Université Paris Viii Vincennes-Saint-Denis L
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UNIVERSITÉ PARIS VIII VINCENNES-SAINT-DENIS ÉCOLE DOCTORALE : PRATIQUES ET THÉORIES DU SENS LABORATOIRE DE RECHERCHE : LITTÉRATURE, HISTOIRES, ÉSTHÉTIQUE THÈSE Pour obtenir le garde de DOCTEUR DE L’UNIVERSITÉ PARIS VIII Spécialité : Langue et Littérature françaises L’ORALITÉ CHEZ MARGUERITE DURAS : POÉTIQUE DE LA VOIX DU CORPS présentée et soutenue par SONG Dechao Le 28 mai 2019 Thèse en co-direction dirigée par Monsieur le professeur Gérard DESSONS Monsieur le professeur HU Sishe MEMBRES DU JURY Marie-Hélène BOBLET (rapporteur), Professeure Université de Caen Normandie Florence DE CHALONGE (rapporteur), Professeure Université de Lille Gérard DESSONS, Professeur Université Paris VIII HU Sishe, Professeur Université des Études Internationales de Xi’an Jean-Nicolas ILLOUZ, Professeur Université Paris VIII Remerciements Je tiens d’abord à remercier le plus sincèrement Monsieur Gérard DESSONS, mon directeur de thèse, pour avoir accepté de me suivre durant ces cinq années de doctorat, tout en m’accordant une grande liberté dans mes recherches. Il m’a accompagné et m’a encouragé depuis mon entrée à Paris 8. L’aide et le soutien qu’il m’a apportés durant l’élaboration de cette thèse m’ont permis de continuer dans mes recherches. Ses précieux conseils et ses remarques très détaillées sur chacune de mes pages mais aussi sur mon orientation d’ensemble m’ont permis d’accomplir ce travail. Je remercie chaleureusement Monsieur Hu Sishe, mon co-directeur de thèse, pour avoir accepté de m’orienter dans mon travail, surtout dans les premiers temps de mes recherches. Je suis très reconnaissant de sa disponibilité et de sa présence malgré la distance géographique qui nous sépare. Son encouragement m’a permis d’être certain que je parviendrais à accomplir cette thèse. Mes sincères remerciements vont également à l’Université Paris 8, à l’Ecole doctorale « Pratiques et Théories du Sens » et à mon équipe de recherches « EA 7322 : Littérature, histoires, esthétique » pour leur aide et soutien tout au long de mes cinq années de doctorat. Un grand merci à l’Université des Etudes internationales de Xi’an, à la Faculté des Langues et des Cultures occidentales et au Département de français qui m’ont préparé avant mon arrivée en France et qui m’ont toujours suivi malgré la distance. Mes remerciements vont également à Madame Marie-Hélène BOBLET, professeure à l’Université de Caen Normandie, à Madame Florence DE CHALONGE, professeure à l’Université de Lille et à Monsieur Jean-Nicolas ILLOUZ, professeur à l’Université Paris 8 pour avoir accepté d’être membres du jury lors de la soutenance de cette thèse et pour l’intérêt qu’ils ont porté à mon travail. Je tiens aussi à remercier Augustin JIA Baojun pour l’aide, l’encouragement et le soutien qu’il m’a apportés durant des années, et à Jean Fauconnet qui m’a proposé son aide pour la relecture de cette thèse. Mes remerciements vont également à Joëlle Gleize et Jean-Marie Gleize pour leur encouragement et leur amitié. Je remercie également tous mes amis et toutes les personnes qui m’ont aidé et encouragé. Enfin, mes derniers mots iront à mes parents. Leurs encouragements quotidiens et leur soutien indéfectible m’ont toujours rassuré. Sans eux, cette thèse n’aurait simplement jamais vu le jour. 2 3 Résumé : Marguerite Duras cherche inlassablement dans son écriture une voix vivante qui débordera le système des signes de la langue. Cette voix, indissociable du corps dans le langage, permet à l’écriture d’acquérir une oralité impressionnante, laquelle se définit comme « la poétique de la voix du corps » selon la formule d’Henri Meschonnic. En s’interrogeant sur cinq modalités problématiques du corps (utopique, invisible, incorporel, errant et mort), la thèse tente de mettre en relation l’oralité et la corporalité afin d’examiner la voix à travers la négativité du corps, tout en analysant le rythme de la voix, lequel invente une nouvelle signifiance dans et par le langage. Cette voix que Duras essaie d’inscrire dans le langage est portée par un sujet inconnu qui s’emploie à questionner d’une manière nouvelle la notion d’oralité, en une subjectivité à la rencontre de la folie, de la féminité et du silence. La mise en avant de ces trois « sujets » déplace la notion de subjectivité dans un lieu où le sujet de la voix se révèle comme une ouverture vers l’infini. Cet infini du sujet proposé par l’écriture de Duras génère une modernité du dire. Le rythme de la voix prendra sa place dans cette modernité comme une événementialité du langage où la poétique et la politique de la voix du corps auront trouvé une valeur qui correspondra à cette modernité de l’oralité. Mots-clés : Duras, Oralité, Corporalité, Subjectivité, Modernité, Voix, Rythme. Abstract: Marguerite Duras relentlessly implements a lively voice which surpasses the system of signs in her writing. This voice, which is indistinguishable from the body in the language, allows the writer to provide an impressive orality, which has been described as “the poetics of the body’s voice” according to Henri Meschonnic. Upon its reflection of five problematic bodily states (utopia, invisibility, disembodiment, errancy and death), the thesis will attempt to explain the relationship between orality and corporality in order to examine the body’s voice transversing negativity of body, via analysis of the rhythm of the voice, which invents a new significance in and by the language. This voice that Duras tries to register in the language is shown through an unknown subject who considers re-examining the idea of orality, subjective to madness, femininity and silence. The question brought forth by these three subjects displaces the notion of subjectivity in a space where subject of the voice is revealed by the opening to infinity. The infinity of subject suggested by Duras’s writing generates a modernity of saying. The rhythm of the voice will take its place in this modernity as an “événementialité” of language where poetics and politics of the body’s voice would find a value which corresponds to this modernity of orality. Keywords : Duras, Orality, Corporality, Subjectivity, Modernity, Voice, Rhythm. 4 Introduction I Etudes préliminaires 1 La négativité du langage « La langue fonctionne comme une négativité, la limite initiale du possible1 ». Roland Barthes démontre, en disant cela, que la littérature est « l’expérience et la preuve de la négativité propre à l’opération linguistique2 ». Marguerite Duras est toujours sensible à cette expérience de la négativité qui l’accompagne dans sa propre activité d’écriture : « L’écriture de la littérature, c’est celle qui pose un problème à chaque livre, à chaque écrivaine, à chacun des livres de chaque écrivaine. Et sans laquelle il n’y a pas d’écrivaine, pas de livre, rien3 ». Ce problème posé ne désigne pas la littérature seule dans son histoire, mais sa relation avec le langage dans l’acte d’écrire. La négativité du langage se dévoile non seulement dans sa relation négative avec la littérature, mais aussi à l’intérieur même du langage. Dès le fondement de la linguistique, l’existence des éléments linguistiques est considérée comme une pure fiction. Saussure est sans doute le premier à soutenir cette argumentation dans le cadre de la linguistique : Il me semble qu’on peut l’affirmer en le proposant à l’attention : on ne se pénétrera jamais assez de l’essence purement négative, purement différentiellle, de chacun des éléments du langage auxquels nous accordons précipitamment une existence : il n’y en a aucun, dans aucun ordre, qui possède cette existence supposée – quoique peut-être, je l’admets, nous soyons appelés à reconnaître que, sans cette fiction, l’esprit se trouverait littéralement incapable de maîtriser une pareille somme de différences, où il n’y a nulle part à aucun moment un point de 1 Roland BARTHES, Le Degré zéro l’écriture, Paris, Seuil, 1953 et 1972, p. 17. 2 Voir Julia KRISTEVA, « La voix de Barthes », communication de Julia Kristeva du 18novembre 2008 à l’ENS pour une soirée d’hommage à Roland Barthes Roland Barthes, résolument moderne. Voir le site : http://www.kristeva.fr/barthes.html 3 Marguerite DURAS, « La Mort du jeune aviateur anglais », Ecrire, Paris, Gallimard, 1993, p. 82. 5 repère positif et ferme.4 Ainsi, à cause des différences négatives, les éléments linguistiques ne se définissent qu’à travers une négativité absolue qui reconnaît un élément par ce qu’il n’est pas. Il est naturel dans le langage qu’un signifiant ou un signifié se trouve dans une relation négative avec un autre afin qu’il puisse avoir sa propre valeur, en dehors de quoi toute signification serait impossible. Le fait que les signes ne puissent assumer une identité que par l’intermédiaire d’autres signes, fait dire à Saussure que « leur plus exacte caractéristique est d’être ce que les autres ne sont pas5 ». En fait, le problème de l’identité du signifiant ou du signifié dans le champ linguistique se pose aussi dans l’histoire de la philosophie occidentale sous forme d’une quête de quelque chose qu’on appelle : être, car le problème mis en lumière ici par la linguistique remonte à la question de l’être par le biais de la formule « ce que les autres ne sont pas ». La négation au sein même du logos (le propre du discours) est considérée par Platon comme une absence ou même une non-existence. Hegel pense dialectiquement que la négation est comme une démarche qui mène à l’affirmation d’une identité dans la parole. Quant à Heidegger, il travaille avec finesse la voix dans le langage en reprenant chez Hegel cette expérience d’Aufhebung afin d’avoir une Voix qui porte une négativité radicale (la Voix n’est plus une présence à soi pour le Dasein) dans la dimension existentielle.