VERONIQUE GENS I GIARDINI Programme Distribution Note Musicologique
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SAISON 2020-2021 AUDITORIUM DU LOUVRE MERCREDI 9 JUIN, 19 H NUITS VERONIQUE GENS I GIARDINI PROGRAMME DISTRIBUTION NOTE MUSICOLOGIQUE CRÉPUSCULE. NUIT D’AMOUR CAUCHEMAR. NUIT D’ANGOISSE Véronique Gens, NUIT D’ÉTÉ Guillaume Lekeu Gabriel Fauré soprano Propice à la prière et à la méditation, (1870 – 1894) (1845 – 1924) susceptible de libérer les visions, la I Giardini nuit est un moment privilégié du Trois Poèmes (1892) Quintette pour piano et quatuor à cordes n° 1 romantisme, où le poète guette les en sol mineur opus 89 (1903-1906) 3. Nocturne Shuichi Okada, messages prophétiques dans l’éclat 1. Molto moderato Guillaume Chilemme, Hector Berlioz de la lune et des étoiles. Elle berce violons le sommeil, peuplé de rêves qui (1803 – 1869) Ernest Chausson Léa Hennino, (1855 – 1899) apaisent les souffrances du jour. Les Nuits d’été (1834-1856) alto L’homme s’imagine alors dans des 6. L’île inconnue* Chanson perpétuelle opus 37 (1898) Pauline Buet, contrées exotiques, à la découverte violoncelle de voluptés que seul un Orient Guy Ropartz idéalisé peut procurer. À l’inverse, (1864 – 1955) David Violi, piano la nuit est parfois oppressante, RÊVE. NUIT D’AILLEURS Quatre Poèmes d’après l’« Intermezzo » source de cauchemars, symbole de Heinrich Heine (1899) Fernand de La Tombelle d’une mort rejetée avec terreur ou (1854 – 1928) 3. Ceux qui, parmi les morts d'amour* acceptée sereinement. Heureusement, elle représente aussi le moment où Orientale opus 22* (1888) l’on se laisse griser par le tourbillon des plaisirs. L’obscurité favorisant la Jules Massenet IVRESSE. NUIT DE FÊTE confusion des identités et les jeux (1842 – 1912) Charles-Marie Widor de masques, les amours se nouent Nuit d’Espagne* (1874) (1844 – 1937) et se dénouent le temps d’une fête, dans l’espoir que l’ivresse se prolonge Camille Saint-Saëns Quintette pour piano et quatuor à cordes dans un matin qui chante. Poètes et (1835 – 1921) n° 1 en ré mineur opus 7 (1868) musiciens ont exalté les sortilèges 3. Molto vivace Désir de l’Orient* (1871) nocturnes dans des mélodies pour voix et piano, parfois diaprées Louis Guglielmi (dit Louiguy) d’une orchestration chatoyante. (1916 – 1991) Dans ce programme, la voix sera La Vie en rose* (1947) accompagnée par un effectif intermédiaire : le quintette pour Reynaldo Hahn piano et cordes, auquel Chausson (1874 – 1947) avait destiné sa Chanson perpétuelle. Une revue (1926) Si Fauré et Lekeu ont adapté La dernière valse* eux-mêmes leurs mélodies, les autres morceaux ont été transcrits spécialement pour cette Nuit d’été. Entre les pièces chantées, quelques * Transcriptions d’ALEXANDRE DRATWICKI, Directeur artistique du Palazzetto Bru Zane mouvements instrumentaux, Éditions musicales du Palazzetto Bru Zane empruntés à des quintettes avec piano de Widor (1868) et de Fauré (1905), réaliseront la transition entre les différents climats. 2 3 AIMER LA NUIT, AIMER AU LOIN Des procédés présents également les poèmes de Heinrich Heine, BIOGRAPHIES DES INTERPRÈTES dans l’Orientale de Fernand de La transpose leur douleur intériorisée, La nuit pare la nature d’un mystère qu’ignore la vie diurne. Tombelle (1888), à l’origine pour mais écarte en revanche leur ironie, L’esprit empli de ces visions oniriques, piano à quatre mains. perceptible dans l’allusion à la Dans L’Île inconnue d’Hector « fleur bleue ». La troisième mélodie Guillaume Lekeu écrit lui-même Véronique Gens, soprano I Giardini les textes de son recueil de Trois Berlioz, dernière mélodie des Nuits s’ouvre sur le motif de quatre notes Poèmes (1892), qui s’achève sur d’été orchestrées en 1856, une jeune (la-sol-la-mi) qui unifie l’ensemble Après avoir dominé la scène baroque, Né en 2012 sous l’impulsion de ses avant tout un échange permanent, Nocturne. Les ondoiements du femme aspire à voguer vers la « rive du cycle, jusqu’à l’évocation du Véronique Gens s'est établie une deux directeurs artistiques, Pauline entre eux et avec le public. piano bercent la voix, dans un climat fidèle, où l’on aime toujours ». suicide de l’amant(e). solide réputation à l'international et Buet, violoncelliste et David Violi, I Giardini poursuivra cette rêveur, où percent par moments des Les visions somptueuses de son Mais la Belle Époque et les est aujourd'hui considérée comme pianiste, I Giardini est un collectif exploration des spectacles immersifs accents plus passionnés. rêve sont portées par la houle de Années folles chassent les ténèbres l'une des meilleures interprètes de d’artistes inspirés et engagés parmi en intégrant à ses prochaines En 1895, Ernest Closson compare l’accompagnement (Théophile fuligineuses du romantisme obsédé Mozart et du répertoire français. les plus talentueux de leur génération. productions des profils nouveaux : cette mélodie à « un tableau, un Gautier avait titré son poème par la mort. Sous le cristal des Elle chante sur les plus grandes Espace de liberté et d’exploration, comédiens, illustrateurs, danseurs, paysage, mais un paysage subjectif, Barcarolle), jusqu’à la révélation lustres, la danse enivre les cœurs et scènes lyriques : Opéra de Paris, I Giardini s’inspire de la variété des light artists... vu avec les yeux de l’âme ». finale. Car l’homme rétorque à les corps. Lorsque Reynaldo Hahn, Covent Garden, Wiener et Bayerische sonorités et des personnalités pour Toutefois, le cadre d’une nature l’innocente : « Cette rive, ma chère, dans Une revue (1926), retrace un Mécénat Musical Société Générale et Staatsoper, La Monnaie, le Liceu, révéler un univers romantique familière ne suffit pas toujours à on ne la connaît guère, au pays des siècle de divertissements, il associe La Caisse des Dépôts et Consignations le Teatro Real, Amsterdam, unique où les productions sont des l’artiste, lequel imagine des contrées amours ». La mélodie s’achève sur 1910 à la valse, image d’Épinal de sont les grands mécènes d’I Giardini. aux festivals d’Aix-en-Provence, matières vivantes, conjuguant exotiques aux sortilèges encore plus les bribes d’un refrain disloqué. la Belle Époque. Entre les deux Salzbourg... et se produit aussi en exigence musicale de premier plan puissants. Il les découvre notamment Berlioz nous abandonne sur le guerres, la femme s’émancipe et concert et en récital dans le monde et ouverture permanente aux autres en franchissant les Pyrénées, dans souffle du vent, au terme d’une prend son destin en main. entier. points de vue et formes d’expression. cette Espagne où la chaleur invite à invitation au voyage qui se heurte à Une vingtaine d’années plus tard, Ses nombreux enregistrements (plus Fauré, Bonis, La Tombelle, vivre la nuit. Jules Massenet, comme l’amère réalité. Édith Piaf voit « la vie en rose ». de 80 CD et DVD) ont reçu plusieurs Chausson, Schumann, Hersant, d’autres musiciens français, aime Les paroles de sa chanson (revues récompenses internationales. Bonardi... autant de compositeurs évoquer son atmosphère capiteuse par Henri Contet et mises en Véronique Gens enregistre en emblématiques ou à découvrir qui au moyen de staccatos stylisant la musique par Louiguy) font bientôt exclusivité pour Outhere Music sont au cœur de leur démarche. guitare et de quelques harmonies NUIT QUI PLEURE, MATIN QUI le tour du monde. France. Depuis sa création, I Giardini s’est discrètement folkloriques. Pour CHANTE Mais la libération qu’elle célèbre en ce mois de mai 1945 n’est pas Très investie dans le travail du produit sur les grandes scènes réaliser Nuit d’Espagne (1874), il a La déception amoureuse entraîne seulement celle de la femme. Palazzetto Bru Zane – Centre de françaises (Musée d'Orsay, Théâtre placé l’Air de ballet de ses Scènes souvent le désespoir de la femme C’est celle de la France et de bien musique romantique française, des Bouffes du Nord, Arsenal de pittoresques sur des vers de Louis abandonnée, comme celle de la d’autres pays, quand s’achève enfin Véronique Gens a participé à Metz, TAP Poitiers, Opéra de Lille, Gallet, contrairement à la démarche Chanson perpétuelle d’Ernest une nuit qui semblait éternelle. plusieurs disques de la collection Fondation Royaumont, Variations habituelle consistant à inventer la Chausson (1899). « Opéra français » dont La Reine de Classiques Annecy) et internationales. musique d’un poème existant. Sur des vers de Charles Cros, une Chypre d’Halévy et Faust de Gounod. Leurs dernières tournées les ont Point de préoccupations Ophélie romantique relate son Hélène Cao Parmi ses projets, citons Les Contes notamment menés à Montréal ethnographiques : c’est le charme et bonheur disparu, exprime sa d’Hoffmann d’Offenbach à l’Opéra (Salle Bourgie, Festival Classica), la sensualité d’un ailleurs fantasmé souffrance et annonce sa mort par de Paris, Scylla et Glaucus de en Chine (NCPA Beijing, qui prévalent. Camille Saint-Saëns noyade. La musique, qui se souvient Leclair à San Francisco et à l’Opéra Forbidden City Concert Hall, ne titre-t-il pas Désir de l’Orient (1871) de Wagner tout en se teintant d’un Royal de Versailles, Così fan tutte Shanghai Oriental art center), une mélodie qu’il compose sur des symbolisme fin de siècle, nuance ses de Mozart au Festival d’Aix-en- en Allemagne (Beethovenfest, vers de son cru ? Ce désir stimule états d’âme mais évolue vers un Provence, Henri VIII de Saint-Saëns Heidelberg Frühling), en Italie d’autant plus l’imagination qu’il sentiment douloureux de plus en au Théâtre de la Monnaie... (Bologna Festival, Palazzetto Bru reste inassouvi : « Ah ! que ne puis-je plus profond. Une atmosphère Véronique Gens est Chevalier de Zane). à tire d’aile, / Orient sacré / Atteindre similaire se dégage de Ceux qui, La Légion d'Honneur et Chevalier Les derniers enregistrements de ton azur fidèle / Ton beau ciel nacré ! ». parmi les morts d’amour, troisième des Arts et des Lettres.