Abbaye De Bénédictins Saint-Denis
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Centre, Eure-et-Loir Nogent-le-Rotrou 1 rue de la Jambette, 47 rue Saint-Laurent Abbaye de bénédictins Saint-Denis Références du dossier Numéro de dossier : IA28000299 Date de l'enquête initiale : 2015 Date(s) de rédaction : 2013 Cadre de l'étude : inventaire topographique Nogent-le-Rotrou du 13ème au 18ème siècle Degré d'étude : monographié Désignation Dénomination : abbaye Genre du destinataire : de bénédictins, de clunisiens Vocable : Saint-Denis Appellation : prieuré Saint-Denis Compléments de localisation Milieu d'implantation : en ville Références cadastrales : 1990, BO, 170 Historique La fondation de l'abbaye est fixée par les textes à l'année 1031, elle est attribuée à Geoffroy III seigneur de Nogent. Son fils, Rotrou II fait réformer la communauté avant 1069, et consacrer l'abbatiale en 1079. Un an plus tard, Geoffroy IV, à son tour seigneur de Nogent, place la communauté sous le patronage de l'abbaye de Cluny. Le prieuré fait l'objet d'une vaste campagne de construction durant la première moitié du 13e siècle. La séparation avec le siècle est affirmée par une enceinte et une tour porte. L'espace enclos suit une partition ouest/est : à l'ouest les fidèles et convers disposent de leur propre église paroissiale (Saint-Laurent), à l'est les bâtiments conventuels et le chevet ont été reconstruits afin de satisfaire la liturgie clunisienne. Le doyenné est restructuré et en partie reconstruit durant la première moitié du 16e siècle. Désormais ouvert en direction de la rue Saint-Laurent, il est le théâtre d'un foyer littéraire au sein duquel le poète Rémy Belleau est formé. La communauté est supprimée en 1788. Ses bâtiments sont réaffectés en tribunal, prison, caserne et collège à partir de 1807. Le collège Arsène Meunier et la maison de justice occupent encore actuellement les bâtiments conventuels et ce qui reste de l'abbatiale Saint-Denis. Période(s) principale(s) : 11e siècle (), 1ère moitié 13e siècle (), 1ère moitié 16e siècle () Personne(s) liée(s) à l'histoire de l'oeuvre : Geoffroy III (commanditaire, attribution par source), Rotrou II (commanditaire, attribution par source), Geoffroy IV (commanditaire, attribution par source), Charles De Ronsard (personnage célèbre, attribution par source), Remy Belleau (personnage célèbre, attribution par source, ?) Description L’ancienne abbaye est accessible par une tour porte donnant sur l’extrémité nord de la rue Saint-Denis. Les bâtiments constitutifs de l’ancien monastère prennent place de part et d’autre de cette même rue. L’église paroissiale Saint-Laurent et son cimetière sont situés à l’ouest. Ils sont encerclés par des maisons disposées le long des rues encadrant l’église. Les bâtiments conventuels ainsi que l’église abbatiale sont situés à l’est. Le collège Arsène Meunier occupe actuellement l'église abbatiale et l'ensemble des bâtiments conventuels, exception faite de l'aile ouest, occupée par la maison de justice. 28 septembre 2021 Page 1 Centre, Eure-et-Loir, Nogent-le-Rotrou, 1 rue de la Jambette, 47 rue Saint-Laurent Abbaye de bénédictins Saint-Denis IA28000299 Eléments descriptifs Statut, intérêt et protection Protections : inscrit MH, 1948/10/12 Abbaye Saint-Denis (ancienne) : inscription par arrêté du 12 octobre 1948 Statut de la propriété : propriété de la commune (Actuel collège Arsène Meunier, église et cimetière Saint-Laurent), propriété du département (Tribunal), propriété privée (Passage d'entrée et prévôté, enclos.) L'Abbaye de Saint-Denis, Nogent-le-Rotrou Historique L'abbaye de Saint-Denis Fondation de l'abbaye Le terminus ante quem de la date de création de l’abbaye Saint-Denis est fixé par sa charte de fondation à l’année 1031. Geoffroy III, vicomte de Châteaudun, seigneur de Nogent et fondateur de l’abbaye y est mentionné aux côtés de son suzerain Eudes, comte de Blois, de son ancien rival Fulbert, évêque de Chartres, et de ses deux fils, Hugues et Rotrou. L’abbaye est implantée sur une pièce de terre située entre l’Huisne et le château seigneurial. Elle est également dotée de 10 arpents de prés autour du monastère (jusqu’à la Rhône), ainsi que de quatre moulins sur le même cours d’eau1, auxquels s’ajoute l’église Saint-Hilaire, avec son droit de sépulture et la dîme de ses appartenances2. L’abbatiale, dont une partie des travaux est déjà effectuée en 10313, est desservie par des moines suivant la règle de Saint-Benoît. Ces derniers ont pour mission de prier pour le salut de l’âme de leur fondateur et de celle des membres de leur maison, tant vivants que morts4. La charte est assortie d’un droit d’asile, de franchises à l’envers des moines et des habitants de leurs bourgs5, et de donations sur les églises et terres seigneuriales permettant aux religieux d’assurer leur subsistance6. Loin d’être cantonnée à un rôle spirituel, l’abbaye de Saint-Denis est dès sa création le siège d’une seigneurie ecclésiastique. Kathleen Thompson a démontré7 que la charte de fondation du cartulaire de Saint-Denis est issue d’une réécriture effectuée à la fin du 12e siècle. S’il est probable que Geoffroy III fonde une communauté religieuse durant la première moitié du 11e siècle, il est déraisonnable d’utiliser la charte de « fondation » afin de documenter une période distante de plus d’un siècle. On ne connaît, ni la date exacte de fondation de l’abbaye, ni le statut des religieux qui la desservent. Si Kathleen Thompson penche pour une occupation par des moines, mieux adaptés à la célébration des morts, Florian Mazel8 a récemment émis l’hypothèse que l’abbaye de Saint-Denis pourrait avoir été desservie par des clercs, les abbayes canoniales étant nombreuses dans l’Ouest de la France à cette époque. Au regard de ces nouvelles études, la fondation de l’abbaye de Saint-Denis apparaît comme bien moins assurée que ce qui est avancé dans la charte de 1031. La communauté décline rapidement face à ses faibles dotations et à la déstabilisation du pouvoir en place. Geoffroy III est assassiné en 1039 et son jeune fils Rotrou II éprouve de grandes difficultés à lui succéder9. Le corps de Geoffroy est inhumé selon sa volonté dans l’église de Saint-Denis, initiant ainsi le choix de l’abbatiale Saint-Denis comme lieu d’inhumation privilégié pour les membres de la maison Rotrou10. La tutelle des moines de Saint-Père de Chartres Le jeune seigneur de Nogent ne tarde cependant pas à s’imposer et à obtenir le titre de comte de Mortagne. Sa légitimité assurée, il poursuit et achève l’œuvre commencée par son père. Face à l’incapacité des religieux à assurer leurs missions, Rotrou réforme l’abbaye en s’appuyant sur les moines de Saint-Père de Chartres, alors sous l’autorité de l’Abbé Landry11. Plusieurs moines de Saint-Père sont envoyés à Nogent à ces fins avant 1069. Le monastère n’est alors plus dirigé par un abbé mais par un recteur12. Les travaux de l’abbatiale reprennent et sont bientôt achevés par Rotrou II. Il fait consacrer l’église le 15 décembre 107813. A cette occasion, il confirme et augmente considérablement les biens du monastère14 et ce faisant, s’affirme d'avantage que son père comme le fondateur de Saint-Denis15. Si la confirmation des biens des moines et du bourg monastique par Rotrou indique que les premiers sont les vassaux du second, il n’est pas possible de préciser les modalités des liens de vassalité qui les unissent. Parallèlement, le seigneur de Nogent entretient une politique encourageant ses chevaliers à effectuer des donations à l'abbaye de Saint-Denis, à l’image du chevalier Salier, qui reçoit de Rotrou un droit de ban à prélever le jour de la Pentecôte, en échange du don du droit de tonlieu sur le bourg de Saint-Denis16. Résistant d’abord face aux velléités d’annexion de l’abbaye Chartraine, Rotrou II place néanmoins, au soir de sa vie, le monastère de Saint-Denis sous l’autorité d’un abbé originaire de Saint-Père17. Il fait également rédiger un testament en faveur des moines, leur léguant l’ensemble de ses possessions, et dépossédant ainsi en partie ses héritiers18. Rotrou II est inhumé au côté de Geoffroy III dans l’abbatiale Saint-Denis19. 28 septembre 2021 Page 2 Centre, Eure-et-Loir, Nogent-le-Rotrou, 1 rue de la Jambette, 47 rue Saint-Laurent Abbaye de bénédictins Saint-Denis IA28000299 Le prieuré clunisien La donation de Geoffroy IV L’hégémonie de Saint-Père sur Saint-Denis est contestée dès la mort de Rotrou II (+1079). Son fils et successeur, Geoffroy IV et sa femme Béatrice de Roucy, refusent d’exécuter le legs. Le testament est contesté, seul un calice d’or et d’argent est remis au monastère20. Geoffroy finit par chasser les moines de Saint-Père en leur préférant le patronage de l’abbaye de Cluny, à laquelle il fait don de Saint-Denis en 108021. Cette date est le point de départ d’un affrontement opposant l’abbaye de Saint-Père à son homologue bourguignonne. Malgré plusieurs jugements22 et bulles papales23 rendues en faveur de Cluny, il faut attendre 1124 pour qu’un accord soit finalement trouvé entre les deux monastères24. L'installation des Clunisiens à la tête du prieuré25 s'accompagne d'une volonté de réforme. À ces fins, ils dotent le prieuré d’un missel26, indispensable à la bonne pratique de la règle. Le manuscrit est rapidement augmenté de la main des moines de Saint-Denis (entre 1081-1094) attestant ainsi de la présence d'un scriptorium au sein du prieuré27. L’œuvre ne relève cependant pas d’un atelier compétent et bien organisé, mais d’un centre novice utilisant des matériaux de moindre coût28.