DIRECTION DE LA SANTE PUBLIQUE

BULLETIN

DE L'INSTITUT D'HYGIÈNE

DU MAROC

NOUVELLE SÉRIE

TOME 1

ANNÉE 1941

EDITIONS FELIX MONCHO Rue de la Mamounla RABAT 1943 DIRECTION DE LA SANTE PUBLIQUE

BULLETIN

DE L'INSTITUT D'HYGIÈNE

DU

MAROC 1

NOUVELLE SÉRIE

TOME 1

ANNÉE 1941

EDITIONS FELIX MONCHO Rue de la Mamounia RABAT 1943 SOMMAIRE

Pages 5 Le problème de la syphilis nerveuse de l'indigène musulman algérien dans ses rapports avec quelques données d'ethno­ graphie et de démographie, par F. G. MARILL.

35 Comparaison des résultats de la micro-réaction de Castaneda et Silva modifiée par L. Ch. Brumpt et de la réaction classique de Weil et Félix dans le diagnostic du typhus exanthématique.

par Jean GAUD.

45 Deux ans de lutte contre l'ankylostomiase dans les mines de l'Office Chérifien des Phosphates, par A. BECMEUR.

55 Epizootie murine à « Salmonella »,

par H. FLYE SAINTE-MARIE et G. COUZI.

59 Immunothérapie de la variole. par G. COUZI et J. P. KIRCHER.

69 Note sur l'emploi de l'arsénite de calcium comme poudre larvicide dans la lutte antipaludique. par A. MESSERLIN.

79 Rapport sur l'activité des Services de la Direction de la Santé Publique et de l'Assistance pendant l'année 1941.

133 La lutte antipaludique au Maroc en 1941. par A. MESSERLlN,

147 Rapport sur \' activité de l'Institut d'Hygiène en 1941.

1S3 Rapport sur l'activité du Service central de l'Hygiène scolaire en 1941, par L. PIETRI. le problème de la syphilis nerveuse de l'indigène musulman algérien dans ses rapports avec quelques données d'ethnographie et de démographie

par F. G. MARILL Ancien Chef de Clinique à la Faculté de Médecine d'Alger.

Depuis de longues aJlnl!es, la ques1tion de la neuro-syphilis indigene est, au Maroc, l'objet d'études et de recherche~, Elle a donné lieu il de nombreuses publications. Celles-ci, sans avoir la pré:l1enlïon de vouloir résoudre d'apres les données marocaines, comparées il celles de la syphilis européenne, le problCme de Pa syphilis exoltique, avaient plus modestement pour but d'appeler l'dtlenNon Sl11' la nécessité de « faire le point )) il une époque déterminée et de pa,rler te même langage, dans l'interprétation des faits comme dans l'établissement des statistiques, en s'appuyant toujours sur des bases solides irréf~Il(lbles, Le mérite de M. Merill, dont on lira ci-apres le traveâl très documenté (1), est, en tl aUant, comme il le dit, d'un seul fait, le « fait algérien )), de mordrer toute la fragilité des arguments que présenteraient, pour l'élude de lu, neum-syphilis en Algérie, des condusions hâtives bast'es uniquement sur des chiffres et des différences ethniques enlre les indigenes. musulmans, les juifs et les européens, alors que les uns et les autres ont souvent de mêmes ori,gines raciales, Ce serait une erreur d'invoquer comme cause unique, s'il est vrai qu'ils aient un comportement particuJer dans l'évolutioln de leur syphilis, des différences ethniques réelles. M. Marill, en récliamant de nouvelles enquêtes, d'autant plus nécessai'J'es qu'il est à craindre que les bouleversements récents n'aient apporté encore dans l'étude de la question un surcroÎii de

(1) En raison des difficultés de tout ordre que rencontre actuellement l'édition des publications et qui ont amené notamment à réduire le format du Bulletin, la Rédaction s'est vue obligée de faire des coupures dans cet article, particulièrement dans les notes et de renoncer à publier certains tableaux statistiques. 8 - plus vaste ; c'est à l'Algérie que l'on doit quelques-uns des plus anciens et des plus importants travaux français relatifs à l'étude de la « syphilis exotique ». Pour- nous, enfin, l'Algérie est un pays que nous connaissons pour l'avoir, durant de nombreuses années, parcouru en tous sens ; nous savons par expérience personnelle ce qu'y représente l'exercice de la profession médicale, aussi bien dans les grandes villes que dans le' « bled )) et le « Sud )) lointains. Autant de raison pour limiter à elle notre objet.

*** HETEROGENEITE DES GROUPEMENTS ETHNIQUES

Tous les travaux consacrés à l'élude de la neuro-syphilis en Algérie parlent des « Européens )) et des « Indigènes »), mais ne se préoccupent point de ce qu'ils sont en réalité. « La population de l'Algérie es,t lÛ'in de former un tout homogène. Elle se divise en deux groupes principaux, d'une part les Indigènes, d'autre part les Européens, qui eux-mêmes se subdivisent en un certain nombre de sous-groupes ) (2). 1...\ SOCI~~TÉ EUHOPÉENNE

Si, actuellement, la société européenne présente une suffisante cohésion, en rapport surtout avec la multiplicité des croisements par mariage (3), il ne faut pas perdre de vue la diversité de ses origines. Sur les 881.000 Européens que dénombrait le recensement de 1931, bien peu, 3.000 à 3.500 par an, sont venus de France (4) ; au maximum, donc, de 200 à 300.000 au total. Si noUs négligeons d'autres apports étrangers qui, pratiquement, ne revê:ent pas d'importance pour ce qui nous concerne, l'immigra­ tion étrangère en Algérie est représentée par trois courants principaux ayant pour point de départ l'Espagne, l'Italie et l'Ue de Malte.

(2) Augustin BERNARD: L'Algérie, F. Alcan, Paris, 1929, p. 325 (3) «Entre les peuples européens représentés en Algérie, les dissemblances très accusées à l'origine, vont en s'atténuant par une perpétuelle action et réaction de ces groupes les uns sur les autres.... Il y a mélange des sangs, association des intérêts, fusion morale, assimilation politique » (Ibid.). (4) «Sur les 881.584 Européens recensés en 1931, on compte 657.376 Fran­ çais d'origine et 75.886 naturalisés. De ces Français, bien peu viennent en Fran­ ce, 2.000 à 3.500 par an » (M. SCHWEITZER : Le peuplement européen de l'Al­ gérie. Questions nord-africaines d'actualité. 25 mars 11935, p. 54, Librairie du Recueil Sirey, Paris). En ce qui concerne le peuplement français, il est assuré avant tout par les provinces méditerranéennes : Provence, Languedoc Roussillon, Corse. ' - 9 -

Les Italiens ne représentaient en 1931 que 17,6 % de la populatüm é~rangère de l'Algérie. « Si leur nombre est passé de ~U13, en 1856, à 44.315, en 1886, il n'a cessé de décroître régulière­ ment depuis lors, et ne dépassait pas 26.136 en 1931 » (5). « Un peu plus du quart de la population italienne vit à Alger même, où il représente lui-même moins d'un quart de la population étrangère» Quant aux Maltais, ils constituent un contingent beaucoup plus faible de celle-ci : « De 13.986 en 1896, [leur nombre; est descendu... à 3.706, en 1931. C'est [que les Maltais] fournissent un très gros contingent annuel à la naturalisation. Au recensemen~ de 1931, on comptait 10J692 naturalisés d'origine anglo-maMaise, pour 27.938 d'origine espagnole et 27.472 d'origine ütalienne » (6). Ainsi, le groupement européen d'Algérie se montre particuliè­ rement hétérogène. Ce qu'il faut de plus retenir, c'est qu'il est cons~itué par une populatiun essentiellement méditerranéenne, provenant avant ,tout, pour les Espagnols, de l'Andalousie et des provinces du Levant ; pour les Ilaliens, de la Sicile et du Sud de la péninsule ; pour les Maltais, de l'Ile de Malte ; c'est-à-dire de régions qui, toutes, on,t connu, pendant des périodes parfois très longues, la domination arabe. Cela est surtout vrai pour l'Espagne du Sud et pour Malte. Il faut insister sur ce point : en Algérie, il y a des Espagnols et des Maltais qui sont plus proches des Indigènes que des Européens du Nord. De plus, s'il est exact que des mariages fréquents fondent dans un même creuset les individus d'origines difIérentes et créent un type humain intermédiaire : celui de « l'Algérien», il n'en faut pas moins ,tenir compte du nombre important d'unions matrimoniales entre nationaux; c'esit ce qui a lieu notamment chez les Maltais. Ainsi, les oppositions ethniques enire les divers groupements de la société européenùe tendent à se perpétuer.

*** LA SOCIÉTÉ MUSULMANE

Tout aussi bien que la pupulation européenne, il est impossible de considérer le groupement indigène comme présentant une homogé­ néité réelle.

(5) M. SCHWEITZER" op. cit. p. 62. (6) Ibid., p. Ü-t. 10 -

Chacun sait l'opposition qui se marque, à peu près dans tous les domaines, entre « Arabes)) et cc Berbères» (7). li ne s'agit pas, là, d'une simple ditrérenciation administrative. De toute anltiqui~é, entre eUx. la séparation fu.t accusée : « Nous disons aujourd'hui les Arabes et les Kabyles. L' An~iquité disait les Numides et les Maures. Le ~Ioyen âge a dit les Botr et les Branès » (8). Mais il y a plus. Les Berbères formellit la part majeure de la pûpulaAion indigène en Afrique mineure. Parmi eux, il faut encore faire des distinctions :

«... l'écart est infranchissable, entre les Berbères des massifs kabyles, de l'Aurès, :le l'Atlas Marocain et l'habitant du Mzab. Les uns sont des dolichocéphales de grande taille, très souvent aux yeux clairs, au poil blond ou roux pour un grand nombre; les autres sont des brachycéphales de petite taille, aux yeux et cheveux noirs, à figure large et pâle, avec tendance à l'obésité » (9). « Le nom de Berbère consacré par la tradition, des observations superficielles et des lambeaux historiques insuffisants, a été commode pour désigner facilement des populations d'une même région de l'Afrique du Nord ayant entre elles une ressemblance grossière, mais ne peut plus tenir devant des observations plus sûres et des comparaisons anatomiques. Faire entrer des Touaregs et des Mozabites dans une même race est un paradoxe ethnographique, quels que soient les antécédents que peut nous fournir l'histoire. (10).

Ainsi donc, pas plus pour les Indigènes que pour les Européens, le peuplement de l'Algérie ne comporte une cohésion réelle (11).

(7) «... les indigènes de l'Algérie appartiennent à des races très diverses et... sous le vocable de Berbères, sont confondues des populations très différentes les unes des autres au point de vue physique. A l'époque de la conquête, on appelait les indigènes « les Arabes »: il est préférable de ne pas employer ce terme, car il est aujourd'hui démontré que ce n'est qu'une bien faible minorité qui tire son origine des Arabes d'Arabie ». Augustin BERNARD : op. cit., p. 340. (8) E.F. GAUTIER : Le passé de l'Afr'ique du Nord. Les siècles obscurs, Payot, Paris, 1937, p. 242. (9) E. LEBLANC : Le problème des Berbères. Histoire et historiens de l'Algérie, F. Alcan, Paris, 11931, p. 72. (10) E. LEBLANC : ibid., p. 81. (11) « La langue est un fait précis et observable; aussi pouvons-nous vous dire qui parle berbère, qui parle arabe; nous pouvons distinguer les Berbérophones des Arabophones. Mais cela ne nous permet nullement de savoir qui est Berbère, qui est Arabe. » (Augustin BERNARD, op. cit., p. 85). il

*** LA SOCIÉTI~ ISHAÉLlTE (12)

Scinder la population de l'Algérie en deux groupements ethniques parfaitement caractérisés, les Européens et les Indigènes, conduit enfin à ignorer l'existence de la société israélite. Certes, sans contestatiun possible, les habihuüs de l'Algérie f'Jrment bien deux îlots neltemerÎl séparés du point de vue administra~if. ;\Iais du point tIe vue de l'ethnographie, comme de la pathologie, il est nécessaire d'en é~udier trois, car une place à part doit être faile à la communauté ou mieux, à la société israélite. Au recensement de 185ü encore, les' Israéli,tes ont été comptés dans la population indigène (13). Mais par la suite, ils ont figUl'(~ au nOIllbre des Européens, si bien que, lors du recensement de 1931, 'à Constantine, où la communauté juive est l'une des plus importantes de l'Algérie, G52 seulement d'entre eux ont fait connaître leur quali,té d'Israélites (14). Eisenheth (5), dépouillant les « Listes nominatives des habitants des comIllunes algériennes n, a pu fixer leur nombre, au lendemain du recensement de 1931, à 110.125, dont 2 à 3 % non citoyens français. Ainsi donc, la population européenne vraie de l'Algérie comptait en 1931, non pas 880.000 personnes, comme l'indique le chil1're officiel, mais seulement 770.000, approximative­ ment, et la population juive représentait 14 % ùe l'européenne, proportion qui n'est pas négligeable, en aucune façon. A l'heure actuelle, vu l'augmentation importante et rapide de la population israélite en Algérie, le chiffre de 1931 doit être largement ùépassé (16). . La popula,tion israélite de l'Algérie, en tant que partie de la population israélite de l'Afrique du Nord, se montre, quant à son

(12) Il n'est sans doute pas inutile de préciser que le présent travail a été rédigé en août-septembre 1940. (13) Le décret du 24 octobre 1870 (connu sous l'appellation de décret Crémieux) dit pal' exemple : « Les Israélites indigènes des départements de l'Algérie... » (14) Statistique de la population algérienne, t. 1. 1934, p. 17. E. Pfister, Alger, 1934. (15) M. EISENBETH : Les Juifs de l'Afrique du N01'd. Démographie et onomastique. Imprimerie du Lycée, Alger, 1936. (16) « Ils étaient 21.000 en 1851, 34.000 en 1872, 42.000 en 1886, 64.000 en 1906, 74.000 en 1921... » (AugustiR BERNARD : L'Algérie, op. cit., p. 398). 10 -

Chacun sait l'opposition qui se marque, à peu près dans tous les domaines, entre « Arabes » et « Berbères » (7). li ne s'agit pas, là, d'une simple difl'érenciation administrative. De ioute anltiqui ~é, entre eux, la sépara~ion flü accusée: « Nous disons aujourd'hui le~ Arabes et les Kabyles. L'An;iquité disait les Numides et les Maures,

Le :\Ioyen âge a dit les Botr et les Branès » (8). ;VIais il y a plus. Les Berbères forment la par~ majeure de la po;pulation indigène en Afrique mineure. Parmi eux, il faut encore faire des distinctions :

«... l'écart est infranchissable, entre les Berbères des massifs kabyles, de l'Aurès, de l'Atlas Marocain et l'habitant du Mzab. Les uns sont des dolichocéphales de grande taille, très souvent aux yeux clairs, au poil blond ou roux pour un grand nombre; les autres sont des brachycéphales de petite taille, aux yeux et cheveux noirs, à figure large et pâle, avec tendance à l'obésité » (9). « Le nom de Berbère consacré par la tradition, des observations superficielles et des lambeaux historiques insuffisants, a été commode pour désigner facilement des populations d'une même région de l'Afrique du Nord ayant entre elles une ressemblance grossière, mais ne peut plus tenir devant des observations plus sûres et des comparaisons anatomiques. Faire entrer des Touaregs et des Mozabites dans une même race est un paradoxe ethnographique, quels que soient les antécédents que peut nous fournir l'histoire. (10).

Ainsi donc, pas plus pour les Indigènes que pour les Européens, le peuplement de l'Algérie ne comporte une cohésion réelle (11).

(7) «... les indigènes de l'Algérie appartiennent à des races très diverses et... sous le vocable de Berbères, sont confondues des populations très différentes les unes des autres au point de vue physique. A l'époque de la conquête, on appelait les indigènes « les Arabes »: il est préférable de ne pas employer ce terme, cal' il est aujourd'hui démontré que ce n'est qu'une bien faible minorité qui tire son origine des Arabes d'Arabie ». Augustin BERNARD : op. cit., p. 340. (8) E.F. GAUTIER : Le passé de l'Afrique du Nord. Les siècles obscu?'s, Payot, Paris, 1937, p. 242. (9) E. LEBLANC : Le problème des Berbères. Histoire et historiens de l'Algérie, F. Alcan, Paris, 11931, p. 72. (10) E. LEBLANC : ibid., p. 81. (11) « La langue est un fait précis et observable; aussi pouvons-nous vous dire qui parle berbère, qui parle arabe; nous pouvons distinguer les Berbérophones des Arabophones. Mais cela ne nous permet nullement de savoir qui est Berbère, qui est Arabe. » (Augustin BERNARD, op. cit., p. 85). 11

*** LA SOCIÉTÉ ISHAÉLITE (12)

Sdnder la population de l'Algérie en deux groupements ethniques parfaitement caractérisés, les Européens et les Indigènes, conduit enfin à ignorer j'existence de la société israélite. Certes, sans contestation possible, les habi,tants de l'Algérie f~)l'ment bien deux îlots nellemelit séparés du point de VUe administra~if. "lais du point de vue de l'ethnographie, comme de la pathologie, il est nécessaire d'en é~udier trois, car une place à part doit être faile à la cOlllmunauté ou mieux, à la société israélite. Au recensement de 1856 encore, les' IsraéHtes ont été comptés dans la poputation indigène (13). Mais par la suite, ils ont figuré au nombre des Européens, si bien que, lors du recensement de 1931, "à Constantine, où la communauté juive est l'une des plus importan,tes de l'Algérie, G52 seulement d'entre eux ont fa; t connaître leur quali,té d'Israélites (14). Eisenheth (if», dépouillant les « Listes nominatives des habitants des communes algériennes )), a pu fixer leur nombre, au lendemain du recensement de 1931, à 110.125, don~ 2 à 3 % non citoyclls français. Ainsi donc, la population européenne vraie de l'Algérie comptait en H)31 , non pas 880.000 personnes, comme l'indique le chiffre officiel, mais seulement 770.000, approximative­ men!, et la population juive représentait 14 % de l'européenne, proportion 'qui n'est pas négligeable, en aucune façon. A l'heure actuelle, vu l'augmentation importante et rapide de la population israélite en Algérie, le chitrre de 1931 doÎ[ être largement dépassé (16). " La papula,tion israélite de l'Algérie, en tant que partie de la population israélite de l'Afrique du Nord, se montre, quant à son

(12) Il n'est sans doute pas inutile de préciser que le présent travail a été rédigé en aoùt-septembre 1940. (13) Le décret du 24 octobre 1870 (connu sous l'appellation de décret Crémieux) dit par exemple : « Les Israélites indigènes des départements de l'Algél'Ïe... » (14) Statistique de la population algérienne, t. I. 1934, p. 17. E. Pfister, Alger, 1934. (15) M. EISENBETH : Les Juifs de l'Afrique du Nord. Démographie et onomastique. Imprimerie du Lycée, Alger, 1936. (16) «Ils étaient 21.000 en 1851, 34.000 en 1872, 42.000 en 1886, 64.000 en 1906, 74.000 en 1921... » (Augustin BERNARD : L'Algérie, op. cit., p. 398). 12 ongme immédiate, d'une grande diversité. Elle a été constituée, au cours des âges, par des apports successifs provenant soit de Palestine et du Yémen, soit d'Espagne, soit de divers points du littoral méditerranéen (17). Mais, ce qui importe surtout pour le sujet qui nous intéresse, c'est qu'indépendammen,t de ces transferts de population, réalisant soit des apports massifs, soit une infiltration plus lente, nombre d'Israélites algériens son-t réputés être les descendants de Berbères judaïsés. Et, dans l'Antiquité comme au Moyen âge, ces conversions ne furent pas .seulement d'ordre individuel, elles ont touché parfois des ,tribus entières (18).

(17) La première émigration juive importante vers l'Afrique du Nord suit la prise de Jérusalem par Nabuchodonosor. En 320 av. J. C., Ptolémée Soter fait passer plus de 100.000 Hébreux en Cyrénaïque. Une nouvelle émigration suit la destruction du Temple par Titus, en 70 ap. J. C. A partir de 1391, c'est l'arrivée des Juifs d'Espagne et, en 1492, 800.000 d'entre eux s'enfuient de la péninsule ibérique, à destination de la France ou de l'Afrique du Nord. EnfiIll au XVIII''''' siècle, arrivée à Tunis et à Alger de Juifs de Livourne (Augustin BERNARD : Afrique Septentrionale et Occidentale. Géographie universelle. T. XV, p. 88. Armand Colin, Paris, 1937). A ces divers mouvements d'immigration, il convient d'ajouter encore les apports réalisés, d'une part, par les Hébreux qui ont accompagné les Phéniciens dans leurs « raids » maritimes; d'autre part, au II''''' siècle av. J. C., par les tribus juives himyarites; en outre, par les Juifs qui se sont enfuis d'Espagne, lors des persécutions provoquées en 681 par les Wisigoths; enfin, par ceux qui ont reflué devant les invasions arabes ou les ont accompagnées (par exemple, lors de la conquête par le Prophète Mahomet, en 682, du territoire de Khaïbar). (18) « Ils (les Israélites) sont d'origines très diverses. Les uns sont véritablement des indigènes, des Berbères convertis au Judaïsme... » (Augustin BERNARD : L'Algérie, op. cit., p. 364). « Beaucoup de Botr étaient juifs ou fétichistes, « idolâtres » comme disent les chroniqueurs arabes ». (E. F. GAUTIER : op. cit., p. 242). « Et peut-être est-il bon de ne pas perdre de vue que l'Israélite maugrebin a dans son passé des détails d'histoire très particuliers. C'est ici, et nulle part ailleurs, j'imagine, qu'on a vu des nomades juifs, la lance au poing; et qu'un petit état juif indépendant s'est maintenu au désert jusqu'au XV"" siècle. Cela aide à comprendre que l'on trouve encore dans les montagnes marocaines des paysans juifs cultivant leurs champs. » (Ibidem, p. 439). Ce dernier fait que signale E. F. Gautier n'est d'ailleurs pas spécial au Maroc. Il suffit de rappeler l'existence, en Algérie, des « Bahoutzim » ou de ces « Yehoud el Arab » de Souk-Ahras ou de la vallée de la Soummam que rien, en dehors des pratiques d'un Judaïsme ébauché, ne différenciait d~ leur entourage de Berbères musulmans. Cf. sur ce sujet : A. CAHEN : Les Juifs dans l'Afrique septentrionale. Rec. not. mém. Soc. arch. Constantine, t. XI, 1867, p. 102 et sq. N. SLOUSCHZ : Judéo-Hellènes et Judéo-Berbères. E. Leroux, Paris, W09, M. EISENBETH : Le judaïsme nord-africain. Etudes démographiques sur les Israélites du département de Constantine. Rec. not. mém. Soc. arch. Constantine, t. LX, 1930-31, p.l. Cf. également : Ibn KHALDOUN : Prolégomènes, trad. de Slane, t. XIX, p. 14 et p. 17 ; Histoire des Be~'bères, trad. de Slane, t. 1. p. 177, p. 208, p. 214 et t. III, p. 193. On trouve, t. 1. p: 208, de ce dernier ouvrage une très 13 -

Au reste, ce ne sont pas seulement les données historiques qui établissent la réalité de cette ascendance berbère d'Israélites algériens. L'anthropologie étaie encore le fait (19). Enfin, dans une certaine mesure, l'onomastique apporte sur ce point un argument. de plus (20). - Il est sans dotitte malaisé, en l'état actuel de nos connaissances, de déterminer quelle est l'exacte proportion, au sein de la société israélite, des descendants de ces Berbères convertis. Il est for,t probable qu'au cours de plusieurs sièoles de vie menée côte à côte, des croisements se sont établis, même s'ils sont demeurés cachés, entre Musulmans et Israélites. On doit donc considérer la population juive de l'Algérie comme indigène et comme proche de la population musulmane. Seule, une modifica,tion de statut administratif a pu détourner l'attention d'un état de fait que l'ethnologie comme la géographie a,ttestent. Pour l'étude de la neuro-syphilis en Algérie, c'est une notion qu'il faut savoir ne pas laisser dans l'ombre. Faute de n'en avoir pas tenu longue liste des tribus berbères converties au judaïsme. Kitab el Adouani, trad. Féraud, passim. Raoud'el-Qirt'âs, histoire des souverains du Maghreb, trad. Beaumier, p. 165. El Kaïrouani : Histoire des souvemins de IIfriqiya, trad. Pellissier et de Rémusat, p. 53. (19) BERTHOLON et CHANTRE : Recherches anthropologiques dans la Berbérie orientale, t. 1. anthropométrie ; t. II, album, etc... Rey, 4, rue Gentil, Lyon, l!913. « Les conclusions que l'on peut tirer de ces mesures sont que les Israélites de Berbérie rappellent par leurs principaux caractères craniens la petite race dolichocéphale mésorhinienne, à œil microsème. Cette race forme depuis l'antiquité le substratum ethnique de la population des villes et bourgs berbères qui ont échappé aux assauts et à la destruction des nomades. Le contact prolong'é des deux populations n'est pas sans avoir amené des croisements, réguliers ou irréguliers. Les poussées de prosélytisme israélite à certaines époques \ antiques ont introduit, dans la masse, les éléments berbères principaux du type le plus répandu chez les sédentaires, c'est-à-dire le type dolichocéphale. «Les éléments à tête courte représenteraient par atavisme la descendance judéo-palestinienne proprement dite... Ce croisement prolongé d'une population à tête courte avec une population à tête longue s'est produit à l'époque phénicienne. Nos crânes phéniciens de Carthage, qui ont subi des croisements analogues, offrent les plus grandes affinités avec ceux des Israélites de Berbérie. » (p. 366). (2'0) ISMAEL HAMET .. Les Juifs du Nord de l'Afrique (noms et surnoms) Acad. Sc. Colon., t. X, 1927-28 et Soc. édit. géog. marit. et colon., Paris, 1928. M. EISENBETH .. Les Juifs de l'Afrique du NO?-d, op. cit., p. 69 : « Le dépouillement des « listes nominatives... » nous a permis, en le complétant par les renseignements obtenus pour la Tunisie et le Maroc français, de dresser une liste de 4.063 patronymes juifs que nous avons classés sous 1.146 souches de noms. Les 71, 79 % du chiffre de 4.063 ne sont en effet constitués que par des variétés graphiques des souches... Sur ces 1.146 souches, 510 sont d'origine arabo-berbère, soit 44,50 %. » l~ - compte, toutes les statistiques, ou à peu près, produites jusqu'ü maintenant et relatives à la fréquence de la neuro-syphilis en Algérie, comportent à la hase une part d'erreur qui demeure fâcheuse, du moment où elles font figurer au nombre des cas européens les faits de syphilis nerveuse frappant les Israélites de ce pays,

*** Nous ne saurions prétendre à épuiser en quelques pages un suje,t aussi riche et complexe. Pour ce qui concerne notre propos, il suffira d'exposer en quelques lignes dans quelle mesure le milieu humain se montre, en Algérie, d'une telle hétérogénéilté. La popula­ tion de ce pays doit être, en fait, observée, quant à. ses réactions, dans ses trois groupements: celui des Européens, celui des Israélites, celui des Indigènes. Les deux fait~ qui paraissent mériter d'être retenus, pour l'étude que nous envisageons, sont d'une part, la diversité d'origine de chacun de c~s groupements humains; d'autre part, l'influence que les ancêtres de nombre des Européens d'Algérie ont subie de la part des conquérants musulmans. Une enquête slricte sur la fréquence de la syphilis nerveuse en Algérie doit tenir compte de ces faits. On oppose classiquement, en pays exotique, le nombre plus important des cas de syphilis nerveuse observés chez les Européens, à celui, moins élevé. des fails similaires consta,tés chez les Indigènes : de toute évidence, c'est placer la question sur le plan des oppositions ethniques. Certes, on admet que le facteur racial n'intervient pas en la matière. Mais c'es,l pure hypothèse ; et on conviendra que le nombre des théories patho­ géniques émi.ses à propos de la neuro-syphilis exotique souligne éloquemment nos incertitudes sur ce point. Nous ne pensons donc pas que dans une question envisagée à la lum:ère des fai 19 ethnologiques, il soit possi.hle de s'immobiliser sur la voie que l'on s'est tracée en se satisfaisant de données à la fo:s grossières et insuffisantes. Il est indispensable qu'à l'avenir tout ,travail d'ensemble visant à l'étude de la neuro-syphilis en Algérie tienne compte très exactement de la filiation raciale des malàdes. Certes, nous ne savons en aucune mesure quelle sera la qualité, non plus que l'intérêt, des renseignements qui nous seront ainsi offerts, la question n'ayant jamais ou presque été placée sur ce terrain. Si l'on nous objecte que des distinctions aussi subtiles ne peuvent nous être d'aucun secours, nous répondons que nul, lfi actuellement, ne peut l'affirmer. Il faut vérifier la valeur ou l'absence d'intérêt de cette hypotht'se de travail, aVHn~ d'émet,tre un jugement quelconque à son sujet. Pour dter un exemple, J. M. Pascal observait un nombre baucoup plus impor<1ant d'affections nerveuses chez certains Berbères, les Mozabites, à Ghardaïa, que chez d'autres Berbères, voisins de ceux-ci, les habitants d'Ouargla (21). De telles ditrérences existent peut-être entre d'autres groupements : elles seraient à rechercher. Au reste, un cas particulier souligne l'intérêt d'une étude entreprise à la lumière de ces données d'ethnologie : c'est la neuro­ syphilis de l'Israélite algérien.

*** Nous avons exposé plus haut que les Israélites d'Algérie, du fait que certains d'entre eux sont réputés être les descendants de Berbères convertis au Judaïsme, apparaissent, du point de vue e,thnique, comme proches des Indigènes ; que, pour cette raison, l'on a eu tort, dans presque tous les travaux concernant la neuro­ syphilis en Algérie, de les compter au nombre des Européens. Cela seul commanderait de « reconsidérer » la question, pour utiliser un terme dont on n'use que trop à l'époque présente. Mais il y a plus. Il convient de ne pas oublier que c'est un même viru,'; syphiUtiqlle qlli, dllrant de nolmbrellX siJecles, a contaminé les individus des deux sociétés. Et ce n'est pas simplement dire que Musulmans el .Juifs se sont, au cours des âges, syphiIisés aux mêmes sources : cela est très vraisemblable, encore que non étahli. Il faut entrevoir la ques.tion d'un point de vue plus général. Il est admis, en l'état actuel de nos connaissances historiques, que l'épidémie de vérole qui, au XVI""C siècle, a déferlé sur l'Afrique du Nord, a été, en majeure partie, provoquée par l'arrivée massive, dans cette contrée, des Musulmans et Juifs émigrés d'Espagne. Le témoignage de Léon-l'Africain est sur ce point plein d'intérêt (22),

(21) La syphilis nerveuse chez les Mozabites : fréquence relative des affections nerveuses au Mzab. Algérie Médicale, n° 10, Oct. 1932. (22) Léon l'Africain, en réalité, assignait à cette épidémie une double origine : « une occidentale, par les réfugiés espagnols, et l'autre orientale, par les commerçants italiens. » Voir H. GAUTHIER, Histoire de la syphilis en Afrique du N M'd, plYB po,rticu.lièrement en Algé1·ie. Thèse d'Alger, 1931, p.87. lô -

puisqu'il precIse « l'origine de la contagion, résultant, selon lui, de l'expulsion des .Juifs d'Espagne par les Rois cllitholiques ; en tous cas, venue, suivant la croyance générale, de la péninsule ibérique, à l'occasion de l'exode des populations musulmanes et juives..... dans les dernières années du xvmc siècle... ». Tous les auteursqui se sont attachés à l'étude de cette ques.tion considèrent le fait comme acquis (23). Nous devons donc admetlre qu'originellement le virus répandu en Afrique du N':Jrd fut commun aux Israélites e,t aux Musulmal'ls. La syphilis des Israélites d'Algérie est une « affection indigène ». Au sens exact du terme, elle consti lue, elle-aussi, une « syphilis exotique ». Enfin, autres raisons pour lesquelles la société juive d'Algérie mérite une attention particulière, on retrouve dans les deux communautés, israélite et musulmane, des analogies en matière de prescriptions religieuses, de coutumes de vie familiale et personnelle. Certes, l'Israélite est, sous certaines conditions, autorisé à boire de l'alcool. Sans doute aussi s'est-il, beaucoup p!us rapidement que le Musulman, affranchi de quelques strictes interdictions d'ordre confessionnel ou coutumier; mais ce sont-là, dans l'ensemble, des manifestations récentes de son émancipation. Ainsi, sans qu'on veuille tenter le paradoxe de faire de la société

(23) J. MONTPELLIER (La syphilis nerveuse en Algérie. Congrès de 'l'Association française pour l'avancement des Sciences, Alger, avril 1930, p. 317), admet l'origine espagnole de l'épidémie nord-africaine de syphilis du xvrmc siècle; de même H. GAUTHIER; et aussi E. LEPINAY (Evolution de la syphilis indigène marocaine depuis l'application des traitements modernes. Maroc-Médical, 15 décembre 11937, p. 447 et ss.) « Il semble que la maladie fut importée à la fin du XV- siècle à la fois par les Juifs espagnols chassés de la péninsule et par les Espagnols et Italiens qui colonisèrent certaines villes du Maroc et de l'Algérie. » (A. SEZARY. La syphilis du système nerveux. Masson, Paris, 1939).· Récemment, H. RENAUD et G. COLIN ont donné la traduction de trois poèmes arabes qui constituent « les premiers documents de la langue arabe qu'on possède sut la syphilis dans l'Occident musulman ». Ils estiment que « les historiens arabes dont les œuvres ont été publiées ou traduites ne donnent aucun détail permettant de compléter ou contrôler ces renseigne­ ments », (les renseignements apportés par Léon l'Africain). Toutefois, ils ne rejettent pas la réalité des faits avancés par ce dernier (H. P. J. RENAUD et G. S. COLIN : Documents ma~'ocains pour sm'vir à l'hi~toi~'e du « mal franc ». Publications de l'Institut des Hautes-Etudes Marocaines, t. XXVII, LAROSE, Paris, 1935). On trouvera dans cet ouvrage une très importante bibliographie et des interprétations de textes arabes qui sont à la fois de médecins et d'arabisants. Voir également : H. P. J. RENAUD: Abulcasis, Avicenne et les grands médecins arabes ont-ils connu la syphilis ? C. R. Congrès de médecine de Tunis, mars 1934, p. 291, Tunisie Médicale, n" 10 bis, décembre 1934. 17 - israélite un groupement berbère, il est permis d'hdme,tlre qu'il existe, en Algérie, une grande parenté ethnique enLre les deux commu­ nautés; les coutumes, langue et, dans une certaine mesure, l'analogie de prescripltions religieuses, les onL encore rapprochées ; le virus syphilitique qui, pendant des siècles, le's a l'une elt l'autre touchées, est assurément le même. Dans ces conditions, on reste fort surpris à constater que la plupart des auteurs considèrent comme établi que la syphilis réalise chez l'Israélite des atteintes nerveuses presque aussi fréquentes que chez l'Européen, nettement moins rares que chez l'Indigène musulman (24). Cela paraît d'autant plus étonnant qu'il semble, à lire les faits publiés, que la syphilis soit moins fréquente chez les Israéliies 'que chez les Indigènes ; qu'elle frappe une propontion sensiblement comparable d'Israélites et d'Européens (25).

(24) SCHERB admet déjà cette notion (Un cas de tabès arthropathique avec arthropathie de CHARCOT chez un arabe. Travaux personnels, p. 297). « Ces quelques documents nous montrent que le tabès semble d'app"arition récente dans l'Afrique du Nord... Il est assez fréquent dans la population israélite ». « Par contre, SCHERB (Société de Neurologie, 1901); REGIS, (Précis de Psychiâtrie, 1909) et d'autres auteurs affirment que le tabès est presqu'aussi fréquent chez les juifs algériens que dans la population européenne. » (LACAPERE : La syphilis arabe, Doin, Paris, 1923, p. 381). « Par tous ces côtés, la syphilis des juifs se rapproche de la syphilis des Européens. Elle en diffère encore par la rareté relative des localisations nerveuses ». (Jt:;AI\'SEI.ME: Traité de la syphilis, t. III, p. 1984, après avoir cité LACAPERE, p. 480). Nous pouvons,' à ce sujet, citer les deux statistiques comparatives suivantes : A. POROT et Ch. BARDENAT :A propos de 40 cas de paralysie générale chez l'indigène (note préliminaire). Soc. de Médecine d'Alger, 17 décembre 1937, Algérie Médicale, janvier 1938, p. 25 : Indigènes : 610 entrées, 40 cas de P. G., soit 6,5 %; Européens, 943 entrées, 58 cas de P. G., soit 6,1 %; Israélites, 150 entrées, 9 cas de P. G., soit, 6 %. F. RAMEE, F.G. MARILL et F. POROT : Huit cas de paralysie générale chez l'Indigène musulman algérien. Soc. de Derm. et Syphil., 11 mai 1939, in Bull. de la Soc. de Derm. et Syphil. n° 1939. 9 ca& de P.G. chez les Européens, sur 323 malades ; soit 1 pour 36 malades environ et 2,78 %; 8 cas de P.G. chez des Indigènes, sur 302 malades; soit 1 pour 38 malades environ, et 2,64 % ; 2 cas de P.G. chez les Israélites, sur 69 malades; soit 1 pour 34,5 malades, et 2,9 %. On remarquera que dans ces deux statistiques, le pourcentage des cas de paralysie générale se montre, chez les Israélites, sensiblement identique à ce qu'il est chez les Indigènes et Européens. (25) A notre connaissance, il n'existe pas sur ce point de statistique algérienne. Cette notion ne vaut donc actuellement que pour le Maroc. Cf COLOMBANI et E. LEPINAY : La lutte anti-syphilitique au Maroc. Congrès de la Fédération des Soc. des Sciences Méd. de l'Afrique du Nord. Tunis, mars 1934, p. 51. E. LEPINAY : Evolution de la syphilis indigèn2 marocaine, depuis l'application des traitements modernes ; loc. cit., p. 4'17. Peut-être, d'ailleurs, s'agit-il, d'un fait spécifiquement marocain, concernant < des Juifs que leur ségrégation dans les « mellahs » avait protégés ». 18 -

Il est donc regret.tahle qu'une vaste enquête, visant à l'étude systématique de la neuro-syphilis chez les Israélites de l'Afrique du Nor,d, n'aU pas été entreprise. Elle permettrait de décrire, s'il y :1 lieu, les formes cliniques particulières qU,e peut revêtir l'afl'eetion : de vérifier s'il est exact que les atteintes nerveuses syphilit'ques sont plus fréquentes chez les Israélites 'que chez les Indigènes musulmans et, si ce point était établi, elle aurait peut-être le mérite de sérier la question et de nous apporter quelque fait neuf aidallit à la connais­ sance de la syphilis exotique (26). Ce sont les raisons pour lesquelles nous réunissnns acluellemenl des documents pour tenter cette étude d'ensemble.

*** ACCROISSEMENT DE LA POPULATION ET SA REPARTITION EN ALGERIE En 1856, l'Algérie aurait compté 59.282 Européens el 2.328.091 Indigènes (27). Les chiffres passent à 667.242 Européens el 4.072.089 Indigènes, en 1901 ; à 881.584 Européens et 5.588.314, Indigènes, en HJ31 (28) ; enfin, à 987.252 Européens et l'fi.296.012 Indigènes, en 1936 (29), ces trois derniers recensements s'appliquant il la popula­ Ition indigène municipale. Nous ne nous attarderons pas il discuter la signification et la valeur absolues de ces chiffres. Nous rappelons cette progression

(26) En particulier, s'il est éxact que la neuro-syphilis parenchymateuse est plus fréquente chez les Israélites que chez les Indigènes, il conviendrait de prêter à ce fait une attention particulière. Comme le virus est commun aux deux groupements, on pourrait y trouver un argument allant à l'encontre de la théorie de la spécialisat~on du virus en matière de syphilis nerveuse. Ceci, sous réserve de confirmation, bien entendu. (27) Notre intention est de laisser délibérément de côté, au cours de cet article, toutes remarques que l'on peut présenter relativement aux diverses étapes de la pénétration franç'aise en Algérie. Il nous suffira de dire que les Territoires du Nord n'ont été effectivement occupés qu'aux dernières années du XIX'''''' siècle et que la pénétration dans les Territoires du Sud date de la même époque. . (28) Bien que les résultats du recensement de la population algérienne en 1936 soient maintenant connus, nous tirerons surtout conclusion du recensement de 1931. En effet, nombre de publications ont paru, relativement à ce dernier, dans lesquelles nous puisons largement et qui constituent la base de notre exposè. Il n'en a pas été de même à la suite du recensement de 1936. (29) En ce qui concerne le chiffre vrai de la population européenne, il convient de tenir compte de ce que nous avons signalé, supra, c~ncernant la population israélite. !!) -

simplement paree que, lou~es choses étant supposées égales par ailleurs, on peut observer en 1940, par rapport à 1900, une fois et demi plus de cas de syphilis nerveuse chez les Indigènes, sans qu'il y ait augméntation vraie de la fréquence de ces affec,tions. Mais de plus, ces chiffres donnent le sen~iment du remaniement démographique incessant que l'on oh~erve en Algérie (30).

L'étude de la réparti,ticn de la population montre que les Euro­ péens sont principalement groupés dans les ville; et que les indigènes forment avant tout une population rurale. Les agglomérations dAlger, d'Oran, de Const.antine et de Bône réunissent à elles seules assez exactement la moitié des Européens de l'Algérie. Ces qua~re villes ne comptent guère que Je trentième de la population indigène algérienne. Les centres ruraux algériens par excellence, les communes­ mixtes, réunissent 60.000 Européens environ,contre trois millions e~ demi d'Indigènes. Bien plus, la populati~n agglomérée aux chefs-lieux des communes mixtes représente approximativement 11.000 Européens elt 39.000 Indigènes et la population qui vit, éparse, loin de ces chefs-lieux, s'élève à 47.000 Européens contre 3.450.000 Ind!gènes. Ainsi, l'on peut dire d'une façon schématique qu'en Algérie près de six Européens sur dix vivent dans quatre villes seulement, et sept Indigènes sur dix, dans les campagnes les plus éloignées de tout centre urbain (31).

(30) Il est également possible qu'un autre facteur soit à retenir : l'augmentation de la longévité. En .effet, depuis cent dix ans que la' France est en Algérie, on n'a pas simplement noté l'augmentation du nombre des habitants, mais encore celle de la duréè moyenne de la vie. En matière de neuro-syphilis parenchymateuse, où l'âge des syphilitiques joue un rôle nécessaire, ce fait mérite d'être évoqué. (31) Il faut également tenir compte de ce que l'élément citadin indigène s'oppose par des différences foncières au milieu rural :« L~s populations citadines de l'Afrique du Nord forment un élément très distinct et diffèrent profondément des paysans, des «gens de tribus » qu'ils craignent et dédaignent à la fois... La similitude du genre de vie a fait de ceux-ci (les citadins), quelles que soient leurs origines, une caste assez fermée, presque une race. » « Les villes renferment d'ailleurs quelques éléments assez spéciaux. Ce sont d'abord les musulmans émig-rés d'Espagne, que l'on appelle commun~ment les Andalous ou les Maures... >>- « On rencontrait dans les villes de l'Algérie un élément qui ne se - '20

Une deuxième particularité apparaît à l'examen de cette répartition de la population : dès que l'on s'éloigne du rivage de la Médilterranée, la densi'é s'abaisse de façon considérable. Tandis qu'elle est encore de 80 habitants au km2, dans les « Sahels» qui constituent l'hin~er.'and des villes côtières, elle tombe rap;dement à 20 sur les Hauts-Plateaux, puis à 5 dans les régions steppiques (32). Encore n'insisterons-nous pas sur le fait que, dans les Territoires du Sud, 561.931 habi,tants sont répartis sur près de deux miJIions de km2 (33). A cet extrême abaissement de la densité de la population rurale, donc indigène, de l'Algérie, se surajoute un élément très particulier: le nomadisme, qui concerne uniquement les Indigènes. Masqueray avait déjà noté, voici près d'un siècle, que « dans l'Afrique du Nord, toules les populations sont plus ou moins nomades, plus ou moin., sédentaires, avec bien des degrés dans la sédentarité, bien des, manières d'être sédentaire n. Mais, en 1930 encore, « un tiers à peine de la population algérienne peut-être considéré comme définitive­ ment fixé ; le reste vit à l'état plus ou moins nomade.... Encore faut-il remarquer qu'i! est de vasles étendues où la vie ne se prête qu'au nomadisme. II y aura donc pendant longtemps en Algérie des

retrouvait pas au Maroc ~ c'étaient les Turcs et les Koulouglis, nés de l'union des Turcs avec les femmes du pays... » « La traite des noirs avait pendant de longs siècles amené en Algérie un grand nombre d'esclaves... » « Ces diverses catégories, qui ont contribué à former la population citadine, ne se distinguent plus guère aujourd'hui; Andalous, Koulouglis et nègres se sont fondus dans l'ensemble des hadar. » (hadar signifie citadin, par opposition à paysan). (Augustin BERNARD : L'Algérie, op. cit., pp. 362 et 363). (32) Il est exact que certaines communes-mixtes kabyles offrent une remarquable densité de population, comparable à celle de la Belgique ou de la Hollande. Mais il s'agit-là de cas particuliers qui soulignent encore· davantage la chute de cette densité dans les autres communes-mixtes. « La Kabylie du Djurdjura surtout est un véritable paradoxe démographique. C'est une région qui, médiocrement fertile, est prodigieuse­ ment surpeuplée... Si tout le Tell algérien était aussi peuplé il aurait 50 millions d'habitants. » « La densité du massif de Fort-National est comparable à celle des régions les plus peuplées de la France et de la Belgique... » (Ibid., p. 328). « Le phénomène de surpeuplement de la Kabylie du Djurdjura est unique dans l'Afrique du Nord, et il faut aller jusque dans la Méditerranée orientale, dans le Liban, pour retrouver des faits démographiques du même genre. »- (Ibidem, p. 330). (33) A titre de comparaison, rappelons que la superficie totale de la France y compris la Corse, est de 550.986 km2. Si l'on distingue dans les Oasis sahariennes, avec Larnaude, celles qui occupent le sud des Hauts-Plateaux, l'Atlas Saharien, le M'zab, le Souf, l'Oued R'hir, les Zibans, on trouve que leur population réunit près de la moitié des habitants du désert : 264.827, sur un total de 561.931. - 21 p:.>pulations molles et indolentes, fidèles aux Lraditions de l'âge pastoral » (34). Ainsi, en Algérie, la populaiion européenne consmue un milieu urbain, dense, sédentaire et de plus, aisé; au contraire la population indigène est rurale, clairsemée, nomade et de plus, pauvre (35). Ces faits nous paraissent comporlter d'évidentes conséquences, en ce qui concerne l'étude de la neuro-syphilis parenchymateuse. Ce sont les suivantes : le dépistage d'une maladie d:.>nnée ne peut­ ètre efi'eetué, au sein des populations indigènes, dans les mêmes conditions salisfaisantes qu'en milieu européen ; il faut s'attendre à ce que la fréquence des cas de neuro-syphilis soit moins grand~ dans la population indigène rurale 'que dans la population européenne, puisqu'il est établi que la syphilis nerveuse touche moins souvent les campagnards que les citadins ; les travaux concernant la neur.o-syphilis élaborés à Alger et dans les grands centres urbains ne peuvent que donner une idée imparfaite de la fréquence réelle de la syphilis nerveuse en Algérie.

*'"* LA SURVEILLANCE MEDICALE DES POPULATIONS ALGERIENNES La répartiltion très particulière de la population indigène ne permet pas d'assurer à un degré suffisant sa surveillance médicale. II nous paraît indispensable de préciser notre pensée en citant des faits concrets. Actuellement, l'Algérie compte 78 communes mixtes. Celles-ci totalisent environ trois millions el demi d'indigènes. Chacune d'elles compte donc en moyenne un peu plus de 44.500 habitants. Or, dans la plupart, on ne Itrouve qu'un seul médecin, le médecin de colonisa­ tion; Pour l'Algérie entière, le nombre de ces derniers s'élève actuellement à 122. Dans certains centres importants, à ces praticiens nommés par le Gouvernement Œ~néral s'adjoignent des

(34) L. MILLtoT : Le Gouvernement de l'Algérie. Cahiers du Centenaire de l'Algérie, t. V. (Publication du Comité national métropolitain du Centenaire de l'Algérie), p. 46. (35) A toutes Ces causes d'opposition, il convient d'en ajouter une autre, susceptible peut-être de jouer un rôle en matière de neuro-syphilis : c'est que les Indigènes, du fait' qu'ils vivent dans les campagnes, sont beaucoup plus fréquemment que les Européens atteints par le paludisme et soumis à de perpétuelles réinfestations; 22

médecins communaux ou li~)l·es. Le cas reste malgré tout assez rare il est impossible d'admettre que des garanties de dépistage scienti­ fique soient assurées dans ces conditions. Nous pensons donc que l'on ne saurait aucunement faire éta,t, pour en tirer des conclusions valables, du manque d'observations connues de syphilis nerveuse chez les Indigènes du (( bled)). A plusieurs reprises, il a paru nécessaire de laver les médecins algériens du soupçon d'ignorance en la matière (36). Ce n'est cerles pas nous, qui sommes l'un d'entre eux, qui oserions aborder un tel ~ujet. A nos yeux, la cause d'insumsance est autre ; elle ne réside pas dans une plus ou moins grande culture professionnelle, mais, dans l'impossibilité de fait, pour un médecin algérien du « bled )), de parvenir, tain du laboratoire, en s'adressant à une population incentaine et flottante, à établir certains diagnostics précis. On peut d'ailleurs trouver une confirmation indirecte de cette

façon de voir dans la restriction suivante de SalJe : (c Le tabès n'es,t point rare à Fès, mais il s'agit de syndrômes frusies... pouvant

facilement passer inaperçus, dans la cohue d'une consultUltion » (37).

Que pourrait-on dire de la (c cohue)) que représente telle cbnsulta­ tion, dans un poste de médecin de colonisation en Algérie (38) ? Le diagnostic de syphilis nerveuse, au moins pour les formes frusltes, exige un examen systématique. Decr6p, de 1925 à 1930, au dispen­ saire prophylactique de Tanger, n'observe, sur 84.000 syphilitiques, que deux cas de tabès et deux de paralysie générale chez des . Indigènes (39). En 1937, le même auteur pratique un examen

(36) « Je ne crois pas que la rareté des observations de tabès et de P.G. tienne à l'ignorance en neurologie des médecins de ces régions. Aux environs de l'année 1900, j'ai passé quatre années dans les hôpitaux d'Alger, sous la direction de maîtres éclairés, formés à l'école de la Salpétrière... » (A. SEZARY': Soc. de dermatologie et syphiligr-aphie, 13 février 1930). « On a fait la remarque peu bienveillante que cette absence ou cette rareté de la neuro-syphilis n'est qu'apparente et tient à l'incompétence des observateurs qui.n'ont pas su la reconnaître. Cette assertion est certainement inexacte. En second lieu, il existe, parmi ces médecins, des neurologistes qualifiés, dont la compétence dépasse souvent celle de leurs critiques. > (A. SEZARY : La syphilis nerveuse, op. cit. p.. 94). (37) L. SALLE. De l'influence des cures arsénobenzoliques de simple blanchîment sur l'évolution ultérieure de la syphilis marocaine. Enquête du Maroc médical, 15 février 1934, p. 59. (38) Beaucoup de ces consultations se tiennent en dehors du chef-lieu de la commune, et particulièrement les jours de marché. Elles ne sont donc' pas seulement espacées, elles ont lieu dans une indescriptible affluence de malades qui l'end impossible un e1Camen clinique minutieux. (39) Cité pal' LACAPERE : La syphilis nerveuse des Arabes. Mm'oc Médical, 15 janvier 1934, n° 139, p. 8. 23 systématique des réflexes chez 931 syphilitiques musulmans, dont 64,2 seulement aHeinls de syphilis tertiaire. Il note l'existence de troubles des réflexes chez ,trenle-deux d'entre eux et relève quatre cas de tabès fruste (40). Les deux statistiques rendent une sonorité fort différenle. Etant donné les lourdes charges médicales qui reposent sur un méd~cin de colonisation algérien, on ne peut penser qu'il lui soit permis de se livrer, pour chaque malade, à un examen systématique des réflexes. Ainsi donc, dans les communes-mixtes et les TerritoÙ'es du Sud, une population de plus de quatre millions d'individus, c'es,t-à-dire beaucoup plus de la moitié des Indigènes d'Algérie, se trouve placée dans des conditions difficiles de surveillance médicale. Cette situation ne saurait jouer, par contre, en ce qui concerne la population européenne. Celle-ci, on l'a vu, est avant tout urbaine. On ne peut donc invoquer, dans les grandes agglomérations les difficultés de prospection médicale qui viennent d'être signalées. La preuve en sera faite quand nous étudierons plus loin le cas parti­ culier d'Alger. On nous objectera peut-être que l'Algérie se trouve pou~'vue d'un armement hospitalier suffisant pour obvier, en partie ,tout au moins, à cet état de chose. Comme s'il avait voulu par avance réfuter notre argumentation, Sézary écrit en effet : « On a aussi incriminé la difficulté qu'on épr,ouve à découvrir ou à examiner les malades, ce qui peut fausser les statistiques. L'argument peut être valable pour les nègres, mais il ne l'est pas pour les Indigènes de l'Afrique du Nord» (41). L'argument, il faut hien le dire, est tout aussi valable pour les Indigènes Nord-Africains. Le séjour en lli.ilieu hospi,talier représenle toujours pour eux, n,ous entendon.s pour les ruraux indigènes, c'est-à-dire les plus pauvres d'entre eux, un éloignement considé­ rable de leur famille, de leur demeure, du centr,$ de leur vie. Goeau-Brissonnière, dans sa thèse, a longuement et très heureuse­ ment exposé les raisons, fondées sur l'observance des coutumes indigènes, qui s'opposent à l'hospitalisation d'un dément. Certes, en ce qui concerne la paralysie générale, ces argumenls peuvent présènter de la valeur. Mais il n'en est pas de même pour le tabès,

(40) DECROP. - L'examen des réflexes chez les musulmans syphilitiques. Ma1'oc Médical, n° 186, 15 dé.cembre 1937, p. 464. (41) A. SEzARY : La syphilis du système nerveux, Masson, 1938, p. 95. - 24 -

affec,uon qui provoque des algies redoutables et fréquemment, l'impuissance génitale, infirmité toujours pénible, surtout peut-être pour un Indigène. Autre chose doit donc jouer. Avec le manque de ressources, la crainle de la séparaJtion intervient certainement pour une part importante. Si nous faisons le iotal des malades hospitalisés chaque année dans l'ensemble des hôpitaux d'Algérie : hôpitaux civils, hôpitaux miliitaires-mixtes recevant des civils, hôpitaux auxiliaires, nous voyons que pour une période de huit ans, allant de 1931 inclus à 1937 inclus, le nombre des Indigènes hospitalisés est à peu près deux fois et demi plus élevé que celui des Européens. Or, cette proportion ne correspond nullement au rapport des populaJtions, qui esl de l'ordre de sept Indigènes pour un Européen environ. Nous sommes donc obligés d'en conclure qu'en réalité les Indigènes s'adressent à l'hôpital deux à trois fois moins souvent que les Européens. Quelles qu'en soit les causes, c'est un fait dont nous de.vons tenir compte, d'autant plus que les courbes de léthalité indiquent qu'en A~gérie la mortalité est de beaucoup plus élevée en milieu indigène et qu'elles attesltent ainsi, avec une cruelle évidence, le degré auquel les Indigènes sont touchés par la maladie. Au reste, même en ce qui concerne les affections mentales, il ne faut pas croire qu'en dehors des grandes villes l'on observe le placement dans les services hospiltaliers spécialisés de nombreux malades indigènes. De 1931 à 1937, le nombre des aliénés indigènes musulmans, entretenus par les trois départements algériens dans les asiles de la Métropole et à l'Hôpital psychiâtrique de Blida­ Joinville, s'eSlt montré dans l'ensemble nettement inférieur à celui des Européens. La moyenne annuelle est de 825 Européens pour 762 Indigènes environ. Ces chiffres méritent d'autant plus d'être retenus que le rapport des populations, rappelons-le une fois de plus, est sensiblemeIlit de un Européen pour sept Indigène's. D'une façon volontairement schématique, donc accessible à la critique, nous proposerons donc le dilemme suivant: ou bien les Indigènes sont à peu près neuf fois moins souvent que les Européens aJtteints d'aliénation mentale, hypothèse qui se trouve être en contradiction avec tous les faits connus sur ce point ; ou bien les aliénés indigènes sont environ neuf fois moins souventt hospitalisés que les Européens. Si l'on songe que, pour la plupart, les paralytiques généraux sont adressés aux services spécialisés à la suite de manifestations - 2:;

délirantes, aux chiffres que nous citons s'attache, pour ce qUl concerne les Indigènes algériens, une remarquable significa,tion. Ainsi la répartition des populations européennes et indigènes en Algérie ne constitue pas simplement un faU démographique sus­ ceptible de retenir l'attention du seul sociologue.Elle comporte pour l'étude de toutes les questions de pathologie spéciale, et parmi elles, celle de la syphilis nerveuse, des conséquences fort précises. Rurale, nomade, vivant loin d'un con.trôle médical, la population indigène forme un groupement d'observation difficile. Il faut aller à elle, dans le « bled», avec patience, avec continuité. Il faut étudier sur place, au cours de vastes enquêtes, les modalités des affections qui peuvent l'atteindre. Ainsi seulement, sera~t-il possible de recueillir, sur la « pathologie de l'Indigène », des documents probants.

"''''* LES DIFFERENCES DE FREQUENCE DE LA SYPHILIS NERVEUSE EN MILIEU RURAL ET EN MILIEU URBAIN

Depuis les recherches de Sézary, l'on sait que la syphilis nerveuse eSit beaucoup moins fréquente en milieu rural qu'en rnilietl urbain (4,2). Or, cette no~ion ne semble pas avoir suffisamment retenu l'attention des auteurs : du fait qu'en Algérie la populailion indigène est avan~ tout rurale, Cit l'européenne, citadine, on ne saurait acceptable de comparer entre eux, de façon gl.obale, sans distinction, les chiffres qui expriment la fréquence de la neuro­ syphilis dans l'un et l'aUitre groupement. Il est évident que toute statistique d'ensemble, même si on la conçoit comme une étude parfailte, réunissant tous les cas algériens, européens comme indigènes, de neuro-syphilis, pendant une période donnée, devra tenir compte de cette notion. Même s'il est établi que la syphilis nerveuse eSit effectivement moi'lls fréquente chez l'Indigène que chez l'Européen, il conviendra de restituer les faits dans leur cadre réel : l'on ne devra pas comparer simplement les cas de syphilis nerveuse européens et indigènes ; mais, pour chacun des

(42) A. SEZARY. - La syphilis du système nerveux, op. cit., p. 94 et sq : « ...Lorsque la population rurale et la population urbaine sont à peu près égales (Seine-Inférieure : 47 p. 100 et 53 p. 100) la proportion des P. G. urbains est incomparablement plus élevée que la proportion des P. G. ruraux. » - 26 groupements, il faudra établir la comparaison en milieu urbain ei en milieu rural. Alors seulement pourra-t-on se HaMel' d'avoir réuni des documents d'une suffisante valeur démonstrative. Du reste, si nous nous fondons sur les moyennes établies dans la Métropole, que devrions-nous constater en Algérie (43) ? En se basant sur les chiUres du département de France où la paralysie générale est le plus iréquemment rencontrée, la Seine Inférieure, on devrait observer, dans la commune mixte rurale. et type de 44.500 habitants, à peu près un cas de cette affection tous les huit ou dix ans. Si l'on prend au contraire, pour point de comparaison, le département où la maladie de Bayle est le moins souvent signalée, le Cantal, on rencontrerait un cas de paralysie générale .en dix ou quinze années seulement. Ce calcul a déjà été proposé avant nous. Il se montre essentielle­ ment théorique ; il a cependant le mérite de parler à l'esprit. Si nous le reprenons après d'autres; ce n'eSit pas pour insister sur le nombre infime de cas de paralysie générale que l'on peut découvrir dans la populUlUon d'une seule commune mixte, mais pour coilfirmer ce que nous exposions au chapitre précédent : ce qui nous paraît essentiel, c'est que dans une, commune mixte un seul médecin ponte la responsabilité médicale de cette population de 40 à 50 mille individus, répartis sur un territoire vas.te comme celui d'un départe­ ment français ; il n'est pas certain qu'il se trouve dans les conditions requises poui' ne pas laisser échapper, en plusieurs années, un ou deux cas de paralysie générale. Ainsi ce fait démographique qu'est la sépamtion de la popula,­ tion de l'Algérie, en deux groupements, l'un européen. essentiellement urbain, l'autre, indigène, essentiellement rural, intervient, cela est infiniment probable, dans la connnaissance des cas de syphilis nerveuse. C'est certainement parce que les cas de neuro-syphilis sont difficilement dépiSités, dans des conditions incertaines, et peut-être aussi parce que ces faits sont effectivement rares, que nous connais­ sons si peu d'observations de tabès ou de paralysie générale frappant l'Indigène du « bled ». *** :\1ais, nous le pressentons, on nous objecte déjà que si la syphilis nerveuse est moins fréquente en milieu rural, c'est

(43) En supposant que la fréquence de la paralysie générale est identique dans les deux contrées. uniquement parce que la syphilis elle-même s'y montre moins répandue: Sézary insis~e sur ce point (44). El l'on n'est pas assuré que l'argumentation qui vient d'être développée puisse valoir pOUl' l'Algérie, où, comme il est admis communément, la syphilis frappe un si grand nombre d'Indigènes. Bien que cet aspect de la question ne' constitue pas un fai,t d'ordre démographique, il nous paraît impossible de le laisser complètement dans l'ombre. Son intérêt eg,t tel que nous nous proposons de lui accorder ailleurs les développements 'qu'il mérite. On touche là, en efl'et, à l'une des inconnues les plus significatives du problème de la neuro-syphilis en Algérie : nous ignorons même de quel degré peut être l'endémie syphilitique en milieu indigène, aussi bien 'Pour la population urbaine que pour celle des campagnes. Certes, beaucoup d'affirmations ont été émises à ce sujet, et bien peu sont srutisfaisantes. A notre connaissance, il n'existe actuellemen't aucune statistique algérienne d'une ampleur telle qu'elle ofl're des arguments suffisants. Il n'est pas niable que la syphilis soit eXltrêmement répandue en milieu indigène. Mais cela n'autorise pas à accepter les pourcen­ tages qui sont généralement proposés. Or, ce point revêt pour notre é.tude, une importance capitale : l'un des arguments principaux qui font ;ldmeHre la rareté relative de la neuro-syphilis parenchymateuse chez les Indigènes est précisément la disproportion entre la fréquence des cas de syphilis et celle des atteintes nerveuses parmi les Musulmans d'Algérie (45).

(44) A. SEZARY. - La syphilis du système nerveux, op. cit., p. 87. Se fondant sur un rapport de Cavaillon, de 1928, SEZARY s'exprime ainsi: « ...plus la syphilis est répàndue dans un département, plus la P. G. Y est fréquente.· '. « Ainsi donc, la fréquence plus grande de la P. G. dans les villes nous apparaît liée avant tout à la fréquence plus grande de l'infection syphilitique. Le fait est encore plus évident si l'on étudie à ce point de vue le département de la Seine. Il a été confirmé récemment pour la Belgique par Dekeyser. » (45) A. PoROT. - La paralysie générale chez l'Indigène nord-africain. Gazette Médicale de Fmnce, nU 18, 15 sept. 1931. J. MONTPELLIER. - La syphilis nerveuse en Algérie, op. cit. p. 313. Après avoir exposé combien est grande la fréquence de la syphilis chez les Indigènes, Montpellier écrit : «C'est à la lumière de ceci qu'il faut envisager les observations de tabès et de P. G. que l'on est appelé à rencontrer. Et si tout pourcentage de neuro-syphilis, plus spécialement parenchymateuse, est impossible, il reste pOUl" nous évident que ce taux est de beaucoup inférieur chez le Musulman, à ce qu'il est chez l'Européen. - 28 -

Il est de plus indispensable d'être également fixés sur l'endémie syphilitique dans la population européenne. Ainsi seulement seriollS­ nous autorisés à confronter entre eux des faits comparables. Or, chose curieuse, ce point ne parait pas avoir retenu l'attention de., auteurs qui étudient la neuro-syphilis en Algérie. L'on voit avec surprise 'qu'ils comparent la fréquence de la syphilis et de la neuro-syphilis chez l'Indigène algérien à celle de ces affections chez l'Européen habitant l'Europe. Ils admettent donc a priori que la syphilis est également répandue chez les Européens, qu'ils résident en Europe ou en Algérie. Or, très certainement, la syphilis s'observe plus fréquemment chez l'Européen d'Algérie. Mais nous ne disposons pas ici, mieux que pour la syphilis indigène, de sta'tistiques d'une suffisante étendue et portant sur une yériode suffisante. L'on conçoit donc à quel point il est illégiliime d'user d'arguments qui demeurent liés à des estimations personnelles et purement intuiltives.

•••

CARACTERE SPECIAL DU MILIEU D'ALGER

Tous les faits et remarques que nous venons d'exposer rendent évident qu'Alger ne saurait en aucune façon présenter un refler fidèle de la pathologie algérienne. La ville Clt sa banlieue réunissent 200.108 Européens et 112.920 Indigènes. Le rapport des deux groupements est presque de deux pour un. II est donc clair que si. l'on juge uniquement sur le chiffre brut des Indigènes algérois atteints de syphilis nerveuse, sans interpréter ce chiffre, l'on encourt un risque d'erreur grave par sous-estimation (46). Pendant de longues années, le recrutement des malades des hôpitaux d'Alger a pu s'effectuer à quelque distance de la

(46) Ce chiffre de 112.920 Indigènes, du reste, ne concerne pas une population stable, définitivement fixée dans la capitale ou ses abords immédiats. C'est au contraire - point important à souligner - une population flottante, nomade ici et encore. « La région d'Alger et la Mitidja sont le gros centre d'attraction. Elles concentrent tous les travaillleurs venant des communes-mixtes du département d'Alger. Mais leur appel s'exerce bien au-delà... » 1M. LARNAUDE : Déplacement des travailleurs indigènes en Algérie, 2· Congrès de la Féd. Soc. Savantes de l'Afrique du Nord, Tlemcen, avril 11936, t. II., p. 2'07). Cf. aussi sur ce sujet : R. LEsPEs. - Projet d'enquête sur l'habitat des indigènes musulmans dans les centres urbains de l'Algérie. 1er Congrès de la Féd. des Soc. Sav. de l'Afrique du Nord. Alger, juin 1935, p. 431. - 20

capi1tale (47). Mais actuellement, il n'en est plus de même, du fait de l'impor,tante organisation hospitalière dans l'immédiat hinterland algérois; du fait aussi une série de dispositions administratives qui reSltreignent l'hospitalisation à Alger des malades originaires de l'intérieur. Les malades proviennent en grande majorité du sein même de l'agglomération algéroise ; puis, de l'arrière-pays, du Sahel, de la Mitidja, de la Basse-Kabylie, dans un rayon d'une centaine de kilomètres autour de la capitale. Ces malades sont donc principa­ lement des citadins, ou des sujets provenant de zones privilégiées dont toute l'activité est polarisée par la proximité de la grande ville, de régions de population dense et comprenant de no~breuses villes déjà impolitantes. Il ne faut pas croire, non plus, que l'on rencontre dans les hôpitaux d'Alger une large prédominance de l'élément indigène. Certaines statistiques ont été établies à diverses époques, pour plusieurs services de l'hôpital de Mustapha. Nous les rappeIIerons, car elles présentent un intérêt incontestable : En 18 mois, à la Clinique médicale (statistique de M. Dumolard), sur 660 malades, 109 Indigènes (48) ;

er Du 1 mai au 1"r décembre 1906, dans le service de la Clinique des maladies des enfants (prof. Curtillet), sur 2.590 malades traités, 2.320 Européens, 270 Indigènes (49) ; En 1905, 8.121 malades onrt: été admis à l'hôpital de Mustapha ~ 1.811 seulement étaient Indigènes (4,9) ; Du 1er janvier 1912 au 1er mai 1926, en 14 ans et demi, dans le service de M. Dumolard : 1.552 Européens; 778 Indigènes (50) ; Dé 1919 à 1937, en 19 ans, dans le service de médecine générale de la Clinique de dermato-syphiligraphie de l'Université (Prof.

(47) «Un gros reproche peut, cependant, être adressé à nos statistiques, c'est d'avoir été établies à l'hôpital de Mustapha et de ne concerner guère que les habitants de la ville vivant dans des conditions spéciales et toutes différentes de leurs coréligionnaires. Il est vrai que nous voyons peu d'Arabes venus de l'intérieur et que les résultats que nous obtenons à Alger peuvent être différents de ceux que l'on obtiendrait dans les tribus. » (G. SrcARD .: thèse de Lyon, 1907). (48) G. DUMOLARD. - Recherches sur la fréquence des maladies nerveuses chez les indigènes algériens. Revue neurologique, n° 14, 30 juillet, 1906. (49) G. SrcARD. - Etude sur la fréquence des maladies nerveuses chez les Indigènes musulmans d'Algérie, thèse de Lyon, 1907, pp. 52, 54. (50) GOEAu-BRrssoNNrERE. - La syphilis nerveuse chez l'indigène musulman algérien. Contribution à l'étude de la syphilis exotique. th. d'Alger, 1927" p. 181. 30 -

M. Raynaud) : 4.199 Indigènes (2.852 hommes et 1.347 femmes) ; 5.436 Européens (2.947 hommes et 2.489 femmes) (51) ; De 1933 à 1937, à la Clinique de neuro-psychiâtrie de l'Univer­ sité (prof. A. PorOlt) : 943 Européens ; 610 Indigènes (52). Des statistiques de cet ordre, concernant plusleurs services hospitaliers et des époques très différentes, cel'ltaines d'entre-elles portant sur de multiples années, nous autorisent à dire que, dans les hôpitaux d'Alger, les malades européens sont (toujours notable­ ment plus nombreux que ·les indigènes. Elles ne permettent pas de souscrire à l'affirmation que J. :YIontpellier énonçait en 1930 : « Depuis plus de 40 ans, existent en Algérie, et notamment à Alger, des services hospitaliers (pour ne parler que d'eux) inondés d'indigènes )) (53) partant, nous ne pouvons accepter les conséquences qu'il en fait découler. Il est évident, toutefois, que les hôpi1taux d'Alger ne sauraient prétendre à grouper tous les malades de la capitale et de ses environs. Outre les clientèles privées, plusieurs dispensaires Itraitent un nombre élevé de vénériens. :\lIais, dans ce eas, un facteur extrinsèque intervient: la répartition par quartiers des groupements ethniques. Et suivant que l'on considère tel ou tel dispensaire, on enregistre de très grandes varialtions du recrutement européen comme indigène. Une autre cause est susceptible de fausser encore plus ces statistiques : c'eslt la différence entre les ressources pécuniaires des Indigènes et des Euràpéens. Une statistique d'ensemble est donc indispensable. A notre connaissance, elle n'a pas été dressée. Les seuls chiffres que nous puissions ci,ter font ressortir que l'on a observé à Alger, en 1938 et en 1939, dans l'ensemble des dispensaires anti-vénériens de la ville, /071 Européens et 2.031) Indigènes atteints de syphilis à tous ses stades (54).

(51) M. RAYNAUD et F. G. MARILL. - Observations de tabès chez l'indigène musulman algérien. Annales de deTmatologie et syphiligraphie, n° 7, juillet 1939, p. 571. (52) A. POROT et CH. BARDENAT. -A propos de 40 cas de P. G. chez l'indigène (note préliminaire). Soc. de médecine d'Alger, 17 décembre 1937, in Algérie Médicale, janvier 1938, p. 25. (53) J. MONTPELLIER. - Op. cit., p. 313. (54) La proportion est sensiblement de trois Indigènes pour un Européen. Si l'on tient compte que la population d'Alger comprend à peu près deux Européens pour un Indigène, on peut admettre qU'on a observé, dans ces conditions, au cours de ces deux années, six fois plus de cas de syphilis chez l'Indigène que chez l'Européen. Mais, un fait capital ne permet pas de tirer de cette statistique des conclusions trop strictes : la différence des ressources pécuniaires des Indigènes. Ceux-ci forment indiscutablement la part la plus pauvre de la :31

Dans ces cOliditions, il nous paraît vraiment impossible de tirer des conclusions du chiUre absolu des cas de neuro-syphili" parenchymateuse observés à Alger. Une fois de plus, c'est seulement en interprétant, en restituant les faits dans leur cadre que l'on parviendra à une estimation valable. Les conclusions des travaux algérois consacrés à l'étude de la neuro--syphilis des Indigènes ne sauraient donc être acceptées sans réserves ; nous voulons dire qu'ils appellent ces réserves dans la mesure où ils pré'tendraient à offrir une image de ce qui se passe efl'eetivement dans l'ensenTble de l'Algérie. Or, dans l'abondante floraison de travaux algériens consacrés à ce sujet, for,t rares sont ceux qui n'ont pas été élaborés à Alger par des observateurs algérois. A peine peut-on citer quatre ou cinq publications échappant à ceUe règle. Pascal et Schrapf avaient déjà noté les dangers que représente, pour une appréciation exaCJte des faits, cette prédominance des travaux purement algérois. L'on peu~ dire, qu'en fait, la littérature médicale algérienne consacrée à l'étude de la neuro-syphilis des Musulmans, n'est pas algérienne, mais algéroise, en donnanrt: à cette épithète un sens volontairement restrictif.

CONCLUSIONS En nous attachant à cert:te étude des rapports de l'ethnographie et de la démographie avec, le problème de la syphilis nerveuse des Indigènes musulmans algériens,- nous ne pensons pas nous êtr'~ volontiers égaré dans les méandres d'arguties subtiles. Le jeu pourrait être plaisant ; la signification en demeurerait dérisoire. Pour nous, il existe un « fai t algérien)) constituant, comme tout « fait colonial )), quelque chose d'essentiellement complexe et qui échappe aux techniques usuelles des méthodes consacrées. Ce « fait algérien » vaut assurément en malière de pathologie conuue en tous autres domaines. C'es,t ce que nous avons cherché à s~Hlligner. Dans une de leurs pu~lications, en 1937, A. Porot et Ch. Bardenat revenaient à plusieurs reprises sur Ce point : population. Sans exagérer, il est permis de dire que la très grande majorité des syphilitiques indigènes sont traités ldans les dispensaires. Les Européens, aisés, sont dans un nombre important de cas, soignés en clientèle libre. II n'est donc pas douteux que toutes les données relatives à l'épidé­ miologie de la syphilis à Alger, surtout quand elles portent sur une longue période, mériteraient d'être réunies en un travail d'ensemble. Espérons qu'il sera prochainement réalisé. - :1'? -

« Au cours des discussions soulevées il y a quelques années sur la rareté de la paralysie générale chez l'indigène nord-africain, l'un de nous faisait remarquer qu'on manquait de base pour faire des statistiques valables et qu'en particulier l'absence de services psychiâtriques et d'asiles en Algérie ne permettait pas le rassemblement de malades nécessaire pour une prospection efficace. »... « Nous estimons que plusieurs années d'observations et d'études sont encore nécessaires pour donner aux statistiques réunies des grands centres où se rassemblent, à l'heure actuelle, les éléments d'une enquête sérieuse, les bases stables qui sont indispensables. »

Dans ce travail, notre seule intellition fut d'évoquer quelques.. unes des raisons pour lesquelles les « bases stables)) d'une enquête sérieuse sur la syphilis nerveuse des Indigènes n'avaient pas encore été rassemblées. II nous paraît même évident que nous n'avons qu'effleuré un sujet dOllit la matière se montre à la fois si riche, si complexe, si diverse. II serait très désirable que ces investigations fussent entreprises rapidement. La guerre de 1914-1918 a provoqué en Algérie d'extra· ordinaires bouleversements, qui sont susceptibles de jouer un rôle en matière de neuro-syphilis. Il faut penser que les événements actuels détermineront des manifestations de sens analogue. II est donc souhailtable que l'on tente au plus tôt de « faire le point )} de la situation en Algérie, de manière que nous disposions pour l'avenir d'une base de comparaison solide. En l'état actuel des choses, il serait à la fois vain et déplacé de nier a priori la rareté de la neuro-syphilis parenchymateuse chez , l'Indigène algérien. L'histoire nous apprend 'que la physionomie clinique de la syphilis a subi une ,transformation radicale. en quelques années, au XVImo siècle. L'expérimentation nous montre que le virus syphilitique peut manifester des aptitudes variables, du fait de l'adaptation; que le tissu nerveux, réceptif pour le tréponème chez la souris, ne l'est pas chez le singe ou le lapin. L'on peut donc admettre valablement,- comme hypothèse de recherche, l'éventualité d'une réaction différente du système nerveux de certains hommes à l'agression du tréponème. Mais en ce qui concerne l'Algérie et spécialemen1 l'Indigène musulman, la question nous paraît avoir été mal posée. Seules de vastes enquêtes, menées sans hâte, visant à la fois à déterminer la fréquence de l'infection syphilitique chez l'Indigène et chez l'Européen, à fixer la fréquence des atteintes nerveuses de l'un et de l'autre, nous donnerollit les arguments indispensables. Ces - 33 -

enquêtes devront tenir compte non seulement des facteurs ethniques, mais aussi des conditions d'ordre coutumier, démographique, médical, administra1tif, susceptibles d'aider à la compréhension des faits. Ainsi seulement acquerra-t-on les « bases stables )), les éléments solides. Il faut le dire, ces arguments, nous ne les possédons pas. C'est à cC'tltè condition qu'on pourra retirer de l'examen des faits des lois de pathologie générale : hors de cette voie, ces lois ne figurent que des constructions idéales a priori. C'est par la confrontation des données du problème en Algérie même qu'il faut obtenir les moyens de juger. En cette matière, il ne saurait suffire de comparer les manifestations de syphilis nerveuse en. milieu indigène en terre lointaine, et en milieu européen en Europe. C'est assurément parce que cette obligation n'a pas été observée qu'un fait de grande valeur paraît avoir échappé : la rareté relaltive de la syphilis nerveuse parmi les Européens d'Algérie. On ne peut penser à réduire l'étude de la neuro-syphilisen Algérie à une simple spéculation sur des chiffres. On peut accepter ou rejeter l'interprétation 'que nous leur. avons donnée. Il eSit impossible toutefois que ces chiffres ne donnent pas à penser. Il ne s'est pas. agi pour nous d'apprécier ou de discuter là .fréquence de la syphilis nerveuse dans nos pays, mais de préciser certaines des condi,tions dans lesquelles doit être poursuivie l'étude comparée de la neuro-syphilis chez l'Européen et chez l'Indigène

Travail de la Clinique des Maladies cutanées et syphilitiques de l'Univers/Né d'A'lger (Professeur M. REYNAUD).

3

-' Comparaison des résultats de la micro­ réaction de Castaneda et Silva modifiée par l. Ch. Brumpt et de la réaction classique de Weil et Félix dans le di'agnostic du typhus exanthématique.

par Jean GAUD Chef du Service Régional d'Hygiène et d'Epidémiologie à Meknès

L. Ch. Brumpt a exposé réBemment en détail (1) une techniqüe de micro-hémo-diagnostic instantané applicable aux atl'ections qu i suscitent la formation d'agglutinines dans le sang. Des émulsions microbiennes sont préparées avec les difl'érents germes (Protéus' X 19, Eberth, Para A, etc...). Colorées au bleu de méthylène et suffisamment stérilisées au formol, elles se conservent facilement. Au mOment de l'emploi, une goutte de l'émulsion choisie est mélangée, 'sur lame de verre ou sur papier bristol, avec une goutte dè sang prélevée au doigt du malade. Le mélange, étalé, est balancé circulairement pendant quelque Itemps. En cas de réaction négative, le mélange reste uniformément brun verdâtre. En cas de réaction positive, les· bacilles colorés sont agglutinés' e,t se rassem­ blent à la périphérie, où ils forment une collerette bleue. Ce résultat eSit obtenu en moins de quatre minutes. Il n'est pas nécessaire de souligner les avantages d'une technique aussi simple et aussi rapide en médecine de « bled ». Un gain de temps précieux peut être réalisé dans l'application des mesures prophylactiques. En temps d'épidémie, la prospec,uon peut êlre plus rapide et plus étendue ; le dépistage des formes frustes devient possible. Des enquêtes épidémiologiques pourraient être entreprises sur les réservoirs de virus, les états d'immunité collectifs, etc... Mais la condition essentielle de ce bénéfice eSit évidemment la sécurité de la micro-technique. Pour ce qui est du typhus exanthémaf\ique,

(1) Bull. et Mém. Soc. méd. Hop. Paris, 24 mai 1940, Presse Médicale, 16-19 juillet 1941. - 36 - l'épidémie de l'hiver 1941-42 nous a été l'occasion de comparer, sur plus d'un millier et demi d'individus, les données du micro-hémo­ diagnos>tlè et celles de la réaction classique. Le, tableau ci-dessous condense les résultats de nos observUJtions. 1.529 couples « Micro­ réaction -: Weil Félix classique» y sont répartis en fonction: du taux limite d'agglutina1tion en ce qui concerne celui-ci ; du temps nécessaire à l'agglutination en Ce qui concerne celle-là. Il s'agit uniquement d'épreuves faites sur des malades ou des suspects.

Résultats du Weil-Félix

Négatif 0 1 Çj 9 9 8 4 140 ------Positifau 1/50" 4 26 28 25 10 10 3 18 1/100° 10 37 22 13 4 1 1 15

1/200 0 41 119 24 34 13 4 2 4

1/400 0 87 165 33 5 1 0 1 3 1/800 0 226 154 28 5 2 0 0 2

1/1000 0 128 35 2 il 0 0 0 0 et plue Micro -réactions positives et temps au • Micro bout desquels elles ont été lisibles réac- tions néga- 1 1 1 1 1 1 tives 0 30" 60" 90" 120" 150" 180" 240"

1 1 1 1 1 1 1 Quelques commentaires nous paraissent devoir être ajoutés à ces chiffres.

1. Sl~CURlTf:. - Nous entendons par là le nombre de Weil-Félix positifs correspondant à 100 micro-réactions positives. Le plus grave inconvénient de la méthode seraiit, en etret, un pourcentage élevé d'erreurs « en plus ». Tel n'est pas le cas: 1 0 Sur 200 micro-réactions pratiquées chez des sujets appa­ remment sains (elles ne sont pas comptées dans le tableau ci-dessus), deux seulement onl eté positives. Elles correspondaient toutes deux à des Weil-Félix positifs. Un typhus fruste a été trouvé à l'origine de l'une d'elles. 2° Chez les malades ou sllspects, 96 % des micro-réacltions posi- - :17 -

tives ont correspondu à un Weil-Félix positif. De plus, parmi les discordances observées, 14 ont pu être analysées, les sujets étant restés sous notre surveillance. Sur ces cas, 6 ont correspondu à un Weil-Félix fortement positif par la suite ; 2 ont été des phéno­ mènes fortuits : les autres micro-réactions 'pratiquées chez ces malades ont été toujours négatives; dans 6 cas seulement, la discor­ dance observée entre les deux méthodes a été retrouvée; 4 de ces dernières furent du reste observées chez des malades présentant un typhus cliniquement non douteux ; 3° Notons enfin que les erreurs en plus ne correspondent qu'aux micro-agglutinations d'apparition tardive. Les micro-diagnos­ tics positifs en moins d'une minute donnent une sécurité à peu près absolue. Le calcul donne, en effet : Un micro-diagnostic + en moins tle 30" cOI'resll. à un W.-J<'. + tians 100 % d,'s eas + entre 30 et 60" + - 99,8 % + entre 60 el 90" + - 94 % + entre 90 et 120 + - 90 % + entre 120 et 150 + - 77 % + entre 150 et 180 + - 65,3 % + entre 180 et 240 + - 63,7% Si nous considérons que 75 % des micro-agglutinations obser­ vées ont été nettes en moins de 60 secondes et 95 % en moins de 120 secondes, ces résulta,ts, exprimés par le graphique 1, sont très satisfaisants.

II. SENSIBILITÉ. - Nous entendons par là le nombre de micro­ réactions positives correspondant à 100 Weil-Félix positifs. Ce pourcentage est essentiellement variable selon le ,taux limite d'agglutination du Weil-Félix considéré. W.-F. positif au 111000' ou plus..... 100 % au 1/800' 99,5 % au 1/400' 99 % au 1/200' 98 % au 11100' 85 % au 1/50' 85 % Le pourcentage global est de 97 %. En tenant compte des cas signalés au paragraphe précédent, où le Weil-Félix n'a été positif qu'après le micro-diagnostic,' nous pouvons dire que la sensibi­ lité de celui-ci n'est pas inférieure à celle de celui-là.

III. ApPRÉCIATION DU TAUX LIMITE D'AGGLUTINATION. - L.-Ch. o Brumpt note qu'une des critiques faites au micro-diagnostic est - 38 - fondée sur le manque de résultats quantitatifs fournis par celui-ci. On ne peut mesurer le taux d'agglutination, sauf'complica,uons de technique réduisant les avantages de la méthode. Mais il est possi­ ble, ajoute-t-il, de préjuger de ce taux en observant le temps au bout duquel l'agglu'îination est lisible. Nos expériences mon~rent, au contraire, qu'une traduction, même approximative, du temps d'apparition de la micro-agglu­ tination en taux d'agglutination n'est pas possible. L'examen du tableau 1 et du graphique 2 montre qu'une corrélation exis,te enire les deux phénomènes ; mais celle-ci n'est pas assez étroite pour qu'on en puisse tirer parti. Sans doute, les ,trois-quart environ des micro-réactions positives en moins de trente secondes correspon­ dent-elles à un Weil-Félix au 1/800° et plus. Mais, déjà, une micro­ réaotion positive entre trente secondes et une minute a autant de chances de correspondre à un Weil-Félix au 1/800° et 'plus qu'à un Weil-Félix au 1/400° ou qu'à un Weil-Félix au 1/200° et moins. Nous avons d'abord cru que cette dispersion était due à des inégalités dans la richesse en germes des suspensions microbiennes employées. Mais l'étude du compor,tement, vis-à-vis d'une dizaine de sangs de différentes dilutions d'une émulsion titrée a' écarté cette cause d'erreur. Nous avions ,opéré, en général, avec des émul­ sions titrant, après dilution au 1/20 u, 50-60 à l'opacimè1re de Vernes (concentration légèrement inférieure à celle utilisée par L.-Ch. Brumpt). Le graphique 3 montre qu'une dilution au 1/2 ne modifie guère la rapidiLé d'agglutination d'une telle émulsion. Or il n'y a certes pas eu variation du simple au double dans la richesse des diverses émulsions utilisées. D'autres facteurs extérieurs influent sur la rapidi,té d'appa­ rition de l'agglutination; en particulier la température, les volumes relatifs de sang elt d'émulsion mis en présence. Leur influence, dans les conditions des expériences, ne suffit pas à expliquer Je manque de rigueur de la corrélation entre rapidité d'agglutina­ tion dans la micro-réaction et ,taux limite d'agglutination dans le Weil-Félix classique. Une dernière preuve peut être donnée du peu d'intluence de ces facLeurs ex1rinsùques sur la rapidité d'apparition de' la micro­ agglutina/tion. C'est l'allure régulière des courbes représentant la mesure qUÛltidenne de cette rapidité chez un malade donné (Gr. 4)" Il faut donc admettre que vitesse de la micro-agglutination et taux limite d'agglutination ne sont pas conditionnés par le même - 39 - groupe de causes intrinsèques. Quelques facteurs de la micro-réac­ tion, en particulier, ne doivent pas agir sur le taux limite d'agglu­ tination. Ceci ne signifie pas, d'ailleurs, qu'il n'y ait aucun rensei­ gnement à tirer de l'étude du temps nécessaire à la perception de la micro-agglutination.

IV. INCONVÉNIENTS. - CAUSES n'EHHEUH.. - Un des grands avan­ tages de la méthode est de pouvoir ètremise entre n'importe quelles mains. 1° La manipulalion des émulsions ne présente aucun danger. En eff~t les émulsions incomplètement stérilisées par le formol se décolorent en quelques heures (2). Il suffit donc de ne pas livrer d'émulsions préparées depuis moins de vingt-quatre heures pour être sûr de ne pas mettre en circulation de germes nocifs. \ 2°L'interprétayon est d'une extrème facilité dans la presque totaliJté des cas. Nous n'avons guère observé plus de 1 % de réactions douteuses. 3° Les seules causes d'erreur que nous ayons relevées, lorsque nous avons mis la technique entre les mains de nos infirmiers ont été a) L'auto-agglutination des hématiès du malade, donnant des agglutinats et une collerette non pas bleus, mais rouges. Il suffit de prévenir l'opérateur de l'existence de ce phénomène, assez fré-' quel1lt quand la température extérieure est basse, pour que l'erreur soit éviltée. Toutefois, l'auto-agglutination des hématies du malade gêne souvent la lecture du micro-hémo-diagnostic. S'il y a doute, on reFera la réaction sur lame préalablement chauffée. Unè allu­ mette est suffisante. b) Le dépôt, dans les émulsions utilisées longtemps dans le bled, sans précaution, de poussieres qui se colorent, en bleu. Nous n'avons vu qu'une rois ces corps étranger's abuser un opérateur et en imposer pour des agglutinations immédiates. c) Enfin, dans sept cas, dont nous donnons ci-dessous le détail, les coagglutinaHons auraient pu être une cause d'erreur. Il s'agis­ sait, pour tous ces cas, de typhus cliniquement certain.

(2) Le fait est assez fréquent avec les doses préconisées par L. Ch. Brumpt. - 40 -

Résultats Résultats de la séro-agglutination de la micl'O-agglutination classique Observations

Eberth Protéus Eberth Protéus ------1 00" 120" 1/1~)0' 111;-)0' Vacciné T. A. B. 2 60" 00" 1/100' 1/200' - d' - h 3 4.)" 4'"'''.) 1/100' 111000' 4 35" 35" 1/100' 1/800' 5 90" 210" 0 I!50' 6 35" 30" 1/200' 1/1000' 7 40" fiO" 0 1/400'

N'ayant pas sufIisamment comparé le micro-diagnostic à la séro-agglutination classique des germes typho-pamtyphiques, nous nous bornons à signaler cette cause d'erreur sans la commenter. Remarquons qu'elle n'a joué que dans 7 cas sur 1.529, soit moins de 0.5 %'

CONCLUSIONS. - Le micro-hémo-diagnostic de Castaneda et Silva modifié par L.-Ch. Brumpt, appliqué au typhus exanthématique, eit 'une technique dont l'emploi mérite d'être généralisé dans les infir,­ meries indigènes du Maroc. Sans danger pour l'opérateur ni pour les sujets, d'exécution facile et rapide, d'interprétation sûre, elle ,peut être mise entre n'importe quelles mains. L'auto-agglutina1tion des hématies du malade est la principale cause d'erreur à signaler à l'opéra,teur. . La sécurité et la sensibilité du micro-hémo-diagnostic ne sont • pas inférieures à celles de la réaction classique de Weil-Félix. Il faut savoir pourtant qu'il n'y a pas corrélation assez étroite entre rapidité d'apparition de la microagglutination et taux limite d'agglutination, tel qu'il est défini par la réaction classique, pour que l'on puisse conclure de l'un à l'autre. Ceci ne signifie pas, d'ail­ leurs, qu'il n'y ait pas de renseignements à tirer de la mesure du temps nécessaire à la perception de la micro-agglutination. - 41

~ ~ .~ ~~o co co .... -D -.o- r-' ....'"-.:r.... l'<) "- 00 (»

30ï" la 'ï.

80% 20 ~

70'1. 301.

Goi.: Liai.

30' 60 90" 120' ,ISo'

180

2ito'

GRAPHIQUE 1. - Pourcentages de concordance~. et de discordances avec le Weil-Félix pour des micro-agglutinations positives en moins d'un temps donné. L'échelle horizontale a été établie en tenant compte du pourcentage de micro-réactions positives en mois d'un temps donné. Il s'ensuit que les surfaces noire et blanche représentent exactement l'ensemble des discordances et l'ensemble des concordances.

• 42

GRAPHIQUE 2. - Pourcentages des micro-diagnostics positifs en moins d'un temps donné (diagramme intégral) pour les diifért'nts taux d'agglutination au Weil-Félix. -- 43 --

u

....~

c: 100' ..-:;.. .~.. I~() ...... '" 140" , '-.... 160' "'" .:... 11>0' U)"".. .. loo' ..c ... t~o' Q. ...,E t40

• • .....".. ~ ~ ~.. 3 '3 t: 'I:l '3 t: '"e .. .~ .~" ...... ~ ~ .... b'" li -E ~ ~ ;: '\J 'iS "'1 ..

GRAPHIQUE 3. - Temps nécessaires à l'agglutination des différentes dilutions d'une émulsion mère (opacité 60 X 20) par sept sangs différents. - 44 -

60'

12<)

ISO· 1-----+------

)))~eJ -H0vw.MA~ ~1 240" 1-..1- b. .. rol...;M_

GRAPHIQUE 4. - Mesure quotidienne du temps nécessaire à l'apparition de la micro~agglutinati()n chez un même JUalade (Mohammed b. Hammadi, Moulay-Idriss) . ,... ~ Deux ans de lutte contre l'ankylostomiase dans les mines de l'Office Chérifien des Phosphates

par A. BECMEUR

C'est en juillet 1937 qUe pour la première fois à Khouribga des œufs d'ankylos1tomes furent découverts dans les selles de deux euro­ péens travaillant dans les mines de phosphates. CeUe découveI;te, et les conclusions que le D" Nain énonçait après une visite de la mine Cl), éveillaient notre attention, et, de septembre 1937 à juin 1938, 62 examens coprologiques furent demandés à l'obli,· geance de notre confrère. Ces examens furent posi~ifs : toutes les matières fécales adressées à l'Institut d'Hygiène contenaient des œufs'd'ankylostomes., Le D' Garipuy fut détaché alors à Khouribga pour faire une étude d'ensemble de l'ankylostomiase dans nos mines. CeHe tâche importante fut menée à bien par lui en un temps très court et donna lieu à une seconde publication dans le Bulletin de l"lnsti­ tUit d'Hygiène (2) qui nous serv1t de base pour l'œuvre d'assainis­ sement qui nous incombait. Résumons rapidement, afin de permettre de mieux apprécier le chemin parcouru, les conclusions du D' Garipuy :

1 0 Tous les éléments nécessairès sont réunis dans les galeries pour assurer la ma,turation de l'œuf et la formation d'une larve infestante ;

2 0 Une énorme proportion des ouvriers travaillant au Fond est parasitée. Le tableau suivant, tiré du même aDticle, donne le pourcen­ tage des petits, moyens et gros porleurs dans les différentes recet,tes.

(1) Premier foyer épidémique marocain d'ankylostomiase Bull. de l'Institut d'Hyg., 1938, 111, p. 68 sq. (2) Enquête sur l'ankylostomiase du centre minier de Khouribga, ibid., . p. 75 sq. TABLEAU l

1 Nombre 1 à 20 21 à 200 200 Totaux d'œufs 0

Recelle 1 31.12 26.58 33.37 8.93 68.88

Recette II 43.77 26.38 25.69 4.16 56.23

Recelle III 59.48 25.65 13.66 1.2 40.51

'3° Le pouvoir de contamination de la mine (on entend par là le nombre d'ouvriers sains contaminés en 6 mois) est résumé dans le ,tableau suivant :

TABLEAU. II

MINEURS EMBAUCHÉS DEPUIS MOINS DE SIX MOIS SAINS %. CONTAMINÉS % ET PLUS DE 40 JOURS ------Recette 1 ...... 34.07 65.93 - -- --

Recette II •••••••• 0.0 •••••••• 65 35 ------Recette III ...... 79.83, 20.17

Une durée de 4,0 jours représente. le délai nécessaire pour que les œufs apparaissent dans lés selles après la contamination ; 4° Les ouvriers de l'extérieur sont ,très peu parasités et doivent guérir spontanément, les conditions ambiantes étant in~ompati­ bles avec la survie des larves infe~tantes.

Le Dr GaripllY a fait ensuite une étude étiologique, héma­ tologique et clinique du parasitisme dans nos mines, qui bien qu'elle soi,t du plus grand intérêt, n'a pas à être résumée ici. De l'été 1938 à la fin de 1939, rien ne fut fait, et on peut admettre que lorsqu'en 1939, nous décidâmes d'entreprendre la lutte contre le parasite, la situation n'avait pu qu'empirer. Voici quelle était la situation à la fin de J'année 1940 d'uJ,le part, à la fin de l'année 1941, d'autre part; et le travail fait pendant cha­ cune de ces années. - -17 -

A. - ETAT DU PARASITISME FIN 1940.

Seuls les pourcentages sont à considérer, car le nombre des ouvriers ayant considérablement varié de 1938 à 1940, 'les chiffres en eux-mêmes perdent toute valeur réelle. Il faut cependant insis­ ter sur le fait que les dépaI'lts massifs d'ouvriers du Fond et les mutations massives vers les Services extérieurs dimi­ nuent bèaucoup les résultats apparents par rappo~t à l'effort fourni.. En effet, de nombreux ouvriers soumis à l'analyse ou traités ont quitté le Service du Fond dans le courant de l'année 1940 et, par suite, ne figurent plus sur nos fiches et n'entrent pas dans les statis­ tiques fournies plus bas. Fin 1940, le Service du Fond comportait encore 1.304 ouvriers; sur ceux-ci 1.080 faisaient l'objet d'une fiche, soit 100 % pour la Recette 1 et 70 % pour la Recette III, la Recette II ayant été aban­ donnée entre temps. Ces fiches les suivront jusquà leur départ de la mine et permettront de les retrouver chaque année pour prati­ quer les analyses de contrôle et les traitements s'il y a lieu. Au cours de l'année 1940, malgré les difficultés éprouvées dans la « mise en train », 1.241 analyses ont été pratiquées, et 202 ouvriers traités. Un mois après chaque traiJtement, une analyse de contrôle a été faite. Le tableau suivant donne le détail de ces opérations :

OUVRIERS DEVENUS --- Restrs Moyens Petits Négatifs gros porteurs porteurs porteul's Gros porteurs traités 54 ...... 36 0 18 0 Moyens porteurs ,trai- tés 107 ...... 95 O, 12 0 Petits porleurs trai- tés 108 ...... 103 0 5 0

Ainsi, on peut consta,ter que sur ces 269 ouvriers traités, 234, soit 87 %~ sont devenus négatifs. Aucun n'est resté gros ou moyen porteur, et 35, soit 13 % sont restés petits por!eurs. - 48 -

Si on compare enfin l'état du parasitisme dans la mine en 1938 avec ce qu'il était fin 1940, on aboutit aux résui,tats suivants

RECETTE 1

, Gros Années Sains % Petits Moyens porteurs % porteurs % porteurs % 1938 31.12 26.58 -- 33.77 8:93 1940 . 79 21 0 0 1 1

RECETTE III

1 Petits Moyens Gros Années Sains % 01 porteurs 10 porteurs % pOI'teurs % --- - 19:i8 59.48 25.65 13.66 1.2 1940 77 23 0 0 .. 1

Ainsi, il n'y avait plus de gros porteurs à b mine. Seuls persistaient des petits porteurs (33.3 %) pour lesquels, il faut hien le préciser, le pouvoir de contamination, est pratiquement nul. Ces résultats, 'qui apparaissent comme des plus intéressants, ont tous été obtenus par un ,traitement uniforme, s'étendant sur une semaine : lundi : entrée de l'ouvrier parasité ; mardi : examen sommaire; mercredi, jeudi, vendredi : absorption du médicament; samedi : sortie de l'indigène déparasité. Tous ces ouvriers ont été soignés au didakène ou tétrachloré­ thylène, à 'l'exclusion de tout autre produit : thymol, tétrachlorur~ de carbone, essence de chénopodium, etc..., dont l'efficacité ne nous a pas paru comparable à celle du didakène. Cependant, 6 d'entre eux n'ont pas été déparasités en un seul traitement ; les analyses de contrôle ayant. décelé la persis,tanc du parasite, un deuxième îraitement a été nécessaire pour les blanchir complètement. Pendant l'hospitalisation et le ,traitement, les selles ont été recueillies chaque jour et analysées afin d'y rechercher les parasites expulsés ;. au total, les ouvriers traités ont expulsé 2.516 parasiltes, soit une moyenne de 12.5 par..sujet traité, avec des maxima de î06 parasitès. - 49 -

B. - ETAT DU PARASITISME FIN 1941

A la fin de 1941, le personnel du Fond a encore diminué : 570 ouvriers consltituent tout le personnel indigène de celte catégorie, chaque homme fait l'objet d'une fiche conslpmment tenue à jour. Au cours de l'année qui s'est terminée : 866 analyses ont été pratiquées; 135 ouvriers traités. Déjà à la fin de 1940, tous les gros el moyens porteurs avaient disparu; seuls restaient 235 petits porteurs, mais, sm' ces derniers, 100 présentaient moins de ] 0 œufs et n'ont pas été traités (88 moins de 5 œufs, 12 entre 5 et ]0 œufs), 74 l'ont été, et, de ceux-ci, 65, soit 87,8 %, sont devenus nt'gatifs, et !-J, soit ]2,2 %, sont restés petits porteurs ; les autres enfin, soit 61 ouvriers, ont quitté la mine au cours de l'année. Nous aHirerons particulièrement l'altention sur ce groupe de 100 très petits porteurs, compris entre 0 et ] O. Le fai t qu'un parasi­ ,tisme aussi léger ne présente aucun d'anger, ni pour les parasités, ni pour leurs camarades, e,t la difficulté d'approvisionnement en didakène ou thymol, nOlis ont incilé à ne pas les soigner, réservant nos ef1'orts à des porteurs plus importants, avec la pensée que toule contamination cessant dans la mine, ces ouvriers se débarrasseraient spontanément de leurs parasites en deux ou trois ans. Le seul inconvénient est que cet~e masse de 100 très peUts porteurs fausse nos pourcentages et diminue l'apparence de l'etrort fourni.

A la Recette 1, SUI' 308 ouvriers, 67 sont eneore porteurs (21,7 %). A la Recetle Ill, sur 2{)2 ouvriers, 42 sont cncore porteurs (16,1 %). Les tableaux suivants permettent la comparaison avec les années précédentes :

RECETTE 1

Moyens Gros Années Sains Petits % porteurs % porteurs % porteurs % ------1938 31.12 26.58 33.77 8.93 1940 79 21 0 0 19H 78.3 ~! 1. 7 0 0

~-----_._-

4 RECETTE III

PeLils 1 Moyens 1 Gros Années Sains % pol'tenrs % I~~'% porteurs % 1 i 1938 59.48. :25.(j5 1:3.66 1.2 1 1940 77 23 0 0 1 1941 83.9 !6.! 0 0 1 1 1

Ainsi, entre les deux Recettes, on constate en tout 109 porteurs, mais il convient de rappeler ce que nous exposions plus haut, à savoir que sur ces 109 porlteurs, 100 présentent moins de 10 œufs et sont donc des porteurs sains ne présentant aucun danger, ni pour eux, ni pour le personnel de la mine. On peut conclure que l'ankylostomiase-maladie a été complètement éliminée de nos galeries, et que seuls persistent des peltits porteurs sans risque de contamination pour leurs camarades, et qui élimineront spontané­ ment leurs parasites en deux ou trois ans, durée de vie normale de l'ankylostome. POUVOIR DE CONTAMINATION

?n 1938, les analyses, faites à l'Institut d'Hygiène, des selles des ouvriers embauchés depuis plus de 40 jours et moins de"lJ mois, permettaient de conclure que le pouvoir de contamination de la mine était, à ceMe époque, représenté par le tableau suivant

Mineurs embauchés depuis moins de 6 mois et plus Sains % Cont.aminés % de 40 jours

Recette 1••••..•.....•... ,, 34.07 65.93 1------1------1------Recette Ill . 79.83 20.17 ------_._._~------En 1940, nous avons examiné systématiquement tons les indigènes trouvés négatifs à celite première analyse. A la Recette l, sur 153 ouvriers trouvés négatifs en 1938, II 0 l'étaient restés, soilt 71,8 %, et 43 étaient devenus portcl1rs, soif 28 %' A la Recette III, sur 173 ouvriers trouvés négatifs en 1938, 134, soit 77,4 %, l'étaient restés, et 4,1, soit 23 %, étaient devenus porteurs. - 51 -

Les tableaux suivants permettent de comparer les résultats obtenus.

Pourcentage de contamination Recette 1938 1940

1...... 65.93 % 28.1 %

1---11 1...... 20.17 % 230/0

Le pouvoir de contamination avait donc considérablement diminué, puisqu'il était passé de 65,93 % à 28,1 % pour la Recette l, elt de 20,17 % à 23 % pour la Recette III. Cette diminution était beaucoup plus sensible que les chiffres ne semblaient l'indiquer, car il faut remarquer que les chifl'res fournis par l'Institut d'Hygiène concernent une période de six mois, tandis que les nMres portant sur une période de 2 ans devraient normalement être divisés par 4, ce qui donne le tableau suivant:

Pourcentage de contamination Recettes Année Période de 6 mois 1938 1 1940

1 . 65.93 % 7% 111.····=1 20.17 0/0 5.75 % A quoi tenait cette diminution du pouvoir de contamination de la mine? A la disparition de gros porteurs ? pantiellement peut-être, malgré que l'effet de la sliérilisation de ces derniers n'ait pas encore eu le temps de se faire sentir. Nous pensons plutôt que ces résuLtats sont dûs aux mesures prises dans la mine par le Service du Fond. A la Recebte l, 17 fosses ont été creusées et mises à la disposi­ tion du personnel ; 10 ont été abandonnées depuis avec les précautions nécessaires pour en supprimer tout dangel:. A la Recette III, 22 fosses ont été mises en service, sur lesquelles 10 ont été abandonnées dans les mêmes conditions qu'à la Recette I. Il faut cependant remarquer que le pouvoir de contamination a diminué de façon bien plus importante à la Recette 1 qu'à la - 52 -

ReceHe III. A quoi tient cette différence ? Peut-être à ce que notre effort a porté surtout sur la première, la plus contaminée primitive­ ment. Il est possible aussi que le's mouvements importants de la Recette III sur la ReceHe 1 modifient partiellement les résultats réels. Quoi qu'il en soit, aussi bien pour l'une que l'auire Recette, les résultats obtenus sont très encourageants. On examinera maintenant comment a varié ce même pouvoir de contamination au cours de l'année 1941. A la Recelite l, sur 190 ouvriers négatifs en 1940,36 sont devenus porteurs, soit 18,9 %. A la Recette III, sur 124 ouvriers sains en 1940, 9 sont devenus porteurs, soit 7,2 %. Le tableau suivant perme1t de comparer avec les années précédentes

Pouvoir de contamination pour Années une periode de 6 mois Recette 1 Recette 111

1938 65.93 % 20.17 % 1940 7 % 5.75 % 1941 9.9 % 3.6 %

Ainsi, alors qu'à la Recette III, le pouvoir de contamination a normalement diminué (3,6 % au lieu de 5,75 CI;), il semble avoir légèrement augmenté à la ReceHe 1 (9,9 % au lieu de 7 %). Devant ce résultat paradoxal, deux explications peuvent être admises : d'une part, lorsqu'il s'agit de porteurs de moins de 5 œufs, les analyses ne sont pas toujours rigoureusement exactes ; il est pos'Sible que quelques ouvriers por,teurs de 2 à 5 œufs par cmc. de selles aient été déclarés négatifs en 1940 et très petits porteurs en 1941, faussant ainsi les résulltats. D'autre part, Garin admet que la larve strongyloïde enkystée à forme infestante de l'ankylostome peut vivre des mois e,t nlême des années dans des conditions de chaleur et d'humidité lui convenant. Or, ces conditions sont réalisées à la ReceHe l, e~ on peut considérer que, bien que l'apport d'œufs ait pratiquement cessé dans cette Recette, le pouvoir de contamination de la mine ne diminuera que très lentement, par la disparition spontanée de ces larves. A la Hecelite Ill, aU contraire, les larves ne rencontrent qu'un milieu assez peu favorable à leur développement et à leur résistance (humidité bien inférieure à celle de la Recette l, aération baucoup plus facile). Il est normal que dans cette Recette le pouvoir de contamination de la mine diminue parallèlement à l'apport des œufs, les larves ne pouvant pas persister très longtemps. En conclusion, nous pouvons affirmer qu'à la fin de cette deuxième année de lutte, l'ankylostomiase-maladie a complètement disparu ; seuls persistent 109 petits porteurs ; ,tous ont moins de 10 œufs par cmc. de selles, et sont par conséquent des porteurs sains. Ces porteurs, dont le parasitisme est sans danger, ne seront pas traités et guériront spontanément par absence de contaminations nouvelles. Bien entendu, la lutte ne cessera pas pour cela ; des analyses 'seront pratiquées sans répit; tous les ouvriers seront sur­ veillés et Itraitéssi le nombre d'œufs dans les selles semble augmenter traduisant un parasitisme susceptible de menacer leur santé ou de modifier le pouvoir de contamination de la mine. Epizootie murine à « Salmonella »

par H. FLYE SAINTE-MARIE et G. COUZI

L'examen systémalique de rats en vue du dépistage de la peste murine a permis de déceler à Fès une épizootie diserète mais tenace pendant les premiers mois de 1941. En vue de dépister plus facilement une infestation éventuelle des murins par le Bacille de Yersin, M. le Dr Laban, Directeur du Bureau d'Hygiène de Fès, a bien voulu prescrire aux équipes municipales de dératisa,tion le ramassage de cadavres de rats parallèlement à la capture d'animaux vivants. L'examen de quelques dizaines de cadavres a montré que les rats crevaient dans certains quartiers de la ville non de peste mais d'une afl'eotion caractérisée essentiellement par : La présence de foyers hémorragiques el de plaques de nécrose au niveau de l'estomac elt de l'intestin grêle, lésions d'autant plus apparentes que ces organes sont météorisés.

La turgescence des poumons SOllS la poussée d'un oedème visqueux d'une fluidité comparable à celle de la gélatine en voie de liquéfaction. La présence dans le sang d'un bacille répondant aux caraotères ci-après:

Morphologie. - Bacille à Gram négatif, du type Coli, cilié non sporulé.

Mobilité. - Extrêmement mobile.

Caractères culturaux. - Cultures abondantes e,t rapides, inodores. Bouillon. - Trouble avec ondes moirées, ébauche de collerette en surface. Dépôt dans les cultures de plus de 48 heures. Eau peptonée. - Idem; pas de production d'indol. Gélose. - Culture coliforme. Gélatine. - Pas de liquéfaction. r;i'10~f' dr Veillon. ~ lkve10l'l'ement en profondeur ::m~~i hien qu'en surface ; dissociation du bloc par gaz à tous les étages. Pomme de terre. - Crème blanchâtre. Propriétés biochimiques Milieux sucrés : Lactose: non acidifi(~. Glucose; acidifié. ~Ia\ltose : caméléoné. Levulose : caméléoné. Saccharose : non acidifié. Mannite : acidifiée. Glycérine: acidifiée. Dulcite : acidifiée. Lait. lournesoli~ : non coagulé, teinte lilas, bleu en surface. ~Iilieu au sous-acétate de plomb : noirci. Tube B glucosé Héduction par.tielle ùu rouge neutre. Production de gaz 0/4 de la cloche).

De tels caractères sonl. cellx du groupe (i Salmonella ». Le comportement de ce bacille vis-à-vis des sérums agglutinants est représenté par le tahleau ci-après :

Taux d'agglutination Sérum-Anti 1/250 1/500 1/1000 112000

Para B...... 0 0 0 0

Gartner...... + + + + ---- Acrlryck ...... + 0 0 0

CONCLLSION. - Salmonella du type Garlner.

Le rôle spécifique de cetle salmonelle (! ans l'épizootie murine de Fès est mis en évidence par l'étude de SOIl pouvoir pathogène. L'inoculation d'une émulsion de ce hacille par voie sous-cutanée au rat blanc, provoque des lésions semblables à celles de l'infection spontanée des rats gris. L'évolution se fait en 5 à 15 jours. Les lésions pulmonaires sont eependant moins marquées, en ce sens que la turgescence est moindre et l'oedème gélatineux moins abondant. Par contre, au niveau de l'intestin, le rat blanc présente, en outre, du météorisme et des sutrusions hémorragiques notés SUI' le cadavre du rat gris, des pla'ques d'aspect feuille morte laissant sourdre à la COUpe un liquide gluant semhlahle à celni (le )'oe(h\me pulmonaire. 67

LE' s:lng rE'C1H'illi P:H ponction dn ('Œllr d01111r lirll en cuHurr au développement de ln salmonelle inoculée. Le rat gris est également réceptif, mais l'évolution de la maladie es,t très longue, de J'ordre de un mois et demi à deux mois; d'assez nombreux individus se révèlent réfractaires. Le cobaye ne fai,t pas une infection mortelle mais simplement un abcès volumineux au point d'inoculation, abcès qui se résorbe en quelques jours ou bien qui se fistulise et guérit rapidement. Le lapin est lui aussi réfractaire à des doses relativement élevées de ce virus, môme si J'injection en est faite par voie·veineuse. La souris grise inoculée par voie sous-cutanée succombe en 12 à 24 heures. L'étude anwtomo-pathologique des viscères muntre chez le rat blanc: - Un état granuleux des cellules hépatiques avec congestion vasculaire (hépatite infectieuse granulo-graisseuse) ; De la congestion splénique. aboutissant parfois à l'infarctus ; Une dégénérescence granuleuse très nCitte au niveau des tubes contournés du rein avec exsudat à l'intérieur des tubes. droits ; Des nodules broncho-pneumoniques. Ces lésions sont manifestement le fait de la toxine, car : Nulle part, hormis dans J'intestin, on ne retrouve la salmonelle en grande abondance : dans le foie, la rate, l'exsudait pulmonaire, l'examen microscopique montre tout au plus un bacille par champ; L'injection de filtrats de culture (exotoxine) ou mieux de cu],tures vieillies et stérilisées à 60" provoque en quelques heures la mort de l'animal et l'examen histologique traduit : A u niveau des poumons : de la congestion vasculaire, un exsudat oedémateux à l'intérieur des alvéoles avec desquamaition des cellules endothéliales, des manchons inflammatoires à lymphocytes autour des vaisseaux et de quelques bronches ; Dans le J'oie : des images de nécrose brutale et massive avec ey,tolyse presque complète des éléments nobles ; Dans les surrénales : des lésions de nécrose marquée intéres­ sant surtout la zone corticale ; Dans la rà/,e : d'énormes lésions congestives, une dilatation considérable des vaisseaux aboutissant par endroits à de véritables infarctus; - 58 -

Dans les reins : des lésions dégénératives de l'épithélium des tubuli contorti. Chez la souris, au contraire, l'affection, qui évolue très rapide­ ment, donne au microscope des images de septicémie plutôt que de taxi-infection; dans la rate nOltamment les bacilles pullulent.

*** L'identité de ce bacille et le ,type des lésions qu'il provoque dans l'infecltion spontanée ou provoquée du rat et de la souris le rapprochent des bacilles typhi-murium décrits par Laffler, Danysz, etc.... Comment interpréter l'épizootie actuelle de Fès? S'agit-il d'une séleCAtion naturelle par les murins d'une salmonelle « de la rue )), ou d'une queue d'épidémie provoquée par l'absorption ancienne d'appâts contaminés de virus de Danysz ? L'épizootie règne depuis longtemps : le D Laban avait déjà remarqué que les rats mouraient dans les nasses si on n'avait pas soin de les relever au jour le jour. Des essais de diffusion de ce virus dans la ville de Fès n'ont pas sensiblement modifié le cours de l'épizootie. L'hypervirulence du bacille obtenue par passages successifs sur des souris s'est montrée éphémère; peut-être en terrain neuf les résultats eûssel1lt­ ils été plus encourageants. Cette expérience consacre la faillite de la dératisation par les bacilles du groupe typhi-murium; si le virus frappe durement la gent murine lors de la première rencontre, il se trouve toujours quelques individus réfractaires qui survivent et font survivre la souche. Cette souche perd de sa virulence ; elle deviel1lt plus immunisante que meurtrière. A l'épidémie (qui a pu faire une hécatombe et qui aurait pu être heureusement complétée par telle autre méthode de dératisation) succède une endémie dont les effets ne sauraient compenser le potentiel prolifique des rats. Immunothérapie de la Vàriole (1) par G. COUZI et J. P. KIRCHER

Il (Louis XV) met quelques jours, ce prince de la séduction, à devenir le cadavre noir, dont l'horrible odeur de pourriture a traversé les siècles pOUl' arriver, tenace, jusqu'à nous. « Mu?"ie Antoinette» par René Benjamin.

Depuis l'an 582, où Saint Martin soignai,t miraculeusement Grégoire de Tours et son clerc Armentarius, la thérapeutique de la variole a fait appel à de multiples médicaments. Le plus communé­ ment utilisé en dernier lieu, le xylol, n'a pas donné entière satisfac­ tion; témoins en sont les travaux assez nombreux cherchant à mettre au point une thérapeu,tique spécifiqne : l'immunothérapie antivariolique. Auché, en 1893, à Bordeaux, essaya l'action du sérum de convalescents de variole sur deux malades, puis Landmann, en 1894, en Allemagne, fit le même essai sur un seul sujet ; les conclusions de ces deux auteurs ne furent pas favorables. Courmont et Montagnard, en 1900, utilisèrent le sérum de génisse variolisée, sans qu'une conclusion pratique ait pu être tirée de leurs travaux. Les essais concernant ce sérum par,ticulier ne semblent pas avoir été repris depuis. Travaillant sur le sérum humain, Gastinel démontra en 1912 l'existence des propriétés antivirulentes du sérum de convalescents, en modifiant par l'injec.tion de ce sérum l'éruption vaccinale du lapin; par ailleurs Tessier, Marie et Gastinel guérirent par cette thérapeutique huit cas sur treize de variole grave. En conclusion, Teissier écrivai,t à Ce moment : « Il résulte de ces tentatives peu nombreuses que le sérum de varioleux guéri, employé à temps, exerce une action favorable dans des cas que l'on pouvait considérer jusqu'ici comme fatalement 111ortels, et que même lorsqu'il est employé tardivement et que son

(1) Ce sujet a fait l'objet de la thèse soutenue par M. KIRCHER devant la Faculté d'Alger. 60 -

action ~u,. j'(··tat gl~Jll,,.;1I "l'~k 1I1l'diocl'c. il C:\(,I"CI:' ulle influcilce

indéniable sur l'évolution de l'élément éruptif n

Ullérieurement, ce même aU,teur ajouta: « Il reste que le sérum humain est d'obtention difficile, que la méthode que nous avons employée en 1912 est d'un emploi limité, fort délicate, qu'elle a exigé des précautions minutieuses. Il n'est pas impossible de la rendre plus pratique ». Au cours de l'épidémie de variole qui a sévi à Fès de mal a décembre 1941, les premiers cas admis à l'hôpital Cocard ont été traités au xylol : 3 décès, 7 guérisons, un service déjà tout imprégné de cette odeur des hospices du Moyen Age, voilà le bilan des quinze premiers jours de l'épidémie. Aussi avons-nous abandonné le xylol pour essayer comparativement divers médicaments synthétiques parmi lesquels les sulfamides et le sérum de convalescents. Notre opinion fut vite faite: 250 varioleu.x allaient se succéder en quelques mois, les uns bénins, d'autres (75 environ) graves, varioles intensé­ ment suppurées ou hémorragiques. Tous devaient évoluer favorable­ ment grâce àla sérothérapie ou à l'hémothérapie spécifique.

"'.*

Reprenant la méthode de Teissier et ~'1arie, et encouragés dès les premiers essais, nous nous sommes attachés à perfeotionner cette méthode et à la rendre simple et pratique.

Il nous a paru d'abord indispensable de déterminer le moment optimum de prélèvement du sérum au cours de la convalescence. Teissier et Marie préconisent l'emploi de sérum prélevé vers le 30 me jour de la maladie. La variole n'a pas une durée constante, et il va de soi qu'on ne saurait mettre sur un même pied au point de vue iml11.unologique deux malades qui au quinzième jour sont l'un à la phase suppurative, l'autre en l'ourS de drl'rusrtation. Il est plus judicieux de délinir le momen[ du prélèvement à partir de la fin de la dessiccalion e,t non il partir du début de la maladie. Nous avons· pratiqué deB saignt'es tous les cinq juurs sur divers varioleux et nous avons constitué une gamme de sl'rums (l'tiges différents, échelonnés sur les .trois septénaires faisant suite à la dessiccation. Ces sérums ont été utilisés pour des varioles de forme et d'intensité semblables. Les résultats comparatifs classent en ,tête les sérums correspondant - 61

aux dix premiers jours qui suivent la dessiccation ; par la suite, le sérum, bien que doué encore de propriétés spécifiques indéniables, est moi.ns adif. C'est donc précocement, dès la fin de la dessicca­ tion qu'il convient de pratiquer des saignées; un varioleux, surtout s'il a été lui-même soumis à la sérothérapie, suppor~e sans inconvé­ nients trois saignées de 100 cc., l'une à la fin de la dessiccation, les deux autres 5 et 10 jours après.. Nous nous sommes appliqués d'autre part à déterminer les quanti,tés optima de sérum de convalescent à injecter. Trois groupes de malades ont été traités simultanément avec des doses différentes de sérum de même âge : les varioleux de la première série ont reçu chacun 5 cc. de sérum par jour, ceux de la deuxième 10 à 20 cc., ceux de la troisième des doses beaucoup plus élevées, un centicube par kilog de poids et par jour. Les effets de la sérothérapie - effets que nous exposons plus loin - ont été plus marqués pour les malades des deux dernières séries, sans qu'une grande difTérence puisse être notée à l'avantage des doses très élevées. Par ailleurs, il nous a semblé qu'une dose d'attaque présentait quelque in~érêt, ces quanti­ tés plus fortes de sérum permettani une réaction immédia~e plus active de l'organisme, alors que les doses d'entretien pouvaient être plus faibles. Nous avons donc adopté la posologie suivante : Adultes: 20 cc. le premier jour, 10 cc. les jours suivants. Enfants : 10 cc. le premier jour, 5 cc. les jours suivants. Par contre, pour des atteintes particulièrement graves, évoluant chez des malades fatigués, à é.tat général déficient, il semble qu'il ~ ait avantage à utiliser des doses beaucoup plus fortes. Teissier et Marie, dans leurs travaux dont nous nous sommes inspirés pour la posologie, ont utilisé pour l'introduction de leur sérum la voie intra veineuse. Ce mode d'introduc~ion nous a paru impraticable dans la majorilté des cas pour des raisons techniques: intensité de l'oedème et densité de l'éruption nous ont fait, dans une nremière série de malades, préférer la voie intra musculaire. Nnus a,"ons donc pratiqué nos injections dans les muscles fessiers, mals ultérieurement, en raison de l'importance souvent considérable oe l"éruption à ce' niveau et du décubitus dorsal des vari9leux, nous avons adopté la voie sous-cutanée. l'iOUS lnJec:ons aonc le serum aans la région abdominale, et ceci en raison del"absence ou de la densité peu imporlante de t'éruption dans la portion inférieure de l'abdomen -- fait décrit sous le nom de « signe de Gasperini » par L'Abbate. 62 -

L'expérience nous. a prouvé qu'il y avait intérêt à poursuivre la sérothérapie jusqu'à la fin de la dessiccation; on évite ainsi les infections gangrèneuses des exih'énütés ; l'oedème des ,jambe:;; régresse complètement, la convalescence est plus franche. Il va de soi que la sérothérapie doit être instituée dès que le diagnoslic de variole est 'posé. En fin d'épidémie et sur quelques-uns de nos malades seule­ ment, nous avons utilisé l'immunothérapie sous forme de sang total. Notre but n'était pas de substituer à la sérothérapie une méthode meilleure, méthode qui nous avait donné entière satisfaction, mais de vérifier qu'il était possible d'obtenir des résultats iden~iques à moins de frais, la préparation du sérum exigeant du temps et du personnel de laboratoire spécialisé ; le sang total au contraire ne nécessite qu~ peu de manipulations, est utilisable de suite, et le clinieien ne fait plus appel au laboratoire que pour s'assurer de la non spécifieité du convaleseent. CeUe technique simple et rapide ­ partieulièrement adaptée aux contingenees du « bled» - se résume en une prise de sang au convalescent, efi'ectuée dans un récipient stérile contenant du citrate de soude. Le moment ophmum de prélè­ ment se place, comme pour le sérum, dans les dix Jours succédant à la dessiecation complète, et les doses de sang injectées sont identi­ ques à celles de sérum. Les injections au malade, par conftre, ne peuvent plus être faites sous-cutanées, mais doivent être pratiquées par voie intra-musculaire. Le traitement peut être efi'ectué avec du sang fraîchement prélevé, ou au contraire conservé à la glacière ; nous verrons ultérieurement que la durée de conservation ne peut pas excéder 15 jours.

***

On ne saurait mieux apprecler la valeur de l'immunothérapie dans la variole qu'en comparant les résultats de cette méthode avec ceux obtenus par l'emploi des méd-icaments synthétiques que nous avons utilisés au début de l'épidémie concurremment avec le sérum: Rubiazol, Dagénan, Septoplix, ct aussi avec les résultats obtenus par l'emploi du xylol. Nous comparerons donc ces résultats à divers points de vue qu'il nous a paru intéressant d'envisager au cours de l'évolution. - 63 -

Mortalité. - Au début de l'épidémie, nous avons utilisé le x.ylol; préconisé par Zuelzer en 1871, puis en 1905 par Belin, ce produi,t représente le traitement classique de la variole, et la statistique de ce dernier auteur indique, grâce à son application, une régression de la mor,talité de 31 à 12 %' Favorisant la dessiccation des éruptions bénignes, nous avons, par contre, trouvé ce procédé pelu efficace dans les cas graves, el nous avons déjà signalé, parmi nos dix premiers varioleux observés, les trois décès qui nous ont incités à rechercher une thérapeutique plus active. Par ailleurs, Hinojar et Corvacho ont signalé récemment les sucoès 'qu'ils ont obtenus à Saragoss'(~, au cours de l'épidémie comprenant 151 cas de variole, avec les colorants azoïques et le Prontosil, en particulier ; ces auteurs ont enregistré une mortalité de 5,9 %. Nous avons essayé le Hubiazol, mais devant l'incapacité de ce produit à s'opposer à l'évolution fatale des varioles graves, nous l'avons également abandonné ; nous avons en efret été plusieurs fois obligés, devant l'évolution alarmante et l'état typhique des malades ainsi traités, de modifier - avec succès d'ailleurs - la thérapeutique, et de remplacer le Rubiazol par l'immunothérapie. Grâce à cette méthode en effet, sur près de 250 cas observés, nous n'avons pas eu un seul décès: les formes graves hémorragiques et contIuentes, soit 75 cas environ, ont été soignées 'uniquement au sérum ou au sang; nous n'avons conservé la thérapeutique au xylol - la plus simple des méthodes non spécifi1ques - que }JOur traiter les atteintes bénignes.

Durée de la maladie. - La variole, sous l'effet du sérum ou du sang de convalescent, évolue plus rapidement qu'avec tout autre agent thérapeutique. Alors que la durée de la maladie ne semble pas modifiée par le xylol et les médicaments synthétiques, l'immuno. thérapie la raccourcit de façon souvent considérable : nous avons observé plusieurs cas où l'évolution entière - du rash à' la fin de la clessiccation - s'est faite en 7 jours. Alors que classiquement, la durée de la variole est de 15 à 20 jours, nous avons enregistré, pour 75 cas graves, une moyenne de 12 jours e,t demi.

ElJat général. - Déjà noté par Teissier, Marie ert Gastinel au sujet de la sérothérapie, l'amélioration de l'état général des malades figure parmi les avantages les plus évidents de l'immunothérapie. Les sujets ainsi traités sont moins prostrés, et nous avons souvent 64 -

remarqué des varioleux graves s'intéresser pendant toute la durée de leur afl'ection à leur état et à leur entourage. A moins d'avo'ir des pustules localisées aux voies digestives supérieures, les varioleux soumis à l'immunothérapie conservent leur appéti~. Cette constata­ tion clinique vient confirmer les résultats expérimqn~aux du Dr Hidetake Yaoi cités ultérieurement, notant en particulier, après ,traitement au Sl'l'Um, « le retour chez l'animal de la santé et de

l'appétit. » La variole est ainsi considérahlement modifiée el on ne peut plus la considérer comme une maladie sévère ; elle prend au contraire l'allure d'une afl'eetion cutanée rela,tivement bénigne. En revanehe, le xylol ou les médicaments synthétiques sont sans efl'e~ sur l'état général ; nous ne décrirons pas les condi.tions pénihles dans lqsquelles sont morts les trois varioleux du début, soignés de cette façon. Chez 1Iuelques malades graves, pour lesquels tin essai de traite­ ment au Ruhiazol avait été entrepris, nous avons dû, devant l'aggravation de l'éta: général, suspendre l'administration de ce médicament ; la sérothérapie, alors instituée, a transformé l'état de ces malades dès les premières injections. Gasperini et L'Abbate, dans leur Pltude sur « L'Ac~ion chimiothérapique des colorants azoïques dans les atl'ections varioliques », avaient d'ailleurs conclu que le colomnt en question n'exerce pas sur la variole la même action spécifique que dans les all'ections streptococciques.

Diurèse. - Les varioleux évoluant spontanément ou soumis à l'action du xylol ou des médicamen~s synthétiques ont, pendant toute la durée de la maladie, une diurèse diminuée : 500 à 1.500 cc. par 24 h~ures; les débits uréïque et chloruré sont également diminués. Avec l'immunothérapie, avec la .sérothérapie notamment, on voit la diurèse augmenter dans des proportions variant du simple au double ou au triple ; l'élimination de l'urée sub;t en valeur absolue des variations semblables, tout en ne paraissant exiger du rein qu'un faible travail de concentration ; l'élimination chlorée reste ralentie comme dans la plupart des maladies infectieuses : septicémies, typhoïde, pneumonie et surtout typhus exanthématique; nous avons nolé des chloruries abaisséesjusqu'à 0 g. 50 et même Og. 12 p. 1000. Dans les varioles ou l'immunothérapie a été, en pleine évolution, substituée aux synthétiques, l'excrétion urinaire s'est trouvée subite­ ment augmentée et, lorsqu'il s'agissait ùe traitement initial au Rubiazol, le colorant n'es~ apparu de façon nette dans les urines qu'après la première injection de sérum.

Pustulisation. - Les pustules de malades traités au xylÛ'1 ou au Rubiazol deviennent très grosses, s'élargissent par leur base en soulevant des porhons de peau saine ; les pustules de malades traités au sérum ou au sang prennent au contraire rapidement un aspect flétri, et surtout semblent comme étranglées par un collet à leur base ; de fait, les croùtes, dans ce dernier cas, ainsi que les cicatrices consécutives, sont de sur(nce nettement ~nfé~ieure à celle des croûtes et des cicatrices de malades traités par la chimio­ thérapie. Nous avons observé plusieurs fois chez des malades soignés par l"immunothérapie la transformation de l'érup.tion hémorragique violacée avec sufIusions sanguines en éruption banale avec pustules de coloration ordinaire, fait que nous n'avons jamais observé chez des malades traités par la chimiothérapie. Enfin nous avons noté fréquemment l'absence presque complète, ou complète, du stade de pustulisation. On a, en somme, l'impression que l'immunothérapie supprime dans certains cas ce ,dernier stade. Noms :retrouvons :ainsi les constatations.. expérimentales faites sur h~1 singe par le Dooteur Yaoi et publiées par lui en .1935 dans le « Journal japonais de médecine expérimentale n. Cet auteur a utilisé du sérum de chèvre inoculée avec des doses répétées de virus de vaccine purifiée, et obtenu ainsi ce qu'il nomme « l'antisérum l). Il dit textuellement: « Si au siinge infecjté l'on injecte ranti'sérum au momlent du développement des papules ou des vésicules, ces éruptions sont assez modifiées pour ne jamais atteindre le stade de pustule. La dessiccation et la chute des croûtes commence et se termintli rapidement. On note aussi la rapide disparition des symptômes de l'affection ; la guérison et le retour chez l'anhllal de la santé et de l'appétit ».

SuppurafJion. - Si la pustulisation, bien que modifiée, ne fait pas ,toujours défaut, du moins l'extériorisation du pus par rupture mécanique des pustule,s, la « suppuration » n'apparaît à aucun moment chez les malades soumis à l'immunothérapie. Alors- qu'au début de l'épidémie les malades graves traiU's au xylol baignaient dans le pus, il n'a pas été nécessaire de changer la literie de ceux

5 - 66 - soumis à l'immunothérapie, pendant toute la durée de leur afTection, sans pour cela contrevenir aux règles de la plus élémentaire propreté hospitalière. L'infirmier comme le malade ,trouve là une satisfaction immédiate sur laquelle il n'est pas besoin d'insister.

Odeur. - Parallèlement à l'absence de suppuration, l'odeur si repoussante de la variole disparaît complètement avec l'immuno­ thérapie, alors qu'elle persis~e avec le traitement au xylol ou aux médicaments synth~tjques.

Résultats esthétiques. - Comme on l'a vu précédemment, la surface des croûtes et des cicatrices restantes est nettement plus réduite chez les malades soumis à l'immunothérapie que chez ceux traités par le xylol ou les médicaments synthétiques. Par ailleurs, le résultat esthétique ultérieur est en rapport avec la profondeur de l'atteinte cutanée, atteinte surtout intense au moment de la pustulisatio\n. On sai t, depu:s les des~l'iptions histologiques de Renaut, Leloir et Vnna, que si à Ce moment la maladie touche fortement le derme avec destruction de son tissu fibreux, il restera une cicatrice caractéristique, enfoncée, indélébile. Or nous savons que celte phase de pustulisation est souvent très légère et parfois même inexistante chez les malades soumis à l'immunothérapie. II serait donc logique d'escompter que le résultat esthétique. soit parfail ; s'il n'en est pas toujours ainsi, ce résultat est néanmoins souvent remarquable, et nous avons revu des cas de vari'Jle grave où, quelque temps après la guérison, il ne resltait absolument aucune trace de la maladie, et où il ellt été impossible de faire un diagnostic rétrospectif. On ne saurait, d'après ces brèves déduetions, mettre en parallèle l'action de la thérapeutique spécifique avec celle des produits chimiques, des synthétiques en particulier ; le xylol favorise la dessiccation ; les synthétiques également dans une certaine mesure, et ce sont des auxiliaires 'précieux dans les complications suppurées. L'administration de ces produits est facile ; ils sont la panacée des formes bénignes. Mais dès que la variole revêt une cedaine gravité, que le varioleux, par ses suppurations et son odeur, occupe plus que sa place dans une salle commune, il faut recourir à l'immunothérapie. La méthode est à la portée de toute formation hospitalière, même ne disposant pas d'un laboratoire. li< ** Le sérum eSlt prélevé dans les dix jours qui suivent la dessica­ tion, chez des sujets cliniquement et sérologiquement sains, qu'ils aient été ou non soumis à l'immunothérapie. Trois saignées sont pratiquées de 5 en 5 jours suivant les conditions habitnelles d'asep­ sie. Le sang eSrt abandonné à la température du laboratoire; après coagulation le sérum l'Si décanté et réparti en ampoules. Ce sérum doit être rigoureusement aseptique. Diverses mé­ thodes ont été préconisées et sont actuellement employées pour assurer cette asepsie des sérums thérapfiuLiques: filtrage sur bougie, ,tyndallisation à 50", addition d'antiseptiques divers (acide phénique, tricrésol, formol, quinosoJ, chloroforme, etc.). Nous préférons ajouter, non au sérum, mais au sang, dès la ponction, un antiseptique non hémolytique. Nous avons d'abord essayé l'urotropine ; même en solution ·fraîchement préparée e.t à des taux de 5 %, nous avons eu des résuHats inconsltants. Awc la Septicémine au contraire, et à un taux de 3 % seulement. nous n'avons pas eu de déboires. C'est donc dans des ballons contenant 3 cc. de solution commerciale de Septicémine que nous recueillons 100 cc. de sang de convalescent. La décantation se fait en 18 à 24 heures à la température ordinaire. Avant l'utilisation, tout 10L de sérum doit être éprouvé baclério­ logiquement. Le sérum ainsi préparé est, en raison du faible taux de Septicémine, bien toléré par voie sous-cutanée. L'expérience nous a prouvé que son ellïcacité n'était nullement modifiée par l'adjonction de cet antiseptique. La durée de conservalion du sérum à l'abri de la chaleur el de la lumière est, à n'en pas douter, très longue. Aucun accident infeelieux n'a été relevé après 600 injections. Il n'y a pas lieu cIe redouter d'acc.idenl sérique, même bénin, puis­ qu'il s'agit de sérum de provenance humaine. Le sérum est administré aux adultes à raison de 20 cc. le premier jour, 10 cc. les jours suivants, aux enfants à des doses moitié moindres, par voie sous-cutaùée abdominale ; cette théra­ peutique est poursuivie jüsqu'à la fin de la dessiccation. II est bon d'y adjoindre dans les formes graves l'adminislration quotidienne d'huile camphrée spartéinée ou caféïnée. Dans les cas de ,complications septiques, qui peuvent se produire le plus souvent en fin de dessiccation, on peut u~iliser avec profit les sulfamidés qui, pour le traitement de la variole elle-mêillc, S011t d'une utilité discutable. -- Gf' --

Le prélèvement de sang de convalescent est également praHqué dans les dix jours qui suivent la dessiccation. Nous avons toujours utilisé le sang citra,té en vue d'en faciliter la résorption et surtout de pouvoir en faire la conservation en glacière ; cette conservation ne saurait dépasser 15 jours, suivant les données de Jeanneney, Servantie et Julien-Vieroz. Le sang est citraté dès la ponction, suivant le taux adopté pour les transfusions de sang ordinaire, soit 5 cc. de solution fraîche de citrate de soude à 10 % pour 100 cc. de sang. Le sang peut être utilisé soit immédiatement, soit après conservation en glacière; dans ce dernier cas, il convielllt de faire tiédir le récipient et d'agiter pour réduire la sédimentation des globul-qs. Etant donné qu'il n'y a pas de manipulations comme pour le sérum, les risques de souillure sont moindres et nous n'avons pas jugé utile d'ajouter au sang un antiseptique. Le sang est injecté aux 'mêmes doses que le sérum, mais par voie intramusculaire. La question des groupes sanguins n'entre pas en ligne de compte. Note sur l'emploi de l'arsénite de calcium comme poudre larvicide .dans la lutte antipaludique

par A. MESSERLIN

La lutte antilarvaire au Maroc a été mise au point et organisée par le Service Antipaludique dans le but :

1 0 D'éliminer, par une action permanente, le danger anophélien pour les populations des villes et des grandes centres ruraux.

2 0 De réduire, par une action temporaire, la densité anonphélienne dans certaines zones rurales, particulièrement menacées par suite du taux exceptionnel de la pluviométrie. Le Service Antipaludique a été ainsi amepé à organiser, d'une part, autour des agglomérations urbaines et des centres ruraux, des secteurs permanents de lutte antilarvaire, elt, d'autre part, des groupes antilarvaires mobiles permettant de neutraliser, en cas de nécessité, d'importmües surfaces de gîtes à anophèles, et de parer ainsi, dans la mesure du possible, à une invasion massive et exceptionnelle d'anophèles. Pour mener à bien cette lutte antilarvaire, il é,tait indispensable de disposer de quantités importantes de produits antilarvaires pour la neutralisation des gîtes qui ne pouvaient être supprimés par des travaux d'assainissement. Ainsi, suivant les circonstances épidémiologiques, 100.000 à 200.000 litres de mazout « antimalariol», et 1.000 à 2.000 kgs. de Vert de Paris pur ont été utilisés annuel­ lement. Ces deux produi,ts constituaient les moyens de base de notre lutte antilarvaire. Les produits dérivés des naphtes ont, en efl"elt, à !l'ur avantage, leurs propriétés toxiques sur tous les stades aquatiques de tous les moustiques, leur grande facilité d'épandage et leur innocuité presque totale pour le bétail. Ils ont été essentiellement employés dans les secteurs urbains, au voisinage des habitations. Le Vert de Paris s'impose, par son prix de revient peu élevé qui en permet l'emploi sur une très grande échelle ; à - 70 -

condition d'être manié par un personnel spécialisé, il peut remplacer les pétroles et les mazouts dans la lutte contre les larves d'anophèles et certains pays en ont fait leur unique larvicide ; il présente, par contre, l'inconvénient de n'Nre efficace que sur les larves d'anophèles d'une certaine ,taille et de présenter une certaine toxicité pour l'homme et surtout pour le bétail; son emploi demande, de ce failt, à être entouré de certaines précautions. Or, dans les circonslances économiques actuelles,l'importation de dérivés des naphtes est devenue impossible et la fabrication du Vert de Paris a été suspendue en France par manque de cuivre. Nous nous trouvions donc, au début de 1941, dans l'obligation ou de trouver un produi,t antilarvaire de substitution, ou d'abandonner toute possibilité de lutle antilarvaire. Cette dernière éventualUé risquait de laisser s'ins,taller dans les villes, à la faveur d'une épidémie, comme en 1928-29, un paludisme dont l'éradication aurait très fortement entamé les réserves de quinine, qui, par ailleurs, ne pouvaitmt plus être recollsUtuées. Dans ces conditions, il nous a semblé de première nécesl'ité de rechercher des produi,ts de remplacement. Un tel produit, pour pouvoir être retenu, devait être :

1 0 D'un prix de revient abordable 2° D'une fabrication possible dans les circonstances présentes 3 0 Disponible en quantités suflïsantes. Partant du fait qu'un Vert de Paris de bonne qualité doit contenir environ 50 % d'acide arsénieux, nous avons pensé remplacer ce sel de cuivre par un autre plus facilement disponible .aetuellement. Nous nous sommes adressés, en premier lieu, à des composés arsénieux que le marché marocain pouvait fournir en quantité voulue ; nous avons été amenés par la suite à utiliser des substances dont la fabrication restait possible dans la Métropole. Parallèlement, d'autres produits, liquides ou en poudre, ont été essayés. Seules, des poudres arsénicales ont montré une certaine toxicité sur les larves d'anophèles, variable suivant la nature des sels employés, mais assez constante pour que les expériences puissent être continuées. Nous donnons dans celte note, les résultats de nos essais sur les poudres arsénicales suivantes

1 0 L'érythrine ou arséniate de cobalt, minerai marocain d'une belle couleur rose, qu'il est nécessaire de réduire en poudre au 71

mortier pour le rendre utilisable son prix de revient est très élevé;

2" L'arséniate de plomb, produit commercialisé, employé dans la lutte contre les parasites des végétaux, d'une couleur grise, d'une consistance finement pulvérulente ;

3" L'arsénirte de calcium. - Au moment de nos premiers essais, nous n'avons pas pu en trouver dans le commerce, mais une petite quantité de ce sel a été fabriquée par le laboratoire de Chimie de l'Institut d'Hygiène du Maroc. Par la suite, une usine en France, spécialisée dans l'industrie des composés arsénicaux, a mis en fabrication ce produit sur notre demande. L'arsénite de calcium offre l'aspect d'une poudre, de couleur légèrement grisâtre. Les premiers échantillons que nous avons reçus contenaient 43 % d'acide arsénieux, mais ne préscntaient pas une égalité sufl'isante dans la grosseur des grains ; à l'heure actuelle, la fabrication semble au point. L'arsénite de calcium a déjà été essayé, COllllue poudre larvicide, par E. Roubaud (1) qui lui a trouvé une toxicité comparable à celle du Ver.t de Paris, du Vert de Schweinfürth, de l'orpiment. Dans nos expériences, nous avons comparé la toxicité de ces poudres sur les larves d'anophèles, avec celle d'un Vert· de Paris (acéto-arsénite de cuivre), employé jusqu'à mainlenant avec des résultats constants. Nous avons, dans ,tous nos essais, procédé d'une façon identique en mélangeant la poudre toxique à une poudre inerte; seul le taux de la dilution a varié selon les cas e,t le mode d'épandange. Nous avons employé comme poudre inerte ia poudre de talc dans les expériences faites au laboratoire, la farine de mar­ bre dans les expériences faites sur le terrain. Les expériences au laboratoire ont constitué un travail préli­ minaire ayant pour but la détermination du degré de toxicité des différentes poudres que nous pouvions avoir à notre disposition. Les expériences effec.tuées sur le terrain devaient, dans notre esprit, contrôler les résultats ainsi obtenus.

(1) L'emploi des poudres larvIcides légères dans ia lutte èontre les moustiques. (Bull. Soc. Path. Exotique, T. XIX N° 4, 14 avril 192'6, pp. 227 à 302). - 72 -

1. - EXPERIENCES DE LABORATOIRE

(A) Protocole des expériences Nous nous sommes servis de grands cristallisoirs, d'une super­ ficie de 700 cm2, et d'une contenance de 3 litres d'eau. Dans chacun des récipients, une dizaine de larves d'anophèles du 3ème e,t du 4ème stade ont été déposées. Les poudres toxiques ont été mélangées à du talc dans la proportion de 2ro e.t le mélange épandu à l'aide d'un petit flacon poudreur.

(B) Première série d'expériences Les produits essayés ont été épandus à des doses sensiblement doubles de celles employées en général pour le Vert de Paris. Un mélange contenant au total Ogr,014 de poudre pure a été épandu sur les 700 cm2 de surface des cristallisoirs (soit 2 grs de poudre pure pour 10 m2). La morta.lité moyenne des larves, au cours de deux. expériences, a été la suivante:

Après Après Après Après Cristallisoil' ~mployée 12 h. 24 h. 41) h. 72 h. Poudre ------1------% % % %

N° l...... 100 Il )) Il Vert de Paris. N" 2 ...... 52 72 80 100 Arséniate de cobalt. N° 3...... 0 20 20 40 (2) Arséniate de plomb. ~""'''Î 85 100 » » Arsénite de calcium. N·N° û •...... 0 0 0 0(2) Témoin.

(C) Deuxième série d'expériences Les épandages ont élé faits avec une quantité de poudres deux fois moins forte que dans les essais précédents. Un mélange conte­ nant au total 0 gr. 007 de poudre pure a été épandu sur les 700 cm2 de surface (soit 19r de poudre pure pour 10m2, quantité générale­ ment admise pour l'épandage du Vert de Paris). La mortalité moyenne des larves est indiquée ci-dessous:

(2) Apparition de nymphes. - 7:1

Apl'ès Après Après Après CI'istallisoir 12 h. 24 h. 48 h. Poudre employée 1 72 h. -----~ % % 0/0 % N° 1...... 77 100 » » Vert de Paris. N° 2 .... , ... 20 50 55 65 Arséniate de cobalt. N' 3 ...... :. 0 0 0 20 (2) Arséniate de plomb. ~":' 66 95 100 » Arsénite de calcium. N°::J ...... '1 0 0 0 o(2j Témoin. 1 Les arséniates n'ayant montré que des toxicités relatives et peu intéressantes en pratiquE\, nous n'avons pas jugé utile de pousser plus avant les essais avec l'arséniate de plomb et l'érythrine. Au contraire, pour l'arsénite de calcium, il nous a semblé intéressant de déterminer les doses minima toxiques.

(D) Troisième série d'expériences Des quantités plus faibles de poudre tÛ'xique ont été employées.

1 0 Un mélange contenant au total Ogr, 0045 de poudre pure (soit sensiblement ,les 2/3 de la quantité employée dans la série précédente C) a été épandu sur les 700 cm2 de surface; la mortalité des larves a été la suivante:

Après Après Après Après Poudre employée Cristallisoir 12 h. 24 h. 48 h. 72 h.

% % % % N° 1...... 50 100 » » Vert de Paris. 20 50 80 100 Arsénite de calcium. N° 2...... ' No 3 ...... 0 0 0 0(3) Témoin.

2 0 Un mélange contenant 0 gr. 0025 de poudre pure (soit sensi­ blement le 1/3 de la quantité employée dans la 2" série d'expériences a été épandu sur les cristallisoirs; la mortalité larvaire se présente ainsi:

(3) Présence de nymphes. 74 -

Après Après Après Après Cristallisoir 12 h. 24 h. 48 h. 72 h. Poudre employée

% % % % N° 1...... 40 100 » » V ert de Paris. N° 2 ...... 10 25 30 (3) 40 (3) Arsénite de calcium. N° 3...... 0 0 0 0(3) Témoin. -

Il ressort de ces qxpériences, qu'employé à dose faible, au dessous de Igr de poudre pure par 10 m2 de surface, l'arsénite de calcium diminue rapidement de toxicité vis a vis des larves d'anophèles.

(E) Résultats

Au cours de ces recherches de laboratoire, le Vert de Paris a montré une supériorité manifeste sur les autres produits comme poudre larvicide. Mais l'arsénite de calcium apparaît comme un larvicide de valeur, dont les propriétés toxiques se rapprochent le plus de celles de l'acéto-arsénite de cuivre. Epandu à des doses plus faibles que celles généralement employées, le sel de calcium diminue rapidement d'activité. Les arséniates, au contraire, même utilisés à des doses doubles de celles employées généralement, n'ont tué les larves qu'après 72 heures et plus. D'une façon générale, le<: arséniates semblent moins ,toxiques que les arsénites. De même, une expérience complémentaire a montré que l'acide arsénieux pur est plus toxique que l'acide arsénique pur. Ces expériences de laboratoire peuvent sembler satisfaisantes, Il convient cependant de tenir compte, dans l'interprétation des résultats, du fait que les larves ont vécu, au cours des essais, dans une eau extrêmeiment pauvre en éléments nutritifs. 11 était donc permis de penser qu'elles avaient absorbé plus facilement les particul~s ,toxiques. Aussi a-t-il semblé indispensable de vérifier, dans les conditions normales d'utilisation des produits et sur des gîtes naturels, riches en végétation, les résultats obtenus au laboratoire. - 75 -

II. - EXPERIENCES SUR LE TEHRAIN

(A) Protocole Les expériences de toxicité sur le terrain ont été ell'ecluées avec l'arsénite de calcium qui, seul parmi les poudres étudiées, a donné au laboratoire des résultats concluants. Les essais ont été conduits dans les conditions nurmales d'emploi d'une poudre larvicide. Nous avons etreetué les épandages selon les méthodes employées jusqu'à maintenant avec le Vert de Paris, c'est-à-dire dans la matinée par beau temps et vent moyen, à l'aide de poudreuses mécaniques à hélice (à main ou à moteur). Les quantités de poudres toxiques utilisées ont été les mêmes que celles normalement employées pour le Vert de Paris, soit 10 grs de poudre pure pour 10 m2 de surface. La farine de marbre a él!~ employée comme poudre inqrte. L'inventaire des gîtes a été dressé préalablement; le contrôle a été fait le surlendemain de l'épandage. Les pèches larvaires ont été etl'ectuées av()c le filet de Roubaud, sur environ quaire Ifrètres linéaires. Les expériences ont porté sur: du Vert de Paris pur, de l'arsénite de calcium pur, un mélange d'arsénite de calcium (2 parties) et Vert de Paris (1 partie) (4).

(B) Résultats. Les résultais de ces essais sont rapportés dans le tableau ci-après. Ils ont éJté confirmés depuis par l'emploi systématique et journalier de cette méthode de neutralisation des gîtes. Nous avons constaté que l'arsénite de calcium, employé sur le terrain et selon le mode d'utilisation du Vert de Paris, possède, sur les larves d'anophèlh, des propriétés toxiques comparables à celles de l'acéto-arsénite dq cuivre.. Comme le Vert de Paris, l'arsénite de calcium est d'une efl'icacité cer,taine sur les larves d'anophèles du 3me et du 4mc stade ; mais les deux produits ne tuent pas la totalité des larVE;s au 2me stade et surtout au 1er.

(4\ Ce mélange est actuellement employé dans la pl'atique jusqu'à épuise­ ment du stock de Vert de Paris. 7G

DÉTAILS [lES EXPÉ:RIENCES 0·'0._- -

Situation du glte Conditions Produit employé et nature atmosphériques dc la \'égétation et hcurc de l'épandage

Merja Ras Daoura Temps ensoleillé Vert de Paris, ,',,,' ... ,.,, (joncs) vent faible - Il h. - 13 h,

- d' - -d'- - d'--

Dayas dc Skril'at - d' - (joncs et renonculacées) -d' -

Arsénite dn calcium, .. , ... , -d'- -d'-

Arsénite de calcium: 2 parties l\lcl'ja Ras Daoura -- d'- Vert de Paris : 1 partie.". (joncs) •

Dayas Sidi-l\laarouf Temps ensoleillé - d' - (joncs et rcnonculacées) ven t assez fort - 10 h.

1 - d' ~ -d'- - d'-

1

- - Dayas Aïn-Seba Temps ensoleillé ri' (joncs et renonculacées) vent. faible - Il h.

Ancicnnes carrières Temps ensoleillé - d' - de Casablanca vent faible (renonculacées) 9 heures

-' d' - -d'- . -d'-

1 - d' - _do - _do -

1

1

1 - d'- -d'- -d' -

1 Dayas - d'- Saint-Jean de Fédala --d- - ! (renonculacées) 77

EFFECTUÉES SCR LE TERRAIN

DENSITÉ LARVAIRE (moyenne de 4 pêches sur;) mètres linéaires)

Avant l'épandage 24 heures après l'épandage 48hemes après l'épandage

d a b d : a 1 d c c 1 bic _a __1 ------I_b 1 1 1 2 2 1 1 1 1 0 0 0 0 ------. ------

1 1 1 2 0 0 0 0 0 0 0 0 1 ------11

15 12 4 2 12 0 0 0 ------1 18 14 4 3 15 0 0 0 -=-1 ------_1

1 2 1 1 1 1 2 2 0 0 0 0 ------48 29 20 17 - - - - - 2 1 0 0 1 ------~I~ ~I~; - - - - 5 4 0 0 ------1 En grand nombre - - - - 5 3 0 0 ------

5 6 -1 0 1 0 0 - 0 . - - - -

------._----- 25 12 15 0 1 0 0 0 ------8 Il 7 0 2 0 0 0 ------18 15 8 0 2 0 0 0 ------

1 En grand nombre - - - - Rare 0 0

1

NOTA a 1" stade b 28 stade c 3e stade d 4e stade. - 78 -

III. - CONCLUSIONS

Le Service An~ipaludique du Maroc, devant l'impossibilité des réapprovisionnements en naphtes et en Vert de Paris, a été amené à chercher un produit de remplacemen t pour pouvoir continuer la lutte antilarvaire. Parmi ls produits essayés, l'arsénite de calcium a donné les meilleurs résultats. Il ressort des expériences l'ai les au laboratoire et vérifiées sur le terrain, que cette substance peut remplacer le Vert de Paris dans la lutte antilarvaire. A condition d'être employé avec les mêmes techniques qui sont de mise pour le Vert de Paris et d'être manié par un pers~)llnel spécialisé. l'arsénite de calcium donne d'excellents résultats, comparables à ceux obtenus avec l'acéto-arsénite de cuivre. Grâce à l'arsénite de calcium, on a pu continuer à assurer la protection antilarvaire des grandes agglomérations urbaines du Maroc et éviter de perdre le hénéfice d'efl'orts poursuivis assidù­ ment pendant plusieurs années.

(Travai{ du Service An'tif aflzdiqlle dll Marac) R'A P PO RT sur l'activité des Services de la Direction de la Santé Publique et de l'Assistance pendant l'année 1941

SANTE PUBLIQUE

SECTION PREMIl~RE PERSONNEL ET ETABLISSEMENTS

A. PEHSONNEL. - La consistance du personnel est la suivante au 31 décembre 1941 :

a) Personnel technique. 1" Médecins. - Les services médicaux du Protectorat sont assurés par 214 médecins ainsi répartis : 117 médecins fonctionnaires d'Etat, 8 au service des Municipa­ lités, 9 dans les hôpitaux autonomes et 21 aux Méhalla Chérifiennes, au total 155 dont 3 doetoresses. 59 médecins à contrat, conventionnés et divers (21 dans les hôpitaux autonomes) dont 4 doctoresses. Un nombre restreint (4 à 6) de médecins militaires participent aux services d'assis­ tance médicale indigène à la suite des réformes apportées en 1940 dans l'organisation du Service de Santé Mili,taire du Maroc. 2" Pharmaciens. - 3 fonctionnaires et 3 contractants ou conventionnés. 30 Internes. - 11 internes dont 7 dans les hôpitaux autonomes. Deuxp,ostes sont!enus par de jeunes marocains poursuivant leurs études médicales. 4" Officiers de la Santé Maritime. - 6 agents dont 3 nommés à la suite du concours organisé le 25 juin 1941. 50 Infirmiers spécia'fistes européens. - 29 infirmiers specIa­ listes sont en fonctions dont 5 dans les hôpitaux autonomes. - ~() -

6° Infirmiers européens du cadre général. - Le cadre comporte au total 94 agents, dont 30 dans les hôpitaux autonomes et 8 déta­ chés dans les bureaux municipaux d'hygiène ; 24 femmes sont en fonctions. 7" Adjoints techniques indigènes (précédemment infirmiers spécialistes indigènes). - Le cadre comporte actuellement 10 emplois.

8° Infirmiers ind~gènes. - La loi des cadres de ce personnel comporte 185 emplois : 18 emplois sont inscrits dans les hôpitaux autonomes et 1 dans les municipalités - soit au total 204. 9" Auxiliaires. - L'effectif des auxiliaires permanents rele­ vant du budget général est au 31 décembre Hl41 de 429 agents dont 86 europ~ens. Les hôpitaux autonomes occupent par ailleurs un nombre total de 169 auxiliaires.

b) Persounel administratif

1 ° Direction. - 36 agents dont 16 titulaires. 2° Services extérieurs, hôpitaux autonolmes non compris Titulaires (commis et dactylographes) : 4. Auxiliaires (Secrétaires comptables et dactylographes) : pour mémoire, leur nombre étant compté plus haut à l'effectif général du personnel auxiliaire. 3° Administrateurs économes. '- Au nombre dè 17, dont 8 dans les hôpitaux autonomes) ; 7 postes son! tenus par des contrô• leurs de comptabilité et un par un percepteur, détaché de la Direc­ tion des Finances. Trois administrateurs économes ont été nommés en 1941 à la suite du concours organisé en juin 1941.

B. ETABLISSEMENTS

REPARTITION REGIONALE DES ETABLISSEMENTS arrêtée à la date du 31 décembre 1941 A - Services Centraux ( ou rattachés)

1 0 Direction: Rabat. 2° Ins

a) Section centrale de prophylaxie. b) Service central de l'hygiène scolaire. l') Service antipaludique. 3" Pharmacie Centrale : Casablanca.·

B - Services Régiojnaux ( Divis~ons administmtives du Maroc)

l. - BÉGION DE BABAT

Bureau de chefferie régionale : Rabat. . Bureaux municipaux d'hygiène Rabat, Salé, Port- Lyautey, Ouezzane...... 4 Service régional d'hygiène et d'épidémiologie : Rabat.... 1 Hôpilal militaire mixte Marie-Feuillet (salles civilciS) .. 1 Hôpital civil mixte (autonome) : Port-Lyautey 1 Hôpitaux indigènes .': Babat, Port-Lyautey, Ûuezzane.. 3 Infirmerie mixte : Petitjean 1 Infirmeries indigènes : Khemisset, Ksiri, Marchand, Salé, Sirli Slimane, Souk el Arha du Gharb, TiBet, Zoumi, Si Allal Tazi...... fi Salles de visites : Aïn-el-Aouda, Arbaoua, Beni Mesguilda, Bouznika, Christian, Had Kourt, Mokrisse1t, Oulmès, Rhouna, Bmel, Sehouls, Tedders, Lalla-Mimouna 13 Dispensaire dermato-vénéréologique : Rabat...... 1 Dispensaire ophtahno-oto-rhino-laryngologique : Rabrut.. 1 Dispensaire antituberculeux : Babat...... 1 Groupe ophtalmologique mobile : Babat...... 1 Santé maritime : Babat, Pont-Lyautey...... 2 Groupes sani laires mobiles : Rabat-Salé, Port-Lyautey, ()uezzane...... 3

Il. - RÉGION DiE CASABLANCA

Bureau de chefferie régionale : Casablanca...... 1 Bureaux municipaux d'hygiène : Casablanca, Fédala, Mazagan, Azemmour, Settat...... 5 S.R.H.E : Casablanca...... 1 Hôpiltal civil Jules Colombani (autonome) : Casablanca. ... 1 Hôpital neuropsychiâtrique (autonome) : Berrechid...... 1 Hôpital civil mixte : Mazagan...... 1 Hôpital indigène Jules Mauran (autonome) : Casablanca. . 1

6 Infirmeries indigènes: Azemmour, Ben Ahme'd, Beni Mellal, Berrechid, Boujad, Boulhaut, Fédala, Kasba-Tadla, Oued Zem, Settat...... 10 Salles de visite : Bir Jedid, Boucheron, Dar-Ould-Zidouh, El Borouj, Mediouna...... 5 Dispensaires généraux : Casablanca (Ben Msik et Nouvelle- Médina)...... 2 Dispensaire dermato-vénéréologique Casablanca (hôpital Jules Mauran) ...... 1 Dispensaire ophtalmo-~)to-rhino, Casablanca (hôpital Jules ~Iauran) ;...... 1 Dispensaire antituberculeux : Casablanca...... 1 Dispensaires des filles soumises : Beni-Mellal, Boujad, Oued-Zem " 3 Lazaret : Casahlanca (Aïn Chok)...... 1 Santé maritimE') : Casablanca, Fédala, Mazagan...... 3 G.S.M. : Casablanca; Settat, Doukkala...... 3

III. - COMMANDEMENT AGADIH-CONFINS Bureau de chefl'erie régionale : Agadir...... 1 Bureau municipal d'hygiène : Agadir...... 1 Hôpital civil mix,te (autonome) : Agadir...... 1 Hôpital indigène : Taroudant...... • . . . 1 Infirmeries indigènes: Aït Baha, Bou Izakaren, Goulimine, Tafraout, Taghjicht. Tanall, Tata, Tiznit...... 8 Salles de visilte : Souk-el-Arba des AH-Abdallah, Akka, Assa, FOuln-el-Hassan...... 4 Santé maritime: Agadir...... 1 G.S.M : Aagadir, Taroudant ;. 2

Bureau de chefl'erie régionale : Fès...... 1 Bureaux municipaux d'hygiène : Fès, , .... 3 S.R.H.E. : Fès...... 1 Hôpital civil « Auvert " (autonome) : Fès...... 1 Hôpitaux indigènes « Cocard ", « Murat» il Fès, Taza.. 3 Infirmeries indigènes , , Guercif, Karia-ba-Mohamed, , Rhafsai, Sefrou, Tahala, Matmalta. Tahar-Souk, , Tissa...... 12 Salles de visite : , Ain-Aicha, Bab-Morouj, - 83

Beni-Oulid, Berkine, Boured, Immouzer-des-Marmoucha, Kef-el-Rhar, Mahiridja, Meghraoua, Mettioua, Mezguitten, Moulay-Houchtn, Moulay-Yacouh, Oued-Amlil, Oulad-Ali, Ourtzagh, Outat-Oulad-el-Hajj, Ratha, SkoUFa, Tafrant, TaÏneste " 22 Dispensaires généraux : Fès (Adoua, Mellah, Lemtyin). . . . 3 Dispensaire dermato-vénéréologique : Fès...... 1 Dispensaire anli-tuherculeux : Fès...... 1 Dispensaire ophtalmo-oto-rhino : Fès...... 1 Dispensaire des filles soumises : Guercif...... 1 Dispensaire gynécologique musulman: Fès...... 1 Lazaret : Fès...... 1 G.S.M. : Fès, Taza...... 2 Lahomtoire régional : Fès...... 1

V. - RÉGION DE MARRAKECH

Bureau de chefferie régionale : Marrakech...... 1 BUreaux municipaux d'hygiène : Marrakech, Mogador, Safi 3 S.R.H.E. : Marrakech...... 1 Hôpital civil (autonome) : Marrakech...... 1 Hôpitaux indigènes : Marrakech, (Mauchamp, Jenan Amerchich) 2 Hôpitaux civils mixtes : Mogador, Safi...... 2 Infirmeries indigènes Azilal, Demnat, EI-Kelaa-des Sraghna, hui n-tanout, Ouaouizert, Ouarzazate, Zagora, Tillouguit, Taguelft...... 9 Salles de visite : Aït Ourir, Amismiz, Agdz, Attaouia­ Chaïbia, Chemaïa, Chichaoua, Foum Zguid, Sidi-Rahal, Souk­ el-Arba-des Skhours, Tagounite, TamleM, Talmeste, Tazzarine, Tinerhir, Zaouïa-Ahansal " 15 Dispensaire derma to-vénéréologique : Marrakech...... 1 Dispensaire ophtahuologique : Marrakech...... 1 Dispensaires anti-tuberculeux : Marrakech, Mogador.... 2 Groupe ophtalmologique mobile : Marrakech...... 1 Santé maritime : Mogador, Safi...... 2 Maternité indigène : Marrakech...... 1 Lazare,t : Mogador...... 1 G.S.M. : Marrakech, Mogador, Safi, Bou-~Ialnc-du-Dadès. . 4 Laboratoire régional : Marrakech...... 1 , VI. - RÉGION DE MEKNf;s Bureau de chefferie régionale : Meknès...... 1 Bureau municipal d'hygiène : Meknès...... 1 S.R.H.E. : Meknès...... 1 Hôpital militaire mixte « Louis » (salles civiles) Meknès. . 1 Hôpital indigène Sidi Saïd : Meknès...... 1 Infirmeries mixtes : !frane, Khenifra, Ksar-es-Souk Midelt 4 Infirmeries indigènes : Aghbala, Aïn-Leuh, Aït-Ishaq, , Bou-Denib, EI-Hajeb, Erfoud, Goulmima, Itzer, Kl'iba, Rich, Talsint, Tounfi

VII. - REGION n'OUJDA Bureau de chefferie régionale : Oujda...... 1 Bureau municipal d'hygiène : Oujda...... 1 Hôpi,tal indigène : Oujda...... 1 Infirmerie mixte : Berkane...... 1 Infirmeries indigènes : B(~rguent, Figuig, Martimprey, Taforalt, Taourirt...... 5 Salles de visite : Debdou, El A'ioun...... 2 Dispensaire dermato-vénéréologique ; Oujda...... 1 Dispensaire ophtalmologique : Oujda...... 1 Dispensaire des filles soumises : Taourirt...... 1 Lazaret : Oujd~ Berkane...... 2

ZONE DE TANGEH

Hôpital françafis...... 1 Dispensaire général...... 1 Dispensaire dermato-vénéréologique...... 1 Dispensaire ophtalmo-oto-rhino...... 1

, 85

-- --- ~ ,.Q u ~ ..., th :- u .:.J ro :.J CIl ~ c:I

)) )) )) )) )) )) Direction ... o' •• o,.· •• ••••••••••. 0 .... 1 »

)) )) » )) » il il Institut d'hygiène ...... 0 ••••••••• 1 :1 )) )) )) )) il ,) il l, Pharmacie Centrale ...... 0 1 » Bureaux de chefferies régionales. 0 •••• 1 1 1 1 1 1 1 j But'eaux municipaux d'hygiène ...... 5 4 1 3 1 » 3 1 Services régionaux d'hygiène et d'épi- 1 )) )) )) 0 •••••••••• 0 •• 1 démiologie ...... 1 1 1 51

)) )) )) )) )) Hôpitaux civils (autonomes) ...... 0 ••• 1 1 1 3

Hôpitaux civils mixtes (autonomes) .... )) 1 )) )) )) 1 )) 1 3

)) )) Hôpitaux civils mixtes...... o ••• ••• • 1 )) )) )) 2 3 "

)) )) )) ,) )) )) Hôpitaux militaires (salles civiles) .0 •• 0 1 1 2

Hôpitalneut'opsychiàtrique (autonome; 1 )) )) » )) )) )) )) 1 1

)) )) )) )) )) )) Hôpital indigène (autonome) ...... 0 • 1 » 1 1

o •• • •••• •• » :i 1 1 2 1 11 Hôpitaux indigènes...... 3i "

)) )) )) 1 )) )) Maternités indigènes ...... 0 ••••••••• " " 1 1 ,1 1 )) )) Infil'meries mixtes...... 0 •• ;.000 •••• 1 » 6 " " 1 1,1 I~ 5 )) Infirmeries indigènes 0 ••••••• 0 ••••••••• 10 D 9 s 67 Salles de visite ...... 5 1:l 1-1 ~'! 2 » 15 4 75

sanil~il'es )) » )) 4 1,1 Groupes mobiles ..... 0 •••••• 3 3 2 2

Groupes ophtalmologiqueb mobiles .... » 1 »» » )) 1 » 2

1 ') )) )) )) )) Dispensaires généraux...... 0 • 2 :i 1 6

Dispensaires des filles soulllisps...... 3 )) » 1 1 )) )) )) 5 Dispensaires gynécologiques lIlusul- )) )) )) )) )) )) )) mans...... o, •••• • 1 1

)) )). )) )) )) )) )) Dispensaires policliniques 0 •••••••••• 0 • 1 1

Dispensaires dermato-vénéréologiques. 1 1 1 1 1 1 1 )) 7 Dispensaires ophtalmo-oto-rhino-Iaryn- gologiques ...... 1 1 )) 1 )) 1 )) )) 4

Dispensaires ophtalmologiques ...... )) )) )) ., 1 » 1 )) 211 Dispensaires antituberculeux ...... 1 1 1 1 )) )) 2 )) 6 1 Lazarets...... ·.··· . 1 )) 1 1 2 )) 1 )) 6 1 Laboratoires régionaux ...... )) )) )) 1 )) )) 1 )) 2 1 )) » )) )) 2 1 Santé maritime ...... " ...... 31 2 8, 1 86 -

SECTION DEUXIÈME

CONSULTATIONS ET HOSPITALISATIONS

Consultations

Avec ses 10.050.869 inscriptions, la courbe des consultations corrige largement le léger iléchissement constaté en 1940. Malgré les difficultés croissantes des communications, conséquence de l'appauvrissement en moyens de transport, les salles de visite et les services de consultation des formations hospitalières, aussi bien rurales qu'urbaines, n'on,t pas cessé d'être fréquentés. L'accroisse­ ment est de près du dixième (922.204) par rapport au plus haut chiUre constaté précédemment, celui de 1939. On a donc à peu près doublé en six ans, triplé en dix, le nombre des consultations ayant été respectivement de 5.162.333 en 1935 et de 3.085.374 en 1931. Casablanca et la Chaouia, où certaines formations sanitaires comp­ tent déjà plus de trenle ans d'existence, est toujours en tète avec un chiffre de visiteurs impressionnant, qui dépasse deux millions (2.103.131), puis viennent les régions de Fès 0.254.004) et de Marrakech (1.116.760). Rabat (931.921) et le Rharb (893.252) s'équilibrent presque cette année, qui fut une année de paludisme, surtout si l'on ajoute au Territoire de Port-Lyautey celui d'Ouez­ zane 006.216) qui en dépend au point de vue géographique, e,t conséquemment, nosologique. La région de Meknès proprement dite compte 793.464 consultants, el ce chifIre s'élève au delà du million avec l'appoint du Tafilalet (419.:'>39) qui lui est rattaché administrà• tivement, mais dont la pathologie est difl'érente. On citera encore la région d'Oujda avec 5(>3.240 consultants, le territoire d'Oued-Zem (463.596), enfin ceux de Mazagan (394.234) et de Taza (328.237). Les autres territoires, où la population est plus clairsemée, comptent moins de 200.000 consulitations. Le mois d'août continue à être, comme les deux années qui précèdent, le plus chargé (1.3;')8.313), surtout du fait du paludisme et des afl'ections gastro-intestinales, le chiffre le plus bas étant, comme de coutume, atteint au cours des mois d'hiver : 522.924 en janvier 1941. La répartition par races fournit des données assez constantes, par rapport au total des consultants : Musulmans: 8';>58.865, soit 85,15 du ,total Israélites : 1.272.934, soit 12,66 du total ; --- 87 -

Européens: 219.070, soit 2,18 du totaL ail lieu de 84,22 M., 13,73 1. et 2,04 E. en 1940. On peut donc bien parler de « consultation indigène. )) Enfin la répartition clinique des consultants fait apparaître nettement, sudout si on confronte' cette année avec les précédentes, sa caraCitéristique pathologique :

ProflorLions 1938 1\)40 1941 pour 100 consultants ~~, --_._- Blessés...... 41,24 40,83 3D,72 36,12 Fiévreux ...... \ 36.79 38,90 39,5:3 46,36 Vénériens ...... 21,9G 20,27 20,75 17,51 1 L'augmentation relative du nombre de fiévreux, en 1941, comme au cours des années précédentes ou le paludisme a sévi, es.t la signature de cette affection endémo-épidémique. Hospitalisations Les conditions géographiques, météorologiques elt autres causes secondes jouent ici un rôle moindre que pour les consultations, tandis qu'interviennent la capacité hospitalière et aussi les crédits alloués. On voit néanmoins par le tableau ci-dessous que la courbe du chill're des hospilalisés, après un fléchissement marqué en 1939 et 1940, dù surtout aux événements, s'est largement relevée en 1941.

Catégories 1~).j() des rnalaJes 1938 19:)9 1941

._~~------~,_.~-- --_._.- Consultants ...... 7559.111 9.128.(j(j5 \).013.304 10.050.869 Hospitalisés ...... 71.135 6G.162 65.372 79.330

. Les fi~vreux interviennent pour près de la moitié des entrées ; 36.4Q6, et dépassent fortement cette année, contrairement aux précé­ dentes, le chiffre des blessés : 28.624, les vénériens fournissant le reste : 14.300. Le pàludisme est encore en cause dans bien des formations, même européennes, comme l'Hôpital civil de Casablanca. La courbe des hospitalisations présente son acmé en aoùt (8.116) et son minimum en janvier (5.115), comme ceIIe des consultations. On trouvera ci-après les tableaux habituels, indiquant sépa­ rément pour les grandes formations et salles civiles européennes d'une part, et pour les hôpita'ux indigènes d'autre part, la réparltition des entrées par catégories cliniques, avec en regard, le chiffre des journées et celui des décès. 88 ~

-- Hopitaux européens ENTRÉES et salles civiles J oUI'i1ées Décès eUI'opéennes Blessés Fiévreux V~nérÏl'ns Total -- - -- Casablanca ...... 3.150 2.514 700 6.373 140.045 :386(2) Fès (1) ...... 809 450 37 1.305 22.118 61 Port-Lyautey...... 223 388 83 694 Il. 527 '27 Marrakesh ...... 596 662 II 1.269 24.404 55 Agadir ...... 145 1O0 2 247 4.411 7 ;\logadol'...... 64 56 » 120 1.681 1O

Safi. o.· ... ·•······ . 39 128 1 168 2.203 4 Mazagan ...... 120 87 2 209 2.506 16 Rabat...... 758 881 23 1.662 37.754 119 :\leknès ...... 750 619 12 1.381 22.642 58

Hopitaux ENTRÉES 1 et salles civiles Journées DéC!')s

indigènes Blessés 1 Fiévreux Vénériens Total --

Casablanca (3) ...... 3.116 ,3.744 :)\10 7.450 115.055 855 Rabat ...... 2.300 3.168 450 5.918 87.695 421 Meknès ...... 893 1.12D 13;-' 2.1:-.7 35.525 231 Fès (4) ...... 3.783 ;).064 G46 9.493 185.297 893 l\1al'l'akech î5) ...... 2.166 2.81;) 730 5.717 82.441 407 Taroudant ." ..... ' 176 433 307 916 19.048 116 Agadir ...... 299 147 67 513 18.901 54 :\Iogador...... 633 920 296 1.849 31. 451 118 Safi ...... 457 943 79 1.479 19.939 90 Mazagan ...... 617 421 434 1.472 30.965 91 Ouezzane...... 267 260 194 721 16.640 45 Por!-Lyautey ...... 2D5 31O 124 639 12.077 64 Oujda (6) ...... 327 HlO 117 1.254 25.91O 177 Taza ...... 1 205 GOg 61 865 14.455 66 1 (1) Y compris la Maternité. (2) Rectificatif au bulletin de 1940 : li:re 330 décès au lieu de 516. (3) Y compris l'annexe d'Aïn Chok. (4) Hôpitaux « Cocal'd » et « Murat ». (5) y compris l'hôpital (12 ségrégation et la Maternité indigène. (6) y compris le Lazaret. - 89

Pour l'ensemble des formations, l'augmentation du chiffre des journées, passées de 1.368.277 à 1.526.448 (soit 158.171 en plus), n'est pas proportionnelle à celle des entrées. Aussi le coefficient de durée d'hospitalisaliondiminue-t-il encore, pour s'établir à 19,24 journées par malade, constatation satisfaisante. Rappelons qu'il dépassait 21 de 1933 à 1936, atteignant presque 23 en 1937 pour s'élever jusqu'à 25,21 l'année suivante, enfin redescendre pro'gres­ sivement en 1939 (22,42) et 1940 (20,93). En revanche, on assiste à un accroissement re.Ia'uf du nombre des décès, passés de 4.187 à 6.759, qui fait monter la mortalité clinique à 8,52 pour cent entrées, chiffre qui n'est cependant pas excessif et se rapproche de celui de 1937 (8,4,0), le coefficient le plus élevé ayant été atteint en 1938 avec 10,73 décès %. Il a été pratriqué, enfin, dans l'e;nsemble des formations, 17.999 opérations chirurgicales proprement dites.

L'hôpital civil autonome Jules Colombani à Casablanca (512 lits), a hospitalisé 6.711 malades, compite tenu de 338 restants de l'année précédente, et son chiffre de journées s'élève de 17.512, soit une augmentation triple de celle déjà notée l'an dernier, e,t due à l'accroissement considérable de la population européenne. Le coeflïcient d'hospitalisation se relève à 20 jours, 86, restant toutefois bien au-dessous de la moyenne des treize années écoulées depuis l'ouverture de l'établissement (24 j. 55). Les lits ont été occupés en moyenne à raison de 75 %. La proportion des Français hospitalisés a été de 63,1 0/0, au lieu de ()l,1 en 1940 (7). A noter une baisse sensible du pourcentage des indigents : 64,8 <;!ci, contre 70,9 en 1940 et 75,9 en 1939, qu'accompagne une augmentation corrélative des petits payants et accidentés du travail (28,1) et même des gens aisés payant le plus fort ,tarif (7,1). L'accFoissement du nombre des décès (+ 56) s'exp.lique par celui des hospitalisations. Ces dernières se répartissent ainsi par services : Chirurgie ...... 1.173 Dernmto-Vénéréo .. 700 Médecine...... 1.515 Ophtalmologie...... 63 Contagieux 361 Oto-rhino...... 392 Maternité...... 1.317 Neuropsychiâtrie .. 240 auxquels il faut ajouter 595 enfants (médecine 398 ; chirurgie 197).

(7) Rectificatif au l'apport de 1940, page 80 du Bulletin. - gO -

La Maternité a enregistré 899 naissances d'enfants viables (contre 836 en 1940 et 716 en 1939), et 21 morts-nés. Signalons enfin la reprise de la progression des consultations gratuites (73.019), après un iléchissement passager l'an dernier. Les sailles civiles de l'hôpital Marie-Feuillet, à Rabat, qui viennent au second rang des formalions européennes, mais assez loin de l'hôpital précédent, signalent elles aussi une forte augmen­ tation du chiffre des entrées, due à l'accroissement de la population européenne des deux villes qu'eUes desservent : 1.662 entrées, soit un 'quart en plus par rapport au chiUre de l'an dernier. On compte également près d~e 38.000 journées, d'où un coefficient élevé (22,71) de durée de séjour, inférieur cependant à celui de 1940, qui était le plus fort chiUre de tous les hôpitaux du Maroc. La morbidité et mortalité du fait des aiIeciions typhoïdes et du palludisme sont à signaler. Les salles civiles de l'hôpital Louis; à Meknès, occupent le troisième rang, avec 1.381 entrées, suivies de près par celles de l'hôpital Auvert, à Fès (1.305), leurs journées étant respectivement de 22.642 et 22.118. Le premier reçoit un assez grand nombre de tuberculeux, venus principalement des villes du Nord du Maroc (32 entrées, 13 décès), celles du Sud alimentant surtout le service de phtisiologie de l'hôpital civil de Marrakech, où, sur 579 entrants, on a reçu 89 tuberculeux pulmonaires, qui ont fourni 12 décès. Les Maternités rattachées à ces hôpitaux ont fonctionné avec activité : on a pratiqué 266 accouchements à Meknès, 271 à f ès et 205 à Marrakech ; encore s'agit-il surtout de padurientes pour lesquelles­ des complications étaient à prévoir. Ces chiffres correspondent à 266, 276 et 205 naissances, respectivement ; quant aux décès on compte 2 décès maternels (éclampsie, embolie) et 37 enfants, y compris les morts-nés. Parmi les hôpitaux indigènes, la première place e~,t toujours tenue par l'hôpital Cocard à Fès, qui a reçu à lui seul 8.377 malades, fournissant 160.542 journées et 886 décès. Les fiévreux inter­ viennent pour plus de 5.000 entrée's soit près des 2/3, avec maximum en septembre : paludisme, amibiase restent les pourvoyeurs prin­ cipaux de l'hospitalisation, sans parler des affections typhoïdes (61 cas contre 27 en 1940), du typhus (171 contre 13), de la tuber­ culose (227 hospitalisés avec 145 décès) et de la syphilis. Quant à la eonsultation, ellc fournit plus de 200.000 malades, dont la moilié de fiévreux. - .!H

Vient ensuite comme importance du chiffre des entrées (7.4.50), des journées (115.055) et surtout des décès (885), l'hôpital indigène Jules Mauran, à' Casablanca, auquel sont ra.tlachés l'annexe d'Aïn Chok, qui a remplacé le Lazaret d'El-Hank, les Maternités musul­ mane et israélite, le service des antirabiques et diverses salles de consultation. Malgré que la fréquentation de celles-ci ait un peu fléchi depuis deux ans. on enregistre encore 286.115 visites, dont 100.000 rien que pour la dermalo-vénéréologie. La diminution du nombre des accidents est notée, et attribuée à la réduction progressive de la circulation automobile depuis le milieu de 1940. Les « fiévreux )) sont surtout fournis par les paludéens, qui ont donné lieu à 860 entrées avec 56 décès contre 398 hospitalisations avec seulement 6 décès l'année précédente ; la tierce maligne est surtout à incriminer. Viennent ensuite les tuberculeux : 432 cas avec 52 décés, en diminution relative, e'nfin les amibiens: 117 entrées avec 8 décès, ceci pour les maladies endémo-épidémiques ; mais on enregistre 328 cas d'affections des voies respira,toires (26 décès), 108 de l'appareil cal'dio-vasculaire (28 décès), 140 des reins (12 décès), etc. Enfin les Maternités ont hospitalisé 266 expectantes musulmanes et 855 israéHtes, et ont enregistré 269 et 860 naissances d'enfants vivants.

L'hôpital Moulay-Youssef à Rabat et l'hôpital Mauchamp à Marrakech ont reçu, le premier 5.918 malades et le second, annexes compris, :).717 ; les coefficients de durée de séjour dans ces deux établissements, comme leur pourcentage de mortalité, sont sensi­ blement au même niveau, relativement bas, comme le montre le tableau ci-après" comparativement aux chiUres des autres grandes formations. - 02 -

Hàpilaux eUl'opl'ens Codlicienl ~rorta]jlé. cl salles civiles de dur!'!' pOUl' 100 entrées 'mropéennes de séjolll'

Casablanca (8 ,. '.'o,:-:G 5,75 (12) Rnuat. ' '. 22,71 7,16 :\Iarrakech . 19,23 4,33 Fès (9) . 16,9-1 ,1,67 Meknès . IG,3D 4,19 Hùpitaux indigèncs et sa Iles ci "iles indigènes Casablanca (10 .. .. '. 15,-1-1 Il,87 Rabat. '. 1-l,SI 7, II Meknès . 16,-16 10,70 Fès (Cocard) . ID,51 D,-IO Marrakech 1111 .. 1-1,42 7, II

A Rabat toutefois, les « fiévreux » ont une plus grasde prédo­ minance ; les chiffres des décès pour cachexie et misère physio­ logique (71), tuberculose pulmonaire (82), autres maladies des voies respiratoires (36), paludisme (33), asystolie (20), donnent une ind.ication sur le genre d'afl'ections le plus souvent trai,tées. Quant aux consultations, elles se sont élevées à 194.163 pour maladies générales, auxquelles il convient d'ajouter celles des services d'ophtalmologie et d'otorhinolaryngologie, qui atteignent presque 110.000. A Marrakech, 4.545 cas de paludisme ont été vus à la consul­ ,tation, ei 580 hospitalisés, dont beaucoup de cas graves (21 décès) ; la tuberculose pulmonaire fournit de son côté 129 entrées, avec 57 décès, et les affections non tuberculeuses de l'arbre respiratoire 250 hospitalisa,tions (12 décès). Parmi les hôpitaux mixtes spécialisés, l'hôpital neuropsychiâ• trique de llerrechid a reçu 202 malades civils (contre 298 l'an

(8) Compte tenu des restants. (9) y compris la Maternité. (10) y compris les Maternités indigène et israélite de l'hôpital Jules Mauran. (11) y compris l'hôpital de ségrégation et la Maternité indigène de l'hôpital Mauchamp. . (12) Rectificatif au tableau de 1940 : lire 5,50 % au lieu de 8,6 0/0. - 93

dernier), comprenant 139 hommes et 63 femmes, se répartissant en : Européens 53 e,t Indigènes 149, au lieu de 97 et 201 en 1940, qui avait été une année exceptionnelle. Les sorties par guérison ont été au nombre de 121 ; il n'a été fait qu'une seule évacuation ; mais les « sorties par décès)) ont été relalivement nombreuses, puisqu'on en compte 93, dont 216 des suites de paralysie générale, 17 de confusion mentale, 8 d'épilepsie, 6 de démence précoce, sans parler de 8 décès attribués à la tuberculose pulmonaire el 6 au paludisme. Les médecins-chefs de services incriminent dans plusieurs cas l'admission ,trop tardive de malades dont l'état général précaire ne perm~t plus à la thérapeutique d'agir eflïcacement.

SECTION TROISÜ;ME

HYGIENE ET PHOPHYLAXIE GENEHALE

1 0 Bureaux municipaux d'hygiène : Il ne sera question ici, comme les années précédentes, que de la recherche des causes de décès, dont la statistique compara,uve, par race, âge et sexe, fournit pour chaque ville d'utiles indications. L'augmentation considérable de la popula,uon urbaine ne permet plus toutefois d'utiliser les chifl'res du dernier recensement quin­ quennal, el force a été de se rapporter aux enquêtes faites récemment .. au moyen des cartes d'alimentation. Comme on le voit par les chiffres indiqués ci-après, l'accroissement du nombre des habitants des dix-hui,t villes municipales dépasse 400.000, soit plus du tiers du total de 1936 (chifl'res arrondis).

PopulllLion PopulnLion Dl'l'ès Races l'ecens(~c ôVlllure en IH36 lin 1941 1940 ID-II

Musulmans...... _ 703.100 1.010.800 1:l.7N7 :!3.346 Israélites...... 118.600 142.700 '2.116 2.371

Européens .. •• f •••• 162300 ?45.900 2.143 2.491

Totnl. .... ~J84 .000 1.399.400 20.04G 28.208

Dans ces conditions, les proportions comparatives des décès pour 100 habitants, en général, et dans chaque race sont les suivantes : - 94 -

Races 1938 1939 lU40 lD41

~------\Iusulmans...... 30,02 22,30 2?A5 23,09 Israélites ...... 22,22 18,99 17,iH 16,61 EUl'opéens ...... 12,77 12,00 1:~,20 10,13 ------Proportion génllrale. 26,24 20,00 20,37 20,15

On voi,t que la mortalité ne s'est guère accrue que pour les indigènes musulmans et que le pourcentage des Européens, qui s'était relevé en 1940, retombe à un niveau satisfaisant.

La même enquête permet d'étahlir, pour les plus grandes villes du Protectorat, le tableau ci-après, qui renouvelle complè­ tement les indications f~urnies les années précédentes et tirées d'un recensement trop ancien. MUSULMANS VILLES Population Décès ------1------1------1 Casablanca...... 270.500 5.870 21. 70 Rabat-Salé...... 119. tiOO 2.871 24.00 Meknès...... 84.000 1.824 21. 71 Fès ' 1;)3.730 3.5i:lô 23.00 Marrakech...... 1;)5.800 3.641 23.37 oujda , 1 45.030 1.08(1 24. II

ISRAÉLITES VILLES Population Décès

Casablanca . ;)2.000 1.201 23.09 Rabat-Salé . 11.870 141 11.87 Meknès . 10.500 88 8.38 Fès .. ' . 12.500 176 14.08 Marrakech . 2ô.000 283 10.88 Oujda . 3.400 34 10.00

EUROPÉENS VILLES Population Décès

Casablanca ,...... 131.800 1.156 8.77 Rabat-Salé...... 3,1. DOO 406 11.63 Meknès...... 19.400 201 10.82 Fès...... 12.980 139 10.70 Marrakech...... 7.600 135 17.76 Oujda \ 1:1.400 187 12.84

La mortalité musulniane apparaî,t comme ayant augmenté à Fès. Marrakech et Oujda, la mortalité européenne à Marrakech et Oujda seulement ; dans les Hutres villes, les chiffres fournis indiquent une diminution. L'étude des causes de décès procure des renseignements non moins intéressants. Les décès des suites de maladies infectieuses et parasitaires ont presque doublé, en chiUres absolus : 7.0f>9 au lieu de 3.772. Leur proportion dans 100 décès (pour tout àge), ùans chaque race es,t indiquée comme suit, comparativement avec les deux dernières années : 1939 1940 194,1

Musulmans ...... 23 20,92 27,24 Israélites...... 9,51 9.12 13,32 Européens 17,12 12,87 15,33

Viennent ensuite, par ordre d'impontance la tlIherculose et le cancer de ces divers appareils étant exclus - Proportion pour 100 décès dans chaque race

Systèmes et appareils Musulmans Israélites Européens

1940 1941 1940 1941 ID40 1941 ------Voies digestives ...... 17,37 15,00 17,10 17,41 13,Hi) 14,61 - rtlspiratoires ... 12,45 10,15 22,40 tG,87 10,08 9,47 Cœur el vaisseaux .... 4,;)7 4,21 7,51 5,!JH 12,60 11,24 Système nerveux ..... 2,33 1,8i) 4,24 3,07 7,24 G,70 -- Pour ce qui est de la mortalité infantile, elle ne saurait être appréciée, comme on l'a déjà dit, qu'en se rapportanl également au pourcentage de cette catégorie de décès dans ceux de chaque t'ace, ce qui permêt de dresser le tableau comparatif ci-après, calculé cette année sur 7.816 décès d'enfants de moins de deux ans dont : musulmans : 6.189 ; israélites : 955 et européens : 672.

Races 1937 1938 1 I!J;;- WIO 1941 1 Musulmans ...... 30,20 21,fl3 25,9;-; 2~,ON 26,50 Israélites...... 42,60 36,m 43,71 42,9;) 40,27 Européens ...... 29,30 29,04 27,97 27,29 26,97 1 - 07

Il Y a donc amélioration dans l'ensemble et pour chaque race en particulier. On cons,tate, notamment, une légère diminution du nombre des décès par maladies aigüës des voies respiratoires (971 contre 978) et, d'autre part, une augmentation en chiffres absolus des deux principales causes de léthalité infantile : les diarrhées et entérit,es (2.361 contre 2.023) et la mortinatalité (1.388 contre 1.032), ce qui ne parai,t pas correspondre à une aggravation, étant donné l'accroissement certain du nombre des enfants. Ainsi pour les seules villes de Casablanca et de Rabat, les plus importantes au point de vue du peuplement européen, la balance des naissances et des décès s'établit comme suit pour les deux années 1940 et 1941 (français et étrangers).

Nais~anecs Morl-nés Décès Villcs vivantes de 0 à 2 ans municipales 1910 1941 lD40 W41 1940 1941 ------

Casablanca, .. 1.970 2.'ZDG G4 8')c~ !H5 191 Rabat...... ,. SOt 935 37 2G 59 69 --- _.~------~-~-- --- TalaI. ,. 2.774 3.231 91 108 254 260

Balanec + 457 + 17 + 6

On signale encore comme causes importantes de mortalité : la débilité de constitution Clt vices de conformation (1.302 contre 974), les maladies infectieuses et parasitaires (582 contre 282), frappant lourdement les enfants indigènes (M. 517 ; Is. 36 ; E. 29), et, parmi elles : la rougeole (M. 69), la coqueluche (M. 103), les dysenteriels (M. 59), le paludisme (M. 117), les diverses formes de tuberculose (M. Q8), elc.

2° Groupes sanitaires mobiles:

Si l'activité de ces formations a diminué, du fait de la pénurie de carburants et lubrifiants, en ce qui concerne les consultations ­ et cette diminution est légère (350.885 au lieu de 360.563 en 1940) ­ un ,très gros effort 'a été fait du côté des vaccinations, et les Groupe!! sanitaires mobiles ont retrouvé toute leur importance dans la prophylaxie de la variole et du typhus. Le :alJlea-u ci-après fait ressortir leur double rôle.

7 Consultations Vaccina- ·Gl'OUpC Sanitaire Total tions mobile jenné- Blessés Fiévreux Vénériens rieunes ._--_.

Casablanca (l:~) ...... 6.130 7.674 6.722 20.526 23.608 Chaouïa·Sud ...... 4.924 4.732 2.386 12.042 7.391 Rabat-Salé ...... 6.253 14.165 6.259 26 677 5.902 Pod-Lyautey ...... 8.352 G.310 8.551 2:~.213 23.487 Meknès ...... 3.g6D 3.270 3.337 10.576 54.141 Fès...... 1.559 25.585 5.704 32.848 30.536

Taza ...... Il. 926 13.216 6.144 3l. 28G 103.414 Ouezzane...... 3.G08 1.926 4.492 IO.02G 8.650 Sidi-Smaïn .'...... 1.170 30.136 8.142 39.448 114.4PO Safi ...... 2.6;)5 21.662 528 24.845 43.661

Mogador. o ••••••••••••• 1.\)\9 2.586 4.700 9.205 26.8fJ7 Marrakech ...... 19.900 34.558 17.307 71. 765 116.462 Sous (3 échelons) ...... 5.G22 25.517 7.289 38.428 31.783

Totaux ..... 77.\)87 191.337 81.5Gl 350.885 590.392

La proportion des fiévreux dépas'se la moitié des consultants : 54,52 % au lieu de 42,30 et 46,30 les deux années précédentes ; viennent ensuite les vénér:ens : 23,24, et les hlessés : 22,22. Aux G. S. M. de Fès et de Sidi-SmaÏn (Doukkala), la courhe des fièvreux s'élève même au-dessus de 75 %. Seuls les Groupes de Pont-Lyauley et d'Ouezzane signalent une prépondérance des autres catégories de consultants. Les vaccinations jennériennes sont passées en revanche d'une moyenne de 172.000 en 1939-40, à près de 600.000 cette année. Les G.S.M. de Marrakech, Sidi SmaÏn et Taza en comptent chacun plus de 100.000 à leur actif.

3 0 Institutdj'hygiène On voudra bien se rapporter au rapport spécial publié dans ce bulletin.

(13) Y compris la salle de visite de Médiouna. 4" Relations avcc lc's organismcs nationau:r et internationaux d'hygiène:

Ces relations ont repris selon des modalités un peu modifiées par la situation acluelle. L'Office Internaltional d'Hygiène Publique, installé à Royat (Puy-de-Dôme), continue à échanger ses bulletins de renseignements concernant les maladies épidémiques avec ceux publiés par le Prüteetoral chaque semaine (maladies pestilentielles) et chaque mois (toutes maladies à déclaration obligatoire). D'autre part, le Maroc, invité à exposer ses désidérata au moment de la révision des nomenclahll'es nosologiques, a fait connaître qu'il maintenait son point de vue sur la nécessité d'une nomenclature unique des maladies et des décès, la poss:bilité étant laissée aux divers pays de n'utiliser pour leurs statistiques qu'une partie de ceUe nomenclature, sous la réserve de n'en pas modifier les numéros, inconvénient que présente l'existence de trois nomenclatures sépa­ rées des causes de décès.

SECTION QUATRIÈME

PROPHYLAXIES SPECIALES

1 0 Paludisme

L'année 1941 a été marquée par une pluviométrie nettement supérieure à celle des années précédentes. Sur tout le versant atlan­ tique, les pluies ont été abondantes : supérieures à la normale dans la zone cMière, elles ont atteint des taux inusités dans les régions de l'intérieur, et même dans le Sud, la pluviométrie a été supérieure à celle enregistrée en année normale. Il n'y a guère qu'au Maroc Oriental où les quantités de pluies tombées n'ont pas dépassé sensiblement la moyenne. On pouvait donc s'attendre, dès le début du printemps, à voir apparaître, sur de vastes zones du territoire, le paludisme soUs sa forme épidémique. De fait, l'épidémie a été particulièrement grave dans les zones où la maladie n'a fait au cours des années précé­ dentes que des apparitions sporadiques et dont la population était peu ou pas prémunie. Les régions qui ont le plus souffert de l'épidémie de 1941 !lont ceUes des Abda, des Doukkala, de la Chaouïa (Ouled Safid) , de Rabat (Zaërs). d'Oued-Zem, enfin de Meknès. L'épidémie a laissé 1(1()

pratiquement indemnes les régions de Fès, Taza, Oujda, :YIarrakech et, en partie, celle du Rharb. On avait déjà noté au cours des deux dernières années le déplacement des poussées épidémiques vers le Sud. L'épicentre de l'épidémie peut, en ellet, se situer dans la région côtière de Safi, et la maladie s'est manifestée avec une intensité décroissante du Sud au Nord et d'Ouest en Est. Les staltistiques fourn'es par les Chefferies régionales de la Santé Publique rel1ètent cette situation.

Cas de paludisme consrtatés et traités par les formations sanitaires

Territoircs ct cel'cles 1 )!Œj 1040 ID41

Chaou·Hl . 17.Nm 22.409 104.227 Casabl'lnca ' ~ OllPd-ZCIll . S.77D 7.7:->1 12.G99 2.G02 2.HDI 19.596 1 1\1 nzagan '1 Hahal. . 20.47D lti .f)22 37.:l4:1 Hahat...... Port-Lya 11 t.. y / 41.IGD ) :11. (l(i2 27. If>! Olll·zzanl· \ 2.442 1 \ 1\lcknès . 13. :-l?2 3.2GI 25.921\ Mekn(~s ( Tatilal,:t. . :3.U:1/j 1.040 1.102(14) Allas Ccntral. . 1\';j lti 1. 19!)

1 Fès \ Fès . 2H.H1G 30.!JHG 47. ](n 1 Taz;\ . 2N.211 IL 171 \2.473

Oujda . Oujda . .) :17l ml I.DG!)

Tanger' . TUllgPl' . ~ND 1:12

l\1:\lTal(('(·1J , ·12.122 (13) fil.84G :l2.IHI Marl'akech 1OU:lI'wwtc \ 2.:l12 S:di . f.71 2.tj7:3 13.Dtj3 (Hi) 1 Agadir . Agadir' ~ 1.:lHI ü\lH .7111 Contin" , » » 712

~24.190 ~41 3'~ ~~u Totaux ISG .,J 1 u/ .,).,0

(14) Territoire réparti entre les reglOns de Meknès et de Marrakech. (15) y compris le cercle d'Azilal. (16) y compris le cercle de Mogador. 101

On voit que le nombre des cas a considérablement augmenlé par rapport à Hl40 et surtout 1939 dans les régions ou territoires de Chaouïa, Oued Zem, Mazagan, Rabat, Meknès el Safi. L'augmen­ tation est moins accusée pour les régions de Port-Lyautey, Ouezzane et Fès. Au contraire, dans celles d'Oujda, Taza, Marrakech, le nombre des cas est égal ou même inférieur à celui des années précédentes. L'organisation de la lutte antipaludique a été profondément modifiée par la décentralisation du Service antipaludique et la création des services régionaux d'hygiène et d'épidémiologie. Ces services sont chargés, Sur le plan régional, de l'exécntion de .toutes les mesures de lutte antipaludique. Au Service antipaludique est <-onfiée, comme par le passé, la mise au point des directives Itechni­ ques et la coordinalion de l'action des différentes régions. En 1941, dès leur création, les services régionaux d'hygiène et d'épidémio­ logie onl eu à faire face à une situation très difficile, l'éclosion d'une épidémie sévère de paludisme coïncidant avec la réd.uction des moyens de prophylaxie et de traitement.

La lutte aI~lilarvail'e, comrile les années précédentes, a étl! poursuivie autour des agglomérations urbaines et des grands centres l'maux. Malgré la diminution lrès importante des quantités de mazout disponibles, les résultats des mesures alltilarvaires ont été salisfaisanls. Dans aucune ville en ef1'et, à l'excep tion de Safi, où ces mesures n'ont pu être encore mises en u:mvre, le paludisme n'a pris Une extension inquiétant(~. Les cas urbains constatés, dont beaucoup d'ailleurs ont été constatés au dehors, sont l'eslés localisés dans les quartiers périphériques.

L'effort de prophylaxie médicamenteuse des Sections antipa­ ludiques régionales, malgré les difficultés de transport, a pu être maintenu et même étendu. Les régions de Rabat, Chaouïa, Meknès, Fès~ Tadla, Marrakech ont, en particulier, profité des traitements préventifs appliqués sur une grande échelle. Dans l'ensemble, les résultats ont été satisfaisants, bien qu'inférieurs à ceux obtenus en année normale. En eUet, l'augmentation de la virulence de la mala­ die et aussi la densité anophélienne inhabitueUe, ont été les facteurs essentiels de l'éclosion, chez les sujets soumis à une prophylaxie clinique, d'accès plus fréquents qu'en année normale. Des résultats médiocres ont été enregistrés dans les Zaërs, où le manque de m.oyens de transport n'a pas permis la mise en œuv'e d'un rythme l()? - de traitement plus rapide, et dans les Ouled Saïd, où le pourcentage de la papulation traitée régulièrement a été tout à fait insuffisant. Des traitements curatifs ont été effectués pal

QUININE ET SES PHf..PAR i\.TIONS

1 940 1 9 4 1 :\1 (~dieamen ts Ouanlités Carl (' 'pon- Quantités Correspon­ - dane (,,~k ----- danceensels Comprimés 1.738.270gr. 1.3:·().lilGgj.. j 48L360gr. 387.490gl'. Drag('cs 2.017.\n~)gl'. Sii7. l()Ogl'. 1. 773.000gl'. 700.200gr

Sels...... » » 6.7GOgT. 6.700gr.

Ampoules 416.391 alllp. 32tL018gl'. li38.480amp. :J82.280gr.

PHODUITS S""NTIl;~TIQUES

Nombre de eomprimés Médicaments 1040 1941

Prémaline . 1.28(j.~)11I1 ;).G7D.OOO Praéquine . UJG.î7G ;,li.OOO Quinaerinc . 13\'.000 l:)G (lOO

La consommation annuelle des produits synthétiques a donc considérablement augmenté ; ces médicaments ont remplacé, dans - lü:} - une certaine mesure, la quinine, dont l'emploi, en raison des diffi­ cultés d'approvisionnement, a été réservé aux traitements des accès. La diminution corrélative de celle-ci a été considérable, si on la compare aux besoins moyens des années précédenles : 2.525 Kgs en 194,0 et 3.467 Kgs en 1939.

2° MaLpdies vénél'iennes et cutanées

C'est toujours un des éléments importants du service des consultations, surtout en milieu indigène. Néanmoins, on constate un fléchissement de la courbe, qui n'atteint pas cette année 18 % du total général des consuliants, au lieu de 21 % en moyenne les années précédentes. Si ce fléchissement est dû à l'accroissement relatif du chifIre des fiévreux, on doit reconnaître que la clientèle des dispensaires spéciaux a été ou moins importante ou moins assidue : on enregistre en eUet une diminution de l'ordre de 35.000 consultants, soit 1/12", depuis deux ans, époque à laquelle on avait atteint dans ces sept formations le chiffre record de 295.000. Le pourcentage de la syphilis est passé dans les mêmes condi­ tions de 82,7 à 79,53, la chancrelle venant très loin après avec 10,72, chiffre qui a peu varié (10,36) ; enfin la blennoragie : 9,65 (moyenne des trois années précédentes : 8,8), ccl(!:te dernière atl'ection étant rarement l'objet d'une demande de soins par les indigènes, quand elle n'est pas compliquée. On s'occupera donc ici surtout de la syphilis, qui donne lieu à l'établissement du tableau comparatif ci-dess'ous :

Formes de la syphilis 1937 1938 1939 19-JO W41 ------Chancre...... •...... 1.338 3.062 3.347 2.887 2.149 Chancre et roséole ...... 495 422 406 540 1.410 Syphilis secondaire...... 7.488 5.950 4.582 4.529 4.959 Syphilis cutanéo-osseuse 3.505 5.525 5.002 3.209 2.741 tertiaire ~ viscérale ... ' ..... 1.096 735 756 129 431 Hérédo-syphilis ...... 544 640 46U !litj 89(j Latente ancienne...... » » » » 1.822

Nerveuse...... » »» » 48 ------' Totaux..... 14.466 16.33'1 11.562 12.060 140456 104

Il s'agit, dans ce tableau, de cas, chaque consultant n'étant signalé qu'une fois au moment de son inscription. On a pu en outre établir cette année, pour la première fois, une statistique des cas récemment apparus, et qui permet de savoir que 2.945 syphilis primaires et 4.481 secondaires sont de cette catégorie, à savoir :

DispclIsaires Syphilis 1 Syphilis II Total

Casablanca... 1.288 859 2.147 Rabat ...... 76 541 617 Meknès...... 7[)7 1.065 1.822 Fès ...... 338 1. III 1.449 Oujda ...... 107 76 183 Tanger...... 44 )31 175 :\larrakech ... 335 698 1.033

De son côté, le dispensaire Jeanselme, de l'hôpital Jules Colom­ bani à Casablanca, a donné 24.836 consultations à des européens, chiffre en progression annuelle constante, demt 20.634 pour syphilis (au lieu de 14.502 l'an dernier). Le nombre des malades nouveaux est de 229 (contre 169), sur un total de 713 syphilitiques traités. La syphilis primaire intervient pour 36 % des cas, la secondaire pour 64 %. Dans l'ensemble, les femmes ne fournissent que Il % des cas primaires, détail à relever. La source des contaminations indique moins du tiers à l'actif des européennes dans l'infection des euro­ péens et cette proportion diminue encore quand il s'agit de chancre mixte ou simple à B. de Ducrey. Relalivement à la prophylaxie féminine, les médecins des Bureaux municipaux d'hygiène et des Centres ont rempli leur rôle habituel. Le chitrre des visites des filles soumises oscille depuis quelques années entre 100.000 et 110.000, le nombre des femmes traitées dans les dispensaires annexés aux salles de visites entre 20 et 24.000. Quant au traitement, i.l a nécessité, pour Ce qui e~t de la seule syphilis, 110.989 injections inlramusculaires et sous-cutanées et 113.061 intra-veineuses dans les dispensaires, sur un total de 658.051 des premières et de 614.624 des secondes pour l'ensemble des forma­ tions du Proteetorai. 105 -

Enfin on trouvera ci-dessous le tableau habituel des expéditions faites par la Pharmacie Cenlrale de la Santé Publique aux forma­ tions de tout ordre pour le traitement de la syphilis.

Novarsenobenzol. ... 140.681 gr. 30 Trivalents Arsénomyl ...... 516 gr. 75 Pentavalents Acetylarsan ...... Il.572 gr. 32 Arsaminol 23.655 gr. 18 Cvanure sel) 1.405 gr. Sels '1 P~>otol~du~>~ et comprimés (comprimés) ;-59.525 gT. Mercure BlOdUle (SIlOP) .. _... 445.100 gr. et ses sels Ampoules cyanu.re (nOmb.re> ... [ 23.805 121.335 Benzoate d' '" 20.295 lBiodlll'e d' ... 77.235 Sels de bismuth injectab.les (ampoules; _..... 118.979 Salicylate de bismuth (suspension huileuse; 495 Jlacons soit. . - 10.800 doses ~ Sel. 1 49.305 gr. Iodure de potassium l Sel (en. sil:O p d') ...... ~ 1.1,2~ gl:. /Comprtmes 3/8.87;) gI.

Le traitement de la blennoragie et de ses complications par les sulfamidés continue à donner généralement d'heureux résultats, mais il est limité par les difficultés de l'approvisionnement, d'au­ tant plus que ces médicaments ont vu s'étendre aujourd'hui leur emploi à une foule d'autres afl'ectlons. La Pharmacie Centrale a délivré en HI-11 près de 200.000 comprimés de Dagénan. Un nouveau médicament a action rapide, la thiazomide, fabri­ qué par les Usines du Rhône, a été expérimenté avec succès par certains médecins. On continue à employer en injections la gona­ crine et le progone, la première plus active, mais d'administration délicate, le second agissant surtout sur l'élément douleur. Quant aux affections cutanées trâitées dans les dispensaires, elles ont donné lieu à 143.561 consultations, au lieu de 97.255 et 117.126 les deux années précédentes. On y a compris les maladies du cuir chevelu, parmi lesquelles les teignes occupent toujours la première plaee : 28.589 consultations, soit plus de 1/5 du total.

3 0 Affections oClllaires : L'activité des six dispensaires spéciaux se manifeste par 336.863 consullations ophtalmologiques, auxquelles il faut ajouter wn

264,.244 autres pour le seul groupe ophtalmologique mobile de Marrakech (Bab Taghz()u~) qui, en fait, a fonetioné cetLe année, comme un dispensa;re fixe. Si on y joint les 96.309 visites faites à ('hôpital indigène de Rabat, olt foncLionne un important service ophtalmologique, on arrive à près de 700.000 consultants, chifIre qui n'est guère au dessous de celui de l'an dernier. La lutte contre le trachôme est toujours au premier plan du rôle de ces dispensaires. Cette véritable « plaie » des pays nord­ africains, sUl'Lout des régions du Sud, se manifeste en 1941 par 75.655 déclarations, chi/l"re probablement au dessous de la réalité. Les huit formations ou sfjfvices spécialisés énumérés plus haut comptent 334.732 consultations de granuleux et enregistrent 46.121 cas nouveaux ainsi répartis selon les cinq nouvelles rubriques Trachome au début...... 10.306 période d'état. .. 18.399 précicatriciel . , 7.880 cicatriciel. ,. 4.800 Trichiasis 4.736 Quant aux autres afl'eotions oculaires, la conjonctivite puru­ lente donne lieu à 74.859 déclarations, chifl're intermédiaire entre celui des deux années précédentes. C'est surtout la plus ou moins grande fréquence de la conjonctivite saisonnière à B. de Weeks qui conditionne la courb~ de ces affections, heureusement plus bénignes que le trachôme. Les huit formalions ou services signalent, i~dé­ pendamment de ce dernier, 177.672 consultations données pour conjonctivite aigüe et 45. 948 pour conjonctivite chronique. Les conjonctivites purulentes non gonococciques représentent 30.080 malades nouveaux, dont plus de la moitié à Marrakech. Les mois d'été sont naturellement les plus chargés. Les conjonctivites gono­ cocciques n'atteignent pas le millier. De beaux résultats dàns les unes comme dans les autres sont dûs à l'emploi des sulfamidés, qui ont permis parfois de sauver des yeux qui eussent, sans eux, été irrémédiablement perdus. L'activité opératoire des formations spécialisées se chiffre cette année par 135.048 interventions ophlalmologiques concernant en grande majori lé la conjonctive : 131.356 et, parmi celles-ci, les brossages pour trachôme atteignent 120.302. Il reste : paupières : 1.738, globe oculaire: 1.340, voies lacrymales: 614. On rattachera aux précédentes les afl'ecLions du nez et des sinus, des oreiHes cl de la gorge, traitées dans les quatre dispensaires de Casahlanca, Rabat, Fès el Tanger, le groupe de Marrakech e~ l'hôpi• tal indigène de Rabat. Les renseignemenls numériques fournis par ces formations permettent de dresser le tableau ci-après

Nez OLo-l'hino-laryngologie Oreilles Gorge Total d SIliUS ------_._-~ Consultations .. lî6.S;-,J (34.-ID3 3S.D;-,lî lil). 30-1 (malades anciens et nouveaux: i\lalades nouveaux...... ;-,. flft' 12.02D 8.171 2G. iD2

4" Maladies éruptives: On a assisté cette année à une véritable épidémie de variole, qu'annonçait déjà la reprise d'activité de ceHe atfection, naguère si répandue, aujourd'hui victorieuseI~lent combattue, mais non pas définitivenml jugulée. Les eas de variole et de varioloïdc delS douze années 1930 à 1941 ressortent du tableau suivant:

Années Cas Années Cas Années Cas _._------ID3tl 219 ID3-1 ;-'J lU~18 26 19:31 7:?7 Il!););-, 1'2 193~) 16 UJ32 .;)7:) l I;UJ:3GjJ ~ Hl lD-IO 103 1~):3:3 112 UJ3i 2:J IP-II 1.951

On voit qu'il faut remonter à 1932 pour trouver une épidémie ~malogue, el la précédente, qui avail fourni 1.187 cas, date de 1927. La courbe de cette atreetion au cours des deux dernières années conserve d'ailleurs son allure habiltuelle, avec minimum des cas en été: 1 seul en aoûl 1940, 31 en juin 1941 ; acmé en décembre 1940 (28 cas), puis léger fléchissement les deux mois suivants (27 et 20 cas), nouveau « clocher ') en mars (75), descente en lysis jusqu'à la fin du printemps. Mais, celte fois, la sédation est brève, la maladie s'est disséminée : on remonte un peu en juillet (30 cas), davantage en aoùt (54), puis la flamhée épidémique se déclare et les quatre derniers Illois de l'année voient se produi.re respectivement : 141, 352, 586 ct ;330 cas. C'est du Maroc Oriental qu'était partie, l'an dernier, l'épidémie Cette année encore, la région d'Oujda fournit U~l nombre élevé de cas (289), mais les vaccinations faites en 1940 ont eu le temps d'agir \Ct les méfaits de la maladie sont limités. Par contre, elle gagne le territoire de Taza (131 cas, au lieu de 19 l'an dernier) et finit par intéresser l'ensemble du Protectorat.

Hég'ions Cas Régions Cas cl tCl'ri toires et tcrritoires 1 ------Fès...... 370 Casablanca ... 102 Meknès ...... 247 Mazagan ..... 89 Rharb...... 129 1\1 arrakcch ... 262 Babat ...... [ 190 Salî-;\[ ogador. 108

L'extrême Sud est peu touché (Agadir 18 cas, Tafilalet 10.) En ce qui concerne les décès, 2 ont été constatés chez des européens (l enfant, 1 femme) et 21 chez des indigènes de tous âges (hommes 12, femmes 9), mais ces chifl'res ne valent que pour les villes municipales, et le nombre de décès en tribu, surtout d'en­ fants, n'a pu être exactement apprécié. Toutefois la bénignité géné­ rale de la maladie a été soulignée par les médecins. Les cas urbains européens, au nombre ùe 45 (sur 577), appar­ tiennejllt le plus souvent à la population pauvre des faubourgs, qui compte de nombreux étrangers vivant au contact des indigènes; c'est ce qu'on observe notamment à Casablanca, où 7 atteintes ont été signalées dans ces milieux, à côté de 30 chez les musulmans. A Rabat et Salé, dans le dernier trimestre de l'année, 9 euro­ péens ont été traités, sur 53 cas au total. A Meknès, on en compte 5 sur 58 malades et 9 à Oujda, d'où l'épidémie est partie, et où elle a donné lieu à 47 atteintes, principalement en février et mars. Le plus grand nombre de cas indigènes a été observé à Fès : 233, à côté de 2 europé~ns, puis à Marrakech (Ind. 121 ; Eur. 13) d'octobre à décembre. A noter, dans la grande banlieue de Meknès, la prépondérance des cas (l08 indigènes), dans le Zerhoun du Nord, région habitée par une population de Chorfa, chez qui la pratique des vaccinations n'a pas été aussi suivie qu'ailleurs. Dans l'ensemble des formations, le nombre des inoculations signalées atteint le chiffre record de 2.548.447, mais l'Institut Pasteur de Casablanca a fourni plus d'un million de doses de plus (en tout 3.404,.825) pour le reste de la populaltion du Protectorat. 100 -

La rougeole, et la rubéole passent cette année au second plan. Le nombre des déclarations fléchit de plus de la moitié : 1.134 au lieu de 3.988 elt 2.483 les deux années précédentes. C'est le chiffre le plus bas signalé depuis 1927. Si, pendant le premier trimestre, on trouve encore une « queue )) d'épidémie (février : 183 cas, à côlé de 20 de variole) on tombe à 7G cas en août et 71 en octobre, alors que la variole montait ce dernier mois à 352 cas. Seules les régions de Fès (607 cas) et Meknès (119), indiquent un nombre relativement important d'atteintes ; nulle parlt ailleurs on n'attqint la centaine. Néanmoins la rougeole reste, on doit le répéter, une des rubriques importantes de la mortalité infantile, et la s,tatistique des décès urbains montre que la proportion des décès pour ceUe cause reste encore élevée, puisqu'on en compte 131 (Mus. 119 ; Isr. 11 ; Eur. 1).

Enfin la sdarlatine, maladie éruptive naguère inconnue au Maroc, a vu ceUe année progresser encore le nombre de ses cas : 84, dont 26 à Casablanca, 15 à Rabat, 11 à Oujda, 11 à Meknès, 8 à Taza, etc. II n'y a pas lieu d'en êltre surpris, à la suite de l'aug­ mentation de la popula,tion enfanline européenne par des apports directs de la Métropole. La maladie reste heureusement bénigne, mais elle gagne peu à peu les autres éléments, et on a noté ceUe année le décès d'un enfant musulman attribué à la scarlatine. 5° Diphtérie, Méningz'te cérébro-spinale : Le nombre des cas de diphtérie, 'qui était descendu jusqu'à 216 en 1938, s'est relevé progressivement les années suivantes et atteint cette année 297, chiffre w)i.sin de celui de 1935. La ville et la région de Casablanca inrterviennent pour plus de 100 cas, Rabat 65, Doukkala 24, Rharb 18, foyers les plus importants. Les européens fournissent 79 cas à Casablanca même et 53 à Rabat. La bénignité relative de cette maladie, souvent notée dans les statis­ tiques précédentes, est elle-même, semble-t-il, modifiée, puisqu'on enregistre 23 décès dans les villes municipales : 10 européens (8 enfants), 8 musulmans et 5 israélites. Le chiUre des vaccinations à l'anatoxine a heureusement subi une augmentation notable : 1.538, au lieu de 688 el 832 les deux dernières années ; il reste néanmoins insuffisant. Quant à la méningl't~ cérébrOi-spinale épidémique, les décla­ rations tombent à 40, après 132 et 112, chiffres correspondant, il est vrai, à une véritable poussée épidémique, puisque la moyenne lin - des cas des 8 années précédentes n'avait pas dépassé 23 par an. Les cas de 1941 se répartissent entre les diverses régions : Casa­ bIanca 10, Fès 5, Abda et Chiadllla 5, Meknès 4, Pori-Lyautey 4, Taza 3 Marrakech 3. Les décès attribués à cette maladie demeurent cependant relaltivement nomhreux : 17 (au lieu de 22 et 37), à savoir : musulmans 8, israél ites 2, enropéens 7.

6° Tuberculose, lèpre: A ne considérer que les chiUres. mis en regard les uns des autres, des déclarations de tuherculose pulmonaire ouvente et des décès attribués à la tuberculose de l'appareil respiratoire (ces derniers dans les seules villes municipales), on aboutit à des résultats en apparence paradoxaux : en 1941, les décès ont augmenté d'un tiers environ, tandis que le nombre des déclarations baissait dans une proportion à peu près analogue.

Années...... 19i{1 1\):1:"', 103G 1!,:n 19:'\1) 1!I:I\1 19·10 w·n

Déclarations ..... S.13G 5.21)·j S.71)7 (1004 .7.O:'i{ l2.07n 1t .7nS 8.363

Décès...... 1.270 1.202 1AD5 1745 1.:371 J .371 1.427 2.074

Cela indique que pour apprécier l'incidence de la tuberculose, d'autres éléments sont nécessaires. On a déjà d:t dans de précédents rapports que certains diagnosttics de décès des suites de tubercu­ l,ose, chez les indigènes, sont sujets il caution, aucun examen de laboratoire n'ayant été fait. Or l'augmenta!tion cons~atée porte préci­ sément sur eux : 1.785 musulmans et 165 israélites, au lieu de 1.210 et 90 en 1940, tandis que le chiffre des décès européens ne variait guère et diminuait même légèrement (124 contre 127). D'au

Inscriplions Villes Décl~s nll 'I:OUI'S au l"'janvier d'année

Casablanca. .. . , Ht-lD Il l 7N

. _-~-. .---~ Habul .. 331 lÎ;; 30

Meknl~s .. ·Hl:: ::0.-, ;-)~ ._------Fôs ...... G.813 (50 lHG ----- MUI'rakeeh 3.ûD4 2GB 67

Mogador. 99 143 13

La répartiltion des formes de tuberculose chez les malades nouvellement inscrits donne lieu au pourcentage suivant

Diagnostie dr's formes Nombre Proporlion :<~

Pleuro-pulmonaires ' .. 1.335 81,;;

Ostéo-urlieulaires...... 48 2,9

Ganglionnaires ...... 240 ll,f)

Viscérales...... 19

Tolal. .... 1. 642

Il a été pra~iqué, soit dans un but de diagnostiè, soit dans un but thérapeutique, 4.798 cuti-réactions, contre 4.075 l'an dernier. 112

Voici les résultats de l'enquête etl'eetuée à Fès - -- 1 Propor- Nombre 1 Cuti tion de Cuti Cuti non Age consta- de cuti- cuti- + - réactions réactions tées (1/ 0 ------1 mois à 1 an... _...... :302 4-1 15[) 103 ')') 1 an à 3 ans ...... 41~ Ion 206 G2 33 3 ans à 5 ans ...... _'. 197 1'32 "G 39 ,,~) 5 ans à 10 ans ...... '1 487 274 103 103 72 Au dessus de 10 ans.. _.. 230 129 47 54 72 1 " On cons,tale une augmentation légère du nombre des cuti­ réactions positives au-dessous de 10 ans, par rapport aux chiffres de 1940.

II a été pratiqué dans les (j dispensaires, 1.309 examens micros- copiques et 9.084 radioscopies ou radiographies. Au point de vue thérapeutique, on c,ompte : Rayons u!

(17) Il est de 5.903, portant sur 4.252 malades visités. - 113 -

Malades vus à la Hôpitaux consulta- Hospitalisés Décès lion

« Cocard )), Fès o' •••••••••• 2.560 '127 145 « Jules Mauran n, Casablanca 753 432 87 « Moulay Youssef n, Rabat. n 175 92 (19) « Mauchamp », Marrakech .. 163 129 (18) 57

Le centre de phtisiologie ouverlt l'an dernier à l'hôpital civil de Marrakech a hospitalisé 89 tuberculeux, dont beaucoup évacués de Casablanca au dernier terme de leur affection ; aussi le pourcentage de mortalité eSlt-il assez élevé : 14,6%. De cette rapide revue, il résulte surtout que la question de la tuberculose pulmonaire en milieu indigène se pose Itoujours avec acuité ; l'augmentation du chiffre des décès dans les villes muni­ cipales correspond, certes, en partie, à l'accroissement de leur population, mais le problème n'est pas uniquement urbain. De Itoutes façons, il a paru utile de renforcer la liaison entre les dispensaires des villes et les formations régionales, en faisant passer les premiers sous le contrôle technique elt administratif des médecins­ chefs de région. L'assemblée générale de la Ligue marocaine contre la tuberculose a ratifié cette proposition du Directeur de la Santé publique. D'autre part, le nombre des infirmières visiteuses a été augmenté. Quant à la lCpre, les déclarations continuent à diminuer : 268 au lieu de 292 et 326 les deux années précédentes, cas répartis comme suit par régions : Fès 147, Taza, 37, Marrakech Cy compris Agadir et Confins) 25, Casablanca 24, Doukkala 12, Rharb 8, divers 15. Il s'agilt toujours de cas anciens, tous indigènes. Trois décès seulement ont été enregistrés de ce chef dans les villes municipales.

7° Cancer: On note un léger fléchissement dans la courbe des décès dûs à cette maladie, ainsi qu'il résulte du tableau suivant établi pour

(18) Dont tuberc. pulm. 44 pleuro-périton. 18 ostéo-articul. 51 ganglionnaire 12 ; divers 4. (19) Dont tuberc. pulm. 82. lU -

les 18 villes municipales, .compte tenu des décès consla~és chez des malades venus du dehors pour s'y faire tra1,ler.

Haccs ID:37 ID38 ID3D 19~0 1~141 ---- Musulmnns. 17-t :.'21 2Gl 21);) 2:1;:'

Israélit(~s ,)~ ...... 30 36 28 - 1 ~3

Ellrop(~ells o •••••• 91 IID 110 13K 130

Totaux ..... 2D8 :),Ii ~-I ·1:>1 ~2R

Le Centre Bergonié de l'hôpial civil de Casablanca a résumé son activité de 'la façon suivante :

simples . 1. ~9:> 1.:>-t8 ConsultatIons.. . i av!'!: tl·nil(~m!'IIt. . 1:1./iD8 II .3Ii\l

( Enropéclls . ') 171 '2. Il U ~I alndes llouycllemcll t , illscrits J Isrnélit!'s . I:JI III r i\lusullllans . 198 17:>

Plusieurs malades on~ pté revus à diverses reprises ou ont subi des trai:tements répétés, ce qui explique l'augmentation des preniiers chiffres à côté de la diminution des seconds. Un cancer profond exige 20 à 30 séances d'irradiation pour être combattu efficacement. La slatisltique ·des afl'ections cancéreuses fournit les indications suivantes pour 1941 : Cas traités antérieurement e,t en ~urveiHance . ()89 soit, en plus, 1\-17 Cas de cancers traités par le radium .. 75 » » 17 Cancers nouveaux . 228 » » 78 Cas traités par radiolhérapie profonde . 15:-J )) » 68 Nombre de biopsies exécutées . 78 » )) 14 Malades venus avec biopsies . 21 )) )) 14

Il faut voir surlout dans cette augmentation la conviction, qui se répand dans le public, de l'efTicacité des méhodes employées, et le rappel par la Direction aux médecins des formations de la néces­ sité d'une évacmition aussi précoce que possible des malades sur le Centre Bergonié. A ce point de vue, l'action des infirmières visiteuses est susceptihle de rend re les. mêmes serviees que vis-à-vis des tuberculeux et des vé'n6riens pour les engager à se faire trai:ter.

8" Maladies virulentes, Rage, Charbon, T~(anos : L'Institut Pasteur de Casablanca a reçu 1.4J5 personnes envoyées pour examcn elt, s'il y a lieu, traitement ; 1.032 ont été retenues, au lieu dc 82H et G22 les années précédentes. L'augmen­ tation ùes cas suspecls de rage est ùonc notable. Les 978 civils ~rai,tés se divisent en : Hommes Femmes Enfants Total Indigt'nes ... 272 Ifl9 240 671 Européens. ... 130 71 106 307 Quant à la répartition régionale, l'He est la suivante

Population Population 1l{'l:rioll

ou LC'rriLoi!'(~ OU \C'I'I'iLoil'f' ul'!lnilw rurale urbaine l'm',ale ------1-----1----11-,----.. ------1----

CnsnhlnllC,l1. d_"''-) 70 ~I H1Ta "('1: 11 .. 10 31

'),- RahnL., d·) 71 Sali , . :2 3 Port-Lyautey, l" IOli ~Iogadol' ...... 2 » Mekni~s .. li (iG ~1 azag'HlI AZ"Ill- mou!'.. , . 10 17 F('s .. , ' . 42 "li Oued-Zem .. » 115 Taza ' . - . 17 Gê3 Tadla et COllfins, » IIG Oujda, . ' 21 tG

Il convient d'ajouter à ce,Ue liste 3 cas évacués de 1'0ranie ou de l'A.O.F. L'animal mordeur était le chien dans 91,08 % des cas, dont plus de la moitil\ de chiens errants. Viennent ensuite : chats 47 cas (4,55 %), ânes 18 (l,74), vaches 12 (1,16), l'Ulis 8 (0,77). On note 2 cas seulement provenant des morsures de chevaux, 1 de singe, enfin 1 d'homme atteint de rage. Celle-ci a pu être contrôlée expérimentalement chez l'animal mordeur dans 88 cas, et diagnos­ ,tiquée par un vétérinaire dans 155. Les morsures étaient superficielles dans près de la mojtié des cas (49,03 %) ; dans 75 cas (7,26 ro) il n'y avait al;cune trace de morsures. Celles-ci intéressaicnt le plus souvent la peau nue - 116 ~

(77,7 %) et siégeaient à: peu près également aux mel11lbres supérieurs (43,41 %) et inférieurs (42,15 %), p!1is à la tête (103 cas), enfin au tronc (46). Quatre décès d'indigènes ont eu lieu au cours du traitement (3° semaine) : 2 chez des femmes et 2 chez des enfants qui s'étaient présentés de 2 à 7 jours après la morsure, mais celle-ci étai,t profonde et siégeait à la tête dans 3 de ces cas, facteur d'une extrême gravité. Il n'y a rien à ajouter à ce qui a été maintes fo:s dit dans les rapports sur l'inefficacité de la lutte contre la rage ailleurs que dans les villes, en milieu indigène. Les renseignements sur le TétanOts et le Charbon dont la déclaration n'es,t pas obligatoire, portent uniquement sur les décès urbains. Ils ont été, en 1941, de 23 (M. 20, E. 3), au lieu de 11 l'an dernier, ponr la première de ces maladies virulentes, et de 2 seulement pour la seoonde (M. 1, E. 1). Il s'agit dans ce dernier cas d'un commis de ferme, piqué par un insecte, dans une exploi­ tation hOl',ticole du Rharb.

9" Affections lyphoïd{'s et dysenteries La courbe des maladies dues au B. d'Eberth et aux bacilles paratyphiques qui avait fléchi en 1939, tombant à 468 cas civils déclarés, s'est relevée l'an dernier à 514 et at,teint cette année 716, la moyenne des dix années précédentes étant d'un peu plus de 500. Le mois de juin avait été le moins chargé, avec 27 cas seulement, mais on remonte à 55 en juilIe,t, 58 en août et 66 en septembre, pour dépasser la centaine en octobre et novembre (137 et 113 déclarations) et revenir à 69 en fin d'année. Il n'y a là rien que de normal. La répartition géographique présente cependant quelques variations. Si la ville et la région de Casablanca occupent toujours le premieF rang, avec 214 cas (137 en 1940), celle de Rabat passe au second : 116 atteintes, chitIre double de celui de l'an dernier. Il y a légère diminution à Meknès (56 contre 75), situation stationnaire à Fès et Oujda (98 et 44 contre 101 et 41). Dans le sud, le Territoire de Safi et le cercle de Mogador voient passer leurs cas de 41 à 64 et la région de Marrakech de 20 à 32. Sur les 188 cas déclarés au Bureau d'hygiène de Casablanca, CE. 142, I. : 13, M. : 33), l'enquête a montré que 17 sont extérieurs à la ville et 21 contractés dans d'autres régions du Maroc. Chez les européens, la maladie frappe toujours avec ,prépondérance les femmes (52) cl les enfa\lts (53), c'est-à-dire les catégories de la - 117 - population où la pratique de la vaccination est la moins répandue. On n'a pu établir une origine hydrique que dans 17 cas chez des habitants d'immeubles non desservis par la canalisation d'eau potable ; l'origine coquillère est nette dans 14 cas, les légumes ou truits souillés eil la pâtiss('l'ie indigène dans 27 autres, enfin la contamination directe, par des malades ou des convalescents, dans 22 cas. A Rabat, les 76 cas, dont 69 européens, considérés comme urbains, n'ont pas seulernen1 frappé, comme les années précédentes, la population pauvre du quartier de l'Océan, où l'on n'a pu suppri­ mer complètement le déplorable usage des coquillages crus, mais même les qual'ltiers résidentiels. Force est d'incriminer lq; apports de la Métropol~ et de l'Algérie, et l'inadaptation de ,tant de nouveaux venUS~Hl climat et aux habitudes normales de vie qui en dél:oulent. Toull f Dis la principale flambée épidémique, celle du mois d'aoùt, durant lequel 14 cas, presque tous observés chez des enfants, et dont plusieurs furent suivis de décès, ont éclos en une semaine, met en évidence la cause habituelle maintes fois signalée de la contamination typhoïde : la fréquentation de la zone particulièrement insalubre de la côle, où se déversent les égouts. L'augmentation du nOl!lbre des atteintes dans le Sud est sur­ tout imputable à une pousst'! de 58 cas constatés de mai à novembre dans la population de Mog Jdor, principalement chez les Israélites, et due à la consommation d'aliments souillés. A Marrakech égale­ ment le .Mellah a fourni !:l cas et les quartiers européens 16. Le chifl're des décès des .suites d'afIeetions typhoïdiques dans les villes municipales a été cotte année relativement élevé : 161 (H. 78 - F. 83) contre 62 et 40 les années précédentes. Il comporte 79 européens, 64 musulmans et 18 israélites. Casablanca intervient pour 88 décès (E. 34 ; M. 47 ; I. 7), Rabllit et Salé pour 26 (E.17 ; M.8 ; I. 1). La vaccination par voie parentérale a fait quelques progrès, puisqu'on enregistre un chifIre de 8.278 piqûres, au lieu de 5.105 l'an dernier, Il y a néanmoins encore du chemin a parcourir avant que la population européenne ait pleinement compris la nécessité de se faire vacciner par la seule méthode qui ai,t fait ses preuves, et dont les inconvénients sont minimes à côté des dangers redou­ tables qu'elle permet d'éviter presque à coup sûr.

Quant aux dysenteries, on se bornera à indiquer les chifIres - ll~ -

des déclarations, qui passent à 27.479 pour l'amibienne et 117 pour la bacillaire, chiUres de valeur rel~tive, comme on l'a déjà dit. La moyenne des cas déclarés avait été d'un peu moins de 25.000. La région de Fès en fournit toujours près de la moi,tié depuis cinq ans (13.382), dont 4.508 pour la ville ; assez loia en arrière vient la région de Meknès avec 3.943 déclarations, puis Taza 2.889, Rharb (y compris Ouezzane) 2.253, Casablanca 2.057. Le Sud paraît beaucoup moins touché: la région de Marrakech ne signale que 1.323 cas. Le chitIre des décès imputés aux dysenteries dans les villes municipales est relativement élevé, eu égard aux années précédentes, puisqu'on en compte 1.772, presque tous musulmans, au lie~ d'une moyenne quinquennale de moins d'un millier (974).

10° Maladies pestilentielles:

A. --- TYPHUS EXANTHl~MATIQUE.

Si l'on se reporte au tableau des cas fUlregistrés depuis douze an, qui figure au rapport de 1938, on voit que l'allure de cette ma­ ladie, toute capricieuse qu'elle paraisse, obéit cGpendant aux règles habituelles. Après l'épidémie de Hl27-28, une assez longue période d'accalmie sc manifeste. L'aSC(1nsbn ne reprend qu'en Hl37; elle est brusque (1.844 cas), et, l'année suivante, on monte jusqu'au chiUre de 7.437, qui n'avait jamais été atteint. La chute qui suit n'est guère moins rapide: 1.110 cas en 1939; 355 en 1940. Mais l'eUe fois, la sédation n'est pas durable, puisque cette année on remonle à 1.6,66 cas. Il faut, comme de coutume, chercher les raisons de ces faits· dans des conditions géographiques et économiques. A l'ordinaire, l'épidémie prend naissance dans les territoires déshérités du Sud à l'occasion d'années de sécheresse. Les miséreux qui fuient vers des contrées plus favorisées y répandent la contagion. Ce fut le cas dans la poussée épidémique de 1937-1938 qui frappa durement les régions de Marrakech et Casablanca. Il n'en a pas été ainsi cetteannée ; ce n'est pas du Sud au Nord, mais de l'Esit à l'Ouest que le typhus a gagné du terrain, et on a assisté, toutes proportions gardées, à la reproduction de l'épidémie d'il y a vingt ans, qui, pm·tie des Hauts-Plateaux algéro-marocains, s'est infiltrée par le Rif, le couloir de Taza, la Moulouya, jusqu'aux plaines atlantiques. 119 -

La partie Nord de la région d'Oujda, qui forme la circonscrip­ Lon des Beni-Snassen, véritablement encastrée entre l'Oranie et la zone espagnole orientale, est le lieu de passage obligé de la plupart des travailleurs rifains qui se rendenl en Algérie ou en reviennent. Or, dans les premiers mois de 1941, alors que la région d'Oujda était encore indemne, des cas de typhus avaient déjà apparu, tant dans le Rif que dans le départemenl d'Oran. Malgré les précau­ tions qu'on avait pu prendre, la contagion se répandit dans les Beni Snassen, où 292 cas furent enregistrés, et gagna la circons­ cription voisine de Taourir,t (55) el Oujda même : en tout 412 cas pour cette seule région. Il a été possible de mettre en évidence avec précision l'origine de ces ensemencements : 104 cas ont été exactement dénombrés comme intéressant des indigènes arrivés d'Oranie quelques jours avant que le typhus fùt déclaré chez eux. Un petil foyer constaté à Tafraout dans l'Anti Atlas reconnaît la même origine. Même à la fin de l'année, quand une manifestation épidémi'que se produisilt aux mines de Djérada, frappant un nombre important d'Européens et d'ouvriers indigènes, l'enquête a établi que le contage avait été apporté par lLne équipe de travailleurs kabyles infeCltés, en prove­ nance d'Algérie. L'extension progressive de l'épidémie aux autres rcglülls du Maroc est marquée dans le ,tableau suivant qui se passe de com­ mentaires

Rôgions et tel'l'iLoires Cas Hégions cL lcl'1'iLol'res Cas -- Taza ...... 574 Chaouia ...... 157 Fès ...... l Fès ...... 235 "",hl",," 1Oued-Zem o ••• 12 Tafilalet...... 125 Mazagan ...... 4 Meknès ... ~ Meknès ...... , 45 Safi-1\logador . 4 !VI arrakech Rharb...... 45 Marrakech .. , . 17 Rabat ..... l ~ nabaL ...... 3:3 Agadir-Contins _. _...... 3

Le seul groupement de cas .d'une certaine importance dans les régions occidentales est celui de Casablanca et des tribus voi­ sines. Il semble qu'on doive incriminer ici, au cours de poussées dont l'allure bénigne a été relevée, un réveil de la maladie dans des 120 -

douars manifestement connus comme constituant des réservoirs anciens d'endémie typhique, vers Ben Ahmed notamment. Quant aux cas de la région de Marrakech ils concernent une petite flambée épidémique constatée dans le tiaut Dadès. Il n'y a rien de particulier à dire de l'allure saisonnière de la courbe, sinon que, partie de 14, cas en janvier, elle monte à 110 en mars et aJtteint son maximum en juin avec 266 cas, assez tard par conséquent, comme on l'avait déjà observé durant la précédente épidémie. L'accalmie estivo-automnale est également marquée : on tombe à 26 cas en OCltobre, mais bientôt la courbe se relève et cela d'une manière très brusque, puisqu'on termine au plus haut, en décembre, avec 450 cas. Ce qui est le plus important à signaler c'est le chiUre des atteintes chez les Européens, et avant tout dans la région d'Oujda, d'où l'épidémie s'est étendue. On en compte 74 en eUet, 12 dans la région de Fès (Taza inclus) et 14 dans le resie du Maroc, avec une mortalité relaJtivement élevée (28 %). Il faut faire intervenir de toute. évidence la multiplication des contacts avec les indigènes, qui résulte avant tout des moyens de Itransport en commun, un nombre considérable d'Européens se trouvant privés actuellement de l'usage de leur voitUl:e personnelle. D'autre pant, les circonstances ér;ono­ miques présentes ont eu pour enet d'amener l'Européen à fréquenter davantage les médinas pour s'approvisionner, tandi,~ que l'indigène, dont les hauts salaires ont relevé le standard de vie, à tendance au contraire à en sortir et, possédant souvenl des terrains dans les « villes nouvelles », à Y bâtir elt à s'y loger. C'est dire la difficulté que tout essai de « ségrégation » rencontre. Comme d'usage, un gros efi'ort prophylactique a été accompli par les Services régionaux d'hygiène et d'épidémiologie et les Groupes sanitaires mobiles (Taza, Rabat ot SCLltat en particulier) dont l'action a été renforcée par celle des Sections de prophylaxie générale de l'Institut d'hygiène, avec leurs étuves à vapeur, à acide cyanhydrique et anhydrique sulfureux liquide, caissons à désinfection, lessiveuses, etc... C'e~t ~dnsi que 661.716 désinsecti­ sations ont pu être opérées dans l'ensemble du Maroc. D'autre part le chifi're des vaccinations au virus vivant de G. Blanc a aJtteint 427.100. En fin d'année, on a utilisé, conjointement avec le précédent, le vaccin de Durand de 1'1. P. de Tunis, en milieu européen, chez 121 - les sujets âges de moins de 40 ans et reconnus exempts de toute déficience organique.

B. - PESTE

Cette maladie, qui régnait à la fin de l'an dernier dans les Confins et la région de Marrakech, a continué sa marche et fini par iIlJtéresser la Chaouia, siège d'anciennes et graves épidémies, mais les foyers qu'elle y a allumés ont été limités et ont pu être victo­ rieusement combattus.

I. - Commandement Agadir-Confins Trois foyers principaux étaient surveillés au début de l'année ceux des Haouara, entre Agadire1t Taraudant, de Taraudant même, enfin des Menabha et tribus voisines de la banlieue E. et S. E. de cette ville. Le premier a pris de l'intensité de mars à juin, et allumé un foyer secondaire en bordure de l'Anti-AiUas. Le foyer urbain a eu son maximum en juin et ne s'est éteint qu'en octobre. Le dernier fut le plus important et dura jusqu'à la fin de l'année. C'e8lt de lui également qu'est issue la llambée épidémique qui atteignit un douar de l'Anti-Atlas, celui des Aï,t Kourbane (N. E. d'Igherm). La conta­ mination s'est faite selon le mode classique : un indigène s'évade d'un douar consigné, parleur d'effets ayant appartenu à des mala­ des décédés ; il meurt à son !tour peu après son arrivée en milieu sain qu'il infecte et où on enregistre, dans la semaine qui suit, 29 cas, dont 21 mortels. Les autres manifestations de la peste dans ces contrées se bornent à quelquf{s cas observés en divers points éloignés les uns des autres : chez les Mesguina près du poste de l'Oued Issen ; chez les Chbouka (trois petits foyers familiaux) ; chez les Aït Mzal près de Souk el Arba des Ait Issaha, etc. Dans l'ensemble, le nombre des cas bactériologiquement confirmés a été de 1.555.

II. - Région de Marrakech La lutte se poursuivait au début de l'année dans deux grands foyers en évolution : celui des Ait Imour, à l'Ouest de la ville, de pant et d'autre de la route de Mogador, et celui des Reraia, sur la route de Taraudant, à 25 kilomètres de Marrakech. Le premier, après avoir gagné du terrain vers le Nord; put être Jugulé en juin. On se rendit maître du second dès avril. Par ailleurs, on a observé au cours du printemps l'apparition de cas de peste successivement vers Chemaïa, en direc,ion de Safi ; chez les Srarna-Zemrane, en direction opposée, enfin dans les tribus du versant Nord de l'Atlas : Glaoua, Touggana, Ourika, D'autre part, un certain nombre de décès suspects ont été décelés en ville. Dans l'ensemble, le chiffre des wtteillles certaines s'est élevé à 717, parmi lesquelles 33 pour le Territoire de Safi.

III. - Région de Casablanca:

Elle a fourni 75 cas au total. C'est en mars qu'une première manifestation de la pesle, de courte durée, fut observée dans trois douars de l'arrière pays, au Nord de Boucheron. Puis deux autres furent signalés en juillet en:re Boucheron ct Boulhaut, et un même nombre à Fédala, enfin une nouvelle poussée, plus importante, se produisit, le Illois suivant, dans le secteur de Boucheron-Ben Ahmed.. Plus au sud encore, la petite ville de Settat et sa banlieue, souvent atteintes par le passé, voyaienl évoluer de juin à novembre une épidémie d'une trentaine de cas. La menace qui pesait de ce' chef sur la ville el le port de Casa­ blanca n'a cependant pas élé réalisée. La peste n'a donné lieu qu'à 3 cas sporadiques intéressant des européens : le 17 juillet, un mécanicien de minoterie, le 22 octobre le gérant d'une société de triage de grains, enfin, le même jour, un dessinateur des Travaux Publics, dont le bureau, situé dans un sous-sol, se trouvait à proximité de dépôls reconnus comme infestés de rats. L'étiologie murine de ces cas (qui furent suivis de décès) n'est donc pas dou­ teuse. D'ailleurs l'attention avait été attirée dès janvier sur l'exis­ tence aux docks-silos et dans trois établissements céréalistes d'une épizootie, qui, bien que peu importante, fut surveillée assidûment. Les recherches pratiquées à bord des navires en rade furent néga­ tives. En ville, par contre, deux secteurs d'épizootie furent décelés au voisinage de la rue de Strasbourg et de son prolongement, la route de Médiouna, où s'échelonnent les grands entrepôts de céréales. C'est là une preuve de plus, s'il en était besoin, de l'exis­ tence d'Un lien étroit entre les manifestations urbaines de la peste et la voie principale de circulation des grains. Le rôle de la puce, mis souvent en évidence en milieu rural, apparaît ici oomme secondaire. l2i1

Les mesures prophylactiques ont été celles qu'une expérience plus que trentenaire de la peste au Maroc a, en quelque sorte, codifiées : dépis~age précoce et isolement des malades après l1ésin­ seetisalion ; même Opl~l'a don suivie de vaccination des cohabitants ; vaccination dans le l'esle du douar et les douars vo:sins, puis, pro­ gressivement, dans loules les zones encore saines, de façon à créer une barrière en avant des centres ruraux et des villes. Le chiffre des inoculations a atteint 2ô5.000 donl 123.773 dans le Commande­ ment Agadir-Confins et 53.822 dans la région de Marrakech. La police des routes a été sévèrement observée : les postes de surveillance, installés aux p:orles de Marrakech el de Taroudant, au pont du Sous el aux cols, ont foncLi.onné avec activité. A l'inté­ rieur des villes, le contrôle systématique des décès, institué l'an dernier, a élé poursuivi rigoureusement. La désinsectisation des maisons était faite au crésyl ou à l'anhydride sulfureux liquide, qui servit aussi à débarrasser de leurs parasites les vêtements mis dans des lessiveuses, des caissons hermétiques ou des silos, suivanl le cas. Pour la dératisation, on employa, outre le S02, le cyanogax et, dans les zones saines, les appats au blé strychniné. Il n'y a pas eu d'accidents. On lrouvera au chapitre ci-après le chiUre des rats détruits, avec détermination de leurs espèces, principalement à Casablanca. Ajoutons qu'on a. profité de la circonstance pour améliorer le service de nettoiement urbain, supprimer les dépôts de ferrailles et autres déchets, servant d'abris aux rals, et qui jalonnaient la « voie du grain )) L'alerte de 1941 a permis ainsi de compléter le système de défense sanitaire édifié au 00urs de ces dernières années pour protéger le grand port marocain, et qui a donné la preuve de son efficacité.

SECTION CINQUIÈME

SANTE MARITIME

La diminution, signalée l'an dernier, du nombre des navires arraisonnés, qui étail de 1.124, par rapport à 1939, s'est encore accentuée en 1941 et se chifTre par 650 navires en moins (3.464 en 1939, 2.340 en 1940 et 1.690 en 1941) se traduisant l'cite année par une moins-vainc dans les recettes de l'ordre de 60.185 frs 70 (54ô.837 frs 80 en 1940 contre 4,78.652 1'rs 10 en 1941). Les deux - 124

tableaux ci-après permettent d'apprécier, par port, la différence en plus ou en moins.

NAVIRES ARRAISONNES

Différence sur 1940 1939 1940 1941 : eu + en ------. -_.~-- --- Port-Lyautey .... 287 168 94 » 74

Rabat ...... 146 13 8 » 5

Fedala ...... 157 81 41 » 40

Casablanca...... 2.271 1.788 1.193 » 595 Mazagan ...... 116 51 54 3 » Safi ...... 308 152 153 1 » Mogador ...... 97 46 67 21 »

Ag'.ldir ...... 82 41 80 39 .)

Totaux..... 3.464 2.34Üj 1.690 64 714

RECETTES EFFECTUEES

Différence sur 1940 1939 1940 1941 en + en ------Port-Lyautey. 46.481 20 21. 204 35 10.418 05 » 10.786 30 Rabat ...... 22.257 95 923 85 313 80 » 610 05 Fedala ...... 31.059 65 13.422 40 9.458 25 » 3.964 15

Casablanca .... 789.027 35 466.127 80 397.402 80 » 68.725 » Mazagan ...... 21.064 70 8.361 95 12.527 70 4.165 751 »

Safi ...... 58.075 62 24.412 70 30.915_30 6.502 60 »

Mogador...... 16.817 ':0 8.646 65 13.467 70 4.821 05 »

Agadir ...... 13.346 80 3.738 10 4.148 50 410 40 » ------Totaux... 998.130 57 546.837 80 478.652 10 15.899 80 84.085 50

Quant au fonctionnement des stations sanitaires maritimes, le nombre de c·onsu1tants qui se sont présentés à celle de Casablanca (5.521) n'est inférieur que de 153 à ceux de l'année précédente. - 125

Ils se répartissent en 2.767 blessés, 1.446 fiévreux et 1.308 vénériens. Le traitement de ces derniers a donné lieu à 846 injections intra­ veineuses et 1.134 intra-musclliaires ou sous-cutanées. En oulre, 179 marins du commerce (Français 61, Etrangers 118), aaeints de maladies vénériennes, ont été dirigés sur le dispensaire « Jean­ seIme» de l'hôpital civil de Casablanca où les soins médicaux nécessités par leur affection leur ont été donnés, conformément à l'arrangement intfplational de Bruxelles du 1"' décembre 1924. Au point de vue de la prophylaxie, la staüon sanitaire mari­ time de Casablanca a efl'ectué 5.918 épauillages et 12.067 désirisec­ tisations d'effets pour la prophylaxie du typhus. En ce qui concerne la lutte contre la peste, le nombre de rats capturés dans les ports, sur les quais, magasins de la douane et à bord des navires est détaillé par espèces dans le tableau ci-dessous :

Ports Décumanus Ratlus Alexalllirilllls Souris Total ------

Port-Lyautey. 1.482 » 1.031 104 2.617 Rabat...... 942 662 730 » 2.334 Fedala ...... 435 299 » » 734 Casablanca .... 775 644 545 186 2.150

"1,~"; )) Mazagan ..... » :vr-::.':J 74 263 337 Safi ...... 150 741 479 377 1.747

MogadOl' .... ,. 12 13 » 61 86 ------Totaux... 3.796 2.3;)9 2.859 9~Jl 10.005 Pourcentage .. :i7.94 % 23.58 % 28.58 % 9.90 %

SUI' les 2.150 rongeurs capturés à Casablanca, 1.175 provien­ nent des quais, des magasins ou des docks-silos, le reste a été pris à bord des navires, par sulfuration, cyanhydrisation ou par pièges. MO rats ont été examinés, dont 468 provenant de terre et 172 du bord. Le résultat de l'examen a été positif pour 40 des premiers et négatif pour les autres. Les porteurs de bacilles de Yersin venaient des docks-silos, des magasins de la Douane ou magasins privés situés à proximité des quais. Le dernier cas positif date du 15 novembre. Si l'on ajoute à ces captures, celles effectuées par l'équipe de dératisation du Bureau municipal d'hygiène de Casablanca, le - 121i

nombre des prises s'élève à 13.061 rats, se répartissant en Norve­ gicus (Décumanus) 10.71S, Rattus 1.040, Alexandrinus 1.303. Le total des captures pour l'ensemble des formations atteint environ 100.000, de toutes espèces. -. La prophylaxie ne la variole n'a donné lieu qu'à un très petit nombre de vaceinatiŒls, le lH'cessaire ayant été fait dans les villes et les centres. Il n'y a pas eu cetle année de pélerins à vacciner en nombre, les circonstances n'ayant pas permis l'atrrêtement de bateaux spéciaux pour le pélerinage de la Mecque, lequel a eu Héu en décembre 1941.

SECTION SIxn::ME

ASSISTANCE

1. - ASSISTANCE MEDICALE A) Assistance médicale graillÏ'te. - Le nombre de personnes inscrites sur les listes d'assistance médicale gratuite des dix-huit 'municipalités s'est élevé à 2.014 ; le nombre des hospitalisés au compte des municipalités a été de 5.461 et celui des journées d'hospitalisation de 120.476. Les dépenses imposées de ce chef aux municipalités se sont élevées à 3.'677.267,05. D'autre part, le service de l'Assistance a remboursé aux hôpitaux civils et militaires une somme de 1.251.348 frs 55 pour le traitement de 2.141 malanes hospitalisés pendant 35.71H journées. Dans l'ensemble du Pl'oteet':>rat, 7.602 personnes out élté hospi­ talisées, totalisant 156.195 journées et représentant une dépense de l'ordre de 4.H28.()15 frs 60.

B) Assistance médicale partielle. - Au cours de l'année 1941, le service de FAssistance a exercé 2S0 recours contre diverses per­ sonnes qui étaient en mesure de participer à leurs frais de traite­ ment. Les ordres de reversement établis à cet effet sc sont élevés a HH.125 frs 50.

C) Commission centrale d'assistance. - Cette commis:o;iün a été supprimée par circulaire résidentielle n °1 Ass. du 24 février 1941 et ses attributions ont été dévolues à la DiteetÏ':>n de la Santé Publique et de la Jeunesse. Dans cette même circulaire, il a été prévu que les décisions des commissions municipales d'assistance ne seraient susceptibles d'un recours auprès de cette Direction que 1?7 - lorsque la somme réclamée pour frais d'hospitalisation serait supérieure à 1.000 francs. De ce fait, les pourv,ois formés au cours de l'année contre les décisions des commissions locales se sont élevés à 53. D) Tuberculeux. -- Pendant l'année, le service de ]'Assi'stance a entretenu 154 tuberculeux dans des préventoriums et sanatoriums de la Métropole et du Maroc, entretien dont le coÎlt a été 518.M5 frs 40. E) Aliénés. - Le service de l'Assis,tance a entretenu 4,33 aliénés, dont 408 à l'hôpital neuro-psychiâtrique de Berrechid et 25 dans divers établissements de France. Ces malades comprennent 74 européens et 359 indigènes. Les dépenses d'entretien se s'Ûnt élevées à 1.527.266 frs 60. D'autre part, les municipalités ont entretenu, à l'hôpital neuro­ psychiâtrique de Berrechid, 149 aliénés européens et ont remboursé ainsi la somme de 806.091 frs 20. F) Traitement a1lJt.irabique. - Les frais d'hébergement de 886 personnes dirigées sur l'Institut Pasteur de Casablanca (871 imli­ gènes et 15 européens) se sont montés à 88.800 fI'.

II. - ASSISTANCE SOCIALE

A) Enfants.-Le service de l'Assistance a entretenu 456 enfants (215 européens e,t 241 indigènes) dans divers établissements: orphe­ linats, écoles ~e sourds-muets, écoles de j~unes aveugles, Institut médico-pédagogique. Parmi ces enfants, il y en a tr'Ûis pour lesquels les tribunaux ont donné à l'administration les droits de garde et de puissance paternelle, en exécution du dahir du 18 mars 1928 sur les enfants assistés. Les dépenses d'entmtien se sont élevées à 800.811 fI'. 70. B) Vieillards, infirmes et incurables. - Il a été entretenu pen­ dant l'année 171 vieillards (92 européens. 79 indi\{ènes) placés dans des hospices ou asiles du Maroc, de l'Algérie et de la Métropole, occasionnant une dépense de 465.740 fI', 40. C) Primes d'allaitement. - 286 mères de familles ont été admises au bénéfice de cette prime. Les dépenses se sont élevées à 106.380 francs. D) Allocations et secours. -" Il a été servi à 23 vieillards une - 128

allocation mensuelle, qui a été portée de 60 à 100 fr. à partir de 1941. Les sommes allouées à ce titre se sont montées à 21.640 fr. D'autre pm~t, le service de l'Assistancej a été saisi de 76 deman­ des de secours, sur lesquelles 61 ont été accueillies et 15 rejetées. Par a:lleurs, il a été délégué une somme de 31.200 fr. à divers services chargés d'allouer directement des secours d'urgence : le . monlant des dépenses totales effectuées au titre des allocations et secours s'est élevé à 59.400 francs. E) Transports et re{olJl!ement. -- Pendant l'année, il a été acoordé des moyens de transport à 1.406 personnes, dont 21 tuber­ culeux transférés soit sur des étahlissements de la Métropole, soit sur le Centre phtisiol0gique de Ylarrakech, 1.216 indigents dirigés sur l'Institut Pasteur de Casablanca, 70 aliénés admis à l'hôpital neuro-psychiâtrique de Berréchid, 82 malades évacués sur diverses formations sanitaires du Maroc et 17 vieillards env.oyés dan~ des hospices de l'Algérie. Les dépenses se sont élevées à 90.939. fI'. 70.

III. - ŒUVRES DE BIENFAISANCE Le Conseil Central de la Famille et de l'Assistance dans sa séance annuelle, qui s'est tenue le 15 mai, a attribué à 49 œuvres de bienfaisance, d'assistance et de protection de l'enfance des subven­ tions pour assurer leur fonctionnement normal. Le montant des suhventions ordinaires s'est élevé à 3.609.000 fI'. Dans celite même séance, il a été décidé d'accorder des subventions extraordinaires, dont le montant a atteint 1.530.000 fI'. Sur cette somme 1 million a été destiné aux œuvres de protection de l'enfance musulmane abandonnée. Le total des subventions attribuées par le Conseil Central de la Famille et de l'Assistance s'es~ élevé à 5.139.000 fr. En outre, au oours de l'année, des subventions exceptionnelles ont été accordées à diverses œuvres de bienfaisance pour un montant de 591. 527 fr. En résumé, pendant l'année 1941, le Service de l'Assistance a secouru 5.990 personnes, pour lesquelles il a dépensé 4.930.971 fI'. 95 En outre, il a alloué à 49 ct'uvrQs de bienfai- sance des suhvenltions dont le montant a atteint. . 5.730.527 fr. 00

Les charges de l'Assistance ressortent donc à. 10.661.498 fr. 95 129 -

SECTION SEPTIÈME

CONSTRUCTIONS ET PROJETS

Les difficultés signalées l'année précédente se sont aggravées en 1941. Le manque de matériaux a nécessité la mise en vigueur d'une politique d'économie dirigée, qui se traduit par des restric­ tions à la consommation et par l'octroi de contingents très inférieurs aux besoins. . L'application des nouveaux principes ne s'est elle-même pas effectuée sans flottement et s'est compliquée du manque de 'main­ d'œuvre et de moyens de transport. Quoi qu'il en soit, quelques chantiers ,ont été terminés et un certain nombre d'autres ont été ouverts

1° TraVa,ux terminés:

Casablanca. - Entrepôt annexe à la Pharmacie Centrale Logement du Directeur adjoint de la Pharmacie. Mazagan. - Maison du Médecin-chef de l'Hôpital. Oulmès. - Salle de visite. Ouezzane. - Construction d'une salle d'hospitalisation. Talsint. - Construction d'une infirmerie indigène. Aït Ishaq. - Construction d'une infirmerie indigène. Khénifra. - Extention de" l'infirmerie indigène. RhafsaÏ. - ConstrucUon d'une salle d'hospitalisation.

2° Travaux continués Ol! entrepris:

Casablanca. - Construction d'un nouvel hôpital indigène. Construction d'une Ecole d'infirmières d'Etat. Azemmour. - Construction d'une maison pour le Médecin. Mazagan. - Réfection de 2 pavillons à l'Hôpital civil mixte. Marrakech. - Extenüon de la Maternité. Ouarzazate. - Construction d'une infirmerie indigène~ Souk el Arba du Gharb. - Extention de l'infirmerie indigène. Marchand. - Construction d'une salle d'hospitalisation. Meknès. - Extension de l'hôpital indigène (Sidi Saïd). Aménagement d'un centre d'épouillage. Aménagement d'un dispensaire policlinique. Azrou. - Construction d'une salle d'hospitalisation.

9 130

SECTION HUITIÈME

CONSIDERATIONS BUDGETAIHES

A) Budget ordinaire : Les crédits alloués à la Direction de la Santé publique et de la Jeunesse par le budget ordinaire, pOUl' l'exercice 1941, s'élevaient à frcs : 60.292.120, -- en augmentation de frcs : 8.560.600 par rapport aux dotations de l'exercice précédent. Ce relèvement sen­ sible était dù à deux causes essentielles : hausse constante des prix d'une part et extension notable des Services, par ailleurs. Le premier de ces facteurs ainsi que la révision des traitements, salaires et indemnités du personnel ont nécessité l'octroi de crédils supplé­ mentaires pour un montant de frcs : 5.110.000. Le total du budget des dépenses ordinaires de l'exercice Hl4.l a donc été porté à frs .. 65.402.120.)) ~ ce chiffre, il convient d'ajouter les dépenses de consitruetions, effectuées au moyen des reliquats de crédits de la 1ère partie, reportés de l'exercice 194,0 sur l'exercice 1941, soit . 777.187.80

B) BlIdget s.lIr fonds d'emprunt, :

Les dépenses sur fonds d'emprunt résultant de l'exécutiün des programmes de travaux (crédits repor- tés de l'exercice 1940) se sont élevées à , . 410.069.60

C) BlIdget sur fonds de réserve : lére section. - Dépense de itravaux neufs imputés sur le fonds de la lutte contre le chômage...... 4.627.153.» 2ème section. - Dépenses pour l'achèvement de de l'Hôpital de Casabla(Jlca...... 3.805.688.20

D) Dépenses sur l'l'l'eUes avec affecta/ion spéciale.

Allocations .diverses en faveur des œuvres d'assis- tance!, secours...... 2.959.401.30

Le total des dépenses du budget général pour l'exerdice 1941 s'étaJJlit donc à 77.981.619.90 13]

RECETTES

NomenclaLure 1941

10 Droits de police sanitaire ...... 478.6;)2 10 2" Remboursement de fournitures de médicamen ts, de frais d'hospitalisation et de traitement dans les formations sanitaires ...... 1.574.875 20 3" Remboursement de fournitures de médicaments et de matériel faites aux municipalités et à divers. :3.419.898 40 4' Produit de la venLe ou cession de la quinine à titre prophylacliqne ...... 1. 180.075 60

TotaL ...... 6.G62.501 30

------_..- La lutte antipaludique au Maroc en 1941

par A. ME55ERLIN

Par suite de la création à la fin de 1940 des Services régionaux d'hygiène et d'épidémiologie, l'organisation de la lutte antipalu­ dique au Maroc a été pr,ofondément modifiée. Le Service antipa­ ludique, chargé de l'organisation géliérale de la lutte antipaludique et de la coordination dejs ditl'érents efforts tendant à diminuer l'endémie palustre, n'a gardé que des attributions techniques. A ce titre, il donne les directives générales en matière de prophylaxie antipaludique et recueille toutes les données concernant l'incidence du paludisme dans le pays. Les Services régionaux d'hygiène et d'épidémiologie S<01lÎ chargés de l'exécuiion, à l'intérieur de leur région, des mesures antipaludiques, selon le plan fixé en accord avec le Service anfipaludique. Cette nouvelle organisation a eu à faire face, en 1941, à une épidémie de paludisme d'une gravité exceptionnelle qui débordant les zones d'endémie permanente, s'est étendue sur de vastes terri­ toires habituellement indemnes. Le graphique ci-joint montre avec une grande netteté l'allure générale de l'endémo-épidémie palustre depuis 1929 dans les neuf régions géographiques. Dans une même région, on voit apparaître au cours de certaines an~ées, une poussée épidémique plus ou moins accentuée. Par ailleurs, au cours de la même année, la flambée palustre se manifeste avec des intensités variables selon les régions. En 1929, 1934 et 1941, le paludisme a pris une extension et une intensité exceptionnelles. Si l'épidémie de 1928-29 a revêtu les caractères d'une véritable pandémie, celles de 1934 et de 1941 sont restées localisées et se sont manifestées avec des intensités très différentes suivant les régions. En 1934, l'épicentre de l'épidémie, si on peut s'exprimer ainsi, s'est trouvé dans le Nord Oriental et Occidental du Maroc, laissant pour ainsi dire indemnes les régions situées au Sud de l'Oum el' R'bia. En 1941, au contraire, l'épicentre peut être situé - 134 -

dans la reglOn côtière de Safi-Mazagan el dans la Chaouïa les régions Sud et Orientales n'ont été que peu intéressées.

I. - L'EPIDE:YUE DE PALUDISME EN 1941.

A. - RÉGIONS ATTEINTES. - Les régions qui ont le plus soufferl en l!:J41, sont celles de Safi (Abda), de Mazagan (Doukkala), de la Chaouïa, de Rabat, d'Oued-Zem, de Meknès. L'épidémie a laissé pratiquement indemnes le Rharb, les régions de Fès-Taza, d'Oujda, et, en partie, celle de Marrakech. Nous avions déjà noté au cours des deux dernières années, le déplacement des poussées épidémiques vers le Sud. Les graphiques font parfaitement ressortir, dans les régions d'Oued-Zem et surtout d~ Marrakech, une très forte poussée en Hl39 et dans la région de Safi, une poussée inhabituelle en 194,0.

B. - MARCHE DE L'Ü>IDI~MIE. - L'épidémie de 1941 s'est manifestée dès les premiers jours du mois de juillet dans les zones côtières de la Chaouïa d'abord, des Doukkala, des Abda, de Rabat ensuite ; elle s'est très rapidement étendue, dès le 15 juillet, dans les régions de Settat (Oulad-Saïd) et des Zaërs ; au cours du mois d'août, où la courbe atteint son acmé, elle s'est déclarée dans la région de Meknès, dans certaines vallées de l'Atlas et la région d'Oued-Zem. L'épidémie n'a eu que des répercussions locales dans le Rharb, dans les régions de Fès et de Marrakech ; elle ne s'est fait aucunement sentir dans les régions de Taza et d'Oujda. Ainsi, en 1941, les zones d'endémie forte et permanente ont été en grande partie épargnées alors que des régions pratiquement indemnes au cours des années antérieures ont été durement touchées.

C. - INTENSITÉ DE L'ÉPWÜIIE. - Comme le montre le graphique (courbe générale) l'épidémie de 1941 a été, dans l'ensemble, l'une des plus fortes quI le:Ylaroc ait connu depuis treize ans. Mais suivant les régions, l'intensilté des manifestations épidé:­ miques a été variablel; d'une façon générale, on peut dire qu'eHe a été inversement proportionnelle au degré de l'endémie locale. Le maximum d'intensité semble avoir été constaté dans la région côtière entre Mazagan et Safi, dans les régions de Settat et de Foucauld (Oulad-Saïd).

1" Morbidité. - Le nombre des atteintes a été particulière­ ment élevé dans les régions de Safi, de Mazagan (Doukkala), de la Chaouïa (Oulad-Saïd), de Habat (Zaërs) et d'Oued-Zem. Il a été - 135 -

supeneur à la moyenne annuelle dans les régions de Meknès et de Marrakech. Dans le Rharb, les régions de Fès et de Taza, le taux de· la morbidité a été égal uu très légl'rell1ent supérieur à celui d'une année moyenne. Dans la région d'Oujda, par contre, le nombre des accès a été inférieur au chitl're moyen des dix dernières années. Au total, 359.526 cas ont été dépistés au cours de l'année, ~ant dans les hôpitaux et infirmeries indigènes, qu'au cours des tournées en tribu. . L'épidémie de paludisme de 1941, connue les précédentes, ne s'eSit pas seulement caractérisée par le chiffre élevé des atleintes. Plus qu'en 1934, les accès llernicieux ont été nombreux. Ce fait ne doit pas étonner si on considère que l'épidémie de 1934 était localisée dans les zones d'endémie, parmi les populations prémunies, où les enfants presque seuls ont été atteint d'accès graves à carac­ tère pernicieux. En 1941, des populations à index sensiblement nuls, peu ou pas prémunies, ont été frappées pal' l'épidémie: les atteintes graves OIllt été constatées aussi bien parmi les adultes que parmi les enfants. Dans cerltaines zones le taux des accès pernicieux a pu atteindre 10 % du tolal des accès. Ainsi dans les Oulad-Saïd, le pourcentage des accès pernicieux a été : En juilleil: de 1,3 %; en aoùl de 5 '10; en septembre "de 6.3 %; et dans les Doukkala En juillet de 4,5 '/<; en aotlt de 7,1 %; en septembre de 5,1 % du Itotal des accès de paludisme constatés. De même, les accès à allure sérieuse et grave ont été anorma­ lement élevés au cours de celte année dans les fractions non sou­ mises à un traitement prévellitif. Dans la région côtière de Casa­ blanca, le taux des accès graves était : En juillet, de 1,3 '10; en aoùt de 30 'Ir); en septembre de 15 %; elll octobre de 20 % du' total des accès constaltés.

2° J\!lortal~!é. - Le taux de la mortalité a été, en règle géné­ l'nie, proportionnel au nombre des accès graves. Nous ne possédons que quelques chitl'res précis concernant la mortalité chez les popu­ lations non Itraitées préventivement et où nous n'avons pu inter­ venir à temps par un traitement curatif. Dans la région de Boulhallt, où l'épidémie s'est manifestée avec unr~ intensité moyenne et où les décès ont été constatés par - 136 -

le médecin et contrôlés sur les cahiers d'immatriculation du Ser­ vice antipaludique, les décès ont été, sur 13.300 personnes non traitées, de : 3 p. 1.000 en septembre; 4 p. 1.000 en octobre; 4,2 p. 1.000 en novembre. Au contraire, sur 7.800 personnes des mêmes fractions, mais soumises à des traitementsprév~ntifs, le taux de la mortalité s'eslt maintenu à 0,39 p. 1.000 pendant ces mêmes mois. Dans la région de Sidi-Slimane, le taux de la mortalité dans les fractions qui ont subi un traitement curatif en juillet a été de : 4,6 p. 1.000 en juillet; 1,9 p. 1.000 en août; 2,3 p. 1.000 en septembre, alors que dans les fractions voisines, traitées préventivement, ce taux était de : 0,3 p. 1.000 en juillet·; 0,3 p. 1.000 en août ; 0,4, p. 1.000 en septembre. Au cours d'enquêtes efl'ectuées dans des foyers de paludisme en évolution parmi des populations non prémunies, des chifl'res de décès plus élevés encore ont é~é observés. Ainsi, au mois d'août, on a observé dans la région de Taguelft (haute vallée de l'oued El Abid), 80 décès sur 2.500 personnes (soit 32 p. 1.000) elll 15 jours; au mois d'octobre, dans un foyer de la région de Petitjean, 19 décès en 8 jours sur 214 personnes (soit 88 p. 1.000).

D. - FACTEURS DÉTERMINANTS. - La pluviométrie, au cours de l'hiver et du printemps 1940-41, était particulièrement forte dans toute la région côtière ; dans celle de Meknès, les Zaërs (Camp­ Marchand) ; en Chaouïa-Sud (Settat) et dans les Doukkala (Maza­ gan) où on enregistrait de fortes pluies depuis Itrois années consé­ cutives ; dans les régions de Fès et de Taza, où elle atteignait un taux jamais observé depuis 1932. Les pluies étaient sensiblement hormalr:s dans la région d'Oujda. Il ressort des relevés du Service météorologique qu'il n'y a pas corrélation complète entre le taux de la pluviométrie et l'intensité de la poussée épidémique. En particulier dans le Rharb, les quan­ tités de pluies tombées ont été sensiblement égales à celles consta­ tées en 1934; des inondations, plus !tardives en 1941, se sont produites comme en 1934; néanmoins, Ce territoire a été nettement moins atteint cette anlléc. Pour Fès elt Taza, la réper­ cussion de la pluviométrie, pour1tant si importante, ne se fait aucu­ nement sentir. Ce sont là des régions accidentées où de nombreux cours d'eau drainent les eaux en excès.

L'anopl1élisme a été précoce sur presque toute l'étendue du iterritoire et sa densité très inégale dans les difl'érentes régions.

Ln -

D'une façon générale, les conditions atmosphériques du printemps et du début de l'été ont été éminemment favorables au développement anophélien. Ainsi nous avons pu cOllS1tater, dès le mois d'avril, des densi~és anophéliennes inusitées allant jusqu'à 50 et 100 anophèles par habitation (en particulier dans la zone côt~ère de Rabat et de Casablanca). Dans le Rharb, l'anophélisme a bté très fort, comme d'habitude, mais plus précoce. Sur le littoral, entre Safi et Mazagan, il a été plus tardif, mais l'invasion anophélienne y a été brutale, massive; elle s'est produÏile dans la nuit du 19 au 20 juillet, pendant laquelle des habi~ations, jusqu'alors sans moustiques, ont été peu­ plées d'une cinquantaine d'anophèles. Nous av:ons assisté, à ce même lUGment, à des ,invasions anophéliennes, plus discrètes tou­ rtefois, dans des quartiers périphériques de certaines villes, comme Rabat et Casablanca, malgré la zone de protection anâlarvaire d'un rayon d'au moins 5 kilomètres. Ce fait est remarquable, car il est rare, au Maroc, qu'une telle disltance ait pu être franchie par l'ano­ phèle avec l'aide, il est vrai, de vents favorables. La plage de Oualidia a été ainsi envahie par des anophèles (exclusivement femelles), dont les gîtes d'origine n'étaient pas à moins de 8 à 9 kilomètres vers l'intérieur. Ces invasions anophéliennes coinci­ daient avec le début d'une période de chergui qui s'étendait sur presque tout le Maroc. Par la suite, nous assistons, dans certaines zones, à un phénomène plus généralement constaté au Maroc en période de chergui : la diminution marquée, mais passagère, de la densité anophélienne dans les zones anophéligènes de l'intérieur. Il est permis de penser que ceMe dissémination anophélienne extraordinaire a constitué un facteur important dans l'ex.sion de t'épidémie, en panliculier dans l(.s régions de Safi, Mazagan et Oulad­ Saïd. Ces régions ne montrent, en effet, que des gîtes rares, restreints, disséminés, constitués en général par des sources sans exutoire, des marécages très réduits et précocement asséchés. Dans les Doukkala par exemple, où sévissait vers le 17 juillet une épidémie déjà grave, entraînant des décès nombreux, au point de faire penser à une maladie pestilentielle, nous avons cherché le gîte pendant une demi-journée avant de tr,ouver un petit marigot de 200 mq. de surface, qui contenait des larves d'anophèles, et nous n'avons pu capturer, dans une vingtaine de maisons, que deux femelles adultes. Cette discordance entre la rareté des anophèles et le nombre des atteintes nous a frappés aussi dans les zones périphériques des grandes villes. Tout se passe comme si, sous l'influence de certaines ~onditions atmosphériques, l'hématozoaire subissait une exaltation - 138 -

de virulence dans le corps du mOlJ.stique, ou que l'anophèle devenait plus apte à transmettre la maladie. Il est certain que le manque de prémunitiun de cer~aines popu­ lations a joué un rôle important particulièrement en ce qui concerne la gravité des atteintes. Au cours de ct'lUe année nous avens le plus souvent vérifié le fait; mais nous avons aussi constaté quelques . exceptions. L'exaltation de la virulence du plasmodium semble être un phénomène réel en période épidémique ; mais en l'absence de tests sûrs, des preuves sont difl'iciles à fournir. Disons seulement qu'à notre connaissance deux cas de fièvre bilieuse hémoglobinuriquc et plusieurs accès pernicieux avec hémogloblnurie ont été constatés chez des indigènes marocains et des Eurapéens n'ayant jamais été en Afrique noire. Or jusqu'à maintenant, ceue complication s'est trouvée être des plus rares au Maroc. Le Plasmodium vivax, de son côté, s'est monlré capable de donner des accès pernicieux.

II. - LA CAMPAGNE-ANTIPALUDIQUE DE 1941

A) DIFFICllLTÉS. -- Dès le mois de février, des mesures ont l'le prises en vue de linÜiter au minimum les dégâts de l'épidémie menaçante ; mais nous avions à faire face à des difl'icultés inhé­ rentes pour la plupart aux circonstances exceptionnelles présentes. En premier lieu, les transports du personnel opérant en tribu s'avl'raicnt trl's difficiles en raison du manque de carburant ; or l'efl'icaci té des missions antipaludiques parcourant le bled est fonction ~e leur mobiliité ; aussi a-t-il été fait appel, sur une plus grande échelle encore que l'année passée, à la traction hippomobile. Néanmoins, il faut convenir que le rendement d'une mission se déplaçant à cheval ne peut être le même que si elle est transpJ. Nous n'avons lJu faire, pendant ces 28 jours, que des traitements par injections de quinine ou organiser, quand la situation l'exigeait, des traitements pendant la nuit. Pour mener à hien la luite antilarvaire, nous nous trouvions gênés, lin dehors du manque de carburant, par l,es très faibles quan­ tités de mazoul disponibles et par l'impossibilitté de faire appel, pour y parer, au Vert de Paris. Nous avons pu mettre au point, un produit de remplacenient, l'arsénite de calcium, qui s'est révélé au laboratoire et sur le terrain, un produit d'une etIicacité comparable à celle du Vert de Paris.

B) IkTs. Les lmts principaux que nous cherchions à aUeindre au cours de cette année ont été 1" D'écarter le danger d'une épidémie de paludisme des zones à peuplement très dense (agglomérations urbaines et zones subur­ baines), par l'application des mesures antilarvaires. 2" De protl,ger les populations les plus exposées, en particulier la main-d'œuvre, déjà rare, par l'application d'une prophylaxie médicamenteuse. Il était en efl'et d'une impor/ance primordiale que l'économie marocaine, en ces temps diflïciles, ne fÙit pas troublée par l'épidémie menaçante. Ces mesures ont été appliquées notamment dans des zones à peuplement dense et à culhtre intensive. 3" De traiter les accès déclarés dans des formations sanitaires ou des postes de secours par une méthode simple Cit sûre et d'enrayer - 110 -

les épidémies par des traitements standard faits en tribu, sur une grande échelle.

C) PLAN DE CAMPAGNE. ~ C~lui de 1941 comprenait, par ordre chronologique, l'exécuüon de mesures suivantes : 1 0 Dès le mois de février, nous avions demandé aux Services compétents (Travaux publics et Génie rural), l'exécution de certains travaux d'assainissement d'un intérêt primordial et dont l'exécution immédiate semblait possible. 2 0 Pendant toute la saison, nous avons maintenu eJt même inten­ sifié, malgré les difficultés, la lut'~e antilarvaire, dans un rayon de 5 kilomètres aUitüur des grands centres urbains et les centres ruraux les plus importants (Casablanca, Rabat-Salé, Marrakech, Port­ Lyautey, Fédala, Meknès, Fès, Taza; Oujda, Bouskoura, Boulhaut, Beni-Amir, Sidi-Yahia du Rharb, Sidi Slimane, Souk-EI-Arba, Berkane, Mafltimprey du Kiss,. Saïdia). 3 0 Au mois de mars, la Direction de la Santé publique a donné à toutes les forma.lions sanitaires, dans le bUit d'unifier les méhodes de travail et de tirer le maximum d'effets des disponibilités en médicaments antipaludiques, des schémas de traitement expéri­ mentés et employés depuis plusieurs années par le Service antipa­ ludique. Ces prescriptions ont abouti à une économie notable en quinine et à la généralisation de l'emploi de l'association quina­ crine-praéquine. 4° Dès le 15 mai, ou le le' juin, suivant le cas, nous avons mis ellitrain lqs traitemen1ts prophylactiques sur une vaste échelle selon les méthodes mises au point par le Service antipaludique. Des missions itinérantes ont été chargées de ce travail. 5° En vue de généraliser les traitements prophylactiques dans les enltreprises agricoles et industrielles, la Direction de la Santé publique a mis à la disposition des colons et chefs de chantiers, en dehors de la quinine d'Eilat, des médicaments synthétiques à un prix réduit. 6° Les traitements curdtifs étaient confiés aux formations sani­ taires fixes, à des missions itinérantes, à des po~tes de secours établis chez des particuliers ayant des connaissances médicales élé­ mentaires. Enfin, le réapprovisionnement en quinine des Sociétés indigènes de prévoyance a été effectué pour permettre la constitution des réserves locales qui ne devaient être distribuées que dans les foyers déclarés et sur avis du Médecin-chef de la région. - 141 -

D) RÉSULTATS

LuMe anfilamail'e. - Les résultats obtenus, à ce point de vue, autour des grandes villes et des centres ruraux importanlts ont été très satisfaisants : les villes et les centres protégés ont été épargnés par l'épidémie. Ces résultats sont d'autant plus nets que souvent des foyers épidémiques particulièrement virulents se sont manifestés dans le voisinage immédiat des villes. Ainsi à Rabat, à 4 km. de la ville, on constatait au mois d'août un foyer épidémique où l'index plasmodique atteignait 60 0/0. De même, Casablanca, Fédala, Port-Lyautey, se trouvaient environnés de foyers plus ou moins impOl,tants. Il est vrai que des accès de première invasion ont été constatés dans la population urbaine des quartiers périphériques, alors qu'au cours des années précédentes, depuis l'ins,tallation des secteurs antilarvaires, ces paludismes d'invasion avaient été très rares. Ils sont néanmoins demeurés sporadiques, disséminés, et leur proportion, au regard du chiffre de la population, est restée insignifiante. A Safi, au contraire, au­ cune mesure antilarvaire n'avait été prise, en raison du très faible danger anophélien auquel la ville semblait exposée. Or, dès la deuxième quinzaine de juillet, les cas de paludisme sont devenus extrêmement nombreux parmi la population urbaine. Ainsi l'hôpi• tal de Safi a trailté, au cours des seuls mois de juillet, aoùt, septembre et octobre, 2.325, cas de paludisme, alors qu'au c'ours des années antérieurs, le nombre des cas variait entre 30 et 60 par an. En présence de cet état de choses, des postes de traitement ont dù être organisés dans les quartiers les plus atteints.

ProphrJ~axie médicamenteuse. - Au cours de cette année épidémique, nous avons employé les trai,tements prophylactiques mis au point par le Service antipaludique. Le but recherché au Maroc en matière de prophylaxie médicamenteuse est essentieBe­ ment la prOitection des populations et surtout celle de l'enfance menacée: a) Dans les zones d'endémie lourde aux gîtes immenses et au réservoir de virus important. b) Dans les zones d'endémie moyenne ou légère avec gîtes variables suivant l'année. Dans ces traitements prophylactiques, seule l'association qui­ nacrine-praéquine ou prémaline a trouvé son emploi, sqlon les doses et les modalités de distribution maillites fois exposées. 142 -

Cette mélhode a donnl' entil're salisfadion :IU ('ours rles dnq années antérieures. Elle ctevait subir l'épreuve cruciale d'une année à épidémie sévère. Dans l'impossihiIité ahsolue où nous nous trouvions de traiter la totaliih' des populations exposées ù l'épidémie menaçante, nous n'avons soumis aux traitements préventifs (lue celles d'enlre elles . qui couraient les plus grands risques. Ces traitements proph~'lac­ tiques ont été appliqu('s sur lH7.f>OO personnes: lés r('su1tats obte­ nus ont confirm(' ceux des aimées pr('cédentes, mais ont (·t(" dans l'ensemble, moins bons qu'en année normale. Ce fait n'esl pas pour nous surprendre, cal' il s'agit là (l'ml(' méthode de prophylaxie clinique qui ne prétend nullement il l'éradication de la maladie. D'autre pant, les échecs, d'ailleurs trl's relatifs, se sont montrés là, ail dès le début de la campagne, nous ne pouvions disposer de moyens de transport suffisants pour effectuer les distributions au rythme adéquait. Nous avons é~é obligés dans quelques cas et par pénurie de carburant, d'appliquer le rythme bimensuel alors que la distribution hebdomadaire aurai1 été indiquée. Nous ne pouvons donner ici, en détail les résultalts de tous les traitements effectués. Pour se rendre compte des résultats obtenus, il convient de comparer les pourcentages des accès dans une popula­ tion traitée, avec ceux de collectivités voisines non traitées préven­ Itivement (parce que moins exposées) et dans lesquelles nous avons été amenés à mettre en c:euvre un traitement curatif à un moment quelconque de l'année. Même sous ce jour, certes défavorable, les résulitats atteints se montrent intéressants. Dans la région du Rlmrb, les traitements préventifs ont eU de bons résultats. Toulefois, ceux effectués dans les merjas de l'oued .Belth et à Méhédya sont les plus défavorables et le pourcentage mensuel des accès dépasse 10 %. Dans le premier cas, un nombre relativement élevé de Itravailleurs saisonniers et de transhumants, non traités jusqu'àlors, sont venus s'ajoUiter au cours de l'été à la population fixe. Dans le deuxième cas, la prophylaxie himensuelle semble s'être trouvée quelque peu à court en fin d'été. Dans la région de Rabat, les résuHats sont très satisfaisants à l'exception de ceux obtenus au Douar Doum et dans les Zaërs. Au Douar Doum, qui constituait, par son voisinage de la ville de Rabat, un dangereux réservoir de virus, le plan de campagne prévoyait un ~raitement hebdomadaire de loute la population. Il n'a pas été possible. pour des rflisons diverses, de toucher plus de 30 % de la - 143 -

population. Ce seul fait explique l'échec du traitement prophylac­ tique. Dans 'les Zaërs (Sidi-Bettache, Merchouch, La .Jacqueline) le pourcellitage des accès a été élevé. Par manque de moyens de trans­ port, nous n'avons pas pu poursüivre la distribution hebdomadaire ; les traitements ont été entrepris un peu tardivement ct n'ont pas été suivis régulièrement (40% d'absents en moyenne), La prophyla­ xie bimensuelle a été insuffisante, en ce sens qu'elle n'a pas empêché des accès cliniques et parasitaires de se manifester ; mais les accès chez les gens traités sont restés bénins, alors que dans les fractions voisines, le pourcentage des accès graves a é.té élevé. La distribu­ tion médicamenteuse a eu pour résultats de diminuer le nombre des accès, d'éliminer presque totalement les accès graves, de main­ tenir normal le rtaux de la mortalité d'une part, de retarder la poussée estivale et de hâter sa chute, d'autre part.

Dans la région de la Chaouïa, les traitements ont eu des résuJ... tat médiocres dans certains groupes de population : à Foucauld, dans les Médiouna, les Zenata. Dans ces trois zones, des résulta,ts assez bons voisinent avec des médiocres. Il s'agissait de popula­ tions vivant avec une densité anophélienne vraiment exceptionnelle et suivant les traitements avec une régularirté insuffisante. Dans les Zénata, l'augmentation des accès s'est manifesltée trois semaines 'après la cessation de la distribution hebdomadaire et la mise en œuvre du rythme bimensuel. Dans If(s Médiouna, la distribution médicamenteuse a été arrêtée pendant trois semaines en juillet; à la suite de cetlte interruption la poussée estivale s'est manifestée. Le seul échec véritable que nous ayons constaté cette année est, en somme, celui de Foucauld.

Dans les autres régions, le nombre des accès observés dans la populaltion traitée est resté dans des limites très modérées, si on le compare à celui qu'on a enregistré dans les fractions non traitées. Dans les goums et les chantiers de travailleurs, la distribution hebdomadaire de 'quinacrine-praequine a été employée comme méthode de prophylaxie clinique. Les résultats ont été bons dans ces unités malgré l'absence d'une surveillance médicale suivie, à l'exception du goum stationné à Dar Saadi. Ce goum, consWué par des hommes originaires du Moyen Atlas (zone d'endémic, faible) était installé dans une des zones les plus impaludées du Maroc, à quelques centaines de mètres seulement d'un gîte immense. Les 14'1 -~ accès furent nombreux au cours de l'été et, en fin de campagne, 30 % des hommes étaient atteints de paludisme viscéral.' Par contre, aucun décès n'a été signalé parmi les goumiers, alors qu'une forte mortalité a été enregisltrée dans les familles non traitées (12 décès sur 100 enfants). Malheureusement, nous ne pouvons avoir aucune indication valable concernant la régularité du traiitement, ce dernier n'étant pas assuré par le personnel de la Santé publ;que.

Les fraitements curatifs, efTechlés en tribus par les missions antipaludiques, ont porté sur f~nviron 189.000 personnes. Le traite­ ment-sltandard du Service antipaludique a été exclusivement em­ ployé. Ces traitements-standard ont été appliqués principalement dans les régions de Safi et de Meknès. Ils se sont montrés parfai­ tement efficaces au cours de l'épidémie estiva-automnale. Dans ,tous les cas, le traitement standard a apporté une amé­ lioration rapide de l'état sanitaire des collectivités et a fait baisser considérablement le taux des accès. Seule, la durée de l'améliora­ Ition ainsi obtenue a varié d'un point à l'autre. Ainsi dans les Oulad­ Saïd, l'amélioration ne se faisait plus sentir au bout d'un mois, de telle sorte que nous avons été amenés à faire un itrai~ement tous les mois. Dans la région des Doukkala, au contraire, un traitement efl'eetué à la fin du mois de juillet et au début du mois d'août a donné une amélioration dans la morbidité et un arrêt de la morta­ lité pendant deux mois. Par la sui,te, le pourcentage des accès a augmenté régulièrement et nous avons été amenés à entreprendre un deuxième traitement vers la fin du mois d'octobre. Ce traite­ ment curatif donne de meilleurs résultats encore quand on peut Je compléter par une distribution régulièrQ de quinacrine-praéquine au cours des semaines suivantes. Dans ce cas, le traitement-standard constitue une arme solide qui perme,t de remettre très rapidement sur pied les malades.

III. - CONCLUSIONS

L'année 1941 a été marquée au Maroc par une épidémie de paludisme qui, bien que ne prenant pas l'aspect d'une pandémie, a néanmoins déferlé sur une très vaste étendue du terr;itoire. Les méthodes de lutte antipaludique mises au point au Maroc on,t été soumises, au cours de cette campagne, à une épreuve décisive. Cette épreuve a confirmé, dans l'ensemble, leur valeur e,t montré qu'elles VHlvaient très bien s'adapter aux conditions créées par une épidémie grave. Malgré les difficultés rencontrées dans leur appli­ cation sysltématique, elles ont pu rendre de très grands services dans la protection et le traitement des populations. La prophylaxie médicamenteuse, ,telle que nous l'appliquons au Maroc, a prouvé qu'elle remplissait dans la presque totalité des cas, son rôle de prophylaxie clinique vis-à-vis des populations les plus exposées. La valeur du ,traitement-standard curatif a été partout confir­ mée et a permis de juguler rapide~Qnt les poussées épidémiques. Ainsi, par l'emploi de ces différentes armes, le Service anti­ paludique a réussi à réduire au minimum les dégâts que faisait redouter la violente épidémie de paludisme constatée au cours de cette année. Il a conscience d'avoir cOllitribué pour sa part à neutraliser les répercussions de la maladie sur l'équilibre écono­ mique, déjà troublé par ailleurs, du Proteclorat marocain. Rapport sur l'activité de l'Institut d'Hygiène en 1941

L'Institut (l'Hygiène, au cours de cette année, la dixième depuis sa fondation, a continué à exercer son activité dans toutes les branches de son domaine.

1. - SECTION D'ENSEIGNEMENT 48 élèves maîtres ou maîtresses" de l'enseignement européen et musulman ont suivi le cyele normal des conférences d'hygiène. Un cours restreint a été fait aux Contrôleurs des Afi'aires Indigènes. De plus, les m(;decins de l'Institut ont donné des conférences à l'Ecole Sociale .Jeunesse, dont les cOl~rs ont eu lieu dans l'Etablis­ semellit. Le nombre des médecins stagiaires accueillis à l'Institut dans l'année s'est élevé à 39.

II. - COMMISSION MÉDICALE ET COMMISSION CENTRALE D'ADMISSION DES VONCTIONNAIRES 84 contre-visites de fonctionnaires ont éité efi'ectuées sur l'ordre du Président du Conseil de Santé, ainsi que i.588 visites de recrute­ ment d'auxiliaires e,t de fonctionnaires.

III. - LABORATOIRES a) Microbiologie, sérologie, hydrologie (Dr M. Nain) 17.243 examens ont été pratiqués portant sur hémocultures, séroréaclions. recherches sérologiques, microscopiques d'humeUrs, d'exsudats, de selles, de parasi,tes, de mycoses. Très nombreux examens d'eaux, de glace, de lait, coquillages, inoculations diverses, aux animaux. Recherches particulières sur la leishmaniose canine, la peste, le typhus. b) Hisfopaihologie (Dr A. Garipuy) Pendant l'année 1941, 1516 examens ont été effectués pour 7R4 cas différents, soit une augmentation de 242 examens et de 251 cas par rapport à l'année Hl40. Cette augmentation est due, pour 150

c) Chimie biologique et Toxicologie Examens biologiques et autres Demandés par : 1 0 Les formations sanitaires, l'Inspection des Pharmacies, le Service des fraudes ...... 373

2 0 Les Médecins...... 1.378 Au total : 1.751 analyses comportant 9.497 dosages ou déter­ mination ont été effectués au laboratoire de chimie. Analyses de produits divers et recherches spéci'a,les Toxicité et valeur alimentaire: a) Scille. Lupin, Feijoas, Cocos Romallzossiana. b) Poisson (foies, huiles, vitamines). Tétines, Tufor, Aluminium, résidu de moteurs, vert de Paris, Arsénite de calcium. Aotion de l'huile de ricin sur le caoutchouc, Préparation des crins de Florence, Action insecticide du Bromure de méthyle, Possibilité de la préparation de l'opium au :Maroc, Etude sur la Mandragore, Dératisation par l'oxyde de carbone (crérution d'un appareil), Dératisation par l'acide cyanhydrique, Action de l'alcool sur les moteurs, EXpcl'tises i'{)xicollogiques demandées par lra Justice : Analyses toxicologiques complètes dans les viscères avec ré- partition du toxique\ le cas échéant () Analyses toxicologiques complètes dans des prélèvements autres que des viscères...... 9 Analyses de tissus...... 2 Contre-expertises : Laits 4

BUl'eau des stupétian.Js. - Il a été délivré 14 autorisations d'importation et fourni 12 sta,tistiques ainsi qu'un rapport sur les mouvements des stupéfiants au Maroc.

IV. - SERVICES DIVERS

a) Pl'ophylaxie antitubel'culeuse (Dr A. Garipuy) Le Chef du Service a, comme l'année précédente, assuré le 151 fonctionnement du Secrétariat de la Ligue Marocaine contre la tuberculose et pris une part active à la réorganisaltion de cet organisme sur de nouvelles bases.

b) Prophylaxie générale et tiechnique sanitaire : En liaison avec les autres laboraltoire-s de l'Institut, ce service a poursuivi l'étude des procédés de désinsectisation, de dératisa~ tion par l'oxyde de carbone, de stérilisation des eaux, surveillé la canalisation du Fouarat, étudié les divers projets d'adduction d'eau soumis à son examen. Dans le domaine de la lulte contre les épidémies, les sections de prophylaxie générale ont été détachées en renfort dans les régions plus particulièrqment atteintes par les mouvements épi­ miques : 3 sections ont été mises à la disposition des Médecins Chefs de la Région de Marrakech ei du Commandement Agadir-Confins pour la prophylaxie de la pesle. 2 de ees sections ont été ensuite détachées dans les Régions de Casablanca e,t d'Oujda pour la lutte contre le typhus. Le fonctionnement des étuves à vapeur, à S02, à l'acide cyanhydrique, a donné toute satisfaction. Le Directeur de l'Institut, chef des Services de prophylaxie, a procédé à plusieurs enquêtes sur place et à la mise" au point de procédés variés de désinsectisation dans les foyers en activité.

c) Documentation :

121 clichés radiographiques et 67 clichés documentaires ont été développés en 1941. Rapport sur l'activité du Service central de l'Hygiène Scolaire en 1941 par L. PIETRI

L'organisation de l'Inspeclion médicale des écoles, telle qu'elle a été réalisée, a pejrmis la banne marche du service pendant l'année 194J. Malgré les rédudions d'efl'eclif momen:anées, consécutives au licenciement de quatre infirmières en applicalion du Dahir sur les cumuls familiaux, l'activité de l'Inspec~ion médicale scolaire a été normale. Les vacances Ol1it été comblées assez rapidemen~ et, dès à présent, l'etl'ectif de trente inlinllières visiteuses est à nouveau atteint, soit par le recrute~nent de nouvelles candidales, soit par réintégration des agents licenciés. A cet ell'eclif d'infirmières, il convient d'ajouter le personnel de service, qui comprend, nÜltam• mt'jllt dans les écoles musulmanes, qualre aides-infirmièrs et deux aides-infirmières. Dans certains centres non érigés en ~lunicipalités, le médecin d'infirmerie indigène n'a pu assurer le service d'inspection médi­ cale des écoles du bled avec les mêmes facilités que par le passé, en raison des difficultés de déplacements. Toutefois, si les visites aux écoles ont été moins nombreuses, l'application des mesures de prophylaxie a été réalisée. Dès le début de l'année scolaire 1941-42, la ville de Rabat a été dotée d'un médecin fonctionnaire pour assurer les fonctions de Médecin Inspecteur des écoles. C'est ainsi que l'effec.tif scolaire urbain du Maroc (de l'Ensei­ gnement primaire) s'éle\Vant à : Européens, 24.647; Musulmans, 13.4.83; IsraélitCls 16.070; soit 54.200 enfants, est réparti entre 30 infirmières visiteuses, ce qui représente en moyenne 1.800 enfants sous le contrôle de chacune d'elle. *** Nous mentionnerons pour mémoire que le nombre de visites faitc~ au cours de l'année Hl41 dans les divers groupes scolaires s'élève à 13.533; que celui des soins et petites interventions est de 154

458.074; tandis que le nombre des visites à domicile, compléltant si heureusement la tâche de l'infirmière visiteuse dans son rôle social, est de l'ordre de 2.272. Pendant la période des grandes vacances scolaires de juillet à fin septembre 1941, 10 de nos infirmièrQs ont été détachées dans les camps de vacances organisés en montagne par le Service de la Jeunesse ; 7 ont assuré le service médical dans les colonies de ~acances de l'Instruction publique; les autres ont été détachées auprès dQs ~lédecins Directeurs de Bureaux d'Hygiène locaux pour suppléer aux besoins en personnel du moment.

1. - VISITES PÉRIODIQUES

Le nombre des examens génér~ux a été de 70.536 ainsi répartis: Européens : 26.057; Musulmans : 31.515; Israélites 12.964, soit 99,4 % de l'efIeetif scolaire Itotai. Les examens pratiqués en vUe du contrôle de la croissance se sont élevés à 42.803 =60,6% de l'efIectif. Examens spéciaux (yeux, oreilles, dents) : 124.762. Examens pour le dépistage de la tuberculose : 11.158.

II. - PROPHYLAXIE Les vaccinaltions pratiquées ont été les suivantes : Anti-typhoïdiques "...... 370 Anti-varioliques 67.644 Anti-typhiques 3.325 Anti-pesteuses 1.200 Al1Jti-diphtériques ...... 673

III. - RENSEIGNEMENTS EPIDEMIOLOGIQUES La situation sani,taire a été satisfaisante. Les atIeetions le plus fréquemment observées ont été Tranchôme 16.083 cos Conjonctivite purulente 4.064 Teigne 6.388 Paludisme ...... •.... 1.618 Gale 1.206 Oreillons ...... 692 Dysenterie amibienne...... 618 Rougeole ...... 435 13t; -

IV, - CONTHOèEDE L'E.P. ET DL: SI'OBT

Pendant la période du 1er janvier au 31 juillet de l'année nous avons examiné un eertain nombre de jeunes gens de Babat, visilés régulièrement et pour lesquels une fiche de contrôle était déjà é!ablie (ln1 fiches de jeunes sportifs R'balis ont été versées aux archives du Service au m'Jis d'aOll~ Hl41 au moment de la misei en appJicahon des mesures rendant le contrôle médical du sport obligatoire). C'esl ainsi que la Commission médicale insti!uée à l'l'flet de faire subir nne visite médicale aux adhérents des divers clubs sportifs de la ville, a siégé dans nos locaux en dehors des heures de service.

V.. _- VISITES MÉDICALES

1" Contre visite médicale des élèves de l'Enseignemen~ secon­ daire. - A la demande des provis~urs des Lycées de garçons et de jeunes fiUes de la ville, nons avons examiné 52 élèves, qui obtien­ nent facilement l'exemption de gymnas,tique et de sport pendant toute une année scolaire. C'est dans le but de meUre un terme à certains abus, que, depuis HI:i8, Ce contrôle est institué. Son utilité s'est révélée indéniable depuis que le sport el l'éducation physique sont de praitique obligatoire en milieu scolaire.

2" Visi~es d'apWudes. - Depuis la créai:on de la Section d'orienta!ion cil de s~leclion professi0nnelle, et jus'qu'au jour où un médecin qualifié a été a~taché au Service de la Jeunesse, nous avons été appelé à faire l'examen médical complet des jeunes gens candidats à l'école d'apprentissage des mécaniciens agricoles de Habalt ou à divers métiers (cordonniers, jardiniers, ébénistes, bijou­ tiers, horlogers, linotypistes).

3 U Les candidats à l'école des cadres du Service de laJl'unesse ont également subi leur visite médicale d'aptitude et la visite pério­ dique dans nos servicclS à Rabat dans le cours de l'année 1941. 4" Visite médicale de fonctionnaires. - Nous avons élé appelé à examiner au Service 243 candidats fonctionnaires en vue de déterminer leur apliitude il un emploi du Protectorat, la Commission d'examen de fonctionnaires ayant siégé à maintes reprises au Service central de l'Hygiène scolaire. 50 Visites diverses : a) Enfants du Préventorium marin de: Salé trente enfants, - 156 - candidats ou sortants du Préventorium, ont été soumis à un exa­ men médical approfondi au cours de l'année.

b) Elèves des écoles primaires de Rabat : Quarante-Mois enfants conduits par les infirmières visiteuses locales et qui avaient été désignés par le Médecin Inspecteur ont subi un examen médical complété par la radioscopie. Pour quatre d'entre eux présumés anormaux, nous avons recherché le métabolisme basal.

c) LGS visites préliminaires au départ des enfants pour les colonies de vacances onl également eu lieu au Centre dans les premiers jours de juillet et d'août (environ 300). Il a élté pratiqué près de quatre cents radioscopies et autant d'examens d'urines pour la recherche de l'albumine et du sucre au cours des diverses séances d'examens médicaux pendant l'année.

VI. - AMÉLIORATIONS

Dispensaire de médecine seo/aire. - Un crédit de 200.000 francs parté au budget de l'Instruction publique en 1939 pour la construc­ tion à Rabat d'un Dispensaire de Médecinel scolaire n'a pu être utilisé en raison des événements. Une somme correspondante ins­ crite au budget de 1942 laisse prévoir la réalisation de ce projet pendant l'année en cours.

VII. - DÉPLACEMENTS

Notrel activité nous a amené à visiter la presque totalité des écoles européennes, musulmanes et israélites pendant l'année. Au cours des mois de juillelt à septembre nous avons également pu nous rendre dans les divers camps et colonies de vacances pour y contrôler l'activité des infirmières visiteuses qui y étaient détachées.

VIII. - AUTRES ACTIVITÉS

A la demande de la Direotion de l'Enseignement nous avons fait une étude sur le fonctionnement des cantines dans les écoles musulmanes. Nous avons fait des cours de médecine scolaire et de prophy­ laxie aux élèves de la Seotion normale d'instituteurs de Rabat, et nous avons été appelé à siéger parmi les membres du jury d'examen de fin de cours. Nous avons participé enfin à l'Assemblée générale du Comité des colonies de vacances de l'Instruction publique. TABLE DES MATIERE5 ANNÉE 194'1

Pages ANKYLOSTOMIASE (Deux ans de luLLe contre l') dans les mines de l'Office Chérifien des Phosphates...... 45 A. BEC~fEUR.

ANTIPALUDIQUE (La lulle) au Maroc en 1941 .. 133 A. MESSERLIN.

ARSÉNITE DE CALCIUM (Note sur l'emploi de l') comme poudre larvicide dans la lulle antipaludique...... fi9 A. MESSER LIN .

DIRECTION DE LA SANTÉ PunLIQUE ET DE L'ASSISTANCE (Happort sur l'activité des Services de la) pendant l'année HJ41 ...... 79

EPIZOOTIE murine à cc Salmonella »••••••••.•• •• ••••• •••••••• 55 H. FLYE SAINTE-MARIE et G. COUZ\.

INSTITUT D'HYGIÈNE (Rapport sur l'activité de 1') en 1941 ...... 147

MICRO-RÉACTION de Castaneda et Silva modifiée pal' L. Ch. Brumpt (Comparaison des résultats de la) et de la réaction classique deWeil elFélixdans le diagnostic du typhus exanthématique. 35 Jean GAUD.

PALUDISME, voir sous ANTIPALUDIQUE, ARSÉNITE.

SERVICE CENTRAL DE L'HYGn~NE SCOLAIRE (Rapport sur l'activité du) en 1941... 153 L. PIÉTRI.

SYPHILIS NERVEusr; (Le problème de la) de l'indigène musulman algérien dans ses rapports avec quelques données d'ethno- graphie et de démogmphie , ...... 5 F. G. MARILL.

TYPHUS EXANTHÉMATIQUE, voir sous MICRO-RÉACTION.

VARIOLE (Immunothérapie de la) . 59 G. COUZI eU. P. KIRCHER. TABLE DES AUTEURS

Pages

BECMEUR (A.) i~5

COUZI (G.) et KmcHER (J. P.) 59

FLYE SAINTE-MARIE (H.) et COUZI (G.) 55

GAUD (Jean) 35

KmCHER (J. P.), voir sous COUZI (G.)

MARILL (F. G.) 5

MESSERLIN (A.) 69- B:)

PIÉTRI (L.) 153 Il est recommandé, pour la tl'anscription des toponymes marocains et des noms de tribus, fractions et douars, d'adopter l'orlhogmphe du Répertoire al phabétiqlle publié en 1939 par le Secrétal'iat Général du Protectorat. On remarquera notamment que le ~ arabe est rendu par i (et non plus par dj), conformément à la pl'Ononciation marocaine courante; que le 8final est transcrit par a (et non plus pal' ah'. Il est donc préférable d'écrire; Merja, Jbala, Kasba, etc.

*** Indépendamment de la censure, la rédaction du Bulletin se réserve le droit d'apporter aux articles les modifications de forme et les suppressions qui lui paraîlraient opportunes. Les auteurs sonl priés de conserver un double des manuscrit:; envoyés, ceux-ci n'étant pas rendus en cas de publication différée. Conformément aux règles de la propriété littéraire, les articles acceptés ne peuvent être publiés ailleurs, en tout ou en partie, avant leur parution dans le Bulletin, sauf autorisation spéciale de la Direction. La reproduclion de l'article, après sa parution, ou son analyse dans une autre revue, doit être accompagnée de la référence au Bulletin.

Les épreuves d'imprimerie remises ou envoyées pour cOl'fection doivent êl1'e retournées IlU Secrétariat du Bullelin (Direction S. F. J.) dans les 48 heures après leur réception. Les auteurs d'articles originaux qui en fonlla demande (au plus tard à ce moment) reçoivenl gratuitement 25 tirés-à-part de leur article. S'ils en désirent davantage (par fmctions indivisibles de 25), ils doivent traiter directement avec l'imprimeur, qui leur fait connaître le prix. Il n'est pas fourni de tirés-à-part pour les ~appor[s à caractère officiel qui sont imprimés dans le Bulletin.