Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3
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UNIVERSITÉ SORBONNE NOUVELLE – PARIS 3 ÉCOLE DOCTORALE 120 – Littérature française et comparée EA 3423 – Centre de recherches sur les poétiques du XIXe siècle U.F.R. – Littérature, linguistique et didactique Thèse de doctorat en Littérature française Karl AKIKI LA RECETTE DU ROMAN POPULAIRE FAÇON ALEXANDRE DUMAS Thèse dirigée par : M. Daniel COMPÈRE Soutenue le 2 avril 2013 Jury : M. Gérard BEJJANI, Professeur à l’université Saint-Joseph de Beyrouth M. Daniel COMPÈRE, Maître de conférences à l’université de la Sorbonne nouvelle-Paris 3 M. Gérard GENGEMBRE, Professeur à l’université de Caen M. Alain PAGÈS, Professeur à l’université de la Sorbonne nouvelle-Paris 3 1 Résumé : Le roman populaire est souvent associé à une littérature de seconde zone, gravitant autour des Lettres nobles. C’est surtout son public qui est décrié puisqu’il s’agit d’un lectorat de consommation qui impose à l’auteur un mode d’écriture particulier. Toutefois, certains auteurs comme Alexandre Dumas ont réussi à dépasser ce mépris en étant reconnus par la nation française. Pour cet écrivain prolifique, la reconnaissance voit le jour dans les couloirs sombres du Panthéon. Ses œuvres, elles, demeurent sur le parvis ! Ce travail a l’ambition de montrer que l’écriture dumasienne détient un poids littéraire des plus considérables à travers sa sollicitation par les foules. Deux œuvres retiennent notre attention vu qu’elles sont connues de tous mais pas nécessairement lues par tous : Le Comte de Monte-Cristo et Les Trois Mousquetaires. Après un constat premier sur la réception double accordée à ces romans, nous analyserons leur imaginaire (personnages, espaces et scènes de genre) d’une part et leur structure narratologique (morphologie, narrateur et narration) d’autre part. Cette lente dissection tentera de comprendre, à partir de sa deuxième et de sa troisième partie, le mécanisme de l’attrait exercé par la plume de Dumas sur la grande masse des lecteurs. L’on aboutit ainsi à des ingrédients particuliers qui sont la signature de l’auteur. Néanmoins, force nous est de constater que cette recette est partagée par d’autres écrivains. Elle permet à la littérature populaire de regagner ses galons et d’affirmer sa légitimité. Mots-clés : Archétypes, Critique, Imaginaire, Morphologie, Narrateur, Scènes de genre The popular novel recipe – The Alexandre Dumas way Abstract The popular novel is often considered to be second-class literature, orbiting around the Fine Literature. The blame is on the consumerism of its readers that forces the authors to follow a certain style of writing. However, some authors, like Alexandre Dumas, managed to avoid this contempt by getting the acknowledging of the French nation. For this prolific writer, recognition saw the light in the dark alleys of the Pantheon, unlike his works that remain snubbed. The aim of this thesis is to prove that Dumas’ work is a heavy-weight of literature due to the high appeal it has over the masses. Two works grab our attention as they are known to all, but not necessarily read by all: The Count of Monte Cristo and The Three Musketeers. In the first place, we will observe the double reception of each of these novels, before analyzing their imaginary (characters, spaces and genre scenes) on the one hand and narration structure (morphology, narrator and narration) on the other. Through this slow dissection, in the second and third part, we will try to understand how Dumas’ pen casts his spell over the big mass of readers. It thus leads us to specific ingredients that are the signature of the author. Nevertheless, we are compelled to note that this recipe is shared by other writers. It allows popular literature to regain its stripes and its legitimacy. Keywords : Archetypes, Critical, Imaginary, Morphology, Narrator, Genre scenes UNIVERSITÉ SORBONNE NOUVELLE – PARIS 3 École doctorale 120 – Littérature française et comparée UFR : Littérature et linguistique françaises et latines 17, rue de la Sorbonne - 75231 Paris Cedex 05 2 À Dadeu qui, le premier, a fait luire la magie de Dumas dans mes yeux… 3 Mes remerciements vont naturellement à toutes les personnes qui ont, de près ou de loin, participé à l’élaboration de ce projet si long et si éprouvant. Il me faut d’abord remercier M. Daniel Compère : il a fait preuve de toute la patience possible pendant que je me prenais pour la Belle au bois dormant. Il m’a accompagné durant ces années, et surtout durant ces derniers mois, avec beaucoup de compréhension et de professionnalisme, me suivant dans mes pérégrinations sans jamais reprendre son souffle. Pour toute votre disponibilité : MERCI ! Je ne peux oublier les membres du jury, que je ne connais pas encore peut-être mais qui ont répondu à mon appel pressant en se fourvoyant dans les dédales de ma pensée. Je tiens à livrer un vibrant hommage et une éternelle reconnaissance à M. Gérard Bejjani qui a été témoin de mes premiers balbutiements littéraires, lorsque je n’étais qu’un jeune lycéen : il les a fait éclore quand j’étais étudiant et assiste, aujourd’hui, à la consécration de son long travail de Pygmalion. Mais il existe quatre personnes envers qui je ne serai jamais quitte : Ma mère qui a toujours été à mes côtés, m’a toujours soutenu envers et contre tous, a été ma lumière dans les ténèbres de la Littérature… Mon père qui a finalement cru en moi et qui, sans aucune plainte et dans l’abnégation la plus totale, m’a permis de bourgeonner… Marwan qui m’a stimulé, m’a entouré, m’a redonné confiance en moi, a tout accepté pour que je me hisse au-delà de mes engrenages… Joëlle qui a lu et relu cette thèse certes mais qui a, depuis toujours, été là dans les moments les plus difficiles et m’a accordé une nouvelle chance malgré tout… ‘’Pour certaines organisations le travail est le remède à toutes les douleurs’’ 4 SOMMAIRE SOMMAIRE p.5 INTRODUCTION p.6 Première partie - La Réception ambigüe du roman dumasien : Lecture honteuse ou Lecture plaisir p.16-102 Chapitre Premier : Le Regard condescendant de l’homme de lettres p.19 Chapitre II : Un Lecteur qui aime ce qu’il lit est un lecteur impliqué p.46 Deuxième partie – Les Motifs populaires ou l’Imaginaire du roman dumasien p.103-198 Chapitre Premier : Des Personnages-types p.105 Chapitre II : Territoires et terroirs du populaire p.140 Chapitre III : Les Scènes de genre p.175 Troisième partie – L’Architexte de l’écriture populaire ou les Fondations du roman dumasien p.199-308 Chapitre Premier : Approche morphologique du roman dumasien p.201 Chapitre II : Un Narrateur aux multiples visages p.231 Chapitre III : Les Modalités de la narration p.270 CONCLUSION p.309 BIBLIOGRAPHIE p.319 ANNEXE p.329 TABLE DES MATIÈRES p.335 5 INTRODUCTION 6 Lorsqu’Alexandre Dumas naît un 24 juillet 1802, dans les abords des lieux qui ont présidé aux balbutiements de Racine et de La Fontaine, il ne sait pas encore que la fée médisance a lancé son regard sur le berceau de sa destinée. Son premier cri est d’ailleurs celui de l’étouffement provoqué par son cordon ombilical : s’enroulant autour de l’enfant, il arrive presque à tuer celui qui lutte pour entrer dans la vie de plain-pied. Métis par l’ascendance afro-antillaise de son père (Thomas Alexandre Dumas-Davy de la Pailleterie), fruit de l’union entre un général de la haute noblesse et une roturière (Marie-Louise Elisabeth Labouret), le jeune Alexandre porte en lui une prédestination aux mélanges incertains. Ce quarteron souffre longtemps des quolibets sarcastiques que l’on a daigné lui allouer. Ses premiers jours se vivent aux Fossés, ce château au nom prophétique et macabre. Son père meurt alors qu’il n’a que quatre ans. Son éducation est assurée par ses grands- parents maternels, à Villers-Cotterêts. Il relève alors le défi de l’ombre noire pour entrer dans la lumière blanche de la célébrité. Protégé par l’abbé Louis Chrysostôme Grégoire, le jeune adolescent s’abreuve de lectures populaires et se plonge dans l’univers des Mille et une nuits que l’Europe découvre encore avec frémissement. Trop bouillonnant pour demeurer en province, le jeune homme de vingt ans part conquérir Paris. Grâce à sa belle calligraphie, il devient notaire, un simple copiste d’actes multiples. Ces actes deviennent rapidement théâtraux lorsqu’il fait la connaissance de De Leuven et de Talma. Aux côtés de Gautier et de son gilet rouge, il combat les classiques lors de la célèbre bataille d’Hernani. Après de grands succès dans le domaine du drame romantique, dont celui d’Henri III et sa cour (1829), Alexandre le truculent décide de virer vers les romans-feuilletons. Il conquiert Paris par les femmes1, par la République qu’il veut défendre contre l’oppression de la Restauration. S’abreuvant des philosophies des Goethe, Scott et autre Byron, Dumas le militant manie la plume comme une épée. Ses œuvres à succès soulèvent les foules et attirent sur lui les foudres de la grotte de la censure, les quarante voleurs de la littérature bien pensante : on ne lui pardonne point les mouvements de rue que sa Tour de Nesle (1832) a provoqués. Bâillonné mais jamais réduit au silence, le lion astrologique qui sommeille en lui rugit. Il court les rues de Paris, il court la soldatesque royale. Ses romans historiques aux suites souvent relancées lui valent une célébrité fulgurante qui lui permet, en véritable dandy, d’élever (en 1844) son château de Monte-Cristo que lui enviera Balzac ; 1 Alain Decaux recense pas moins de vingt-quatre maîtresses attitrées au contact d’Alexandre Dumas, DECAUX Alain, « Article : Harem romantique » in Dictionnaire amoureux de Alexandre Dumas, France : Éditions Plon, 2010, p.229-237.