy, près de des plus grands chefs d’orchestre de monde musical, notamment Duparc, les salons, brillant par ses talents de formation de compositeur se joueront aussi bien comme pianiste que Verviers), Guillaume Lekeu s’installe son temps. La virulence avec laquelle Fauré et Debussy. pianiste et d’improvisateur. en dehors des institutions parisiennes : comme organiste. en France dès 1879 (Poitiers) mais il dénonce l’académisme ne doit Ultime démonstration de son esprit En 1896, sa réputation grandissant, élève particulier de Jules Massenet, Doté d’un tempérament sans restera toute sa vie attachée à sa toutefois pas faire oublier sa solide ouvert et curieux, son salon de la il succède à Massenet comme Hahn se distingue dans les salons prétention révolutionnaire, bien région natale. Ses études musicales, formation auprès de Reicha rue de Courcelles aura été l’un des professeur de composition au aristocratiques (dont celui de la trempé et farouchement débutées dans la fanfare de son (contrepoint) et Le Sueur lieux les plus courus de la capitale, Conservatoire, avant de prendre la princesse Mathilde) en interprétant indépendant, La Tombelle constitue village, se poursuivent en dehors (composition) au Conservatoire de fréquenté aussi bien par Mallarmé direction de l’établissement entre les mélodies qu’il compose, une figure attachante et intéressante des institutions musicales : il apprend Paris. Berlioz se présente cinq fois que Monet ou Puvis de Chavannes. 1905 et 1920. Esprit libre et ouvert notamment Les Chansons grises à plus d’un titre. S’il fut amené à à jouer du violon, du piano et du au concours du Très exigeant, il est l’auteur d’une (il fut l’un des fondateurs, en 1871, (sur des textes de Verlaine) et les côtoyer des artistes dont la postérité violoncelle, et commence à composer (obtenu en 1830), certes indispensable soixantaine d’ouvrages dont le style de la Société nationale de musique), Études latines. a davantage retenu le nom, tels dès 1885, notamment sous l’influence pour être joué à l’Académie royale associe à la science de la construction Fauré marqua profondément ses Son succès lui permet de rencontrer Edvard Grieg, , de l’un de ses professeurs du lycée de musique. Passionné par Beethoven et de l’écriture franckiste les couleurs élèves, parmi lesquels , Stéphane Mallarmé, Edmond de Vincent d’Indy ou Jules Massenet de Poitiers. Son intérêt pour les et Weber, Shakespeare et Goethe, il si particulières de l’art wagnérien. , Goncourt, et (dont il fut très proche), il laisse une grands maîtres allemands s’éveille vénère aussi Gluck et l’opéra- Certaines de ses œuvres comptent et . Même s’il fut Marcel Proust, dont il sera l’amant œuvre considérable, protéiforme, à cette époque et sa fascination

6 7 pour Wagner le pousse, à 19 ans, ans. Fils d’un contrebassiste, il se renouveler, Massenet traite des sujets En 1894, il est nommé directeur du récompenses, ainsi que de nominations connaître en jouant ponctuellement à effectuer un pèlerinage à Bayreuth. destine également à une carrière d’une grande diversité. Conservatoire de Nancy, poste qu’il à divers postes institutionnels, dont à Saint- Sulpice et en inaugurant les En 1888, suivant la carrière de musicale. Sous la direction, entre Se succèdent ainsi l’exotisme du Roi occupera un quart de siècle, animant une élection à l’Académie en 1878. nouveaux instruments de Notre- négociant de laine du père, la famille autres, d’, il suit des de Lahore (1877) et du Mage (1891), le avec une grande autorité et une Virtuose, titulaire des orgues de la Dame et de la Trinité. Lekeu s’installe à Paris et, dès études au Conservatoire de Paris fantastique d’Esclarmonde (1889), le infatigable ferveur la vie musicale de Madeleine (1857-1877), il impressionna Fort de l’appui de Saint-Saëns et l’année suivante (après s’être rendu couronnées de succès qui lui naturalisme de La Navarraise (1894) la ville, en dirigeant notamment des ses contemporains. Compositeur Gounod, il parvient en 1870 à à Bayreuth), Guillaume devient permettent de rêver à une carrière et de Sapho (1897), le conte de fées concerts symphoniques réputés. fécond et cultivé, il œuvra à la obtenir le poste d’organiste de Saint- l’élève particulier de César Franck. de pianiste concertiste. Ce sont Cendrillon (1899), le climat légendaire En 1919, c’est à la tête du Conservatoire réhabilitation des maîtres du passé, Sulpice et dispose alors du plus En novembre 1890, avant le décès pourtant ses talents d’accompagnateur de Thaïs (1894) et Grisélidis (1901), le de Strasbourg que Ropartz est participant à des éditions de Gluck grand instrument de France. de ce dernier, Lekeu donne la et de compositeur qui dirigent son cadre médiéval et religieux du nommé, ainsi qu’à celle des Concerts et de Rameau. Éclectique, il défendit Cet orgue exceptionnel lui permet première audition publique d’une destin à partir des années 1940. Jongleur de Notre-Dame (1902), la symphoniques de la ville. Il se retire aussi bien Wagner que Schumann. de développer un style nouveau, ses œuvres à Verviers : la Première Durant le second conflit mondial, il mythologie antique d’Ariane (1906) en 1929 dans sa région natale, la Pédagogue, il compta parmi ses inspiré de l’écriture pour orchestre, Étude symphonique, dirigée par son tourne aux côtés d’Édith Piaf et met et de Bacchus (1909), l’héroïsme Bretagne, souvent dépeinte dans ses élèves Gigout, Fauré ou Messager. remarquable dans ses Symphonies ami Louis Kéfer. L’année suivante, en musique un grand nombre de tragi- comique de Don Quichotte partitions, ce qui lui valut le surnom Critique, il signa de nombreux articles pour orgue : les huit premières il devient l’élève de Vincent d’Indy succès qui enchantent aussi bien la (1910). Le compositeur s’inspire de « chantre d’Armor » – notamment témoignant d’un esprit fort et lucide, (op. 13 et 42), la Symphonie gothique et se présente à sa demande au prix France occupée (notamment le très aussi d’œuvres littéraires célèbres dans son opéra Le Pays (1910). quoique très attaché aux principes de op. 70 (1895) et la Symphonie romane de Rome belge, sa cantate Andromède pétainiste Ça sent si bon la France pour Le Cid (1885), Manon (1884) et Jusqu’en 1950, Ropartz enrichit l’académisme. C’est ce même esprit, op. 73 (1900). À la mort de César obtenant le deuxième second prix. en 1942, interprété par Maurice Werther (1892). Il possède les dons régulièrement son catalogue d’œuvres. indépendant et volontaire, qui le Franck (1890), Widor se voit confier Ce semi-échec devient un succès Chevalier) que libérée (Mademoiselle indispensables à la scène lyrique : Parmi les quelques deux cents poussa à fonder, en 1871, la Société la classe d’orgue du Conservatoire quand, au début de l’année 1892, le Hortensia pour Yvette Giraud en ceux de la caractérisation partitions qu’il laisse figurent cinq nationale de musique, puis à en de Paris. Il y rénove entièrement la Cercle des XX de Bruxelles l’invite 1946, La Vie en rose en 1947, Cerisier psychologique et du rythme théâtral. symphonies, des pièces religieuses, démissionner en 1886. Admiré pour pédagogie de l’instrument et à diriger des extraits de cette cantate. rose et pommier blanc en 1950 par Somptueux mélodiste, il séduit aussi de la musique de chambre et des ses œuvres orchestrales empreintes apparaît ainsi comme le fondateur Le violoniste Eugène Ysaÿe, alors André Claveau). C’est ensuite au par la subtilité de son harmonie et le poèmes symphoniques. Sa musique d’une rigueur toute classique dans de la nouvelle école française. impressionné par le jeune cinéma que Louiguy consacre la raffinement de son orchestration, est admirablement maîtrisée, d’une un style non dénué d’audaces (cinq En 1896, il est nommé professeur de compositeur lui commande l’œuvre plupart de ses œuvres. Débutant élaborée en fonction de la situation architecture solide héritée de Franck, concertos pour piano, cinq symphonies la classe de composition, contrepoint qui reste la plus connue de son avec la musique de Seul dans la nuit dramatique. Auteur de pièces pour harmoniquement riche, dans la lignée dont la dernière avec orgue, quatre et fugue, et aura pour élèves Dupré, catalogue : la Sonate pour piano et de Christian Stengel (1945), il signe piano, d’œuvres sacrées et de du chromatisme wagnérien mais de poèmes symphoniques, dont la Honegger, Milhaud ou encore violon, créée par Ysaÿe au Cercle la bande-son de plus de 90 films, mélodies, Massenet a de surcroît plus en plus modale, sans emphase célèbre Danse macabre), il connut Varèse. Membre de l’Institut en des XX en mars 1893 en même collaborant en particulier avec Sacha participé au renouveau de la inutile. Sa réputation d’austérité a une renommée internationale, 1910, secrétaire perpétuel de temps que les Trois Poèmes pour Guitry (depuis Aux deux colombes musique symphonique en France, ce souvent été exagérée, au mépris d’une notamment grâce à ses opéras Samson l’Académie des beaux-arts en 1914, chant et piano. jusqu’à La Vie d’un honnête homme), dont témoignent notamment les six réelle sensualité post-romantique. et Dalila (1877) et Henry VIII (1883). ce fervent défenseur de la musique André Cayatte et Max Pécas. suites orchestrales intitulées Scènes. de Bach s’est également chargé de l’édition des œuvres pour orgue du Louiguy (1916-1991) Camille Saint-Saëns (1835-1921) Charles-Marie Widor (1844- grand maître à partir de 1911. Louis Guglielmi, dit Louiguy Jules Massenet (1842-1912) Guy Ropartz (1864-1955) 1937) Orphelin de père tout comme Charles La paternité de Louiguy sur La Vie Après des études de piano couronnées Après avoir entrepris des études de Gounod, Saint-Saëns fut élevé par Issu d’une famille de facteurs d’orgue, en rose, le titre qui l’a rendu par un premier prix au Conservatoire droit pour satisfaire aux désirs de ses sa mère et sa grand-tante. C’est cette Charles-Marie Widor montre très mondialement célèbre, est sujette à en 1859, Massenet obtient le prix de parents, Ropartz intègre en 1885 le dernière qui l’initia au piano, avant jeune des dispositions pour cet caution. Des témoignages discordants Rome en 1863. Ce succès entraîne la Conservatoire de Paris, où il étudie de le confier à Stamaty puis à Maleden. instrument. Après avoir travaillé un rapportent en effet qu’Édith Piaf commande de La Grand’ Tante, avec Théodore Dubois, Jules Massenet, Extraordinairement précoce, il fit sa temps à Lyon avec son père, il part – Contenus mis à disposition par le serait la véritable compositrice de opéra-comique bien accueilli lors de puis César Franck, dont il sera l’un première apparition en concert dès sur les conseils d’Aristide Cavaillé- e Palazzetto Bru Zane : informations cette chanson et, faute d’être inscrite sa création (1867). La musique de des plus tardifs partisans du 20 siècle. 1846. Deux ans plus tard, on le Coll, ami de la famille – à Bruxelles supplémentaires sur la base de données à la SACEM, aurait utilisé le nom scène des Érinnyes (Leconte de Lisle, D’autres disciples, comme d’Indy et retrouve au Conservatoire dans les pour y suivre des cours d’orgue de la musique romantique française de Louiguy, son pianiste 1873), les oratorios Marie-Magdeleine Magnard, compteront parmi ses classes de Benoist (orgue) puis (Lemmens) et de composition bruzanemediabase.com accompagnateur, pour l’y faire (1873) et Ève (1875) attirent l’attention meilleurs amis. Tout en menant ses d’Halévy (composition). S’il échoua (Fétis). Toujours sous la tutelle de enregistrer. D’origine italienne, sur le musicien qui, dorénavant, se études musicales, Ropartz poursuit à deux reprises au concours de Cavaillé-Coll, qui lui offrira toute Bru Zane Classical Radio, la webradio Louis Guglielmi est né à Barcelone consacrera essentiellement au théâtre l’écriture littéraire, pour laquelle il a Rome, l’ensemble de sa carrière fut sa vie un soutien sans faille, le jeune de la musique romantique française, et arrive en France à l’âge de sept lyrique. Soucieux de toujours se très tôt montré des dispositions. néanmoins ponctué d’une foule de Widor s’installe à Paris et se fait BRU-ZANE.COM

8 9 PROCHAINEMENT

Concert Samedi 12 Juin à 14 h, à l'auditorium et sur louvre.fr Table ronde mercredi 16 Juin La BD au rang des beaux arts à 19 h, à l'auditorium Harpe Romantique Avec Charles Berberian, Emmanuel Guibert et Nicolas de Crécy, modérée par Sonia Déchamps Frédéric Chatoux, flûte Marc Desmons, alto Samedi 12 Juin Emmanuel Ceysson, harpe à 16h, à l'auditorium et sur louvre.fr Œuvres de , Théodore Dubois, , Conférence Gabriel Fauré, Jean Cras Dessine-moi le Louvre À partir de vingt oeuvres choisies par le public et les internautes via les réseaux sociaux, parmi une sélection Événements proposée par le musée du Louvre, les auteurs improvisent des créations graphiques. Avec Étienne Davodeau, Charles Berberian et Florent Chavouet. le Louvre en bande dessinée : 15 ans de création Vendredi 11 Juin les journées eurpéennes de l'archéologie à 20 h, à l'auditorium et sur louvre.fr Dimanche 20 Juin Le concert dessiné à 15 h, à l'auditorium et sur louvre.fr Trois auteurs de la collection se relaient en scène et dessinent Film au gré de leur inspiration, sur la musique d’Érik Truffaz. Ainsi parle Taram-Kubi, correspondances assyriennes Avec Charles Berberian, Stéphane Levallois, David Documentaire de Vanessa Tubiana-Brun et Cécile Michel Prudhomme Fr., 2020, 47 min, prod. MSH Mondes. Samedi 12 Juin Projection suivie d’une table ronde avec Ariane Thomas, Vincent à 11 h Blanchard, musée du Louvre, Cécile Michel, CNRS et professeure à Visite dans les salles du musée du Louvre l’université de Hambourg, Brigitte Lion, université Paris 1 Panthéon- Sorbonne, et Fikri Kulako ˘ glu, université d’Ankara, directeur du Une déambulation, en compagnie d’un auteur de la chantier de fouilles de Kültepe. collection. Avec Étienne Davodeau, Stéphane Levallois, Film également en ligne non-stop sur louvre.fr du 19/06 à 10h au Charles Berberian, et Florent Chavouet 21/06 à 10h

La communication des concerts bénéficie du soutien de Télérama et de France Musique.

Le concert est enregistré par France Musique et sera diffusé ultérieurement.

Le concert est organisé en coproduction avec le Palazzetto Bru Zane dans le cadre du 8e Festival Palazzetto Bru Zane Paris.

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