Bulletin L'institut D'hygiène

Bulletin L'institut D'hygiène

DIRECTION DE LA SANTE PUBLIQUE BULLETIN DE L'INSTITUT D'HYGIÈNE DU MAROC NOUVELLE SÉRIE TOME 1 ANNÉE 1941 EDITIONS FELIX MONCHO Rue de la Mamounla RABAT 1943 DIRECTION DE LA SANTE PUBLIQUE BULLETIN DE L'INSTITUT D'HYGIÈNE DU MAROC 1 NOUVELLE SÉRIE TOME 1 ANNÉE 1941 EDITIONS FELIX MONCHO Rue de la Mamounia RABAT 1943 SOMMAIRE Pages 5 Le problème de la syphilis nerveuse de l'indigène musulman algérien dans ses rapports avec quelques données d'ethno­ graphie et de démographie, par F. G. MARILL. 35 Comparaison des résultats de la micro-réaction de Castaneda et Silva modifiée par L. Ch. Brumpt et de la réaction classique de Weil et Félix dans le diagnostic du typhus exanthématique. par Jean GAUD. 45 Deux ans de lutte contre l'ankylostomiase dans les mines de l'Office Chérifien des Phosphates, par A. BECMEUR. 55 Epizootie murine à « Salmonella », par H. FLYE SAINTE-MARIE et G. COUZI. 59 Immunothérapie de la variole. par G. COUZI et J. P. KIRCHER. 69 Note sur l'emploi de l'arsénite de calcium comme poudre larvicide dans la lutte antipaludique. par A. MESSERLIN. 79 Rapport sur l'activité des Services de la Direction de la Santé Publique et de l'Assistance pendant l'année 1941. 133 La lutte antipaludique au Maroc en 1941. par A. MESSERLlN, 147 Rapport sur \' activité de l'Institut d'Hygiène en 1941. 1S3 Rapport sur l'activité du Service central de l'Hygiène scolaire en 1941, par L. PIETRI. le problème de la syphilis nerveuse de l'indigène musulman algérien dans ses rapports avec quelques données d'ethnographie et de démographie par F. G. MARILL Ancien Chef de Clinique à la Faculté de Médecine d'Alger. Depuis de longues aJlnl!es, la ques1tion de la neuro-syphilis indigene est, au Maroc, l'objet d'études et de recherche~, Elle a donné lieu il de nombreuses publications. Celles-ci, sans avoir la pré:l1enlïon de vouloir résoudre d'apres les données marocaines, comparées il celles de la syphilis européenne, le problCme de Pa syphilis exoltique, avaient plus modestement pour but d'appeler l'dtlenNon Sl11' la nécessité de « faire le point )) il une époque déterminée et de pa,rler te même langage, dans l'interprétation des faits comme dans l'établissement des statistiques, en s'appuyant toujours sur des bases solides irréf~Il(lbles, Le mérite de M. Merill, dont on lira ci-apres le traveâl très documenté (1), est, en tl aUant, comme il le dit, d'un seul fait, le « fait algérien )), de mordrer toute la fragilité des arguments que présenteraient, pour l'élude de lu, neum-syphilis en Algérie, des condusions hâtives bast'es uniquement sur des chiffres et des différences ethniques enlre les indigenes. musulmans, les juifs et les européens, alors que les uns et les autres ont souvent de mêmes ori,gines raciales, Ce serait une erreur d'invoquer comme cause unique, s'il est vrai qu'ils aient un comportement particuJer dans l'évolutioln de leur syphilis, des différences ethniques réelles. M. Marill, en récliamant de nouvelles enquêtes, d'autant plus nécessai'J'es qu'il est à craindre que les bouleversements récents n'aient apporté encore dans l'étude de la question un surcroÎii de (1) En raison des difficultés de tout ordre que rencontre actuellement l'édition des publications et qui ont amené notamment à réduire le format du Bulletin, la Rédaction s'est vue obligée de faire des coupures dans cet article, particulièrement dans les notes et de renoncer à publier certains tableaux statistiques. 8 - plus vaste ; c'est à l'Algérie que l'on doit quelques-uns des plus anciens et des plus importants travaux français relatifs à l'étude de la « syphilis exotique ». Pour- nous, enfin, l'Algérie est un pays que nous connaissons pour l'avoir, durant de nombreuses années, parcouru en tous sens ; nous savons par expérience personnelle ce qu'y représente l'exercice de la profession médicale, aussi bien dans les grandes villes que dans le' « bled )) et le « Sud )) lointains. Autant de raison pour limiter à elle notre objet. *** HETEROGENEITE DES GROUPEMENTS ETHNIQUES Tous les travaux consacrés à l'élude de la neuro-syphilis en Algérie parlent des « Européens )) et des « Indigènes »), mais ne se préoccupent point de ce qu'ils sont en réalité. « La population de l'Algérie es,t lÛ'in de former un tout homogène. Elle se divise en deux groupes principaux, d'une part les Indigènes, d'autre part les Européens, qui eux-mêmes se subdivisent en un certain nombre de sous-groupes ) (2). 1...\ SOCI~~TÉ EUHOPÉENNE Si, actuellement, la société européenne présente une suffisante cohésion, en rapport surtout avec la multiplicité des croisements par mariage (3), il ne faut pas perdre de vue la diversité de ses origines. Sur les 881.000 Européens que dénombrait le recensement de 1931, bien peu, 3.000 à 3.500 par an, sont venus de France (4) ; au maximum, donc, de 200 à 300.000 au total. Si noUs négligeons d'autres apports étrangers qui, pratiquement, ne revê:ent pas d'importance pour ce qui nous concerne, l'immigra­ tion étrangère en Algérie est représentée par trois courants principaux ayant pour point de départ l'Espagne, l'Italie et l'Ue de Malte. (2) Augustin BERNARD: L'Algérie, F. Alcan, Paris, 1929, p. 325 (3) «Entre les peuples européens représentés en Algérie, les dissemblances très accusées à l'origine, vont en s'atténuant par une perpétuelle action et réaction de ces groupes les uns sur les autres.... Il y a mélange des sangs, association des intérêts, fusion morale, assimilation politique » (Ibid.). (4) «Sur les 881.584 Européens recensés en 1931, on compte 657.376 Fran­ çais d'origine et 75.886 naturalisés. De ces Français, bien peu viennent en Fran­ ce, 2.000 à 3.500 par an » (M. SCHWEITZER : Le peuplement européen de l'Al­ gérie. Questions nord-africaines d'actualité. 25 mars 11935, p. 54, Librairie du Recueil Sirey, Paris). En ce qui concerne le peuplement français, il est assuré avant tout par les provinces méditerranéennes : Provence, Languedoc Roussillon, Corse. ' - 9 - Les Italiens ne représentaient en 1931 que 17,6 % de la populatüm é~rangère de l'Algérie. « Si leur nombre est passé de ~U13, en 1856, à 44.315, en 1886, il n'a cessé de décroître régulière­ ment depuis lors, et ne dépassait pas 26.136 en 1931 » (5). « Un peu plus du quart de la population italienne vit à Alger même, où il représente lui-même moins d'un quart de la population étrangère» Quant aux Maltais, ils constituent un contingent beaucoup plus faible de celle-ci : « De 13.986 en 1896, [leur nombre; est descendu... à 3.706, en 1931. C'est [que les Maltais] fournissent un très gros contingent annuel à la naturalisation. Au recensemen~ de 1931, on comptait 10J692 naturalisés d'origine anglo-maMaise, pour 27.938 d'origine espagnole et 27.472 d'origine ütalienne » (6). Ainsi, le groupement européen d'Algérie se montre particuliè­ rement hétérogène. Ce qu'il faut de plus retenir, c'est qu'il est cons~itué par une populatiun essentiellement méditerranéenne, provenant avant ,tout, pour les Espagnols, de l'Andalousie et des provinces du Levant ; pour les Ilaliens, de la Sicile et du Sud de la péninsule ; pour les Maltais, de l'Ile de Malte ; c'est-à-dire de régions qui, toutes, on,t connu, pendant des périodes parfois très longues, la domination arabe. Cela est surtout vrai pour l'Espagne du Sud et pour Malte. Il faut insister sur ce point : en Algérie, il y a des Espagnols et des Maltais qui sont plus proches des Indigènes que des Européens du Nord. De plus, s'il est exact que des mariages fréquents fondent dans un même creuset les individus d'origines difIérentes et créent un type humain intermédiaire : celui de « l'Algérien», il n'en faut pas moins ,tenir compte du nombre important d'unions matrimoniales entre nationaux; c'esit ce qui a lieu notamment chez les Maltais. Ainsi, les oppositions ethniques enire les divers groupements de la société européenùe tendent à se perpétuer. *** LA SOCIÉTÉ MUSULMANE Tout aussi bien que la pupulation européenne, il est impossible de considérer le groupement indigène comme présentant une homogé­ néité réelle. (5) M. SCHWEITZER" op. cit. p. 62. (6) Ibid., p. Ü-t. 10 - Chacun sait l'opposition qui se marque, à peu près dans tous les domaines, entre « Arabes)) et cc Berbères» (7). li ne s'agit pas, là, d'une simple ditrérenciation administrative. De toute anltiqui~é, entre eUx. la séparation fu.t accusée : « Nous disons aujourd'hui les Arabes et les Kabyles. L' An~iquité disait les Numides et les Maures. Le ~Ioyen âge a dit les Botr et les Branès » (8). Mais il y a plus. Les Berbères formellit la part majeure de la pûpulaAion indigène en Afrique mineure. Parmi eux, il faut encore faire des distinctions : «... l'écart est infranchissable, entre les Berbères des massifs kabyles, de l'Aurès, :le l'Atlas Marocain et l'habitant du Mzab. Les uns sont des dolichocéphales de grande taille, très souvent aux yeux clairs, au poil blond ou roux pour un grand nombre; les autres sont des brachycéphales de petite taille, aux yeux et cheveux noirs, à figure large et pâle, avec tendance à l'obésité » (9). « Le nom de Berbère consacré par la tradition, des observations superficielles et des lambeaux historiques insuffisants, a été commode pour désigner facilement des populations d'une même région de l'Afrique du Nord ayant entre elles une ressemblance grossière, mais ne peut plus tenir devant des observations plus sûres et des comparaisons anatomiques.

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