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LE MONDE/PAGES<UNE>

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LE MONDE DES LIVRES LE MONDE DES POCHES a Jaccottet, Oé, Garnett, etc. a L’autoédition, la science politique Demandez nos suppléments www.lemonde.fr 57e ANNÉE – Nº 17533 – 7,50 F - 1,14 EURO MÉTROPOLITAINE -- VENDREDI 8 JUIN 2001 FONDATEUR : HUBERT BEUVE-MÉRY – DIRECTEUR : JEAN-MARIE COLOMBANI

Tony Blair devrait obtenir un second Rwanda : un génocide devant la justice b A Bruxelles, une cour d’assises rend son verdict contre quatre exécutants des massacres de 1994 mandat malgré b Elle juge au nom de la « compétence universelle » b Mais les organisateurs d’un des plus grands crimes la déception du XXe siècle n’ont pas été arrêtés b Justice n’a pas été rendue aux 500 000 victimes b Notre enquête POUR LA PREMIÈRE fois depuis lique. Ayant fait venir une cinquantai- des Britanniques le génocide au Rwanda, en 1994, qua- ne de témoins du « pays des mille col- tre présumés coupables des massa- lines », la justice belge a fait revivre LES TRAVAILLISTES devraient cres ayant fait plus d’un demi-mil- un crime contre l’humanité qui a pu remporter aisément les élections lion de victimes devaient être jugés, s’accomplir en raison de l’inaction de parlementaires, jeudi 7 juin, en jeudi 7 juin, en Europe au nom de la la communauté internationale. Une Grande-Bretagne, et Tony Blair « compétence universelle ». En vertu inaction qui s’est prolongée dans le entamerait ainsi un second man- de ce principe de droit que la justice traitement judiciaire des coupables, L’ÉTÉ 2001 VU PAR ADEN dat de quatre ans. Cette réélection belge se reconnaît pour les crimes comme l’établit l’enquête du Monde. sera une première pour un diri- contre l’humanité, le jury d’une cour Selon nos investigations, justice geant du Labour. Ce succès est dû d’assises à Bruxelles devait rendre n’a toujours pas été rendue aux victi- Festivals, aux bons résultats économiques de son verdict de culpabilité, ou d’inno- mes de la « shoah africaine ». Les la Grande-Bretagne. Toute la pres- cence, concernant quatre Rwan- présumés « cerveaux » du génocide se britannique s’est prononcée en dais : un homme d’affaires, un pro- rwandais n’ont toujours pas été arrê- le guide faveur du candidat travailliste face fesseur d’université et deux sœurs tés. A ces impunis s’ajoutent les au conservateur William Hague, bénédictines. Les jurés belges « mal jugés » du Tribunal pénal De Jazz à Marciac aux Vieilles Charrues, jugé terne. Cette victoire sera sans auront ainsi rendu un verdict histori- international pour le Rwanda des Francofolies à Avignon en passant doute entachée par un faible taux que sur l’un des plus grands crimes (TPIR). Cette juridiction ad hoc, par Venise, Orange ou Belfort, que fai- e de participation. Artisan du « nou- du XX siècle en se prononçant sur le mise en place à Arusha (Tanzanie) re de votre été ? Musiques, théâtre, veau travaillisme », Tony Blair sort de quatre exécutants. dès septembre 1994, a failli à sa mis- cinéma, arts, idées, sans oublier les souffre de la morosité d’un électo- Hantées par le souvenir de l’holo- sion d’expier le crime des crimes par rat traumatisé par l’épizootie de la causte africain, les audiences, qui ont la vérité et le droit. Quant à la justice enfants, notre supplément aden propo- fièvre aphteuse et la déliquescence duré près de deux mois, n’ont pas rwandaise, elle est politiquement se une sélection des festivals. Les plus des services publics, thème central seulement fait apparaître les respon- exploitée par le pouvoir de Kigali au courus, les plus surprenants, les plus d’une campagne électorale morne. sabilités individuelles âprement dis- nom d’une mémoire instrumentali- aden. Pour s’y retrouver, un index géo- putées entre le parquet et la défen- sée des victimes du génocide. graphique et trente-deux rendez-vous Lire page 4 se. Elles ont aussi mis en évidence cel- européens complètent ces choix. les de l’Etat belge, l’ex-puissance colo- Lire page 3 f www.lemonde.fr/gb2001 niale au Rwanda, et de l’Eglise catho- et notre enquête pages 16 et 17 Demandez notre supplément Faut-il croire les Les épouses des prisonniers islamiques libéraux perturbent les élections iraniennes TÉHÉRAN l’immeuble, paniqué à l’idée d’abriter une ren- ont révélé avoir adressé des lettres au chef du analystes financiers ? de notre envoyée spéciale contre « qui pourrait avoir des conséquences poli- pouvoir judiciaire, au président du Parlement, Elles avaient profité de la conférence de pres- tiques », mit tout le monde dehors. Désolées de aux organisations de défense des droits de EN CONSEILLANT de vendre se que tenait, mardi 5 juin, le président sortant « l’autocensure » du propriétaire des lieux, elles l’homme « nationales et internationales » ; elles a ou d’acheter des actions d’une et néanmoins candidat à l’élection présidentiel- ont, en deux temps trois mouvements, donné ont rencontré plusieurs ayatollahs dans la ville entreprise, les analystes financiers le de vendredi, Mohammad Khatami, pour dis- aux journalistes une nouvelle adresse, celle de sainte de Qom. Elles veulent voir leurs hommes C. PLATIAU/REUTERS tiennent parfois le sort d’une société tribuer ouvertement des petits papillons don- l’appartement de l’une d’elles, et c’est là qu’elles libérés ou, si procès il devait y avoir, elles veu- entre leurs mains. Mais sont-ils indé- nant rendez-vous à la presse le lendemain à une dirent tout ce qu’elles avaient sur le cœur. lent des procès équitables. ROLAND-GARROS pendants ? La crise boursière de l’an heure et en un lieu donnés. Elles, ce sont les Elles ont formellement contesté les accusa- Le plus ancien de ces prisonniers est un reli- 2000 a ravivé les interrogations tant épouses d’une partie de la soixantaine d’oppo- tions portées contre leurs hommes, en l’absen- gieux, Hassan Youssefi Eshkevari, arrêté en aux Etats-Unis qu’en Europe et en sants islamiques libéraux, pour la plupart arrê- ce du moindre début de preuve, d’après elles. juillet 2000, traduit devant le tribunal spécial L’ouragan Asie. Alors que les marchés bais- tés et emprisonnés en différentes vagues Elles ont dénoncé les conditions de « détention pour le clergé et accusé alors d’apostasie pour saient, la quasi-totalité des analystes depuis six mois, sous l’accusation de vouloir provisoire » des intéressés, soumis à l’isolement avoir participé, en avril de la même année, à Grosjean américains conseillaient à leurs « renverser le régime ». Accusation abusive, de en un ou plusieurs lieux tenus secrets et que les une conférence à Berlin jugée anti-islamique Sébastien Grosjean a nettement dominé clients d’acheter ou de garder leurs l’avis de tous les observateurs, envers des oppo- prisonniers eux-mêmes, par ailleurs privés par la faction conservatrice du pouvoir iranien. Andre Agassi, tête de série n˚ 3, mercredi actions. Salariés de banques d’affai- sants, tous gens de pensée et de plume, qui se d’avocats et de visites, ne peuvent identifier M. Eshkevari aurait déjà été condamné, cer- res, dont les résultats dépendent en définissent eux-mêmes comme des nationalis- puisque tous leurs déplacements se font les tains disent même à la peine capitale, mais ni 6 juin, en quarts de finale des Internatio- grande partie des introductions en tes religieux et dont un certain nombre sont yeux bandés. Chaque famille a eu droit à deux lui ni sa famille n’en ont été officiellement infor- naux de France (1-6, 6-1, 6-1, 6-3). Le sou- Bourse réalisées, les analystes sont membres ou sympathisants du Mouvement rencontres avec « son » prisonnier, au siège du més. M. Eshkevari est le seul à ce jour à avoir eu tien de Bill Clinton, présent dans les tribu- juges et parties. Aux Etats-Unis, les pour la libération de l’Iran de l’ancien premier tribunal révolutionnaire de Téhéran. droit, si l’on peut dire, à un procès. nes, n’aura pas servi l’Américain. Vendre- plaintes se multiplient à leur encon- ministre Mehdi Bazargan. Elles ont stigmatisé cette « torture morale » tre. En Europe, la réflexion ne fait Mercredi donc, en lieu et heure dits, elles qui vise à pousser les détenus à « renier leurs Mouna Naïm di 8 juin, en demi-finales, le Français ren- que commencer. étaient sur le point de prendre la parole pour idées et leurs engagements ». Elles ont protesté contrera l’Espagnol Alex Corretja. p. 27 dénoncer les conditions dans lesquelles leurs contre les « abus » qui sont autant de « viola- Lire nos informations page 2 Lire page 20 époux ont été arrêtés, lorsque le propriétaire de tions de la Constitution et du code pénal ». Elles et notre éditorial page 19 f www.lemonde.fr/rolandgarros2001 « Réseaux occultes » L’eurasisme, nouvelle au tribunal de Nice géopolitique russe JAMAIS comme ces derniers dix té » russe – celle de n’être ni d’Asie ans la Russie n’a été aussi préoccu- ni d’Europe, mais comme un pont pée par la recherche de son identité. entre les deux, une « Asiope » –, Imprégnée des siècles durant de la l’eurasisme se pose en alternative devise : « Pour la Croix, le Tsar et la au modèle occidental dominant, Patrie », nourrie pendant soixante- tout en renouant avec la continuité quinze ans au matérialisme dialecti- historique russe. Après Moscou qui HERVÉ DUBAULT/EDITING que, l’élite politico-intellectuelle du s’autoproclama « troisième Rome » pays, une fois ses premiers émois à la chute de Byzance, après la Rus- TROIS CENTS MANIFESTATIONS démocratiques passés, s’est lancée sie impériale, après l’URSS, place à ÉRIC DE MONTGOLFIER dans la quête d’une nouvelle « idée l’Asiope, le nouvel empire eurasien. nationale », capable d’assurer le Sa construction va de pair avec L’Etat fait « LES RÉSEAUX OCCULTES agis- « sauvetage spirituel et physique du « le rejet du contrôle stratégique amé- sent toujours », déclare le procu- peuple russe », selon l’expression de ricain (…), le refus des valeurs libéra- son cirque reur de la République de Nice Soljenitsyne, l’écrivain du Goulag. les qui veulent nous dominer », écrit L’Année des arts du cirque décrétée par dans un entretien au Mon- Celle-ci tardant à venir, le journal Alexandre Douguine, le « pape » de. M. de Montgolfier s’explique, gouvernemental Rossiskaïa Gazeta de l’eurasisme. Idéologue des le ministère de la culture et de la commu- au moment où Jean-Paul Renard, organisa en 1996 un concours sur le « communo-nationalistes » au nication entre en piste (en photo, le Cir- doyen des juges d’instruction de thème : « Où sommes-nous ? Où milieu des années 1990, aujourd’hui que Romanes). Plus de trois cents mani- Nice, a été placé en garde à vue. allons-nous ? », invitant ses lecteurs conseiller de Guennadi Seleznev, le festations sont programmées dans toute à « trouver la meilleure idée pour unir président communiste de la Dou- la France à partir de l’été 2001 pour un la nation ». « Autrefois chaque pério- ma, Alexandre Douguine est Lire page 12 an. Pour accompagner cette discipline de avait son idéologie, aujourd’hui l’auteur du manifeste du mouve- Allemagne, 3 DM ; Antilles-Guyane, 10 F ; Autriche, nous n’en avons aucune ! », déplora ment. Il y recommande à ceux qui en plein essor, l’Etat va prendre des 25 ATS ; Belgique, 48 FB ; Canada, 2,50 $ CAN ; Côte d'Ivoire, 900 F CFA ; Danemark, 15 KRD ; le président de l’époque, Boris Eltsi- refusent « le raz-de-marée atlantiste mesures de soutien aux artistes. p. 31 Espagne, 225 PTA ; Gabon, 900 F CFA ; Grande-Breta- ne. Cinq ans plus tard, ce vide est en emportant avec lui les restes de notre gne, 1 £ ; Grèce, 500 DR ; Irlande, 1,40 £ ; Italie, 3000 L ; passe d’être comblé. La Russie nou- civilisation » de s’unir contre «la Luxembourg, 46 FL ; Maroc, 10 DH ; Norvège, 14 KRN ; International...... 2 Carnet...... 26 Pays-Bas, 3 FL ; Portugal CON., 270 PTE ; Réunion, 10 F ; velle a, depuis l’arrivée de Vladimir domination économique, politique et Sénégal, 900 F CFA ; Suède, 16 KRS ; Suisse, 2,20 FS ; France...... 8 Aujourd’hui ...... 27 Tunisie, 1,4 Din ; USA (NY), 2 $ ; USA (others), 2,50 $. Poutine, mis le cap sur l’eurasisme. culturelle de l’Occident ». Société...... 12 Météorologie-Jeux...... 30 Conseillers du Kremlin, diploma- Régions ...... 15 Culture ...... 31 tes, militaires, politiciens : nom- M 0147 - 608 - 7,50 F Marie Jégo Horizons ...... 16 Guide culturel ...... 33 breux sont les nouveaux partisans Entreprises...... 20 Kiosque ...... 34 de cette philosophie, un concept Lire la suite page 19 Communication...... 22 Abonnements ...... 34 géopolitique et philosophique né au Tableau de bord ...... 23 Radio-Télévision ...... 35 3:HJKLOH=UU\ZUV:?a@g@a@s@k; f www.lemonde.fr/russie début du siècle. Exaltant « l’originali- 2 INTERNATIONAL LE MONDE / VENDREDI 8 JUIN 2001

IRAN L’élection présidentielle, ven- ses fonctions. b L’ENJEU réside dans jours monopolisées par les conserva- tés. Les Iraniens lui savent gré de grés iraniens nostalgiques du régime dredi 8 juin, devait voir la victoire du l’ampleur de sa victoire. Une large teurs. Ces derniers n’ont pas trouvé leur avoir redonné la liberté de paro- renversé par la révolution islamique président sortant, Mohammad Kha- adhésion lui permettrait de renforcer de candidat capable de rivaliser avec le, mais ils lui reprochent sa passivité ont coupé tous les ponts avec l’Iran tami, qui devrait très probablement ses positions dans le combat inégal lui. b LES JUGEMENTS sur le premier face aux coups de boutoir des conser- d’aujourd’hui et vivent en vase clos. être reconduit pour quatre ans dans qu’il livre contre des institutions tou- mandat de M. Khatami sont contras- vateurs. b À LOS ANGELES, les immi- (Lire aussi notre éditorial page 19.) M. Khatami espère une réélection triomphale face aux conservateurs Le président iranien sortant devrait être reconduit, vendredi 8 juin, dans ses fonctions pour un nouveau mandat de quatre ans. Une forte participation et un raz de marée en sa faveur pourraient lui permettre de modifier un rapport de forces toujours favorable aux « durs » au sein du régime

TÉHÉRAN ce au cours des quatre années du dat de rechange. Idem pour des reprochent cependant de s’être lais- de notre envoyée spéciale premier mandat présidentiel. A électeurs qui estiment que M. Kha- sé enfermer dans le carcan institu- Quarante-deux millions d’Ira- entendre ces sceptiques, il ne faut tami n’est qu’un homme du sérail, tionnel et de s’être abstenu de mon- niens sont appelés aux urnes, ven- pas s’attendre à des changements tandis que d’autres, sans mettre en ter au créneau, y compris lorsqu’il dredi 8 juin, pour élire un président fondamentaux au cours des quatre doute sa « réelle bonne foi et son s’agissait de défendre ses amis et de la République. Ils ont le choix prochaines années. intelligence », le créditent d’une sta- ses partisans malmenés et victimes entre dix candidats, le favori étant ture culturelle et estiment qu’il ne d’abus de justice. Ils déplorent le président réformateur sortant UN CHOIX « PAR DÉFAUT » fait pas le poids en politique où il enfin que M. Khatami se soit privé Mohammad Khatami. Un sondage M. Khatami est aujourd’hui au dont rendait compte, lundi, le quoti- centre d’une triade dont il est le dien Persian Daily, le créditait de choix « par défaut », explique l’uni- Le projet du président sortant : « Progrès et démocratie » 79 % des voix, Ahmad Tavakoli, un versitaire Morteza Mardiha, ancien économiste conservateur, arrivant éditorialiste du très populaire quoti- Mardi 5 juin, lors d’une conférence de presse, Mohammad Khatami deuxième avec 10 % des suffrages. dien réformateur Asr-e-Azagedan, a estimé qu’en votant les Iraniens choisiraient « un projet de société et Il ne restait plus que des miettes définitivement fermé par le pou- d’avenir », le sien consistant principalement à « continuer dans la voie pour les huit autres postulants, voir judiciaire ultraconservateur. Le du progrès et de la démocratie », dans le respect de la loi et de l’islam. dont deux piliers de la nomenklatu- candidat Khatami est « le choix par M. Khatami s’est également engagé à renforcer la représentation de ra « de droite », l’ancien ministre défaut » des conservateurs qui pré- la société civile, à assainir l’économie, avec en priorité la lutte contre des renseignements, Ali Fallahian, fèrent soutenir un Khatami affaibli le chômage, et à conforter « le statut de l’Iran sur le plan internatio- et le ministre de la défense, l’amiral par leurs coups plutôt que de nal ». Une nouvelle fois, il a dénoncé tous les « extrémismes », rejeté Ali Chamkhani. Les neuf, disent « subir une nouvelle fois l’humilia- « la violence qui engendre une contre-violence » et plaidé pour un gou- unanimement les Iraniens, ont été tion de l’élection présidentielle de vernement qui soit comptable de ses actes devant le peuple. encouragés à concourir par les con- 1997 », lorsque leur candidat, Ali servateurs dans le seul et unique Akbar Nateg-Nouri, avait été but de priver M. Khatami de la réé- balayé. Bien qu’encore « un peu faut prendre des risques et aller à de la carte du soutien populaire qui dition du triomphe qui fut le sien dangereux pour eux », M. Khatami l’affrontement avec l’adversaire si était son véritable atout. lors de la présidentielle de 1997 : La campagne électorale réduite à qu’une participation massive et un leur est néanmoins « utile puisque nécessaire, dit encore M. Mardiha. Quant aux réformes structurelles 70 % des voix, du jamais vu en des interventions à la radio et à la raz de marée khatamiste donne- sa présence permet à la fois de conte- Et c’est bien cette frilosité que dont l’économie iranienne a impé- République islamique. Autrement télévision a pris fin mercredi soir. ront au président réélu la force de nir les tensions internes et de donner beaucoup d’Iraniens lui reprochent, rativement besoin, elles relèvent de dit, s’il est une chose que la « droi- Les dés étant pratiquement jetés, faire front à ses adversaires – tou- à l’Iran une respectabilité au plan même si tous refusent le recours à la quadrature du cercle, tant il est te » aurait fini par comprendre, les spéculations vont bon train sur jours maîtres de la plupart des roua- international », ajoute M. Mardiha. la violence. Les quatre années pas- vrai qu’elles sont tributaires d’un c’est que toutes ses tentatives, sur- le taux de participation électorale ges du pouvoir – et de réclamer M. Khatami est également le sées leur ont révélé les limites cons- consensus politique introuvable, tout les plus pernicieuses, visant et le nombre de voix qui se porte- éventuellement un amendement « choix par défaut » des élites qui, titutionnelles du pouvoir présiden- hypothéqué entre autres par la depuis quatre ans à discréditer M. ront sur le président sortant. L’inter- constitutionnel qui accroîtrait les hormis le Front de la participation, tiel et ils n’en savent que davantage mainmise des conservateurs sur les Khatami ont abouti au résultat con- prétation de ces deux chiffres divise prérogatives présidentielles. Pour c’est-à-dire le parti officieux du pré- gré à M. Khatami d’avoir réussi, principaux circuits économiques. traire, c’est-à-dire à sa propre dis- les Iraniens, en particulier les réfor- d’autres, M. Khatami et son camp sident sortant, sont déçues par sa malgré les pressions subies, à déten- qualification aux yeux des Iraniens. mateurs. Certains sont convaincus ont touché le plafond de leur auda- prestation mais n’ont aucun candi- dre le climat social et culturel. Ils lui Mouna Naïm La liberté de parole, acquis du « khatamisme », fleurit dans les jardins de Téhéran TÉHÉRAN qu’il pense au premier journaliste des de la longue marche de la Révo- son entourage, alors que M. Tavakoli, famille et les amis ». Elle veut Regardez les femmes dans la rue, de notre envoyée spéciale venu, pour reprocher à M. Khata- lution. Lundi 4 juin, c’était le douziè- lui, a déjà son équipe », un bataillon « beaucoup de changements », pour- leur façon de s’habiller ! Et si les vio- Hassan Rostami ne se fait pas mi de « ne pas avoir beaucoup me anniversaire de la mort de « de spécialistes » à l’en croire, qui rait « en énumérer une centaine », lations des droits de l’homme sont prier pour dire lequel des candidats d’idées en matière économique », l’imam Khomeiny, et le lendemain, savent de quoi ils parlent. mais ce qui lui tient le plus à cœur désormais sur la place publique, et pour dénoncer chez les adversai- le 38e anniversaire de l’arrestation Asghar a vingt-sept ans. Cet c’est « la liberté ». Et en la matière, c’est à Khatami qu’on le doit. » Puis, REPORTAGE res « de droite » du président sor- du même Khomeiny par le régime « employé du secteur privé » –ilne assure-t-elle, beaucoup de progrès plus nuancée, elle ajoute : « Les tant « l’absence de la moindre idée du chah. Les Téhéranais aisés en veut pas en dire plus – affirme qu’il ont été faits. « Avant [l’élection de gens voteront pour Khatami, ne fût- Rarissime il y a quatre ou stratégie, voire l’incapacité à pré- avaient profité pour aller se mettre ira « bien sûr » voter. Avec son salai- M. Khatami en 1997], pour peu ce que pour signifier à ses adversai- ans, cette franchise senter un candidat convaincant », au vert. Ces jours fériés avaient plon- re de 700.000 rials (moins de 100 dol- qu’un jeune homme demande l’heu- res qu’ils ne les aiment pas. C’est le est devenue presque leur seul et unique objectif étant, à gé la capitale dans une torpeur qui lars) il tire le diable par la queue «à re à une jeune fille, il se retrouvait au seul moyen pour nous de le dire. » la norme l’en croire, de « maintenir leur ne faisait qu’accentuer la morosité cause de l’inflation » et se « prive de poste. Maintenant, on peut se parler, « C’est à la fois un vote de rejet [de mainmise sur la plupart des leviers d’une campagne électorale réduite à beaucoup de choses » ; mais, curieu- échanger des livres… Cela dit, à l’uni- la droite] et d’espoir », résume économiques du pays ». diverses interventions des candidats sement, ce ne sont pas les problèmes versité, se plaint Roubabé, on ne l’époux. Et ce double message, dit- à l’élection présidentielle du vendre- Rarissime, sinon inexistante, il y a – interviews, débats et autres clips – économiques qu’il invoque lorsqu’il tient aucun compte de notre avis. Par- il, a davantage de chance d’être di 8 juin a sa préférence : Moham- quatre ans en République islamique, à la radio et à la télévision, et à quel- affirme qu’il votera pour M. Khata- fois, on nous convoque à des réu- entendu si le nombre d’Iraniens qui mad Khatami, le président réforma- cette franchise est presque devenue ques rassemblements. mi. C’est, dit-il, parce que ce dernier nions de dialogues, mais on ne nous votent Khatami est encore plus teur sortant, parce que, expli- la norme aujourd’hui. C’est peut- a « beaucoup de projets » qu’il prône donne pas vraiment la parole. Moi, si grand qu’en 1997. Ils furent alors que-t-il, « vingt-trois ans après la être « le » grand acquis de la prési- « BEAUCOUP DE PROJETS » « le progrès et la liberté » et aussi par- on me donnait la possibilité de m’ex- 20 millions, c’est-à-dire 70 % des révolution [islamique], il est temps dence qui s’achève. Les Iraniens Retraité du ministère de l’éduca- ce que « l’Iran est un pays du tiers primer, je parlerais des heures… ». électeurs. Cet intellectuel admet d’en réviser les bases sans effusion de n’ont plus peur ; ils disent tout haut tion nationale, Ahmad Tafazoli pre- monde où beaucoup de choses doi- Dans un bel appartement bour- néanmoins que le camp conserva- sang ; et M. Khatami est l’homme de ce qu’ils pensent, bien qu’une telle nait l’air, lui aussi, au parc des étu- vent être améliorées. D’ailleurs, ajou- geois du nord de Téhéran, un cou- teur pourrait continuer de bloquer la situation, un homme solide qui audace ait déjà coûté très cher à diants. Il votera, dit-il, pour « celui te-t-il, les pays étrangers savent que ple d’intellectuels sexagénaires les réformes par les voies institution- peut préparer le terrain ». Son pre- ceux d’entre eux supposés être par- des candidats qui respecte la religion M. Khatami est le plus intelligent. » livre, lui, une quasi-profession de nelles et constitutionnelles, comme mier mandat n’a certes pas été vrai- mi les plus influents, qu’il s’agisse de et connaît les problèmes de l’Iran, Etudiante en licence d’histoire, foi en M. Khatami. « Pour la premiè- il l’a fait pendant les quatre années ment concluant, admet M. Rostami, penseurs, de journalistes ou pour un homme d’action et non de Roubabé Hosseini était de passage re fois de toute une vie, dit la fem- du premier mandat de M. Khatami. que l’impatience de certains agace d’autres gens de plume poursuivis simples paroles ». C’est-à-dire, préci- à Téhéran avant de regagner sa ville me, j’ai connu – sous Khatami – une « Alors, dit-il, si Khatami se retrouve néanmoins. « Ecoutez, en Europe il en justice ou jetés en prison. se-t-il, pour Ahmad Tavakoli, un de Neichabur, dans le nord du pays. presse libre, même si ce ne fut que dans un cul-de-sac, il ne lui restera vous a fallu trois cents ans pour mener Comme Hassan Rostami, d’autres économiste conservateur qui con- Elle aussi se fait un devoir de voter pour une courte période. Bon sang, plus qu’à prendre le peuple à témoin. à bien votre réforme. Serait-ce trop Iraniens prenaient l’autre jour le teste le bilan économique et social et elle est une « inconditionnelle » avons-nous oublié l’histoire ? En qua- Ce sera sa dernière carte. » vous demander que de nous accorder frais dans le parc Daneshdjou, ou du président sortant. M. Tafazoli ne de M. Khatami, à cause de tout ce tre ans, tant de choses ont changé ; une vingtaine d’années ? » parc des étudiants, dans le sud de voudrait toutefois pas qu’on s’y qu’elle « en a entendu dire par la le climat social, culturel, littéraire. M. Na. La liberté de ton de ce fonction- Téhéran. En ces jours de début de méprenne. Le président sortant, dit- naire ne manque toutefois pas de canicule, les congés officiels se suc- il, est « un homme bien, qui voudrait surprendre. Il n’hésite pas à dire ce cèdent pour commémorer les épiso- tenir ses promesses. Le problème c’est L’ancien régime vit dans le souvenir à « Téhérangeles »… LOS ANGELES (Californie) Angeles qui lie les Iraniens des Etats-Unis aux Iraniens de notre envoyé spécial d’Iran. Les dizaines de disques produits chaque année Bienvenue à « Téhérangeles », où le temps s’est arrê- par des chanteurs et chanteuses iraniens à Los Angeles té. Il suffit de marcher sur Westwood Boulevard pour se retrouvent tout de suite en Iran. se retrouver subitement à Téhéran… en 1976. C’est ici, C’est aussi une chanteuse qui a réussi à galvaniser la au centre d’un des quartiers riches de Los Angeles, que diaspora iranienne. A cinquante-trois ans, Googoosh vivent encore les derniers bastions de l’ancien régime. est connue de tous. Elle a débuté sa carrière à l’âge de Ils alimentent la flamme de la nostalgie. Arrivés à la fin trois ans, et, après vingt-deux ans passés en Iran, où le des années 1970, avec, selon des Américains, « des vali- régime interdit la voix des femmes, elle a commencé, ses pleines de cash », ces Iraniens de la première géné- en 2000, une série de concerts dans tous les pays où ration ont aussitôt investi dans l’immobilier. Ils occu- ont émigré les Iraniens, en remplissant chaque fois des pent donc les plus belles villas de Beverly Hills et font salles de 10 000 à 20 000 places. leurs courses dans des supermarchés iraniens, man- gent dans des restaurants iraniens, se font coiffer dans « NOUS AVONS TOUS PLEURÉ ET PLEURÉ » des salons de beauté iraniens, écoutent des radios ira- Parlant du concert de Googoosh à New York, où le niennes dans leurs voitures de luxe et passent leurs soi- Nassau Coliseum était plein à craquer, l’écrivain rées à écouter ensemble de la musique iranienne. Setareh Sabety se souvient : « Ce soir, tout le monde Pour la plupart monarchistes, ces quelques dizaines y était, riches, pauvres, monarchistes, communistes, de milliers d’Iraniens, qui ne se sont jamais assimilés à dentistes, princesses, gauche, droite. Nous étions tous la société américaine et qui, pour la plupart, parlent là, et nous avons tous pleuré et pleuré, pas pour Goo- encore mal l’anglais, ont créé un véritable « petit goosh, mais pour l’Iran, ce qui, en vingt-deux ans, Iran » au cœur de Los Angeles, où ils ont amené avec n’était jamais arrivé ! » eux les mêmes préoccupations qu’au « temps du Très à la mode sont aussi les poètes millénaires de chah » : vêtements, bijoux, voitures et, le gossip, les l’Iran. A Los Angeles comme ailleurs, les jeunes et les cancans, les potins… Surtout le gossip… moins jeunes d’ailleurs passent deux, voire trois ou L’économie de « Téhérangeles » repose surtout sur quatre soirées par semaine, à participer à des clas- les Iraniens juifs. Ils font vivre l’industrie de la musi- ses de poésie pour lire Hafiz, Roumi, Saadi et Ferdos- que. « Une des raisons pour lesquelles la grande majori- si. Les Iraniens de « Téhérangeles » font tout pour se té des Iraniens sont venus à Los Angeles, explique distinguer du régime islamique, qu’ils abhorrent et Ardeshir Farah, un musicien reconnu, c’est parce que dont ils ont « honte », ils ne se disent plus « ira- les chanteurs y étaient, ils ont suivi leur musique .» En niens » mais « persans ». effet, la musique fait partie intégrante de la vie quoti- dienne des Iraniens. C’est aussi la musique de Los Afsané Bassir Pour INTERNATIONAL LE MONDE / VENDREDI 8 JUIN 2001 / 3

La justice belge se prononce sur la Toute la rédaction en chef du premier quotidien culpabilité des « quatre du Rwanda » népalais est arrêtée pour « trahison » Le souvenir d’un demi-million de victimes pèse sur le verdict Trois journalistes du « Kantipur Daily » sont en prison pour avoir publié Après deux mois d’audience, le jury d’une cour d’assises participation au génocide de 1994. Leur procès, une pre- un article d’un chef de la guérilla maoïste. La commission d’enquête belge devait décider, jeudi 7 juin, de la culpabilité ou de mière judiciaire, a été instruit en vertu de la « compé- l’innocence de quatre prévenus rwandais, accusés de tence universelle » que se reconnaît la justice belge. sur le massacre de la famille royale tarde à commencer ses travaux

BRUXELLES ples enquêteurs, les faits eux- pable ? Assurément. Veille du ver- KATMANDOU les marionnettes installées dans le un homme autoritaire, contraire- de notre bureau européen mêmes perdent de leur acuité, la dict, la journée de mercredi aura de notre envoyée spéciale palais royal et de rejoindre les vrais ment à son frère le roi défunt, mais L’audience du théâtre d’ombres, vérité ressemble à un faisceau de permis à chacun de tenter de ras- Un calme tendu est revenu dans patriotes de ce pays. » aussi pour être réfractaire aux insti- où se mêlent témoins émouvants présomptions. Le procès des « qua- sembler les pièces du puzzle, tous, la capitale népalaise, où, après tutions démocratiques. Il s’est et fuyants, faits et rumeurs, tou- tre du Rwanda » n’aurait jamais avocats et accusés, prenant la paro- deux jours de couvre-feu, la popu- SIGNE ALARMANT défendu de cette accusation dans che à sa fin : jeudi 7 juin, les vingt- dû se dérouler dans de telles condi- le. Il n’est pas sûr pour autant que lation a pu, mercredi 6 juin, sortir Les maoïstes népalais, qui ont son premier discours télévisé, le quatre jurés de la cour d’assises de tions, mais il reste exemplaire, à ce procès en accéléré ait permis de normalement toute la journée. Le commencé la lutte armée en 1996, soir de son couronnement, mais Bruxelles étaient seuls pour tirer l’image d’une justice belge qui se clarifier les choses, au contraire. couvre-feu n’était maintenu que sur le modèle du Sentier lumineux les libéraux l’observent avec les conclusions des huit semaines veut sans frontières. Une justice Les avocats de la défense se sont la nuit. En raison du deuil décrété péruvien, se battent pour le renver- méfiance. d’auditions et d’émotions parfois exemplaire et peut-être aussi frau- montrés plus soucieux de laver à la suite du massacre de la quasi- sement de la monarchie et l’instau- Parallèlement, la commission intenses qui ont marqué le procès duleuse : car c’est un procès fourre- leur réputation du soupçon de totalité de la famille royale, la plu- ration d’une république. Pour eux, d’enquête sur les circonstances du des quatre accusés de participa- tout qui s’achève. « révisionnisme », par rapport à la part des magasins et restaurants le massacre de la famille royale est massacre de la famille royale, le tion au génocide du Rwanda. Les réalité du génocide, que d’exploi- restent fermés. Les Népalais ont le fruit d’une conspiration qui 1er juin, n’a pas commencé ses tra- réponses qu’ils devaient apporter PROCÈS GIGOGNE ter la seule ligne de défense qui recommencé à attendre aux por- implique le nouveau roi avec l’aide vaux. Sa création avait été annon- aux trente-neuf questions qui leur Celui d’une ancienne puissance vaille pour leurs clients, celle du tes du Narayanhiti pour pouvoir de l’Inde. Ces derniers mois, l’in- cée lundi par le roi et elle devait sont soumises décideront de la cul- coloniale qui règle ses comptes doute. signer le registre de condoléances fluence des maoïstes s’est étendue rendre ses conclusions dans les pabilité ou de l’innocence de Vin- avec elle-même, c’est-à-dire avec Les avocats des parties civiles, et déposer des fleurs devant les en raison de l’inertie totale du gou- trois jours. Sans doute pour apai- cent Ntezimana, Alphonse Higa- la culpabilité des Belges à l’égard comme Me Hirsch, Me Bauthier, grilles fermées du palais. vernement et de la classe politique, ser les exigences de vérité de la niro, Sœur Gertrude et Sœur de l’Afrique, et du Rwanda en par- Me Gillet, furent brillants, mais ce La situation s’est durcie sur le ainsi que de la dégradation perma- population, plusieurs témoignages Maria Kisito. Si ces derniers sont ticulier, puisque l’armée belge – fut au prix d’un savant amalgame plan politique avec l’arrestation nente des conditions de vie d’une – toujours indirects – ont été reconnus coupables, les jurés se mais elle ne fut pas la seule – a bel entre les accusés et le génocide. pour trahison du rédacteur en population dont près de la moitié publiés sur la tragédie. Tous confir- retrouveront vendredi pour déci- et bien fui ses responsabilités en Les accusés, comme au début du chef du plus grand quotidien népa- vit dans la pauvreté absolue. ment la culpabilité de Dipendra, le der de l’ampleur de la peine qui 1994, laissant la bride sur le cou procès, restèrent de marbre, sans lais, Kantipur Daily, Yuvraj Ghimi- Kantipur Daily avait déjà publié prince héritier devenu brièvement sera infligée aux accusés. aux fauteurs de génocide. Les l’once d’un remords ou d’une com- re, et ses directeurs, Kailash Shoi- des articles de Baburam Bhattarai. roi après avoir massacré ses Seuls donc, submergés d’images vingt-quatre jurés ne sont pas passion, les deux religieuses roiya et Binod Gyawali. La police L’arrestation de journalistes d’un parents. Une conclusion que ne de corps martyrisés, de témoigna- indemnes de ce stigmate collectif, notamment, femmes moins fra- les a arrêtés au siège du journal grand quotidien est toutefois une veulent visiblement pas accepter ges souvent déchirants, d’ombres qui va teinter leur décision : la Bel- giles qu’on ne le dit, comme figées pour la publication d’un article de première au Népal depuis l’instau- les Népalais, qui contestent aussi envahissantes : celles des plus de gique peut-elle, une nouvelle fois, dans une certaine médiocrité l’un des dirigeants de la guérilla ration de la démocratie en 1990. par avance les résultats de la com- 500 000 victimes de ce conflit qui, faillir à sa tâche, éviter de punir humaine. maoïste, Baburam Bhattarai, qui Elle est un signe alarmant du com- mission d’enquête. en avril 1994, se transforma en ten- des responsables du génocide ? écrivait notamment : « Nous implo- portement du roi Gyanendra. tative d’élimination totale d’un Voilà bien le piège, cet amalgame Laurent Zecchini rons l’armée royale d’abandonner Celui-ci passe non seulement pour Françoise Chipaux peuple, l’ethnie tutsie, par ses qui aura accompagné tous les rivaux hutus. Vingt-quatre hom- débats : procès de deux hommes mes et femmes ordinaires, tous et de deux femmes ou procès du Blancs, la plupart issus de milieux génocide ? C’est l’impossibilité de modestes, ont été brusquement répondre à cette question qui rend enlevés à leurs soucis quotidiens le devoir des jurés si incertain. pour être plongés dans l’inhuma- Ce n’est pas la seule difficulté, car nité d’un drame qui, par son ce procès gigogne ne pouvait ampleur, fut une « solution finale » qu’embrouiller la recherche de la en terre africaine. L’horreur, com- vérité. Puisque le sort des deux reli- me le leur avait dit Me Michèle gieuses était indissociable, ce sont Hirsch, est entrée dans leur vie et trois cas, trois procès qui furent dans leurs rêves. menés en parallèle, chacun d’entre Des semaines durant, ils ont eux étant contaminé par les deux écouté les récits bouleversants des autres. Les débats furent conduits à proches des victimes, constaté que un rythme soutenu, mettant à rude les haines ne sont pas éteintes, épreuve la capacité de concentra- qu’elles perdurent dans le fond de tion des jurés, d’autant plus qu’il la salle d’audience, sur les marches leur fut demandé de passer d’un du palais de justice, où les resca- accusé à l’autre, au rythme des pés, comme à Butare, dans le sud témoins qui arrivaient du Rwanda, du Rwanda, côtoient leurs bour- et parce que, au-delà du box des reaux. Spectateurs abasourdis, ils accusés, se profilait l’ombre auront tenté de distinguer chez les d’autres coupables : procès esquissé témoins la malveillance, le men- à la va-vite de la hiérarchie catholi- songe, la sincérité et la rouerie, et que, qui a « couvert » deux religieu- constaté que c’était impossible. Ce ses dont l’attitude ne peut qu’enta- fut un procès avec une vérité cher la réputation de l’Eglise. sinueuse, contradictoire, approxi- Procès de l’Etat belge ensuite, mative et aléatoire. Chaque lui aussi effleuré, pour avoir si témoin avait une part de vérité, longtemps empêché que les accu- aucun n’en avait le monopole. sés passent en jugement et multi- De toute façon, sept ans plus plié les pressions sur le juge d’ins- tard et à 6 000 kilomètres de dis- truction. Peut-on, dans de telles tance, après que les accusés et les conditions, parler d’une justice principaux témoins ont été interro- sereine ? Sans doute pas. Peut-on gés de multiples fois par de multi- à la fois être bouc émissaire et cou- Le Tribunal pénal international d’Arusha est critiqué par une ONG NAIROBI jusqu’à entraver la justice : «au de notre correspondant moins quatre arrestations » auraient Sept ans après sa création, le Tri- été « manquées à l’automne 1998 bunal pénal international pour le du fait d’une gestion budgétaire erro- Rwanda (TPIR) présente un bilan née de la part de l’administration ». « dérisoire », selon une organisa- Incapable de « rendre justice rapi- tion spécialisée dans l’étude de con- dement et d’établir la mémoire des flits, basée à Bruxelles. Dans un rap- faits », le TPIR aurait aussi « suc- port publié vendredi 8 juin, Interna- combé » aux manipulations du nou- tional Crisis Group (ICG) analyse le veau pouvoir à Kigali. Le Front fonctionnement du tribunal basé à populaire rwandais (FPR), selon le Arusha, en Tanzanie. rapport, est parvenu à instrumenta- Le TPIR a « failli à sa tâche essen- liser le Tribunal afin de faire passer tielle », estime l’organisation. « tous les anciens dirigeants hutus « Les lenteurs sont allées en s’aggra- pour des criminels poursuivis pour vant au cours des années, alors génocide ». Contribuant à cet amal- même que les moyens du Tribunal game, le TPIR fournirait au FPR ont augmenté notoirement. » Ace une « arme de disqualification politi- jour, le Tribunal se serait révélé que de ses adversaires » et légitime- incapable de « faire la lumière sur rait la « répression anti-Hutus ». le plan, le mécanisme, la chronolo- Le programme de travail du Tri- gie, l’organisation et le financement bunal pour les années à venir pré- du génocide ». voit de « mettre en accusation une Le rapport relève des « compéten- trentaine de personnes par an ».Ce ces douteuses » du personnel – plus rythme « laisse rêveur », estime de 800 personnes – et des métho- ICG, ajoutant : « Pour autant qu’on des de recrutement nébuleuses. sache, le projet serait maintenant de « Cinq juges sur neuf ont ainsi passé repousser l’horizon des derniers juge- plus d’un an et demi sans procès. ments à 2017, vingt-trois ans après L’un d’entre eux a établi le record, les faits. » Après l’inaction de la en mars 2001, de passer vingt-huit communauté internationale pen- mois sans procès. Bien souvent, l’acti- dant le génocide, « tolérer une telle vité du Tribunal est tributaire des situation et la cautionner plus long- interruptions régulières des affaires temps reviendrait à une deuxième dues à des raisons de santé, aux voya- trahison du peuple rwandais », ges pour séminaire et aux congés sou- conclut le rapport, qui préconise, vent prolongés des magistrats. » Le sans surprise, « un effort de redresse- tout pour un coût annuel de 90 mil- ment vigoureux ». lions de dollars. Les « luttes de pou- voir » au sein du Tribunal iraient Jean-Philippe Rémy 4 / LE MONDE / VENDREDI 8 JUIN 2001 INTERNATIONAL Les Britanniques votent sans entrain pour le second mandat de M. Blair Rendus moroses par l’épizootie de fièvre aphteuse et par les dysfonctionnements des services publics, les électeurs devraient néanmoins reconduire le chef de file du « nouveau travaillisme ». La seule grande inconnue du scrutin parlementaire du 7 juin est l’abstention Quarante-cinq millions d’électeurs britanni- qui, paradoxalement, sera sans doute le diri- plutôt positif, si l’on en juge par les résultats aphteuse a laissé des traces et les nombreux Son adversaire, le dirigeant conservateur ques devaient se rendre aux urnes, jeudi geant le plus mal élu depuis quatre-vingt-dix obtenus en matière économique et les modifi- dysfonctionnements des services publics ont William Hague, a échappé de justesse à un 7 juin, afin de donner un second mandat à ans, en raison d’une participation électorale cations d’ordre constitutionnel apportées au entamé le flegme légendaire des citoyens de accident d’hélicoptère, mardi 5 juin, alors Tony Blair, si l’on en croit les sondages. Fait qui s’annonce faible. Pourtant, le bilan du fonctionnement du royaume. Mais les Britan- Sa Gracieuse Majesté. Tony Blair leur a pro- qu’il se rendait à une réunion électorale à sans précédent pour un leader travailliste chef de file du « nouveau travaillisme » est niques sont moroses. L’épizootie de fièvre mis que des solutions seraient apportées. Shrewsbury, dans le centre de l’Angleterre.

LONDRES se prononcer, « faute de mieux », matière de budget – jusqu’à dépen- maîtrisée, chômage au plus bas, décentralisation sans précédent. politicien qui n’a pas tout raté ? La de notre correspondant pour la reconduction du « Grand ser moins qu’eux pour des services excédents budgétaires à tous les Dorénavant, l’Ecosse et le pays de crise de la fièvre aphteuse et la len- Au matin du 2 mai 1997, le Royau- Communicateur ». Sauf coup de publics en pleine déshérence –, le étages. « Pour une fois, les travaillis- Galles s’auto-administrent avec teur avec laquelle Tony Blair a pris, me-Uni mettait théoriquement fin théâtre, le chantre de la « troisième premier ministre, avec sa réélec- tes n’ont pas fait de bêtises avec l’éco- leur propre exécutif et assemblées près d’un mois trop tard, la mesure à dix-huit années de révolution libé- voie méritocratique » devait réussir tion déjà en tête, s’est consacré à nomie », se félicitent les financiers élues. Londres a désormais un mai- de la catastrophe n’y est pas étran- rale thatchérienne. A quarante- la double performance d’être le pre- établir sa « crédibilité économi- de la City. re choisi, contre le premier minis- gère. Surtout, ce qui pourrissait trois ans, tonique et débordant mier leader nominalement tra- que ». Pari gagné : le tableau de La deuxième réussite de Tony tre, mais par ses habitants. déjà la vie quotidienne des Britanni- d’énergie, charmeur et séduisant, vailliste à obtenir un second man- bord général de l’économie britan- Blair est d’ordre constitutionnel. D’autres grandes cités suivront. ques il y a quatre ans n’a pas chan- déboulait dans le poste de pilotage dat d’affilée et le chef de gouverne- nique est rutilant. Dette publique En quatre ans, le premier ministre a Des assemblées régionales verront gé. Les trains déraillent toujours ou national, 10 Downing Street à Lon- ment le plus mal réélu en quatre- largement remboursée, inflation lancé un train de réformes et de le jour en Angleterre. La réforme ne partent pas. Les routes sont dres, le plus jeune premier ministre vingt-dix ans, avec la plus faible par- est incomplète chez les Lords puis- engorgées. Chaque jour, au moins depuis 1812 : Tony Blair. Dans la ticipation électorale depuis la pre- qu’on ignore ce que sera la forme une ligne du métro londonien est salle des machines, aux Commu- mière guerre mondiale. Le sort de David Trimble en balance définitive – élue ou appointée ? – en panne. Plus de un million de nes, le fringant capitaine du New Que s’est-il passé ? Malgré l’intro- de la chambre haute du Parlement malades attendent d’être opérés Britannia pouvait compter sur la duction du premier SMIC national En Irlande du Nord, 1,2 million d’électeurs tiennent l’avenir du pro- mais, déjà, plus de 600 aristocrates dans des hôpitaux souvent sales et plus forte majorité jamais vue au (10 % inférieur à celui des Français cessus de paix entre leurs mains. Si, comme on le craint, le Parti unio- héréditaires, non élus, en ont été débordés. La plupart devront atten- Parlement de Westminster depuis dans un pays où le coût de la vie est niste d’Ulster (UUP) de David Trimble, chef du gouvernement semi- poliment éjectés. Il faut aussi dire dre sept mois avant de voir un chi- cent cinquante ans. au moins 20 % plus cher) et quel- autonome de la province, perd deux ou trois de ses neuf sièges (sur dix- un mot de l’Irlande du Nord où, rurgien. Un sur quatre attendra dix- C’était « l’aube d’une ère nou- ques mesurettes discrètes en faveur huit au total) au profit des extrémistes de Ian Paisley, il sera contraint pour la première fois, fonctionne huit mois. Les lycées débordent velle », proclamait Tony Blair. « Les des plus pauvres – ce qui n’a pas de démissionner et nul ne voit très bien qui, à sa place, pourrait conti- cahin-caha, un exécutif semi-auto- d’élèves et manquent gravement choses ne peuvent qu’aller mieux », empêché le fossé entre riches et nuer de gouverner avec les catholiques travaillistes (SDLP) de John nome et biconfessionnel qui réunit de professeurs. chantaient ses supporters. On allait pauvres de continuer à s’élargir –, Hume et les républicains du Sinn Fein de Gerry Adams. catholiques et protestants. L’avenir « Nous avons établi les fondations voir ce qu’on allait voir. Débarrassé le constat est unanime. Tony Blair Branche politique de l’IRA, le Sinn Fein détient actuellement deux du processus de paix irlandais n’est qui vont nous permettre, au second par son dynamique manager de la s’est révélé nettement plus à droite sièges – qu’il n’occupe pas – au Parlement de Londres, tandis que le pas garanti, mais chacun en con- mandat, de résoudre tout cela », pro- plupart de ses « vieilles lunes » sur que beaucoup l’imaginaient. Il a SDLP en contrôle trois. L’ambition de Gerry Adams est de détrôner le vient : sans l’énergie qu’y a consa- met en substance Tony Blair. Appa- la propriété des services publics, méthodiquement repris l’essentiel SDLP en tant que premier parti du camp nationaliste. Farouchement crée Tony Blair, il n’aurait jamais remment, une majorité d’électeurs l’égalité des chances ou la lutte con- du programme conservateur et con- opposé à un processus de paix qu’il assimile à « une trahison » de l’unio- vu le jour. sont prêts à le croire. tre la pauvreté, l’ancien Parti tra- solidé la « révolution Thatcher ». nisme, le bouillant Paisley, qui contrôle trois sièges, a pour objectif Alors pourquoi ce désamour vailliste rebaptisé « nouveau tra- avoué de faire tomber le gouvernement bi-confessionnel. – (Corresp.) presque général à l’encontre d’un Patrice Claude vaillisme » allait accoucher d’une UN « CHANCELIER DE FER » « Grande-Bretagne nouvelle, plus fiè- Résultat, pour la première fois re et plus sûre d’elle-même ». Con- dans son histoire de cent ans, le Par- Des élections formément « à son destin histori- ti travailliste est désormais posé au La défaite annoncée des Tories, parti à la dérive, que », elle redeviendrait « le phare centre droit, à la place traditionnel- nationales et locales du monde ». le des tories, repoussés plus à droi- Mille cinq cents jours plus tard, te de l’échiquier politique, tandis en manque d’idées et au chef impopulaire b De Katie Price, dite « Jordan », jamais la crise de confiance des Bri- que le petit parti centriste des libé- une pin-up anglaise qui veut l’accès tanniques dans leurs institutions raux-démocrates se retrouve, tout LONDRES L’imminent échec électoral des déroutes. Mais, en quatre ans, il gratuit à la chirurgie esthétique, politiques n’est apparue si profon- surpris, à la gauche du « New de notre envoyé spécial conservateurs tient d’abord aux n’a su ni la relever ni l’unifier. Au jusqu’à Tony Blair dans son de. Apathiques, désabusés, désillu- Labour ». « C’est un bouleversement C’est l’histoire d’une défaite insuffisances de celui qui les dirige seuil de la défaite, il l’assume imprenable circonscription de sionnés, les électeurs s’apprêtent, dont on n’a pas fini de mesurer les annoncée, à laquelle tout semble depuis 1997, William Jefferson d’avance. « J’en suis seul responsa- Sedgefield au nord de l’Angleterre, selon les sondages, à donner sans conséquences » se félicite Matthew avoir contribué : la médiocrité de Hague. Il est le chef de parti le plus ble », dit-il avec sang-froid et une 3 294 candidats se présentent aux enthousiasme aucun une seconde Taylor, le directeur de l’IPPR, un l’acteur vedette, l’incohérence du impopulaire depuis Michael Foot, certaine dignité. suffrages des 45 millions chance à Tony Blair. « Le moins pire « think tank » blairiste. scénario, la mauvaise volonté du le leader qui conduisit les travaillis- Si William Hague n’a pu faire d’électeurs britanniques. 659 sièges des candidats », résumait dimanche Magnifiquement secondé par un public, et jusqu’aux coups tordus tes au désastre en 1983. Son crâne « décoller » son parti pendant la sont à pourvoir pour renouveler la le Sunday Times, l’une des six gran- « chancelier de fer » nommé Gor- de certains seconds rôles dont chauve, son look démodé, ses campagne électorale, c’est aussi Chambre basse du Parlement de des publications de droite, avec The don Brown, qui s’est évertué à mar- l’apparition n’a fait que gâter le manières désuètes, son rude parce qu’il a mal choisi ses che- Westminster, les Communes. Economist et The Financial Times, à cher dans les pas conservateurs en spectacle. accent du Yorkshire, sa difficulté à vaux de bataille. Dans un premier b Le mode de scrutin, majoritaire temps, les conservateurs ont privi- à un seul tour, sur-représente le légié la dénonciation d’une éven- parti majoritaire. Avec 43 % des La livre sterling tuelle adhésion britannique à voix en 1997, les travaillistes l’euro sur le thème : « N’abandon- contrôlaient 63,5 % des 659 sièges au plus bas nons jamais la livre ! » Mais cha- dans le Parlement sortant. cun sait qu’ils ne sont pas unani- b L’immense majorité des depuis quinze ans mes dans ce combat et que, sur- candidats ont été désignés par les tout, la monnaie unique n’est trois grands partis Cotée à 1,3879 dollar, jeudi plus du tout un souci du moment nationaux : Nouveau 7 juin, dans les premiers échan- pour la majorité des Britanni- Travaillisme, conservateurs et libé- ges, la livre sterling a atteint son ques, satisfaits que Tony Blair raux démocrates. Le système ne plus bas niveau depuis quinze leur ait promis un référendum sur donne aucune chance aux ans, le marché craignant qu’une cette question. Les Tories ont aus- formations « marginales » comme large victoire des travaillistes aux si prôné une plus grande rigueur les Verts ou l’Alliance socialiste, qui élections n’accélère le processus en matière d’immigration et de font cependant campagne avec une d’adhésion du pays à l’euro. La droit d’asile, mais avec des centaine de candidats chacun. devise a également souffert de la accents sectaires mal reçus par Financé par Tim Price, un décision de la Banque d’Angleter- une société qui, dans ce domaine, milliardaire anti-européen, le Parti re de ne pas modifier ses taux est plus libérale qu’eux. indépendantiste du Royaume-Uni d’intérêt. Certains analystes présente 420 postulants. voient la livre se déprécier jus- LE RETOUR DE LA BARONNESSE Seules six formations régionales qu’à 1,30 dollar d’ici trois à qua- Le recentrage de la campagne arrivent à se glisser dans le jeu des tre mois. conservatrice sur la principale pré- grands : les quatre partis protestants Selon Kamal Sharma, analyste occupation des Britanniques, la et catholiques d’Irlande du Nord ; à la Commerzbank, interrogé par piètre qualité des services publics, les indépendantistes du Parti l’AFP, le marché craint qu’une lar- fut trop tardif et maladroit, les national écossais et les nationalistes ge victoire des travaillistes «ne Tories ayant promis de grosses de Plaid Cymru au pays de Galles. pousse Tony Blair à se montrer coupes budgétaires, ce qui n’est b Des élections locales se beaucoup plus pro-euro et à lancer pas le meilleur moyen de redresser tenaient aussi le 7 juin dans le plus vite possible le référendum la santé et l’éducation. Résultat : environ la moitié des comtés sur l’adhésion, en vue d’une entrée sur ses propres thèmes électoraux d’Angleterre. 7 751 candidats se effective en 2003. Or une adhésion – l’euro, l’immigration et les disputent 2 459 sièges municipaux de la livre sterling à la zone euro impôts –, le parti de William dans 34 comtés et 11 « autorités nécessitera une dévaluation de la Hague souffre d’un grave déficit unitaires » regroupant plusieurs devise de l’ordre de 8 % ». Pour de crédibilité, y compris parmi son localités. – (Corresp.) d’autres analystes, la livre pour- électorat. De manière générale, les rait être dévaluée de près de 20 % conservateurs ont plus réagi aux par rapport à son niveau actuel événements qu’ils n’ont proposé lors de l’adhésion de la Grande- d’idées neuves. Bretagne à l’euro. A cela s’est ajouté le retour sur scène de la baronnesse Thatcher, qui, en martelant ses credo – exprimer ses sentiments de façon notamment son rejet farouche de spontanée font de ce vieux jeune l’euro et du multiculturalisme – et homme de quarante ans une proie en affichant un léger mépris à favorite des caricaturistes et des l’adresse de son ancien protégé, a satiristes qui l’ont comparé à un redonné un coup de vieux aux « fœtus en costume ». Tories sans leur apporter de nou- L’électorat conservateur, notam- veaux suffrages. Que se passe- ment féminin, boude ce leader ra-t-il vendredi ? William Hague a cruellement dépourvu de charis- promis de « continuer son job ». me, surtout dans le rôle de challen- Mais les siens voudront-ils encore ger d’un homme, Tony Blair, qui, de lui ? Tout dépendra d’abord de lui, ne manque ni de personnalité l’ampleur de la défaite. En cas de ni de chaleur. Autant le premier déroute, il pourrait être contraint ministre soigne son image et sait de céder rapidement la place à l’un capter l’humeur du pays, autant de ses rivaux, qui ne seront plus William Hague paraît souvent tenus par la loyauté qu’ils ont déphasé par rapport à l’opinion. Il manifestée pendant la campagne. faut rappeler, à sa décharge, que Le nom de Michael Portillo, chan- cet ancien jeune prodige conserva- celier dans le « shadow cabinet », teur, qui fut à dix-sept ans porte- revient le plus souvent. La seule parole de la conférence de son par- chance de William Hague, c’est ti sous l’œil protecteur de Marga- que ses principaux challengers ret Thatcher et qui rêve depuis tou- sont pour l’instant encore plus jours de gouverner la Grande-Bre- impopulaires que lui. tagne, a hérité d’une formation traumatisée par l’une de ses pires Jean-Pierre Langellier 6 / LE MONDE / VENDREDI 8 JUIN 2001 INTERNATIONAL La Macédoine Berlin en crise politique envisage à nouveau La Douma russe autorise et financière BERLIN. Le Parti social-démocrate (SPD) devait décider, jeudi matin l’importation de déchets nucléaires 7 juin, de quitter la grande coalition qu’il forme depuis dix ans avec de déclarer l’Union chrétienne-démocrate (CDU) pour diriger Berlin, dans laquel- le il est minoritaire. Epilogue d’un lent pourrissement du climat politi- La mise en œuvre du projet dépendra de l’accord des Etats-Unis que berlinois, la crise a été déclenchée par la quasi-faillite de la ban- l’état que semi-publique Bankgesellschaft Berlin, qui va coûter 3 milliards La Douma (Chambre basse du Parlement) a adopté, gers, malgré une forte opposition populaire. Selon le d’euros à la capitale allemande. La CDU et le SPD n’ont pu se mettre mercredi 6 juin, en troisième lecture un projet de loi ministre de l’énergie atomique, cette opération pour- d’accord, mercredi, sur le plan d’économies proposé par le maire chré- de guerre autorisant l’importation de déchets nucléaires étran- rait rapporter 20 milliards de dollars sur vingt ans. tien-démocrate, Eberhard Diepgen, pour éponger le manque à gagner. UNE NOUVELLE FLAMBÉE de MINATOM, le ministère russe de Stockage de 20 000 tonnes de déchets d'ici à 2021 Le SPD dispose avec les Verts et le PDS – héritier du Parti communiste violence en Macédoine a poussé, l’énergie atomique, vient de rempor- est-allemand – d’une majorité suffisante pour renverser le maire et fai- mercredi 6 juin, les autorités à envi- ter un nouveau succès dans sa lutte re élire un candidat commun. Mais une telle coalition à Berlin expose- sager la déclaration d’un « état de tenace pour faire de la Russie un rait le chancelier Schröder à de violentes attaques de l’opposition de guerre », en dépit des appels à la entrepôt international de déchets droite. – (Corresp.) Arkhangelsk retenue de la communauté interna- nucléaires : mercredi 6 juin, la Dou- St-Pétersbourg Norilsk tionale, afin de venir à bout de la ma a approuvé en troisième lecture, Vo lga rébellion albanaise en cours par 243 voix contre 125, le projet de b O Washington veut renouer depuis cinq mois. Le premier minis- loi autorisant l’importation et le MOSCOU S I E R U S tre, Ljubco Georgievski, a indiqué stockage en Russie de déchets ato- F É D É R A T I O N D E qu’il demanderait au Parlement miques étrangers. Ce projet est «un

Perm I les discussions avec Pyongyang D é n d’« introduire officiellement l’état bienfait pour la Russie » affirmait, o i Tcheliabinsk s n s e de guerre et la mobilisation, car il samedi, sur la radio Echo de Mos- (Mayak) Irt i WASHINGTON. George W. Bush a annoncé, mercredi 6 juin, son yc est impossible de répondre autre- cou le ministre de l’énergie atomi- h Tomsk intention de reprendre des « discussions sérieuses » avec la Corée du ment aux menaces sur la sécurité et que, Alexandre Roumiantsev, qui Omsk Nord, dont il avait décidé l’interruption après son arrivée au pouvoir Volgograd Novossibirsk la souveraineté de la Macédoine », estime que l’importation sur vingt en janvier. Cette décision, prise à l’issue d’un réexamen de plusieurs selon son porte-parole. ans de 20 000 tonnes de combusti- Krasnoïarsk mois de la politique américaine envers Pyongyang, constitue un recul Mer Cette annonce intervenait quel- bles usés pourrait rapporter 20 mil- du président américain, qui avait bloqué des contacts développés par Caspienne ques heures après la mort de cinq liards de dollars. Un autre projet de 500 km son prédécesseur, Bill Clinton. Elle représente un succès pour la ligne Mer d'Aral soldats macédoniens lors d’atta- loi, également adopté mercredi, pré- modérée et pragmatique du secrétaire d’Etat, Colin Powell. ques menées par la guérilla alba- voit que 25 % des revenus iraient SITE DE STOCKAGE Les négociations pourraient porter notamment sur l’application de naise dans les régions du nord du dans une Fondation indépendante u SITE DE RETRAITEMENT l’accord de fourniture de réacteurs nucléaires à usage civil, la vérifica- Capacités totales de stockage des deux sites : 3 500 tonnes. DE COMBUSTIBLE CIVIL pays bordant le Kosovo. Ces de Minatom pour la réhabilitation La Russie se dit prête à accueillir 20 000 tonnes sur vingt ans. tion des programmes balistiques de Pyongyang et l’adoption d’une affrontements, parmi les plus vio- des zones nucléaires qui ont subi « posture moins menaçante » des troupes nord-coréennes. Si Pyong- lents depuis le début de l’insurrec- des dommages écologiques. Notam- yang fait la preuve de sa bonne foi, a ajouté M. Bush, Washington tion, se sont produits sur les hau- ment autour de Tcheliabinsk, un près de Tcheliabinsk, pourrait prévenir des coopérations « prolifé- pourrait alléger ses sanctions et accroître son aide à une population teurs proches de la ville de Tetovo. site impliqué dans le projet de Mina- accueillir 500 tonnes et Krasnoïarsk rantes » entre la Russie et des Etats affamée. – (Corresp.) Selon l’armée, les insurgés ont atta- tom, et où s’est produit en 1957 un 3000 tonnes. Le Minatom envisage comme l’Iran, tout en fournissant qué trois positions militaires avec accident aux retombées radioacti- d’agrandir l’installation de Kras- des fonds pour financer la destruc- des mitrailleuses lourdes et des ves les plus importantes jamais enre- noïarsk pour entreposer 3000 ton- tion du plutonium issu du démantè- Le gouvernement centrafricain mortiers. Des soldats auraient été gistrées. nes supplémentaires. Quant au lement des charges nucléaires. Une tués alors qu’ils escortaient une retraitement de combustibles usés, il organisation, le Non-Proliferation équipe médicale portant secours à CAPACITÉS DE STOCKAGE LIMITÉES semble pour l’instant hors de ques- Trust (www.nptinternational.com), annonce avoir rétabli la « sécurité » des blessés. Depuis un an, le projet de Mina- tion : la seule usine opérationnelle, se fait l’avocat vigoureux de ce pro- Plus tard dans la journée, des tom rencontre cependant une oppo- située à Mayak, ne traite qu’environ jet : il compte dans ses rangs plu- BANGUI. La capitale centrafricaine serait « entièrement sous le con- émeutes ont éclaté dans la deuxiè- sition populaire vigoureuse : en 100 tonnes par an. sieurs anciens responsables militai- trôle » de l’armée gouvernementale, après dix jours de combats consé- me ville du pays, Bitola (Sud), d’où novembre, les associations écologis- L’avenir du projet de Minatom, res, dont Daniel Murphy, qui fut con- cutifs à une tentative de coup d’Etat, a annoncé, jeudi 7 juin, le minis- étaient originaires trois des soldats tes avaient rassemblé une pétition outre l’achèvement du circuit légis- seiller de l’ancien président Bush tre centrafricain de la défense, Jean-Jacques Demafouth. La veille, tués. Des manifestants macédo- de 2,5 millions de signatures contre latif, dépend aussi de la position – le père de George W. « l’assaut final » de l’armée aurait permis de « nettoyer » les derniers niens slaves ont ravagé une centai- l’importation des déchets (la Com- des Etats-Unis : les principaux Outre le stockage de déchets, quartiers infiltrés par des insurgés, notamment autour de l’émetteur ne de magasins appartenant à des mission électorale n’en a validé que clients potentiels de Minatom Minatom a un but plus discret, ins- de la radio nationale et au port pétrolier, sur le fleuve Oubangui. membres des minorités albanaise 1,6 million, empêchant de ce fait - Taïwan, la Corée du Sud, le crit dans un troisième texte avalisé Selon une source diplomatique à Bangui, les derniers mutins auraient, et musulmane, a rapporté la télévi- qu’ait lieu un référendum, obligatoi- Japon - ne peuvent en effet dispo- mercredi par la Douma : autoriser la en fait, fui avant l’assaut, les combats s’étant limités « à l’échange de sion d’Etat. Des maisons ont été re à partir de 2 millions de signatu- ser librement de leurs combusti- fourniture de combustible neuf à quelques coups de feu ». incendiées. Des coups de feu ont res). Deux sondages récents, l’un de bles usés. Des accords gouverne- des clients étrangers, en proposant Dès mercredi après-midi, le ministre centrafricain de l’intérieur s’était été entendus. Selon des témoins, l’institut Vtsiom, l’autre de l’institut mentaux les lient aux Etats-Unis la reprise après usage du combusti- adressé aux habitants de Bangui, enfermés chez eux depuis le putsch la foule a attaqué et brûlé la rési- Romir, indiquent que 80 % des per- qui, ayant fourni le combustible ble usé. Cette offre commerciale, à du 28 mai, pour assurer que la sécurité en ville était de nouveau dence du vice-ministre macédo- sonnes interrogées sont opposées neuf ou l’enrichissement de l’ura- l’heure où tous les électriciens « garantie », après l’échec de la quatrième mutinerie, depuis 1996, con- nien de la santé, de souche albanai- au projet. Egor Stroïev, le président nium, gardent un droit de regard nucléaires se débattent avec leurs tre le pouvoir du président Ange-Félix Patassé. – (AFP.) se. Un couvre-feu est en vigueur à du Conseil de la fédération (la cham- sur ces matières nucléaires dans le déchets, pourrait permettre à Mina- Bitola. Des violences avaient déjà bre haute), devant qui doit mainte- cadre de la lutte contre la proliféra- tom de pénétrer un marché pour été commises dans cette localité le nant passer le texte, s’est également tion nucléaire. l’instant dominé par Framatome et Un parlementaire européen mois dernier, contre des biens prononcé contre, annonçant qu’il ne La position de l’administration BNFL-Westinghouse. appartenant aux Albanais ou aux passerait pas « vite et facilement ». Bush n’est pas encore fixée. Mais Macédoniens musulmans. Elles Les capacités de stockage disponi- divers spécialistes américains de la Hervé Kempf expulsé du Vietnam s’étaient produites après les obsè- bles sont aujourd’hui limitées : selon prolifération défendent le projet rus- ques de trois policiers tués dans nos informations, l’usine Mayak, se : il serait selon eux un moyen de f www.lemonde.fr/nucleaire HANOÏ. Le député européen Olivier Dupuis a été expulsé du Vietnam une attaque de la guérilla albanai- après avoir tenté de rencontrer un dissident bouddhiste vietnamien se près de Tetovo. dans une pagode à Hô Chi Minh-Ville, a indiqué le Parti radical trans- national, jeudi 7 juin. Le député et son assistant ont été détenus pen- APPELS AU CALME Pas de sursis pour McVeigh dant quelques heures. Ils avaient cherché à s’entretenir avec le vénéra- Mercredi, le regain de tension n’a ble Quang Do, dirigeant de l’Eglise bouddhiste unifiée (EBU) inter- pas épargné la capitale, Skopje, où dite, assigné à résidence, le 1er juin, pour deux ans. Ils ont été interpel- le bureau du chef de l’Etat, Boris L’auteur de l’attentat d’Oklahoma City devrait être exécuté lundi 11 juin lés alors qu’ils manifestaient plus tard, à l’extérieur de la pagode, con- Trajkovski, a été pris pour cible. tre la « détention arbitraire » du bonze. Des inconnus ont tiré deux balles NEW YORK cier de Terre Haute, en Indiana. complices, dont l’accusé n’a Thich Quang Dô a été nominé pour le prix Nobel de la paix. – (AFP.) contre les vitres blindées du bâti- de notre correspondante « Extrêmement déçus » par la jamais fait état pendant son pro- ment, sans les briser ni faire de bles- Timothy McVeigh ne fera pas décision du juge, les avocats du cès, « il est clair que Timothy McVei- sé. M. Trajkovski était présent dans le procès du FBI avant de mourir. condamné à mort se sont aussitôt gh a commis des meurtres et semé le Moscou et New Delhi signent son bureau à ce moment. Le juge fédéral Richard Matsch remis au travail pour faire appel chaos comme on l’en a accusé ». Une déclaration d’état de guerre lui a refusé cette satisfaction en devant la cour d’appel compéten- « Notre objet n’est pas ici de faire le nécessite l’approbation préalable rejetant, mercredi 6 juin, sa te. Si celle-ci confirme la position procès du FBI », a-t-il ajouté. un accord de coopération militaire des deux tiers du Parlement. La demande de sursis : les docu- du juge Matsch, il leur restera Pour le magistrat, « il ne peut y mesure autoriserait le gouverne- ments tardivement transmis à la encore la possibilité d’aller devant avoir aucun doute que le 19 avril MOSCOU. La Russie et l’Inde ont signé, mercredi 6 juin à Moscou, un ment à s’emparer de larges pou- défense à cause d’un oubli du FBI la Cour suprême des Etats-Unis, 1995, à environ 9 heures du matin, accord de coopération militaire qui s’étend jusqu’en 2010, lors d’un voirs, le premier ministre pouvant ne changent rien au fait, a estimé tout cela dans les quatre jours qui Timothy McVeigh a garé un camion entretien entre Ilia Klebanov, vice-premier ministre russe, et Jaswant agir par décrets. Les frontières de la le juge, que Timothy McVeigh a les séparent de la date d’exécu- de location Ryder devant le bâti- Singh, ministre indien des affaires étrangères et de la défense. La coo- Macédoine seraient fermées, une été « l’instrument de la mort et de tion. ment Alfred P. Murrah à Oklahoma pération porte sur la conception d’un avion de combat, d’un appareil mobilisation commencerait, les la destruction » dans l’attentat City ; que le camion était bourré de transport (du type Iliouchine-214), de missiles antimissiles tacti- manifestations seraient interdites. d’Oklahoma City qui a fait PAS DE PROCÈS DU FBI d’explosifs ; que Timothy McVeigh a ques S-300 et d’un sous-marin de nouvelle génération. D’autre part, L’Union européenne et les Etats- 168 morts et plus de 500 blessés. A Terre Haute, les préparatifs de allumé les mèches reliées aux explo- Moscou a accepté de faire produire sous licence, par l’Inde, son avion Unis ont, de concert, appelé mer- Son exécution reste donc prévue l’exécution, la première au niveau sifs, puis s’est éloigné ; qu’à 9 h 02 de combat Sukhoï Su-30 MKI et, avant la fin de l’année, de vendre à credi les autorités macédoniennes pour le lundi 11 juin au péniten- fédéral depuis trente-six ans, ont ce matin-là, les explosifs ont éclaté, New Delhi son porte-avions Amiral-Gorshkov.–(AFP.) à la modération. Le représentant repris selon le script détaillé du tuant 168 hommes, femmes et de l’UE pour les relations extérieu- « protocole fédéral d’exécution », enfants ; mutilant, défigurant et bles- DÉPÊCHES res, Javier Solana, a affirmé que après avoir été suspendus depuis sant grièvement beaucoup plus de a BELGIQUE : les experts chargés de dépouiller les archives remi- l’instauration d’un état de guerre la demande de sursis du condam- gens ; provoquant la destruction du ses à la commission d’enquête parlementaire belge sur l’assassinat, en « ferait le jeu des extrémistes ». Les né. Timothy McVeigh, âgé de tren- bâtiment et des services de l’Etat ». 1961, de Patrice Lumumba, ex-premier ministre du Congo indépen- tensions se sont accrues au sein de te-trois ans, devrait dès vendredi L’attorney general (ministre de la dant, ont remis leurs premières conclusions. Selon La Libre Belgique la coalition gouvernementale en être transféré de cellule en prévi- justice), John Ashcroft, qui était du 7 juin, ils font état de trois tentatives belges d’assassinat, ainsi que Macédoine, mise en place sous les sion de son exécution par injec- opposé à tout nouveau report de d’un projet d’enlèvement du héros de l’indépendance. Ils mettent aus- encouragements de la communau- tion. Sa mort doit être retransmise l’exécution, s’est félicité de cette si en évidence l’existence d’un circuit de communication, établi à l’in- té internationale et réunissant les par un circuit fermé de télévision décision, « une décision pour la jus- su du gouvernement, entre le palais royal et le Katanga sécession- principaux partis politiques slaves aux familles des victimes qui sou- tice » qui prouve, selon lui, la sûre- niste, où a été tué Lumumba. – (Corresp.) et albanais. haitent y assister à Oklahoma té du système judiciaire américain. a PHILIPPINES : le porte-parole du groupe islamiste Abu Sayyaf, M. Solana devait se rendre, ven- City. « Il nous fallait plus qu’un condam- Abu Sabaya, a nié, mercredi 6 juin, que le chef de ce groupe, Khadaffy dredi, à Skopje pour tenter de trou- La décision du juge Matsch, le né coupable, a-t-il déclaré, il nous Janjalani, ait été tué lors de combats contre l’armée sur l’île de Basilan ver un apaisement. Voici un mois, même juge qui avait présidé au fallait un système innocent. » (Sud), comme l’avait affirmé la présidente philippine, Gloria Arroyo. – les Occidentaux avaient réussi à procès à l’issue duquel McVeigh Huit jours après Timothy McVei- (AFP.) convaincre les autorités de Skopje avait été condamné à mort par un gh, un autre condamné à mort de renoncer à l’instauration de jury de douze personnes en 1997, fédéral, Juan Raul Garza, un ex-tra- l’état de guerre, poussant en outre a surpris la plupart des commenta- fiquant de drogue, doit être exécu- les formations politiques vers un teurs qui avaient parié sur un té au même endroit le 19 juin ; le gouvernement d’union nationale. report de l’exécution en raison de président Clinton avait deux fois Le ministre macédonien de la la bavure du FBI, la police fédérale reporté son exécution. Un groupe défense, Vlado Buckovski, donnait qui avait été chargée de l’enquête. de trente-trois personnalités politi- l’un des rares signes allant dans ce Mais tout en déclarant « cho- ques, religieuses et judiciaires sens, mercredi, se prononçant con- quant » que le FBI ait attendu six vient d’écrire au président George tre l’état de guerre et se démar- jours avant l’exécution pour com- W. Bush pour lui demander de quant donc du premier ministre. muniquer à la défense plus de décréter un moratoire sur les exé- « Nous devons rester calmes, car la 4 000 pages de documents de l’ins- cutions fédérales, entachées de fla- lutte contre le terrorisme sera lon- truction qui moisissaient sur des grantes disparités raciales et géo- gue », a-t-il déclaré. – (AP, Reuters, étagères, le juge Matsch a estimé graphiques, selon un rapport offi- AFP.) que quelle que soit la lumière que ciel publié en 2000. puissent apporter ces documents f www.lemonde.fr/macedoine sur le rôle joué par d’éventuels Sylvie Kauffmann 8 FRANCE LE MONDE / VENDREDI 8 JUIN 2001

DÉPENSES PUBLIQUES La francs en 2001, après 5,2 milliards en cer les 35 heures. b LES MÉDICA- l’ordre de 2,5 milliards de francs par que celles du rapport Charpin en commission des comptes de la Sécuri- 2000.b L’ASSURANCE-MALADIE res- MENTS dont l’utilité médicale est nul- an sur la pharmacie. b LE CONSEIL 1999. Toutefois, elles ne remettent té sociale a annoncé, jeudi 7 juin, que te néanmoins déficitaire. Le gouver- le ne seront pas massivement dérem- d’orientation des retraites a publié, pas en cause la nécessité d’un finan- le régime général des salariés devrait nement a l’intention de prélever boursés, mais le gouvernement pré- mardi 5 juin, de nouvelles projec- cement supplémentaire de l’ordre de être excédentaire de 7,9 milliards de encore 2 milliards en 2001 pour finan- voit quand même une économie de tions financières, moins pessimistes 4 points de PIB d’ici à 2040. La Sécurité sociale connaît un fragile redressement en 2000 et 2001 La commission des comptes de la « Sécu » devait annoncer, jeudi 7 juin, que le régime des salariés sera excédentaire de 7,9 milliards de francs cette année. La branche maladie reste toutefois déficitaire. Le gouvernement devra encore prélever au moins 2 milliards pour financer les 35 heures en 2001

L’HEURE des comptes a sonné. née, la tendance s’est poursuivie. Du déficit au redressement bre financier… Il est « normal que la associations familiales (UNAF) Pour la seconde année consécutive, Les prescriptions, c’est-à-dire l’usa- Sécurité sociale prenne sa juste s’en est mêlée. Inquiète d’une éven- les résultats consolidés des quatre ge des médicaments, a, en particu- SOLDE DES COMPTES DE LA SÉCURITÉ SOCIALE en milliards de francs part », a prévenu Lionel Jospin en tuelle utilisation des excédents de branches de la Sécurité sociale des lier, nettement progressé, contrai- faisant valoir qu’à son arrivée à la branche famille, qui pourraient 10 5,2 7,9 salariés (assurance-maladie, acci- gnant le gouvernement à bâtir un 0,7 Matignon, en juin 1997, elle accu- s’élever à 7 milliards de francs en dents du travail, famille, assurance- nouveau plan d’économies dans ce 0 sait un déficit de plus de 55 mil- 2000, pour combler le déficit de l’as- vieillesse) devraient afficher un secteur (lire ci-dessous). Cette étape –10 liards de francs. « Nous l’avons surance-maladie ou pour les excédent de 5 milliards de francs en franchie, Mme Guigou devra repren- redressée », argumente le premier 35 heures, l’association a annoncé –20 2000 et de près de 8 milliards en dre, avec l’ensemble des praticiens, – 16,5 ministre. qu’elle envisageait de limiter à une 2001 (Le Monde du 6 juin). La com- les discussions. Dans le cadre de la –30 « présence symbolique » sa partici- mission des comptes de la Sécurité préparation du budget 2002 de la –40 LE MEDEF MENACE pation à la Conférence de la famille sociale, réunie jeudi 7 juin par la « Sécu », c’est donc un nouveau –50 Cette question fâche pourtant organisée lundi 11 juin. Son prési- ministre de l’emploi et de la solidari- « Grenelle de la santé » qui est les partenaires sociaux. Le Medef, dent, Hubert Brin, l’a écrit à M. Jos- –60 té, Elisabeth Guigou, constatera en annoncé pour la fin du mois de – 56,5 qui agite une fois de plus la mena- pin en précisant que, « si les marges –70 effet que toutes, à l’exception de juin. A titre préventif, une manifes- – 67,3 ce de se retirer des caisses de de disponibilité pour les mesures de l’assurance-maladie, sont bénéfi- tation « unitaire » des profession- –80 « Sécu », accuse ouvertement le la Conférence n’étaient pas sensible- ciaires. nels de santé est prévue le 12 juin, à 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001* gouvernement de « détourne- ment supérieures à celles du fonds me La situation améliorée du mar- Paris. «M Guigou persiste dans la * Prévisions Source : ministère de l'emploi et de la solidarité ment ». Les organisations syndica- de solidarité vieillesse », qui partici- ché du travail, qui a apporté son lot logique punitive [de Martine En déficit depuis quinze ans, le régime des salariés (maladie, retraite famille) les voient également d’un très mau- pe au financement des 35 heures, il de cotisations nouvelles – avec Aubry] », a accusé, mercredi, a amorcé son redressement, à partir de 1999 grâce à la croissance . vais œil ces « ponctions » au serait « dans l’obligation de prendre 6,3 % d’accroissement de la masse l’Union nationale des omniprati- moment où Bercy annonce un des décisions graves ». salariale en 2000, les rentrées sup- ciens français (UNOF), qui appelle pas été compensés par l’Etat (Le reste de la facture, 4 milliards, sera ralentissement de la croissance en A cela s’ajoute l’hostilité décla- plémentaires avoisinent 20 mil- ses adhérents à fermer, ce jour-là, Monde du 2 juin). De même, les partagé à égalité avec la Sécurité France plus fort que prévu. Alors rée de la droite. Mercredi, le dépu- liards de francs –, produit ses effets. leur cabinet médical. 8 milliards escomptés en 2001 ne sociale. Pour 2002 et les années sui- que l’Insee tablait sur une progres- té RPR de la Sarthe François Fillon Elle ne sauve pourtant pas l’assu- tiennent pas compte du prélève- vantes, la répartition devra faire sion du produit intérieur brut de a annoncé sur LCI qu’en cas de vic- rance-maladie. Les résultats de cet- FACTURE À PARTAGER ment pour les 35 heures. Cette ques- l’objet de nouvelles négociations 0,8 % au premier trimestre, celle-ci toire de la droite aux prochaines te branche, même compensés en Pour le reste, les bonnes nouvel- tion-là se réglera à la fin de l’année, avec les partenaires sociaux. n’a finalement été que de 0,5 %. élections elle repousserait la mise partie par ceux des accidents du tra- les sont relatives. Syndicats et patro- mais, d’ores et déjà, la participation Le Forec, le fonds de finance- Ces chiffres et les différentes en place des 35 heures dans les vail, se sont, tout au contraire, nat ne manqueront pas de faire de la Sécurité sociale est acquise. ment, prévu dans la seconde loi enquêtes de conjoncture de l’Insee PME au 1er janvier 2002. Selon dégradés. Déjà, en 2000, les dépen- remarquer que les résultats En 2001, sur les 92 milliards néces- 35 heures, sera bien créé. Mais la laissent donc penser que la crois- M. Fillon, le RPR « supprimera pro- ses de santé n’avaient pas respecté auraient pu être meilleurs sans les saires au financement des allége- règle qui obligeait l’Etat à rembour- sance sera inférieure à 2,5 % en gressivement les financements les objectifs prévus par la loi de 35 heures. En 2000, en effet, la ments de charges, d’après ses cal- ser intégralement les allégements 2001. Le ministre de l’économie, publics qui ont été mis en œuvre financement de la Sécurité sociale. « Sécu » a, de fait, épongé les culs, le gouvernement reconnaît de charges à la Sécurité sociale va Laurent Fabius, a lui-même révisé pour pousser les entreprises » à De janvier 2000 à janvier 2001, le 12 milliards de francs manquants que sont assurés seulement 80 mil- disparaître. A la place, naîtra le prin- à la baisse ses prévisions, mercredi, appliquer la réduction du temps de dépassement enregistré, pour les pour financer les allégements de liards. Sur les 12 milliards man- cipe de la contribution de la à l’occasion du débat budgétaire travail. seuls soins de ville, est de 6 %. Sur charges liés, en partie, à la réduc- quants, l’Etat en réglera 8, via les « Sécu », à la condition qu’elle ne (lire page 9). les quatre premiers mois de l’an- tion du temps de travail qui n’ont droits de tabacs et de douane. Le remette pas en question son équili- Même l’Union nationale des Isabelle Mandraud Débat en trois temps Le gouvernement renonce à supprimer le remboursement des médicaments « inutiles » b Commission des comptes. La réunion de la commission des LES DIFFÉRENTS MINISTÈRES chargés était, à leurs yeux, notoirement insuffisant visées, expliquent la décision prudente du cialités les plus innovantes, mais dont les comptes marque le coup d’envoi de la politique du médicament procédaient, (Le Monde du 2 juin). Ces médicaments, sou- gouvernement. volumes de consommation, comme c’est fré- de la préparation du projet de loi dans la matinée de jeudi 7 juin, aux derniers vent qualifiés d’« inutiles », remboursés à Pour autant, sans remettre en question la quemment le cas, dépassent les prévisions de financement de la Sécurité ajustements concernant le « plan médica- hauteur de 65 % ou de 35 % par les caisses politique conventionnelle, le plan annoncé initiales. Une quinzaine de spécialités sociale (PLFSS). Les comptes et ment » qu’Elisabeth Guigou, ministre de génèrent un chiffre d’affaires de l’ordre de par Mme Guigou et M. Kouchner comporte seraient concernées et la baisse de leur prix les prévisions que cette instance, l’emploi et de la solidarité, et Bernard Kou- 10 milliards de francs. Ils ne devraient faire un certain nombre d’innovations qui devrait être négociée avec les fabricants présidée depuis août 1999 par chner, ministre délégué à la santé, devaient l’objet que de mesures de baisses de prix qui devraient permettre d’obtenir un encadre- dans le cadre du comité économique des spé- François Monnier, conseiller rendre public le même jour en fin d’après- devraient conduire à une économie globale, ment des dépenses caractérisées par une cialités pharmaceutiques. L’objectif est une maître à la Cour des comptes, midi, à l’issue de la réunion de la commis- en année pleine, entre 800 millions et 1 mil- économie de l’ordre du milliard de francs. présente – et critique parfois – ont sion des comptes de la Sécurité sociale. Les liard de francs. Contrairement à la volonté Défendues M. Kouchner, diverses initiati- été arrêtés par le gouvernement. mesures présentées devraient permettre affichée par Martine Aubry lorsqu’elle était Le chantage à l’emploi ves devraient être prises concernant l’incita- Il ne s’agit donc pas des résultats d’obtenir, d’emblée, des économies annuel- à la tête du ministère de la solidarité, le gou- tion à la bonne prescription et à un bon usa- d’un groupe de travail les comprises entre 2,2 et 2,5 milliards de vernement n’a pas choisi de mettre en exercé par les laboratoires ge du médicament. En liaison avec l’Agence indépendant des pouvoirs publics. francs pour un secteur correspondant à des œuvre une réelle et profonde réforme du française de sécurité sanitaire des produits b Cour des comptes. La Cour remboursements de 95 milliards par les régi- système de remboursement des spécialités ainsi que l’impact négatif de santé et l’Agence nationale d’accrédita- des comptes remet un rapport au mes d’assurance-maladie. Au vu des arbitra- pharmaceutiques. tion et d’évaluation en santé, une structure Parlement, à l’été, où elle pointe ges rendus ces derniers jours, et dont les L’objectif de cette réforme visait en effet présumé d’une mesure serait créée pour permettre aux pouvoirs les dysfonctionnements dans les milieux pharmaceutiques ont pu prendre à obtenir que les taux de remboursement publics de mieux suivre l’évolution et les ten- régimes sociaux et émet des avis connaissance, il apparaît que le gouverne- des médicaments ne soient, à l’avenir, expli- radicale expliquent ce choix dances des consommations médicamenteu- sur les réformes à engager. ment a, en définitive, renoncé à prendre une citement fondés que sur la qualité du SMR, ses. La Caisse nationale d’assurance-mala- b Parlement. Depuis 1996 mesure drastique et spectaculaire concer- ce qui, en toute logique sanitaire, conduisait die pourrait, de son côté, être mise à contri- et le « plan Juppé », le Parlement nant les médicaments dont les experts esti- à ne pas faire supporter à la collectivité le rapide progression (+ 10,7 % en 2000 et bution pour, en liaison avec les syndicats de vote chaque année le PLFSS, ment qu’ils ne fournissent pas la preuve coût des médicaments dont les fabricants + 9 % pour les quatre premiers mois de médecins, établir une charte du bon usage qui prévoit les dépenses d’une efficacité – un « service médical ren- ne pouvaient apporter aux experts la 2001). Des mesures devraient être prises du médicament. Cet ensemble devrait être des différentes branches (retraite, du » (SMR) – suffisante pour pouvoir être démonstration scientifique de leur efficaci- visant à faciliter la prescription et la délivran- complété par une série de dispositifs comp- santé, famille, accidents du pris en charge par la collectivité. té. Le chantage à l’emploi exercé auprès du ce de médicaments génériques, spécialités tables concernant les marges des pharma- travail). Ce texte fixe notamment Travaillant depuis plus de deux ans, à la gouvernement par les laboratoires directe- pharmaceutiques correspondant en tout ciens d’officine et des grossistes réparti- l’objectif national des dépenses demande du gouvernement, les experts de ment concernés – souvent de petites tailles point aux molécules d’origine n’étant plus teurs, le gouvernement espérant parvenir à d’assurance-maladie (hôpitaux, la commission de transparence de l’Agence et indépendants des multinationales phar- protégées par brevet. Elles visent à une éco- terme à des économies globales à hauteur médecine de ville, secteur de sécurité sanitaire des produits de santé maceutiques –, ainsi que l’impact négatif nomie de l’ordre de 500 millions de francs. d’environ 4 milliards de francs par an. médico-social), qui s’élève à avaient établi une liste de 835 spécialités présumé qu’aurait eu une mesure radicale Une autre source d’économie devrait être 693,3 milliards de francs en 2001. pharmaceutiques pour lesquelles le SMR de déremboursement des 835 spécialités obtenue par une réduction des prix des spé- Jean-Yves Nau Des projections moins pessimistes sur l’avenir financier des retraites Le scénario établi par le Conseil d’orientation diffère l’apparition des déficits du régime général

LE CONSEIL d’orientation des Plan, Jean-Michel Charpin, en le du Plan, apporte tout de même fini avec tous ces travaux techni- retraites (COR) poursuit ses tra- 1999. Dans un scénario dit de une bouffée d’oxygène. ques. La prochaine réunion pléniè- vaux. Des quatre branches de la « référence », l’économie française, « Les sommes nécessaires au re, prévue le 4 juillet, devrait exa- Sécurité sociale, l’assurance- pour le COR, « reviendrait au plein- financement futur des systèmes de miner d’un peu plus près d’autres vieillesse n’est pas la dernière à ali- emploi d’ici à 2010 » avec un taux retraite représentent des moyens hypothèses : une variante « grise » menter le débat, mais le gouverne- de chômage à 4,5 % et une remon- importants mais nullement hors de à 7 % de chômage en 2010, et une ment n’a pas sonné l’heure des tée du taux d’activité, notamment portée dans une économie et une « rose », demandée par les organi- réformes, qui n’interviendront pas des jeunes et des salariés âgés. société dynamiques, s’est aussitôt sations syndicales, à 3 %. Ce jour- avant l’élection présidentielle de réjoui le représentant CGT, Jean- là, bien qu’il ne soit pas à propre- 2002. Aussi, les projections finan- DES MOYENS ACCESSIBLES Christophe Le Duigou, dans un ment parler un lieu de négocia- cières se succèdent-elles. Mardi Ce scénario qui n’est pas une communiqué. Elles représente- tions, le COR devrait également 5 juin, le COR, rattaché à Mati- prévision, souligne la présidente raient 4 à 6 points d’un PIB qui aura aborder la partie la plus délicate gnon, qui réunit des syndicats, des du COR, Yannick Moreau, mais probablement doublé d’ici à 2040. de son travail, à savoir ses recom- experts et des parlementaires, a une hypothèse « volontariste »,se La situation française n’est pas, de mandations pour faire face aux dif- établi ses propres hypothèses, sur traduirait par un gain de deux à ce point de vue, la plus difficile puis- ficultés financières à venir. A la base des travaux des différents trois ans avant l’apparition des que l’Allemagne, les Etats-Unis et le l’automne, Mme Moreau remettra régimes de retraite, de la direction déficits du régime général ou, par Japon connaîtront des ruptures plus son rapport au premier ministre. des prévisions de Bercy et de l’Ob- exemple, de la retraite complémen- graves. » Il ajoute qu’« une plus for- D’ici là, les excédents de la bran- servatoire français des conjonctu- taire des salariés du privé, l’Arrco. te croissance et une réduction plus che vieillesse seront de nouveau res économiques (OFCE). « Le solde technique de la CNAV sensible du chômage en début de versés au Fonds de réserve des Sans remettre en question le [Caisse nationale d’assurance- période diminuent de 30 % à 40 % retraites, dont la gestion sera con- constat d’un déficit des retraites vieillesse] serait de – 72 à – 99 mil- les besoins de financement du régi- fiée à la Caisse des dépôts et consi- d’ici à 2040, qui nécessiterait un liards de francs en 2020 », contre me général tels que les avait évalués gnations. Sa création effective est financement supplémentaire équi- un « trou » de 125 milliards dans le Commissariat du plan, aux hori- prévue dans le projet portant diver- valant à 4 points de PIB en plus de le scénario central à 6 % de chôma- zons 2020 et 2040 ». FO s’est égale- ses mesures d’ordre social et édu- l’indexation des pensions sur les ge du Plan. A long terme, cela ne ment félicitée de la teneur de ces catives, qui est en cours d’examen prix, le COR a pourtant adouci le change pas grand-chose au problè- travaux en les opposant au « catas- au Parlement. constat jusqu'ici dressé par le rap- me mais, sur dix ans, la démarche, trophisme » du Plan. port du commissaire général au légèrement plus favorable que cel- Pour autant, le COR n’en a pas I. M. FRANCE LE MONDE / VENDREDI 8 JUIN 2001 / 9

Le maintien d’un grand nombre d’emplois-jeunes Gouvernement et communistes coûtera 40 milliards de francs sur cinq ans s’acheminent vers un accord La CGT, FO et la FSU, très critiques sur le plan de pérennisation, réclament des postes durables sur les licenciements Six ministres ont présenté, mercredi 6 juin, le leur seront consacrés sur cinq ans, l’essentiel ce). La majorité des syndicats dénonce le main- plan de pérennisation des emplois-jeunes, qui (28 milliards) allant aux aides-éducateurs (éduca- tien d’emplois précaires et plaide pour l’intégra- avaient été créés en 1997. 40 milliards de francs tion nationale) et aux adjoints de sécurité (poli- tion de ces jeunes dans la fonction publique. M. Bocquet (PCF) évoque « une volonté d’avancer »

SIX MINISTRES se sont relayés, nologies et de la documentation »,a SNES-FSU (second degré). Dans procéder par étapes. » Unanimes, APRÈS l’ébullition, les tenta- té : « On ne peut pas mettre un veto mercredi 6 juin, pour annoncer la plaidé M. Lang. un communiqué, le SGEN-CFDT les syndicats dénoncent l’« occa- tives d’apaisement. C’est en tout sur les licenciements, interdire le pérennisation des emplois-jeunes. A l’annonce de ce plan, la décep- rejette « une politique de bricola- sion ratée » d’apporter une recon- cas le message que s’est efforcé, licenciement. On pourrait aussi Côte à côte, Elisabeth Guigou tion a pointé dans les réactions des ge » qui « essaie de maintenir au naissance réelle à ces missions nou- une nouvelle fois, de faire passer interdire le chômage ou la maladie (emploi et solidarité), Jack Lang organisations syndicales à l’excep- moindre coût une offre devenue velles (bibliothèque scolaire, aide à la ministre de l’emploi et de la soli- (…). Il ne faut pas que la législation (éducation), Daniel Vaillant (inté- tion de la CFTC et de la CGC, plu- indispensable ». « C’est une forme l’informatique, accompagnement darité, Elisabeth Guigou, en rece- française se distingue totalement rieur), Claude Bartolone (ville), tôt satisfaites. « Le gouvernement d’hypocrisie, renchérit Nicole des enfants handicapés…) qui se vant, mercredi 6 juin, en compa- des législations qui existent dans les Guy Hascoët (économie solidaire) préfère jouer les “prolongations” Geneix, secrétaire générale du sont fait jour depuis 1997. gnie de Jean-Jack Queyranne, autres pays européens. » et Michelle Demessine (tourisme) d’un dispositif qui fait tourner les jeu- La FSU persiste à réclamer un sta- ministre des relations avec le Parle- La seconde délibération devrait ont défendu le plan du gouverne- nes sur des emplois à cinq ans plutôt tut de droit public pour les emplois- ment, des députés de la gauche donc porter sur deux amende- ment qui maintient, jusqu’en 2008, que de transformer ces activités en Pour la CGT, jeunes et maintient sa journée d’ac- plurielle. Objet de cette rencon- ments du gouvernement qui le volume actuel des emplois-jeu- emplois durables », a commenté la tion prévue le 14 juin, qui prendra tre : trouver un terrain d’entente seront soumis, lundi, aux groupes nes dans l’éducation nationale et CFDT. « Les jeunes doivent être inté- « les jeunes doivent des formes diverses selon les acadé- avant le vote en deuxième lecture, de la majorité. Leur rédaction a été la police et prévoit une aide dégres- grés dans les administrations et les mies, en attendant une grève natio- mercredi 13 juin, du projet de loi confiée au rapporteur du texte, sive, pendant trois années supplé- établissements qui les ont recrutés », être intégrés dans nale dans la troisième semaine de de modernisation sociale. M. Quey- Gérard Terrier (PS), qui pourrait mentaires, pour une partie de ceux a renchéri la CGT, qui organise le septembre. De leur côté, SE-UNSA ranne a d’ores et déjà annoncé s’inspirer, sur la définition du licen- qu’emploient les associations (Le 16 juin un rassemblement national les administrations et SGEN-CFDT ne rejettent pas le qu’une seconde délibération, offi- ciement économique, d’un amen- Monde du 5 juin). des emplois-jeunes à Paris. Pour le statut de droit privé mais en ciellement qualifiée de « suite du dement formulé, en première lec- Cette seconde étape des emplois- secrétaire général de Force ouvriè- et les établissements demandent alors « tous les avanta- débat », sera organisée mardi 12, à ture, par le PCF. A la sortie de la jeunes nés en 1997, et dont les pre- re, Marc Blondel, « reconduire un ges ». Hormis quelques voix, dont la veille du scrutin. réunion, le président du groupe miers contrats arrivaient à échéan- système qui deviendrait un passage qui les ont recrutés » le député François Goulard (DL, Sur les deux principaux points communiste de l’Assemblée, Alain ce en 2002, mobilisera 40 milliards obligé pour les jeunes à la recherche Morbihan), qui a dénoncé la péren- de blocage – définition du licencie- Bocquet, restait prudent sur l’issue de francs supplémentaires sur cinq d’un emploi revient à mettre en pla- nisation d’« une fonction publique ment économique et renforce- du vote communiste, évoquant ans (28 milliards pour l’éducation ce un SMIC-jeune subventionné qui Snuipp-FSU (premier degré). On au rabais », la droite est pour sa ment du pouvoir du comité d’en- seulement « un bon climat » et nationale et la police, 8 pour les enfermerait les bénéficiaires dans un reconnaît la nécessité de ces part restée plutôt silencieuse, assu- treprise –, le gouvernement a « une volonté d’avancer ». Il est associations, 4 pour les collectivi- sas d’où la sortie serait aléatoire ». emplois, mais on ne tire pas les ensei- rant qu’elle n’avait pas l’intention accepté de revoir sa copie, sans vrai que, d’ici là, doit avoir lieu, tés locales). A elles seules, ces der- La critique est tout aussi présen- gnements des années passées. On ne de supprimer tous les emplois-jeu- toutefois remettre en question samedi 9 juin, la manifestation nières recruteront d’ailleurs te chez les syndicats d’enseignants. change rien à la situation des indivi- nes. l’équilibre général du texte. Le nationale contre les plans de licen- 10 000 jeunes en 2001. Au final, « Finalement, il n’y a pas grand-cho- dus alors qu’ont été réellement créés matin même, sur Europe 1, Lionel ciements, au cours de laquelle le ces sommes correspondent à une se de nouveau », résume Elisabeth des métiers nouveaux. C’est incom- Isabelle Mandraud Jospin avait mis en garde les diffé- PCF n’entend pas se faire damer le diminution du coût du programme Labaye, secrétaire nationale du préhensible ! On aurait au moins pu et Marie-Laure Phélippeau rentes composantes de sa majori- pion par l’extrême gauche. qui nécessite actuellement 25 mil- liards de francs par an. S’agissant des jeunes déjà ins- Une « troisième voie » crits dans le parcours, Mme Guigou s’est engagée à leur trouver un d’accès aux concours « débouché professionnel dura- ble », par le biais d’« un accompa- va être ouverte gnement personnalisé » susceptible de leur assurer, à la sortie, un Comme prévu, les concours de emploi ou une formation. L’Etat la police, de l’éducation natio- prévoit ainsi 2 milliards de francs nale et de la fonction publique pour renforcer les actions de for- territoriale vont être aménagés mation dans les cinq prochaines pour permettre aux emplois- années. jeunes d’être titularisés. Une Dans l’éducation nationale, les « troisième voie » d’accès aux aides-éducateurs venus remplacer concours d’enseignants ou de un emploi-jeune démissionnaire personnels administratifs (qui bénéficieront d’un contrat de cinq requièrent un niveau licence) ans et non plus limité à la durée sera ainsi ouverte aux 17 000 jeu- restante de l’emploi. Pour ceux qui nes recrutés en 1998 et 1999 et ont été embauchés avant le 30 juin titulaires d’un diplôme de 1998, il sera également proposé un bac + 2. Elle s’appuiera sur la contrat complémentaire jusqu’au future loi de modernisation 30 juin 2003. Le principe de la rota- sociale – dont le vote a été tion sur ces postes étant mainte- repoussé au 13 juin – prévoyant nu, les emplois-jeunes de la secon- la validation des acquis de l’expé- de étape seront identiques à leurs rience. Jack Lang a annoncé que prédécesseurs, c’est-à-dire de les textes réglementaires seront droit privé. Mais, à la différence de prêts pour une entrée en vigueur leurs homologues dans le secteur à la session de recrutement associatif, l’unique débouché reste 2001-2202. S’agissant des aides- pour eux l’enseignement. « Il n’est éducateurs recrutés en 1999, 2000 pas impossible que certains types de et 2001, et titulaires du bac, des métiers puissent être construits dans formations spéciales seront mi- l’éducation nationale, notamment ses en place dans les universités dans le domaine des nouvelles tech- pour les préparer aux concours. Budget : Laurent Fabius s’oppose à toute « surenchère » préélectorale POUR la deuxième fois en moins chiffres publiés par Bercy et cités de trois mois, le gouvernement a par Didier Migaud, rapporteur géné- révisé ses prévisions de croissance à ral à la commission des finances, le la baisse pour 2001. Alors que la loi déficit de l’Etat s’établissait à de finances initiale a été construite 190,4 milliards de francs contre à partir d’une hypothèse de progres- 161,6 milliards de francs au 4 mai sion du produit intérieur brut de 2000. Le dérapage est donc d’ores et 3,3 %, le ministère de l’économie et déjà de quelque 30 milliards de des finances avait déjà, au lende- francs et l’objectif établi par le bud- main des élections municipales, get 2001 d’un déficit de 187 mil- ramené ces chiffres à la baisse, avec liards de francs à la fin de l’année ne une nouvelle fourchette de 2,7 à sera pas facile à atteindre, même s’il 3,1 % et une hypothèse centrale de est encore trop tôt pour présager 2,9 %. Depuis plusieurs semaines, des rentrées en matière d’impôt sur déjà, on faisait savoir à Bercy qu’il les sociétés et d’impôt sur le revenu. fallait désormais tabler sur le bas de Pour 2002, l’exercice s’annonce la fourchette… encore plus compliqué. Raison de Laurent Fabius a officialisé les plus, selon M. Fabius, pour « ne pas choses à l’Assemblée nationale, mer- rentrer dans je ne sais quel concours credi 6 juin, lors du débat d’orienta- général de surenchère sous prétexte tion budgétaire (Le Monde du que les élections approchent ». Il sera 7 juin) : « Nos perspectives de crois- difficile pour le gouvernement de sance pour 2001 devraient se situer respecter sa norme de dépense dans la fourchette basse de nos prévi- (+ 0,5 % en volume) compte tenu de sions, à un taux plus proche de 2,7 % l’évolution attendue des salaires de que de 3 %. » la fonction publique et des charges Cette révision à la baisse pour de la dette. Qui plus est, des baisses 2001 n’est probablement pas la der- d’impôts à hauteur de 38 milliards nière. Les derniers chiffres et enquê- de francs sont déjà votées. « Le seul tes de l’Insee laissent plutôt penser point d’interrogation porte sur le chif- que la croissance sur l’année sera au fre exact du solde budgétaire. Je mieux de 2,5 %. Il faudra attendre n’imagine pas que le déficit puisse que les directions de Bercy fassent remonter l’an prochain. Mais nous ne tourner leurs ordinateurs en juillet, mettrons pas en œuvre pour cela des pour préparer le budget 2002, avant politiques restrictives », assure Flo- d’avoir une nouvelle prévision gou- rence Parly, secrétaire d’Etat au bud- vernementale officielle. En atten- get, dans un entretien aux Echos du dant, il est certain que les recettes 7 juin. Ce qui revient à admettre fiscales ne sont pas au rendez-vous que le déficit pourrait se creuser. et que l’exécution du budget s’an- nonce difficile. Le 3 mai, selon des Virginie Malingre 10 / LE MONDE / VENDREDI 8 JUIN 2001 FRANCE

Affaire des lycées franciliens : Socialistes et communistes font front commun la justice peut entendre pour gommer l’effet du mensonge de M. Jospin M. Moscovici et M. Bartolone L’aveu du premier ministre sur son passé trotskiste est minimisé par la gauche plurielle Tous les responsables socialistes et communistes sont employés à en réduire l’importance. Tous nance à l’OCI. Seuls quelques députés communis- qui ont commenté, mercredi 6 juin, les révéla- préfèrent aujourd’hui oublier les « dénégations » tes y voyaient une façon indirecte de séduire l’ex- Le conseil des ministres a donné son autorisation tions sur le passé politique de Lionel Jospin, se antérieures du premier ministre sur son apparte- trême gauche avant l’élection présidentielle.

LE CONSEIL des ministres a lone depuis l’audition de l’ancien MENSONGE ? Quel mensonge ? gnage. Il y a quelques mois, un fois ajouté plus gravement le pre- jets du gouvernement. Manque de autorisé, mercredi 6 juin, l’audi- trésorier du RPR, Robert Galley. Chez les socialistes et leurs alliés ancien membre de l’Organisation mier secrétaire du PS dans les cou- chance, cette affaire « valorise » tion, en qualité de témoin, du Ce dernier avait assuré n’avoir pluriels, on la mémoire très cour- communiste internationaliste loirs de l’Assemblée. Le député de l’extrême gauche, ennemi juré du ministre délégué aux affaires euro- jamais entendu parler de racket te, le pardon rapide et généreux. (OCI), Philippe Campinchi, qui la Paris, Jean-Christophe Cambadé- PCF, soupire M. Carvalho. péennes, Pierre Moscovici, et du sur les marchés avant le 19 juin Tous – à la notable exception de quitte en 1986, leur avait expliqué, lis, qui a quitté pour sa part l’OCI M. Jospin n’a-t-il pas expliqué, ministre délégué à la ville, Claude 1991, date de son audition devant Julien Dray —, avaient toujours dans un livre sur Les lambertistes avec fracas, en 1986, emmenant mercredi sur Europe 1, que cette Bartolone, dans l’affaire des mar- la commission d’enquête parlemen- balayé avec application et obstina- (Balland, 2000) – en s’appuyant sur avec lui quelques centaines de jeu- expérience lui a donné la faculté chés des lycées de la région Ile-de- taire sur le financement des partis tion, l’hypothèse du passé trotskis- les travaux du sociologue Noël Kap- nes militants, a salué l’interven- de la « comprendre mieux que France. La demande avait été adres- politiques. M. Bartolone, alors te de Lionel Jospin. Tous aujour- ferer – comment cette « rumeur Jos- tion « convaincante et courageu- d’autres » ? « Tout ceci n’est pas sée, le 28 mai, par les juges à la député PS, membre de cette com- d’hui, avec la même unanimité, pin » avait été fabriquée par « des se » du premier ministre. Ancien dénué d’arrière-pensées. Jospin a chancellerie pour qu’elle soit trans- mission, l’avait interrogé. « Vous ont oublié que leur premier minis- articles de presse qui finissent, de ren- membre de l’OCI également, le sans doute voulu se donner une ima- mise au conseil des ministres, dont nous avez dit, affirmait-il, qu’il tre avait expliqué qu’il n’avait vois en rappels, par se nourrir d’eux- ministre délégué à l’enseignement ge d’extrême gauche », ajoute l’accord préalable est nécessaire n’était pas question pour le RPR « jamais été trotskiste »,etse mêmes et par se suffire ». professionnel, Jean-Luc Mélen- M. Carvalho. L’apparenté commu- pour entendre, comme témoin, un d’avoir des relations avec des entre- demandent bien pourquoi, après chon, a fait mine de s’emporter en niste Jean-Pierre Brard – le seul, ministre en exercice. prises. Imaginons, en nous situant l’aveu du premier ministre, le « BONS RÉFORMISTES » dénonçant une « chasse à l’ancien apparemment, à se souvenir de sa M. Moscovici, trésorier du Parti avant puis après la loi sur le finance- 5 juin, à l’Assemblée nationale, Même les plus jeunes ou les plus trotskiste ». Le député de Paris, « haine des groupuscules de mai socialiste, de 1992 à 1994, a été cité ment des partis politiques, que, par « la presse fait une baignoire de socialistes de rocardiens évoquent Jean-Marie le Guen, évacue 68 » – est aussi prêt à le croire. par Gérard Peybernes, ancien res- exemple, dans la région Ile-de-Fran- mousse avec un gramme de aujourd’hui ce passé comme une l’« entrisme » de M. Jospin au PS : Mais le sujet ne passionne guère le ponsable de l’Association nationa- ce, des entreprises retenues pour réa- savon », grince le député commu- banalité. En faisant assaut d’hu- « sans avoir été trotskiste, j’ai contri- maire de Montreuil… ni son fils. le de financement du PS, mis en liser ou construire des lycées aient niste du Val-de-Marne, Jean- mour, selon la ligne qui a été adop- examen dans cette affaire. En décidé de faire des dons au RPR. La Claude Lefort. tée mardi dans la précipitation (Le décembre 2000, M. Peybernes position qui serait la vôtre serait-elle À Matignon et au PS, ils avaient Monde du 7 juin). « Il avait refou- Un candidat du Parti des travailleurs pour 2002 ? avait indiqué aux juges que de refuser ces dons ? » A cette inter- lu avec soulagement dans la bio- lé », explique ainsi François Hollan- M. Moscovici avait été informé rogation, M. Galley avait répondu : graphie du premier ministre, Lio- de, sans même reprendre la « déné- Le Parti des travailleurs sera-t-il en lice lors la prochaine présidentiel- « des ententes entre les entreprises « Il n’y a jamais eu, de mon temps, nel Jospin, l’héritier rebelle (Lattès, gation » utilisée par Lionel Jospin. le ? « La décision sera prise en novembre, lors de notre prochain congrès », et leur corollaire : la répartition d’un une quelconque connexion entre des 1997) qu’on ne pouvait confirmer « L’essentiel, de toute façon, pour les répond seulement Daniel Gluckstein, secrétaire national du PT, sans pourcentage entre les partis ».Ala marchés passés par des collectivités la thèse d’un chef de gouverne- trotskistes d’hier, c’est qu’ils soient préciser s’il serait ce candidat. Après Pierre Lambert, en 1988 – il n’y mi-février, il modifiait cependant ou par l’Etat et les fonds qui me sont ment lambertiste, même si, pour la devenus de bons réformistes. » avait pas eu de candidat en 1995 – l’hypothèse est prise au sérieux au sa version et dédouanait M. Mosco- versés. » première fois à visage découvert, « C’est son histoire. Je la respecte. PS. Lors d’un récent bureau national, Jean-Christophe Cambadélis a vici. un ancien camarade de cellule de Mais ce n’est pas la mienne. Je ne évoqué l’hypothèse de « quatre candidatures d’extrême gauche [dans La justice s’intéresse à M. Barto- Jacques Follorou M. Jospin y apportait son témoi- suis pas de sa génération », a toute- l’hypothèse d’une candidature des Motivé-e-s] », dont une commune aux « lamberto-communistes », qui aurait pour particularité de « détourner l’attention de celle d’Arlette Laguiller ». Depuis 1997, les lam- bertistes retrouvent une petite fraction de communistes ultra-orthodo- xes tels Jean-Jacques Karman, adjoint au maire d’Aubervilliers, et Rémi Auchedé, ancien responsable PCF de la fédération du Pas-de- Calais, dans un Comité pour l’abrogation du traité de Maastricht et, depuis le 19 mai, autour d’un appel pour « garder un parti de classe ».

bué à l’arrivée au PS de plusieurs « Papa, c’est quoi un trotskiste, c’est générations de militants trotskistes. Strauss-Kahn ? » Le reste n’est A aucun moment Lionel Jospin ne qu’agitation médiatique. s’est impliqué dans ces processus ». La veille, il est vrai, Lionel Jospin Le mensonge, quand même, avait su parler aux députés com- gêne un peu les députés commu- munistes. S’il avait justifié son nistes. « Jospin alimente un roman- engagement au nom de l’« antista- feuilleton uniquement parce qu’il a linisme », il avait pris soin de préci- menti », note Maxime Gremetz ser que « le Parti communiste (Somme) qui regrette que, « pen- n’était pas ce qu’il [est] » (Le Mon- dant ce temps, on ne parle plus des de du 7 juin). D’ailleurs, qui se licenciements… » Cette affaire a réclame encore de Staline ? Ni troublé les « anciens collègues d’usi- M. Gremetz, ni M. Carvalho. Le ne » de Patrice Carvalho : « Mercre- « drame », reconnaît toutefois di matin, ils m’ont demandé : “mais M. Carvalho, c’est que « l’opinion pourquoi Jospin ne l’a pas dit plus assimile souvent les communistes au tôt ?” », rapporte le député de stalinisme ». Pardon pour pardon, l’Oise. « Après la manœuvre sur le la gauche plurielle se retrouve. Et calendrier électoral, et sur les plans se serre les coudes. sociaux, c’est un nouveau mensonge de Jospin », juge le député qui, plus Ariane Chemin d’une fois, a voté « contre » les pro- et Clarisse Fabre « L’Humanité » déplore une mise en scène « abracadabrantesque » SI L’HUMANITÉ n’a écrit que cassette Méry pour flinguer Chirac quelques lignes, mercredi 6 juin, sur aux confessions de jeunesse de Lionel le passé trotskiste de Lionel Jospin, Jospin, pour ternir son image de trans- alors que la presse y consacrait ses parence ». Après cette leçon de « unes » et parfois plusieurs pages, morale, le directeur de la rédaction c’est la faute au capitalisme. Explica- de L’Humanité fait un « aveu »: tions : la mauvaise santé financière « Nous aimons le choc des idées et du quotidien communiste, en dépit des projets, le seul qui vaille pour fai- de son renflouement par les grou- re avancer la démocratie », écrit pes Bouygues et Lagardère, l’a obli- M. Laurent à quatre jours du retour gé à passer d’une impression décen- du procès de Robert Hue dans l’af- tralisée en province à une impres- faire Gifco. Et que l’on n’accuse pas sion moins coûteuse à Paris. Ce L’Humanité de coupable indulgence changement du mode de produc- à l’égard de Lionel Jospin, à six tion en a bouleversé les horaires et jours, cette fois, du nouveau vote L’Humanité « boucle » à 16 heures sur la loi de modernisation sociale, depuis le 23 avril. Pas le temps, après un report de quinze jours donc, d’intégrer l’actualité la plus demandé par le PCF. « Nous ne nous chaude. privons pas de dire à Lionel Jospin ce Dès le 7 juin, L’Humanité a remis que nous avons à lui dire quand nous les pendules à l’heure. Ce débat sur jugeons ses choix sujets à débat », le passé trotskiste désormais avéré conclut le directeur de la rédaction du premier ministre ne l’intéresse du quotidien communiste. pas. Dans la page traitant de cette Le second article, signé de Mauri- affaire, un commentaire du direc- ce Ulrich, chef adjoint du service teur de la rédaction, Pierre Laurent, politique, sous-titré « Il a été gau- intitulé « Mauvais cheval », l’expli- chiste et alors ? », se présente sous que sans détours : « La polémique l’angle « qui a tiré ? ». L’écho « abra- sur le passé politique [du premier cadabrantesque » donné à ce dos- ministre] est un cheval que nous n’en- sier « pose question », écrit tendons pas enfourcher. » Accusant M. Ulrich, alors que l’information Le Monde de se « délecter »dece « tiendrait en une brève ». Pour lui, sujet, « un dédale qui lui est fami- « le coup fait les choux gras de l’Ely- lier », le quotidien communiste iro- sée ». Mais il se voit « contraint » nise sur les « quatre pages pleines » d’envisager « une hypothèse complé- qui lui ont été consacrées dans ces mentaire ». « Se peut-il qu’à gauche colonnes. « Désolés, messieurs [sic], il en soit qui trouvent un intérêt à pla- nous ne partageons pas cet enthou- cer quelques bâtons dans la roue pré- siasme. La manifestation de la vérité présidentielle d’un premier ministre est-elle le seul moteur de toute cette dont la stratégie de gauche plurielle, MAGAZINE MENSUEL-20F affaire ? Permettez-nous d’en doute- en dépit de ses insuffisances, n’est pas r… », écrit Pierre Laurent. forcément la leur ? », se demande C’est que le quotidien communis- M. Ulrich. Le quotidien communis- te se fait « une autre idée de la con- te laisse la question en suspens. frontation d’idées que celle qui consis- te à passer des aveux posthumes de la Béatrice Gurrey FRANCE LE MONDE / VENDREDI 8 JUIN 2001 / 11 Guadeloupe : mot d’ordre Les régions jugent insuffisantes les propositions de grève générale LA SITUATION était très tendue en Guadeloupe, mercredi 6 juin, la du gouvernement sur la décentralisation pénurie de carburant due à la grève des chauffeurs de camions-citer- nes s’ajoutant au mot d’ordre de grève générale lancé par la centrale syndicale indépendantiste (UGTG) pour jeudi et vendredi. Après les A gauche comme à droite, elles souhaitent des compétences plus larges incidents du week-end entre jeunes et forces de l’ordre, au cours des- quels deux gendarmes et cinq policiers ont été blessés (Le Monde du Les présidents de région, à gauche et à droite, loi sur la démocratie de proximité prévoyant le ment que les transferts proposés par Daniel 4 juin), la population s’interrogeait sur la forme qu’allait prendre ont accueilli avec réserve les amendements que transfert de nouvelles compétences aux conseils Vaillant sont trop timides, notamment en matiè- cette grève, destinée à obtenir la libération d’un dirigeant de l’UGTG, le gouvernement a présentés dans le cadre de la régionaux. S’ils approuvent la démarche, ils esti- re universitaire et dans le domaine culturel. Michel Madassamy, incarcéré vendredi. En grève de la faim depuis ce jour, M. Madassamy est poursuivi pour OUVERT incidemment par l’op- déchets industriels spéciaux. Enfin, ques. « Il faut prévoir un système de ment. Ils ont annoncé qu’ils dépose- avoir participé au saccage de deux magasins ayant ouvert le 27 mai, position, à l’occasion de la discus- ils acceptent le droit à l’expérimen- régionalisation à la carte », résume raient trois propositions de loi des- jour commémoratif de l’abolition de l’esclavage en Guadeloupe. Les sion sur le projet de loi sur la tation de la gestion de certains M. Vauzelle. tinées à élargir le champ des com- deux escadrons de gendarmes mobiles stationnés en Guadeloupe Corse, le débat sur un transfert aux ports et aéroports. A droite, les présidents de région pétences régionales (économie, ont été renforcés par l’arrivée de deux escadrons supplémentaires autres régions de nouveaux pou- En revanche, ces présidents res- réunis à Strasbourg, mercredi culture, environnement et touris- venus de Martinique et de Paris. voirs a conduit le ministre de l’inté- me). Surtout, ils réclament la garan- rieur, Daniel Vaillant, à présenter, tie de nouvelles ressources par un mardi 5 juin, en commission des Débat relancé sur les structures intercommunales partage de la TVA ou de la TIPP Statut pénal du chef de l’Etat : lois de l’Assemblée nationale, sept (taxe intérieure pour les produits amendements au projet de loi sur La commission des lois de l’Assemblée nationale a achevé, mercre- pétroliers). Le groupe DL de l’As- la démocratie de proximité di 6 juin, l’examen du projet de loi sur la démocratie de proximité, qui semblée nationale a indiqué qu’il feu vert de la commission des lois (Le Monde du 7 juin). sera débattu en séance publique à partir du 13 juin. Elle a notam- ne voterait pas le projet de loi sur Ces propositions du gouverne- ment adopté un amendement déposé par son président, Bernard la démocratie de proximité. LA PROPOSITION de loi constitutionnelle du PS modifiant le sta- ment visant à transférer de nouvel- Roman (PS, Nord), qui instaure l’élection au suffrage universel direct Le gouvernement estime, de son tut pénal du président de la République a été adoptée, mercredi les compétences aux régions ne des représentants des communautés urbaines, communautés d’agglo- côté, qu’il a proposé des transferts 6 juin, par la commission des lois de l’Assemblée nationale, avant sont cependant pas à la hauteur mération et communautés de communes. Déjà, en 1999, lors de l’exa- de compétences « à la fois simples son examen en séance publique, le 12 juin. Ce texte propose que le des espérances des présidents de men de la loi sur l’intercommunalité, M. Roman avait déposé un et consensuels ». Il est vrai que le chef de l’Etat relève de la justice ordinaire pour des actes commis région, de droite comme de gau- amendement identique, que le gouvernement n’avait pas retenu. ministère de l’éducation nationale avant son entrée en fonction ou sans rapport avec son mandat ; il che. « Le gouvernement a bien saisi La commission préconise aussi d’augmenter de 20 % le nombre de n’est pas favorable à la régionalisa- précise que seule une « commission des requêtes » pourrait mettre l’occasion Corse pour faire avancer conseillers municipaux des villes de 10 000 à 100 000 habitants et de tion des universités et que les syndi- en mouvement l’action publique. Selon un amendement adopté plus vite que prévu le dossier. On s’en 30 % celui des villes de plus de 100 000. Elle a baissé le seuil pour la cats de personnels administratifs mercredi, l’autorisation de cette commission des requêtes serait félicite, affirme Jean-Paul Huchon constitution obligatoire des conseils de quartier : il ne concernera des universités sont vent debout également nécessaire pour prendre « toute mesure privative ou res- (PS), président de la région Ile-de- que les villes de plus de 50 000 habitants. Dans le projet du gouverne- contre « cette tutelle régionale ». trictive de liberté » à l’encontre du chef de l’Etat. France. Mais la première livraison ment, le seuil avait été fixé à 20 000 habitants. Enfin, les ministères de la culture et est décevante, timide et frileuse. » du tourisme regimbent à l’idée de DÉPÊCHE Président de la région Provence- transférer une partie de leurs préro- a POLLUTION : l’Etat poursuivra systématiquement en justice Alpes-Côte d’Azur, Michel Vau- tent sur leur faim en matière univer- 6 juin, autour de Jean-Pierre Raffa- gatives aux régions. L’examen du les responsables de pollution des sols par des activités industrielles zelle (PS) juge « dommage que Lio- sitaire. Le gouvernement propose rin, président (DL) de Poitou- projet de loi commence mercredi en cours ou ayant existé, a annoncé, mercredi 6 juin, Dominique nel Jospin ne prenne pas la paternité en effet aux régions, dans le cadre Charentes et de l’Association des 13 juin en séance publique. Voynet, ministre de l’environnement, lors d’une communication en d’un grand projet de loi sur la décen- de conventions avec les universités régions de France (ARF), ont vive- conseil des ministres. « L’effort de l’Etat ne saurait se substituer à la res- tralisation ». Selon lui, « c’est la et centres de recherche, « d’organi- ment critiqué le texte du gouverne- Béatrice Jérôme ponsabilité des exploitants des sites pollués », a-t-elle estimé. droite qui parle le plus fort aujour- ser leurs propres actions complémen- d’hui sur ce sujet ». taires d’enseignement supérieur et de recherche ». Mais il ne leur « RÉGIONALISATION À LA CARTE » confie pas le soin de bâtir les uni- Les huit présidents de gauche ne versités, alors qu’elles en assument boudent pas pour autant totale- une grande partie du financement ment leur plaisir. « On prend tout ce (dans les contrats de plan), et enco- qu’on peut prendre », assure re moins la gestion des personnels M. Huchon. Ils « prennent » le chargés de l’entretien des bâti- droit que leur accorde le gouverne- ments. Hors, cette double compé- ment de créer « leurs propres régi- tence est largement revendiquée mes d’aides directes aux entre- par la plupart des régions. prises », qui, jusqu’ici, devaient être De même, le ministre de l’inté- couplées avec celles de l’Etat. Ils rieur n’a pas annoncé de transfert sont satisfaits du transfert total de en matière de gestion du patrimoi- la politique de formation profes- ne culturel et de tourisme, pour- sionnelle et de l’apprentissage : tant inscrits dans les propositions cette compétence serait accompa- du rapport Pierre Mauroy sur la gnée d’un crédit de l’ordre de 5 mil- décentralisation. Les huit prési- liards de francs. Ils se félicitent de dents de gauche continuent à récla- se voir confier le classement des mer un droit à l’« expérimenta- réserves naturelles et la gestion des tion » dans des domaines spécifi- Des élus veulent donner aux collectivités locales un pouvoir réglementaire LES ÉLUS LOCAUX ont pris acte pour faire progresser « de façon de la décision du gouvernement pragmatique » la décentralisation. d’engager « une nouvelle étape de Mais au-delà, il s’agit aussi d’inscri- la décentralisation », mais ils ne se re noir sur blanc dans la Constitu- satisfont pas toujours des disposi- tion les principes de la décentralisa- tions prévues par le ministre de l’in- tion, d’autonomie locale, de subsi- térieur, Daniel Vaillant, dans le pro- diarité et de péréquation. « Sans jet de loi sur la démocratie locale. protection constitutionnelle, l’Etat « Pour être confirmée, la décentrali- peut, à l’occasion des lois de finan- sation a besoin d’un fondement cons- ces, revenir sur l’autonomie financiè- titutionnel », affirment d’une seule re des collectivités territoriales et sur et même voix Jean-Pierre Balligand les compétences qu’il leur a transfé- (PS), député de l’Aisne, Pierre rées », argumentent les deux copré- Méhaignerie (UDF), député d’Ille- sidents de l’Institut, MM. Zeller et et-Vilaine, Robert Savy (PS), prési- Balligand, comme l’avait fait le pré- dent du conseil régional du Limou- sident du Sénat, Christian Poncelet sin, et Adrien Zeller (UDF), prési- (RPR), en défendant en janvier sa dent du conseil régional d’Alsace, proposition de loi sur la « libre dans la préface d’un rapport intitu- administration des collectivités terri- lé « Etat, organisation territoriale : toriales ». de la réforme aux évolutions constitu- Allant au-delà de ce texte sénato- tionnelles », rendu public, jeudi rial, qui visait à renforcer l’autono- 7 juin, par l’Institut de la décentrali- mie financière des collectivités loca- sation. les, l’Institut de la décentralisation propose que soit reconnu dans la DANS LA CONSTITUTION Constitution « le pouvoir réglemen- Ce rapport, fruit d’un travail taire des collectivités territoriales d’un an mené avec des juristes et pour l’exercice des compétences que des élus de tous bords, est un véri- leur attribue la loi ». Alors que cette table appel, étayé d’une quinzaine question est au cœur du débat sur de propositions concrètes, que ce le statut futur de la Corse, c’est là, think-tank de la décentralisation pour M. Savy, une reconnaissance lance à l’adresse des candidats à indispensable « pour assurer aux l’élection présidentielle. Un appel à collectivités territoriales un pouvoir la « création d’un Etat et d’une d’adaptation des politiques nationa- République décentralisés ». les aux réalités locales ».Ilenvade « La décentralisation s’est cons- l’efficacité même de l’action publi- truite jusqu’alors dans le strict res- que, appuient M. Balligand et pect de la conception traditionnelle M. Méhaignerie. Aucun ne man- unitaire et centralisé de l’Etat, relè- que de faire de l’évaluation et du ve Hugues Portelli, professeur de contrôle de l’Etat le corollaire de droit constitutionnel à Paris-II, qui cette reconnaissance de l’autono- a tenu la plume du rapport. Le mie des collectivités. « Il s’agit de caractère unitaire de la République réaffirmer la force de l’Etat en recen- et administratif des collectivités loca- trant son rôle sur son pouvoir de les, de même que la nature législati- contrôle et de régulation », insiste ve du droit des collectivités locales M. Méhaignerie. Le rapport préci- constituent des verrous constitution- se qu’il ne s’agit pas de mettre en nels qui limitent voire empêchent concurrence l’Etat et les collectivi- des réformes législatives de fond. » Il tés territoriales, mais d’organiser s’agit de donner un fondement leur complémentarité en clarifiant constitutionnel à l’expérimenta- les règles du jeu financières, fisca- tion telle qu’elle est prônée par la les et institutionnelles. proposition de loi Méhaignerie exa- minée en janvier par les députés, Lætitia Van Eeckhout 12 SOCIÉTÉ LE MONDE / VENDREDI 8 JUIN 2001

JUSTICE Le doyen des juges d’ins- b LE MAGISTRAT était interrogé d’informations nominatives » et appartenu jusqu’en 1999 – d’informa- maçons « agissent toujours » dans truction et vice-président du tribunal dans le cadre d’une enquête prélimi- « faux et usage de faux ». b PERSON- tions confidentielles, issues du casier les milieux policier et judiciaire. Il se de Nice, Jean-Paul Renard, était tou- naire ouverte par le procureur de la NALITÉ controversée, le juge Renard judiciaire national. b ERIC DE MON- dit favorable à une nouvelle enquête jours en garde à vue, jeudi 7 juin, République de Nice, Eric de Montgol- aurait fait profiter la Grande loge TGOLFIER estime, dans un entretien de l’inspection générale des services dans les locaux de la gendarmerie. fier pour « détournement de finalité nationale française – à laquelle il a au Monde, que les réseaux francs- judiciaires au tribunal de Nice. Le doyen des juges de Nice soupçonné d’avoir informé une loge maçonnique Vice-président du tribunal, Jean-Paul Renard a été placé en garde à vue, mercredi 6 juin. Une enquête ouverte par le procureur Eric de Montgolfier semble montrer qu’il aurait transmis des informations confidentielles à la Grande loge nationale française (GLNF), dont il a été membre

LE MAGISTRAT est devenu un postulant, condamnation qui dé à Nice-Matin, en novem- appris que le dossier Mouillot allait plus d’un an à celle proclamée par sion, qu’elle soit intervenue en suspect. Doyen des juges d’instruc- n’avait pas été prononcée à Nice et bre 1999, il avait lui-même divul- arriver à Nice », ajoutait-il en fai- le magistrat. avril 1998 ou avril 1999. tion et vice-président du tribunal ne figurait pas au bulletin numéro gué son appartenance à la GLNF, sant référence au dépaysement de Interrogé par Le Monde, le porte- Cette enquête n’est pas la premiè- de grande instance de Nice, Jean- trois accessible à tout requérant. affirmant à cette occasion : «A l’enquête qui visait alors le maire parole de la GLNF, Jean-Pierre re affaire mettant en cause la franc- Paul Renard était toujours en gar- Cette anomalie avait conduit le par- mon entrée à la GLNF, j’avais (…) (UDF) de Cannes pour des faits de Pilorge, a estimé que « si l’enquête maçonnerie locale. Deux policiers, de à vue, jeudi 7 juin, en fin de mati- quet à vérifier auprès du casier judi- posé une condition : ne jamais corruption. Cette affirmation était confirme les soupçons portés à l’en- dont un retraité, ont été mis en exa- née. Deux gendarmes de la section ciaire national l’existence d’éven- devoir rendre de service, ni faire d’in- cependant formellement contredi- contre de M. Renard, ce dernier men, il y a plusieurs mois, pour de recherches de tuelles consultations illicites du bul- tervention dans le cadre de ma pro- te par un document interne à la aura fait preuve d’un excès de zèle avoir illégalement consulté un s’étaient présentés, la veille, à son letin numéro un. Cette démarche fession. » GLNF, dont Le Monde avait dévoilé aussi regrettable qu’inutile ». « En fichier de police au profit de la cabinet, munis d’une convocation avait permis d’identifier l’origine le contenu (nos éditions du effet, explique M. Pilorge, lorsqu’un GLNF. Cette instruction avait entraî- à la caserne de Nice. Agé de 51 ans, de la demande : le cabinet d’instruc- « EXCÈS DE ZÈLE » 4 décembre 1999). Intitulée « liste particulier souhaite intégrer la né la mise en examen du grand-maî- M. Renard est visé par une enquête tion numéro six du tribunal de Il assurait alors avoir adhéré à la des frères radiés de GLNF ou démis- GLNF, nous lui demandons qu’il tre provincial Bernard Merolli pour préliminaire ouverte par le procu- Nice, celui de Jean-Paul Renard. franc-maçonnerie en décem- sionnaires », cette pièce est frappée nous fournisse lui-même un extrait « violation du secret professionnel et reur de la République, Eric de Mon- Quarante-trois autres consulta- bre 1991 et l’avoir quittée en 1997. du numéro cinq et datée du 22 octo- de casier judiciaire numéro trois ». recel ». Elle avait également provo- tgolfier, pour « détournement de tions en provenance du même cabi- « Je suis vraiment parti. Depuis cette bre 1999. Le nom du juge Renard y M. Pilorge certifie par ailleurs que qué la mise sous tutelle administrati- finalité d’informations nominatives net avaient ensuite été découver- date, je ne paie plus mes cotisations apparaît à la dix-huitième ligne la démission de M. Renard a été ve de la grande loge provinciale qui font l’objet d’un traitement infor- tes. ni n’assiste aux réunions », précisait- entre le numéro de loge (317), qui enregistrée au siège national de la Alpes-Méditerranée, et l’installa- matisé, faux et usage de faux » au M. Renard est une figure de la il. « Une telle décision m’a coûté car correspondrait à la loge Garibaldi GLNF le 5 avril 1998. Néanmoins, tion d’un nouveau grand-maître. bénéfice de la Grande loge nationa- justice sur la Côte d’Azur, où il exer- la philosophie maçonnique me pas- et le matricule 33169. La date de les consultations reprochées au le française (GLNF), dont il a été ce depuis près de vingt ans. Substi- sionne. Je l’ai prise pour éviter une départ figurant en regard est le juge niçois couvrent une période Pascal Ceaux membre. Il est soupçonné d’avoir tut à Nice, puis juge d’instruction à chasse aux sorcières quand j’ai 15 avril 1999, soit postérieure de qui dépasse la date de sa démis- et Fabrice Lhomme consulté, entre janvier 1998 et sep- Grasse, et de nouveau à Nice tembre 1999, à quarante-quatre depuis juin 1992, il a instruit nom- reprises, le bulletin numéro un du bre de dossiers sensibles au cours casier judiciaire national, réservé des dernières années – dont certai- Une influence controversée sur le cours de plusieurs affaires sensibles aux seuls magistrats et officiers de nes enquêtes visant l’ancien maire police judiciaire, dans le but de Jacques Médecin. Ses liens avec la LES SOUPÇONS sont nettement magistrats eux-mêmes. Au point déjà, entre-temps, rendu un non- les intérêts paraissaient plutôt s’op- transmettre à la GLNF des informa- franc-maçonnerie avaient été évo- antérieurs à l’arrivée sur la Côte que l’intéressé avait pris la parole, lieu sur les mêmes faits, dans le poser. La communication des pièces tions sur trente-trois candidats à qués publiquement, à la suite des d’Azur du procureur Eric de Mont- en première page de Nice-Matin, cadre d’une procédure lancée par le parisiennes au dossier niçois aurait l’initiation maçonnique. déclarations de M. de Montgolfier. golfier. Depuis plus de cinq ans, le pour justifier son appartenance à la parquet et restée inconnue des plai- pourtant eu pour première consé- Trois perquisitions ont été con- Nommé à la tête du parquet de rôle et l’influence du doyen des franc-maçonnerie et affirmer – faus- gnants : la fillette elle-même n’avait quence d’informer M. Bouillon du duites, mercredi 6 juin, au domicile Nice le 20 janvier 1999, celui-ci juges d’instruction de Nice, Jean- sement – qu’elle était révolue pas été interrogée… (Le Monde du contenu des découvertes sur Isola du magistrat à Mouans-Sartoux s’était alarmé des influences néfas- Paul Renard, sur le cours d’affaires depuis 1997 (lire ci-dessus). 9 avril 1996). 2000 au moment où il n’était pas (Alpes-maritimes), à son cabinet tes de la franc-maçonnerie sur le considérées comme sensibles ont Sans lien apparent avec ses affini- encore mis en examen, avait relevé au palais de justice de Nice et au fonctionnement de la justice niçoi- été régulièrement contestés au sein tés philosophiques, l’attitude du « DÉNONCIATION CALOMNIEUSE » le parquet de Paris (Le Monde du siège local de la grande loge provin- se : enquêtes ralenties, dossiers dis- de la juridiction niçoise. Au mois juge avait d’abord été mise en cau- La même année, l’insistance du 13 décembre 1996). ciale Alpes-Méditerranée. Selon parus, notables préservés (Le Mon- d’octobre 1999, lorsque le nouveau se dans le traitement d’une affaire même magistrat à obtenir le dessai- Depuis lors, le rôle de M. Renard des sources proches de l’enquête, de du 9 octobre 1999)… L’émergen- chef du parquet avait publiquement particulièrement délicate qui mena- sissement – à son profit – de sa collè- a été discuté en marge d’affaires l’attention de la justice avait été ce de soupçons visant M. Renard dénoncé le poids des « réseaux çait de compromettre plusieurs gue parisienne Eva Joly dans l’en- ayant mis en cause le député (UDF) attirée par le cas d’un candidat à avait alors conduit ce dernier à une maçonniques » sur le cours des pro- magistrats niçois, sur fond de soup- quête sur les détournements soup- Rudy Salles, membre de la même l’entrée à la GLNF. L’obédience mise au point publique – alors qu’il cédures, le nom de M. Renard avait çons de pédophilie. Longuement çonnés au préjudice de la société loge maçonnique que lui, l’ancien avait eu connaissance d’une con- n’était pourtant l’objet d’aucune rapidement été mis en exergue, tant dévoilée dans les colonnes du Mon- d’exploitation de la station de maire de Cannes Michel Mouillot, damnation pénale ayant frappé ce enquête : dans un entretien accor- par les avocats que par certains de, cette controverse avait éclaté, sports d’hiver Isola 2000 (Alpes- ou encore l’affairiste Anthony Tan- en 1996, après les plaintes de Karim Maritimes) et du Crédit lyonnais, nouri, financier acrobatique plu- Kamal, père de la petite Lauriane, qui impliquait la belle-fille de Jac- sieurs fois condamné à Nice pour alors âgée de sept ans, qui accusait ques Toubon, ministre de la justice, « escroquerie ». Dénonçant les le compagnon de son épouse avait alimenté de nouveaux doutes. « interventions permanentes » qu’au- d’avoir maltraité l’enfant, et cer- Saisi d’une plainte pour « vol de raient effectuées en sa faveur « des tains juges d’avoir volontairement documents » déposée par le suspect policiers et des juges », l’ex-gouver- étouffé ses dénonciations. Destina- principal de ces malversations, nante de ce dernier avait désigné taire, en tant que doyen des juges l’homme d’affaires Dominique M. Renard parmi ses interlocuteurs d’instruction, de la plainte des Bouillon, M. Renard avait ordonné habituels. Le juge avait déposé une grands-parents de Lauriane, dépo- des perquisitions chez les avocats plainte pour « dénonciation calom- sée devant lui le 2 septembre 1994, du Crédit lyonnais et demandé la nieuse », dont l’instruction avait été M. Renard avait rendu, le 11 juillet jonction, à Nice, des deux instruc- dépaysée à Lyon. 1995, une ordonnance de « refus tions en invoquant les liens de « con- d’informer », au motif qu’il avait nexité » entre des procédures dont Hervé Gattegno Eric de Montgolfier, procureur de la République de Nice « Les réseaux occultes, dans le milieu judiciaire, agissent toujours » « Les “réseaux francs-maçons” – C’est vrai que ce dossier pose des magistrats spécialisés dans la que vous aviez dénoncés lors de problème, mais que voulez-vous délinquance économique et finan- votre nomination, en 1999, sont- que je fasse ? En tant que procu- cière. Aujourd’hui, avec les moyens ils toujours à l’œuvre selon vous ? reur, je ne peux pas donner d’ordre dont je dispose, lutter contre la cri- – Pourquoi voudriez-vous que au juge d’instruction ! La seule solu- minalité organisée, cela équivaut à ces réseaux aient disparu ? Si l’opi- tion que j’ai trouvée pour faire avan- écoper la mer avec un seau ! Si la nion que j’avais exprimée à l’épo- cer cette procédure, c’est de pren- situation dans la région est aussi que est exacte, pense-t-on sérieu- dre régulièrement des réquisitions. dangereuse pour la République que sement que deux ans et demi pou- – L’affaire qui implique l’an- je le pense, qu’attend-on pour me vaient suffire pour résoudre le pro- cien maire de Cannes, Michel donner des moyens ? blème ? Je dirais que les réseaux Mouillot, ancien membre de la – Etes-vous découragé ? occultes, qui ont pénétré les GLNF, désormais instruite à – Parfois, j’en ai vraiment assez. milieux policier et judiciaire, agis- Nice, ne semble pas prospérer Certains jours, j’ai la tentation sent toujours, mais ils se font plus davantage… d’abandonner. On me demande discrets, moins arrogants. – C’est exact, ce dossier est enlisé beaucoup, mais on ne me donne – Concrètement, comment se je ne sais où. Mais là encore, je suis pas les moyens d’accomplir ma mis- manifeste l’influence de ces impuissant, je ne peux que contem- sion. Et puis, le climat est assez réseaux ? pler le désastre. pesant. J’ai acquis ici des mécanis- – Je me heurte toujours au même mes que je ne connaissais pas aupa- problème : je constate des anoma- ravant. Par exemple, je sais que je lies, le cheminement de certains dos- «Ilyaparfois ne peux laisser traîner aucun docu- siers m’intrigue, les gens viennent ment, je mets tout au coffre… me trouver en me disant : “Vous des dossiers – Pensez-vous que le juge savez, cette affaire n’avance pas par- Renard puisse rester à son pos- ce qu’un tel est maçon”, etc. Mais la qui se perdent... Il y a te ? plupart du temps, j’en reste au sta- – Cela ne dépend pas de moi. de des présomptions. La difficulté, aussi les procédures Comme je le répète souvent, mes c’est que l’ennemi n’avance pas à pouvoirs sont extrêmement limités, visage découvert. qui n’avancent pas » contrairement à ce qu’imaginent les – Y compris au sein du tribunal ? gens. A côté de la procédure pénale, – Je le crains. Il est déjà difficile il y a la procédure disciplinaire, que de lutter contre la délinquance, – Pensez-vous qu’une nouvelle je ne maîtrise pas. Mais il est clair mais c’est encore plus dur quand on enquête de l’inspection des servi- qu’on imagine mal cette personne, ne sait pas sur qui on peut compter. ces judiciaires au sein du tribu- au sortir de sa garde à vue, mettre – Des dossiers continuent-ils nal soit nécessaire ? en examen des tiers. Sur le plan des de disparaître ? – Je l’avais déjà proposé à Elisa- principes, l’affaire dans laquelle il – Disons qu’il y a parfois des dos- beth Guigou, qui n’avait pas estimé est mis en cause est très grave. siers qui se perdent… Mais ce n’est cela opportun. Si Marylise Lebran- – Pensez-vous que les magis- qu’un élément parmi d’autres. Il y a chu me demandait mon avis, je lui trats et les policiers maçons aussi les procédures qui n’avancent dirais qu’une telle inspection est devraient être obligés de dévoi- pas. souhaitable. Mais les choses ne ler leur appartenance ? – Vous faites allusion à l’affai- changeront pas durablement tant – Je crois que sa foi, il faut l’assu- re impliquant Marcel Giordanen- qu’on n’aura pas les moyens néces- mer. En tout cas, une telle mesure go, dit “Marcel la Salade”, ce saires. ferait taire beaucoup de rumeurs. » maraîcher influent membre de – C’est-à-dire ? la Grande Loge nationale françai- – Il faudrait renforcer les services Propos recueillis par se (GLNF) ? de police, mais aussi nommer ici Fabrice Lhomme SOCIÉTÉ LE MONDE / VENDREDI 8 JUIN 2001 / 13

Les surveillants de prison fortement mobilisés L’UFC- Que choisir fait dans toute la France pour leur journée d’action le procès du « crédit facile » La récente tentative d’évasion de Fresnes a été le déclencheur de ce mouvement de grogne Devant le tribunal, l’association de consommateurs Un grand nombre d’établissements pénitentiaires curité grandissante » dans les 187 établissements. chu, qui les recevra la semaine prochaine, estime qualifie d’« escroquerie » des publicités étaient paralysés, jeudi 7 juin, journée d’action des La récente tentative d’évasion de Fresnes a joué le que les surveillants souffrent d’une « absence de surveillants de prison. Ils protestent contre l’« insé- rôle de déclencheur du mouvement. Mme Lebran- reconnaissance ». et des mailings de la société de crédit Cofidis

LA GRANDE MAJORITÉ des ne de surveillants faisaient le récurrent d’effectifs », « une absen- ment plus préoccupés par le sort des LES ASSOCIATIONS de con- dans la mesure où celle-ci n’est pas 187 établissements pénitentiaires piquet devant l’établissement. Les ce de moyens financiers liés à l’exer- détenus que par celui des person- sommateurs ont bien des griefs con- réservée à une poignée de privilé- français était paralysée, jeudi personnels, qui n’ont statutaire- cice quotidien de [leur] mission » nels ».Mme Lebranchu, qui prépare tre les établissements de crédit. giés, selon le conseil de l’UFC- Que 7 juin dans la matinée, à l’appel des ment pas le droit de grève, blo- ainsi qu’« une absence totale de con- actuellement son projet de loi péni- Elles leur reprochent notamment choisir. trois principaux syndicats de sur- quaient l’entrée des sites, empê- sidération de la profession toute tentiaire, a affirmé « être particuliè- d’appâter le client avec des argu- D’après lui, il est important que veillants, réunis pour l’occasion chant toute entrée et toute sortie. entière ». Une réunion de l’intersyn- rement vigilante à ce que l’on accole ments racco- Cofidis soit jugée par un tribunal dans une intersyndicale. L’Union Les extractions judiciaires, qui per- dicale avec la garde des sceaux, par exemple, à “droit des détenus”, leurs et falla- correctionnel. Les sanctions pécu- fédérale autonome pénitentiaire mettent aux détenus de comparaî- Marylise Lebranchu, prévue jeudi “obligations des détenus” et qu’on cieux. Certai- niaires infligées par des juridictions (UFAP, majoritaire), FO et la CGT, tre devant les tribunaux, étaient 7 juin, a été annulée et reportée à parle des missions des personnels de nes ont civiles à des établissements de cré- entendent ainsi exprimer le « ras-le- ainsi empêchées, de même que les la semaine prochaine. service public de l’administration d’ailleurs dit « n’ont eu aucun effet sur la politi- bol des personnels » face à l’« insé- entrées des entreprises pourvoyeu- Interpellée lors de la séance des pénitentiaire ». engagé des que de ces sociétés », a-t-il souligné. curité grandissante et insupporta- ses de travail pour les détenus ainsi questions d’actualité à l’Assemblée Les surveillants « ont vécu l’en- actions en jus- Une condamnation au pénal les ble » qui régnerait dans les établis- que celles des intervenants en nationale, la ministre a reconnu semble de ce qui s’est passé depuis tice pour amènerait à « réfléchir sur leurs pra- sements. Cette journée nationale milieu carcéral (visiteurs de prison, que ce mouvement social était révé- quelques années comme une mise PROCÈS publicité men- tiques publicitaires ». Elle ferait aus- d’action a été décidée en réponse enseignants, animateurs socio-cul- lateur d’une situation « réellement en question de leur métier et une songère. Jusqu’à présent, ces litiges si la joie des « assistantes sociales, au « traumatisme » causé à l’ensem- turels). L’intersyndicale n’a pas difficile ». Elle a cependant rappelé absence de reconnaissance », esti- avaient toujours été tranchés par qui voient souvent apparaître le nom ble des personnels pénitentiaires appelé à bloquer les parloirs, lais- que le premier ministre, Lionel Jos- me t-elle. « Je suis persuadée des juridictions civiles ; dans cer- de Cofidis dans des dossiers de suren- par la tentative d’évasion hélipor- sant les manifestants décider loca- pin, avait annoncé en novem- qu’avec eux, on doit parler règle- tains cas, des établissements furent dettement », a-t-il conclu. tée de deux détenus, qui avaient lement s’ils souhaitent interdire bre 2000 un plan de 10 milliards de ment, discipline, organisation des même condamnés à payer des dom- Retenu par ses obligations profes- pris en otages deux surveillants, à l’accès des détenus aux familles. francs pour la réhabilitation des services pénitentiaires autant que mages et intérêts. sionnelles, Michel Guillois n’a pas la maison d’arrêt de Fresnes, les établissements les plus vétustes, et nous parlons aujourd’hui, fort juste- Le procès, qui a eu lieu, mercredi comparu devant le tribunal, mercre- 27 et 28 mai (Le Monde du 29 mai). « AUTORITÉ BAFOUÉE » qu’en quatre ans, 1 575 postes ment, de droit des détenus ». 6 juin, devant la 31e chambre correc- di. Le prévenu a chargé François Jeudi 7 juin au matin, l’UFAP La récente tentative d’évasion – avaient été créés à l’administration Enfin, la ministre a estimé qu’il tionnelle du tribunal de grande ins- Migraine, directeur général, et Ber- indiquait que l’ensemble des à l’issue de laquelle un surveillant pénitentiaire, dont 893 pour les sur- faudra que « l’ensemble du Parle- tance de Paris, avait donc un petit nard Coffinet, directeur commer- régions pénitentiaires avait répon- posté dans un mirador avait été veillants. Sur la question des effec- ment s’occupe de la gestion des lon- parfum d’inédit : pour la première cial, de représenter Cofidis. Ceux-ci du à l’appel, aboutissant au bloca- grièvement blessé – a été le déclen- tifs, Mme Lebranchu a affirmé qu’el- gues peines, qui créent des situations fois, un établissement de crédit, ont exprimé leur étonnement face ge de 146 établissements sur 187, cheur de ce nouveau mouvement le était actuellement en négocia- de tension forte à l’intérieur des éta- Cofidis, et son PDG, Michel à la démarche de l’UFC- Que choi- en comptant l’Outre-mer. Une cen- de grogne, huit mois après un pré- tions avec les surveillants et estimé blissements ». « Il faut que la longue Guillois, étaient poursuivis au sir. « Le client a tout le loisir d’exami- taine de personnels ont manifesté cédent conflit, qui s’était soldé, en qu’elle parviendrait à « un accord peine soit en direction des victimes, pénal. L’Union fédérale des con- ner l’offre chez lui, tranquillement,a dès 7 heures du matin devant la octobre 2000, par la création de sur les 35 heures » avec leurs repré- c’est essentiel, mais aussi assortie sommateurs (UFC- Que choisir), précisé François Migraine. Il nous maison d’arrêt de Fleury-Mérogis 331 emplois supplémentaires. Les sentants. d’espoir pour que les surveillants qui a initié une procédure en cita- renvoie sa demande et peut se rétrac- (Essonne), avant de se faire délo- personnels estiment que leur Pour la garde des sceaux, « l’in- puissent assurer la vie en déten- tion directe, reprochait au numéro ter dans un délai de sept jours, s’il le ger par des gendarmes mobiles qui « autorité est bafouée par une popu- quiétude des surveillants » provien- tion », a-t-elle conclu. un français du prêt par téléphone souhaite. » Pour sa part, Me Gérard ont fait l’usage de grenades lacry- lation pénale de plus en plus vindica- drait surtout de leur impression (23,38 milliards de francs d’en- Laraize, l’avocat de Cofidis, a mogènes. A Fresnes, une soixantai- tive » et dénoncent un « problème que « nous sommes tous collective- Cécile Prieur cours, 6,5 millions de comptes d’abord affirmé que la responsabili- clients en 1999) d’avoir mené des té pénale personnelle de Michel campagnes de publicité, dans la Guillois ne saurait être engagée presse et par mailings, qui étaient dans cette affaire. « Il a délégué ses de nature « à induire en erreur » le pouvoirs pour les campagnes publici- Les personnels sont très partagés sur l’avenir de leur métier e chaland et de s’être, par là même, taires de sa société, a plaidé M Larai- rendu coupable du délit d’« escro- ze. Les faits reprochés ne peuvent Une consultation nationale les invitait à donner leur avis sur la loi pénitentiaire en préparation querie ». donc pas lui être imputés. » Par Trois publicités parues – entre ailleurs, les publicités de Cofidis ne LES PRÉOCCUPATIONS des socioprofessionnelles étaient La question des droits des déte- dans des petits studios, le sujet con- autres – dans les hebdomadaires sont, selon lui, « ni fausses ni de surveillants de prison ne concer- représentées. Il en ressort des con- nus divise tout autant. Pour les sur- tinue d’inquiéter les surveillants. Télé Leader et Télé Magazine nature à induire en erreur le consom- nent pas seulement la sécurité des tributions inégales avec des prises veillants de Douai, elle « ne doit Le personnel de Val-de-Reuil étaient visées. Elles indiquaient en mateur ». Pour étayer son propos, établissements. A ceux qui en dou- de position parfois diamétrale- pas se concevoir sans celle de [leurs] demande ainsi que les UVF gros caractères les conditions requi- l’avocat a cité les résultats d’un son- taient encore, les premiers résul- ment opposées. devoirs ». Une bonne partie des « soient bien réglementées, car il fau- ses pour obtenir un prêt permanent dage effectué en mars 2000 à la tats de la consultation nationale Ainsi, des missions des person- agents insiste ainsi sur le « res- dra déterminer qui est responsable (ces fameux crédits revolving ou demande de Cofidis : d’après cette des personnels sur la future loi nels. La direction régionale de Lille pect » que les détenus doivent leur en cas d’incident » dans cette « sor- renouvelables, consentis à des taux enquête, 82 % des personnes inter- pénitentiaire attestent de la diversi- estime par exemple que l’organisa- porter, et le « maintien de la disci- te de lieu privatif ». La question du élevés) : « Un RIB ou RIP [relevé rogées ont compris que plus le mon- té des attentes de ces profession- tion actuelle du métier, qui impose pline », considérée comme un gage contrôle externe des établisse- d’identé postale] et un chèque annu- tant des mensualités était faible, nels, aujourd’hui appelés à réflé- aux surveillants de tourner quoti- de sécurité. Reste que le personnel ments est également diversement lé suffisent ! Aucun autre justicatif à plus la durée du remboursement chir sur leur métier et leur mode diennement de poste en poste, est unanime pour reconnaître que appréciée. « Oui, il faut une transpa- fournir. Aucune explication à don- était longue. Dans ces conditions, a d’intervention auprès des détenus. « est obsolète, car il favorise la rup- les détenus doivent bénéficier rence totale de notre administra- ner ! », « 10 000 francs à considéré Me Laraize, Cofidis ne Rendus publics par l’Observatoire ture surveillant-détenu. Il n’y a pas d’une cellule individuelle dotée tion, s’exclame un gradé de Valen- 25 000 francs en toute tranquilité ! peut pas être accusée d’escroque- international des prisons (OIP), de véritable suivi individuel, ni de d’une douche, d’un contrat de tra- ciennes (Nord). Le contrôle doit se (…) », « Oui, vous maîtrisez parfaite- rie : il n’y a pas eu de manœuvres mercredi 6 juin, les comptes ren- prise en charge de la vie en déten- vail en bonne et due forme quand faire par des inspecteurs qualifiés ment votre budget. Vous remboursez frauduleuses – « personne n’a vu dus des réunions des régions péni- tion ». Pour y remédier, cette direc- ils sont employés par des entrepri- indépendants qui seraient dotés de par petites mensualités convenues à quelqu’un se plaindre dans ce dos- tentiaires de Lille et de Paris mon- tion suggère la création de postes ses extérieures, voire de presta- pouvoirs spécifiques. » A l’opposé, l’avance »… Certains « courriers sier », a souligné l’avocat ; en outre, trent que les surveillants sont enco- fixes de surveillants « pour une véri- tions sociales comme l’Assedic ou l’idée d’un contrôle externe est types » envoyés par Cofidis étaient rien ne démontre que la société de re très partagés sur leur devenir : si table responsabilisation et une véri- le RMI. « Il conviendrait d’appli- vécue « comme de l’espionnage et également incriminés : l’un d’entre crédit ait péché par imprudence ou certains ont admis la nécessité d’al- table connaissance des détenus ». quer à la population pénale les de la surveillance extrême », par le eux faisait ainsi l’éloge de « mensua- négligence. louer plus de droits aux détenus, Cette conception rejoint celle des règles de droit commun, puisqu’il est personnel de Liancourt (Oise). lités privilégiées à partir de Enfin, l’affirmation selon laquelle d’autres s’inquiètent des consé- personnels du centre de détention dit qu’un individu incarcéré doit Malgré leur extrême hétérogé- 150 francs seulement, au lieu de 200 le crédit permanent est à l’origine quences que la future réforme de Val-de-Reuil (Eure), qui mili- bénéficier de la même situation néité, l’OIP voit dans ces contribu- (…) ». du surendettement est, d’après pénitentiaire pourrait avoir sur tent pour une séparation des mis- qu’un individu libre », résume-t-on tions un signe d’encouragement Me Laraize, erronée. Les causes du leur quotidien. sions en trois corps distincts : «le à Val-de-Reuil. pour la future loi pénitentiaire, esti- OFFRE « EXCEPTIONNELLE » problème sont sociales, a-t-il fait Première dans l’histoire péniten- corps des agents de sûreté, le corps mant qu’elles témoignent « d’une Pour Me Matthieu Desaunay, valoir. Et il est « normal » de retrou- tiaire, la consultation nationale a des agents d’accompagnement à la LA DIGNITÉ DES DÉTENUS approche plus nuancée et novatrice l’avocat de l’UFC- Que choisir, ces ver Cofidis dans les commissions été initiée le 29 janvier par la chan- vie sociale et de discipline (poste Plus délicate est la question de que ne le laissent supposer les dis- mentions sont trompeuses car de surendettement : « Cela montre cellerie, qui travaille actuellement fixe) et le corps des travailleurs l’intimité des détenus. Si certains cours habituels des syndicats majori- « elles laissent entendre que de fai- seulement que les personnes concer- à son projet de réforme qui devrait sociaux ». Mais cette piste, actuelle- surveillants estiment qu’il est taires ». « L’étude montre que la bles mensualités sont à l’avantage du nées ont souscrit à un prêt perma- être rendu public en juillet. Tradi- ment étudiée par l’administration, nécessaire d’aller « vers la suppres- ministre de la justice dispose d’une consommateur ». « C’est faux ! a-t-il nent », a prétendu Me Laraize. Rien tionnellement défiants envers l’ad- est loin de faire l’unanimité. A sion des actes professionnels dégra- fenêtre rare au sein de la profession affirmé, mercredi. Plus la mensuali- de plus. ministration centrale, les person- Douai (Nord), par exemple, les per- dants pour la dignité des détenus », pour faire une vraie réforme, estime té est faible, plus la durée de rem- Fait inhabituel, le représentant nels ont diversement joué le jeu de sonnels souhaitent au contraire ne comme les fouilles à corps, et de ainsi Patrick Marest, délégué natio- boursement est longue, plus le coût du parquet, le substitut Guy Meyer, la consultation : dans certains éta- pas séparer la garde de la réinser- « favoriser le développement des uni- nal. Si Marylise Lebranchu le veut, total est élevé. » De même, préten- n’a pas pris la parole. Jugement le blissements, seuls les gradés ont tion et rejettent « la création tés de visites familiales (UVF) », des- elle peut le faire. » dre, dans un mailing, que le client a 27 juin répondu à l’appel tandis que dans d’équipes spécifiques de sécurité et tinées à permettre aux couples de été « choisi » pour recevoir une d’autres, l’ensemble des catégories d’insertion ». s’isoler pendant quelques jours C. Pr. offre « exceptionnelle » est inexact, Bertrand Bissuel 14 / LE MONDE / VENDREDI 8 JUIN 2001 SOCIÉTÉ Deux enfants camerounais retenus La révision d’un procès symbole de la guerre d’Algérie en zone d’attente remis à leur père LES DEUX ENFANTS camerounais, âgés de trois et cinq ans, maintenus réclamée après les aveux du général Aussaresses en zone d’attente pendant quatre jours à l’aéroport Roissy-Charles-de- Gaulle (Le Monde du 7 juin), ont été remis mercredi 6 juin à leur père par le président du tribunal pour enfants de Bobigny (Seine-Saint-Denis), Jean- Le livre innocenterait des Algériens condamnés à mort en 1958 après le massacre d’El Halia Pierre Rosenczveig. Le père des enfants issus de deux unions s’est engagé à les ramener au Cameroun chez leurs mères. Il avait emmené ses enfants Mes Gisèle Halimi et Michel Zaoui devaient récla- révision du procès du massacre d’El Halia, au mort. Or, dans son livre, le général Aussaresses en France pour les présenter à leur belle-mère, une Française avec laquelle mer, vendredi 8 juin, à la ministre de la justice, cours duquel trente-cinq Européens avaient été affirme avoir fait sommairement exécuter les il est marié depuis un an. Le ministre de l’intérieur, Daniel Vaillant, a expli- Marylise Lebranchu, de saisir la commission de tués. Deux Algériens avaient été condamnés à soixante suspects de la tuerie. qué, mercredi 6 juin, devant l’Assemblée nationale qu’« en l’absence de tou- te preuve de parenté l’intérêt même de ces jeunes enfants exigeait des vérifica- LE GÉNÉRAL Aussaresses ne que les circonstances sont ainsi réu- tions. (…) Ils ont été placés en zone d’attente conformément à la législation en l’avait probablement pas imaginé : nies pour « obtenir la révision d’un vigueur, mais dans des conditions particulières, à l’hôtel, en compagnie d’une en se targuant, dans son livre, procès qui révèle tout un mode de nurse ». Le syndicat de la magistrature (SM) a demandé, mercredi 6 juin, d’avoir lui-même fait « descendre » fonctionnement de l’appareil d’Etat, l’ouverture d’une information judiciaire pour « soustraction d’un enfant soixante prisonniers musulmans judiciaire et militaire » de l’époque. mineur des mains de ceux qui exercent l’autorité parentale ». soupçonnés de l’épouvantable mas- « En demandant cette révision, expli- sacre de trente-cinq Européens, le que Me Zaoui, le pouvoir politique 20 août 1955 à El Halia, village actuel reconnaîtrait que l’institution Un groupe paramilitaire au sein du FN minier des environs de Philippe- judiciaire de l’époque a failli. » Il ville (aujourd’hui Skikda), le vieux n’est nullement question de faire militaire va peut-être permettre la repentance, précise-t-il, mais de met- dénoncé par l’un de ses ex-membres révision d’un des plus retentissants tre en œuvre les propos de Lionel procès du temps de la guerre d’Al- Jospin, qui, en novembre 2000, avait UN ANCIEN membre du service d’ordre du FN, le Département protec- gérie. Celui-ci avait abouti, en déclaré à propos de la mémoire de tion et sécurité (DPS), a révélé mercredi 6 juin dans Libération l’existence février 1958, à la condamnation à la guerre d’Algérie que « la volonté d’un groupe paramilitaire secret au Front national, chargé « d’opérations mort de quinze Algériens. Lors politique peut beaucoup ». Or, en clandestines » en France et en Afrique. Claude Hermant explique avoir été d’un second procès, le 28 octobre, l’absence éventuelle d’ayants droit, recruté en 1997 par Bernard Courcelle, alors chef du DPS, pour rejoindre les condamnés avaient été acquit- seul le garde des sceaux dispose du un « groupe de 30 à 60 personnes » surnommées « les fantômes ». «Ilm’a tés, mais deux des sentences pouvoir de saisir la commission de été demandé d’infiltrer des organisations telles que Ras l’front dans le avaient été confirmées. Entre- révision. Nord », affirme M. Hermant. « Je sais qu’une infiltration a été possible au temps, fait rarissime, l’évidence Pour les avocats, les procès siège national de SOS-Racisme ». Il s’agissait encore d’« organiser la désta- d’aveux obtenus sous la torture d’El Halia illustrent en effet avec bilisation de certains quartiers ». Des opérations financées par des avait éclaté à la barre. une force sinistre la faillite de la jus- contrats de mercenariat ou de trafic d’armes. M. Hermant est « un affabu- Gisèle Halimi était, à l’époque, tice dans le contexte algérien. Ceux lateur, un mythomane », a déclaré le délégué général du FN, Bruno Goll- l’un des avocats des quarante-qua- que la presse algérienne allait bien- nisch. Le parti lui a retiré sa carte du DPS en 1999, car « il n’est pas apparu tre inculpés, proches du FLN ou tôt surnommer « les égorgeurs comme une personne fiable ». simples ouvriers de la mine d’El Halia » furent maintenus au d’El Halia qui avaient été arrêtés Zaoui les ont débusqués entre les comment son ordre de « descen- secret pendant près d’un an. Tortu- DÉPÊCHES dans les mois suivants le massacre. pages 61 et 67 du livre du général dre » ces derniers s’étant heurté au rés, ils passèrent des aveux circons- a JUSTICE : un cinquième mineur, âgé de quinze ans, a été mis en exa- Quarante-trois ans plus tard, avec Aussaresses. Celui-ci y raconte à sa manque d’enthousiasme de ses tanciés avant de se rétracter. L’ins- men, mercredi 6 juin, pour le « viol en réunion » d’une jeune femme de son confrère Michel Zaoui, elle manière comment, l’alerte ayant subordonnés, il avait décidé de truction, ouverte par la justice de vingt et un ans dans le train Dunkerque-Lille, le 24 mai (Le Monde du s’apprête à demander, vendredi été donnée au moment du massa- s’« en occuper ». « J’ai été obligé de droit commun, fut poursuivie par la 2 juin), et a été incarcéré. Quatre jeunes de 14 à 17 ans avaient été mis en 8 juin, au garde des sceaux, Mary- cre, 200 appelés furent envoyés à passer les ordres moi-même. J’étais justice militaire, à laquelle le gouver- examen le 31 mai par le parquet des mineurs de Lille. lise Lebranchu, de solliciter la révi- l’assaut de ce village où indifférent : il fallait les tuer, c’est tout nement avait transféré ces compé- a Jacques Baumel, député et maire (RPR) de Rueil-Malmaison sion de ce procès, arguant que 2 000 musulmans cohabitaient et je l’ai fait », conclut-il après avoir tences, en 1956, en vertu des fameux (Hauts-de-Seine), a été renvoyé devant le tribunal correctionnel de Nan- l’ouvrage de Paul Aussaresses con- avec 130 Européens. relaté son dialogue avec l’un des pri- « pouvoirs spéciaux ». En mars 1958, terre pour « entrave à la liberté du droit syndical » après une instruction tient des « éléments nouveaux » de « On releva quatre-vingts tués du sonniers, « un contremaître musul- le tribunal militaire de Philippeville sur la mise à l’écart de six policiers municipaux. Ces derniers accusent le nature à justifier cette procédure. côté des fellaghas et soixante prison- man qui avait assassiné la famille avait prononcé quinze peines de maire de les avoir cantonnés à des tâches subalternes pour avoir créé une Ces « éléments »,Mes Halimi et niers », note-t-il, avant de raconter d’un de ses ouvriers français ». mort, en dépit des contradictions section locale CFTC. apparues à l’audience (lire ci-des- a Un photographe français ayant pris en chasse le véhicule de la prin- « CÉRÉMONIES EXPIATOIRES » sous). Mais ce jugement fut cassé et, cesse Diana avant l’accident qui lui a coûté la vie, en août 1997 à Paris, a Le général Aussaresses est mis à la retraite d’office Si les soixante prisonniers suspec- à la suite de nouvelles autopsies, le été mis en examen, le 21 mai, pour « atteinte à l’intimité de la vie privée ». tés d’être les auteurs de la boucherie commissaire du gouvernement La justice reproche à Jacques Langevin (agence Corbis-Sygma) d’avoir Le général Paul Aussaresses, qui a revendiqué, dans des propos et d’El Halia ont été tués sous les abandonna l’accusation contre tren- pris plusieurs clichés après l’accident. Mis en examen, en septembre 1999, des écrits publics, avoir pratiqué la torture pendant la bataille d’Alger ordres du capitaine Aussaresses, les te et un des accusés. Seuls deux d’en- pour « non-assistance à personne en danger », avec neuf de ses confrères, entre 1955 et 1957, a été placé d’office en retraite, par le conseil des accusés des procès de 1958 sont tre eux seront finalement condam- il avait bénéficié d’un non-lieu. ministres du mercredi 8 juin, « par mesure disciplinaire ». Le prési- innocents, plaide Gisèle Halimi. nés à mort à l’issue d’un nouveau a ACCIDENT : le spéléologue bloqué depuis dimanche 3 juin dans un dent de la République, chef constitutionnel des armées, et le gouver- L’avocate trouve là matière à étayer procès, à Constantine, à la fin de gouffre situé près d’Aniane (Hérault) a été retrouvé vivant mais affai- nement se sont rangés à l’avis émis par le conseil supérieur de l’ar- sa conviction, forgée dès l’époque, 1958. Ils seront graciés par le géné- bli, mercredi 6 juin. Pour évacuer Patrick Meunier, les sauveteurs doivent mée de terre (Le Monde des 18 et 31 mai). non seulement du caractère totale- ral de Gaulle et leur peine commuée encore lui faire franchir un long boyau, difficile d’accès et en partie rempli Paul Aussaresses, qui avait quitté l’armée active en 1973, perd ainsi ment fabriqué de l’accusation qu’el- en travaux forcés à perpétuité. La d’eau. ses avantages de général en deuxième section, à la disposition du le avait combattue avec Me Léo justice en Algérie restait entre les a FAIT DIVERS : un nouveau-né a été retrouvé dans un sac de voyage ministre de la défense et mobilisable par lui en cas de nécessité opéra- Matarasso, mais aussi la certitude mains des militaires mais, entre- sur un quai du RER, à la gare d’Austerlitz, dans la nuit de mardi 5 à mercre- tionnelle. Désormais, du fait de son nouveau statut de simple retrai- que ces procès n’avaient constitué temps, la France avait changé de di 6 juin. Le bébé, une fillette de quelques heures, est en bonne santé et a té, il retrouvera toute sa liberté d’expression, écrite ou orale, et de que des « cérémonies expiatoires » République. été conduit à l’Institut de puériculture de Paris. manifestation, n’étant plus soumis au devoir de réserve. destinées à jeter en pâture de préten- a VIEILLESSE : Marie Brémont, née en 1886 et considérée comme la Des démarches ont été entreprises, d’autre part, pour le priver de dus fellaghas pour apaiser la soif de Ph. Be. doyenne de l’humanité, est décédée dans son sommeil, mercredi 6 juin, son grade dans la Légion d’honneur, nonobstant d’éventuelles suites vengeance de la population euro- à la maison de retraite de Candé (Maine-et-Loire). Elle avait soufflé ses judiciaires. péenne. Avec Me Zaoui, elle estime f www.lemonde.fr/algerie-torture 115 bougies le 25 avril. Gisèle Halimi, avocate « Que chacun sache que l’armée mais aussi la justice ont trahi des valeurs essentielles » « En 1958, vous avez défendu leurs familles ne savaient pas s’ils ils avaient massacré la famille. provoquer des procès, je pense 44 Algériens accusés d’avoir mas- étaient vivants ou morts. Je frémis- Mais le plus extraordinaire s’est qu’il faut les épauler. Je ne mécon- sacré des Européens à El Halia sais chaque fois qu’un juge couvrait produit à l’audience : les témoins nais par les obstacles de la pres- dans des circonstances atroces. tout celà “au nom du peuple fran- décrivaient la manière dont leurs cription et de la loi d’amnistie. Dans quel état avez-vous alors çais”. proches avaient été massacrés de Mais la jurisprudence est faite découvert la justice ? – Comment la population euro- façon radicalement différente du pour évoluer, même en matière – Le choc a été d’autant plus rude péenne vous percevait-elle ? rapport d’autopsie qui, lui, corres- de “crimes contre l’humanité”. que j’étais profondément impré- – Léo Matarasso et moi, nous pondait aux “aveux”. Nous avons Une campagne pour la vérité sur gnée de la culture des droits de étions surnommés “les avocats des obtenu l’exhumation de quatre la guerre d’Algérie, des interpella- l’homme et que j’avais choisi d’être tueurs”. A Philippeville [au- cadavres. Le lieutenant-colonel tions publiques peuvent y aider. avocate précisément par amour de jourd’hui Skikda], deux hôtels ont qui avait procédé à cette opération Ouvrir les archives pour les histo- ces valeurs. Or, en Algérie, j’ai refusé de nous héberger et, dans le riens, publier de nouvelles recher- découvert que la justice militaire troisième, l’hôtelier nous a réveillés ches, c’est très bien mais chaque n’avait comme objet que de déshu- en pleine nuit car il avait reçu des « Faire avouer... C’est élève, chaque citoyen a le droit de maniser un homme pour le faire menaces d’incendie. Nous avons savoir. avouer. C’est au nom de cette reli- dû dormir chez des confrères réqui- au nom de cette » Les tortures et les procès pen- gion de l’aveu que l’on torturait jus- sitionnés. A l’énoncé du premier dant la guerre d’Algérie ont consti- qu’à la mort. J’ai découvert que, si verdict du tribunal militaire, qui pro- religion de l’aveu tué le paroxysme de la domination l’on extorquait des aveux, ce n’était nonçait quinze peines de mort, j’ai coloniale. Pour que la vérité sur pas pour prévenir des attentats protesté et nous avons été pris à que l’on torturait ce qui s’est passé ne soit pas le mais pour casser un système de partie par la foule qui avait investi seul fait d’une élite, il faut que les résistance. La défense a été mise la salle : nous avons dû être accom- jusqu’à la mort » politiques prennent la parole, que hors la loi. pagnés par les forces de l’ordre jus- chacun sache que l’armée mais » En faisant voter les “pouvoirs qu’à notre départ d’Algérie. aussi la justice ont trahi des spéciaux ”, le gouvernement avait – Comment le procès a-t-il bas- est venu dire à la barre que tout ce valeurs essentielles. Certains crai- accepté que les mêmes militaires culé ? qu’avait écrit le médecin-légiste gnent que ce débat fasse renaître qui, le soir, étaient partis “pacifier ” – Très vite, nous avons eu la cer- était faux. Le système des aveux de vieilles querelles et dissolve le djebel, viennent prêter serment titude que ceux que nous défen- s’effondrait. l’identité nationale. Je pense au le lendemain comme juges dans un dions étaient innocents, à cause – Vous demandez la révision contraire qu’il s’agit d’une œuvre tribunal. Ainsi, la France utilisait d’invraisemblances dans les pro- de ce procès en raison de “faits de pédagogie citoyenne. » comme juges des soldats envoyés à cès-verbaux. De plus, ces Algé- nouveaux” contenus dans le livre la reconquête d’un pays qui se sou- riens, qui étaient employés à la du général Aussaresses. Qu’at- Propos recueillis par levait contre la colonisation. J’ai même mine que les victimes, tendez-vous de cette démarche ? Philippe Bernard aussi pris conscience qu’un homme avaient été arrêtés plusieurs jours – Le procès d’El Halia est le seul pouvait disparaître tout en étant après le massacre et il nous sem- de la guerre d’Algérie où la preuve vivant : mes clients avaient été mis blait incroyable qu’ils soient a été apportée que des aveux au secret pendant onze mois et retournés travailler avec ceux dont avaient été extorqués sous la tortu- re. Sa révision aurait une significa- tion à la fois historique et culturel- le : elle montrerait comment le pouvoir politique de l’époque, de gauche comme de droite, s’est déchargé de ses reponsabilités sur le pouvoir militaire et a couvert des procédés indignes de la patrie des droits de l’homme. – Qu’attendez-vous de la jus- tice d’aujourd’hui ? – Si des victimes de l’époque veulent déposer des plaintes et LE MONDE / VENDREDI 8 JUIN 2001 / 15 RÉGIONS 4 TGV, PLEIN SUD Les gares s’ouvrent de nouveau aux voyageurs Après de longues années où les usagers du train débarquaient dans des halls poussiéreux, la SNCF a choisi de redonner du lustre à ses bâtiments. Ainsi, l’ouverture de la ligne TGV Méditerranée s’accompagne de l’édification de trois réalisations architecturales intégrées à leur environnement

TROIS d’un coup. La SNCF un passé révolu. Quand, en 1964, la ger. Le nouveau train profilé par l’auteur d’un essai, On n’arrête pas la gare. Le voyageur découvre ainsi grand geste architectural, prouesse ouvre simultanément trois gares nouvelle gare Montparnasse fut Talon glisse sans à-coups à 250 kilo- la liberté –, il est passé par le secré- une batterie d’escalators, toutes technique doublée d’une réussite nouvelles : Valence, Avignon et construite, elle se dissimulait der- mètres heure. L’engouement est tariat des villes nouvelles puis par tripes déployées, censée l’inviter esthétique. Mais qui, peu ou prou, Aix-en-Provence, sur la nouvelle rière la façade d’une ingrate barre immédiat, et la SNCF se reprend à la cellule technique des grands pro- au grand large. Les voies ferrées va à l’encontre des recherches de ligne du TGV Méditerranée. Sans de bureaux et de logements. Invi- croire à sa mission : transporter jets, à Paris. En 1985, il fait son seront couvertes, ce qui permet l’AREP, pour laquelle l’architecture parler du vénérable terminus Saint- sible derrière ses murs rideaux, on vite et bien des voyageurs. Du entrée à la direction de l’équipe- d’implanter un jardin sur dalle et semble être acte d’humanisme Charles, à Marseille, dont le radical y pénétrait par une modeste coup, elle se préoccupe des gares. ment de la SNCF. Avec son sourire d’assourdir le vacarme du trafic. avant d’être manifeste artistique. « nettoyage » annonce une pro- entrée d’immeuble. Le temps des On ne peut dépenser des milliards en coin et son faux air de Tintin, il Certains regrettent son manque A Valence, Avignon et Aix-en- fonde mutation. Et il ne s’agit pas gares semblait clos. Ces portes pour gagner quelques minutes sur va révolutionner les gares. Ses d’audace, contre-balancé par les Provence, Jean-Marie Duthilleul ici de vagues Abribus améliorés monumentales, ces caravansérails un trajet si on perd un temps pré- débuts sont difficiles, car il lui faut, arcatures piranésiennes rythmant va plus loin. Il invente une nou- ouverts à la sauvette au milieu ouverts sur le monde, aux voyages cieux à pénétrer ou à sortir d’une dans la hâte, bricoler l’existant. Ins- les quais et soutenant la dalle-jar- velle génération de gares qui d’un champ de betteraves comme comme au commerce, mais aussi din. Le succès populaire de cette doivent résoudre des problèmes la gare de Picardie, sur la ligne du aux rêves, relevaient du XIXe siècle. destination est immédiat. Si la relevant de l’urbanisme : « Il est TGV Nord, ou celles du Creusot et Saint-Charles toilettée puis redéployée ligne Paris-Lyon reste vouée aux impossible de réfléchir à la forme de Mâcon, implantées entre Paris DONNER ENVIE DE VOYAGER déplacements des hommes d’affai- urbaine de demain sans prendre en et Lyon. Les édifices dessinés par D’ailleurs, les vieux édifices, avec Le terminus du TGV Méditerranée, la gare Saint-Charles de Mar- res, le TGV Ouest, devenu synony- compte les nouveaux transports en l’architecte de la SNCF, Jean-Marie leurs immenses marquises de verre seille, n’a subi pour le moment qu’un toilettage poussé. Il a essentiel- me de vacances, est vite adopté. commun qui se greffent sur la cité », Duthilleul, et l’équipe de l’agence et d’acier, leurs portiques géants et lement consisté à débarrasser le bâtiment d’une partie des adjonc- indique l’architecte de la SNCF, en de la SNCF – l’AREP –, qu’il dirige, leurs halls sonores sont peu à peu tions qui ont envahi ses volumes au fil du temps. La première phase UN SOUCI D’OUVERTURE réponse à ceux qui estiment que sont imposants, intelligemment défigurés par une modernité hon- achevée, une seconde, plus ambitieuse, devrait commencer : cette Avec la nouvelle gare de Roissy- les nouvelles gares sont implan- structurés, symboliques, sans teuse. A Paris, la gare du Nord, vaste opération d’urbanisme, prévue pour se terminer en 2003, vise Charles-de-Gaulle, connectée à tées trop loin des centres histo- héroïsme inutile : ils accompa- chef-d’œuvre de l’architecte les alentours immédiats de la gare. Il s’agit de lui adjoindre une aile l’aéroport 2, qu’il réalise avec Paul riques. Ce sont aussi des proto- gnent et annoncent le renouveau Jacques Hittorff, est flanquée d’un supplémentaire, de rogner une partie des édifices qui ont poussé à Andreu, la modernité de ce moyen types, à chaque fois différents, d’un moyen de transport, la voie parking hideux au prix de la des- ses côtés dans les années 1970, de redessiner ses accès et de faire de de transport éclate : une gare peut dessinés en fonction des impé- ferrée. TGV oblige. truction d’élégantes halles métal- Saint-Charles un pôle d’échange entre différents modes de transport être un carrefour tourné vers l’ave- ratifs techniques mais aussi en Le désintérêt de la SNCF pour liques. Les trains ont perdu leurs (TGV, TER, cars, autobus, taxis, voitures, sans oublier les parkings). nir. L’architecture est à la fois perti- fonction de leur environnement, ses gares allait de pair avec la décré- noms prestigieux – Orient-Express, Cette restructuration de tout un quartier s’inscrit dans le programme nente et rassurante, légère et effi- proche ou lointain, du paysage pitude, particulièrement poussée Mistral, Etoile du Nord… Il y a Euroméditerranée. cace. Le Britannique Peter Rice que le voyageur doit découvrir en dans son cas, des valeurs architec- belle lurette que les écrivains ne dessine la verrière arachnéenne descendant du TGV : la barre du turales, mais aussi avec une chute chantent plus la « respiration légère qui couvre les voies du TGV et du Vercors à Valence, la Provence du de son moral. Le monde des chemi- des locomotives haut le pied » (Vale- gare. Et il est difficile pour un usa- taller, par exemple, dans chaque RER. A Lille, Duthilleul travaille mistral, des cyprès et des vergers à nots croyait-il encore à sa mis- ry Larbaud). Les voyageurs pressés ger de sortir d’un compartiment gare entre Paris et Bordeaux, des avec l’architecte hollandais Rem Avignon, celle des garrigues à Aix, sion ? Le fer, concurrencé par désertent les gares décrépites. Jean- confortable pour se retrouver dans structures censées évoquer une voi- Koolhaas, maître-d’œuvre d’Eura- qui est aussi un balcon ouvert sur l’avion pour la vitesse et la voiture Marie Duthilleul note que « toute un hall glacial et poussiéreux. Pour lure. Le résultat n’est pas fameux, lille : le nouveau terminus du TGV la Sainte-Victoire. pour la souplesse d’usage, n’était-il la matière grise de la SNCF était l’ouverture de sa ligne Atlantique, mais le temps était compté. Il réus- Nord doit structurer le quartier qui pas voué à un lent dépérissement ? focalisée sur le système de transport en 1989, elle a recruté, quatre ans sit dans les mêmes conditions à pousse derrière l’ancienne gare de Frédéric Edelmann Chacun avait en tête l’exemple lui-même. Ainsi, dans le programme auparavant, un brillant polytechni- doter Paris d’une Porte Océane. A Lille-Flandres. En 1994, à Lyon et Emmanuel de Roux américain, où, entre les lents RER, on avait oublié de songer aux cien, Jean-Marie Duthilleul. Né en Montparnasse, tête de ligne du Satolas, sur la ligne qui contourne convois de marchandises et les gares de banlieue. » 1952, il est à la fois ingénieur des TGV Atlantique, il découpe une la capitale de la région Rhône- inconfortables tortillards de ban- Avec le TGV, dont la première Ponts et Chaussées et architecte. énorme ouverture vitrée dans la Alpes, c’est l’architecte espagnol PROCHAIN ARTICLE lieue, le train semblait appartenir à rame roule en 1981, tout va chan- Tenté par la philosophie – il est façade de l’immeuble qui dissimule Santiago Calatrava qui impose un Marseille qui espère Valence, une buvette piranésienne Avignon, un boa fonctionnaliste Aix-en-Provence, un balcon sur la garrigue SNCF AP-AREP SNCF AP-AREP SNCF AP-AREP

IL Y A onze ans, les municipali- s’enterrer en partie. Dans la plaine C’EST déjà la mal-aimée. Sans et ses confrères ont dessiné un LA GARE dite d’Aix est en réali- et pas faraud, par le poids même tés de Valence et de Bourg-lès- aux échelles évanouies, l’édifice, doute à cause de son côté aérogare. grand pare-soleil de béton clair, per- té implantée sur le sol bien- des structures et des problèmes à Valence, sa voisine du nord, lan- réduit à son pinacle, prend ainsi La nouvelle gare d’Avignon est pour- cé de hautes ouvertures presque veillant de Vitrolles. Le lieu est résoudre : bruits, vibrations, cli- çaient un concours opportun, pré- une allure de buvette au dessin tant la forme la plus accomplie, néoclassiques, comme un lointain désert, la végétation rare. Dans le matisation, sécurité, impératifs voyant de rendre aux deux cités les futuriste. l’achèvement suprême du « fonc- rappel des édifices du XIXe siècle. miroitement d’une forte chaleur, de circulation. berges du Rhône en détournant De plus près, la buvette prend sa tionnalisme », art et théorie de Au lieu de reprendre le système l’édifice surgit de la garrigue com- Le bâtiment se résume donc à vers l’est l’autoroute A 7 et ses cala- dimension ferroviaire, comme sor- l’adéquation exacte d’une forme à de la canne à pêche télescopique uti- me une sorte de mirage. C’est un une grande verrière que l’on espè- mités. Idée juste, idée claire, idée tie d’un mirage. Mais l’arrivée par sa fonction. L’objet n’est pas, com- lisé pour mettre les gares aux nor- immense parapluie chinois, légè- re affranchie de l’effet de serre : tout aussitôt jetée au fleuve. le train à grande vitesse révèle me celle de Valence, en rase campa- mes des nouveaux trains (300 m), rement posé sur une structure elle est aussi peu transparente L’autoroute serait passée du côté mieux encore l’ingéniosité et l’ar- gne, mais sur un terrain au bord de en les allongeant de halles en verriè- métallique, abrité par des persien- que sait l’être le verre sous l’atta- de Saint-Marcel, là même où passe chitecture de la gare, univers orga- la Durance, à la veille de sa jonction res et de verrières en auvents, les nes d’un côté, ouvert sur la Sainte- que du soleil. Donc un objet pré- la nouvelle ligne TGV, et nul ne nisé, fonctionnel, au dessin pirané- avec le Rhône, tout proche de la architectes ont dessiné un édifice Victoire de l’autre. Une simplicité sent mais qui trouve son caractè- serait venu vitupérer l’isolement sien : plusieurs étages de trains, Cité des papes et pourtant au cœur qui parcourt toute la longueur des qui joue les évidences. re diaphane à l’intérieur, dans splendide de la nouvelle gare, d’allées-venues, de poutres et lon- d’une vague zone périurbaine, un quais. Effilée vers les extrémités, la Duthilleul est-il un faux modes- l’exaltation du vide, du moindre soupçonnée de faire du pied à gerons, de contreventements. A entre-deux où l’on pourrait retrou- partie centrale fait le boa digérant te, lorsqu’il prône, en substance, encombrement ; et à l’extérieur, Romans, fief de la chaussure abon- chaque niveau, le sol est stable : ver tout aussi bien deux amoureux son tapir, pour recevoir hall d’ac- la prééminence de l’usager sur la par contraste, dans la présence né au PS. c’est lorsqu’il se tourne vers les sans toit, un nuage de moustiques, cueil, billetterie et tout le bazar gloire de la maîtrise d’œuvre ? franche des roches ocre, tran- Ainsi le nouvel édifice vit-il seul hauteurs que le regard saisit l’agita- une carcasse de voiture, voire une qu’on s’attend à trouver dans ces Sans doute, dans la mesure où, chées au vif du plateau. Par sa relative et provisoire disgrâce tion, la frénésie mécanique dont nichée de hérons. lieux. dans la plupart de ses réalisa- temps gris, ce qui peut arriver au lieu de participer d’un vaste ont joué Jean-Marie Duthilleul et C’est un des seuls endroits de la La face nord de l’édifice, exposée tions, rien ne manque de ce qui même ici, cela donne un avant- mouvement urbain et paysager. Le son équipe pour donner de la for- ligne où les trains roulent d’est en en direct au mistral, tout en verre, fait l’ordinaire des revues de ce goût de cette Sainte-Victoire, visi- paysage, justement, avec la ligne me et du sens à la boîte vitrée. On ouest. Les uns venant des immenses longe sans les inclure le quai 1 et la tournant de siècle : technique, ble au loin, vers laquelle somptueuse des crêtes du Vercors, peut ne pas aimer la buvette, on et superbes viaducs qui enjambent voie vers Paris, Lille, ou Londres. couleur, audace, liberté formelle Duthilleul a tourné son ouvrage. et les frontières parfois couleur ne peut nier la forte présence de le Rhône ; les autres filant vers les Un sas permet le passage vers les réinventée au coup par coup. « La réponse architecturale est d’artichaut de l’Ardèche, la gare a l’édifice, parcouru en sourdine, ouvrages du plan d’Orgon, du côté repères qui scandent les ouvertures Mais il est aussi aidé, dans sa avant tout un hommage au site », dû pratiquement l’oublier, pour tout au long et au-dessus des voies de Cavaillon. Jean-Marie Duthilleul du train. L’amateur de plein air démarche de brave garçon rieur soulignent les maîtres d’œuvre, de TGV, par une interminable pen- pourra l’attendre dehors, sous le désormais familiers de ces échan- te à 3 %. vent ou au soleil. Comme les rails ges paysagers entre leurs édifices Guide pratique En matière d’infrastructure, ce Guide pratique sont ici légèrement courbes, l’en- Guide pratique et ce que leur laisse le terrain, sou- n’est qu’à bonne distance des inté- semble prend la forme gracieuse de vent avec moins de générosité b Situation : à 10 kilomètres de rêts particuliers qu’on mesure les b Situation : sur la presqu’île de ces gâteaux marocains qu’on dégus- b Situation : entre sinon de poésie. Valence ; bassin de population enjeux, les réseaux véritables. Fal- la Courtine, entre Avignon et la te sous le nom de cornes de gazelle. Aix-en-Provence, Vitrolles et Des micocouliers, des chênes 500 000 habitants. lait-il jouer Chabeuil et Malissard, Durance ; bassin de population Et comme il n’y avait pas de quoi fai- Marignane ; bassin de population verts et blancs, des bosquets, des b Architectes : Jean-Marie voire Beaumont-lès-Valence ? Ce 500 000 habitants. re, financièrement, le malin, l’inté- 350 000 habitants. « moutonnements végétaux »,mar- Duthilleul, Etienne Tricaud, sont autant d’Ardéchois qui b Architectes : Jean-Marie rieur de la coque a été simplement b Architectes : Jean-Marie queront l’intervention du paysa- Marcel Bajard, Pierre Saboya, auraient alors vu leur éloignement Duthilleul, Etienne Tricaud, tapissé d’un bois de caisse à bois, Duthilleul, Etienne Tricaud, giste Des vignes sur ce terrain au Jean-Pierre Lequeux. confirmé, avec le risque de Marcel Bajard, François cérusé pour vibrer aux variations du Marcel Bajard, Eric Dussiot, cœur des garrigues, et marqué, b Coût : 425 millions de francs réveiller les écolos de Crest. Or Bonnefille, Pierre Alliot. jour. Voilà pour le bâtiment, simple Gérard Planchenault. pour rester fidèle au lyrisme de (64,79 millions d’euros), dont c’est ici que l’architecture, même b Coût : 310 millions de francs et sophistiqué, efficace et sédui- b Coût : 350 millions de francs l’équipe, par les affleurements de 185 millions de francs assignée au désert, joue sérieuse- (47,26 millions d’euros) dont sant. (53,36 millions d’euros) dont roches claires, le grand ciel, les (28,20 millions d’euros) pour les ment son rôle. Grand éclat de 150 millions de francs Mais la gare devait se mesurer 156 millions de francs horizons multipliés. infrastructures. matière aux matériaux soignés, édi- (22,87 millions d’euros) pour les avec son paysage : ici, pas de Sainte- (23,78 millions d’euros) pour les L’intérieur de la gare, lorsqu’el- b Trafic : 35 TGV quotidiens ; fice centripète, prêt à réconcilier infrastructures Victoire ni de Vercors à cadrer. Les infrastructures. le n’est pas de verre, est tout de 1,5 million de voyageurs par an. par son agitation les intérêts b Trafic : 50 TGV quotidiens ; platanes seront remplacés par des b Trafic : 28 TGV quotidiens ; bois. De ce bois dont on fait les b Environnement : intermodalité vaguement concurrentiels du val 2 millions de voyageurs par an. tulipiers, qui donnent plus de fleurs 1,5 million de voyageurs par an. lamellés-collés lorsqu’il s’agit des TGV/Train express régional de Drôme, de Livron, de Loriol, b Environnement : navette et autant d’ombre. Des cyprès ponc- b Environnement : navette structures, ou de ce bois dont on (TER)/gare routière. ceux d’un Vercors plus accessible, routière avec Avignon centre. tueront la corne de gazelle, traite- autobus. Plantations (600 arbres) taille les volets, comme à la Biblio- 8 hectares plantés (1 300 arbres), ceux enfin de Saint-Perray et des 15 hectares plantés (3 000 arbres). ment qui a pu se prolonger au-delà oliviers, pins d’Alep, chênes thèque nationale de France, pour tulipiers de Virginie. vins de Cornas. Sans oublier Valen- Parking : 804 places et 100 boxes de la seule gare, pour aménager les blancs et verts, micocouliers. les orienter selon l’agressivité du Parking : 535 places. ce, dont l’ultime grande surface fermés. quartiers déshérités du sud d’Avi- Parking : 633 places. soleil. Et ajouter ainsi à la parti- est aux portes de la gare. gnon. tion un discret éloge de l’ombre. 16 / LE MONDE / VENDREDI 8 JUIN 2001 HORIZONS ENQUÊTE Rwanda : un génocide sans coupables

UI a planifié le premier refuge, la Suisse. Il s’agit génocide au Un demi-million de victimes. Peut-être autant de bourreaux. d’un homme d’affaires aujourd’hui Rwanda ? Sept âgé de soixante-cinq ans qui, naguè- ans après l’holo- Et, sept ans après, combien de coupables jugés ? re, était réputé être « la plus grosse causte africain fortune du Rwanda », Félicien Kabu- qui a fait, d’avril Malgré le procès de quatre Hutus à Bruxelles ga. « Il est le cerveau. C’est lui qui a à juillet 1994, au orchestré le génocide », a déclaré à moins cinq cent dont le verdict est attendu le 7 juin, le génocide la mi-avril, au quotidien espagnol mille victimes El Pais, le général Paul Kagamé, pré- parmi les Tutsis, de la minorité tutsie au Rwanda reste aujourd’hui largement sident du Rwanda et chef du Front Q au « pays des patriotique rwandais (FPR). Il accu- mille collines », impuni. En dépit de la se Félicien Kabuga d’avoir été non on devrait avoir honte de poser la seulement l’actionnaire principal question. La planification, preuve multiplicité des procédures, de la Radiotélévision libre des Mil- tangible de la préméditation, n’est- les Collines (RTLM), le média de la elle pas l’un des éléments constitu- la pyramide des responsabilités haine par excellence, mais aussi le tifs du « crime des crimes » ? Au financier occulte des Interahamwe, sortir de la seconde guerre mon- n’est toujours pas clairement la milice du génocide. diale, on a vite appris qui avait par- Félicien Kabuga est considéré ticipé à la conférence de établie. Résultat : comme un parent par alliance de Wannsee, là où fut décidée la mise l’akazu. Deux de ses filles ont épou- en œuvre de la « solution finale ». les planificateurs sé des fils du président Habyarima- Et le tribunal de Nuremberg n’a na. Le premier mariage, avec Jean- pas tardé à juger les survivants de l’holocauste courent encore, Pierre Habyarimana, décédé parmi les stratèges de la Shoah. depuis, a été contracté en 1993. Le En un an, du 20 novembre 1945 au seuls les exécutants second, avec Léon Habyarimana, a 16 novembre 1946, vingt-quatre été conclu dans l’exil kenyan, en dirigeants nazis – dont Hermann sont – mal – jugés, tandis que, 1995, un an après le génocide. Göring, Rudolf Hess, Alfred Mais, quand bien même Félicien Rosenberg, Julius Streicher et, par à Kigali, le nouveau pouvoir Kabuga serait le bailleur de fonds contumace, Martin Bormann – du génocide, en est-il de ce fait l’ins- furent jugés, et dix d’entre eux joue avec les listes pirateur, le principal responsable ? pendus, Göring s’étant suicidé la Le seul membre présumé de veille de l’exécution. de présumés « génocidaires » l’akazu à attendre, depuis son arres- Sept ans après le génocide du tation en 1996, son procès à Rwanda, il n’en va pas de même pour diffamer ses dissidents Arusha, est Théoneste Bagosora. pour l’expiation, par la vérité et le L’ancien directeur de cabinet au droit, du plus grand massacre orga- ministère de la défense à Kigali et nisé sur le sol africain. Certes, les homme fort du pouvoir mis en pla- historiens de la tuerie de masse sabilité de l’humanité contre daise mais, aussi, par le TPIR ; et, ce après l’attentat contre le prési- dans l’ancienne colonie belge ont laquelle ce crime a été commis. En enfin, il y a les « diffamés », ceux dent Habyarimana, n’a pas de lien désigné les planificateurs au plus ce sens, le procès de Bruxelles mar- qui n’ont été ni bien ni mal jugés, de famille avec la veuve du défunt haut niveau de la pyramide exter- que une avancée du droit qui mais figurent quand même sur chef de l’Etat. Originaire, comme minatrice : les membres de l’aka- devient international en réconci- des listes de « génocidaires ». elle, du nord-est du Rwanda, il zu (littéralement : « la petite mai- liant le cas particulier avec la loi ferait néanmoins partie de son son »), c’est-à-dire le clan d’Aga- universelle. Cependant, même si LES « IMPUNIS » « clan » et aurait été, selon Gérard the Habyarimana, épouse du prési- le jury belge aboutissait ces jours- Sans préjuger de leur culpabili- Prunier, « proche des trois frères de dent rwandais dont la mort, à bord ci à un verdict de culpabilité, le té ou de leur innocence, on peut Mme Habyarimana ». L’imprécision du Falcone-50 abattu le 6 avril malaise au sujet du génocide rwan- les appeler les « impunis » : tous de la mise en cause des membres 1994 dans le ciel de Kigali, fut dais persisterait. ceux qui, en raison de leur fonc- de l’akazu – pour commencer, Aga- l’« événement déclencheur » du Jusqu’à présent, moins de mille tion officielle ou de leur position the Habyarimana n’avait que deux génocide. Mais la planification et huit cents personnes ont été influente dans l’ombre, auraient frères dont l’un est mort bien DEVILLE MARC/GAMMA l’organisation des massacres par la reconnues coupables de l’extermi- dû s’expliquer de leurs actes, ou avant le génocide, au début des belle-famille de Juvénal Habyari- nation d’un demi-million de Tut- de leur refus d’agir, pendant le et que son « clan » avait pour pro- que le frère d’Agathe Habyarima- années 1980 – explique, en partie, mana n’ont pas été démontrées, sis. Tant de victimes et si peu de génocide – et qui ne l’ont jamais jet d’abattre la dernière carte du na, l’ancien préfet de la province de l’incapacité du TPIR à engager des étayées par des faits précis. Ce qui bourreaux ? Ce n’est pas le fond fait. Ils sont nombreux. Mais si le régime : « Tout faire sauter ». Ruhengeri, Protaïs Zigiranyirazo, poursuites. n’est pas étranger au fait qu’à ce du problème, dans la mesure où but de la justice internationale surnommé « Z », se cache parce « C’est scandaleux, estime Robert jour seulement un membre présu- aucun registre de condamnés, aus- était de « frapper à la tête », les I cela est vrai, pourquoi Aga- qu’il n’a « aucune confiance en la Ménard, secrétaire général de mé de l’akazu a été arrêté et déféré si long soit-il, n’aurait de commu- membres de l’akazu – Agathe the Habyarimana n’est-elle justice rendue à Arusha », tout com- Reporters sans frontières (RSF). Au devant le Tribunal pénal internatio- ne mesure avec le martyrologe de Habyarimana et son clan – Spas recherchée ? « Qui vous me l’ancien responsable du fil des ans, nous avons donné trois ou nal pour le Rwanda (TPIR), la juri- 1994. Tant de bras armés, et pas auraient dû être cités les premiers dit qu’elle ne l’est pas ? », a répliqué, « fichier » à la présidence rwan- quatre fois les mêmes documents aux diction ad hoc créée par les de « cerveaux » qui les eussent à comparaître. «L’akazu formait dans un entretien, Carla Del Ponte, daise, le capitaine Pascal Simbikan- enquêteurs successifs du TPIR, qui Nations unies pour juger les « cer- guidés ? A ce jour, en effet, ceux le noyau dur des réseaux concentri- la procureur générale du TPIR (Le gwa, cloué à une chaise roulante, n’ont que des contrats de courte veaux » du génocide. Il s’agit de qui ont été définitivement con- ques de la puissance et du patrona- Monde du 2 mai). La « liste Gam- un autre des piliers de l’akazu, Séra- durée. Ils viennent, chacun, en igno- Théoneste Bagosora, l’ancien damnés n’étaient pas les planifica- ge politiques, économiques et mili- ma » – celle des personnes recher- phin Rwabukumba, habite, lui, à rant le travail du prédécesseur. » Un directeur de cabinet au ministère teurs de l’œuvre exterminatrice. Il taires qu’incarnait le pouvoir chées par le Tribunal international Bruxelles. Il est même récemment autre expert relate comment les cas- de la défense à Kigali. s’agit d’exécutants, parfois à un hutu », écrit Philip Gourevitch – étant confidentielle, on pourra dif- intervenu à la télévision belge ! settes vidéo d’entretiens avec des Le TPIR a été créé dès septem- niveau important, mais qui dans son livre Nous avons le plaisir ficilement la contredire. Mais la pré- Au début de l’année, le nouveau responsables de la RTLM qu’il avait bre 1994. Mais ce n’est que depuis n’étaient pas à l’origine de l’holo- de vous informer que, demain, nous sumée « Lady Macbeth » du Rwan- pouvoir au Rwanda a établi un avis par trois fois – en 1996, 1997 et quatre ans, au terme d’une difficile causte africain. A l’exception de serons tués avec nos familles, ses da a résidé pendant des années au de recherche des plus importants 1999 – remises aux enquêteurs du mise en place, qu’il juge des planifi- trois d’entre eux – deux jugés par chroniques rwandaises dont la tra- Gabon, au vu et au su de tout le planificateurs et organisateurs du TPIR ont été « égarées ». Elles cateurs et exécutants du génocide. le TPIR et l’un par un tribunal suis- duction française a paru en 1999. monde, sans que personne du TPIR génocide. Y figurent vingt-trois n’ont pas été retrouvées. Actuellement, quarante-six préve- se –, ils ont tous été condamnés Il résume ainsi une position com- ne soit venu l’y interroger. Puis, noms. Huit de ces présumés « géno- nus sont détenus au siège du TPIR, au Rwanda par une justice sujette mune à la plupart des historiens dans le cadre d’un procès qui se cidaires » vivraient à Bruxelles, capi- LES « MAL JUGÉS » qui se trouve à Arusha, en Tanza- à caution, aux ordres du nouveau du génocide rwandais, qui met- déroule depuis 1998 à Arusha, Aga- tale de l’Europe et siège de l’OTAN. Sans porter atteinte à la justice nie. Neuf procès sont en cours. régime. Aussi, sept ans après le tent gravement en cause l’épouse the Habyarimana a été contactée L’ennemi no 1 sur cette liste – qui internationale naissante, on peut Huit sentences ont été pronon- massacre organisé de la minorité de l’ancien président. Dans son par un avocat de la défense qui vou- n’est pas Agathe Habyarimana, appeler les « mal jugés » du génoci- cées, mais six des condamnés en tutsie, le bilan de la justice rendue ouvrage Rwanda 1959-1996. L’His- lait la faire citer comme témoin. sans que les autorités rwandaises de ceux qui, coupables ou inno- première instance ont fait appel. est, pour le moins, mitigé : il y a toire d’un génocide, publié en Elle avait donné son accord de prin- expliquent pourquoi la tête de l’aka- cents, ont essuyé les plâtres du Parallèlement, des présumés les « impunis », qui manquent à 1997, Gérard Prunier, chercheur cipe. Mais, finalement, l’avocat lui zu perd ce rang – a longtemps rési- TPIR. Depuis que celui-ci existe, « génocidaires » sont jugés au l’appel ; il y a les « mal jugés », au CNRS, affirme ainsi qu’elle a fait savoir que « la cour n’y dé à Nairobi, au Kenya, après avoir les défauts qu’il partage avec Rwanda même, sous l’autorité du non seulement par la justice rwan- était « la vraie maîtresse du pays » [tenait] pas ». Enfin, s’il est exact été expulsé, en août 1994, de son d’autres organes des Nations unies nouveau régime issu de la victoire – ses dérives dispendieuses et la militaire du Front patriotique priorité donnée à la cooptation au rwandais (FPR), le mouvement détriment de la compétence – ont armé de la diaspora tutsie qui a été souvent relevés. Mais c’est l’ad- pris le pouvoir – et, de ce fait, mis ministration de la justice elle- fin au génocide – en juillet 1994. même qui est en cause, qu’il s’agis- Au « pays des mille collines », quel- se de l’insuffisante protection des que cent vingt mille prévenus témoins, du rôle instructeur mal attendent en prison leur jugement assumé du parquet ou de la conni- pour génocide. En sept années, vence de certains avocats de la environ 2 500 procès ont été défense, qui reversent une partie menés à terme. Près de sept cents de leurs honoraires aux parents de des accusés ont été acquittés. Un leurs clients. Plus fondamentale- peu plus de quatre cents ont été ment, le tribunal d’Arusha ne s’est condamnés à mort, dont vingt- pas affranchi de sa culpabilité deux ont été exécutés en public, vis-à-vis du nouveau régime rwan- en 1997. Environ mille trois cents dais, comme s’il devait racheter ont été condamnés à des peines de l’inaction, pendant le génocide, de prison. la communauté internationale La « compétence universelle » dont il est l’émanation. Or plus le ajoute un troisième niveau de tribunal d’Arusha se conçoit jugement au Tribunal internatio- comme un lieu de rédemption, nal d’Arusha et à la justice rwan- plus il manquera à sa mission de daise. Au nom de ce principe de dire la vérité, au nom de la justice droit, que la Belgique a intégré universelle, seul fondement possi- dans sa législation, une cour d’assi- ble d’une réconciliation nationale ses, à Bruxelles, juge, depuis le au Rwanda. 17 avril, quatre Rwandais impli- qués dans le génocide : deux Ci-dessus, sœurs bénédictines, un profes- Agathe Habyarimana, seur d’université et un ancien veuve du président rwandais. ministre, devenu directeur d’usi- Ci-contre, photo extraite ne. Crime extrême, la persécution du documentaire de France 2, d’une population pour ce qu’elle la « Justice des hommes », est – d’un point de vue ethnique retraçant le travail d’Avocats ou religieux – relève de la respon-

MAHA PROD sans frontières au Rwanda. HORIZONS-ENQUÊTE LE MONDE / VENDREDI 8 JUIN 2001 / 17

JACQUES LANGEVIN/CORBIS-SYGMA Le Tribunal pénal international pour le Rwanda siégeant à Arusha, en Tanzanie.

Aucun cas ne l’illustre mieux que relativement mineure et peu expéri- les réduit au silence, au Rwanda, et s’y neutralisent dans un jeu à som- que son ambassade à Kigali l’infor- défense d’un régime « génocidai- celui de Jean Kambanda, l’ancien mentée au niveau national », relève à la clandestinité, quand ils se trou- me nulle. Cette équation est néga- me que, certes, l’intéressé ne figure re », surtout quand on sait que son premier ministre du gouvernement Alison Des Forges dans son ouvra- vent à l’étranger. Où qu’ils soient, ils tionniste : en banalisant le « génoci- pas sur le registre de l’ignominie directeur de cabinet, à l’époque, formé trois jours après l’attentat ge de référence : Aucun témoin ne partagent une évidence avec le mon- daire », qui n’est peut-être qu’un mais que les autorités rwandaises était Théoneste Bagosora, le préve- contre l’avion du président Habyari- doit survivre. Le génocide au Rwan- de entier : dans un pays où un demi- dissident, on banalise le génocide. font officieusement savoir qu’il nu le plus lourdement chargé parmi mana. Au moment où Jean Kamban- da, publié en 1999. Parlant de lui et million d’habitants ont été tués à la Or ce ne sont pas les auxiliaires de « sera inclus sur la nouvelle liste en les prisonniers du TPIR. L’été 1993, da est arrêté, en juillet 1997, le TPIR du président « par intérim », Théo- machette par leurs voisins, les justice qui manquent : combattants cours d’élaboration ». le titulaire de la défense pouvait-il se trouve soumis à une forte pres- dore Sindikubwabo, elle ajoute : « génocidaires » sont légion. Mais de la 25e heure, ils s’acharnent être tenu à l’écart de la planification sion pour prouver, enfin, son utilité. « Ils manquèrent probablement de ils savent aussi, eux, que le soupçon d’autant plus qu’ils agissent avec ’AFFICHAGE est à éclipses : du projet d’extermination ? Le fait A l’époque, trois ans après la fin du l’autorité nécessaire pour influencer légitime est transformé en une bonne conscience. on peut être rattrapé, ou épar- est qu’en juillet 1994, quand le FPR a génocide, aucun procès n’a encore les décisions de grande importance. arme fatale par le nouveau pouvoir La première liste des planifica- Lgné, par son passé. Ainsi, Aga- pris le pouvoir, la mère de James abouti. Quatre procédures viennent Néanmoins, ils partageaient la res- à Kigali, lequel se sert du génocide teurs et organisateurs a été dressée the Habyarimana ne figure-t-elle Gasana a été exécutée à l’entrée des seulement de s’ouvrir : contre le ponsabilité de les avoir appliquées. » comme d’une rente de situation par un homme juste : Alphonse- pas sur toutes les listes. En revanche, troupes dans sa commune. Son maire d’une petite commune, Taba, A ce titre, la réclusion perpétuelle à pour se maintenir en place, impuné- Marie Nkubito, défenseur des d’autres y restent inscrits, bien qu’ils assassin, le chef du commando, est le préfet de Kibuye et deux hommes laquelle Jean Kambanda a été con- ment, avec les mêmes méthodes droits de l’homme sous l’ancien, bénéficient – en Belgique ou au devenu le nouveau maire. Un mois d’affaires, dont l’un fut le second damné ne pose pas problème. En que l’ancien régime Habyarimana. puis sous le nouveau régime. Ce der- Canada – du droit d’asile qui leur a plus tard, une sœur de James Gasa- vice-président des Interahamwe. Or revanche, le procédé employé pour Au Rwanda, l’arbitraire est sans bor- nier fit de lui un ministre de la jus- été reconnu après un examen minu- na a été tuée. Enfin, en 1997, ren- Jean Kambanda se déclare prêt à arriver à cette condamnation n’ho- nes. Toute personne peut y être tice sans pouvoir réel. Cependant, tieux de leur dossier. Enfin, certains trant du Congo-Kinshasa où il s’était assumer la « responsabilité politi- nore pas le TPIR. Suite à son arresta- emprisonnée sur simple dénoncia- avant sa mort en 1996, Alphonse- des « génocidaires » dûment réper- réfugié, l’un de ses frères a été abat- que » du génocide. Déjà en tion, Jean Kambanda a été mainte- tion, puis attendre son procès – Marie Nkubito avait rassemblé les toriés exercent des fonctions officiel- tu. « Chaque fois que je m’exprime, août 1994, réfugié dans l’ex-Zaïre, il nu pendant neuf mois dans un lieu sans garantie d’équité – pendant noms d’environ deux cents « ber- les – préfet, sous-préfet, haut fonc- un membre de ma famille est soit avait réclamé la création d’un tribu- de détention isolé, à l’intérieur de la des années. Pour ne citer qu’un seul gers » du génocide. Le FPR y avait tionnaire… – au Rwanda où, emprisonné, soit tué », expliquait nal international pour juger L’Apo- Tanzanie. Acceptant de plaider cou- d’ailleurs, le nombre des anciens James Gasana, quand il était mis en calypse – titre du livre –, témoignage pable, en contrepartie de la mise en membres du gouvernement, démas- cause en 1998. « Les gens qui veulent qu’il avait entrepris d’écrire. Entraî- sécurité aux Etats-Unis de sa femme « Les gens qui veulent la paix et le respect qués comme « génocidaires » après la paix et le respect des droits de l’hom- née par son adjoint camerounais, et de ses deux enfants, il change leur éviction ou leur fuite, ne cesse me existent. Mais ils sont systématique- Me Bernard Muna, la procureur d’avocat à la veille de son procès, des droits de l’homme existent. Mais ils sont de croître. Font-ils défection parce ment calomniés, ou alors ils se taisent générale d’alors, la Canadienne qui s’ouvre le 1er mai 1998. Son nou- qu’ils sont coupables, ou sont-ils par crainte qu’on ne les taxe de génoci- Louise Arbour, s’enferre dans une veau conseil – un ami de la famille systématiquement calomniés, ou alors ils se coupables parce qu’ils ont fait défec- de. Mon cas n’est qu’un exemple par- démarche qui discrédite le TPIR : au du procureur général adjoint du tion ? La question se pose, pour ne mi beaucoup d’autres. » mépris des faits, elle érige Jean Kam- TPIR (qui vient d’être limogé par taisent par crainte qu’on ne les taxe de citer que l’un des derniers exemples Les mauvais exemples abondent : banda en repenti-clé du système Carla Del Ponte) – ne maîtrise pas le en date, au sujet de l’ex-premier au Rwanda et dans le reste du mon- génocidaire qu’il aurait connu de français. Cependant, il ne demande génocide. Mon cas n’est qu’un exemple ministre Pierre-Célestin Rwigema, de, de tous les côtés, parmi les l’intérieur. pas un report du procès pour pren- dont Kigali a demandé aux Etats- vivants comme parmi les morts. Ces Qui est Jean Kambanda ? Econo- dre connaissance de cinquante heu- parmi beaucoup d’autres » Unis, le 11 avril, l’extradition. Numé- derniers, en effet, n’ont-ils pas été miste de formation, ce Hutu origi- res d’interrogatoires enregistrés et ro 2279 sur la plus récente liste des tués deux fois, victimes d’un génoci- naire du Sud est, au départ, un de 200 kilos de documents saisis James Gasana, « génocidaires », l’ancien chef du de resté sans conséquence ? Ceux opposant. Le 1er septembre 1990, il lors de l’arrestation de son client, gouvernement – pendant cinq ans, qui ont planifié leur mort n’ont pas défie le président Habyarimana et qu’il présente, à l’audience, comme ancien ministre rwandais de la défense jusqu’en janvier 2000 – aurait « distri- été jugés. Le bain de sang n’a pas été son parti unique en cosignant l’ap- une « marionnette » entre les mains bué des armes aux miliciens de son expié par le droit. N’est-ce pas, aus- pel des intellectuels réclamant l’ins- des « durs » du « hutu power », quel- quartier » pendant les massacres. si, le martyre des vivants ? Leur tauration du pluralisme politique. qu’un qui n’aurait eu « aucune part exemple : bien qu’il fût absent du ajouté autant de suspects sortis de Le 18 mars 1998, Jean Ziegler et conscience du mal extrême, qui s’est Celui-ci obtenu à l’arraché, il dans la planification du génocide », Rwanda pendant le génocide, Bara- ses registres, et cette première liste vingt-six autres députés suisses ont accompli en 1994, reste une plaie devient l’un des membres fonda- tout ayant été « préparé et emballé gwiriza Runyinya est maintenu, était mise en circulation, notam- interpellé le gouvernement helvéti- ouverte, sans vérité pour l’aider à se teurs du Mouvement démocratique pour lui ». Mais au lieu des deux ans sans acte d’accusation, depuis octo- ment au sein du système des que au sujet de James Gasana, minis- renfermer. Au Rwanda, c’est la ven- républicain (MDR), un parti d’oppo- envisagés par son avocat, Jean Kam- bre 1994 en détention à Butare, la Nations unies. Lorsque, en 1996, tre rwandais de la défense jusqu’à sa geance. Ailleurs, en dépit des dis- sition. Ensuite, quand sa famille poli- banda est sanctionné de la prison à principale ville du Sud. Son épouse, une loi organique adoptée par le fuite, en juillet 1993. Réfugié, James cours de repentance, l’indifférence tique se déchire entre, d’une part, vie par le tribunal. Transféré au cen- enfermée comme du bétail dans un Parlement rwandais a formalisé le Gasana était employé par la Coopé- plane sur les fosses communes. Les les partisans d’une alliance avec le tre de détention de l’ONU à container de l’armée rwandaise, est recensement des « génocidaires de ration suisse comme consultant. L’in- crimes de guerre dans l’ex-Yougosla- FPR et, d’autre part, les tenants du La Haye, où siège la chambre d’ap- morte d’étouffement. premier ordre », en prévoyant sa dignation était d’autant plus vive vie hantent infiniment plus la com- « hutu power » – lesquels préfèrent pel du TPIR, il refuse toute collabo- remise à jour régulière et sa publica- qu’une commission d’enquête parle- munauté internationale que le crime rallier Habyarimana plutôt que de ration avec le Tribunal internatio- EPUIS sept ans, les nouvel- tion dans le Journal officiel, 1 946 mentaire en Belgique avait, selon contre l’humanité au Rwanda. Si le pactiser avec le mouvement rebelle nal. Or, comme il n’est pas revenu les autorités de Kigali dres- noms figuraient sur cette liste. Pour Jean Ziegler et ses cosignataires, massacre organisé d’un demi-mil- tutsi –, il choisit le camp de la sur son plaidoyer de culpabilité Dsent une liste des « génoci- sa seconde édition, en juillet 1999, « mis à jour le rôle de Gasana » dans lion de civils avait eu lieu ailleurs « majorité naturelle » hutue. Le dans les délais prévus par la loi, sa daires » dits « de la première catégo- environ 800 noms ont été suppri- la préparation du génocide. « Imagi- qu’en Afrique, les « impunis » cour- 7 avril 1994, lendemain de l’attentat peine sera confirmée en appel, tou- rie », qui recense les planificateurs més, et quelque 900 autres y ont été nez que la Suisse ait engagé l’ex-minis- raient-ils toujours ? Les prévenus du contre l’avion présidentiel, il cher- jours sans débat sur le fond. Est-ce et les principaux organisateurs des ajoutés. Enfin, 36 noms ont disparu tre de la défense de Hitler juste avant crime absolu seraient-ils aussi mal che refuge dans une enceinte militai- vraiment, comme l’a soutenu Carla massacres de 1994. Cette liste sert et 801 nouveaux sont apparus sur la la solution finale », s’insurgeait le libé- jugés ? Pour se racheter d’un génoci- re à Kigali. C’est là que Théoneste Del Ponte le 14 avril 2000, « un évé- de moyen de pression auprès d’une dernière mouture, datant du ral Jean-Michel Gros. L’argument de qu’il n’a pas eu la volonté d’empê- Bagosora vient le chercher pour lui nement historique, un jalon impor- communauté internationale qui, 11 avril dernier, qui recense 2 898 avait été développé dans une lettre cher, le monde permettrait-il au régi- offrir le poste à la tête du nouveau tant dans la contribution du droit par incapacité ou par manque de « génocidaires ». envoyée aux députés, le 16 mars, par me successeur de diffamer ses dissi- gouvernement. Pourquoi à Jean international à la réconciliation et à volonté, n’a toujours pas arrêté les A quoi sert la liste du gouverne- cinq associations rwandaises, dont dents comme « génocidaires » ? Les Kambanda ? Parce qu’il a été le can- la paix par la justice » ? « cerveaux » en fuite. Mais elle sert, ment rwandais ? Elle est surtout des- l’une avait été créée pour la circons- réponses ne sont que trop éviden- didat malheureux à l’investiture du aussi, à discréditer des adversaires tinée à l’usage externe. Elle permet tance. Quant à la commission d’en- tes. Il y a deux poids et deux mesu- MDR, en juin 1993, face à Agathe LES « DIFFAMÉS » du régime et, plus particulièrement, aux consulats délivrant des visas, quête belge, Jean Ziegler avait con- res pour l’universel. Pourtant, s’il y Uwilingiyimana, devenue à sa place Sans préjuger, là encore, de leur toute personnalité influente au sein aux firmes et instances internationa- fondu le prénom : en fait, elle avait avait une leçon à tirer du passé au premier ministre. Agathe Uwilingiyi- responsabilité, on peut les appeler de la diaspora rwandaise qui, en les qui embauchent, ou aux organis- mis en cause, comme fondateur de Rwanda, ce serait celle-ci, pour tout mana ayant été assassinée dans les les « diffamés » du génocide : tous exprimant un point de vue indépen- mes chargés de statuer sur des l’une des premières milices, Anasta- le monde : le verbe tue avant l’acte, premières heures du génocide, il ceux qui, sans preuve ni possibilité dant, pourrait rallier du soutien demandes d’asile, de nourrir ou se Gasana, qui était, en mars 1998, et la lâcheté d’aujourd’hui creuse les s’agit de sauver l’apparence, dans la de se défendre, sont accusés sur la autour d’elle. Autant dire que le d’écarter un soupçon. C’est un pis- ministre des affaires étrangères du tombes de demain. Les morts et les lutte finale qui s’engage avec le place publique du plus ignoble des registre des « bergers » du génocide aller, hors normes judiciaires, qui nouveau pouvoir à Kigali… vivants sont-ils morts et vivants FPR, d’un gouvernement d’union crimes contre l’humanité. Recher- est bien tenu. Aucun nom n’y figure ouvre la voie à l’arbitraire. Par exem- C’est une histoire sans morale. pour rien ? nationale conduit par un opposant. chés comme les « impunis », leur par hasard, même si – ou, précisé- ple, quand un Etat refuse le statut Car il est évidemment légitime de Kambanda est « une personnalité peur de finir parmi les « mal jugés » ment, parce que – le vrai et le faux de réfugié à un requérant, parce s’interroger sur le ministre de la Stephen Smith 18 / LE MONDE / VENDREDI 8 JUIN 2001 HORIZONS-DÉBATS

L’idée socialiste, aujourd’hui par Henri Weber Les uns RENTE ans après le volontaires, est constitutive du combat du mouvement ouvrier tecture du système financier inter- congrès d’Epinay, qui a vu socialisme, au moins autant que pour la consolidation et l’approfon- national ; construction de l’Union la fondation du nouveau l’idéal démocratique. dissement de la démocratie, son européenne et d’autres regroupe- TPS, quatre-vingt-seize ans – L’aspiration à l’humanisation évolution en démocratie économi- ments politiques transnationaux ; après le congrès de Paris, qui a vu la de la société. Le projet socialiste est que et sociale. Ce combat passe coopération entre ces grandes enti- ou les autres naissance de la SFIO, que reste-t-il aussi et surtout un projet de civilisa- aujourd’hui par la reconquête tés politiques continentales en vue de l’idée socialiste ? tion. Le socialisme n’aspire pas seu- d’une société de plein-emploi – et de promouvoir une croissance for- par François Chesnais Si l’on réduit cette idée à la ver- lement à instituer une société de de bon emploi – ; la sécurisation te et durable, respectueuse de la sion, longtemps dominante en « bien-être », mais encore une des parcours professionnels, la pro- nature et attentive au développe- E séisme politique provo- dicales des entreprises menacées Europe continentale, qu’en a don- société du « bien vivre ». La « socié- tection des citoyens contre tous les ment des pays du Sud et de l’Est. qué par les résultats aux par les plans de licenciements né le marxisme, il est sûr qu’au- té désirable » est, selon lui, celle qui risques collectifs : insécurité publi- Etre socialiste au XXIe siècle, c’est élections municipales s’am- (Danone, AOM-AOL, Marks and jourd’hui il n’en reste pas grand- permet aux êtres humains de réali- que, sociale, environnementale, ali- veiller à ce que la nouvelle révolu- Lplifie. Le PS et le PCF ont Spencer, etc.) ont réalisé l’unité et chose. Rares sont ceux qui adhè- ser toutes les potentialités dont ils mentaire… Il passe aussi par une tion technologique soit mise au ser- perdu des dizaines de villes ouvriè- appelé à manifester le 9 juin à rent encore à l’utopie de la société sont capables et, en particulier, les réforme des institutions favorisant vice du progrès social, culturel et res et populaires ; à l’inverse, ils Paris sans se soucier d’avoir l’ac- parfaite – sans classe, sans Etat, plus hautes : exercer leur liberté, l’essor d’une citoyenneté active, démocratique. Ces technologies ne ont emporté trois des bastions de cord préalable du bureau confédé- sans guerre, sans pénurie… –, fon- accéder pleinement aux œuvres de illustrée par les lois récentes sur la doivent pas déboucher sur de nou- la droite, dont Paris, miné par la ral de la CGT ou l’appui du PCF. dée sur la propriété collective des la culture et de l’esprit, donner libre parité, le non-cumul des mandats, velles formes d’inégalités, d’oppres- corruption et les divisions. La droi- C’est un véritable événement politi- entreprises et la planification cen- cours à leur créativité individuelle le second train de décentralisation, sion, d’aliénation, qui viendraient te n’a quasiment pas progressé. que. tralisée de la production, que nous et collective. le quinquennat… Ce combat passe aggraver celles qui existent déjà. Les gains qu’elle a enregistrés sont Une fraction significative des tra- promettait le génial auteur du Capi- Ces trois aspirations appellent enfin par le développement de con- Elles doivent permettre un nou- dus à une abstention populaire vailleurs passe de la défiance à tal. aujourd’hui des réponses nouvel- tre-pouvoirs – politiques, associa- veau bond en avant de la civilisa- massive. l’égard du gouvernement qui sou- Mais une telle réduction est abusi- les, mais conservent une extraordi- tifs, syndicaux – capables d’équili- tion, l’accès du plus grand nombre L’autre trait marquant de ces tient le patronat à un processus ve. L’idée socialiste a préexisté au naire acuité : brer les nouveaux centres de pou- à la culture et à la création ; l’avène- élections, c’est que, là où l’extrême d’organisation pour le combattre. marxisme et lui a survécu. Elle est – Avec la réapparition d’un chô- voirs qui se sont constitués et de fai- ment d’une société où, pour la pre- gauche avait des listes, elle obtient Nous voyons une nouvelle généra- née, il y a cent cinquante ans, du mage de masse, la montée du tra- re prévaloir dans le processus de mière fois dans l’histoire de l’huma- des résultats considérables, parti- tion de militants ouvriers entrer choc de deux mouvements histori- nité, le temps libre, celui que l’on culièrement dans les secteurs dans l’action. Nous voyons des ques qui sont loin d’avoir épuisé e consacre aux activités de son choix, ouvriers. En clair, une fraction de salariés plus âgés tendre la main leurs effets : le mouvement démo- Etre socialiste au XXI siècle, c’est veiller l’emporterait pour chacun sur le ceux qui jusqu’alors s’abstenaient aux jeunes sur les lieux de travail, cratique, à l’œuvre en Europe occi- temps de travail contraint. pour manifester leur déception mais aussi dans les nouvelles for- dentale au moins depuis la Renais- à ce que la nouvelle révolution technologique Deux tendances lourdes permet- contre « la gauche plurielle » ont, mes associatives dont le surgisse- sance ; et le mouvement ouvrier, né tent de pronostiquer un bel avenir cette fois, massivement voté pour ment est l’un des traits originaux de l’essor du capitalisme et de l’in- soit mise au service du progrès social, au socialisme : les listes anticapitalistes, donc anti- de la situation actuelle. dustrialisation. – La diffusion mondiale de l’idéal gouvernementales. Le sénateur socialiste Claude Le socialisme est apparu dans la culturel et démocratique démocratique, conséquence de la Au second tour, une grande par- Estier estime (Le Monde du 25 mai) première moitié du XIXe siècle, lors- faillite des deux totalitarismes qui tie de ces électeurs a refusé de se que les organisations d’extrême que les éléments éduqués de la clas- ont ensanglanté le XXe siècle. désister pour les listes de la gauche gauche, qui dénoncent le capitalis- se ouvrière ont voulu donner pour vail précaire, l’aggravation de l’insé- décision une meilleure articulation – Le développement internatio- plurielle, considérant que, en la me, sont incapables « d’accéder au eux-mêmes et pour leurs sembla- curité publique et sociale, l’explo- du contrat et de la loi. nal du salariat, conséquence de l’ex- matière, gauche plurielle ou droite pouvoir », qu’elles n’en ont bles un contenu concret aux sion sans précédent des inégalités, Etre socialiste au seuil du XXIe siè- pansion mondiale du capitalisme. officielle, il n’y avait plus de diffé- d’ailleurs pas le moindre « désir », valeurs de la République : liberté, c’est le socle même de la démocra- cle, c’est poursuivre le long combat Comme les prolétaires européens rence. bref, qu’elles ne sont pas crédibles. égalité, solidarité, progrès, droits tie, ses pré-conditions matérielles de la social-démocratie pour maîtri- au XIXe siècle, les salariés d’Asie, De fait, le gouvernement Jospin Propos sévères, mais qui souli- de l’homme, souveraineté de fonctionnement, qui se trouvent ser les forces du marché : leur impo- d’Afrique, d’Amérique latine, ceux a privatisé plus que ses deux prédé- gnent un vrai problème. De fait, populaire… aujourd’hui attaqués. ser de prendre en compte d’autres aussi des anciens pays du bloc sovié- cesseurs de droite. De fait, il a ces organisations ont du travail, Comme mouvement historique, – Avec la mondialisation et la considérations que la seule créa- tique, luttent aujourd’hui pour la imposé l’annualisation et la flexibi- beaucoup de travail. Elles doivent le socialisme se définit par trois financiarisation de l’économie, la tion de valeur au profit des action- reconnaissance de leurs droits civils lité avec la loi des prétendues élaborer un programme anticapita- grandes aspirations qui n’ont rien question de la maîtrise de notre ave- naires : conditions de travail et d’ex- et politiques, mais aussi de leurs 35 heures, aboutissant au blocage liste de gouvernement non dans le perdu de leur actualité : nir collectif se trouve à nouveau istence des salariés, préservation de droits économiques et sociaux. Ils des salaires. Il a refusé de régulari- huis clos de leurs instances, mais – L’aspiration à une démocratie posée de façon critique, comme l’environnement, respect des identi- exigent une démocratie effective ser les sans-papiers, d’augmenter dans une interaction organisée, accomplie – la « République socia- viennent de l’illustrer les cinq crises tés et de la diversité culturelle. aussi pour les plus démunis en les minima sociaux pour les chô- le » – reposant sur des citoyens économiques de la dernière décen- Ce combat passe aujourd’hui par même temps qu’un développement meurs et les sans droits, alors qu’il éclairés et actifs qui jouissent non nie. la définition de nouvelles formes de maîtrisé et équitable de l’économie affichait ses liens de familiarité Georges Marchais seulement de droits civils et politi- – Avec la nouvelle révolution régulations de l’économie et le et sa subordination à l’essor d’une avec le président du Medef et pré- ques étendus, mais aussi de tout un technologique en cours, la question développement des institutions société plus juste et plus humaine. parait une loi imposant le PARE avait inventé ensemble de droits économiques et de la société désirable et du bien internationales capables de les faire Les socialistes gouvernent aujour- aux travailleurs, contre l’avis de la sociaux. vivre se pose elle aussi dans des ter- appliquer : nouvelles règles pruden- d’hui dans les principaux pays de majorité des syndicats ouvriers. les « gauchistes – L’aspiration à la maîtrise de mes renouvelés. Après la sphère tielles et d’analyse des risques ; l’UE, mais leurs aspirations sont On pourrait continuer à énumé- notre avenir collectif, et en particu- des biens puis des services, l’expan- réforme des institutions de Bretton- portées désormais par plus de rer le catalogue des actes ressentis Marcellin », voilà que lier du fonctionnement et de l’évo- sion des rapports marchands gagne Woods (Banque mondiale, FMI…) ; 160 partis dans le monde ; la plu- à juste titre par les salariés comme lution de l’économie. Le socialisme désormais celles de la culture et du développement et démocratisation part agissent dans les pays du Sud véritables trahisons. Le refus fer- le premier secrétaire s’est construit en opposition au dog- vivant. Au service de quelles fins, des « agences publiques de régula- et de l’Est. me, inflexible, du premier ministre me libéral de la « main invisible » de quel projet de société, de quel tion » (OMC, OMS, OIT, FAO, Unes- d’interdire les licenciements fût-ce du PS, qu’on a connu du marché. La conviction que les idéal de civilisation développer ces co…) ; renforcement du rôle et des pour les groupes qui font d’énor- « régulations spontanées » sont technologies formidables et redou- moyens de l’ONU, en vue de don- Henri Weber est sénateur de la mes profits, permet de décrypter plus mesuré, invente nécessaires mais pas suffisantes, tables ? ner corps progressivement à une Seine-Maritime, secrétaire national la signification profonde des résul- qu’elles doivent être complétées Etre socialiste, au seuil du meilleure gouvernance mondiale ; du PS chargé de la culture et de la tats des élections passées, mais les « gauchistes par des régulations conscientes et XXIe siècle, c’est poursuivre le long mise en place d’une nouvelle archi- formation. aussi à venir. L’insécurité sociale et économique se développe et les Chirac » salariés font chaque jour l’amère expérience de la politique capitalis- te et libérale de la gauche plurielle. ouverte et démocratique avec les Skyrock : régulation oui, discrimination non Le Parti socialiste aurait pu s’in- travailleurs, les militants associa- terroger, réfléchir, engager avec tifs, les citoyens, et elles doivent les salariés un débat. Non. Fran- s’unir. par Pierre Bellanger çois Hollande a trouvé un respon- C’est l’un des enjeux de l’avenir. sable à la défaite enregistrée : l’ex- En attendant, les militants de ces KYROCK est, avec plus de re de ceux qui n’ont pu arraisonner sur vingt-quatre en direct. Il suffit juge ? L’atteinte échappe à la défini- trême gauche ! Pis, voilà qu’il déve- organisations sont du côté des sala- quatre millions d’auditeurs les puissants, bouc émissaire lors- d’extraire des portions de phrases tion précise, elle nous livre par là loppe la théorie du complot : l’ex- riés, pas du côté du capital. Ils par jour, la première radio qu’il s’agit d’affirmer une autorité hors de leur contexte, de les aligner même à l’arbitraire. Comment alors trême gauche s’apprêterait à faire défendent – autre exemple – le sys- Sde France des moins de menacée, victime des bien-pensants bout à bout puis de les lire avec un accepter cette mise en demeure qui élire Jacques Chirac ou tout autre tème de retraite par répartition, vingt-cinq ans. Toute la nouvelle de tous bords, heureux de s’ériger en ton de réquisitoire et l’affaire est fai- place au-dessus de nous une épée de candidat de la droite à l’élection pas les fonds de pension que Lau- génération se retrouve à son écoute, gardiens de la morale – de leur mora- te. Lorsque le CSA ramène à Damoclès soumise à l’exception judi- présidentielle ! Arlette Laguiller, rent Fabius commence à mettre en s’y exprime et lui donne d’extraordi- le – sur notre dos, notre radio a subi deux pages dactylographiées plus de ciaire et à la mesure par autrui du Alain Krivine, seraient donc des place. En somme, monsieur le séna- naires résultats d’audience : Skyrock un traitement de choc qui aurait dû deux cents heures d’antenne, il crée convenable ? C’est la nature même agents électoraux de la droite… teur, si vous posez un véritable pro- est première radio musicale à Paris nous tuer cent fois, si les auditeurs l’objet même de son indignation et de Skyrock qui est soudain mena- Georges Marchais avait inventé les blème : comment réélaborer un et se trouve devant ses concurrentes n’avaient pas été toujours là pour nous condamne. Quelle radio résiste- cée : sa liberté d’expression. « gauchistes Marcellin », voilà que programme socialiste et démocrati- directes dans la plupart des principa- nous sauver. rait à cette manœuvre ? Aucune C’est pourquoi nous avons refusé le premier secrétaire du PS, qu’on que, celui que vous avez depuis les villes de France où elle émet. Qu’on en juge – les chiffres sont émission d’humour, de franc-parler, cette mise en demeure et prié le CSA a connu plus mesuré, invente les longtemps abandonné avec vos Force motrice de l’explosion popu- accablants : de 1992 à 2000, le Con- de dérision, de caricature sur aucune de procéder à son retrait. Le CSA qui « gauchistes Chirac ». C’est évi- alliés du PCF, les militants d’extrê- laire du rap en France, Skyrock a fait seil supérieur de l’audiovisuel a per- télévision ou radio ne serait épar- a cru devoir se justifier dans les demment une médiocre calomnie. me gauche agissent dans la clarté, découvrir toute une cohorte de nou- mis aux trois principaux groupes gnée. Selon cette méthode autiste et pages Débats du Monde (5 juin) de Qui refuse au député PS Arnaud ne jouent pas sur deux tableaux. veaux talents francophones qui ont radio de passer pour le premier – brutale, Guy Bedos est un sexiste, sa mise en demeure qu’il réduit pour Montebourg les signatures qui per- Il ne s’agit pas de « réguler » la fait du rap le genre musical favori de l’occasion à un presque rien. Le CSA mettraient de traduire l’actuel chef société de marché, mais de trouver la jeune génération. Issue des radios qui, après avoir transmis son rapport de l’Etat devant la Haute Cour de les voies démocratiques qui con- libres, elle est aussi le forum de libre La liberté de ton, la symbiose d’écoute – sans nous en faire parve- justice ? Qui interdit aux socialis- duisent à l’organisation d’une expression de la jeunesse. L’émis- nir copie – aux principales rédac- tes, aux communistes, aux Verts, société débarrassée de la barbarie, sion de libre antenne animée par avec la nouvelle génération, le parti pris tions pour susciter le dégoût à notre de décider, à l’Assemblée nationa- de la propriété privée des grands Difool est la première émission de encontre battra en retraite devant le, de revenir immédiatement sur moyens de production. Bref, de radio le soir, toutes radios confon- culturel de la nouvelle France multicolore son insuccès, acceptant soudain la toutes les privatisations, sans mettre Marx, Jaurès, Trotski, Rosa dues, avec plus d’un million et demi vulgarité à l’antenne – dont acte – et indemnités ni rachat, sauf pour les Luxemburg à l’heure des intercon- d’auditeurs à l’écoute. Caisse de réso- ainsi que notre indépendance ont un prix. se repliera sur la protection des parti- petits porteurs ? D’interdire immé- nexions militantes par Internet, en nance de culture de rue, fer de lance cipants au « Loft » incapables de se diatement les licenciements, de intégrant dans un programme de la multiculture, radio de la parole Et ce prix est terrible défendre selon lui. Depuis, ces der- rouvrir les discussions avec les syn- révolutionnaire renouvelé les à tous, Skyrock est un programme niers ont attaqué en justice certains dicats de fonctionnaires, de trans- catastrophiques bilans politiques unique, reconnu par les sociologues des titres de presse qui les mettaient former les emplois jeunes en des staliniens et des sociaux-démo- pour ses vertus de lien social, de dia- RTL – de 87 à 462 fréquences, pour Coluche un raciste et nous tous des en cause. L’argument est tombé de emplois pérennes, de régulariser crates. logue et d’intégration. le deuxième – Europe 1 – de 83 à 534 futurs mis en examen du rapport lui-même. Est resté l’ultime recours : les sans-papiers, bref, de mener La clarté, la transparence, démo- Première radio indépendante des fréquences et pour le troisième – d’écoute. le sexisme. Une telle aberration, un une politique de reconquête de cratiques, s’imposent. C’est dire si, trois principaux groupes radio, déte- NRJ – de 183 fréquences à 628. Dans Lorsque l’intention est de nuire, tel contresens scandaleux a bien fait l’électorat qui lui a fait défaut ? comme des milliers de militants nue par son fondateur et un partenai- le même temps, Skyrock, seul grand on ne s’embarrasse pas de dialogue. rire les près de deux millions de jeu- La politique gouvernementale d’Attac, j’ai éprouvé un sentiment re financier, elle est aussi une entre- réseau indépendant de ces Ah ! que j’aurais aimé, comme les nes filles et de jeunes femmes qui apparaît non sans raison aux sala- pénible en apprenant par Le Mon- prise durable et solide qui apporte sa trois groupes, gagnait 21 fréquen- dirigeants de M6 reçus par le CSA à nous écoutent chaque jour. Un jour, riés, chômeurs, jeunes, comme de que l’un des porte-parole de l’as- contribution à la prospérité nationa- ces, passant de 85 à 106. propos de « Loft Story », écouter ils vous diront peut-être que Sky- semblable, à quelques nuances sociation s’était précipité à Mati- le et dont la jeune équipe est certai- C’est une mise à mort administrati- des recommandations, réfléchir à rock transmet la rage par les ondes… près, à celle que la droite a menée. gnon pour discuter avec le direc- nement une des plus talentueuses. ve par garrot. Notre première place des aménagements, accéder à des Skyrock est une radio responsa- C’est ce que disent les grévistes à teur de cabinet du premier minis- Mais la liberté de ton, la symbiose sur la nouvelle génération, nous suggestions ! Il n’en est rien. On ble, républicaine. Nous acceptons le la SNCF, chez les sages-femmes, tre… de la lutte contre la mondiali- avec la nouvelle génération, le parti l’avons gagnée alors que nous ne cogne. Et c’est la mise en demeure. rôle et la mission du régulateur que dans les transports en commun sation ! Au moment où le gouver- pris culturel de la nouvelle France sommes pas autorisés à Strasbourg, Mise en demeure qui signifie, com- nous respectons. Nous sommes dis- des grandes villes de province et, nement déposait un projet de loi multicolore ainsi que notre indépen- Montpellier, Valenciennes, Bayon- me le dit l’article 42.1 de la loi de posés au dialogue mais nous ne céde- évidemment, dans tous les sec- qui modernise, organise, encadre dance ont un prix. Et ce prix est terri- ne, Nîmes, Mulhouse et tant 1986, le possible retrait d’autorisa- rons pas devant l’inégalité de traite- teurs où sont annoncés des plans les plans de licenciements ! ble. Car, privée des faveurs et des pri- d’autres villes… Cette bataille tion. Si le CSA prétend le contraire, ment. Oui à la régulation, non à la de licenciements. Les uns ou les autres. Il faut choi- vilèges que l’appartenance à une d’audience à armes inégales était des- lisez la loi. discrimination. Les uns, en haut, défendent les sir. puissance médiatique confère, de tinée à nous tuer. Nous avons survé- Nous sommes donc mis en demeu- intérêts des grands groupes capita- surcroît rejetée par les élites compte cu et réclamons une couverture re de ne plus porter atteinte à la listes européens et français. Les tenu de sa proximité avec la jeu- nationale légitime et méritée. dignité humaine sous peine de ris- Pierre Bellanger est président autres, en bas, s’organisent pour François Chesnais est profes- nesse populaire souvent issue de Il fallait donc s’attaquer à notre quer de perdre notre autorisation et fondateur de Skyrock. lutter contre le gouvernement qui seur associé émérite d’économie et l’immigration, Skyrock s’est retrou- programme. C’est facile avec une d’émettre. Que sera cette « grave met en œuvre cette politique. rédacteur en chef de « Carré vée comme la cible parfaite. Exutoi- radio qui émet vingt-quatre heures atteinte » dont le CSA sera seul f www.lemonde.fr/loftstory C’est ainsi que des sections syn- rouge ». HORIZONS-ANALYSES LE MONDE / VENDREDI 8 JUIN 2001 / 19 Amélie et la boîte aux fantasmes 0 123 21 bis, RUE CLAUDE-BERNARD – 75242 PARIS CEDEX 05 AUDREY TAUTOU muse de lie. Mais les promoteurs du film, Autant-Lara, l’incarnation de la met de le plier à tous les fantas- Tél. : 01-42-17-20-00. Télécopieur : 01-42-17-21-21. Télex : 202 806 F l’extrême droite ? Djamel Deb- qui avaient choisi de le sortir en classe ouvrière opprimée par mes, à toutes les projections vers Tél. relations clientèle abonnés : 01-42-17-32-90 Changement d’adresse et suspension : 0-803-022-021 (0,99 F la minute). bouze incarnation des victimes salles le jour de l’annonce de la MM. Riboud et Vandevelde. Plus le présent. Ceux qui voudront y Internet : http: // www.lemonde.fr du grand capital ? On souhaite sélection cannoise, ont présenté généralement, l’hostilité affichée voir – pour s’en féliciter ou le aux comédiens du Fabuleux Des- l’affaire comme si une coterie de par les anti-Amélie a été inter- déplorer – l’image d’une France ÉDITORIAL tin d’Amélie Poulain un sens de bourgeois parisiens avait refusé prétée comme la preuve du encore vierge de l’emprise de l’im- l’humour à toute épreuve pour un bol d’air sur la Côte d’Azur à dédain de l’intelligentsia pour les migration n’auront pas beaucoup assimiler les interprétations une fleur de barrière anémiée. La gens « vrais ». Il faut quand plus d’efforts à faire que ceux qui contradictoires de leurs personna- manœuvre a été exécutée avec même avoir une idée très approxi- y auront découvert la représenta- L’Iran vote ges depuis la sortie du film de assez de finesse pour que ce petit mative du petit commerce à Paris tion du peuple en majesté. Jean-Pierre Jeunet, le 25 avril. piège se transforme en ruban tue- (qu’il s’agisse de l’épicerie ou des Avant de réaliser Le Fabuleux ES Iraniens votent, libre- qui comptait pour imposer ses Pourtant, depuis le début de l’an- mouches sur lequel se sont sex-shops, puisque Nino Quin- Destin d’Amélie Poulain, Jean-Pier- ment. Quarante-trois mil- réformes. Dans la complexe et née 2001, trois films français, Le englués les polémistes. campoix travail dans un de ces éta- re Jeunet avait donné un très trou- lions d’entre eux élisent bizarre structure institutionnelle Placard, La Vérité si je mens 2 et Le D’un côté, les détracteurs du blissements) pour reconnaître blant quatrième épisode à la série Lvendredi 8 juin leur prési- duale qui est celle de l’Iran isla- Pacte des loups ont attiré chacun film, agacés par son artifice, se dans les boutiques du Fabuleux Alien. Ripley, l’héroïne qui lutte dent. Ils le font dans des condi- mique, la réalité du pouvoir plus de spectateurs que les sont sentis visés par la posture Destin le reflet du Paris d’aujour- contre l’indestructible créature tions proches d’une vraie démo- appartient très largement au Gui- 4,2 millions réunis au 30 mai par anti-intellectuelle que les parti- d’hui. depuis 1979, était toujours incar- cratie. Au Proche-Orient, c’est de de la révolution, l’ayatollah Amélie. Ces trois films auraient pu sans d’Amélie Poulain avaient née par Sigourney Weaver mais le déjà très singulier. Dans les Ali Khamenei. Ce dernier dispo- susciter des débats, sur l’homo- adoptée à l’occasion de l’incident ÉVOCATION DU PASSÉ scénario en avait fait un clone du parcs de Téhéran, on discute se d’une force armée, avec les sexualité pour l’un, sur le cannois. Certains ont alors prêté Il est frappant de voir que, de personnage original. Remplaçant volontiers politique, sans crain- Gardiens de la révolution, d’une communautarisme et la grande au film des arrière-pensées qui chaque côté, on essaie de rame- le discours de l’horreur et du fan- te ; on parle aux journalistes, force de frappe économique distribution pour l’autre, sur le allaient bien au-delà des choix ner la petite serveuse et la cohor- tastique par les figures du bon- sans tourner la tête par-dessus énorme avec les grandes fon- rapport de la jeunesse à l’histoire esthétiques assumés à l’écran te de figures pittoresques qui l’es- heur et de la familiarité, Le Fabu- son épaule ; on affiche ouverte- dations religieuses, enfin du pour le troisième. Ils n’ont comme à la ville par Jean-Pierre corte vers le présent, alors que leux Destin d’Amélie Poulain ne ment ses préférences, sans men- contrôle absolu sur le pouvoir provoqué, après les critiques de Jeunet. Appliquant au cinéaste tout le mouvement du film tend s’écarte pas tant que ça de la thé- tir. Le mérite en revient très lar- judiciaire. rigueur, qu’un silence assour- une politique des quotas dont vers l’évocation du passé. Et cette matique d’Alien. gement au président sortant, le Au service du clan le plus dissant et c’est Amélie qui a sont généralement exemptés la évocation n’a rien à voir avec l’his- Ce n’est plus le personnage qui réformateur Mohammad Khata- conservateur du clergé, cette réveillé les passions politiques et plupart des cinéastes (de Woody toire ou la mémoire. Il s’agit juste, souffre de sa condition de clone, mi, qui sollicite un deuxième puissance économico-judiciaire esthétiques. Allen à Jean-Luc Godard), on a à partir de bribes de souvenirs, de c’est tout le film qui exprime la mandat. Le scrutin n’en a pas a tenu M. Khatami en respect. A première vue, cette tempête reproché au cinéaste d’avoir ima- reconstruire un paradis d’autant nostalgie d’un hypothétique âge moins lieu dans une atmosphère Une bonne partie de la presse s’est levée à rebours de toutes les giné une micro-société franco- plus perdu qu’il n’a jamais existé. d’or du cinéma, reconstitué mais de très grand désenchantement. réformatrice a été fermée ; nom- règles du débat d’idées. Le film de française. La présence de Jamel Un paradis dans lequel les liens pas ressuscité, tout en admettant Chez les jeunes et les femmes, bre d’intellectuels, de journalis- Jean-Pierre Jeunet ne pourrait Debbouze au générique étant sociaux se réduiraient à ceux l’irrémédiable disparition des dans les élites intellectuelles et tes, de dirigeants étudiants sont être plus déconnecté de la réalité tenue pour nulle et non avenue d’une famille librement choisie désirs et des ambitions éteints par économiques du pays, les déçus emprisonnés ; les réformes ont quotidienne : son scénario fuit les en raison du prénom de son per- (un thème qui parcourt le cinéma l’histoire. A ce regret originel voi- du khatamisme sont nombreux. été torpillées ou tuées dans problèmes de société comme la sonnage : Lucien. mondial, de Hollywood à là que vient s’ajouter le fardeau Ce n’est pas que la personnali- l’œuf. Dans leur vie quotidien- peste, construisant minutieuse- A rebours, d’autres ont vu dans Taïwan), environnée d’un paysa- des susceptibilités et des fantas- té de ce grand religieux soit ne – des modes vestimentaires ment une espèce de refuge hors cette figure de commis écrasé par ge infiniment corrigible grâce à la mes des uns et des autres. moins séduisante. L’homme est aux loisirs –, les 63 millions d’Ira- du temps dans lequel deux amou- un patron beurre-œufs-fromages, puissance que confère la digitali- sans doute l’un de ceux qui, dans niens se sont forgé un espace de reux, Amélie et Nino, font leur espèce d’épicier roi du marché sation des images et des sons. Cet- Thomas Sotinel cette région, a le plus réfléchi à liberté. Mais ils restent à la merci nid. Cette vacuité délibérée a rapi- noir, tout droit sorti de La te plasticité du monde virtuel ima- l’adaptation de la tradition isla- de l’arbitraire de tel ou tel mol- dement été investie, jusqu’à deve- Traversée de Paris de Claude giné par Jean-Pierre Jeunet per- f www.lemonde.fr/cinema mique à la démocratie. Ce politi- lah, grand ou petit chef religieux. nir un champ de bataille sur que prudent, grand charmeur, Ce n’est pas l’Etat de droit, c’est lequel chacun ferraille dans son ennemi de toute violence, main- toujours la mollahrchie. Et l’éco- coin, le critique de cinéma s’escri- tient le cap d’un programme défi- nomie ne se porte bien que par mant contre les deux moulins du Les saynètes par Glen Baxter ni il y a quatre ans lors son élec- la grâce du cours élevé du baril café, pendant que le politicien tion : restaurer l’Etat de droit ; de pétrole. pose son drapeau sur le jardin de libérer la société civile du carcan Des dix candidats en lice, la rue Saint-Vincent. hérité de la révolution de 1979 ; M. Khatami devrait l’emporter Avant de revenir sur les dis- assurer la modernisation de l’éco- tranquillement. Mais le niveau cours nés de l’apparition d’Amé- nomie. Sur cette affiche, M. Kha- d’abstention donnera la mesure lie, il faut rappeler que l’équipe tami avait recueilli en juin 1997 du désenchantement à son chargée de vendre le film au plus de 70 % des suffrages. égard. Contre les conservateurs, public français n’est pas tout à Mais M. Khatami n’a réalisé M. Khatami s’est toujours refusé fait étrangère à ce vacarme. Cette qu’une infime partie de son pro- à en appeler à la violence, à la romance postmoderne fut bien gramme. S’il a disposé d’une rue. C’est son honneur. Il compte accueillie par la critique, y com- majorité de députés au Majlis, le sur le temps, la patience. En Per- pris par des journaux comme Le Parlement, il a perdu la bataille se, est-ce déraisonnable ? Monde, Libération et Télérama, naguère soupçonnés d’hostilité 0123 est édité par la SA LE MONDE de principe à l’égard des films Président du directoire, directeur de la publication : Jean-Marie Colombani populaires français – c’est en Directoire : Jean-Marie Colombani ; Dominique Alduy, directeur général ; Noël-Jean Bergeroux. tout cas l’accusation qui avait été Directeurs généraux adjoints : Edwy Plenel, René Gabriel portée par certains réalisateurs Secrétaire général du directoire : Alain Fourment lors de la polémique qui agita le Directeur de la rédaction : Edwy Plenel Directeurs adjoints : Thomas Ferenczi, Pierre Georges, Jean-Yves Lhomeau microcosme cinématographique, Directeur artistique : Dominique Roynette ; adjoint : François Lolichon à la fin de 1999. Cette réception Secrétaire général : Olivier Biffaud ; déléguée générale : Claire Blandin Chef d’édition : Christian Massol ; chef de production : Jean-Marc Houssard plutôt chaleureuse n’a pas empê- Rédacteur en chef technique : Eric Azan ché le développement d’une étran- Rédaction en chef centrale : Alain Frachon, Eric Fottorino, Laurent Greilsamer, ge campagne de communication Michel Kajman, Eric Le Boucher, Bertrand Le Gendre autour de l’absence du film au Fes- Rédaction en chef : Alain Debove (International) ; Patrick Jarreau (France) ; Anne Chemin (Société) ; tival de Cannes. Jean-Louis Andréani (Régions) ; Laurent Mauduit (Entreprises) ; Jacques Buob (Aujourd’hui) ; Chaque année, moins de 4 % Josyane Savigneau (Culture) ; Serge Marti (Le Monde Economie) des films produits en France Médiateur : Robert Solé « vont à Cannes », selon l’expres- Directeur exécutif : Eric Pialloux ; directeur délégué : Anne Chaussebourg sion consacrée. La non-sélection Directeur des relations internationales : Daniel Vernet du Fabuleux Destin relève donc Conseil de surveillance : Alain Minc, président ; Michel Noblecourt, vice-président d’un droit commun, générale- Anciens directeurs : Hubert Beuve-Méry (1944-1969), Jacques Fauvet (1969-1982), ment bien toléré surtout lorsque André Laurens (1982-1985), André Fontaine (1985-1991), Jacques Lesourne (1991-1994) le film jouit du succès public qui Le Monde est édité par la SA LE MONDE Durée de la société : cinquante ans à compter du 10 décembre 1994. fut immédiatement celui d’Amé- Capital social : 166 859 ¤. Actionnaires : Société civile Les Rédacteurs du Monde, Fonds commun de placement des personnels du Monde, Association Hubert-Beuve-Méry, Société anonyme des lecteurs du Monde, Le Monde Entreprises, Le Monde Europe, Le Monde Investisseurs, Le Monde Presse, Le Monde Prévoyance, Claude-Bernard Participations. d’Eltsine, lorsque les concepts l’été 2001. Le président biélorus- source du mal universel », au con- La nouvelle véhiculés par les « nationalo-com- se, Alexandre Loukachenko, a traire, « en l’état actuel des choses, munistes » étaient en apparence donné toute sa saveur à l’événe- la Russie peut trouver en Europe ILYA50 ANS, DANS 0123 diabolisés, ils sont aujourd’hui ment en citant, en guise d’exem- des partenaires stratégiques intéres- géopolitique repris partiellement par le ple de la menace terroriste, « les sés à la renaissance de sa force poli- Kremlin. Vladimir Poutine n’a-t-il combattants entraînés par l’OSCE tique d’autrefois ». Non, décidé- Le Paris que voient les étrangers pas récemment mis en avant la (Organisation pour la sécurité et ment, le mal absolu vient de la russe caractère « eurasiatique » de la la coopération en Europe) » pour « superpuissance », du modèle IL Y A TOUJOURS profit à Les jugements varient sur sa Russie ? Ne vient-il pas, le (selon lui) le renverser. américain, « confus, vain, indivi- recueillir les réflexions qu’inspire valeur artistique, mais sa mosaï- Suite de la première page 31 mai, de lancer, avec les chefs dualiste, oligarchique, dépourvu à nos hôtes étrangers la visite des que de près de 500 mètres carrés d’Etat de quatre autres Répu- « ACCÈS AUX MERS CHAUDES » de toute morale, de toute spirituali- monuments ou des sites de la capi- et la statue en argent massif du L’idée a fait des émules dans les bliques ex-soviétiques, « une Surtout, la colonne vertébrale té, de toute tradition ». Dernière- tale. Sans doute leur curiosité est Sacré-Cœur répondent éloquem- cercles du pouvoir, notamment à communauté économique eura- de la doctrine de politique étran- ment le quotidien Nezavissimaïa aimantée par trop d’objets pour ment à la question familière des l’état-major général et au Kremlin, sienne » ? Et puis, à y regarder de gère, « version eurasienne », est Gazeta, épiloguant sur la politi- qu’on puisse en risquer une énu- Anglo-Saxons : « How much is it où M. Douguine a ses entrées. Les plus près, les tournées présiden- la constitution d’un axe Moscou- que « multi-directionnelle » du mération. Et il en est parmi eux de worth ? » idées du « pape de l’eurasisme » tielles ne suivent-elles pas précisé- Téhéran-Delhi-Pékin qui garanti- Kremlin, se réjouissait : « On peut plus parisiens que les Parisiens ; le Au Musée du Louvre, La Jocon- sont ainsi reprises par le général ment les tracés des alliances géo- ra à la Russie, pays continental, obtenir bien plus des Etats-Unis en nombre en est impressionnant, de et le Régent ont toujours la pré- Leonid Ivachov, le « diplomate » politiques dessinées par Alexan- « un accès aux mers chaudes » :un adoptant une ligne dure. » même dans les jeunes généra- férence. Mais nos hôtes sont mali- de l’état-major général, ou par dre Douguine ? thème particulièrement cher aux Les résultats de mois de crispa- tions, plus ouvertes peut-être que cieux ; quand on leur raconte que Mikhail Deliaguine, directeur de La première étape de la consti- nationalistes de tout poil, brandi tions américano-russes ou les leurs devancières aux notions d’es- le tableau et le diamant ont été l’institut de la mondialisation, tous tution de l’empire eurasien est, depuis longtemps par Vladimir effets de la nouvelle ligne du thétique pure. volés et récupérés, ils demandent deux auteurs d’ouvrages sur le selon le manifeste, la création, sur Jirinovski, qui n’a de cesse d’évo- Kremlin en politique étrangère Pour la masse les « attractions s’ils sont en présence de l’original sujet. « De par sa position géogra- la base de la CEI (Communauté quer le jour « où nos soldats lave- pourront être mesurés dès le majeures » ne varient guère. C’est ou de la copie. L’obélisque ne fait phique, son parcours historique, sa des Etats indépendants), « d’une ront leurs bottes dans l’océan 16 juin, lors du premier sommet toujours la tour Eiffel, en dépit de pas recette ; ce monolithe d’ac- destinée, la Russie ne peut être union eurasienne solide, analogue Indien ». « L’Inde comme la Russie entre George W. Bush et Vladimir ses soixante-deux ans, qui est compagnement prend sur cette qu’un empire. (…) La confrontation à l’URSS mais fondée sur de nou- et l’Iran ont bien des intérêts com- Poutine à Ljubjana (Slovénie). sans doute le monument du mon- immense place figure d’exilé ; avec l’Occident, loin de dater de veaux concepts idéologiques, écono- muns », expliquent les théoriciens En attendant, les appétits de auquel l’image et le bibelot ont pour ranimer l’intérêt, il faut rap- l’Union soviétique, existe depuis miques et administratifs ». Or c’est de l’eurasisme. russes et l’antiaméricanisme dispensé la plus large popularité. peler qu’il domine de treize siè- des siècles », écrit le militaire. justement la toile qui est aujour- Avec l’Iran il s’agit de restrein- ambiant ne semblent pas susciter En seconde ligne vient le Sacré- cles notre modeste bimillénaire. Pour l’économiste Deliaguine, la d’hui en train d’être tissée par le dre l’accès aux ressources de la l’inquiétude outre-Atlantique. Cœur – au dire des guides –, qui Russie, objet de l’indulgence occi- Kremlin. Les deux dernières réu- Caspienne, de lutter contre les « Les maux domestiques de la Rus- est à la fois un pèlerinage et une Albert Mousset dentale en raison de « sa capacité nions des chefs d’Etat de la CEI talibans, que « l’Inde aussi est inté- sie vont limiter les efforts déployés pièce maîtresse du ciel de Paris. (8 juin 1951.) de destruction », doit s’efforcer de ont ainsi été marquées par les ten- ressée à neutraliser ». Or l’Iran et par ce pays pour redevenir une « promouvoir des liens d’amitié tatives russes de resserrer le bloc l’Inde figurent en très bonne pla- grande puissance. Deuxième arse- superficiels avec d’autres Etats aus- politico-militaire créé dès 1993 ce dans la stratégie du Kremlin. nal nucléaire au monde, la Russie 0123 SUR TOUS LES SUPPORTS si dangereux qu’elle ». autour de Moscou. Lancée par l’ancien maître espion conservera les apparences de son Vladimir Poutine s’est, pour sa Au nom de la « lutte contre le Evguéni Primakov, la coopération ancien statut. Faible sur le plan Adresse Internet : http: // www.lemonde.fr part, gardé de tout commentaire, terrorisme international », les avec l’Inde et l’Iran, scellée par de interne, elle restera liée au système Télématique : 3615 code LEMONDE lorsque, le 21 avril, s’est tenu à membres du « pacte de sécurité nouveaux contrats d’armement, international grâce notamment à Documentation sur Minitel : 3617 code LMDOC (5,57 F/mn) Moscou un congrès de l’eurasis- collective » (Russie, Arménie, Bié- est sans cesse renforcée. son siège de membre permanent du ou 08-36-29-04-56 (9,21 F/mn) me où fut abondamment louée la lorussie, Kazakhstan, Kirguizstan, Quant à l’Europe, nous dit Conseil de sécurité », tempérait, il nouvelle ligne du Kremlin en poli- Tadjikistan) viennent de créer Alexandre Douguine, elle n’est y a quelques mois, un rapport de Le Monde sur CD-ROM : 01-44–88-46-60 Index du Monde : 01-42-17-29-89. Le Monde sur microfilms : 03-88-71-42-30 tique étrangère. Pourtant, l’idée une « force de réaction rapide » plus, comme aux balbutiements la CIA. « eurasienne » lui plaît. Contraire- en Asie centrale où de nouvelles de la doctrine eurasiste au début Films à Paris et en province : 08-36-68-03-78 ment à ce qui prévalait à l’époque incursions sont prévues pour du siècle, considérée comme «la Marie Jégo 20 ENTREPRISES LE MONDE / VENDREDI 8 JUIN 2001

BOURSE Les analystes financiers valorisation de celle-ci, et donc sa remise en question de ces analystes. multiplient contre les plus grands à l’appui. b EN FRANCE, certains pro- jouent un rôle peu connu mais consi- force ou sa vulnérabilité. Dans tous Liés aux banques d’affaires chargées établissements financiers. b EN fessionnels réclament une clause de dérable dans l’économie. De leurs les pays, la crise boursière de l’an d’introduire en Bourse des sociétés, ASIE, la prestigieuse Far Eastern Eco- conscience. b EN ALLEMAGNE, le conseils de vente ou d’achat des 2000, notamment sur les valeurs beaucoup sont accusés de partialité. nomic Review a récemment mis en gouvernement n’exclut pas de modi- actions d’une entreprise dépend la technologiques, a provoqué une b AUX ÉTATS-UNIS, les plaintes se cause leur indépendance, exemples fier le droit boursier. L’honneur perdu des analystes financiers Des dizaines d’introductions en Bourse réalisées depuis 1999 se révèlent être un mauvais placement pour les actionnaires. Les banques d’affaires sont sur la sellette. La justice américaine enquête sur d’éventuelles manipulations de cours

NEW YORK des responsables à leurs malheurs. sont devenus de simples auxiliaires faire un « grand ménage » et à obli- de notre envoyé spécial Mais, cette fois, il n’est pas seule- commerciaux de « l’investment ban- ger les établissements financiers à « L’intelligence de la technolo- ment question de conseils hasar- king ». Un système pervers puisque adopter des règles de fonctionne- gie », tel était l’intitulé d’une cam- deux. La justice et les autorités de la partie variable de leur rémunéra- ment strictes et transparentes. Les pagne de publicité diffusée au marché américaines soupçonnent tion (les bonus), la plus importante, associations professionnelles et les début de l’année par Merrill Lynch, certains banquiers d’avoir sciem- est directement liée aux résultats principales banques de Wall Street l’une des plus prestigieuses ban- ment trompé leurs clients. Divas de la banque d’investissement. tentent aussi de montrer leur volon- ques d’investissement américaines. courtisées, surpayées et craintes, C’est-à- dire au succès des introduc- té d’en finir avec des pratiques Elle vantait la centaine d’analystes les analystes de la plupart des éta- tions en Bourse et à l’importance condamnables. financiers qui suivent en permanen- blissements financiers new-yorkais des plus-values dégagées à cette Les établissements sont sur le ce plus de 500 entreprises de haute ont recommandé pendant des occasion par la banque. Dans un point de décider que les bonus des technologie et ont valu à Merrill mois des sociétés dont les modèles certain nombre d’établissements, analystes ne dépendront plus de la Lynch le surnom de « gourou de économiques étaient douteux. Ils les analystes ont même le droit de rentabilité des activités de banque l’Internet ». Un gourou, peut-être, sont soupçonnés de l’avoir fait détenir des titres de sociétés qu’ils d’investissement. Ils n’auront plus mais certainement pas un visionnai- parce que ces entreprises étaient étudient. le droit de posséder des actions des re. Sur les vingt entreprises « high les clients de leurs banques et que sociétés qu’ils jugent. Enfin, les ser- tech » que Merrill Lynch a introdui- les cours élevés étaient synonymes UN MAL PROFOND vices d’analyses ne dépendront tes en Bourse depuis 1997, quinze de plus-values considérables… En 2000, le Nasdaq et l’indice plus hiérarchiquement de la ban- affichent aujourd’hui des cours net- pour tout le monde. Standard and Poor’s 500 ont perdu que d’affaires, mais de la direction tement inférieurs au prix de leur La Securities and Exchange Com- respectivement 39 % et 12 %, mais générale. « Si nous ne changeons mise sur le marché. mission (SEC) – la Commission des selon Laura S. Unger, la présidente pas rapidement notre image, l’en- Merrill Lynch n’est pas un cas opérations de Bourse américaine – de la SEC, 99 % des recommanda- semble de l’industrie financière sera particulier. Toutes les grandes mai- et le bureau du procureur fédéral tions des 28 000 analystes finan- mise dans le même panier », résu- sons de Wall Street présentent des de Manhattan ont lancé conjointe- ciers américains étaient « d’ache- me Frank Fernandez, économiste performances aussi médiocres. Gri- ment des enquêtes sur de possibles ter » ou de « conserver » les titres. en chef de la Securities Industry sées par la spéculation autour de « manipulations » de cours à l’occa- « Les analystes ne se soucient pas Association. l’Internet et de la nouvelle écono- sion de dizaines d’introductions en beaucoup d’être unanimement et exa- Il est déjà peut-être un peu tard. mie, par des bénéfices records et la Bourse de sociétés depuis 1999 sur introductions. Une centaine d’épar- Sachs, JP Morgan, Morgan Stanley, gérément optimistes. Ils ont simple- Merrill Lynch a séparé depuis des perspective de profits toujours plus le Nasdaq, le marché de la nouvelle gnants particuliers ont déposé des Lehman brothers… Ils démentent ment compris que l’optimisme est années les analystes et la banque importants, elles ont vendu ou économie. Les banques d’investisse- plaintes regroupées dans une pro- tous avoir commis des actes répré- bon pour les affaires », soulignait d’affaires… sans grand succès. Le conseillé d’acheter à leurs clients ment qui dirigeaient les opérations cédure collective (« class action ») hensibles et affirment coopérer Robert J. Schiller, professeur d’éco- mal semble plus profond. Il faudrait tout et n’importe quoi. Depuis, la ont utilisé l’influence des analystes et chiffrent leurs préjudices à des pleinement avec les enquêteurs. nomie à l’université Yale, dans son mettre fin à ce qu’Arthur Levitt jr., bulle a éclaté, et les cours se sont pour tirer les prix vers le haut. Ces centaines de millions de dollars. Cette affaire révèle la lente déri- livre à succès, Irrational Exuberance, l’ancien président de la SEC, décri- effondrés. Les critiques pleuvent mêmes établissements sont aussi Les établissements soupçonnés ve des pratiques des analystes finan- publié aux Etats-Unis l’an dernier. vait pudiquement comme « les dys- aujourd’hui contre les établisse- accusés d’avoir accepté des des- sont les grands noms de Wall ciers à Wall Street. Ces experts, Pour éviter de voir la crédibilité fonctionnements d’un gigantesque ments financiers et les analystes. sous-de-table d’investisseurs pour Street : Crédit Suisse First Boston, chargés de porter un jugement sur de la place financière de New York réseau de relations personnelles ». Comme toujours dans les périodes leur vendre des quantités importan- Bear Sterns, Salomon Smith Bar- les perspectives de développement menacée, la Réserve fédérale améri- de baisse, les épargnants cherchent tes de titres lors de ces mêmes ney, Merrill Lynch, Goldman et de rentabilité d’une entreprise, caine semble décidée maintenant à Eric Leser En France, certains professionnels réclament une clause de conscience Le gouvernement allemand SPÉCIALISÉ dans les valeurs du tré que la muraille de Chine entre les tes financiers d’Europe continentale ment, vis-à-vis de l’analyste comme tourisme et des loisirs, Nigel Reed, analystes de marché et la finance en 2000. L’importance des sommes du monde extérieur, la confidentialité réfléchit à un code de bonne conduite analyste financier de l’équipe de d’entreprise n’existe pas du tout. Une en jeu – la commission d’une ban- des informations qu’il tient de son recherche de BNP Paribas à Lon- partie importante de la rémunération que d’affaire est de l’ordre de 2 % client. » FRANCFORT tées à publier de façon plus dres, a refusé récemment d’évaluer des analystes est liée à leur participa- des sommes levées et a atteint jus- Le problème n’est pas nouveau. de notre correspondant détaillée la liste de leurs engage- une société qui devait être introdui- tion à des opérations sur le marché qu’à plus de 5 % dans les introduc- Seuls deux analystes, travaillant Une amende de 50 000 euros ments dans les secteurs couverts te en Bourse par le département de primaire des actions (augmentations tions Internet – a pu faire saliver dans des bureaux indépendants, ont (328 000 francs) : c’est, dans un ave- par leurs études. Enfin, l’application corporate finance (banque d’affai- de capital, introductions en Bour- bien des banquiers d’affaires dési- recommandé fermement de vendre nir proche, la menace qui pourrait du code de bonne conduite serait res) de la banque. Nigel Reed est un se…), qui fournissent l’essentiel du reux de se voir confier une opéra- l’action Eurotunnel jusqu’en 1994. peser sur les analystes allemands surveillée par un conseil multiparti- esprit indépendant, et il ne croyait revenu des grands courtiers », expli- tion. Dans certains cas, c’est l’analys- Le même consensus positif a long- convaincus d’avoir trompé le te, placé sous l’autorité de l’Office pas du tout à la stratégie de la socié- que le directeur de la recherche te qui a précédé les demandes des temps régné sur Euro Disney, à l’ex- public. Cette sanction est encore à fédéral de supervision des marchés té, sur laquelle il aurait émis, en d’une grande maison de titres. banquiers d’affaires. « De plus en ception de quelques personnalités l’étude, mais elle fait partie des pis- d’action, l’équivalent allemand de d’autres circonstances, une recom- plus, c’est l’analyste qui propose lui- comme Nigel Reed – qui n’a pas tes évoquées par le gouvernement la Commission des opérations de mandation négative. Résultat : la UNE CHARTE « DÉPOUSSIÉRÉE » même des idées d’opérations au changé sa recommandation de ven- de Berlin pour moraliser une profes- Bourse. Originalité du projet : con- banque a refusé de conduire l’intro- Certains analystes pensent main- département banque d’affaires », te depuis neuf ans et demi. Hasard sion soumise à de multiples criti- trairement aux réflexions initiales, duction en Bourse. tenant qu’il faudrait « instaurer une affirme le même directeur de la ou coïncidence, ces deux sociétés ques depuis l’effondrement du les analystes ne seraient pas les « Le marché des introductions en clause de conscience de l’analyste, recherche. malmenées en Bourse avaient un Neuer Markt, le marché des valeurs seuls concernés par ce « codex » : Bourse est extrêmement lucratif et, qui permettrait de dire non, si un Pour autant, le dialogue entre les syndicat bancaire pléthorique de croissance de la Bourse de Franc- journalistes et « gourous » plus ou refuser cette opération, c’était renon- employeur essaie de contraindre un départements ne signifie pas auto- regroupant la plupart des grands éta- fort. Ce dernier a perdu plus de moins médiatiques seraient invités cer à un important chiffre d’affaires. analyste à signer une note d’évalua- matiquement des dérives déontolo- blissements de la place. Cette « con- 70 % de sa valeur depuis mars 2000. à respecter les règles en discussion. Mais je suis très heureux de travailler tion : il faudrait qu’un organisme puis- giques, selon Romain Burnand, ana- sanguinité » est à l’origine d’une Faillites, délits d’initié, plaintes d’ac- Aux yeux des spécialistes, en effet, dans une maison où les choses se pas- se trancher ces différends, éviter que lyste spécialisé sur le secteur bancai- autre pratique contestable mais très tionnaires, la crise de confiance est le grand public n’est souvent en con- sent ainsi. Si ce n’était pas le cas, je ne le professionnel ne se retrouve seul re chez JP Morgan : « Un analyste et répandue : les entreprises hésitent réelle et entache la réputation tact avec les analystes que par le pourrais pas y rester », lance tranquil- face à son employeur et qu’il perde un banquier d’affaires qui appartien- de moins en moins à restreindre l’ac- d’une profession auparavant biais des médias, dont les conseils lement M. Reed. Cette personnalité tout, ses bonus et sa carrière, s’il per- nent au même établissement peuvent cès aux informations financières au-dessus de tout soupçon. Depuis et l’indépendance laisseraient aussi, de la City a un credo : ses recom- siste ». La Société française des ana- se parler, échanger des idées, et c’est lorsque les analystes se montrent quelques mois, les analystes sont au parfois, à désirer. mandations d’achat et de vente sur lystes financiers (SFAF), qui regrou- enrichissant pour les deux. La trop ouvertement négatifs. cœur des turbulences : pris dans des titres sont « basées en premier pe 1 500 professionnels, parmi les- muraille de Chine signifie que le ban- l’euphorie de la bulle Internet, voici SUR LA BASE DU VOLONTARIAT sur l’intérêt du client », c’est-à-dire quels près de 450 analystes finan- quier d’affaires doit respecter stricte- Adrien de Tricornot plus d’un an, ils n’auraient pas fait Les projets du gouvernement ne de l’investisseur qui utilise les servi- ciers, dits « sell side », qui donnent preuve d’assez de vigilance, voire déclenchent pas l’enthousiasme ces de négociation de la banque. leurs recommandations aux clients d’indépendance, pour évaluer les des professionnels. Leur associa- Pas question de proposer à n’impor- de leur banque, et près de 150 ana- dizaines de start-up introduites sur tion met en avant ses propres te quel prix des actions pour lesquel- lystes, dits « buy side », qui sont La confusion des genres règne en Asie le marché. règles, qu’elle dit vouloir étendre, les la banque d’affaires aurait négo- employés par les sociétés de gestion En janvier, le gouvernement a afin de couper l’herbe sous le pied cié de confortables frais. pour leur propre compte, risque de BASÉ à Hongkong, le magazine HSBC Securities, qui avait fixé un donc lancé des consultations pour des pouvoirs publics. Elle veut ren- Le personnage paraît pourtant devoir s’intéresser de près au sujet. Far Eastern Economic Review, réfé- objectif de cours vingt fois infé- établir un code de bonne conduite. forcer le travail en équipe, mieux bien isolé, sur les décombres bour- Son comité de déontologie, qui rence des milieux d’affaires du Sud- rieur à celui de son confrère, et pré- Pour les pouvoirs publics, les profes- encadrer des analystes souvent très siers de la nouvelle économie, où le devrait se réunir dans le courant du Est asiatique, s’est inquiété du man- cise que la banque HSBC n’avait, sionnels doivent être conscients de jeunes par des « seniors ». Et songe rôle des analystes commence à être mois de juin, est « en cours de que d’indépendance des analystes elle, pas de lien avec Softbank. l’enjeu : rétablir la confiance des à accélérer les procédures d’exclu- sévèrement critiqué. Les golden reconstitution », et sa charte déonto- financiers, dans son édition du Selon la Far Eastern Economic investisseurs dans les marchés de sion de membres peu regardants boys, ces jeunes et richissimes tra- logique est « en phase de dépoussié- 17 mai, en consacrant sa couvertu- Review, les gérants se méfient des capitaux, en particulier celle des sur les moyens. « Il est illusoire de ders qui négocient les ordres sur les rage », reconnaît-on à la SFAF. re à ce sujet. Le magazine évoque analyses financières émises par les petits porteurs, dont le nombre a vouloir faire croire que les analystes marchés, étaient jusqu’à présent Avec le boom des introductions les recommandations émises en banques d’affaires. De plus, les fortement augmenté ces dernières peuvent être indépendants », consi- désignés à la vindicte générale. en Bourse de l’année 2000, mais aus- février 2000 par Ravi Sarathy, ana- autorités boursières asiatiques années, depuis la mise en Bourse de dère pour sa part le représentant Après la chute des valeurs technolo- si avec les opérations de fusion, de lyste de la banque d’affaires Leh- envisageraient de renforcer leurs Deutsche Telekom, en 1996. Aucu- d’une association de défense des giques, ce sont les analystes qui font rachat, de filialisation, etc., les émis- man Brothers spécialisée dans les règlements. ne décision n’a été prise, mais le actionnaires. aujourd’hui l’objet de toutes les criti- sions d’actions ont occupé en valeurs technologiques, qui fixait Le magazine met en cause de ministère de l’économie, chargé du Certains, à Francfort, craignent ques. « La bulle technologique a mon- moyenne 30 % du temps des analys- un objectif de cours de 133 000 nombreuses firmes de courtage, dossier, espère mettre son code en tout excès de régulation, de peur yens pour l’action japonaise Soft- comme Nikko Salomon Smith Bar- place dans le courant de l’été. d’assister à une nouvelle vague de bank – le plus important fonds d’in- ney, Crédit Suisse First Boston ou Pour l’instant, deux experts ont départ des services de recherche vestissement dans l’Internet, qui a Morgan Stanley. BNP Paribas Pere- été chargés de faire des proposi- vers Londres, capitale de la finance découvert notamment Yahoo!. A grine est aussi critiqué pour les tions. Outre les amendes – un maxi- européenne déjà avantagée sur le l’époque, l’action Softbank cotait recommandations de son analyste- mum de 50 000 euros pour les parti- plan salarial et fiscal. Souhaitant 45 000 yens. Depuis, loin de tripler, vedette, Adrian Ngan, qui s’est culiers, et de 500 000 euros pour les donner des gages aux milieux finan- comme l’espérait l’analyste, le prix exprimé régulièrement dans la entreprises contrevenant au code –, ciers, le gouvernement s’en tient du titre a été divisé par dix ! presse de Hongkong en faveur du leur rapport, remis récemment au pour le moment à un simple code, Selon la Far Eastern Economic titre Pacific Century CyberWork gouvernement, suggère d’interdire sur la base du volontariat. Margare- Review, Lehman Brothers était en (PCCW), pendant que la valeur du aux analystes de détenir des actions ta Wolf, la secrétaire d’Etat chargée même temps conseil de Softbank, titre était divisée par trois. La ban- d’entreprises qu’ils sont censés du dossier (écologiste), dit « faire menait des émissions de titres que d’affaires a aussi participé à suivre. Ou de déclarer le moindre confiance à la concurrence » pour pour ses sociétés comme Chinadot- des émissions d’actions de PCCW conflit d’intérêt. Les deux experts inciter les entreprises et les profes- com, conseillait le Nasdaq Japon et de ses filiales comme iLink, orga- préconisent aussi de renforcer les sionnels à adopter le code. Mais elle (propriété du Nasdaq américain et nisé des prêts pour la société, et « murailles de Chine », qui sont cen- a d’ores et déjà menacé, dans un de Softbank) et co-investissait aidé son président, Richard Li, à sées séparer, dans un établissement entretien à l’hebdomadaire Spiegel, avec Softbank dans un service de vendre une partie de ses participa- bancaire, les équipes de recherche de recourir à la loi, si dans deux ans banque et de courtage en ligne. tions, selon le magazine. des autres services, afin d’éviter la les progrès ne sont pas sensibles. Cruel, le magazine cite le cas de circulation d’informations confiden- Benjamin Wedmore, l’analyste de A. de T. tielles. Les banques seraient invi- Philippe Ricard ENTREPRISES LE MONDE / VENDREDI 8 JUIN 2001 / 21 Alcatel cède ses modems haut débit Ernest-Antoine Seillière refuse d’apporter à Thomson Multimédia THOMSON MULTIMÉDIA (TMM) a annoncé, jeudi 7 juin, la signature de nouveaux capitaux à AOM-Air Liberté d'un accord préliminaire avec Alcatel pour la reprise de son activité de modems à haut débit (DSL), pour lesquels il revendique le rang de numéro un mondial. Cette décision intervient alors qu’Alcatel a indiqué Le groupe aérien pourrait déposer son bilan le 27 juin récemment sa volonté de se recentrer sur la vente d’équipements aux opérateurs de télécommunications. Les activités grand public, comme Le conseil de surveillance du groupe AOM-Air Antoine Seillière et le groupe Swissair ont affiché conseil a donné les pleins pouvoirs à Marc les modems DSL qui offrent aux internautes un accès rapide à Internet, Liberté s’est réuni mercredi 6 juin. Les deux leur désaccord, le représentant de M. Seillière Rochet, le président du directoire. Celui-ci pour- ne font plus partie du nouveau périmètre. actionnaires, Marine Wendel, la holding d’Ernest- refusant de participer au sauvetage financier. Le rait être amené à déposer le bilan de l’entreprise. L'équipementier a choisi de céder cette filiale à TMM, qui souhaite pour sa part « se renforcer sur les produits d'accès aux réseaux large ban- L’AVENIR du « second pôle l’entreprise perd environ 250 mil- sauver la compagnie suisse par de l’assemblée générale du 25 avril, de », explique son PDG Thierry Breton. L'activité de modems DSL aérien français » s’est un peu plus lions de francs par mois. Ses tous les moyens, se fait désormais auraient, en fait, été financés par le regroupe 200 personnes à Rennes, à Anvers en Belgique et à Stuttgart assombri, mercredi 6 juin, en fin de besoins de trésorerie, à la fois pour tirer l’oreille. seul SAirGroup. La réponse du en Allemagne, et affiche un chiffre d'affaires de 220 millions d'euros journée, avec la décision du conseil combler le passif et financer un Ce scénario est corroboré par un représentant de Taitbout-Antibes avec des ventes qui ont atteint 1,7 million d'unités en 2000. La transac- de surveillance d’AOM-Air Liberté plan de restucturation, prévoyant observateur en interne. Selon lui, au conseil de surveillance a été tion, évaluée à 456 millions d'euros, se fait par échange d'actions. A de « donner toute latitude » au prési- notamment 1 328 suppressions au conseil de surveillance de mer- sèche : « Nous sommes entrés dans l'issue de l'opération, Alcatel accroît sa participation au capital de dent du directoire Marc Rochet d’emplois, sont estimés à quelque credi, « les représentants de SAir- cette affaire pour faire un investisse- TMM : elle passerait de 6,4 à près de 9,1 %. pour « mettre en œuvre les mesures 5 milliards de francs. Swissair vou- Group et de Taitbout Antibes ne par- ment financier, pas comme entrepre- de sauvegarde qui s’imposent et sai- lait bien envisager de « remettre au laient qu’à Marc Rochet. Entre eux, neur, il est hors de question que nous sir en conséquence le tribunal de pot » à hauteur de 3 milliards de ils ne doivent plus communiquer que remettions un franc de plus ». Le Statu quo dans le capital de Cegetel commerce ». Depuis plusieurs francs, sous réserve que son parte- par avocats interposés ». A la ques- ton est monté à un point tel que semaines, M. Rochet estime se heur- naire contribue à cette recapitalisa- tion, posée par le PDG, de savoir si René Lapautre, président du con- « NOUS MAÎTRISONS le calendrier. Il n’y a pas d’urgence », a tenu à sou- ter à un blocage avec les élus du tion de façon substantielle. les actionnnaires étaient prêts à seil de surveillance aurait été con- ligner Philippe Germond, PDG de Cegetel au nom de son actionnaire comité d’entreprise : ceux-ci refu- apporter les 3 milliards de francs, traint d’intervenir pour calmer la principal Vivendi Universal, mercredi 6 juin. Cette déclaration clôt les sent de signer les ordres du jour qui COMMUNICATION BLOQUÉE nécessaires pour financer le plan polémique entre les actionnaires ! prises de position successives des derniers jours de tous les actionnaires pourraient permettre de « démar- Or, Taitbout-Antibes s’est refu- social mais aussi pour convaincre Le président du directoire a sorti de Cegetel. Le nouveau PDG de British Telecom (BT), Christopher rer, dans le respect du processus sée à mettre un centime supplé- un éventuel repreneur de se mani- son arme ultime : la menace d’un Bland, a, en effet, ouvert le feu en se disant prêt à céder les 26 % du capi- légal, les travaux nécessaires à la mentaire, arguant que le pacte d’ac- fester, SAirGroup n’a pas fermé la dépôt de bilan à brève échéance. tal de Cegetel qu’il détient pour réduire son endettement. L’actionnaire mise en œuvre du plan social », affir- tionnaires qui liait les deux investis- porte : « Nous sommes prêts à étu- « Pas question, il reste encore de l’ar- américain SBC, qui cherche à se retirer du marché européen, n’est pas mait mercredi un communiqué de seurs précisait, entre autres élé- dier la question à condition que Tait- gent dans la trésorerie », a répliqué acheteur. Enfin, l’autre grand actionnaire de Cegetel, le britannique la direction du groupe. Le président ments, que la responsabilité de la bout fasse sa part du chemin cette l’homme de Taitbout-Antibes. Vodafone, a déclaré qu’il n’était pas intéressé par le rachat des parts de du directoire avait clairement fait partie française, pourtant majoritai- fois. » Ce qui laisse entendre que Mais M. Rochet, poursuivant sur sa BT dans Cegetel, mais serait prêt à se renforcer dans SFR, filiale de télé- savoir qu’il n’irait pas chercher la re (51 %), n’allait pas au-delà de les 500 millions de francs que les lancée a demandé aux actionnaires phonie mobile, dont il détient déjà 20 %. M. Germond a calmé le jeu en signature des élus par une procédu- son investissement initial. Du deux actionnaires s’étaient enga- s’ils avaient une idée de ce que leur rappelant que le pacte d’actionnaires qui lie les différents protagonistes re de référé, mais il semble aujour- coup, Mario Corti, nommé pour gés à apporter « ensemble », lors coûterait un dépôt de bilan (entre courait jusqu’au 23 septembre 2002 et que Vivendi Universal disposait d’hui prêt à agiter la menace du tri- 6 et 10 milliards de francs selon les d’un droit de préemption. D’ici là, Jean-Marie Messier, PDG de Vivendi bunal de commerce et du dépôt de évaluations). « Juridiquement, un Universal, se donne le temps d’arbitrer sur la place des télécommunica- bilan. Une menace qui vise aussi les Des salariés en faveur du plan social actionnaire n’est tenu qu’à hauteur tions dans le groupe. actionnaires, pour les amener à de ses engagements », estimait le assumer leurs responsabilités. Le blocage affiché par les organisations syndicales – qui refusent représentant de M. Seillière, tandis Car le statu quo social s’accompa- de signer les ordres du jour du comité d’entreprise – à comme consé- que SAirGroup affirmait « ne pas Toyota se développe à Valenciennes gne d’un autre blocage, provoqué quence immédiate de mettre la direction dans l’impossibilité de lan- avoir réfléchi à la question ». par les dissenssions de plus en plus cer la procédure de plan social qui prévoit 1 328 suppressions d’em- Cette fracture entre les deux TOYOTA a décidé d’augmenter la capacité de production de son usine évidentes entre les deux actionnai- plois. Pourtant, de nombreux salariés auraient déjà un projet profes- actionnaires ne fait pas les affaires d’Onnaing, près de Valenciennes (Nord), qui passera, « au début de res de référence du groupe aérien, sionnel et n’attendraient plus que le plan social et ses conditions de M. Rochet, dont le temps est 2003 », de 150 000 à 180 000 véhicules par an, a annoncé Fujio Cho, pré- Swissair et Taitbout Antibes, la hol- financières pour partir. compté pour sauver AOM-Air sident de Toyota Motor Corporation. « Cela aura pour conséquence, si ding néerlandaise d’Ernest-Antoi- Ces circonstances ont conduit quelques cadres et autres salariés à Liberté. Selon le bilan présenté le marché le permet, la création de 400 postes de travail supplémentai- ne Seillière qui porte sa participa- se constituer en association. « AOM-Air Liberté - Agir pour l’Avenir » mercredi par le directeur financier, res », a précisé le patron japonais, dans un discours tenu mercredi tion dans AOM Air Liberté. Les revendique après deux jours d’existence, plus de 200 adhésions. L’ob- compte tenu de l’état actuel de la 6 juin, lors de l’inauguration officielle de l’usine, en présence du pre- deux actionnaires ne trouvent appa- jectif déclaré est de « sauvegarder le maximum d’emploi et de saisir les trésorerie, un dépôt de bilan pour- mier ministre Lionel Jospin. Construite en trois ans pour un coût de 4,5 rement pas de terrain d’entente sur opportunités actuelles de reclassement ». Toutefois, de nombreux sala- rait intervenir dès le 27 juin. milliards de francs, cette unité produit depuis février le modèle Yaris l’indispensable recapitalisation de riés estiment que cette association a reçu la bénédiction de Marc destiné au marché européen (Le Monde du 1er février). Son effectif, la compagnie. Les données financiè- Rochet, président du directoire d’AOM-Air Liberté, qui souhaite met- François Bostnavaron actuellement de 1 600 personnes, sera porté à 2 100 en avril 2002, res peuvent être résumées ainsi : tre en œuvre rapidement le plan social. et Pascal Galinier quand les installations fonctionneront à pleine capacité. La CGT porte l’accord de Renault sur les 35 heures devant la justice Nouvelle offre Schneider-Legrand LES ACTIONS Schneider et Legrand ont été suspendues, jeudi 7 juin, en début de matinée. Les deux groupes, selon nos informations, s’ap- 46 000 salariés sont concernés depuis deux ans par ce texte signé par les autres syndicats prêtaient à reformuler leur offre de fusion qui avait été repoussée par la cour d’appel de Paris le 3 mai, en raison de l’inégalité de traitement DEUX ANS après leur mise en le premier grand secteur industriel nous réfléchissons à la façon de con- la direction aurait toute lattitude entre les actionnaires et les porteurs d’actions à dividende prioritaire œuvre, les 35 heures chez Renault à passer aux 35 heures. Le juge- tester la validité d’un texte qui ne pour qualifier le temps de forma- (ADP). Les groupes veulent fusionner mais sans augmenter le montant font toujours l’objet de polémi- ment va être suivi de près, convient pas à la majorité des sala- tion à sa convenance. De même , la total de l’opération (6,7 milliards d’euros). ques. La CGT, qui n’avait pas signé d’autant que le texte a été en par- riés, affirme Philippe Martinez, CGT reproche au texte de prévoir Selon le nouveau schéma étudié, les seules familles Decoster et Verspie- l’accord du 16 avril 1999, a décidé tie rédigé par Catherine Pone, une délégué central CGT de Renault. pour les cadres une déduction for- ren, détentrices de 42 % des actions et 57 % des droits de vote de de porter le texte devant la justice. haute-fonctionnaire du ministère Cet accord est très loin de notre faitaire de quatre jours au titre de Legrand, accepteraient une formule d’échange qui leur serait moins favo- Le syndicat devait annoncer, jeudi du travail, rédactrice de la loi vision de la réduction du temps de la formation, quelque soit le nom- rable qu’auparavant (7 actions Schneider pour 2 actions Legrand). Cet 7 juin, son intention de déposer Aubry, entrée entre-temps chez travail. Son application et son inter- bre de jours de formation effec- effort des fondateurs de Legrand permettrait d’améliorer l’offre faite aux une assignation devant le tribunal Renault. prétation par la direction ont confir- tués. Autres points litigieux, les porteurs d’actions prioritaires, qui se plaignent d’une décote de 40 %. de grande instance de Nanterre. Pour fourbir ses armes, la CGT a mé nos craintes de départ. » temps de pause, inclus dans le La contestation de l’accord pris son temps. Le syndicat avait La CGT estime que l’accord est temps de travail effectif, et surtout 35 heures chez Renault a une été le seul à refuser d’apposer sa non seulement contraire à la régle- le temps de travail des cadres. Le CDR liquide ses derniers actifs valeur hautement symbolique. signature au bas d’un texte finale- mentation sur la durée du travail et Par ailleurs la généralisation du D’abord par le nombre de salariés ment paraphé par la CFDT, la aux principes de la négociation col- forfait jour auquel sont soumis les LE CDR, consortium de réalisation chargé de liquider les actifs à risque concernés (plus de 46 000). Ensui- CGC, FO, la CFTC et la CSL. lective, mais, qu’en outre, il porte cadres est remise en cause. La du Crédit lyonnais, a présenté jeudi 7 juin ses résultats pour l'exercice te parce que l’automobile avait été « Depuis la signature des 35 heures, atteinte aux droits fondamentaux CFDT, qui avait contesté ce point a 2000. Les ventes d'actifs se sont poursuivies, pour un montant de 1,77 des salariés. « L’esprit de la loi déjà obtenu gain de cause le 4 mai, milliard d'euros, permettant au CDR de dégager un excédent de 821 mil- Aubry était de donner une grande le tribunal estimant que l’exten- lions d’euros. Ont été notamment vendus, dans l’immobilier, la Fonciè- place à la négociation collective, or sion à tous les cadres du forfait re Saint-Georges et le Passage du Havre. « Il reste aujourd'hui quelque cet accord ne précise pas un certain jour sans limitation d’horaire était 1,6 milliard d'euros d'actifs à traiter », soit moins de 15 % des actifs qui nombre de règles – des carrences qui illégale. La direction de Renault lui avaient été confiés en 1995. donnent un pouvoir considérable à avait immédiatement décidé de fai- En revanche, il reste un énorme contentieux : « Près de 1 600 procédures l’employeur», explique re appel. restaient ouvertes au 1er janvier, le nombre des nouvelles assignations étant Me Dufresne Castets, avocate de la au moins égal à celui des dossiers clos. » Et de citer l’affaire Executive Life, CGT dans cette affaire. Principal Stéphane Lauer comme l’une de celles qui « mobilise aujourd'hui toutes nos énergies. » reproche, le principe de modula- tion du travail , c’est-à-dire la capa- cité de faire varier les horaires en fonction des charges de travail, qui ne serait pas suffisamment encadré dans la mesure où les justifications d’y recourir restent vagues. « Cela veut dire que le temps du salarié est soumis à l’infini à la seule volonté de l’employeur». La défense va plus loin en considérant que l’accord viole un certain nombre de droits fondamentaux, estimant que par les contraintes qu’il impose au sala- rié, «il ne permet pas la vie familiale normale », dans la mesure où« les salariés sont entièrement soumis aux fluctuations de l’entreprise ».

COMPTE ÉPARGNE TEMPS En outre, la CGT conteste un cer- tain nombre de points du texte, notamment les modalités du comp- te épargne temps, qui permet aux salariés de capitaliser des jours de congés donnés au titre de la réduc- tion du temps de travail. La CGT reproche au texte de laisser la part belle à la direction dans la gestion de ce compte épargne temps. La CGT reproche également à l’ac- cord de ne pas distinguer la forma- tion due par l’employeur en vue d’assurer l’adaptation du salarié à son emploi de la formation qui vise le développement des compéten- ces des salariés. La première, con- trairement à la seconde, étant inclu- se dans le temps de travail effectif, 22 COMMUNICATION LE MONDE / VENDREDI 8 JUIN 2001 La justice empêche « Le Parisien » de quitter les NMPP La cour d’appel de Paris a interdit au groupe Amaury de retirer la distribution de son quotidien d’Ile-de-France au système mutualiste de la presse, pour lancer son propre réseau. Débouté, l’éditeur menace d’arrêter son titre national, « Aujourd’hui en France »

C’EST une véritable surprise, et pour augmenter sa diffusion, com- rie. Tout le système de distribution et de l’avenir du journal. En ligne bué séparément d’Aujourd’hui en estime qu’il s’agit d’une grande vic- un coup très rude pour Le Parisien mercialiser Le Parisien comme de la presse française, fondée sur avec la décision du juge qui “n’exclut France, en raison de la clause d’ex- toire, d’autant plus « que Le Pari- qui s’apprêtait, dans la nuit du jeudi peut le faire un éditeur régional, la mutualisation des moyens et des pas que les parties négocient de nou- clusivité figurant au contrat qui lie sien, obligé d’exécuter l’arrêt de la 7 au vendredi 8 juin, à mettre en pla- en multipliant les points de vente coûts, entre magazines et quoti- velles modalités de diffusion”, le grou- la SNC Le Parisien à Coopé-Presse, Cour, ne pourra pas sortir des ce son propre système de distribu- de proximité, notamment dans les diens, risquait d’être mis en cause. pe Amaury a immédiatement propo- l’éditeur envisage donc de sacrifier NMPP avant plusieurs mois : l’édi- tion en Ile-de-France et à quitter les boulangeries, les cafés, les bureaux La consternation était percepti- sé aux NMPP et à ses partenaires purement et simplement le titre le Nouvelles Messageries de la Presse de tabac. En collant davantage au ble, à la lecture de l’arrêt, chez les sociaux d’examiner sans délai ni préa- plus récent pour sauver l’une des parisienne (NMPP). Tout le disposi- terrain, ce quotidien souhaitait fai- dirigeants du Parisien, qui sont res- lable les solutions qui permettraient perles du groupe Amaury. Entre Un montage complexe tif était fin prêt, les camionnettes ne re décoller sa diffusion, en la por- tés en conclave, avec les représen- de satisfaire à l’objectif qu’il pour- l’embauche de personnel et les demandaient qu’à partir. L’éditeur tant de 355 000 exemplaires en tants des syndicats et des NMPP, suit ». Le groupe poursuit : « En l’ab- accords signés avec les diffuseurs, Le Parisien et Aujourd’hui ne ne redoutait qu’une chose : un con- 2000 à 400 000 en 2003. Les NMPP tout l’après-midi de mercredi. A l’is- sence d’un tel accord dans les jours de forts investissements ont déjà font pas partie de la coopérative flit social avec le syndicat du Livre redoutaient une onde de choc chez sue de cette réunion, les Editions qui viennent, et afin de se mettre en été consentis pour mettre en œuvre des quotidiens de Paris – l’une (CGT) qui menaçait de boycotter les autres éditeurs, qui auraient pu Amaury ont publié un communi- conformité avec la décision du juge, cette distribution autonome. des composantes des Nouvelles tous les titres du groupe Amaury lancer à leur tour une édition pari- qué sybillin, en affirmant que le le groupe Amaury pourrait être con- Messageries de la presse parisien- (Le Monde du 7 juin). sienne, et donc sortir des NMPP. groupe « persiste dans sa volonté de traint d’arrêter la publication d’Aujo- TENSIONS SYNDICALES APAISÉES ne (NMPP) – mais de Coopé-Pres- La cour d’appel de Paris en a déci- Et cela alors que l’activité de distri- procéder à la mise en route du systè- urd’hui en France ». Aux NMPP, on se gardait bien se, à laquelle sont également affi- dé autrement, en infligeant un bution des quotidiens est déjà très me de distribution propre au Pari- Puisque la cour a décidé que Le mercredi 6 juin de crier victoire. liés Le Figaro, L’Equipe, Paris-Turf sérieux revers à l’éditeur du Pari- déficitaire au sein de la message- sien, seul garant du développement Parisien ne pouvait pas être distri- « Il n’y a pas de conflit avec le grou- et Le Journal du dimanche. Tous sien. Infirmant un jugement du Tri- pe Amaury. Même si nous sommes ces titres ont confié leur distribu- bunal de grande instance du 11 mai, en désaccord sur un point de droit, tion à une société commerciale, la cour d’appel a interdit, mercredi, c’est un client que nous devons satis- Transports Presse, dont ils à la SNC Le Parisien Libéré – la « Une simple édition régionale d’un journal national » faire. Mettons nous au travail » affir- détiennent 51 % du capital, les société éditrice du Parisien – de reti- me le porte-parole, Pierre-Emma- 49 % restants étant aux mains de rer le groupage et la distribution de Voici les extraits des considérants de l’arrêt du 6 juin bénéfices ou avantages, mais aussi une action mutuel- nuel Richard. Avec près de Sopredis, une filiale d’Hachette. ce quotidien à deux sociétés, Trans- de la cour d’appel de Paris : le, concertée, où chacun s’efforce de participer sans 900.000 exemplaires de diffusion Le groupe de Jean-Luc Lagardère ports Presse et Coopé-Presse, dont Un éditeur de presse n’est jamais obligé de s’asso- restriction à l’effort de tous et aux coûts incombant à quotidienne pour ses trois titres- est par ailleurs actionnaire à la logistique est assurée par les cier à un système de distribution groupée des jour- la collectivité (...). phares (Le Parisien, Aujourd’hui et 49 % des NMPP. Dans les faits, NMPP. Le Parisien ne peut donc pas naux, qu’il peut souscrire une action d’une société coo- Le Parisien apparaît n’être qu’une simple édition L’Equipe), le groupe Amaury est Transports Presse n’engage voler de ses propres ailes et assurer pérative pour la distribution de régionale d’un journal national portant une autre un des gros clients des NMPP. aucun matériel de distribution sa propre distribution, sauf à payer tout ou partie de ses publica- dénomination, les quelques différences relevées quant L’arrêt de la cour a également mais sous-traite, par contrat, l’en- de considérables astreintes, fixées tions, se réserver la diffusion de à son contenu (cahiers spéciaux justifiant un prix plus apaisé les tensions syndicales. semble des opérations aux par la cour à 10 000 francs par jour certaines d’entre elles ou la con- élevé ou articles particuliers) correspondant seule- Michel Muller, secrétaire général NMPP. Même si juridiquement la et par exemplaire qui serait achemi- fier à d’autres coopératives (...), ment à celles qui se rencontrent communément dans de la Filpac (CGT) se réjouit de cet- réalité est plus complexe, ce sont né hors des NMPP. qu’il peut toujours modifier le les diverses éditions géographiques d’un même quoti- te décision, mais considère que finalement des moyens des système de distribution initiale- dien et ne suffisant pas à conférer au titre son indivi- « la direction des NMPP sera obli- NMPP qui assurent la distribu- COLLER AU TERRAIN ment choisi, qu’il ne peut en dualité (...). gée de trouver des solutions à la tion des exemplaires du Parisien Les magistrats ont surtout jugé, VERBATIM revanche prétendre opérer une La diffusion de ce qui n’est en l’état que l’une des édi- demande pour répondre aux et d’Aujourd’hui. contrairement à l’interprétation distinction entre les différentes éditions d’un même tions d’un même journal constitue une violation évi- besoins spécifiques du Parisien. Il du groupe Amaury, que Le Pari- journal, pour se réserver par exemple sa diffusion sur dente de l’exclusivité prévue par le contrat auquel l’édi- est naturel qu’un éditeur ait des exi- sien, quotidien diffusé en Ile-de- certains points du territoire national aisément accessi- teur a adhéré le 31 décembre 1997 et caractérise ainsi gences pour être mieux distribué ». teur pourrait contre-attaquer juridi- France, et Aujourd’hui en France, bles en laissant à la coopérative le soin d’effectuer la un trouble manifestement illicite (...). Il laisse une porte ouverte à une quement en reprenant une procédu- vendu dans tout le pays, étaient en partie la plus difficile et la plus onéreuse des opéra- Il convient en conséquence d’infirmer la décision négociation, « en particulier pour re d’urgence, qui prendrait entre fait un seul et même journal, lié tions de distribution ; qu’une telle distinction serait en attaquée, d’interdire provisoirement la SNC Le Pari- la réforme de Paris Diffusion Presse, deux et trois mois, ou en portant le par contrat au système de distribu- effet contraire à la solidarité devant exister entre les sien Libéré de retirer aux appelantes le groupage et la l’unité des NMPP qui dessert une dossier en Cour de Cassation, ce qui tion des NMPP. Une telle interpré- éditeurs de journaux adhérant à la même coopérative, distribution du Parisien, sous astreinte de grande partie de la capitale ». Pour nécessiterait neuf à douze mois ». tation contrarie tout le bel échaf- la coopération impliquant non seulement une mise en 10 000 francs par infraction constatée (…) [chaque sa part, Laurent Jourdas, délégué faudage de l’éditeur, qui voulait, commun des moyens et l’intention de se partager des jour]. syndical central CGT des NMPP, Nicole Vulser Les quotidiens généralistes du groupe Amaury Vivendi Universal sort de Havas Advertising b Le groupe. Outre Le Parisien et Le Parisien, Aujourd’hui et la régie Aujourd’hui en France, le groupe Manchette Publicité, réalise L’INFORMATION est venue du les membres du comité exécutif des eaux, Vivendi est ensuite des- pe américain de Chicago, True Amaury édite L’Echo républicain, 1,2 milliard de francs de ventes. groupe de Jean-Marie Messier, étaient absents de Paris au cendu à 20,7 % en novembre 1999, North. Mais cette information n’a L’Equipe, France Football, Tennis de b La diffusion. Le Parisien Vivendi Universal. Dans un com- moment de l’annonce (Alain de puis à 12 % en février 2000 jusqu’à pas été confirmée. France et Vélo Magazine. Contrôlé à et Aujourd’hui ont enregistré muniqué laconique diffusé mercre- Pouzilhac, le président et Jacques 9,9 % au début de cette année. Reste à décider, aujourd’hui, si 75 % par Philippe Amaury et à 25 % une diffusion totale payée di 6 juin, vers 20 heures, l’action- Hérail, le directeur financier, sont A chaque fois, Alain de Pouzil- le groupe conservera le nom par Hachette Filipacchi, il affiche de 486 145 exemplaires en 2000 naire historique du cinquième aux Etats-Unis, Jacques Séguéla hac a obtenu de Jean-Marie Mes- Havas Advertising. Ce qui devrait un chiffre d’affaires de 4,2 milliards (Diffusion-Contrôle). Quotidien groupe mondial de publicité traverse l’Europe...) alors qu’ils sier des interventions formelles être discuté lors d’un prochain de francs pour 2000, dont 80 % d’Ile-de-France avec dix éditions (selon le nouveau classement Ada- manifestent habituellement une destinées aux observateurs finan- comité de direction qui aura lieu à dans la presse. Le groupe Amaury départementales, Le Parisien ge) a indiqué qu’il venait de céder extrême vigilance dès qu’il s’agit ciers sur la « pérennité de son enga- Cannes, en marge du Festival inter- organise aussi des événements a représenté sa dernière participation dans de leur relation avec leur actionnai- gement dans la publicité » afin de national de la publicité du 17 au sportifs, dont le Tour de France 355 316 exemplaires. Créé en 1994 Havas Advertising : 9,9 % valorisés re de référence. de lui permettre de poursuivre les 23 juin. « Personne n’a l’air très et le Paris-Dakar. Il a racheté en remplacement à 453 millions d’euros. Il signe ain- négociations amorcées avec ses pressé de changer », affirme le por- le Futuroscope en février 2000. de l’édition nationale du Parisien, si son désengagement total du UNE AFFAIRE DE STRATÉGIE futurs partenaires. La cession bru- te-parole d’Havas Advertising à b Le pôle du Parisien. La SNC Aujourd’hui a diffusé groupe publicitaire et réalise une Alain de Pouzilhac, président tale des actifs d’Havas Advertising, Paris. Il faudra, toutefois, pour con- Le Parisien libéré, qui coiffe 130 829 exemplaires. plus-value de 113 millions d’euros. d’Havas Advertising, a réussi, mal- entreprise cotée à Paris et à New tinuer à l’utiliser, qu’Havas Adver- Selon les termes financiers de gré les nombreuses difficultés, à York, aurait pu les faire péricliter. tising rachète sa propre marque à l’accord, cette participation «a maîtriser le désengagement de son Récemment encore, Havas Adverti- Vivendi Universal qui en est à ce fait l’objet d’un placement auprès actionnaire historique tout en pré- sing a réalisé l’acquisition globale jour le propriétaire et l’a récem- d’investisseurs institutionnels » à servant son indépendance. La par- (il lui restait 55 % à acquérir) du ment mise en vente. hauteur de 8,9 %. Les 1 % restants tie n’a pas été facile. Depuis qu’Ha- groupe d’achat d’espace, Media ont été acquis par Havas Adverti- vas a fusionné avec la Générale des Planning Group, en Espagne. Il Florence Amalou sing qui porte ainsi son autocon- eaux en février 1997 pour consti- serait actuellement en cours de trôle à 3,4 %. Les 453 millions tuer Vivendi, la maison-mère a sou- négociation pour le rachat du grou- f www.lemonde.fr/vivendi-universal d’euros devraient permettre au vent fait circuler des rumeurs sur le groupe de Jean-Marie Messier d’ac- caractère « non stratégique » de sa quérir plus facilement l’éditeur sco- participation dans la filiale publici- laire américain, Houghton Mifflin, taire. Or, Vivendi avait d’énormes Le britannique Emap achète sur lequel il a lancé une offre publi- besoins en liquidités pour financer que amicale (Le Monde du 4 juin). ses acquisitions. D’ou la divergen- Depuis le début du désengage- ce d’intérêts entre Jean-Marie Mes- « Le Chasseur français » ment du groupe Vivendi Universal sier et Alain de Pouzilhac. Davanta- amorcé en 1997, c’est la première ge une affaire de stratégies qu’une MALGRÉ les difficultés de sa branche américaine, qui se sont soldées fois que l’annonce est faite unilaté- affaire d’hommes. par une perte exceptionnelle et le départ forcé du directeur général ralement. Faut-il y voir un ultime Obligé d’emporter son groupe Kevin Hand, le groupe britannique Emap a annoncé, mercredi 6 juin, affront de la maison-mère à sa tur- vers le sommet du classement des acquisitions en France, où il détient déjà Télé Star, Télé Poche ou bulente filiale, ou simplement le mondial des opérateurs publicitai- Modes et Travaux. Pour 175,2 millions de francs (26,7 millions signe (enfin) avoué de son désinté- res sous peine d’être rayé de la car- d’euros), il acquiert, auprès du groupe Bayard-Presse, 50 % des six rêt de longue date ? La vente de la te, Alain de Pouzilhac avait finale- titres du pôle Média Nature qu’il ne détenait pas encore : Le Chasseur dernière participation de Vivendi ment obtenu une sortie progressi- français (539 000 exemplaires de diffusion totale payée en 2000), Universal était attendue par les ve de Vivendi Universal par paliers L’Ami des jardins et de la maison, La Chasse, La Pêche et les Poissons, publicitaires puisque le groupe de d’environ 10 % qui devaient lui per- Pêche pratique et Grand Gibier. Ces titres étaient détenus depuis 1990 M. Messier avait pris l’engage- mettre de se lancer lui aussi dans à 50-50 par Bayard et Emap France. ment de rester actionnaire jus- de multiples acquisitions, aux Après un exercice 1999 déficitaire (– 29,9 millions de francs), Bayard a qu’au 27 mars seulement. Cette Etats-Unis surtout. Ces paliers lui annoncé, mercredi, un résultat net de 10,6 millions de francs en 2000, annonce semble, pourtant, les évitaient, notamment, de se fragili- pour un chiffre d’affaires de 2,54 milliards (+ 6,8 %). Alain Cordier, avoir pris de court. Ils s’atten- ser brutalement en le rendant président du directoire du groupe, a précisé qu’un nouveau partenai- daient à une cession « imminen- « opéable ». De 37 % au moment re, « un grand investisseur institutionnel », allait rejoindre Bayard Web, te », sans pouvoir la dater. Tous du rachat d’Havas par la Générale détenu par l’éditeur de La Croix et Suez.

Crise du modèle Le sport Et les clés de l’info : alimentaire entre ombre et lumière 4 pages pour e rtif ou hteuse : Le XXI siècle sera spo e, décoder l’actualité ESB, fièvre ap aintien de sa form njoncturelle ne sera pas. M crise agricole co e soi ou moyen d dépassement d ent profon ort est devenu ou bouleversem d’intégration, le sp Chez votre Au sommaire omique à part des habitudes un secteur écon marchand entière. Mais c’est aussi de journaux du numéro de juin alimentaires ? crise, en proie une institution en e érives. 12 F - 1,83 à de multiples d FINANCES ET MARCHÉS LE MONDE / VENDREDI 8 JUIN 2001 / 23

EUROPE TABLEAU DE BORD ÉCONOMIE FRANCFORT DAX 30 LONDRES FT100 PARIS CAC 40

6184,18 5938,20 5476,29 a ZONE EURO : la Commission b TOURISME : la filiale 6299 6003 5693 La France réduit européenne a annoncé, mercre- AFFAIRES Internet de Deutsche Telekom, 6118 5865 5519 di, une forte baisse en mai de T-Online, et les groupes de 5938 5727 5346 ses prévisions son indice du climat des affaires, INDUSTRIE tourisme allemands TUI et 5757 5590 5172 témoignant d’un nouveau ralentis- Neckermann ont renoncé à leur sement de la production industriel- 5577 5452 4998 de croissance b PHILIP MORRIS : un jury a projet d’agence de voyages en le. Cet indice est ressorti à 0,06 le 5396 5314 4824 condamné, mercredi 6 juin à ligne qui avait suscité [[[ [[[ [[[LE MINISTRE de l’économie et mois dernier, contre 0,36 en avril Los Angeles, l’industriel du l’ouverture d’une enquête 7M. 23A. 7J. 7M. 23A. 7J. 7M. 23A. 7J. des finances, Laurent Fabius, a et 1,17 en mai 2000. « A l’exception tabac américain à payer approfondie de la Commission reconnu, mercredi 6 juin, que la d’une quasi stabilisation en février, Indices cours Var. % Var. % 3 milliards de dollars à un malade européenne. Europe 9h57 f se´lection 07/06 06/06 31/12 croissance française, touchée par l’indice n’a cessé de baisser depuis de cinquante-six ans atteint du EUROPE EURO STOXX 50 4470,78 0,04 – 6,32 les répercussions du coup de frein le début de l’année et témoigne b cancer, qui avait accusé cette BODY SHOP : le groupe EUROPE STOXX 50 4292,76 0,37 – 5,80 de l’économie américaine, serait d’une dégradation régulière du senti- entreprise d’être responsable de américain Omnilife serait EUROPE EURO STOXX 324 369,53 0,03 – 5,68 « plus proche de 2,7 % » que des ment de confiance dans les entrepri- son état. Le jury, qui a délibéré parvenu à un accord pour EUROPE STOXX 653 344,08 0,20 – 4,37 2,9 % qui constituaient sa dernière ses de la zone euro », a déclaré la pendant neuf jours, a aussi racheter les 1 814 magasins Body PARIS CAC 40 5476,29 – 0,37 – 7,60 prévision officielle. Il y a quelques Commission dans un commu- accordé à Richard Boeken une Shop pour une valeur de PARIS MIDCAC ...... mois, le gouvernement tablait sur niqué. indemnité de 5,5 millions de 500 millions de dollars, PARIS SBF 120 3746,10 – 0,32 – 6,87 3,3 %. Il avait déjà dû revoir une a Le taux de chômage de la zone dollars pour ses préjudices affirme le Wall Street Journal PARIS SBF 250 ...... première fois cette prévision en euro s’est inscrit à 8,3 % en avril financiers et non financiers. du 7 juin. PARIS SECOND MARCHE´ ...... février. contre 8,4 % en mars, a annoncé AMSTERDAM AEX 589,82 – 0,03 – 7,49 a La consommation des ména- Eurostat mercredi. Pour les quinze b PECHINEY : la production de b EXCITEATHOME : le portail et BRUXELLES BEL 20 2899,05 0,07 – 4,15 ges s’est tassée en 2000, progres- pays de l’union, il ressort à 7,6 % lingots de magnésium a repris, fournisseur d’accès à Internet FRANCFORT DAX 30 6184,18 – 0,13 – 3,88 sant de 2,5 % en volume contre contre 7,7 %. mercredi, à l’usine de Marignac américain a annoncé mercredi LONDRES FTSE 100 5938,20 0,62 – 4,57 2,8 % en 1999, les Français consa- (Haute-Garonne), en veille qu’il allait fermer la plupart de ses MADRID STOCK EXCHANGE 9591,60 0,64 5,29 crant une plus grande part de leur a SUISSE : le produit intérieur depuis le 2 mai à la suite d’une sites en Europe, dont la France, MILAN MIBTEL 30 38219,00 0,17 – 12,58 revenu à l’épargne, écrit l’Insee brut a crû de 2,5 % en volume sur grève des salariés pour dénoncer l’Allemagne et l’Espagne, pour se ZURICH SPI 7554,90 – 0,35 – 7,14 dans une synthèse publiée jeudi. un an au 1er trimestre 2001, et de la fermeture programmée du site concentrer sur la Dans ce contexte, les dépenses ali- 1,8 % en rythme annuel par rap- (Le Monde du 17 mai). Grande-Bretagne et l’Italie. ´ mentaires et les achats d’automobi- port au trimestre précédent, a AMERIQUES les ont marqué le pas tandis que les annoncé jeudi le secrétariat d’Etat b LUCENT : l’équipementier FINANCES autres produits, à commencer par suisse à l’économie. Le gouverne- américain en NEW YORK Dow Jones NEW YORK Nasdaq EURO / DOLLAR les technologies de l’information et ment a également annoncé qu’il télécommunications va b CAISSE DES DÉPÔTS : la 11070,24 2217,73 0,847 de la communication, connais- révisait en baisse ses prévisions de proposer la préretraite à banque d’investissement de 11337 2313 0,932 saient une augmentation encore croissance pour l’ensemble de 10 000 cadres pour accélérer le l’établissement financier, CDC 10948 2178 0,914 soutenue. « Après la très nette repri- 2001 à 2 % contre 2,25 % prévu pré- programme de réduction des Ixis, est candidate au rachat d’une se de la consommation des ménages cédemment. 10558 2043 0,897 coûts lancé en janvier, a indiqué participation de 2,5 % dans la en 1998 (+3,4 %), la hausse avait été mercredi un porte-parole du banque italienne Sanpaolo-IMI, 10168 1908 0,879 moins forte en 1999 (+2,8 %). Elle a a ETATS-UNIS : Laurence groupe. Si la moitié des cadres auprès de Monte dei Paschi, 9779 1773 0,862 continué de faiblir en 2000 », obser- Meyer, membre du conseil des accepte de partir, Lucent pourrait affirme La Tribune du jeudi 7 juin. 9389 1638 0,845 ve l’Insee, qui note qu’un ralentisse- gouverneurs de la Réserve fédé- [[[ [[[ [[[ économiser jusqu’à 100 millions CDC Ixis a par ailleurs annoncé 7M. 23A. 6J. 7M. 23A. 6J. 7M. 23A. 7J. ment s’est fait sentir à partir du rale, a de nouveau souligné, mer- de dollars par an. mercredi le lancement prochain printemps en raison du « renchéris- credi, que la banque centrale améri- de son premier emprunt Indices cours Var. % Var. % sement des produits énergétiques ». caine devait se montrer prudente Ame´rique 9h57 f se´lection 06/06 05/06 31/12 b GILLETTE : le groupe obligataire, pour un montant de dans sa politique de baisse des E´TATS-UNIS DOW JONES 11070,24 – 0,94 2,63 américain Gillette va supprimer 1 milliard d’euros, sur une a ALLEMAGNE : neuf Alle- taux d’intérêt, mais aussi que l’éco- E´TATS-UNIS S&P 500 1270,03 – 1,06 – 3,81 600 emplois supplémentaires maturité de dix ans. ´ – – mands sur dix craignent que l’in- nomie américaine n’avait pas enco- ETATS-UNIS NASDAQ COMPOSITE 2217,73 0,71 10,23 er d’ici à la fin de l’année pour – troduction de l’euro, le 1 janvier re amorcé son rebond après un pre- b TORONTO TSE INDEX 8194,39 0,78 – 8,28 économiser 250 millions de dollars BNP PARIBAS : la banque SAO PAULO BOVESPA 15328,83 .... 0,46 2002, entraîne une augmenta- mier trimestre difficile. « Nous à terme, a indiqué mercredi son française n’envisage pas MEXICO BOLSA 383,82 1,77 21,46 tion généralisée des prix, indique devons prendre garde, alors que PDG, James Kilts. aujourd’hui un rapprochement BUENOS AIRES MERVAL 439,19 – 0,83 5,38 un sondage publié mercredi par le nous réduisons [les taux] pour limi- avec la Société générale et SANTIAGO IPSA GENERAL 109,19 – 0,12 13,74 magazine Telebörse. Selon cette ter les risques d’un ralentissement b PFIZER : le groupe pourrait privilégier une opération CARACAS CAPITAL GENERAL 7715,85 – 0,43 13,05 étude réalisée par l’institut de persistant ou d’une récession, de ne pharmaceutique américain a transfrontalière d’ici deux ans, a recherche Soko, 89 % des citoyens pas créer dans le même temps un annoncé mercredi qu’il déclaré mercredi son président, allemands sont en outre persuadés contexte aboutissant à une hausse donnerait gratuitement le Michel Pébereau. ASIE - PACIFIQUE que l’euro ne sera pas aussi stable de l’inflation lorsque l’expansion Diflucan, un médicament traitant que le Deutschemark. s’accélèrera », a-t-il déclaré lors des affections provoquées par le RÉSULTATS TOKYO Nikkei HONGKONG Hang Seng EURO / YEN a Le nombre de demandeurs d’une réunion d’économistes à sida, aux cinquante pays les plus 13277,51 13703,43 101,84 d’emploi en Allemagne a aug- New York. pauvres. « Il n’y aura pas de limite a ROSSIGNOL : le fabricant de menté de 18 000 en mai en don- 14529 14208 112,8 de temps ou d’argent à ce matériels et de vêtements de nées corrigées des variations sai- a JAPON : les commandes dans programme », a dit le PDG de sports d’hiver a publié, mercredi, 13987 13779 110,3 sonnières, passant à 3,829 mil- la construction mécanique, un Pfizer lors d’une conférence de un bénéfice net consolidé multi- 13445 13350 107,8 lions, a annoncé jeudi l’office fédé- important indicateur avancé des presse. plié par deux en 2000-2001, à 12903 12921 105,3 ral du travail. En données brutes, dépenses d’investissement des 8,7 millions d’euros, contre 4,2 mil- 12361 12492 102,8 le nombre des chômeurs s’élève à entreprises, ont progressé de SERVICES lions d’euros en 1999-2000. Le chif- 11819 12063 100,4 3,721 millions pour le mois de mai, 6,3 % en avril en données corri- fre d’affaires consolidé a augmen- [[[ [[[ [[[donnant un taux de chômage brut gées des variations saisonnières b TERRA LYCOS : la filiale té de 23 %, à 468,2 millions 7M. 23A. 7J. 7M. 23A. 7J. 7M. 23A. 7J. de 9 %. par rapport au mois précédent, a a Internet du groupe d’euros, contre 380,5 millions pour Indices cours Var. % Var. % Cinq des six principaux insti- annoncé jeudi le gouvernement. de télécommunications l’exercice précédent. Zone Asie 9h57 f se´lection 07/06 06/06 31/12 tuts de conjoncture allemands Les analystes s’attendaient en espagnol Telefonica réalisera TOKYO NIKKEI 225 13277,51 0,78 – 3,69 estiment que le chancelier moyenne à une augmentation de « une acquisition stratégique » au b MUTUELLES DU MANS : l’assu- HONGKONG HANG SENG 13703,43 0,94 – 9,22 Gerhard Schroeder ne parviendra 0,5 %. second semestre, a annoncé reur français a annoncé, jeudi, SINGAPOUR STRAITS TIMES 1687,50 0,50 – 12,42 pas à son objectif de 3,5 millions a Les commandes de biens mercredi à Barcelone son un chiffre d’affaires pour 2000 en SE´OUL COMPOSITE INDEX 74,57 0,59 17,71 de chômeurs avant les prochaines d’équipements du secteur privé président, Joaquim Agut. « Nous hausse de 8 %, à 22,2 milliards de SYDNEY ALL ORDINARIES 3367,20 0,36 6,74 élections générales, prévues à ont grimpé de 10,5 % en avril sur allons nous intéresser spécialement francs, et une baisse de son résul- BANGKOK SET 20,86 – 0,67 11,97 l’automne 2002 en raison du ralen- un an, progressant pour le seiziè- aux portails verticaux américains », tat à 828 millions de francs, contre BOMBAY SENSITIVE INDEX 3399,33 – 1,68 – 14,42 tissement de la conjoncture, rap- me mois consécutif, a annoncé le a déclaré M. Agut. 1,2 milliard en 1999. WELLINGTON NZSE-40 2073,95 – 0,44 9,06 porte jeudi la Berliner Zeitung. Bureau du gouvernement jeudi.

VALEUR DU JOUR SUR LES MARCHÉS Taux de change fixe zone Euro Hors zone Euro Euro contre f Taux contre franc f Taux Euro contre f 06/06 FRANC ...... 6,55957 EURO ...... 0,15245 COURONNE DANOISE. 7,4560 Action Usinor PARIS NEW YORK DEUTSCHEMARK ...... 1,95583 DEUTSCHEMARK ...... 3,35385 COUR. NORVE´GIENNE 7,9690 Journée noire pour la LIRE ITALIENNE (1000) . 1,93627 LIRE ITAL. (1000) ...... 3,38774 COUR. SUE´DOISE ...... 9,2412 en euro àParis LE CAC 40 était en baisse de LES MARCHÉS AMÉRICAINS PESETA ESPAG. (100) .... 1,66386 PESETA ESPAG. (100) .... 3,94238 COURONNE TCHE`QUE 33,9550 ESCUDO PORT. (100).... 2,00482 ESCUDO PORT. (100) .... 3,27190 DOLLAR AUSTRALIEN . 1,6675 sidérurgie européenne 16,0 0,13 %, à 5 489,57 points, jeudi ont terminé en baisse mercredi SCHILLING AUTR. (10) . 1,37603 SCHILLING AUTR. (10).. 4,76703 DOLLAR CANADIEN .... 1,3005 7 juin dans les premiers échanges. 6 juin. L’indice Dow Jones, princi- PUNT IRLANDAISE...... 0,78756 PUNT IRLANDAISE...... 8,32894 DOLLAR HONGKONG . 6,6025 ´ ´ ´ ´ 15,5 FLORIN NEERLANDAIS 2,20371 FLORIN NEERLANDAIS 2,97660 DOLLAR NEO-ZELAND 2,0590 LA DÉCISION de George W. Bush, L’ouverture de la Bourse de Paris a pal indicateur de Wall Street, a FRANC BELGE (10) ...... 4,03399 FRANC BELGE (10) ...... 1,62607 FORINT HONGROIS ....251,6100 mardi 5 juin, de réétudier des été différée de quinze minutes jeu- perdu 0,94 %, à 11 070,24 points. MARKKA FINLAND...... 5,94573 MARKKA FINLAND...... 1,10324 LEU ROUMAIN...... 24375 mesures protectionnistes en 15,0 di matin, en raison de problèmes L’indice Standard & Poor’s 500, DRACHME GREC. (100). 3,40750 DRACHME CREC. (100). 1,92503 ZLOTY POLONAIS ...... 3,3730 faveur de la sidérurgie américaine techniques. Mercredi déjà, les qui recense un plus large éventail 14,5 a eu un effet dévastateur sur les cotations avaient été arrêtées vers de valeurs, a reculé de 1,05 %, pour Coursdechangecroise´s valeurs des groupes d’acier euro- 16 h 45, au lieu de 17 h 30, à l’ex- s’établir à 1 270,03 points. 14,0 Cours Cours Cours Cours Cours Cours péens (Le Monde du 7 juin). Pour ception des transactions sur le mar- L’indice composite Nasdaq, riche 07/06 9h57 f DOLLAR YEN(100) EURO FRANC LIVRE FR. S. tous, mercredi a été une journée ché des options. en valeurs de technologie, a cédé DOLLAR ...... 0,83209 0,84740 0,12922 1,39245 0,55665 13,5 noire. L’action de Corus, le sidérur- Ces perturbations étaient dues à 0,71 %, terminant à 2 217,73 YEN ...... 120,18000 ..... 101,84500 15,53000 167,34000 66,91500 EURO...... 1,18008 0,98188 ..... 0,15245 1,64265 0,65690 giste britannique, a enregistré une 13,0 des « problèmes techniques », avait points. Provoquant le pessimisme 13,47 FRANC...... 7,73900 6,43950 6,55957 ..... 10,77695 4,30910 baisse de 12,89 %, à 62,5 pence, cel- expliqué un porte-parole d’Euro- des investisseurs, JP Morgan Cha- LIVRE ...... 0,71816 0,59760 0,60875 0,09275 ..... 0,39990 le 6 juin le de l’allemand ThyssenKrupp a 12,5 next Paris. L’indice vedette de la se a annoncé que ses revenus tirés FRANC SUISSE ...... 1,79645 1,49435 1,52190 0,23200 2,50085 ..... perdu 4,27 %, à 16,8 euros, celle du place de Paris affichait alors des opérations de marché français Usinor a vu son cours bais- 12,0 5 496,49 points, en baisse de devraient baisser dans les pro- Taux d’inte´reˆt(%) Matif ser de 11 %, à 13,47 euros. DJ F M AM J 0,36 %. chains trimestres. Le constructeur La perspective de voir le marché 2000 2001 Hewlett-Packard a également émis Taux Taux Taux Taux Volume dernier premier Taux 06/06 f j. j. 3 mois 10 ans 30 ans Cours 9h57 f 07/06 prix prix américain se fermer aux importa- Source : Bloomberg des commentaires négatifs sur son FRANCFORT FRANCE ...... 4,53 4,35 5,16 5,75 Notionnel 5,5 tions étrangères fait frémir les ana- activité. ALLEMAGNE .. 4,52 4,44 5,04 5,63 DE´CEMBRE 2001 4390 88,22 88,30 lystes. Les uns redoutent que les ves de résultat. Usinor s’est mon- THERMOMÈTRE de la Bourse GDE-BRETAG. 5 5,06 5,12 4,96 Euribor 3 mois sidérurgistes européens se voient tré encore plus pessimiste, en pré- allemande, l’indice Dax des trente ITALIE...... 4,52 4,39 5,42 6,03 JANVIER 2001 .... NC NC NC TAUX JAPON ...... 0,06 0,01 1,26 2,29 privés d’un de leurs plus impor- sentant ses résultats trimestriels, principales valeurs était en hausse E´TATS-UNIS... 3,88 3,66 5,29 5,68 tants débouchés. Les autres crai- mardi. Au premier trimestre, le de 0,28 %, jeudi au matin, pour LE RENDEMENT des emprunts SUISSE ...... 3,15 3,02 3,44 4,17 Pe´trole gnent que les produits asiatiques, groupe, qui devrait déposer dans s’établir à 6 209,67 points. Le Dax d’Etat européens se tendait légère- PAYS-BAS...... 4,48 4,39 5,18 5,69 Cours Var. % et notamment de Corée du Sud, ne les tout prochains jours à la Com- avait reculé de 0,80 % mercredi, ment jeudi matin. Evoluant à En dollars f 06/06 05/06 pouvant plus aller aux Etats-Unis, mission européenne son dossier terminant à 6 192,44 points. l’inverse du prix, le taux de l’obliga- Matie`res premie`res BRENT (LONDRES) ...... 28,96 .... viennent se déverser en Europe et de fusion avec le luxembourgeois tion assimilable du Trésor (OAT) WTI (NEW YORK) ...... 0,28 – 0,32 Cours Var. % LIGHT SWEET CRUDE.... 27,56 – 1,01 accélèrent une dégradation déjà Arbed et l’espagnol Aceralia, a LONDRES française à dix ans s’affichait à En dollars f 06/06 05/06 fort avancée du marché européen enregistré un bénéfice net de 5,17 %. Le taux du Bund, son homo- ME´TAUX (LONDRES) $/TONNE de l’acier. 78 millions d’euros, en baisse de COMPOSÉ des cent premières logue allemand, s’inscrivait à CUIVRE 3 MOIS...... 1676 – 0,06 Or Rien ne va plus, en effet, dans la 53 % par rapport à la même pério- valeurs britanniques, l’indice 5,05 %. ALUMINIUM 3 MOIS...... 1517,50 – 0,03 PLOMB 3 MOIS ...... 465 .... sidérurgie européenne. La deman- de de 2000. « Cela risque d’être le Footsie gagnait 0,56 %, jeudi au Cours Var % ETAIN 3 MOIS...... 4970 – 0,40 En euros f 06/06 05/06 de, qui était restée assez forte jus- meilleur résultat trimestriel de l’an- matin, à 5 934,60 points. Le Foot- ZINC 3 MOIS...... 934 – 0,21 MONNAIES NICKEL 3 MOIS...... 7115 – 0,21 OR FIN KILO BARRE ...... 10000 – 0,50 qu’à la fin de l’année, ne cesse de née », a prévenu le groupe fran- sie avait fini en baisse de 0,35 %, OR FIN LINGOT...... 10050 – 0,89 ME´TAUX (NEW YORK) $/ONCE se réduire. Les constructeurs auto- çais. Alors que celui-ci prévoyait mercredi, à 5 901,50 points. L’EURO restait stable face au billet ONCE D’OR (LO) $ ...... 266,40 .... ARGENT A TERME ...... 4,34 – 0,69 ` mobiles, notamment, révisent tous un redressement de la demande et vert, jeudi matin, dans l’attente de PIECE FRANCE 20 F ...... 57,50 + 2,68 PLATINE A TERME ...... 158013,50 .... PIE`CE SUISSE 20 F ...... 57,50 – 0,86 leurs prévisions à la baisse. Les des prix pour le troisième trimes- TOKYO la réunion de la Banque centrale GRAINES DENRE´ES $/BOISSEAU PIE`CE UNION LAT. 20 .... 57 .... prix, en particulier dans les aciers tre, il annonce désormais qu’il ne européenne, à 0,8478 dollar. BLE´ (CHICAGO)...... 262,50 + 0,38 PIE`CE 10 DOLLARS US ... 187,25 .... MAIS (CHICAGO) ...... 199,25 + 0,38 PIE`CE 20 DOLLARS US ... 374,50 – 0,13 inoxydables, accusent des chutes faut attendre aucune amélioration LES VALEURS JAPONAISES Mercredi, l’euro avait franchi à SOJA TOURTEAU (CHG.) 169,50 + 0,18 PIE`CE 50 PESOS MEX. .... 370,25 – 0,67 de 10 % à 20 %, retrouvant parfois avant le quatrième trimestre de cet- ont terminé en hausse de 0,78 % nouveau le seuil de 0,85 dollar. Le SOFTS $/TONNE leur plus bas niveau depuis dix ans. te année. Au mieux. jeudi, selon l’indice de référence yen se repliait légèrement, jeudi CACAO (NEW YORK) ...... 945 – 0,74 Cotations, graphiques et indices en temps ThyssenKrupp a lancé un deuxiè- Nikkei, qui a terminé à matin, à 120,18 yens pour un CAFE´ (LONDRES) ...... SUCRE BL. (LONDRES)...... re´elsurlesiteWebdu«Monde». me avertissement sur ses perspecti- Martine Orange 13 277,51 points. dollar. www.lemonde.fr/bourse 24 / LE MONDE / VENDREDI 8 JUIN 2001 FINANCES ET MARCHÉS

STOXX 653 sur 1 an sur 5 jours EURO STOXX50 sur 1an sur 5 jours VALEURS EUROPE´ENNES 344,08 4470,78 404 5389 383 5090

VALEURS EUROPÉENNES 346,20 b b 4494,32

L’action Aceralia a perdu Le titre de l’opérateur de télé- 362 4791 4486,11 6,23 %, mercredi 6 juin, tombant à communications KPN a perdu 342 4492 4470,78 344,68 14,45 euros à la Bourse de Madrid. 5,13 % mercredi, à 7,77 euros, à la 4426,02 341,95 321 341,90 4193 4416,20 Le groupe sidérurgique espagnol a Bourse d’Amsterdam. Le titre est 344,08 subi la défiance des investisseurs, toujours influencé négativement 300 3894 [[[[[[[[ [[[[[[[[ après la décision de Washington par les rumeurs d’augmentation 7 JUIN 4 DE´ C. 7 JUIN JVMMJ 7 JUIN 4 DE´ C. 7 JUIN JVMMJ d’ouvrir une enquête sur les impor- de capital géante de 5 milliards à tations d’acier à bas prix aux Etats- 5,5 milliards d’euros, à prix cassé. SODEXHO ALLIANC FR e 52,65 .... CARLSBERG AS -A DK 47,87 .... VA TECHNOLOGIE AT e 39 .... METRO DE e 46,40 .... Unis. b L’action Railtrack a encore TELE PIZZA ES e 2,32 + 0,87 COCA COLA HBC GR 13,96 – 10,74 VEDIOR NV NL e 14,30 – 1,04 NEXT PLC GB 16,02 .... b Le titre du groupe pétrolier Eni cédé 3,90 %, mercredi, à 350 pen- THE SWATCH GRP CH 1376,72 + 1,26 DANISCO DK 40,50 + 0,67 VESTAS WIND SYS DK 56,92 .... PINAULT PRINT. FR e 206 .... THE SWATCH GRP CH 287,20 + 0,23 DANONE FR e 155 .... VINCI FR e 73,55 .... SIGNET GROUP GB 1,25 .... a reculé de 2,19 %, mercredi, à ce. L’action de la société privée THOMSON MULTIME PA 46,19 .... DELTA HOLDINGS GR 7,56 .... VIVENDI ENVIRON FR e 48,71 .... VALORA HLDG N CH 213,10 + 1,09 7,61 euros, à Milan. Devenu récem- chargée de l’infrastructure des che- J D WETHERSPOON GB 6,01 .... DIAGEO GB 12,37 + 0,40 VOLVO -A- SE 17,94 .... VENDEX KBB NV NL e 15,70 + 0,96 ment la première capitalisation mins de fer britannique avait plon- WILSON BOWDEN GB 13,31 .... ELAIS OLEAGINOU GR 20,90 .... VOLVO -B- SE 18,53 .... W.H SMITH GB 8,62 .... WM-DATA -B- SE 4,23 .... ERID.BEGH.SAY FR e 106,30 .... f DJ E STOXX IND GO P 461,54 + 0,04 WOLSELEY PLC GB 8,71 + 1,15 boursière italienne, l’Eni a subi des gé de 17 %, mardi, après les com- WOLFORD AG AT e 18,20 .... HEINEKEN HOLD.N NL e 43,30 .... f DJ E STOXX RETL P 342,48 + 0,04 prises de bénéfices, après l’annon- mentaires négatifs d’une banque WW/WW UK UNITS IR e 1,11 + 1,83 HELLENIC SUGAR GR 7,52 + 1,90 ce par la banque d’affaires Medio- de la City. Le titre Railtrack a été f DJ E STOXX CYC GO P 146,57 – 0,36 KAMPS DE e 10,02 + 0,20 ASSURANCES KERRY GRP-A- GB 22,42 .... AEGIS GROUP GB 2,12 – 0,77 HAUTE TECHNOLOGIE banca d’une émission obligataire exclu de l’indice Footsie lors de sa KONINKLIJKE NUM NL e 48,41 .... AEGON NV NL e 33,47 – 0,09 AIXTRON DE e 97,50 – 0,90 MONTEDISON IT e 2,77 .... convertible en action Eni pour un révision trimestrielle, publiée mer- PHARMACIE AGF FR e 66,40 .... ALCATEL-A- FR e 30,45 .... NESN / CH 2491,93 + 0,32 ALLEANZA ASS IT e 12,60 .... + montant de 350 millions d’euros. credi dans l’après-midi. ACTELION N CH 164,68 + 0,81 e ALTEC SA REG. GR 5,20 1,96 PARMALAT IT 1,82 .... e e ALLIANZ N DE 345 – 0,30 ARM HOLDINGS GB 5,45 – 0,30 ALTANA AG DE 40,70 – 0,12 PERNOD RICARD FR e 84,35 .... ASR VERZEKERING NL e 81,10 .... ARC INTERNATION GB 1,58 – 2,04 ASTRAZENECA GB 57,45 + 0,06 RAISIO GRP -V- FI e 1,55 .... AXA FR e 34,59 .... ASM LITHOGRAPHY NL e 28,40 + 0,04 AVENTIS FR e 85,60 .... + SOLVAY BE e 61,20 .... SCOTT & NEWCAST GB 8,85 0,75 e BB BIOTECH CH 93,54 – 0,35 BALOISE HLDG N CH 1202,16 – 0,05 BAAN COMPANY NL 2,68 .... Code Cours % Var. SYNGENTA N CH 61,66 + 0,21 SOUTH AFRICAN B GB 8,48 .... + 07/06 10 h 13 f CELLTECH GROUP GB 20,60 .... BRITANNIC GB 15,52 0,43 BALTIMORE TECH GB 1 – 3,17 pays en euros 06/06 TESSENDERLO CHE BE e 31,02 .... TATE & LYLE GB 4,11 – 3,47 + ELAN CORP IR e 41,75 .... CGNU GB 15,41 1,85 BAE SYSTEMS GB 5,95 + 0,28 f + TOMKINS GB 3,24 .... e DJ E STOXX CHEM P 383,79 0,43 e CNP ASSURANCES FR 38,60 .... BROKAT DE e 7,60 + 0,13 ESSILOR INTL FR 320,30 .... UNILEVER NL e 65,80 – 0,60 AUTOMOBILE CORP MAPFRE R ES e 25,14 – 0,04 BULL FR e 2,75 .... FRESENIUS MED C DE e 80,80 + 0,75 + UNILEVER GB 9,31 0,35 e e AUTOLIV SDR SE 20,97 .... GALEN HOLDINGS GB 15,03 .... ERGO VERSICHERU DE 170,50 – 0,29 BUSINESS OBJECT FR 37,60 .... e CONGLOME´RATS UNIQ GB 3,37 .... e BASF AG BE 46,80 – 0,64 GAMBRO -A- SE 8,45 .... ETHNIKI GEN INS GR 13 .... CAP GEMINI FR 141,40 .... e WHITBREAD GB 10,30 .... e e BMW DE 39,90 + 0,50 D’IETEREN SA BE e 204,60 .... GLAXOSMITHKLINE GB 32,38 + 0,05 EULER FR 57,75 .... COMPTEL FI 12,80 .... e f DJ E STOXX F & BV P 255,40 – 0,30 e CONTINENTAL AG DE 17,15 + 0,88 AZEO FR e 71,95 .... H. LUNDBECK DK 27,31 .... CODAN DK 92,52 .... DASSAULT SYST. FR 55,60 .... e e DAIMLERCHRYSLER DE 54,55 + 0,28 GBL BE e 300,10 .... NOVARTIS N CH 46,34 + 0,50 FORTIS (B) BE 29,20 .... ERICSSON -B- SE 7,26 .... e e e FIAT IT 26,90 .... GEVAERT BE e 35,15 .... NOVO-NORDISK -B DK 215,88 .... ´ GENERALI ASS IT 34,25 .... F-SECURE FI 1,35 – 2,88 e BIENS D’EQUIPEMENT e FIAT PRIV. IT 16,92 .... INCHCAPE GB 7,69 + 0,65 NOVOZYMES -B- DK 25,61 .... GENERALI HLD VI AT 171 .... FILTRONIC GB 3,91 + 3,48 e e MICHELIN FR 41,93 .... KVAERNER -A- NO 9,29 .... NYCOMED AMERSHA GB 9,43 + 1,06 ABB N CH 84,32 .... INDEPENDENT INS GB 1,79 – 5,22 FINMATICA IT 20,22 .... e e PEUGEOT FR 336 .... MYTILINEOS GR 7,42 + 1,37 ORION B FI e 19 .... ADECCO N CH 703,51 .... INTERAM HELLEN GR 19,06 – 4,60 GETRONICS NL 5,53 – 0,90 e e PIRELLI SPA IT 3,55 .... UNAXIS HLDG N CH 200,25 – 0,65 OXFORD GLYCOSCI GB 17 .... AEROPORTIDIRO IT 9,14 .... IRISH LIFE & PE GB 13,18 .... GN GREAT NORDIC DK 12,47 + 1,09 e e e DR ING PORSCHE DE 391,50 + 0,13 ORKLA NO 21,21 .... PHONAK HLDG N CH 4021,47 – 0,08 AGGREKO GB 7,93 – 0,82 FONDIARIA ASS IT 6,10 .... INFINEON TECHNO DE 39,30 + 0,26 e e e RENAULT FR 53,55 .... SONAE SGPS PT e 0,98 .... QIAGEN NV NL e 29,60 + 0,30 ALSTOM FR 34,97 .... LEGAL & GENERAL GB 2,56 .... INFOGRAMES ENTE FR 22,62 .... e e e VALEO FR 50,30 .... f DJ E STOXX CONG P 329,98 .... ROCHE HLDG CH 104,08 .... ALTRAN TECHNO FR 69,75 .... MEDIOLANUM IT 12,64 .... INTRACOM R GR 18,10 – 8,49 e e + VOLKSWAGEN DE 59,50 .... ROCHE HOLDING G CH 8431,59 .... ALUSUISSE GRP N CH 829,98 .... MUENCH RUECKVER DE 332 0,42 KEWILL SYSTEMS GB 2,05 .... f DJ E STOXX AUTO P 246,95 – 0,12 SANOFI SYNTHELA FR e 72,35 .... ASSA ABLOY-B- SE 17,50 .... SCHW NATL VERS CH 645,54 .... LEICA GEOSYSTEM CH 332,65 .... ´ ´ e TELECOMMUNICATIONS SCHERING AG DE e 62,85 + 1,05 ASSOC BR PORTS GB 7,13 .... POHJOLA GRP.B FI 25,60 .... LOGICA GB 15,52 – 0,11 ATLAS COPCO -A- SE 24,71 .... PRUDENTIAL GB 13,06 + 0,13 LOGITECH INTL N CH 349,78 – 1,67 ATLANTIC TELECO GB 0,39 + 9,09 SERONO -B- CH 1131,02 – 0,06 BANQUES ATLAS COPCO -B- SE 24,11 .... RAS IT e 14,76 .... MARCONI GB 5,83 – 1,93 BRITISH TELECOM GB 6,95 – 1,17 SHIRE PHARMA GR GB 20,32 – 2,98 ATTICA ENTR SA GR 7,92 .... ROYAL SUN ALLIA GB 7,80 + 0,64 NOKIA FI e 35,40 – 2,02 ABBEY NATIONAL GB 20,95 + 0,24 CABLE & WIRELES GB 7,59 + 0,43 SMITH & NEPHEW GB 5,37 – 1,21 BAA GB 10,14 – 0,80 SAI IT e 17,60 .... OCE NL e 14,55 – 0,68 ABN AMRO HOLDIN NL e 22,63 – 0,22 COLT TELECOM NE GB 11,66 .... SSL INTL GB 9,08 – 0,54 BBA GROUP PLC GB 4,63 – 3,09 SAMPO -A- FI e 9,90 – 0,90 OLIVETTI IT e 2,11 .... ALL & LEICS GB 13,16 – 0,50 DEUTSCHE TELEKO DE e 23,30 – 0,85 SULZER AG 100N CH 443,98 – 0,15 BTG GB 20,86 .... SWISS RE N CH 2327,91 + 0,23 PSION GB 2,23 + 0,74 ALLIED IRISH BA GB 20,95 – 0,70 E.BISCOM IT e 84,05 .... SYNTHES-STRATEC CH 714,71 .... CIR IT e 1,78 .... SCOR FR e 52,10 .... SAGE GRP GB 4,94 + 1,35 ALPHA BANK GR 28,98 – 4,80 EIRCOM IR e 1,27 – 2,31 UCB BE e 37,49 .... CAPITA GRP GB 8,02 – 4,31 SKANDIA INSURAN SE 12,30 .... SAGEM FR e 76,25 .... B.P.SONDRIO IT e 11,45 .... ELISA COMMUNICA FI e 20 – 1,96 WILLIAM DEMANT DK 37,88 .... CDB WEB TECH IN IT e 4,46 .... ST JAMES’S PLAC GB 7,11 .... SAP AG DE e 172,50 – 0,58 B.P.VERONA E S. IT e 11,60 .... ENERGIS GB 4,44 – 0,37 WS ATKINS GB 13,18 + 1,52 CGIP FR e 45,21 .... STOREBRAND NO 8,72 .... SAP VZ DE e 173,80 + 0,12 BANK OF IRELAND GB 18,65 .... EQUANT NV DE e 32,10 .... ZELTIA ES e 12,42 + 0,73 COOKSON GROUP P GB 2,66 .... SWISS LIFE REG CH 799,03 + 0,41 SEMA GB 9,17 .... BANK OF PIRAEUS GR 14 – 5,41 EUROPOLITAN HLD SE 7,91 .... f DJ E STOXX HEAL 566,19 + 0,06 DAMPSKIBS -A- DK 8380,60 .... TOPDANMARK DK 32,18 .... SEZ HLDG N CH 694,29 .... BANKINTER R ES e 41,35 + 0,71 FRANCE TELECOM FR e 62,85 .... DAMPSKIBS -B- DK 9158,32 .... ZURICH FINL SVC CH 405,11 + 0,16 SIEMENS AG N DE e 85 + 0,59 BARCLAYS PLC GB 36,34 – 0,05 HELLENIC TELE ( GR 16,46 – 1,44 DAMSKIBS SVEND DK 12057,87 .... f DJ E STOXX INSU P 401,41 – 0,12 MB SOFTWARE DE e 3,02 .... BAYR.HYPO-U.VER DE e 56,60 .... KINGSTON COM GB 1,99 .... E´NERGIE E.ON AG DE e 61,30 – 0,49 SPIRENT GB 4,29 + 0,38 BBVA R ES e 16,16 .... KONINKLIJKE KPN NL e 7,94 + 2,19 BG GROUP GB 4,65 + 0,35 EADS SICO. FR e 23,85 .... STMICROELEC SIC FR e 43,50 .... BCA AG.MANTOVAN IT e 10,28 .... KPNQWEST NV -C- NL e 13 – 0,76 BP GB 10,38 – 0,94 ELECTROCOMPONEN GB 10,50 .... MEDIAS THINK TOOLS CH 23,71 .... BCA FIDEURAM IT e 11,88 .... LIBERTEL NV NL e 11,90 – 0,83 CEPSA ES e 14,20 .... EPCOS DE e 73,30 – 0,27 THUS GB 1 .... INTESABCI IT e 4,23 .... MANNESMANN N DE e 127 .... BSKYBGROUP GB 11,88 – 0,28 TIETOENATOR FI e 31,40 .... BCA LOMBARDA IT e 10,20 .... MOBILCOM DE e 17,80 – 0,78 (Publicite´) CANAL PLUS FR e 3,75 .... f DJ E STOXX TECH P 633,19 – 0,96 BCA P.BERG.-C.V IT e 19,24 .... PANAFON HELLENI GR 6,58 + 1,86 CAPITAL RADIO GB 13,14 .... BCA P.MILANO IT e 4,85 .... PT TELECOM SGPS PT e 9,23 .... CARLTON COMMUNI GB 6,52 + 1,02 B.P.EMILIA ROMA IT e 37 .... SONERA FI e 9,58 – 1,74 DLY MAIL & GEN GB 12,32 – 1,32 SERVICES COLLECTIFS B.P.NOVARA IT e 7,60 .... SWISSCOM N CH 291,48 + 0,45 ELSEVIER NL e 15,05 + 0,47 B.P.LODI IT e 11,97 .... T.I.M. IT e 6,70 .... Chaque lundi avec EMAP PLC GB 13,14 .... ACEA IT e 9,97 .... BCA ROMA IT e 4,42 .... SONG NETWORKS SE 3,53 .... FOX KIDS EUROPE NL e 9,35 + 0,54 AEM IT e 2,67 .... BCO POPULAR ESP ES e 40,41 – 0,44 TDC -B- DK 46,93 – 1,13 FUTURE NETWORK GB 1,13 .... BRITISH ENERGY GB 4,73 .... BCP R PT e 4,56 .... TELE2 -B- SE 41,94 .... GRANADA GB 2,87 + 0,57 CENTRICA GB 3,99 + 0,41 BIPOP CARIRE IT e 4,39 .... TELECEL PT e 10,60 .... GRUPPO L’ESPRES IT e 4,92 .... EDISON IT e 11 .... BK OF SCOTLAND GB 13,31 .... TELECOM ITALIA IT e 10,71 .... GWR GROUP GB 6,24 .... ELECTRABEL BE e 232 .... BNL IT e 3,85 .... TELECOM ITALIA IT e 6,10 .... HAVAS ADVERTISI FR e 15,37 .... ELECTRIC PORTUG PT e 2,96 .... BNP PARIBAS FR e 103,80 .... TELIA SE 6,12 .... INDP NEWS AND M IR e 2,68 .... ENDESA ES e 19,36 + 0,52 BSCH R ES e 11,26 .... TISCALI IT e 13,60 .... 0123 INFORMA GROUP GB 8,89 .... ENEL IT e 3,65 .... COMIT IT e 6,16 .... VERSATEL TELECO NL e 4,80 – 1,03 LAGARDERE SCA N FR e 62,55 .... EVN AT e 32,18 .... COMM.BANK OF GR GR 49 + 0,41 VODAFONE GROUP GB 2,91 + 0,57 LAMBRAKIS PRESS GR 8,60 + 1,18 FORTUM FI e 5,53 .... COMMERZBANK DE e 29,30 + 0,17 f DJ E STOXX TCOM P 560,91 + 0,10 DATÉ MARDI M6 METROPOLE TV FR e 30,51 .... GAS NATURAL SDG ES e 18,59 + 0,49 CREDIT LYONNAIS FR e 41,81 .... MEDIASET IT e 11,07 .... HIDRO CANTABRIC ES e 26,50 – 0,38 DANSKE BANK DK 18,64 – 0,71 MODERN TIMES GR SE 30,83 .... IBERDROLA ES e 15,34 + 0,07 DEUTSCHE BANK N DE e 89,40 .... CONSTRUCTION MONDADORI IT e 9,85 .... INNOGY HOLDINGS GB 3,48 – 4,93 DEXIA BE e 181 .... NRJ GROUP FR e 20,71 .... e ACCIONA ES e 43,60 – 0,34 retrouvez ITALGAS IT 10,46 .... DNB HOLDING -A- NO 5,02 .... PEARSON GB 21,19 + 0,78 ACS ES e 32,60 + 0,31 KELDA GB 6,31 .... DRESDNER BANK N DE e 53,70 + 0,09 PRISA ES e 13,21 + 0,38 – AGGREGATE IND GB 1,51 .... NATIONAL GRID G GB 9,31 1,22 EFG EUROBK ERGA GR 16,16 + 1 PROSIEBEN SAT.1 DE e 21 .... + AKTOR SA GR 7,86 .... INTERNATIONAL P GB 5,06 0,98 ERSTE BANK AT e 59,75 .... PT MULTIMEDIA R PT e 16,21 .... e AMEY GB 6,54 – 0,25 OESTERR ELEKTR AT 110 .... ESPIRITO SANTO PT e 16,04 .... PUBLICIS GROUPE FR e 37 .... UPONOR -A- FI e 17,80 – 1,11 PENNON GROUP GB 10,05 .... FOERENINGSSB A SE 13,44 .... PUBLIGROUPE N CH 460,44 – 2,10 – AUREA R ES e 21,10 – 0,19 POWERGEN GB 11,81 0,14 LE MONDE ECONOMIE + HALIFAX GROUP GB 13,22 + 0,25 REED INTERNATIO GB 10,60 0,94 + ACESA R ES e 11,35 + 0,09 SCOTTISH POWER GB 8,41 0,99 HSBC HLDG GB 14,82 + 0,22 REUTERS GROUP GB 16,86 + 0,59 BOUYGUES FR e 42,95 .... SEVERN TRENT GB 11,83 .... IKB DE e 15,90 + 0,32 RTL GROUP LU e 71,15 .... e BPB GB 4,24 .... SUEZ FR 36,50 .... KBC BANCASSURAN BE e 43,69 .... SMG GB 3,48 – 0,93 BRISA AUTO-ESTR PT e 10,50 .... SYDKRAFT -A- SE 25,25 .... LLOYDS TSB GB 12,12 – 0,27 SOGECABLE R ES e 24,75 + 0,57 BUZZI UNICEM IT e 12 .... SYDKRAFT -C- SE 20,59 .... MONTE PASCHI SI IT e 3,82 .... COFLEXIP FR e 174 .... EUROTUNNEL FR e 1,36 .... TAYLOR NELSON S GB 4,14 .... e – NOVAR GB 3,20 + 0,52 FENOSA ES 21,52 0,55 NAT BANK GREECE GR 38,30 – 6,95 DORDTSCHE PETRO NL e 58 .... EXEL GB 12,24 – 2,61 TELEFONICA ES e 17,33 + 0,23 + CRH PLC GB 35,32 – 0,05 UNITED UTILITIE GB 10,38 0,48 NATEXIS BQ POP. FR e 96,70 .... ENI IT e 7,61 .... XANSA GB 6,55 – 0,25 TELEWEST COMM. GB 1,97 .... CIMPOR R PT e 25,14 .... VIRIDIAN GROUP GB 11,09 .... NORDEA SE 6,72 .... ENTERPRISE OIL GB 10,50 + 0,95 GROUP 4 FALCK DK 132,08 .... TF1 FR e 41,30 .... f + COLAS FR e 66,60 .... DJ E STOXX PO SUP P 324,16 0,05 ROLO BANCA 1473 IT e 18,22 .... HELLENIC PETROL GR 8,02 + 0,25 FINMECCANICA IT e 1,16 .... TRINITY MIRROR GB 7,54 .... GRUPO DRAGADOS ES e 15 – 0,92 ROYAL BK SCOTL GB 28,49 – 0,63 LASMO GB 2,96 .... FINNLINES FI e 25,50 .... UNITED PAN-EURO NL e 5,50 + 1,85 FCC ES e 23,74 .... S-E-BANKEN -A- SE 10,84 .... LATTICE GROUP GB 2,25 .... FKI GB 4,12 – 11,62 UTD BUSINESS ME GB 11,71 .... GRUPO FERROVIAL ES e 19,60 + 0,26 SAN PAOLO IMI IT e 15,42 .... OMV AG AT e 122 .... FLS IND.B DK 14,48 – 6,09 VIVENDI UNIVERS FR e 75,70 .... HANSON PLC GB 8,38 + 1,80 STANDARD CHARTE GB 16,46 .... PETROLEUM GEO-S NO 14,31 .... FLUGHAFEN WIEN AT e 38,70 .... VNU NL e 47,60 + 0,17 HEIDELBERGER ZE DE e 55 + 0,92 e REPSOL YPF ES e 21,27 – 0,37 e + e + EURO STE GENERAL-A- FR 71,55 .... – GAMESA ES 26,86 1,36 WOLTERS KLUWER NL 30,95 0,13 HELL.TECHNODO.R GR 6,48 6,09 e ______SV HANDBK -A- SE 16,69 .... ROYAL DUTCH CO NL 71,14 – 1,33 GKN GB 12,29 .... WPP GROUP GB 13,13 + 0,76 HERACLES GENL R GR 13,30 + 5,89 SWEDISH MATCH SE 5,42 .... SAIPEM IT e 7,54 .... HAGEMEYER NV NL e 25,85 – 0,42 f DJ E STOXX MEDIA P 407,71 + 0,07 HOCHTIEF ESSEN DE e 24,75 + 0,41 NOUVEAU UBS N CH 176,21 .... SHELL TRANSP GB 10,23 .... HALKOR GR 4,22 – HOLCIM CH 1307,56 .... 3,21 UNICREDITO ITAL IT e 5,17 .... TOTAL FINA ELF FR e 175,10 .... – IMERYS FR e 123,10 .... HAYS GB 4,04 21,41 ´ f DJ E STOXX BANK P 327,49 – 0,19 IHC CALAND NL e 63,40 – 0,08 e + BIENS DE CONSOMMATION MARCHE ITALCEMENTI IT e 10,22 .... HEIDELBERGER DR DE 60,10 0,17 f DJ E STOXX ENGY P 383,75 – 0,60 e LAFARGE FR e 109,80 .... HUHTAMAEKI VAN FI 30,70 .... AHOLD NL e 35,45 – 0,64 IFIL IT e 7,37 .... Cours % Var. PRODUITS DE BASE MICHANIKI REG. GR 2,68 .... ALTADIS ES e 14,76 – 1,73 07/06 10 h 13 f en euros 06/06 PILKINGTON PLC GB 1,86 – 0,88 IMI PLC GB 4,40 .... AMADEUS GLOBAL ES e 8,13 + 1,25 SERVICES FINANCIERS e + ACERALIA ES e 14,42 – 0,21 RMC GROUP PLC GB 11,50 – 2,10 INDRA SISTEMAS ES 11,35 0,44 ATHENS MEDICAL GR 4,78 .... AMSTERDAM ACERINOX R ES e 37,75 + 0,13 SAINT GOBAIN FR e 171,70 .... 3I GROUP GB 20,93 .... IND.VAERDEN -A- SE 19,83 .... AUSTRIA TABAK A AT e 72,94 .... ALUMINIUM GREEC GR 34,64 – 1,03 SKANSKA -B- SE 44,70 .... ALMANIJ BE e 41 .... INVESTOR -A- SE 15,23 .... AVIS EUROPE GB 2,22 .... AIRSPRAY NV 21,10 .... ANGLO AMERICAN GB 18,53 .... TAYLOR WOODROW GB 3,27 – 0,50 ALPHA FINANCE GR 44,90 .... INVESTOR -B- SE 15,12 .... BEIERSDORF AG DE e 113,10 + 0,27 ANTONOV 0,39 .... ASSIDOMAEN AB SE 24,60 .... TECHNIP FR e 180,50 .... AMVESCAP GB 21,72 + 0,61 ISS DK 65,03 + 1,04 BIC FR e 43,50 .... C/TAC 3,10 .... e BEKAERT BE e 43,11 .... TITAN CEMENT RE GR 38,88 + 0,62 BHW HOLDING AG DE e 32,30 + 0,62 JOT AUTOMATION FI 1,10 – 1,79 BRIT AMER TOBAC GB 8,59 – 3,68 CARDIO CONTROL 2,71 .... BILLITON GB 6,19 .... VINCI FR e 73,55 .... BPI R PT e 3,18 .... KINNEVIK -B- SE 25,14 .... CASINO GP FR e 106,10 .... CSS 23,90 .... BOEHLER-UDDEHOL AT e 43,81 .... WIENERB BAUSTOF AT e 21,10 .... BRITISH LAND CO GB 8,62 .... COPENHAGEN AIRP DK 96,54 .... CLARINS FR e 89,75 .... HITT NV 8,30 .... BUNZL PLC GB 7,54 – 0,22 f DJ E STOXX CNST P 247,53 – 0,04 CANARY WHARF GR GB 8,97 .... KONE B FI e 86 .... DELHAIZE BE e 68,15 .... INNOCONCEPTS NV 19 .... CORUS GROUP GB 1,07 + 3,17 CATTLES ORD. GB 5,01 – 0,65 LEGRAND FR e 234,70 .... COLRUYT BE e 44,11 .... NEDGRAPHICS HOLD 8,60 .... ELVAL GR 4,14 .... CLOSE BROS GRP GB 16,66 – 1,07 LINDE AG DE e 51,55 + 0,10 FIRSTGROUP GB 5,78 – 1,12 SOPHEON 1,34 .... HOLMEN -B- SE 23,95 .... CONSOMMATION CYCLIQUE COBEPA BE e 64,50 .... MAN AG DE e 27,50 + 1,10 FREESERVE GB 1,56 .... PROLION HOLDING 94 .... NL e 4,15 CONSORS DISC-BR DE e 26,67 .... MG TECHNOLOGIES DE e 13 + 0,78 GALLAHER GRP GB 7,72 – 1,47 RING ROSA 0,22 .... ISPAT INTERNATI .... ACCOR FR e 48,70 .... GB 17,25 CORP FIN ALBA ES e 26,53 – 0,04 WARTSILA CORP A FI e 25,35 .... GIB BE e 46 .... UCC GROEP NV 6,90 .... JOHNSON MATTHEY .... ADIDAS-SALOMON DE e 70,50 .... AT e 52,74 CS GROUP N CH 214,08 – 0,15 METSO FI e 12,95 .... GIVAUDAN N CH 318,82 + 0,21 MAYR-MELNHOF KA .... AGFA-GEVAERT BE e 18,99 .... FI e 8,85 DEPFA-BANK DE e 82 .... MORGAN CRUCIBLE GB 5,52 – 0,30 HENKEL KGAA VZ DE e 71,80 .... M-REAL -B- .... AIR FRANCE FR e 21,40 .... FI e 10,80 – DIREKT ANLAGE B DE e 22,87 + 2,10 TELE2 -B- SE 41,94 .... IMPERIAL TOBACC GB 12,78 – 1,52 BRUXELLES OUTOKUMPU 1,37 AIRTOURS PLC GB 4,53 .... FR e 62,35 DROTT -B- SE 12,79 .... NKT HOLDING DK 24,81 + 0,54 JERONIMO MARTIN PT e 8,10 .... PECHINEY-A- .... ALITALIA IT e 1,52 .... ARTHUR 5,48 .... FI e 4,64 EURAZEO FR e 74,25 .... EXEL GB 12,24 – 2,61 KESKO -B- FI e 8,78 + 0,92 RAUTARUUKKI K .... AUSTRIAN AIRLIN AT e 11,83 .... ENVIPCO HLD CT 0,48 .... GB 22,51 + FINAXA FR e 111 .... PACE MICRO TECH GB 8,05 .... L’OREAL FR e 80,35 .... RIO TINTO 0,37 AUTOGRILL IT e 12,99 .... FARDIS B 18 .... GR 3,60 FORTIS (B) BE e 29,20 .... PARTEK FI e 11,80 .... LAURUS NV NL e 7,40 – 0,67 SIDENOR .... BANG & OLUFSEN DK 36,20 .... INTERNOC HLD 0,51 .... GR 21,60 + FORTIS (NL) NL e 28,90 – 0,76 PENINS.ORIENT.S GB 4,81 – 2,98 MORRISON SUPERM GB 3,27 .... SILVER & BARYTE 0,75 BASS GB 12,40 – 0,66 INTL BRACHYTHER B 8,80 .... GB 2,27 GECINA FR e 103 .... PERLOS FI e 14,50 RECKITT BENCKIS GB 15,15 .... SMURFIT JEFFERS .... BENETTON GROUP IT e 16,55 ...... LINK SOFTWARE B 3,95 .... FI e 13,55 GIMV BE e 41,60 .... SAFEWAY GB 6,51 + 0,25 STORA ENSO -A- .... BERKELEY GROUP GB 13,31 – 1,10 PREMIER FARNELL GB 5,75 .... PAYTON PLANAR 0,45 .... FI e 13,85 + GREAT PORTLAND GB 4,86 – 0,67 + SAINSBURY J. PL GB 7,01 .... STORA ENSO -R- 0,36 BRITISH AIRWAYS GB 6,09 – 1,33 RAILTRACK GB 5,77 0,29 SE 25,90 HAMMERSON GB 8,51 + 0,78 e STAGECOACH HLDG GB 1,13 – 1,43 SVENSKA CELLULO .... BULGARI IT e 13,88 .... RANDSTAD HOLDIN NL 14,35 .... THYSSENKRUPP DE e 16,95 + ING GROEP NL e 76,40 – 0,03 – TERRA LYCOS ES e 9,27 + 1,31 0,89 CHRISTIAN DIOR FR e 47,92 .... RENTOKIL INITIA GB 3,70 0,44 FRANCFORT BE e 50 LAND SECURITIES GB 14,54 .... TESCO PLC GB 4,30 + 0,77 UNION MINIERE .... CLUB MED. FR e 75,65 .... REXAM GB 5,03 .... FI e 37,40 LIBERTY INTL GB 8,94 .... e TNT POST GROEP NL e 25 – 1,42 AIXTRON 115,50 .... UPM-KYMMENE COR .... COMPASS GROUP GB 8,67 .... REXEL FR 73,10 .... FR e 13,47 MAN GROUP GB 15,95 – 0,61 e WANADOO FR e 6,61 .... AUGUSTA TECHNOLOGIE 20,32 .... USINOR .... DT.LUFTHANSA N DE e 22,15 + 0,68 RHI AG AT 22,90 .... GR 10,06 MARSCHOLLEK LAU DE e 120,95 .... f DJ E STOXX N CY G P 414,95 – 0,22 BB BIOTECH ZT-D 87,60 .... VIOHALCO .... ELECTROLUX -B- SE 17,50 .... RIETER HLDG N CH 282,92 – 1,94 AT e 33,20 MEDIOBANCA IT e 12,88 .... BB MEDTECH ZT-D 16,90 .... VOEST-ALPINE ST .... EM.TV & MERCHAN DE e 3,30 + 0,92 ROLLS ROYCE GB 4,02 – 1,61 FR e 19,50 METROVACESA ES e 17,62 + 0,63 BERTRANDT AG 13,10 – 0,76 WORMS N .... EMI GROUP GB 7,20 .... SANDVIK SE 25,52 .... e BETA SYSTEMS SOFTWA 6,50 – 1,52 f DJ E STOXX BASI P 195,25 + 0,09 e MONTEDISON IT 2,77 .... SAURER ARBON N CH 497,33 + 0,27 COMMERCE DISTRIBUTION EURO DISNEY FR 1,12 .... CEYONIQ 8,70 + 0,81 e PROVIDENT FIN GB 13,24 .... SCHNEIDER ELECT FR e 70,10 .... HERMES INTL FR 169,80 .... ALLIANCE UNICHE GB 9,13 – 0,54 – REALDANMARK DK 71,07 .... e CE CONSUMER ELECTRO 9,22 1,39 HILTON GROUP GB 3,96 – 0,41 SEAT PAGINE GIA IT 1,16 .... AVA ALLG HAND.G DE e 39 .... CHIMIE RODAMCO EUROPE NL e 43,10 – 1,49 CENIT SYSTEMHAUS 18,10 .... HDP IT e 4,84 .... SECURICOR GB 3,10 + 2,16 BOOTS CO PLC GB 9,97 + 0,50 RODAMCO NORTH A NL e 48,70 – 0,61 DIALOG SEMICOND 7,35 .... AIR LIQUIDE FR e 162,10 .... HUNTER DOUGLAS NL e 31,45 – 0,16 SECURITAS -B- SE 21,13 .... BUHRMANN NV NL e 19,48 + 1,88 SCHRODERS GB 15,49 .... DRILLISCH 2,57 – 6,20 AKZO NOBEL NV NL e 50,10 – 0,60 KLM NL e 22,15 – 0,23 SERCO GROUP GB 7,47 .... CARREFOUR FR e 62,95 .... SIMCO N FR e 78,80 .... EDEL MUSIC 4,50 .... BASF AG DE e 46,80 – 0,64 LVMH FR e 66,50 .... SGL CARBON DE e 45,20 + 0,44 CASTO.DUBOIS FR e 266 .... SLOUGH ESTATES GB 6,14 .... ELSA 6,60 .... BAYER AG DE e 46,60 – 0,75 MEDION DE e 98,20 – 0,05 SHANKS GROUP GB 2,94 .... CC CARREFOUR ES e 15,74 + 0,25 UNIBAIL FR e 188,60 .... EM.TV & MERCHANDI 5,90 .... BOC GROUP PLC GB 18,01 .... MOULINEX FR e 3,95 .... SIDEL FR e 47,90 .... CHARLES VOEGELE CH 147,39 + 1,70 VALLEHERMOSO ES e 7,72 + 0,92 EUROMICRON 18 + 1,12 CELANESE N DE e 26,70 – 0,37 NH HOTELES ES e 14,13 – 0,14 INVENSYS GB 2,51 .... D’IETEREN SA BE e 204,60 .... WCM BETEILIGUNG DE e 19,20 .... CIBA SPEC CHIMI CH 72,29 – 0,23 NXT GB 7,52 + 5,53 SINGULUS TECHNO DE e 27,70 + 1,47 DEBENHAMS GB 7,82 – 0,63 f DJ E STOXX FINS P 284,01 – 0,09 CLARIANT N CH 333,97 .... P & O PRINCESS GB 6,08 – 0,27 SKF -B- SE 20,43 .... DIXONS GROUP GB 4,02 .... e CODES PAYS ZONE EURO e + SMITHS GROUP GB 14,34 .... e DSM NL 43,68 0,65 PERSIMMON PLC GB 5,45 – 0,60 GAL LAFAYETTE FR 186,50 .... FR : France - DE : Allemagne - ES : Espagne – e + SOPHUS BEREND - DK 30,44 .... e + EMS-CHEM HOLD A CH 4841,58 0,68 PREUSSAG AG DE 39,50 0,38 ALIMENTATION ET BOISSON GEHE AG DE 43,50 1,16 IT : Italie - PT : Portugal - IR : Irlande ICI GB 7,57 .... RANK GROUP GB 3,71 .... SPIRENT GB 4,29 + 0,38 GREAT UNIV STOR GB 9,97 – 0,49 LU : Luxembourg - NL : Pays-Bas - AT : Autriche KEMIRA FI e 6,95 .... CFR UB/UB -69 CH 3011 – 1,68 ALLIED DOMECQ GB 7 .... TECAN GROUP N CH 1060,54 .... GUCCI GROUP NL e 107,70 .... FI : Finlande - BE : Belgique - GR : Gre`ce. KON. VOPAK NV NL e 27,90 .... ROY.PHILIPS ELE NL e 33,91 – 0,85 ASSOCIAT BRIT F GB 6,87 + 2,20 TPI ES e 5,63 + 1,08 HENNES & MAURIT SE 18,53 .... LAPORTE GB 11,40 .... RYANAIR HLDGS IR e 12,82 – 1,99 BBAG OE BRAU-BE AT e 42,60 .... THALES FR e 48,20 .... KARSTADT QUELLE DE e 36,80 .... CODES PAYS HORS ZONE EURO LONZA GRP N CH 689,68 – 0,10 SAIRGROUP N CH 93,87 + 2,52 BRAU-UNION AT e 41,50 .... TOMRA SYSTEMS NO 20,77 .... KINGFISHER GB 7,23 – 0,45 CH : Suisse - NO : Norve`ge - SE : Sue`de NORSK HYDRO NO 48,95 .... SAS DANMARK A/S DK 12,27 – 2,66 CADBURY SCHWEPP GB 7,67 + 0,65 TRAFFICMASTER GB 5,32 + 0,31 MARKS & SPENCER GB 4,06 – 1,20 GB : Grande-Bretagne - DK : Danemark. RHODIA FR e 13,50 .... SEB FR e 60,40 .... CARLSBERG -B- DK 52,70 .... UNAXIS HLDG N CH 200,25 – 0,65 MATALAN GB 7,47 .... FINANCES ET MARCHÉS LE MONDE / VENDREDI 8 JUIN 2001 / 25

ALCATEL...... w 29,66 194,56 – 2,59 30,21 EURO DISNEY ...... w 1,10 7,22 – 1,79 1,15 REMY COINTRE..... w 33,95 222,70 – 3,69 36,63 w w Compen- ALCATEL O ...... 22,03 144,51 +0,14 ... EUROTUNNEL ...... 1,37 8,99 +0,74 1,38 RENAULT ...... 53,40 350,28 – 0,28 54,00 Cours Cours % Var. sation ALSTOM ...... w 34,95 229,26 – 0,06 35,00 FAURECIA...... w 66,90 438,84 +0,60 65,45 REXEL...... w 74,20 486,72 +1,50 74,30 International f en euros en francs veille Une se´ lection (1) VALEURS FRANCE ALTRAN TECHN .... w 70 459,17 +0,36 69,75 FIMALAC SA...... aw 42,38 277,99 +1,39 42,50 RHODIA ...... w 13,59 89,14 +0,67 13,80 ATOS ORIGIN...... w 98,20 644,15 +0,10 96,10 F.F.P. (NY)...... 108,10 709,09 – 2,61 ... ROCHETTE (LA ...... 7,90 51,82 – 1,25 ... ADECCO ...... 64,95 426,04 +1,48 ... ARBEL...... FINAXA ...... 111,10 728,77 +0,09 ... ROYAL CANIN...... w 112 734,67 ... 112,00 AMERICAN EXP...... 49,57 325,16 – 0,32 ... VALEURS FRANCE AVENTIS ...... w 86,25 565,76 +0,76 86,10 FIVES-LILLE ...... ROUGIER #...... 69,40 455,23 +0,07 ... AMVESCAP EXP...... b A l’ouverture, jeudi 7 juin au matin, l’ac- AXA ...... w 34,96 229,32 +1,07 34,45 FONC.LYON.#...... 33 216,47 ...... RUE IMPERIAL...... 1700 11151,27 ...... ANGLOGOLD LT ...... tion Michelin gagnait 0,33 %, à 42,07 euros, BAIL INVESTI...... w 123 806,83 – 0,24 126,80 FRANCE TELEC ..... w 62,40 409,32 – 0,72 64,20 SADE (NY) ...... A.T.T. #...... 25,34 166,22 +0,44 ... BAZAR HOT. V...... FROMAGERIES...... 513 3365,06 ...... SAGEM S.A...... w 75,70 496,56 – 0,72 74,60 BARRICK GOLD...... 19,50 127,91 +0,78 ... et le titre Peugeot perdait 2,98 %, à BIC...... w 44,80 293,87 +2,99 44,49 GALERIES LAF ...... w 185 1213,52 – 0,80 188,50 SAGEM ADP...... 53 347,66 +1,34 ... COLGATE PAL...... 69 452,61 – 0,29 ... 326 euros. Le fabricant français de pneuma- BIS ...... GAUMONT # ...... 43,50 285,34 +0,12 ... SAINT-GOBAIN...... w 171,90 1127,59 +0,12 170,40 CROWN CORK O.... 5,73 37,59 – 1,21 ... tiques venait de céder 1,27 million d’actions BNPPARIBAS...... w 103,70 680,23 – 0,10 103,20 GECINA...... w 103 675,64 ... 102,00 SALVEPAR (NY ...... DE BEERS #...... BOLLORE...... w 234 1534,94 +0,34 240,00 GEOPHYSIQUE...... w 80,55 528,37 – 1,71 81,30 SANOFI SYNTH...... w 72,25 473,93 – 0,14 73,05 DIAGO PLC...... 12,05 79,04 – 2,19 ... Peugeot, représentant 2,7 % du capital du BOLLORE INV...... 54 354,22 ...... GFI INFORMAT ..... w 25,70 168,58 +0,16 25,20 SCHNEIDER EL...... w ...... 72,30 DOW CHEMICAL.... 42 275,50 – 1,62 ... constructeur automobile. L’opération a été BONGRAIN ...... 43,35 284,36 ...... GRANDVISION...... w 23,02 151 +0,09 23,15 SCOR ...... w 52 341,10 – 0,19 51,80 DU PONT NEMO ... 54,50 357,50 – 1,45 ... réalisée au prix de 330 euros, par le biais BOUYGUES ...... w 42,93 281,60 – 0,05 43,03 GROUPE ANDRE... 128,50 842,90 ...... S.E.B...... w 60,70 398,17 +0,50 60,00 ECHO BAY MIN ...... 1,01 6,63 – 0,98 ... BOUYGUES OFF..... w 60 393,57 – 0,17 60,05 GROUPE GASCO ... 85,80 562,81 – 0,23 ... SEITA...... w 48,30 316,83 ... 48,30 ELECTROLUX ...... d’un placement privé confié à BNP Paribas, BULL# ...... w 2,75 18,04 ... 2,72 GR.ZANNIER ( ...... 96,10 630,37 +0,21 ... SELECTIBAIL(...... 15,20 99,71 ...... ELF GABON...... 202 1325,03 – 1,37 ... a indiqué l’agence Reuters. A l’issue de cet- BUSINESS OBJ ...... w 37,28 244,54 – 0,85 38,20 GROUPE PARTO.... 70 459,17 ...... SIDEL...... w 47 308,30 – 1,88 47,00 ERICSSON #...... w 7,20 47,23 – 1,23 7,52 B T P (LA CI...... GUYENNE GASC ... aw 91,05 597,25 +1,11 92,95 SILIC...... 176 1154,48 +0,46 ... FORD MOTOR #..... 28,60 187,60 – 1 ... te opération, Michelin garde moins de 1 % BURELLE (LY) ...... 71,80 470,98 – 0,07 ... HAVAS ADVERT ..... w 15,30 100,36 – 0,46 16,05 SIMCO...... w 78,20 512,96 – 0,76 77,80 GENERAL ELEC ...... 57,90 379,80 – 0,17 ... du capital de Peugeot. La firme clermontoi- CANAL + ...... w 3,75 24,60 ... 3,75 IMERYS ...... w 124,10 814,04 +0,81 125,70 SKIS ROSSIGN ...... 16,99 111,45 +0,53 ... GENERAL MOTO.... 68 446,05 – 0,87 ... se détenait 3,45 % du capital et 5,4 % des CAP GEMINI...... w 141,70 929,49 +0,21 139,00 IMMOBANQUE ..... 144 944,58 – 0,14 ... SOCIETE GENE ...... w 71,85 471,31 +0,42 71,55 GOLD FIELDS...... CARBONE-LORR.... w 46,48 304,89 – 0,19 46,70 IMMEUBLES DE ...... SODEXHO ALLI ...... bw 52,05 341,43 +0,97 52,50 HARMONY GOLD .. 6,65 43,62 +3,42 ... droits de vote de Peugeot au 31 décembre CARREFOUR ...... w 62,80 411,94 – 0,24 63,70 INFOGRAMES E .... w 22,70 148,90 +0,35 21,95 SOGEPARC (FI ...... 89 583,80 +0,62 ... HITACHI # ...... 12,11 79,44 +2,37 ... 2000, ainsi qu’un siège au conseil d’adminis- CASINO GUICH...... w 105,90 694,66 – 0,19 105,50 IM.MARSEILLA ...... SOMMER-ALLIB ...... HSBC HOLDING .... w 14,95 98,07 +1,01 14,65 CASINO GUICH...... 73 478,85 +1,39 ... INGENICO ...... w 23,10 151,53 – 1,70 23,50 SOPHIA ...... w 32,80 215,15 ... 32,80 I.B.M...... w 137,90 904,56 – 1,29 136,20 tration. w w w b CASTORAMA DU ... 264,70 1736,32 – 0,49 267,00 ISIS...... 124,80 818,63 +0,56 125,20 SOPRA # ...... 72,75 477,21 – 0,89 75,40 I.C.I...... Le titre Gemplus chutait de 11,52 %, jeu- CEA INDUSTRI...... 236 1548,06 – 0,04 ... KAUFMAN ET B..... w 21,03 137,95 +0,14 21,60 SPIR COMMUNI .... w 87,40 573,31 ... 87,00 ITO YOKADO # ...... 59,50 390,29 – 2,22 ... di à l’ouverture, à 3,38 euros. Le groupe, CEGID (LY) ...... 115 754,35 +1,77 ... KLEPIERRE ...... w 105,80 694 +0,47 104,20 SR TELEPERFO ...... w 31,40 205,97 – 0,48 33,50 I.T.T. INDUS ...... w w spécialiste des cartes à puce, a émis un aver- CFF.RECYCLIN ...... 47,73 313,09 – 0,02 ... LAFARGE ...... 110 721,55 +0,18 106,30 STUDIOCANAL ...... 12,10 79,37 ...... KINGFISHER P ...... 7,25 47,56 – 0,96 7,50 CGIP ...... w 45,30 297,15 +0,20 46,00 LAGARDERE ...... w 62,15 407,68 – 0,64 61,30 SUCR.PITHIVI ...... 305,30 2002,64 +0,07 ... MATSUSHITA...... 20,20 132,50 – 1,94 ... tissement sur ses résultats au deuxième tri- CHARGEURS...... 82 537,88 +0,61 ... LAPEYRE ...... w 57,60 377,83 ... 56,00 SUEZ LYON.DE ...... w 36,69 240,67 +0,52 36,61 MC DONALD’S...... 34,73 227,81 – 2,31 ... mestre et sur l’ensemble de l’exercice en CHRISTIAN DA ...... 103 675,64 +0,39 ... LEBON (CIE) ...... TAITTINGER ...... 826 5418,20 – 0,12 ... MERK AND CO...... 87 570,68 – 1,69 ... CHRISTIAN DI...... w 47,44 311,19 – 1 48,12 LEGRAND ...... w ...... 239,40 THALES ...... w 48,20 316,17 ... 47,88 MITSUBISHI C...... 9,03 59,23 ...... cours. CIC -ACTIONS ...... 116,80 766,16 – 0,60 ... LEGRAND ADP...... TF1...... w 41,20 270,25 – 0,24 40,90 NESTLE SA #...... w 2475,50 16238,22 +0,06 2483,00 b L’action Danone cédait 1,68 %, jeudi à CIMENTS FRAN ..... w 53,40 350,28 +0,09 53,50 LEGRIS INDUS ...... w 54 354,22 +0,37 53,00 TECHNIP...... w 179 1174,16 – 0,83 180,10 NORSK HYDRO...... 49 321,42 ...... l’ouverture, à 152,40 euros. Le groupe agro- CLARINS...... w 88,10 577,90 – 1,84 88,50 LIBERTY SURF...... 5,90 38,70 – 0,34 ... THOMSON MULT . w 45,94 301,35 – 0,54 45,65 PFIZER INC...... 50,05 328,31 ...... CLUB MEDITER ..... w 75,60 495,90 – 0,07 74,80 LOCINDUS...... 135,30 887,51 +0,07 ... TOTAL FINA E ...... w 175 1147,92 – 0,06 179,50 PHILIP MORRI ...... 55 360,78 – 6,54 ... alimentaire a annoncé le lancement d’un CNP ASSURANC .... w 38,11 249,99 – 1,27 38,00 L’OREAL...... w 80,70 529,36 +0,44 80,00 TRANSICIEL # ...... w 53,30 349,63 – 1,30 53,25 PROCTER GAMB .... 76,20 499,84 – 1,10 ... emprunt obligataire convertible ou échan- COFACE...... w 86,70 568,71 +0,46 85,65 LOUVRE #...... 93,20 611,35 – 1,38 ... UBI SOFT ENT ...... w 45,60 299,12 +1,83 45,39 RIO TINTO PL...... 22,44 147,20 – 2,43 ... geable en actions d’un montant de 750 mil- COFLEXIP ...... w 175,50 1151,20 +0,86 176,50 LVMH MOET HE.... w 65,85 431,95 – 0,98 66,70 UNIBAIL ...... w 189 1239,76 +0,21 188,30 SCHLUMBERGER... a 73,10 479,50 – 0,95 ... COLAS...... w ...... 66,30 MARINE WENDE... w 79,70 522,80 – 1,67 81,35 UNILOG ...... w 99,70 653,99 +0,55 98,10 SEGA ENTERPR...... lions d’euros. Danone a précisé que l’opéra- CONTIN.ENTRE...... MAUREL ET PR...... 11,65 76,42 – 2,10 ... USINOR...... w 13,69 89,80 +1,63 15,15 SHELL TRANSP ...... 10,27 67,37 +1,08 ... tion était destinée à réduire ses charges CPR...... 58 380,46 ...... METALEUROP ...... 5,80 38,05 – 0,17 ... VALEO ...... w 50,70 332,57 +0,80 51,50 SONY CORP. # ...... w 88,85 582,82 – 0,78 91,00 CRED.FON.FRA...... 13,09 85,86 – 0,08 ... MICHELIN ...... w 42,21 276,88 +0,67 42,01 VALLOUREC ...... w 68 446,05 +0,44 67,00 T.D.K. # ...... 63,50 416,53 – 5,15 ... financières et a estimé qu’elle n’aurait pas CREDIT LYONN ..... w 42,46 278,52 +1,55 41,63 MARIONNAUD P .. 123 806,83 – 2,38 ... VIA BANQUE ...... TOSHIBA #...... 6,50 42,64 – 0,15 ... d’impact sur le bénéfice net dilué par action. CS COM.ET SY...... 8 52,48 – 3,03 ... MONTUPET SA...... 17,60 115,45 – 0,68 ... VICAT...... 62,60 410,63 – 5,01 ... UNITED TECHO..... 97,95 642,51 – 1,11 ... DAMART ...... MOULINEX ...... 3,92 25,71 – 0,76 ... VINCI...... w 74 485,41 +0,61 72,75 ZAMBIA COPPE...... 0,58 3,80 – 1,69 ... DANONE...... w 152,30 999,02 – 1,74 154,00 NATEXIS BQ P ...... w 96,75 634,64 +0,05 97,20 VIVENDI ENVI...... w 48,96 321,16 +0,51 48,50 ...... DASSAULT-AVI...... 290 1902,28 ...... NEOPOST ...... w 29,40 192,85 – 0,68 29,80 VIVENDI UNIV ...... w 75,70 496,56 ... 75,35 ´ DASSAULT SYS...... w 55,70 365,37 +0,18 54,90 NORBERT DENT ... 23,60 154,81 – 2,48 ... WANADOO...... w 6,62 43,42 +0,15 6,70 ABRE´VIATIONS PREMIER MARCHE DE DIETRICH...... NORD-EST...... 29 190,23 +0,35 ... WORMS (EX.SO...... 19,05 124,96 – 2,31 ... ______+ w + w + B = Bordeaux ; Li = Lille ; Ly = Lyon ; M = Marseille ; Ny = Nancy ; Ns = Nantes. DEVEAUX(LY)# ...... 85,10 558,22 0,29 ... NRJ GROUP...... 20,98 137,62 1,30 20,40 ZODIAC...... 292 1915,39 0,24 292,00 DEV.R.N-P.CA...... 14,50 95,11 – 3,33 ... OBERTHUR CAR.... w 11,80 77,40 – 1,58 16,90 ...... SYMBOLES JEUDI 7 JUIN Cours a` 9h57 DMC (DOLLFUS..... 10,45 68,55 – 0,95 ... OLIPAR...... 1 ou 2 = cate´gories de cotation - sans indication cate´gorie 3 ; DYNACTION ...... 26,12 171,34 – 1,25 ... ORANGE ...... w 10,19 66,84 – 0,10 10,32 ...... a coupon de´tache´ ; b droit de´tache´ ; # contrat d’animation ; Dernier jour de ne´ gociation des OSRD : 25 juin w EIFFAGE ...... 79,65 522,47 ... 78,05 OXYG.EXT-ORI...... o = offert ; d = demande´ ; x offre re´duite ; y demande re´duite ; w w + ELIOR ...... 14,20 93,15 – 0,07 14,25 PECHINEY ACT...... 62,90 412,60 0,88 63,95 ...... d cours pre´ce´dent ; wValeur pouvant be´ne´ficier du service Compen- Cours Cours % Var. ELEC.MADAGAS..... 21 137,75 ...... PECHINEY B P ...... 59,80 392,26 – 0,33 ...... sation de re`glement diffe´re´. France f en euros en francs veille ENTENIAL(EX...... 32 209,91 +0,16 ... PENAUILLE PO...... w 74,25 487,05 +0,61 71,50 ...... (1) ERAMET ...... w 43,80 287,31 – 0,11 44,00 PERNOD-RICAR .... w 83,65 548,71 – 0,83 81,45 ...... DERNIE`RE COLONNE PREMIER MARCHE´ (1) : ACCOR ...... w 48,54 318,40 – 0,33 48,45 ERIDANIA BEG...... w 106,10 695,97 – 0,19 106,50 PEUGEOT ...... w 328 2151,54 – 2,38 335,10 ...... Lundi date´ mardi : % variation 31/12 ; Mardi date´ mercredi : AGF ...... w 66,80 438,18 +0,60 68,00 ESSILOR INTL ...... w 319 2092,50 – 0,41 320,20 PINAULT-PRIN...... w 205,50 1347,99 – 0,24 206,90 ...... montant du coupon en euros ; Mercredi date´ jeudi : paiement AFFINE(EXIMM ..... 38,10 249,92 ...... ESSO ...... 88 577,24 – 1,18 ... PLASTIC OMN...... w 97 636,28 +0,47 95,70 ...... dernier coupon ; Jeudi date´ vendredi : compensation ; AIR FRANCE G ...... w 21,57 141,49 +0,79 21,50 EULER...... w 57,25 375,54 – 0,87 55,50 PSB INDUSTRI ...... 86,50 567,40 ...... Vendredi date´ samedi : nominal. AIR LIQUIDE ...... w 162,90 1068,55 +0,49 162,60 EURAZEO ...... w 74,90 491,31 +0,88 73,90 PUBLICIS GR...... w 36,70 240,74 – 0,81 37,85 ......

COALA # ...... 19 124,63 – 0,05 GENSET ...... w 14,25 93,47 – 2,13 MICROPOLE...... 7,35 48,21 – 4,55 GFI INDUSTRI...... 31,89 209,18 ... COHERIS ATIX...... 22,20 145,62 – 1,77 GL TRADE #...... 43 282,06 – 3,37 MONDIAL PECH... 4,26 27,94 +0,24 GRAND MARNIE .. d 7606,50 49895,37 ... NOUVEAU COIL...... 18,60 122,01 – 0,16 GUILLEMOT # ...... 36,90 242,05 – 0,27 MULTIMANIA ...... 5 32,80 – 0,20 SECOND GROUPE BOURB... d 45 295,18 ... CION ET SYS...... 3,91 25,65 – 3,46 GUYANOR ACTI .... 0,24 1,57 ... NATUREX ...... 14 91,83 ... ______GROUPE CRIT ...... 19,55 128,24 – 0,26 ´ CONSODATA # ..... 17,50 114,79 – 7,89 HF COMPANY ...... 56 367,34 – 0,09 NET2S # ...... 15 98,39 – 1,32 GROUPE J.C.D...... 150,30 985,90 ... MARCHE CONSODATA NV.. d 19,50 127,91 ... HIGH CO.#...... 110 721,55 ... NETGEM...... w 7,80 51,16 – 1,27 ´ HERMES INTL...... bw 168,90 1107,91 +0,24 CONSORS FRAN .. 5 32,80 – 0,99 HIGH CO NOUV.... d 89 583,80 ... NETVALUE # ...... 2,37 15,55 – 4,82 MARCHE HYPARLO #(LY ...... 31,24 204,92 ... MERCREDI 6 JUIN CROSS SYSTEM.... 4,40 28,86 +3,77 HIGH BON DE ...... 6 39,36 +3,27 NEURONES #...... 4,05 26,57 – 0,98 IMS(INT.META ...... 8,82 57,86 – 1,89 CRYO # ...... 7,90 51,82 – 1,13 HIGHWAVE OPT ... w 25,76 168,97 – 0,88 NICOX #...... 67 439,49 – 1,11 JEUDI 7 JUIN INTER PARFUM .... 70,85 464,75 – 1,46 d d d Une se´ lection. Cours releve´sa` 19 h 05 CRYO NV...... 6,25 41 ... HIGHWAVE OPT ... 30,91 202,76 ... OLITEC...... 26 170,55 – 1,89 JET MULTIMED .... 33,05 216,79 ... CRYONETWORKS. 3,30 21,65 – 1,49 HIMALAYA ...... 7,75 50,84 – 2,15 OPTIMS # ...... 2,91 19,09 +0,34 Une se´ lection. Cours releve´ sa` 9h57 LAURENT-PERR .... 33,01 216,53 +0,03 CYBERDECK # ...... 1,20 7,87 – 4 HI MEDIA ...... 2 13,12 +3,09 OXIS INTL RG ...... 0,28 1,84 – 6,67 LDC ...... 132,20 867,18 – 1,34 Cours Cours % Var. CYBER PRES.P ...... 17,75 116,43 – 1,66 HOLOGRAM IND.. 9,31 61,07 – 4,51 PERFECT TECH .... 15,01 98,46 +0,07 Cours Cours % Var. LECTRA (B) #...... 6,07 39,82 +1,17 Valeurs f en euros en francs veille Valeurs f en euros en francs veille CYBERSEARCH ..... 4 26,24 – 3,61 HUBWOO.COM ..... 3,31 21,71 – 5,43 PERF.TECHNO...... d 0,42 2,76 ... LOUIS DREYFU ..... 10,55 69,20 ... ABEL GUILLEM..... 12,20 80,03 – 3,56 CYRANO #...... 0,63 4,13 – 3,08 IB GROUP.COM .... 9 59,04 – 5,26 PHARMAGEST I.... 17,65 115,78 – 1,40 AB GROUPE ...... 46,05 302,07 +0,11 LVL MEDICAL...... 65,80 431,62 – 1,05 AB SOFT ...... 4,44 29,12 – 9,39 DALET # ...... 5,01 32,86 – 4,39 IDP ...... 2,45 16,07 – 2 PHONE SYS.NE..... 2,05 13,45 +2,50 ACTIELEC TEC ...... 6,40 41,98 ... M6-METR.TV A...... w 31 203,35 +1,61 ACCESS COMME .. 7,90 51,82 – 7,06 DATASQUARE #.... 3,70 24,27 – 1,60 IDP BON 98 (...... d 1,07 7,02 ... PICOGIGA...... 13,91 91,24 +5,78 ALGECO #...... 110,20 722,86 – 0,72 MANITOU #...... 74 485,41 – 0,40 ADL PARTNER ...... 20,10 131,85 – 1,95 DATATRONIC ...... 3,84 25,19 – 2,29 INTERACTIF B...... d 0,15 0,98 ... PROSODIE #...... 47,49 311,51 – 1,04 ALTEDIA...... 47,80 313,55 +1,04 MANUTAN INTE... d 53,90 353,56 ... ALGORIEL #...... 7 45,92 – 5,66 DESK #...... 1,85 12,14 +2,78 INTERACTIF B...... d 0,30 1,97 ... PROSODIE BS ...... d 11,49 75,37 ... ALTEN (SVN) ...... w 131 859,30 – 1,50 PARC DES EXP ...... d 117 767,47 ... ALPHAMEDIA ...... 1,32 8,66 – 5,71 DEVOTEAM #...... w 50,15 328,96 +0,62 IGE +XAO ...... 9,55 62,64 ... PROLOGUE SOF ... 7,10 46,57 +1,43 APRIL S.A.#( ...... 23,27 152,64 ... PCAS #...... 23,10 151,53 – 0,52 ALPHA MOS #...... 4,73 31,03 – 0,42 DMS #...... 13,20 86,59 +1,93 ILOG #...... 23,44 153,76 +1,91 PROXIDIS ...... 1,21 7,94 +2,54 ARKOPHARMA # .. 150,90 989,84 +1,28 PETIT FOREST...... 43 282,06 +1,90 ALPHA MOS BO.... 0,79 5,18 +9,72 DIAGNOSTIC N.... d 14,50 95,11 ... IMECOM GROUP.. 2,09 13,71 – 2,79 QBIOGENE ...... 4,90 32,14 ... ASSYSTEM # ...... 59 387,01 +0,77 PIERRE VACAN...... 64,50 423,09 ... ALTAMIR & CI ...... 124,80 818,63 – 0,16 D INTERACTIV ..... 7,26 47,62 – 1,89 INFOSOURCES...... 0,96 6,30 – 1,03 QUALIFLOW ...... 17 111,51 +1,43 AUBAY ...... 10,20 66,91 – 0,68 PINGUELY HAU .... w 23,15 151,85 +0,43 ALDETA ...... 4,60 30,17 – 8 D INTERACTIV ..... d 7,20 47,23 ... INFOSOURCE B .... d 1,45 9,51 ... QUANTEL ...... 3,98 26,11 – 0,50 BENETEAU #...... 126 826,51 – 1,33 POCHET...... d 97,85 641,85 ... ALTI #...... 11,05 72,48 – 2,56 D INTERACTIV ..... d 7,70 50,51 ... INFOTEL # ...... 36,61 240,15 +0,25 R2I SANTE...... 6,20 40,67 – 11,43 BOIRON (LY)#...... 80 524,77 – 0,99 RADIALL # ...... d 81,50 534,60 ... A NOVO # ...... w 173,10 1135,46 – 1,93 DIREKT ANLAG .... 22,75 149,23 +2,25 INFO VISTA ...... 9,64 63,23 – 9,57 R2I SANTE BS ...... d 0,07 0,46 ... BONDUELLE...... 42,40 278,13 – 1,17 RALLYE (LY)...... w 61,05 400,46 – 0,73 ARTPRICE COM.... 12,30 80,68 – 1,44 DIREKT ANLAG .... 20 131,19 ... INTEGRA NET...... w 2,57 16,86 +1,98 RECIF # ...... 33 216,47 ... BQUE TARNEAU... d 98,50 646,12 ... ROCANI(EX FI ...... d 13,64 89,47 ... ASTRA ...... 0,80 5,25 ... DURAND ALLIZ.... 0,80 5,25 ... INTEGRA ACT...... REPONSE # ...... 29 190,23 – 3,33 BRICORAMA # ...... d 60 393,57 ... RODRIGUEZ GR ... 59,90 392,92 +1,35 AUFEMININ.CO.... 2,80 18,37 ... DURAN DUBOI .... 14 91,83 – 3,45 INTERCALL #...... 1,70 11,15 +4,29 REGINA RUBEN ... 0,90 5,90 ... BRIOCHE PASQ .... 75 491,97 ... SABATE SA #...... 30,70 201,38 – 0,65 AUTOMA TECH .... 6,80 44,61 +0,29 DURAN BS 00 ...... d 0,18 1,18 ... IPSOS # ...... w 86,35 566,42 – 0,69 RIBER #...... 10,70 70,19 ... BUFFALO GRIL..... 10,44 68,48 ... SECHE ENVIRO ..... 91,20 598,23 +0,83 AVENIR TELEC...... w 3,75 24,60 – 1,57 EFFIK # ...... d 12,99 85,21 ... IPSOS BS00...... 3 19,68 – 14,04 RIGIFLEX INT...... 160 1049,53 – 1,23 C.A. OISE CC ...... d 98,10 643,49 ... SINOP.ASSET...... d 20,40 133,82 ... AVENIR TELEC...... d 1,48 9,71 ... EGIDE #...... 166,50 1092,17 – 0,24 ITESOFT...... 4,04 26,50 – 2,65 RISC TECHNOL .... 10,81 70,91 – 3,48 C.A. PARIS I...... 73,95 485,08 +0,61 SIPAREX CROI ...... d 30,15 197,77 ... BAC MAJESTIC...... 4,50 29,52 ... EMME(JCE 1/1...... 12 78,71 ... IT LINK...... 5,70 37,39 +0,18 SAVEURS DE F...... 8,53 55,95 +0,12 C.A.PAS CAL...... 152 997,05 +1,33 SOLERI ...... d 250 1639,89 ... BARBARA BUI ...... 18,40 120,70 ... ESI GROUP ...... 32 209,91 – 1,23 IXO...... 1,06 6,95 – 3,64 GUILLEMOT BS .... 15,80 103,64 – 0,32 CDA-CIE DES...... 46,46 304,76 – 0,09 SOLVING #...... 76 498,53 – 3,74 BCI NAVIGATI...... 4,89 32,08 – 2,20 ESKER...... 5,76 37,78 – 4 JOLIEZ REGOL...... 1,17 7,67 ... SELF TRADE...... 5,01 32,86 +1,42 CEGEDIM #...... 55,80 366,02 ... STEF-TFE # ...... 47,40 310,92 ... BELVEDERE...... 16,75 109,87 +0,18 EUROFINS SCI...... 20,08 131,72 +0,40 KALISTO ENTE...... 1,94 12,73 +7,78 SILICOMP #...... 50,50 331,26 – 2,42 CIE FIN.ST-H ...... d 123 806,83 ... STERIA GROUP ..... 129,70 850,78 +1,33 BOURSE DIREC .... 3,81 24,99 – 3,05 EURO.CARGO S.... 11,60 76,09 +0,87 KALISTO ACT...... d 3,57 23,42 ... SITICOM GROU.... 21 137,75 – 4,55 CNIM #...... 62,50 409,97 +1,96 SYLEA ...... 45,51 298,53 – 5,38 BRIME TECHNO... 45,73 299,97 +0,51 FIMATEX # ...... w 4,15 27,22 – 0,95 KEYRUS PROGI ..... 1,99 13,05 – 8,72 SODITECH ING .... 9,01 59,10 +0,11 COFITEM-COFI..... d 60 393,57 ... SYLIS # ...... 29,90 196,13 – 0,33 BRIME TECHN...... d 1,29 8,46 ... FI SYSTEM # ...... w 5,51 36,14 – 4,17 KAZIBAO ...... 1,07 7,02 – 2,73 SOFT COMPUTI.... 8,15 53,46 +1,88 DANE-ELEC ME.... 3,79 24,86 – 1,04 SYNERGIE (EX ...... d 46,55 305,35 ... BUSINESS ET ...... 13,29 87,18 ... FI SYSTEME A...... d 4,91 32,21 ... LA COMPAGNIE.... 9,98 65,46 +5,05 SOI TEC SILI...... w 23,95 157,10 +2,13 ETAM DEVELOP ... 10 65,60 +2,56 TEAM PARTNER ... 14,60 95,77 – 2,60 BUSINESS INT ...... 4,38 28,73 – 4,16 FI SYSTEM BS...... 0,32 2,10 +6,67 LEXIBOOK #...... 17,65 115,78 – 0,17 SOI TEC BS 0...... 16,60 108,89 +19,42 EUROPEENNE C... 96 629,72 +0,58 TRIGANO...... w 45,70 299,77 – 0,11 BVRP ACT.DIV...... w 26,27 172,32 – 0,30 FLOREANE MED .. 8,79 57,66 – 0,11 LEXIBOOK ACT...... d 20 131,19 ... SOLUCOM ...... 50,60 331,91 +0,20 EXPAND S.A...... 62,50 409,97 – 0,48 UNION FIN.FR...... 42 275,50 ... CAC SYSTEMES..... d 3,40 22,30 ... GAMELOFT COM . 1,60 10,50 – 11,11 LINEDATA SER...... 22,90 150,21 ... SQLI ...... 3,35 21,97 +6,35 FINATIS(EX.L ...... d 154 1010,17 ... VILMOR.CLAUS ..... d 73 478,85 ... CALL CENTER...... 9,17 60,15 – 5,46 GAUDRIOT #...... 34,60 226,96 +2,06 LYCOS EUROPE..... 1,66 10,89 +2,47 SQLI NOUV.01...... d 3,10 20,33 ... FININFO...... 37 242,70 – 0,27 VIRBAC...... 89 583,80 +0,11 CAST ...... 14,50 95,11 +2,11 GENERIX # ...... 27 177,11 – 0,37 MEDCOST #...... 6,75 44,28 – 1,46 STACI # ...... 2,80 18,37 +3,70 FLEURY MICHO ... 23,98 157,30 +1,61 ...... CEREP...... 95,50 626,44 – 2,25 GENESYS #...... 31,50 206,63 – 3,34 MEDIDEP #...... 113,50 744,51 +0,44 STELAX...... 0,71 4,66 +1,43 FOCAL (GROUP.... 66 432,93 – 3,44 ...... CHEMUNEX # ...... d 0,18 1,18 ... GENESYS ACT...... d 42,20 276,81 ... MEMSCAP ...... 6,10 40,01 +0,83 SYNELEC # ...... 16,50 108,23 – 1,79 GENERALE LOC.... 125 819,95 +0,08 ...... CMT MEDICAL ..... 18 118,07 ... GENESYS BS00 ..... 5,05 33,13 +3,48 METROLOGIC G ... 73,60 482,78 – 3,16 SYSTAR # ...... 9,20 60,35 – 1,92 GEODIS ...... 41,30 270,91 +0,24 ......

E´CUR. TECHNOLOGIES ...... 48,74 319,71 06/06 CIC NOUVEAU MARCHE´ ...... 8,64 56,67 06/06 Fonds communs de placements CADENCE 3 D...... 154,23 1011,68 06/06 E´CUR. TRIMESTRIEL D ...... 272,47 1787,29 CONVERTIS C ...... 244,35 06/06 CIC TECHNO. COM...... 122,79 805,45 06/06 STRATE´GIE CAC ...... 7189,38 47159,24 05/06 1602,83 06/06 E´PARCOURT-SICAV D ...... 27,81 182,42 06/06 SICAV et FCP STRATE´GIE INDICE USA...... 11034,72 72383,02 05/06 INTEROBLIG C ...... 58,21 381,83 06/06 GE´OPTIM C ...... 2270,43 14893,04 06/06 www.clamdirect.com INTERSE´LECTION FR. D...... 88,18 578,42 06/06 Fonds communs de placements www.lapostefinance.fr SE´LECT DE´FENSIF C...... 195,17 1280,23 06/06 ´ Sicav Info Poste : ´ Une se´ lection. Cours de cloˆ ture le 6 juin E´CUREUIL E´QUILIBRE C ...... 38,82 254,64 06/06 EURCO SOLIDARITE...... 222,44 1459,11 31/05 SELECT DYNAMIQUE C ...... 277,09 1817,59 06/06 08 36 68 50 10 (2,21 F/mn) ´ ´ E´CUREUIL PRUDENCE C ...... 34,14 223,94 06/06 LION 20000 C/3 11/06/99 ...... 483,59 3172,14 31/05 SELECT EQUILIBRE 2...... 182,61 1197,84 06/06 SE´LECT PEA DYNAMIQUE .... 169,54 1112,11 06/06 Valeurs unitaires e Date E´CUREUIL VITALITE´ C ...... 45,58 298,99 06/06 LION 20000 D/3 11/06/99 ...... 422,18 2769,32 31/05 ADDILYS C ...... 105,40 691,38 06/06 E´metteurs f SE´LECT PEA 1 ...... 237,35 1556,91 06/06 Euros francs ee cours SICAV 5000 ...... 187,39 1229,20 01/06 ADDILYS D...... 104,57 685,93 06/06 SG FRANCE OPPORT. C...... 523,84 3436,17 06/06 08 36 68 56 55 SLIVAFRANCE ...... 330,63 2168,79 01/06 AMPLITUDE AME´RIQUE C.... 31,37 205,77 06/06 AGIPI (2,21 F/mn) SLIVARENTE...... 40,18 263,56 01/06 AMPLITUDE AME´RIQUE D ... 30,77 201,84 06/06 SG FRANCE OPPORT. D...... 490,49 3217,40 06/06 SOGENFRANCE C ...... 570,51 3742,30 06/06 ATOUT CROISSANCE D...... 475,15 3116,78 06/06 SLIVINTER ...... 178,99 1174,10 01/06 AMPLITUDE EUROPE C...... 37,56 246,38 06/06 AGIPI AMBITION (AXA) ...... 28,94 189,83 06/06 SOGENFRANCE D...... 514,12 3372,41 ATOUT FONCIER D...... 351,76 2307,39 06/06 TRILION...... 749,80 4918,37 31/05 AMPLITUDE EUROPE D...... 36,45 239,10 06/06 06/06 AGIPI ACTIONS (AXA)...... 31,75 208,27 06/06 SOGEOBLIG C...... 109,66 719,32 ATOUT FRANCE ASIE D ...... 92,48 606,63 06/06 AMPLITUDE FRANCE ...... 98,80 648,09 06/06 06/06 Fonds communs de placements ´ 3615 BNP ATOUTFRANCEEUROPED.. 213,28 1399,03 06/06 AMPLITUDE MONDE C ...... 273,41 1793,45 06/06 SOGEPARGNE D...... 45,22 296,62 06/06 ACTILION DYNAMIQUE C * . 207,21 1359,21 01/06 ATOUT FRANCE MONDE D .. 53,33 349,82 06/06 AMPLITUDE MONDE D...... 245,24 1608,67 06/06 SOGEPEA EUROPE...... 271,28 1779,48 06/06 08 36 68 17 17 (2,21 F/mn) ACTILION DYNAMIQUE D * . 195,18 1280,30 01/06 ATOUT FUTUR C ...... 235,95 1547,73 06/06 AMPLITUDE PACIFIQUE C.... 20,36 133,55 06/06 SOGINTER C...... 75,67 496,36 06/06 ACTILION PEA DYNAMIQUE 78,28 513,48 01/06 BNP MONE´ COURT TERME.. 2455,81 16109,06 06/06 ATOUT FUTUR D ...... 213,81 1402,50 06/06 AMPLITUDE PACIFIQUE D ... 19,75 129,55 06/06 Fonds communs de placements ACTILION E´QUILIBRE C *..... 190,20 1247,63 31/05 BNP MONE´ PLACEMENT C .. 13481,30 88431,53 06/06 ATOUT SE´LECTION D ...... 127,13 833,92 06/06 E´LANCIEL EURO D PEA ...... 122,08 800,79 06/06 DE´CLIC ACTIONS EURO ...... 18,19 119,32 05/06 ACTILION E´QUILIBRE D * .... 177,83 1166,49 31/05 BNP MONE´ PLACEMENT D.. 11770,47 77209,22 06/06 DIE`ZE C...... 465,34 3052,43 06/06 E´LANCIEL FRANCE D PEA .... 50,03 328,18 06/06 DE´CLIC ACTIONS FRANC ..... 62,54 410,24 05/06 ´ BNP MONE´ TRE´SORERIE ..... 153405,87 1006276,54 06/06 EURODYN C ...... 609,42 3997,53 06/06 ACTILION PEA EQUILIBRE ... 183,81 1205,71 01/06 E´MERGENCE E.POST.D PEA . 36,85 241,72 06/06 DE´CLIC ACTIONS INTER...... 42,65 279,77 06/06 ´ BNP OBLI. CT...... 162,39 1065,21 06/06 INDICIA EUROLAND D ...... 135,36 887,90 05/06 ACTILION PRUDENCE C *.... 175,89 1153,76 31/05 GEOBILYS C ...... 118,33 776,19 06/06 DE´CLIC BOURSE PEA...... 58,28 382,29 05/06 ´ BNP OBLI. LT ...... 33,27 218,24 06/06 INDICIA FRANCE D ...... 453,15 2972,47 05/06 ACTILION PRUDENCE D * ... 163,91 1075,18 31/05 GEOBILYS D...... 108,85 714,01 06/06 DE´CLIC BOURSE E´QUILIBRE 17,88 117,29 05/06 BNP OBLI. MT C...... 149,96 983,67 06/06 INDOCAM AME´RIQUE C...... 49,34 323,65 06/06 INTERLION ...... 224,39 1471,90 30/05 INTENSYS C ...... 20,30 133,16 06/06 DE´CLIC OBLIG. EUROPE...... 16,89 110,79 05/06 BNP OBLI. MT D ...... 137,58 902,47 06/06 INDOCAM ASIE C ...... 22,84 149,82 06/06 LION ACTION EURO ...... 106,94 701,48 01/06 INTENSYS D...... 17,25 113,15 06/06 DE´CLIC PEA EUROPE...... 29,20 191,54 05/06 BNP OBLI. SPREADS...... 181,16 1188,33 06/06 INDOCAM FRANCE C ...... 406,84 2668,70 06/06 LION PEA EURO...... 108,64 712,63 01/06 KALEIS DYNAMISME C...... 243,71 1598,63 06/06 DE´CLIC SOGENFR. TEMPO... 72,17 473,40 05/06 BNP OBLI. TRE´SOR ...... 1924,34 12622,84 06/06 INDOCAM FRANCE D...... 334,41 2193,59 06/06 KALEIS DYNAMISME D ...... 237,02 1554,75 06/06 FAVOR ...... 397,19 2605,40 06/06 INDOCAM MULTI OBLIG. C.. 181,66 1191,61 06/06 KALEIS DYNAMISME FR C.... 90,25 592 06/06 SOGESTION C...... 52,96 347,39 05/06 Fonds communs de placements ´ OBLIFUTUR C...... 98,20 644,15 06/06 KALEIS EQUILIBRE C...... 210,75 1382,43 06/06 SOGINDEX FRANCE C ...... 619,68 4064,83 05/06 BNP MONE´ ASSOCIATIONS.. 1801,22 11815,23 06/06 ´ OBLIFUTUR D...... 81,01 531,39 06/06 CM EURO PEA...... 26,19 171,80 06/06 KALEIS EQUILIBRE D...... 204,16 1339,20 06/06 ...... ´ ´ ´ REVENU-VERT D...... 171,79 1126,87 06/06 CM EUROPE TECHNOL...... 6,01 39,42 06/06 KALEIS SERENITE C...... 193,37 1268,42 06/06 ...... BANQUE POPULAIRE ASSET MANAGEMENT ´ ´ ´ UNIVERS ACTIONS C...... 67 439,49 06/06 CM FRANCE ACTIONS ...... 41,99 275,44 06/06 KALEIS SERENITE D ...... 186,92 1226,11 06/06 ...... www.bpam.fr 01 58 19 40 00 UNIVERS-OBLIGATIONS C.... 43,38 284,55 06/06 CM MID. ACT. FRANCE...... 38,58 253,07 06/06 KALEIS TONUS C...... 84,17 552,12 06/06 ...... 110,70 BP OBLI HAUT REND...... 112,09 735,26 05/06 Fonds communs de placements CM MONDE ACTIONS...... 373,60 2450,66 06/06 OBLITYS C...... 726,14 06/06 ...... ´ ´ OBLITYS D ...... 108,97 714,80 06/06 BP MEDITERRANEEDEV...... 71,23 467,24 05/06 ATOUT VALEUR D...... 95,12 623,95 05/06 CM OBLIG. LONG TERME .... 104,74 687,05 06/06 ...... ´ PLE´NITUDE D PEA ...... 47,85 313,88 06/06 BP NOUVELLE ECONOMIE ... 132,53 869,34 05/06 INDOCAM VAL. RESTR. C ..... 324,88 2131,07 05/06 CM OPTION DYNAM...... 35,13 230,44 06/06 ...... POSTE GESTION C ...... 2574,45 16887,28 06/06 BP OBLIG. EUROPE ...... 50,95 334,21 06/06 MASTER ACTIONS C...... 50,39 330,54 01/06 CM OPTION E´QUIL...... 54,99 360,71 06/06 ...... ´ ´ POSTE GESTION D...... 2282,20 14970,25 06/06 BP SECURITE...... 101330,97 664687,59 06/06 MASTER DUO C...... 15,35 100,69 01/06 CM OBLIG. COURT TERME .. 161,35 1058,39 06/06 ...... POSTE PREMIE`RE...... 6995,98 45890,62 06/06 EUROACTION MIDCAP...... 162,84 1068,16 06/06 MASTER OBLIGATIONS C ..... 30,47 199,87 01/06 CM OBLIG. MOYEN TERME . 332,02 2177,91 06/06 ...... POSTE PREMIE`RE 1 AN...... 41569,07 272675,22 06/06 FRUCTI EURO 50 ...... 124,12 814,17 06/06 MASTER PEA D...... 15,12 99,18 01/06 CM OBLIG. QUATRE...... 164,77 1080,82 06/06 ...... POSTE PREMIE`RE 2-3...... 8934,30 58605,17 06/06 FRUCTIFRANCE C ...... 100,97 662,32 05/06 OPTALIS DYNAMIQ. C ...... 21,16 138,80 05/06 ...... Fonds communs de placements PRIMIEL EUROPE C...... 72,87 478 06/06 FRUCTIFONDS FRANCE NM 272,59 1788,07 05/06 OPTALIS DYNAMIQ. D...... 20,30 133,16 05/06 ...... CM OPTION MODE´RATION . 19,32 126,73 06/06 REVENUS TRIMESTRIELS ..... 781,67 5127,42 06/06 OPTALIS E´QUILIB. C ...... 19,99 131,13 05/06 ...... www.cdcixis-am.fr THE´SORA C...... 183,60 1204,34 06/06 OPTALIS E´QUILIB. D...... 18,70 122,66 05/06 ...... ASSET MANAGEMENT THE´SORA D...... 153,27 1005,39 06/06 OPTALIS EXPANSION C ...... 17,73 116,30 05/06 ...... TRE´SORYS C...... 46625,71 305844,61 06/06 OPTALIS EXPANSION D...... 17,61 115,51 05/06 ...... AME´RIQUE 2000...... 155,42 1019,49 06/06 SOLSTICE D...... 362,01 2374,63 06/06 MULTI-PROMOTEURS OPTALIS SE´RE´NITE´ C ...... 18,02 118,20 05/06 ...... ASIE 2000 ...... 84,13 551,86 06/06 NORD SUD DE´VELOP. C...... 519 3404,42 04/06 OPTALIS SE´RE´NITE´ D ...... 16,28 106,79 05/06 Fonds communs de placements ...... NOUVELLE EUROPE...... 254,20 1667,44 06/06 NORD SUD DE´VELOP. D ...... 400,54 2627,37 04/06 PACTE SOL. LOGEM...... 77,34 507,32 05/06 DE´DIALYS FINANCE...... 95,64 627,36 06/06 ...... SAINT-HONORE´ CAPITAL C . 3511,35 23032,95 PACTE SOL.TIERS MONDE.... 82,24 539,46 05/06 06/06 DE´DIALYS MULTI-SECT...... 74,40 488,03 06/06 ...... Sicav en ligne : ´ UNIVAR C ...... 189,20 1241,07 08/06 SAINT-HONORE CAPITAL D. 3258,99 21377,57 06/06 DE´DIALYS SANTE´ ...... 103,93 681,74 06/06 ...... 08 36 68 09 00 (2,21 F/mn) ´ UNIVAR D...... 186,44 1222,97 08/06 ST-HONORE CONVERTIBLES 340,38 2232,75 06/06 DE´DIALYS TECHNOLOGIES.. 50,02 328,11 06/06 ...... ´ E´CUR. 1,2,3... FUTUR ...... 59,94 393,18 06/06 ST-HONORE FRANCE...... 65,55 429,98 05/06 DE´DIALYS TELECOM...... 57,23 375,40 06/06 ...... ´ E´CUR. ACTIONS EUROP. C ... 20,89 137,03 06/06 ST-HONORE PACIFIQUE ...... 115,67 758,75 06/06 POSTE EUROPE C...... 89,44 586,69 06/06 ...... E´CUR. ACTIONS FUTUR ...... 77,75 510,01 06/06 ST-HONORE´ TECH. MEDIA .. 145,23 952,65 06/06 POSTE EUROPE D ...... 85,83 563,01 06/06 ...... E´CUR. CAPITALISATION C.... 43,07 282,52 06/06 ST-HONORE´ VIE SANTE´ ...... 408,21 2677,68 06/06 POSTE PREMIE`RE 8 ANS C ... 192,29 1261,34 06/06 ...... CIC CONVERTIBLES...... 6,10 40,01 29/05 E´CUR. DYNAMIQUE+ DPEA. 51,09 335,13 06/06 ST-HONORE´ WORLD LEAD. . 115,69 758,88 06/06 POSTE PREMIE`RE 8 ANS D... 176,52 1157,90 06/06 ...... ´ ´ CIC OBLI LONG TERME C..... 14,93 97,93 06/06 ECUR. ENERGIE D PEA...... 49,90 327,32 06/06 Fonds communs de placements REMUNYS PLUS ...... 101,56 666,19 06/06 ...... E´CUR. EXPANSION C...... 14502,22 95128,33 06/06 CIC OBLI LONG TERME D .... 14,93 97,93 06/06 WEB INTERNATIONAL ...... 34,04 223,29 06/06 ...... E´CUR. EXPANSIONPLUS C.... 41,50 272,22 06/06 CIC OBLIMONDE...... 134,86 884,62 06/06 SG ASSET MANAGEMENT E´CUR. INVESTISSEMENTS.... 62,25 408,33 06/06 CIC PIERRE...... 37,34 244,93 06/06 Serveur vocal : ´ 549,15 ´ E´CUR. MONE´TAIRE C...... 220,62 1447,17 06/06 UNION AMERIQUE...... 3602,19 06/06 LEGAL & GENERAL BANK 08 36 68 36 62 (2,21 F/mn) LEGENDE E´CUR. MONE´TAIRE D...... 190,25 1247,96 06/06 Fonds communs de placements CADENCE 1 D ...... 156,12 1024,08 06/06 e Hors frais. ee A titre indicatif. * Part div. par 10 au 5/5/99. E´CUR. OBLIG. INTERNAT. .... 180,21 1182,10 06/06 CIC EURO OPPORTUNITE´..... 636,53 4175,36 06/06 STRATE´GIE IND. EUROPE .... 242,83 1592,86 05/06 CADENCE 2 D ...... 154,01 1010,24 06/06 26 / LE MONDE / VENDREDI 8 JUIN 2001 CARNET

DISPARITIONS Fiançailles – Madagascar. Les Molières. – Le président de l'université Pierre- Anniversaires de décès Peaugres. Saint-Clair. et-Marie-Curie, – Barby (Savoie). Lovagny (Haute- Le directeur de l'Observatoire – Le 7 juin 2000, Savoie). Hedwige et Olivier Gerry, océanologique de Banyuls, Le directeur du Centre des sciences de ses parents, Albert LABOISSE Laure et François, Anaëlle, Louise et Théotime Gerry, la mer, Simone Benmussa ses frère et sœurs, Les personnels de l'université Pierre- nous quittait. à deux, l'avenir ne peut être que Joyeux ! Hélène Baumann, François et Claire et-Marie-Curie, Gerry, ont la douleur de faire part du décès de Une messe sera célébrée à Saint Eloy- Rendez-vous le 9 juin 2001, à Bertrand et Béati de Montgolfier, les-Mines (Puy-de-Dôme), le La passion du théâtre et de la mise en scène Lovagny. ses grands-parents, Alain GUILLE, 10 juin 2001 à 11 heures. ont la tristesse de faire part du retour à professeur de biologie marine L’ÉCRIVAIN et metteur en scè- a dirigé l’Action théâtrale, le Tendrement. Dieu de à l'université Pierre-et-Marie-Curie, Avis de messe ne Simone Benmussa est morte à rejoint alors. Elle le suivra en 1981 chevalier des Palmes académiques, En mémoire de Paris mardi 5 juin à l’âge de soixan- au Théâtre du Rond-Point, où elle Décès Emmanuel, te-neuf ans. aura la responsabilité de la petite survenu le 4 juin 2001, dans sa soixante- Paul DAUDE, Née à Tunis en 1932, Simone salle. – Danielle et Georges Fayad, le 22 mai 2001, à l'âge de sept ans, à cinquième année. Benmussa s’installe à Paris au Elle reprend ses activités, se lan- Joëlle Aboussouan, Saint-Denis de la Réunion. Murielle, Patrick, Les obsèques auront lieu le samedi décédé le samedi 24 mars 2001. moment de l’indépendance de la ce dans la mise en scène. Le Por- Céline et Jean-Luc Bordet, 9 juin, à 9 heures, au crématorium du La messe précédant l'inhumation a eu Une messe sera célébrée Tunisie et rejoint rapidement la trait de Dora, d’Hélène Cixous, May Chlala lieu en l'église de Peaugres (Ardèche), le cimetière du Père-Lachaise, Paris-20e. compagnie Renaud-Barrault, alors d’après Freud, est, en 1976, le pre- et famille, le jeudi 14 juin, à 18 h 45, 28 mai. par le Père Boulangé s.j., installée à l’Odéon-Théâtre de mier d’une longue liste de specta- Jaime Lorenzo Ni fleurs ni couronnes. et famille, en l'église Saint-François-Xavier France. Elle en est la conseillère lit- cles qui tous se tiennent dans une (chapelle de la Vierge), ses enfants, petits-enfants, sœur, frère, – Saint-Agrève. Paris. Dons au service d'oncologie du téraire et met sur pied une série de ligne d’exigence littéraire – on neveux et nièces, place du Président-Mithouard Paris-7e. conférences, auxquelles partici- pourrait dire philosophique –, professeur Khayat, CHU Pitié- ont la douleur de faire part du rappel à M. Joaquin Garcia Tunez, Salpêtrière. pent notamment Ionesco, Elsa dans la mesure où les textes choi- Dieu de son époux, Colloques Triolet et Aragon, Alberto Mora- sis traversent les sinuosités de l’es- Joaquin, Felipe, Luis-Manuel, Juliette, Auteur de nombreux travaux de via, Italo Calvino… Des grands prit, du caractère humain, ses Aïda ABOUSSOUAN, Laurent, COLLOQUE JUSTIN-GODART : née LORENZO, recherche en biologie marine, liés un homme dans son siècle (1871-1956) noms, de grandes personnalités, ambiguïtés, ses contradictions, ses ses enfants, notamment à de nombreuses campagnes Ses belles-filles et Olivier, La vie et l'œuvre de Justin Godart, qui collaboreront également, avec retournements, ses incertitudes. océanographiques, Alain Guille a dirigé premier président de l'OSE-France, survenu le 3 juin 2001. Ses petits-enfants, bien d’autres, aux Cahiers Renaud- de 1989 à 1999 l'Observatoire sous la direction de Et toute sa famille, océanologique de Banyuls, école interne me Barrault, revue littéraire très haut FORMIDABLE ASSURANCE La cérémonie religieuse aura lieu M Annette Wieviorka, ont la très grande tristesse d'annoncer le de l'université Pierre-et-Marie-Curie, 18 et 19 juin 2001, à partir de 9 heures, de gamme dont Simone Benmussa Des textes en parfaite opposi- vendredi 8 juin, à 10 h 30, en la chapelle décès de des Petites-Sœurs-des-Pauvres, dont il a récemment réalisé une Palais du Luxembourg. Entrée libre. est rédactrice en chef, et qui vivra tion avec la formidable assurance 62, avenue de Breteuil, Paris-7e. importante extension. Créateur, puis Renseignements et inscriptions, jusqu’en 1989. que Simone Benmussa arborait en Mme GARCIA, directeur du Centre des sciences de la OSE : 01-53-38-20-20 Il était difficile de lui tenir tête, public. Et qui, sans doute, proté- Ni fleurs ni couronnes. née Janie Marcelle DONDOUX, mer de l'université Pierre-et-Marie- www.ose-france.org de ne pas se laisser entraîner par geait une non moins formidable Curie, il a constamment œuvré pour le le 5 juin 2001, dans sa soixante et développement des activités de sa vitalité, son énergie, son enthou- angoisse. Ses auteurs : principale- – Le docteur Maurice Mussat et Mme, onzième année. siasme. Son autorité aussi. Elle ne ment Henry James (Apparences, recherche et de formation liées à Conférences leurs enfants et petits-enfants, l'environnement marin. Membre du supportait pas que quoi que ce 1979 ; Retour à Florence, 1985), Mme Denise Bigot, Un office religieux aura lieu le samedi conseil d'administration de l'université, il Vendredi 8 juin, 20 h 15 à 21 h 30, soit lui résiste, s’arrangeait pour Gertrude Stein (Camera Oscura, ses enfants et petits-enfants, 9 juin à 16 h 30 au temple de Saint- s'est impliqué dans la vie de l'université Gisèle Benmussa, « Réincarnation - un nouveau regard séduire ses interlocuteurs, les atti- 1983), (, Agrève, en Ardèche. et a développé la formation pratique des Mme Julia Smadja, sur la vie. » rer dans des aventures, d’ailleurs 1982, et Virginia, d’Edna O’Brien, étudiants dans le domaine de la biologie Loge Unie des Théosophes, son fils et sa petite-fille, Cet avis tient lieu de faire-part. souvent passionnantes. Sa culture 1981), Villiers de L’Isle Adam (La Mme Dorothée Smadja, marine. Il était docteur honoris causa de 11 bis, rue Kepler, Paris-16e, l'université Santa Ursula de Rio de entrée libre et gratuite. ne devait rien aux modes, tout à Révolte, 1981, à Londres, en même ses enfants et petits-enfants, M. Joaquin Garcia Tunez, ont le grand chagrin de faire part du Janeiro. Tél. : 01-47-20-42-87 une haute idée de la vie et des temps qu’Apparence et La Vie sin- 10, rue Erard, décès de www.theosophie.asso.fr êtres humains, et elle défendait ses gulière, d’Albert Nobbs, d’après 75012 Paris. convictions avec passion, la même George Moore – deux spectacles – Timothy Pringle, Simone BENMUSSA. Colombe Pringle, – Pour la dernière conférence de qu’elle manifestait dans son tra- créés à Paris en 1979), Jean Coc- – 19 juillet 1922 - 5 juin 2001. Vanessa Pringle, l'année, le professeur Maurice-Ruben vail. Simone Benmussa : un bour- teau (La Voix humaine, 1989), et On se réunira au cimetière du ses enfants, Hayoun traitera du thème suivant : «Le reau de travail qui ne semblait surtout Nathalie Sarraute, dont Montparnasse, 3, boulevard Edgar- Philippe GAUGE Golem, le Messie du ghetto ? Entre le même pas s’en apercevoir. A se elle a adapté Enfance (1984), mon- Quinet, Paris-14e, le vendredi Jean-Pierre mythe et la légende. » Le jeudi 14 juin 2001, à 20 h 15. Salle des demander si, à un moment donné, té C’est beau en 1975, et, à plu- 8 juin 2001, à 11 heures. est arrivé au bout du chemin. Mahot de la Quérantonnais, Gilles Royaux, mariages de la mairie du y compris dans son sommeil, elle sieurs reprises, la dernière en e Cet avis tient lieu de faire-part. Anne Gauge, née Froidevaux, ses gendres, 16 arrondissement (71, avenue Henri- s’arrêtait de penser, de bâtir des 1998, Pour un oui ou pour un non. Martin, Paris-16e). Tél. : 01-40-82- son épouse, 26-02. [email protected] projets. Son seul repos fut peut- Simone Benmussa avait quitté le 7, rue Decamps, Claire, Béatrice, Catherine, Denis, Lucy, Bella, 75116 Paris. être le rire d’un humour ravageur. Rond-Point sans abandonner ses Blandine, François, Antoine, Delia, son mari Laurent, En 1968, André Malraux, minis- activités théâtrales et littéraires – 99, rue de Sèvres, et Pauline Dorchy, 75006 Paris. ses enfants Séminaires tre de la culture, enlève l’Odéon à elle a publié en 1984 au Seuil un et leurs conjoints, leur mère, – Université d'été sur l'enseignement Jean-Louis Barrault, qui part en roman, Le Prince répète le Prince –, Ses petits-enfants, Eloi, Adrien, Merry et Melchior, – Erika Kralik tous se réunissent dans la prière et dans Zoé et Simon, de l'histoire de la Shoah pour les tournée, revient à Paris à l’Elysée- sans rien perdre de son énergie. Et professeurs des lycées et collèges, toutes a le profond chagrin d'annoncer la son souvenir en l'église Saint-Irénée de ses petits-enfants, Montmartre présenter Rabelais et puis la maladie l’a rongée, dévo- disparition de disciplines confondues, du 8 au 12 juillet Lyon, le 8 juin, à 14 h 30. 2001, à Paris, avec des historiens et des Jarry, jusqu’à ce que le nouveau rée, et elle a dû abandonner la Benoîte Groult et Paul Guimard, ministre, Jacques Duhamel, lui lutte. spécialistes de la pédagogie. Avec le Simone BENMUSSA, Les Verpillères, sa sœur et son beau-frère, soutien de l'APHG et de la Fondation offre le Théâtre d’Orsay. Simone metteur en scène et écrivain, 69850 Saint-Martin-en-Haut. Blandine, Lison et Constance, Jacob-Buchman. Benmussa, qui, pendant ce temps, Colette Godard Violette, Clémentine et Pauline, survenue le 5 juin 2001. leurs enfants et petits-enfants, – Monique Girard, Renseignements et inscriptions au CDJC : 01-42-77-44-72 son épouse, a Partagent ce chagrin les amis de Toutes et tous ses tendres amis ROSAN GIRARD, ancien dépu- de 1998. Levi Ben Abisha, se consi- Simone ainsi que les comédiens qui ont Alain et Jan-Loup, et sa fidèle Nany, té (PCF) de la Guadeloupe, est dérant lui-même comme le « rab- travaillé avec elle et qui l'ont réconfortée ses fils, ont le chagrin d'annoncer la disparition Communications diverses mort mardi 5 juin à Paris. Né le bin » des Samaritains, avait à plu- pendant sa terrible épreuve : Aurore Danièle et Véra, de ses belles-filles, Amicale Austerlitz Levitan Bassano. 16 octobre 1913 au Moule, méde- sieurs reprises, depuis le début de Clément, Glenn Close, Arielle Ayant pour objectif de conserver la Dombasle, José Maria Flotats, Sami Nathalie, Jérôme, Laetitia, Flora GROULT, cin, Rosan Girard était revenu s’ins- l’Intifada palestinienne, demandé ses petits-enfants, mémoire de ces camps d'internement et taller dans son île natale en 1937. aux autorités israéliennes et pales- Frey, Inès de Longchamp, Maxence écrivaine, de travail parisiens et de permettre d'en Mailfort, Macha Méril, Donella del Les familles Girard, Delacroix, chevalière de la Légion d'honneur, Résistant, il est interné en 1941 par tiniennes de trouver des aménage- retracer l'histoire. Monaco, Catherine Sellers, Pierre Dupuits, Cancelier, Daniel, Gauthier, Recherche tous les anciens internés les autorités vichystes jusqu’à la ments pour que ses membres puis- Tabard, Bruno Tosi, Susannah York. Tomíc, Perez, Mongault, survenue le dimanche 3 juin 2001. de ces camps ou leurs descendants qui libération de la Guadeloupe en sent se retrouver, en particulier Et tous ses compagnons de lutte pourraient compléter les archives par 1943. Il est ensuite, en avril 1944, lors du pèlerinage annuel de la Les obsèques auront lieu le vendredi contre le colonialisme, Ils rappellent à votre souvenir les témoignages, correspondances ou l’un des principaux fondateurs de Pâque samaritaine, sur leur lieu 8 juin, à 11 heures, au cimetière du ont la douleur de faire part du décès de hommes qu'elle a aimés souvenirs divers. Envoyer la correspondance à : la fédération locale du PCF. Maire sacré, le mont Grizim, à quelques Montparnasse. Rosan GIRARD, Michaël PRINGLE, B.P. 228, 75227 Paris Cedex. du Moule de 1945 à 1958 et député kilomètres au sud de Naplouse. Cet avis tient lieu de faire-part. président d'honneur du Syndicat Un contact sera pris par un membre de la Guadeloupe de 1946 à 1958, Les Samaritains tirent leur nom de (Lire ci-contre) des médecins de la Guadeloupe, qui nous a quittés en 1981, du bureau pour toute demande de Rosan Girard est à l’initiative, en la Samarie, une région centrale du ancien conseiller général, renseignements complémentaires. 1958, de la transformation de la royaume biblique d’Israël – L'université Paris-XIII, ancien député-maire, Sir Bernard LEDWIDGE, fédération PCF de la Guadeloupe (926-722 av. J.-C.), et font remon- La faculté de droit, sciences politiques membre honoraire et ancien secrétaire AU CARREFOUR D'ISRAËL et sociales, en Parti communiste guadelou- ter leur origine à Josué. Ce schisme de l'Assemblée nationale, qui nous a quittés en 1998. Ses collègues, membre fondateur péen (PCG), indépendant du PCF, du judaïsme connut son apogée Emploi - Etudes - Stages - Oulpan ont la tristesse de faire part du décès de et ancien secrétaire général Sa famille et ses amis lui diront au High-tech - Formation professionnelle dont il sera le secrétaire général jus- avant la conquête de l’Islam, du Parti communiste guadeloupéen, revoir à la coupole du crématorium du me qu’en 1964. Il n’avait alors pas regroupant jusqu’à un million de M Lise DANAN, interné administratif Père-Lachaise, Paris-20e, le vendredi Rencontrez des représentants israéliens repris sa carte de membre du PCG, membres au Proche-Orient, de la épouse MORET, sous le régime de Vichy, 8 juin à 16 h 45. sans cependant en démissionner Syrie à l’Egypte. Une tentative de maître de conférences, (Le Monde du 7 juin) Les 10 et 11 juin 2001 (14 h-22 h), au Centre communautaire de Paris, formellement. soulèvement pour créer leur Etat survenu le 5 juin 2001, dans sa quatre- survenu le 4 juin 2001. vingt-huitième année. 119, rue La Fayette, Paris-10e, a LEVI BEN ABISHA, grand prê- indépendant fut réprimée dans le – Danielle et Gérard Haase-Dubosc, métro Poissonnière. tre des Samaritains, une secte juive sang, en 539, par Justinien. Rejetés L'enterrement a eu lieu le 7 juin, à ses enfants, e Ses fils rappellent le souvenir de leur rejetée par le judaïsme au VI siè- par les juifs, les Samaritains furent 11 h 45, au cimetière de Pantin. mère, Olivier et Vanessa Gloag, Entrée libre. 01-44-15-23-23 cle avant Jésus-Christ, est mort le le plus souvent persécutés et for- Daniel et Alexander Haase-Dubosc, www.agencejuive.org 23 mai à Naplouse (Cisjordanie), cés à la conversion par les musul- Geneviève, ses petits-enfants, Toute sa famille où il était né en 1920. Il avait été mans et les chrétiens. Il ne reste Jeanne DOSSIER, et ses amis, Assemblées générales intronisé à la tête de sa petite com- actuellement qu’environ 650 Sama- née CLERC, disparue en 1975. ont la tristesse d'annoncer la mort de munauté en tant que plus grand ritains, répartis entre Israël et la La levée du corps aura lieu le HANDICAP INTERNATIONAL ancien, selon la coutume, au début Palestine. s'est éteinte paisiblement dans sa maison Jacqueline HAASE-DUBOSC, d'Orgeval, entourée des siens, le vendredi 8 juin, à 8 h 50 précises, au organise son assemblée générale annuelle mardi 5 juin 2001. funérarium de l'hôpital Ambroise-Paré, à survenue chez elle, dans la dignité et Boulogne-Billancourt. le 22 juin 2001, à 17 heures, AU CARNET DU « MONDE » selon sa volonté, à l'âge de quatre-vingt- à l'Embarcadère, Anniversaires de naissance M. Michel Dossier, seize ans, le 22 mai 2001. son mari, L'inhumation est prévue dimanche 13 bis, quai Rambaud, Lyon-2e. – Pour que le monde le partage avec Jean-Michel Dossier Naissances 10 juin, dans le caveau familial, au La crémation et l'inhumation des nous et pour tes premières lectures, et le docteur Ellen Dossier, Moule (Guadeloupe). cendres dans le caveau familial du Mme Sarah Claire Dossier, cimetière du Montparnasse eurent lieu CARNET DU MONDE ANDRIANARIVONY CHARTIER bon anniversaire, Marguerite et Ali Sakkat, 8, passage Du Guesclin, dans la plus stricte intimité. et Anne et Philippe Gonseth, 75015 Paris. Fax : 01-42-17-21-36 M. François CHARTIER sept ans le 7 juin 2001, ses enfants, « Point n'est besoin d'espérer ont la joie d'annoncer la naissance de Louis Carzou, – Paris. Banyuls-sur-Mer. pour entreprendre, ni de réussir Téléphone : leur fils, Julien, Ariane, Antoine Dossier, pour persévérer. » Etienne CASTERA. Sophie, Elise Sakkat, Le directeur 01-42-17-39-80 Antonin, Nathanaël Amélie, Flora, Lucas Gonseth, Cet avis tient lieu de faire-part. ANDRIANARIVONY Béatrice, Jean-Louis et Delphine qui ses petits-enfants, Et les personnels de l'Observatoire 01-42-17-38-42 CHARTIER, t'aiment. Zbigniew et Bozena Zak, océanologique, Laboratoire Arago de qui l'ont fidèlement entourée, Banyuls-sur-Mer – Nous apprenons le décès de 01-42-17-29-96 le mercredi 6 juin 2001, à Paris. - Sarhélo, 8 juin 1976, vous invitent à participer ou à vous unir ont la tristesse de faire part du décès du d'intention à la cérémonie religieuse qui vingt-cinq ans plus tard. Pierre MERCERON, e-mail:[email protected] aura lieu le samedi 9 juin 2001, à professeur Alain GUILLE, Bon anniversaire nos Adoptions 9 heures, en l'église Saint-Pierre-et- directeur du Laboratoire Arago le 3 juin 2001. Catherinettes ! – Paris. Saint-Paul d'Orgeval, suivie de de 1989 à 1999, Tendresses de vos parents indignes l'inhumation au cimetière du village, où Florence et Gerald Chaix, Frédéric et Sophie NADLER mais aimants. elle reposera auprès de son fils, survenu à Paris, le lundi 4 juin 2001. 6, rue Lakanal, ont la joie d'annoncer l'arrivée de Suresnes, 1976. 37000 Tours. Taormina, 1996. François, Les obsèques auront lieu le samedi Côme, Natal, 2001. 9 juin, à 9 heures, à Paris, au disparu en 1968. – Les associations de traducteurs crématorium du Père-Lachaise, Paris- littéraires ATLF et ATLAS né le 21 février 2001. e – Le 7 juin 2001, le soleil s'est levé Elle était la sœur du colonel 20 . ont la grande tristesse de faire part du pour la 3287e fois et il te souhaite un bon décès de leur collègue et ami Ni fleurs ni couronnes. Nos abonnés et nos actionnaires, anniversaire, Charles CLERC, de la 2e DB, Jusuf VRIONI, bénéficiant d’une réduction sur Dons au service d'oncologie du Noémie. éminent traducteur de l'albanais, les insertions du « Carnet du fait compagnon de la Libération professeur Khayat, CHU Pitié- le 18 février 1941. Salpêtrière. survenu à Paris, le 1er juin 2001, Monde », sont priés de bien Nous t'embrassons tous et pensons vouloir nous communiquer leur très fort à toi. Le Bois fleuri, L'ensemble du personnel du et adressent à sa famille toute leur numéro de référence. rue de Bethémont, Laboratoire Arago, pour lequel il a tant sympathie. Edith et Christian. 78630 Orgeval. œuvré, est très touché par sa disparition. (Le Monde du 5 juin) 27 AUJOURD’HUI LE MONDE / VENDREDI 8 JUIN 2001

SPORTS Sébastien Grosjean, vingt-trois VICTOIRE permet au Méridional d’attein- blème aujourd’hui : Sébastien Grosjean », par son compatriote Arnaud Clément (5-7, ans, a facilement éliminé l’Américain dre les demi-finales du tournoi, où il a déclaré Andre Agassi, à l’issue de la ren- 2-6, 7-6 [7/4], 7-5, 6-2). b DANS CHACUN Andre Agassi, tête de série no 3, en quarts devait rencontrer l’Espagnol Alex Corretja, contre. b LE FRANÇAIS affirme qu’il a pris DE SES MATCHES, Sébastien Grosjean a de finale des Internationaux de France vainqueur, mercredi, du Suisse Roger Fede- confiance lors de l’Open d’Australie 2001, montré une étonnante sérénité, qui a (1-6, 6-1, 6-1, 6-3), mercredi 6 juin. b CETTE rer (7-5, 6-4, 7-5).b « JE N’AI EU qu’un pro- où il avait atteint les demi-finales, battu désarçonné tous ses adversaires. A Paris, Andre Agassi n’a rencontré qu’un problème : Sébastien Grosjean En quarts de finale, le Français s’est imposé (1-6, 6-1, 6-1, 6-3) face à l’Américain, qui n’a jamais donné l’impression de pouvoir renverser le cours de la partie. En demi-finales, Sébastien Grosjean devait rencontrer, vendredi 8 juin, l’Espagnol Alex Corretja, vainqueur du Suisse Roger Federer (7-5, 6-4, 7-5)

ANDRE AGASSI l’a reconnu si tenait à la veille du match le dis- tard, c’est probablement la raison entre ses dents. Comme sous le cours d’un invité poli bien décidé pour laquelle j’ai fait le break, parce coup d’un cauchemar. Mercredi à imposer sa loi. Avec une bien- que son niveau a baissé un petit peu à 6 juin, en quarts de finale sur le veillance convenue, il louait l’es- ce moment-là. Et puis, il s’est repris. » court central de Roland-Garros, il prit combatif de Sébastien Gros- L’Américain a encore disposé de s’est heurté à un problème insolu- jean lors de son apparition en deux balles de break alors que ble : « Un problème nommé Sébas- demi-finales (perdue) du dernier Sébastien Grosjean servait pour le tien Grosjean. » Du haut de ses Open d’Australie, face à Arnaud match à 5-3, mais le Français n’a cent soixante-quinze centimètres, Clément : un tournoi qu’Andre rien lâché. l’outsider marseillais de vingt- Agassi avait finalement remporté. trois ans a laminé (1-6, 6-1, 6-1, D’avance, il absolvait la foule, qui « PAS DE QUOI ÊTRE CHOQUÉ » 6-3) la star américaine aux se devrait de porter, mercredi, son Après l’ace final, Agassi a empoi- 48 titres, dont 7 du Grand Chelem. seul héros national encore en lice. gné son sac et fui le court, la tête L’affaire semblait pourtant Mais personne n’était dupe ; on baissée. Solidaires de son supplice, entendue. Indiscutable favori, sou- espérait au mieux une vaillante son entraîneur, Brad Gilbert, son tenu par le public parisien, qui résistance du jeune Français eu ami Gil Reyes et sa compagne, Stef- appréciait son aisance depuis le égard à l’enjeu. fi Graf, avaient déjà déserté la tribu- début de la quinzaine, Andre Agas- La première manche, bouclée en ne des joueurs. « Il n’y a pas de quoi vingt minutes, fit craindre une être choqué quand chaque jeu est PROFIL déconfiture express et sans appel aussi nettement gagné, a déclaré de Sébastien Grosjean, visiblement Andre Agassi. Demandez-lui ce qui UN JEUNE HOMME tendu et débordé. Mais il est des s’est passé… Moi, j’ai bien joué, mais jours où l’ambiance d’un court cen- il a élevé son niveau de jeu pour faire TRANQUILLE tral de tournoi du Grand Chelem beaucoup mieux. Il a fait des points transfigure un joueur ; et son par- gagnants en coup droit, il ne ratait Il dit ne pas être aussi à l’aise que cours à l’Open d’Australie a juste- rien en revers. Ici, j’étais venu pour ça sur terre battue parce que, ment ouvert de nouveaux horizons gagner encore trois matches. » enfant, il a d’abord appris à jouer au Français. « Ça m’a donné vrai- Au cours de sa longue et brillante sur surface dure. Sébastien Gros- ment confiance et, ici, je confirme carrière, l’Américain a remporté les jean, tête de série no 10 des Interna- que je peux bien jouer dans les parties les plus accrochées, il en a tionaux de France et no 4 mondial, grands tournois », a-t-il expliqué. perdu à la loyale et en a laissé filer raconte cela en toute simplicité d’autres, jugées sans importance ; alors qu’il vient tout juste de battre AVEC L’AIDE DU PUBLIC mais rarement son orgueil a été mis l’Américain Andre Agassi dans le Avec l’aide du public, il s’est libé- à mal dans un tournoi du Grand temple de la poussière de brique, ré au début du deuxième set. Son JACQUES DEMARTHON/AFP Chelem comme mercredi. Ou plus en quarts de finale. premier jeu de service empoché et Andre Agassi a souvent été débordé par la vitesse du jeu de Sébastien Grosjean. depuis longtemps. Le jeu sur terre battue requiert quelques fautes d’Agassi l’ont A trente et un ans, Andre Agassi d’énormes qualités physiques et tac- encouragé à mettre en œuvre son est dans le court, il domine ses adver- cain, puis ses hauts et ses bas succes- apprécié le parallèle. Pour souligner n’a encore rien d’un joueur décli- tiques qui ne lui font plus défaut. plan de bataille. Car, s’il s’obstine à saires. J’essayais de varier les effets, et sifs, a étrangement coïncidé avec les l’ampleur de sa déception, il a nant, mais il sait ses années de ten- Quelles qu’aient été les circonstan- clamer que la terre battue n’est pas dès qu’il y avait une balle courte, d’y allées et venues de Bill Clinton, pas- même prétendu n’avoir pas remar- nis désormais comptées, et ne vit ces, sauf dans son match du troisiè- sa surface de prédilection, Sébas- aller franchement et de l’agresser. » sé en voisin après une conférence, qué la présence de l’ex-chef d’Etat, plus que pour ces grands rendez- me tour contre son compatriote tien Grosjean a au moins su cerner Cette option s’est avérée payante. la veille, à Rueil-Malmaison (Hauts- pourtant ovationné par le public. vous. Anthony Dupuis (6-4, 2-6, 3-6, 6-4, les points faibles d’Andre Agassi. Comme dans un rêve, le Français de-Seine). L’arrivée dans la tribune Au début de la quatrième man- 6-2) – confrontation difficile Un briefing de son ami Arnaud Clé- s’est mis à aligner les points d’honneur de l’ancien président des che, il a encore tenté de réagir. Frap- Patricia Jolly au-delà de son seul aspect physique ment, défait par l’Américain en fina- gagnants : en coup droit ou en Etats-Unis à la fin d’un premier set pant la balle comme plâtre, il a pris –, Sébastien Grosjean n’a commis le de ce fameux Open d’Australie revers, long, court, slicé, en diagona- rondement mené par son compa- d’entrée le service de son adversaire SIMPLE MESSIEURS aucune double faute depuis le 2001, l’y a aidé. le, le long des lignes. De l’autre côté triote a agi comme un désastreux pour le reperdre au quatrième jeu, (quarts de finale) début du tournoi. C’est le signe « J’essayais de ne pas trop jouer en du filet, Agassi répliquait : trop sortilège sur le tennis d’Agassi. Bien fébrile, déjà convaincu de l’issue de S. Grosjean (Fra, nº 10) b. A. Agassi (USA, nº 3) 1-6, qu’il a su garder une grande maîtri- cadence parce qu’il aime ça, a expli- long, trop large, dans le bas du filet. que démocrate convaincu, le joueur la partie en sa défaveur. « Il s’est un 6-1, 6-1, 6-3 ; se mentale du jeu, souvent avec cet- qué Sébastien Grosjean. Dès qu’il Le début du déclin de l’Améri- américain n’a évidemment guère peu crispé, a dit Andre Agassi plus A. Corretja (Esp, nº 13) b. R. Federer (Sui) 7-5, 6-4, 7-5. te apparente retenue, cette pudeur qu’on retrouve dans sa façon de par- ler de lui-même. Cette précieuse Bixente Lizarazu, défenseur de l’équipe de France de football capacité de relâchement n’a pas été sans poser problème à ses adversai- res, bien en peine de trouver prise « Mon seul scénario est de gagner une deuxième Coupe du monde » dans le jeu de cet opposant capable d’user, si nécessaire, de l’illusion du SÉOUL – A l’Euro 96. Une nouvelle géné- effectif. Si un joueur important se avec Deschamps, Zizou, Dugarry, le. Mais l’équipe de France est sûre repli pour aussitôt revenir dans l’ac- de notre envoyé spécial ration de joueurs venait d’arriver blesse, on peut continuer en res- Leboeuf… Mais ma vie au Bayern de sa force. Une des clefs de la réus- tion, et conclure par un point inci- « Avant la demi-finale de la en équipe de France. Les Zidane, tant solide. de Munich, avec un match tous les site, l’an prochain, sera de bien sif, imparable et démoralisant. Coupe des Confédérations, qui Dugarry, Barthez, Petit, Desailly… – Quel est aujourd’hui votre trois jours, ne me laisse pas beau- vivre le quotidien. Au moins pour De cette forme d’attaque digne doit opposer, jeudi 7 juin, la Fran- On est allé jouer l’Euro avec cette moteur, votre motivation ? coup de temps pour en faire plus. cela, la Coupe des Confédérations des Parthes, qui, sur leurs chevaux, ce et le Brésil, vous comptiez confiance et cet état d’esprit. Et on – Jouer à ce niveau, remporter – On imagine que, dans cette aura été utile. Elle nous a permis décochaient leurs flèches tout en fai- 67 sélections en équipe de Fran- aurait vraiment pu le gagner. Il une finale au Mondial ou à l’Euro, équipe, les champions du monde de déterminer tout ce qui aurait pu sant croire qu’ils fuyaient le combat, ce. Quel souvenir gardez-vous de nous a seulement manqué un peu c’est tellement fort, tellement doivent constituer un groupe à nous manquer l’an prochain, de la Andre Agassi et d’autres avant lui la première ? de chance et de fraîcheur physi- intense, qu’on en veut tous encore. part, un Etat dans l’Etat ? machine à café aux bouteilles de ont payé le prix. A vingt-trois ans, cet- – C’était en 1992, au mois de que. Mais nous avons pris On a connu des moments incroya- – C’est faux. Les nouveaux inter- vin. te confiance obtenue à force de tra- novembre, je crois. Un match conscience de notre potentiel. bles et on veut les revivre. En équi- nationaux emmenés par Roger – Que se passerait-il en cas vail, le champion ne la doit qu’à lui- France-Finlande, au Parc des Prin- Ensuite, il y a eu le Mondial 98… pe de France, je ne connais aucun Lemerre à cette Coupe des Confé- d’élimination rapide. Ce serait la même. Très respectueux de son ces. On gagne 2-1, ou 2-0, je ne – Vous donnez aujourd’hui joueur blasé par le succès. En plus, dérations ont tous avoué être sur- fin d’une aventure ? entourage, fan de l’Olympique de suis plus très sûr. J’avais centré, à l’impression d’être presque irré- on sait qu’on a le potentiel pour pris par notre esprit d’ouverture. – Ces questions-là, ce sont les Marseille, couche-tard, marié à Marie- ras de terre. Un centre assez sistibles. Vous le ressentez ainsi, rester au sommet. Notre moteur, c’est la victoire. journalistes qui se les posent. Moi, Pierre et père d’une petite fille, Sébas- fuyant. Cantona se jette en avant, de l’intérieur, sur le terrain ? – Quel a été le principal effet Quand un bon joueur arrive, on s’y je ne peux même pas l’envisager. tien Grosjean vit à Boca Raton, en Flo- et il marque. J’ai cette image dans – Oui, on se sent vraiment très du passage de témoin entre retrouve, on a tous à y gagner. Mon seul scénario, c’est de jouer ride, un choix qu’il a adopté depuis la tête. forts. Comme défenseurs, il y a eu Aimé Jacquet et Roger Lemerre ? – Les « cadres » de l’équipe une deuxième finale de Coupe du sa première participation à l’Orange – A l’époque, que manquait-il des moments où l’on se sentait – Ils n’ont pas la même personna- seront-ils consultés par Roger Monde, et de la gagner. Je n’imagi- Bowl, à Miami. Champion du monde à l’équipe de France ? même impassables. Et c’est jouis- lité, mais leurs méthodes restent Lemerre, l’an prochain, lorsqu’il ne pas l’échec. juniors en 1996, il connaît depuis cet- – De la confiance et du talent. sif. Mais on donne une telle impres- très proches. Il n’y a pas eu de véri- choisira les vingt-deux joueurs – Et imaginez-vous une vie te date une ascension continue. En Nous les avons acquis avec nos dif- sion de facilité que les gens finis- table changement, plutôt une con- pour le Mondial ? sans les Bleus ? 2001, outre Roland-Garros, il a été férentes expériences à l’étranger. Il sent par penser que c’est réelle- tinuité dans le travail. Roger – Non. On ne l’a jamais été. Et – En jouant à l’étranger, non. demi-finaliste à Sydney, Monte-Carlo y a un gouffre entre réussir en Fran- ment facile. En fait, rien ne l’a Lemerre était l’adjoint d’Aimé Jac- on ne le sera jamais. Personnelle- Aller jouer en Allemagne, au et, surtout, à l’Open d’Australie, un ce et réussir en Italie, en Espagne jamais été. Et ça ne l’est toujours quet. Il poursuit le boulot. Et je ment, je ne supporterais pas qu’un Bayern, a été pour moi un choix des tournois du Grand Chelem. ou en Allemagne. A l’étranger, l’en- pas. Rester à ce niveau, c’est une sais qu’ils se parlent beaucoup. joueur fasse l’équipe. sportif. J’y suis allé pour gagner A son rythme, Sébastien Grosjean vironnement est beaucoup plus dif- remise en question permanente. Et – Quelle part de votre temps – Le groupe actuel vous sem- des titres, pour connaître ce qu’il y s’approche doucement mais sûre- ficile. Il faut être plus fort, surtout je peux vous dire qu’on ne le vit l’équipe de France occu- ble-t-il de taille à vivre le pro- a de mieux dans le football profes- ment du sommet du classement. mentalement, pour s’en sortir. En pas du tout comme quelque chose pe-t-elle ? chain Mondial aussi bien que le sionnel. L’équipe de France est Quand on lui demande s’il se considè- choisissant de s’expatrier, et en ren- de facile. – Les Bleus, c’est un match par précédent ? complètement liée à ce choix. Tant re comme l’un des meilleurs joueurs contrant le succès dans leur entre- – Que manque-t-il encore à mois et – à chaque fois – quatre – Oui, j’en suis certain. Les ingré- que je jouerai à l’étranger, au plus de la planète, il répond, un peu prise, les Bleus ont compris qu’ils l’équipe de France ? jours de rassemblement, plus six dients ne seront pas les mêmes. haut niveau, j’imagine mal me pri- gêné, n’être qu’un joueur de tennis. pouvaient être aussi forts que les – Pas grand-chose. On est très semaines tous les deux ans pour L’éloignement, la différence de ver de l’équipe de France. » Tout simplement. autres. équilibrés, durs à passer, et désor- une grande compétition. En culture, la difficulté de s’informer, – Quand le déclic s’est-il pro- mais très forts offensivement. En dehors, ce sont des liens d’amitié, d’être appelé au téléphone, tout Propos recueillis par Jean-Jacques Larrochelle duit ? plus, on a maintenant un gros des coups de téléphone réguliers cela rendra le contexte assez diffici- Alain Mercier A chacun son école Pendant un an, des journalistes du Monde ont partagé la vie de six classes, de la prépa d’un lycée prestigieux au BEP charpentier, en passant par une terminale technologique située en zone0123 sensible 0123 Un grand reportage en 6 épisodes daté 10 à partir du samedi 9 juin1 28 / LE MONDE / VENDREDI 8 JUIN 2001 AUJOURD’HUI-SCIENCES L’ONU lance Les « petites mains » des labos en quête de reconnaissance une étude sur Le statut des personnels d’accompagnement de la recherche, c’est-à-dire de tous ceux qui ne sont pas chercheurs, va être rénové. Plusieurs syndicats qui défendent les intérêts de ces 60 000 agents expriment toutefois leur déception les écosystèmes Les personnels d’accompagnement de la années d’un déficit de reconnaissance. Sou- Claude Allègre a entrepris d’améliorer leur ment cependant que les mesures envisagées recherche – ITA (ingénieurs, techniciens et vent peu considérés et cantonnés à un rôle sort. Son successeur au ministère de la recher- – homogénéisation des statuts, mobilité fragilisés par administratifs) et ITARF (ingénieurs, techni- d’exécutants, ces 60 000 personnes (c’est-à- che, Roger-Gérard Schwartzenberg, souhaite entre établissements, amélioration des carriè- ciens, administratifs de recherche et de for- dire plus que les chercheurs) sont les oubliées faire de la réforme de leur statut une des prio- res et déconcentration de la gestion de ces mation) – souffrent depuis de nombreuses des grands débats sur la recherche. En 1997, rités de son budget 2002. Les syndicats esti- personnels – sont insuffisantes. l’activité humaine « J’AI RÉPONDU à un appel d’of- Pourtant, ces personnels restent une priorité à ces catégories dans recherche et d’enseignement supé- avant l’été. Ils ne font toutefois L’ACTIVITÉ HUMAINE, conju- fres pour une recherche sur le prion. le plus souvent dans l’ombre des son budget 2002 – et, surtout, rieur ; à améliorer les carrières de pas l’unanimité parmi les syndi- guée à la pression démographi- Mais, malgré mes doctorats de neu- chercheurs, même lorsque leurs 6 000 pour les Itarf. ces agents ; enfin, à moderniser et à cats. L’UNSA (l’ex-FEN) salue que, exerce une action de plus en robiologie et d’épistémologie, je diplômes et leur activité scientifi- Dans le même temps, une refon- déconcentrer leur gestion ». A cet « des avancées importantes ».De plus forte sur des écosystèmes très crains de ne pas obtenir de finance- que sont comparables, ce qui est le te de leur statut a été entreprise. effet, des projets de décrets pré- son côté, la CFDT estime qu’«ilne fragiles : prairies, forêts, cours ment, parce que je ne suis qu’ingé- cas pour les plus gradés d’entre « C’est la première fois depuis vingt voient une réduction des dispari- s’agit pas d’une révolution, mais d’eau et lacs, terres agricoles et nieur de recherche… » « J’étais tech- eux, les ingénieurs de recherche. ans qu’on se préoccupe de ces per- tés actuelles, des règles d’avance- d’une collection de mesures qui océans. Pour examiner l’influence nicien de classe exceptionnelle. A six Généralement cantonnés à un rôle sonnels », souligne Suzanne Srodo- ment plus favorables, une prise en constituent des améliorations ».En de cette activité sur l’environne- ans de la retraite, j’ai passé le con- d’exécutants, peu considérés et gora, chargée de ce dossier au cabi- compte de l’expérience profession- revanche, la CGT exprime sa ment, l’ONU a lancé, mardi 5 juin, cours d’assistant ingénieur. Au lieu oubliés des grands débats sur la net de M. Schwartzenberg. Cette nelle, ainsi que l’intégration des déception. Elle considère que les une étude intitulée « Evaluation de progresser, j’ai régressé au recherche – y compris par les syndi- réforme, indique-t-elle, « vise à corps administratifs dans ceux des nouveaux décrets sont « loin de des écosystèmes pour le nouveau niveau indiciaire… » « Dans le labo- cats –, ces « petites mains » de la homogénéiser les statuts des person- techniciens. correspondre aux attentes des per- millénaire ». Doté d’un budget de ratoire où je travaille, nous sommes science souffrent d’un déficit de nels des organismes et des person- Ces textes, déjà passés devant sonnels concernés » et juge même 21 millions de dollars (24,8 mil- deux secrétaires : ma collègue a le reconnaissance. nels des universités, pour favoriser les instances paritaires, doivent « inacceptables » certaines disposi- lions d’euros), ce « bulletin de statut de technicienne et perçoit une Ce sont eux qui ont été le plus la mobilité entre établissements de être soumis au Conseil d’Etat tions. santé de la planète » s’échelonnera prime de participation à la recher- malmenés lorsque la droite a taillé C’est aussi l’avis de la FSU, qui sur quatre ans et mobilisera che, que je ne touche pas parce que dans les effectifs des organismes : craint que la « déconcentration » 1 500 scientifiques à travers le je suis une administrative… » entre 1994 et 1997, un millier de Statu quo pour les chercheurs des recrutements, dont seront à monde. Selon l’ONU, la capacité Ces doléances témoignent du postes d’ITA ont été supprimés. l’avenir responsables les direc- de ces écosystèmes à satisfaire les malaise des « personnels d’accom- Eux, encore, dont les carrières se Si la réforme du statut des personnels ingénieurs, techniciens et teurs d’établissement, ne se tradui- besoins alimentaires et les besoins pagnement de la recherche ». sont le plus détériorées. Ces caté- administratifs de la recherche est en passe d’aboutir, celle du statut se par « une flexibilité accrue », en eau salubre d’une population Ceux que l’on appelle, dans le jar- gories sont « insuffisamment inté- des chercheurs est, en revanche, restée en plan. Elle avait pourtant source de nouvelles « inégalités ». mondiale de 6 milliards d’habi- gon institutionnel, les ITA (ingé- grées et valorisées dans le système été amorcée par Claude Allègre, partisan d’une plus grande mobilité Ce syndicat regrette, en outre, que tants est déjà sérieusement mena- nieurs, techniciens, administratifs) de recherche », déploraient les entre chercheurs et enseignants-chercheurs. Le ministère envisa- n’ait pas été pris en compte le sou- cée. Elle le sera davantage encore des EPST (les établissements députés socialistes Pierre Cohen geait notamment de réduire la charge de travail des jeunes ensei- hait des personnels de la recher- en 2050, lorsque la population de publics à caractère scientifique et (Haute-Garonne) et Jean-Yves gnants-chercheurs, pour leur permettre de mieux se consacrer à des che de ne plus être évalués par la planète atteindra les 9 milliards. technique, autrement dit les orga- Le Déaut (Meurthe-et-Moselle), travaux scientifiques. Il avait également étudié la possibilité de lier la leur hiérarchie, mais par leurs Pour satisfaire les besoins, les nismes de recherche comme le dans leur rapport, remis en progression de carrière des chercheurs à leur mobilité. Ce dossier sen- pairs, ainsi qu’il en va pour les cher- demandes de riz, de blé et de maïs CNRS ou l’Inserm) et les Itarf juillet 1999 au premier ministre, sible, qui suscitait de fortes attentes mais aussi de vives réserves de la cheurs. devraient augmenter, dès 2020, de (ingénieurs, techniciens, adminis- sur la recherche française. La fonc- part des syndicats, a été gelé. Il est peu probable qu’il soit rouvert 40 %, ce qui accroîtra de 50 % la tratifs de recherche et de forma- tionnarisation, en 1982, des cher- avant les prochaines élections. Pierre Le Hir demande d’eau pour l’irrigation. tion) des EPSCP (les établisse- cheurs et des personnels de la ments publics à caractère scientifi- recherche – tous avaient aupara- que, culturel et professionnel, vant un statut contractuel –, avait c’est-à-dire les universités). pourtant répondu à une volonté Sans eux, pas de recherche. Ces d’intégration et de rapprochement 60 000 fonctionnaires, plus nom- entre ces deux corps. Mais, aux breux dans les organismes que les yeux des rapporteurs, ce rappro- chercheurs proprement dits, assu- chement n’a été « qu’un mirage ». ment une multitude de tâches indispensables au bon fonctionne- LA CGT INSATISFAITE ment des laboratoires. C’est ainsi Ce n’est sans doute pas un qu’au CNRS ils sont répartis entre hasard si c’est un gouvernement une dizaine de branches d’activi- de gauche qui, avec l’arrivée de tés, qui recouvrent près de Claude Allègre, au printemps 200 métiers et spécialités. De sur- 1997, au ministère de l’éducation croît, ils possèdent souvent des et de la recherche, a entrepris compétences très pointues : d’améliorer le sort de ces person- « Dans mon équipe, relate un cher- nels. Par des créations de postes cheur, ce sont les techniciens qui d’abord : 400 pour les ITA depuis font certaines “manips”, car ce sont quatre ans – le ministre de la eux qui connaissent le mieux les recherche, Roger-Gérard Schwart- machines. » zenberg, souhaite encore accorder L’hippocampe, victime des médecines asiatiques et de son romantisme SYDNEY médecins traditionnels chinois uti- de notre correspondant lisent en effet ces animaux séchés Pas facile, la vie d’un hippo- dans de nombreux remèdes pour campe mâle. Chaque matin, il doit soigner, notamment, l’impuissan- faire la cour à sa belle pendant dix ce sexuelle ainsi que des problè- minutes en changeant de couleur mes respiratoires comme l’asth- et en exécutant une danse compli- me. Les médecins jamu en Indoné- quée. Et, quand vient la saison de sie, les docteurs populaires du cen- reproduction, il a la lourde charge tre des Philippines ainsi que cer- de porter les œufs dans sa poche tains praticiens japonais et ventrale. Après dix jours à six coréens en sont aussi friands. semaines de gestation, il donne naissance à plusieurs centaines de UNE STRICTE MONOGAMIE petits et, dès le lendemain, doit La consommation mondiale effectuer pendant neuf heures d’af- d’hippocampes aurait dépassé la filée une danse d’amour pour per- barre des 20 millions d’individus suader sa femelle de lui confier à par an en 1995 et continuerait à nouveau ses œufs. progresser depuis. Grâce à la crois- L’hippocampe blanc (Hippocam- sance économique dont bénéficie pus whitei), qui est une des trente- leur pays depuis le milieu des deux espèces existant au monde, années 1980, les Chinois ont davan- peut ainsi avoir sept grossesses tage d’argent à consacrer à leur successives dans la baie de Syd- santé. Cette nouvelle donne a ney, en Australie. Malgré tous ces engendré une hausse subite de la efforts et ces naissances à répéti- demande d’hippocampes. Les plus tion, ces animaux sont en danger. gros importateurs sont de très loin Des études effectuées par le Projet les Chinois, suivis des Hong- Hippocampe, un programme de kongais et des Taïwanais. Les prin- protection lancé en 1996 par le doc- cipaux exportateurs sont les teur Amanda Vincent, de l’universi- Thaïlandais, les Vietnamiens et les té McGill, à Montréal, montre que Indiens. En tout, près de cinquante la population mondiale d’hippo- pays, dont la France et les Etats- campes est en baisse constante. Unis, participent à ce commerce. Les pêcheurs travaillant dans Pour tenter de préserver ces des secteurs tests de cinq pays esti- animaux, le projet dirigé par ment que le nombre de « chevaux Amanda Vincent, qui regroupe de mer » a diminué de 50 % en trente-trois scientifiques, gère des cinq ans. Les raisons de cette catas- fermes marines aux Philippines. trophe écologique sont multiples. L’objectif de ces chercheurs est Une partie des responsabilités d’aider les pêcheurs locaux à déve- repose sur les pratiques de la lopper un commerce rentable qui pêche industrielle. Les crevettiers ne mette pas en danger les espèces et les chalutiers attrapent en effet vivant dans les océans. Car l’hippo- par erreur dans leurs filets des campe souffre d’un handicap sup- milliers d’hippocampes. plémentaire par rapport aux Ces gastérostéiformes souffrent autres poissons : il est strictement également de la dégradation, voire monogame. Et, quand un des mem- de la disparition, de leurs habitats bres d’un couple vient à disparaî- naturels (récifs coralliens, mangro- tre, l’esseulé prend beaucoup de ve, algues et estuaires). Plusieurs temps avant de commencer à cher- centaines de milliers de spécimens cher un autre partenaire. Un sont également achetés par des romantisme qui pourrait précipi- aquariophiles. Mais la cause princi- ter la perte de l’espèce. pale est à chercher ailleurs. En Asie, plus particulièrement. Les Frédéric Therin AUJOURD’HUI-TAUROMACHIE LE MONDE / VENDREDI 8 JUIN 2001 / 29 Nîmes prouve qu’il n’est pas de corrida sans grands toros Moments intenses et grande réussite d’ensemble caractérisent l’édition 2001 de la feria

NÎMES pas. En principe, au terme d’une de notre envoyé spécial faena de belle facture (toro mis en Un toro « gracié » – vocabulaire gloire), d’une faena conclue d’une juridique – ou, dans la langue de estocade loyale, face à un toro qui José Bergamin, indulté – lexique a montré sa bravoure (c’est le sens religieux –, c’est une exception de la rencontre avec les chevaux), rarissime (Le Monde du 6 juin). La le président accorde l’oreille au corrida est une théorie polyphoni- public. Si celui-ci la lui demande à que des exceptions. D’un autre la majorité. Comment ? En agitant côté, il n’est pas de toro gracié un petit mouchoir blanc. Propre si sans feu. Soit il illustre un lot possible. Comment compte-t-on remarquable qu’il domine de la la majorité ? Au pif. Cela dit, il tête, soit il représente une grande n’est pas rare que le public soit feria dont il reste le nom, la date sentimental ; ni que le président et le symbole. se prenne pour sa fonction. Ou les Descarado, qu’a gracié Enrique deux ensemble. Pas mal de malen- Ponce au faîte de sa science, ven- tendus en découlent. dredi 1er juin, tient des deux. Pon- ce devant Descarado s’est montré LE POID D’UNE OREILLE trois fois parfait : en technique, en Comme cette oreille (du public) plastique et en émotion. Ce n’était injustement refusée au même que pour se porter à la hauteur du Meca, samedi 2 juin, devant un JÉROME REY/LA PROVENCE/MAXPPP toro. Toréer, c’est grandir le toro. impressionnant Palha « negro lis- Enrique Ponce, qui s’est montré parfait en théorique et en plastique, a obtenu la « grâce » du toro Descarado. Il n’est pas de corrida qui tienne, ton » (noir avec une élégante raie sans toro. brune sur le dos). On ne refuse lit l’usage devant la bêtise du ges- d’oreilles ; jeunesse de promesse, da, c’est l’histoire de ses scandales dent, malgré le temps, on a le De ce point de vue, Nîmes à qui pas une oreille à un garçon qui se te et la difficulté chirurgicale à d’intelligence et de savoir, chez le et des ses énigmes. temps. » Une arène, c’est un cornet il est arrivé d’avoir des faiblesses ; joue avec franchise la vie. Et trouver assez vite l’articulation. petit Julien Lescarret. « Une minute sans succès, c’est où l’on entend tout. Absolument Nîmes à qui la chance a manqué d’ailleurs, on n’en a pas le droit. Cela dit, par un soir de grandio- Une feria se résume aux toros un échec » (Dominguin). La ques- tout. Les confidences, les rires, les l’an passé ; Nîmes a sorti quarante- Les présidences aussi prennent se euphorie, le 26 octobre 1986, qu’elle a présentés. Aux Victorino tion n’est pas de l’ennui. L’ennui toux (bizarre, en ce début juin !) et huit toros et novillos en six specta- des broncas. L’oreille est une sur- on a vu la dernière patte accordée Martin – les plus attendus, et qui pèse sur la plupart des corridas les toreros qui crient trop fort. Il cles dont beaucoup ont marqué vivance. à un triomphe : celui d’Espartaco, ont déçu : on ne choisit pas. Aux comme il pesait sur l’enfance, est rare que, dans l’improvisation les esprits. Aux temps anciens des fêtes de dans un pueblo de montagne, à Palha et aux Adolfo Martin, qui avant que la télé ne s’en mêle. L’en- verbale, les publics français soient Le troisième de Victorino village où l’on voulait récompen- Aracena, l’Aracena dont parle Vol- n’ont pas failli à leur réputation de nui permet de penser à l’objet très inspirés. D’une façon géné- Martin, par exemple, un exem- ser un brave mal payé qui s’était taire à la fin de Candide – aucun toros durs, difficiles, plus que dan- aimé, aux toros, permet de dépen- rale, les braillards ne sont pas vrai- plaire de 468 kg tirant sur le « gris illustré, on lui donnait l’oreille en exégète ne le sait. Aracena ferme gereux. Aux Victoriano del Rio, ser, de se faire une raison, de par- ment les plus poètes. En revanche, traditionnellement la saison anda- inattendus et précieux : Descarado ler à mi-voix, de rêver, de regarder à ce jeu, n’importe quel village louse. C’est joyeux et bien triste à (« celui qui à la tête bien armée »), les nuages. L’ennui n’est jamais andalou a du duende, l’on entend « El Juli » grièvement blessé à Madrid la fois. La corrida, c’est toujours premier gracié en place de catégo- tranquille, à tout instant il peut se à Madrid des réflexions de grande la dernière fois – et un jour de la rie, est de ce lot. réveiller. Combien d’ennuis classe, et Séville reste imbattable. Le jeune torero Julian Lopez Escobar, dit « El Juli », a été très sévère- vie, hélas, ce n’est que trop vrai. Au même instant, à Madrid, José d’airain soudain brisés par la défla- Malheureusement, à Séville, ment blessé par un toro de Guardiola, mardi 5 juin, dans l’arène de Tomas, le plus énigmatique des gration d’une blessure, un incident désacralisée cette année par l’ab- Madrid, Las Ventas, devant laquelle une statue d’Alexander Fleming LES CONFIDENCES DANS L’ARÈNE toreros fascinants laissait, sans le comique, une parole malheureuse sence de Don Francisco Lopez (découvreur de la pénicilline) a été installée par les « toreros reconnais- Est-il besoin d’ajouter qu’une tuer, repartir, après les trois avis ou un lazzi ? Romero (dit « Curro Romero »), sants ». Au sortir des ferias de Valence, Séville et Madrid (la San Isidro cote implicite sous-tend le tout : fatidiques, son toro au corral. Sous une fine bruine à Bilbao, les toros sont tombés presque s’étale sur près d’un mois), tous les toreros ont pris des « volteretas » une oreille pendant la San Isidro, à Dans une atmosphère d’émeute. voilà trente et un ans, un torero autant que la pluie. Pas à Nîmes. (voyage aérien sur coup de tête, sans conséquence grave). Les désagré- Madrid, a plus de poids, dans la Devant le roi, comme titre, scanda- expédiait les affaires courantes, ments (pied écrasé, articulations, poignet, entorses, lésions, coupures) carrière, qu’une patte à Aracena lisée, la presse à scandale. La corri- une voix lança : « Monsieur le Prési- Francis Marmande sont légion. La blessure grave – comme celle du Juli (« cornada » : trajec- ou deux oreilles et la queue, toire de 40 cm dans le muscle intérieur de la cuisse, perforation importan- disons, dans une « non-piquée » te, la corne entre la saphène et la fémorale) – vient, à des degrés divers, (novillada sans picador pour débu- d’être le lot de José Tomas, d’El Califa et Eugenio de Mora, et d’autres tants) à fête du maïs hybride de moins célèbres. La phrase que s’adressent les cuadrillas au moment du Mugron (Landes). Laquelle a défilé est : « Que Dieu partage la chance ! » A quoi celui qui suit répond : d’ailleurs non seulement son char- « Et les coups de cornes ! » Ce que d’ailleurs il fait assez équitablement. me, mais sa nécessité. Il n’est pas de corrida sans débutant. Si fait qu’une feria peut se racon- franciscain » (près d’une centaine contrepartie du prix de la viande ter par ses trophées : les deux de termes pour désigner la cou- dont on le gratifiait. Devant le oreilles parfaitement méritées par leur des robes), un toro aux cor- boucher, cette oreille lui permet- Antonio Ferrera, plus la queue nes fines, longues, toréé par Fer- tait d’obtenir son dû. – suite à une méprise, un peu nandez Meca. Lequel ne vole pas La première oreille, le président culotte courte, de la présidence. devant lui la première oreille de la peut ajouter la sienne. Enfin : cel- Laquelle a confondu avec le tour première corrida de feria. La corri- le du toro qu’il décide d’attribuer d’honneur dû au toro. Quoi qu’on da, c’est toujours une histoire de au torero. Cette deuxième oreille dise, Antonio Ferrera reste une première fois. est évidemment interprétée com- irremplaçable idée de la tauroma- Cette attribution d’oreille pour me une surenchère. Le libéra- chie : la témérité, la décision, ce récompense est aussi mal com- lisme ne se refait pas. Parfois l’on rappel réjouissant de la jeunesse. prise que passionnante. Connues ajoute, l’inflation étant l’infla- Comme Sébastien Castella (pas- par le récit populaire d’un tion, la queue. Passons (on ne sons sur l’épée), un dimanche ex-secrétaire de Sartre (Les coupe pas de queue à Madrid). Et matin de fête devant des toros Oreilles et la queue), les trophées même, dans les années cinquan- pour vedettes (Joselito, José répondent à des règles strictes. Ou te, la patte. Repassons. On en abo- Tomas), sous petite pluie Universitaires, politiques et professionnels évoquent leur passion LUNDI 21 et mardi 22 mai, Fran- le et la nécessité d’un classement certain art de vivre viennent à l’es- çois Zumbiehl, directeur adjoint de des toros selon leur homologation prit. » la Casa de Velazquez à Madrid, de qualité (sur le modèle des Le mercredi 30 mai, au château auteur d’ouvrages de référence AOC). Il y fut question de sémanti- de Castries (Hérault), « Tauroma- (Des taureaux dans la tête, Taurines, que, d’anthropologie, et de la spiri- chie et culture », première rencon- etc.), a réuni des éleveurs (Victo- tualité dramatique de ce qui reste tre du genre, a réuni des universi- rino Martin Jr, docteur en droit) à la plus dangereuse des sciences taires, des politiques, des profes- la parole très élégante, comme inexactes. sionnels, des artistes et des spécia- celle de Roberto Dominguez (mata- Mais il fut aussi question de listes. Sous la direction de Rémy dor de grande réputation) ; des taxes, de chiffres d’affaires, de Loury, de Jean-Michel Mariou, du politiques (Pio Garcia-Escudero) ; retombées économiques et de télé- président du comité régional de la des directeurs impresarios au vision. Avec comme codicille : culture (professeur Michel) et en verbe clair, José Luis Lozano, Oli- maintien de la tauromachie sous présence des maires de Béziers et vier Baratchart (Bayonne), Jean- tutelle du ministère de l’intérieur de Beaucaire. Pierre Junqua-Lamarque ; des afi- (seule garantie de la pérennité de Trois débats dans une salle cionados pointus (Henry Douais, ses rites, selon Romero de Solis) d’armes : « Figurer la corrida » de Nîmes) ; des journalistes ou passage au ministère de la (Vialat et Formica, peintres, Jean- (Zocato, de Sud-Ouest, qui com- culture ? Michel Bénézet, au titre du Cercle bine avec grâce les vertus de Dante d’art contemporain) ; « La corne et celles de Fernand Raynaud), et UN CERTAIN ART DE VIVRE et la plume » (Jacques Durand, un Pedro Romero de Solis, le pro- Soulignant le rôle économique Christian Dedet, Yves Harté, écri- fesseur de sociologie sévillan, for- et écologique de la tauromachie, vains, Alain Montcouquiol, ancien mé à l’Ecole pratique des hautes un ministre s’est exprimé par une torero, auteur de Recouvre-le de études et en mai 1968 à Paris. lettre, Jean Glavany (agriculture lumière) ; « Une passion d’intellec- Lequel, impérieux, volubile, n’a et pêche) : « La tauromachie fait tuels » (le professeur Bartholomé pas hésité à stigmatiser, à peine partie intégrante de la culture qui Bénassar, historien, Frédéric Sau- quatre cent quarante ans plus tard, m’anime. Mes fonctions me condui- made et Michel Crespy, spécia- la tentative d’abolition de la corri- sent quotidiennement à avoir une listes). da par le pape, à qui résista Philip- approche technique des dossiers Preuve qu’en dehors de tout ce pe II (1560). agricoles, et pourtant, lorsque les qu’elle épuise – comme la vie ! – la Le thème choisi par Zumbiehl, toros me viennent à l’esprit, y tauromachie reste un inépuisable l’Europe des toros, fut l’occasion compris, comme ce fut le cas il y a motif de conversation, parfois de de mises au point sur le patrimoine quelques semaines, au plus fort des disputatio, et souvent d’éloquence. écologique que représente la tauro- risques sanitaires engendrés par la machie, sur sa dimension culturel- fièvre aphteuse, l’imaginaire et un F.M. 30 / LE MONDE / VENDREDI 8 JUIN 2001 AUJOURD’HUI ------Nuages et pluie sur le Nord 08 JUIN 2001 Oslo Stockholm LE CARNET Prévisions Moscou Ensoleillé VENDREDI. Une perturbation nombreux et quelques ondées peu- vers 12h00 DU VOYAGEUR affecte le nord du pays, apportant vent se produire, ou des orages sur nuages et pluies. Au sud, la masse les reliefs dans l’après-midi et en d’air instable favorise le déclenche- soirée. Températures maximales : Peu a GRANDE-BRETAGNE. Desti- Belfast nuageux ment d’orages sur les reliefs. de 17 à 20 degrés sur le Poitou- Liverpool née à rassurer les personnes envisa- Dublin Bretagne, pays de Loire, Basse- Charentes, 21 à 24 degrés sur l’Aqui- Varsovie Kiev geant de se rendre en Grande-Bre- Normandie. Du Finistère au Calva- taine et 24 à 27 degrés sur Midi- tagne, une « charte des visiteurs », Amsterdam Berlin Brèves dos, le ciel est nuageux avec des Pyrénées. éclaircies diffusée sur Internet (www.visitbri- éclaircies. Ailleurs, le temps est cou- Limousin, Auvergne, Rhône- Londres tain.com/fr) donne informations et 50 o Bruxelles vert et pluvieux. Le vent de nord- Alpes. Sur le Limousin, le ciel s’en- Prague conseils, basés sur des faits scienti- est souffle à 50 km/h près des côtes nuage de plus en plus au fil des heu- Couvert fiques, pour profiter au mieux du de la Manche. Températures maxi- res et la pluie gagne le Nord-Ouest Paris Strasbourg Vienne séjour. Tél. : 01-44-51-56-20. males : de 15 à 18 degrés. dans l’après-midi. Ailleurs, le temps a AVION. La compagnie aérienne Budapest Brume Ardennes, Nord-Picardie, Ile- est lourd et instable, des foyers ora- Nantes Gulf Air, transporteur national de Berne brouillard de-France, Haute-Normandie, geux se développent d’abord sur Bucarest Abou Dhabi, Bahreïn, Oman et Centre. Ciel nuageux avec quel- les reliefs. Températures : de 17 à Lyon Milan Qatar, a décidé de supprimer le ques averses. Températures maxi- 20 degrés sur le Limousin et 18 à Belgrade Sofia Averses caviar de ses menus de première males : de 15 à 18 degrés. 23 degrés de l’Auvergne à Rhône- Toulouse Istanbul classe et de classe affaires. Gulf Champagne, Lorraine, Alsace, Alpes. Air, qui se flatte d’offrir une cuisi- Bourgogne, Franche-Comté. La Languedoc-Roussillon, Proven- Rome Pluie ne raffinée et qui servait du caviar pluie présente dès la matinée sur le ce-Alpes-Côte d’Azur, Corse. Barcelone Naples Béluga depuis plus de vingt-cinq Nord-Ouest gagne peu à peu la La journée est agréable avec une 40 o Madrid ans, estime en effet que la collecte Bourgogne, la Lorraine et l’Alsace. tendance à l’orage sur les reliefs du Lisbonne Athènes Orages de ce produit met aujourd’hui en Des orages peuvent éclater sur le Languedoc-Roussillon. Nuages bas péril l’existence même du grand Jura en soirée. Températures maxi- sur l’Aude et l’Hérault. Températu- Séville esturgeon de la mer Caspienne, males : de 16 à 20 degrés et de 21 à res : de 23 à 26 degrés avec locale- Tunis Neige des producteurs indélicats ne 22 degrés dans la plaine d’Alsace. ment 27 à 29 degrés sur le Rous- Alger remettant plus systématiquement Poitou-Charentes, Aquitaine, sillon. Le vent de sud-est souffle jus- à l’eau les femelles, une fois o o o Midi-Pyrénées. Les nuages sont qu’à 50 km/h dans le golfe du Lion. Rabat 0 10 20 Vent fort extraits les précieux œufs. PRÉVISIONS POUR LE 08 JUIN 2001 PAPEETE 23/29 S KIEV 11/20 S VENISE 18/24 S LE CAIRE 19/32 S Ville par ville, les minima/maxima de température POINTE-A-PIT. 25/32 S LISBONNE 15/21 S VIENNE 14/26 C NAIROBI 16/24 C et l’état du ciel. S : ensoleillé; N : nuageux; ST-DENIS-RÉ. 17/23 S LIVERPOOL 6/13 S AMÉRIQUES PRETORIA 6/21 S EUROPE LONDRES 7/16 C BRASILIA 16/27 S RABAT 17/24 S C : couvert; P : pluie; * : neige. AMSTERDAM 8/14 S LUXEMBOURG 8/12 P BUENOS AIR. 12/20 S TUNIS 18/29 S FRANCE métropole NANCY 10/16 P ATHENES 19/27 S MADRID 16/32 S CARACAS 23/29 S ASIE-OCÉANIE AJACCIO 13/25 S NANTES 10/19 P BARCELONE 17/24 S MILAN 16/27 S CHICAGO 10/20 S BANGKOK 26/37 S BIARRITZ 15/22 P NICE 17/23 S BELFAST 5/11 S MOSCOU 11/16 P LIMA 15/19 C BEYROUTH 22/27 S BORDEAUX 12/24 P PARIS 11/18 P BELGRADE 13/25 S MUNICH 12/21 C LOS ANGELES 17/23 S BOMBAY 27/33 S BOURGES 11/19 P PAU 14/24 P BERLIN 11/13 C NAPLES 17/26 S MEXICO 12/24 C DJAKARTA 27/30 S BREST 8/15 N PERPIGNAN 18/27 N BERNE 12/22 C OSLO 6/12 C MONTREAL 13/21 S DUBAI 26/38 S CAEN 10/15 N RENNES 9/18 N BRUXELLES 9/14 C PALMA DE M. 17/28 S NEW YORK 15/24 S HANOI 27/34 S CHERBOURG 7/16 N ST-ETIENNE 12/22 N BUCAREST 11/27 S PRAGUE 12/19 C SAN FRANCIS. 11/19 S HONGKONG 26/29 S CLERMONT-F. 12/23 N STRASBOURG 12/18 P BUDAPEST 14/26 S ROME 15/25 S SANTIAGO/CHI 8/15 C JERUSALEM 20/27 S DIJON 11/18 P TOULOUSE 14/25 P COPENHAGUE 8/14 S SEVILLE 19/32 S TORONTO 11/22 S NEW DEHLI 26/31 P GRENOBLE 13/27 N TOURS 10/18 P DUBLIN 4/12 S SOFIA 13/23 S WASHINGTON 16/25 S PEKIN 24/37 S LILLE 9/15 P FRANCE outre-mer FRANCFORT 10/16 C ST-PETERSB. 12/18 C AFRIQUE SEOUL 18/25 C LIMOGES 11/21 P CAYENNE 23/29 P GENEVE 13/23 C STOCKHOLM 7/14 S ALGER 16/33 S SINGAPOUR 27/31 S LYON 14/24 N FORT-DE-FR. 26/30 C HELSINKI 9/16 C TENERIFE 19/26 S DAKAR 22/25 C SYDNEY 14/19 P MARSEILLE 16/25 S NOUMEA 19/23 S ISTANBUL 17/24 S VARSOVIE 13/21 C KINSHASA 21/29 S TOKYO 18/23 C Situation le 7 juin à 0 heure TU Prévisions pour le 9 juin à 0 heure TU

VENTES Des estampes japonaises du XIXe siècle proposées par une galerie parisienne SPÉCIALISTE du Japon, la gale- ère, l’art de l’estampe a été floris- théâtre ou des courtisanes. Cette comme un dessinateur original Tokimune (numéro 9) va venger multiples formes, de même que cel- rie parisienne Tanakaya présente, sant au Japon à partir du milieu du production atteint des sommets au dont le style a su assimiler les son père assassiné en 1177 ; il tour- le du « lapin de jade » qui apparaît jusqu’au samedi 16 juin, l’intégrali- XVIIe siècle. Appelée ukyo-e, littéra- XVIIIe siècle, avec les chefs-d’œu- leçons des aînés puis s’en affran- ne la tête vers un oiseau en plein sur la pleine lune. Yoshitoshi a té d’une série d’estampes japonai- lement « image d’un monde flot- vre de Harunobu, Utamaro ou chir. Après une vie personnelle vol, symbole de la liberté qu’il n’a choisi d’illustrer ensemble ces ses titrée Cent phases de la lune, réa- tant », nom qui fait référence aux Hokusai, et se poursuit tout au très difficile, il donne sa produc- pas (5 000 F, 763 ¤). Muro no yûjo deux mythes dans une estampe lisée par Yoshitoshi (1839-1892), principes bouddhistes de l’imper- long du XIXe siècle, évoluant et se tion la plus remarquable à partir (numéro 21) : dans un bateau, une spectaculaire (12 000 F, 1 832 ¤). un des derniers maîtres de cette manence de l’univers, elle capte dégageant peu à peu de l’influence des années 1880, et exécute entre discipline. l’instant présent sous ses formes de ces grandes figures. 1885 et 1892 ses trois séries majeu- Catherine Bedel Né d’une longue tradition que les plus diverses : paysages, scènes Elève du maître Kuniyofhi res : Trente-deux aspects des coutu- Ces œuvres captent les spécialistes s’accordent à faire de genre, faits historiques et sou- (1797-1861), dès l’âge de onze ans, mes des femmes, Trente-six fantô- e Galerie Tanakaya, 4, rue Saint- remonter au VIIIe siècle de notre vent contemporains, l’univers du Yoshitoshi s’affirme rapidement mes et Cent phases de la lune, pré- l’instant présent Sulpice, 75006 Paris, tél. : 01-43- sentées dans cette exposition. 25-72-91, du mardi au vendredi de La lune est l’élément commun sous ses formes 13 à 19 heures, le samedi de 11 à Calendrier b Saint-Aquilin-de-Pacy (Eure), COLLECTIONS de ces cent images, liant tous les 19 heures. L’exposition est aussi samedi 9 et dimanche 10 juin, b Aurillac (Corrèze), sujets et les personnages et don- les plus diverses présentée sur le site Internet ANTIQUITÉS-BROCANTE tél. : 02-37-24-51-60. livres anciens, samedi 9 nant à cette suite son atmosphère www.tanakaya.fr b Paris, Carré rive gauche, b La Guerche (Indre-et-Loire), et dimanche 10 juin, particulière : ombres, reflets, lumiè- du mercredi 6 au dimanche samedi 9 et dimanche 10 juin, tél. : 04-71-46-86-50. res tamisées permettent à l’artiste courtisane du port de Muro passe a INTERNET ET DROUOT. L’hô- 10 juin, tél. : 01-42-60-70-10. tél. : 05-49-21-72-03. b Le Lardin-Saint-Lazare de mettre l’essentiel en valeur. près d’une pile, entre la plage et le tel Drouot vient de mettre au b Paris, place Saint-Sulpice, b Salins-les-Bains (Jura), (Dordogne), timbres et cartes Figurant des personnages histori- port (6 500 F, 992 ¤). Kaimani no point un site Internet couvrant du jeudi 7 au lundi 18 juin, samedi 9 et dimanche 10 juin, postales, samedi 9 ques, des scènes de légende ou de tsuki (numéro 37) : un homme épie l’ensemble des résultats de ventes tél. : 01-40-46-75-23. tél. : 03-84-44-91-66. et dimanche 10 juin, théâtre, et des caricatures, cette la femme d’un membre de la cour, obtenus par les meubles et objets b Meyrargues (Bouches-du-Rhône), b Salbris (Loir-et-Cher), tél. : 06-81-07-41-37. publication a été un des plus sortant de son bain la poitrine nue d’art depuis 1991. Cette base de du vendredi 8 au dimanche samedi 9 et dimanche 10 juin, b Le Relecq-Kerhuon (Finistère), grands succès de l’estampe japonai- et les cheveux dénoués, sa servan- données couvre la période allant 10 juin, tél. : 04-42-63-44-27. tél. : 02-37-43-58-26. disques et bandes dessinées, se. Elle est exposée ici dans des pre- te agenouillée derrière elle du XIe au XXe siècle et propose plus b Bayeux (Calvados), b Etretat (Seine-Maritime), samedi 9 et dimanche 10 juin, miers tirages d’une qualité parfai- (7 800 F, 1 189 ¤). Benkei (numé- de 30 000 pièces photographiées, du vendredi 8 au dimanche samedi 9 juin, tél. : 06-68-26-01-38. te, qui sont estimés entre 3 000 et ro 12) : un des héros favoris des disponibles par abonnement 10 juin, tél. : 02-32-12-06-49. tél. : 02-35-27-26-12. b Lans-en-Vercors (Isère), 15 000 F (de 458 à 2 290 ¤), selon Japonais affronte sur son bateau (www.drouot.com). b Les Rues-des-Vignes (Nord), b Montmorillon (Vienne), flacons à parfum, samedi 9 les sujets. une tempête déclenchée par les Un autre site d’accès gratuit four- du vendredi 8 au dimanche samedi 9 et dimanche 10 juin, et dimanche 10 juin, Kuruwa No Tsuki (numéro 24) fantômes de ses ennemis nit tous les renseignements prati- 10 juin, tél. : 03-27-78-50-65. tél. : 03-44-82-54-29. tél. : 04-76-53-40-92. met en scène une courtisane et (15 000 F, 2 290 ¤). ques sur l’hôtel Drouot : comment b Mansle (Charente), samedi 9 b Vincennes (Val-de-Marne), b Nevers (Nièvre), une jeune fille regardant tomber L’histoire de songokû (numé- vendre, acheter ou estimer un et dimanche 10 juin, samedi 9 et dimanche 10 juin, livres, samedi 9 juin, les pétales des cerisiers en fleurs à ro 73), esprit des singes, est racon- objet, les services et les horaires tél. : 05-57-43-97-93. tél. : 01-40-71-07-63. tél. : 03-86-21-43-95. l’entrée d’un parc (3 000 F, 458 ¤). tée aux enfants japonais sous de (www.drouot.fr).

Retrouvez nos grilles MOTS CROISÉS PROBLÈME No 01 - 135 sur www.lemonde.fr L’ART EN QUESTION No 225 En collaboration avec la

123456789101112 aucun ménagement. Reste disc- ret en parlant. - 8. Les plus belles I sont riches. Bon conducteur. - 9. Entre femmes Rouge dans le bassin. Marque en MARIE PETIET s’attache essentiellement à la représen- II surface. - 10. Voyelles. Plus tend- tation du monde qui l’entoure, donnant de l’univers fémi- re si elle est petite. Note renver- nin une image plutôt enjolivée. Ainsi ces repasseuses sont- III sée. - 11. Qui devrait servir un elles loin de celles peintes par Degas dans un atelier jour. Suivit son père sur l’arche. - embrumé de vapeur et dont l’artiste rend perceptible la IV 12. En général, elle fait dans le lassitude due au travail répétitif et fatigant. Ici les jeunes détail. filles sourient et papotent, et, hormis peut-être celle qui V s’applique à la tâche sous les conseils de la responsable de Philippe Dupuis l’atelier, ne semblent pas souffrir de la pénibilité du tra- VI vail. Cette vision optimiste est traduite au moyen de la SOLUTION DU N° 01 - 134 lumière chaude qui baigne la scène et par les regards qui VII circulent de manière complice. Marie Petiet, encouragée

Horizontalement dans son désir de peindre par son entourage familial, a MUSÉE PETIET/LIMOUX VIII I. Monaco. Bains. - II. Apologie. exposé au Salon en 1886, 1887 et 1891, après avoir fait son « Les Repasseuses » (1882), de Marie Feu. - III. Semeur. Ur. Or. - IV. Tri. apprentissage dans l’atelier de Jean-Jacques Henner. Elle Petiet (1860-1893). Huile sur toile, IX Vêpres. - V. Rangé. Rail. - VI. Ain. n’aurait pu entrer à l’Ecole des beaux-arts, qui n’entrou- 213 × 152 cm. Musée Petiet, Limoux. TB. Usa. - VII. Quittèrent. - VIII. vrit ses portes aux femmes qu’en 1900. Encore, au début, Au Musée Joseph-Déchelette de Roanne X Ure. Diluons. - IX. Ennéade. Bise. était-il possible au jury de reconnaître le travail d’une fille jusqu’au 16 juin, puis au Musée - X. Téteras. Arès. par rapport à celui d’un garçon lors de l’épreuve d’admis- départemental de l’abbaye sion, car : de Saint-Riquier (30 juin - 2 septembre) HORIZONTALEMENT savoir. - IX. Bien classées. - X. Joli Verticalement b Elles n’avaient pas accès aux modèles nus ? pour l’exposition « Portraits de femmes. La coup de pied sur le terrain. Mis à 1. Mastroquet. - 2. Opéra. Urne. b Les modèles nus étaient féminins pour les filles et femme dans la peinture au XIXe siècle ». I. Pour l’apprécier, il faut en l’écart. - 3. Nominaient. - 4. Ale. Gît. Ee. masculins pour les garçons ? avoir. Devrait apprécier le précé- - 5. Couvent. Ar. - 6. Ogre. Edda. - b Elles avaient accès aux modèles masculins mais de- Réponse du jeu n˚224 paru dans Le Monde du dent. - II. Pour ne pas oublier. VERTICALEMENT 7. Patries. - 8. Beur. Bel. - 9. RER. vaient les représenter couverts d’un pagne en guise de 1er juin. Ardent désir. - III. Très difficile à Nuba. - 10. If. Sautoir. - 11. Néo. caleçon ? L’exposition Monet Rodin de 1889 s’est tenue à la trouver. Romains dans Livourne. 1. Cavalier autour de la reine. - Is. NSE. - 12. Surclassés. Réponse dans Le Monde du vendredi 15 juin. Galerie Georges-Petit. - IV. Réservé aux amateurs à 2. Reste à l’ombre. Entretenir ses problèmes. Protection d’extré- illusions. - 3. N’est souvent qu’u- mité. Coule au pub. - V. Catégo- ne illusion. Donne des forces ries. Les hommes de Londres. - souvent illusoires. - 4. Le mal des LE MONDE TELEVISION VI. Reconnaissance à l’ancienne. feuilles. Accroche dans le mau- Dix points sur le tapis. Note. - vais sens. - 5. Va plus loin pour VII. En vue. Risque de secouer ou en savoir plus. - 6. Ne laisse rien avec 0123 déjà un peu secoué - VIII. Gran- dépasser. Mis dehors sans ména- DATÉ DIM./LUNDI de voie. Fin d’infinitif. Forme de gement. - 7. Mettra dehors sans 31 CULTURE LE MONDE / VENDREDI 8 JUIN 2001

FESTIVALS À partir de l’été 2001, France. b UNE « VOLONTÉ de l’Etat le mercredi 6 juin. Et la direction de la à la fin 2002 ». b C’EST DANS ces Hautes-Alpes. b DANS UN VILLAGE l’Année des arts du cirque, décrétée de mieux soutenir le développe- musique, de la danse, du théâtre et conditions de soutien que la compa- isolé, en Haute-Loire, Alexandre Del par le ministère de la culture et de la ment d’une discipline en plein essor du spectacle d’affirmer : « Le budget gnie du Cirque désaccordé vient de Pérugia forme de jeunes artistes en communication, va offrir trois cents artistique, dont l’économie demeure de fonctionnement passe de 45 mil- signer une convention triennale qui quête de créativité et initie parents et événements publics à travers toute la fragile », a indiqué Catherine Tasca, lions de francs en 1999 à 65 millions lui permettra de rayonner dans les enfants en toute simplicité. L’Année des arts du cirque entre en piste Cette opération nationale, accompagnée de nouvelles mesures d’aides à long terme de l’Etat, se déroulera de l'été 2001 à l'été 2002, et comportera plus de trois cents manifestations, a indiqué, mercredi 6 juin la ministre de la culture et de la communication Catherine Tasca

À PARTIR de l’été 2001, l’Année qui y préparent, comme le Lido à des arts du cirque, décrétée par le Toulouse (Haute-Garonne) ou Et ministère de la culture et de la vous trouvez ça drôle, à Lomme communication, va mêler des évé- (Nord). Un bac littéraire option cir- nements publics – spectacles, festi- que a même été créé : la première vals à travers toute la France avec promotion termine en juin son un point d’orgue les 1er, 2 et 3 mars cursus au lycée de Châtellerault 2002 – et des mesures, moins visi- (Vienne). bles, de soutien aux artistes. Cathe- rine Tasca, ministre de la culture CRÉER DANS LA SIMPLICITÉ et de la communication, souhaite La cellule de pilotage de cette que « cette manifestation nationale année du cirque, présidée par Ber- marque la volonté de l’Etat de nard Latarjet, responsable de La mieux soutenir le développement Villette, animée par Marie Moreau- d’une discipline en plein essor artisti- Descoings, inspectrice au ministè- que, dont l’économie demeure re après avoir été chargée de la pro- fragile ». grammation cirque à La Villette, a Depuis une vingtaine d’années, prévu plus de trois cents manifesta- le cirque français s’est profondé- tions toute l’année, à travers l’en- ment renouvelé en s’ouvrant à de semble du pays. Le temps fort se nouveaux champs artistiques : dan- déroulera donc les 1er, 2 et 3 mars se, théâtre, arts plastiques. Il s’est 2002 : le vendredi est dédié aux forgé un public plus divers, en ter- actions en lien avec le ministère de mes de générations et de sociolo- l’éducation nationale ; le samedi, gie, que celui des institutions théâ- les écoles de cirque pour amateurs trales ou chorégraphiques. A et professionnels ouvrent leurs l’étranger, il tourne de plus en portes ; les soirées et le dimanche plus, servant d’emblème de la jeu- sont réservés aux spectacles. ne création française. Par ailleurs, HERVÉ DUBAULT/EDITING L’ensemble de ces mesures se l’ouverture de nombreuses écoles Exercices de sangles, P’tit Jo (à gauche) et Marin Magne (à droite), deux « sangliers » du Cirque Romanes. traduit par un budget des plus de cirque dans les petites et gran- modestes. Actuellement, les cré- des villes rencontre un engoue- nels, qui tournent régulièrement depuis plusieurs années le Cirque offrent aux artistes un accueil en L’Agora, à Auch, du Festival Circa dits de l’Etat consacrés aux arts du ment croissant chez les jeunes. en France. S’y ajoute un nombre Plume, les Arts Sauts, Archaos ou résidence de création et un circuit ou d’Obernai (Bas-Rhin), où l’Espa- cirque représentent à peine plus important de petits cirques fami- le jongleur Jérôme Thomas. Ces de diffusion, voient leur budget en ce Athic organise le Festival Pis- que ceux absorbés par une seule POLITIQUE « DURABLE » liaux (près de 200), appartenant pôles régionaux, souvent implan- augmentation. C’est le cas de Bou- teur d’étoiles. grosse scène nationale. « Le bud- Longtemps à la traîne de ce mou- parfois à des dynasties manou- tés dans des petites villes qui lazac (Dordogne), de la scène Outre ces scènes convention- get de fonctionnement passe de vement qui s’est développé grâce ches. Une vingtaine reçoivent une nées avec une dominante « arts du 45 millions de francs [6,8 millions à ses énergies propres, loin des sen- aide à la création du ministère, tels cirque », des lieux réservés à la d’euros] en 1999 à 65 millions tiers institutionnels, l’Etat entend le Cirque Plume, les Arts Sauts, les Spectacles et colloques b La recherche. Le ministère de la piste sont aidés – à Cherbourg [9,9 millions d’euros] à la fin désormais lui emboîter le pas en Nouveaux-Nez… Une dizaine de culture lance plusieurs études, par (Manche), Nexon (Haute-Vienne) 2002 », affirme la DMDTS, soit mettant en place une politique compagnies supplémentaires, rele- b Les spectacles. Plus de trois exemple, sur l’économie des arts du ou encore à Amiens (Somme) et une augmentation de 46 % sur « durable », insiste-t-on à la direc- vant du nouveau cirque, bénéfi- cents manifestations sont recensées cirque. Des colloques sont Elbeuf (Seine-Maritime), deux trois ans. Les collectivités locales, tion de la musique, de la danse, du cient cette année de ce régime. Le sur le site de l’Année du cirque, organisés, dont un consacré aux villes qui possèdent chacune un notamment les villes qui ont com- théâtre et du spectacle (DMDTS) Théâtre du Centaure, à Marseille, www.horslesmurs.asso.fr. aspects juridiques (propriété cirque ancien, classé, qui sera mencé à soutenir des compagnies du ministère, pour favoriser la for- ou la compagnie Philippe Une cinquantaine de festivals littéraire et artistique, droit de rénové. ou des festivals, apportent depuis mation et la recherche aussi bien Goudard/Maripaule B., à Montpel- programment du nouveau cirque, l’itinérance ou des animaux de La formation des artistes du cir- plusieurs années un soutien non que la création et la diffusion. lier, signent une convention avec dont les plus spécialisés sont Circa, cirque), en novembre, à Poitiers. que bénéficie d’un soutien renfor- négligeable. Mais les artistes de Cette nouvelle politique des arts leur direction régionale des affai- à Auch, Les Arts à la rencontre du b Les publications. A paraître cé aux trois grandes écoles (Fratel- cirque, qui autofinancent leurs du cirque, que Catherine Tasca a res culturelles (DRAC). cirque, à Nexon, Furies, à Châlons- dans l’année : un numéro de la lini, qui sera reconstruite à La créations à 80 % – un taux excep- révélée mercredi 6 juin, comporte Plusieurs théâtres publics ont en-Champagne, Pisteur d’étoiles, à revue Autrement, dirigé par Plaine-Saint-Denis ; Centre natio- tionnel dans le milieu du spectacle ainsi plusieurs volets. Il existe commencé de s’ouvrir aux arts de Obernai, Rayon burlesque, à Lille, Jean-Michel Guy ; un ouvrage sur nal des arts du cirque, où le choré- vivant –, continueront de vivre et actuellement quelque 360 compa- la piste. A Lannion (Côtes d’Ar- Festival mondial du cirque de les architectures de cirque, aux graphe Philippe Decouflé dirigera de créer dans la simplicité. gnies et entreprises, dont une cin- mor) par exemple, le Carré magi- demain, à Paris, Janvier dans les éditions du Moniteur ; des le prochain spectacle de fin d’étu- quantaine de cirques tradition- que a accueilli et programmé étoiles, à La Seyne-sur-Mer. documents pédagogiques, etc. des ; Rosny-sous-Bois) et à celles Catherine Bédarida Les ateliers ludiques d’Alexandre Del Pérugia Sous le chapiteau des « désaccordés » PONTEMPEYRAT avoir entraîné des comédiens tels duende, de Garcia Lorca, et Les Jeux GAP ge ont débarqué avec plus de vingt caravanes pour (Haute-Loire) que Denis Lavant ou Niels Arestrup et les hommes, de Caillois, il prend le de notre envoyée spéciale occuper le pré attribué par la mairie à la compagnie. de notre envoyée spéciale à Paris, Alexandre Del Pérugia se jeu au sérieux. Au fil de vingt années Ils ont planté leur chapiteau rouge dans un pré aux Craintifs devant ces frères en nomadisme –«ona Il fallait sans doute une bonne consacre désormais à la formation. d’expérience, il a acquis la convic- portes de Gap, à 900 mètres d’altitude, au pied des beaucoup de matériel » –, ils ont vite cherché à les ama- dose de courage pour s’installer L’hiver, des compagnies comme le tion que les artistes doivent passer montagnes étincelantes. Les douze garçons et filles qui douer en les invitant au spectacle. Théâtre de l’Exil, qui pratique la dan- par des exercices ludiques pour trou- forment la compagnie du Cirque désaccordé – « désac- PORTRAIT se-escalade, ou comme Baro d’Evel ver leur dimension créative. cordé, car nous ne voulons pas de chef », explique Virgi- ENTRE ÉQUILIBRES ET DÉSÉQUILIBRE séjournent ici le temps de mûrir A Pontempeyrat, l’équipe qu’il a nie Moy, l’administratrice – vivent ici leur rêve, depuis Pourtant, tout leur univers fantastique, aérien, L’art et la manière leurs créations. L’été, des stagiaires réunie propose aux habitants de un an. Ces nomades ont posé leurs camions et leurs mélancolique est en place. Avec eux, le langage du cir- d’accueillir de jeunes viennent travailler le silence, le mou- découvrir le nouveau cirque à agrès à Gap, à l’invitation de la municipalité et de la que – acrobatie, fil de fer, trampoline, voltige – raconte artistes en quête vement, le texte, avec des forma- travers les tournées de petites com- scène nationale de La Passerelle. Ils s’étaient connus l’histoire d’une troupe qui ne parvient pas à faire tenir de créativité teurs tels que Thierry Loeve, ancien pagnies qui se déplacent avec des au Centre national des arts du cirque (CNAC) de Châ- un spectacle debout. Entre équilibres et déséquilibre, de la compagnie Royal de Luxe, ou caravanes tirées par des chevaux. lons-en-Champagne où ils ont créé, en 1997, C’est pour entre appuis collectifs et solitude de l’acrobate qui l’écrivain-metteur en scène François Plusieurs fois par an, elles partent toi que je fais ça, avec le metteur en scène Guy Allou- « pète les plombs », le Cirque désaccordé livre ses dans ce village isolé entre rivière et Cervantès. Del Pérugia propose, lui, former des jeunes de quartiers dés- cherie. « On avait envie de vivre ensemble, dans des cara- failles. « Je ne suis pas très solide. Je n’ai pas fait autant bois, aux confins de l’Auvergne et de des formations sur les masques ou hérités aux arts du crique. En vanes, et de créer sous un chapiteau », ajoute Virginie d’acrobatie que vous. J’ai un peu grossi, je me fais vite la Haute-Loire. Alexandre Del Péru- sur son domaine de prédilection, les collaboration avec le Centre natio- Moy. A l’issue de la tournée de C’est pour toi que je fais mal. Il ne faut pas pleurer pour faire de l’acrobatie : on gia, ancien sportif venu aux arts jeux de vertige. « La gymnastique a nal de danse contemporaine de ça, ils ont sauté le pas et acquis un chapiteau. voit tout flou et on se blesse », fait dire François Cervan- après sa rencontre avec un profes- été développée en France après la Châteauvallon, la troupe plante régu- Le soir du 29 mai, ils présentaient leur nouveau spec- tès à une belle voltigeuse. seur de français, n’en manque pas. défaite de 1870. Il s’agissait de faire lièrement son chapiteau dans les tacle, Les Oiseaux-Le Bord du monde, en avant-premiè- Après une première série de représentations à Mont- Avant d’installer ses caravanes dans de bons soldats des petits Français. Je cités de Toulon et de La Seyne-sur- re, devant un public invité où se croisaient des repré- pellier, pour le festival Le Printemps des comédiens, la ce village de Pontempeyrat, il a prati- préfère les jeux icariens, issus des Mer pour des ateliers d’acrobatie. sentants de La Passerelle, théâtre de Gap qui dévelop- compagnie revient à Gap. Dans le cadre de l’Année du qué l’acrobatie et y a initié des centai- temps anciens, transmis oralement, Au printemps 2000, ses quinze inter- pe un travail de proximité dans tout le département, et cirque, elle vient de signer une convention triennale nes de parents et d’enfants, de autour de l’air, de la pesanteur, à tra- venants ont initié plus de quatre mil- des habitants avec lesquels ils ont noué des liens, com- avec l’Etat, la ville et la scène nationale qui lui permet- même qu’il animait des ateliers ludi- vers les balles, la balançoire, le tram- le parents, enfants et adolescents, me les ambulanciers qui sont venus secourir les acroba- tra de poser ses caravanes et son chapiteau ainsi que ques de balles, d’équilibre ou de poline », explique-t-il. dont les plus motivés continuent le tes blessés ou les moniteurs de l’auto-école où ils pas- de créer et de rayonner dans tout le département – à vertige. De son enfance au Maroc, quitté travail cette année. A l’écoute de ces sent le permis E. condition que les gens du voyage laissent libre l’ espa- Dans un ancien hôtel en pleine en 1973, il a gardé le sentiment jeunes comme de ses voisins des Tout est neuf pour ce spectacle. Le parquet de la pis- ce de rêve qu’elle a investi. nature, il a aménagé en 1995 un d’avoir eu la chance de « baigner bois, Alexandre Del Pérugia estime te et les gradins sentent le bois fraîchement scié. Les « lieu sédentaire pour nomades » où dans une culture de tradition ora- qu’aujourd’hui, « en ville comme à la artistes, âgés de vingt à trente ans, rôdent cette premiè- C. Ba de jeunes compagnies de cirque ou le – les conteurs, les saltimbanques, campagne, tout le monde se sent re œuvre commune. Leur texte, signé de l’écrivain et de théâtre peuvent prendre le temps l’artisanat –, faite de contacts exclu ». metteur en scène François Cervantès, a connu des e Les Oiseaux-Le Bord du monde, Le Printemps des de chercher leur langage et de tester humains et de jeu sous toutes ses for- changements jusqu’à la veille. Les dernières quarante- comédiens, à Montpellier, du 7 au 13 juin. Tél. : leurs projets de spectacles. Après mes ». Influencé par Théorie et jeu du C. Ba huit heures ont été mouvementées : des gens du voya- 04-67-63-66-66. 32 / LE MONDE / VENDREDI 8 JUIN 2001 CULTURE Le Conseil Pina Bausch international et Pedro Almodovar, des musées histoire d’art et d’amour et les pillages La chorégraphe allemande est pour trois semaines en Europe à Paris où le cinéaste s’apprête à la filmer LE CONSEIL international des musées (ICOM) vient de publier ILS S’AIMENT depuis bientôt elle a senti qu’elle pouvait s’ouvrir à Pillage en Europe, le quatrième une décennie, et personne n’en moi ! » « Pedro ? Quand on s’est ren- volume de la série « Cent objets savait rien. Scoop sur les amours contré à Madrid où j’étais en résiden- disparus », qui donne un aperçu, entre Pina Bausch et Pedro Almodo- ce avec ma compagnie en 1991, on a sur tous les continents, des objets var. « Avez-vous déjà vu les yeux de découvert qu’on avait les mêmes volés dans les musées ou dans les Pedro ?, demande Pina Bausch, atta- amis chanteurs, danseurs de flamen- établissements publics. L’ouvrage blée au Zimmer, place du Châtelet co, dit en souriant de plaisir la cho- consacré à l’Europe s’attache au à Paris. Ils ont un pouvoir incroyable. régraphe. Et l’atmosphère autour de patrimoine religieux, particuliè- Les yeux de l’énergie. Regardez com- lui est toujours si spéciale. » rement visé, notamment dans les ment il filme les hommes, et les fem- MAARTEN VANDEN ABEELE pays de l’Est européen – Répu- mes surtout. Pedro paraît si solide, et FLAMENCO ET CORRIDA « Wiesenland », une chorégraphie de Pina Bausch créée à Budapest en mai 2000, blique tchèque et Hongrie. La po- il est si délicat, si fin ! » Scénario de Parle avec elle :un est donnée en ouverture de la saison hongroise, au Théâtre de la Ville, à Paris. lice tchèque estime que depuis la Quand Pina Bausch rencontre couple se rencontre au spectacle. « révolution de velours », en 1989, Pedro Almodovar, ça fait tilt. Une Elle est danseuse, fan de Pina l’autre nous n’avons peur de mon- l’admiration de la chorégraphe. Pedro et Pina ont en commun la 30 000 à 40 000 objets ont été histoire d’amour, à la vie, à la mort, Bausch. « Quand on voit Café trer les sentiments, les émotions. » Roucoulements Paris-Madrid. «Il poésie du quotidien, avec pour volés dans les institutions reli- tout comme hier avec Fellini lors Müller, on pense que la pièce a été « Moi, mon genre, c’est le mélodra- connaît la vie avec son cœur, pas point de départ la famille, les gieuses. L’Italie est aussi un pays du tournage d’E la nave va… (Et créée pour le film !, s’étonne me. J’ose les sentiments complète- seulement avec sa tête, reprend- amours – tous les deux en connais- cible : entre 1980 et 1999, vogue le navire, 1983) dans lequel la Michel Ruben. La souffrance et la ment naturels et impudiques. Je elle. Les acteurs n’ont pas peur avec sent un rayon question mère, 88 000 pièces ont été dérobées chorégraphe incarnait une princes- mort, transcendées par un féroce crois même que cela devient ma lui. Son talent est de vous mettre mamma, Mutter. Pina se souvient dans des établissements religieux. se aveugle. Aujourd’hui, elle est appétit à vivre. » On a compris que “spécialisation”, dit Pedro Almodo- totalement en confiance. Quand qu’un soir Nelken, sa pièce la plus « direct line avec Pedro », pour ce film mêlait esthétiques du fla- var en riant. Ce qui ne m’empêche l’équipe fantastique qu’il a réunie a applaudie dans le monde entier, a e ICOM, Maison de l’Unesco, 1, reprendre ses propres termes. Au menco et de la corrida : « Elles sont pas d’être violent, presque gore. » quitté Wuppertal, on croyait qu’on été huée trois soirs de suite à rue Miollis, 75732 Paris Cedex 15. point que Pedro Almodovar a cons- porteuses de ce côté suicidaire Quand Pina Bausch parle, on serait soulagé du tournage, mais Madrid : « Pedro menait la croisa- truit son prochain film, Parle avec qu’on retrouve dans Café Müller, entend la voix de Pedro Almodo- elle nous a manqué. Tous nous de dans la rue. Et un homme a crié DÉPÊCHES elle, en y incluant des séquences de mais elles chantent aussi la vie, var. Quand Pedro rit, on entend avaient tant apporté ! » dans la salle “Torera ! Torera” pour a CINÉMA : les scénaristes de ses œuvres. Il débute par des l’amour. C’est pourquoi j’ai voulu m’encourager. » C’était en 1998 Hollywood ont approuvé à une extraits de Café Müller que le cinéas- voler à Masurka Fogo son optimis- pour l’inauguration du nouvel opé- écrasante majorité la nouvelle te est allé tourner à Wüppertal, ville me et mettre cette pièce en final de Paris/Wuppertal Ballet national de Corée, Robin ra de Madrid. Pina rit encore convention collective que leurs allemande où est installée Pina mon film. Ce travail de Pina sert Orlyn et Saburo Teshigawara, d’avoir mis le feu à la capitale ibéri- représentants avaient adoptée, Bausch ; il s’achève par Masurka mon histoire comme une pente, b Spectacles à Paris. Théâtre de Felix Laïkos, Anne Teresa de que avec une création qui date de début mai, avec ceux des produc- Fogo, dont le tournage, entamé à explique Pedro Almodovar. Je suis la Ville : Wiesenland,du7au Keersmaeker, Sylvie Guillem, la 1982… teurs, éloignant le spectre d’une grè- Palerme, continuera à Paris à partir sûrement un danseur et un chan- 14 juin. Danzon, du 18 au 23 juin, Yerbabuena, Josef Nadj et A la faveur de la seconde édition ve. Cet accord prévoit une augmen- du 9 juin. teur de flamenco frustré. Pina et 20 h 30. Tél. : 01-42-74-22-77. De Dominique Mercy, Montalvo, du Festival de Wuppertal, qui aura tation de 41 millions de dollars Pour obtenir Pedro Almodovar moi on se ressemble beaucoup. On a 120 F (18,29 ¤) à 190 F (28,97 ¤). Sasha Waltz, Ana Laguna, lieu en octobre, Pedro imaginera (47,9 millions d’euros) sur trois ans au téléphone, il faut toute la persua- le même goût éclectique pour la Châtelet : Viktor, du 27 au 30 juin, Shanthala, les derviches une nuit très tacones lejanos de la part des droits versés aux scé- sion de son producteur délégué musique, on l’écoute de la même 20 heures. Tél. : 01-40-28-28-40. d’Istanbul, Henrietta Horn, Mats (talons aiguilles). Pina Bausch naristes. Ceux-ci recevront une aug- Michel Ruben. « Pina ? C’est un manière, on l’utilise avec la même de 55 F (8,38 ¤) à 295 F (44,97 ¤). Ek… Le musicien de jazz Peter remontera Les Sept Péchés capi- mentation de leurs droits sur les long trajet pour arriver jusqu’à sa liberté dans nos créations. Tous les b Festival de Wuppertal. Du Kowald programmera de nouveau taux, avec l’actrice de Fassbinder, ventes de cassettes et de DVD et confiance, confie le cinéaste. Il n’est deux on s’amuse beaucoup avec ce 12 au 28 octobre. Le Tanztheater les nuits musicales, en duo avec Barbara Sukova. Tout cela ne des compléments financiers quand pas facile de rencontrer une artiste qu’on fait, même si on fait pleurer reprendra Les Sept Péchés capitaux Nana Vasconcelos. serait que chic, si Pina et Pedro leurs œuvres sont rediffusées par de cette taille. On commence par les spectateurs ! » 1980, Masurka Fogo et Komm tanz b Bibliographie. Pina Bausch, ou n’avaient pas un talent du tonner- les chaînes câblées ou à l’étranger. dire des stupidités, n’importe quoi ! Deux grands sentimentaux ? mit mir, et donnera sa nouvelle l’art de dresser un poisson rouge, re. Nicht war ? a MUSIQUE : Seiji Ozawa a pré- Mais je lui ai parlé à cœur ouvert de « Sentimentaux ? Je ne crois pas, création brésilienne. Invités : de Norbert Servos, à paraître en senté le programme de la dixiè- son travail, sans affectation, et elle, corrige Pina Bausch. Ni l’un ni Caetano Veloso, Alain Platel, le octobre aux éditions de L’Arche. D. F. me édition du Saito Kinen Festi- val de Matsumoto lors d’une confé- rence de presse donnée à Paris, le Norbert Servos, historien de la danse et chorégraphe 6 juin. Le chef d’orchestre japonais a annoncé que l’opéra choisi sera Jenufa, de Leos Janacek, dans une « La beauté donne du courage, exactement ce dont notre monde a besoin » mise en scène de Robert Carsen. Deux opéras donnés à Matsumoto QUAND Norbert Servos découvre la Pina du bonheur, voire d’une – Pina Bausch a situé d’entrée res d’un aquarium géant. Je pour- git positivement à cette beauté du ont déjà fait l’objet de coproduc- Le Sacre du printemps de Pina Pina “light” : comment voyez- de jeu son engagement en dehors rais dire la même chose de la mouvement dans sa plénitude. tions avec l’Opéra national de Paris, Bausch, en 1976, il perd l’usage de vous cette évolution ? des idéologies, leur préférant un composition de Wiesenland, créée – Si la danse est de retour chez Dialogues des carmélites, de Pou- la parole pendant plus de deux heu- – Pina Bausch le dit elle-même : engagement d’ordre métaphori- en résidence à Budapest, en Pina Bausch, comment expli- lenc, présenté la saison dernière, et res. « Je venais d’avoir la révéla- “Les temps ont changé. On ne peut que, essentiellement poétique. mai 2000. Mais cela n’a pas grand quez-vous que toute une généra- La Damnation de Faust, de Berlioz, tion que la danse allait être non plus faire aujourd’hui ce qu’il était Elle place son regard au niveau sens, car c’est l’ensemble de l’œu- tion en Europe la remette si pro- actuellement à l’affiche de l’Opéra- pas au centre de ma vie, mais ma juste de dénoncer dans les années des comportements, observant ce vre qui importe... Ma préférence fondément en cause ? Bastille. Le festival se tiendra du vie. » Agé de vingt ans, ce fervent de 1970-1980.” Elle choisit résolu- qui fonctionne et ne fonctionne cependant va à Viktor. Il s’agit de la – Tout comme les pionniers 31 août au 13 septembre dans la philosophie et de littérature alleman- ment, hardiment, la beauté. pas dans l’ordre de nos désirs. première pièce créée en résidence avant eux, ces jeunes chorégra- petite ville des « Alpes japonaises ». de écrit en transe un premier livre N’oublions pas cependant que la » Pina Bausch ne juge pas, elle à l’étranger. On est en 1986, à phes usent de la réduction pour a VENTES : une sculpture de nommé Pina Bausch, ouvrant ainsi beauté est depuis ses débuts une montre. Elle n’est pas dans la Rome. Je garde intensément la sortir la danse de la routine. Dan- Joseph Beuys (1921-1986), Bett, la voie à une série de six ouvrages, composante de son œuvre. Elle ne confrontation, désignant ici ce qui sensation de ce décor de grand ser seulement quand c’est indispen- estimée à 307 000 euros, a été ven- dont le dernier, Wuppertaler fait que l’accentuer. Certains criti- est bien, là ce qui est mal. Elle a cimetière, avec en ouverture cette sable. Exactement comme Pina due 510 000 euros (3,3 millions de Tanztheater, oder die Kunst einen ques, quand elle débutait à Wup- décidé de retourner la question femme assise qui danse unique- Bausch, comme Merce Cunnin- francs) – un record pour cet artis- Goldfish zu dressieren (le Tanz- pertal, se sont moqués de son fondamentale de son œuvre : ment avec ses bras, tandis qu’un gham ont détruit les conventions. te –, le 5 juin par la maison de ven- theater de Wuppertal, ou l’art de « pauvre théâtre dansé », mais les « Pourquoi est-il impossible d’être chant bolivien parle d’une mère Mais eux voulaient ouvrir de nou- te aux enchères de Cologne (Allema- dresser un poisson rouge) est une costumes, les décors de Rolf Bor- heureux ? », en posant aujour- qui a perdu son enfant. veaux chemins. Voilà pourquoi le gne) Lempertz. L’œuvre, qui repré- analyse pièce par pièce de l’œuvre. zik, puis de Peter Pabst, ont tou- d’hui la question du bonheur. Cet- – Pourquoi avez-vous été à ce public les a suivis. Je sens moins ce sente un buste de femme vrillé, a L’ouvrage doit paraître en jours été somptueux. La beauté est te manière nouvelle de regarder le point enthousiasmé par la plus désir de reconstruire. A force de été acquise par un collectionneur octobre aux éditions de L’Arche. un tabou. Il fallait que quelqu’un monde est chez elle une exigence. récente création, élaborée en réduire, il ne reste plus rien. On se suisse. – (AFP.) Directeur artistique du Dance Lab soit assez courageux pour s’enga- La beauté donne du courage. résidence à San Paolo et Bahia, trouve au centre d’une crise, une a THÉÂTRE : la dernière repré- de Berlin, ville où il choisit de s’ins- ger dans cette voie sans crainte. C’est exactement ce dont notre au Brésil, puis donnée en mai à sorte de recyclage des idées, sentation du Petit Prince de Saint- taller en 1989, chorégraphe d’une Car si on parle encore aujourd’hui monde a besoin. Wuppertal ? accompagné d’attitudes adolescen- Exupéry aura lieu le samedi 30 douzaine de pièces, Norbert Servos d’avant-garde, de théâtre engagé, – Quelle importance ont pour – J’en suis tombé amoureux. tes fondées sur le refus. Que veu- juin au théâtre du Lucernaire, à évoque l’évolution de son illustre il faut qu’il soit sombre, dramati- vous les pièces présentées à C’est un voyage au paradis, au lent-ils dire ? Qu’ils n’ont plus rien Paris, en raison du non-renouvelle- compatriote. que, pour être pris au sérieux. Paris – Danzon et Wiesenland au pays des palmiers. Au lever de à dire ? Que tout a été dit ? Résul- ment des droits décidé par les « Après qu’on a reproché à – La beauté serait-elle une Théâtre de la Ville, Viktor au rideau, tout est blanc, éblouissant. tat : les pionniers n’ont jamais été ayants droit de l’auteur. Depuis sa Pina Bausch sa trop grande idéologie ou une morale Châtelet ? Le décor de Peter Pabst ne sera aussi jeunes, aussi forts. » création par la Compagnie Guy Gra- cruauté, on parle aujourd’hui de possible ? – Danzon, qui date de 1995, n’est révélé qu’au bout de vingt minu- vis, il y a vingt-quatre ans, l’adapta- pas l’œuvre la mieux composée, et tes. Il s’agit d’une jungle magique Propos recueillis par tion du roman a été jouée plus de pas seulement parce qu’elle ne qui a l’air d’avoir poussé à la minu- Dominique Frétard 10 000 fois à travers le monde. compte que onze interprètes. Ce te dans l’espace du plateau. Pour petit nombre s’explique par le fait aimer cette création, il faut aimer que de très nombreux danseurs la chorégraphie, car la pièce du étaient malades en même temps. Brésil n’est que danse. Ceux qui C’est pourquoi Pina Bausch est aiment moins Pina Bausch aujour- remontée sur scène. C’est la fameu- d’hui sont peut-être ceux qui dans se séquence, quasi culte, où elle le théâtre dansé aiment plus le danse avec les poissons multicolo- théâtre que la danse. Le public réa- CULTURE LE MONDE / VENDREDI 8 JUIN 2001 / 33 « Vienna sound » au Batofar SORTIR PARIS SAINT-CLAUDE Le festival annuel de la péniche parisienne programme jusqu’au 10 juin une sélection de groupes Latitudes Villette Orchestre national de Lyon Trois jours pour « découvrir l’Inde A l’Orchestre national de Lyon, de musique électronique, de plasticiens et de cinéastes, issus de la scène contestataire viennoise du Sud et sa culture », comme le David Robertson se distingue par suggère le festival « Latitudes l’extrême originalité de sa festival. Après Berlin, Barcelone, au moelleux du dub. Dans cette chantées du Vienna sound, tirées de Villette », c’est sans nul doute un programmation, faisant la part BATOFAR CHERCHE VIENNE. Londres, Budapest et avant Tokyo, mélancolie lascive – plus tentée par son nouvel album, The Night Gar- peu court. En revanche, il y a dans belle aux œuvres rares et à Le 7 juin : Austrian Abstracts les programmateurs croisent, jus- la fumette que par l’ecstasy –, on den. Pilotées par ordinateur, basse le programme suffisamment de certaines créations. Mais il est aussi (cinéma) ; soirée Mego avec Uli qu’au 10 juin, sur le Danube à la trouvait l’équivalent sonore du jamaïcaine et soul américaine sont propositions et de diversité pour un excellent chef de « répertoire » Troyer, Fuckhead, General recherche de la scène viennoise. confort des célèbres cafés de la ville. illustrées par de fascinants holo- se faire au moins une idée. Les qui n’oublie pas qu’un orchestre ne Magic, Dr Nachstrom (concert). Longtemps coupée de la vitalité Cette lascivité pouvait-elle résis- grammes. En coulisses, cet ancien chemins de cette approche peut progresser qu’en jouant Le 8 : Recyclage (cinéma) ; soirée des musiques populaires, la ville ter aux bouleversements politi- avocat dégage surtout de la résigna- arpenteront la photo (Georges régulièrement le « pain et le Sabotage Communications avec impériale des Habsbourg s’est épa- ques ? Dans le magazine que publie tion. « Après l’élection, je voulais sor- Dussaud), le cinéma (projections beurre » (comme disent les Servolex, Tom Flair, Alex Is My nouie dans les années 1990 au son l’équipe du Batofar à l’occasion de tir symboliquement une version du des nouveaux films de Rajiv Anglo-Saxons) du répertoire, Bro, Elin, Terasse. Le 9 : L’art du de la technologie digitale. Comme chaque festival, on peut lire cette titre de Louis Armstrong, Why Do I Menon et Mani Ratnam), les arts notamment Brahms et Beethoven. moment est la résistance (ciné- dans le reste de l’Europe, l’électroni- fois une vingtaine d’articles, d’entre- Feel so Black and Blue. J’y ai renon- martiaux, le théâtre et la danse Il y aura du monde dans la salle. ma) ; collectif Volxtheater (per- que a affranchi la scène locale de tiens et d’analyses qui essaient de cé, ça ne faisait pas sérieux. Si je (kathakali, mohini attam, baratha Cela tombe bien, c’est au palais des formance) ; soirée Dub Club l’hégémonie anglo-saxonne. Dans montrer comment les artistes ont déteste tout ce que représente Hai- natyam). Côté musiques, là encore sports… avec Gümix, Sweet Usi, Markus la capitale de la valse et de la psycha- pu réagir depuis l’accession au pou- der, je crois qu’il faut accepter le fonc- une programmation très ouverte, Saint-Claude (Jura). Palais Kinzel. Le 10 : sélection de films nalyse, la « culture techno » s’est voir, l’an dernier, de la coalition tionnement de la démocratie. J’ai allant des subtilités raffinées du des sports. 20 heures, le 9. expérimentaux (cinéma) ; soirée forgé une identité jusqu’à afficher la influencée par le leader d’extrême trouvé les réactions des Européens chant carnatique d’Aruna Sairam Tél. : 03-84-41-02-02. 150 F. Charizma avec Orchester 33 1/3, couleur dominante d’un Vienna droite Jörg Haider. disproportionnées. » aux transes électroniques du DJ B Fleischmann, Efzeg. sound qui a séduit au-delà des fron- Dans la programmation du Bato- new-yorkais d’origine indienne STRASBOURG Batofar, face au 11, quai Fran- tières. Des labels comme Laton, FASCINANTS HOLOGRAMMES far, la rébellion et l’action politique Karsh Kale. Turbulence 01 çois-Mauriac, Paris-13e. M˚ Bibli Charizma, Rhiz ou Mego (et ses Fédéré sous le nom d’Electronic seront plus à chercher du côté des La Cité de la musique et le parc de Le spectateur de Turbulence 01, othèque-Nationale-de-France. musiciens expérimentaux en réseau Resistance, un mouvement de cinéastes, des performers et des La Villette, 221, avenue premier festival dédié aux arts Tél. : 01-56-29-10-00. A partir de sur leurs ordinateurs portables) ont « clubbers » et de sound systems plasticiens, dont les œuvres sont Jean-Jaurès, Paris-19e. visuels, multimédias et 20 h 30. 50 F (7,62 ¤). Internet : œuvré en pionniers, adeptes d’une invite tous les grands DJ du pays à présentées chaque soir en prélude Mo Porte-de-Pantin. électroniques organisé par le www.batofar.org. electronica plus conceptuelle que participer aux manifestations et aux des concerts. Dans la tradition des Les 8, 9 et 10. Tél. : 01-40-03-75-74. Maillon et le Forum itinérant, en festive. débats contre l’idéologie du FPÖ. Si actionnistes, qui, dans les années Horaires et tarifs variables prend plein la vue, les oreilles et Au bord du naufrage il y a un Mais c’est une paire de duos qui a des figures comme Kruder & Dorf- 1960, décapitaient les tabous de la (forfaits). l’esprit : dans le spectacle mois pour cause d’apparents problè- façonné la réputation internatio- meister, Pulsinger & Tunakan, bourgeoisie viennoise et européen- The Hilliard Ensemble multimédia interactif de la mes de sécurité (Le Monde du nale du son viennois. Dans des Gehrard Potuznik, Pita ou Electric ne de l’après-guerre, une avant-gar- Le contrat discographique des compagnie roubaisienne Art Point 14 mai), la péniche du Batofar est clubs aux ambiances relax comme Indigo se sont montrées solidaires de s’interroge, s’agite et tente de lut- Hilliard chez ECM a fait arpenter M, créée par la plasticienne Fanny sortie de l’épreuve renforcée (autori- le Flex ou le Meierei, les DJ Pulsin- de ces initiatives, difficile de secouer ter. Le 9 juin sera ainsi projeté L’art au groupe britannique des terres Bouyagui et le DJ Thierry, Quelques sation de nuit, permis d’exploitation ger & Tunakan et surtout les mythi- l’apolitisme de la génération électro- du moment est la résistance, ensem- musicales nouvelles, de telle sorte gens de plus ou de moins, il devient renouvelé). Amarrée au pied de la ques Kruder & Dorfmeister – et nique dans ce bastion de la social- ble de films de protestation, qui qu’on a presque oublié que leur acteur (réserver est indispensable) ; Bibliothèque François-Mitterrand, leurs labels respectifs Cheap et démocratie que demeure Vienne. raconte l’avènement de la vidéo répertoire premier est la musique Dans le Désordre/si possible, une elle a repris sa navigation subjective G-Stoned – ont été les chantres du Le 5 juin sur la scène du Batofar, comme outil d’expression critique ancienne. Les voici, à nu, loin du exposition d’art « 100 % au cœur des musiques électroni- downtempo, façon élégante et lan- Waldeck, un des noms à succès de contre le gouvernement. cross-over, dans l’univers contemporain », il est encouragé à ques. Régulièrement, des villes lui goureuse de mixer les rythmes les la scène locale, proposait de volup- impitoyable des Répons de rechercher « l’imprévu, le servent de point d’ancrage pour un plus lents du hip-hop à la house et tueuses variations mélodiques et Stéphane Davet ténèbres de Carlo Gesualdo aux dysfonctionnement » ; Enfin, I Love morsures cruelles et aux beautés art vidéo, exposition d’art 100 % douloureuses. vidéo, l’invite à passer une nuit Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). blanche. Quand la voix des plus grands poètes couvre le rugissement des autos Basilique, 1, rue Strasbourg (Bas-Rhin). Le Maillon de la Légion-d’Honneur. Théâtre de Strasbourg, 13, place Radeau ne semblent pas perturbés outre mesure sions : il n’y a pas à proprement parler de scènes Mo Saint-Denis-Basilique. 20 h 30, André-Maurois. Jusqu’au 16 juin. LES CANTATES, spectacle de François par cette gêne. Elle est pourtant patente pour le dans Les Cantates, mais une succession de le 8. Tél. : 01-48-13-06-07. De 60 F Tél. : 03-88-27-61-81 (horaires Tanguy et du Théâtre du Radeau. Avec public. Même si, souvent au cours du spectacle, moments partagés, entre effroi et apaisement. à 150 F. variables). De 35 F à 100 F. Fröde Björnstad, Laurence Chable, Fosco les sons et la musique, poussés à fond, couvrent C’est fou le nombre de voix que l’on entend. Corliano, Katja Fleig, Erik Gerken, Muriel tout, c’est un peu comme le supplice de la gout- Voix de poètes – Coleridge, Dante, Kierkegaard, (Publicité) Hélary, Karine Pierre. te d’eau qui tombe du robinet : on sait que le Nietzsche, Plutarque, Rilke, Hölderlin, Tasso, TENTE DU THÉÂTRE DU RADEAU, jardin bruit va revenir, il est dans la tête, il détourne l’at- Virgile. Voix de musiciens, Bach, Luciano Berio, des Tuileries (Carré des sangliers). Tél. : tention de l’oreille et de l’œil. Comment voir Brahms, Verdi, John Cage, Vivaldi, Sibelius, Mau- 01-44-41-36-36. Du mardi au samedi à 20 heu- quand on n’entend pas ou mal ? Comment rizio Kagel… Toutes ces voix se mêlent, se déchi- res ; dimanche à 15 heures. 120 F (18,29 ¤) admettre qu’il ne serait pas important d’écouter rent ou s’enlacent, elles sont le chant de la terre Durée : 1 h 15. Jusqu’au 17 juin. un poème dit dans ce qui est supposé être le des Cantates que les comédiens habitent comme silence ? des officiants. C’est à une liturgie, parfois frénéti- Le Théâtre du Radeau joue ses Cantates sous que, que ces êtres-là se livrent, au milieu de gran- une tente. L’Odéon-Théâtre de l’Europe, qui VOYAGE VERS DES TERRES INCONNUES des tables et de panneaux mouvants, traversés accueille la troupe sarthoise dirigée par François Cette remarque préliminaire, concernant un de lumières magnifiques, entre mort et vie. Car Tanguy, a cherché un endroit où poser cette ten- spectacle aussi marquant que Les Cantates, paraî- tout, ici, est matière au même titre : les sons et le te dans Paris. Cela n’a pas été facile : la tente est tra sans doute mesquine à certains. A moins bois, le papier et les voix, et les corps, ces corps grande, elle nécessite autant d’espace qu’un cir- d’admettre que le bruit de la circulation est une étranges aux visages souvent blancs comme des que. Le choix s’est finalement porté sur le jardin donnée inhérente à l’événement qui se donne masques, aux mains qui sortent de longues des Tuileries, dans la partie baptisée Carré des sous la tente des Tuileries… Ces conditions ren- manches noires et semblent vivre une vie sangliers. dent difficile l’exercice critique. A quoi assiste- autonome. Joli nom, endroit magnifique, avec la Grande t-on ? A une expérience qui abolit les frontières Morceaux, molécules, gestes morcelés : Les Roue qui se détache sur le ciel, tout près de la entre le théâtre, la musique et les arts plastiques. Cantates sont tissées d’une constellation de mou- place de la Concorde. Tout près aussi d’une des Une fois de plus, François Tanguy et son Radeau vements sonores, visuels et gestuels. C’est un voies des passages les plus bruyantes de Paris appellent à un voyage vers des terres inconnues, peu comme quand on renverse la tête pour – le long du quai, où les voitures foncent à qu’il s’agit d’aborder en oubliant les références regarder les étoiles, allongé la nuit, dans une clai- grands coups d’accélérateur. Il y a là un bruit pour se laisser guider, prendre, envahir même rière. La forêt peut paraître menaçante, elle rend GUIDE incessant, infernal. Un bruit qui ne se laisse pas par les sensations. Sensations d’un temps plus vital le scintillement lointain des astres. oublier, tout au long des Cantates de François d’avant le temps où les sentiments avaient un Tanguy. Le metteur en scène et la troupe du nom. Appel vers un divin sans dieu, rituel de pul- Brigitte Salino Paris-19e.Mo Porte-de-Pantin. 20 heu- TROUVER SON FILM res, le 8. Tél. : 01-42-08-60-00. De 192 F Tous les films Paris et régions sur le à 236 F. Minitel, 3615 LEMONDE, ou tél. : Hassan Tabar, Sudabeh Mehrali, 08-36-68-03-78 (2,23 F/min). Rassul Babaï Centre Mandapa, 6, rue Wurtz, « L’Ecarlate », un spectacle uniformément agressif et prétentieux e o ENTRÉES IMMÉDIATES Paris-13 .M Glacière. 20 h 30, le 8. ralenti sur la droite de la scène. Au cien (Frédéric Voisin) pouvant faire ment de matière…), celui des déci- Tél. : 01-45-89-01-60. De 60 F à 80 F. Le Kiosque Théâtre : les places de cer- Monica Passos FESTIVAL AGORA. L’Ecarlate centre, un percussionniste (à le lien entre danse et musique, bels augmente de manière inquié- tains des spectacles vendues le jour Cabaret sauvage, parc de La Villette, (création). Chorégraphie : Myriam genoux et pieds nus) frotte un c’est-à-dire connaissant la Cinéto- tante pour atteindre le comble du même à moitié prix (+ 16 F de commis- Paris-19e.Mo Porte-de-La-Villette. Gourfink. Musique : Kasper T. Toe- gong, de l’intérieur. A gauche, le graphie Laban pour pouvoir faire supplice auditif pendant une phase sion par place). 21 heures, les 8 et 15. Jusqu’au 29. plitz. Analyse du mouvement en compositeur Kasper T. Toeplitz (de un suivi de partition (danse) et com- de repos chorégraphique (d’envi- Place de la Madeleine et Parvis de la Tél. : 01-40-03-75-15. 90 F. temps réel : Laurence Marthouret. noir vêtu et la basse électrique en prendre les indications venant aus- ron quinze minutes) voué aux fré- gare Montparnasse. De 12 h 30 à 20 heures, du mardi au samedi ; de RÉGIONS Informatique musicale et choré- bandoulière) trône, debout, entre si bien du champ musical que cho- quences suraiguës. On est tenté de 12 h 30 à 16 heures, le dimanche. La Mouette graphique : Frédéric Voisin. Tech- deux ensembles d’accessoires de régraphique ». suivre les nombreux déserteurs Les Chasses du comte Zaroff d’Anton Tchekhov, mise en scène de d’après Elias Canetti, mise en scène de nique Ircam. Lumières : Sylvère sonorisation. Sur fond de zézaiement électroni- mais l’on se réfugie simplement Sandrine Barciet. Mathieu Bauer. Sayag. Costumes : Kova. Avec Devant lui, une table où voisi- que, les deux danseuses se mettent dans le fond de la salle pour mieux Montpellier (Hérault). Bassin, Château Bobigny (Seine-Saint-Denis). MC 93, d’O. 21 heures, le 9. Tél. : 04-67- Carole Garriga et Bogdana Roun- nent moniteur de PC, ordinateur donc à déployer très lentement comprendre. 1, boulevard Lénine. 20 h 30, les 8 et 63-66-66. De 40 F à 90 F. douyeva (danseuses), Kasper portable et divers objets. Derrière leur corps aux membres le plus pos- Avait-on besoin d’inventer un 9 ; 15 h 30, le 10. Tél. : 01-41-60-72-72. T. Toeplitz (basse électrique et lui, une pile de huit enceintes de sible individualisés. On a du mal à logiciel à dominante chorégraphi- Neige De 50 F à 140 F. Jusqu’au 30 juin. de Maxence Fermine, mise en scène power-book), Didier Casamitjana taille différente aux allures de croire que ces figures sophistiquées que (LOL) pour produire du bruit Zooedipus (en espagnol, surtitré) de Karin Espinosa. (percussions et power-book). totem crachotant les sons produits (jusque dans la relation de couleur d’une manière aussi fruste ? La de El Periferico de Objetos. Montpellier (Hérault). Théâtre d’O, Noisiel (Seine-et-Marne). Grand Théâ- 140, route de Grabels. 21 heures, les 9, Ircam, le 6 juin. Prix des places : de par un percussionniste et, bientôt, entre la montre et le vernis à ongles désastreuse expérience d’Opera tre de la Ferme du Buisson, allée de la 60 F à 120 F. Tél. : 01-44-78-48-16. ceux déterminés par le jeu de deux des orteils !) sont à l’origine du Bianca (Le Monde du 17 septembre 10 et 11. Tél. : 04-67-67-66-66. De 40 F Ferme. 20 h 45, les 8, 9 et 10 ; Tél. : à90F. Jusqu’au 8 juin, à 20 h 30. opérateurs assis (en costume clair bourdonnement parasité qui tient 1997) n’a-t-elle pas suffi à l’Ircam 01-64-62-77-77. De 45 F à 110 F. La Folle Journée très voyant) entre la salle et la scè- lieu de musique dans L’Ecarlate. pour se hasarder encore dans le Orchestre philharmonique ou le Mariage de Figaro Selon un procédé rebattu dans le ne pour réaliser un projet qui, Assez vite convaincus qu’il y a plus domaine d’une pluridisciplinarité de Radio-France de Beaumarchais, mise en scène Mahler – Werfel : Lieder. Berg : Suite théâtre musical contemporain, les selon la chorégraphe Myriam Gour- ici à voir qu’à entendre, les specta- pseudo-avant-gardiste ? Si l’on res- de Jean-François Sivadier. lyrique, version pour orchestre. Mulhouse (Haut-Rhin). La Filature, 20, protagonistes de L’Ecarlate, premiè- fink, nécessite la présence d’« une teurs se rapprochent des danseuses te jusqu’à la fin de L’Ecarlate (affec- Strauss : Une vie de héros. Iris Ver- allée Nathan-Katz. 19 h 30, le 9. Tél. : re création du festival Agora, sont danseuse (Laurence Marthouret), dont les contorsions sont effec- té à une surenchère sonore aussi millon (mezzo-soprano), Yutaka Sado 03-89-36-28-28. De 40 F à 130 F. déjà en action lorsque le public spécialiste en analyse et en écriture tuées au ras du sol. Certains vont le scandaleuse, le titre relève évidem- (direction). Balivernes et entourloupes Salle Pleyel, 252, rue du Faubourg- prend place dans l’Espace de projec- du mouvement, qui donnera en regretter. ment de la provocation), c’est uni- e o d’après Charles Perrault, mise en scène Saint-Honoré, Paris-8 .M Ternes. tion de l’Ircam. Les danseuses (en direct des appréciations sur l’inter- Si le niveau des trouvailles musi- quement par conscience profession- d’Hervé Cristianini, avec la compagnie 20 heures, le 8. Tél. : 08-25-00-02-52. Alcazar Marionnettes. minijupe et bustier gris avec pièces prétation des deux danseuses, et cales stagne (après trois quarts nelle. Les concepteurs de ce specta- De 50 F à 190 F. Nice (Alpes-Maritimes). Théâtre de rapportées de cuir orange sur bras donc par là sur le déroulement de d’heure de ronronnement futuriste cle prétentieux et agressif en sem- Stéphane Belmondo Quartet – Nice, promenade des Arts. 17 h 30, le droit et jambe gauche) évoluent au la pièce, et d’un assistant informati- obtenu en frictionnant la basse élec- blent, eux, dépourvus, puisqu’ils ne Tribute to Steve Wonder 9. Tél. : 04-93-13-90-90. 50 F et 80 F. Sunside, 60, rue des Lombards, La Cour des grands trique avec un cylindre de métal, viennent même pas saluer. er o Paris-1 .M Châtelet. 21 heures, les 8 de Jérôme Deschamps et Macha quelques coups de grosse caisse et 9. Tél. : 01-40-26-21-25. De 80 F à Makeïeff, mise en scène des auteurs. paraissent un génial renouvelle- Pierre Gervasoni 100 F. Villeurbanne (Rhône). Théâtre natio- Uz Jsme Doma nal populaire, 8, place Lazare-Goujon. Bagnolet (Seine-Saint-Denis). Théâtre 15 h 30 et 20 h 30, le 9. Tél. : l’Echangeur, 59, avenue du Général-de- 04-78-03-30-30. De 90 F à 178 F. Derniè- Gaulle. Mo Gallieni. 20 heures, le 8. res. Tél. : 01-43-62-71-20. De 35 F à 55 F. Woyzeck Marc Perrone de Georg Büchner, mise en scène Les Uns les Autres, 15, rue de Chevreul, de Jean-François Matignon. Paris-11e.Mo Nation. 22 heures, le 8. Nice (Alpes-maritimes). Théâtre de Tél. : 01-43-70-22-40. Libre participa- Nice, promenade des Arts. 19 h 30, le tion. 9. Tél. : 04-93-13-90-90. 50 F et 80 F. Thayambaka et Malem Orchestre de la Scala de Milan Parc de La Villette, Paris-19e.Mo Porte- Œuvres de Verdi, Respighi, Mahler. de-La-Villette. 19 heures, les 8 et 9 ; Eliahu Inbal (direction). 15 h 30, le 10. Tél. : 01-40-03-75-00. Strasbourg (Bas-Rhin). Palais de la musi- Entrée libre. que et des congrès, place de Bordeaux. Africando 20 h 30, le 9. Tél. : 03-88-32-43-10. Zénith, 211, avenue Jean-Jaurès, 550 F. 34 KIOSQUE LE MONDE / VENDREDI 8 JUIN 2001 EN VUE a L’Organisation mondiale de Le clonage humain au secours des extraterrestres météorologie, soumise à des pressions, retire Israël de sa liste des noms des futurs ouragans. Selon le mensuel franco-québécois « Médecine/Sciences », le projet de la secte des raéliens a « Ce type est hors course », visant à créer en laboratoire le double génétique d’un être humain a, malheureusement, de fortes chances d’aboutir déclarait officiellement au mois de mars Colin Powell, secrétaire REVUE internationale de haut naliste français, dit avoir été abor- 1997, ce mouvement annonçait la perdu un enfant l’an dernier à dix d’Etat américain, qui niveau spécialisée dans les avan- dé par un extraterrestre qui l’a création de « la première compa- mois, à la suite d’une erreur médica- s’entretenait, mercredi 6 juin, cées de la biologie et de la généti- appelé Raël et qui lui aurait confié gnie de clonage humain ». Domici- le. Bien que jeunes (ils n’ont pas avec Yasser Arafat, pour la que, le mensuel franco-québécois un message « s’adressant à toute liée aux Bahamas, cette société atteint la quarantaine), les parents, cinquième fois en trois jours. Médecine/Sciences ne craint pas, à l’humanité ». Cette Eglise est avait pour but de soutenir les qui ont déjà deux autres enfants, tien- échéance régulière, de traiter des notamment fondée sur la croyance recherches scientifiques sur le clo- nent absolument à recréer ce bébé a Samia al-Cherif, mariée à questions éthiques soulevées par le dans l’existence de plusieurs mon- nage des êtres humains et de propo- afin qu’il poursuive sa vie prématuré- Mohamed al-Fassi (en fuite), décryptage moléculaire et la maîtri- des habités, des visiteurs de l’espa- ser dès maintenant ces procédés ment et injustement interrompue. » belle-sœur de la princesse Hind se du vivant. Après avoir, en 1997, ce et d’extraterrestres. Pour les « aux parents potentiellement dési- al-Fassi (voleuse de bijoux), dès la création de Dolly, exposé membres de ce mouvement (qui reux d’avoir un enfant qui serait le « JE FRÉMIS » femme du prince Turki ben – sous la plume du professeur Axel refuse d’être qualifié de secte et qui clone de l’un d’eux » (Le Monde du L’auteur explique aussi que ces Abdel Aziz (accusé de violences Kahn – les principales raisons éthi- compterait 50 000 membres à tra- 21 avril 1997). parents sont prêts à y consacrer des et de séquestration), frère du roi ques qui s’opposent au clonage vers le monde), les acquis de la bio- Quatre ans plus tard, où en est- sommes importantes provenant Fahd d’Arabie saoudite, est reproductif dans l’espèce humaine, logie, et notamment de la biologie on ? Les raéliens s’approchent-ils notamment du procès qu’ils ont actuellement détenue au Caire Médecine/Sciences revient sur cette moléculaire, sont autant d’élé- de l’immortalité qu’offre, à leurs gagné contre l’hôpital où est décé- pour « trafic d’antiquités ». question dans sa livraison de mai. ments plaidant en faveur des thè- yeux, la pratique du clonage ? « Cet- dé leur enfant. Ils ont pris contact Sous le titre « Attention, clones à ses du fondateur, contre la théorie te idéologie, les moyens financiers avec les raéliens en juin 2000. Et a La Française Marie Brémont, l’horizon ! », le professeur Ber- évolutionniste. non négligeables dont dispose le mou- quoique n’appartenant pas à la sec- doyenne de l’humanité, s’est trand Jordan (Marseille-Génopole), tantes, sur le projet de la secte des Avec la création de Dolly et la vement, mais aussi et surtout son te, un accord a pu être trouvé : c’est éteinte dans son sommeil, l’un des meilleurs généticiens fran- raéliens. démonstration ainsi faite de la pos- caractère sectaire sont en l’occurren- leur enfant que les raéliens tentent mercredi 6 juin, après avoir çais, fait le point des développe- L’histoire de l’« Eglise raélien- sibilité du clonage des mammifères ce de sérieux atouts, souligne le pro- actuellement de cloner. soufflé ses 115 bougies, alors que ments récents dans le domaine du ne » a commencé en décembre adultes, les raéliens furent pleine- fesseur Jordan. La matérialisation Le professeur Jordan précise que « rien, selon son entourage, ne clonage et fournit une série d’infor- 1973 dans le Massif central, lorsque ment confortés dans leurs convic- du projet raélien est liée à la rencon- la directrice scientifique de la socié- laissait pressentir sa mort ». mations, inédites autant qu’inquié- Claude Vorilhon, alors jeune jour- tions scientistes et religieuses. En tre avec un couple américain qui a té créée en 1997 (dénommée Clo- naid) est une chimiste française, Bri- a Un conseil extraordinaire des gitte Boisselier, qui a longtemps tra- parents d’élèves et des DANS LA PRESSE de l’économie et la préparation de vation n’est pas seulement stylisti- est aujourd’hui bénéficiaire dans le vaillé pour Air liquide. Parmi les enseignants décidera si les son avenir politique, l’élaboration que ou « provincialiste ». Elle mon- transport de voyageurs. C’est pour- atouts dont dispose la secte, il faut cheveux teints et le piercing sont LCI de la loi de finances pour l’an pro- tre la permanence, à laquelle le quoi Louis Gallois, son président, compter avec les dizaines de jeunes autorisés au collège Les Pierre-Luc Séguillon chain et la construction de son des- réseau ferré a contribué, d’un terri- en fait sa priorité. Certes le fret femmes prêtes, d’une part, à don- Mailleuls à Coursan dans l’Aude, a Laurent Fabius est un homme tin lors des prochaines échéances toire en toile d’araignée. (…) Ce n’est pas négligé. Mais il reste défi- ner leurs ovocytes pour pratiquer le après l’exclusion temporaire heureux. Cela se voit. Cela s’en- électorales. n’est pas une raison pour bouder citaire. (…) La part de marché du clonage et, d’autre part, à offrir leur d’une élève de 6e pourvue d’un tend. C’est que, chaque jour davan- son plaisir. (…) Ce plaisir sera atté- chemin de fer semble condamnée utérus pour la gestation de l’em- anneau dans la lèvre et de tage, il devient le pivot de ce gou- LA CROIX nué par le constat des inégalités. à stagner, alors que les poids bryon cloné. « Je frémis (et je ne suis cheveux rose fuchsia. vernement. C’est que, de plus en Bruno Frappat Face au TGV, il y a deux France : lourds seront inexorablement plus sûrement pas le seul) à l’idée qu’un plus, il apparaît comme celui qui a « Marseille a trois heures de celle qui en bénéficie, celle qui en nombreux. En défiant l’automobi- jour la grande presse puisse annon- a Longtemps accaparée par les donne le «la»de la politique gou- Paris. » Ceux qui, depuis quelques entend parler. Et deux types de le et l’avion avec ses TGV, la SNCF cer la naissance du premier clone enfants des autres, Jeanine, vernementale. Preuve en a encore jours, nous annoncent l’excellente voyageurs : ceux qui montent et ne règle pas les problèmes d’envi- humain et présenter cet événement institutrice à la retraite, a été donnée hier à l’occasion de la nouvelle se sont-ils avisés qu’ils ceux qui regardent passer. Mais ronnement générés par les trafics comme un éclatant succès de la secte accouché, à l’âge de 62 ans, après présentation devant les députés de pourraient, aussi bien, dire que le nul inconvénient n’a l’ampleur des de fret. Pour trouver des solutions raélienne – et, quelque part, comme l’implantation d’un ovule la trame du budget 2002. Laurent TGV Méditerranée met « Paris à exploits dont il est le symbole. économiquement viables face à à une preuve de ses théories délirantes fécondé, lundi 14 mai à Fréjus Fabius, en effet, a la grande satis- trois heures de Marseille » ? Ainsi un concurrent en surcapacité chro- et une incitation à leur accorder cré- dans le Var, à la clinique faction de pouvoir conjuguer, sans va l’inconscient médiatique qui LA TRIBUNE nique qui impose ses prix, le train dit », conclut le professeur Jordan. des Lauriers. risque de se contredire, l’exercice toujours voit la France à sens uni- Gilles Bridier est impuissant. A quand un vrai présent de son métier de ministre que : de Paris vers le reste. L’obser- a C’est grâce au TGV que la SNCF TGV fret ? Jean-Yves Nau a Le professeur Xiangzhong Yang, directeur du département de recherche transgénique SUR LA TOILE animale de l’université www.coordination-tgv.com.fr du Connecticut, a précisé, GUERRE DES NOMS DE DOMAINE mardi 5 juin, après que la génisse a Lors d’une réunion qui s’est Daisy eut mis bas un veau Le TGV Méditerranée passe, ses opposants restent vigilants tenue à Stockholm, du 1er au 4 juin, viable : « La particularité l’assocation Icann (chargée de coor- de cette naissance tient au fait APRÈS dix ans de lutte contre le coordination apparaisse, et d’autres donner le système des noms de que la mère soit elle-même TGV Méditerranée, les militants jours non : « Cela signifie-t-il que des domaine à l’échelle mondiale) a réi- le clone d’une femelle anti-TGV habitant plusieurs villages gros peuvent en bloquer l’accès ? », téré son opposition à l’apparition ménopausée ». directement affectés de la Drôme et s’interroge-t-elle. Finaude, elle a de noms de domaine dits « alterna- du nord de Vaucluse ont décidé de décidé de « contourner la difficulté » tifs », qui, selon elle, vont perturber a La mort d’un bébé de 16 mois, créer un site Internet. Selon la prési- en envoyant par la poste à des per- le fonctionnement de l’ensemble oublié dans un appartement dente de la coordination-TGV-Drô- sonnes choisies, notamment des d’Internet. Plusieurs sociétés pri- après l’arrestation de sa mère, me-Vaucluse, Mariette Cuvelier, journalistes, la carte de visite de la vées, notamment américaines, se embarrasse les policiers genevois. une enseignante qui a été de tous coordination avec l’adresse de son sont lancées récemment dans la les combats, il s’agit à présent «de site. De toute façon, elle a d’autres vente de noms hors du système cen- a L’armée italienne célébrait, faire profiter les autres de notre expé- cordes à son arc : un journal, diffusé tralisé existant. Par ailleurs, plu- samedi 2 juin, la fête nationale rience » et d’aider à la création par la poste dans tous les villages, et sieurs organismes gérant des noms sur l’avenue des Forums « d’un mouvement de citoyens autour bientôt un livre rédigé par elle- de domaine « nationaux » ont expri- impériaux, en faisant défiler du respect de la qualité de la vie ». même, intitulé Le TGV du prince (édi- mé leur mécontentement, car ils « pour la première fois de son Le site raconte comment la coordi- tions Dagorno). estiment que l’Icann favorise les histoire » des femmes soldats nation a pris forme spontanément Au total, Mme Cuvelier se dit éton- noms de domaine « internatio- et des chars avec des chenillettes « après un porte-à-porte à vélo », dès née par le nombre de visites reçues naux » à leur détriment. – (AP.) enveloppées de caoutchouc la diffusion dans la presse locale chaque jour par le site, et par les www.icann.org pour de pas abîmer d’un tracé autre que celui dessiné ini- messages « plutôt sympas », laissés le pavé romain. tialement par la SNCF, « qui contra- dans la boîte de dialogue : « Bravo IMAGES BRETONNES riait viticulteurs et notables ». Après pour la défense des riverains ! », a Quinze illustrateurs (dessina- a Un jeune Italien, condamné avoir en vain tenté de s’y opposer, « Heureusement qu’il y a des gens qui teurs de presse, caricaturistes, colo- vendredi 18 mai à dix ans les habitants entendent aujourd’hui te de réagir, après la mise en ligne che-à-oreille : « Le rappel en ligne ont le courage de défendre la qualité ristes…) et six photographes (repor- d’hôpital psychiatrique judiciaire exercer un droit de vigilance : « Inter- d’une information au sujet d’un reste encore difficile. Dans les villages, de la vie ! » Mais elle sait qu’un site tages, publicités, travaux en stu- par la cour d’assises de Cagliari, net est un outil fabuleux, qui nous per- éboulement sur les rails. peu de gens sont équipés », reconnaît Web est aussi un fardeau : « Quel- dio…), habitant tous la Bretagne, avait profité du carnaval local met de communiquer des informa- Reste que pour appeler les mili- la présidente. qu’un doit être toujours au bout de la se sont regroupés pour lancer un pour tuer sa grand-mère tions en temps réel sans passer par le tants à protester contre la circula- Elle trouve par ailleurs étrange ligne pour répondre. Sinon, les gens se site web « qui se propose d’être une déguisé en King Kong. filtre des médias », s’enthousiasme tion des TGV la nuit en venant blo- qu’en faisant une recherche sur le lasseront. » vitrine de leur savoir-faire, et, modes- Mme Cuvelier, qui raconte comment quer la voie, la coordination a eu mot « TGV » sur les grands moteurs tement, de la Bretagne créative ». Christian Colombani la SNCF a été récemment contrain- recours au bon vieux bou- français, certains jours, le site de la Nicole Cabret www.lescreateursbretons.com PartezPartez enen vacancesvacances avecavec

Pour les suspensions ou transferts vacances : 0 803 022 021 (0,99 F TTC la minute) FAITES SUIVRE OU SUSPENDRE Vous êtes abonné(e) ou par Internet : [email protected] Bill la poisse par Luc Rosenzweig VOTRE ABONNEMENT Votre numéro d’abonné (impératif): PENDANT VOS VACANCES: Prénom:...... Nom: ...... LES FAITS sont là, d’autant si, jusque-là dominateur, s’effon- tion. Nous retiendrons trois hypo- Commune de résidence habituelle (impératif): plus incontestables qu’ils se sont dre totalement, il met toutes ses thèses pour tenter d’expliquer ce ● Retournez ce bulletin au moins ❏ Suspension vacances (votre abonnement sera prolongé d’autant) déroulés sous les yeux de mil- balles dehors, et semble planté phénomène troublant. D’abord, 10 jours à l’avance sans oublier de du: ...... au: ...... lions de téléspectateurs. sur le court comme un géranium le non-respect du principe de pré- nous indiquer votre numéro d’abonné Nous sommes à Roland-Gar- dans son pot. Grosjean s’adjuge caution : Agassi ne prend pas gar- ❏ (en haut à gauche de la «une» de votre Transfert sur le lieu de vacances (France métropolitaine uniquement) ros, mercredi, peu après 15 heu- les deux sets suivants, 6-1, 6-1, de, en combattant, qu’un (mau- journal). du: ...... au: ...... res. Le match vedette de la jour- devant un public médusé et ravi. vais) œil bleu le regarde, et que Votre adresse de vacances: née commence, opposant, en Bill Clinton s’éclipse alors quel- Steffi l’attend (bis). Ensuite, on ne ● Si vous êtes abonné par prélève- quarts de finale du simple mes- ques instants dans les vestiaires peut exclure qu’il s’agisse d’une ment automatique, votre compte sera Prénom:...... Nom: ...... sieurs, le Français Sébastien Gros- pour subir les courbettes bilin- mystification minutieusement pla- prélevé au prorata des numéros servis Adresse: ...... dans le mois. jean à l’Américain Andre Agassi. gues et obséquieuses d’un Nelson nifiée et mise en scène par Agassi Code postal: Ville: ...... Ce dernier remporte facilement Montfort tremblant d’émotion et un Bill Clinton qui adore les Vous n’êtes pas abonné(e) Pour tout autre renseignement : 01.42.17.32.90 de 8 h 30 à 18 h le premier set, 6-1. Jusque-là, rien servile. Résultat : Agassi prend gags style Marx Brothers. Ils en RECEVEZ LE MONDE SUR du lundi au vendredi, ou par Internet : [email protected] d’anormal, au vu du classement d’entrée le service de Grosjean riraient encore dans les salons du Votre adresse de vacances: 101MQVAC LE LIEU DE VOS VACANCES. ATP des deux joueurs. On perçoit dans le premier jeu du quatrième Ritz… Enfin reste l’hypothèse, har- du:...... au: ...... Retournez-nous au moins 10 jours à alors, montant des travées des set. L’Américain s’apprête à ser- die, qu’il ne s’agirait pas du mau- l’avance ce bulletin accompagné de Prénom:...... Nom: ...... spectateurs, une rumeur qui n’est vir, quand Bill réapparaît dans sa vais sort jeté par l’époux de Hilla- votre règlement. Adresse: ...... liée en rien au déroulement du loge. Double faute ! Et la suite de ry à celui de Steffi, mais de la Code postal: Ville: ...... jeu. Nous sommes bientôt fixés : ce dernier set fut à l’avenant, magique présence, passée de tous DURÉE FRANCE elle salue l’entrée dans la loge pré- Grosjean mariant la chance et le inaperçue, de Charles Josselin, F Votre adresse habituelle: ❏ 2 semaines (13 n°) ...... 96F/14,64 sidentielle de l’ex-président Bill talent pour infliger au numéro 1 ministre de la coopération, qui F F Adresse: ...... ❏ 3 semaines (19 n°) ...... 139 /21,19 Clinton, accompagné de Chris- mondial une déculottée dont il se aurait fait tourner la chance en ❏ 1 mois (26 n°)...... 173F/26,37F Code postal: Ville : ...... tian Bîmes, grand chef du tour- souviendra. faveur de notre compatriote. Cet- ❏ 2 mois (52 n°)...... 378F/57,63F Votre règlement: ❏ Chèque bancaire ou postal joint noi. C’est alors que se produit un Voilà les faits, que tous les com- te hypothèse a naturellement ❏ 3 mois (78 n°)...... 562F/85,68F ❏ Carte bancaire n°: renversement de situation com- mentateurs n’ont pas manqué de notre faveur, car elle met en ❏ 12 mois (312 n°) ...... 1 980F/301,85F En France métropolitaine uniquement. Date et signature obligatoires: me on n’en a que rarement vu à signaler, sans pour autant se ris- lumière notre proverbiale vigilan- Bulletin à renvoyer à : Le Monde - Service Abonnements ce niveau de compétition : Agas- quer à en fournir une interpréta- ce de téléspectateur salarié. Offre valable jusqu’au 15/12/2001 60646 Chantilly Cedex RADIO-TÉLÉVISION LE MONDE / VENDREDI 8 JUIN 2001 / 35 JEUDI 7 JUIN GUIDE TÉLÉVISION FILMS PROGRAMMES

DÉBATS 21.25 Les Mystères de la Bible. 22.05 Les Grands Interprètes. 16.05 Trop belle pour toi aaa TÉLÉVISION ARTE Jésus en Galilée. La Chaîne Histoire Enregistré en 1975. Bertrand Blier (France, 1989, 90 min) %. Ciné Cinémas 3 21.00 Découvrir son corps. Forum 22.35 Légendes. Vanessa Redgrave. Téva Avec T. de Bruhnoff, piano. Muzzik 19.00 Voyages, voyages. Hongkong. 17.20 Il faut sauver TF 1 22.00 Greenpeace, 23.10 L'Inde fantôme, réflexions 22.50 Beethoven. Quatuor à cordes n˚10 19.45 Météo, Arte info. en si bémol majeur, opus 74. le soldat Ryan aa 20.15 Le Reportage GEO. au nom de l'écologie. Forum sur un voyage. [6/7]. Planète Enregistré en 1989. 17.25 Sunset Beach. er Steven Spielberg (Etats-Unis, 1998, Embouteillages aériens. Avec Günter Pichler, 1 violon ; 165 min). Cinéstar 1 18.15 et 1.40 Exclusif. 23.00 Etre autrement, 23.10 Au cœur du Congo. Odyssée e 20.45 Thema. Esprit, es-tu là ? Gerhard Schulz, 2 violon ; aa vivre normalement. Forum 0.00 Pilot Guides. Cambodge. Voyage Thomas Kakuska, alto ; 18.55 Le soleil se lève aussi 18.55 Le Bigdil. 20.46 Les Esprits, Valentin Erben, violoncelle. Mezzo Henry King (Etats-Unis, 1957, 20.00 Journal, Tiercé, Météo. des gens comme vous et moi. 0.30 Sujet tabou. v.o., 125 min) &. Cinétoile 22.05 et 23.35 Rencontres avec MAGAZINES 23.10 Jazz à Vienne 1998. 20.50 Commissaire Moulin. Le Vampire du Kentucky. France 3 20.45 Western aa ? le paranormal. [1 et 2/2]. Taj Mahal. Muzzik Au nom de nos enfants . 22.15 Enquête sur le sixième sens. 19.00 Nulle part ailleurs. 0.45 Les Messagers de l'ombre. Manuel Poirier (France, 1997, 22.40 Destination inconnue. De la débâcle 140 min) &. Cinéstar 1 23.35 Enquête dans la nuit. Invités : Catherine Jentile ; Téléfilm. Eric Laneuville. [1 et 2/2]. Téléfilm. Antonio Chavarrías. Jean-Charles de Castelbajac. Canal + à la clandestinité. La Chaîne Histoire TÉLÉFILMS 20.50 Cop aa 1.00 Sinasos, histoire James B. Harris (Etats-Unis, 20.55 Envoyé spécial. Les tournantes. 20.45 Otages en péril. % ème % 1987, 115 min) . 13 Rue FRANCE 2 M6 Trafic d'œuvres d'art : sur la piste des d'un village déplacé. Histoire Gustavo Graef-Marino . TF 6 aaa nouveaux pilleurs. Turquie : Le jeûne 20.55 Un été sur la côte. 21.00 Au-delà de la gloire 14.50 Tennis. 17.10 Highlander &. de la mort. Les webcamés. France 2 % Samuel Fuller (Etats-Unis, 1979, Internationaux de France. SPORTS EN DIRECT Hans-Jörgen Tögel . TMC v.o., 120 min). Paris Première 18.10 Buffy contre les vampires &. 23.05 Comme au cinéma. Le fabuleux Demi-finales Dames. 22.40 Destination inconnue. 19.05 et 20.40, 20.50 Loft Story. destin du cinéma français. France 2 2.05 Hockey sur glace NHL. Eric Laneuville [1 et 2/2]. TF 1 18.15 Un livre. Coupe Stanley. Play-offs 18.20 Nash Bridges &. 19.50 I-minute. 23.25 Courts particuliers. e Denis Podalydès. Paris Première (finale. 6 match) : New Jersey Devils - 19.10 Qui est qui ? 19.54 Le Six Minutes, Météo. Colorado Avalanche. Canal + COURTS MÉTRAGES & 23.35 Le Club. 19.50 Un gars, une fille. 20.05 Madame est servie . Philippe Noiret. Ciné Classics 20.40 Courts au 13. 23.30 La Créature du diable DANSE Post mortem. Julien Eude. 13ème RUE 20.00 et 1.10 Journal, Météo Film. Jeffrey Reiner ?. DOCUMENTAIRES 20.55 Envoyé spécial. 1.05 Drôle de scène. 19.55 Mansouria. SÉRIES 23.05 Comme au cinéma. Chorégraphie de Josette Baiz. 18.25 L'Actors Studio. Musique d'Ibrahim Petliensese. 1.30 Retour à Roland-Garros. Sean Penn. Paris Première 19.10 La Vie à cinq. RADIO Par les enfants de l'école Saint-André L'amour en fuite. Téva 19.00 Voyages, voyages. Hongkong. Arte de Marseille. Mezzo FRANCE 3 19.25 Hill Street Blues. Un meurtrier FRANCE-CULTURE 19.00 Biographie. Mandela, les chemins précoce &. Monte-Carlo TMC 17.50 C'est pas sorcier. de la liberté. La Chaîne Histoire MUSIQUE 19.50 Homicide. 18.15 Un livre, un jour. 20.30 Radiodrames. Uppercut ! 20.00 Pilot Guides. Le Vietnam. Voyage 21.55 Beethoven. Emmuré vivant %. Série Club Ou 27 secondes avant le KO final, 18.20 Questions pour un champion. de Jean-Marie Plemme. [2/2]. 20.15 Le Reportage GEO. Ouverture en fa mineur, dite « Egmont » 20.40 Buffy contre les vampires. 18.50 Le 19-20 de l'information, Météo. Embouteillages aériens. Arte et Concerto pour piano n˚1. La faille. Série Club 21.00 Le Gai Savoir. Dominique Desjeux. Enregistré en 1983. 20.10 Consomag. 20.46 Thema. Les Esprits, des gens 22.12 Multipistes. Avec Martha Argerich, piano. 20.50 Commissaire Moulin. 20.15 Tout le sport. comme vous et moi. Arte Au nom de nos enfants ?. TF 1 21.00 Les Félins aa 22.30 Surpris par la nuit. Par l'Orchestre symphonique 20.20 Le Journal de Roland-Garros. 21.20 Questions d'enfants. du Bayerischer Rundfunk, 22.00 Lain. René Clément. Avec Jane Fonda, 0.05 Du jour au lendemain. Alain Delon, Lola Albright (France, 20.35 Tous égaux. Paul Louis Rossi [4/6]. Etre lavé. Planète dir. Seiji Ozawa. Mezzo Weird %. Girls %. Canal + & 1963, 95 min) . Cinétoile 21.00 Le Jour le plus long a (Les Gémissements du siècle). 22.00 Le Roi des gueux aa Film. Ken Annakin, Andrew Marton, 0.40 Chansons dans la nuit. Frank Lloyd (Etats-Unis, 1938, Bernhard Wicki, Darryl Zanuck v.o., 95 min). Ciné Classics et Gerd Oswald. FRANCE-MUSIQUES 22.35 Short Cuts, les Américains aa 23.55 Météo, Soir 3. Robert Altman (Etats-Unis, 1993, 20.00 Concert. v.o., 185 min) %. Canal Jimmy 0.30 Sujet tabou. Le Vampire du Kentucky ?. Par le Chœur de Radio France Canal + Paris Première Paris Première 22.35 Le Jour et l'Heure aaa et l'Orchestre national de France, René Clément (France, 1962, dir. Leif Segerstam. 20.35 Nuit Manga 21.00 Au-delà de la gloire aaa 23.25 Courts particuliers 110 min) &. Cinétoile CANAL + Œuvres de Segerstam, Sibelius. 22.00 Jazz, suivez le thème. Jean-Pierre Dionnet introduit cet- En compétition au Festival de Can- L’émission hebdomadaire d’Elisa- 22.50 Jin-Roh, 17.10 Basket-ball. NBA. la brigade des loups aa f 23.00 Le Conversatoire. te soirée spéciale programmée à nes 1980, ce film de Samuel Fuller, beth Quin, dédiée aux courts En clair jusqu'à 19.00 0.00 Tapage nocturne. Hiroyuki Okiura (Japon, 1999, & l’occasion de l’arrivée sur Canal + dont le titre original est The Big métrages, reçoit ce soir l’excellent 100 min) %. Canal + 18.00 Dilbert . d’une nouvelle série d’animation Red One, surprit tout le monde. acteur et comédien Denis Podaly- 23.45 Viva Las Vegas aa 18.30 Canal + classique &. RADIO CLASSIQUE Manga, « Lain », dont les deux pre- Ses détracteurs, notamment de dès, qui joue dans Liberté, Oléron, Roy Rowland (Etats-Unis, 1956, 18.40 Nulle part ailleurs cinéma. 115 min). Mezzo 19.00 Nulle part ailleurs &. 20.40 Les Rendez-vous du soir. miers épisodes sont proposés ce gauche, reprochèrent au réalisa- signé par son frère Bruno, qui sort 23.50 Mille milliards de dollars aa Concert de la série 20.35 Nuit Manga. « Les Grands Interprètes ». soir à 22 heures. En ouverture, le teur d’avoir célébré le triomphalis- en salles. Au menu trois films, Henri Verneuil (France, 1982, Perfect Blue aa 130 min) &. Ciné Cinémas 1 Par La Kamerata Baltica, film de Satoshi Kon Perfect Blue me américain au lieu de s’intéres- dont deux dans lesquels figure l’ac- Film. Satoshi Kon ?. dir. Gidon Kremer, Mati Mikalai, 0.10 Allée sanglante aa 22.00 Lain. [1 et 2/13]. Weird %. Kai Ratassep, pianos. (interdit aux moins de 12 ans), ser à la guerre du Vietnam dont teur, Je suis ton châtiment et Acide William A. Wellman (Etats-Unis, 22.25 Girls %. Œuvres de Prokofiev - Barshaï, thriller brillant et complexe qui uti- Coppola, l’année précédente, avait Animé de Guillaume Bréaud ainsi 1955, 95 min). TCM 22.50 Jin-Roh, Mahler - Stadlmaier, Liszt. aa la brigade des loups aa lise savamment les contraintes et donné une vision fulgurante avec que Soigneurs, dehors ! de Pascal 0.15 L'Empire des sens % 22.20 Les Rendez-vous du soir (suite). Nagisa Oshima (France - Japon, 1975, Film. Hiroyuki Okiura . Œuvres de Haydn, Mozart, les ressources de l’animation. Apocalypse Now. Deux. v.o., 100 min) !. Cinéfaz 0.35 Mickro ciné. Weber, Beethoven.

VENDREDI 8 JUIN GUIDE TÉLÉVISION FILMS PROGRAMMES

DÉBATS 19.15 Robert Louis Stevenson, 19.30 Classic Archive. 14.10 Le Plus Grand Cirque TÉLÉVISION LA CINQUIÈME/ARTE écrivain voyageur. [2/2]. Planète Enregistré en 1963, 1964 et 1966. du monde aa 21.00 Le Tennis côté femmes. Forum Avec Yvonne Lefébure, piano ; Henry Hathaway (Esp. - EU, 1964, 13.45 et 18.40 Le Journal de la santé. 20.00 Pilot Guides. Vlado Perlemuter, piano. Mezzo & TF 1 22.00 L'Amour handicapé. Forum Le sud-ouest de la Chine. Voyage 135 min) . Ciné Cinémas 1 14.05 Les Pages rouges de l'Histoire. 19.35 John Lee Hooker. aaa 23.00 Les Récits d'aventure. 20.15 Reportage. Plastique islamique. Arte 14.35 Le Jour et l'Heure 13.55 Les Feux de l'amour. 14.35 Françoise Dolto. Parler vrai. Montréal, 1980. Muzzik René Clément (France, 1962, Invitée : Annick Cojean, 20.30 Questions d'enfants. & 14.45 L'Avocat de mon cœur. 15.30 Jangal. journaliste au Monde. Forum 22.45 Dvorak. Concerto pour violoncelle. 110 min) . Cinétoile [4/6]. Etre lavé. Planète Avec Mischa Maisky, violoncelle. Téléfilm. Glenn Jordan. 16.00 Le Système Ikea. 21.00 Les Grandes Batailles du passé. Par l'Orchestre symphonique 16.30 Les Dessous de Palm Beach. 16.35 Les Ecrans du savoir. MAGAZINES e [1/28]. La guerre de Troie. Histoire de Prague, dir. Petr Altrichter. Mezzo 17.25 Sunset Beach. 17.35 100 % question 2 génération. 15.00 C'est mon choix. France 3 21.20 Les Mystères de l'Histoire. 23.05 Status Quo. Doing Their Thing. 18.15 et 1.10 Exclusif. 18.05 Le Monde des animaux. Enregistré en 1970. Canal Jimmy 19.00 Tracks. L'or de l'Eldorado. La Chaîne Histoire 18.55 Le Bigdil. 18.55 Météo. Tribal : Scooter Boys. Dream : NTM. 21.45 Billie Jean King, 0.05 The Nat « King » Cole Show 7. 20.00 Le Journal, Météo, Trafic infos. 19.00 Tracks. Enregistré le 9 juillet 1957. Muzzik Vibration : Custom art. féministe des courts. Planète 20.55 Succès. 19.45 Météo, Arte info. Backstage : Visual rock. Plastique islamique. Live : 100% collègues. Arte 21.55 Icebergs. THÉÂTRE 23.15 C'est quoi l'amour ? 20.15 Reportage. La menace qui vient du froid. Odyssée 0.35 Les Coups d'humour. 20.45 Le Bon Fils. 19.00 Nulle part ailleurs. 21.05 L'Amour foot. Téléfilm. Irène Jouannet. Invités : Cheb Mami ; 22.00 Sous la mer. Hawaï. Voyage 1.40 TF 1 Nuit, Météo. Pièce de Robert Lamoureux. Festival Brigitte Lahaie. Canal + 22.15 Grand format. 22.05 Les Grandes Batailles. Le Sage de Bandiagara. 20.55 Thalassa. Le delta Napoléon 1812. La Chaîne Histoire VARIÉTÉS FRANCE 2 des éléphants blancs. France 3 23.10 Le Mur 22.15 Grand format. 13.50 Derrick &. Film. Yilmaz Güney (v.o.). 21.00 Rock Press Club. Pink Floyd Le Sage de Bandiagara. Arte 0.00 Top à Jacques Dutronc. 1.05 La Scandaleuse de Berlin aa et le rock progressif. Canal Jimmy Diffusé le 2 mars 1974. Canal Jimmy 14.50 Tennis. Internationaux de France. 23.05 Biographie. Demi-finales Messieurs Film. Billy Wilder (v.o.). 21.00 Recto verso. Nelson Mandela, les chemins 18.25 Nash Bridges &. Bernard Lavilliers. Paris Première de la liberté. La Chaîne Histoire TÉLÉFILMS 19.15 Qui est qui ? M6 22.00 Petites histoires 23.30 Louisiane à volonté. Muzzik aa 17.30 A l'Est d'Eden. 14.45 Fargo 19.50 Un gars, une fille. & Joel Coen et Ethan Coen. 13.35 La Conviction d'une femme. du cinéma. Ciné Classics 23.35 Renaissance. Harvey Hart. [4/4] . Téva % L'apocalypse. Odyssée Avec Frances McDormand, 20.00 et 0.00 Journal, Météo. Téléfilm. Sandor Stern . 22.45 Bouillon de culture. 18.55 La Victoire d'une mère. & & Steve Buscemi (EU, 1995, 20.50 Crimes en série. Le Disciple %. 15.20 Les Routes du paradis . De l’irrévérence à Insolences. 0.00 Pilot Guides. Le Vietnam. Voyage Tom McLoughlin. . CinéCinémas v.o., 100 min) ?. Cinéfaz Invités : Michel Onfray ; 22.40 Bouche à oreille. 16.15 M comme musique. 0.05 Civilisations perdues. L'Afrique, 19.00 L'Ange du stade. 15.30 La Roulotte du plaisir aa & Alix de Saint-André ; Jacques Sternberg ; un passé occulté. La Chaîne Histoire Robert King. Disney Channel 22.45 Bouillon de culture. 17.10 Highlander . Jean-Jacques Lefrère. France 2 Vincente Minnelli (Etats-Unis, & 0.25 Chroniques d'Hollywood. 20.45 La tigresse sort ses griffes. 1954, 100 min). TCM 0.20 Retour à Roland-Garros. 18.10 Buffy contre les vampires . 23.05 Si j'ose écrire. Le héros américain. Histoire Richard W. Munchkin. RTL 9 aa 0.50 Histoires courtes. Spécial Annecy. 19.05 et 20.40, 1.10 Loft Story. Invités : Hans Christophe Buch ; 16.25 Hurricane Le Dos au mur. Bruno Collet &. Vincenzo Consolo ; Hella Haasse ; 0.35 Jazz renaissance. Muzzik 20.45 Le Bon Fils. Irène Jouannet. Arte John Ford et Stuart Heisler 19.50 I-minute. & 1.00 On a beau être bête, Pierre Mertens ; Michel Onfray ; 0.45 Histoires d'avions. (EU, 1937, v.o., 100 min) . Cinétoile on a faim quand même. 19.54 Le Six Minutes, Météo. Kenneth White. RTBF 1 Les ailes d'Italie. Planète COURTS MÉTRAGES 17.05 Le Rapt aa Marie-Laure Daffis et Léo Marchand &. 20.05 Madame est servie &. 23.15 C'est quoi l'amour ? Charles Crichton (Grande-Bretagne, 1.10 Toro loco. Manuel Otéro &. 20.39 Météo du week-end. 0.50 La Guerre des cancers. [4/4]. 22.25 et 0.25 Festival d'Annecy. Canal + 1952, v.o., 90 min). Ciné Classics Les familles et l'amour : les parents Le tiers-monde en otage. Histoire 1.15 Mezzo l'info. 20.50 Graines de stars. La finale. peuvent-ils servir d'exemple 0.50 Histoires courtes. Spécial Annecy. 18.45 Doux oiseau de jeunesse aa aux enfants ? TF 1 0.55 La Science et la Guerre. Le laboratoire Le Dos au mur. Bruno Collet &. 23.20 Sliders, les mondes parallèles. Richard Brooks (Etats-Unis, Un monde surpeuplé &. de la guerre. La Chaîne Histoire On a beau être bête, 1962, 120 min). TCM FRANCE 3 23.40 On ne peut pas plaire 0.15 Live Zone. on a faim quand même. 20.45 Yakuza aa 13.10 Tennis. Internationaux de France. à tout le monde. France 3 SPORTS EN DIRECT Marie-Laure Daffis et Léo Marchand &. 1.45 M comme musique. & Sydney Pollack (Etats-Unis, 1975, Demi-finales Messieurs. Toro loco. Manuel Otéro . France 2 ? DOCUMENTAIRES 13.00 Tennis. Internationaux de France. 115 min) . TCM 15.00 C'est mon choix. Demi-finales messieurs. Eurosport SÉRIES 21.00 Les Ailes du désir aaa 15.50 L'Ile fantastique. RADIO 17.00 Les Enquêtes 13.10 Tennis. Internationaux de France. Wim Wenders (France - Allemagne, 16.40 MNK, A toi l'actu@. 1987, 125 min) %. Ciné Cinémas 2 du National Geographic. Demi-finales messieurs. 18.10 Buffy contre les vampires. 17.50 C'est pas sorcier. Le facteur Yoko &. M6 Aventure dans l'Antarctique. TMC A Roland-Garros. France 3-France 2 21.00 Kagemusha, l'ombre 18.20 Questions pour un champion. FRANCE-CULTURE aaa 17.00 Les Messagers de l'ombre. 20.30 Volley-ball. Ligue mondiale. Poule A : 19.05 Mélissol. Mauvaise foi. TV 5 du guerrier 18.50 Le 19-20 de l'information, Météo. 19.30 Appel d'air. De la débâcle France - Espagne. Eurosport 19.10 La Vie à cinq. Liens sacrés &. Téva Akira Kurosawa (Japon, 1980, & 20.10 Tout le sport. 20.30 Black & Blue. à la clandestinité. La Chaîne Histoire 3.05 Basket-ball. 155 min) . Cinéfaz 19.25 Hill Street Blues. a 20.15 Le Journal de Roland-Garros. 21.30 Cultures d'islam. Les peuls Bororos. 17.10 Anciennes civilisations. Championnat de la NBA. Play-off. Las Vegas &. Monte-Carlo TMC 22.40 Le Goût des autres [1/13]. Ancienne Egypte. Planète Finale (2e match) : Los Angeles Lakers - Agnès Jaoui (France, 1999, 20.30 Tous égaux. 22.12 Multipistes. Philadelphie Sixers. Canal + 20.00 Les Anges du bonheur. 104 min) &. Canal + 20.55 Thalassa. Le delta des éléphants blancs. 22.30 Surpris par la nuit. Fela Kuti. 17.30 L'Aigle de mer. Monte-Carlo TMC La fierté &. Téva 22.15 Faut pas rêver. 0.05 Du jour au lendemain. 18.00 Cinq colonnes à la une. Planète DANSE 20.50 Crimes en série. 23.15 Météo, Soir 3. Philippe Sollers (Eloge de l'infini). Le Disciple %. France 2 18.00 Les Légendes vivantes. Vietnam : 23.40 On ne peut pas plaire 0.40 Chansons dans la nuit. I-Kwan, enfant Mnong. Voyage 21.00 Le Lac des cygnes. 22.15 Alien Nation. 1.00 Les Nuits (rediff.). Chorégraphie de Mats Ek. & à tout le monde. 18.00 La Science et la guerre. Ennemi The Spirit of 95 . Série Club Musique de Piotr Ilitch Tchaïkovski. 1.30 Toute la musique qu'ils aiment. de l'humanité. Chaîne Histoire 22.25 Dharma & Greg. The Box (v.o.). Téva Par le ballet Cullberg. Mezzo FRANCE-MUSIQUES 18.05 Le Monde des animaux. 22.50 Ally McBeal. Animaux en danger. L'oryx blanc, MUSIQUE Hat's Off to Larry (v.o.) &. Téva CANAL + 18.00 Le jazz est un roman. le vautour moine, ème 23.25 Tekwar. Amour virtuel. 13 RUE 13.45 Hockey sur glace. 19.07 A côté de la plaque. l'hippocampe. La Cinquième 17.00 Récital au Louvre. 23.35 Deuxième chance. Championnat NHL. Coupe Stanley. 20.05 Concert franco-allemand. 18.20 Au cœur du Congo. Odyssée Avec Isabelle Cals, mezzo-soprano ; & Par l'Orchestre philharmonique Guillaume Sutre, violon ; Food For Thought . Téva 14.35 Radiohead. Kid A : Amnesiac in Paris. Eli Wallach de Radio France, dir. Yutaka Sado, 18.25 L'Actors Studio. Luc-Marie Aguera, violon ; 1.10 Friends. Celui qui aimait les cheesecakes. 15.35 Intrusion et Anne Jackson. Paris Première % Iris Vermillion, mezzo-soprano. Miguel Da Silva, alto ; Ceux qui passaient une nuit blanche Film. Rand Ravich . Œuvres de Berg, Mahler, R. Strauss. & 18.30 Regards d'Afrique. Festival François Salque, violoncelle. Muzzik (v.o.) . Canal Jimmy 17.20 Mickro ciné. 22.30 Alla breve. f En clair jusqu'à 20.35 22.45 Jazz-club. Emmanuel Bex, orgue, 18.00 Dilbert &. Nguyên Lê, guitare et Aldo Romano, 18.30 Canal + classique &. batterie. 22.40 Western aa 18.40 Nulle part ailleurs cinéma. Manuel Poirier. 19.00 Nulle part ailleurs &. RADIO CLASSIQUE Avec Sergi Lopez, Sacha Bourdo, 20.35 Allons au cinéma ce week-end. Arte Arte Canal + Elisabeth Vitali (France, 1997, 18.30 L'Actualité musicale. 140 min) &. Cinéstar 2 21.00 En toute complicité 20.40 Les Rendez-vous du soir. 20.45 Le Bon Fils 22.15 Grand Format : 22.40 Le Goût des autres a Film. Marek Kanievska &. 22.50 La Machine Schubert en 1824. Luc est un adolescent de dix-sept Le Sage de Bandiagara Gros succès lors de sa sortie en sal- 22.40 Le Goût des autres a Œuvres de Schubert, Beethoven, Haydn. à explorer le temps aa Film. Agnès Jaoui &. ans, renfermé. Quand il n’est pas Louis Decque brosse le portrait du les en 1999, cette comédie d’Agnès 22.40 Les Rendez-vous du soir. George Pal (Etats-Unis, 1960, 0.35 Jakob le menteur Œuvres de Bach, Vivaldi, Rebel, au lycée, il s’occupe de la maison penseur africain Tierno Bokar, sur- Jaoui, habilement construite, mon- 100 min) &. Cinétoile Film. Peter Kassovitz (v.o.) %. Corrette, Desmarest. et de son demi-frère. Leur mère, nommé le Sage de Bandiagara, né tre la transformation d’une poi- 22.55 13 rue Madeleine aa Henry Hathaway (Etats-Unis, 1946, séparée de ses compagnons succes- en 1875 à Ségou, au cœur de l’ac- gnée de personnages qui démon- v.o., 100 min). Ciné Classics SIGNIFICATION DES SYMBOLES sifs, prétend travailler dans une tuel Mali, et élevé à Bandiagara, en trent une vérité différente des pré- aa 23.05 Mille milliards de dollars Les codes du CSA Les cotes des films entreprise de nettoyage de nuit pays dogon. Le réalisateur souligne jugés sociologiques. De nombreux Henri Verneuil (France, 1982, aaa & & Tous publics On peut voir 130 min) . Ciné Cinémas 2 % a aa pour cacher qu’elle se prostitue. la qualité poétique et la portée uni- téléspectateurs se reconnurent aa Accord parental souhaitable A ne pas manquer 23.05 Notre histoire ? Accord parental indispensable aaa Chef-d’œuvre ou classique Ecrit par Stéphane Galas et réalisé verselle de la parole de cet homme, dans ce film brillamment servi par Bertrand Blier (France, 1984, ? % ou interdit aux moins de 12 ans Les symboles spéciaux de Canal + par Irène Jouannet, ce téléfilm, pri- qui eut notamment pour élève Ama- ses interprètes, parmi lesquels 110 min) . Ciné Cinémas 3 ! DD Dernière diffusion aa Public adulte mé au festival de Luchon, multi- dou Hampaté Bâ. Un film au char- Jean-Pierre Bacri, Gérard Lanvin 23.50 La Loi du silence ? Interdit aux moins de 16 ans d Sous-titrage spécial pour Alfred Hitchcock (Etats-Unis, 1953, # Interdit aux moins de 18 ans les sourds et malentendants plie les messages de tolérance. me paisible, entre passé et présent. et Anne Alvaro. 100 min) &. TCM 36

VENDREDI 8 JUIN 2001 Chez Pivot La juge Eva Joly tente de justifier des investigations par Pierre Georges ayant visé l’un des avocats d’Alfred Sirven SI L’ON ÉTAIT de cette corpo- de cet acabit, aimable coupable ration-là des gens écrivant vrai- de tant d’incitations de jeunes et ment, c’est-à-dire des écrivains, de vieux, à la débauche de lectu- Les recherches semblent avoir concerné d’autres avocats alors nul doute que l’on casserait re. Et ce ne fut pas rien, notam- sa tirelire pour contribuer à ment au moment d'« Ouvrez les LE TORCHON brûle à nouveau avait été portée à sa vie privée ain- dans cette procédure, M. Turcon d’éventuels séjours dans un hôtel l’érection d’une statue. Et peut- guillemets » et d'« Apostro- entre la juge d’instruction Eva Joly si qu’aux droits de la défense, avait déposé une plainte contre les parisien entre 1997 et 2000 – sans être bien qu’on exigerait qu’elle phes » que cette douce et consen- et les avocats parisiens. Interrogée M. Turcon avait également saisi le deux juges – que la Cour de cassa- relation apparente avec d’hypothé- soit plantée en terre beaujolaise tie tyrannie des vendredis soirs par le président du tribunal de bâtonnier de Paris, Francis Teitgen tion a déclarée irrecevable (Le Mon- tiques infractions. Informé de l’ex- cette icône de bronze. Qu’elle qui nous trouvaient, par millions, grande instance de Paris, Jean- – qui avait à son tour interrogé le de du 16 février). istence de ces investigations, le soit inaugurée non par un sous- fidèles au poste, pour le coup Claude Magendie, sur les condi- président du tribunal. Soulignant, Qualifiant les recherches qui bâtonnier de Genève, Pierre De préfet, l’écharpe tricolore en d’envoi rituel : « Bonsoir à tions dans lesquelles avaient été dans sa réponse écrite, que « [la] l’ont visé – ainsi que son épouse – Preux, a convoqué « en urgence » sous-ventrière, mais par l’immen- tous ! » ordonnées des investigations dis- qualité d’avocat ne confère pas d’im- d’« actes ordinaires d’instruction une réunion du conseil de l’ordre se armée des gens de let- On dit parfois que si elle ment crètes sur l’un des avocats d’Alfred munité », la juge d’instruction indi- conduits dans le cadre de la loi et le des avocats genevois. « C’est une tres, – présentez stylo ! Et que beaucoup et souvent sur l’ins- Sirven, la magistrate s’est défen- que pourtant que M. Turcon strict respect de la procédure pénale énormité qui met en péril notre pro- soient inscrits dessus ces simples tant, la télévision ne ment pas due d’avoir excédé les limites de « n’était alors pas le conseil d’une et des droits de la défense », fession », a-t-il déclaré au Figaro mots : « A Bernard Pivot, les dans sa capacité à révéler à la ses pouvoirs et a tenté de justifier personne mise en examen dans la Mme Joly n’explique pas, en revan- du jeudi 7 juin. auteurs, lecteurs et téléspecta- longue le caractère profond des les mesures entreprises. Dans une procédure [de l’affaire Elf] ». Dans che, pourquoi de semblables mesu- Ignorant ces critiques, Mme Joly teurs reconnaissants ! » gens. Ce qui apparut très vite et longue lettre adressée, mercredi la demande de renseignements res d’enquête ont visé d’autres avo- se déclare, dans son courrier, Bernard Pivot s’en va. Bernard très fort, de façon éclatante, un 6 juin, au président de la juridic- adressée, le 26 janvier dernier, par cats ayant assisté M. Sirven. Des « d’autant plus surprise par la Pivot arrête. Le « Roi lire », selon peu comme lorsque pour un pho- tion parisienne, Mme Joly assure, la brigade financière à Interpol- documents attestent ainsi que la démarche [du] bâtonnier [de Paris] le très joli titre du Nouvel Observa- tographe ou un cinéaste un « sous le couvert de la confidentiali- Suisse, la profession de M. Turcon police a interrogé une société d’ex- que dans un passé récent, les tutel- teur, descendra, le 29 juin, de son modèle ou un acteur prennent té », avoir voulu « vérifier le sérieux avait, de fait, été passée sous silen- portation de vins de Chinon – dont les sur les auxiliaires de justice n’ont trône de papier. Eh bien, malgré bien la lumière, c’est que Ber- […] de renseignements portés à [sa] ce – il était présenté comme « con- le fugitif de l’affaire Elf était répu- peut-être pas joué pleinement le tout et malgré lui qui n’est pas nard Pivot prenait formidable- connaissance par des services de seil juridique » et « proche de té friand – afin de savoir si plu- rôle que la loi leur confie ». Réagis- mort car il lit encore, ajoutons à ment bien l’humanisme télévi- police » et qui visaient nommé- M. Sirven ». Les liens profession- sieurs de ses proches n’auraient sant à cette critique implicite, jeu- cette couronne nos quelques suel : un homme comme ça, ment l’avocat Eric Turcon. Défen- nels de l’avocat avec l’ancien direc- pas fait expédier des bouteilles di matin, le bâtonnier Teitgen a fleurs ! Pas question d’être le der- aimant les livres et les gens, seur de M. Sirven depuis 1996 – teur des « affaires générales » d’Elf- vers des pays asiatiques (Vietnam, indiqué au Monde qu’il n’avait pas nier à son embaumement ! outre le vin et le football, ne sau- dans des dossiers fiscaux, puis Aquitaine étaient néanmoins Chine, Philippines). Parmi les encore été officiellement informé La vie des hommes et des rait être fondamentalement dans l’affaire Elf –, cet avocat avait notoires depuis les deux perquisi- « proches » suspectés figuraient de la réponse de la juge, mais que livres est ainsi faite qu’au mauvais. annoncé son intention de saisir la tions effectuées chez lui et à son un autre avocat parisien, Jean « ses appréciations sur le fonctionne- moment du bilan, et déjà des Il fut fondamentalement bon. justice après la découverte des cabinet par Mme Joly et sa collègue Dupoux, et un avocat de Genève, ment du conseil de l’ordre » lui regrets ou des soulagements, le Ce qui ne le fit ni camelot des let- enquêtes dont il avait été l’objet Laurence Vichnievsky, en 1998 et Maurice Harari, qui furent tous paraissaient « dérisoires et hors de monde des lettres qui adore les tres ni cuistre arbitre des élégan- au début de cette année (Le Monde en 1999, alors que celles-ci s’effor- deux les conseils de M. Sirven. Le propos ». querelles se diviserait en deux ces, fussent-elles littéraires. Il du 2 juin). çaient de retrouver la trace du fugi- second aurait en outre été la cible camps : les pivotistes et les antipi- tint, et avec quel plaisir communi- Considérant qu’une atteinte tif de l’affaire Elf. Jamais poursuivi d’autres vérifications, relatives à Hervé Gattegno votistes. Avec des enthousiasmes qué et partagé, salon de lecture. nostalgiques ou des fureurs déjà Il fit lire, excusez du peu en cette rétrospectives. préhistoire zappeuse. Et il fit ven- Cette querelle nous dépasse dre du livre, ce qui ne saurait rai- au sens où, depuis longtemps, sonnablement être retenu contre notre camp est choisi, notre opi- lui. nion faite. Nous n’avons que du Ses choix, ses goûts, ses révéla- bien à penser, et donc à dire, tions, ses oublis, ses emballe- d’un homme qui fit remarquable- ments, ses grands et petits écri- ment son métier, artisan de télé- vains et moments de télévision vision, comme il en est d’art. Sur furent à la mesure de son pou- le métier, justement, il remit voir et de sa présence immenses. encore et encore des milliers Alors à ceux trop oublieux ou d’ouvrages dans une habile et ingrats, rappelons simplement conviviale invite au partage du cette époque où un éditeur se fai- plaisir de lire. sait gloire et fête de passer Ce n’est pas rien, un malfaiteur « chez Pivot ».

L’OTAN lance un programme de défense antimissile L’OTAN a décidé, mercredi 6 juin, lée éventuellement sur diverses plates- à Bruxelles, de lancer un programme formes. Pour l’OTAN, il s’agit de la de défense antimissile, dit de « théâ- protection de ses forces, là où elles tre », et a retenu deux consortiums seraient déployées ; de ses sites de internationaux, mis en compétition, commandement et de communica- pour mener à bien les premières étu- tion ; de points sensibles du territoire, des de son développement. Dans l’un et de ses bases ou escadres navales. des groupes figurent des entreprises A Bruxelles, les alliés nord-améri- françaises. Un tel programme n’est cains et européens ont sélectionné pas incompatible avec les obligations deux consortiums industriels pour con- du traité ABM de limitation des sites cevoir un tel arsenal. D’un côté, l’Ame- antimissiles et il pourrait constituer le rican Science Applications Internatio- premier échelon du projet de bouclier nal Corporation (SAIC) réunit, autour antimissile avancé par les Etats-Unis. de Boeing, notamment des laboratoi- C’est dès 1993 que le Conseil de res de recherche britanniques et alle- l’OTAN a adopté le concept d’une mands. De l’autre, l’équipe Janus, défense aérienne « élargie » et « acti- emmenée par Lockheed Martin, ras- ve », autrement dit une capacité, dans semble les groupes européens de les pays membres de l’Alliance atlanti- défense MBDA (fusion de Matra BAe, que, à déployer les moyens d’intercep- Aerospatiale-Matra et Alenia-Marco- ter en vol des missiles balistiques tacti- ni), EADS et Astrium ; l’entreprise amé- ques. Par là, il faut entendre des missi- ricaine TRW et diverses sociétés britan- les offensifs d’une portée de 1 000 à niques, espagnoles, turques, grecques 2 000 kilomètres. Ce concept a été et néerlandaises. Deux candidatures, définitivement avalisé en 1997. Il per- autour de Northrop-Grumman et de met de disposer d’une défense TBM Thales (ex-thomson-CSF)-Raytheon, (Tactical Ballistic Missile) à plusieurs n’ont pas été retenues. « couches », c’est-à-dire ayant plu- sieurs niveaux d’interception et instal- Jacques Isnard

DÉPÊCHES a CYCLISME : une grande confusion régnait, jeudi 7 juin, avant le départ de la 18e étape du Giro en direction de Santa Anna di Vinadio. Réduite dans un premier temps à 90 kilomètres, elle risquait de ne pas être disputée, les coureurs s’étant déclarés excédés à la suite de l’opéra- tion de police menée dans la soirée de mercredi à San Remo. Deux cents policiers de la brigade des stupéfiants italienne (NAS) et des mem- bres de la brigade des finances de Padoue ont procédé à une impression- nante perquisition. Les chambres des 143 coureurs et de l’encadrement ont été fouillées entre 20 h 30 et 2 heures du matin. « Ils ont vérifié nos chambres, nos bagages et les véhicules », a raconté, jeudi matin au Monde, Gianluigi Stanga, le directeur sportif de l’équipe Colpack. Quelques heu- res avant, la formation Mercatone Uno avait confirmé que son coureur Riccardo Forconi avait subi un contrôle « non négatif » à l’EPO, le 19 mai à Pescara à l’issue du prologue. a LOTO : tirages no 45 mercredi 6 juin . Premier tirage : 5, 10, 18, 28, 36, 46 ; complémentaire : 45. Rapports pour 6 numéros : 2 752 955 F (419 685 ¤) ; 5 numéros et complémentaire : 63 605 F (9 696 ¤) ; 5 numéros : 6 260 F (954 ¤) ; 4 numéros et complémentaire : 292 F (44,51 ¤) ; 4 numé- ros : 146 F (22,25 ¤) ; 3 numéros et complémentaire : 28 F (4,26 ¤) ; 3 numé- ros : 14 F (2,13 ¤). Second tirage : 2, 3, 11, 20, 39, 48 ; complémentaire : 46. Rapports pour 6 numéros : 11 774 575 F (1 795 022 ¤) ; 5 numéros et com- plémentaire : 185 310 F (28 250 ¤) ; 5 numéros : 9 060 F (1 381 ¤) ; 4 numé- ros et complémentaire : 322 F (49,08 ¤) ; 4 numéros : 161 F (24,54 ¤) ; 3 numéros et complémentaire : 30 F (4,57 ¤) ; 3 numéros : 15 F (2,28 ¤).

Tirage du Monde daté jeudi 7 juin 2001 : 493 567 exemplaires. 1-3 VENDREDI 8 JUIN 2001

LE FEUILLETON LE PARADIS HISTOIRE DE PIERRE LEPAPE La chronique J.G.A. Pocock– « L’Insignifiance de Roger- Quentin Skinner : du tragique » Pol Droit aux origines de de Florence Dupont page VII la science politique page II pages VIII et IX LE MONDE DES POCHES ANGELICA GARNETT L’AUTOÉDITION Adolfo Bioy Casares page IV page VI et Anne Perry 16 pages

est celle de Jaccottet, ne s’est à coupables, ou odieux. De nous rédui- Un vers de saint Jean de la Croix, aucun moment figée dans la con- re, enfin, au silence. » une page de Maurice de Guérin, un templation satisfaite d’elle-même. Depuis 1983 (Pensées sous les nua- oiseau, un nuage ou les fleurs, le « Tant d’années,/et vraiment si mai- ges), Philippe Jaccottet ne fait plus souvenir d’un ami, la révision du gre savoir,/cœur si défaillant… » paraître de recueils exclusivement jugement auquel une relecture con- disait un poème de Pensées sous les composés de poèmes (2). Cahiers de duit... constituent des éléments de nuages (1983). verdure (1990) et Après beaucoup ce même monde qui n’a pas, chez Pour percevoir ce passage qui d’années (1994), et aujourd’hui Et, Jaccottet, vocation à être d’abord n’est jamais destiné, dans l’œuvre néanmoins, mêlent les pages de pro- intérieur. Plus on désire l’appro- de Jaccottet, à devenir un état, il ses à ce qu’on pourrait nommer des cher, plus le réel est un mystère. Sa faut accorder au mot de sérénité on tentatives de poésie. Comme si les totalité qu’on ne peut englober a ne sait quelles fragilité et faiblesse, frontières s’étaient peu à peu plus de dignité que nos pensées, quel tremblement, ne jamais le pro- brouillées. Comme si la parole insis- nos sentiments et nos rêves. Et lors- noncer sans un sourire intérieur de tait dans les marges du poème, que que le mouvement de l’esprit est doute, presque de moquerie : «Ma la présence trop ostentatoire des celui de l’intériorisation, de la médi- vieille rengaine. Et pas le moindre mots et leur agencement, avaient à tation de ce mystère, il ne se con- progrès ? Ici se dessine une limite subir l’expérience d’une altéra- fond jamais avec une volonté d’ap- pour l’esprit incapable de penser vrai- tion,que la lyre du poète était fêlée. propriation. ment, ballotté d’émerveillements en « Nous les bègues à la voix brisée… », dégoûts, incapable de leur trouver un n’avons d’autre pouvoir que celui ET, NÉANMOINS ordre qui les fonde. Trop abrité, peut- de le constater. proses et poèmes, être, aujourd’hui encore, pour avoir Parallèlement, le poète continue de Philippe Jaccottet. droit à la parole. C’est pourtant ma la publication de ces Semaisons, Gallimard, 90 p., 69 F (10,52 ¤). voix : tout effort pour la durcir, la bri- dont paraît le troisième volume qui ser, la gauchir impliquerait un men- comporte les notes des années CARNETS 1995-1998 songe bien plus grave que celui qui 1995-1998. Il ne s’agit pas d’un (La Semaison III) l’imprègne malgré moi. » « journal intime », d’une suite de de Philippe Jaccottet. sentences, ni d’un livre Gallimard, 148 p., 85 F (12,96 ¤). d’heures. Jaccottet y Patrick Kéchichian consigne la part réflexi- NOTES DU RAVIN ve de ses écrits. Celle-ci de Philippe Jaccottet. Le beau cahier collectif que prend fréquemment la forme d’im- Ed. Fata Morgana, 60 p., Patrick Née et Jérôme Thélot consa- pressions de paysage ou de lecture, 63 F (9,60 ¤) crent à Jaccottet – inscrit dans une de citations, de rêves très nom- longue suite d’études et d’ouvrages breux… A propos de ces derniers, PHILIPPE JACCOTTET critiques (1) – ne vient pas contredi- on serait presque tenté de les isoler sous la direction de Patrick Née re le caractère d’essentielle « préca- et de les regrouper, tant ils consti- et Jérôme Thélot. rité » de cette œuvre, ni dissimuler tuent une source importante, Ed. Le temps qu’il fait, cahier 14, son incertitude fondatrice. André ancienne, obscure et disponible : 328 p., 190 F (28,97 ¤). du Bouchet, récemment décédé, et une liberté. Traducteur des romanti- Jacques Dupin, Maurice Chappaz et ques allemands, mais loin de toute (1) Signalons la grande étude récente Anne Perrier, Paul de Roux, Jean- théorie qui donnerait à l’onirisme de Hervé Ferrage qui embrasse tous Claude Pinson, Jean-Pierre Lemaire une vertu exclusive, à l’écart égale- les aspects de l’œuvre : Philippe Jaccot- JEAN-PAUL BAJARD/EDITING POUR « LE MONDE » ou Yves Bichet, adressent des ment d’une approche expérimenta- tet, le pari de l’inactuel (PUF, 398 p., signes de reconnaissance à l’écri- le – comme celle de Desnos – Philip- 149 F [22,71¤]). vain qui vit à Grignan, dans la Drô- pe Jaccottet accueille simplement le (2) Tous les recueils cités sont publiés me, depuis 1953. Jérôme Thélot, monde et les mots, les fragments de chez Gallimard, qui a également à son auteur d’un bel essai sur La Poésie poèmes, que ses rêves concèdent catalogue trois volumes de la collec- précaire (PUF, 1997) comportant un au jour. tion de poche « Poésie » chapitre sur Jaccottet – qu’il rappro- che justement d’Alfred de Vigny —, Notre compagnon étudie la place de l’ignorance dans l’œuvre. « Plus je vieillis et plus je croîs en ignorance,/ plus j’ai vécu, moins je possède et moins je règne… » écrivait Jaccottet, dans L’Ignorant (1958). Et Jean Starobins- ki, l’ami genevois, avait accordé au poète ce noble titre : « notre compa- gnon d’ignorance ». d’ignorance Ne jamais se fermer ni se complai- re en soi-même, désobéir constam- ment à la loi de perfection qui nie le de l’inachevé, de cet extrême scru- sens de l’« expérience immédiate », La poésie pule qui fait se tenir toujours le poè- accueillir, autant que les joies, les te dans « l’entre-deux, l’enclos accidents, les failles de l’existence, de Philippe Jaccottet ouvert, peut-être ma seule patrie ». récuser les positions acquises, les Pas davantage que ceux publiés vanités, les privilèges attachés à l’in- est une éthique au cours des dernières années, ces trouvable, à l’impossible identité de trois livres n’achèvent ou ne para- poète… Que serait l’art poétique de n imagine mal Phi- et un art de vivre, chèvent rien. La notion même de Jaccottet s’il n’était d’abord l’addi- lippe Jaccottet, qui aura soixante- de penser et de rêver. maturité, d’une maturité qui vien- tion de ces impératifs, c’est-à-dire Oseize ans à la fin de ce mois, occupé drait, logiquement, raisonnable- un art de vivre ? à rassembler ses poèmes et ses pro- ment, exaucer un parcours, Selon l’auteur de A la lumière d’hi- ses en une somme péremptoire. Ses Trois livres, qui mêlent n’aurait, ici, pas de sens – ou bien à ver (1977), le poète n’est pas un livres sont pourtant suffisamment être inversé : les premiers poèmes manieur de mots. « Trop facile de nombreux et cohérents pour, proses et poèmes, en de Jaccottet, écrits il y a plus de cin- jongler avec le poids des choses une recueillis, former un de ces lourds quante ans, portaient une affirma- fois changées en mot… » Ce n’est pas volumes qui attestent qu’une témoignent tion qui s’est défaite, une sorte une volonté de maîtrise qui le fait œuvre a été accomplie, que son che- d’autorité audacieuse propre à la parler, ni une révérence excessive minement et sa trajectoire méritent laisser derrière nous plus que des jeunesse, dont il a fallu, par la suite, ou une dévotion, mais, propre- un tel hommage. Du côté des poè- traces éparses ? De quoi, à la fin, se dessaisir. Sans perdre son exigen- ment, un dévouement à l’égard de tes, on sait que Saint-John Perse ou serons-nous la somme ? ce, la « mesure de l’art » s’est mise à la parole elle-même. Parole qui n’a René Char, pour ne citer que les der- Ainsi, les trois volumes que publie l’épreuve du « sans-mesure de la de sens, et ne prend « poids » qu’à niers, ne dédaignèrent pas de prési- aujourd’hui Philippe Jaccottet regar- vie ». En aucune autre œuvre con- être partagée. « Je voudrais envoyer der, en personne, à de telles entre- dent-ils vers un autre horizon que temporaine, le passage à la nudité des nouvelles de confiance à mes prises. La démarche de Jaccottet, celui d’une consécration un peu de l’âge et de l’âme, à cet accomplis- amis que le silence altère et détruit. Je tout son « projet » – si ce mot n’évo- morte et immobilisante. Ils consti- sement comme inversé qui laisse ne voudrais absolument que cela », quait un ordre d’idées qui lui est pré- tuent encore des étapes, des l’esprit sans pouvoir et sans gloire – écrivait Jaccottet dans Eléments cisément étranger – semblent aller « essais », au sens où Giacometti mais aussi parfaitement, douloureu- d’un songe (1961). Et plus tard, dans à l’encontre de ce type de couronne- employait ce mot. La forme même sement, lucide —, n’est visible A travers un verger (1975) : «… C’est ment. Quelle vision enflée de nous- et la distribution du recueil de pro- d’une manière aussi bouleversante. l’effondrement des autres qui est mêmes, quelle conception totalisan- ses et de poésies intitulé Et néan- La très belle et digne sagesse, cette insoutenable, et qui menace de nous te du monde nous autoriseraient à moins, témoignent de cette morale éthique de la parole poétique qui détruire. De faire paraître nos mots II / LE MONDE / VENDREDI 8 JUIN 2001 le feuilleton

de Pierre Lepape b élaborés autour du même « scénario », l’Orestie L’INSIGNIFIANCE TRAGIQUE d’Eschyle, Electre de Sophocle et Electre d’Euripide. de Florence Dupont. La même histoire ou presque, racontée trois fois. Gallimard-Le Promeneur, 230 p., 140 F (21,34 ¤). Comment Oreste et sa sœur Electre tuent Egisthe, le meurtrier de leur père, et Clytemnestre, leur mère, et ’invention du passé est l’une des fonctions les ce qui s’ensuit pour eux. La signification – morale, poli- plus fécondes de l’Histoire. L’Europe classi- tique, sociale, métaphysique –, si elle existe –, doit pou- que a inventé le Moyen Age pour mieux se dis- Nos ancêtres voir se déceler dans les différences entre les trois créa- tinguer de ces temps décrétés barbares. Mais tions poétiques. Si Eschyle, Sophocle et Euripide l’èreL classique elle-même est une construction de l’es- varient sensiblement dans leurs histoires, comme Cor- prit, comme la Renaissance, comme l’époque romanti- neille et Racine varieront sur celle de Titus et de Béréni- que. Les humanistes italiens du XVe siècle ont été les ce, il est tentant – et légitime – de chercher dans ces créateurs de la plus vigoureuse de ces fictions, de la les Grecs ? variations des prises de position idéologiques sur les plus indéracinable : l’Antiquité grecque, conçue com- problèmes de la cité athénienne, sur le rôle et la place me la source originelle, universelle et éternelle de des femmes, sur la justice, sur la vengeance légitime et notre civilisation européenne. Chaque époque, après illégitime, sur la sphère publique et la sphère privée. eux, a revisité le grand mythe fondateur, l’a revivifié de Bref, de voir dans les tragédies grecques des représenta- ses propres lectures idéologiques pour faire de la tions problématiques de la société. Grèce ancienne la référence immuable, l’actualité mira- culeuse, la clef qui ouvre toutes nos serrures : les Grecs auf, montre Florence Dupont, que ça ne se pas- ont tout dit ou presque sur l’homme, les lois, la Cité, la se pas du tout comme cela. Au terme d’analy- démocratie, l’amour, la justice, les dieux, la guerre, les ses passionnantes, fouillées, subtiles, mais sans femmes, l’existence. Tout a été pensé, raconté, écrit, une dizaine d’années et qui présentait l’épopée homéri- jamais cesser d’être abordables et claires, l’his- par une sorte de miracle, il y a vingt-cinq siècles, sur un que comme un ensemble de performances orales et A partir de l’« Orestie » d’Eschyle Storienne peut bien mettre au jour une multiplicité de petit coin de terre ensoleillé. C’est trop beau pour ne sacrées qui ne devaient rien à l’écriture. Des discours thèmes anthropologiques qui sont mis en œuvre dans pas être vrai. définitivement perdus dont l’Iliade et l’Odyssée ne sont et de l’« Electre » de Sophocle l’un ou l’autre des trois poèmes dramatiques, montrer Cette histoire imaginaire de l’humanité, cette grande que les transcriptions artificielles et figées, des monu- comment les auteurs manipulent et montent des mythologie fondatrice a certes été remise en cause par ments à la parole morte (1). Dans L’Invention de la litté- ainsi que de celle d’Euripide, rituels religieux et sociaux – qui nous sont aussi étran- de nombreux historiens contemporains. En France, les rature, Florence Dupont opposait encore la culture gers que ceux des Nambikwaras de Lévi-Strauss –, il travaux de Louis Gernet, de Marcel Détienne, ceux de vivante des Grecs et des Romains, celle du banquet, du l’historienne et anthropologue reste qu’il s’agit de pures fictions qui n’ont jamais pour Jean-Pierre Vernant, de Pierre Vidal-Naquet ou de rapprochement des hommes et des dieux à travers les but de représenter une quelconque humanité : les Nicole Loraux ont permis de rendre la Grèce ancienne plaisirs du corps, de la danse, de l’ivresse, du chant, des Florence Dupont remet en cause héros tragiques ne sont pas plus des hommes que les à sa propre histoire. Celle d’une société humaine parti- baisers, des jeux verbaux, à la culture « froide », monu- héroïnes ne sont des femmes. culière et étrange, soumise au temps, à l’évolution, mentale, de la littérature, des bibliothèques et des éco- la définition littéraire de la tragédie Non seulement, explique Florence Dupont, la fonc- avec ses tensions sociales, politiques, religieuses, ses les (2). L’oralité sensuelle, fervente, ardente, immédia- tion du texte tragique est esthétique, et jamais politi- ordres, ses désordres, ses rites, ses formes de sociabili- te face à l’écriture, cette mise au silence des corps sont au moins aussi importantes que le texte, lequel que ou philosophique, mais encore la tragédie ne repré- té, ses exclusions, ses moments d’expansion, ses pério- animés. n’est écrit qu’au seul usage des acteurs et est destiné à sente rien : elle simule, elle invente des situations qui des de retrait, ses crises, ses guerres, ses castes, ses pra- être oublié dès que la fête est finie. Il s’agit de faire pleu- n’ont pas d’équivalent dans la réalité. Elle délivre systé- tiques culturelles, sa cosmogonie, son imaginaire. Rien ous retrouvons cette opposition entre rer le public, ici et maintenant. Platon, dans Les Lois,se matiquement des vérités éphémères, immanentes, d’immuable, rien d’éternel : une société vivante cher- culture vivante et culture du texte écrit dans moque gentiment de ce concours de pleurs : « Après « un exercice d’exploration où la connaissance ne se chant, comme d’autres, un équilibre entre l’ancien et le L’Insignifiance tragique. Il s’agit encore pour qu’un magistrat a offert un sacrifice public, non pas un construit pas sur une mise à distance de l’objet (…), mais nouveau, entre la permanence et l’éphémère, entre la l’historienne-anthropologue de marquer chœur, mais une ribambelle de chœurs, qui se tiennent par sa fragmentation imaginaire afin de faire apparaître répétition et l’accident, pour permettre aux membres Nl’écart irréductible entre ce que les Grecs nommaient près des autels, parfois tout près, et versent sur les offran- le réseau culturel où cet objet s’insère. (…) Cette multipli- du groupe de vivre ensemble. une tragédie et le genre littéraire que nous connaissons des sacrées toutes sortes de blasphèmes ; par leurs mots, cation de réponses contradictoires n’est pas le signe Ces travaux historiques nombreux, savants, auda- aujourd’hui et depuis quelques siècles. Sous la même les rythmes de leurs chants, les mélodies plaintives, ils ten- d’une incertitude, mais le mode même d’appréhension cieux ont effrité le mythe de la Grèce originaire et éter- étiquette, sous un faux-semblant d’origine commune, dent les âmes des auditeurs, et celui qui aura immédiate- d’une réalité non douteuse qu’aucun discours ne peut nelle sans parvenir encore à le détruire. Florence deux pratiques culturelles définitivement différentes : ment fait le mieux pleurer la cité en train de sacrifier rem- définir au sens strict, c’est à dire enfermer dans les limites Dupont juge cette situation « intellectuellement insup- « Finissons-en donc avec la tragédie grecque comme tex- portera la victoire. » d’un énoncé fini. » Nous sommes à des années-lumière portable, voire désespérante. » « Les historiens ont beau te lisible et comme incarnation première du tragique, Ce qui nous reste aujourd’hui de cette grande céré- de nos tragédies-problèmes. lutter sans cesse, sans cesse renaissent les têtes de l’hydre. comme miracle de l’esprit humain et mystère d’éternité. monie des larmes, des cris et des plaintes, le texte, est On imagine les réponses furieuses qu’une interpréta- Comme si l’usage symbolique primait sur la vérité histori- Retrouvons la tragédie à travers les traces qu’elle a lais- condamné à rester énigmatique hors du contexte rituel tion aussi radicale ne manquera pas de susciter, y com- que. » Elle a donc décidé de frapper fort, quitte à pren- sées comme toute autre pratique culturelle oubliée d’une auquel il était immédiatement lié. Il est privé de sa sour- pris chez les hellénistes les moins enclins à se livrer aux dre quelque liberté avec les principes sacrés de la pru- civilisation perdue. (…) Un théâtre rituel datant de 2 500 ce d’énergie. Pour les Grecs, il est éphémère et donc, délices de l’anachronisme. Sans doute Florence dence et de la diplomatie universitaires. Florence ans et dont a priori nous ignorons la fonction, la significa- n’hésite pas à écrire Florence Dupont, insignifiant : Dupont l’a-t-elle voulu ainsi pour faire choc et provo- Dupont ne craint ni de donner des coups ni d’en rece- tion, l’impact esthétique et affectif. » Plutôt qu’une « Quand il échappe aux lieux communs, il ne propose des quer une discussion indispensable. Même si sa re-créa- voir ; elle est fonceuse, radicale et volontiers provoca- mythique origine, découvrons la réelle altérité. vérités que destinées à l’oubli. » De pures fictions créées tion de la tragédie grecque n’était encore qu’une fic- trice. Puisqu’il faut décidément enfoncer le clou de La tragédie grecque, rappelle d’abord Florence par le spectacle et qui disparaissent avec lui. Comme tion, qu’une création imaginaire, elle se montre assez l’Histoire, elle n’hésite pas sur la taille du marteau, dût- Dupont, n’est pas un genre littéraire. C’est une perfor- cette proposition heurte de front le sens commun, forte, assez prenante, assez séduisante pour servir uti- elle risquer parfois de se taper sur les doigts. mance religieuse et civique, un spectacle choral offert à c’est-à-dire notre tradition intellectuelle et littéraire lement à la recherche de la vérité. Cette humeur batailleuse donne à son érudition une Dionysos, aux citoyens d’Athènes et à leurs hôtes étran- qui fait de la tragédie grecque le concentré de l’« essen- verve tonique. On se souvient de son Homère et Dallas. gers lors de la fête des grandes Dionysies. Une manifes- ce tragique », Florence Dupont va chercher à en faire (1) Hachette-Littératures, 1990. Introduction à la critique anthropologique, paru il y a tation où la musique, la danse, les parties chantées la démonstration rigoureuse au travers de trois textes (2) La Découverte, 1994. Le tour du monde en deux mille Butterfly La nuit des solitudes Dans la mémoire des Japonais, la geisha Cio-Cio-san imaginée par John Luther et dont Puccini tira son opéra Superbe démystification, le roman polyphonique est attachée à la figure de Tamaki Miura. Michel Wasserman retrace la vie mouvementée de cette prima donna de Murakami Ryû décrit un monde sans espoir

l’Europe se construisit de leur pays. tion anglaise… », la jeune fille fut Tamaki, Madame Butterfly était le dant une toile de Kandinsky. Ake- LA VIE DE TAMAKI MIURA, Mais Madame Butterfly reste sur- rapidement connue : sa prestation personnage de sa vie. Les tournées LIGNES mi ramasse des gamines paumées CANTATRICE JAPONAISE tout attachée dans leurs mémoires dans Orphée de Gluck avait été se succèdent. Le New York Times la de Murakami Ryû. et les martyrise avant de les rejeter (1884-1946) à celle de la première prima donna célébrée par la presse et l’on fit consacre : « Il y a trois œuvres incom- Traduit du japonais à la rue. Kana se fait fouetter. de Michel Wasserman. japonaise : Tamaki Miura. Elle débu- appel à elle pour chanter devant parables en ce monde : le Boris de par Sylvain Cardonnel, Murakami Ryû ne se complaît pas Ed. Le Bois d’Orion, 94 p., ta sa carrière internationale à Lon- l’impératrice douairière. Lancée, Chaliapine, la Mort du cygne de éd. Picquier, 238 p., dans la provocation, encore moins 95 F (14,48 ¤). dres en 1914 dans le rôle de Cio-Cio- Tamaki divorce et se remarie. Son Pavlova et la Butterfly de Tamaki 120 F (18,29¤). dans la revendication. Il décrit un san et allait par la suite l’interpréter nouveau mari est affecté à Singa- Miura. » Elle chanta pour la premiè- univers glacé. Ne détournons pas es guides la nomment la deux mille fois sur toutes les scènes pour ; elle poursuit sa carrière à re fois devant Puccini à Rome en n romancier japonais, les yeux : des faits divers actuels « Maison de Madame But- du monde. S’il y eut une Madame Tokyo comme cantatrice et profes- 1920. Le vieux maître ne tarit pas Murakami Ryû, fait atteignent déjà de pires horreurs ! terfly », et une statue en Butterfly, ce fut Tamaki Miura dont seur d’art vocal au Théâtre impé- d’éloges : « Votre Butterfly, Mada- enfin la preuve que la Lignes rassemble un écheveau bronze d’une jeune fem- le talent dramatique fut comparé à rial. Mais elle a l’impression de me, est la réalisation de mon rêve », violence en littérature d’existences. Les lignes de vie s’en- Lme en kimono a été placée en haut celui de Sarah Bernhardt par le New végéter et se sent déjà « empêtrée lui dit-il. peutU s’imposer comme une néces- trecroisent mais les êtres ne se ren- du jardin qui domine le port de York Times. dans les innombrables aventures sen- Liée au compositeur italo-améri- sité profonde et ne plus être un contrent que lors de relations sado- Nagasaki. Cette belle demeure de C’est la vie mouvementée de cet- timentales qui jalonnèrent sa carriè- cain Aldo Franchetti, elle retourne artifice opportun. Lignes est un masochistes. style colonial qui date de 1863 est la te femme qui traversa la première re ». En 1914, elle part avec son au Japon en 1922 : soixante-six con- roman nocturne qu’aucun souffle Lignes est un grand roman sur plus ancienne construction euro- partie du XXe siècle en parcourant mari pour Berlin, puis gagne l’An- certs en trois mois et vingt-cinq rassurant ne traverse. Le paroxys- un monde déshumanisé où l’indivi- péenne du Japon. Ce fut la maison un monde en ébullition que conte gleterre. A Londres, elle est présen- enregistrements. Au moment où le me des situations décrites n’est dualisme devient un mode de vie. de Thomas Glover, aventurier écos- Michel Wasserman dans un court tée au chef d’orchestre Sir Henry Japon commence à envahir l’Asie, même plus un constat amoral. La solitude n’est plus comme une sais, marchand d’armes et indus- récit, enlevé et émouvant. Une vie, Wood. Pionnier de la vie musicale lorsque la confrontation avec les Lignes est une vision réaliste et pré- tare alors que la promiscuité s’in- triel, installé à Nagasaki. Madame écrit-il, qui « mutatis mutandis n’est moderne en Angleterre, le grand Etats-Unis est proche, l’histoire monitoire. La psychologie des per- tensifie. Yûko, adoptée par un Butterfly n’y a jamais vécu. Et, pas sans évoquer sous d’autres cieux wagnérien est au sommet de sa car- d’une Japonaise qui se suicide sonnages préfigure une forme de inconnu qui apaisa sur son corps d’ailleurs, Madame Butterfly n’a la carrière tumultueuse et la destinée rière. Tamaki chante devant lui après avoir été séduite par un offi- relations humaines que nous de petite fille des pulsions pédo- jamais existé. Mais la fiction a par- posthume d’une certaine Maria Cal- Caro nome, l’air de Gilda dans Rigo- cier américain prend un tour n’imaginions que marginales. Pas philes, se déplace avec un garde fois raison de l’histoire, puisque le las ». letto. La réaction de Wood fut d’« atteinte à l’honneur national » : de cris donc que l’auteur s’écoute- du corps – qui s’abstient de cou- personnage (la geisha Cio-Cio-san, Fille unique appelée à succéder à enthousiaste. Selon Wood, Tamaki la représentation de Madame But- rait proférer dans le confort de ses cher avec elle –, mais elle utilise le amoureuse du jeune officier améri- son père brasseur de saké, Tamaki avait une « voix splendide, claire et terfly sera interdite dès le déclenche- audaces sans risques. Les fantas- sexe de l’homme comme l’instru- cain Pinkerton et qui se suicida avait été remarquée pour la beauté pénétrante bien que manquant peut- ment de la guerre du Pacifique. mes se vivent à l’état brut et harcè- ment d’une jouissance masturba- pour lui) aurait vécu dans une mai- et la justesse de sa voix. Son père être de couleur ». Son talent drama- Au lendemain de la défaite, mala- lent des personnages, froids com- toire. Yûko apparaît accidentelle- son dominant le port de Nagasaki – accepta qu’elle fasse une carrière tique et son « authenticité » nippo- de et affaiblie, Tamaki supplie me l’enfer, qui avancent, enfermés ment dans le roman : elle en est du moins dans le récit de l’Améri- musicale à condition qu’elle épou- ne allaient balayer toutes les réser- qu’on la laisse donner son dernier dans des rituels fatalistes, indiffé- pourtant l’héroïne. Il « devait se cain John Luther Long dont Puccini se le parti qu’il lui avait réservé. ves lorsqu’il lui fut offert en 1915 concert : en mars 1946, elle chante rents aux autres, murés dans leur trouver quelque part dans le corps tira son opéra –, et la maison de Pour Tamaki, le Conservatoire d’interpréter Madame Butterfly. l’intégralité des vingt Lieder de La autisme. Murakami Ryû retire des de Yûko une sorte de logiciel capa- Thomas Glover est devenue celle de valait bien un mariage arrangé. Au cours de la première, Tamaki Belle Meunière. Yukio Mishima, labyrinthes souterrains de Tokyo ble d’analyser les signaux électri- Madame Butterfly. « Vive, enjouée, défrayant la chroni- chanta avec une telle détermina- alors âgé de vingt et un ans, fut si ces êtres de fin du monde qui se ques ». Pour les Japonais, Cio-Cio-san que en enfourchant, vêtue du kimo- tion qu’elle ne s’aperçut pas que les ému par ce spectacle qu’il en tirera cherchent, tels des automates de Le sexe, la solitude, la violence, fait partie de ces figures surannées no et de la jupe-pantalon des étu- dirigeables allemands Zeppelin une courte nouvelle, Le Papillon. la désespérance, dont les actes, la prostitution, le meurtre, sont les sorties du florilège d’images que diantes, une bicyclette de fabrica- bombardaient Londres. C’est le Tamaki entra dans le coma quel- « dépourvus de mots » pour se éléments majeurs de ce roman. deuxième acte, elle vient de termi- ques semaines plus tard. Incons- dire, n’ont de réalité que dans leur Mais rien n’est expliqué, aucun ner « vedrai piccolo amore ». Un ciente sur son lit d’hôpital, elle se cruauté et leur gratuité. Mais, ce personnage ne se repent. Précis, bruitage évoque le canon du port mit à chanter en français la premiè- que réussit Murakami Ryû, c’est tranchant, au-delà du bien et du qu’elle confond avec d’autres sal- re des Cinq mélodies de Charles Bau- de donner l’illusion que ces pro- mal, cet univers est notre quoti- ves. Le public s’affole et quitte la delaire (de Debussy), Le Balcon, qui phètes du néant peuvent connaî- dien. Murakami Ryû ne dénonce salle. Tamaki enchaîne : « Tutti commence par ces mots : tre le désir. rien et n’insiste pas sur l’aspect hanno mentito ! Tutti… tutti… » Elle « Mère des souvenirs, maîtresse Yûko, qui « ne savait pas ce trop clinique qui serait déjà une se retourne, mais son partenaire a des maîtresses qu’était la tristesse », est atteinte prise de position. Cet excès de neu- quitté la scène, les musiciens la fos- O toi, tous les plaisirs ! O toi tous d’un don qui lui permet de perce- tralité aboutit à un paradoxe, une se. Elle est seule au milieu du bruit mes devoirs ! » voir des images à la seule vibra- sorte de tendresse lointaine, quasi des déflagrations : « Madame Miu- Sur sa pierre tombale sont gra- tion des conduits électroniques. sidérale, comme si un dieu pris de ra, lui crie une voix, si vous ne sortez vés, en grosses lettres, Madame But- Elle exige des hommes qu’ils la remords se souvenait avoir mis au pas tout de suite vous allez vous faire terfly et, en dessous, plus petits, les détestent, « ne comprend pas ce monde des créatures sans mode tuer ! » idéogrammes de son nom. La canta- que peut bien vouloir dire aimer un d’emploi qui – pour se sentir enco- Enjolivée par une vieille dame trice s’est effacée derrière le person- être humain », mais éprouve re exister – n’ont de recours que écrivant ses Mémoires, l’anecdote nage de sa vie. d’étranges sensations telluriques dans l’abjection. est néanmoins révélatrice : pour Philippe Pons en écoutant Wagner ou en regar- Hugo Marsan littératures LE MONDE / VENDREDI 8 JUIN 2001 / III b L’acte de fidélité de Kenzaburô Oé Les quatre textes du Prix Nobel de littérature qui composent ce volume ont pour leitmotiv l’ambiguïté politique du Japon, tant de son rapport à l’Occident qu’au reste de l’Asie

Selon Kenzaburô Oé, le Japon dans l’Asie puissance économique, MOI, D’UN JAPON AMBIGU contemporain présente un « équili- mais dans l’Asie « de l’éternelle de Kenzaburô Oé bre bancal » entre « désir vital », misère et de la richesse chaotique Traduit du japonais dont témoigne son spectaculaire comme ensemble de métaphores par René de Ceccatty redressement après la défaite qui a encore vivantes et familières ». et Ryôji Nakamura, permis de satisfaire les demandes Selon Oé, le Japon où s’interpénè- Gallimard, 98 p., 85 F (12,95 ¤). matérielles de la population, et trent des influences culturelles « désir moral ». Un déséquilibre diverses (autochtone, asiatique, ivre dignement. Cette que dénonçait déjà au début du siè- occidentale) pourrait être le labora- aspiration, à la fois si cle passé l’écrivain Sôseki Natsu- toire de visions plus ouvertes du modeste et si haute, est mé. Oé reconnaît que, en dépit de monde. Idéalisme ? Peut-être. le garde-fou auquel le la résistance de certains intellec- Mais c’est une des qualités de l’in- Vromancier Kenzaburô Oé, lauréat tuels à l’orientation rétrograde du telligence de Oé de n’être « reve- du prix Nobel 1994, a adossé sa vie. Japon d’un point de vue éthique, nu » de presque rien. En témoigne Cette dignité, qu’il rapproche de ceux-ci ne sont pas parvenus à don- cette anecdote. Un jour, au cours l’humanisme français comme ner une direction. « Est-ce que les d’une conversation, nous nous expression de tolérance et de res- Japonais ne sont pas en train de per- étions permis de lui dire qu’il avait pect de l’autre, est l’un des thèmes dre la faculté de créer un modèle peut-être une vision un peu idéali- développés dans le discours qu’il actif d’eux-mêmes ? », s’interro- sée de la France, qu’il admire pro- prononça lors de la remise du prix ge-t-il. fondément. Il n’avait rien répondu. à Stockholm, Moi, d’un Japon ambi- Il voit une cause à ce recul : une Le lendemain, nous recevions ce gu, publié ici avec trois conféren- rupture dans le travail de la pensée message : « A propos de votre ces sur la culture japonaise et son qui s’est produite entre la généra- réflexion d’hier, je ne puis dire rapport à l’Occident, la littérature tion des intellectuels de l’après- qu’une chose : je suis heureux contemporaine et la place de l’écri- guerre et la suivante, qui s’immer- d’avoir encore un pays à idéaliser. » vain dans la société. gea, elle, dans ce qu’il nomme la Avec sa modestie habituelle, Oé On connaît en France le roman- « saison du savoir » (importation avait le dernier mot. cier Oé, auteur entre autres du Jeux dans les années 1970-1980 des gran- Philippe Pons du siècle ou Arrachez les bourgeons, des théories occidentales de l’épo- tirez sur les enfants (Gallimard). On que sans que les « passeurs » aient e Signalons les deux essais de Phi- connaissait moins l’homme, cherché à les appliquer à la réalité lippe Forest, Ôé Kenzaburô, légendes l’« arrière-monde » de son travail japonaise) ou sombra dans une lit- d’un romancier japonais, suivi d’un d’écriture, de ses cheminements térature « post-adolescente » (du entretien avec l’écrivain (éd. Plein YAN COLLSIÖÖ / PRESSENS BILD intellectuels et personnels. Ces tex- Kenzaburo Oé à Stockholm en 1994 style Banana Yoshimoto). Selon Feu, 14, place du Commerce, 44000 tes, écrits au cours des dix derniè- Oé, les écrivains contemporains Nantes, 250 p., 128 F [19,20 ¤]etLe res années, nous le rendent plus forêt », né dans un village du fin sorte d’« acte de foi » de Kawabata lement de l’archipel entre les diffé- n’ont pas saisi, ne fût-ce que sur le Roman, le je (sur l’autofiction et proche. fond de l’île de Shikoku, qu’il fut ; mais, sans nier l’influence de l’es- rentes influences. Il dresse un por- mode critique, ce qui était au cœur notamment Alain Robbe-Grillet, Oé est un homme fidèle. Fidèle du père d’un enfant handicapé thétique du zen (qui revient à une trait sévère et lucide de son pays : de la quête de leurs prédécesseurs : Philip Roth et Kenzaburô Ôé (éd. aux amitiés, fidèle aux idées, à cer- qu’il a accepté et aimé et dont la impossibilité d’atteindre à la vérité « La modernisation a assigné com- le réexamen douloureux du chemi- Plein Feu, 90 p., 55 F [8,30 ¤]). Dans taines valeurs auxquelles il croit et musique qu’il compose lui a fait par le langage) sur la sensibilité me orientation l’imitation de l’Occi- nement d’un pays non occidental le premier, l’auteur de L’Enfant éter- qu’il ne cesse de polir, d’affiner découvrir « une masse de tristesse japonaise, il montre que cette dent. Pourtant, le Japon se trouve en vers la modernité et son dérapage nel analyse successivement les sans jamais devenir péremptoire. assombrie que les mots avaient été approche n’est guère représentati- Asie et les Japonais ont préservé dans l’atroce de la guerre. romans principaux de Ôé, y compris Et c’est la figure d’un homme luci- incapables de sonder jusqu’alors » ; ve des préoccupations des écri- jalousement leur culture traditionnel- Oé s’est toujours voulu un écri- ceux qui n’ont pas été traduits en de et discret, plus volontiers en de l’écrivain qui puise dans le mou- vains de sa génération, celle qui le. Ce processus les a acculés à assu- vain de la « périphérie », dont l’uni- français, en soulignant l’influence retrait que sur le devant de la scè- vement des choses et les émotions avait vingt ans au moment de la mer le rôle d’envahisseur en Asie. vers romanesque repose sur les de l’humaniste japonais Kazuo ne, d’un homme d’une grande hon- de la vie le droit d’exercer sur le guerre du Vietnam, et des mouve- Parallèlement, la culture japonaise mythes et la tradition orale populai- Watanabé et celle de Sartre, auquel, nêteté intellectuelle dont la pensée monde l’emprise des mots ; de son ments sociaux que connut le Japon qui aurait dû rester entièrement re. Il entrevoit une issue au malaise désormais, le romancier prétend est aiguillonnée par les questionne- rapport, enfin, à ce pays « ambi- jusqu’au début des années 1970. ouverte à l’Occident a maintenu une de ce Japon situé aux côtés des préférer Camus. Dans son entre- ments plus que par les réponses, gu » qui est le sien. L’un des leitmotiv de ces quatre part d’ombre qui est restée entière- Etats qui se placent au centre du tien, Ôé reconnaît son pessimisme qui s’esquissent à travers ces Oé se démarque dans ce texte de textes est l’ambiguïté politique du ment incompréhensible ou du moins monde, ainsi qu’une chance de revi- invétéré et sa dette envers un philo- conférences. la vision « exotisante » de l’autre Japon, tant dans son rapport à l’Oc- rétive à toute compréhension des talisation de sa littérature : via un sophe au nom imprononçable pour Le discours prononcé à Stock- lauréat japonais du Nobel de litté- cident qu’au reste de l’Asie. Oé voit Occidentaux. Et pour finir, en Asie enracinement de l’archipel dans un Japonais : Kierkegaard… « Toute holm est un texte à la fois simple et rature, Yasunari Kawabata, qui inti- l’origine de cette ambiguïté – d’où même, le Japon s’est retrouvé isolé son héritage culturel « périphéri- la série de mes récits se trouve placée grave dans lequel Kenzaburô Oé tula sa conférence à Stockholm, sourd pour lui comme un « malai- non seulement politiquement, mais que » (par rapport à l’Occident) et sous le double signe de la répétition et parle de lui, de cet « enfant de la Moi, d’un beau Japon. Oé y voit une se » à être japonais – dans l’écartè- socialement et culturellement ». sa réinsertion en Asie – non pas de la différence. »

livraisons Trois classiques pour trois générations Morbide b L’HARMONIUM, de Yi Ch’ongjun Ecrivain très célèbre en Corée et abondamment traduit à l’étran- ger, Yi Ch’ongjun aborde dans ce bref récit un thème qui ne lui Hirano, Tsuji et Yoshimura : du pastiche brillant à la reconstitution troublante du fait divers, est pas familier, bien qu’il occupe, comme il est normal, une lar- ge place dans la littérature de son pays : celui de la guerre civile. trois écrivains s’inscrivent dans la tradition romanesque, avec des bonheurs inégaux comédie Avec sa maîtrise habituelle, l’auteur choisit ses personnages chez les humbles. Il joue sur la mémoire et sur l’exploitation de de traduire des sensations immédia- analyses psychologiques un peu la mémoire. Il explore la mésentente entre un père et son fils au L’ÉCLIPSE tes et des expériences d’autant plus laborieuses de Tsuji, les rapports LES EMBAUMEURS sujet des époques troublées, et donne une histoire symbolique, (Nisshoku) éphémères qu’elles paraissent violen- sommaires et l’évolution d’une situa- de Akiyuki Nosaka. séduisante et finalement optimiste. L’harmonium qui accompa- de Keiichirô Hirano. tes et provocantes. tion romanesque plutôt attendue Traduit du japonais gnait jadis les chants communistes sera détruit, et les chamanes Traduit du japonais Keiichirô Hirano situe son roman font de ce sujet, qui aurait été idéal par Jacques Lalloz, viendront bénir la réconciliation des âmes et des survivants par Jean Campignon, entre la France et l’Italie du XVe siè- pour une nouvelle inquiétante et Actes Sud, 206 p., 99 F (15,09 ¤). (Actes Sud, traduit du coréen par Kang Gobae en collaboration éd. Philippe Picquier, 170 p., cle. Ce n’est évidemment pas la pre- brillante de Stevenson ou de avec Son Mi-kyung, 180 p., 129 F [19,66¤]). J. Sn. 118 F (17,99 ¤). mière fois qu’un écrivain japonais Conrad, un thème malheureuse- kiyuki Nosaka a un faible sort de sa propre culture pour ment pesant, traité avec un embar- pour les filous à la petite b COCTEAU L’ÉGYPTIEN, de Ahmed Youssef LA LUMIÈRE DU DÉTROIT reconstituer le monde occidental. ras qu’accentue, en français, un style semaine, les ratés qui ten- Jean Cocteau s’est rendu deux fois en Egypte, en 1936 et en (Kaikyo no hikari) Endô, écrivain catholique, l’avait artificiel de raideur. tent d’échapper à la misè- 1949. Ces voyages sont peu connus. Ahmed Youssef a le grand de Hitonari Tsuji. fait. C’est, comme le souligne l’édi- On est à un tout autre niveau avec reA en se recyclant dans la pornogra- mérite d’avoir retrouvé pour nous documents, témoignages et Traduit du japonais teur, l’univers du Nom de la rose. Yoshimura. Ce vieux romancier, phie liée au sexe ou la mort. Dans photographies qui rendent compte avec précision de la fascina- par Corinne Atlan, Mais le roman d’Eco valait moins peut-être moins novateur formelle- Les Embaumeurs, il met en scène un tion de Cocteau pour l’Afrique. Il évoque ces périodes bénies Mercure de France, 144 p., pour son environnement culturel ment, mais aguerri par une expérien- trio de margoulins décidés à plu- où les visiteurs célèbres avaient accès aux délices et libertés 119 F (18, 14 ¤). que pour une intrigue policière dia- ce de narration qui le fait, par mer les familles des défunts en orga- d’une caste accueillante. Cocteau fut bien sûr très sensible à la boliquement ficelée. Ici, l’intrigue est endroits, rejoindre le grand Shôhei nisant des fêtes funéraires. L’un mythologie enracinée en Egypte et aux mystères de l’Egypte LIBERTÉ CONDITIONNELLE mince. Le narrateur, qui part en chas- Ooka, raconte donc, lui aussi, l’histoi- d’eux est un gosse de fossoyeur et, ancienne. Il fut aussi un spectateur averti de l’Egypte moderne. (Kari shakuho) se d’un manuscrit rare, rencontre un re d’un meurtrier qui veut recom- à ce titre, il a toute l’expérience Dommage que ce sujet passionnant soit altéré par un manque d’Akira Yoshimura. alchimiste qui sème la zizanie dans mencer à zéro. Condamné à perpé- requise. D’ailleurs y a-t-il métier de rigueur dans la structure du livre (éd. du Rocher, 192 p., Traduit du japonais un petit bourg. Maigre prétexte de tuité pour avoir tué sa femme infidè- plus confortable qu’entrepreneur 120 F [18,29¤]). H. Ma par Rose-Marie Makino-Fayolle, digressions sur diverses œuvres phi- le de huit coups de couteau, pour de pompes funèbres ? Jamais de Actes Sud, 300 p., losophiques de l’époque et sur une avoir tenté d’assassiner l’amant avec faillite, jamais de hold-up, jamais 139 F (21,19 ¤). vie religieuse minée par les supersti- lequel il l’a surprise et pour avoir pro- de récrimination contre les tarifs tions et les hérésies. On n’est pour- voqué un incendie dans lequel la exorbitants. Si, de surcroît, on s’as- es trois écrivains japonais tant pas en présence d’un roman his- mère de ce dernier est morte, Kikuta- socie à un médecin véreux, mais qui apparaissent, en ce prin- torique. On est plus proche de ce ni se voit offrir une liberté condition- doué pour embellir les maccha- temps, dans les librairies que, en Italie, Luigi Malerba avait nelle. Accablé de culpabilité, c’est un bées, alors à nous la belle vie ! françaises appartiennent à tenté dans certains de ses romans prisonnier modèle, qui suscite la Sur les tabous liés à la mort, sur troisL générations. Yoshimura, médiévaux, mais empruntés, eux, à sympathie de ses tuteurs, chargés de l’escroquerie des affairistes et gou- l’auteur de Naufrages par lequel les sa propre civilisation. Il y a chez Hira- sa réinsertion. On lui propose un rous qui en font leur miel, Nosaka a Français l’ont découvert il y a peu, no surtout une forme de décadentis- petit travail dans un centre d’élevage écrit un roman d’une drôlerie est septuagénaire, c’est-à-dire qu’il me érudit qui agrémente ses recons- de poulets. Peu à peu, le passé resur- vacharde, ne reculant devant aucu- est contemporain de Kôbô Abé et de titutions de remarques et d’analyses git en lui. Quinze ans de détention ne provocation. Dès son premier Mishima et qu’il est donc l’aîné du d’une profondeur troublante : l’an- ont arrêté le temps et le crime est, livre, Les Pornographes (1), il avait Nobel Oé. Tsuji, qui avait été couron- drogyne mystérieux qui est au cen- pour lui, très récent. La liberté, loin été salué par Mishima dont le né, il y a deux ans, pour son tre du livre, œuvre démoniaque de de l’affranchir de la pesanteur de la roman La Musique (2) est pour le Bouddha blanc, d’un Femina-étran- l’alchimiste, apparaît comme une faute, l’expose davantage. moins inattendu : une relation très ger, a une bonne cinquantaine : c’est résurgence de Huysmans ou de Lor- Il y a, çà et là, de très beaux passa- subtile s’y noue entre un psycha- la génération de l’immédiat après- rain, plus encore que de Mishima. ges, de temps suspendu : la redécou- nalyste freudien et une patiente guerre, celle des deux Murakami, Le deuxième roman de Tsuji est verte de la pluie, la description d’une frigide. Ryû et Haruki, celle aussi de la seule d’autant plus décevant qu’il paraît mouche (oui, comme chez Duras). Ce que Mishima appréciait chez véritable romancière japonaise d’en- en même temps que celui de Yoshi- Mais surtout la lourde fatalité qui Nosaka, c’était sa verve féroce et vergure, Yûko Tsushima. Enfin Hira- mura sur un sujet commun et avec conduira Kikutani à récidiver. Inspi- son goût pour les jouissances mor- no, apparu comme un jeune prodige moins de bonheur que son aîné : la ré, semble-t-il, d’un fait divers, bides comme cette adaptation cor- avec un pastiche assez saugrenu de réinsertion sociale d’un criminel. comme certains romans français sée de La Petite Marchande d’allu- traduction japonaise d’un vieux tex- L’action a lieu dans le Nord du récents, ce récit pénètre, avec natu- mettes d’Andersen : la fillette enlai- te français, n’a pas vingt-cinq ans : Japon, dans un décor assez pittores- rel et profondeur, dans la pensée die et déchue propose aux passants son Eclipse est un tour de force, non que. Le narrateur est un gardien qui opaque d’un criminel, dans la violen- d’éclairer son sexe avec une allumet- seulement par son style, étonnam- a en charge les prisonniers choisis ce du passage à l’acte, dans cette te avant de s’immoler par les flam- ment rendu par son traducteur, Jean pour partir en mer s’initier à la navi- zone trouble où toute inhibition est mes. Campignon, mais par sa culture. Ce gation. Il se retrouve en présence levée, où ne restent plus que la hai- Roland Jaccard sont, en tout cas, trois écrivains clas- d’un ancien condisciple qui ne le ne, l’incapacité de vivre les contrain- siques, éloignés de la littérature reconnaît pas et qui, de victime, tes et les contradictions du réel. (1) Ed. Philippe Picquier. actuellement dominante, soucieuse devient son obsédant bourreau. Les R. de C. (2) Gallimard. IV / LE MONDE / VENDREDI 8 JUIN 2001 littératures b Angelica Garnett, ou le difficile héritage de Bloomsbury C’est au sein de ce groupe légendaire d’artistes anglais que la fille de et du peintre grandit. Aujourd’hui retirée en Provence, celle qui fut aussi la nièce de Virginia Woolf raconte comment elle eut à se défaire de cette trop forte influence

Pas facile d’être « une enfant de Avant de prendre congé, Mrs LES DEUX CŒURS Bloomsbury ». Dans un précé- « J’ai le sentiment Garnett dévoile quelques-uns de DE BLOOMSBURY dent livre, Trompeuse gentillesse ses trésors : deux coupes sur lino- (The Eternal Moment) (2), Angelica Garnett avait déjà d’une existence léum de Duncan Grant, de part d’Angelica Garnett. décrit ce pesant héritage. Evo- et d’autre du piano, une étude Traduit de l’anglais quant ce groupe de légende qui, à rebours. de Vanessa Bell « pour le grand par Michèle Hechter, au début du siècle, réunit la fine portrait de Lady Strachey à la éd. Le Promeneur, 120 p., fleur de l’intelligentsia britanni- Je suis beaucoup Tate Gallery », une couverture à 98 F (14,93¤). que – de Virginia et Leonard l’aquarelle, de la même Vanessa, Woolf à l’économiste John May- plus heureuse pour Les Vagues… Son travail à Forcalquier, on l’appel- nard Keynes en passant par les elle ? Elle esquive la question : le « l’Anglaise ». Pour la peintres Vanessa Bell et Duncan et plus jeune « La peinture, c’est soi. Parler de trouver, il faut gravir Grant ou par des écrivains tels soi est difficile. » D’autant que, des rues aux noms que Roger Fry ou – que lorsque fille d’une femme « extrêmement Afanés — rue Mercière, rue Violet- elle avait choqué ses concitoyens douée », elle reconnaît avoir, te –, continuer vers la citadelle, en montrant « qu’après tout une j’avais vingt ans » pendant des années, cherché à marcher en direction d’une cha- fille de Bloomsbury avait pu n’être être « comme elle ». Aujourd’hui, pelle romane à demi enfouie sous pas complètement heureuse, et Bloomsbury, elle salue « l’immense c’en est fini, assure-t-elle. « J’ai les coquelicots et les orties, jus- même déçue ». exploit psychologique » qui consis- le sentiment d’une existence à qu’à ce que surgisse enfin une mai- Dans cette société extraordinai- tait, pour ces écrivains, ces intellec- rebours. Je suis beaucoup plus heu- son basse contemplant tranquille- rement libre et artiste, tout avait tuels et ces artistes, à « vivre ensem- reuse et plus jeune que lorsque ment la chaîne du Lubéron. Une pourtant commencé pour elle ble dans l’harmonie » tout en « con- j’avais vingt ans. » maison qui sent la peinture et l’es- comme dans un conte de fées. Né tinuant à exprimer leurs fantas- Pourtant, lorsqu’on repasse sence de térébenthine. Il y a des le jour de Noël 1918, ce petit ange mes » – ce qui traduisait à leurs dans l’atelier de cette enfant de couleurs, des craies partout, des voit se pencher sur son berceau yeux une conception haute et civi- parents trop doués, trop libres, huiles fines de chez Sennelier, des David Garnett, de vingt-cinq ans lisée de l’amour. Cela ne l’empê- trop égoïstes sans doute, on est fusains épars, des pots de vernis son aîné, qui se promet de l’épou- che pas d’avoir des mots très durs soudain frappé d’une chose : « bistrot » et de fixatif, des pin- ser. « Sa beauté est ce qu’elle a de pour Vanessa Bell, dont on a beau- l’omniprésence de l’ovale. L’ova- ceaux en bataille sur un exem- plus remarquable, écrit-il à Lytton coup décrit la grâce et le magnétis- le immortalisé par Gisèle BRYAN ADAMS plaire du TLS… « Excusez-moi, je Strachey, une autre figure de me, et qu’elle montre plutôt com- Freund, ou celui, punaisé en car- dois emballer ce dessin. C’est pour Bloomsbury. Quand elle aura me changée en renard (1922), qui rien. Ainsi, sur le plan affectif, cha- me une « autocrate » possessive, te postale, de Baptiste, le pierrot une exposition que je fais à Lon- vingt ans, j’en aurai quarante-six, montre toute la finesse de son cun doit-il pouvoir donner libre quoi que peu sûre d’elle, régnant triste joué par Jean-Louis Bar- dres. » Elle lève les yeux vers sera-ce scandaleux ? » Scanda- talent. « Il était distingué, chaleu- cours à ses aspirations, « quitte à jalousement sur son « univers rault dans Les Enfants du Para- vous, deux grands yeux bleus très leux, non, plutôt « surprenant et reux, reconnaît Angelica. Simple- multiplier les amours parallèles », miniature ». Beaucoup d’autres dis. « Oui, explique Angelica Gar- pâles : c’est alors qu’on la recon- romantique », juge aujourd’hui ment, il aurait été mieux en ami tant il est évident pour tous portraits émaillent ces pages : nett, c’est une forme facile à fai- naît… « l’Anglaise ». Angelica. « C’était un peu l’histoire qu’en mari. » qu’« aimer un seul être à la fois est celui de Virginia, bien sûr, « gran- re, comme un œuf. » Elle confes- Ce que l’on voit à cet instant, de la Belle au bois dormant. Je me Influençable et sensible, Angeli- une règle édictée par la seule socié- de taquineuse », « impudente flat- se : « C’est aussi l’héritage, la for- c’est cette fameuse photo de Virgi- suis réveillée, et il était là… » ca mettra « toute une vie à devenir té » (3). teuse », intimidée pourtant par les me du visage de ma mère, de ma nia Woolf par Gisèle Freund : la Mais le conte vire au drame anti- [elle]-même ». Petite fille, à Char- Sans doute la petite Angelica vendeuses lors des après-midi de tante, de ma grand-mère. » Puis, transparence, la mélancolie du que. A dix-sept ans, Angelica leston, elle est le centre du monde n’a-t-elle pas conscience, alors, de courses à Londres, ou celui de baissant ses beaux yeux bleus, regard, l’ovale si bien dessiné du découvre que son père n’est pas – « ce n’est pas pour rien qu’on m’a la complexité des liens qui se tis- Duncan Grant, qui « n’était pas comme une petite fille prise en visage. Fille de l’artiste Vanessa , le mari de sa mère, appelée Angelica, comme la prin- sent autour d’elle : Vanessa, insensible au charme féminin, pour- faute : « C’est vrai. Cela me fasci- Bell, l’aînée de la famille Stephen, mais Duncan Grant, qui vit avec cesse dans La Rose et l’anneau de mariée à Clive Bell aimé de Virgi- vu que sa propriétaire ne lui deman- ne… Je ne peux pas m’en et du peintre Duncan Grant, Ange- eux à Charleston, et qui, « homo- Thackeray ». Vanessa dessine nia, elle-même mariée à Leonard dât pas d’être un adulte – ce que détacher. » lica Garnett est la nièce de Virgi- sexuel avéré », est aussi l’amant de autour d’elle un cercle magique, et qui aime Vita Sackville-West, Vanessa ne fit jamais ». Mais le Florence Noiville nia Woolf. A 82 ans, elle vit en Pro- l’homme qu’elle épouse. «Jeme Keynes lui offre des sels de bain, laquelle, épouse de Lord Nichol- plus touchant est sans doute le vence depuis 1984 : « Je connais- suis débattue comme j’ai pu quand Roger Fry des bijoux. L’enfant est son, est amoureuse de Violet Tre- tableau croisé des deux sœurs, ou (1) La maison des Bell dans le , sais bien la France, j’avais déjà eu j’ai compris », dit-elle. Au début subjuguée par ces grandes person- fusis… Aujourd’hui, elle en veut deux « cœurs », de Bloomsbury, la entièrement peinte par Vanessa Bell et une maison dans le Lot et j’avais de cette liaison, Virginia avait con- nes qui ont « le talent de rendre la toujours à sa mère de l’avoir éle- parfaite connivence, l’amour et la Duncan Grant, est désormais ouverte toujours voulu y vivre. Je voulais damné dans son Journal cet « évé- vie extraordinairement excitante ». vée comme une enfant gâtée et rivalité qui les liaient, les délicieux au public. aussi me séparer de Charleston (1) nement familial fâcheux », traitant Leurs dons, leur intelligence irra- surtout de lui avoir menti sur ses moments de ce qu’elles appelaient (2) Ed. Christian Bourgois, 1986. qui me prenait trop et m’empêchait David Garnett de « vieux chien dient. Ouvert à toutes les libertés, origines (« ça allait contre toutes leurs « bons petits papotages » et la (3) Voir la biographie de Lytton Stra- de peindre. Je voulais échapper à indolent et d’esprit primaire ». Bloomsbury veut aussi combattre les idées de Bloomsbury, c’était aber- certitude de chacune que, « ce qui chey, de Michael Holroyd (Flamma- ça, échapper à tout, aux Anglais C’était exagéré. Garnett avait déjà la « dictature » la plus pernicieuse rant »). Mais sa rancœur s’est lui manquait, elle ne le trouverait rion, 1995) et « Le Monde des livres » aussi. » publié son chef-d’œuvre, La Fem- de l’époque, le puritanisme victo- adoucie. Dans Les Deux cœurs de que chez l’autre ». du 14 juillet 1995.

ROMANS POLICIERS particulièrement sanglantes sont aspirés dans un mixage permanent qui donne à cette cacophonie en bleu un tempo particulièrement étonnant. b par Gérard Meudal b PORTES D’ITALIE, présenté par Serge Quadruppani. Intimes divisions Du jaune, du noir, cette anthologie en fait voir de toutes les couleurs. Dix- huit auteurs italiens contemporains sont ici présentés à travers des textes qui vont de l’intrigue policière classique à la nouvelle quasi fantastique ou au Le jeune romancier irlandais Joseph O’Connor livre Cacophonie bolognaise récit trash. On y trouve évidemment les auteurs déjà connus et appréciés en France comme Andrea Camilleri (dont la nouvelle balade pour Fofo la Mati- un portrait rude et mélancolique de ses concitoyens na constitue la matrice de La Saison de la chasse), Laura Grimaldi, ancienne ALMOST BLUE directrice de la collection Gialli, Nino Filasto, Marcello Fois et Carlo Lucarel- prospère et charmant chirurgien Carlo Lucarelli li. Celui-ci évoque l’histoire d’un vieux criminel nazi qui vient, sur le tard, se INISHOWEN esthétique, dont le passe-temps Traduit de l’italien par Arlette Lauterbach, rendre à la justice et obtient le pire châtiment qu’il pouvait redouter : d’être de Joseph O’Connor. consiste à tromper sa femme avec Gallimard, « La Noire », 210 p., 115 F (17,53 ¤). laissé en liberté à l’abri de toute poursuite. Mais c’est aussi l’occasion de Traduit de l’anglais (Irlande) des jeunesses. Celui-ci se retrouve découvrir de jeunes romanciers inconnus en France comme Michele Serio, par Pierrick Masquart donc face à ses deux enfants, noir, E blanc, I rouge… » On sait depuis Rimbaud que les voyel- Francesco Salina ou Giacomo Cacciatore. Un entretien-préface avec Valerio et Gérard Meudal, adolescents plus ou moins dépri- les ont des couleurs. Chez Carlo Lucarelli ce sont les voix elles- Evangelisti donne des éclairages non seulement sur l’évolution du genre Phébus, 520 p., 149 F (22,71¤). més, et au bilan de sa vie senti- mêmes, leur timbre, leurs vibrations qui éveillent des sensa- mais sur les mutations actuelles de la société italienne (traduit de l’italien par mentale, lui aussi en berne. Le troi- tions colorées. Du moins pour Simon, un jeune aveugle qui pas- Sonia Fanuele et Catherine Siné, « Fleuve noir », 380 p., 99 F [15,09 ¤]). a douceur chuchotée de sième lascar, Aitken, est un flic Ase sa vie au milieu d’une installation sophistiquée à capter tous les bruits b CHIEN MÉCHANT, d’Akif Pirinçci son titre trône comme un alcoolique et dépressif qui a perdu de la ville de Bologne, bribes de conversations surprises sur des télépho- Les deux communautés s’entendent comme chiens et chats et il suffirait leurre en couverture du un fils en bas âge, puis s’est fait nes portables, sur la CB des routiers ou la fréquence de la police. Sans d’une étincelle pour qu’éclate entre elles une véritable bataille rangée. Et voi- dernier roman de Joseph plaquer par sa femme, avant de se jamais sortir de sa chambre, Simon est peut-être le personnage le mieux là justement qu’un serial killer semble vouloir mettre le feu aux poudres et LO’Connor. Car si ce nom bizarre, trouver en butte aux reproches de informé de toute la ville, le seul capable d’identifier la voix détestable de que des victimes sont découvertes portant de mystérieuses morsures à la gor- Inishowen, cache quelque chose, ce sa hiérarchie. l’iguane, un tueur en série qui sème la panique sur le campus de l’universi- ge. Belle occasion pour Francis de prouver ses qualités de détective, et pour- ne sont certainement pas des pro- A partir de ces personnages et té, et la voix bleue de Grazia, une jeune inspectrice aux intonations envoû- tant il se serait bien passé, l’animal, de devoir, pour des raisons diplomati- messes de quiétude et d’aménité, des tableaux affectifs nouveaux qui tantes. Carlo Lucarelli prend trois figures classiques du roman policier et ques, collaborer avec Hektor, un policier à la retraite. C’est-à-dire un chien pas plus que des observations genti- naissent de leur rencontre – en les pousse jusqu’à la limite de la vraisemblance. L’inspectrice, mal dans sa policier. Les chats policiers, on sait bien que ça n’existe pas. Question de ment pittoresques sur l’Irlande et la particulier la relation amoureuse peau, a bien de la peine à trouver sa place dans un milieu masculin, vague- caractère et d’indépendance. Encore un motif de dissension entre les deux verdeur de ses paysages. La couleur très réussie entre Ellen et Aitken –, ment paternaliste dans le meilleur des cas, le guetteur vit en autiste dans races ! locale, au sens « touristique » du Joseph O’Connor a mis en place un univers exclusivement sonore, et le tueur défie la logique en changeant Akif Pirinçci, né à Istanbul en 1959 et qui vit en Allemagne depuis l’âge de terme, n’est visiblement pas l’affai- une géographie sentimentale qui d’identité aussi facilement que de proie, pour mieux brouiller la frontière neuf ans, et écrit en allemand, poursuit sa série Félidés, qui transpose le polar re de ce jeune romancier, l’un des pourrait refléter la situation politi- entre coupable et victime. Lui aussi vit dans une sorte d’hallucination audi- dans le monde des chats (et accessoirement de leur ennemi héréditaire : les plus intéressants d’Irlande. Lequel que irlandaise. Ellen et Aitken, le tive permanente qui apparaît d’emblée comme un négatif du montage chiens) mettant en scène une ravissante minette angora (c’est-à-dire originai- pays, ses divisions, ses violences policier dublinois, passent en sonore dans lequel évolue l’aveugle. Le schéma peut sembler un peu cari- re d’Ankara) et l’inénarrable Félix. Toujours aussi rusé et matois, le brave mortifères et son incroyable pro- Irlande du Nord pour gagner Ini- catural, et il n’est pas très surprenant que Grazia se débarrasse de son sou- Félix a tout de même pris un coup de vieux depuis qu’un chaton des envi- pension à noyer ses chagrins dans showen, là où est enterré le fils per- pirant et collègue pour tomber dans les bras de l’aveugle clairvoyant. rons est venu lui faire un procès en reconnaissance de paternité. C’est la musique et dans la bière, occupe du et où vit la mère cachée. Tous Mais si les ressorts habituels du roman de procédure fonctionnent, ils d’ailleurs la dernière apparition de Félix, selon les dires de l’auteur, qui affir- cependant une place de choix dans deux déchirés, comme l’est aussi sont tendus à bloc au point de donner constamment l’impression de l’ex- me avoir écrit les quatre-vingts dernières pages de son roman avec un œil en l’imaginaire de l’écrivain. Amery de son côté, les voilà plosion imminente du récit lui-même. Le plus frappant reste cet étrange permanence sur les informations télévisées rapportant la guerre du Kosovo. Une fois encore, l’auteur de Des- confrontés au fait que les individus cocktail sonore constitué de sonneries de cloches à l’intérieur d’un crâne, Inutile donc de préciser que toute ressemblance entre cette histoire de perados (Phébus) et de A l’Irlandai- sont à l’image des deux parties de de toutes ces vies en petits morceaux grésillant en désordre à travers des chiens et de chats et des événements aussi violents et stupides mettant en se (Robert Laffont, 1999 et 10/18), l’Irlande, à la fois soudées et en micros ou des écouteurs, le tout sur des accords de Chet Baker, Miles cause des humains est tout à fait volontaire et ne doit rien au hasard (traduit livre un portrait rude et mélancoli- guerre : « jamais réunifiés »,en Davies ou Coleman Hawkins. Carlo Lucarelli, qui a animé sur la RAI deux de l’allemand par Daniel Argelès, Belfond, 256 p., 119 F [18,14 ¤]). que de ses concitoyens. Et, bien que quelque sorte, et jamais tout à fait émissions célèbres consacrées au travail de la police, « Mistero in blu » et b LE POLAR, guide Totem, sous la direction de Jacques Baudou et de ce cinquième roman ne soit pas aus- pacifiés. « Blu Notte », se livre à un savant travail de montage. Les éléments docu- Jean-Jacques Schleret si réussi que les précédents, Joseph Le personnage d’Ellen, surtout, mentaires, les investigations logiques, les délires les plus fous, les scènes Peut-on encore parler de mauvais genre à propos du roman policier ? O’Connor y fait toujours preuve de miné par le mystère de ses origines, Non seulement il a conquis depuis belle lurette ses lettres de noblesse mais il son habituelle vitalité narrative, de est très profondément ancré dans a envahi et influencé tellement de territoires et subi tant de métamorphoses ce talent à mener des dialogues tam- cette certitude. Cette femme, beau- que parfois, franchement, il est difficile de s’y retrouver. Le premier mérite bour battant, de cette aptitude à coup moins narratrice que les deux de ce guide est de faire le point sur les différents avatars du polar d’aujour- décrire des situations insupporta- hommes qui l’entourent, tient le d’hui aussi bien au cinéma, à la télévision, à la radio, au théâtre que dans le blement tendues qu’il a mis en rôle le plus crédible du roman. Car roman sans négliger pour autant les rappels historiques indispensables (on y œuvre depuis ses débuts. les deux figures masculines pèchent trouve même la liste complète des lauréats du Grand Prix de littérature poli- Son idée, dans Inishowen, consis- souvent par leur aspect caricatural, LITTERAIRES cière depuis l’origine). La multiplicité des entrées, la masse d’informations te à croiser les chemins de trois per- en particulier dans la première par- fournies en font bien plus qu’un simple outil d’initiation à l’usage des novi- sonnages très éloignés les uns des tie du livre. Les états d’âme d’Ame- ces. Le dictionnaire des auteurs ne peut évidemment être exhaustif, mais au autres – recette romanesque archi- ry, notamment, censé figurer l’Amé- lieu d’offrir une sorte de catalogue un peu convenu comme il en existe tant, classique. D’abord Ellen, Américai- ricain type, frôlent la grosse farce et Sartre il affirme clairement ses choix. Avec les limites du genre. Accorder une large ne d’origine irlandaise, qui décide les péripéties de son voyage en place à Patricia Cornwell par exemple est parfaitement légitime, tout com- de se rendre dans le pays de sa nais- Irlande aussi. L’ensemble forme un b me il est normal d’affirmer que son œuvre est en plein déclin et qu’un de ses sance pour tenter de rencontrer sa roman disparate, un peu déséquili- romans récents, Cadavre X, est « un total ratage, bourré d’invraisemblances et vraie mère, qu’elle n’a jamais con- bré, auquel ses défauts n’ôtent de séquences ridicules ». Appeler un chat un chat c’est faire preuve non seule- nue. Atteinte d’un cancer du pan- cependant pas tout charme, grâce à L’héroïsme ment de lucidité mais de cette passion communicative que partagent tous créas en phase terminale, Ellen lais- la virtuosité de Joseph O’Connor. les amateurs de polars (Larousse, 360 p., 200 ill., 149 F [22,71 ¤]). se derrière elle son mari, Amery, un Raphaëlle Rérolle littératures LE MONDE / VENDREDI 8 JUIN 2001 / V b L’arbre et la dentelle La vie parallèle Si Florence Delaporte ressuscite l’enfant qu’elle fut sous les traits d’une émouvante petite fille privée d’affection, Le roman posthume de Daniel Zimmermann est Annie Cohen veut comprendre ce qui reste d’elle-même, après un accident cérébral qui aurait pu lui coûter la vie un hommage heureux à la littérature et aux femmes

Un rêve de dentelles. Les dentel- Cohen redessine le paysage de sa lors, elle se sent « moins que rien, ses espérances et modelé son des- LA DURE-MÈRE les de la mère répondent à celles vie, de ses livres, de ses amis, pour une erreur, toute de travers, mauvai- L’ULTIME MAÎTRESSE tin. De l’institutrice du cours prépa- d’Annie Cohen. qui vont être tissées par le décou- revenir à elle-même et faire enten- se, envahissante, décalée, inadap- de Daniel Zimmermann. ratoire qui admira son premier Gallimard, « Haute Enfance », page du crâne de la fille. Les tissus dre la voix d’un écrivain poétique, tée ». Jusqu’au moment où elle Le Cherche Midi, 190 p., chef-d’œuvre écrit sur une ardoise 144 p., 82 F (12,50 ¤). de la mère deviennent symbolique- intense, rigoureux. Une renaissan- rencontre Hélène. A deux, elles se 89 F (13,56 ¤). à sa dernière compagne, écrivain ment tout le dépôt d’une mémoire ce, les premiers pas de l’enfance. donnent du courage. Mais la soli- « avec » lui, il évoque, en quatorze LE POISSON DANS L’ARBRE inaliénable. L’accumulation des Florence Delaporte, elle, part au tude n’en est pas pour autant bri- aniel Zimmermann est chapitres incantatoires, sa vie de Florence Delaporte. étoffes est une image de l’éternité, combat d’une autre manière. La sée. La mauvaise élève qu’on ne mort le 5 décembre amoureuse et littéraire. Il s’adresse Gallimard, « Haute Enfance » nous dit Annie Cohen : « Jamais famille où sa Valentine voit le jour cesse de chasser des collèges et de 2000 (Le Monde du à chacune d’elles. Le bonheur à se 190 p., 90 F (13,72 ¤). elle n’avait jeté le moindre mou- est exilée, démunie, déclassée. La mettre à la porte de sa classe 8 décembre 2000). L’Ul- remémorer les visages de ce passé choir, le plus petit objet, et tout ce fillette est trimbalée de foyer en devient une impénitente rêveuse, timeD Maîtresse a été écrit alors qu’il intime (admirables portraits de cel- eux voix féminines, dou- qui franchissait le seuil de la mai- foyer : voisins, grands-parents, une amoureuse. De quel reflet ? devinait que la maladie prenait le qu’il nomme « La Belle Boiteu- loureuses et vaillantes, son était adopté pour l’éternité, son famille collatérale, institutions. Elle l’ignore. Elle aime bien que les définitivement ses quartiers d’hi- se » et de la mère d’un ami dont il réunies dans une collec- éternité… » Il s’agit, maintenant, Elle refuse les apprentissages, par- garçons la remarquent, mais elle ver dans son corps fatigué. L’urgen- se veut – à treize ans – le mari) tion tournée désormais précisément, de reconstruire la ce qu’on lui a interdit l’amour. accepte moins bien leur désir. Ce ce décide de l’essentiel, pour l’écri- enveloppe de douceur et de lumiè- moinsD vers l’enfance que vers le maison de la mère, la maison intè- Son père chômeur est agressif, sa que le frère d’Agnès n’offre pas à vain Zimmermann, un devoir de re une existence de travail que la souci de vérité. « Rien ne commen- gre de la pensée. Peu à peu, Annie mère dépressive est fuyante : dès Valentine, Agnès elle-même, peut- mémoire qui s’adresse à ses pro- lucidité aurait pu cerner de ce ni ne finit jamais, c’est pourquoi être, le lui fait entrevoir. ches et aux lecteurs qu’il honorait cruauté. l’enfance n’a pas d’histoire », écrit C’est, en revanche, dans la des- d’un profond respect. L’Ultime Maîtresse c’est, de l’éco- Florence Delaporte. Une phrase cription plus audacieuse de son Les récits autobiographiques le communale à l’université où qui, en quelque sorte, justifie, dans propre désir des corps adolescents sont nombreux dans l’œuvre de l’instituteur devient professeur des une collection habituellement réser- abandonnés et ravis que Florence Daniel Zimmermann, mais les cir- sciences de l’éducation, l’itinéraire vée aux souvenirs d’enfance, la Delaporte étonnera le lecteur. Les constances qui entourent ce texte d’un homme qui rêvait d’être écri- publication de l’autre livre, celui garçons qui tentent de la posséder posthume expliquent sans doute vain, la superbe revanche d’un d’Annie Cohen, qui est loin de cette se rendent compte rapidement l’infinie tendresse qui se dégage de enfant que la fatalité sociale période, aussi loin que puisse être que leur partenaire appartient à ces souvenirs, hommage à la litté- vouait à l’anonymat des humbles. toutefois un adulte en détresse. une catégorie spéciale. Une sorte rature et aux femmes désirées et Le récit ainsi livré n’escamote pas Si Florence Delaporte cherche et d’Ondine, qui ne respire pas tout à aimées. De son enfance à sa mort, les déboires, les désillusions, les parvient à ressusciter l’enfant qu’el- fait entre les bras d’un homme et sa double passion combla la béan- amertumes et les colères d’un arti- le fut sous les traits de l’émouvante qui lui échappe dès qu’elle sent ce laissée par un père inconnu et san des lettres révolté. Ses deux Valentine, petite fille privée d’affec- naître le désir de l’autre. « Valenti- l’aida à surmonter les obstacles ouvrages majeurs : 80 Exercices en tion, solitaire malgré sa famille ne est plongée dans ses sens, elle que dressent des origines prolétai- zone interdite (1), témoignage d’un nombreuse, Annie Cohen veut com- nage comme un poisson dans l’ar- res lorsqu’on veut accéder à la tout jeune appelé pendant la prendre ce qui reste d’elle-même, bre de l’homme déployé sous elle. » culture et aux diplômes. Ce livre guerre d’Algérie, et L’Anus du de sa perception du monde, après Avec son écriture métaphori- n’est pas pour autant un testa- monde (2), fiction viscérale dictée un accident vasculaire cérébral qui que, qui conserve encore de l’en- ment d’écrivain. S’il clame délibéré- par l’histoire de sa famille mater- aurait pu lui coûter la vie ou la paro- fance un mélange d’opacité et de ment ses goûts littéraires, Daniel nelle polonaise éliminée par les le ou, bien sûr, la capacité d’écrire. violence immédiate, l’auteur tra- Zimmermann n’impose aucune nazis, furent d’abord mal compris La « dure-mère » : le mot est trop duit, de façon juste et douce, son philosophie, ne donne aucun par certains. On ne vit que provoca- beau, il n’est pourtant pas inventé. besoin de transparence : « Valenti- conseil, ne dresse pas de bilan. Il se tion là où il tentait de décrire une Il désigne « une membrane fibreuse, ne se jette dans la transparence met à nu sans arrogance. réalité sordide : « Je ne pouvais plus la plus résistante et la plus externe comme dans l’eau froide, aucun L’émotion est grande lorsqu’il prolonger l’échéance retardée des trois méninges ». Une interven- des coups reçus ne lui apprend quel- fait revivre à fleur de peau et durant un demi-siècle, je devais tion chirurgicale a été rendue néces- que chose, elle ne voit pas de demi- d’âme son enfance pauvre, son affronter l’indicible et tenter de met- saire par l’apparition d’un dange- mesure entre l’hypocrisie des filles désir de séduire (d’être choisi), ses tre en mots l’innommable. » La pas- reux hématome. La solitude à l’hô- qui lui fait horreur et la simple et ambitions d’adolescent et ses sion de l’écriture, la « tant aimée pital, la perte des repères quoti- drue vérité tout entière. » Derrière combats d’adulte… Evocations tyrannique », réconcilia Daniel diens, l’invalidité provisoire ne sont le refus têtu d’une enfant mal d’autant plus poignantes que le fils Zimmermann avec la vie et un pas- pas nécessairement propices à la aimée, se cache une belle vision de communiste, lui-même long- sé difficile. réflexion. Aussi est-ce une lutte cou- des rapports humains, presque temps inscrit au Parti, croit pou- H. Mn rageuse pour se retrouver qui est à pure dans son intransigeance, voir réussir sans jamais se renier. Il l’œuvre dans ce livre très libre de dans son désir abstrait de jouir, raconte une existence quotidienne- (1) Réédité sous le titre : Nouvelles de la rythme et de ton. Et la mère, inévi- sans contact, sans heurt, sans ment consacrée à l’écriture et res- zone interdite (Actes Sud Babel, 1996). tablement apparaît : la mère avec dépouillement. suscite les « maîtresses » imaginai- (2) Le Cherche Midi, 1997, « Folio », ses dentelles. René de Ceccatty res puis réelles qui ont encouragé 1999. QUENTIN BERTOUX Confidences « Il n’est rien d’autre au monde que le jeu » Du Risorgimento aux années de plomb, Vincent Engel noue sur un siècle et demi, en un huis clos tragique, pour une amitié les destins de quatre lignées d’un petit bourg toscan. Une fresque à trois temps qui célèbre le pouvoir du mensonge romanesque Face à la villa Bosca, cœur d’un les dés ne roulent plus. « Les mal- machine narrative dans Venise, jeu peut sembler cruel, mais UNE CHANCE INFINIE RETOUR À MONTECHIARRO domaine patriarcal que le comte heurs du monde viennent de ce que « ville d’hallucinés » dont la vie Tristan avait prévenu : « Il faut d’Anne Carrière. de Vincent Engel. Bonifacio administre avec une les hommes n’aiment pas que les par les canaux s’échappe de ses savoir se jouer du monde, parce La Table Ronde, 140 p., Fayard, 768 p., 149 F (22,71 ¤). sagesse et une conscience excep- symboles circulent trop libre- veines comme la sève qui irrigue qu’il n’est rien d’autre au monde 79 F (12,04 ¤). tionnelles pour sa caste, le bourg ment », précise Asmodée, ange les fibres anémiées de l’arbre que le jeu. » out serait parti d’une s’éveille à l’ère moderne où le rêve ou diable tutélaire qui lance la généalogique des Della Rocca. Le Philippe-Jean Catinchi l était une fois… Les quatre mélodie légère, quelques industriel se focalise sur le chemin mots magiques s’imposent notes de guitare apparem- de fer. Il sera plus facile de lutter pour cette autobiographie ment allègres comme pour la salubrité du logement des qui n’a d’autres défauts que Tl’écho d’un monde insouciant aux moins favorisés ou l’instruction saI brièveté, et où dans la vie intime accents méditerranéens. Entracte des plus démunis, voire pour la comme dans la vie professionnelle, instrumental de l’album The Soul résurrection d’un prestige séculai- le hasard enchaîne les événe- Cages, « Saint Agnes and the Bur- re étouffé par l’inertie du lieu, que ments. Il faut qu’il s’en mêle pour ning Train » a l’évidence radieuse d’y faire circuler le premier train. qu’une jeune fille trouve son mari que Sting sait préserver comme Comme si le « progrès » refusait au sud du Sahara, où elle est venue une alternative à trop de gravité. de passer par Montechiarro, con- vendre des encyclopédies – « mes C’est de cette matrice minuscule damnée à n’accueillir que son années hippies », dit-elle ; et il a que serait né l’énorme roman de versant noir, cette violence sans aussi sa part dans ses différents Vincent Engel, si l’on en croit la pardon ni rémission dont les métiers, dont le dernier est la créa- révérence à cet « atome musical » hommes se font les infatigables tion d’une maison qui, à la suite qui ouvre les remerciements de propagateurs. Adriano Lungo, d’un concours de coïncidences, l’auteur. La fresque ravira les ama- orphelin recueilli à la villa, tentera publie cet Alchimiste qui vaut à teurs de sagas familiales autant bien de transformer le village, pre- l’auteur des louanges, puis, le que les zélateurs de romans histo- mier instituteur laïque de l’endroit, succès venant, des critiques sou- riques. Pourtant, si les vicissitudes avant que son fils Ulisse n’y ouvre vent insanes, parfois par ceux-là qui affectent inévitablement, sur une librairie. Umberto Coniglio mêmes qui avaient d’abord été des cinq générations, quatre lignées incarne cette petite bourgeoisie laudateurs. d’un petit bourg toscan l’inscrivent soucieuse de voir le mérite triom- La critique a en général d’autres bien dans le premier des deux pher de la naissance et de l’intri- arguments que « clown tiroir-cais- genres, Retour à Montechiarro ne gue. Il aura beau arracher le bourg se » ou « fils de pute» pour dire relève pas à proprement parler du à sa léthargie, ses descendants rui- qu’elle n’apprécie pas un écrivain. second. La précision maniaque du neront l’utopie capable de fédérer Toutefois, ces lamentables formu- contexte s’efface devant une per- les contraires. Aux rêveurs, succè- les n’auront pas été inutiles. Si ception plus diffuse de l’esprit de dent les prédateurs. Mâles, puis- sans Paulo Coelho les éditions que chacun des moments qui rythment que les femmes, elles, sont super- dirige Anne Carrière ne seraient ce triptyque, et l’amour impossible bes, victimes jusqu’au martyre pas ce qu’elles sont, sans ces entre les hommes et les femmes d’une virilité dévoyée. Agnese, outrances elle n’aurait pas, avec concurrence la leçon historique. Anna ou Michaella, dont la résis- ces moments de sa vie de femme Trois séquences, donc, pour une tance impuissante ne sauve rien, et d’éditrice, donné un livre de lec- seule représentation tragique qui sinon la mémoire du lieu, consi- ture agréable où elle salue ceux tient du huis clos : le Risorgimento, gnée dans les carnets d’Adriano, qu’elle aime, écorche juste ce qu’il greffe tardive sur une terre encore que son fils poursuit, déporté au faut ceux qui la griffent. écartée des tumultes du siècle lors- nom du Duce aux îles Lipari... Elle y évoque le cas Coelho. De que le comte Bonifacio Della Roc- Grand admirateur de Frédérick Rio à Téhéran, il est un phénomè- ca y entraîne son énigmatique Tristan, auquel il a consacré un ne de société significatif de notre épouse Laetitia ; l’ère fasciste, qui intelligent essai (Rocher, 2000), temps qui mérite qu’on s’y attarde voit la pire abjection ravaler les Vincent Engel milite le mensonge – pour ou contre – et qui déroute hommes au rang de pourceaux romanesque, cette « invention tous les pronostics. Et les jaloux ? ignobles ; les années de plomb imaginaire qui crée des vérités plus « Je fais l’amitié avec amour», écrit- enfin, où les postures théoriques se belles que celles auxquelles la réali- elle. C’est le ton de ces confiden- superposent à d’anciens enjeux, té tente de vous réduire ». Cette ces. Nées d’une amitié entre une d’une mémoire inextinguible, dont résistance active, c’est l’improba- éditrice et l’auteur qui lui vaut seul un œil étranger perçoit la ble Asmodée Edern qui la défend autant de succès que de lazzi. pérennité – celui d’un photographe devant le comte Bonifacio, arra- Pierre-Robert Leclercq belge, témoin idéalement discret. ché à une existence assoupie où VI / LE MONDE / VENDREDI 8 JUIN 2001 enquête b Les nouveaux écrans de l’autoédition

out le monde écrit, a son des manuscrits avec des libraires, des manuscrit caché, son L’époque où les écrivains lecteurs et des journalistes ». Olym- secret enfoui qu’il veut pio.com met en ligne gratuitement retranscrire sur le papier auto-proclamés étaient les textes reçus et vend une sélec- Tou sur un écran. A en juger par les tion d’ouvrages, uniquement sous tables des librairies, beaucoup par- victimes d’officines forme électronique (« Le Monde viennent à être publiés. Mais la gran- des livres » du 10 novembre 2000). de majorité reste au fond des tiroirs douteuses est-elle A l’image de ce qui se passe aux ou dans les disques durs des ordina- Etats-Unis (lire ci-dessous), le modè- teurs. Des maisons d’édition à comp- révolue ? Internet rend le qui semble se répandre consiste à te d’auteur, à l’image de La Pensée faire payer un droit d’entrée, assez universelle, ont défrayé la chroni- plus accessible l’édition faible, contre la promotion et la ven- que, en raison des tarifs exorbitants te des livres sur Internet. qu’elles pratiquaient. Le candidat à à compte d’auteur. Mais Depuis le Salon du livre, Publi- l’écriture déboursait des dizaines de book.com fait parler de lui. La socié- milliers de francs pour tenir entre les pièges demeurent... té, financée par Republic Alley – spé- ses mains un livre, pas très bien cialisée dans les start-up –, parraine imprimé et pas diffusé. l’émission littéraire de Patrick Poi- Les technologies numériques 100 pages imprimé à 100 exemplai- vre d’Arvor, « Vol de nuit », sur TF1. changent la donne. Les textes sont res. Elle a mis en place un site convivial, écrits sur des ordinateurs. Certains Reprise par Jean-François Kni- qui promeut les livres et les vend. auteurs mettent en ligne leur dler, La Pensée universelle essaie de « Nous proposons un contrat proche œuvre, en espérant trouver des sem- renaître sous le nom des éditions de de l’édition traditionnelle. L’auteur blables, des frères internautes. C’est La Mezzanine, toujours à compte nous cède ses droits pour soixante- une étape dans la reconnaissance. d’auteur – environ 15 000 francs dix ans et nous nous engageons à le Mais, pour beaucoup, l’œuvre doit pour 500 exemplaires –, mais en promouvoir et à lui chercher des aboutir à une publication imprimée, réduisant le nombre de titres à une débouchés dans l’audiovisuel ou chez quelle qu’en soit la forme. La Fnac douzaine par an, pour exercer «un d’autres éditeurs », explique Jacques propose ainsi un service d’édition vrai travail sur les textes, pour nous Bouchet, PDG de Publibook. personnelle. Elle a vendu plus de sortir de la mauvaise image dont nous ILLUSTRATION STÉPHANE GODDARD 5 000 exemplaires d’un CD-ROM, avons hérité », explique Jean-Fran- L’ARRIVÉE DE VIVENDI proposé à moins de 20 francs, qui çois Knidler. Si elle a son site Inter- Le contrat mérite un éclairage. Si conise de signer « des contrats d’édi- on ne trouve pas que des inconnus. book. Elle est déçue par la qualité permet de mettre en forme un texte net (PU.net), La Pensée universelle un auteur est publié par Publibook, tion limités de trois à cinq ans qui lais- Publibook édite ainsi le nouveau des livres et des services rendus. Jac- et de l’envoyer par son intermédiai- subit la concurrence de nouvelles il percevra 18 % de droits d’auteur sent la possibilité de reprendre ses livre de Jeanne Cordelier, Du riz aux ques Bouchet, PDG de Publibook, re à un imprimeur numérique, qui maisons qui fleurissent sur la Toile, par exemplaire vendu (et 36 % pour droits si le nombre de télécharge- larmes. Elle a eu un immense succès explique qu’il va « améliorer la quali- peut réaliser de faibles tirages. promettant à ces écrivains secrets les téléchargements). Ce pourcenta- ments est trop limité ». avec La Dérobade. Ses derniers titres té des ouvrages ». Elle va se tourner « Cela a donné lieu à plusieurs cen- un moyen de sortir de l’ombre. ge porte sur des chiffres qui dépas- Cette mode de l’autoédition en ont paru chez Stock. Les ventes bais- vers un autre éditeur en ligne, Altere- taines de dossiers, de 2 à 100 exem- Dans les frontières incertaines d’In- sent rarement la centaine d’exem- ligne n’intéresse pas que des petites saient, et puis les équipes ont chan- dit. com, qui oscille entre la presta- plaires, principalement d’œuvres de ternet, elles prennent des formes plaires. Mais, si un auteur réussit à structures. Comme aux Etats-Unis, gé. Elle propose son manuscrit à ses tion de services facturée aux auteurs fiction », explique Bertrand Picard, variées et offrent des services divers, intéresser un éditeur traditionnel, il les grands groupes y investissent. A anciens éditeurs, qui se dérobent. et l’édition traditionnelle. Il publiera directeur du livre de la Fnac. « C’est en faisant souvent miroiter des devra partager ses droits avec Publi- la rentrée, Vivendi Universal « Je n’ai presque pas eu de réponse. Je en librairie son prochain recueil de un service que nous offrons. Nous droits d’auteur largement supé- book, c’est-à-dire qu’il ne touchera Publishing va proposer un site d’édi- n’essuyais même pas des refus, mais nouvelles. n’exerçons pas de contrôle ou de cor- rieurs aux 10 % de l’édition couran- que 5 % des droits, s’ils sont fixés à tion à compte d’auteur, dont le nom du silence. Pourtant, j’ai fait gagner Alain Salles rection et les livres ne sont évidem- te. Certaines frisent l’abus de droit, 10 %. de code est Boodaa.com. pas mal d’argent à l’édition », expli- ment pas en vente dans nos maga- d’autres l’abus de confiance (1). Toutes sortes de contrats fleuris- VUP se positionne en prestataire que-t-elle. Alors, elle a tenté l’aven- (1) La revue du Calcre, association d’in- sins. » Le coût de l’opération varie Créé par Nicolas Philippe, Manus- sent. Les écrivains potentiels ont de services. « L’auteur reste proprié- ture de l’édition par Internet : «Je formation et de défense des auteurs, a en fonction des services demandés, crit.com vend en ligne des textes et intérêt à bien les lire avant de mettre taire de ses droits », insiste Vincent crois à la publication en ligne. Cela fait un recensement critique des princi- du nombre de pages et d’exemplai- cherche à les faire éditer dans des leur texte à disposition. Florence- Olivier, directeur du développement contribue à ouvrir le secteur. » paux sites et de leurs abus, dans Ecrire res choisis. Il faut par exemple comp- maisons traditionnelles, en se propo- Marie Piriou, responsable juridique de la filiale distribution de VUP. Elle dresse un bilan mitigé, cepen- et éditer, numéro 32 (BP 17, ter 3 200 francs pour un livre de sant de procéder à « une sélection de la Société des gens de lettres, pré- En promenade à travers ces sites, dant, de son expérience chez Publi- 94404 Vitry Cedex, www.calcre.com). Les enfants électroniques des « vanity press » En ligne avec Warren Adler

ux Etats-Unis, l’édition Xlibris.com fait figure de pion- deçà des 2 500 exemplaires qui ner, iPublish.com – qui publie des n apparence, c’est un ponibles dans tous les formats à compte d’auteur a pris nier. Son PDG, John Feldcamp, n’intéressent pas les maisons d’édi- manuscrits sélectionnés, sans auteur banal. Un Améri- existants, dont Microsoft Reader, le joli nom de « vanity spécialiste de nouvelles technolo- tion et pour ceux qui arrivent à la paiement de l’auteur –, vient de cain jovial qui pose, seul Adobe, Gemstar ou Peanut Press, press » ou « vanity gies, l’a créé en 1997. « Il y a beau- fin de leur cycle de vie en librai- consacrer un budget publicitaire ou avec son chien, en che- qui permet de lire sur Palm Pilot. Apublishing ». Elle n’y a pas gagné coup de gens qui écrivent dans le rie. » de 2 millions de dollars (2,3 mil- miseE blanche, col ouvert, sur la Le consommateur y trouve son pour autant une meilleure réputa- monde. 90 % ne sont pas publiés. Xlibris ne se présente pas lions d’euros) pour attirer de nou- page d’accueil de son « site offi- compte, qui peut acquérir pour tion qu’ailleurs. Internet est en J’ai pensé qu’Internet pouvait inver- comme un éditeur, mais comme veaux écrivains en mal de publica- ciel » WarrenAdler.com. En réali- 6,95 $ (8,14¤) la version e-book de train de donner une nouvelle vie à ser ce mouvement et permettre à un fournisseur de services pour tion, selon le New York Times du té, Warren Adler est le nouveau La Guerre des Rose (contre 14,95 $ ce secteur, même si les firmes beaucoup de gens d’être publiés », l’édition. Il établit quatre niveaux 21 mai. L’une des publicités prototype du « e-businesswriter », [17,5¤] pour le poche et 38,50 $ d’autoédition en ligne expliquent explique John Feldcamp. A partir de services, pour une somme montre une lettre de refus adres- un hybride tendance nouvelle éco- [48,07¤] pour l’édition cartonnée). qu’il ne s’agit pas de « vanity de cette idée, il analyse le marché allant de 200 à 1 600 dollars (236 à sée à Melville, qui indique : « Cher nomie de l’écrivain et de l’homme Mais c’est surtout Warren Adler publishing ». Plusieurs sociétés de l’édition et construit son mo- 1 887 euros). Xlibris fournit des M. Melville, les livres sur les balei- d’affaires. Pas seulement parce lui-même qui, au lieu de toucher proposent à des auteurs de se dèle économique : « On constate services supplémentaires nes ne se vendent pas. Pourquoi que, depuis qu’il s’est lancé dans un droit d’auteur, empoche au pas- publier eux-mêmes, moyennant qu’aucun livre n’est publié si on payants. Les livres sont commer- pas plutôt un extraterrestre ? ou un l’écriture, en 1974, il produit pres- sage tout le produit de ses ventes, finances le plus souvent. Les grou- estime qu’il ne peut pas atteindre cialisés par les libraires électroni- dinosaure ? ou un dinosaure extra- que un livre par an et que nombre soit un profit multiplié par trois pes investissent dans ce secteur, à 5 000 exemplaires et que la durée ques comme par certains libraires terrestre ? » Cette campagne coïn- d’entre eux, traduits en vingt-cinq ou quatre au moins. l’image de Random House (Xli- de vie d’un livre est d’un an au traditionnels. Il s’agit d’auteurs cide avec un revers pour iPublish, langues, sont des best-sellers bris), Time-Warner (iPublish) ou maximum. J’ai construit mon mo- jamais publiés, mais aussi d’écri- puisque la Guilde des auteurs a – depuis La Guerre des Rose adap- LE NET AVANT LE PAPIER la chaîne de librairies Barnes and dèle sur ces deux données. Xlibris vains confirmés, comme Piers estimé que ses contrats présen- té au cinéma avec Michael Dou- S’il a fait couler moins d’encre Noble (iUniverse). intervient pour tous les livres, en Anthony, qui a signé une centaine taient « des risques légaux impor- glas et Kathleen Turner, jusqu’à que Stephen King, Warren Adler d’ouvrages de science-fiction, tants et la perte des droits littérai- L’Ombre d’un soupçon avec Harri- est persuadé que la plupart des qu’il réédite grâce à Xlibris quand res pour une faible somme ». son Ford. Pas seulement non plus auteurs l’imiteront à terme. C’est ils sont épuisés. L’auteur garde la L’écroulement de la bulle Inter- parce que son site est un « chef- bien pourquoi, même si le marché propriété de ses droits. Le succès net a eu des répercussions sur ces d’œuvre » du genre – où l’on peut du e-book est encore minime, les de Xlibris a séduit Random Hou- nouvelles sociétés. Xlibris a dû acheter ses livres, adhérer à son éditeurs américains ont un œil se, qui en est devenu, via sa socié- revoir ses ambitions à la baisse et club, lui demander conseil pour attentif sur le phénomène. « Imagi- té d’investissement, l’actionnaire ses tarifs à la hausse. Quelques ses propres manuscrits, glaner des nez la même chose en France, note de référence. dizaines de personnes ont été tuyaux pour séduire des produc- une éditrice de New Press. Que licenciées. Le service de base, qui teurs, et même découvrir com- Modiano ou Pennac décident de E.T ET LES BALEINES était entièrement gratuit, est ment il vit. Non, l’originalité de mettre sur le marché, par leurs pro- De même, Barnes and Noble a passé à 200 dollars, et les autres Warren Adler, c’est qu’il a entière- pres moyens, et sans que Gallimard pris 49 % de iUniverse.com, qui tarifs ont été augmentés. Surtout, ment pris son destin en main : il soit dans le circuit, des ouvrages s’est lancé sur ce marché fin 1999 Xlibris a reporté tous les projets est devenu son propre éditeur en publiés par cette maison, pour en et propose des services à 99 et d’extension en Europe qui ligne, mais aussi son propre diffu- assurer eux-mêmes la diffusion et la 299 dollars (116,7 et 352,7 euros). avaient été annoncés lors de la seur, son propre libraire – ce qui distribution. Il s’agit là d’un certain Cette société, née dans la Silicon Foire de Francfort en octobre ne l’empêche pas de renvoyer aus- parasitage, c’est le moins qu’on puis- Valley, bénéficie du soutien des 2000. « Nous sommes toujours très si à Amazon et Barnes & Noble – se dire. » magasins du premier libraire amé- intéressés par le marché européen, et même son propre agent. Pré- Un parasitage d’autant plus ricain et a développé des liens explique John Feldcamp, mais sent au dernier Salon du livre de important que pour son vingt-qua- avec les universités Harvard et nous devons d’abord nous dévelop- Paris dans le cadre du forum trième roman, Morning Glory, à Columbia. per davantage aux Etats-Unis. » e-book, Warren Adler a d’ailleurs paraître à l’automne, Warren Enfin, la filiale d’AOL-Time War- A.S. commencé sa conférence par cette Adler envisage d’inverser le pro- abrupte déclaration d’indépendan- cessus classique : pourquoi ne pas ce : « I don’t need any of you, publier directement en ligne et guys. » vendre ensuite les droits papier Renouant avec un passé dans comme un simple droit dérivé ? Chaque mardi avec lequel cet ancien journaliste avait Cette stratégie, qui ne nécessite été propriétaire de quatre stations pas d’investissement considéra- de radio et d’une chaîne de télévi- ble, est à ses yeux le meilleur sion, avant de lancer son agence moyen d’assurer à ses livres la 0123 de publicité et de relations publi- plus grande visibilité, sur tous les DATÉ MERCREDI ques à Washington, Warren Adler supports possibles. Force est de a décidé de devenir chef de l’entre- constater que, si elle se dévelop- prise WarrenAdler.com. Se dotant pait, cette pratique – qui, en matiè- retrouvez d’une petite usine qui lui permet re d’exploitation numérique, obli- d’effectuer lui-même le travail de gerait les maisons à sortir de leur conversion numérique, il est l’un frilosité – modifierait en tout cas LE MONDE INTERACTIF des rares écrivains dans le monde sensiblement la donne entre les à avoir créé une librairie électroni- auteurs et leurs éditeurs. que complète de ses œuvres, dis- Fl. N. La chronique LE MONDE / VENDREDI 8 JUIN 2001 / VII

de Roger - Pol Droit b

l’on admet l’hypothèse d’une béati- ASPECTS DU PARADIS Contrairement tude possible ici même, que les de Séverine Auffret. humains en demeurent systémati- Ed. Arléa, 240 p., 100 F (15,24 ¤). à ce qu’on croit quement éloignés ? Séverine Auf- d’habitude, le Paradis Le paradis, avantages fret indique une piste, que l’on omme vous savez, ce ne peut suivre autrement qu’elle ne le sont pas les paradis qui fait. Commentant sa traduction de manquent. Fiscaux, artifi- n’est à situer hier Dante, Jacqueline Risset écrit : « Le C ciels, touristiques… l’em- ou demain, ailleurs dans et inconvénients Paradis est insupportable, telle est barras du choix. Se présentent la découverte qui change le signe de sous ce nom des atolls et des l’image ordinaire (…). S’il est insup- motels, des campagnes et des cam- le temps ou l’espace. portable, c’est par tension excessive, pings. Les brochures disent toutes excès d’émotion, d’énergie, de per- la même chose : là, enfin, vous Il existe ici ception. » serez entièrement bien. Sans souci, Les inconvénients du Paradis sans travaux, sans entraves ni et maintenant. seraient liés à son existence même, métro. Vous pourrez éprouver l’ex- à ses intensités. Comme si trop de tase d’un monde conforme à vos Reste à savoir comment bonheur, continu et parfait, parais- désirs, presque parfaitement. Vous sait à craindre. Comme si, peut- découvrez assez vite, si vous ne le y accéder, et pourquoi être, la douceur trop intense nous saviez déjà, combien ce n’est que semblait redoutable. En ce cas, il du vent : nul éden, juste un faux tant de gens l’évitent faudrait peut-être poursuivre la palace truffé d’amibes, ou de mous- réflexion dans une curieuse direc- tiques, ou d’ennui. Vous serez et humains s’ébattraient suave- tion que cet essai n’aborde pas. Il donc tenté de ne plus être dupe. Ici ment au sein d’une nature géné- conviendrait en effet d’envisager on règle moins de taxe, là on profi- reuse en fruits. Christophe Colomb l’hypothèse d’une puissante haine te de quelque euphorie chimique crut le découvrir en abordant les du bonheur dans l’espèce humai- et passagère, ailleurs encore le ciel côtes du Nouveau Monde. Ce ne. Tout plutôt que de risquer la est généralement bleu et le vent n’était qu’un mirage : son interprè- béatitude immédiate, effective, à doux. Voilà qui est plus ou moins te, s’adressant aux indigènes en portée de main. Tout ? La destruc- intéressant, mais sûrement pas hébreu, ne put s’en faire compren- tion, l’agressivité, la servitude, paradisiaque. Vous serez donc con- dre… Toutefois, que le Paradis ne l’ascétisme, la mortification, le sui- vaincu, comme tout le monde, que soit pas quelque part (dans un cer- cide (1). Par crainte d’une vraie le Paradis est nécessairement per- tain endroit, localisable et délimi- paix joyeuse, les humains engen- du ou à venir. Vieux mythe des té) ne signifie nullement qu’il ne dreraient des guerres. Ils n’ont cer- commencements idylliques, utopie puisse « avoir lieu », c’est-à-dire se tes pas un goût effréné de la souf- des lendemains. Entre les deux, réaliser dans l’espace que nous con- france ni un penchant irrépressible rien. Le Paradis est objet de nostal- naissons. au carnage. Mais la perspective gie ou d’espérance, jamais réalité à Reste à préciser la nature de cet d’un calme effectif, aérien et du- vivre ici et maintenant. espace. C’est bien un espace phy- rable, l’arrivée d’un monde rond et C’est justement ce que conteste sique. Encore faut-il ajouter, en plein malgré toutes les duretés des avec bonheur Séverine Auffret, condensant les propos de Séverine jours réels, cela les remplirait dans un livre sensible, juste de ton. Auffret, qu’il s’agit d’un espace cor- d’une sourde panique. En fin de Un de ces textes, somme toute porel. Celui des enfants manifes- compte, ce ne sont pas les paradis assez rares, dont la lecture tant leur paix joyeuse envers le détruire. Pourquoi, demandera-t- à la proclamation du Paradis et ren- avec et contre elle, sans se prendre qui manquent, mais des gens qui « éjouit », comme disait Mon- monde, ou, mieux, celui de « l’in- on, choisir un terme aux connota- draient même son existence sus- au piège des mauvais pathos. parviennent à oublier d’en avoir taigne. Il s’agit de philosophie, terstice » entre des corps attentifs tions religieuses pour parler finale- pecte. Il est d’ailleurs possible de D’ailleurs, la mort a-t-elle jamais peur. Peut-être. certes, mais qui n’oublie pas de les uns aux autres. Ainsi l’espace ment de l’amour, des béatitudes de trouver inconvenant, inacceptable empêché des humains de s’aimer ? penser à vivre, et se préoccupe du Paradis serait-il non pas un la tendresse et des attentions géné- cette manière de nier la misère du Récapitulons. L’énoncé auquel (1) On pourrait lire dans cette perspec- d’un savoir capable de modifier intervalle, une distance, un espace reuses de l’amitié ? Il s’agit de ne monde, sa puissance d’écrase- on parvient a quelque chose de tive l’étonnant traité composé en 1608 l’existence. Cette essayiste, il faut qui sépare, mais un lieu qui unit et pas laisser à la religion la présence ment. Ce sont là des griefs fondés séduisant et de vaguement scanda- par John Donne, Biathanatos, sous- le reconnaître, ne manque pas rapproche. Ce que la philosophe de l’au-delà : la pluralité des mon- sur des malentendus. Car le Para- leux : le Paradis existe, peu de titré Une déclaration de ce paradoxe, d’audace. Le Paradis terrestre ? Il ici désigne par le vieux nom bi- des amoureux creuse des au-delà dis peut évidemment être estom- chose suffit pour y accéder. Il est à ou thèse, que l’homicide de soi-même existe, dit-elle. Effectivement, réel- blique, c’est donc ce monde qui dans la réalité même, et toutes ces pé, ou barré, ou différé par les guer- la portée de n’importe qui, quand n’est point si naturellement un péché lement, matériellement. Qu’est-ce s’ouvre dans le monde quand deux possibilités sont pour Séverine Auf- res, les maladies ou la faim. Il n’est avec l’autre chacun fait alliance. Il que jamais il ne puisse en être autre- que cela peut bien vouloir dire ? êtres humains s’apparient. Le fret autant d’aspects du Paradis. pas pour autant anéanti sans y faut juste un peu d’attention, de ment. Introduction, traduction et On écartera d’abord l’idée naïve temps s’y étire et s’y dilate au point On pourra objecter : la faim retour et à jamais rendu impossi- confiance, quelque obstination aus- notes de Pierre-Emmanuel Dauzat d’une localisation géographique. de n’être plus une contrainte, mais tenaille des centaines de millions ble. Chacun sait que dans les pires si. S’il en est ainsi, il faut se deman- (PUF, « Perspectives critiques », Inutile de chercher sur la carte, une apogée qui se teinte d’éternel. d’individus, les guerres continuent, effrois existent aussi des instants der pourquoi on a toujours situé le 248 p., 138 F [21,04 ¤]). Voir égale- comme on le fit longtemps, l’em- Chacun y perçoit ce que l’autre a les maladies et les souffrances aus- qui échappent et à l’horreur et au Paradis ailleurs, toujours nié qu’il ment, dans la même collection, Le Nihi- placement d’un jardin originaire, de lointain et de proche, et cet si, la mort n’en finira pas de sitôt. cours du temps. Il ne s’agit pas de fût possible dans l’horizon ter- lisme chrétien, de Pierre-Emmanuel luxuriant et tempéré, où animaux émerveillement bouleverse sans Toutes choses qui contreviennent nier la mort, mais d’être heureux restre. Comment comprendre, si Dauzat (112 p., 85 F [12,96 ¤]). « Au-delà du fleuve » Dans un remarquable essai d’histoire régionale, Maurice Sartre montre les réalités et les limites de l’impact culturel gréco-romain sur les populations entre l’Euphrate et le Nil

période choisie, qui va de la con- re et la langue ont été récemment « de se borner au constat de la plus nisés » est ambiguë : témoin, le thèse est toujours une torture… »,le D’ALEXANDRE À ZÉNOBIE quête d’Alexandre (333 av. J.-C.) à l’objet d’études novatrices, par ou moins grande interpénétration romancier Jamblique d’Emèse, qui second répondait : « Mais à quoi Histoire du Levant antique la disparition de l’éphémère dynas- exemple, ces tribus qui estivaient des cultures ». déclare « n’être pas un Grec de servent toutes nos recherches parti- IVe siècle av. J.-C. – tie palmyrénienne de Zénobie et dans le Djebel Druze, et dont plus Sartre souligne les progrès de la Syrie, mais un indigène, parlant le culières, si elles ne doivent pas con- IIIe siècle ap. J.-C. de Wahballat sous Dioclétien (271 de vingt mille inscriptions rupes- provincialisation entre Auguste et grec et partageant leurs coutumes ». duire à une synthèse ? » Avec ce de Maurice Sartre. ap. J.-C.), voit se succéder les domi- tres sont actuellement réperto- Trajan. Néanmoins, on aurait tort Quant aux campagnes syriennes, livre, Maurice Sartre vient d’en fai- Fayard, 1 200 p., 260 F (39,63 ¤). nations perse, gréco-macédonien- riées. de croire que, d’Alexandre à Dioclé- « elles offrent une résistance à peu re à son tour la plus convaincante ne et romaine. Organisé sous la forme alternée tien, l’histoire de ces régions se près totale à l’hellénisation, en des démonstrations : à la fois résul- ans le domaine de l’his- L’auteur ne cache rien des diffi- de chapitres narratifs et de chapi- résume en une évolution unilinéai- dehors de quelques aspects superfi- tante de longues recherches et toire du Proche-Orient cultés de l’enquête, particulière- tres thématiques, le livre est fondé re vers l’unité politique et culturel- ciels qui n’affectent guère que les réflexions personnelles, et bilan rai- ancien, les recherches ment dans la première partie consa- sur une érudition considérable, le. Fortement marqués à l’arrivée notables ». sonné et dynamique des connais- D d’histoire régionale sont crée à la période hellénistique : il mais constamment maîtrisée. Peut- d’Alexandre, les particularismes Ce sur quoi insiste surtout Mauri- sances, des incertitudes et des pro- parmi les plus fécondes, dès lors est « conscient de l’immensité des être familier des sites célèbres com- locaux n’ont jamais disparu. L’ad- ce Sartre, c’est que certaines des blématiques, la synthèse réussie, qu’elles se situent clairement dans lacunes documentaires ». Le risque me Antioche, Palmyre, Jérusalem ministration romaine elle-même valeurs gréco-romaines pouvaient comme l’est la sienne, est l’instru- la perspective plus large de l’histoi- existe donc d’extrapoler à partir de ou Pétra, qu’il peut désormais redé- s’est exercée fréquemment par l’in- être aisément acceptées, et le ment irremplaçable d’un renouvel- re des royaumes et des empires. la documentation beaucoup plus couvrir avec l’œil de l’historien- termédiaire de royaumes-clients, furent, à condition que leur adop- lement espéré des méthodes et des L’entreprise devient plus passion- abondante venant de la période archéologue, le lecteur est guidé comme le fut, en Judée, le royau- tion ne mît pas en péril les valeurs interrogations, elle est porteuse nante encore lorsque l’espace- romaine, alors que les deux pério- par de très nombreuses citations me des Hasmonéens : moins dis- traditionnelles. L’auteur en fait la d’avenir. des doivent à la fois de textes traduits, des photogra- pendieuse pour Rome (mais plus claire démonstration dans ses déve- être étudiées dans la phies, des dessins, des cartes et des écrasante pour les sujets !), l’admi- loppements consacrés à la Judée, Maurice Sartre collabore au Pierre Briant continuité et être dis- plans. Il est surtout fermement gui- nistration indirecte est aussi plus mais, même moins bien documen- « Monde des livres » tinguées l’une de dé par la cohérence d’un projet efficace, particulièrement dans les tées, d’autres études de cas condui- temps envisagé est marqué par l’autre. A l’intérieur même des sent à la même appréciation. Au l’extraordinaire diversité linguisti- pays d’« au-delà du fleuve »,la Les tribus du Harra total, la progression de la langue que et ethnoculturelle des popula- répartition de la documentation « On ne connaît guère le détail de leur mode de vie et l’archéologie grecque est réelle, mais le phéno- tions qui s’y côtoient. Le livre de pose également problème, ne des nomades n’en est qu’à ses débuts. Il s’agit de vrais nomades, qui mène ne doit pas être surévalué ; il Maurice Sartre traite des pays serait-ce que par l’abondance des vivent principalement au désert, et non de transhumants, comme s’agit plutôt d’un « simple vernis entre Euphrate et Nil, ceux que, témoignages venant et traitant de j’avais tendance à le considérer. On semble désormais en mesure culturel », car l’araméen est la lan- vus de Babylone, l’on dénommait la Judée, qu’il s’agisse des Livres d’identifier des campements, des zones de parcours propres à cer- gue quotidienne du plus grand « au-delà du fleuve » : Syrie, Phéni- des Maccabées, de l’œuvre de Fla- tains groupes grâce aux très nombreuses inscriptions que les mem- nombre ; d’où, selon Sartre, la dis- cie, Judée, Samarie, Palestine, Ara- vius Josèphe ou de la littérature bres d’une même famille ont laissées de génération en génération. parition rapide du grec après la bie, tous pays traditionnellement intertestamentaire. Tout en consa- Car ces bergers nomades écrivent. Ils ne sont pas les seuls, mais le conquête arabe. disputés entre les pharaons et crant tout naturellement de longs nombre de leurs graffitis dépasse tout ce que l’on connaît ailleurs. A travers cette histoire régiona- leurs concurrents hittites et méso- développements à l’histoire d’une Faut-il parler d’un peuple de lettrés ? Sans doute pas, comme l’a juste- le, elle-même articulée avec des his- potamiens, comme ils le furent communauté « d’où émerge peu à ment observé Michael Macdonald. » (p. 784.) toires microrégionales, Maurice entre les successeurs d’Alexandre, peu le christianisme primitif »,y Sartre met à l’épreuve les instru- les Lagides et les Séleucides. La compris en introduisant Jésus dans ambitieux, placé explicitement régions rurales et montagneuses. ments et les concepts conçus et uti- son environnement historique et sous l’égide de « la longue durée ». Fondées par les rois hellénistiques, lisés pour analyser et comprendre, culturel, Sartre a le souci d’éclairer Sartre a en effet conçu son livre les villes grecques constituent un dans son ensemble, l’histoire du l’histoire de chacun des sous- autour d’une interrogation, qui lui autre relais du pouvoir royal puis Moyen-Orient conquis par Alexan- ensembles ethnoculturels qui com- confère une grande unité. « La con- du pouvoir impérial romain. dre, puis par Rome. L’ouvrage a posaient l’ancienne Syrie, entre quête [d’Alexandre] est-elle cause Au-delà de la diffusion indénia- ainsi une autre vertu, celle de mer et steppes. Les « portraits des d’une rupture brutale dans l’histoire ble et maintes fois documentée du démontrer que, nonobstant le villes » et les analyses nourries sur de l’Orient ou ne fait-elle qu’intro- modèle culturel gréco-romain dédain affiché par telle ou telle cha- les institutions civiques sont duire des éléments nouveaux dans auprès des élites locales, les parti- pelle, le genre de la synthèse appor- accompagnés de développements une histoire où les continuités depuis cularismes restent très vivaces te à la pratique historienne et à la substantiels et remarquablement l’époque assyrienne (au moins) sont dans le domaine culturel. Et c’est réflexion historique des éléments informés sur les sociétés paysan- plus fortes que les changements ? » bien là l’apport essentiel du livre tout à fait spécifiques. Sartre s’en nes et sur l’économie rurale. Et C’est dire qu’au cœur du livre est de Sartre, dans l’analyse différen- explique fort bien, en rappelant, au même si l’archéologie des noma- placée la question des échanges ciée des réponses et des réactions seuil de son livre, le sens d’un dialo- des pose de redoutables problè- interculturels, que l’auteur, fort jus- des groupes sociaux et ethniques gue tenu entre les deux grands mes à l’historien, Sartre a particu- tement, entend ne pas réduire aux dans toute leur diversité. Il démon- savants que furent Michael Rosto- lièrement à cœur de donner toute influences grecques. Il récuse «la tre parfaitement que les échanges vzteff et Franz Cumont. Au pre- leur place aux tribus arabes du notion controversée d’hellénisa- ont été multidirectionnels. L’ex- mier qui soulignait (en sachant de nord de la péninsule, dont l’histoi- tion » ; il estime plus raisonnable pression même d’« indigènes hellé- quoi il parlait !) : « Un livre de syn- VIII / LE MONDE / VENDREDI 8 JUIN 2001 essais b Etudes sur la naissance de la science politique Avec la parution dessus. Cela supposait également former des connaissances propre- de certaines institutions comme le de nouveaux langages pour légiti- L’ANCIENNE CONSTITUTION que les juristes anglais de cette épo- ment historiques, d’accumuler un droit régissant les tenures de la ter- mer des prétentions partisanes et, ET LE DROIT FÉODAL de « classiques » que croyaient en l’uniformité et savoir positif sur le passé. Telle est re. Cette institution suppose en ainsi, fonder en raison, par des Etude de la pensée historique l’homogénéité du droit anglais bien la subtilité et la richesse de la effet l’existence de tenures militai- recours à l’histoire, des intérêts qui dans l’Angleterre exclusivement fondé sur le common problématique pocockienne, ici, res et féodales introduites par les s’opposent. Il s’agit donc de mon- e scandaleusement du XVII siècle law ; que, pour eux, le « passé » que de convaincre du décalage Normands ; le problème est alors trer, par exemple, comment l’inter- (The Ancient Constitution négligés par l’édition était régi par le droit de leur épo- entre deux élaborations qui ne vont d’indiquer une origine qui demeure prétation féodale « pénétrait dans and the Feudal Law) que. Si la tendance à interpréter le pas au même rythme : d’un côté, compatible avec le caractère immé- la sphère de la stratégie politique ». de J.G.A. Pocock. française s’impose passé en fonction d’idées et d’insti- celle d’une accumulation de faits et morial du common law. Reconnaî- Pour autant, cette articulation Traduit de l’anglais par Sabine tutions du présent est universelle, de témoignages qui devraient ren- tre que toute une partie du droit entre développement des idées et Reungoat et Michèle Vignaux, la stature elle se manifeste là avec une intensi- dre possibles certaines interpréta- anglais, qui reposait sur une forme mobilisation politique des argu- PUF, « Fondements té particulière, toute insulaire pour- tions, certaines hypothèses ; de de tenure, n’était pas plus ancienne ments n’est jamais envisagée de de la politique », 476 p., rait-on dire, en raison de la présen- l’autre, celle des types d’interroga- que la conquête impliquait de dis- manière schématique ou mécani- de John Greville e 298 F (45,42 ¤). ce et de la nature de cette institu- tion et de questionnement à partir tinguer entre le droit du XII siècle que. Pocock constate, révélant ainsi Agard Pocock tion anglaise par excellence qu’est desquels ces faits vont être effecti- et celui du XVIIe ; ce qui ne pouvait la complexité du processus étudié, a traduction du maître livre le common law. vement interprétés et former une se concevoir qu’à partir du moment que l’adoption des arguments féo- de J.G.A Pocock, L’Ancienne Cette première histoire est donc « vision historique ». C’est bien sûr où l’on adoptait un point de vue daux dans le camp des royalistes, Constitution et le droit féo- roi, la Chambre haute et les Com- paradoxale en un sens puisqu’elle à l’occasion de la rencontre et de la comparatif montrant que le droit qui devaient permettre de contrer L dal, est un événement pour munes : la constitution mixte. Ces décrit la manière dont l’« esprit anglais faisait partie du les prétentions parlementaristes à ceux qui s’intéressent à l’histoire élaborations progressives, non common law » se constitue en obs- droit de l’Europe occi- fonder l’origine « immémoriale » moderne des idées politiques. Pro- linéaires, souvent concurrentes tacle à l’élaboration d’une pensée Claude Gautier dentale ; qu’il n’était des communes et de démontrer fesseur d’histoire de 1974 à 1994 à sinon fréquemment contradictoi- véritablement historique sur les ori- pas un produit pure- l’antériorité historique de l’institu- la Johns Hopkins University, mem- res, forment et alimentent le con- gines et l’évolution du droit anglais. qualification du droit féodal et de ment insulaire. Cette histoire allait tion royale, ne se fera que très tardi- bre de l’American Academy of Arts texte discursif à l’intérieur duquel Les développements sur le caractè- ses institutions, de l’insertion pro- être le fait des antiquaires essentiel- vement [pp. 231-286]. Des dévelop- and Sciences, de l’American Philo- certains problèmes, comme l’origi- re « immémorial » du droit, la pré- blématique de la rupture liée à la lement préoccupés de la découver- pements analogues permettent aus- sophical Society, de la Royal Histo- ne et la nature du droit anglais, l’an- sentation des argumentations sur conquête normande (1066), que ce te de la féodalité. Pocock expose si de prendre toute la mesure de la rical Society, ce savant de réputa- cienneté de la constitution, la nais- lesquelles il est fondé, tout cela est décalage, et les tensions qu’il occa- certaines des étapes de cette secon- complexité de l’évolution du con- tion mondiale commence enfin à sance et la formation du Parlement à comprendre dans cette perspecti- sionne, est le plus fort. de histoire qui est celle de la mise cept d’ancienne constitution : 1688 être connu en France parce que cer- et, plus précisément, la naissance ve. Ce qui ne veut pas dire que les Pocock montre que l’une des en évidence du droit féodal et des marque, indéniablement, un renver- tains de ses travaux les plus impor- de la représentation des commu- tentatives déployées pour affirmer principales difficultés à laquelle se explications qui vont être données sement puisque, au-delà, c’est la rai- tants sont maintenant accessibles nes, vont être pensés, énoncés et le caractère intemporel de la coutu- trouvent confrontés les « common de son irruption dans le common son qui fondera la constitution en en traduction. expliqués. Si l’histoire de l’historio- me ne soient pas aussi l’occasion de lawyers » est de justifier l’existence law, de son développement sinon contrat, bien plus que la coutume. Le présent livre est consacré à graphie n’est pas « celle d’une évolu- de son déclin. Toute référence au passé saxon et l’histoire de l’historiographie au tion linéaire », et si tout ce qu’il est Le terme, provisoire, de cette his- médiéval caractéristique des argu- XVIIe siècle en Angleterre et propo- possible de faire à ce stade, nous dit toire est de montrer comment on ments du common law se trouvait se des voies d’interprétation concer- encore Pocock, « est de retracer l’es- en vient à admettre l’existence d’un dès lors disqualifiée. Il faudra atten- nant la manière dont l’histoire a pu sor de la vision historique dans cer- processus historique capable d’assi- dre les idées de Burke, qui mar- être utilisée dans des controverses tains des domaines où elle se manifes- miler la conquête ; comment on en quent « la fin du XVIIIe siècle en politiques à un moment où les occa- te avec le plus d’évidence », il n’est vient à considérer que cette derniè- même temps que de toute une épo- sions de conflits entre le Parlement peut-être pas sans intérêt de consta- re est elle-même le produit d’un que de l’histoire de la pensée politi- et le roi ne manquaient pas. Depuis ter que c’est dans le domaine des contexte historique précis, diffé- que anglaise » pour reconnaître la les guerres civiles (1642-1648) jus- représentations, des idées et des rent de celui qui prévalait désor- voix de la grande tradition intellec- qu’à la restauration Stuart concepts politiques qui vont for- mais. Jusque-là posé comme une tuelle du common law. (1660-1688). La période retenue par mer le soubassement de notre entité abstraite et purement juridi- L’édition présente contient aussi, Pocock trouve un point d’inflexion modernité, que cet essor est le plus que, Guillaume le Conquérant allait il est important de le signaler, une décisif dans la Glorieuse Révolu- lisible. Alors, choisir pour point de devenir une figure plus concrète et seconde partie ajoutée en 1987 à tion. Il s’agit, tout à la fois, d’un ter- départ l’historiographie du XVIIe siè- plus historique, un roi dont le pou- l’édition originale de 1957, réexa- me et d’un point de rupture à partir cle, n’est pas réduire l’intention du voir reposait essentiellement sur men de la thèse à la lumière des duquel les problèmes qui vont se projet à celle d’une pure érudition ; son autorité seigneuriale à l’égard principaux acquis de l’historio- poser à l’historiographie d’une c’est, bien au contraire, se donner de tenanciers féodaux. Avec ce graphie contemporaine. Pocock y part, aux interprétations politiques les moyens d’accéder à une réelle deuxième parcours se trouve indi- propose également des réponses de l’avènement des Hanovre compréhension d’une étape décisi- quée l’une des voies par lesquelles aux objections dont le livre a pu fai- d’autre part, changent de nature et ve de l’histoire des idées politiques on passe de représentations d’un re l’objet. s’inscrivent dans des controverses modernes. processus historique liées à l’esprit Nous disposons maintenant, en nouvelles dont la signification et les Nous pouvons discerner deux his- du common law à une approche langue française, d’une des contri- enjeux nous font directement toires, comme une véritable tectoni- plus empirique et positive de ces butions les plus indispensables entrer dans le Siècle des lumières. que des plaques que la fin de la mêmes processus historiques. Mais pour comprendre comment, au Le propos n’est pourtant pas de dynastie des Stuarts précipite. l’un des intérêts majeurs de la pré- XVIIe siècle anglais, la pensée politi- raconter ces événements. Il s’agit Pocock propose les termes d’une sentation de cette double histoire que allait façonner, au moyen de bien plutôt d’un travail de contex- première histoire établis, pour l’es- est aussi de la relier au contexte controverses majeures, des argu- tualisation qui doit permettre de sentiel, par des juristes du « com- politique du XVIIe, de montrer com- ments inédits, des schèmes d’intelli- comprendre de quelle manière, et mon law ». Alors qu’en France l’éla- ment les principales controverses gibilité nouveaux de ce qui était en avec quels moyens conceptuels, boration progressive d’un point de politiques portant sur l’origine du train d’advenir : le gouvernement juristes, « antiquaires », hommes vue historique sur le droit écrit va parlement, la précédence du roi ou de la société par la Constitution politiques et érudits ont participé à s’étendre au droit coutumier et, ain- des parlements en termes de préro- mixte. Et l’on sait toute la construction de représentations si, contenir toute tendance à penser gative et de souveraineté, vont l’importance que ce « modèle » tendant à légitimer un nouvel éta- ce dernier en termes de « coutume enrôler des conceptions et des argu- aura au XVIIIe, pas seulement en blissement politique fondé sur la immémoriale », en Angleterre c’est mentations développées par les l’Angleterre, mais aussi en France THE BRIDGEMAN ART LIBRARY balance des prérogatives entre le cette tendance qui va prendre le Portrait de Machiavel par Tito di Santi juristes et les antiquaires, inventant et dans les futurs Etats-Unis. Notre présent politique à l’aune du « moment machiavélien » Le républicanisme sous le regard croisé de J.G.A. Pocock et Quentin Skinner

ohn Greville Agard Pocock ne le titre d’une étude, publiée en 1975 étaient affirmés dans un recueil d’ar- composante essentielle de la pensée l’Américain J. Rawls. Skinner s’oppo- grands et le peuple, affirme-t-il dans veut plus, aujourd’hui, interve- aux Etats-Unis et traduite en français ticles antérieur, Politics, Language politique anglaise et américaine : le se à la nouvelle formulation du con- les Discours. De ce point de vue, la nir lors de colloques sur en 1997, sur la pensée politique flo- and Time, où il se posait en historien, républicanisme, dont les sources doi- trat social proposée par J. Rawls, en conception de la démocratie avan- Machiavel. C’est entendu. Il a rentine aux XVe et XVIe siècles, Le par opposition au philosophe, jugé vent être recherchées dans la ce qu’elle envisage tout appel à la cée par le philosophe Miguel Aben- J pourtant forgé une expres- Moment machiavélien. La pensée poli- inattentif au contexte d’énonciation réflexion des humanistes civiques de participation civique, de la part de sour est significative : il emprunte sion, « le moment machiavé- tique florentine et la tradition républi- des idées et insistait sur sa marotte la Renaissance. S’il importe, aux l’Etat, comme des interférences injus- certes à J.G.A. Pocock l’expression lien », qui a fait fortune dans l’exégè- caine atlantique (PUF). théorique, le rapport au temps et ses yeux de Pocock, de mettre en lumiè- tifiées dans la vie des citoyens. de « moment machiavélien » à l’occa- se des œuvres du Florentin et s’ajou- On y retrouve deux motifs récur- effets sur la pensée politique. L’ex- re ce bagage conceptuel républicain, Machiavel est la figure de proue du sion d’une étude sur Marx (La Démo- te à des créations langagières ancien- rents dans son travail : le souci d’étu- pression de « moment machiavé- qui a voyagé dans le temps et l’espa- « républicanisme classique », cou- cratie contre l’Etat – le moment nes, aujourd’hui passées dans l’usa- dier le langage en contexte et l’inté- lien » a pour lui un double sens : elle ce, de Florence à l’Amérique des rant de pensée qui, selon Quentin machiavélien de Marx, PUF, 1997). ge courant – machiavélisme, antima- rêt pour la manière dont le temps est renvoie d’une part à une pensée poli- Pères fondateurs, ce n’est pas seule- Skinner, permet de concevoir mieux Mais n’est-ce pas pour la détour- chiavélisme, machiavélique. Il en fit conçu du point de vue politique. Ils tique située dans l’espace et le temps ment d’un point de vue historiogra- que ne le fait le contrat social rawl- ner ? Si Machiavel est présent dans – celle de l’humanisme civique à Flo- phique, mais aussi politique. sien les conditions de la liberté politi- une réflexion sur la démocratie rence ; elle désigne en outre une En effet, l’humanisme civique per- que – c’est-à-dire, à la fois l’indépen- aujourd’hui, c’est en effet, selon façon spécifique de concevoir le met de penser la liberté des citoyens dance à l’égard de toute source exté- M. Abensour, parce qu’il a su com- temps de l’action politique. rieure de souveraineté prendre et décrire « la force créatrice Cette conception a pour particula- et le régime politique de liberté » propre au conflit – dimen- rité de donner une place à la contin- Marie Gaille-Nikodimov où aucun citoyen ne sion peu envisagée par l’auteur amé- gence, contre la nécessité, au transi- domine les autres. La ricain. Au-delà de cet aspect, les ita- toire, contre la permanence, au à partir d’une idée que le libéralisme religion « à la romaine », l’égalité lianistes J.-L. Fournel et J.-Cl. Zancari- devenir inconnu, contre la providen- politique ignore, celle de vertu civi- économique et la frugalité, l’exem- ni, à travers leur travail d’édition, de ce et l’eschatologie. Elle met en scè- que. Cette perspective est reprise par ple donné par un homme exception- traduction et de commentaire de la ne la cité républicaine soumise à un Quentin Skinner. nel, la coercition par la loi sont des pensée politique florentine au tour- chaos d’événements – guerres avec Ce dernier a toujours souligné sa éléments favorables à la liberté, mais nant du XVIe siècle – Savonarole, Gui- les « barbares » étrangers et dette théorique à l’égard de l’épisté- rien ne remplace la vertu des chardin, Machiavel – ont mis en conflits civils –, dont elle ne maîtrise mologie pocockienne et a centré son citoyens, leur participation civique. œuvre dans les années 1990 une pas, ou mal, le cours. Elle utilise travail, plus encore que Pocock, sur La liberté, en ce sens, doit être con- méthode d’analyse de l’histoire poli- quelques concepts-clés pour rendre Machiavel et l’humanisme civique. çue comme un exercice et pas seule- tique en rupture avec celle de compte de cette situation : seule la Interprète du Prince, des Discours et ment comme un droit. J.G.A. Pocock et Q. Skinner : ils insis- « vertu » peut faire face à la mauvai- des Histoires florentines (Machiavel, Les analyses de Pocock et de Skin- tent sur la nécessité de complexifier se « fortune » et à la « corruption ». Seuil, 1989, qui reparaît ce printemps ner ont incontestablement contri- l’approche « en contexte » de ces Machiavel occupe, dans cette étu- en poche « Points-Essais », 176 p., bué à renouveler les études machia- derniers, par un ancrage beaucoup de, une place de choix, accompagné cat. 10), il met l’accent sur le républi- véliennes et ont vivifié le débat politi- plus marqué dans le moment histori- de quelques-uns de ses contempo- canisme de Machiavel. Son leitmotiv que anglo-saxon, dans lequel libé- que où les œuvres sont écrites et par rains, Savonarole et Guichardin, par est aussi inextricablement théorique raux et républicains s’opposent et où une analyse du langage qui tienne exemple. et politique. A travers son analyse de ces derniers ont fait de Machiavel un compte des confusions, des ellipses Cette analyse trouve aussi son ori- la pensée machiavélienne de la cor- de leurs principaux alliés. On pourra et des ruptures présentes dans l’his- gine dans une insatisfaction théori- ruption, de ses causes et des moyens cependant émettre quelques réser- toire de la pensée politique. Pour que à l’égard de la vision courante de d’y remédier, il élabore en effet des ves à l’encontre d’un pareil usage du tous, il s’agit de faire entendre la voix la pensée politique américaine : celle- catégories qui mettent en défaut le Florentin. Dans un tel débat, il y a de Machiavel, mais celui-ci a donné ci serait marquée par le triomphe, libéralisme politique. peu de place pour l’analyse du con- naissance à des interprétations très progressif mais indiscutable, du libé- Pour comprendre son entreprise, flit civil, thème pourtant central dans différentes : preuve d’une pensée ralisme. Celui-ci conduit à confon- il faut sans doute se rappeler l’in- la pensée de Machiavel et, qui plus ambiguë ? Plutôt d’une finesse dans dre pensée politique et pensée du fluence énorme sur la philosophie est, explicitement lié à l’idée de liber- le regard et d’une subtilité dans l’écri- droit. Or une telle vision est, pour anglo-saxonne de la Théorie de la jus- té : « les lois favorables à la liberté » ture, que nous n’avons pas fini Pocock, fausse. Elle dissimule une tice, dès sa publication en 1971 par sont issues de la désunion entre les d’épuiser. essais LE MONDE / VENDREDI 8 JUIN 2001 / IX b

livraisons Quentin Skinner aux sources de l’Etat moderne b LE PRINCE, de Machiavel Fallait-il encore traduire et éditer l’un des textes les plus commentés de la philosophie politique ? A lire la remarquable édition bilingue Paru il y a près d’un quart de siècle, « les Fondements de la pensée politique moderne » annotée de Jean-Louis Fournel et Jean-Claude Zancarini, on com- prend l’intérêt que pouvait présenter une traduction neuve, tenant sort enfin en France. Une vision dérangeante qui fait toujours débat compte des progrès accomplis au cours des dernières années dans l’établissement du texte et, surtout, en rupture avec les orientations questions et affrontent les mêmes en posant que l’histoire de la théorie néostoïcisme, qui vient concurren- des précédentes versions françaises, qui n’hésitaient pas à rendre des LES FONDEMENTS difficultés. Le contextualisme naïf, politique doit en grande partie s’écri- cer le néoplatonisme et l’aristotélis- termes aussi importants pour la pensée machiavélienne que virtù ou DE LA PENSÉE POLITIQUE ensuite, qui peut penser avoir tout re en termes d’histoire des idéolo- me ; la Réforme et les guerres de reli- stato par des vocables différents (stato, par exemple, était tour à tour MODERNE dit d’un auteur et de son œuvre dès gies, c’est-à-dire s’inquiéter, enfin, gion, qui accélèrent la transforma- rendu par Etat, pouvoir, territoire ou politique). Le Prince retrouve ici sa (The Foundations of Modern lors qu’ils ont été replacés dans la des relations entre le mouvement tion des modes de justification de force et sa complexité, servi par un commentaire de qualité qui resti- Political Thought) période qui fut la leur, sans s’interro- des idées et la pratique politique l’Etat. tue le travail d’invention lexical et conceptuel accompli par Machiavel de Quentin Skinner. ger plus avant sur leur mode d’argu- effective des agents historiques. Pour Skinner, cette évolution de pour penser des objets et des enjeux nouveaux (traduit de l’italien et Traduit de l’anglais par Jerome mentation spécifique, leur originali- C’est ici que l’attention toute particu- longue durée renvoie au fond à un commenté par Jean-Louis Fournel et Jean-Claude Zancarini, PUF, Grossman et Jean-Yves té, leurs références, leur vocabulai- lière qu’il porte à l’évolution lexicale renversement radical dans la façon « Fondements de la politique », 640 p., 198 F [30,18 ¤]). O. C. Pouilloux, Albin Michel, re… Skinner entend sortir de ce et au langage de la politique prend de penser les fondements et les fins b LE PRINCE, de Machiavel « Bibliothèque de l’évolution dilemme en plusieurs étapes. La pre- toute son importance. Pour Quentin de la société politique. Au cours du Dans la préface claire et informée qu’elle donne en introduction à sa de l’humanité », mière consiste en un élargissement Skinner, en effet, le « vocabulaire XVIe siècle notamment, ce long pro- traduction du fameux Il Principe – l’opuscule à l’origine était titré De 932 p., 160 F (24,39 ¤). très sensible du corpus des textes sol- normatif » disponible à un moment cessus s’observe, de manière appa- principatibus –, Jacqueline Risset insiste moins sur le contexte de sa licités, en comparaison par exemple historique donné ne peut être décrit remment contradictoire ou confuse, composition, connu et souvent rappelé, que sur la nouveauté de sa lan- orsque, au début du avec celui que mobilisait le beau comme une simple mise en parole chez les néothomistes et les jésuites gue, qui marie celle, populaire, des marchands et celle, déjà administra- XVIIe siècle, le duc Auguste livre de Pierre Mesnard. Opuscules de pratiques qui se détermineraient espagnols mais aussi chez quelques- tive, des chancelleries, en passe de s’imposer face au latin en usage. de Brunswick-Lunebourg anonymes, auteurs de second rang, en dehors de lui ; il exerce, au con- uns de leurs adversaires les plus Libre et expressive, elle peut, ainsi restituée, conquérir la scène. Ceux L organise sa magnifique pamphlets et ouvrages de circonstan- traire, une contrainte puissante sur acharnés, comme Bodin, même s’ils qui n’auraient pu assister aux représentations données au Théâtre des bibliothèque et en prépare le catalo- l’action des agents : en tirent des conclusions opposées : Amandiers à Nanterre en avril se reporteront avec plaisir à cette leçon gue, il décide de répartir les ouvra- ceux-ci ne peuvent justi- petit à petit se fait jour l’idée que la nouvelle (Actes Sud, « Babel », 192 p., 39 F [5,95 ¤]). Ph.-J. C. ges en sa possession en vingt catégo- Olivier Christin fier n’importe quelle société politique, instituée par les b L’ENJEU MACHIAVEL, sous la direction de Gérald Sfez et ries soigneusement distinguées. A action ni ne le faire n’im- hommes, n’existe qu’à des fins stric- Michel Senellart côté de la théologie, de l’histoire et ces entrent ainsi dans le champ de porte comment. La grammaire politi- tement humaines. Que le prince n’a La « Librairie du Collège international de philosophie » accueille les du droit, ou de la poésie, on trouve l’analyse aux côtés des grands traités que normative à leur disposition pas pour tâche première d’imposer actes d’un colloque tenu en 1998 pour réfléchir non seulement à l’œu- ainsi plusieurs milliers de titres ran- savants dont ils éclairent quelques- contribue donc à borner leur liberté sa foi et qu’il doit lui importer bien vre de Machiavel et à ses conditions historiques de production, mais à gés sous le terme de « Politica ». Ce uns des enjeux. Cet élargissement de manœuvre à un certain nombre davantage de maintenir la paix civile son actualité ou, plus exactement, à ce que sa lecture représente aujour- classement, resté célèbre, prenait permet à la fois de mieux cerner les d’actions, celles-là mêmes qui peu- et de conserver l’Etat. En assignant à d’hui encore comme enjeu pour la pensée de l’Etat, de la citoyenneté ainsi acte de l’autonomisation d’une problèmes théoriques et pratiques vent être justifiées, expliquées, l’Etat des fins spécifiques et séculari- et de l’engagement politique notamment. Une approche stimulante, « science politique » se donnant auxquels réfléchissent les légistes et défendues, et paraître compatibles sées, la nouvelle science de l’Etat jet- qui permet aussi de repenser la pensée de Machiavel et sa réception pour objectif de réfléchir aux princi- les philosophes d’une période histo- avec l’image que leurs auteurs enten- te donc les fondements de la philoso- par la tradition philosophique (PUF, 272 p., 158 F [24,09 ¤]). O. C. pes généraux du gouvernement rique précise, mais aussi d’aperce- dent donner d’eux. D’où la complexi- phie politique moderne. Elle accom- b ÉLOGE D’ISTANBUL, de Lâtifî séculier. Il faisait entrer dans le systè- voir plus clairement l’originalité ou té des débats de l’humanisme et de pagne aussi, en France et en Angle- Depuis l’Antiquité, l’éloge de la ville est un art codé. A la chute de Byzance, les nouveaux maîtres ottomans encouragent la célébration d’une ville convalescente, et le chehr-enguiz, genre littéraire à part entière, connaît quelques chefs-d’œuvre, à commencer par celui du chancelier Dja’fer Tchélébi. Les deux versions proposées ici sont plus marginales : celle de Lâtifî, en prose, et le Traité de l’invective, anonyme et plus tardif, livrent d’Istanbul une double vision personnelle et criti- que, où la peinture des « vices » urbains donne une couleur savoureu- se à la leçon morale, à prendre avec réserve (traduit du turc ottoman, présenté et annoté par Stéphane Yerasimos, Sindbad/Actes Sud, « La Bibliothèque turque », 204 p., 119 F [18,14 ¤]). Ph.-J. C. b LOUIS XV libertin malgré lui, de Maurice Lever Grand connaisseur du Siècle des lumières, Maurice Lever, après Sade et Beaumarchais, s’attaque à la figure du Bien-Aimé. Le verbe n’est pas trop fort, tant la quête de l’homme derrière le masque monarchi- que balaie les poncifs aimables pour débusquer les indices d’une névro- se où le versant homosexuel, négligé, éclaire d’un jour cruel l’ennui profond et la langueur fatale d’un Louis XV « triste sire ». Radical et décapant, même si la toile tourne parfois au portrait-charge (Payot, « Portraits intimes », 224 p., 110 F [16,77 ¤]). Ph.-J. C. b LES VINGT JOURS, de Jean Tulard Selon le mode de calcul que l’on retient, le bref retour de Napoléon au pouvoir, entre son exil elbois et sa déportation à Sainte-Hélène, excè- de ou non le délai fatidique de « Cent Jours », retenu par les histo- riens. Avec malice, Jean Tulard déplace ici l’accent pour suivre au plus près le mois crucial qui vit, au terme de l’hiver 1815, le retournement des politiques, officiers et notables, mûs par le sens du devoir, le res- pect de leur serment ou le sens de leur intérêt. Avec la crainte secrète de mal choisir son camp. Une évocation vivante et édifiante (Fayard, 288 p., 120 F [18,29 ¤]). Ph.-J. C. b LA NÉGOCIATION. Été 1940 : crise au PCF, de Roger Bourderon Se fondant sur des pièces accessibles depuis l’ouverture des archives de Moscou, Roger Bourderon scrute la grave crise qui secoua la direc- tion du PCF à la suite des pourparlers de l’été 1940 en vue de la reparu- tion de L’Humanité. Des rapports internes visèrent Maurice Tréand, responsable de la commission des cadres, présenté, notamment par Arthur Dallidet, comme l’initiateur, avec Jean Catelas, des contacts avec les autorités d’occupation. Jacques Duclos était ainsi dédouané. THE ROYAL ACADEMY OF ARTS/IN « VISIONS DU FUTUR » ED. RMN Éclairant les méthodes du Komintern, Bourderon restitue de tragiques me même du savoir cette émancipa- la banalité de certaines prises de la Réforme sur le devoir d’obéissan- terre du moins, l’immense travail parcours. Dallidet se tut sous la torture avant d’être exécuté (mai tion, récente, partielle, fragile et position. Pour ne retenir que deux ce et le droit de résistance. Com- des pouvoirs sur eux-mêmes dans 1942). Condamné par le Tribunal d’Etat, Catelas fut guillotiné (septem- comme souterraine, de la théorie du exemples, centraux il est vrai, ce pre- ment, par exemple, fut-il possible à leur constante volonté de se libérer bre 1941), non sans avoir montré une indéfectible fidélité à une direc- politique à l’égard des enseigne- mier choix méthodologique autorise partir des années 1530 pour les pen- à la fois de la tutelle des autorités tion dont il savait qu’elle le tenait en suspicion (éd. Syllepse, 256 p., ments des juristes et des théolo- Skinner à révéler l’influence des seurs luthériens de justifier la résis- supraterritoriales (l’empereur et le 100 F [15,24 ¤]). L. Do giens qu’Althusius avait proclamée idées néo-stoïciennes dans la renais- tance au prince impie et persécuteur pape) et des effets paralysants du b TOUS LES ALLEMANDS N’ONT PAS UN CŒUR DE PIERRE, quelques années plus tôt. sance italienne, mais surtout à appor- – en l’occurrence Charles Quint – morcellement féodal. de Marie Kahle C’est à retracer les origines de cet- ter la démonstration de la parenté alors qu’ils avaient au départ affir- L’ouvrage de Quentin Skinner Exceptionnel témoignage que ce récit publié en 1945 à Londres. Marie te constitution progressive d’une très forte qui unit, au XVIe siècle, les mé que tout pouvoir venait de constitue en cela aussi un classique Kahle y raconte comment sa famille fut mise en quarantaine dans l’Al- science du politique indépendante réflexions des constitutionnalistes Dieu ? Résister au tyran, même san- dont la lecture ou la relecture s’im- lemagne nazie pour avoir secouru une voisine dont le magasin avait et à comprendre les conditions histo- espagnols (Suarez, De Soto, Riba- guinaire et persécuteur de la vraie pose aujourd’hui comme lors de sa été incendié le 10 novembre 1938 à Bonn. Elle donne ainsi à voir les sui- riques et intellectuelles précises de deynera notamment) et les avancées foi, n’était-ce pas prendre le risque sortie. tes de la Nuit de cristal pour une famille qui avait spontanément mani- l’émergence à la fin du XVIe siècle de des monarchomaques calvinistes de contrecarrer les desseins célestes festé sa solidarité à des juifs persécutés et qui dut s’expatrier. Il fallait la notion moderne d’Etat, au sens de (Bèze, Hotman, Buchanan), en dépit et, du coup, pécher gravement ? e A l’invitation de l’EHESS, Quentin vraiment, comme l’écrit Antoine Prost dans sa préface, un courage et lieu abstrait d’un pouvoir sans parta- de leur opposition religieuse. Loin Innovation cruciale du XVIe siècle, le Skinner assurera la XXIIIe conférence une éthique indomptables pour résister aux puissantes pressions exer- ge, qui en est inséparable, que s’est d’apparaître comme absurde, la cir- droit de résistance légitime ne s’est Marc Bloch sur le thème « la philoso- cées sur un couple et ses cinq enfants, isolés au sein d’un corps social attaché Quentin Skinner dans cet culation des arguments entre pen- donc imposé aux penseurs protes- phie et le rire », mardi 12 juin à 17h30 gangrené par l’antisémitisme d’Etat. D’un style dépouillé, ce récit per- ouvrage essentiel paru en anglais il y seurs catholiques « absolutistes » et tants mais aussi catholiques qu’au au grand amphithéâtre de la Sorbon- met de comprendre ce que pouvait concrètement signifier une résis- a près de vingt-cinq ans (1978). « anti-absolutistes » calvinistes terme d’un lent travail de réflexion ne (47, rue des Ecoles, 75005 Paris). tance jour après jour aux nazis (traduit de l’anglais par Emmanuelle Mieux vaut tard que jamais, et l’on invite ainsi à remettre en question sur les fondements du pouvoir politi- Ertel, éd. Liana Levi, 128 p., 89 F [13,56 ¤]). L. Do ne peut que remercier l’éditeur de ces étiquettes peu convaincantes et que et la nature de la tyrannie, à par- cette traduction qui peut encore à s’interroger sur le sens véritable du tir de catégories pourtant, à l’origi- contribuer au dialogue entre histo- défi que purent représenter, pour les ne, héritées de la scolastique et de la riens de la philosophie et historiens théoriciens du politique, les repré- philosophie morale du Moyen Age. de l’Etat, susciter de nouvelles inter- sentants de l’Eglise, les membres des Reste, au-delà de l’apport métho- rogations, dissiper quelques malen- minorités religieuses, les transforma- dologique de Quentin Skinner tendus au sujet de la naissance con- tions du pouvoir monarchique à la – dont l’intérêt peut aussi se mesu- troversée de l’Etat moderne. Le fin du Moyen Age et au cours du rer aux travaux de continuateurs temps, en effet, n’a rien retiré à la XVIe siècle. comme Martin Van Gelderen –, à nouveauté du propos et à l’impor- Certes, on pourrait ici discuter évoquer la thèse centrale de cette tance décisive de ce travail que les dans le détail certaines des affirma- préhistoire de la philosophie politi- bibliographies de nombreux tions de Skinner, en s’appuyant sur que moderne qui embrasse une manuels français consacrés à l’Etat les apports récents de la recherche : période allant de la fin du XIIIe siècle et à l’histoire politique continuent réévaluer, par exemple, l’impor- à la fin du XVIe siècle. Cette somme, d’ignorer avec une constance inquié- tance du calvinisme dans la on l’a dit, a pour ambition de retra- tante. formation des théories de la résistan- cer les origines et la formation du D’emblée, Skinner expose sa ce, regretter la limitation du corpus concept moderne d’Etat, entendu méthode ; il propose de se garder aux seuls textes imprimés, qui laisse comme une entité constitutionnelle des deux écueils opposés sur les- de côté la masse considérable des indépendante, détentrice du mono- quels bien des histoires de la philoso- discours, des sermons, des haran- pole de la violence légitime et sour- phie politique moderne semblent gues, contester un certain nombre ce unique de la loi. De Marsile de auparavant s’être échouées. Le tex- d’attributions ou de datations. On Padoue et son Defensor Pacis (1324) tualisme tout d’abord, qui conduit pourrait aussi se demander si le con- à La République (1576) de Jean philosophes, juristes et historiens à texte que reconstruit l’auteur n’est Bodin, Skinner décrit donc, avec relire sans cesse le même corpus, pas avant tout un textuel, constitué une érudition parfaite et une grande limité à quelques grands textes classi- d’un réseau d’ouvrages contempo- clarté, les mutations de ce concept ques (Machiavel, Erasme, Bodin…), rains qui se répondent les uns aux qui cesse petit à petit de désigner la sans toujours se soucier de les remet- autres. Ces interrogations ou ces condition du prince (status principis) tre en perspective, de les rapprocher nuances, pourtant, ne retirent rien à ou du royaume (status regni) pour d’autres ouvrages et d’autres con- l’intérêt et à la force de l’argumenta- revêtir un sens plus abstrait. Sa temporains, moins prestigieux, tion d’ensemble. démonstration privilégie deux moins habiles, moins profonds, mais Skinner peut alors passer à une temps forts : l’humanisme italien de qui abordent pourtant les mêmes seconde étape de sa démonstration, la fin du Moyen Age et l’essor du X / LE MONDE / VENDREDI 8 JUIN 2001 chroniques b ECONOMIE INTERNATIONAL b par Philippe Simonnot b par Daniel Vernet Vie et mort d’un symbole

conte, en se laissant parfois emporter par son Le Mur n’avait pas les mêmes effets prati- Le commerce des mortels 1961-1989 BERLIN enthousiasme sémantique, l’histoire du Mur, ques que le blocus de Berlin tenté par Staline Les années du mur depuis 0 h 35 dans la nuit du dimanche 12 au en 1948 mais il aurait pu avoir les mêmes con- de Bernard Brigouleix. lundi 13 août 1961 jusqu’à la soirée du séquences politiques. En 1958, Khrouchtchev Ed. Tallandier, 224 p., 120 F (18,29 ¤). 9 novembre 1989, quand le porte-parole du avait envoyé une note aux trois puissances avec les immortels bureau politique est-allemand, s’embrouillant occidentales qui, avec l’URSS, avaient la tutel- l y a presque quarante ans, le 13 août dans ses notes, annonce qu’à partir de cet ins- le de « Berlin dans son ensemble », comme 1961, une grande capitale européenne tant tout Allemand de l’Est peut voyager libre- on disait en langage diplomatique, pour LEIBNIZ ET LES RAISONNEMENTS était divisée en deux, coupée par un mur. ment à l’Ouest ! transformer la partie occidentale de la ville SUR LA VIE HUMAINE I Au début, ce n’était qu’un rouleau de fils Ce n’est pas une histoire diplomatique, en une entité indépendante. L’idée était tou- de Jean-Marc Rohrbasser et Jacques Véron. de fer barbelés, ces fils qui « avaient naguère, même si la politique y joue son rôle. Brigouleix jours la même, faire tomber Berlin-Ouest Préface de Marc Barbut. eux aussi, “assuré la sécurité” des camps de con- a recueilli les témoignages de Berlinois de comme un fruit mûr, seuls les moyens étaient Ed. Institut national d’études démographiques, 134 p., 120 F (18,29 ¤). centration », écrira Günter Grass, mais au l’Ouest, en visite chez des parents ou des amis différents. En 1958, les Alliés, au premier cours des semaines qui suivirent ce lundi d’été, de l’Est quand a commencé l’« opération rang les Américains, avaient mis tout en uelle est la valeur d’une rente viagère ? Ce problème économique ce fut un vrai mur, fait de plaques de béton pré- muraille de Chine », de Berlinois de l’Est qui, œuvre pour empêcher que Berlin ne se classique est compliqué, car pour le résoudre il faut faire entrer fabriquées, comme celles utilisées pour édifier dans un premier temps, ont accueilli la nouvel- retrouve dans la sphère d’influence soviéti- en ligne de compte le hasard et la mort. Supposons deux indivi- les banlieues ouvrières du « premier Etat socia- le « tranquillement » – ils voyaient une mesure que. Dix ans plus tard, ils sont plus circons- Q dus disposant chacun d’une rente viagère d’un million de francs liste sur le sol allemand ». Le mur de Berlin était répressive parmi d’autres, « dont on pouvait pects. Le secrétaire d’Etat Dean Rusk décla- par an. Le premier meurt à quarante-cinq ans, le second à quatre- plus que ça. Un ensemble d’installations de penser qu’elle serait bientôt levée, en attendant re, au lendemain de la construction du Mur : vingt-dix ans. La valeur de ce qui a été versé au second (90 millions) est le plus en plus sophistiquées avec les années, de la suivante » –, de soldats de la Volkspolizei qui « Jusqu’à présent, les mesures prises ne visent double de ce qui a été versé au premier (45 millions). Or, la rente est le reve- barrières, de zones interdites, de bandes de montaient la garde pour protéger l’édification que les habitants de Berlin-Est et de la RDA, et nu d’un capital prêté par le rentier à l’organisme chargé de la distribuer. Et la sable (pour repérer les traces des éventuels du socialisme, d’évadés, qui ont eu recours à non la position des Alliés à Berlin-Ouest ou valeur de ce capital va elle aussi dépendre de l’espérance de vie du rentier. fuyards), de miradors, d’appareils de tir auto- tous les stratagèmes pour passer à l’Ouest… Il leurs accès à la ville. » Il se trouve qu’un certain Gottfried Wilhelm Leibniz (1646-1716) s’est pen- matique, courant sur quelque 160 km au cœur insiste à plusieurs reprises sur la nature para- En effet, malgré des contrôles plus ou moins ché sur la question dans des textes datant des années 1680, que l’Institut de Berlin et autour de la partie occidentale de doxale du Mur ; il n’avait pas été construit tatillons sur les voies de transit entre la RFA et national d’études démographiques a la bonne idée de réunir et de commen- la ville, et sur plus de 1 000 km, du nord au sud, pour protéger une population contre une pos- Berlin-Ouest ou au célèbre point de passage ter. Le grand philosophe de Hanovre n’est pas seulement intéressé par entre les deux parties de l’Allemagne. sible invasion, bien qu’officiellement sa fonc- Check Point Charlie à Berlin, les Alliés ne sont l’énigme mathématique qu’implique l’incertitude de la mort, mais aussi par Douze ans après la chute du Mur, il est tion était de tenir éloigné l’ennemi impérialis- pas empêchés de circuler. Toutefois, pour les le problème économique qu’elle pose, particulièrement à l’Etat, car l’Etat, à d’autant plus difficile de s’imaginer ce qu’il a te, mais pour enfermer, pour empêcher les Berlinois, le 13 août 1961 constitue un trauma- l’époque, emprunte très souvent des capitaux sur la promesse de verser aux été que les traces physiques en ont disparu, Allemands de l’Est de « voter avec leurs pieds ». tisme. Willy Brandt, bourgmestre de Berlin- prêteurs des rentes à vie. mis à part quelques vestiges pour touristes. Les dirigeants est-allemands (et soviétiques) Ouest, comprend alors que les Occidentaux ne Leibniz qui s’est déjà illustré dans le calcul des probabilités (De arte combi- Bernard Brigouleix a eu raison de faire revivre avaient encerclé Berlin-Ouest pour dissuader se battront pas pour ses compatriotes en géné- natoria date de 1666) montre ici une superbe dextérité en algèbre, mais aus- son histoire pour tous ceux qui ne l’ont pas vu, leurs ressortissants de s’en approcher. Ceux ral ni pour sa ville en particulier. Le sort des si dans une science qui n’existe pas encore, l’économique. Et il vaut la peine, qu’ils soient trop jeunes ou qu’ils n’aient pas qui risquaient leur vie pour fuir la RDA pas- Allemands, des deux côtés de la frontière, ne aujourd’hui encore, de suivre son raisonnement. eu l’occasion de visiter Berlin avant 1989. On saient « de l’extérieur à l’intérieur du cercle de s’améliorera que grâce à une normalisation « Voilà, écrit-il, ce qui donne naissance à un commerce étonnant, tout à fait ne saurait trouver « monument plus symbolique béton et d’acier qui entourait la ville ». Le para- des relations de la RFA avec l’Union soviétique admirable et d’une grande utilité publique et privée, à savoir un commerce de la division du monde lors de son édification, doxe n’est qu’apparent puisque dans la partie (et par voie de conséquence avec la RDA). La entre personnes immortelles et mortelles. » Par mortelle, le philosophe entend ni plus représentatif de l’évolution de la planète, occidentale de Berlin, même assiégée, la vie construction du Mur donne le coup d’envoi une personne qui profite au cours de sa vie de tous ses biens sans se soucier dans sa chute ». Journaliste qui a fait au Monde était plus facile qu’à l’Est et qu’il était toujours intellectuel à l’Ostpolitik. Sa chute en sera de sa postérité. Le rentier viager appartient à cette catégorie puisqu’il cher- ses classes sur l’Allemagne, Bernard Brigouleix possible de la quitter, ne fût-ce que par les airs. l’aboutissement réussi. che à jouir durant sa vie de l’intérêt du capital cédé. Par contre, l’Etat est une personne immortelle puisqu’il utilise les fonds recueillis auprès des rentiers pour « entreprendre une grande œuvre destinée à se perpétuer », ou tout sim- POLITIQUE plement, dirons-nous, pour se perpétuer lui-même. Dès lors, la rente viagère apparaît comme un contrat de rente particulier b par Thomas Ferenczi Dans les coulisses des pouvoirs entre personnes mortelle et immortelle. « Les personnes mortelles, annonce Leibniz, ont intérêt à vendre à des personnes immortelles leur droit après leur mort pour percevoir plus durant leur vivant, ce qui constitue précisément l’origi- LE CANARD ENCHAÎNÉ resser qu’aux aspects les plus sordides ou les comme le journal préféré de l’éternel râleur ne des rentes viagères. » En effet, si le rentier se comportait comme une per- ou les Fortunes de la vertu plus risibles de l’histoire nationale ? Oui, si l’on qu’est, paraît-il, le Français moyen. » L’hebdo- sonne immortelle, le paiement de la rente se ferait ad vitam aeternam et tou- Histoire d’un journal satirique 1915-2000 doit en tirer la conclusion que les vrais ressorts madaire satirique n’oublie pas qu’il est né te sa descendance en profiterait. Mais le rentier, personne mortelle, se fiche de Laurent Martin. de la vie politique se situent dans les bas-fonds contre la censure et le « bourrage de crâne » de bien de sa descendance. Ce qu’il veut, c’est disposer lui-même de sa rente Flammarion, 726 p., 149 F (22,71 ¤). du carriérisme et de la corruption. Non, si l’on la Grande Guerre. pendant sa vie, et pas une seconde de plus ! Il lui faut donc, comme le dit admet, avec l’auteur, que ces réalités cachées C’est dans les années 1960 que fut pris le admirablement Leibniz, « passer contrat pour recevoir par anticipation epuis que la presse en France a méritent d’être portées à la connaissance du grand tournant du journalisme d’investigation. durant [sa] vie les rentes dont l’échéance devrait intervenir après [sa] mort, appris à se montrer moins respec- public, au même titre que les autres, et si l’on Certes, dans l’entre-deux-guerres, il prit sa part mais diminuées en proportion de l’anticipation ». Autrement dit, la partie de tueuse envers les hommes politi- n’oublie pas que la raison d’être du Canard est dans la dénonciation des scandales politico- la rente qui aurait dû être versée après la mort du bénéficiaire, et ce jusqu’à D ques, Le Canard enchaîné est deve- précisément de « dénoncer, railler, tourner tout financiers et se montra particulièrement pugna- l’infini, doit être « rachetée » par le rentier mortel pour qu’il puisse en jouir nu, pour la plupart des acteurs et des observa- en dérision », à la fois par conviction affirmée ce sur l’affaire Stavisky, titrant son édition du de son vivant. Jusqu’à maintenant le prêteur c’était le rentier, et l’emprun- teurs de la vie publique, l’un des principaux et par calcul commercial. 10 janvier 1934 d’une phrase devenue fameu- teur était l’organisme recevant le capital et en charge du versement de la ren- titres de référence. Lorsque l’hebdomadaire est Commercialement, en effet, Le Canard se por- se : « Stavisky se suicide d’un coup de revolver te, ici l’Etat. Maintenant, le rentier devient emprunteur, et l’Etat prêteur, distribué, le mardi soir, veille de sa parution, te bien. Grâce à des frais réduits et à des lec- qui lui a été tiré à bout portant. » Mais c’est sous puisque le rentier emprunte à l’Etat le droit de jouir de l’entièreté de sa rente dans les rédactions, les administrations ou les teurs fidèles, il peut se passer de publicité. le gaullisme – celui des polices parallèles et des tout au long de sa vie. cabinets ministériels, chacun se précipite sur Depuis 1990, son tirage moyen n’est descendu promoteurs immobiliers, deux cibles favorites Comme on peut s’y attendre, cette opération n’est pas gratuite. Elle a un les révélations du Canard – documents exclu- qu’une seule fois (en 1992) sous la barre des du Canard – qu’il prit vraiment son envol, coût que Leibniz appelle joliment « rabat ». Il s’agit bien en effet de rabattre sifs, informations confidentielles ou « petites 500 000 exemplaires et il a franchi à trois repri- avant de donner toute sa mesure sous les prési- un futur infini sur le présent. Le rabat est le coût de la possession anticipée phrases » traîtresses –, qui donneront le ton ses (de 1995 à 1997) celle des 600 000. Quant à dences de Valéry Giscard d’Estaing et de Fran- par le rentier des intérêts dont ses successeurs auraient disposé au-delà de des conversations. C’est que l’hebdomadaire son chiffre d’affaires, il est passé, entre 1990 et çois Mitterrand. sa propre mort, si celui-ci s’était comporté en personne immortelle. Comme est étroitement associé, depuis sa fondation en 1999, de près de 161 millions de francs à plus de Reviennent en mémoire l’affaire de la Garan- pour n’importe quel emprunt, la jouissance immédiate se paie par des inté- 1915 par Maurice Maréchal, à l’histoire politi- 189 millions, et son résultat d’exploitation, d’en- tie foncière (1970), les affaires Aranda (1972), rêts. Leibniz encore : « Il s’agit en effet d’évaluer une rente future, c’est-à-dire que du pays. viron 18 millions de francs à plus de 36 mil- de Broglie (1976), Boulin (1979) ou celle des dia- des intérêts devant faire l’objet d’une anticipation, mais aussi d’évaluer les inté- Certes, il n’en donne pas un reflet tout à fait lions. Ses capitaux propres ont atteint 418 mil- mants de Bokassa (1979). Reviennent aussi, rêts que l’anticipation produit sur eux, donc des intérêts d’intérêts. » fidèle. Comme le note Laurent Martin au terme lions de francs. C’est donc une entreprise pros- dans les années 1980 et 1990, les révélations sur Il est impossible de rendre compte ici des calculs auxquels se livre alors de sa monumentale et passionnante monogra- père, qui se vante, à juste titre, de son indépen- le passé de Maurice Papon, les affaires des Irlan- notre philosophe. Mais leur principe est clair, et c’est celui du taux d’intérêt phie, « ce n’est pas l’histoire diplomatique et poli- dance. dais de Vincennes, du Rainbow-Warrior, de Car- lui-même, lequel permet de mesurer avec une rigueur mathématique la tique, celle des grands hommes et des pensées de Cette indépendance est, politiquement, son refour du développement, du sang contaminé, « dépréciation » du futur, qu’exprime bien le dicton : « Un tiens vaut mieux haute élévation, qui apparaît dans Le Canard ; principal atout. Le Canard a des sympathies du prêt de Roger-Patrice Pelat à Pierre Bérégo- que deux tu l’auras. » Dépréciation encore plus forte si ce « deux tu l’auras » c’est son envers, sa face cachée et triviale, ses cou- pour la gauche et il ne les cache pas. Il apporta voy, de la Mairie de Paris et bien d’autres enco- se situe au-delà de la mort ! lisses ». Ce point de vue, ajoute-t-il, rend le siè- son soutien au Front populaire en 1936, à Pier- re. Le Canard n’est plus seul aujourd’hui à s’in- Encore faut-il rabattre un futur infini sur un présent dont la durée est aléa- cle « d’une singulière grisaille, quand ce n’est pas re Mendès France en 1954, à François Mit- téresser aux « affaires », d’autres journaux, toire puisque nul ne sait ni le jour ni l’heure de sa propre mort. Ce n’est pas d’une franche noirceur », puisqu’il nous montre terrand en 1981, mais retrouva très vite son dont Le Monde, le concurrencent et quelquefois une difficulté pour Leibniz qui dispose déjà de la notion de « vie moyenne » les hommes politiques « guidés par leurs petits humeur critique et son vieux fonds anarchiste. le devancent, mais il demeure irremplaçable. (espérance de vie, dans notre langage). intérêts », les guerres « déclenchées pour d’obs- Son esprit « frondeur » et « irrespectueux Le philosophe va même jusqu’à traiter du problème original de la durée curs appétits » et la France dominée par la « sou- vis-à-vis de tous les pouvoirs » était et reste son e A lire aussi, sur le journalisme contemporain et moyenne de survie d’un groupe d’individus d’âge différent. Ici aussi, il s’agit veraine médiocrité ». image de marque. Il est aussi la clé de son suc- ses relations avec la politique, La République des d’évaluer la valeur d’une rente viagère, mais cette fois en tontine. Exemple : Faut-il reprocher aux journalistes du Canard cès. « Journal de contestation, de protestation, Le mots, d’Ivan Levaï (Michel Lafon, 308 p., 125 F quatre hommes apportent mille livres pour s’acheter une rente viagère qui enchaîné, comme le font certains, de ne s’inté- Canard, écrit Laurent Martin, fut tôt considéré [19,05 ¤]). sera versée à l’ensemble du collège qu’ils forment tant que subsiste l’un d’eux. Procédé très agréable et très tentant, nous dit Leibniz, car, « dès le décès de l’une, les trois personnes restantes, qui au deuxième décès ne sont plus SOCIETE que deux, reçoivent autant que quatre auparavant, enfin le dernier associé sur- vivant reçoit tout à lui seul, or chacun a l’espoir de compter parmi les derniers b par Elisabeth Bursaux Les enjeux du génome survivants ». Une sorte de « loft story » à l’échelle de la vie entière, avec la mort pour sortie de jeu ! On pourrait peut-être s’y mettre… vertes posent pour la définition sociale de ce couronnée par le prix Nobel. En effet, c’est cette LE DÉCHIFFRAGE DU GÉNOME qu’est l’humain. Ecrit par un Américain, franco- technique, la PCR (polymerase chain reaction), L’aventure française phile au demeurant, ce livre nous renvoie une qui a permis le développement de la recherche de Paul Rabinow. image souvent exaspérante de nous-mêmes, génétique et a, de ce fait, modifié le visage de l’in- Traduit de l’anglais (Etats-Unis) montrant l’ambivalence des sentiments, faits dustrie pour sans doute de nombreuses années. par Frédéric Keck, d’admiration et de rejet, que les Français ont à Familiarisé avec la génomique, il a été invité à Ed. Odile Jacob, 274 p., 180 F (27,44 ¤). propos de l’Amérique. séjourner au CEPH par Daniel Cohen au titre Paul Rabinow est professeur d’anthropologie d’« observateur philosophe ». Il situe la recherche n anthropologue, Paul Rabinow, fait à l’université de Californie, à Berkeley. Ce New- qui y est faite dans l’espace bioéthique français, son terrain de la modernité et, plus Yorkais d’origine a découvert Sartre et Camus et transformé par l’affaire du sang contaminé et la particulièrement, des hommes et des la philosophie appliquée au quotidien à l’âge de constitution du Comité consultatif national U lieux consacrés à l’étude du génome. douze ans. Elève de Michel Foucault à Paris, il en d’éthique, et dans un « espace pratiqué » au sens Ce livre est le récit d’un moment très particulier devient le prosélyte aux Etats-Unis. Il est un des de Michel de Certeau, ouvert par le projet sur le de l’étude du génome en France, lorsque l’action meilleurs connaisseurs de la philosophie et de génome humain. Il nomme cet espace « purgatoi- conjuguée du Centre d’étude du polymorphisme l’épistémologie françaises. Il finit ses études par re »,où« l’argent, le pouvoir et les conflits de humain (CEPH) et de l’Association française con- une thèse d’anthropologie sur l’accession à la valeurs se mêlent et où le futur est l’objet de tous les tre les myopathies (AFM) a abouti à la descrip- modernité en partant d’un village du Moyen- calculs et de tous les conflits parce qu’il est fonda- tion d’une carte du génome humain, en avance Atlas, au Maroc. Il y étudie la tension entre une mentalement incertain ». sur ses compétiteurs. Ce succès avait été obtenu tradition très forte et l’irruption de la modernité. Il va être le témoin d’un conflit emblématique grâce à une alliance inhabituelle en France entre Le Maroc lui fournit aussi matière à réflexion sur entre Daniel Cohen et Philippe Froguel au sujet deux structures ne dépendant pas de l’Etat. Le les expériences menées par les Français, expé- de l’accord avec Millenium, entreprise de bio- déchiffrage du génome humain, première étape riences de planification urbaine qui doivent technologie américaine, dont le financement pour comprendre et maîtriser les détermina- mener à une évolution de la société et qui ont eu devrait assurer la poursuite des travaux du tions génétiques de certaines maladies ou de cer- lieu d’abord dans les colonies. Son but, en mon- CEPH. Ce livre est aussi la chronique de cet évé- tains processus physiologiques, doit ouvrir la trant la constitution occidentale de la réalité, est nement. Entre le surgissement de la controverse porte à la médecine prédictive. Paul Rabinow, d’en pointer le caractère spécifique de l’époque. et sa conclusion, qui fera éclater une partie de la qui en étudie les dimensions sociales depuis une Il en dénie donc le caractère supposé universel, recherche au CEPH, « quelque chose s’est pro- dizaine d’années, rapporte dans ce livre son et indique comment elle est liée aux pratiques duit, des questions éthiques se sont posées, des fonc- expérience au sein du laboratoire du CEPH, au sociales. tionnements politiques ont été mis en question, et moment où des accords devraient être passés Il est entré dans le monde de la biotechnologie les biotechnologies sont apparues sur la scène avec une entreprise de biotechnologie améri- par l’observation de la société de biotechnologie publique avec tout leur pouvoir de fascination et caine. L’analyse socio-politique de la crise qui Cetus, au sein de laquelle Kary Mullis a mis au de répulsion », analyse Frédéric Keck, qui a survient permet à Paul Rabinow de nous en faire point une technique d’amplification de l’acide magistralement traduit le livre et en fait une pré- percevoir les enjeux, les questions que ces décou- désoxyribonucléique (ADN), invention qui a été sentation lumineuse. ode oslscusd boutoir de coups les sous s’ef- fondrer devait qui et Guerre, Grande de la issue terreau bancale l’Europe le de fécond dans spiri- dimensions enracinées ses tuelles et avec culture disparu sa elle l’univers Ainsi, revivre Shoah. fera la de plupart survivants la pour témoins, ces de taire identi- diversité la comprendre faire de et comprendre de Bashevis tentera Singer, d’Isaac notamment biographie auteur d’une polonaise, te essayis- et journaliste cette gobytch, Dro- bien ou Paris Tel-Aviv, à Vilnius, Jérusalem, de quar- ultraorthodoxe elle le tier Shéarim, par Mea Qu’il à confessions recueillies écrivains. des chré- et s’agisse et rabbins juifs tiens, athées, France, et en et croyants Lituanie en Israël, en rencontré, avoir à après également Drogobytch et s’arrêta orientale elle centrale, Europe en juives disparues communautés des mémoire L L afçndn ecnat reconstitue- cinéaste le dont façon la sur s’interroge sont On carnets annexe. en des donnés extraits des dont juifs, et des l’extermination et guerre te cet- refuse qui Hosenfeld, figure Wilm mand alle- la capitaine le aussi juste, d’un Surgit admirable froid. le la faim, exécutions, lâches, les les collaborateurs, héros, les les conte ce qui de récit adaptation une actuellement leur dans » pays. langue, leur dans de le republier à Polonais encouragement un les volonté, bonne tous pour peut-être, constituera qui ce accessible, à nouveau est témoignage ce publication, mière officielle explication (…) aucune contra- sans été riés ont efforts 1960. ces années fois, Chaque les dans générations nouvel- des les disposition la de à remettre tenté le ont mai- polonaises plusieurs d’édition même sons bien réédi- quand été la té, jamais dans n’avait il avancer Depuis, à vie. continuer de et poignan- tes se plus les de émotions ses permettait de libérer terribles lui de qui d’après sur expériences, retour ; un potentiel c’était lectorat moi, que 1945, un plutôt en lui-même pour livre pour tout ce avant de initiale version écrit musicien, : du ceci fils Szpilman, zej Wladyslaw par Andr- l’avant-propos près écrit Dans Szpilman. récit peu ce à de fait tout en disent sous-titre 1 1,4¤). (18,14 F 119 p., 266 Laffont, Robert éd. Cohen, Bernard par l’anglais de traduit Biermann, Wolf de postface d’une et Hosenfeld Wilm capitaine du Journal du extraits des Suivi Szpilman. Wladyslaw de 1939-1945 Varsovie de ghetto le dans juif musicien d’un destin L’extraordinaire PIANISTE LE 1 1,7¤). (16,77 F p., 110 182 blanc, et Noir éd. Erhard, Grazyna et Carlier Margot par polonais du Traduit Tuszynska. d’Agata SCHULZ DE DISCIPLES LES lsd iqat n pè apre- sa après ans cinquante de Plus ldla zimnaértla écrit a Szpilman Wladylsaw « LE MONDE TELEVISION MONDE LE l nved eopsrla recomposer de vue en ple Agata péri- un entreprit dernier Tuszynska siècle du années 90 des début orsqu’au 9914 ettee le et titre le Varsovie : » de juif 1939-1945 ghetto le musicien dans d’un destin L’extraordinaire « Pianiste e oa oasitourne Polanski Roman e asn evved ldsa Szpilman Wladyslaw de vivre de raisons Les gt uznk,junlseplnie ’s acesrlstae ’nmnedisparu, monde d’un traces les sur lancée s’est polonaise, journaliste Tuszynska, Agata etming olvratdu uvvn uget eVroi,érte 1945, en écrit Varsovie, de ghetto du survivant d’un bouleversant témoignage Ce hoiusd rgbthe d’ailleurs et Drogobytch de Chroniques ’ a t édt nPlge lettautiiàpri es eso anglaise version sa de partir à ici traduit est Il Pologne. en réédité été pas n’a Chaque samediavec 0 123 DATÉ DIM./LUNDI retrouvez eu e omnué uvse uoeoinaee centrale et orientale Europe en juives communautés des celui

COLL. SZPILMAN ae,d ai udIkus ?, d’Irkoutsk M ou demandé Paris avait de Jéru- de salem, d’Amsterdam, ceux à York triomphants. temporairement totalitarismes des ldsa zimne 1946 en Szpilman Wladyslaw ercmue» commune leur amertume nie » cimetière de parla Grigori Kanovitch, russo- polonaise, lituanien d’origine succès, phone à juif vain écri- autre un Vilnius, A Grossmann. » l’humour de même sens le d’avoir textes, mêmes nourri les d’être par sentiment historique, le mais culturelle, religieuse, for- pas cément communauté, même la à nir Gross- David mann. israélien romancier ockn,apreatateosà autrefois appartenait retraite de Pouchkine, buste de le dresse se maison laquelle devant de sa fabrique et Abraham meubles sa ses synagogues, avec et deux Drogobytch, Schreyer Schwartz. passé, leur de Alfred venus traces les visiteurs sur d’Israël (1), Schulz de Bruno élèves d’anciens retrouver allait le à monde, » réinventer propre leur créer à et mots Kafka Platonov, Schulz, et Bible, la Boulgakov : formé l’avaient aux qui textes leçons des » vivants donnent qui morts exq’lctyi eusl’enfance. depuis côtoyait qu’il disparaître ceux ou mourir vu d’avoir retrouvé seul s’est assassi- qui homme été un par a née, juive dont communauté pays un la Varsovie dans de nazis les ruines par rasée les dans écrit témoigna- d’un ge rien disent ne et tout bonnes les toutes intentions. de cinéma, animé au propre fut-il péripétie sacri- la sans à l’écran fier à incarner faire il le dont puisse qu’on témoignage impossible semble un nous l’image à ra ulle nri e uf eNew de juifs les unirait lien Quel nUrie gt Tuszynska Agata Ukraine, En a ettee esu-ir disent sous-titre le et titre le Car ’s esnietd’apparte- sentiment le C’est « u rietàtaesles travers à arrivent qui « ns ééatàcertains à référant se en téou,ae n infi- une avec évoqua, et , . n ot edou- de sorte une « , eatrépondre devait , is que ainsi me uznk au Tuszynska adesdu gardiens « les « os ldvi efbiuru i.» lit. un fabriquer me devait il dors, : le l’assassin me » va ? maintenant qui terminer commencé, peine à sin (…) Schulz de tecteur non, Oh « “ton » mien. tué J’ai ? juif aujourd’hui font fait : j’ai dos meurtriers, le dans les froid entre halluci- dialogues nants les comme tout survivants, deux les fournissent détails que Les jaune. l’étoile portait qui personne chaque sur tiraient mands » glant 1940, le novembre tête, 19 la dans balle d’une assassiné e de ces servi- menus de nazis, bénéficiant deux chacun entre comptes de ment en Canel croque-mort Drogobytch au du l’auteur 1941, à juillet Allemands des l’entrée Après ce rapprochement. justifient alimentaire, travail son pour ainsi nourrissait –, qu’il l’aversion (2) comme que dessins – ses femme l’expriment la à de et soumission fascination de rapport son de, du polonaise l’édi- tion commenté avait à il comparé dont Kafka, plus souvent du dernier, des polonais siècle écrivains l’un importants c’est Ignacy Witkiewicz, et Gombrowicz ; Witold Schulz avec Bruno lycée, de professeur SCHULZ BRUNO textes les disparaître sacrés. firent et bles meu- de dépôt la en synagogue transformèrent grande qui soviétiques autorités les furent par Sibérie Certains en déportés nazie. l’armée occupé par territoire le de depuis s’ajou- milliers réfugiés quelques auxquels encore vivaient, taient y mille dix-sept juifs presque de Pologne, orientale la moitié l’URSS la de lorsque s’empara mondiale, deuxième la guerre de début austro- Au l’empire hongrois. partie, de fait 1918, avoir jusqu’en après Pologne la nrpgeàdr ui s admirable- est dont qu’il dire texte à d’un répugne on lecture la l’émotion de naît pro- qu’accroître qui souvenirs font ses ne de ches fil Szpilman le distance Wladyslaw déroule la laquelle vengeance, avec de timent sen- de déchaîne- L’absence tel d’inhumanité. un ment à suite fait ont qui souffran- de ce de force l’état à non-être de dans de vide, coup plutôt le ou l’émotion, sous rédigé document parfois après, suivi, longtemps ont qui écrits années textes les dans d’autres différence la A ’s àqevvti nmodeste un vivotait que là C’est (…) ” 3 eavciedu règle- d’un victime sera (3) osu e iiarsalle- militaires les lorsque , o » son « ac uhe ua u le tué as tu qu’hier parce , lr,v orsrqo je quoi sur voir va Alors, « tdes et uf cuzaété a Schulz juif. ePianiste Le ’xlm epro- le s’exclame Procès ast eque ce Sais-tu « ejuisan- jeudi le « ’il ndes- un là j’ai , essais otqe de Boutiques éos de Réponse Sanatorium asolitu- Sa . s un est b al od n td intitulée étude la une de ronde éditions Table aux professeur publiait critiques le Lewi 1989, Henri et En 1991). essais et (1979 ses et corres- pondance sa de partie qu’une ainsi Schulz, Denoël retrouvées, et éditions Denoël perdues Lettres chez encore aux signalons ; deux (1974) Les (3) tes. découver- d’être viennent à Drogobytch Schulz par 1942 Plusieurs en réalisées Lisowski. fresques Georges par polo- nais du traduit (1983), Calligrammes le Illustrant (2) cuzo e taéismessianiques stratégies les ou Schulz rit ectetep i survécu témoigner. et ait vie notre qu’un trempe embellir pour cette est de chance artiste des Notre cours com- muniste. l’Etat de au l’égide sous 60, publiée années l’œuvre Chopin, nationale de de l’intégrale édition de grande polonaise la à le parti- aussi cipé a fondé il ; radio, Varsovie de Quintette la dirigé patriotes, com- ses par fredonnées chansons ses nombreu- de composé pianiste, guerre de re carriè- seconde sa repris a Szpilman la en mondiale, 48 Après ans l’opus six mineur. – émissions, tard ses plus repris a quand elle Chopin de rejouer nocturne la à même le premier de le antennes et les libre Pologne sur direct que en voulu expri- mé s’être a à dernier le destin soit Szpilman Le Pologne. envahi la ont et l’Europe sur l’aube déferlé ont à nazis les était quand carrière grande et d’une polonaise radio la pour travaillait Schnabel Arthur niste pia- et compositeur du élève pianiste, » âme. leur de repos le retrouverais pour prier laquel- ne le sur tombe je une moins et au jamais disparu ont sérieu- se, l’enfant ceux-là. Halina de belle, si comme même Régina, pas ossements rien, reste pauvres ne il sœurs, ir eM le de référant, s’y livre l’article Michnik après et d’Adam URSS, alle- l’invasion en de mande lors en 1941, Jedwabne, à juillet Polonais les par perpé- tré pogrome Jan du sujet de au Gross aux T. témoignage sortie du la du par Etats-Unis Pologne lecture en provo- la quée polémique la après Après pose recueil. se question qui la C’est les ? blessures vraiment vieilles guérit-elle polonais. L’écriture traditionnel tisémitisme l’an- de indélébiles séquelles ainsi les catholique qu’entretient que l’église avec compliqués Israël rap- les ports sioniste, l’idéal judaïsme et le religieux entre tensions les tradui- sent éléments D’autres alle- mandes. et soviétiques occupations sous les collectives tueries de et tations dépor- les de toutes théâtres polonaises, de villes symbole chronique bourg, la ce à de ni histoires ses écoliers avec les charmait l’écri- qui à fragile borner vain se pas n’allait Drogo- bytch de survivants les avec naise ujdïm 7,red Temple, du rue 01-53-01-86-46). : Paris,réser. (71, 75003 judaïsme d’histoire et d’art du Musée au 20H30) (à Pianiste e oet ofr,28p,10F 130 p., 218 Monfort, [19,81 de par l’italien prix Josette de traduit le vient (Denoël, par Wizo qui recompensée Riccarelli, d’être Bruno d’Ugo de Schulz, romancée biographie ble remarqua- et récente une Signalons (1) eadrsnpsée face. à en aussi passé son elle regarder commence France, Pologne la la et l’Allemagne qu’après ep adécomposition. long- la plus à le la temps résiste est qui corps chevelure du La partie crâne. du encore pendaient blonds cheveux longs de que d’autant : certainement, délicats fille, fins, jeune os Sa une les révolte. frêle, la était de stature temps une été au avait qui barricade ce de pied au de façade, mur un contre reposait humain lette : cette assumer falloir Allemands, va qu’il des vie départ fin le prennent et avec Pologne la de vasion l’in- précédé ont qui semaines les commencent avec qui années ces raconte absent. est en vani- effet toute tout : té, l’est qui mais écrit, ment oi euc iadsetat du extraits des lira Renucci Robin asqiéatSimn?C jeune Ce ? Spilman était qui Mais ’nrte eleqêrc polo- l’enquêtrice de L’entretien ¤ e 0( 7) 1 2e 3juin 13 et 12 11, 17h), (à 10 les , ]). me ir idolâtre Livre uznk prouve Tuszynska da Reichmann Edgar li Lompech Alain (…) nsque- Un « Pianiste Le eBruno de ut édition , emes De Bruno dièse . ai,lrqelsplcesfaçi olrn l’arrêter voulurent français policiers les lorsque Paris, à o éi,sred oelni lui- noir soleil de sorte récit, Son nal d’extrêmes son de l’écriture âme, que douleurs son son dans dans corps, a cœur, son Elle dans nazies. souffert années les aller laissée pendant s’est à l’Europe barbarie laquelle la antisémites, persé- des cutions l’horreur subi, Elle a folie… elle vu, la a à la torture la Folle, mémoire l’insupportable. torturer jusqu’à la pour historique de vérité la sert se mémoire, tortionnaire, La infatigable journal. son achève d’écrire trépas, du portes aux groise se roman, folle d’une et Son croisent nouent. se tragiques, sou- histoires, vent à ces toutes semblable où est lieu un homme La cet maintenant). de publie vie et vit il France (où la sans de celle s’engagea 1945), dès il réserve lequel (dans communis- me du il celle dont témoin), Shoah, un la a est à (Diener peu Buda- de judaïsme échappé à du 1956 celle de pest, moment révolution au la quitter de dû Hon- a la qu’il de grie, celle la aussi mais : tourmentée sienne, histoire une cache toute se Mirail, du l’université à ces A D torture cette à d’échapper tente roman du L’héroïne er orcpe e ovle inter- nouvelles les écou- des capter à pour radio teurs et de poste un journaux lire, à livres des petit-gris, paquets de des Pigeon, lampe la pour ce l’essen- de contre découragements, les maintenus tous prudence une de ordre et peu un un quotidienne, : gymnastique durée la pour organisé enfants… ses il envoyé où libre, déjà zone avait en passé était ans quarante-qua- tre de homme cet ment, Officielle- Libération. vingt-trois la jusqu’à pendant mois, cloîtré, de et ciel silen- cieux vivre, le allait il laquelle sur dans Paris, donnant vasistas un mebe:uepèed m 6 de son pièce de une étage : sixième immeuble un au disposition local sa petit à mettre déjà de avait prévu Celle-ci (1). 8 du concierge lfl erfge hzM chez réfugier qu’il se fila ce il après appelle ; l’arrêter » armés venaient individus trompa insolents deux qui une Albert audacieuse, qu’à ; salut Ecoles fuite son des dut rue ne la Grunberg de 14, appartement du son de porte frap- la à français pèrent policiers un des septem- 24 1942, française, le bre : clandestin société un et la paria à parfaitement cet intégré autodidacte, de firent artisan l’Occupation compte de condi- son tions les Mais 1930. à années les s’installer dans et 1919 pu en avait Auvergnate s’était une à volontaire, marié Guerre engagé Grande en la comme émigré fait avait avait France, il roumaine, juive ’cuaind coiffeur du L’Occupation 4 2,4¤) (21,34 F 140 p., 352 l’Atelier, de éd. Laloum, Jean de notes Grimberg, Roger de avant-propos Douzou, Laurent de Introduction Grunberg. d’Albert L’OCCUPATION SOUS PARIS À JUIF COIFFEUR D’UN JOURNAL 9F(35 ¤). (13,57 F 89 p., 140 l’Aube, de Ed. Diener. 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L’EDITION FRANÇAISE L’Olivier, dix ans et des poussières b La renaissance du Pommier. A l’ombre du Seuil, la maison d’Olivier Cohen a imposé sa voix dans le domaine anglo-saxon, mais aussi français. Une décennie Après avoir fait les frais des restruc- turations au sein d’Hachette, l’an- d’une aventure éditoriale vécue comme « une affaire personnelle » cien département de Fayard Le Pom- mier, arrêté en décembre 2000, uand Claude Cherki, propose donc à Olivier Cohen de devenait l’élément fondamental de la clown, d’Howard Buten et Jean-Pier- gers pour la littérature française. » renaît de façon indépendante, sous PDG du Seuil, lui a pro- créer une filiale à 50-50, même si couverture ». « Mais personne ne re Carasso. « Tous ces gens auraient Au milieu des années 1990, Le la forme d’une société anonyme. posé en 1990 de créer sa l’idée ne séduit pas forcément tout nous connaît », fait-il remarquer. pu être publiés ailleurs, mais j’étais Seuil rachète l’ensemble des parts : Sophie Bancquard, qui porte le pro- Q maison d’édition, Olivier le monde au Seuil. Le chantier com- « Après on te connaîtra », réplique ami avec Raymond Carver et avec « Ce qui compte, c’est l’indépendan- jet depuis plusieurs années, en est Cohen a d’abord dit non. mence. John McConnell, qui ajoute : son agent, qui s’occupait d’un certain ce de la création, pas l’indépendance l’actionnaire majoritaire, aux côtés Pas longtemps. « Pour quoi faire ? A Il faut trouver un nom. « Je ne vou- « Dans deux ans, tout le monde va nombre de ces auteurs. Ils ont accep- financière, c’est d’avoir une alliance d’une vingtaine d’auteurs de la mai- quoi bon une maison d’édition de lais pas y mettre le mien. Cohen est vouloir que tu changes de couverture. té de venir sans à-valoir faramineux. de moyens pour me permettre de réa- son qui deviennent actionnaires, par- plus ? », s’est-il d’abord demandé. Il un nom très répandu. Je lance com- Ne cède pas ! » La couverture a été Ce réseau Carver m’a beaucoup aidé liser ce que je veux. » Il est nommé mi lesquels Michel Serres, Pierre n’avait pas eu jusque-là l’idée de me une boutade : le plus dur c’est de fondamentale dans la reconnaissan- moralement et éditorialement. » Il conseiller éditorial du Seuil, mais Laszlo, Etienne Klein. La diffusion créer sa propre structure, même s’il se faire un prénom ! Mais c’était une ce de la maison. publiera ensuite : Jay McInerney, l’essentiel de son activité reste est assurée par Harmonia Mundi. Le veillait à se ménager indépendance blague. » Il en parle à l’un de ses Cormac McCarthy, Robertson concentrée à L’Olivier. Pommier ne publiera que 15 à et autonomie. Il sortait d’une épreu- amis graphistes, John McConnell, FORCE DE FRAPPE Davies, Will Self, etc. Dix ans après, L’Olivier c’est tren- 18 titres par an, alors que 54 livres ve qui lui avait montré, si besoin de l’agence de design anglaise, Pen- Du point de vue du contenu, Oli- Les premiers livres sortent en plei- te livres par an, cinq personnes, un ont été publiés pendant la période était, la nécessité de l’une et de tagram. Ensemble, ils font le tour vier Cohen n’est pas parti de zéro. Il ne guerre du Golfe. C’est la crise, les chiffre d’affaires de douze millions Fayard en deux ans. Sont notam- l’autre : son départ brutal de Payot, des librairies et achètent des livres commence avec presque vingt ans librairies sont désertes. Olivier de francs et un bénéfice autour d’un ment programmés pour septem- à la suite d’un désaccord avec Jean- de toutes les collections. McConnell d’édition et une excellente connais- Cohen contemple à La Hune les million. Dans les prochains mois, bre : un essai de Michel Serres, François Lamunière. Un très mau- rentre à Londres avec ses sacs. Oli- sance de la littérature américaine. piles de ses livres qui ne se vendent Olivier Cohen veut développer sa Hominescence, et un roman de Fré- vais souvenir. vier Cohen le retrouve quelques Son ambition est d’emblée de pas, quand la voix du célèbre librai- collection de semi-poche, le secteur déric Serror, Mystère Pascal ou la Auparavant, il animait la maison semaines plus tard. Le graphiste a constituer « une force de frappe en re Georges Dupré l’encourage : français et la littérature étrangère mort du Père Noël. Après s’être occu- créée par Jean-Etienne Cohen- étalé dans son grand bureau une cin- littérature anglo-saxonne capable de « C’est bien, c’est cohérent. » Le suc- au-delà de l’anglais. Il a publié cette pée du secteur Savoirs de Flamma- Séat : Mazarine. Il a aussi vécu quantaine de livres par terre. Tous conquérir une position de premier cès est aussi venu du côté français. année un roman qu’il ne pouvait rion, Sophie Bancquard avait créé l’aventure du Sagittaire, avec les livres sont retournés sauf trois : plan en termes de qualité et de décou- L’Olivier a commencé à publier des pas lire, contrairement à son habitu- ce département chez Fayard. Fin Gérard Guégan – qui vient d’en Actes Sud, Bourgois, Minuit. Il se vertes ». Le premier livre de L’Oli- auteurs français dès 1991. « J’étais de, dans la langue originale, Les Bon- 2000, son PDG, Claude Durand, déci- retracer l’histoire chez Parenthè- tourne vers Cohen et lui dit : «On vier paru en 1991 est Une saison convaincu qu’on allait assister à une bons chinois, de Mian Mian. Il n’a dait de couper la tête de Mazarine et ses – et Raphaël Sorin. Il ne veut va faire le contraire. » « Il a sorti sa ardente de Richard Ford. La même émergence d’auteurs français. Il y a pas de projet pharaonique. Il veut les branches du Pommier, deux pas mythifier cette histoire : «Je maquette. C’était tout blanc, se sou- année, L’Olivier publie : Les Feux, de eu le succès d’Agnès Desarthe, Marie continuer à pratiquer « l’édition départements qui aggravaient le n’ai jamais milité au sein d’un mouve- vient le directeur de L’Olivier, avec Raymond Carver, Un bonheur mor- Desplechin, des prix littéraires. Ce suc- comme on est un certain nombre à la déficit de sa maison d’édition. ment politique. Je n’ai jamais cru une petite fenêtre pour la photo et un tel, d’Anne Fine, Un air de famille, cès a rejailli sur les auteurs qui pratiquer : plutôt comme une affaire b Création du prix des Cinq qu’une maison d’édition pouvait énorme logo, représentant un olivier. de Michael Ondatjee, Le Châle, de avaient dix ans de plus. Il y a eu aussi personnelle ». Continents. En partenariat avec changer le monde. » Claude Cherki C’était la signature de la maison qui Cynthia Ozick et Histoire de Rofo, une vraie curiosité des éditeurs étran- A. S. l’association du prix Jeune Ecrivain francophone, l’Agence intergouver- nementale de la francophonie vient de créer le prix des Cinq Continents pour promouvoir de nouveaux A L’ETRANGER talents. Doté d’une bourse d’écri- Rue d’Ulm, on étudie… et on édite aussi b ture de 120 000 francs (18 294 ¤), il ANGLETERRE : JOYCE AUX ENCHÈRES récompensera un roman ou un es Presses de l’Ecole normale supérieure font mal radical dans la nature humaine, et un très intéres- Après Céline et Kerouac, c’est James Joyce qui défraye la chroni- recueil de nouvelles d’un écrivain peau neuve… Il était temps : créées en 1975, sant opuscule de Cesare Beccaria, Recherches concer- que des ventes aux enchères littéraires. Le 10 juillet, un chapitre d’expression française mais de natio- les Presses en question avaient beau avoir nant la nature du style (1770), dont la lecture permet de autographe d’Ulysse (1922) sera mis en vente par Sotheby’s. Pro- nalité autre n’ayant pas publié plus fusionné, en 1988, avec la maison sœur (les se convaincre, comme le souligne Bernard Pautrat, priété d’un collectionneur privé, ce texte, encore à l’état de de cinq livres. Outre la bourse, le lau- LPresses de l’Ecole normale de Sèvres, à l’époque réser- que Beccaria est bien le véritable auteur du célèbre trai- brouillon, fournit, aux yeux des universitaires, d’intéressantes réat bénéficiera d’une promotion et vée aux jeunes filles), et publié quelque cent cinquante té Des délits et des peines (1764), dont la paternité lui indications sur la genèse du roman. Selon les experts, son prix d’une aide pour être édité dans son titres, elles n’avaient jamais réussi à exister en dehors est régulièrement contestée. Trois livres soigneuse- pourrait atteindre 1,2 million de livres (1,92 million d’euros). En pays d’origine. Le président du jury du petit monde normalien. Même si les ouvrages figu- ment édités, et vendus à des prix raisonnables (respec- décembre 2000, un chapitre analogue, lui aussi à l’état de sera un écrivain du pays d’accueil du rant à son catalogue (des actes de colloques, pour la tivement 120 F [18,29 ¤], 95 F [14,48 ¤] et 105 F [16 ¤]). brouillon, avait été acquis par la National Library of Ireland Sommet de la francophonie lors plupart) étaient souvent d’une haute qualité scientifi- Au programme pour l’année 2001-2002 : des textes de pour la somme de 1 million de livres (1,6 million d’euros). duquel sera remis, tous les deux ans, que, ils demeuraient peu diffusés, ignorés des médias, L’Arétin (De l’humanité de Jésus-Christ, 1534), Modera- b ONDAATJE AU SECOURS DE LA « LITERARY REVIEW » le prix. Il s’agit cette année de la poè- oubliés des libraires et pratiquement introuvables hors ta Fonte (Le Mérite des femmes, 1600) et Dorothy et Le mécène Christopher Ondaatje s’est porté acquéreur de la célè- te libanaise Vénus Khoury-Ghata, des bibliothèques spécialisées. William Wordsworth (Voyage en Ecosse, 1803). bre revue littéraire britannique Literary Review, dont les comptes entourée de René de Obaldia, Le nouveau directeur de l’école, Gabriel Ruget, qui a Bien entendu, cette indispensable opération de accusaient d’importants déficits. Nancy Sladek, l’actuel directrice J.M.G. Le Clezio, Lise Bissonnette, pris ses fonctions à l’automne 2000, a donc décidé de rajeunissement ne fait pas disparaître les collections de la revue, conservera son poste. Frère de Michael Ondaatje, Aminata Sow Fall, Henri Lopes, confier la responsabilité du secteur éditorial de l’Ecole préexistantes. Signalons, parmi les travaux récemment l’auteur du Patient anglais, Christopher Ondaatje a fait fortune Andreï Makine, Linda Lê, Leïla Seb- à une « archicube », Lucie Marignac. Les vieilles Pres- parus dans le cadre de celles-ci, un volume des Cahiers dans la finance et l’édition au Canada. Il s’est récemment fait con- bar, Lyonel Trouillot. Le prix sera ses, dont le nom sentait l’encre et la craie, ont été Saulnier (série consacrée à l’humanisme de la Renais- naître en Grande-Bretagne en donnant notamment 2,75 millions décerné le 17 novembre à Beyrouth. rebaptisées, dès octobre 1999, Editions Rue d’Ulm. sance) sur l’épistolaire au XVIe siècle, ainsi que quel- de livres (4,4 millions d’euros) à la National Portrait Gallery et b PRIX : le prix Marcel-Pagnol a Trois collections ont été lancées, destinées à rendre ques ouvrages collectifs aux titres intriguants : Penser 2 millions de livres (3,2 millions d’euros) au Parti travailliste. Lundi récompensé Dominique Fabre pour plus visible sa vocation interdisciplinaire. le pouvoir au Moyen Age, Le Rire des Anciens, Cicéron et 28 mai, il a par ailleurs fait don de 1,5 million de livres (2,4 millions son roman Fantômes (Le Serpent à « Versions françaises », la première de ces collec- Philodème : la polémique en philosophie. Les Editions d’euros) à la Société royale de géographie. plumes). Le prix du livre Europe 1 tions, entend permettre la publication, en français ou Rue d’Ulm, enfin, continueront d’assurer la publica- b PRIX LITTÉRAIRES (30 000 francs) a été remis à Jean- en édition bilingue, de textes classiques du domaine tion de leurs deux revues annuelles, le Bulletin d’infor- La romancière australienne Kate Grenville a remporté le cinquiè- Paul Enthoven pour Aurore (Gras- étranger, en littérature, philosophie ou sciences socia- mations proustiennes (dont le numéro 31, le dernier en me prix Orange – réservé aux femmes et doté de 30 000 £ set). Le prix Breizh du roman, doté les. Traduction et présentation sont confiées à des date, porte sur Sodome et Gomorrhe), et une revue de (50 016 ¤) – pour The Idea of Perfection. Auteur de six romans et de 30 000 francs, a été attribué pour « archicubes ». Les deux autres collections seront con- linguistique, Lalies, centrée sur les langues et littératu- bien connue des lecteurs australiens, Kate Grenville, cinquante la première fois à Marie Le Drian sacrées, l’une à l’esthétique et à l’histoire de l’art (y res gréco-romaines, mais dont chaque numéro ans, l’a emporté devant Margaret Atwood, Ali Smith, Jane Smi- pour La Cabane d’Hippolyte (Jul- compris à celle de la musique et des arts de la scène), contient aussi un dossier consacré à une langue rare. ley, Jill Dawson et Rosina Lippi. L’historien mexicain Miguel liard) et le prix Breizh de l’essai, l’autre à l’économie – domaines dans lesquels les cher- Christian Delacampagne Leon Portilla s’est vu décerner le quinzième prix Menendez- doté de 10 000 francs, à Mikaëla Ker- cheurs de l’école jouissent, auprès de leurs collègues, Pelayo (8 millions de pesetas, 48 080 ¤), qui récompensa dans le draon pour sa biographie Xavier d’une réputation méritée. e Les Editions Rue d’Ulm sont hébergées par l’ENS, 45, passé Octavio Paz (1987), Ernesto Sabato (1997) ou Mario Var- Grall, une sacrée gueule de Breton Quant aux choix éditoriaux, ils s’annoncent plutôt rue d’Ulm 75005 Paris, et disposent d’un comptoir de ven- gas Llosa (1999). Enfin, le prestigieux prix Charlemagne d’Aix-la- (éd. An Here). Les prix Sorcières, bien, à en juger par les trois premiers titres qui vien- te situé au 46 de la même rue (ouvert du lundi au vendre- Chapelle, qui récompense chaque année une personnalité dont décernés par l’Association des librai- nent de sortir dans « Versions françaises » : une antho- di, de 9 heures à 12 h 30 et de 13 heures à 17 heures). l’action a contribué à l’unité de l’Europe, récompense l’écrivain res spécialisés jeunesse, récompen- logie de textes politiques de Jeremy Bentham intitulée Tél. : 01-44-32-20-97. Fax : 01-44-32-20-96. Email : ulm- hongrois Gyoergy Konrad, l’auteur du Visiteur (1969) et du Com- sent Pourquôôâa, de Voutch (éd. Garanties contre l’abus de pouvoir, l’essai de Kant Sur le [email protected]. plice (1980). Thierry Magnier), Madlenka,de Peter Sis (Grasset), Côté cœur,de Rascal et Girel (Pastel), Le Royaume de Kensuké, de Michael Morpurgo, amour » (Le Bon Marché, 24, rue 75017 Paris ; de 10 à 18 heures, illustré par François Place (Galli- AGENDA de Sèvres, 75007 Paris ; rens. : samedi 9 : Centre tchèque, 18, rue mard), Le Passage, de Louis Sachar 01-44-39-80-81). Bonaparte, 75006 Paris ; de 10 à (L’Ecole des loisirs), L’Afrique Petit b DU 2 JUIN AU 7 JUILLET. b LES 8 ET 9 JUIN. HRABAL. A 18 heures, rens. : 01-53-73-00-22 ou Chaka, de Marie Sellier et Marion POCHES. A Paris, à la librairie du Paris, le Centre tchèque et 01-53-73-00-25). Lesage (RMN), et la trilogie de Fran- Bon Marché se tiennent simultané- l’université Paris-Sorbonne-IV b LE 9 JUIN. CORPS. A Paris, l’as- çois Place, L’Atlas des géographes ment l’exposition « Livres de poche organisent un colloque sur Bohu- sociation Atlas (Assises de la traduc- d’Orbae (Casterman/Gallimard). Le 2001 », qui propose une large sélec- mil Hrabal qui aura pour thèmes tion littéraire en Arles) organise la prix Luciole junior, décerné par quin- tion dans tous les domaines de la « La palabre, un genre littéraire ? » Journée de printemps qui a, cette ze adolescents et la librairie Luciole littérature, et la présentation des et « Palabreur, auditeurs, lecteurs » année, pour thème « Le corps à Vienne, revient à Elle s’appelait illustrations-collages de Lamia Zia- (vendredi 8 juin : Centre d’une langue à l’autre (de 10 heures Catastrophe, de Nancy Farmer de, sur le thème « Paris mon Malesherbes, 108, bd Malesherbes, à 17 h 30, Istituto Italiano di Cultu- (L’Ecole des loisirs). ra, 50, rue de Varenne, 75007 Paris ; entrée libre, rens. : 01-45-49-18-95). b LE 12 JUIN. DERRIDA. A Paris, les éditions L’Harmattan organisent une soirée-dédicace à l’occasion de la parution du livre Dire l’événement, est-ce possible ?, ouvrage écrit en collaboration avec Gad Soussana et Alexis Nouss (à 18 h 30, Espace Harmattan, 21 bis, rue des Ecoles, 75005 Paris). b LE 13 JUIN. REPORTAGE. A Paris, l’Association du prix Albert- Londres et la Fondation Singer-Poli- gnac proposent un colloque autour du thème « Le grand reportage ou l’héritage d’Albert Londres pour le XXIe siècle » (de 9 h 30 à 18 heures, Fondation Singer-Polignac, 43, ave- nue Georges-Mandel, 75016 Paris ; rens. : 01-47-27-38-66). b LES 14, 15 ET 16 JUIN. VOIX.A Castries (34), dans le cadre du cycle « Ecouter lire » le centre régio- nal des lettres de Languedoc-Rous- sillon organise des soirées-lectures qui réuniront récitants et auteurs avec Marie-Christine Barrault (Camille Laurens), Anne Alvaro (Gertrud Kolmar) et François Mar- thouret (Claudio Magris) (à 20 h 30, château de Castries, 34160 Cas- tries ; rens. : 04-67-22-81-41). VENDREDI 8 JUIN 2001

LE MAÎTRE ARGENTIN DU JEU LA PATIENCE JEUNESSE SÉLECTION DE MIROIRS SELON ANNE PERRY Des livres La liste Les huit romans d’Adolfo Bioy Casares Rencontre avec une reine à emporter des « poches » réunis pour la première fois p. III du roman policier historique p. VI en vacances p. VIII parus en mai p. XIII à XV

SUPPLÉMENT AU MONDE DU VENDREDI 8 JUIN. No 17533 - DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : JEAN-MARIE COLOMBANI - IMPRIMERIE LE MONDE actualités bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb

sommaire b Photo en « poche », la grande bagarre

b LITTÉRATURES L’éditeur britannique Phaidon lance « 55 », sur le même créneau que la collection de Nathan Romans d’Adolfo Bioy Casares ’est un événement dans le fin. Il manque, ici, une bibliographie et une anglais, allemand), dans les grands pays (p. III) monde du petit livre photo bon liste d’expositions, mais en revanche cha- occidentaux plus le Japon. « Photo Poche Fresa marché. Depuis près de vingt que image est décrite ou commentée par le est inconnu chez les Anglo-Saxons », affirme y Chocolate ans (1982), les fameux « Photo photographe ou par l’auteur du texte. Amanda Renshaw. Faux, répond-on chez de Senel Paz (p. IV) PocheC » à la couverture noire – imaginés « Photo Poche » « expose » des images Nathan, où on affirme que 38 % des ventes Poèmes I par Robert Delpire pour le compte de qui « parlent d’elles-mêmes » alors que sont réalisées dans les pays non franco- et Poèmes II l’Etat, repris par Nathan en 1997 –, qui ont Phaidon veut les faire « parler ». Les phones. Mais conscient que l’enjeu est de Georg Trakl (p. IV) fait découvrir la plupart des grands photo- « Icons » de Taschen sont différents mondial, Nathan lance des éditions étran- Pluie d’orage graphes grâce à un prix bas, étaient en posi- puisque chaque numéro est la réduction gères de « Photo Poche », seul ou avec des de Yasushi Inoué (p. IV) tion de monopole. Or, le 13 juin, l’éditeur en poche (format, prix) d’un livre déjà exis- coéditeurs, à partir de janvier 2002 : une Les Aventures britannique Phaidon lance sur le marché la tant. De plus la photographie n’est qu’un douzaine de titres seront traduits en du capitaine collection « 55 » – il y a 55 photos dans secteur abordé dans la collection à côté anglais, espagnol et italien pour mieux Corcoran chaque livre – avec quinze titres d’un coup. des beaux-arts, du design ou de l’éro- séduire les pays concernés. d’Alfred Assolant (p. V) Cinq monographies supplémentaires sorti- tisme, même si l’image joue partout un Nathan, qui annonce des numéros Titanic ront en juillet. L’Allemand Taschen ayant rôle essentiel. consacrés à Renger Patzsch, Tabard, et autres contes lancé sa collection « Icons » en février La bataille commerciale pourrait se jouer Bayard, Drtikol et Coburn, voit s’élever juifs de Bosnie (« Le Monde des poches » du 2 mars), dans à plusieurs niveaux. Le prix ? 60 F (9,15 ¤) « une concurrence frontale » de Phaidon et d’Ivo Andric (p. V) laquelle des titres sont consacrés à des pho- (noir et blanc) et 65 F (9,91 ¤) (couleur) reconnaît sa « puissance de frappe ». Mais Journal tographes, la concurrence s’annonce rude. chez Nathan pour une bonne soixantaine l’éditeur français compte faire la différence amoureux En juin, on pourra déjà acheter un Atget de photos ; 52,50 F (8 ¤) chez Taschen pour « en maintenant un standard de qualité de Dominique Rolin (p. V) chez les trois éditeurs ; Kertész, Moholy- 200 photos de formats variés ; 49 F (7,47 ¤) élevé », affirme Benoît Rivéro. Ce dernier Livraisons (p. IX) Nagy, Eugene Smith, Eugene Richards et chez Phaidon, avec moins de photos mais rappelle que les « Photo Poche » sont Witkin, chez Nathan et chez Phaidon ; Man un mélange noir et blanc et couleur. régulièrement réactualisés au moment de b ROMANS Ray, chez Nathan et Taschen… « Pour nous, Phaidon affiche surtout une politique leur réédition et qu’ils se vendent sur la POLICIERS c’est un tournant et un risque énorme, commerciale agressive – vingt autres numé- durée – 25 000 exemplaires en moyenne au La marque de Caïn affirme Amanda Renshaw, de Phaidon. Le ros sortiront d’ici à la fin 2001, soit qua- bout de cinq ans –, au gré de l’évolution de et Silence but est de faire accéder, grâce à un prix qui rante numéros en un an (le rythme de la notoriété et de l’actualité du photogra- à Hanovre Close n’a jamais été aussi bas, le monde visuel au Nathan est plus calme). Les libraires qui phe. Phaidon, au-delà du formidable d’Anne Perry (p. VI) public qui n’achète pas de livre photo. » Sur souhaitent avoir les « 55 » sont obligés, « coup » mis en place, voudra-t-il installer Livraisons (p. VI) ce marché où les albums lourds et chers durant les trois mois de période de lance- sa collection sur le long terme ? « Nous dépassent rarement les 2 000 exemplaires, ment, d’acheter à Phaidon 120 ou espérons avoir des centaines de titres dans b SCIENCE- Phaidon a mis le paquet en lançant dans le 240 exemplaires représentant les vingt pre- quelques années », répond Amanda FICTION monde entier « plus de 1 million de livres miers numéros et non seulement les plus Renshaw. Rêves égarés pour les vingt premiers titres » de la « porteurs ». Les livres devront être présen- Michel Guerrin de Graham Joyce (p. VII) collection. tés ensemble sur un carrousel offert par Livraisons (p. VII) Phaidon a grosso modo repris ce qui fait l’éditeur. « Si ces petits livres sont rangés sur le succès de « Photo Poche ». Nathan une étagère, ils sont perdus », explique b JEUNESSE possède en effet une collection bien ins- Amanda Renshaw. Un journal périodique en bref Sélection des livres tallée avec 90 titres en dix-huit ans – ils sont et gratuit de seize pages est lancé pour l’oc- b pour l’été (p. VIII) numérotés, du no 1 (Nadar) au no 90 (Leo- casion, 55 Journal, disponible dans les librai- nard Freed) –, monographiques pour la plu- ries ; son n˚ 1 présente les vingt premiers b Les éditions Gallimard offrent b ESSAIS part, parfois thématiques, avec quelques photographes et publie un entretien avec (dans la limite des stocks disponibles en li- Histoire best-sellers comme Doisneau et Cartier- Mary Ellen Mark. brairie) pour 150 francs d’achat de livres de la musique Bresson (160 000 exemplaires), des textes Phaidon comme Taschen restent discrets de la collection « L’Imaginaire », un CD sous la direction de qualité et une gravure souvent irrépro- sur les tirages de chaque titre. Mais il est intitulé L’Imaginaire à l’écoute de Louis- de Roland-Manuel (p. X) chable. Phaidon a donc imité leur principe clair que la France n’est qu’une petite René Des Forêts : l’occasion de saluer Céline éditorial : texte introductif par un spécia- partie du terrain de bataille. Phaidon sort l’œuvre trop longtemps méconnue du de Philippe Muray (p. XI) liste, images qui défilent, biographie à la chaque « 55 » en trois versions (français, poète disparu en décembre 2000, à l’âge La critique de 82 ans. Le disque comporte un ensem- littéraire française ble d’extraits de l’entretien réalisé avec au XIXe siècle Alain Veinstein et commentant ses écrits. (1800-1914) Un résultat en demi-teinte de Jean-Thomas b Espagne : Antonio Skarmeta en Nordmann (p. XI) La collection « 55 » de Phaidon surprend par son design : des petits objets Espagne. La maison d’édition espagnole, Freud presque carrés, de 15,6 cm sur 13,6 cm, avec une couverture couleur sable un peu De ! bolsillo publiera, en mai, cinq titres et la tradition terne sur laquelle une image, souvent petite, est coincée en haut à gauche. Le nom du romancier chilien Antonio Skarmeta. mystique juive de l’auteur, imprimé verticalement, est plus petit que celui de l’éditeur. Les textes La série sera inaugurée par El Cartero de de David Bakan (p. XI) vont trop près des bords. Quelques photos essentielles peuvent manquer pour des Neruda (Le Facteur de Neruda, Seuil, La Ruée auteurs comme Atget ou Eugene Smith. Mais la volonté pédagogique est claire et « Points Virgule »), inspiré de la vie du vers l’eau séduisante : les photos sont présentées dans l’ordre chronologique afin de suivre poète Pablo Neruda (1904-1973) et dont de Roger Cans (p. XII) l’évolution du photographe ; chaque photo est commentée, ce qui permet d’enri- l’adaptation au cinéma, en 1994, a connu Sociologie chir la lecture et la compréhension des images, même si parfois le contenu se un succès mondial. Les œuvres de Skar- du journalisme limite à la description. En revanche, la qualité d’impression laisse à désirer, moins meta sélectionnées par la collection d’Erik Neveu (p. XII) bonne que celle des « Photo Poche ». Les vingt premiers numéros sont Atget, « Biblioteca de autor » (La Insurección, Entretiens Wynn Bullock, Joel Meyerowitz, Muybridge, Eugene Smith, Witkin, Tomatsu, Ca- No pasó nada, Soñé que la nieve ardía de Francis Ponge meron, Goldblatt, Brady, Richards, Kertész, Lange, Moholy-Nagy, Goldin, Itur- ainsi que La Velocidad del amor) reflètent avec Philippe Sollers bide, Mary Ellen Mark, Model, Mikhailov et Fontcuberta. Des auteurs qui vont la vie des années 1970 dans les villes du (p. XII) « du photojournalisme à la photo ancienne » et qui « ont marqué leur domaine, par Chili, assiégées par les militaires. Les ro- le regard ou la technique », dit-on chez Phaidon. Le travail en couleur de Moholy- mans de Skarmeta, qui décrivent dans b SÉLECTION Nagy et la présence de Shomei Tomatsu sont les belles surprises d’une liste qui une langue enrichie d’expressions chilien- La liste des livres mêle monstres sacrés et noms qui ne sont sans doute pas essentiels à l’histoire de nes, avec un impitoyable humour noir, les de poche parus la photographie. Mais c’est sur le temps que se jugera « 55 ». années de la dictature, font de cet écri- au mois de mai M. G. vain l’un des plus importants du monde (p. XIII à XV) hispanique. II - LE MONDE DES POCHES - VENDREDI 8 JUIN 2001 littératures bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb Le maître argentin du jeu de miroirs

ROMANS à la fois difficile et cohérente de cette d'Adolfo Bioy Casares. carrière, qui ne fut pas immédiatement Sous la direction de Michel Lafon, reconnue, en dépit du succès jamais traductions de Françoise-Marie Rosset, démenti de L'Invention de Morel. Profon- Armand Pierhal, Georgette Camille, dément angoissé, Bioy avait trouvé une André Gabastou, Eduardo Jiménez, solution romanesque pour évacuer son Maria Inés Pavesi et Michel Lafon. sentiment pathologique de solitude. Ses Robert Laffont, « Bouquins », romans, assez rares – moins d'une 840 p., 169 F (25,76 ¤). dizaine en un demi-siècle –, certes accom- (Premières éditions : 1952-1995, pagnés d'un très grand nombre de nou- dernier roman inédit.) velles, utilisent le filon fantastique, mais c'est pour exprimer, si l'on peut dire, un ans le dernier roman, Un sentiment réaliste d'irréalité du monde. autre monde, que publia Sur toutes les intrigues de ces romans, Adolfo Bioy Casares, un an même sur les moins fantastiques, comme avant de mourir, et qui est Le Songe des héros ou Un champion proposé,D ici, en traduction inédite, en fragile, plane l'idée d'un démiurge clôture du volume de son œuvre roma- moqueur auquel le narrateur et l'auteur nesque complète, un détail est représen- ne parviennent jamais à se substituer. tatif de son rapport à la fiction. Le héros, Mais c'est surtout dans son premier livre Almagro, va partir en expédition interga- que Bioy pose clairement le problème : lactique avec son amie Margarita. Bioy « N'est-il pas étonnant que l'invention ait ne se soucie nullement de vraisemblance leurré son propre inventeur ? Moi aussi, scientifique, mais, çà et là, donne des in- j'ai cru que les images vivaient ; mais notre dications qu'on peut juger « réalistes ». situation n'était pas la même : Morel avait Quel réalisme ? En l'occurrence, on suit tout imaginé ; il avait assisté au développe- le personnage dans un supermarché où il ment de son œuvre et l'avait menée à son ILLUSTRATION (COUVERTURE ET DÉTAIL INTÉRIEUR) : LORENZO MATTOTTI achète « six boîtes de biscuits secs dont j'ai terme ; moi, je l'ai trouvée achevée, en oublié la marque ». Cette infime nota- exploitent les productions laitières de train de fonctionner. » tion, qui fait surgir le «je»de l'auteur, Les huit romans grands troupeaux, a déjà publié plusieurs Les récits de rêve abondent dans la un peu à la manière du « nous » du célé- livres (avec l'aide financière de son fiction de Bioy. Un autre monde ou son brissime incipit de Madame Bovary, d'Adolfo père) : il a tant été éreinté par la critique, plus grand succès public, Journal de la suggère un regard objectif d'observa- qui lui reproche ses fantaisies narratives, guerre au cochon, sont même entière- teur, qui joue comme la garantie logique Bioy Casares qu'il reniera ces péchés de jeunesse. ment construits sur le modèle onirique, de la narration. L'amitié avec Borges accroît ses exigen- avec plusieurs séquences de type buñue- Adolfo Bioy Casares restera dans l'his- (1914-1999), ces de rigueur et lui donne une confiance lien. Bien qu'il fût imprégné de littérature toire de la littérature argentine comme suffisante pour imaginer la machine infer- anglosaxonne et de poésie gauchesque un maître du fantastique, parce qu'il est réunis pour la nale du savant Morel (initialement (il y a une très belle citation de Martin l'auteur d'un chef-d'œuvre, écrit à l'âge nommé Guerin), qui reproduit la réalité Fierro dans son dernier livre), Bioy était de vingt-six ans et devenu un phéno- première fois, non seulement dans l'espace, mais dans inconsciemment proche du japonais mène littéraire : L'Invention de Morel.Ce le temps : la vie s'y nourrit de la mort. Le Kôbô Abé, pour lequel le roman ne bref roman, d'une perfection que souli- révèlent solitaire qui débarque sur l'île déserte va pouvait parler que le langage du rêve. gna dans une fameuse préface son ami progressivement comprendre qu'il est la René de Ceccatty Borges, ne pouvait qu'être un hommage la cohérence proie d'une illusion. Cette conscience est ambigu à la grande littérature classique le point de départ d'une analyse de la b du XIXe siècle (Hawthorne, Poe, Steven- d'un imaginaire fragilité de la perception humaine, mais son, James) et à une certaine production aussi du besoin de céder à l'illusion. extrait romanesque divertissante, à lointaine dominé connotation métaphysique (H. G. Wells). Au-delà du charme inhérent à la narra- Je comprenais maintenant pourquoi, Tous les romans et nouvelles qui suivi- par les thèmes tion onirique, le lecteur est séduit par la dans les romans, les fantômes d'ordinaire rent exploitèrent les mêmes thèmes : réflexion sur la fiction elle-même. Ce se plaignent. Les morts continuent leur exis- l'île, la solitude, les miroirs, les doubles, du double grand classique de la littérature fantas- tence au milieu des vivants. Il leur coûte de la persécution, le complot, les fantômes, tique sera souvent imité, bien qu'il ait changer leurs habitudes, de renoncer au ta- la machination et surtout l'onirisme. et de la solitude été, lui-même, le pastiche de toute une bac, à leur prestige de violateurs de fem- Vivant dans un pays de didacture, Bioy littérature « insulaire », de Robinson au mes. Je fus horrifié (mais ne me jouais-je se servit de la liberté du genre docteur Moreau. Bioy, qui a rencontré, pas la comédie à moi-même ?) à l'idée fantastique pour dénoncer, à sa manière, en 1934, Silvina Ocampo (la sœur de d'être invisible – horrifié à l'idée que Faus- l'angoisse que suscitait une situation poli- Victoria, l'amie de Caillois), hésitera au tine, si proche, pût se trouver sur une autre tique de surveillance. Mais sa thémati- fond toute sa vie entre l'absolu fantas- planète (le nom de Faustine me rendit que obsessionnelle allait probablement tique (tel que s'y attachera précisément mélancolique) ; mais je suis mort, je suis plus loin. Il raconta souvent comment Silvina, plus légère et farfelue, plus libre- hors d'atteinte (je verrai Faustine, je la ver- une expérience enfantine, consistant à ment poétique dans ses contes et ses poè- rai s'en aller et mes signaux, mes découvrir son image démultipliée par un mes admirables) et la littérature de supplications, mes voies de fait ne l'attein- miroir à trois faces, fit éclater sa percep- genre : son activité éditoriale, partagée dront pas) ; ces horribles solutions-là sont tion de la réalité. Le dialogue constant avec Borges, le tournera vers la littéra- des espérances frustrées. Le maniement de qu'entretiennent ses textes entre la vie ture policière et, contrairement à Borges ces idées me procurait une réelle euphorie. quotidienne, diurne et le langage des rê- qui se détache de la fiction proprement J'accumulai les preuves qui présentaient ma ves l'entraîne à des considérations sur dite pour privilégier des textes érudits et relation avec les intrus comme une relation l'expansion du temps et de l'espace, la réflexifs, consolidera son rapport à une entre êtres vivants sur des plans distincts. répétitivité, le morcellement de la nar- narration strictement romanesque. Une catastrophe avait pu fondre sur cette ration, les va-et-vient de l'humeur, la faci- Michel Lafon, qui traduit Un autre île dont les morts qui l'habitent (moi et les lité avec laquelle on cède à l'illusion. monde, le roman inédit de ce recueil, animaux) n'avaient pas eu conscience ; les En 1940, Bioy Casares, fils de famille, explique, dans sa préface et dans les noti- intrus seraient arrivés par la suite. héritier de propriétaires terriens qui ces précédant chaque roman, l'évolution L'Invention de Morel, page 42. VENDREDI 8 JUIN 2001 - LE MONDE DES POCHES - III littératures bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb Fable Trakl entre rêve et décadence cubaine En perdition dès l’adolescence, le poète autrichien transcende, dans son œuvre, la vie et l’histoire

FRESA Y CHOCOLATE POÈMES I de l’époque expressionniste (2), parle à dans un hôpital à Cracovie. Le 3 novembre, (El lobo, el bosque de Georg Trakl. l’imagination. Georg Trakl est né en février il meurt d’une surdose de cocaïne. y el hombre nuevo) Traduction de l’allemand (Autriche) 1887 à Salzbourg, dans une famille aisée. Dans la poésie de Trakl, toutes ces circons- de Senel Paz. et présentation par Jacques Legrand. Relation d’amour et de haine, avec une tances, à la fois intimes et historiques, sont Traduit de l’espagnol GF Flammarion, édition bilingue mère froide, absente. Apprentissage du métamorphosées, élevées hors de la sphère (Cuba) 318 p., 51 F (7,77 ¤). (Inédit.) français auprès d’une gouvernante alsa- de l’anecdote. Une symbolique complexe par Marianne Millon, cienne. L’adolescence est vécue, par ce des éléments – l’eau en premier lieu – et des postface de la traductrice. POÈMES II jeune homme à la fois vigoureux de corps couleurs est élaborée. Victime de ce monde Mille et une nuits, de Georg Trakl. et d’esprit fragile, comme l’entrée dans qui s’écroule, dans la décadence d’abord de 64 p., 45 F (6,86 ¤). Présentation par Adrien Finck l’âge du mal. On cite ce mot : « Je ne suis l’Empire austro-hongrois puis dans les (Inédit.) et traduction par Jacques Legrand. qu’à moitié né. » Echec scolaire, révolte et tranchées et le sang de la guerre, le poète se GF Flammarion, édition bilingue attitude de provocation. Comme l’écrit tient à la lisière d’un autre espace, rêvé ien que plus com- 346 p., 44 F (6,71 ¤). Adrien Finck, l’existence de Trakl va désor- celui-là : « Dans le cristal bleu/ Habite mercial, le titre (Première édition : Aubier, 1993.) mais se placer dans le périmètre défini par l’homme blême, joue appuyée à ses étoiles ;/ « français » (1) une triade fatale : les drogues, l’alcool et Ou dans un sommeil pourpre il incline la de ce court récit vec Georg Trakl, la tentation est l’inceste – avec la sœur cadette, Grete, qui tête. » D’une beauté presque miraculeuse, estB moins facile à décryp- grande d’abuser de la biogra- sera la figure centrale et mystérieuse de la prophétique (même en traduction), la ter que l’original. Dans phie et d’embarquer, sous un mythologie poétique de l’écrivain. poésie de Trakl ne peut être rangée dans les cette fable cubaine non- ciel de tempête, l’œuvre poéti- Sous le signe de cet amour « maudit » et seules limites de l’expressionnisme. violente, le rôle de Aque sur le bateau des « poètes maudits ». des paradis artificiels, le poète va se manifes- Après les traductions de Marc Petit et Jean- l’homme nouveau (« el C’est précisément à propos de Trakl que ter à partir de 1906. Trois ans plus tard, Claude Schneider (Gallimard, 1972 et « Poé- hombre nuevo ») est dé- Heidegger posait, dans le bon sens, cette avant d’être reçu au magistère de phar- sie-Gallimard », 1990) et celles, partielles, de volu au révolutionnaire, toujours lancinante question : « Une œuvre macie, il publie à Vienne son premier recueil Gustave Roud (La Délirante, 1978) et Guille- censé construire un monde de poésie (Dichtung) et par suite toute (repris dans le volume I de la présente édi- vic (Obsidiane, 1986), l’édition due à A. Finck de même qualité. Celui du grande œuvre d’art peut-elle et doit-elle être tion). Il fait la connaissance de Ludwig von et J. Legrand avait paru chez Aubier en 1993. loup (« el lobo ») est attri- expliquée par la biographie ou n’est-ce pas Ficker, le grand ami et l’éditeur futur, d’Else Elle est reprise ici dans le volume II, complé- bué à l’homosexuel, censé plutôt l’œuvre qui rend possible une interpré- Lasker-Schüller, et surtout de Karl Kraus, le tée par J. Legrand d’un premier volume avancer à contre-courant. tation de la biographie qui emprunterait le premier sans doute qui reconnut son génie, inédit qui comprend des poèmes pos- Le bois (« el bosque ») est bon chemin ? (1) » L’auteur d’Être et Temps et qu’il décrivit sous les traits du « grand prê- thumes, des textes écartés et des variantes. ce qui les sépare mais dont fut d’ailleurs l’un des plus profonds tre blanc de la vérité ». Des poèmes parais- Patrick Kéchichian ils peuvent sortir, l’un commentateurs du « Dict » poétique de sent, grâce aux soins de von Ficker, dans la comme l’autre. Trakl – dans Acheminement vers la parole revue Der Brenner. La mort du père le place (1) Lettre du 9 mai 1972 à J.-M. Palmier, repro- C’est donc d’une (Gallimard, 1976) – tout en laissant le dans une situation matérielle difficile. En duite dans la réédition de l’étude de ce dernier rencontre improbable qu’il champ libre à d’autres interprétations, plus 1912, il s’engage dans l’armée comme phar- sur Trakl (Belfond). s’agit, dans les rues de La directement historiques. macien militaire. Grande instabilité. En août (2) Signalons la réédition revue de l’anthologie bi- Havane des années 1980, Il est vrai cependant que le noir destin 1914, Trakl part pour le front de Galicie ; lingue de Lionel Richard sur les Expressionnistes entre David, le militant du poète autrichien, strié de tous les éclairs après une tentative de suicide, il séjourne allemands (éd. Complexe, 358 p., 139 F [21,19 ¤]). – et narrateur –, et Diego, l’intellectuel. L’un repré- sente la culture que l’autre voudrait acquérir, ce der- nier ignore les attraits dont rêve le premier. C’est dans la transgression de leurs Vagues intimes interdits respectifs qu’ils trouveront des terrains d’entente : les livres de Des nouvelles inédites de Yasushi Inoué, inégalable dans l’émotion à la fois discrète et violente Lezama, Cabrera, Vargas Llosa, Ibsen ou Lorca, les PLUIE D’ORAGE chez le lecteur une émotion à la fois forcé de cet amour qui contraste avec la glaces à la fraise… (Raiu) discrète et violente. Cette palette très dureté de sa marâtre et de ses demi-sœurs. Bien qu’il soit loin de Yasushi Inoué. riche apparaît dans le recueil de nouvelles Quand le médecin finit par abandonner sa d’avoir la portée du Baiser Traduit du japonais par Tadahiro Oku inédites que proposent Tadahiro Oku et famille pour fuir avec sa maîtresse, la de la femme araignée (2), et Jean-François Laffont. Jean-François Laffont. fillette entrevoit le tragique destin du cou- qui mettait en scène un Stock, « La Cosmopolite », Les traducteurs ont choisi des textes de ple illégitime, qui en effet choisit la mort, couple semblable dans le 234 p., 70 F (10,67 ¤). (Inédit.) très grande qualité, appartenant aux diver- dans la neige. Inoué traduit de manière huis-clos d’une cellule de ses veines de l’auteur : un texte « chi- incomparable le sentiment, presque surna- prison argentine, ce récit ’œuvre amplement traduite de nois », « La Route du nord », un portrait turel, de l’enfant, qui est en communi- est surprenant par la fran- Yasushi Inoué ne se réduit pas à historique du maître de thé, auquel il cation avec des mystères qui la dépassent. chise aussi naïve que Fusil de chasse, auquel il doit pour- consacra plus tard un livre entier, « La « La Vague » fait aussi partie des plus volontaire qui anime son tant sa notoriété en France. Son Mort de Rikyu », un récit culturel et érudit, grandes réussites de ce recueil très homo- narrateur. Les contradic- Linspiration et la forme qu’il lui donna dans « Les Shikkosons », et quatre histoires mo- gène : en quelques pages, Inoué décrit la tions des personnages et ses romans et très nombreuses nouvelles dernes et retenues où éclatent la profon- violence, l’inconscience, la solitude de de la société à laquelle ils étaient variées : ouvrages historiques, deur psychologique et le raffinement de l’amour. Il privilégie, comme dans ses plus appartiennent se manifes- nourris de sa culture chinoise et d’un l’écrivain. Notamment dans « La Tombe grands romans, le tourment intérieur et tent d’autant mieux. séjour qu’il fit en Chine, portraits de gran- de l’ami », dont le narrateur tente de refoulé ou le non-dit sur les affrontements Jean-Louis Aragon des figures de l’histoire japonaise, récits percer le secret d’un compagnon de directs, allant même, comme dans la nou- autobiographiques et fictions destinées à guerre, mort au front, en allant se recueillir velle qui donne son titre au recueil, jusqu’à (1) Qui est en fait le titre de la un plus large public, d’une facture plus dans son village natal, et dans « Sous la l’impossibilité de toute communication. version cinématographique, hâtive, cédant à la facilité. glace », dont l’héroïne est une toute petite R. de C. réalisée par le Cubain Tomas Mais c’est assurément dans le ton inti- fille mal aimée. Kikue observe en silence la Gutierrez Alea d’après un scé- miste qu’Inoué est insurpassable. Moins dérive de son père, médecin des mines, qui e Signalons la réédition d’Une voix dans la nario de l’auteur. carré que Kawabata, moins provocant que s’est remarié avec une mégère et qui a une nuit (traduit du japonais par Catherine (2) Roman de l’Argentin Ma- Tanizaki, il savait mieux que tout autre liaison avec une jeune femme douce, dans Ancelot, Le Serpent à plumes, « Motifs », nuel Puig (Seuil). user de l’art de la litote pour faire naître une ville voisine. L’enfant est le témoin 330 p., 47 F [7,17 ¤]). IV - LE MONDE DES POCHES - VENDREDI 8 JUIN 2001 littératures bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb Rocambolesque Corcoran Une passion Le roman plein de péripéties loufoques et picaresques d’Alfred Assolant : à (re)découvrir fixe

LES AVENTURES américaine. Parallèlement, Alfred Assolant impossible. Né une canne à pêche à la JOURNAL AMOUREUX DU CAPITAINE CORCORAN se découvre une fibre polémiste, et s’attire main, Corcoran, qui a traqué la baleine de Dominique Rolin. d’Alfred Assolant. quelques désagréments à afficher ses opi- dans le détroit de Béring, exporté du vin Gallimard, « Folio », Ed. Joëlle Losfeld, « Arcanes », nions républicaines sous l’Empire. Il signe de Bordeaux sous les tropiques et résisté à 138 p., 19 F (2,90 ¤). 2 tomes, 208 et 216 p., quelques brochures contestataires, s’en- une attaque de pirates, est flanqué d’une (Première édition : 56 F ( 8,54 ¤) chacun. gage en politique. Se porte candidat à adorable compagne : Louison, tigresse Gallimard 1999). l’Académie française en 1878. Autant royale qu’il a libéré des crocs d’un croco- ous voilà dans l’univers des bi- d’échecs, qui le ramènent au journalisme dile en Malaisie en un épisode digne des n 1958, elle est bliothèques où les volumes qui et au roman, historique (La Mort de Ro- aventures de Gedéon. une romancière enchantèrent grands-pères et land, fantaisie épique, en 1860, Les Mémoi- Avec l’aide du prince Holkar, qu’il a reconnue qui pères n’attirent qu’une infime res de Gaston Phébus, en 1866) ou d’aventu- sauvé d’un complot, et de sa fille Sita, dont porte avec élé- Ncouche de poussière sur leurs reliures de res (Plantagenet, Montluc le Rouge, Le Plus il tombe amoureux fou, Corcoran (aux Egance ses quarante-cinq rouge et d’or ; au panthéon des romans Hardi des gueux, L’Aventurier). Autant de ti- « habits couverts de poussière » et cheveux ans et le deuil de son mari d’aventures susceptibles de distraire des tres aujourd’hui oubliés, catalogués « entortillés l’un dans l’autre comme les sculpteur. Lui, est un générations de grands enfants, les exploits « pour la jeunesse », qui ne l’empêcheront phrases d’un roman de Balzac ») participe à « étrange oiseau » venu du (« merveilleux mais authentiques »)du pas de mourir dans l’anonymat en 1896. une chasse au rhinocéros, défie un régi- Sud-Ouest qui, à vingt- sieur Corcoran voisinent avec les volumes Corcoran est digne d’Assolant : il manie ment de hussards anglais, découvre les ca- deux ans, vient de publier de Jules Verne, un zeste de célébrité en l’ironie plus ostensiblement encore resses du chat à neuf queues (le fouet) et un premier roman très re- moins et un brin d’humour en plus. Alfred qu’Alexandre Dumas ou Gaston Leroux. devient maharadja du pays des Mahrattes. marqué. Après un dîner où Assolant les édita pour la première fois Qu’on en juge par la description d’une L’intrépide Louison et quelques autres ani- ils se sont rencontrés, il lui dans la « Bibliothèque rose » de chez Ha- séance à l’Académie des sciences de Lyon maux majestueux occupent une place de fait part de son désir de la chette en 1867, agrémentés de gravures où son héros fait irruption une après-midi choix dans ce récit pittoresque et exotique, revoir car « il n’aime pas les d’Alphonse de Neuville qui pouvaient pré- d’automne 1856 : les savants dorment, et le narrateur leur rend hommage : ces no- choses inabouties ». Jim, tendre rivaliser avec les illustrations des « unanimement », terrassés par le rapport bles créatures sont à ses yeux plus illustres comme le nomme Domini- collections Hetzel. des travaux d’un certain docteur Schwartz que « les marquis, les comtes, les ducs, les ar- que Rolin, vient d’entrer Qui était donc cet homme ignoré des dic- sur « l’empreinte que laisse dans la pous- chiducs et les grands-ducs dont le monde est dans sa vie et dans son œu- tionnaires ou des encyclopédies qui ne sière la patte gauche d’une araignée qui n’a rempli et comme encombré ». Ses héros à vre. Plus de quarante ans doit sa (petite) gloire posthume qu’à ce ti- pas déjeuné ». Ce jour-là, l’Académie lui « ne marchent pas précédés de tambours après, il demeure cette « ré- tre affichant une douce résistance à se échappe à l’assoupissement irrémédiable et de trompettes ». Au-delà de ses tics pica- vélation clandestine »,ce prendre au sérieux ? Un diplômé de l’Ecole en lançant un appel de candidatures : elle resques et de la distance amusée avec la- centre de gravité léger et normale supérieure, promis à l’enseigne- promet 100 000 francs à qui sera capable quelle il tisse son histoire aux « révélations joyeux de son existence. Et, ment, qui se consacre à une édition sa- de lui ramener le Gouroukarantâ, premier inattendues », Assolant glisse un discours pour ceux qui sont restés fi- vante des Morceaux choisis de Pline l’An- livre sacré des Hindous. engagé, anticolonialiste, assez daté mais dèles à l’auteur du Souffle, cien avant d’abandonner le professorat, de C’est le fameux capitaine Corcoran, un sans ambiguïté, un livre d’éducation pour Jim est devenue une sil- filer en voyage aux Etats-Unis et de don- intrépide jeune homme natif de Saint- le respect des peuples à l’attention des jeu- houette familière dessinée ner à La Revue des deux Mondes quelques Malo, dont le bisaïeul était l’oncle du père nes de bonne volonté. ici avec une netteté et une nouvelles retraçant des Scènes de la vie de Surcouf, qui se voit confier la mission Jean-Luc Douin précision minutieuse. Iné- dite. Comme cette passion dont ce Journal amoureux, drôle et émouvant, lucide et grave, est l’écho. Echo sensible d’un bon- heur entretenu dans le plai- Naufrage à Sarajevo sir de rituels immuables, faits de nuits et de rêves, de vin, de musique et de rires, Avec ses contes cruels, Ivo Andric dresse la chronique des Balkans et de leurs fantômes de séjours à Venise, d’ab- sences et de silences ; écho TITANIC ET AUTRES CONTES zie, les deux protagonistes de ce petit chef- tent un timide à les rejoindre pour « battre d’un amour clandestin JUIFS DE BOSNIE d’œuvre, Mento Papo, le bistrotier juif sé- les juifs », et cela d’une manière aussi natu- patiemment construit en- (Bife Titanic) pharade, et Stéphane Kovitch, l’oustachi relle que taper le ballon ou aller à la vers et contre tout. Contre d’Ivo Andric. d’opérette. Le premier est un bouffon al- chasse aux papillons. les préjugés et les contin- Traduit du serbo-croate par Jean Descat, coolique rejeté par sa communauté en rai- Avec ces nouvelles et d’autres textes gences sociales ; contre les postface de Radivoja Konstantinovic. son de ses mœurs impies, le second, pau- évoquant le judaïsme balkanique, en ma- « ratés du divin » plein de Le Serpent à plumes, « Motifs », vre hère velléitaire que personne, pas jorité sépharade, depuis l’occupation haine à l’égard d’un jeune 200 p., 42 F (6,40 ¤). même les siens, ne prend au sérieux, n’a autrichienne (1878) jusqu’à l’entre-deux- écrivain trop brillant, d’un pas les moyens de sa férocité potentielle. guerres et la Shoah, Ivo Andric tient la « franc-tireur » ; contre soi- e n’est pas le transatlantique cé- Lors des premières mesures antijuives à chronique d’une minorité paisible aujour- même quand la jalousie me- lèbre qui a inspiré le récit qui Sarajevo, Kovitch fait irruption chez d’hui disparue, marchands coiffés de nace d’aliéner l’autre, ou donne le titre du recueil d’Ivo Mento pour lui dérober son argent, inexis- hauts fez et boutiquiers courbés, riches et encore lorsque les fantô- Andric, mais un autre naufrage, tant, car le patron de la misérable bicoque pauvres, révolutionnaires ou tenants de la mes du passé viennent per- celuiC d’une humanité laissée-pour- a été abandonné par tous ses amis et débi- tradition. Tous ces Atias, Calderon et turber la narratrice. Mais compte face à l’inhumanité absolue, triom- teurs, et même par sa maîtresse catholi- autres Finzi devaient finir éparpillés entre Jim est l’allié majeur dans phante, dans le décor hallucinant d’un bar que. Mento tente de convaincre l’oustachi les camps de la mort, alors que leur vérita- ces combats, l’« aîné » qui sordide, le Titanic, en Bosnie. Andric de sa pauvreté : « Il parlait avec toute l’ar- ble patrie demeurait le vieil espagnol enri- soutient et aide à lutter (1892-1975), prix Nobel en 1961, demeure deur que peuvent susciter la peur de la souf- chi d’apports slaves et turcs. « L’huma- pied à pied, mot à mot le maître de la nouvelle, art délicat entre france et de la mort. » Hélas, ce bavardage nité, si elle veut mériter ce nom, écrit An- pour vaincre les peurs et tous : avec quelques mots, il esquisse un produira l’effet contraire à celui es- dric dans le texte qui ouvre le recueil, doit les angoisses. Pour sub- paysage, des portraits, une atmosphère compté. Le fasciste, bien que chétif et irré- organiser en commun sa défense contre vertir le Temps, le dompter qui marquent durablement le lecteur. solu, s’estimant lésé dans sa dignité par le tous les crimes internationaux, dresser un encore et toujours. Et conti- Ainsi la description du troquet à la péri- délire confus du juif, finira quand même barrage sûr et châtier tous les meurtriers nuer d’écrire en toutes let- phérie de Sarajevo : c’est entre ses murs lé- par l’assassiner. Cette cruauté, son carac- des hommes et des peuples. » Voilà qui tres une histoire d’amour preux qu’allaient se rencontrer, après l’in- tère contagieux, sont également illustrés semble fait aujourd’hui. et d’écriture. Unique. vasion de la Yougoslavie par l’armée na- dans « Enfants » : plusieurs écoliers invi- Edgar Reichmann Christine Rousseau VENDREDI 8 JUIN 2001 - LE MONDE DES POCHES - V romans policiers bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb

livraisons b La patience selon Anne Perry b LE NUMÉRO 10, de Joseph Bialot Et voilà encore une confirmation du dicton selon lequel c’est dans les Deux inédits d’une reine de l’intrigue historique vieux pots qu’on fait la meilleure soupe. Joseph Bialot, né en 1923, n’est pas vraiment un débutant. Son premier roman, Le Salon du LA MARQUE DE CAÏN policiers, elle s’en défend. Ce sont plutôt prêt-à-saigner, en 1978 est d’emblée devenu un classique. Et depuis (Cain, his brother) les circonstances qui en ont décidé. Elle a Bialot ne cesse de surprendre. En 1989, il a commencé une série d’Anne Perry. toujours voulu écrire mais son premier consacrée au policier Valentin Welsh et à Loup son ancien patron qui Traduit de l’anglais par Elisabeth Kern. livre, Come Armaggedon, n’avait retenu l'at- porte cagoule depuis qu’il a été défiguré par une lampe à souder. Le Grands détectives. 10/18. tention d'aucun éditeur. Elle vient seule- Numéro 10, troisième épisode de la série, peine un peu à démarrer. 448 p., 55 F (8,38 ¤). ment maintenant d’en retravailler le L’histoire d’une enseignante qui, pour les beaux yeux d’un Allemand (Inédit.) manuscrit et l’a publié comme la suite de rencontré aux Baléares, s’est lancée dans le trafic de diamants, et Tathea, qu’elle qualifie de « voyage spiri- celle d’un marionnettiste fou qui, sortant de l’asile, se penche à SILENCE À HANOVER CLOSE tuel ». Si elle est aujourd'hui considérée, de- coups de couteau sur son passé ont un peu de mal à se rejoindre. (Silence in Hanover Close) puis la mort d'Ellis Peters, comme la reine Mais une fois la fusion réussie, quel festival ! Un théâtre sanglant sur d’Anne Perry. incontestée du roman policier historique, le thème des dix plaies d’Egypte où les cadavres s’accumulent Traduit de l’anglais elle ne s’est pas cantonnée à la période vic- comme des pantins désarticulés. Voilà un « roman-mystère » qui n’a par Anne-Marie Carrière. torienne et a publié de nombreuses nouvel- rien à envier aux thrillers américains avec, en prime, une bonne dose Grands détectives. 10/18. les et même un roman policier qui se dé- d’humour et l’humanité de quelqu’un qui connaît la vie. (Seuil, 380 p., 50 F (7,62 ¤). (Inédit.) roule à Paris pendant la Révolution et dont « Points policier », 290 p., cat. 8, 39 F [5,95 ¤]. Inédit.) une des victimes n'est autre que Louis XVI nne Perry a un secret. Elle est en personne... Elle publie même, chaque b ŒIL-DE-DIEU, de Franz Hellens capable de conférer au roman po- mois, une sorte de billet spirituel intitulé A On connaît les conséquences curieuses que la lecture systématique licier historique une véritable pro- letter from the Highlands pour le site inter- des romans de chevalerie eut sur un certain Don Quichotte, alors fondeur humaine. Le moins que net de l’Eglise de Jésus-Christ des saints des méfiez-vous, lecteurs passionnés de romans policiers, semblables Ale lecteur puisse attendre de ce genre de li- derniers jours, dont elle fait partie. mésaventures pourraient bien vous arriver. C’est l’idée amusante vres, c'est la perfection du décor et la sur laquelle Franz Hellens bâtit Œil-de-Dieu ou les mésaventures fidélité à l’esprit d'une époque. Sur ce point, Est-ce d'avoir connu la prison pendant d’un modeste employé de banque du nord de la France qui perd la Anne Perry est irréprochable. Dans les deux l’adolescence qui lui donne cette inquié- boule pour avoir abusé de ces livres où des détectives surdoués dé- séries qui l’ont rendue célèbre, celle de Char- tude métaphysique, cette volonté acharnée brouillent bien mieux que la police les affaires les plus complexes. lotte et Thomas Pitt et celle de William de revenir sans cesse au problème de la cul- Enrichi par un héritage inattendu, François Puissant va enfin pou- Monk, elle fait revivre à la perfection l’An- pabilité, de la responsabilité ? On ne peut voir se livrer à sa marotte et se rendre à Paris, nanti du surnom gleterre victorienne, jouant de cette double s'empêcher de penser que ses romans y ga- d’Œil-de-Dieu pour déjouer tous les complots qui menacent la terre approche pour multiplier les points de vue. gnent une dimension qui en fait bien plus entière. Le roi des enquêteurs va combattre bien des moulins à vent L’inspecteur Thomas Pitt est un policier lon- que de simples jeux littéraires. Il y a chez et tomber dans les pièges les plus grossiers avec des gesticulations donien, issu des classes populaires, sa Anne Perry une sorte de fêlure fertile qui, comiques qui semblent directement héritées de Charlie Chaplin. femme Charlotte est originaire de la haute au-delà des intrigues impeccables et du Paru en 1925, le livre suscita l’admiration de Vladimir Nabokov qui bourgeoisie, ce qui lui permet d'avoir accès rendu parfait de l’atmosphère victorienne, paraît s’en être inspiré dans La Défense Loujine. (Labor, Espace à un monde que Thomas ne fréquente pas. leste ses romans d’une angoisse poignante. Nord, 420 p., 74 F [11, 28 ¤].) Depuis L’Etrangleur de Cater Street, son pre- Dans La Marque de Caïn, elle imagine le mier roman, Anne Perry a poursuivi avec destin de deux frères jumeaux, Angus et Ca- b TROIS PETITES MORTES, de Jean-Paul Nozière succès cette série dont neuf volumes ont leb, orphelins recueillis par un parent de la Chercher un squelette dans l’ossuaire de Douaumont, c’est un été traduits en français. Silence à Hanover haute société. Bien qu'ils aient reçu la travail de tout repos pour un enquêteur. Mais Slimane va rapide- Close est le dernier en date. « J’ai attendu dix- même éducation, ils sont aussi différents ment être détourné de la mission que lui a confié sa mère – retrou- huit ans pour être publiée en France, mais que des frères peuvent l’être. Angus est un ver la tombe de son arrière-grand-père mort pour la France à c'est là que j'ai été le mieux accueillie. C'était homme d’affaire prospère, heureux en ma- Verdun – en tombant non sur un os mais sur un mur couvert de un long voyage mais cela en valait la peine. » riage et jouissant de la considération géné- graffitis vengeurs : une sombre histoire de pédophiles et de fillettes Si les enquêtes de Charlotte et Thomas Pitt rale, Caleb est un voyou qui cherche à profi- assassinées. Déjà un Arabe qui veut se faire passer pour un flic et bi- explorent les aspects sociaux et politiques ter de la réussite de son frère. Lorsque An- vouaque sur le parking d’un cimetière militaire, ça fait désordre de la période victorienne, celles de Monk gus disparaît, les soupçons se portent im- mais si en plus il s’avise de tomber amoureux de la veuve du pédo- s’attachent davantage à des questions médi- médiatement sur Caleb. La vérité que phile qui s’est suicidé sans pour autant tarir la vindicte populaire, ça cales et légales avec le but avoué d’analyser Monk parvient à reconstituer au terme promet de sérieuses embrouilles. La quatrième enquête de Slimane, la question de la responsabilité. Car Monk d'une enquête fertile en surprises est évi- cinéphile et grand amateur de vélo, ne pouvait trouver un meilleur est amnésique et s’applique autant à réflé- demment plus complexe et prouve qu’il ne cadre que l’étendue infinie des tombes des poilus. (Seuil, « Points chir sur son propre passé qu’à dévoiler la faut jamais se fier aux apparences. Au lieu policier », 312 p., 42 F [6,40 ¤]. Inédit.) culpabilité d'autrui. « Le roman policier com- de l'histoire classique des frères ennemis mence toujours par le chaos et l'intrigue doit on découvre l'enfer intime d’« un homme b LE DON DU SANG, de Francis Zamponi peu à peu révéler où se trouve l'erreur ou la divisé, en proie à la terreur permanente Petit-fils de harki, Nourredine est employé par la police de Mont- culpabilité de chacun. Mais quand on est me- d'une sombre part de lui-même qu'il ne pellier en tant qu’adjoint de sécurité. Quand il se retrouve accusé de nacé par la peur, par la crainte de voir dévoi- connaissait pas ». trafic de stupéfiants on peut se demander s’il joue effectivement les ler ses secrets, peut-on être sincère, peut-on Pas étonnant qu’Anne Perry, quand on ripoux ou s’il est victime d’un complot organisé par sa hiérarchie. faire preuve de compassion ? Dans l'épreuve lui demande quels sont ses auteurs préfé- Paul Nivelle, le journaliste parisien qui enquête sur l’affaire se on peut découvrir en soi comme chez les rés, cite avant même Conan Doyle, Regi- retrouve en terrain miné dans cette affaire hantée par les séquelles de autres une force ou une faiblesse que l’on ne nald Hill ou Chesterton les légendes la guerre d’Algérie mais il dispose d’un atout important qu’il partage soupçonnait pas. » grecques et Dante. Avec toutefois une men- manifestement avec l’auteur : une connaissance intime des rouages tion spéciale pour un roman français de la police. (Babel noir, 202 p., 45 F [6,86 ¤]. Inédit.) Née en 1938, en Angleterre, Anne Perry qu’elle a lu dans sa jeunesse, Le Comte de a passé une partie de son adolescence en Monte Cristo, « pas à cause du thème de la b RAMDAM À MAHÂBALIPURAM, de Sarah Dars Nouvelle-Zélande. Des raisons de santé vengeance, mais pour celui du courage et de Qui pourrait bien en vouloir à Sumitra, vendeuse de souvenirs sur avaient motivé ce changement de climat la patience ». Et aujourd'hui encore, avant la plage touristique de Mahâbalipuram ? Elle est si discrète que per- mais ces années de jeunesse furent particu- de regagner sa maison en Ecosse où elle va sonne ne la remarque et que Doc, le brahmane féru de musique lièrement mouvementées puisque Anne se plonger avec délices dans la rédaction du indienne et d’arts martiaux ne s’est même pas aperçu qu’elle le Perry et sa meilleure amie furent condam- treizième épisode des aventures de William couvait d’un regard amoureux. Avec son ami Arjun, lui aussi méde- nées pour l’assassinat de la mère de son Monk, elle est capable d’en citer de mé- cin à Madras, il va mener une enquête délicate et découvrir le amie. En 1994, un film Heavenly Creatures moire les dernières lignes : « Mon ami, dit passé trouble de Sumitra. Troisième roman de Sarah Dars qui fut même tiré de cette histoire. Anne Perry Valentine, le comte ne vient-il pas de nous évoque l’Inde du Sud avec un sens du détail très fouillé et campe n’a pas vu le film et quand on lui demande dire que l'humaine sagesse était tout entière des personnages particulièrement attachants. (Picquier poche, si les événements de son adolescence ont dans ces deux mots : attendre et espérer. » 224 p., 42 F [6,40 ¤]. Inédit.) influé sur sa décision d'écrire des romans Gérard Meudal VI - LE MONDE DES POCHES - VENDREDI 8 JUIN 2001 science-fiction bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb

livraisons Magie grecque b b BIFROST nº 22 Graham Joyce, magistral dans un intrigant récit d’initiation C’est à l’un des grands auteurs de l’âge d’or campbellien de la science-fiction américaine qu’est dédié ce numéro de Bifrost, revue RÊVES ÉGARÉS d’y faire des rencontres dangereuses, tel ce très irrégulière mais qui, sous la direction de Pierre-Paul Durastanti, (House of the Lost Dreams) saint cauchemardesque aux souliers de mé- s’est littéralement surpassée pour célébrer l’auteur de Demain les de Graham Joyce. tal, qui vient, de façon récurrente, rappeler chiens, Clifford D. Simak. Robert Silverberg le décrit, dans un article Pocket, « Terreur », la violence d’une certaine imagerie reli- traduit pour cet ensemble, comme « un homme bienveillant et aima- 376 p., 41F (6,25 ¤). gieuse. Magie d’un peuple enfin qui entre- ble, foncièrement agréable », ce qui transparaît dans son œuvre à la (Inédit.) tient avec le temps – le temps de l’Histoire tenace fragrance bucolique. Le dossier comporte une bibliographie, aussi bien que le temps qui passe – des rap- un entretien passionnant avec Simak, un guide de lecture, des arti- n le sait depuis L’Intercepteur de ports bien différents des nôtres, et dont le cles sur l’auteur et ses œuvres, mais surtout il s’ouvre par une suite cauchemar et Indigo, Graham mode de vie est empreint d’une sorte de sé- de quatre nouvelles inédites en France : une percutante histoire Joyce est l’un des maîtres les rénité languide. Ce qui n’empêche pas les d’aliens, une merveilleuse variation sur le voyage dans le temps trai- plus accomplis de la littérature passions de s’y déchaîner de façon résolu- tée en demi-teinte (ce qui renforce son impact émotionnel), un texte fantastiqueO contemporaine, aux côtés d’un ment volcanique, ainsi que le dévoile au lec- traitant de la création artistique dans une perspective quasiment Jonathan Carroll avec qui il partage un teur l’histoire lentement divulguée de la mystique et une nouvelle publiée originellement dans une antholo- certain nombre de points communs : la maison des rêves perdus et de sa trop belle gie de l’horreur, où Simak se révèle capable de faire surgir la peur de qualité de l’écriture, la sûreté du style, l’ori- et trop libre habitante… façon magistrale d’un terreau en apparence anodin. Quatre excel- ginalité de l’univers fantastique… Graham Joyce a su faire de cette destina- lents exemples d’un talent de nouvelliste plus divers qu’il ne semble Patrice Duvic et David Camus, qui diri- tion touristique, dégagée apparemment de de prime abord, quatre occasions de renouer avec cet écrivain gent la collection « Terreur » en accordant tout mystère, une contrée insolite dont on majeur, dont la petite musique continue d’enchanter... (Editions du une belle place à ces écrivains singuliers ne pénètre pas si aisément les arcanes, et Bélial, 6, rue Charles-Lefebvre, 77210 Avon-Fontainebleau, 194 p., œuvrant sur des territoires très éloignés nous faire percevoir, derrière la façade d’un 65 F [9,91 ¤].) des standards du roman d’horreur, vien- exotisme qui ne doit rien, ou si peu, aux cli- nent de faire paraître le roman de Graham chés d’un certain folklore, « les échos d’un b LE PAVILLON MAUDIT, de Denis Labbé Joyce qui occupe dans son œuvre la posi- monde de miracles ». Il témoigne ainsi d’un Sur le thème de la maison frappée d’une malédiction, Denis Labbé a tion la plus excentrique. Publié en 1993, en- pénétrant regard d’écrivain capable de tissé une intrigue fantastique très classique au final ambigu, dont le tre Sorcière, ma sœur et Requiem, deux transmuer un décor et de le peupler avec in- héros est un adolescent de quinze ans amateur de hard rock ; petite ouvrages qui ont obtenu le British Fantasy tensité. touche moderniste dans un univers de fiction plutôt traditionnel. A Award, Rêves égarés appartient plus au re- cette tradition justement appartient le personnage du vieux conteur gistre du réalisme magique qu’à celui du Mais il n’y a pas de magie sans magicien. qui connaît tout des événements ayant amené la malédiction, tout fantastique proprement dit, quoique ce- Celui de Rêves égarés s’appelle Manoussos. aussi des évangiles du diable et des pentacles, tout des herbes capa- lui-ci ne soit jamais très éloigné et qu’il af- C’est un simple berger, qui possède cer- bles de dénouer les sorts et les conjurations. Si l’auteur ne divulgue fleure souvent, par petites touches, pour tains dons de vision très particuliers et cer- pas le nom de ce sage, il dévoile toutefois son prénom : Claude. Ce s’évanouir aussitôt comme un fantôme, en taines connaissances, transmises de géné- qui ne laisse guère de doute quant à l’identité de celui qui a inspiré laissant subsister une aura tenace d’étran- ration en génération, dont il fera usage cet érudit en magie : il s’agit de Claude Seignolles, bien sûr. Cet hom- geté. Pourtant, on peut résumer l’intrigue pour tirer Mike de son état manifeste mage à peine voilé donne un petit charme supplémentaire à une his- du roman de façon très simple et très plate- d’égarement. Un état qui se traduit aussi toire qui ne fait pas outre mesure profession d’originalité. (Syros, ment réaliste. bien par ses crises de somnambulisme que « Chauve-souris », 96 p., 32 F [4,88 ¤].) Las de sa vie factice à Londres, un couple par sa façon de faire face au traumatisme d’Anglais, Kim et Mike, s’installe dans un engendré par la révélation de sa liaison b NEVERWHERE, de Neil Gaiman pays étranger. A l’occasion de la visite de adultère (ainsi le titre français qui joue sur Premier roman solo traduit en France de ce scénariste réputé de deux de leurs amis les plus proches, Kim dé- le double sens du mot égaré se justifie-t-il). bande dessinée, Neverwhere est à l’origine un scénario de feuilleton couvre que Mike l’a trompée. La révélation Manoussos, qui a pris le couple en affec- TV pour la BBC. Déçu par la pauvreté de la mise en images, le scéna- de cet adultère entraîne la dégradation du tion, convaincra l’Anglais de se soumettre riste s’est mué en romancier afin de donner toutes ses dimensions à couple et compromet son échappée belle à un apprentissage doublé d’un rituel puri- l¹histoire qu’il avait imaginée, si magnifique et si baroque que le lec- vers cet horizon neuf. Mais la décrire ainsi, ficateur, et d’affronter une épreuve ou plu- teur n’a aucun mal à comprendre pourquoi Gaiman ne s’est pas ré- c’est réduire l’œuvre à l’anecdote, à son tôt une série d’épreuves pendant laquelle solu à abandonner cet univers de fantasy à sa plate illustration télévi- seul canevas, c’est n’en privilégier que l’axe les hallucinations et les mirages se mêle- sée. Neverwhere nous entraîne dans un Londres dédoublé où, à la psychologique et comportemental, c’est la ront inextricablement au réel, tout au long ville réelle, se superpose une ville magique, labyrinthique, souter- priver de toutes les dimensions qui la ren- d’un parcours rédempteur et symbolique. raine, peuplée de personnages forts en gueule, hauts en couleur, dent fascinante. Car ce dont elle nous entre- Pour reconquérir son Eurydice, Mike de- aux pouvoirs étonnants. Et allant d’un Londres à l’autre, au fil d’une tient, c’est bien moins de l’évolution d’un vra, comme Orphée, mais de manière intrigue endiablée, un jeune homme qui, au terme de cette aventure couple en crise que des mystères de toute toute métaphorique, descendre aux Enfers déjantée décidera qu’il ne tient pas à « être sain d’esprit ». Eblouis- nature qui fondent une existence… Pour et renaître. D’autres épisodes du roman sant ! (Traduit de l’anglais par Patrick Marcel, « J’ai lu fantastique », tout dire, Rêves égarés est l’histoire d’une renvoient eux aussi à la mythologie grec- 352 p., 41 F [6,25 ¤].) confrontation à la magie. Magie d’un pay- que. Comment ne pas trouver comme un sage d’abord, car ce pays étranger, c’est la écho du sort d’Orphée déchiqueté par les b JE SUIS UNE LÉGENDE, de Richard Matheson Grèce et, mieux encore, une de ces îles grec- Ménades dans le terrible secret de la mai- Voici réédité (sous une hideuse couverture) l’un des ouvrages les ques suspendues entre mer et soleil, Ma- son des rêves perdus ? plus marquants publié dans la collection « Présence du futur », qui vros, où Kim et Mike trouvent asile dans « Ce qui me fascine, c’est cet état de l’es- était alors toute jeune. Malgré ses presque cinquante années, le ro- une maison sans eau et sans électricité qui prit où la peur est rejointe par un espèce man n’a rien perdu de son pouvoir de fascination, ni de sa force dé- tient d’une précédente occupante germani- d’émerveillement, de dépassement de soi, rangeante. Sans doute parce que l’idée qui sous-tend l’intrigue est, que son nom intrigant : Haus der verlore- par un sens quasi religieux du miracle, par dans sa simplicité (encore fallait-il y penser !), d’une prodigieuse effi- nen Träume. La maison des rêves perdus : un sentiment de malaise, par le questionne- cacité romanesque. Richard Matheson y a inversé les données du autant dire un lieu maudit, mais dont le ma- ment et la recherche de soi », a confié Gra- thème vampirique tout en le faisant passer du mode fantastique à ce- léfice ne se dévoile que de façon si équivo- ham Joyce à notre confrère Jean-Claude lui de la science-fiction. Le vampire n’y est plus le monstre dissimulé que, si diffuse, qu’il est toujours mis en ba- Vantroyen (1). Rêves égarés est la parfaite dans une population humaine d’une parfaite normalité. C’est lance avec la magnificence du site et le ca- illustration de ces propos : l’histoire d’un l’homme normal qui se retrouve, en survivant solitaire, dans un ractère intemporel et insouciant de la vie couple en deshérence, sublimée par le monde peuplé de mutants vampires... Au terme du douloureux cau- qu’on y mène. recours poétique à tous les subterfuges de chemar qu’il aura vécu, Robert Neville, le dernier représentant de la Magie d’un terroir ensuite, où une très l’imaginaire mais aussi par la figure charis- « vieille race », aura une pensée : celle que l’auteur a choisie comme antique histoire a laissé des empreintes si vi- matique d’un « raccommodeur de destins ». titre de son roman. A ce moment-là – c’est l’ultime phrase du livre – sibles qu’on est tenté, à l’instar de Mike, d’y Jacques Baudou l’inversion est totale, complète. Et Richard Matheson se révèle un in- rechercher les traces de personnages my- surpassable maître de la peur. La suite très prochainement. (Traduit thologiques comme Orphée, au risque d’in- (1) Entretien avec Graham Joyce (Le Soir, de l’anglais – Etats-Unis – par Nathalie Serval, Gallimard, « Folio fluer sur le réel à la manière d’un oracle, ou 18 avril 2001). SF », 228 p., 29 F [4,42 ¤].) J.Ba. VENDREDI 8 JUIN 2001 - LE MONDE DES POCHES - VII jeunesse bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb

b LA PATTE DANS LE SAC, de Sylvie Desrosiers et Daniel Sylvestre sélection Notdog est un gros chien laid et sympathique qui fait le bonheur de sa maî- b tresse Jocelyne ; mais il s’absente parfois le soir pour accomplir une sombre mission. Arrêté à la frontière américano-canadienne alors qu’il b LA MYTHOLOGIE NAVAJO, de Leigh Sauerwein, illustrée par Laura Bour porte des sachets d’héroïne, le voilà jeté en prison. Jocelyne et sa bande C’est toujours le même vieux drame : les dieux édictent des règles de vie que les d’« Inséparables », persuadés de l’innocence du chien partent d’un seul hommes ne respectent pas, d’où des histoires sans fin de châtiments et de cœur à la recherche de la vérité. Les amateurs de cette course-poursuite destructions. Mais, chez les Navajos, les puissances supérieures finissent effrénée, souvent très drôle, retrouveront Notdog dans Qui a peur des toujours par pardonner et, chaque fois, les mortels retentent leur chance dans fantômes ?, chez le même éditeur (éd. Epigones, coll. « Spécial noir », un monde tout neuf. Avec la verve qu’on lui connaît, Leigh Sauerwein fait 88 p., 35 F [5,34 ¤]). A partir de 9 ans. revivre ce récit matriciel par lequel les Navajos, aujourd’hui encore, racontent leurs origines (Actes Sud Junior, 96 p., 69 F, [10,52 ¤]). A partir de 10 ans. b VANILLE, FLIBUSTIÈRE DES ANTILLES, de Nicole Maymat. Cela aurait pu être un simple divertissement avec des pirates ; mais l’histoire b DEUX ÉTOILES BLEUES, de Serge Perez de Vanille, héroïne téméraire, en quête de ses origines, dépasse celle de la Sur sa planète lointaine, devant son ordinateur, Paulus est seul. Le hasard lui fait conquête du Nouveau Monde. Car Vanille tient de sa mère, et de sa grand- prendre contact avec Théo, petit Terrien qui aime le football et rêve de ne plus mère, les secrets des cultes mayas ravagés par les conquistadors. A bord des porter de lunettes. Paulus, à l’aide de son savoir d’extraterrestre, réalise les vœux de navires qui s’entrechoquent, elle apprendra le respect qu’elle doit aux siens et Théo mais attend de lui, en échange, qu’il tente de faire de la jolie Noa, la plus mys- à elle-même. Ce roman d’aventures, riche en rebondissements est complété térieuse de ses camarades de classe, son amie… Ce conte fantastique et poétique d’une carte des îles et d’un petit glossaire des principaux termes de navi- parlera aux adultes autant qu’aux enfants. Dans son monde, où les rêves sont réali- gation. Un enchantement (Seuil, 138 p., 85 F [12,96 ¤]). A partir de 11 ans. sés par les ordinateurs, Paulus redécouvre le plaisir d’avoir un ami avec qui échan- ger des secrets d’amour, tandis que Théo réapprend la confiance qui changera son b AVENTURES, d’Italo Calvino destin (L’Ecole des loisirs, coll. « Neuf », 95 p., 46 F [7,01 ¤]). A partir de 9 ans. Le Seuil redonne à lire l’œuvre nécessaire d’Italo Calvino. En marge des trois gros volumes parus ce printemps, Yann Nascimbene commente à sa b LES BONHEURS D’EXPRESSION façon, subtile et pudique, les Aventures (Gli amori difficili), composées entre Dans cette collection fort attrayante, un auteur et un illustrateur se retrouvent 1949 et 1967, traduites par quatre spécialistes dont le texte est ici relu par autour d’un lieu commun de la langue française. Chaque thématique donne lieu à Mario Fusco. La poésie élégante, la sobriété du trait comme la palette de une série de comptines illustrant les expressions populaires que l’on utilise sans y l’artiste Nascimbene conviennent à merveille à ces éclats de littérature qui penser, telles que « n’en faire qu’à sa tête » ou « courir le monde ». Les comptines sont des moments de pure grâce. On regrettera certes la rareté de ce contre- mettent en scène tout un univers où le plaisir des mots se mêle à celui des images point visuel si personnel, mais à l’instar de « L’aventure d’un poète » où pour inviter les enfants à rêver. Une initiative amusante pour donner envie d’ex- « chaque degré de perfection atteint par la nature » annonce « une planète plorer les trésors parfois oubliés de notre répertoire linguistique (Actes Sud nouvelle ou une parole ignorée », le travail de Nascimbene offre un accès iné- Junior, coll. « Les bonheurs d’expression », 60 p., 49 F, [7,47 ¤]). A partir de 5 ans. dit à un texte qui est superlativement littéraire (Seuil, 192 p., 98 F [14,94 ¤]). A partir de 10 ans. b LES ANNÉES POP Alors que « Les années pop » triomphent au Centre Pompidou, la revue Dada, b C’EST PAS MA FAUTE ! de Christian Voltz première revue d’art, consacre son soixante et onzième numéro au même mouve- Sur le principe familier de la comptine à épisodes, Christian Voltz livre, une ment. L’histoire de l’art pop y est retracée depuis ses ancêtres lointains comme fois de plus, un petit bijou. Animaux et insultes colorées se bousculent pour Marcel Duchamp, dont les ready-made avaient conféré aux objets quotidiens exercer la mémoire et railler la trop facile recherche d’un coupable à ce qui une signification nouvelle, jusqu’aux sérigraphies d’Andy Warhol et aux happe- n’est que l’ordre des choses. A lire en réécoutant La Foire de l’Est, d’Angelo nings. Le « nouveau réalisme » européen n’est cependant pas négligé, comme en Branduardi. (Ed. du Rouergue, 40 p., 68 F [10,37 ¤]). A partir de 3 ans. témoignent les compressions de César et les affiches lacérées de Rotella. Au-delà des références obligées au mode de vie américain, à Disneyland et à la bande des- b PIPI DE NUIT, de Christine Schneider et Hervé Pinel sinée, que Roy Lichtenstein a tant mise en valeur, la revue aborde aussi le thème Comment dédramatiser le pipi nocturne qui gâche la vie des parents comme du nationalisme et de la guerre froide. Signalons également « The Supermarket celle des petits ? Cet album astucieux qui double la quête du pot salvateur d’une Star », un conte inquiétant et malicieusement signé Edgar Allan Pop, suggérant ludique présentation des autres acceptions du mot, offre une piste de réponse que, derrière les photos de star reproduites en série, peut se cacher aussi le visage bien séduisante (Albin Michel, 36 p., 69 F [ 10, 52¤]). A partir de 4 ans. de la mort (Mango, revue Dada, 40 F [6,09 ¤]). A partir de 6 ans. b AMOURS, de Catherine Louis b MÉMET, LE TIMIDE, de Catharina Valckx Difficile pari que de rendre compte de l’état amoureux. Une rencontre sur un banc Il arrive qu’on ne sache pas s’y prendre pour se faire des amis, surtout lorsque public (merci Brassens !), deux artistes inspirés – il est musicien, elle peint – et la l’on est timide. Ce conte aborde le sujet de façon poétique et très accessible. petite musique de la passion, bluette ou envol lyrique, ne tarde pas à se faire enten- L’histoire est celle d’un lapin qui admire la tortue Gotie mais n’ose pas lui rendre dre. Avec de subtiles variations sur la partition (accordéon, draps de lit, voile visite. Malgré de nombreux efforts, personne ne le remarque, car sa voix est nuptial ou décor d’une chaude rousseur), la vision de Catherine Louis a un charme petite et ses oreilles rougissent à la moindre provocation. Mal conseillé par le rat contagieux (Ed. Thierry Magnier, 28 p., 69 F [10,52 ¤]). A partir de 4 ans. Balzar, il met en place un plan bâti sur des mensonges. Mais, juste avant d’être découvert, Mémet comprend que la vraie façon de se faire accepter est d’être b FACILE À DIRE, de Bruno Heitz sincère. Une méditation joliment illustrée sur la persévérance et la gratitude. Heitz poursuit son travail d’ébéniste. Mais sans langue de bois. Ici toute (L’Ecole des loisirs, coll. « Mouche », 61 p., 48 F [7,32 ¤]). A partir de 5 ans. pensée, tout rêve pèse d’un trop grand poids, assommant le héros qui ne s’en sort que par la plus directe des franchises. Une recette radicale qui peut soula- b LA PRINCESSE INVISIBLE, d’Eglal Errera ger à défaut d’être politiquement correcte. Heitz en philosophe malin ? On le Un mystère assombrit le royaume, jadis plein de joie, du Grand Silencieux. croirait à lire parallèlement Les Petits Poissons qu’il cosigne avec Olivier Douzou, Ayant perdu sa femme en couches, le roi, accablé par le deuil, décide de cacher à la même enseigne (Ed. du Rouergue, 48 p. 68 F [10,37 ¤]). A partir de 5 ans. la princesse Douina jusqu’au jour de ses vingt ans. C’est alors que, de tous les confins du monde, arrivent des jeunes hommes riches et pauvres souhaitant b MARIUS, de Latifa Alaoui M. et Stéphane Poulin épouser la princesse que personne ne connaît mais dont tous imaginent la Marius est déchiré par la séparation de ses parents, mais ici la famille recom- beauté et la grâce. On ignore les épreuves que le roi leur fait subir, mais les posée trouble l’identité des sexes puisque papa a un ami. A l’heure où le pacs qualités de l’élu différeront de celles qu’on aurait attendues. Une histoire s’installe dans le regard social, cet album sobre et intelligent disqualifie les attendrissante sur la liberté et le respect de l’autre. (L’Ecole des loisirs, coll. approches bornées et les a priori qui étouffent le bonheur (Ed. l’Atelier du « Mouche », 55 p., 44 F [6,71 ¤]). A partir de 7 ans. poisson soluble, 36 p., 88 F [13,5 ¤]. A partir de 6 ans.

b DEUX AVENTURES DE FELOUDA, de Satyajit Ray b ULYSSE AU PAYS DES FOUS, de Marjane Satrapi Felouda est un Sherlock Holmes à la mode indienne. Suivi de son cousin Bienvenue à Marjane Satrapi, récente révélation de la bande dessinée dans l’édi- Topshi, il exerce avec talent son pouvoir de déduction : où qu’il aille, il se passe tion jeunesse. Ses contes initiatiques qui prêchent l’ouverture, la curiosité et la toujours quelque chose ; ici, c’est une bague d’une valeur inestimable qui tolérance, à travers les pérégrinations d’un chat qui cherche ailleurs la sagesse disparaît, là une mallette provenant du Népal dont le contenu aiguise les dont ses proches font défaut, tiennent pourtant leur grâce orientale du trait de convoitises… Satyajit Ray, qui réalisa de nombreux films, fut aussi en Inde un Jean-Pierre Duffour. On peut retrouver la jeune Iranienne dans Sagesses et auteur renommé. L’originalité de ses énigmes réside dans cet univers malices de la Perse, qu’elle cosigne avec Lila Ibrahim-Ouali et Bahman Namvar- magique et dangereux de l’Inde traditionnelle dans lequel il fait évoluer ses Motlag chez Albin Michel (Nathan, 32 p., 79 F [12,04 ¤]. A partir de 4 ans. personnages. Une aventure policière en même temps qu’une irrésistible invi- Sélection établie par Philippe-Jean Catinchi, Guadalupe Nettel, tation au voyage (Seuil/Métailié, 213 p., 98 F [14,94 ¤]). A partir de 10 ans. Florence Noiville et Florence Pérochain VIII - LE MONDE DES POCHES - VENDREDI 8 JUIN 2001 livraisons bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb

b UN SLOW DES ANNÉES CINQUANTE, de Cyrille Fleischman littératures Le petit monde de Cyrille Fleischman est installé pour l’éternité près du métro b Saint-Paul et dans ce Paris de l’après-guerre où l’on réapprenait à vivre en grin- chant un peu, mais content quand même. Treize petits textes pour retrouver le goût du bouillon, de l’amour, du be-bop, et de la parole juste… au pire moment. b UN MONDE POUR JULIUS, d’Alfredo Bryce-Echenique Tout cela sur un ton délicieusement ravi de toutes ces incongruités. (Pocket, Bryce-Echenique décrit avec précision et ironie, le monde des oligarchies latino- « Nouvelles voix », 120 p., 28 F [4,27 ¤].) M. Si. américaines à travers le regard de Julius, un enfant de six ans. Derrière la superbe villa où il vit, il sent monter l’air contaminé des bidonvilles, il entend les domesti- ques qui parlent et rient à haute voix. Ce monde, auquel sa famille tourne le dos, essais est celui qui hante le personnage, non seulement parce qu’il lui est interdit, mais b parce qu’il apparaît dans son esprit comme une terre épargnée par la souffrance qu’il rencontre dans sa vie : mort du père et de sa sœur Cynthia. L’ironie est impi- b LES MÉTIERS DU JOURNALISME, de Sophie Janvier toyable, tout y passe, les coutumes pudibondes, le racisme voilé sous des diminu- D’accès facile et pratique, cet ouvrage écrit par une journaliste se lit avec inté- tifs condescendants, le syncrétisme religieux mais surtout les manies et les frivoli- rêt. L’auteur nous propose surtout un survol de l’histoire de la presse écrite de tés de cette véritable caste péruvienne. On rit, mais persiste en filigrane la lucidité Renaudot à nos jours, puis de la naissance de l’audiovisuel à l’explosion de la té- que Julius entretient en secret comme une mascotte cachée, qui le dévore et le lévision. Un chapitre est consacré à l’éthique journalistique à l’épreuve des faits, confine à la plus irrémédiable des solitudes. (Traduit de l’espagnol – Pérou – par puis les deux autres parties du livre donnent des renseignements très utiles sur Albert Bensoussan. Métailié, « Suites hispano-américaines », 496 p., 88 F le statut professionnel des journalistes et ses métiers, sur les écoles de journa- [13,42 ¤]. Première édition Calmann-Levy, 1973.) St. L. lisme et l’entrée dans la presse. Un bon guide pour les candidats. (PUF coll. « Major », 152 p., 55 F [8,38 ¤]. Inédit.) P. Dr. b BERG ET BECK, de Robert Bober Deux enfants du même âge : ils habitent la même rue, se rendent ensemble à la b LE JOURNAL INTIME, de Françoise Simonet-Tenant même école, portent la même étoile jaune ; tous deux partagent la même passion Difficile de nier la place et l’importance des journaux intimes – il vaudrait mieux pour les courses cyclistes. Nous sommes à Paris, au début de l’été 1942, à l’aube de dire « personnel », souligne l’auteur – dans l’histoire littéraire. Impossible pour- la rafle du Vél’ d’Hiv’ dont l’un des deux ne reviendra pas. Son camarade de jeux ne tant d’assigner à ce mode d’expression de soi une position fixe ou clairement l’oubliera jamais et lui rendra hommage, bien des années plus tard, au travers de évolutive, quitte, comme pour les autres genres, à en discuter les contours. La longues lettres qui disent la paix retrouvée, la vie qui s’écoule, pour ceux qui res- référence à Philipe Lejeune, maître incontestable des études sur l’activité des tent… et le manque. Très beau roman de l’auteur de Quoi de neuf sur la guerre ? diaristes passés et présent, est obligée. Elle ne facilite cependant pas la tâche de (prix du Livre Inter 1994), Berg et Beck est plus qu’un témoignage d’amitié : un rem- celui qui voudrait s’arrêter à une définition, puisque Lejeune refuse, en ce do- part contre la solitude, une pierre blanche érigée là, par-delà l’espace et le temps, maine, la distinction ordinaire entre ce qui relève ou non de la littérature. Cons- contre la menace de l’oubli. (Gallimard, « Folio », 252 p., 32,50 F [4,95¤].) St. L. tatant cette difficulté (et d’autres), Françoise Simonet-Tenant, parfaitement in- formée de son sujet, a tenté d’avancer sur ce terrain instable et accidenté. Après b L’ÂME PRÊTÉE AUX OISEAUX, de Gisèle Pineau une étude sémantique puis historique, elle pose la question du journal du point Le thème récurrent de Gisèle Pineau est la déchirure ressentie par les Guadelou- de vue de celui (ou de celle) qui le tient et de celui qui l’édite et le lit. (Nathan- péens venus travailler en métropole. L’auteur de L’Espérance macadam et de Université, coll. « 128 », 128 p., 52 F [7,99 ¤]. Inédit.) P. K. L’Exil selon Julia magnifie la langue française des échos de l’idiome et des coutu- mes de l’ancienne colonie. Sybille et son jeune fils Marcello apprennent à vivre b BAUDELAIRE, de John E. Jackson à Paris, grâce à la chaleureuse protection de Lila, vieille actrice. Sans renier la L’auteur, universitaire suisse à qui l’on doit plusieurs ouvrages sur la poésie mo- mémoire de l’enfance, Sybille apprivoise les fantômes du passé et retrouve le derne (notamment La Poésie et son autre, José Corti, 1998), a choisi de présenter bonheur. L’Ame prêtée aux oiseaux, récit riche de souvenirs et de légendes, est les différentes phases et chapitres de l’œuvre de Baudelaire, selon un plan thé- aussi une étude lucide sur la confrontation de deux univers et les préjugés ra- matique et chronologique. Par la clarté de l’exposition, l’ouvrage répond parfai- ciaux qui s’y rattachent encore et toujours. (Le Livre de poche, 222 p., 30 F tement à son ambition sans banaliser ou affadir la figure du poète. Une antholo- [4,57 ¤].) H. M. gie des principaux textes critiques de Baudelaire complète utilement l’ouvrage. (Le Livre de poche, « Références », 288 p., 49 F [7,47 ¤]. Inédit.) Signalons égale- b ALBUCIUS, de Pascal Quignard ment l’édition d’une conférence qu’Yves Bonnefoy donna à la BNF en mai « Caius Albucius Silus a existé. Ses déclamations aussi », explique Quignard dans sa pré- 1998 : Baudelaire, la tentation de l’oubli. (Bibliothèque nationale de France, face. Simplement, on ne sait presque rien de lui en dehors de quelques citations qu’en Conférences del Duca, 54 p., 35 F [5,34 ¤].) P. K. fait Sénèque le Vieux. C’est de ce que l’on ne savait pas qu’est né, ce roman, ou plutôt ces récits successifs. Mais Quignard, bien sûr, ne se contente pas d’imaginer ou de b MÉMOIRE À DEUX VOIX, de François Mitterrand et Elie Wiesel réinventer la Rome d’Auguste, de César, de Pompée, de Cicéron : il s’empare du vide Plus qu’à céder à la confidence, François Mitterrand se plaisait à brosser son por- et le fait bouillonner de toutes sortes d’ingrédients : sexe, violence, folie, sagesse et… trait en retraçant son action ; à relater sa « propre aventure » en plaçant sa ré- digressions, où il reprend officiellement la parole pour la reperdre aussitôt. Qu’im- flexion « sur le champ de l’histoire », telle qu’il la vivait. L’occasion lui en fut sou- porte ce qui est d’Albucius et ce qui est de Quignard, c’est un plaisir de lecture, virevol- vent donnée, mais rarement son interlocuteur se présenta à lui, avec son propre tant, fascinant, impérial. (Le Livre de poche « biblio », 288 p., 32 F [4,88 ¤].) M. Si. poids d’histoire, sa propre philosophie, sa foi. Parce que ces entretiens eurent lieu peu après les révélations de 1994 concernant les relations durables entre François b LES MASQUES DU HÉROS, de Juan Manuel de Prada Mitterrand et René Bousquet, ancien secrétaire général de la police de Vichy, Elie Un premier roman étonnant, boursouflé, sarcastique, dévastateur qui prend Wiesel ne manqua pas de rappeler à son ami, que la révélation l’avait « fait souf- pour personnages – et pour cible – les grands héros artistiques de l’Espagne du frir ». Le président de la République n’apprécia guère cette philippique, rappela début du siècle : Unamuno, Pérez Galdos, Valle-Inclan, Ramon Gomez de la que l’action a ses « contraintes » et ses « lois » et qu’il était « en paix » avec lui- Serna, Bunuel, Dali, Borges, Garcia Lorca. Le jeune romancier qui avait alors même. La conversation reprit, faite d’intelligence et de culture, de souvenirs d’en- vingt-cinq ans n’hésite devant rien, pour diffamer, accabler, torturer les vieilles fance et de souvenirs de guerre. On évoqua Moïse et Hérode, Etienne Marcel et gloires. On trouvera cela insupportable ou grandiose, question de tempéra- Spartacus, Lénine et le Christ. Pour la dernière fois. Ils ne se revirent plus. (Odile ment ! Et que l’on se rassure, l’édition française comporte un lexique des person- Jacob/Poches, 224 p., 45 F [6,86 ¤].) De François Mitterrand et aux mêmes édi- nages qui pourra remédier aux mémoires défaillantes. (Traduit de l’espagnol tions, paraissent également : Mémoires interrompus (254 p., 45 F [6,86 ¤] et De l’Al- par Gabriel Iaculli, Seuil, « Points », 634 p., 52 F [7,93 ¤].) M. Si. lemagne, de la France (254 p., 49 F [7,47 ¤]). A. My

b L’ANGE DE LA COLÈRE (LES DUKAY, tome II), de Lajos Zilahy b PABLO RUIZ PICASSO, de Patrick O’Brian C’est aux Etats-Unis, où il trouve refuge après la seconde guerre mondiale, que Patrick O’Brian (1914-2000) a vécu près de cinquante ans dans une petite mai- le romancier magyar Lajos Zilahy (1891-1971) rédige en anglais le dernier volet son des Pyrénées-Orientales, face à la Méditerranée. Irlandais, il a accumulé les de la saga des Dukay. Déjà la mort du patriarche, le comte Istvan Dukay de travaux de traduction (Simone de Beauvoir, Joseph Kessel) quand ses propres li- Duka et Hemlice, présage la fin de l’illustre famille hongroise. Vers la fin de la vres (une série de romans d’aventures maritimes, anglaises et napoléoniennes, guerre, son pays tente de sortir indemne de la tourmente en rompant l’alliance dont le très célèbre Maître à bord) lui apportent la gloire… aux Etats-Unis. avec les nazis. En vain ! Alors que Budapest investie par les armées hitlériennes C’était dans les années 1970. Ce solitaire mettait alors la dernière main (1976) à et bombardée nuit et jour par les alliés est en flammes, les membres d’une aris- cette imposante biographie de Picasso, son ami. Il voulait évoquer « l’image to- tocratie qui remonte au XIe siècle, lors de la fondation de l’Etat, tentent sans suc- tale » de l’artiste, l’homme et le peintre, qu’il jugeait « indissociables ». Ici, peu cès de remplir leurs missions d’émissaires, de diplomates et d’espions. La chute de critiques d’œuvres, d’analyse, d’interprétation. Mais une succession chrono- définitive de la maison Dukay sera illustrée par la condamnation à mort de cer- logique « nette et sincère » des événements petits ou grands qui remplirent la tains de ses fils sous le régime communiste et par l’exil des autres. (Traduit de vie du peintre. Un bel hommage à l’homme Picasso « presque aussi seul que le l’anglais par Pierre Singer, Gallimard, « Folio », 480 p., 45 F [6,86 ¤]. Première soleil, mais qui rayonnait de la même vie ardente ». (Gallimard, « Folio », 834 p., édition, Denoël 2000.) E. R. 60 F [9,15 ¤].) A. My VENDREDI 8 JUIN 2001 - LE MONDE DES POCHES - IX essais bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb Une histoire mal orchestrée

HISTOIRE DE LA MUSIQUE rante ans d’avancées musicologiques ? forme « do, ré, mi, fa, sol, la, si » en pas- sous la direction Etait-il utile C’est pourtant ce que propose « Folio » sant sous silence L’Hymne à saint Jean- de Roland-Manuel. en livrant au public cette grande photo Baptiste, ou qu’elle ne consacre aucun Gallimard, « Folio Essais », de rééditer ce vaste pâle des connaissances musicologiques, article sérieux à la forme sonate ni à la 4 vol., 1042 p., 1000 p., 906 p. et 972 p., et pas toujours les meilleures, à la fin des symphonie… 56 F (8,54 ¤) chacun. tableau musical années 1950. Autant dire que les Dernier détail, les tables analytiques (Première édition : Gallimard, bibliographies font sourire. Celle de et générales, les index et les tableaux « Encyclopédie de la Pléiade », allant Bach s’étend de 1873 à 1956, celle de chronologiques ne se trouvent qu’en fin 2 tomes, 1960 et 1963). Haendel de 1760 à 1957, dont une «en de « tome », c’est-à-dire à la fin de cha- « des origines à cours de publication » depuis… 1954. que deuxième volume. Les index (noms aymond Queneau crée en 1956 Les deux tomes de « La Pléiade », ici et œuvres seulement, tant pis pour la l’Encyclopédie de la Pléiade. nos jours », publié réédités en quatre volumes poche, sont symphonie et la sonate) sont la seule Pour la partie « Histoire de la de conception et de qualité différentes. partie actualisée de l’ouvrage, pagina- R musique », il fait appel à Roland- par « La Pléiade » Le premier tome (« Des origines à tion oblige. Mal en prit à l’éditeur. Car Manuel, grande figure du monde musical Bach »), malgré ses défauts et ses rides, ils ne sont pas systématiques, et sont de l’époque. Le projet est vaste, et au début des reste bon dans sa construction. L’accent donc inutilisables. Que voulez-vous Roland-Manuel s’entoure de nombreux y est mis sur les courants, la forme, l’évo- faire de 180 renvois non distingués pour collaborateurs, parmi lesquels Jacques années 1960 ? lution de l’écriture, l’histoire du langage Bach, 150 pour Mozart ? Chailley, Marius Schneider, Marcel Beau- musical... Mais si une partie importante y Un éditeur verse une encyclopédie fils, Constantin Braïloiu, Francis Poulenc, L’ouvrage, qui n’a est consacrée à l’ethnomusicologie, seul fanée dans un entonnoir informatique, Claude Rostand. Fort d’une telle équipe, le chapitre consacré à l’Afrique noire est une maquette, un clic, et un coffret de de tels moyens et sous l’égide de la presti- pas été remis peut-être encore valable, et le choix des poches sort sous Cellophane. Les Anglo- gieuse « Pléiade », un ouvrage de musiques ethniques étudiées est Saxons, quant à eux, préfèrent un autre référence d’une qualité inégalée promet- à jour, posait déjà arbitraire : à côté d’un chapitre sur la usage du « clic », et mettent « en ligne » tait de voir le jour… C’était compter sans musique de Bali démesuré et déjà contes- leur monumentale encyclopédie musi- deux mauvaises fées jumelles : Complai- problème lors table en son temps, rien n’est dit sur la cale The New Grove (2001, 29 vol.). Les sance et Fouillis. Car il fallait un chef musique de Java, au moins aussi riche. Allemands ne sont pas en reste, avec leur d’orchestre hors pair pour gérer tant de sa première Rien non plus sur les musiques ethniques Musik in Geschichte und Gegenwart d’atouts, et quand Roland-Manuel américaines (quoiqu’il en soit question (1994, 20 vol.), ni les Italiens, avec les s’excuse dans sa préface (« le lecteur doit édition... dans la préface), européennes ou 13 volumes d’Alberto Basso (1988). Pour s’attendre à rencontrer des lacunes »), il se d’Indochine… trouver un ouvrage de cette envergure dédouane un peu vite d’un réel manque Un « événement » en France, il faut remonter au Lavignac, de rigueur. Cette constellation d’articles, Le second tome (« Du XVIIIe siècle à nos dont la dernière mise à jour date de sans grande unité, est finalement de qui illustre la crise jours ») tombe pour sa part à pieds 1931. Et surtout ne pas prendre au qualité très inégale, et pour le moins mal joints dans les pièges du XIXe siècle. Une sérieux cette « Histoire de la musique », orchestrée. de l’édition succession de projecteurs sont braqués lorsqu’elle affirme (tome II, p.1563) que On lira quelques admirables chapitres, sur des compositeurs, ou plutôt sur la Biographie universelle des musiciens, en lumineux comme ceux de Marius Schnei- musicographique leurs œuvres à quelques exceptions huit volumes (1839), de Fétis « est la plus der (« Le rôle de la musique dans la près, entre manques et excroissances. vaste synthèse des temps modernes » (sic). mythologie et les rites des civilisations en France Par excès de délicatesse, certainement, Reste à découvrir quel sens Gallimard non européennes ») ou de Marcel Beau- Roland-Manuel n’a pas su concerter les donne au mot « référence » dans sa note fils ( « Le Lied romantique allemand » ; talents. Or son rôle était crucial. Il fallait d’éditeur : « Suivant l’usage de l’Encyclo- « Wagner »), dont la conception ne peut un œil pour répartir, unifier les tâches et pédie de la Pléiade , cette « Histoire de la prendre une ride parce qu’elle est univer- déceler les carences. A ce prix seulement musique » peut être utilisée comme selle – quoiqu’elle n’ait, ici, rien d’encyclo- on évite qu’une histoire de la musique ouvrage de référence. » Cette réédition pédique. Mais on trouvera également traite de la « vitesse de propagation des illustre une profonde crise de la beaucoup de pages qui ne valent pas plus ondes de compression », mais omette de musicographie en France. qu’une causerie de radio, où les auteurs parler de l’apparition des notes sous la Robert van Kampen confondent poliment bel humanisme et docte stérilité. Là, ce sont des chapelets b d’analyses bâclées en place de biogra- phies – pauvre Schumann – ou bien des extrait citations approximatives, tronquées et sans sources précises. On fait s’écrier par Les Académies florentines et parisiennes, au temps prendre dans les couloirs d’une discothèque les propos exemple à Chopin, sans autre précision, de la Renaissance, avaient caressé la chimère d’un de certains réalisateurs d’émissions radiophoniques, on que « Beethoven est obscur, semble man- humanisme musical fondé, à défaut de documents subs- en vient à se demander si le zèle des paléographes et quer d’unité, et qu’il tourne le dos à des tantiels, sur les écrits des philosophes de l’Antiquité des ethnologues est à la mesure d’une impatience qui principes éternels. Mozart, jamais ! ». L’ori- (…). Le XIXe siècle, tourmenté par l’obsession roman- voudrait apaiser sa fièvre de nouveauté en remontant ginal, dans le Journal d’Eugène Delacroix tique des retours, mais partiellement nanti de connais- indéfiniment le cours du temps. Il semble, aussi bien, (7 avril 1849), est un peu différent : «Là sances précises, va se charger de prouver que le dogme que l’opinion se soit moins modifiée, depuis dix ans, à où Beethoven est obscur et paraît manquer de l’imitation des Anciens est applicable à toutes les l’égard d’un Igor Stravinsky que sur le propos de saint d’unité, dit Chopin, ce n’est pas une préten- fins de l’esthétique. Un nouvel humanisme, moins « pla- Ephrem le Syrien, et nous en avons certainement moins due originalité un peu sauvage, dont on lui tonique » que n’avait été celui des Renaissants, tentera appris, dans le même temps, sur les possibilités de la fait honneur, qui est en cause ; c’est qu’il de promouvoir une science, encore colorée du reflet de musique concrète que sur les origines de la polyphonie. tourne le dos à des principes éternels ; ses songes et trop souvent égarée par la fièvre L’existence, aujourd’hui bien attestée, d’une poly- Mozart jamais. » Ajoutons à cela la chauvine. phonie immémoriale, spontanément pratiquée dans le conception d’avant-guerre d’une géné- Mais les Muses sont filles de Mémoire : les perspec- monde entier par les représentants de diverses civilisa- ration fin XIXe, encore bien engoncée tives de la musicologie, à s’élargir sans trêve, font tions archaïques, (…) réduit à néant la thèse classique dans ses humanités, et d’anacoluthes en injure à l’étroitesse des nationalismes. Nous en venons (…) qui porte au crédit de l’Europe occidentale, et d’elle oxymores, n’espérez pas de do, vous maintenant à découvrir des baroques et des précieux, seule, le principe de cette association de voix n’aurez que de l’ut. des classiques et des romantiques, bref à nous choisir concurrentes – complexio oppositorum, sur quoi repose Peut-on imaginer une histoire encyclo- des ancêtres, des maîtres et des modèles au-delà des tout l’édifice de la musique européenne. pédique de la musique, rééditée aujour- époques que nos aînés considéraient comme primitives Histoire de la musique, d’hui et ne tenant aucun compte de qua- – hors des lieux qu’ils tenaient pour privilégiés. A sur- page IX (Roland-Manuel, préface) X - LE MONDE DES POCHES - VENDREDI 8 JUIN 2001 essais bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb Céline, foudroyé par son siècle Freud Philippe Muray analyse l’anathème lancé contre l’auteur de « Voyage » au regard de notre époque kabbalistique

CÉLINE mite intégral »,àun« romancier sures- récits, à ruminer ses phrases, maniant l’exa- FREUD de Philippe Muray. timé ». L’œuvre, sur le point d’être « expul- gération, le délire, l’ampleur du lyrisme, ET LA TRADITION Nouvelle édition revue et augmentée, sée de la sphère littéraire ». Muray, qui a donnant ainsi un sens à sa littérature. MYSTIQUE JUIVE Gallimard, « Tel », 256 p., 60 F (9,15 ¤). déjà développé l’argument (Exorcismes Mais l’antisémitisme ? Muray ne cher- de David Bakan. (Première édition : Seuil, 1981.) spirituels II, Les Belles Lettres, 1998) en s’en che en rien à l’atténuer ni à l’excuser. Préface prenant aux essais de Michel Bounan Mais, cette fois encore, il préfère la com- de Francis Pasche. éline encore. Céline, plus qu’hier (L’Art de Céline et son temps) et de Jean- préhension à l’anathème. Alors que les Postface d’Albert Memmi. encore, peut-être. Dans la pré- Pierre Martin (Contre Céline), enfonce ici le romans, écrits laborieusement, ne déli- Payot, « Petite face de son livre, publié il y a tout clou. Il y a vingt ans, note-t-il, la presque vraient aucun message, se contentant bibliothèque », 366 p., C juste vingt ans, Philippe Muray totalité de l’humanité n’était pas encore d’être « un cri ouvert », les pamphlets, 72 F (10,98 ¤). prévenait : « Nous n’avons sûrement pas devenue « totalement étrangère » à la litté- « crachés en quelques mois », s’attache- (Première édition : encore vu le pire. Céline a été aussi, ou a dit rature et à ce qui en fait parfois la trame : raient à définir le bien et le mal. Du positif, Payot, 1963.) le pire. En ce sens, il nous attend encore. » « l’absurdité, le non-sens, la cohabitation en quelque sorte. Un programme. Céline, Vingt ans plus tard, le pire est-il atteint ? chaotique du crime et de l’art, de la plus effondré de voir le genre humain s’enfon- ’essai de David Ba- Avons-nous donné raison à Céline ? Avons- touchante humanité et de l’inhumanité cer de plus en plus profondément dans kan Freud et la tra- nous fini par le rejoindre, là où il nous irréparable, du racisme et du génie, les tâton- son désastre, cherche un remède à sa dition mystique attendait ? Muray n’est pas loin de le pen- nements dangereux, l’aberration, les tortuo- terreur. Comment en arrive-t-il à la haine L juive demeure une ser. On sait comment l’homme juge son sités de la dialectique ». raciale, à la croisade antisémite, à l’anéan- voie d’accès privilégiée à époque, la modernité et la « festivocratie » Autrement dit, elle pouvait encore lire tissement d’un petit nombre ? Par une « in- la psychanalyse. Bakan y qui s’étend à grande vitesse sur notre so- Céline. Et Muray, tenter de le comprendre version délirante », note Muray qui fait du développe une thèse con- ciété globale (voir notamment Après l’His- et de l’expliquer. Il l’avait fait brillamment juif le « multiple triomphant ». Mais c’est troversée : le freudisme toire I et II, Les Belles Lettres, 1999 et 2000). dans l’essai aujourd’hui réédité, traquant, à bien au judéo-christianisme, assure-t-il, comme avatar laïque de Il y a vingt ans, assure-t-il aujourd’hui, travers romans et pamphlets, « la nature que s’en prend Céline. C’est « l’idole la pensée juive. Libéral et « l’opération magique consistant à vouloir de l’angoisse » qui rongeait l’homme païenne » qu’il veut libérer. Une idole qui a incroyant, mais incons- trier le bon grain de l’ivraie n’avait pas en- Destouches, foudroyé par son siècle au quelque chose à voir avec la langue et la ciemment attaché à la foi core tout envahi ». En ce temps-là, donc, Cé- point de « mourir avant l’heure pour en littérature qui, seules, pourraient consoler de ses ancêtres, Freud line (mort en 1961), existait encore. Un devenir l’écrivain ». Une angoisse qui de la non-intervention d’un Dieu dans la aurait trouvé, probable- Céline coupable, « évidemment », mais deviendrait « stupeur », « frayeur » face à maladie des hommes. L’aventure de ment à son insu, dans la « l’évidence » n’était pas encore devenue, la « spectacularisation du multiple » qu’il Céline, « isolée », « solitaire », n’aurait pas Kabbale, réinterprétée souligne Muray, « l’impasse de la raison au voyait se développer. Les romans seulement été, alors, d’annoncer, de aux XVIIe et XVIIIe siècles fond de laquelle on voit aujourd’hui se pava- n’auraient d’autre raison d’être que de se condenser les enjeux de la modernité litté- par deux « messies », ner la tuante vertu en sa traîne de terreur ». faire l’écho de cette « ère des grands nom- raire. « Coup de hache » dans « le contrat Sabbataï Zevi et Jacob Muray évoque la « campagne anticéli- bres en folie » : « meute en guerre, ruche de confiance de la tribu », elle pourrait Frank, à la fois un encou- nienne » qu’il voit se développer, visant sacrificielle, termitière de néant des hommes, bien, à elle seule, assure Muray, expliquer ragement à secouer le l’homme Céline et l’œuvre tout entière. fourmilière fouillée et affolée ». Les mots di- le XXe siècle. Sa démonstration, si on veut joug de la loi mosaïque et L’homme, ramené, selon les mots de l’es- sent pourquoi Céline, refusant ce monde, bien la suivre, est éblouissante. l’inspiration, cryptomnési- sayiste, à un « salaud pur »,àun« antisé- maudissant cette vie, en vint à broyer ses André Meury que, de certaines de ses découvertes, notamment celles concernant la bi- sexualité, les techniques d’interprétation des rêves ou l’inceste comme crime Les raisons d’être de la critique littéraire mythique. Mais d’où vient que Freud, généralement si Jean-Thomas Nordmann dresse le panorama de ce qui n’est pas tout à fait un genre... soucieux de reconnaître les sources de ses intui- LA CRITIQUE LITTÉRAIRE FRANÇAISE des lundis représentant, pour le meilleur plus d’horizon. » La vieille et lassante tions – Platon, Shakes- AU XIXe SIECLE (1800-1914) et pour le pire, le magistère critique posé opposition entre le créateur et le critique peare, Goethe, les roman- de Jean-Thomas Nordmann. au milieu de son siècle. se trouve ici dépassée. Et le critique, s’il le tiques allemands – n’ait ja- Livre de poche « Références », Les créateurs, qui ont pourtant d’autres veut ou le peut, trouve sa « raison mais mentionné la tradi- 316 p., 55 F (8,38 ¤). chats à fouetter, ne furent jamais tendres d’être », sans être aussitôt renvoyé dans tion mystique juive ? Da- (Inédit.) pour les critiques qui prétendaient les me- les ténèbres extérieures de l’imbécillité. vid Bakan reconnaît que surer, les juger. Au XIXe siècle, ils dirent La généalogie tourmentée que dresse c’est une lourde tâche l est plus aisé de faire l’histoire du même haut et fort leur colère face à ces Jean-Thomas Nordmann – de la Révolu- que de vouloir démontrer roman ou de la poésie que de la gardiens du bon goût, impuissants par na- tion française et des Lumières jusqu’à la l’importance d’une pen- critique littéraire. Pour raconter l’évo- ture, et comme par vocation, à accueillir montée en puissance de l’Université et de sée à laquelle il fait à I lution et le développement de ce qui le génie lorsqu’il passait en bas de chez la presse et la création de La Nouvelle peine allusion. Mais l’es- n’est pas exactement un genre, une catégo- eux. « Mon opinion, écrivait par exemple Revue française – démontre que la sentiel est ailleurs : dans rie à part entière de la littérature – c’est Emile Zola, est que la critique des jour- posture critique a profondément évolué l’esprit kabbalistique qui « la contrepartie de tous les autres genres », naux, telle qu’elle est pratiquée par beau- au cours de la fin du XVIIIe siècle et du imprégnait la culture pensait Brunetière –, un lieu d’observation coup d’imbéciles et par quelques malins, est début du XXe. La Harpe et Louis de dont Freud était issu. fait défaut. Mais peut-être, dans les une des choses les plus inutiles et les plus sot- Fontanes furent les législateurs un peu Dans une postface pas- meilleurs des cas, la critique est-elle apte à tes qui se puissent voir. » dérisoires des convenances littéraires. sionnante, Albert Memmi s’évaluer elle-même… Quoi qu’il en soit, Baudelaire, qui était d’une intelligence Madame de Staël, Chateaubriand et le prend appui sur la thèse l’ouvrage de Jean-Thomas Nordmann, par- beaucoup plus fine, proposait, une tren- « groupe de Coppet » se mirent à la tête de Bakan pour montrer faitement informé et ne s’en tenant pas à taine d’années plus tôt, en 1846, une de la grande vague romantique. A l’autre comment Freud a voulu li- la simple énumération, est précieux. Une définition autrement intéressante et extrémité du siècle, Taine et Renan, puis bérer le juif moderne du anthologie, une bibliographie et une chro- stimulante, à laquelle il est bon de se réfé- Brunetière et Lanson, Proust enfin, judaïsme. Pour refuser le nologie complètent ce livre que les rer aujourd’hui encore : « Pour être juste, Péguy, Blum et Thibaudet, inaugurèrent judaïsme traditionnel, il hasards de l’édition font paraître en même c’est-à-dire pour avoir sa raison d’être, la une critique plus humble, parfois s’autorisait d’une longue temps que l’essai de Michel Crépu sur critique doit être partiale, passionnée, politi- inquiète. C’est d’elle que l’on se voudrait tradition hérétique : la tra- Sainte-Beuve (Perrin, « Le Monde des que, c’est-à-dire faite à un point de vue encore les héritiers. dition mystique. livres » du 11 mai). Le grand « causeur » exclusif, mais au point de vue qui ouvre le P. K. Roland Jaccard VENDREDI 8 JUIN 2001 - LE MONDE DES POCHES - XI essais bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb A la recherche Le quatrième pouvoir au jour le jour de l’or blanc Une étude approfondie du milieu et des pratiques journalistiques, par Erik Neveu

LA RUÉE SOCIOLOGIE DU JOURNALISME A l’inverse, les formules rédactionnelles sance telle qu’elle est évoquée parfois de VERS L’EAU d’Erik Neveu. anglo-saxonnes influencent la presse fran- manière grandiloquente. Le pouvoir est en de Roger Cans. La Découverte, « Repères », çaise peu avant la seconde guerre fait exercé par un réseau de protagonistes Gallimard, 128 p., 52 F (7,93 ¤), mondiale : Paris-Soir s’inspire des tabloïds qui ne se réduit en rien aux titulaires d’une « Folio-Le Monde », (Inédit.) britanniques et Paris-Match de Life. carte de presse. 226 p., 46 F (7,01 ¤). C’est surtout au journalisme français L’évolution du métier durant ces vingt (Inédit.) n livre d’une densité exception- qu’Erik Neveu consacre ensuite ses analy- dernières années s’est faite à travers des nelle, alimenté par des sources ses. A propos de la morphologie de la pro- crises et des renouvellements. La dégrada- l y a eu l’or jaune, il y sociologiques anglaises, améri- fession, il note le trait le plus saillant : son tion de l’image sociale des journalistes s’ex- a l’or noir – le pé- U caines aussi bien que françaises. expansion. Les effectifs ont triplé entre plique, selon Erik Neveu, par le dévelop- trole –, il y aura l’or Dans son étude sur le journalisme, Erik Ne- 1960 et 2000, avec quatre évolutions pement de ce qu’il appelle un « journa- I blanc – l’eau : cette veu, professeur de sciences politiques, ne majeures : le rajeunissement des journa- lisme de marché » : nouvelles rubriques conviction de Roger Cans cherche ni à défendre une thèse ni à ras- listes, la hausse générale de leur niveau de destinées à élargir l’audience, privilège des nourrit ce tableau alerte sembler des témoignages de profession- formation, la féminisation et la montée de informations à fort contenu émotionnel, d’une matière indispen- nels. Son propos vise à une exploration en la précarité (8,5 % de pigistes en 1975 et tendance globale à la perte d’autonomie sable à la vie, naguère don profondeur d’un métier « qui est aussi un 40 % aujourd’hui). Le cœur des créations des rédactions vis-à-vis des services du ciel, mais qui se trans- rouage de la démocratie ». d’emploi est la presse magazine et spéciali- gestionnaires. Mais, face à ces défis, il souli- forme progressivement en Comparant d’entrée de jeu les modèles sée (42 % des effectifs). Puis viennent la gne les facteurs de renouvellement : essor un bien rare, ce qui sti- anglo-américain et français, il rappelle l’im- presse régionale (23 %), la presse quoti- du journalisme d’investigation, valorisa- mule une activité économi- portance, pour le premier, de la collecte de dienne nationale et les hebdos d’informa- tion accrue des points de vue venus que puissante. L’auteur dé- l’information (« facts, facts, facts »), sa sé- tion (13 %), l’audiovisuel (12,3 % à la télévi- d’« d’en bas » sur l’actualité et réflexion crit la répartition très iné- paration d’avec le commentaire, la multi- sion, 8,5 % à la radio, 0,22 % sur Internet). renouvelée sur la déontologie. gale des ressources hydri- plication des rubriques pratiques. Côté Erik Neveu s’intéresse ensuite aux jour- Le « quatrième pouvoir », qui associe le ques dans le monde. Une français, il note la genèse « littéraire » de nalistes au travail, avec « la machinerie journalisme à l’idée de démocratie, ne sera inégalité d’abord géogra- la presse de masse au XIXe siècle, avec le rédactionnelle » et le développement du effectif que s’il s’adresse aux citoyens plus phique : le cas le plus feuilleton rédigé par des plumes célèbres « rubricage ». Selon François Mauriac, qu’aux consommateurs. Cela ne veut évi- extrême est celui de l’île comme produit d’appel. Il reste aujour- « un journal, c’est un gaufrier » qui solidifie demment pas dire qu’il faut réduire les ru- de la Réunion, où la côte d’hui quelques traces de cette ambiance, le l’événement dans un moule interprétatif. briques qui intéressent ces derniers mais, occidentale ne reçoit que second tropisme étant politique, la majo- Erik Neveu insiste sur le poids des événe- comme le note Erik Neveu, « l’idéal démo- 650 mm de pluie par an, rité des titres s’identifiant à des sensibilités ments de routine, la professionnalisation cratique requiert un journalisme d’infor- contre plus de 10 m à l’est. de droite ou de gauche. Cela dit, il des sources. Quant à l’écriture journalis- mation économiquement et culturellement Mais l’inégalité est exa- convient de limiter les oppositions. Dès le tique, trois tendances sont soulignées : la accessible, producteur de réflexivité sur les cerbée par les facteurs milieu du XXe siècle, les Américains soumission aux faits, la dimension pédago- enjeux politiques ». économiques, comme donnaient plus de place à la subjectivité et gique, la fonction « d’accroche » du public Un livre qui, gorgé d’énergie par la dans le sec Sud-Ouest aux commentaires – jusqu’à la revendica- (titraille, manchettes, photos, infogra- « compression » de son format, va au américain, où l’expansion tion du New Journalism, où l’enquête peut phie). Sur les pouvoirs du journalisme, un cœur du « champ journalistique ». urbaine, poussée par des se lire « comme un roman » (Tom Wolfe). débat est ouvert : mise en doute de sa puis- Pierre Drouin consommateurs habitués au gaspillage, accroît dan- gereusement la tension sur l’approvisionnement en eau. Les usages sont en effet un enjeu criti- Francis Ponge et la présence des choses que : on apprend par exemple que la vaisselle à la main consomme 10 à Dans ces douze entretiens avec Philippe Sollers, le poète propose une approche de ses textes 12 litres, tandis qu’un lave-vaisselle requérera ENTRETIENS notamment, la revue Tel quel. Point de scientifique et le « côté ouvrier » de leur 25 à 50 litres. DE FRANCIS PONGE dispute donc, ici ; point de polémique. travail. Apparaît aussi, au fil des entretiens, Le développement de avec Philippe Sollers L’examen partagé d’une œuvre plutôt, où un Ponge « prolétarisé » pour survivre et l’adduction d’eau dans les Seuil, « Points-Essais », les questions de Sollers tiennent lieu d’ana- engagé au Parti communiste. métropoles du sud de la 208 p., 42 F (6,40 ¤). lyse théorique, où Ponge se réfère à son Mais on ne peut faire parler trop long- planète est aussi un fac- (Première édition : histoire, au « concret de la situation ». temps Francis Ponge en « langue morte ». teur d’augmentation de la Gallimard-Seuil, 1970.) C’est l’enfance méditerranéenne qui ap- La « honte », assure-t-il, le saisit. C’est tout consommation d’eau : on paraît ainsi, nourrie très tôt d’amour pour le mérite de Sollers de lui avoir proposé de consomme plus quand le l y avait bien des manières de déclen- la langue latine, là, note Ponge, où la lan- lire et de commenter quelques-uns de ses robinet est dans la cuisine cher la « fureur » de Francis Ponge. gue française trouve sa « densité »,sa« ma- textes. L’Huître, par exemple, mais aussi que quand il faut aller La plus sûre était de le « traiter », un térialité », son « épaisseur (mystérieuse, bien L’Œillet, Le Soleil, Le Pré, Le Savon ou chercher l’eau au puits si- I peu vite, de poète, cette façon, sûr) ». C’est l’intuition juvénile que la maté- encore Pour un Malherbe. Une manière de tué sur la place principale notait-il, de « noyer le poisson » ou de faire rialité du « monde verbal » n’a rien à envier faire apparaître l’architecture de l’œuvre, du quartier. L’agriculture passer ledit poisson dans un « bocal » qu’il à celle du « monde physique ». C’est la sorte de « dictionnaire sans fin » où il s’agit est cependant le grand n’avait pas choisi. La série de douze entre- conviction vite acquise que l’écriture n’a de « révéler »,d’« élaborer », de « raffi- consommateur d’eau du tiens qu’il avait accordés à Philippe Sollers, rien à voir avec la description de ce monde ner », d’« abolir » pour restituer « l’épais- monde, par l’irrigation : si et que France-Culture diffusa entre physique, fût-elle métaphorique. Le rappro- seur de chaque vocable » à l’intérieur du l’humanité veut échapper le18 avril et le 12 mai 1967, devait fournir à chement (pour la révolte) avec les surréalis- texte. Un « matérialisme sémantique » où à la soif, elle devra ap- l’« écrivain » l’occasion de s’en expliquer. tes ne sera que passager. Trop de rêve, trop l’auteur, mais aussi l’objet de son désir, «la prendre à pratiquer la A lui de se « présenter » (de « se rendre pré- d’imaginaire, trop de merveilleux. Ponge se chose », le « pré-texte », sont voués à la culture irriguée avec so- sent », précisa-t-il), de « récuser ces affuble- réfère à Lautréamont, à Mallarmé. L’écri- mort. Ici, la parole ne fait que se dire elle- briété. Au total, Roger ments » qu’on lui infligeait trop souvent, ture, pour lui, sera une « activité »,un« tra- même. C’est ainsi, assure Ponge, qu’« elle Cans donne sur un sujet quitte à proposer lui-même une approche vail ». Il se réfère à Malherbe avec qui, produit de la lumière ». austère une synthèse à la lecture de ses textes. Ponge assure-t-il, c’est « le dictionnaire français, A. My agréable et fourmillante (1899-1988) a alors soixante-huit ans. dans toute sonépaisseur, qui flambe ». Il ren- d’informations. Sollers, trente et un. Les deux hommes voie aux peintres qu’il fréquente, Picasso, e Signalons la réédition de Paradis, de Phi- Hervé Kempf entretiennent quelque connivence, via, Braque, Fautrier, Dubuffet, pour l’aspect lippe Sollers, Seuil, « Points », 48 F (7,32 ¤). XII - LE MONDE DES POCHES - VENDREDI 8 JUIN 2001 u,Bbl n Babel, Sud, Actes Gouraud. Jean-Louis de direction la Sous Hippos et Eros 2 . 0F(,5¤). (3,05 F 20 p., 128 n poche, de Livre Le ferroviaires Rencontres Régine DESFORGES ¤). (6,86 F 45 p., 240 vermillon, petite La ronde, Table La promené beaucoup suis me Je Michel DÉON ¤). (4,42 F 29 p., 192 n poche, de Livre Le crime beau Un Stéphane DENIS ¤). (2,90 F 19 p., 128 n Virgule, Points Seuil, dents des Concordance La Jean-Paul CARMINATI ¤). (4,42 F 29 p., 256 n classique, Folio Gallimard, Cagnat-Debœuf. Constance de Edition Louvre du carême du Sermonts BOSSUET ¤). (4,42 F 29 p., 224 n bibliothèque, Petite Ombres, d'Annibal Bague La Jules D'AUREVILLY BARBEY ¤). (1,52 F 10 p., 96 hlpePcue,n Picquier, Philippe amoureuses postures des Dictionnaires Collectif ¤). (4,50 F 30 p., 224 n poche, de Livre Le bonheur du Secrets Les Janine BOISSARD ¤). (1,52 F 10 p., 96 collection, petite La nuits, une et Mille Vie Grosse La José-Louis BOCQUET ¤). (7,01 F 46 p., 416 n Folio, Gallimard, joie de Fille Jacques BELLEFROID ¤). (4,57 F 30 p., 208 eLved oh,n poche, de Livre Le plaisir du Livre Le Catherine BREILLAT ¤). (7,93 F 52 p., 400 n classique, Folio Gallimard, Jaquer. Claire de Edition Lescaut Manon PRÉVOST Abbé FRANÇAISE b eliaiar n l'imaginaire de Internationale Collectif ¤). (8,54 F 56 p., 320 almr,Flo n Folio, Gallimard, ans trois dure L'amour Frédéric BEIGBEDER n poche, de Livre Le Sarrasine de Honoré BALZAC almr,Flo n Folio, Gallimard, L'Adversaire Emmanuel CARRÈRE ¤). (4,42 F 29 p., 160 eLved oh,n poche, de Livre Le Suzanne à Bande La Jean-François DENIAU ¤). (6,86 F 45 o o 4,18p,5 89 ¤). (8,99 F 59 p., 128 145, ¤). (3,20 F 21 p., 288 3514, LITTÉRATURE o 8,10p., 160 489, o o 3458, 14. o o o o 3520, 3519, 3518, o o o o o o 158, 15060, 15051, 15059, 15064, 15057, 19305, o 15, oi lsiu,n classique, Folio Gallimard, Laget. Thierry de inédite Présentation Bovary Madame Gustave FLAUBERT ¤). (5,95 F 39 5 . 3F(,3¤). (5,03 F 33 p., 256 n poche, de Livre Le sauvage L'Offrande Jean-Pierre MILOVANOFF ¤). (6,71 F 44 p., 348 GF-Flammarion, Zinck. d’Hélène Présentation Phocas de Monsieur Jean LORRAIN ¤). (1,52 F 10 p., 96 n Folio, Gallimard, amour d'un Autobiographie Alexandre JARDIN ¤). (5,49 F 36 p., 576 n classique, Folio Gallimard, Gohin. d'Yves Edition Quatre-vingt-treize Victor HUGO ¤). (6,10 F 40 p., 480 n Points, Seuil, parapluie Bambou le ou Génis Denis GUEDJ ¤). (3,05 F 20 p., 384 n Folio, Gallimard, fortes Ames Les Jean GIONO ¤). (4,42 F 29 p., 256 oi lsiu,n classique, Folio Gallimard, Signaux. Gilbert et Nimier Roger de Edition Mousquetaires Trois Les Alexandre DUMAS ¤). (6,25 F 41 p., 368 n Rivages/Poche, Desroussilles. Dupuigrenet François de notes et Présentation Mémoires et Maximes de François ROCHEFOUCAULD LA ¤). (1,52 F 10 p., 112 collection, petite La nuits, une et Mille détroit le pas traverseras ne Tu Salim JAY ¤). (4,50 F 30 p., 256 n poche, de Livre Levant Le du l'île de Enfants Les Claude GRITTI ¤). (4,50 F 30 p., 384 eLved oh,n poche, de Livre Le mongol Loup Le HOMERIC ¤). (5,95 F 39 n poche, de Livre Le oliviers des Jardin Le Max GALLO ¤). (3,96 F 26 p., 544 n Pauvert, Jean-Jacques de amoureuses Lectures Musardine, La naturalistes Amours femina, di Odor D. E. ¤). (5,03 F 33 p., 800 n Folio, Gallimard, mots Gros Réjean DUCHARME eLved oh,n poche, de Livre Le bique de peau la à de précédé d'émeraude Cabochon Le Maurice LEBLANC n poche, de Livre Le Quatre-vingt-treize Victor HUGO o o 53 4 . 6F(,6¤). (3,96 F 26 p., 544 3513, 4,40p,6 94 ¤). (9,45 F 62 p., 400 345, o 0 6 p., 160 50, L'Homme o 6,22p., 272 867, o o 3511, 3513, o o o 3521, 3523, 249, o o o o o o 15058, 19304, 16078, 15061, 15070, 15063, eLved oh,n poche, de Livre Le sérénité la de Livre Le Catherine RAMBERT ¤). (18,29 F p., 120 760 poche, de Livre Le Œuvres RADIGUET ¤). (8,38 F 55 p., 280 Arcanes, Losfeld, Joëlle rouge Hamac Le Jean-Luc PAYEN ¤). (7,47 F 49 ei,Pit,n Points, Seuil, d'explication début Un Jean-Marc ROBERTS ¤). (4,42 F 29 p., 256 n Pauvert, Jean-Jacques de amoureuses Lectures Musardine, La coït du Anthologie Mathias PAUVERT et Jean-Jacques PAUVERT ¤). (4,88 F 32 p., 192 n classique, Folio Gallimard, Deleuze. Gilles de Préface humaine Bête La Emile ZOLA ¤). (1,52 F 10 p., 96 n Folio, Gallimard, Violante Alain VEINSTEIN ¤). (4,57 F 30 p., 224 n poche, de Livre Le Demi-Pensionnaire La Didier CAUWELAERT VAN ¤). (7,16 F 47 p., 180 GF-Flammarion, Montalbetti. Christine de Présentation Clèves de Princesse la sur Marquise*** la Madame à Lettres VALINCOUR ¤). (4,42 F 29 p., 224 n Points, Seuil, Parc Le Philippe SOLLERS ¤). (4,42 F 29 p., 224 n poche, de Livre Le d'Orient sagesses des Livre Le Gilbert SINOUE ¤). (4,57 F 30 p., 192 ei,Pit igl,n Virgule, Points Seuil, outre-mer enfant Un Leïla SEBBAR ¤). (2,90 F 19 p., 132 eLved oh,n poche, de Livre Le de Damour Jacques Emile ZOLA ¤). (3,96 F 26 p., 272 almr,Flo n Folio, Gallimard, Terre la et Ciel Le Dominique SAMPIERO ¤). (4,42 F 29 eLved oh,n poche, de Livre Le jour dernier du L'Aube Frédérick TRISTAN ¤). (4,88 F 32 p., 160 Points, Seuil, solitude curieuse Une Philippe SOLLERS ¤). (4,88 F 32 n Points, Seuil, Paradis Philippe SOLLERS ¤). (4,88 F 32 n poche, de Livre Le Saskia Pierre MOUSTIERS eLved oh,n poche, de Livre Le d'Odile Disparition La Georges SIMENON ¤). (4,42 F 29 p., 176 o 56 1 . 6F(,6¤). (3,96 F 26 p., 512 3516, eCptieBurle Capitaine Le o 9 5 p., 352 49, o o o 6,18p., 128 869, 7,10p., 160 879, p., 160 878, suivi o o 3526, 3527, o o o o o o o 15065, 15067, 19300, 15055, 15069, 15066, 14285, o 14, n classique, Folio Gallimard, Abirached. Robert de Edition Raquin Thérèse Emile ZOLA n Rivages/Poche, Reinharez. Isabelle par (Etats-Unis) l'anglais de Traduit Minh-Ville Chi d'Hô Fille La Olen Robert BUTLER ¤) (13,42 F 88 p., 498 04p,6 99 ¤). (9,91 F 65 p., 1024 n hispano-américaine, Suite Métailié, Bensoussan. Albert par (Pérou) l'espagnol de Traduit Julius pour monde Un Alfredo BRYCE-ECHENIQUE ¤). (10,37 F 68 p., 480 n étranger, Domaine 10/18, Marlière. Marie-Lise par (Irlande) l'anglais de Traduit père du Musique La Dermot BOLGER ¤). (4,88 F 32 n Librio, EJL, Saint-Malo. de voyageurs Etonnants festival le avec partenariat En blancs Mondes Anthologie ¤). (2,90 F 19 p., 352 n classique, Folio Gallimard, Chesnais. La G. P. par danois du Traduit Faudenay. d'Alain Edition choisis Contes Christian Hans ANDERSEN ÉTRANGÈRE b lsiu,n classique, Folio Gallimard, Borel. Pétrus par l'anglais de Traduit Bandon. Michel de Edition Crusoé Robinson Daniel DEFOE ¤). (7,16 F 47 p., 304 eLved oh,n poche, de Livre Le Copperfield David Charles DICKENS ¤). (5,03 F 33 n Points, Seuil, Quadruppani. Serge par l'italien de Traduit Vigata de L'Opéra Andrea CAMILLERI ¤). (4,88 F 32 p., 208 iae/oh,n Rivages/Poche, Jodel. Madeleine par l'anglais de Traduit Audley Lady de Secret Le Elizabeth Mary BRADDON ¤). (8,38 F 55 p., 250 Arcanes, Losfeld, Joëlle Lisle Lady Elisabeth Mary BRADDON n Points, Seuil, Férault. Dominique par l'italien de Traduit Mal'aria Eraldo BALDINI oan tagr n étranger, Domaine 10/18, Laroutis. Denise par (Cuba) l'espagnol de Traduit d'étoiles Maquilleur Le Joel CANO n Points, Seuil, Hersant. Yves par l'italien de Traduit millénaire prochain le pour Aide-mémoire américaines. Leçons Italo CALVINO o o o o o 32 3 . 5F(,8¤). (8,38 F 55 p., 432 3302, ¤). (1,52 F 10 p., 96 474, ¤). (2,90 F 19 p., 352 3517, 7,20p,3 59 ¤). (5,95 F 39 p., 240 874, ¤). (7,93 F 52 p., 208 339, LITTÉRATURE o 50 1 p., 512 3510, EDEI8JI 01-L OD E OHS-XIII - POCHES DES MONDE LE - 2001 JUIN 8 VENDREDI o 7,16p., 176 872, o o 340, 3509, o o 9627, 3299, o 43, o 873, tlen,n italienne, Suite Métailié, Quadruppani. Serge par l'italien de Traduit Soupçon Le Laura GRIMALDI ¤). (8,23 F 54 n plumes, à Serpent Le Papart. Anne par finnois du Traduit paradis Noirs Rosa LIKSOM ¤). (7,47 F 49 n Babel, Sud, Actes Stabile. Nadine par néerlandais du Traduit Damas de Portes Les Lieve JORIS ¤). (5,18 F 34 epce n poche, de Livre Le Rabinovitch. Anne par l'anglais de Traduit l'ombre dans Marche La Doris LESSING ¤). (8,69 F 57 ou.Ja u n lu, J'ai Monuy. Georges par (Etats-Unis) l'anglais de Traduit noisette Café Jerome Eric DICKEY n Folio, Gallimard, Piningre. Jean-Luc par (Etats-Unis) l'anglais de Traduit Italia Bella Frances MAYES ¤). (6,25 F 41 p., 224 n poche, de Livre Le Pichon. Camus France par (Etats-Unis) l'anglais de Traduit cow-boys les pour faible un eu toujours J'ai Pam HOUSTON ¤). (7,62 F 50 p., 368 n Folio, Gallimard, Mailiel. Isabelle par l'anglais de piano Traduit au l'homme de Fille La Thimothy FINDLEY ¤). (7,47 F 49 p., 544 oan tagr n étranger, Domaine 10/18, Matthieussent. Brice par (Etats-Unis) l'anglais de Traduit l'Ouest vers route En Jim HARRISON ¤). (7,93 F 52 p., 252 L'imaginaire, Gallimard, Margerie. de Diane et Boivin H. par l'anglais de vie Traduit la de Ironies Petites Les Thomas HARDY ¤) (8,53 F 56 n italienne, Suite Métailié, Leibrich. Geneviève par l'italien de Traduit Peur La Laura GRIMALDI ¤). (1,52 F 10 p., 96 collection, petite La nuits une et Mille Gillyboeuf. Thierry de Postface Vérain. Jérôme par l'anglais de et l'arabe de Traduit rebelles Esprits Khalil GIBRAN oan tagr n étranger, Domaine 10/18, Eyjolsson. Catherine par l'islandais de Traduit l'univers de Anges Les Einar GUDMUNDSSON MAR n Picquier, Philippe Bories. Alain par l'anglais de mousson Traduit la de poursuite la A Alexandre FRATER ¤). (10,06 F 66 o o o 5,48p,6 1,2¤). (10,52 F 69 p., 448 157, 54 3 . 7F(,4¤). (5,64 F 37 p., 432 3524, ¤) (5,94 F 39 p., 176 130, o o 52 6 p., 768 3522, 8,36p., 336 486, o o o 4 1 p., 210 44, 56,54p., 544 15068, p., 256 15062, o o 5842, 5 8 p., 182 45, o o 3294, 3327,

0123 Cette liste est une sélection des livres de poche parus dans le courant du b mois de mai 2001. Elle a été élaborée avec la collaboration des éditeurs. I EMNEDSPCE EDEI8JI 2001 JUIN 8 VENDREDI - POCHES DES MONDE LE - XIV 0123 Cette liste est une sélection des livres de poche parus dans le courant du b mois de mai 2001. Elle a été élaborée avec la collaboration des éditeurs. n poche, de Livre Le Ganstel. Michel par (Etats-Unis) l'anglais de Traduit cœur du mouvement soudain Un Barbara BRADFORD TAYLOR ¤). (1,52 F 10 p., 80 petite collection, La nuits, une et Mille Kremer. Jean-Pierre par (Irlande) l'anglais de Traduit Shorrox de L'Homme Bram STOCKER ¤). (14,48 F 95 p., 768 Libretto, Phébus, Bris. Le Michel par présentée et établie Edition II Tome nouvelles. des Intégrale Robert-Louis STEVENSON ¤). (13,57 F 89 p., 648 Libretto, Phébus, Bris. Le Michel par présentée et établie Edition I Tome nouvelles. des Intégrale Robert-Louis STEVENSON ¤). (7,62 F 50 n bibliothèque, Petite R. Ombres, S. par l'anglais de Traduit Camper Lady de et Ople général du Cas Le George MEREDITH cmd.EL iro n Librio, EJL, Schmidt. Julia et Wespieser Sabine par (Irlande) l'anglais de Traduit ondes Mauvaises Patricia SCANLAN n Folio, Gallimard, Kamoun. Josée par (Etats-Unis) l'anglais de Traduit américaine Pastorale Philip ROTH ¤). (10,67 F 70 p., 128 Ombres, Bibliothèque Leyris. Pierre de ; préface Dayre Eric par postfacé et l'anglais de Traduit Iscariote Judas de Thomas QUINCEY n Points, Seuil, Iaculli. Gabriel par l'espagnol de Traduit héros du Masques Les de Manuel Juan PRADA ¤). (6,40 F 42 n Points, Seuil, Maspero. François par l'espagnol de Traduit infamies Petites Carmen POSADAS n Babel, Sud, Actes Morvan. François et Markowicz André par russe du Traduit chasse de Drame Anton TCHEKHOV epce n poche, Livre de Le Janasz. D. J.L. et Kozakiewicz B. par polonais du Traduit ? vadis Quo Henryk SIENKIEWICZ ¤). (8,84 F 58 p., 252 L'imaginaire, Gallimard, Arlet. Suzanne et Sidre Georges Kosko, Allan Douchy, Thérèse par polonais du Traduit croque-mort au Sanatorium Le Bruno SCHULZ ¤). (1,52 F 10 p., 96 o o o o o 53 9 . 1F(,5¤). (6,25 F 41 p., 592 3533, ¤). (7,93 F 52 p., 640 871, ¤). (8,23 F 54 p., 96 127, 8,30p,5 86 ¤). (8,69 F 57 p., 320 483, ¤). (5,49 F 36 p., 320 15056, o 7,32p., 352 870, o 67,74p., 704 16077, o 457, n Babel, Sud, Actes Grumbach. Lena et Gouvernain de Marc par suédois du Traduit bible de Voleur Le Göran TUNSTRRÖM ¤). (7,47 F 49 p., 192 Libretto, Phébus, Veken. Cyril par (Irlande) l'anglais de Traduit Ombrie en maison Ma William TREVOR ¤). (11,43 F 75 p., 448 Libretto, Phébus, Bris. Le Michel de Préface Perceval. Victor par l'anglais de Traduit 1805-1815 Philippines, aux Madagascar De corsaire. gentilhomme d'un Mémoires John Edward TRELAWNEY 5F(,6¤). (6,86 F 45 ¤). (8,38 F 55 iae/oh,n Rivages/Poche, Hamon. Jean par latin du Traduit Desroussilles. Dupuigrenet François de notes et Présentation conjugal Bonheur Le AUGUSTIN b ¤). (7,01 F 46 n bilingue, Folio Gallimard, Goldschmidt. Georges-Arthur par l'allemand de Traduit d'enfant Histoire Peter HANDKE ¤). (7,01 F 46 n bilingue, Folio Gallimard, Coustillas. Pierre par l'anglais de Traduit Ruiz Gaspard Joseph CONRAD b n Rivages/Poche, Desroussilles. Dupuigrenet François de notes et présentation Cantel, Jules par l'anglais de Traduit gens jeunes des l'usage à maximes et Formules instruites trop personnes des l'instruction des suivi masques des Vérité La Oscar WILDE ¤). (7,62 F 50 n étranger, Domaine 10/18, Pavans. Jean par l'anglais de Traduit parcourus Chemins Les Edith WHARTON ¤). (7,16 F 47 iae/oh,n Rivages/Poche, Correspondance Arthur SCHNITZLER et Stefan ZWEIG n Folio, Gallimard, Singer. Pierre par (Etats-Unis) l'anglais de Traduit colère la de L'Ange Lajos ZILAHY n Babel, Sud, Actes Hinsch. Luce par norvégien du Traduit cruel Ciel Herbjorg WASSMO oi iige n bilingue, Folio Gallimard, Deshusses. Pierre par l'allemand de Traduit de suivi Saint-Domingue à Fiançailles Heinrich KLEIST VON tagr n étranger, Domaine 10/18, Lederer. Michel par (Etats-Unis) l'anglais de Traduit indien L'Avocat James WELCH o o o o o 8,32p,5 77 ¤). (7,77 F 51 p., 352 485, 58 0 . 2F(,3¤). (7,93 F 52 p., 400 3528, ¤). (9,45 F 62 p., 384 346, ¤). (8,69 F 57 p., 480 484, 8 0 . 6F(,1¤). (7,01 F 46 p., 208 98, CLASSIQUES BILINGUES 'natretrouvé L'Enfant aie pour Maximes o o 24 8 p., 384 3234, p., 320 3337, tdes et o o o o 9 0 p., 208 99, p., 208 97, 4,18p., 128 344, p., 240 343, ei,Pit oiir,n policiers, Points Seuil, dix Numéro Le Joseph BIALOT ¤). (5,49 F 36 n poche, de Livre Le Narbonne. Hélène par (Etats-Unis) l'anglais de Traduit X Cadavre Patricia CORNWELL ¤). (6,86 F 45 p., 224 Ultimes, Baleine, type Sale Sylvie COHEN ¤) (5,18 F 34 p., 256 n poche, de Livre Le Vassas. Janine de l'anglais de traduction Nouvelle champagne au Meurtre Agatha CHRISTIE ¤) (5,18 F 34 p., 224 n Rivages/Noir, Pêcheux. Jean par (Etats-Unis) l'anglais de Traduit Freeman Crying George CHESBRO ¤) (6,40 F 42 'il,n lu, J'ai tourbe la Dans Claude AMOZ POLICIERS b n classique, Folio Gallimard, Bonnefoy. d'Yves traduction et Préface Juliette et Roméo William SHAKESPEARE b ¤). (7,32 F 48 p., 300 Poésie/Gallimard, Daillie. François-René de traduction et Présentation Poèmes William WORDSWORTH b ¤). (1,52 F 10 p., 56 petite collection, La nuits, une et Mille Vérain. Jérôme de postface et latin du Traduction Ventoux mont du L'Ascension PÉTRARQUE n théâtre, Folio Gallimard, Rey. Pierre-Louis de Edition Chatterton de Alfred VIGNY ¤). (3,20 F 21 7F(,6¤). (7,16 F 47 n poche, de Livre Le Boulongne. Sabine par (Etats-Unis) l'anglais de Traduit gras Mardi Sandra BROWN ¤). (5,95 F 39 p., 256 éetvs n détectives, Grands 10/18, Holmes. Katia par l'anglais de lune Traduit de clair au Seeton Miss Hamilton CRANE n Rivages/Noir, Robert-Nicoud. Elie par (Australie) l'anglais de Traduit Plongeon Grand Le Peter CORRIS n poche, de Livre Le Arson. Thierry de l'anglais de traduction Nouvelle Styles de Affaire Mystérieuse La Agatha CHRISTIE o o o o 2 9 . 6F(,9¤). (3,89 F 26 p., 192 72, 9,36p,5 89 ¤). (8,99 F 59 p., 336 394, ¤). (6,40 F 42 p., 480 17182, ¤). (7,93 F 52 p., 224 403, ROMANS THÉÂTRE POÉSIE o o 84 8 p., 288 5854, 80,52p., 512 18204, o o 55 2 p., 224 3515, 31 8 p., 288 3321, o o 5008, 4905, o 883, eLved oh,n poche, de Livre Le comte du Démons Les Philippe HUET ¤). (7,47 F 49 p., 282 Ultimes, Baleine, coupé cou Soleil Bénédicte HEIM ¤) (4,42 F 29 p., 224 n détectives, Grands 10/18, Clermont. Catherine par (Autriche) l'allemand de Traduit Co & Krock Friedrich GLAUSER ¤) (6,40 F 42 n Rivages/Noir, Bondil. Pierre et Danièle par (Etats-Unis) l'anglais de Traduit York New de Ventre Le Thomas KELLY ¤). (4,57 F 30 n poche, de Livre Le Meunier. Denise par l'anglais de Traduit questions en Mort La F. R. H. KEATING ¤) (4,79 F 32 p., 256 9F(,9¤). (8,99 F 59 n policiers, Points Seuil, mortes petites Trois Jean-Paul NOZIÈRE ¤). (7,47 F 49 p., 308 polar, de Instantanés Baleine, percuteur du Retrait Firmin MUSSARD ¤). (4,88 F 32 n Rivages/Noir, Gnaedig. Alain par danois du Traduit Incertitude Michael LARSEN ¤). (3,96 F 26 eLved oh,n poche, de Livre Le survivants des Silence Le Andrea JAPP H. ¤). (5,79 F 38 n Picquier, Philippe Mahâballipuram à Ramdam Sarah DARS ¤). (7,62 F 50 epce n poche, de Livre Le Hieaux-Heitzmann. Marie-Lise par l'anglais de Traduit fournaise la Dans Linda DAVIES ¤). (6,86 F 45 p., 224 iae/or n Rivages/Noir, Wattwiller. Dominique par l'anglais de Traduit anges des L'Echelle Brian THOMPSON ¤). (5,95 F 39 p., 182 Poulpe, Le Baleine, khmère petite peine, et Pompe Guillaumin SOR ¤). (5,95 F 39 p., 288 éetvs n détectives, Grands 10/18, Bondil. Pierre et Danièle par (Etats-Unis) l'anglais de Traduit ombres des Canyon Le James DOSS D. 'il,n lu, J'ai sphères des L'Agonie Guillaume LEBEAU n lu, J'ai bistouri du Dingue Le Yasmina KHADRA eGogs eLved poche, n de Livre Le Giorgis. de Hugues par (Etats-Unis) l'anglais de Traduit morts les pas réveillez Ne Deborah CROMBIE o o o 81,32p,3 57 ¤). (5,79 F 38 p., 352 18211, 9,28p,5 83 ¤). (8,38 F 55 p., 288 397, ¤). (10,37 F 68 p., 480 396, o o 97 5 p., 256 5957, p., 160 5985, o o o o 78,40p., 480 17183, 80,26p., 256 18209, 35 2 p., 128 3315, p., 400 3311, o 9,36p., 336 395, o o o 159, 17181, 17184, o 882, 2F(,5¤). (9,45 F 62 oh ejmn n benjamin, Poche Milan Frély. Gilles par Illustré colère grosse très Une Agnès BERTRON ¤). (6,10 F 40 p., 48 policiers, p'tits Les Jeunesse, Magnard Momo de Revanche La Stéphanie BENSON ¤). (1,98 F 13 p., 64 court, Côté Jeunesse, Hachette Pilorget. Bruno par illustrée Couverture travaillez travaillons, Travaille, Jeanne BENAMEUR ¤). (6,10 F 40 p., 48 policiers, p'tits Les Jeunesse, Magnard méchant chien Attention Christine BEIGEL ¤). (4,27 F 28 p., 128 rose, Bibliothèque Jeunesse, Hachette deux pour place de Pas Jürgen BANSCHERUS ¤). (3,81 F 25 p., 96 loups, 3 Castor, Père du Atelier Flammarion, Wintz. Nicolas par Illustré ! Violette Pianissimo, Ella BALAERT ¤). (4,27 F 28 p., 160 fantastique, Vertige Jeunesse, Hachette Boiry. par illustrée Couverture reine la de Baiser Le Gisèle CAVALI et Brigitte AUBERT ¤). (3,96 F 26 iae/or n Rivages/Noir, Aubert. Marie-Caroline par (Etats-Unis) l'anglais de Traduit Smoke Donald WESTLAKE iad 'il,n lu, J'ai Girard. Agnès par (Etats-Unis) l'anglais de Traduit L'Intruse (9). Zoé Prénom Katherine APPLEGATE ¤). (4,57 F 30 p., 154 Animorphs, junior, Folio Jeunesse, Gallimard Mattingly. B. David par Illustré Voyage Grand Le A. K. APPLEGATE b n lu, J'ai Marcel. Patrick par l'anglais de Traduit Neverwhere Neil GAIMAN b n poche, de Livre Le Pugi. Jean-Pierre par (Etats-Unis) l'anglais de Traduit Faust Jack Michael SWANWICK ¤). (6,40 F 42 p., 320 8 . 3F(,5¤). (6,55 F 43 p., 288 loups, 3 Castor, Père du Atelier Flammarion, Balez. Olivier par illustré Vassallo, M. R. par l'anglais de Traduit vol haut de Plongeon Michaël CADNUM ¤). (3,66 F 24 uatni 'il,n lu, J'ai Durastanti. Pierre-Paul par (Etats-Unis) l'anglais de Traduit disparaissait qui Nain Le l'Oriel. de Contes James BLAYLOCK P. o o 22 5 . 0F(,0¤). (6,10 F 40 p., 352 7232, ¤). (6,40 F 42 p., 352 5613, JEUNESSE SCIENCE-FICTION o o 0,54p., 544 400, 84 6 p., 160 5834, o 9 4p., 24 29, o 5845, n cadet, Poche Milan Martin. Jean-François par Illustré cauchemars des marre a Y'en Marc CANTIN ia oh ae,n cadet, Poche Milan Sanchez. Virginie par Illustré zoo-zappeur Attention, Didier DUFRESNE ¤). (5,49 F 36 p., 48 loups, 3 Castor, Père du Atelier Flammarion, Bonetto. Eglantine par Illustré porte-bonheur trèfle Mon Elsa DEVERNOIS ¤). (5,03 F 33 p., 32 loups, 3 Castor, Père du Atelier Flammarion, Mollier. Myriam par Illustré vole Doudou Elsa DEVERNOIS ¤) (6,10 F 40 p., 48 fantastiques, p'tits Les Jeunesse, Magnard Grévin Musée au Peur Martine DELERM ¤). (10,06 F 66 p., 140 loisirs, des L’Ecole Misserly. Hélène par (Etats-Unis) l'anglais de Traduit Héros Les Robert CORMIER ¤). (8,23 F 54 p., 128 loisirs, des L’Ecole Ivers. Mette par Illustré Daladier. Nathalie par traduits et Choisis chat de Peau Collectif ¤). (8,23 F 54 p., 128 loisirs, des L’Ecole Dumas. Philippe par Illustré Sorbier. de Françoise par adaptés et traduits Choisis, Galway de Cornemuseux Le Collectif ¤). (6,40 F 42 p., 88 Jeunesse, Casterman Girel. Stéphane par Illustré ! président Oualid, Claire CLÉMENT ¤). (7,93 F 52 p., 168 loisirs, des L’Ecole jamais meurt ne d'olive L'huile Sophie CHÉRER ¤). (7,01 F 46 p., 96 loisirs, des L’Ecole Jeanne tante chez 13 Vendredi Arnaud CATHRINE 2F(09 ¤). (10,98 F 72 p., 336 loisirs, des L’Ecole Mozart jeune du Souffrances Les Jean-Jacques GREIF ¤). (5,95 F 39 p., 64 loups, 3 Castor, Père du Atelier Flammarion, Millet. Denise et Claude par Illustré ! merci Non ? Danser Adèle GERAS n benjamin, Poche Milan Latyk. Olivier par Illustré ! tintamarre Quel Dominique DUPRIEZ ¤). (3,66 F 24 p., 24 ia oh ejmn n benjamin, Poche Milan Chaud. Benjamin par Illustré cacahuètes et Mystère Didier DUFRESNE ¤). (4,27 F 28 p., 40 o o 1 0p,2 42 ¤). (4,27 F 28 p., 40 51, 8 4p,2 36 ¤). (3,66 F 24 p., 24 28, o 53, o 26, ia oh ejmn n benjamin, Poche Milan Richard. Laurent par Illustré légumes des Encore ! Beurk de Sylvie MATHUISIEULX ¤). (4,57 F 30 p., 154 junior, Folio Jeunesse, Gallimard Simon. Nouannipha par l'anglais de Traduit Munch. Philippe par Illustré l'attaque à passe Ann Marry M. Ann MARTIN ¤). (6,40 F 42 p., 128 Jeunesse, Casterman Rébéna. Frédéric par Illustré Stoppeur Le Roland LAMARRE ¤). 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Olivier par Illustré ! t'écris je quand Réponds-moi Jo HOESTLANDT ¤). (5,03 F 33 p., 196 loups, 3 Castor, Père du Atelier Flammarion, Truong. Marcelino par illustré Piat, Dominique par (Nouvelle-Zélande) l'anglais de Traduit ! panique de Pas David HILL ¤). (4,27 F 28 p., 40 4p,2 36 ¤). (3,66 F 24 p., 24 ia oh ae,n cadet, Poche Milan Rébéna. Frédéric par Illustré planète la de fille belle plus La Guillaume GUÉRAUD o 9 0p,2 42 ¤). (4,27 F 28 p., 40 49, L'Ascenseur o 52, o 30, 'il,n lu, J'ai sang de Liens Les (2). Winch Largo Nicolas HAMME VAN ¤). (5,79 F 38 p., 280 loisirs, des L’Ecole Tusseau. Jean-Pierre par adapté et Abrégé Lac du Lancelot Jean-Pierre TUSSEAU ¤). (1,98 F 13 p., 64 court, Côté Jeunesse, Hachette Alloing. Louis par illustrée Couverture Ecrivain Petit Le Gilles TIBO ¤). (10,67 F 70 p., 288 loisirs, des L’Ecole d'été Contes Grégoire SOLOTAREFF ¤). (5,03 F 33 p., 56 cadet, Folio Jeunesse, Gallimard Duhême. Jacqueline par Illustré Houpi Claude ROY ¤). 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Isabelle par Illustré terreur la Pico MÉLI-MARLO ¤). (1,98 F 13 p., 64 court, Côté Jeunesse, Hachette Mornet. Pierre par illustrée Couverture nouvelles autres et campagne de partie Une de Guy MAUPASSANT aCabebleue Chambre La o 95 2 p., 128 5945, o 5 4p., 24 25, suivi o 50, o 27, 2 . 2F(,0¤). (6,40 F 42 p., 128 J,Lbi,n Librio, EJL, Doors les et Morrison Jim Jean-Yves REUZEAU ¤). (6,71 F 44 n poche, de Livre Le Weinmann. Frédéric et Kaempf Pierre-François par l'allemand de Traduit 1937-1949 Journal Klaus MANN ¤). (7,93 F 52 0F(,2¤). (1,52 F 10 p., 112 petits libres/Attac, Les nuits, une et Mille place sa à l'OMC Remettre Susan GEORGE et Bernard CASSEN ¤). (7,47 F 49 p., 216 L'attrape-corps, Musardine, La pornographie la à Introduction Annie BARON-CARVAIS Claude-Jean BERTRAND ¤). (7,62 F 50 p., 300 Pluriel, Littérature, Hachette McWorld versus Djihad Benjamin BARBER ¤). (1,52 F 10 p., 160 Attac, petits libres Les nuits, une et Mille multinationales des cœur au Enquête Attac ¤). (7,47 F 49 p., 288 n poche, de Livre Le Weinmann. Frédéric et Kaempf Pierre-François par l'allemand de Traduit 1931-1936 Journal Klaus MANN ¤). (6,25 F 41 p., 464 almr,Flo n Folio, Gallimard, Gary Romain Dominique BONA ¤). (11,89 F 78 p., 128 immédiate, d'histoire Questions Privat, inachevé politique destin un Baudis, Dominique Stéphane BAUMONT b n ?, sais-je Que PUF, l'architecture de Histoire Gérard MONNIER b n cadet, Poche Milan Hanze. Christophe par Illustré détresse en fantôme SOS Nathalie ZIMMERMAN ¤) (6,10 F 40 p., 48 policiers, p'tits Les Jeunesse, Magnard cirque au Panique Dominique ZAY ¤). (3,81 F 25 p., 128 loups, 3 Castor, Père du Atelier Flammarion, Balez. Olivier par Illustré ! tag Et Freddy WOETS ¤). (4,27 F 28 p., 192 rire, fou Vertige Jeunesse, Hachette Hié. Vanessa par illustrée Couverture histoires sans fille cherche normal Garçon Sarah WEEKS ohsOieJcb n Jacob, Odile Poches l'assemblée à ethnologue Un Marc ABELES b 0F(,2¤). (1,52 F 10 o 4 0p,2 42 ¤). (4,27 F 28 p., 40 54, BIOGRAPHIES ARTS SASCRITIQUES ESSAIS o o 36 8 p., 384 3346, p., 512 3317, o 5,9 p., 96 456, EDEI8JI 01-L OD E OHS-XV - POCHES DES MONDE LE - 2001 JUIN 8 VENDREDI o 3530, o o 18, 56, ehmu 'il,n lu, J'ai Benhamou. Guy avec Entretiens compte tout de solde Pour François SANTONI et Jean-Michel ROSSI ¤). (8,38 F 55 p., 330 Pluriel, Littérature, Hachette sens de privé monde Un Zaki LAÏDI ¤). (4,57 F 30 p., 192 9F(,7¤). (7,47 F 49 p., 128 Philosophies, PUF, Nietzsche Friedrich Mazzino MONTINARI ¤). (8,38 F 55 p., 616 Philosophies, PUF, pure raison la de Critique Emmanuel KANT ¤). (7,47 F 49 p., 128 Philosophies, PUF, passions les et Montesquieu Jean GOLDZINK ¤). (11,89 F 78 p., 352 Quadrige, PUF, sexes des Controverse La Geneviève FRAISSE ¤). (1,52 F 10 p., 80 petite collection, La nuits, une et Mille Vérain. Jérôme de Postface philosophiques Pensées DIDEROT ¤). (10,52 F 69 p., 256 Quadrige, PUF, rêver de Droit Le Gaston BACHELARD b n essais, Folio Gallimard, cité la et famille la : Gouvernements Deux Les Geneviève FRAISSE ¤). (10,21 F 67 ei,Pit sas n essais, Points Seuil, littérature la de Théorie Collectif eLved oh,n poche, de Livre Le vie la ou Bourse La Bernard MARIS et Philippe LABARDE 7 . 3F(,3¤). (5,03 F 33 p., 272 almr,Floate,n actuel, Folio Gallimard, humain genre du Internationale une Pour Raoul VANEIGEM ¤). (6,86 F 45 p., 128 Essai, collection nouvelle nuits, une et Mille technomarchande mondialisation contre forte démocratie bougisme, au Résister Pierre-André TAGUIEFF ¤). (1,52 F 10 J,Lbi,n Librio, EJL, progrès Du Pierre-André TAGUIEFF ¤). (6,40 F 42 p., 208 n essais, Points Seuil, Sollers Philippe avec Ponge Francis de Entretiens Francis PONGE et Philippe SOLLERS ¤). (6,86 F 45 p., 265 Pluriel, Littérature, Hachette Kessler. Paul par l'allemand de Traduit amitié d'une histoire Benjamin, Walter Gershom SCHOLEM ¤). (4,88 F 32 p., 256 n Points, Seuil, (1992-1995) Déchirements Les 4. Mitterrand Décennie La Michel MARTIN-ROLAND Pierre FAVIER ¤). (7,62 F 50 p., 336 o 9,24p,3 45 ¤). (4,57 F 30 p., 224 390, PHILOSOPHIE o 2,12p., 192 428, o 8,80p., 800 881, o o o o 15093, 5898, 455, 456, o 86,

0123 Cette liste est une sélection des livres de poche parus dans le courant du b mois de mai 2001. Elle a été élaborée avec la collaboration des éditeurs.