MACHINE à FE U I L L E S HISTOIRE ET MÉMOIRE EN LIMOUSIN

Revue du livre et de la lecture en Limousin publiée par ALCOL Livres •Ernest T.: Catalogue chronologique thématique • Marie du Bois des loups, de Marie-Bernadette Dupuy empirique et systématique, Chronological thematic (Éditions Un autre reg a r d, rue des Arènes, 19460 Naves). 2 • Feuilles reçues en Machine. • Au grenier de mon enfance, de Pierre Louty empirical and systematic catalogue (Fonds régional • Le Monument Delpastre de Marc Petit à Aixe-sur-Vi e n n e , (Éditions de La Veytizou, La Veytizou, 87130 Neuvic-Entier). d’art contemporain du Limousin, «Les Coopérateurs», par Jan dau Melhau (Edicions dau Chamin 3 • Sommaire. • Bibliothèques municipales, bibliothèques impasse des Charentes, 87100 , FRAC de Bourgo g n e , de Sent Jaume, Royer, 87380 ). départementales de prêt: données 1999 (Ministère La Synagogue de Delme et La Box/ENBA Bourges). • Òbra poetica occitana, de Pau-Loís Granier (Edicions 5 • Édito. de la Culture et de la Communication, Direction du livre •Fa r i l d a : Comtesse de Kinsky, de Marie-Bernadette Dupuy dau Chamin de Sent Jaume, Royer, 87380 Meuzac (Éditions Un autre reg a r d, rue des Arènes, 19460 Naves). et Plein chant, 16120 Bassac). et de la lecture, 27, avenue de l’Opéra, 75001 ). 6 • Calendrier. • Catherine Bernis (Éditions A contrario galerie, •Francis Ponge à New York, de Serge Gavronsky •Paysages etc.: Une sélection d’œuvres dans les collections 6, avenue de la Libération, 87000 Limoges). (Collection La main courante, 59, rue Auguste-Coulon, du Centre Pompidou, textes de Charlotte Riou et Colette • Célébrations nationales 2002 (M i n i s t è r e de la Culture 23300 La Souterraine). Garraud (Musée d’art et d’archéologie -Ville de Guéret, 8 • Colloques/ Formations. et de la Communication, Direction des archives •Guide des bibliothèques de la Creu s e : Octobre 2001 avenue de la Sénatorerie, 23000 Guéret et Éditions de , 56, rue des Francs-Bourgeois, 75003 Paris). (Bibliothèque départementale de prêt - Conseil général Cercle d’art, 10, rue Sainte-Anastase, 75003 Paris). 10 • Marque page. • Los Chants de Bada luna e autras patòfias, de la Creuse, rue des Lilas, BP 286, 23006 Guéret Cedex). • Les petits recueils, de Marcela Delpastre (Edicions de Bernat Combi (Edicions dau Chamin de Sent Jaume, •Histoire de l’église d’Argentat, d’Eusèbe Bombal dau Chamin de Sent Jaume, Royer, 87380 Meuzac). Royer, 87380 Meuzac). et Robert Joudoux (Lemouzi, n°158bis) (Société • Puissances de la voix: Corps sentant, corde sensible, • Les Contes suisses, de Jean Lanore historique et régionaliste du Bas-Limousin, sous la direction de Sémir Badir et Herman Parret (Éditions Fernand-Lanore, 1, rue Palatine, 75006 Paris 13, place Municipale, 19000 ). (PULIM, Presses universitaires de Limoges, Histoire et mémoire en Limousin et François Sorlot éditeur). •Histoire et politique en Castille au XVe siècle : 39e, rue Camille-Guérin, 87036 Limoges Cedex). • De l’eime, de Jan dau Melhau (Edicions dau Chamin Les Hommes illustres de Castille de Hernando del Pugar, • Raconter avec des objets: Une pratique du récit vivant, de Sent Jaume, Royer, 87380 Meuzac). de Béatrice Leroy (PULIM, Presses universitaires de Limoges, de Jean Donagan (Édisud, La Calade, RN7, • Dordogne: Le Sentiment des origines: Des sources 39e, rue Camille-Guérin, 87036 Limoges Cedex). 3 120, route d’Avignon, 13090 Aix-en-Provence). 15 •Avant-propos. à l’embouchure, photographies de Jean-Luc Chapin, •Incertitude juridique, incertitude scientifique : • Rencontres avec Xavier Grall (Éditions Blanc silex, Actes du séminaire de l’Institut fédératif Kergoulouet, 29350 Moëlan-sur-Mer et Skol-uhel ar vro / carnet de voyage: Éric Bonneau, textes et poèmes •«La mémoire n’est pas l’histoire et celle-ci n’est pas le passé. » de Stéphanie Benson, Pier re Bergounioux, «Environnement et eau», Limoges, 5 avril 2000 Institut culturel de Bretagne, 25, straed Entraven / 16 Bernard Lesfargues, Paul Placet, Joël Vernet, (PULIM, Presses universitaires de Limoges, 25, rue d’Antrain, 35000 Roazhon / 35000 Rennes). François Augiéras, Jean-Louis Murat, Agrippa d’Aubigné, 39e, rue Camille-Guérin, 87036 Limoges Cedex). • La République de mes vingt ans, de Jacques Vil l e g i e r 17 • Histoire et mémoire en Limousin. Le point de vue de Maurice Robert, ethnologue. Fénelon, Étienne de La Boétie, Michel de Montaigne •« Itinéraire » : Thierry Devaud (Éditions A contrario (É c r i t u r es, 27, rue du Chapeau-Rouge, 19100 Brive-la-Gaillarde ) . ((La part des anges éditions), 16, allée de l’Île-Verte, galerie, 6, avenue de la Libération, 87000 Limoges). • Ri c h a r d Edwards : Ar tist ceramist (Éditions A contrario 18 •L’histoire contre la mémoir e? Ou le devoir d’histoire plutôt que celui de mémoire. 33600 Pessac). •Jean Follain et la passion du temps, galerie, 6, avenue de la Libération, 87000 Limoges). • D’una lenga l’autra, de Marcela Delpastre (Edicions de Joseph Rouffanche (Rougerie éditeur, • Robert Aupetit (Éditions A contrario galerie, 20 •«La mémoire se transmet, c’est l’histoire qui s’enseigne. » dau Chamin de Sent Jaume, Royer, 87380 Meuzac). 7, rue Échauguette, 87330 Mortemart). 6, avenue de la Libération, 87000 Limoges). • L’Église dans la rue: Les Cérémonies extérieures •Le Journal de la Révolution: Histoire d’un roman, • La Saga du rail en Limousin: Du Capitole au Pendulaire, du culte en France au XIXe siècle, sous la direction de Robert Margerit (Lavauzelle graphic, Le Prouet, de Claude Lacan (Éditions Lavauzelle, Le Prouet, BP8, 22 • Les archives et le traitement institutionnel de la mémoire. de Paul d’Hollander (PULIM, Presses universitaires BP12, 87350 Panazol et Association des amis 87350 Panazol). de Limoges, 39e, rue Camille-Guérin, 87036 Limoges Cedex). de Robert Margerit, BP16, 87170 Isle). • Sémiotique et perception esthétique, de Marie Renoue 24 • Mémoire et patrimoine. • Ém e r gence des francophonies: Israël, la Méditerra n é e , •Lieux du livre en Rhône-Alpes 2002 (Agence Rhône- (PULIM, Presses universitaires de Limoges, le monde, textes recueillis et présentés Alpes pour le livre et la documentation, 1, rue Jean-Jaurès, 39e, rue Camille-Guérin, 87036 Limoges Cedex). 25 •«Pour un éclairage renouvelé sur l’identité régionale… » par David Mendelson (PULIM, Presses universitaires 74000 Annecy/DRAC Rhône-Alpes, Le Gren i e r- d ’ A b o n d a n c e , • Le Théâtre lyrique à Limoges: 1800-1914, 6, quai Saint-Vincent, 69283 Lyon Cedex 01). de Marc Précicaud (PULIM, Presses universitaires de Limoges, 39e, rue Camille-Guérin, 87036 Limoges Cedex). • Des sociétés savantes en Limousin. • L’Époque conradienne (2001, volume 27) (PULIM, •Li t t é r a t u r e entre Nord et Sud 2000 : Comptes-ren d u s de Limoges, 39e, rue Camille-Guérin, 87036 Limoges Cedex). 26 Pr esses universitaires de Limoges, 39e, rue Camille-Guérin, (Bibliothèque municipale de Brive-la-Gaillarde, • Yves Adenis (Éditions A contrario galerie, 87036 Limoges Cedex). place Charles-de-Gaulle, 19312 Brive-la-Gaillarde Cedex) . 6, avenue de la Libération, 87000 Limoges). 27 •«Les gens s’attachent à des souvenirs, cela leur évite d’avoir de la mémoire. »

28 • Pas de mémoire sans mémoire de la langue. FEUILLES REÇUES EN MACHINE 30 •L’édition et la vente de livres sur l’histoire et la mémoire en Limousin. 31 • Ils publient en Limousin des ouvrages sur l’histoire et la mémoire…

Périodiques •Et cætera : L’Actualité du livre et de la lecture • Médianes: Livre-lecture (n°21, hiver 2001) (Culture 32 •«L’histoire du Limousin reste encore aujourd’hui très largement à écrire. » en région Centre (n°18, décembre 2001) (BP122, et développement, 9, rue de la Poste, 38000 Grenoble). • À pierre vue: Cahiers (n°5) (La Cheirade, 4, quartier Rochambeau, 41106 Vendôme Cedex). • Mémoires de la Société des sciences naturelles e • Le goût des lecteurs pour l’histoire régionale. Le pays des eaux vives, 23290 Saint-Étienne-de-Fursac). •Fr i c h e s : Cahiers de poésie verte (n ° 76, automne 2001) et archéologiques de la Creu s e (tome 47, 2 fa s c i c u l e , 34 • Auteurs en scène: Théâtres d’Oc… et d’ailleurs (Friches, Le Gravier-de-Glandon, 87500 Saint-Yrieix-la-Perch e ) . 2000) (Société des sciences naturelles et arch é o l o g i q u e s (n ° 4, octobre 2001): Jan dau Melhau, poète paysan-païen •L’Indicible frontière (n°1, printemps-été 2001) de la Creuse, 24, avenue de la Sénatorerie, 23000 Guéret ) . 34 • En librairie. (Éditions Auteurs en scène, BP Maison Antoine-Vitez, (L ’indicible fron t i è r e, « Villa Clio », 87260 Vic q - s u r- B re u i l h ) . • Le Mensuel littéraire et poétique (n ° 296, novembre 2001, domaine de Grammont, 34400 Montpellier, •JI M : Journal intime du Massif central (n ° 1, hiver 2002) n°297, décembre 2001, n°298, janvier 2002) 35 • En bibliothèque. Les presses du Languedoc, Max Chaleil éditeur, (11, avenue Pasteur, 03500 Saint-Pourçain-sur-Sioule). (Cité Fontainas, 8 boîte 43, 1060 Bruxelles, Belgique). 17, rue Rigaud, 34000 Montpellier). •Lemouzi (6e série, n°160, octobre 2001) • No t r e librairie : Revue des littératures du Sud (n °1 4 6 , • Le Bulletin de CBA (n°23, janvier 2002) (Société historique et régionaliste du Bas-Limousin, octobre-décembre 2001) (Association pour la diffusion (CBA, Coopération des bibliothèques en Aquitaine, 13, place Municipale, 19000 Tulle). de la pensée française, 6, rue Ferrus, 75683 Paris Cedex 14). 15, rue Maubec, BP049, 33037 Bordeaux Cedex). •La Lettre de la Maison du conte (décembre 2001) • L’O b s e rv a t o i r e: Observa t o i r e des politiques culturel l e s 36 • Feuilles lues. • Cahiers Robert-Margerit (V, 2001) (La maison du conte, 6, rue Albert- T h u r et, 94550 Chevilly-Larue ) . (n°21, automne 2001) (Observatoire des politiques (ÉFIP, 2, rue du Sancerrois, 87170 Isle et Association •La Lettre d’information de la Maison des écrivains culturelles, 1, rue du Vieux-Temple, 38000 Grenoble). 40 • Machin & machine. des amis de Robert-Margerit, BP16, 87170 Isle). (n ° 36) (Hôtel d’Avejan, 53, rue de Ver neuil, 75007 Paris). • Ou v r ez la paren t h è s e (n ° 18, novembre 2001, n° 19 , • CanCan: Bulletin d’information du réseau •La Lettre info (n°76, novembre 2001, n°77, janvier 2002) (Agence régionale pour le livre en Auvergn e , de la BDP de la Haute-Vienne (n°4, octobre 2001) décembre 2001, n°78, janvier 2002) (Premier’ acte, 6, rue Grégoire-de-Tours, 63000 Clermont-Ferrand) . (Bibliothèque départementale de prêt - Conseil général 5, rue Gaspard-Monge, Futuroscope, 86130 Jaunay-Clan). • Revue juridique du Centre- O u e s t (n ° 25, juillet 2001) de la Haute-Vienne, 45, rue de l’Ancienne-École-Normale- •Le t t r es d’Aquitaine: L’Actualité du livre (d é c e m b r e 2001- (PULIM, Presses universitaires de Limoges, d’Instituteurs, 87000 Limoges). janvier 2002) (Centre régional des lettres d’Aquitaine, 39e, rue Camille-Guérin, 87036 Limoges Cedex). • C’est à dire… (n°5, décembre 2001) (Association 139, boulevard du Président-Wilson, 33200 Bordeaux). • Septimanie: Le Livre en Languedoc-Roussillon des amis de la BDP de la Corrèze, Le Tou r on, 19000 Tul l e ) . •Littérature en Marche (2001) (La main courante (n°8, octobre 2001) (Centre régional des lettres, • Chroniques de la Bibliothèque nationale de France éditeur, 59, rue Auguste-Coulon, 23300 La Souterraine). Château de Castries, 34160 Castries). (n° 17, janvier, février, mars 2002) (Bibliothèque nationale •Livre & lir e (n°169, décembre 2001, n°170, • La Vache qui lit (n°33, novembre 2001, n°34, de France, quai François-Mauriac, 75706 Paris Cedex 13). janvier 2002) (Agence Rhône-Alpes pour le livre décembre 2001, n°35, janvier 2002) (La vache qui lit, • Com’médias: Bulletin d’information et de liaison et la documentation, 1, rue Jean-Jaurès, 74000 Annecy). 8, rue Gallieni, 87100 Limoges). des métiers du livre (n°5, janvier 2002) (COMELLIA, •Le Matricule des anges (n°37) (BP20225, • La Voix des libraires (n ° 24, décembre 2001) (S y n d i c a t 4, rue du Contrat-Social, 76000 Rouen). 34004 Montpellier Cedex 1). de la librairie française, 98, rue de Montreuil, 75011 Paris). Machine à feuilles n°12 En se lançant dans la publication du premier numéro de Machine à feuilles, février 2002 nous savions bien à ALCOL que la tâche serait difficile et par là hasardeuse. Publié par ALCOL Association limousine Nous avons pu faire paraître une douzaine de numéros malgré les changements de coopération pour le livre 34, rue Gustave-Nadaud de personnes au sein de l’équipe, mais, l’an dernier, nous avons été dépassés 87000Limoges tél. 05 55 77 47 49 par la tâche et avons donné la priorité à nos missions fondamentales fax 05 55 10 92 31 e-mail [email protected] et à nos actions programmées: Salon du livre de Paris, Coquelicontes, Lire en fête,

Directeur de publication : le Guide des parutions et l’organisation du travail des commissions d’études Jean Moyen Rédactrice en chef : des manuscrits en vue d’une aide de l’État ou du Conseil régional du Limousin. Marie-Laure Guéraçague Machine à feuilles n’est parue en 2001 que sous la forme de numéros spéciaux: Coordinateur: Olivier Thuillas Lire en fête et Guide des parutions (ce dernier sous la forme d’un numéro double, Mise en page : François Prothée tout de même!).

Photograveur: En ce début d’année, formons des vœux pour que Machine à feuilles Équinox, Limoges reprenne une parution régulière. Nous nous sommes donné les moyens Imprimeur: Lavauzelle graphic, Panazol pour cela en recrutant Olivier Thuillas qui vient donc épauler l’équipe ISSN: 1286-9228 Dépôt légal: février 2002 en place: Marie-Laure Guéraçague, François Prothée et Franck Vil l e m a u d .

Ont participé à l’élaboration Précisément, Olivier Thuillas aura pour missions les actions de soutien et à la rédaction de ce numéro: • Jean-Marie Allard • Pierre Bacle à l’édition et Machine à feuilles dont il anime désormais le comité • Stéphane Capot • François Cochet éditorial et assure le suivi rédactionnel. Arrivé le 1e octobre dernier, • Jan dau Melhau •Vincent Gloeckler il a déjà bien travaillé puisque voici un numéro sur le thème • Marie-Laure Guéraçague • Jacqueline Hoareau-Dodinau d’«Histoire et mémoire en Limousin» qui lui doit beaucoup. • Jacques Migozzi ÉDITO • Jean Moyen De plus, nous sommes en mesure de vous annoncer • Pascal Plas • Arlette Pragout • François Prothée notre programme annuel qui comporte trois numéros : • Maurice Robert • Catherine Roche «Histoire et mémoire en Limousin», «L’art et l’édition» (en mai) • Daniel Roche • Jean-Marc Siméonin et «littératures occitanes» (en novembre), • Olivier Thuillas •Lydie Valero ainsi que deux numéros spéciaux: Guide des parutions 20 0 1 • Franck Villemaud • Thierry Zimmer et Lire en fête. Que soient remerciés : • Pierre Campagne Ces projets étant fixés, nous comptons sur tous les acteurs • Jean-Claude Robert (pour le prêt du livre pour nous donner leurs informations de ses cartes postales) • René Salsedo ou nous proposer leurs contributions. ainsi que tous ceux qui ont fourni les informations nécessaires à la rédaction de cette publication.

ALCOL reçoit le soutien de l’État — ministère de la Culture et de la Communication —, Direction régionale des affaires culturelles du Limousin, et du Conseil régional du Limousin.

Jean Moyen, président d’ALCOL CALENDRIER CALENDRIER

Le 15 février, Bibliothèque francophone multimédia, 2, rue Louis-Longequeue, Jusqu’au 2 avril, Bibliothèque municipale, place de l’Église, Liginiac (19). « “Une vache, Salle des conférences, Limoges (87), 20h 30. «Passages de pages» consacré à Pierre Autin-Gren i e r . les vaches, des vaches”. Oh la vache !» : concours d’arts plastiques. Lecture de Serge Lannes et Jean Pommier de Toute une vie bien ratée. Demande du règlement auprès de la BM de Liginiac; dépôt des œuvres le 2 avril au plus tard. Proposé par la BFM de Limoges. Proposé par la Bibliothèque municipale de Liginiac. Contact: Florence Delaporte, 05 55 45 96 09. Contact: Hélène Debar, 05 55 95 92 59.

Le 22 février, Librairie Page et plume, 4, place de la Motte, Limoges (87). Rendez-vous littéraire: Le 18 avril, Bibliothèque francophone multimédia, 2, rue Louis-Longequeue, Salle des conféren c e s , « De passage à Marseille: Sade, Rimbaud… Un autre regard ». Tous les mois, le rendez-vous Limoges (87), 19h. «Le néologisme, viagra de l’écrivain?» : conférence par Jean-François Sablayrol l e s . littéraire vous invite à écouter de la littérature, librement et gratuitement. Proposé par la BFM de Limoges. Contact: Librairie Page et plume, 05 55 34 45 54. Contact: Florence Delaporte, 05 55 45 96 09.

Le 3 mars, Naves (19). Cinquième édition de la Foire du livre de Naves. Invitée d’honneur : Le 21 avril, Neuvic-Entier (87). Salon du livre du terroir. la Bretagne, représentée par Charles Le Quintrec. Contact: Pierre Louty, 05 55 69 71 24. Contact: Catherine Bouilhac, 05 55 26 14 01. Le 24 avril, Bibliothèque francophone multimédia, 2, rue Louis-Longequeue, Salle de l’heure Le 8 mars, Bibliothèque francophone multimédia, 2, rue Louis-Longequeue, Salle des conféren c e s , du conte, Limoges (87), 10h 30. « Histoire sous la pluie »: spectacle par la Compagnie Limoges (87), 20h 30. Conférence sur le thème d’«Éditer de la BD, un métier fantastique », L’atelier du livre qui rêve. par François Capuron, directeur éditorial des Éditions Delcourt. Proposé par la BFM de Limoges. Proposé par la BFM de Limoges, dans le cadre de Lire à Limoges. Contact: Florence Delaporte, 05 55 45 96 09. Contact: Florence Delaporte, 05 55 45 96 09. Le 24 avril, Bibliothèque francophone multimédia, 2, rue Louis-Longequeue, Salle Les 8, 9 et 10 mars, Limoges (87). Dix-neuvième édition de Lire à Limoges. des conférences, Limoges (87), 20h. Conférence sur « Le cirque ». Proposé par la Ville de Limoges. Proposé par la BFM de Limoges. Contact: Mlle Larcher, 05 55 45 60 00. Contact: Florence Delaporte, 05 55 45 96 09.

Le 9 mars, Bibliothèque francophone multimédia, 2, rue Louis-Longequeue, Salle des conféren c e s , Le 26 avril, Or a d o u r- s u r -Glane (87), après-midi. « Dessine-moi une mémoire» : visite commentée Limoges (87), 14h 30. « Conversations francophones » : conférence animée par Antoine Spire, de l’exposition présentée à Oradour-sur-Glane, par une personne de L’art à la page. avec Claude Hagège. Proposé par la Bibliothèque départementale de prêt de la Haute-Vienne. Proposé par la BFM de Limoges, dans le cadre de Lire à Limoges. Contact: Danielle Chauffier, 05 55 31 88 90. Contact: Florence Delaporte, 05 55 45 96 09. Les 2 et 7 mai, Bibliothèque francophone multimédia, 2, rue Louis-Longequeue, Salle Du 11 au 17 mars, quatrième édition du « Printemps de poètes ». Dans l’intention de mieux des conférences, Limoges (87), 20h 30. Lecture du Crime de M. M. et adaptation associer à la manifestation la communauté des poètes et leurs parte n a i r es naturels, les éditeurs, de L’Étranger, d’Albert Camus, par des étudiants en lettres. les libraires, comédiens et artistes, le thème fédérateur est la poésie vivante, qui n’exclut pas Proposé par la BFM de Limoges. d’autres approches mettant en avant les poètes du temps présent et leurs œuvres. Contact: Florence Delaporte, 05 55 45 96 09. Proposé par le ministère de la Culture et de la Communication. Contact en Limousin: DRAC (Lydie Valero), 05 55 45 66 61. Du 2 au 31 mai, Bibliothèque francophone multimédia, 2, rue Louis-Longequeue, Hall, Limoges (87). Exposition « Filigranes n° 3». Le 15 mars, Bibliothèque francophone multimédia, 2, rue Louis-Longequeue, Salle des conféren c e s , Proposé par la BFM de Limoges, dans le cadre du Mai du livre d’art. Limoges (87), 20h 30. Animation consacrée à Henri Droguet . Contact: Florence Delaporte, 05 55 45 96 09. Proposé par la BFM de Limoges, dans le cadre du Printemps des poètes. Contact: Florence Delaporte, 05 55 45 96 09. Le 3 mai, Bibliothèque francophone multimédia, 2, rue Louis-Longequeue, Salle des conféren c e s , Limoges (87), 14h. Conférence sur le thème de l’« Actualité de la pensée d’Albert Camus ». Le 16 mars, Bibliothèque francophone multimédia, 2, rue Louis-Longequeue, Salle des conféren c e s , Proposé par la BFM de Limoges. Limoges (87), 15h. Animation avec L’indicible frontière et la revue Lieu-dit. Contact: Florence Delaporte, 05 55 45 96 09. Proposé par la BFM de Limoges, dans le cadre du Printemps des poètes. Contact: Florence Delaporte, 05 55 45 96 09. Le 3 mai, Bibliothèque francophone multimédia, 2, rue Louis-Longequeue, Salle des conféren c e s , Limoges (87), 20 h 30. «Un itinéraire camusien de Belcourt à Lourma r i n »: conféren c e - s p e c t a c l e . Du 17 au 24 mars, VIIe Semaine de la langue française et de la francophonie: «Dix mots Proposé par la BFM de Limoges. de Victor Hugo ». Depuis quatre ans, la Semaine de la langue française et de la francophonie Contact: Florence Delaporte, 05 55 45 96 09. propose dix mots à tous les publics, en France et à l’étranger, pour qu’ils s’en emparent et les fassent vivre à leur manière à travers de multiples formes d’expression. Les 8 et 9 mai, Saint-Yrieix-la-Perche (87). Rencontre et marché de poésie, à l’occasion Cette année, les dix mots ont été sélectionnés dans l’œuvre de Victor Hugo: « ab î m e », «au ro r e », de la remise du 10e Prix Troubadours. « bonté», «pensif», «rayon», «escarpement», «grotesque», «exil», «grandir», «s’effacer». Contact : Cahiers de poésie verte, 05 55 75 06 40. Contact: Emmanuelle Fournier, 01 40 36 29 30 et 01 40 36 35 89. Du 16 au 20 mai, Saint-Malo (35). Festival Étonnants voyageurs, sur le thème de l’Afrique. Le 21 mars, Bibliothèque francophone multimédia, 2, rue Louis-Longequeue, Salle des conféren c e s , Contact: Mme Morin, 02 23 21 06 21. Limoges (87), 19 h. «Les jeudis de la Maison des auteurs » : ren c o n t re - l e c t u r e avec Arezki Mellal, auteur algérien en résidence à la Maison des auteurs. Lecture d’extraits de Maintenant, Le 23 mai, Bibliothèque francophone multimédia, 2, rue Louis-Longequeue, Salle des conféren c e s , ils peuvent venir, par Patrick Le Mauff, suivie d’une rencontre avec l’auteur. Limoges (87), 19h. «Les jeudis de la Maison des auteurs»: ren c o n t re - l e c t u r e avec Emmanuelle Roy, Pr oposé par la BFM de Limoges et le Festival international des théâtres francophones en Limousin. dramaturge québécoise en résidence à la Maison des auteurs. Lecture de Far west, Contact: Florence Delaporte, 05 55 45 96 09. suivie d’une rencontre avec l’auteure. Pr oposé par la BFM de Limoges et le Festival international des théâtres francophones en Limousin. Du 22 au 27 mars, Porte de Versailles, Paris (75). Vingt-deuxième Salon du livre de Paris. Contact: Florence Delaporte, 05 55 45 96 09. Invité d’honneur: l’Italie. Contact en Limousin: Marie-Laure Guéraçague, ALCOL, 05 55 77 49 77. Du 27 mai au 9 juin, à travers le Limousin. «Coquelicontes », sixième festival itinérant du conte en Limousin. Le 24 mars, Saint-Martin-de-Jussac (87). Journée du livre de Saint-Martin-de-Jussac. Contact: Franck Villemaud, ALCOL, 05 55 77 49 99. Contact: M. Ratier, 05 55 02 18 15. Le 31 mai, Bibliothèque francophone multimédia, 2, rue Louis-Longequeue, Salle des conféren c e s , Le 29 mars, Librairie Page et plume, 4, place de la Motte, Limoges (87). Rendez-vous littéraire Limoges (87), 19 h. «Passages de pages » consacré à Denis Guedj. Mise en voix : Marie Ruggeri. sur le thème de « Qui est Mario Rigoni Stern ? » Proposé par la BFM de Limoges. Contact: Librairie Page et plume, 05 55 34 45 54. Contact: Florence Delaporte, 05 55 45 96 09. e 2 semaine de mars (date à préciser), Bort-les-Orgues (19). Salon du livre jeunesse. Du 20 au 23 juin, Place Saint-Sulpice, Paris (75). Marché de la poésie. Contact: Mairie de Bort-les-Orgues, 05 55 46 17 60. Contact: Mme Manon Galet, 01 44 32 05 90.

Pour toute annonce dans le prochain numéro de Machine à feuilles, merci de nous signaler vos animations avant le 16 avril 2002 (ALCOL, 34, rue Gustave-Nadaud, 87000 Limoges, tél. 0555774749, fax 0555109231). COLLOQUES/FORMATIONS COLLOQUES/FORMATIONS

Les 23 et 24 février, Montmorillon (86). Stage « Développer un style dans l’écriture ». Du 15 au 17 avril, Poitiers (86). Stage d’«Initiation au format UNIMARC ». Objectif : appren d r e Objectifs: identifier les éléments du style et quelques styles récurrents, mesurer les parcours à cataloguer en format UNIMARC. d’ a p p r entissage qui conduisent de l’expression écrite correcte à l’affi r mation d’un style personnel, Proposé par le CNFPT. comprendre le travail stylistique et la recherche d’un style. Contact: Patrick Tourneur, 05 49 50 34 39. Proposé par la Forge des mots, Cité de l’écrit et des métiers du livre. Contact: 05 49 91 89 57. Du 15 au 19 avril et du 13 au 17 mai, Montmorillon (86). Stage (en deux sessions) « Animer un atelier d’écriture». Objectifs: mettre en œuvre un atelier d’écriture, animer, développer Mars (date à préciser), Maison des auteurs, Limoges (87). « Lectures en partage » : des compétences pédagogiques, inventorier les différentes possibilités d’écriture en atelier… atelier de formation à la lecture des textes de théâtre. Proposé par la Forge des mots, Cité de l’écrit et des métiers du livre. Proposé par le Festival international des théâtres francophones en Limousin. Contact: 05 49 91 89 57. Contact: 05 55 10 90 10. Du 22 au 26 avril, Limoges (87). Stage sur « La sécurité dans les établissements rec e v a n t Du 4 au 6 mars, Poitiers (86). Stage «Indexation RAMEAU ». Objectifs: apprendre à utiliser du public». Objectif : connaître la législation en vigueur pour pouvoir l’appliquer, le rôle des diffé re n t s la liste d’autorité RAMEAU, construire des vedettes matière RAMEAU. acteurs, les dispositions techniques de sécurité. Proposé par le CNFPT. Proposé par le CNFPT. Contact: Patrick Tourneur, 05 49 50 34 39. Contact: Hélène Montagnon, 05 55 30 08 70.

Le 7 mars, Tulle (19). Stage «L’album pour enfants »: des albums pour apprendre à parler, Du 13 au 16 mai, Villeurbanne (69). Stage « La “fabrique” du livre ancien: reliure, papiers, des albums pour favoriser un comportement de lecteur, des albums pour imaginer. fo r mats, filigranes». Objectifs: appren d r e à identifier les techniques, les matériaux et les diffé re n t s Proposé par l’Association des amis de la BDP de la Corrèze (aux bénévoles ou salariés types de décors utilisés dans la reliure du livre ancien, connaître les formats du livre ancien, des bibliothèques du réseau de la BDP de la Corrèze participant au choix et au prêt jeunesse). les procédés de fabrication du papier, les filigranes. Contact: Michèle Vergne, 05 55 29 96 40. Proposé par l’ENSSIB. Contact: Joëlle Etèvenaux, 04 72 11 44 52. Les 11 et 12 mars et 13 et 14 mai, Limoges (87). Stage (en deux sessions) sur les thèmes suivants: « Connaissance du mouvement ATD quart-monde », « Connaissance des populations Du 14 au 16 mai, Poitiers (86). Stage «Initiation à la classification Dewey ». Objectifs : en situation d’illettrisme », «Connaissance des professionnels à l’échelon territorial », connaître les principes et l’intérêt de la classification, être capable d’indexer les documents «Petite enfance et éveil culturel : présentation d’expériences», «Bibliothèques de rue : perspectives». à l’aide de la classification décimale Dewey. Visites de terrain entre les deux sessions. Proposé par le CNFPT. Proposé par le Groupe local de Limoges d’ATD quart-monde, l’ERPL et l’UTAS. Contact: Patrick Tourneur, 05 49 50 34 39. Contact: 05 55 77 62 95. Le 16 mai, Tulle (19). réunion de préparation au festival Coquelicontes : logistique Les 12 et 13 mars, Tulle (19). Stage « Lire à haute voix »: exercices divers, déchiffrage des spectacles et conférence de presse. d’un texte complexe, technique vocale, échauffement physique, travail collectif, travail individuel. Proposé par l’Association des amis de la BDP de la Corrèze (aux bénévoles ou salariés Proposé par l’Association des amis de la BDP de la Corrèze (aux bénévoles ou salariés accueillant un spectacle du festival Coquelicontes). des bibliothèques du réseau de la BDP désirant pratiquer cette activité d’animation). Contact: Michèle Vergne, 05 55 29 96 40. Contact: Michèle Vergne, 05 55 29 96 40. Le 16 mai, Limoges (87). Stage « Internet »: initiation à la pratique d’Internet. Le 22 mars, Tulle (19). Stage « La vidéo documentaire en bibliothèque »: le cinéma Proposé par la Bibliothèque départementale de prêt de la Haute-Vienne. dans la bibliothèque, présentation du cinéma documentaire contemporain, comment valoriser Contact: Danielle Chauffier, 05 55 31 88 90. un fonds de films documentaires. Proposé par l’Association des amis de la BDP de la Corrèze (aux bénévoles ou salariés Du 18 au 20 mai et du 2 au 4 octobre, Villeurbanne (69). Stage (en deux modules) des bibliothèques du réseau de la BDP de la Corrèze participant au choix et au prêt de vidéos). « Cataloguer les livres anciens ». Objectifs: apprendre à signaler et décrire un fonds de livres Contact: Michèle Vergne, 05 55 29 96 40. anciens, acquérir les bases méthodologiques, bibliographiques et techniques à l’identification et à la description de ces documents (premier module); parfaire sa connaissance des bases Les 23 et 24 mars, Montmorillon (86). Stage « Écrire la poésie ». Objectifs: développer méthodologiques, bibliographiques et techniques indispensables au catalogage du livre ancien, sa sensibilité aux mots et à l’écrit, s’essayer à l’écriture poétique. apprendre à cataloguer le livre ancien au format UNIMARC (deuxième module). Proposé par la Forge des mots, Cité de l’écrit et des métiers du livre. Proposé par l’ENSSIB. Contact: 05 49 91 89 57. Contact: Joëlle Etèvenaux, 04 72 11 44 52.

Du 26 au 28 mars, Bordeaux (33). Stage « Gestion des collections en bibliothèque». Du 21 au 24 mai, Bordeaux (33). Stage « Accueil et orientation du public en bibliothèque». Objectif: acquérir les bases dans le domaine de la gestion des collections. Objectif: acquérir des notions de base pour accueillir et renseigner le public d’une bibliothèque. Proposé par le CNFPT. Proposé par le CNFPT. Contact: Françoise Viaut Dumora, 05 56 99 93 66. Contact: Françoise Viaut Dumora, 05 56 99 93 66.

Le 28 mars, Limoges (87). Stage «Traitement des non livres »: catalogage et indexation des Du 28 au 30 mai, Metz (57). Stage «Appliquer une démarche qualité au circuit du document: documents sonores, des vidéos et des CD-ROM. des acquisitions à la mise en rayon (formation-action) ». Objectifs: apprendre à faire Proposé par la Bibliothèque départementale de prêt de la Haute-Vienne. un diagnostic sur un circuit du livre existant et à repérer les améliorations à y apporter. Contact: Danielle Chauffier, 05 55 31 88 90. Proposé par l’ENSSIB. Contact: Joëlle Etèvenaux, 04 72 11 44 52. Les 28 et 29 mars, Montmorillon (86). Stage «Les jeux d’écriture ». Objectifs : (re)découvrir les principaux jeux d’écriture, comprendre la notion de jeu, répertorier Juin (date à préciser), Limoges (87). « Service en direction des personnes âgées » : et classer les jeux… psychosociologie des personnes âgées dans le département de la Haute-Vienne, Proposé par la Forge des mots, Cité de l’écrit et des métiers du livre. exemples d’actions à mener en direction de ces publics. Contact: 05 49 91 89 57. Proposé par la Bibliothèque départementale de prêt de la Haute-Vienne. Contact: Danielle Chauffier, 05 55 31 88 90. Du 2 au 5 avril, Villeurbanne (69). Stage « Informatiser une petite bibliothèque ». Objectifs: apprendre à mener une démarche d’informatisation ou de réinformatisation Le 14 juin, Tulle (19). « Être éditeur en région » : Dominique Barbier, responsable dans une petite bibliothèque, faire le point sur la démarche d’intégration des différentes des Éditions Le laquet (installées à Martel, dans le Lot) parlera de son métier d’éditeur fonctions et outils logiciels de la bibliothèque dans un même système d’information. loin des grandes capitales ainsi que de son catalogue. Proposé par l’ENSSIB. Proposé par l’Association des amis de la BDP de la Corrèze (aux bénévoles ou salariés Contact: Joëlle Etèvenaux, 04 72 11 44 52. des bibliothèques du réseau de la BDP de la Corrèze). Contact: Michèle Vergne, 05 55 29 96 40. Du 10 au 12 avril et du 10 au 12 juin, Bordeaux (33). Stage sur «Les spécificités e de la communication des établissements culturels ». Objectifs: apprendre à concevoir Du 1 au 6 juillet. «L’art contemporain et le livre d’art en Allemagne » : voyage d’étude une stratégie de communication adaptée à sa structure, comprendre la logique Paris-Karlsruhe-Stuttgart-Kassel-Paris ouvert aux bibliothécaires chargés des sections d’ar t d’une communication interne et externe, utiliser le plan de communication dans la démarche contemporain, aux responsables et documentalistes des lieux de diffusion de l’art contemporain, stratégique. aux responsables des structures régionales pour le livre. Inscription avant le 15 mars. Proposé par le CNFPT. Proposé par la FFCB et le Goethe institut. Contact: Françoise Viaut Dumora, 05 56 99 93 66. Contact: Béatrice Pedot, 01 43 57 85 02. Soutien à l’édition en Limousin en 2001 Le Guide des parutions consultable sur Internet L’édition en Limousin bénéficie désormais d’un soutien renforcé et étendu Depuis novembre 2001, le Guide des Parutions 1999-2000 — qui recense à tous les domaines de la création et de la recherche. plus de mille titres et notices de présentation d’ouvrages publiés en Limousin Depuis de nombreuses années, le Conseil régional et la DRAC du Limousin ou qui concernent la région — est consultable sur le site de l’association soutiennent l’édition. Forts de cette expérience, souhaitant tendre Culture et patrimoine en Limousin: www.Limousin-culture.asso.fr. vers une politique éditoriale cohérente et concertée, ils ont décidé de mettre Sa diffusion sur Internet permet désormais : progressivement en œuvre les missions d’un centre régional du livre. • Une diffusion illimitée (dans l’espace et le temps) à un moindre coût. L’ambition est de renforcer les aides aux éditeurs, d’étendre ces soutiens • Une accessibilité par un plus grand nombre (ce qui peut donner à tous les domaines de la création et de la recherche, en particulier aux livres aussi la possibilité à des auteurs ou des éditeurs non répertoriés à rotation lente, de dynamiser la vie littéraire et l’économie du livre de la région de se faire connaître). en s’assurant de conditions optimales d’expertise. •De modifier et de compléter les données. C’est pourquoi ils ont confié à ALCOL la mise en place de deux commissions •Une rec h e r che selon plusieurs critères : par éditeur, par titre ou par un simple techniques, « Cr é a t i o n » et « Sa v o i r s », chargées de donner un avis sur l’ensemble mot. des dossiers de demande d’aide. • Une lisibilité claire et dynamique. Chacune de ces commissions, composées de douze personnalités qualifiées, •La possibilité de cumul de plusieurs années constituant ainsi une banque du Limousin et d’autres régions, se réunit deux fois par an pour examiner les de données bibliographiques du Limousin. manuscrits qui lui sont soumis. Le travail commencé et réalisé en 2001 fut à la mesure de la confiance investie : les débats furent passionnés, toujours sérieux, argumentés et fondés Le site régional des centres documentaires sur des lectures attentives. En 2002, le site régional des centres documentaires sera enfin une réalité grâce au long travail d’élaboration mené par la commission «Information Vingt-cinq manuscrits proposés par dix-huit éditeurs ont ainsi reçu un soutien et communication» et au soutien intellectuel et financier des principales financier pour leur publication. tutelles (Villes de Limoges, Tulle, Brive-la-Gaillarde, les conseils généraux Ces vingt-cinq ouvrages sont à découvrir : de la Corrèze, Creuse, Haute-Vienne et l’Université de Limoges) qui vont ren d r e • ABC, d’Andrée-Paule Fournier (Association des amis du Père Castor). possible sa réalisation technique. •Aï vist lo lop, de Françoise Étay (Éditions Trad’bande). Ce site sera administré par ALCOL et hébergé par la BFM de Limoges, •Autoroman, de Daniel Soulier (Éditions Le bruit des autres). bénéficiant de ses compétences et capacités techniques. •Brise-glaces: Théâtre, de Jean-Pierre Cannet (Éditions Le bruit des autres). Ce site référencera l’ensemble des bibliothèques, centres documentaires, • Cahiers Robert-Margerit (n°5) (Association des amis de Robert Margerit). archives et maisons d’écrivains de la région. • Los Chants de Bada luna e autras patòfias, de Bernat Combi (Edicions Destiné à tous, il permettra au lecteur internaute: dau Chamin de Sent Jaume). •D’avoir un panorama de l’ensemble de ces établissements. •Cultes des saints et anticléricalisme, de Louis Pérouas (Rencontre des historiens • D’accéder à une fiche détaillée sur chacun apportant des informations du Limousin). pratiques (heures d’ouverture, etc.), documentaires (types de fonds), •Dictionnaire occitan-français, d’Yves Lavalade (Éditions Lucien-Souny). culturelles (agenda des manifestations). • D’una lengua l’otra, de Marcela Delpastre (Edicions dau Chamin de Sent Jaume). • De faire des recherches croisées entre un type d’établissement •Fiction, énigmes, images, de Daniel Couégnas (PULIM, Presses universitaires (recherche thématique, géographique) et les ressources qu’il propose de Limoges). (collections spécialisées, types de support). •Ge o r ges-Emmanuel Clancier, de Jean-Marie Baude (PULIM, Presses universitaires •Par les liens hypertexte, d’accéder au site Internet de chaque établissement de Limoges). et à son catalogue informatique. •Hi s t o i r e et politique en Castille au xve siècle (I I ) : Les Hommes illustres de Castille Il permettra aux institutions adhérentes et participantes: de Hernando del Pugar, de Béatrice Leroy (PULIM, Presses universitaires de Limoges). •D’être identifiées dans leurs spécificités (documentaires, etc.). • Histoires de noix, de Maria Jalibert (Éditions Points de suspension). •De s’inscrire plus fortement dans le réseau régional documentaire. • Revue L’Indicible frontière (n°1) (Éditions L’indicible frontière). •De convaincre les tutelles de l’intérêt de poursuivre les travaux d’informa t i s a t i o n . •Journal de la Révolution: Histoire d’un roman, de Robert Margerit •D’opérer des mises à jour directes de chacun des établissements (Association des amis de Robert Margerit). et des établissements qu’ils ont en réseau. • Œuvres poétiques complètes, de Paul-Louis Grenier (Edicions dau Chamin Dans une deuxième phase, ce site devrait perme t t r e la mise en place d’un véritable de Sent Jaume). outil de recherche documentaire en ligne et de valoriser les fonds spécifiques. • Les petits rec u e i l s , de Marcela Delpastre (Edicions dau Chamin de Sent Jaume). •La Province en héritage: Pierre Michon, Pierre Bergounioux, Richard Millet, de Sylviane Coyault-Dublanchet (Librairie Droz). Ateliers régionaux du livre •Roman et évangile, de Bernard Westphal (PULIM, Presses universitaires Le premier épisode du cycle des ateliers régionaux du livre, mis en place de Limoges). par la FFCB (Fédération française pour la coopération des bibliothèques, • Ronds et carrés (Association des amis du Père Castor). des métiers du livre et de la documentation), avec le soutien de la Direction •Surnaturel et création (n°29 de la revue Cahiers Jean-Giraudoux) du livre et de la lecture, a été organisé, les 22 et 23 octobre 2001, (Association Les amis de Jean Giraudoux). à Châtelguyon (63), en partenariat avec l’Agence pour le livre en Auvergne • Tables 1960-1986 (revue Lemouzi) (Société historique et régionaliste et ALCOL). du Bas-Limousin). Ce premier atelier avait pour thème «Auteurs et traducteurs: les conditions • Le Testament de l’eau douce, de Marcelle Delpastre (Éditions Fédérop). de la traduction». • Théâtre III, de Brigitte Athéa (Éditions Le bruit des autres). Il a réuni une quarantaine de personnes dont des représentants des struc t u re s •Revue Travaux d’archéologie limousine n° 21, dirigée par Jean-Michel Desborde s nationales des auteurs (Maison des écrivains, SNAC, ATL F , Guilde des auteurs, (Association des antiquités historiques du Limousin). AGESSA), des représentants du ministère de la Culture, des struc t u r es régionales pour le livre et des professionnels (auteurs, libraires, éditeurs, bibliothécaires). En 2001, le soutien du Conseil régional et de la DRAC du Limousin À partir des exposés liminaires de Bernard Pingaud (auteur), Nathalie Heinich au développement de l’édition en Limousin fut d’un montant de 137280 ¤ (sociologue), Françoise Cartano (traductrice), Emmanuel de Rengervé (juriste), (9 0 05 0 0 F), chiffr e parti c u l i è r ement important si on le compare à d’autres régions. Thierry Guichard (directeur du Matricule des anges), les débats se sont portés sur la situation de l’écrivain et du traducteur, sur les règles régissant les rel a t i o n s Rappel des dates limites de dépôt des dossiers de demande d’aide pour 2002: des auteurs avec leurs éditeurs et sur les aides publiques à la création. • 31 janvier pour la session de mars. Le but et l’intérêt des travaux furent non seulement de réaffi r mer des principes, • 30 juin pour la session de septembre. de signaler des dysfonctionnements, mais aussi de faire des propositions susceptibles d’apporter des améliorations et d’esquisser des pistes Pour tout renseignement: Olivier Thuillas, ALCOL, 05 55 77 48 46. de réflexion pour l’avenir. …/… L’ensemble de ces approches et analyses est repris, approfondi dans le document conclusion, que je pense majeure, s’impose: la professionnalisation final des ateliers. est évidemment essentielle à vos activités; elle est condition de l’efficacité Voici les ateliers suivants : et, vous l’avez rappelé hier, elle permet la naissance d’une identité. • Atelier 2: «La production : imprimer et éditer» (qui s’est déroulé Mais cette professionnalisation doit éviter l’enfermement, ou, d’un terme les 28 et 29 janvier 2002, à Dijon), coorganisé avec le Centre régional plus barbare mais plus frappant, la ghettoïsation. du livre de Bourgogne. Il faudra se rappeler de cette idée quand il sera question des projets. •Atelier 3: «La diffusion» (Rhône-Alpes) (avril 2002). • Atelier 4: «Les acquisitions» (Aquitaine) (juin 2002). 2. Les chantiers et les obstacles. •Atelier 5: «Savoirs et savoir-faire professionnels» (Poitou-Charentes) Trois chantiers ont été explicitement abordés: celui de la bibliographie (septembre 2002). régionale, de la formation et de l’édition. •Atelier 6: «La promotion et l’animation» (Franche-Comté) (novembre 2002). Pas de développement sur les contenus. Mais une mise en évidence •Atelier 7: «Les politiques publiques» (Midi-Pyrénées) (janvier 2003). de ce qui est en commun entre ces trois chantiers, qu’il s’agisse des problèmes techniques (bibliographie) — mais sont-ils, à la vérité, techniques? —, des problèmes de partenaires (bibliographie, formation, Coopération interrégionale édition), on rep è r e les mêmes obstacles et on soupçonne les mêmes solutions: En 2002, trois régions d’outre-mer (Guadeloupe, Martinique, Guyane) conjugueron t l’obstacle, c’est la dispersion, la solution c’est une mutualisation leurs efforts pour implanter une structure (inter)régionale de coopération qui ne freine ni les autonomies ni les initiatives. C’est sans aucun doute pour le livre et la lecture. la deuxième conclusion majeure. Ce qui importe, au-delà de la qualité Tel est l’aboutissement de l’atelier de réflexion qui s’est tenu, technique des approches, c’est le bond qualitatif que permettent les mises les 1e et 2 décembre 2001, à l’initiative de l’association Documentation en réseaux. et lecture en Guadeloupe (DLG), avec le soutien de la DRAC de la Guadeloupe et pour lequel l’expérience d’ALCOL fut sollicitée. 3. Les enjeux. Ces deux journées ont permis de faire état de la coopération autour du livre L’appréciation des enjeux que votre séminaire souligne implique inévitablement dans les DOM, de dresser un panorama des structures existantes une urgence et un impératif souci de méthode. dans l’Hexagone, et de réfléchir autour de trois thématiques: la coopération L’urgence peut s’exprimer comme suit: si l’harmonisation ou la mutualisation bibliographique régionale, la formation professionnelle, l’aide à l’édition ne se donne pas une forme organisée et reconnue, elle ne réalisera pas et l’économie du livre. son objectif. Deux risques, sinon: le premier est de générer des conflits Les professionnels participèrent nombreux à cette réflexion: bibliothécaires entre structures et de susciter des susceptibilités de préséance; le deuxième (BM, BU, BDP), libraires, éditeurs de Guadeloupe, Martinique, Guyane risque est de laisser en marge des structures et d’échouer dans le projet et Jamaïque, des représentants des centres de formation (IUFM, CNAM, CNFPT), fédérateur. d’agences de coopération de la métropole (Bretagne, Limousin, FFCB), En écoutant les interventions, la méthode pourrait s’énoncer ainsi : ainsi que la conseillère au livre de Guyane et le directeur régional des affaires ne pas reproduire, dans la mise en place d’une structure, les obstacles culturelles de la Guadeloupe. si largement mis en évidence pendant tous les travaux. Il s’agit donc dans la méthode : La synthèse finale de Daniel Maragnès (chargé de mission auprès du Rectorat •D’éviter, dès la conception du projet, l’enfermement et la ghettoïsation: de la Guadeloupe), particulièrement utile pour la mise en œuvre de ce projet, retrouver les trois thématiques. l’est aussi comme outil critique de tout travail de coopération, c’est pourquoi •De fixer des échéances précises pour la réalisation de la structure. nous vous en proposons la lecture : « Je remercie l’association Documentation et lecture en Guadeloupe 4. La structure. et sa présidente, Catherine Vassilieff, pour la richesse et la qualité Évidemment, je termine mes propos par ce par quoi le séminaire a commencé : des travaux qui s’achèvent maintenant. Je n’ai guère de qualité particulière la question de la structure qui a éclairé l’ensemble des débats. pour faire la synthèse que vous m’avez demandée, sinon, peut-être, On ne peut nier la nécessité d’une structure de coopération. Et à la lumière cette fréquentation admirative de votre activité, à plusieurs reprises de vos débats, je souhaite conclure par quelques observations : quand j’ai participé au conseil scientifique de la Médiathèque Caraïbe, • Le DRAC disait hier qu’il fallait que le projet soit ambitieux. au congrès de l’ACURIL, ou au colloque de la Bibliothèque universitaire Cette ambition, on l’entend dans la manière dont vous soulignez la nécessité sur la traduction. de ce que j’appellerai “la chose”. Sur cette “chose”, il y a un premier débat Je ne répéterai pas ce qui a été dit pendant ces deux journées. Je voudrais plutôt qui n’est pas celui du nom mais de la fonction. Si on entend l’ensemble tenter de restituer la cohérence de vos travaux pour proposer, à leur lumière, de ce qui a été énoncé hier et ce matin, la tendance va plutôt quelques pistes. J’essaierai donc d’être d’une fidélité subjective où chacun, vers une structure qui ressemble davantage — au plan des attributions — je l’espère, retrouvera sa propre écoute. à un CRL qu’à une agence de coopération. •En ce qui concerne la nomination de cette “chose”, je n’ai évidemment 1. Les trois thématiques. aucun avis autorisé sur cette question, mais il va de soi qu’elle devrait tenir Voici une citation d’un des participants au colloque, hier après-midi compte à la fois de son objet, mais également du milieu où elle apparaît. (Bea Bazile, de la BDP de la Guadeloupe): “Le dynamisme d’une région Je pense en particulier à la question des financements. dépend de son niveau de formation et d’information.” On peut ajouter •Il est heureux que le séminaire ait pris le parti de consulter des personnes que ce dynamisme dépend de son adhésion à la culture : par elle sont rendus engagées dans des activités de coopération. Ce qui importe, ce ne sont pas possibles la libération des préjugés et l’éclairage des choix tant privés les litanies sur les spécificités, mais toujours les lectures fines du réel que publics. La démocratie est-elle possible sans la culture ? Et sans doute et la conviction que rien ne se fait de sérieux sans règles. faut-il ajouter cette dimension du plaisir trop souvent oubliée au profit Enfin, pour terminer, une remarque concernant l’urgence et la méthode d’une instrumentalisation de la lecture et du livre (Cf. Seghers: “Je tiens dont nous parlions il y a un instant. Il me semble que la suite logique la poésie pour aussi importante à l’homme que les battements de son cœur”). de ce fructueux séminaire serait : De l’ensemble des travaux, trois thématiques fortes me paraissent ressortir : •La rédaction d’un argumentaire sur la structure à mettre en place. •Une thématique de la relation: interne à la profession et à son activité. • La constitution d’un comité de pilotage réunissant précisément des acteurs •Une thématique de la coopération, nécessairement plus large puisqu’elle doit souhaités de cette future coopération. associer l’ensemble des acteurs du livre. •Une thématique de la réalisation, qui, elle, interroge l’effet public de votre action. Voilà, je vous remercie pour tout ce que j’ai appris en vous écoutant. Ce n’est pas un hasard si les mots les plus souvent utilisés par les uns Cette initiative vient naturellement de vous, et je sais qu’il ne pouvait et par les autres ont été: mutualisation, harmonisation, mise en commun, en être autrement. Je sais que la DRAC est prête — son directeur passerelles… Mais nous savons tous que la coopération n’est pas naturelle ne me démentira pas — à vous aider et à vous accompagner et qu’elle a toujours besoin d’une volonté qui la maintienne. dans vos efforts». De ces trois thématiques et de la façon dont elles ont été abordées, dont elles se sont croisées tout au long du séminaire, une première HISTOIRE ET MÉMOIRE EN LIMOUSIN Av a n t - p ro p o s

« Je reste troublé par l’inquiétant spectacle que donnent Par Olivier Thuillas. le trop de mémoire ici, le trop d’oubli ailleurs, pour ne rien dire de l’influence des commémorations et des abus de mémoire — et d’oubli.»

Paul Ricœur, Une revue ayant le désir de rendre compte Mais l’histoire écrite et réécrite sans cesse, La Mémoire, l’histoire et l’oubli, de ce qui se publie et de ce qui se lit en Limousin c’est celle de la Seconde Guerre mondiale : Éditions du Seuil, 2000. se devait d’aborder le thème de l’histoire souvenirs, mémoires, témoignages, romans, et de la mémoire. Dans notre région, histoires romancées… Il ne passe pas une semaine comme dans toutes celles qui ont une forte identité, sans qu’un nouvel ouvrage soit publié sur ce thème. le passé resurgit sans cesse dans ce qui se dit Alors que nous préparions ce numéro, c’est l’ouvrage comme dans ce qui s’écrit, les bibliothèques de Jean-Jacques Fouché, Oradour2, qui soulève participant aussi à la mise en lumière de ce passé1. à nouveau la polémique. Il ne nous appartient pas d’y parti c i p e r , mais nous pouvons tout de même regretter que le sujet soit tellement sensible qu’il plonge les autres dans l’ombre. Notre propos dans ce cahier spécial n’est pas de dresser un tour d’horizon exhaustif des livres, des éditeurs, des goûts des lecteurs en matière d’histoire. Nous avons simplement voulu confronter des points de vue différents — d’éditeurs, d’enseignants, de bibliothécaires , de lecteurs… — sur les rapports qu’entret i e n n e n t l’histoire et la mémoire en Limousin. Le sujet était déjà vaste et il resterait beaucoup à dire. Nos investigations ont été volontairement limitées dans deux domaines: les archives, tout d’abord, dans la mesure où elles avaient En préparant ce cahier spécial, nous avons été fait l’objet du numéro 6 de Machine à feuilles frappés du poids de la Seconde Guerre mondiale en 1999, les sociétés savantes, d’autre part, et de la mémoire liée à cette période. dans la mesure où leur nombre et leurs très Pourtant, le Limousin est fort d’une mémoire nombreux travaux ne nous permettaient pas millénaire : dolmens, menhirs et pierres branlantes d’en rendre compte de manière satisfaisante. des Monts de Blond forment un socle historique Cela sera fait dans un futur numéro. qui pèse tout autant sur notre identité que la Résistance Notre but n’était nullement de prendre partie durant l’Occupation. Nous n’entendions pas le mot mais plutôt d’ouvrir le débat en offrant à nos lecteurs «mé m o i r e » comme ce dont on se souvient, ce sur quoi un éventail de points de vue le plus large possible. on peut apporter un témoignage, mais au contraire comme ce qui reste lorsqu’on a effacé les souvenirs, ce qui nous touche sans que l’on sache pourquoi, comme la ferveur des processions ostensionnaires dans un pays déchristianisé de longue date. Car si l’on veut dégager une spécificité de l’histoire et de la mémoire régionale, on puisera plutôt dans la mémoire ouvrière et paysanne teintée à la fois de l’archaïsme d’une profonde ruralité et de la modernité de ces ouvriers-paysans qui ont construit le Paris d’Haussmann et contribué à la création des premiers syndicats, comme l’a magistralement montré Alain Corbin dans son Archaïsme et modernité en Limousin au XIXe siècle, réédité en 1999 par les PULIM (Presses universitaires de Limoges).

1 Cf. Mémoire(s) & bibliothèques: Actes du colloque : An g l e t - 24-25 juin 1999, CBA (Coopération des bibliothèques en Aquitaine) et FFCB (Fédération française pour la coopération des bibliothèques, des métiers du livre et de la documentation), 2 Oradour, de Jean-Jacques Fouché, Éditions Liana-Levi, 2001, 13,72 ¤. 2001, 19,80 ¤. «La mémoire n’est pas l’histoire HISTOIRE ET MÉMOIRE et celle-ci n’est pas le passé.» EN LIMOUSIN Par Daniel Roche, Professeur au Collège de France. Le point de vue de Maurice Robert, ethnologue

Dans notre langue, les mots «histoire» et «mémoire» de vue à une opposition qui n’a pas lieu d’être. Plus qu’ailleurs peut-être, en Limousin l’histoire qu’économique, dans laquelle s’est longtemps apparaissent, selon les lexicographes, simultanément La mémoire fascine, enchante par sa richesse, a donné aliment à la mémoire. trouvée la région. Ce pays, soumis aux pouvoirs vers le XIIe siècle. Ils viennent tous les deux du latin l’histoire rebute par sa froideur; elle ne retient Mais plus qu’ailleurs aussi, la mémoire a été anorex i q u e les plus contraignants, aux marges de « la civilisation», memorie et historia, et, la fable leur confère qu’à condition de puiser dans la chaleur maternelle et rétive. pays d’ailleurs exotique, a beaucoup souffert une signification directement liée: Mnémosyne ou de répondre à l’illusion rétrospective d’un temps L’a p p o r t historique s’est constitué sur tous les champs des quolibets et des dénigrements. est la mère des muses qu’elle conçut avec Jupiter, meilleur révolu, que nous avons perdu. de l’action, du savoir et du savoir-faire, de la guerre Il a intériorisé les jugements extérieurs et a développé et parmi elles, Clio. Autrefois, aucun élève de collège En bref, le passé offr e un refuge et ses compensations et de la paix, des temps préhistoriques aux temps une psychose de l’enfermement, de l’opposition contre ce qui peut nous rebuter dans le présent contemporains. et du refus. Oubliés les combats contre César, et par rapport à un futur effrayant les réputations des créateurs de l’émail, du vitrail, parce qu’impossible à maîtriser. Racine, identité, Mais la mémoire a, plus qu’il est naturel, occulté de la céramique ou de la tapisserie. Occulté, et d’une autre manière devoir de mémoire ou minoré l’événement, les succès, les originalités, le savoir-faire talentueux des constructeurs postulent également un besoin de réconciliation et souvent préféré les histoires et «gentils arti s a n s », organique et communautaire. à l’Histoire, le légendaire des éleveurs Or, ce que l’histoire enseigne, c’est aussi à l’historicité. C’est un état ou des gantiers que notre passé s’est construit sur des ruptures récurrent et permanent : et des troubadours, décisives par rapport à la tradition et à la coutume, cette région, qui possède Dorat, et que le progrès a été coûteux. De surcroît, une rare homogénéité Tristan L’Hermite l’enseignement de nos maîtres anciens et récents culturelle, une identité ou Marmontel. (qu’il faut relire ; Michelet et Braudel, pour ne citer reconnue, et sa capitale Limousins honteux que deux exemples) nous apprend que l’histoire historique ont négligé de leur langue se déroule avec des temporalités différentes, lentes d’exposer un espace fort, et de leurs traditions, et profondes, courtes et conjoncturelles, brutales exemplaire, de leur mémoire de leurs châtaignes et événementielles. Notre rapport à la mémoire sociale, politique et de leurs raves. n’est pas le même pour chacun de ces rythmes. et économique. Si bien Et, par-dessus tout, S’il y a un devoir, c’est celui de comprendre qu’on apprécie mal lourdement «taxés » ces imbrications car ce sont elles qui font la nécessaire complémentarité sur les richesses ce que nous sommes et la mémoire vivante qui rep o s e entre une riche histoire na t u re l l e s : électricité, sur la dialectique du souvenir et de l’histoire, qui s’impose et une mémoire or ou uranium… de la tradition et de son interrogation. qu’il faut collecter, retenir La mémoire, C’est alors que l’on peut comprendre, et entretenir. comme l’identité, grâce aux archives, grâce aux travaux des historiens, s’en trouve altérée, grâce à la fidélité à la langue (celle de tous Cependant, cette situation et l’histoire n’avait méconnu cette filiation, de même qu’à l’école et celle des régions), grâce à l’engagement défavorable a des causes dédaignée. primaire de mon enfance, si l’on tenait la mémoire des enseignants, des éditeurs, des libraires, et même des excuses. en haute estime, ce n’était que pour servir ce qui fait une conscience sinon une connaissance. Ainsi, le Limousin d’instrument indispensable à des repérages plus La mémoire n’est pas l’histoire et celle-ci n’est pas La première est celle a pu épater souvent fondamentaux qu’entretenaient des exercices le passé, que l’on ne connaît guère qu’en terme que connaissent tous la France et l’Europ e , aujourd’hui discutés, peut-être trop d’ailleurs. de réévaluations successives, toujours rec o m p o s a b l e s . les pays pauvres, mais pas À s’en tenir à l’histoire, pouvait-on se passer Comprendre les conflits et les échecs est alors aujourd’hui comme jadis : les Limousins, des dates et affronter, sans être armé d’une solide tout aussi fondamental que de se donner la prégnance du biologique qui se sont trop chronologie, l’espace de ce qui est mémorable ? des justifications et des excuses pour fuir et du quotidien sur le culturel nourris de la seule L’histoire et les historiens assuraient sans faiblesse notre temps et ses problèmes. et le mental, qui occulte mémoire partielle qu’il fallait admettre une hiérarchie dans ce qu’on devait l’événementiel, même douloureux ; primum vivere ! et partiale des autres, et quelquefois jusqu’à retenir et comprendre, de la même manière l’autodénigrement. Mais c’est une autre histoire… qu’on reconnaissait à la mémoire sa fonction La seconde est celle de l’isolement, jusqu’au XI X e si è c l e , individuelle et collective de sélection indispensable. souligné par tous les observateurs y compris par Turg o t . Une histoire de la culture régionale qui ne conserve pas Le partage des tâches semblait clair : Isolement du Limousin dans l’espace national. seulement la mémoire, mais se fond, heureusement, à l’une la faculté de représenter le passé Isolement des communautés territoriales dans la modernité, soutenue en cela par les activités comme passé, à l’autre la volonté de le rendre dans l’espace régional. La mémoire se trouve des sociétés savantes et réveillée par l’intérêt nouveau accessible et intelligible. circonscrite à l’espace immédiat, oblitérée porté au Limousin, en particulier grâce aux travaux Si la mémoire est notre meilleur outil contre l’oubli, par l’enfermement. d’Alain Corbin et d’une nouvelle génération celui-ci s’avère indispensable pour entretenir la vie de chercheurs en histoire, géographie, droit, même en sélectionnant ce qui relève de l’important La troisième cause, née largement des deux précédentes, sociologie, ethnologie, mais aussi en sciences et de ce qui l’est moins. On assiste de ce point est la situation de tutelle, tout autant culturelle exactes et médicales… L’HISTOIRE CONTRE LA MÉMOIRE? ou LE DEVOIR D’HISTOIRE PLUTÔT QUE CELUI DE MÉMOIRE Par François Cochet, Professeur d’histoire contemporaine à l’Université de Limoges.

L'historien et la mémoire comme objet de rec h e rc h e . Si l'historien a grandement progressé dans sa au «politiquement correct» et au sentiment C'est dans l'entre-deux-guerres que le sociologue connaissance des processus mémoriels, il n'est pas généralisé de « repentance». À quand la repentance Maurice Halbwachs, lié à l'École des Annales, forcément en phase avec les médias et l'opinion de l’homme de Cro-Magnon à l'égard des Néanderta l i e n s ? commence à élaborer, à partir d'exemples publique sur le front de l'utilisation sociale Le pire a été atteint en novembre 2001 de fonctionnement très concrets, une grille de lecture des problèmes de mémoire. lorsque le tout nouveau secrétaire d'État aux Anciens de la mémoire collective1. combattants, Jacques Floch, a dû faire rapidement Mais, c'est essentiellement avec la perte d'influence L'historien et la mémoire comme pratique sociale. machine arrière après avoir écrit dans un discours, des analyses marxistes et structuralistes de l'histoire, La fonction sociale de l'historien consiste à rendre fo r t heureusement rectifié, que la Guerre de 1914-1918 associée à la mode autobiographique, que les approc h e s « l'intelligence intérieure » d'une période passée, avait été « une guerre abjecte née du cynisme industriel» mémorielles se développent dans les années 80. à la rendre intelligible dans toute la mesure et d'un «patriotisme falsifié». C'était faire bien peu L'historien s'est investi complètement dans le champ où nous pouvons la reconstituer sans trop de cas d'une quinzaine d'années d'études de la Grande de la mémoire parce que cet investissement d'anachronisme. Guerre et notamment des approches du groupe entre en cohérence avec les actuels renouveaux Or, la mémoire au sens où l'entendent les hommes de l'Historial de Péronne, qui ont profondément de l'histoire culturelle et l'approche des rep r é s e n t a t i o n s politiques et les médias qui ont lancé le «concept » renouvelé les lectures du conflit, en particulier des groupes humains, mais aussi parce que l'histoire de «devoir de mémoire», se révèle êtr e en matière de «consentement à la guerre ». du temps présent a été confrontée massivement à des années-lumière des pratiques sociales En Limousin aussi, la mémoire collective peut se révéler au statut du témoignage qui en constitue de l'historien. contraignante pour l'historien, lorsqu'elle s'accroche une composante primordiale. Selon l'expression L'historien sait que toute mémoire trie en perma n e n c e , à des visions quelque peu figées de certains de Jean-Pierre Rioux, «L'étude de la mémoire a aidé que toute mémoire est instrumentalisée, événements, notamment ceux de la Seconde Guerre la discipline historique à faire retour sur elle-même »2. consciemment ou non, par un groupe donné, mondiale. La mémoire intéresse donc l'historien par le biais fut-il aussi large qu'une entité nationale. En même temps, si l'expression de «devoir de mémoire» des représentations et autres reconstructions La mémoire collective procède toujours par relecture est fort mauvaise et parfaitement culpabilisante, dont elle est porteuse. des événements passés à la lumière des convictions la notion de «travail de mémoire », proposée Les acquis scientifiques ont été nombreux sociales actuelles. Anachronismes et a posteriori par Paul Ricœur 8, est tout à fait légitime. en une quinzaine d'années. Il est impossible sont forcément au rendez-vous et sont antithétiques Il faut donc comprendre que l'irréconciliabilité de recenser tous les travaux historiques s'appuyant des pratiques professionnelles de l'historien. entre histoire et mémoire n'est pas définitive. sur des analyses mémorielles. Citons simplement Alors que ce dernier essaie en permanence Elle ressort fréquemment de l'ignorance quelques repères. Maurice Crubellier de rendre le réel d'une époque révolue, des journalistes. Ne prenant pas le temps de se tenir — un des pionniers de l'Histoire culturelle3 — c'est-à-dire de la désacraliser, la mémoire procède au courant des acquis de l'histoire, ils réemploient nous a montré que la mémoire constitue la part par sacralisation et commémoration. le plus souvent les mêmes images éculées qui sont te m p o r elle de la culture et qu'elle est essentiellement autant de dénis d'histoire. faite de représentations. La mémoire fonctionne Une irréconciliabilité définitive ? mieux dans le cadre d'un groupe humain déterminé, L'irruption du «devoir de mémoire » a abouti À chacun sa spécialité, donc. À chacun son champ de nombreux auteurs l'ont mesurée, d'Antoine Prost, à de tels excès que même les médias commencent de références, à la condition que l'historien soit invité pour la mémoire des anciens combattants à s'en départir. De Lionel Jospin, affirmant systématiquement — ès qualité — à dire l'histoire de l'entre-deux-guerres, à Marie-Claire Lavabre4, que les Français avaient tous été dreyfusards et ses complexités. Le seul devoir qui importe d'Annette Wieviorka, pour la Shoah5, — quand ces derniers ont toujours constitué, est celui de connaissance. à mes modestes travaux 6. à leur honneur, une petite minorité —, puis relisant les mutineries de 1917 en 1998, 1 Les Cadres sociaux de la mémoire, Paris, 1925, dans son «Discours de Craonne» à la lumière et La mémoire collective, de Maurice Halbwachs, Paris, 1950 des convictions pacifistes d'aujourd'hui (après la mort de Maurice Halbwachs à Buchenwald). (je conseille à tous la lecture extrêmement stimulante 2 Pour une histoire culturelle , dirigé par Jean-Pierre Rioux du remarquable ouvrage de Nicolas Offenstadt, et Jean-François Sirinelli, Éditions du Seuil, Paris, 1997, Les Fusillés de la Grande Guerre et la mémoire p.334. collective (1914-1999)7, une grande leçon 3 La Mémoire des Français: Recherches d'Histoire culturelle, de méthodologie historique rigoureuse), du débat de Maurice Crubellier, Éditions SPM, Paris, 1991. soi-disant occulté sur la tortu r e en Algérie au prob l è m e 4 Le Fil rouge: Sociologie de la mémoire communiste, des Harkis, en qui on ne veut voir aujourd'hui de Marie-Claire Lavabre, Presses de la Fondation nationale que des victimes, les errements du «devoir de mémoire» des sciences politiques, Paris, 1994. sont nombreux, surtout quand ils sont associés 5 L'Ère du témoin, d’Annette Wieviorka, Plon, Paris, 1998. 6 Soldats sans armes: La Captivité de guerre, une approche 7 Les Fusillés de la Grande Guerre et la mémoire collective culturelle, de François Cochet, Éditions Bruylant /LGDJ, (1914-1999), de Nicolas Offenstadt, Éditions Odile-Jacob, 8 La Mémoire, l'histoire et l'oubli, de Paul Ricœur, Bruxelles /Paris, 1999. Paris, 1999. Éditions du Seuil, Paris, 2000. «La mémoire se transmet, c’est l’histoire qui s’enseigne.» Entretien avec Pascal Plas, Correspondant départemental de l’Institut du temps présent-CNRS.

Machine à feuilles : Y a-t-il une spécificité de l’histoire pour la préparation du Concours de la Résistance de heurts entre la mémoire et l’histoire. Les derniers à la transmission de la mémoire. La question de la mémoire et de la mémoire en Limousin ? ou pour l’organisation de voyages pédagogiques colloques sur «Le sauvetage des enfants juifs en Creu s e » co n c e r ne bien évidemment l’enseignement de l’histoire et du souvenir sur les lieux mêmes de la déportation. et sur « Le Limousin, terre de refuge et de persécution» mais il est nécessaire de bien distinguer les deux notions Pascal Plas: Il existe des relations complexes Il en est de même pour la recherche dans le cadre (tenus l’un à Guéret, l’autre à Eymoutiers à la veille pour les unir. Poser comme postulat que la mémoire entre l’histoire et la mémoire quel que soit l’espace de l’histoire du temps présent qui associe très large m e n t de la date anniversaire de la terrible journée de la rafle s’enseigne peut conduire à quelques dérives. La mémoire dans lequel on se trouve. Mais il importe, avant la documentation écrite et le témoignage. qui se déroula dans cette ville le 7 avril 1944), en fait se transmet et c’est l’histoire qui s’enseigne ; de répondre plus directement à cette question, qui auraient été considérés comme difficiles à faire on en revient, vous le voyez, à la question du sens de rappeler quelques généralités. Les liens entre l’histoire MAF : Comment cette histoire du temps présent il y a quelques années, ont été des succès. Ils associaient des mots et des confusions qui existent aujourd’hui et la mémoire sont présentés depuis une décennie se construit-elle dans la région ? en outre très étroitement la mémoire et l’histoire dans leur emploi faute des approches explicatives maintenant comme étant essentiellement conflictuels. puisque dans le premier cas les enfants qui étaient préalables nécessaires. Il en est ainsi de l’expression L’histoire et la mémoire seraient en quelque sorte Pascal Plas: Les historiens font appel aux sources passés par la maison de l’OSE1 de Chabannes, devenus «devoir de mémoire» qui est prononcé dans de multiples à contre-pied l’une de l’autre et on établit d’archives traditionnelles, archives des fonds publics aujourd’hui des retraités, avaient fait le voyage circonstances aujourd’hui au sens généralement une conceptualisation entre l’explication historique et des fonds privés, mais aussi à ce que l’on appelle depuis les États-Unis, et dans le second les familles de «nécessité du souvenir», alors que dans sa conception qui s’appuie sur une démarche scientifique contraignante la «mé m o i r e source », c’est-à-dire un ensemble de source s touchées par la rafle et leurs descendants avaient tenu initiale, dans les travaux admirables de Primo Levi, et la mémoire, mot qui désigne à la fois une faculté orales. Il y a déjà plusieurs années que l’on a défini à être présents, venant aussi quelquefois de fort loin. par exemple, il était fait référence au devoir mentale (se souvenir) et son résultat: «Ne pas oublier des méthodologies d’utilisation de ces sources et explicité Il peut exister des chantiers difficiles lorsque l’histoire de témoigner au nom de la plus urgente morale. ce qui s’est passé». Cette mise en opposition va les pièges dans lesquels l’historien ne doit pas tomber. fait de la mémoire un objet d’étude. Si l’histoire La question de l’oubli n’est d’ailleurs pas évacuée, jusqu’à l’évocation d’un désir d’émancipation de l’histoire Le débat sur ces questions, même s’il est récurrent, des lieux de mémoire ne pose guère de problèmes comme on le dit trop souvent dans le cadre scolaire. qui serait devenue particulièrement méfiante vis-à-vis est aujourd’hui en partie dépassé; on ne peut depuis la somme publiée par Pierre Nora, il existe En classe, il existe de nombreuses approches de la mémoire; à l’inverse, les défenseurs de cette derni è r e que regretter que se fassent encore des interviews des travaux d’histoire sur les processus mémoriels de la question de la transmission de la mémoire devraient se défendre contre le poids de l’histoire. ou des enregistrements sans méthode. Les sources des sociétés ou des groupes à travers les cérémonies collective au cours desquelles les élèves peuvent Si toutes ces approches peuvent être globalement orales sont traitées par l’historien comme une des source s commémoratives, les films, les médias, les procès, mettre en valeur les silences de la mémoire opérationnelles, en réalité le véritable problème vient qui lui sont nécessaires et qu’il va croiser avec d’autres les publications des associations — tout ce qui constitue et de l’histoire et s’interroger sur la sélectivité d’un manque de définition des concepts que rec o u v re n t so u r ces d’information. Ce dernier point est fondamental, en fait les manifestations de la mémoire —, qui peuvent de la première et sur la construction de la seconde, les deux termes de mémoire et d’histoire, d’autant la qualité du travail historique est liée à l’analyse donner lieu à de vifs débats. Ce type de recherches, sur le fait que l’une et l’autre ne donnent pas qu’ils comportent un certain nombre d’ambivalences. rigoureuse de toutes les données sans exclusive. qui font d’ailleurs appel à de nombreuses branches toujours la parole aux silencieux et aux minoritaires. Le mot mémoire en particulier est utilisé dans de multiples Dès lors que cette démarche est acceptée, la collaboration des sciences humaines, histoire, sociologie, philosophie, Par cette démarche, l’historien confronte circonstances, de plus en plus diverses. peut être extrêmement fructueuse; les deux derniers peut susciter des passions car elles se heurtent les constructions de mémoire et, à terme, Mais lorsque l’historien travaille sur le terrain — la région colloques qui se sont tenus en Limousin sur la Résistance à des processus complexes d’identité. les élèves doivent bien distinguer ce qui relève Limousin, pour ce qui nous concerne —, il s’aperçoit («Genèse de la Résistance en R5» et «La Résistance de la mémoire et de l’histoire. En matière de rec h e rc h e , que ces conflits, sans être inexistants, n’en sont pas en R5, mouvements et réseaux, les années 1941- 1943») MAF : Transmettre la mémoire n’est-ce pas aussi on confond souvent l’oubli et l’absence de rec h e rc h e s moins atténués, voire même ignorés. Il en est de même ont été organisés par des historiens en partenariat et avant tout choisir entre mémoire et oubli ? dans tel ou tel domaine, ce dernier phénomène si l’on considère les structures muséales qui, avec le centre Edmond-Michelet et les Amis du Musée pouvant être lié à une multitude de facteurs de par leur nom ou les conditions de leur création de la Résistance de Limoges en présence de nombreu x Pascal Plas: Il n’est pas inutile de rappeler tels que la non-existence de sources pertinentes sont plutôt vouées à relever de la mémoire, n’en font pas témoins et d’«historiants», c’est-à-dire de témoins que «le silence n’est pas nécessairement l’oubli», ou la plus ou moins grande accessibilité des source s . moins de l’histoire sans renier leur vocation prem i è re . qui acceptent eux-mêmes de se livrer à une démarch e pour reprendre les propos de Paul Ricœur. Il existe La rec h e r che obéit en outre à des temps et à des ryt h m e s Le Centre de la mémoire d’Oradour-s u r -Glane, par exemple, historique. Tous deux ont permis de réelles avancées des mémoires meurtries et des temps peu propices qui ne sont pas ceux des médias et on ne doit pas n’est pas seulement, comme son nom semble l’indiquer, de recherches dont les lecteurs auront sous peu à la recevabilité d’un témoignage; des travaux récents confondre absence de travaux et travaux en cours. une struc t u r e vouée à la mémoire mais un établissement connaissance puisque les actes sont en voie de publication. ont bien montré par exemple comment l’opinion publique L’établissement de CD-ROM sur la Résistance d’interprétation qui comprend un parcours d’histoire n’était pas prête à recevoir le message que délivraient dans les trois départements du Limousin est un travail et dans lequel les élèves qui le visitent prennent une leçon MA F : Existe-t-il des sujets tabous ou difficiles à aborde r les rescapés des camps dans l’immédiat après-guerre, considérable qui a déjà permis la réunion de milliers d’ h i s t o i r e; ce qui n’empêche en rien la présence de témoins concernant l’histoire régionale ? ce qui conduisit certains d’entre eux à ne plus parler. de documents, mais c’est aussi une entreprise qui a peu qui interviennent auprès des mêmes élèves, les deux Cependant, l’historien n’est pas à proprement parler de lisibilité médiatique. Il faudrait évoquer en outre dé m a r ches se déroulant en parfaite harmonie. À Brive, Pascal Plas: Il n’y a pas de sujets tabous en histoire un «transmetteur de mémoire », il existe pour cela la question de la publication de travaux scientifiques, le Centre Edmond-Michelet, qui perpétue la mémoire et la richesse de la production historique en France des groupes ou des associations œuvrant dans ce sens. des actes de colloques, souvent différée et, une fois d’un grand résistant et d’un homme politique, est aussi et à l’étranger au cours de ces derni è r es années le montre L’historien, comme son nom l’indique, et le prof e s s e u r ef fectuée ici ou là, souvent difficile d’accès, ce qui peut un établissement dans lequel les scolaires peuvent étudier bien. Il existe par contre des sujets plus difficiles d’histoire dans sa classe, «font de l’histoire », ce qui donner l’impression dans une région donnée la Résistance et approfondir des pratiques d’enseignement à aborder que d’autres, mais il n’y a pas de spécificité n’empêche pas, comme nous l’avons déjà évoqué, que des thèmes sont voués à l’oubli alors même sur tel ou tel thème se rapportant à la Seconde Guerre du Limousin en ce domaine. Comme d’autres régions d’ i n c l u r e le ou les témoignages, donc des pans importa n t s qu’il existe une réelle dynamique de leur approche. mondiale. Il y a d’ailleurs longtemps qu’en Limousin, en France, il n’est pas toujours facile de parler de la mémoire. C’est donc en faisant un «travail d’histoire» professeurs d’histoire et «porteurs de mémoire» de certains aspects de la Seconde Guerre mondiale, — examen des faits, confrontation des sources, Une des fonctions de l’historien et de l’enseignement — les témoins d’un événement — travaillent ensemble; ou, pour aller dans le sens de l’actualité, de faits récents compréhension et explication — qu’ils contribuent de l’histoire, c’est de mettre de l’ordre. Pour tous il suffit d’évoquer ici la collaboration étroite entre élèves, comme les événements liés à la Guerre d’Algérie. les concepts que nous venons d’évoquer, faut-il dire enseignants et anciens déportés et résistants Toutefois, les difficultés ne viennent pas spécifiquement 1 Œuvre de secours aux enfants. de remettre de l’ordre? LES ARCHIVES ET LE TRAITEMENT INSTITUTIONNEL DE LA MÉMOIRE Par Stéphane Capot, Conservateur aux Archives municipales de Limoges.

Pour faire revivre le passé, le témoin peut s’appuyer de leur action permet au public actuel de prendre sur le fonctionnement des hôpitaux au Moyen Âge sur son vécu et sa mémoire personnelle; l’historien, connaissance et de s’approprier un passé local alors que leur patrimoine foncier est en revanche lui, n’est pas habituellement un témoin des faits et régional, fait d’institutions, de personnages, bien documenté. Puis un certain nombre qu’il évoque et il resterait muet s’il n’avait pas de monuments, de comportements publics ou privés, de documents n’a pas supporté matériellement à sa disposition des matériaux qui lui permettent de paysages et de mots subsistants ou disparus. l’épreuve du temps, les conditions de conservation de faire son travail d’évocation et de recherche Les archives jouent donc un rôle dans la lutte dans les bureaux ou les caves (humidité, chaleur, de la vérité. Ces matériaux lui sont quelquefois fourni s contre l’oubli des faits quotidiens ou exceptionnels insectes, manipulations agressives…) étant la cause directement par des acteurs de la période vécus par les générations précédentes sur le sol de la perte de bien des fonds. Enfin il est aujourd’hui dont il parle, mais cela ne vaut que pour les années limousin, contribuant à façonner des racines admis qu’il n’est ni possible ni souhaitable de garder les plus récentes. Le plus souvent, l’historien et des identités. Mais dans l’action des archivistes, tous les documents produits par une administration, doit s’abreuver à une autre source: les archives, il y a plus encore: il s’agit véritablement en raison des quantités colossales que cela conservées dans des lieux publics prévus à cet effet. d’une constante médiation entre une société représenterait, et qu’il faut opérer une sélection et son passé. En effet, un entassement de documents à long terme sur des critères historiques : En Limousin, le réseau des archives publiques non classés, non documentés, ne livrera jamais en particulier, la collecte des archives se compose de trois centres d’archives aucune signification pour celui qui le consulte. des années 1980 et 1990 ne peut être menée départementales (Corrèze, Creuse, Haute-Vienne) Pourquoi? Parce qu’un document isolé est que sous forme de sélection, alors que cette période ainsi que de plusieurs centres d’archives comme un matériau froid, inerte, et qu’il n’acquiert ne sera vraiment étudiée qu’à partir de 2020 ou 2030. communales dans les principales villes, sa pleine valeur que lorsqu’il trouve place Est-on sûr par avance d’avoir fait les bons choix? dont Limoges et Brive-la-Gaillarde. Ces centres dans un ensemble documentaire cohérent, On voit bien là les enjeux posés par la récupération ont tout d’abord pour mission de conserver balisé par une mise en perspective du contexte des documents par les centres d’archives : ce qui subsiste des papiers produits ou reçus qui l’a vu naître. D’où la nécessité d’un long les choix des administrations et même ceux par les autorités publiques de la région (autorités et minutieux travail préparatoire de création des professionnels des archives vont influer civiles ou ecclésiastiques de l’Ancien régime, préfets, d’ i n s t r uments de rec h e r che, qui sont en quelque sorte sur la mémoire que les générations futures auront communes, services de l’État présents en région, la grande clef pour accéder à la compréhension de la fin du XXe siècle. établissements publics, etc.) du Moyen Âge des fonds documentaires. L’archiviste occupe jusqu’aux années les plus récentes, dans le but également une position privilégiée pour fournir Il serait également périlleux de prendre pour parole de les sauvegarder et de les mettre à la disposition d’autres clefs d’accès à la compréhension du passé, d’évangile tout ce qu’affirment les documents écrits de toute personne qui en fait la demande. tant pour la méthode de rec h e r che que pour des points ou photographiques. Leur caractère officiel Cette mise à disposition permet au citoyen d’exercer techniques comme le déchiffrage des écritures ne les rend pas forcément exempts d’une certaine légitimement son droit à l’information; plus encore, anciennes. liberté avec la réalité des faits. Il n’est donc pas elle permet au public — et donc à l’historien — su f fisant de trouver des source s : encore faut-il savoir de retrouver la mémoire de quantité de faits, récents Le réservoir documentaire des centres d’archives les critiquer, en établissant les nécessaires ou plus lointains, grâce à des fonds documentaires n’est pourtant pas inépuisable: chacun n’y trouve pas recoupements entre elles. On oppose trop facilement écrits, iconographiques ou audiovisuels toujours ce qu’il veut, et il y aurait quelque danger le témoignage oral, qui joue sur la mémoire, très diversifiés dans leur contenu, leur forme à considérer que les documents fournissent et le document écrit ou iconographique, qui dirait et leur origine. Registres de délibérations, d’état civil, une somme de faits bruts incontestables seul la vérité et servirait de preuve infalsifiable. archives notariales, tableaux statistiques, rapports qu’il suffirait de combiner entre eux pour obtenir Les inexactitudes, volontaires ou non, n’épargnent pas officiels côtoient ici les plans, photographies, en toute objectivité et avec tous les détails les sources d’archives et elles obligent l’historien affiches et titres de la presse régionale, permettant souhaitables une connaissance irréfutable du passé. à prendre un recul salutaire. Parfois, la certitude la reconstitution d’une trame chronologique, En effet, il faut d’abord considérer que les documents laisse place à une simple prob a b i l i t é ; parfois le doute de l’aspect d’une ville, de caractéristiques conservés dans les centres d’archives constituent ne permet pas de trancher. En définitive, le document économiques, sociales ou culturelles d’une époque. un maigre échantillon de l’ensemble des documents d’archives se comporte comme la mémoire: En se faisant ainsi réservoir de sources historiques, produits dans le passé. D’abord parce qu’il s’agit son absence laisse un trou dans l’histoire, les centres d’archives sont à la base de l’écriture principalement de documents publics, qui ne donnent sa présence ne lui confère souvent qu’une valeur de l’histoire. Peut-on également dire qu’elle participe à voir la vie d’une personne, d’un groupe, de témoignage, non de preuve définitive. au «travail de mémoire » collectif ? que dans la mesure restrictive où ceux-ci ont eu affa i r e aux institutions publiques (ce défaut étant compensé Outre leur rôle de «pourvoyeur de documents», en partie par la collecte d’archives familiales, les centres d’archives prennent également l’initiative personnelles, associatives ou d’entreprises). dans le domaine de leur diffusion, grâce Ensuite, les documents qui subsistent ont été à une politique de publications, d’expositions conservés par l’entité qui les a produits et d’activités éducatives, voire de leur création, pour leur utilité juridique avant tout, ce qui explique par la collecte volontariste de témoignages oraux qu’on ait détruit très tôt les papiers jugés alors sur l’histoire du XXe siècle. La partie la plus visible « inutiles» et qu’on soit par exemple mal renseignés M É M O I R E «Pour un éclairage re n o u v e l é E T PAT R I M O I N E sur l’identité régionale…» Par Thierry Zimmer, Par Jacques Migozzi, Conservateur du patrimoine, Conservateur régional des monuments historiques à la DRAC du Limousin. Doyen de la Faculté des lettres et sciences humaines de Limoges.

La notion de patrimoine n’a cessé d’évoluer au cours ou une autre, le rattache à leurs souvenirs, le conserve L’oubli vient plus ou moins vite, il est le fait Dans le cadre du quatrième Contrat de plan État-Région des vingt dernières années, incluant par exemple dans leur mémoire… C’est d’ailleurs ce phénomène d’un refoulement inconscient (le célèbre «Alésia, (2000-2006), une équipe interdisciplinaire de la Faculté dans son champ d’action les réalisations les plus récentes implicite qui a amené, dans les lois régissant connaît pas ! » de l’album d’Astérix Le Bouclier arverne) des lettres et sciences humaines de Limoges, fédérant du XXe siècle et devenant un enjeu économique majeur, les Monuments historiques, à distinguer une protection ou parfaitement conscient et maîtrisé. Car la mémoire en particulier plusieurs centres de rec h e r che du domaine générateur d’emplois et d’une curiosité de plus en plus au titre de l’inscription sur la liste supplémentaire reste liée au temps et à la mort; le patrimoine aussi. littéraire mais aussi le GRESOC (Groupe de recherches grande. Cet intérêt se réfère certes à l’histoire, qu’elle soit des Monuments historiques qualifiée «d’intérêt local » Il y a quelques années, un colloque de la Direction en sociologie), s’est donné pour objectif d’étudier grande ou petite, aux techniques mises en œuvre et le classement (d’intérêt national). Mais, comme dans du patrimoine s’interrogeait sur le thème: «Faut-il res t a u re r le «patrimoine immatériel» du Limousin. Il s’agirait entre pour la construction des bâtiments, facteurs prof o n d é m e n t l’esprit humain, les souvenirs s’entrechoquent et se mêlent, les ruines ? » Vaste programme lié à l’usage comme au t r es d’opérer une « ca rt o g r a p h i e » de la mémoire collective liés à la mémoire comme à une de ses composantes : cette mémoire peut alors s’apparenter à l’histoire… à la mémoire qui s’opposent ici complètement… Le lieu régionale et du système de représentations identitaires la nostalgie qu’elle peut procurer. Mémoire collective d’un peuple ou d’une nation, a valeur de symbole… Mais les symboles disparaissent qui la structurent. L’analyse se voudra particulièrement Il est donc peu contestable que ces deux termes voire d’un groupe de nations (Oradour-sur-Glane en est ou n’ont plus guère de sens mémoriel (qui va aujourd’ h u i attentive à l’entrecroisement des regards «endogènes » soient indissolublement liés, mais l’usage actuel, un bon exemple, comme les cimetières militaires se recueillir sur le champ de bataille de Crécy, et «exogènes » : à l’autoreprésentation des Limousins, issu d’une sémantique politique culturelle, a restreint dans le nord de la France). l’une des plus grandes défaites de l’armée française qui sera interrogée dans ses récurrences et ses variantes, leur champ d’application à celui des «lieux de mémoire» Mémoire des lieux, mémoire des faits, mémoire et l’une des plus meurtrières, proportionnellement seront confrontés les images construites par le discours collectifs, symboles forts d’événements marquants des hommes également puisque, toujours selon aux moyens alors mis en œuvre ?). Plus l’objet « extérieur», tant au sein de l’espace national français de notre histoire dont le site d’Oradour-sur-Glane est, le Larousse, il s’agit aussi du «souvenir qu’on a de la mémoire est récent, plus sa vie est intense, qu’au plan européen, et ce aussi bien dans les textes en Limousin, l’exemple le plus douloureusement d’une personne disparue, d’un événement passé, ou alors…! Ou alors on fait resurgir la mémoire littéraires que dans les guides de voyage, la presse, marquant. Nous ne nous attacherons pas à ce dernier ce qui, de cette personne, de cet événement restera et elle devient de plein droit patrimoine. Cette résurge n c e le cinéma ou les manuels scolaires. Cette saisie, critique point, préférant évoquer quelques pistes de réflexion dans l’esprit des hommes ». Ainsi, la maison de Balzac, n’est pas innocente car elle a des visées économiques et distanciée, des ethnotypes associés au Limousin pourra i t que la dimension de cet article ne nous permettra pas celle de Victor Hugo ou de Zola (ou, en Limousin, assises sur la soif de connaître, la soif de se rattacher pe rm e t t r e d’apporter un éclairage renouvelé sur l’identité de développer outre mesure. celles du savant d’Arsonval ou de Martin Nadaud) au passé, de retrouver des mémoires perdues régionale, dans son historicité et son devenir. L’acception de ces deux mots, mémoire et patrimoine, font-elles partie de ce patrimoine — mémoire collective et de leur redonner une vie qui ne saurait qu’être Il va de soi qu’un sort privilégié sera réservé aux textes couvre une réalité beaucoup plus large que celle dans un élan «panthéoniste» dont on se demande provisoire au sein d’un phénomène ne pouvant li t t é r a i r es contemporains signés par des écrivains limousins précédemment évoquée. Si l’on s’en tient à la définition parfois s’il n’est pas systématiquement «panthéiste »: qu’être cyclique et sélectif. qui élisent leur pays et leurs paysages en «te r res de mémoire» du Grand Larousse, la mémoire est une «Fonction la reconnaissance de l’importance de l’homme se fait Le patrimoine, et la mémoire qu’il est, connaissent et, ce faisant, contribuent à construire une «identité générale grâce à laquelle l’homme emmagasine, conserve par celle du lieu où il a vécu (maisons d’artistes) alors une exploitation de plus en plus importante narrative» (Ricœur) de leur région, rêvée et représentée puis, ultérieurement, réactualise ou utilise des informa t i o n s ou encore de celui dans lequel il a accompli l’acte majeur et impliquent un entretien régulier qui seul permet comme une matrice originelle. Par exigence de lucidité qu’il a rencontrées au cours de son existence »; de sa carrière. Mais alors se pose la grande question : la préservation. L’action des acteurs du patrimoine, et d’exhaustivité, l’étude ne se cantonnera pas aux rom a n s , la conservation est donc l’acte fondateur du cycle tout n’est il pas mémoire, et donc patrimoine?… publics comme privés, s’exerce donc selon un proc e s s u s essais ou poésie relevant de la littérature consacrée mémoriel comme elle est le point de départ indispensable Certes, mais le propre de la mémoire est de devoir calqué sur l’analyse psychologique du phénomène (on pourra penser plus parti c u l i è r ement à l’œuvre majeure de la restitution raisonnée d’un patrimoine quel qu’il soit. sélectionner sous peine d’atteindre ses prop r es limites, mémoriel: de Georges-Emmanuel Clancier, saluée de tous bords, mais La mémoire est également intimement liée, d’exploser ou de saturer… Aussi la sélection •Mémorisation ou fixation de l’information: études, aussi à la trilogie du haut-plateau corrézien de Richard Millet, dans cette définition, à la notion d’individu: elle peut est-elle nécessaire, l’évolution indispensable… recherches, reconnaissance du patrimoine significatif à la prose classique et analytique de Pierre Bergounioux donc, dans un premier temps, avoir et reconnu par une mémoire collective plus ou moins ou encore aux Vies minuscules de Pierre Michon…), mais pour objet un bâtiment, église ou demeure importante. prendra aussi en considération, outre les textes rédigés privée par exemple, qui évoque • Stockage de l’information: archivage des données, et publiés en occitan, les fictions de large consommation des souvenirs particuliers protection du patrimoine sélectionné, entretien. qui ont su fidéliser, en région et hors région, de très nombreu x à une ou plusieurs personnes: maison •Restitution de l’information: restituer à ceux à qui lecteurs par l’évocation romancée, et souvent nostalgique, d’enfance, lieu de mariage, de fêtes ap p a r tient la mémoire ou qui désirent l’ajouter à la leur. d’un antan rural (qu’il suffise d’évoquer les noms ou de deuil d’une famille, par exemple. Cette restitution a des impacts divers : tourisme culturel , de Claude Michelet, Jean-Guy Soumy, Christian Signol…). L’attachement à ces lieux ou à ces édifices recherche scientifique, etc. Dans l’attente d’un colloque plus ambitieux sur «Li t t é r a t u r e est donc, dans ce cas, particulier Cette logique est aujourd’hui aussi celle de l’outil et Limousin» à l’horizon 2004, une journée d’étude et «égocentrique». Néanmoins, la réunion informatique qui possède sa mémoire propre, sur «Mémoire souterraine» devrait brasser tous de plusieurs de ces mémoires conduit qui n’est bien sûr, en fait, que celle des hommes ces questionnements dès 2003. Pour sa part, et dans à une reconnaissance collective. qui l’alimentent. Les nombreuses bases de données son domaine de compétence scientifique, le Centre Ainsi, l’église du village où tous ont pu patrimoniales existant aujourd’hui donnent un nouveau de rec h e r ches sur les littératures populaires et les cultures co n n a î t r e les mêmes événements importa n t s , sens à ce terme. Tout est mémoire et tout est patrimoine; médiatiques, que je dirige, s’est engagé dans une enquête devient-elle pour les habitants un lieu cette affirmation incite à une vigilance accrue mu l t i f o r me sur les productions de l’École de Brive, leur impact de mémoire partagé tel que sous-entendu dans les choix qui doivent être faits pour permettre médiatique et leur(s) lectorat(s). À terme, il s’agirait de mieux par la cinquième définition du terme dans le Grand L’oubli, indissociable de la mémoire selon Freud, est que ces notions soient toujours vives car elles sont ce r ner les res s o r ts de la séduction de ces fictions du terroi r Larousse : «Ensemble des faits passés qui reste alors salutaire et nécessaire. Mais lui aussi doit être issues des hommes qui les cultivent. dans la France des années 80 et 90 auprès de certains dans le souvenir des hommes, d’un groupe». sélectif. Sous prétexte de mémoire, tout ne peut être Leur préservation doit aussi laisser le présent créer publics, dont elles accompagnent, expriment, nourri s s e n t L’échelle d’appréciation de ce patrimoine devient alors conservé, sauf ce qui est fondamental, tout ne peut et imaginer ce qui deviendra la mémoire et le patrimoine et structurent la rêverie de réenracinement et l’intérêt soumise au nombre d’individus qui, sous une forme être stocké, sous peine de ne plus être utilisé… de demain. pour une mémoire menacée de disparition. DES SOCIÉTÉS SAVA N T E S «Les gens s’attachent à des souvenirs, en Limousin cela leur évite d’avoir de la mémoire.» Entretien avec Jan dau Melhau, Par Stéphane Capot. Occitaniste, chanteur, conteur, musicien, éditeur, écrivain… et homme engagé.

La région Limousin compte actuellement Corrèze Machine à feuilles : Il me semble qu’on a assisté un public, sinon occitanophone, du moins qui compren a i t plusieurs sociétés savantes, dont certaines en Limousin à un glissement, un renversement l’occitan. ont été créées avant 1850. Leur objet consiste Société des lettres, sciences et arts de la Corrèze. de la façon dont les gens perçoivent l’histoire, Pour revenir au problème de la mémoire, je diffé re n c i e avant tout à publier régulièrement une revue Publication : Bulletin de la Société des lettres, sciences la mémoire et la langue régionales. Je veux dire par là la mémoire des souvenirs: les gens s’attachent sur l’histoire, l’archéologie, la culture et le patrimoine et arts de la Corrèze (depuis 1878). qu’il m’apparaît que dans les années 50-60, à des souvenirs, cela leur évite d’avoir de la mémoire. régionaux. Ces revues, dynamiques dans la mesure il y avait comme une honte, un reniement de la mémoire Ils ont des souvenirs, de l’anecdote. Ils aiment où elles constituent des lieux de rencontres Société historique et régionaliste du Bas-Limousin. et encore plus de la langue, alors que depuis les anecdotes, c’est pourquoi ils aiment les ouvrages en t r e la rec h e r che universitaire (étudiants, prof e s s e u r s ) Publication : Lemouzi (depuis 1961). les années 80, la situation s’est inversée historiques du style «paysannerie fin de siècle». et les chercheurs amateurs, sont à même avec la décentralisation et l’apparition des régions. C’est pareil quand on va au Musée Baubérot 1 : on veut de collecter des données, refléter les derniers états Société scientifique, historique et archéologique On a aujourd’hui une fierté, une mise en valeur reconnaître ce que l’on sait déjà, on ne veut pas de la recherche historique tout en la diffusant de la Corrèze. de la région et de ce qui la fonde: les racines, être surpris par sa mémoire. On veut être rassuré, auprès d’un public assez vaste, ces revues étant Pu b l i c a t i o n s : Bulletin de la Société scientifique, historique le passé, la langue. Qu’en pensez-vous? on sait les choses qu’a dites la grand-mère très largement représentées dans les bibliothèques et archéologique de la Corrèze, puis Revue des lettres, ou que l’on sait soi-même si on est un peu âgé, et centres d’archives publics de la région. sciences et arts de la Corrèze (depuis 1878). Jan dau Melhau: Je ne sais pas s’il y a eu ce qui est souvent le cas du public de ce genre un renversement. Ce qui est sûr c’est qu’on est obligé de musée. On va voir là-bas les images des femmes Si la dénomination de «société savante » Creuse de rej o i n d r e le problème de la langue qui est le vecteur en noir et des hommes au crâne rasé à cause nous renvoie au XIXe siècle, il ne faut pas oublier essentiel de la culture. Mais le problème est plus des poux de l’école de la Troisième République, que certaines associations publiant des revues Société des sciences naturelles et archéologiques général que cela. Personnellement, je vivais mais les gens ne sont pas prêts à entendre qu’en 1830 à caractère historique ou patrimonial sont de création de la Creuse (la plus ancienne des sociétés savantes dans un milieu rural, même si j’ai vécu aussi à Limoges ou 1850 les hommes en Limousin avaient les cheveux beaucoup plus récente, apparues au fur et à mesure de la région encore en activité). et à Toulouse pour les études: je n’ai pas le souvenir très longs, descendant jusqu’à la ceinture, que s’imposait en France l’intérêt pour la politique Publications: Mémoires de la Société des sciences de cette honte dont vous parlez lorsque je pense comme en témoignent tous les voyageurs. de protection et de valorisation du patrimoine naturelles et archéologiques de la Creuse (depuis 1838) à ma grand-mère ou à ma grand-tante, qui sont Pas plus que si on leur dit que les Limousins étaient monumental et mobilier. Nous n’avons pas et Études creusoises (depuis 1981). «mes deux vieilles» et à qui je dois d’être habillés de couleurs vives qui variaient selon les endroits la prétention de donner ici une liste exhaustive dans une mémoire, justement. Leur langue de la région. Ils ressemblaient plus à des paysans de toutes les sociétés en activité mais seulement Haute-Vienne était une évidence et ce qu’il y avait autour, de Bruegel qu’à des photos «fin de siècle». une sélection significative de celles dont le travail c’était leur culture. Si on dépasse cette anecdote qui est tellement figée est le plus important à l’échelle régionale, Renaissance du vieux Limoges. Je ne fais pas de différence entre la langue, le conte, dans une époque, les gens sont perdus. Ils veulent sachant qu’il existe également des cercles Publication : Bulletin de liaison de Renaissance les pratiques magiques, l’architecture, les gestes voir 1880, ils veulent voir ce qu’ils connaissent généalogiques départementaux ou régionaux du vieux Limoges (depuis 1975). du travail agricole, tout ce qui est lié à l’élevage: ou ce dont ils ont pu entendre parler. et des associations spécialisées dans la mise pour moi cela forme un tout. Il est probable Ce que je retiens de la mémoire culturelle en valeur d’un territoire (commune, canton) Société archéologique et historique du Limousin qu’il y ait aujourd’hui la prise de conscience qui est en moi, ce qui m’importe, c’est ce qui dépasse ou d’une période (la Résistance, par exemple). (fondée en 1845). que l’on est en train de perdre les choses, le temps. La mémoire, c’est ce qui me renvoie Publication : Bulletin de la Société archéologique mais cette prise de conscience, elle se fait justement aux mythes des origines, c’est une chose profonde et historique du Limousin (depuis 1846, annuel). parce que c’est peut-être trop tard. On n’a plus honte qui me fait retrouver ma part végétale et ma part de la langue dès l’instant où on ne la parle plus. minérale, c’est une vision cosmique et cosmogonique Société des antiquités historiques du Limousin. De même que les gens nous disent: «ah! oui, des choses, plutôt que d’être attaché à 1880, 1930 Pu b l i c a t i o n : Travaux d’archéologie limousine (depuis 1979). c’est très bien l’occitan, mais seulement ne le parlez pas ou 1948 — puisque je suis né cette année-là. parce qu’on ne vous comprendrait pas». Je me fiche de tout cela, je ne tiens pas à la gare Société d’ethnographie du Limousin et de la Marche. Le cœur du problème est dans cette ambiguïté des Bénédictins2 ! Publication : Ethnologia (depuis 1969). qui fait que l’on parle de plus en plus de la langue ; Bien sûr, j’ai aussi, comme tout le monde, des souvenirs la Région nous aide, mais cela s’accompagne que je cultive parce que j’ai une nostalgie de l’enfance, Société numismatique du Limousin. d’une désoccitanisation terrible de la population. mais ce n’est pas cela qui importe. Ce que les gens Publication : Bulletin de la Société numismatique Dans les années 75-80, je ne faisais pas appellent mémoire, ce ne sont que des souvenirs, du Limousin (depuis 1994). du tout de veillée en français avec mon collègue les leurs ou ceux qu’on leur a rapportés. Je trouve Serge Marot, mais seulement en occitan cela assez grave car il faut une mémoire profonde dans les chansons comme dans les contes; des choses pour y être vraiment attaché et rejoindre maintenant, c’est pratiquement impensable, ainsi toutes les mémoires du monde: c’est si je suis je suis toujours obligé de passer d’une langue à l’autre pleinement dans ma culture, mais en dépassant avec un savant dosage adapté au public. les époques — 1880 certes, 1180 même —, Il y a quelques semaines, j’ai fait une soirée conte que je pourrai parler à un habitant des Andes à Chamboulive uniquement en occitan ; ou des Indes. c’était proprement incroyable. La dernière fois que cela m’était arrivé, c’était il y a six ans 1 Musée René-Baubérot de Châteauponsac. à Saint-Junien, en ville donc. Il y avait ainsi encore 2 Gare principale de Limoges. PAS DE MÉMOIRE SANS MÉMOIRE DE LA LANGUE Entretien avec Jean-Marc Siméonin, Occitaniste, enseignant d’espagnol et d’occitan.

Machine à feuilles : À votre avis, y a-t-il eu un glissement moins par la puissance publique que par un siècle ou raconter le passé local en langue française de la mémoire, des traditions et de la langue de battage médiatique. L’exemple le plus frappant me semble invraisemblable: un opéra italien régionales, j’entends par là un passage de la honte de ce reniement de la langue, c’est la façon est chanté en italien dans le monde entier à la fierté ? que l’on a d’appréhender son propre accent ; et cela ne choque personne. Tout vouloir faire passer, là encore, on peut parler d’aliénation. En effet, et notamment la mémoire locale, en langue Jean-Marc Siméonin: Oui, ce glissement, je peux lorsque j’ai commencé à enseigner, les élèves française, me semble aberrant. Si la langue en témoigner sur la durée à travers ma propre que j’avais devant moi étaient Limousins aussi est fondamentale, c’est qu’elle est le médium expérience, mon vécu. J’ai étudié à Poitiers par leur accent. Aujourd’hui, les étudiants premier: ce qui est, ce qui était, passe par la parole, dans les années 60 et c’est là-bas que je me suis auxquels j’enseigne à la Faculté de Limoges parlent et donc par la langue. La spécificité du Limousin aperçu des choses qui étaient au fond de moi, sans accent, ou plutôt avec l’accent de la télévision. est avant tout linguistique, or, personne n’en parle, dans ma mémoire, et qui ne m’étaient pas apparues C’est à mon sens une perte importante d’identité, n’en tient compte. Regardez la place qui est faite avant que je quitte le Limousin. La première chose, et par là, de mémoire. Car dans l’accent limougeaud, aux langues régionales en Catalogne, en Galice, c’est ma façon de parler qui faisait beaucoup rire il y a aussi la mémoire ouvrière, populaire de Limoges, sans parler du Pays basque. Le bilinguisme les Poitevins. Ils me disaient que je parlais c’est de cela aussi que les gens ont inconsciemment y est officiel: tous les panneaux, tous les formulaires avec l’accent de Marseille. En y réfléchissant, voulu se séparer. administratifs sont bilingues. Le fait d’occulter la langue, cela m’a amené à penser que j’étais ici, en Limousin, contribue à une perte de la mémoire d’une communauté plus vaste que le Limousin, MAF : Cette affirmation identitaire, ce goût et à une bifurcation qui conduit à un désir d’identité en fait la communauté occitane. J’ai donc commencé pour la mémoire et le passé, sont-ils selon vous plus que je qualifierai de tueur: si notre culture se résume à m’intéresser à cette langue, et à me rendre pr ononcés aujourd’hui qu’ils ne l’étaient pour vos paren t s à du folklore et de la gastronomie, alors, compte que ma manière de parler français était très ou vos grands-parents ? c’est qu’elle est déjà morte. « occitanisée», et que c’était aussi le cas de la plupart des gens en Limousin, enseignants Je a n - M a r c Siméonin: À mon avis, ils sont plus pron o n c é s compris. mais ils révèlent aussi une plus grande distance. J’ai ensuite commencé à enseigner à Châlus Devant un opéra, tu prends plaisir à voir les hommes en 1972. Là-bas, je me suis rendu compte mourir parce que tu es extérieur à l’action. qu’environ un quart des élèves avait l’occitan Pour la mémoire limousine, c’est la même chose: comme langue maternelle et que la plupart des les gens se rassurent en se disant: «Voilà, la mémoire autres comprenaient cette langue. Or, ce qui était est conservée puisqu’elle est dans les livres». désastreux, c’était que ces élèves parlant l’occitan Ce n’est pas un hasard si, à la Librairie occitane1, étaient les plus en difficulté au niveau scolaire. à Limoges, on vend autant de dictionnaires; en ayant Nous avons alors décidé de travailler avec ces élèves le livre, les gens pensent aussi avoir la langue. sur un élément de valorisation de la langue Or, c’est tout le contraire : la mémoire, et de la mémoire, c’est-à-dire sur la littérature orale et encore plus la mémoire de la langue, ne peuvent et notamment les contes populaires. vivre que si cette dernière est pratiquée. À cette époque-là, on ne pouvait pas parler Le succès de l’École de Brive ou des livres véritablement de honte, mais plutôt d’une indiffé re n c e des Éditions de La Veytizou participe aussi de cela : totale face à ses richesses en train de disparaître on revit le passé en l’idéalisant, mais on refuse et de tomber dans l’oubli. Or, il restait encore dans aussi le présent en se réfugiant dans le sempiternel chaque hameau au moins une personne qui était « dans le temps, c’était tellement mieux!» gardienne de la mémoire et qui connaissait parfois Ce qui me gêne là-dedans, c’est bien sûr d’abord jusqu’à trente ou quarante contes mythiques que la langue limousine est niée ou plutôt du Limousin qui formaient une véritable littérature qu’elle est présentée comme folklorique. orale. Mais ces gardiennes — car c’était souvent C’est une culture que l’on regarde de l’extérieur des femmes — ne disaient plus ces histoires. comme si elle était déjà morte, figée; cela veut dire Nous avons donc proposé aux élèves d’enregistrer aussi qu’on ne la vit plus. ces femmes afin de pouvoir retranscrire ces contes Je crois que ce qui est fondamental pour toute civilisation, avant qu’ils ne disparaissent définitivement avec elles. et dans ce que j’oserai appeler la civilisation Pour répondre à votre question, je crois que l’on est limousine (qui n’exclut aucunement la civilisation passé non pas de la honte, mais de l’indifférence française, mais cette dernière n’est à mon sens à une fierté qui s’est travestie et qui, à mon sens, qu’une somme de civilisations régionales), s’est appauvrie: la fierté identitaire, l’affirmation c’est la langue. Dire des contes limousins d’ ê t r e Limousin passent par le folklore ou la gastron o m i e , mais pas par la langue. Je crois que les gens ont été 1 Librairie occitane, 16, rue Porte-Panet, 87000 Limoges, aliénés, que leurs racines linguistiques ont été aliénées, tél. 05 55 32 06 44. L’ÉDITION ET LA VENTE DE LIVRES Ils publient en Limousin des ouvrages sur l’histoire et la mémoire…

sur l’histoire et la mémoire en Limousin Corrèze • Ar chives départe m e n t a l e s -Dé p a r tement de la Corrè z e •Centre de la mémoire d’Oradour-sur-Glane - (Le Touron, 19000 Tulle). Conseil général de la Haute-Vienne -La Forêt, le bois et l’homme: Bas-Limousin — Corrè z e , (L’Auze, BP12, 87520 Oradour-sur-Glane). Par Olivier Thuillas. XVIIIe-XXe siècles, de Geneviève Queyrie et Hélène Say. -Co m p re n d r e Oradour: L’Intégrale du parcours de mémoire. -Cent préfets pour la Corrèze, d’Hélène Say. • Confrérie de Saint-Israël et de Saint-Théobald • Écritures (5, rue Saint-Michel, 87210 Le Dorat). (27, rue du Chapeau-Rouge, 19100 Brive-la-Gaillarde). - Confrérie de Saint-Israël et de Saint-Théobald: Historique, Il suffit d’arpenter les rayonnages des libraires À n’en pas douter, Lucien Souny et Pierre Louty, - Marie du fond du cœur, de Monique Massalve. ostensions, règlement et statuts, de Martial Gaté. de la région ou du fonds Limousin de la Bibliothèque directeur des Éditions de La Veytizou, livrent -La République de mes 20 ans, de Jacques Villegier. francophone multimédia de Limoges pour constater depuis 1986 sur ce marché une bataille à la fois •Culture et Patrimoine en Limousin que les livres traitant de l’histoire et de la mémoire éditoriale et commerciale. Il ne nous appartient pas • Éditions de la rue Mémoire (6, rue François-Chénieux, 87000 Limoges). publiés en Limousin forment un corpus d’ouvrages de trancher en faveur de l’un ou de l’autre. (117bis, rue de la Barrière, 19000 Tulle). - Des funérailles de porcelaine: L’Art de la plaque impressionnant. Le nombre de livres de témoignages Cependant, la différence de politique éditoriale -Un fils de Tulle, d’Alain Postel. funéraire en porcelaine de Limoges au XIXe siècle, plus ou moins romancés sur le passé, entre les deux est flagrante: les Éditions de Jean-Marc Ferrer et Philippe Grandcoing. de monographies d’histoire locale, de souvenirs liés de La Veytizou privilégient le témoignage, le souvenir, • Éditions Les Monédières - Doisneau en Limousin: Regards , paroles de Sanfourch e . à la Seconde Guer re mondiale nous laisse penser la nostalgie du «bon vieux temps » : elles répondent (Le Loubanel, 19260 Treignac). - Le Couvent des Carmes de Limoges, de Julien Denis. que les éditeurs limousins ont de l’avenir à s’intéres s e r à une demande des lecteurs et puisent là - Un camp de Juifs oublié: Soudeilles (1941-1942), au passé. Au-delà des rayons bien garnis leur légitimité. À l’inverse, Lucien Souny, ancien de Mouny Estrade-Szwarckopf et Paul Estrade. •Éditions de La Veytizou des libraires, il n’est pas une foire artisanale libraire, a fait le choix de publier des livres exigeants. - Le XXe siècle en Limousin. (La Veytizou, 87130 Neuvic-Entier). ou une fête locale où l’on ne trouve ces ouvrages Exigeants dans la forme: mise en page de qualité -Jean du Maquis (volume 3) : Un parfum de Résistance, et leurs auteurs. Le livre est une trace, une marque et iconographie riche, mais aussi dans le fond : • Librairie Les 3 épis de Pierre Louty. alors que les souvenirs s’estompent, que l’oubli ses auteurs font référence, ce qui n’est pas (Place de l’Hôtel-de-Ville, BP533, -La Charrette à Guillotin, de Jean Pradinas remplace la mémoire. Si les lecteurs sont nombreux, la moindre des choses lorsque l’on touche 19107 Brive-la-Gaillarde Cedex). (r oman historique sur la Révolution française au moment les auteurs aussi sont légion, et ne trouvent pas à une matière comme l’histoire ; et lorsqu’il édite -100 ans en Corrèze: Chronique au fil du siècle, de la Terreur). toujours d’éditeur. L’édition à compte d’auteur de la littérature populaire, il a encore une exigence 1901-2000, de Jean-Michel Valade. est une pratique discrète mais courante : de qualité. • Éditions Lavauzelle l’auteur paie l’impression et diffuse son ouvrage Mais la clef de cette bataille n’est pas seulement • Musée du Pays d’Ussel (Le Prouet, BP8, 87350 Panazol). dans un cercle plus ou mois élargi. Cette pratique, éditoriale, elle est aussi commerciale. Pierre Louty (BP63, 19208 Ussel Cedex). -La Saga du rail en Limousin : Du Capitole au Pendulaire, qui répond donc à une demande, s’est développée revendique plus de deux cent quarante points -Le Scribe et le mage: Notaires & société rurale de Claude Lacan. parallèlement aux progrès des techniques de vente, concentrés sur le Limousin, le Bourbonnais en Bas-Limousin aux XV I e et XV I I e si è c l e s , de Nicole Lemaître. d’impression qui permettent de sortir rapidement et les Charente et Dordogne limousines. Ce pays • Éditions Le petit Marchois un petit nombre d’exemplaires. qu’il connaît par cœur, il dit qu’il le «travaille». Creuse (La Vergne, 87290 Saint-Sornin-Leulac). Il est vrai que cet engouement n’est pas En Haute-Vienne, il connaît chaque point de vente, -Dun-le-Palestel, cité creusoise: Histoire, vie locale, une spécificité limousine mais une tendance chaque maison de la presse, chaque foire artisanale • Ar chives départe m e n t a l e s -Conseil général de la Creuse photographies et cartes postales: 1880-1960, que l’on retrouve dans toutes les régions à forte sur lesquels il mobilise régulièrement ses auteurs. (30, rue Franklin-Roosevelt, BP164, 23004 Guéret Cedex). de Paul Poulteau. identité: Bretagne, Alsace, Pays basque, Savoie Résultat: plus de dix mille exemplaires vendus - Mourir pour la Patrie: L’Hommage des Creusois : ou Provence. Le Limousin présente de Jean du Maquis et une structure associative Monuments et cérémonies, 1915-1939, de Francis Aurej a c •Éditions Lucien-Souny tout de même deux aspects originaux: le lectorat devenue en 1999 une SARL [Société à responsabilité et Arlette Weck. (Le Puy-Fraud, 87260 Saint-Paul). d’une part, comme la population dans son ensemble, limitée, NDLR]. Lucien Souny sait aussi que la survie -Le Paysan d’autrefois en Limousin, de Maurice Robert. est âgé et donc souvent friand d’ouvrages de sa maison d’édition passe par une diffusion • Éditions Verso - Revue Terre limousine. le replongeant dans un passé dont il a parfois la plus large possible — quasiment sur tout (Route d’Aubusson, BP11, 23150 Ahun). -Loges et francs-maçons de la Haute-Vie n n e : De l’Ancien la nostalgie; le succès des romanciers de l’École le territoire national — et mise sur sa connaissance -Mémorial de la Résistance creu s o i s e , de Marc Parrot i n . régime à la Cinquième République, de Francis Masgnaud. de Brive, d’autre part (Peyramaure, Michelet, des libraires et sur la qualité de son catalogue. Signol, Bordes…) dont les best-sellers Outre ces deux «gros» éditeurs, le Limousin • Lecante éditeur •PULIM (Presses universitaires de Limoges) ont pour toile de fond ces «chers temps anciens». possède un grand nombre d’éditeurs plus petits (8, boulevard Carnot, 23000 Guéret). (39e, rue Camille-Guérin, 87036 Limoges Cedex). Si ces derniers font le bonheur d’éditeurs dont nous dressons ci-contre une liste. - Almanach pittoresque et historique de la Creuse. -L’Église dans la rue : Les Cérémonies extérieures du culte parisiens (Robert-Laffont, Albin-Michel…), Le travail de Culture et Patrimoine en Limousin en France au XI X e si è c l e , sous la direction de Paul d’Hollander. les éditeurs limousins se partagent sort sans nul doute du lot grâce à des ouvrages Haute-Vienne -Archaïsme et modernité en Limousin au XIXe siècle, tout de même un marché non négligeable. de référence d’une qualité irréprochable, d’Alain Corbin. Si on met à part les revues et les périodiques comme Des funérailles de porce l a i n e : L’A r t de la plaque • Archives départementales - Conseil général publiés par les sociétés savantes (Cf. l’article funéraire en porcelaine de Limoges au XIXe siècle, de la Haute-Vienne •Renaissance du vieux Limoges de Stéphane Capot page26), on rencontre Doisneau en Limousin: Regards ou Le Couvent (1, allée Alfred-Leroux, 87032 Limoges Cedex). (155, rue du Chinchauvaud, 87100 Limoges). tr ois éditeurs importa n t s : Les Éditions de La Vey t i z o u , des Carmes de Limoges. Les Éditions Les Monédières , - Ma maison, mon village, ma commune en Limousin, - Naissance des pompiers de Limoges: À la découverte Lucien Souny et les PULIM (Presses universitaires à Treignac, publient moins d’ouvrages depuis quelques de Michel C. Kiener. du Limoges ancien, de Jean-Louis Devoyon. de Limoges). Ces dernières représentent années mais restent une référence en la matière. pour la recherche universitaire en Limousin Les Éditions Verso publient régulièrement • Archives municipales -Ville de Limoges •RM Consultant une possibilité d’exister et de se faire connaître des ouvrages grand public essentiellement centrés (1, place des Jacobins, 87031 Limoges Cedex). (La Béchadie, 87800 Jourgnac). sur le territoire national et au-delà. sur la Creuse. Enfin, le travail de défrichage -Naissance de la citoyenneté à Limoges : - Le Pays de Châlus, hier et aujourd’hui: Histoire, Jacqueline Hoareau-Dodinau, qui dirige les PULIM, ethnologique des communes de la Haute-Vienne D’Augustoritum à la Révolution (Ie siècle-1792). patrimoine, traditions, de Maurice Robert. a accepté de nous accorder un entretien sur le thème effectué depuis plusieurs années par l’ethnologue d’ h i s t o i r e et mémoire en Limousin (à lire pages 32 et 33). Maurice Robert est bien évidemment à saluer. Concernant les sociétés savantes en Limousin, nous vous invitons à vous reporter à la page 26. «L’ h i s t o i re du Limousin reste encore a u j o u rd ’ h u i très largement à écrire . » Entretien avec Jacqueline Hoareau-Dodinau, Directrice des Presses universitaires de Limoges (PULIM).

Machine à feuilles: Présentez-nous votre maison d’édition. sur la création d’une ou plusieurs collections MAF : Avez-vous un comité de lecture ? Qui en sont historiques. Plusieurs solutions sont envisageables les membres ? Jacqueline Hoareau-Dodinau: Les PULIM, service (collections thématiques, chronologiques…). commun de l’Université de Limoges, constituent Jacqueline Hoareau-Dodinau: Oui, c’est lui qui établit un des éléments essentiels de la valorisation MA F : Quelle est votre politique éditoriale pour les livres un rapport; le manuscrit est ensuite accepté en l’état, de la recherche universitaire en Limousin. traitant d’histoire ou de mémoire ? abandonné ou retourné à son auteur avec un certain Cette mission de valorisation concerne tout d’abord nombre de propositions de modifications en vue un premier public de spécialistes (sémioticiens, juristes, Jacqueline Hoarea u - D o d i n a u : Nous sommes un orga n e de parfaire l’ouvrage. Naturellement, il ne s’agit historiens, hispanistes…), mais les PULIM s’ouvrent de valorisation de la rec h e r che universitaire en Limousin. que de propositions que l’auteur est libre d’accepter aussi à un public plus large (étudiants, éducateurs…); Notre autonomie par rapport à cette recherche ou de refuser, il ne s’agit en aucun cas de censure. enfin, les PULIM publient aussi pour un lectorat est donc relative. Cependant, il existe un certain nombre Il faudrait plutôt parler de plusieurs comités plus vaste des ouvrages qui conjuguent valorisation de thématiques communes aux chercheurs de lecture qui varient en fonction du thème. et rigueur scientifique (Collection «Patrimoine limousin», de notre université qui se retrouvent naturellement La composition n’en est pas fixée; un certain qui offre de véritables guides de tourisme culturel). dans nos collections: histoire de l’art, histoire médiévale, nombre de personnalités sont sollicitées pour lire histoire politique. Par ailleurs, nous publions aussi les manuscrits qui nous sont confiés. MA F : Combien de livres d’histoire compte votre catalogue? des travaux menés à l’extérieur de l’Université Nous ne dévoilons par leur identité pour garantir de Limoges lorsqu’ils ont trait à notre région leur parfaite indépendance et leur impartialité. Jacqueline Hoarea u - D o d i n a u : Notre catalogue reg ro u p e (monographies sur des personnalités limousines ou liées Ils appartiennent à l’Université de Limoges vingt-deux ouvrages sous sa rubrique «Histoire ». au Limousin: Henri Queuille, Henri de Jouvenel…). ou à d’autres universités françaises ou étrangères ; Il faudrait ajouter à cette liste des ouvrages issus nous avons aussi recours à des personnalités de disciplines voisines ou complémentaires : MA F : Couvrez-vous plutôt un champ d’histoire régionale extérieures au monde universitaire dont l’opinion La Collection «Caesarodunum» dont chaque volume ou nationale ? fait autorité. Nous veillons toujours à trouver est consacré à un aspect particulier du monde des personnalités indépendantes par rapport gallo-romain et des régions occidentales de l’empire Jacqueline Hoarea u - D o d i n a u : C’est un débat qui n’a guère à l’auteur et à son centre de recherches. romain, développé sous un angle archéologique, de sens en matière universitaire. Un chercheur peut historique, sociologique, économique ou littéraire parfaitement utiliser, en priorité, des sources locales MA F : Y a-t-il des sujets que vous refusez de voir traités? par des spécialistes internationaux qui présentent pour des études qui ont une portée beaucoup à cette occasion les acquis les plus récents plus large. Nous privilégions la qualité scientifique. Jacqueline Hoareau-Dodinau: Incontestablement de leur spécialité. tout ce qui serait illicite et / ou contraire aux bonnes La Collection «Patrimoine limousin» est destinée MA F : Comment expliquez-vous l’engouement des lecteurs mœurs! Des ouvrages qui exposeraient des points à un large public intéressé par le patrimoine culturel pour les livres traitant d’histoire régionale? de vue révisionnistes, qui feraient l’apologie du crime, limousin; chaque volume, richement illustré, du fascisme… Mais il ne s’agit que des limites est consacré à un site remarquable de notre région Jacqueline Hoareau-Dodinau: De multiples facteurs légales. et constitue un guide touristique d’une haute tenue doivent intervenir dans le choix d’un livre ; le souci scientifique. de préserver ou de retrouver ses racines, le besoin MAF : Des pans de l’histoire régionale sont-ils La Collection «Études ibériques » accueille des travaux identitaire… Les ouvrages traitant d’histoire régionale encore à explorer ou oubliés ? sur l’histoire politique de l’Espagne. prennent sans doute un peu la place du conteur La Collection «Identités limousines», qui permet d’autrefois qui transmettait le savoir et les coutumes Jacqueline Hoareau-Dodinau: Très probablement. de valoriser les recherches conduites dans le cadre ancestrales. Les ouvrages régionaux qui drainent L’histoire du Limousin reste encore aujourd’hui très du Centre d’études politiques du Limousin ou en liaison un large public racontent bien souvent largement à écrire. Les archives locales, publiques avec lui, contribue au développement d’une réflexion ce que les grands-parents transmettaient aux générations ou privées, ne sont que très incomplètement sur le fait ethnopolitique limousin dans ses diverses suivantes, le soir, à la veillée. Ils permettent à chacun exploitées. Le Limousin fait preuve parfois dimensions: institutionnelle, juridique — y compris de faire son devoir de mémoire. d’un excès de modestie qui nuit à la recherche. administrative-historique, économique, sociologique, Quelle que soit l’époque (antique, médiévale, anthropologique, électorale, notabilitaire… MAF : Comment s’opère la sélection des manuscrits moderne ou contemporaine) ou le domaine Mais aussi des ouvrages d’épigraphie, d’histoire traitant d’histoire régionale ? de recherche, il y a encore de nombreuses friches. de l’art, d’histoire, d’anthropologie du droit… Ces vides seraient sans doute plus rapidement Jacqueline Hoareau-Dodinau: La sélection s’opère comblés si nous obtenions dans un premier temps MA F : Avez-vous une ou plusieurs collections d’ouvrages de différentes manières: parfois nous sollicitons que les sources soient publiées (chartes, cartulaires, d’histoire? des auteurs sur des thèmes qui nous paraissent coutumes, registres judiciaires, livres de raison…). intéressants et qui n’ont pas fait l’objet d’études Nous essayons de convaincre les chercheurs Jacqueline Hoareau-Dodinau: La rubrique «Histoire » antérieures. Le plus souvent, des chercheurs de s’employer à cette tâche et nous comptons ne fait pas encore apparaître de collection. nous soumettent des projets issus de leur recherche, sur quelques publications importantes de sources Nous menons actuellement une réflexion personnelle ou collective. dans les prochaines années. LE GOÛT DES LECTEURS POUR L’HISTOIRE RÉGIONALE • EN LIBRAIRIE • • EN BIBLIOTHÈQUE • Entretien avec Vincent Gloeckler, Entretien avec Jean-Marie Allard, Libraire à Limoges (Librairie Page et plume). Assistant qualifié de conservation à la Bibliothèque francophone multimédia (BFM) de Limoges.

Machine à feuilles : Vendez-vous beaucoup de livres MAF : Vous n’êtes pas originaire du Limousin. Machine à feuilles : De quoi est constitué pour nos racines. Le Limousin est à bien des égards d’histoire ? Ar rivant de l’extérieur, pensez-vous que cet attachement le Pôle Limousin et Patrimoine de la Bibliothèque — géographiques, démographiques… — une petite aux racines est plus fort qu’ailleurs ? francophone multimédia de Limoges ? région, d’où peut-être un attachement plus fort Vincent Gloeckler: De manière générale, c’est un rayon de la part de ses habitants à leurs origines. qui fonctionne bien. Vincent Gloeckler: Non, je crois que cet attachement Jean-Marie Allard: Nous essayons de réunir Le fait que la population soit assez âgée favorise est très partagé. Il y a un leurre dans cette région, tout ce qui est publié d’écrit, d’audiovisuel aussi ce besoin de mémoire et ce regard porté MAF : Des livres concernant plutôt l’histoire régionale entretenu par certaines personnes bien placées et de sonore sur le Limousin1. Cela comprend sur le passé. ou nationale ? dans des institutions culturelles, qui est de penser entre autres l’histoire, la géographie, la littérature, que cet attachement est prop r e au Limousin. Je pense, la politique ou la cuisine régionales. De même, MAF : Le goût des lecteurs pour l’histoire régionale Vincent Gloeckler: Cela dépend du public. pour l’avoir vu et vécu à la fois à Strasbourg, avec le fonds sonore, nous proposons aussi bien va-t-il plutôt vers les souvenirs, la mémoire du temps En ce qui concerne l’histoire nationale, il faudrait en Bretagne, dans le nord ou même le sud-est de la musique traditionnelle ou folklorique passé ou vers l’histoire scientifique, avérée? fa i r e un partage entre les livres à caractère universitaire de la France, qu’on retrouve partout des gens que des musiques actuelles comme celle des Éjectés, (manuels, petites collections synthétiques servant qui recherchent leurs racines et qui ont besoin par exemple. Jean-Marie Allard: Les deux. Bon nombre de personnes aux étudiants) et les ouvrages sur l’histoire de cette littérature et de cette approche de la mémoire aiment à retrouver dans ces ouvrages des souvenirs contemporaine dont les ventes sont parfois liées locale pour s’en nourrir. Je suis à peu près certain MAF : Qui sont les lecteurs du fonds limousin ? de leur propre vie. Je pense en particulier à l’actualité: c’est le cas en ce moment des livres que les alsatiques1 en Alsace ou leurs équivalents à une personne qui lit tous les ouvrages d’un auteur sur le Moyen-Orient et les États-Unis en Bretagne ont encore plus d’impact dans les ventes Jean-Marie Allard: Ils sont à l’image des livres qu’elle connaissait lorsqu’elle était enfant, ainsi que sur l’Islam en général. La demande de livres qu’en Limousin. J’ai en tête une librairie que nous proposons: très diversifiés. Nos salles pour se replonger dans les souvenirs de sa propre est également soutenue pour les biographies en Bretagne, plus petite que celle que je dirige, accueillent chaque jour universitaires, érudits locaux enfance. Les monographies locales sur une commune, et la période de la Seconde Guerre mondiale. où la moitié des livres proposés est de la littérature et grand public. Nous mettons bien sûr à la disposition par exemple, intéressent toujours les habitants, Pour ce dernier thème, on voit beaucoup de clients ou de l’histoire locale. des usagers tous les romans locaux notamment les photographies des lieux passant d’un rayon à un autre: s’ils ne trouvent pas (ce qu’une de mes collègues appelle «les drames qui leur sont familiers. Au-delà de l’aspect anecdotique le livre, par exemple sur la Résistance en Limousin, ruraux»), Peyramaure, Bordes et l’École de Brive, et nostalgique, je crois qu’on a aussi des lecteurs ils vont se rabattre sur une étude historique ainsi que, par exemple, les ouvrages des Éditions qui cherchent une caution scientifique dans les ouvrages au niveau national. On vend également bien de La Veytizou ou de Lucien Souny. Mais nous mettons d’histoire de type universitaire. les livres d’histoire dits plus «grand public » aussi l’accent sur des auteurs moins connus autour de la mémoire et de l’histoire locale. comme Tristan L’Hermite ou Adémar de Chabannes MA F : Des pans de l’histoire régionale restent-ils encore Certains clients achètent systématiquement qui intéressent plutôt les universitaires. Nous essayons à explorer ? tout ce qui sort sur l’histoire locale, sans vraiment enfin de mettre en valeur les livres de poésie faire de choix; ils se constituent une collection et de théâtre publiés dans la région, notammment Jean-Marie Allard: Plus que des pans à explorer… d’ouvrages sur ce thème. Ce sont souvent les ouvrages des Éditions Rougerie ou du Bruit Je crois que l’histoire régionale est mal connue des lecteurs assez âgés, au-delà de la cinquantaine, des autres… des Limousins, avant tout parce qu’elle n’est pas et qui ne lisent pratiquement que cela. Ces livres enseignée à l’école, ou très peu. Seuls les étudiants vont d’ailleurs au-delà de l’histoire locale, MAF : À votre avis, y a-t-il un engouement particulier d’ h i s t o i r e à la Faculté des lettres et sciences humaines ils sont souvent un peu, voire très romancés. en Limousin pour les ouvrages traitant d’histoire de Limoges étudient vraiment l’histoire du Limousin. On a plutôt des témoignages, des souvenirs, ou concernant la mémoire régionale ? Les gens connaissent la Guerre de Cent ans, du vécu qui sont loin de l’histoire de type universitaire, mais pas les batailles qui ont eu lieu en Limousin. même si certains ouvrages comme ceux des PULIM Jean-Marie Allard : Je pense qu’en Limousin Autre exemple: la Commune de 1871; on connaît ou de Lucien Souny peuvent concilier rigueur scientifique comme ailleurs, les gens sont attachés à leurs racines. celle de Paris mais on sait peu qu’il y a eu et lectorat large. Voyez par exemple les ostensions qui vont avoir lieu une Commune à Limoges, même si elle n’a duré cette année. Elles vont attirer un grand nombre que quelques jours. MAF : À votre avis, qu’est-ce que les lecteurs de personnes dont beaucoup de non-croyants, recherchent dans ce genre d’ouvrages ? certains ne sachant même pas ou plus à quoi cela MA F : Existe-t-il des sujets d’histoire régionale tabous? correspond. À ce propos, nous présentons Vincent Gloeckler: Il y a avant tout un attachement une exposition comprenant de nombreux objets Jean-Marie Allard : Tabous non, mais délicats oui. fort aux racines, peut-être aussi un côté nostalgique caractéristiques des différentes paroisses Sans aucun doute, l’histoire de la période qu’on peut retrouver dans les romans que j’appelle ostensionnaires2. Cela participe simplement de l’Occupation et de la Résistance en Limousin du «terroir». Cela n’est pas spécifique au Limousin, d’une curiosité, d’une affection particulière est encore très sensible. Beaucoup d’ouvrages ont paru on retrouve ce phénomène en Bretagne, en Alsace sur le sujet mais certains travaux d’historiens et probablement dans beaucoup de régions en France. 1 Les cassettes audio et les CD sont pour le moment ayant eu accès à des archives récemment ouvertes Si l’École de Brive vend autant de romans, consultables uniquement sur place. restent pour l’instant dans les tiroirs pour ménager c’est parce que les gens y recherchent un passé 2 Exposition visible du 10 février au 30 mars 2002, les susceptibilités et ne pas raviver les rancœurs. romancé et un petit peu outré dans le côté à la Bibliothèque francophone multimédia, L’a u t r e sujet délicat, à mon sens, est la franc-maçonnerie, « tout était bien autrefois». 1 Livres concernant l’Alsace. 2, rue Louis-Longequeue à Limoges. qui souhaite res t e r , sinon secrète, au moins très discrète. Le Journal de la Révolution: Histoire d’un roman3, Jan dau Melhau, poète paysan-païen4, de Robert Margerit sous la direction de Marie-Hélène Bonafé FEUILLES LUES «L'Académie française a décerné le Grand prix du rom a n Si Melhau nous était conté, ce qui paraît, FEUILLES LUES à La Révolution. Je l'ai appris à la Société des G. de L. à bien y réfléchir, inconcevable autrement où il y avait conférence des présidents. […] En ren t r a n t , que par lui-même, cela pourrait donner un beau FEUILLES LUES trouvé un article extrêmement remarquable volume de cent soixante pages, à l’image de Janine Parot sur l'ensemble de La Révolution. de ce quatrième numéro de la luxueuse revue J'en arriverais à croi r e que, sans m'en ren d r e compte, Auteurs en scène… Après tout, un conteur, Oradour la douleur 1, Brise-glaces: Théâtre2, et croyant même le contraire, j'ai écrit un livre comme on se l’imagine encore dans nos campagnes, de Rolande Causse de Jean-Pierre Cannet en quelque sorte important — j'entends par là : ça ne se raconte pas. Ça se met au service et Georges Lemoine qui importe à beaucoup de bons esprits. de l’histoire de son pays et de ses légendes Douzième opus dans la bibliographie Mais hélas, je l'ai écrit. Il est fini. Et maintenant ?» qu’on dit populaires. N’est pas Melhau qui veut ! Fa i r e partager la douleur, de Jean-Pierre Cannet, Brise-glaces est à ce jour Robert Margerit termine par ces mots, où perce Et ce dernier n’est pas prompt à se livrer au premier c’est d’abord la faire sa troisième œuvre dramatique. Pièce à lire, la tristesse, son Journal de la Révolution, venu non plus. comprendre. d’abord, grâce aux Éditions Le bruit des autres, le jeudi 7 novembre 1963. En sa compagnie, on est loin des modes parisiennes Près de cinquante-sept à voir et entendre bientôt, puisqu’elle sera créée Tenu depuis le 24 janvier 1956, ce journal aura et des tentations nombrilistes de la littérature ans après le massacr e en octobre 2002 par la compagnie lyonnaise accompagné toute l'écriture, contemporaine. Pour couronner le tout, notre individu d’Oradour-sur-Glane, Sortie de route. difficile, harassante, est multiple. L’a-t-on croisé, Melhau des champs, Oradour la douleur Brise-glaces, c’est au départ deux hommes, hésitante même, qui édite et fabule en occitan s’il vous plaît réussit de for t be l l e Joseph Venosc et Michael Bernie, deux cadres de cette œuvre immense (et s’il ne vous plaît guère, vous irez voir ailleurs), manière à faire partager supérieurs d’une grande entreprise, deux naufragés de 1380 pages. qu’il est déjà rendu Melhau des villes, écrivain cette douleur aux enfants, sur la banquise. L’un saigne de l’oreille, Le 14 juin 1956, ou bien musicien… Pas le genre à se laisser qui sont les destinataires l’autre tricote, tous deux se révèlent, contraints alors qu'il commence enfermer dans une catégorie, il incarne, de ce petit ouvrage. par l’isolement glacé, dans leur (in)humanité. à peine ce journal, il écrit : à n’en pas douter, le cauchemar du bibliothécaire ! La justesse du texte Huis clos à ciel ouvert, « Essayé, ces deux jours, Il n’en possède pas moins quelques alliés de plume, de Rolande Causse tient dans l’accumulation Brise-glaces met à jour de voir si je ne pourrais pas qui, rassemblés derrière Marie-Hélène Bonafé, de détails du quotidien: elle parle de l’inquiétude la pourriture intime faire un roman ont décidé de relever le défi. À la vérité, force est des parents qui ne voient pas leurs enfants revenir, des hommes avec tout ce que je sais de rec o n n a î t r e que ce «Po r trait de l’artiste en Melhau » elle dit le manque, le choc, l’angoisse. (comprendre: de la Révolution ?» fera date, car on voit mal, au regard de ce parcours Elle décrit l’horreur non pas seulement d’un assassinat des «mâles»), Il est à Thias, de trente ans, comment notre Limousin fier-de-l’être massif et collectif, mais aussi et surtout du meurtre exacerbée encore dans sa maison près d'Isle, échapperait à une belle postérité. d’une institutrice ou de joueurs de football. lorsqu’ils possèdent en Haute-Vienne, où vont commencer l’écriture Qu’on se rassure cependant, ce remarquable ouvrage Elle redonne vie à la funeste journée sans haine, toute forme de pouvoir. de son roman, paru en trois volumes, et celle n’a pas pour autant les odeurs rances de certains sans rancœur, en se plaçant du côté de l’individu : L’écriture y est sans de son journal, qui lui servira de laboratoire, musées! Gare, Melhau est bel et bien vivant, un père embrasse sa fille pour la dernière fois, concession, brutale d'établi où limer phrases et personnages. et plus certainement debout que vautré au milieu mais il ne le sait pas, le petit Roger refuse de suivre autant que poétique, Car c'est bien de cela qu'il s'agit. Robert Margerit, de ses lauriers! Pour preuve, les quelques «Mo n o l o g u e s les meurtriers et parvient à franchir la Glane une écriture en bouche après des heures et des heures d'un labeur à mastiquer» et autres «Aphorismes à ruminer » sous leurs tirs. Pour parler de la mémoire, où l’argot, souvent harassant, revient toujours vers ce journal qui nous sont proposés ici accompagnés de nombreu s e s de l’impossible oubli, Rolande Causse parle présent, retrouve où il dépose ses fatigues, ses hésitations, photographies de l’auteur et de reproductions des objets, des jouets retrouvés sur place alors son essence ses tentatives, avant de se remettre au manuscrit. des diverses facettes de son talent (quelques comme figés dans le temps: un berceau, un landau, d’origine, métaphorique. La lecture passionnante de ce texte nous montre dessins dont un autoportrait). les encriers de faïence des écoliers. Çà et là, de courtes scènes, les «Oniriques», l'œuvre en train de se faire, et l'écriture souvent Mais à la fin, qu’en est-il de ce Melhau? Bien malin Ce texte à la fois simple, poétique, touchant, ponctuent le texte en délires fantasmés et ridicules télégraphique de Robert Margerit nous tient en haleine. qui saura répondre sans trahir l’œuvre de toute une vie, nous fait littéralement revivre le drame. Les dessins — trompe-l’œil du lecteur, puisque tout ici Le suspense est à chaque séquence. Comment va-t-il à conserver précieusement auprès du cœur rehaussés à l’aquarelle de Georges Lemoine est mirage, ou tout réel, comme ce clandestin lynché se sortir de situations inextricables? Sans cesse, et de l’esprit, et dans laquelle, c’est certain, illustrent admirablement les différents chapitres en beauté dont on ne sait jamais s’il existe ou pas. le lecteur plonge avec l'écrivain dans le désespoir, on n’a toujours pas fini d’entrer… et suggèrent (le feu, les SS, les traces, Jeu de fausses pistes ne menant nulle part: puis miracle, les pages tombent et l'histoire avance, les objets oubliés) plus qu’ils ne décrivent. la solution n’existe pas, la fuite est impossible se déroule sous nos yeux. Robespierre, Danton, Pierre Bacle Il ne sert à rien de dire «Souviens-toi», tant pour les âmes — les paroles reviennent Saint-Just vont, viennent et au fil des jours les figures « Recueille-toi» à des enfants encore plus en boucle, comme si Bernie et Venosc ne pouvaient deviennent humaines. Et après bien des hésitations, qu’à des adultes. La transmission de la mémoire, s’échapper de leur être abject — que dans l’espace, des petites phrases tranchantes concluent souvent si elle ne passe que par le deuil et l’interdit espace paradoxal où l’immensité de la banquise des jours et des jours de lutte avec l'écriture. (de rire, de jouer, d’oublier un peu) ne peut impose le confinement des corps, où l’élévation Comme celles-ci écrites le 11 juillet 1961: « Page 836. que se déliter de génération en génération. sur le mât du navire absorbe à mesure Louis XVI guillotiné. Je veux avoir son inhumation, La force d’Oradour la douleur, c’est justement les personnages vers le tréfonds. dont on ne parle jamais. Mais demain, article. » de faire partager cette souffrance sans jamais Le dit est circulaire, l’action linéaire, le rêve Car les nécessités du travail de journaliste, l’asséner comme un dû aux victimes. Le devoir est parfois rêve, parfois réalité, la réalité brute comme son engagement auprès de la SGDL de mémoire laisse ainsi la place au travail ou fantasme, le rire douloureux, l’absurde cohérent le rattrapent toujours et l'empêchent de se consacrer de mémoire, il ne faut pas seulement se souvenir, — Brise-glaces est un piège, dont personne, lecteur pleinement à cette écriture qui le possède entièrem e n t . il faut savoir pourquoi on se souvient. compris, ne sort indemne. Même si vous n'avez pas lu La Révolution, précipitez-vous sur ce Journal qui vous emportera Olivier Thuillas Franck Villemaud dans l'ivresse de la création. On ne rem e r ciera jamais assez L’Association des amis de Robert Margerit d'avoir entrepris de mettre à jour une telle merveille.

Lydie Valero 4 Jan dau Melhau, poète paysan-païen, 3 Le Journal de la Révolution: Histoire d’un roman, sous la direction de Marie-Hélène Bonafé, 1 Oradour la douleur, 2 Brise-glaces: Théâtre, de Robert Margerit, revue Auteurs en scène: Théâtres d’Oc… et d’ailleurs (n°4) de Rolande Causse et Georges Lemoine, de Jean-Pierre Cannet, Lavauzelle graphic et Association des amis de Robert Marge r i t , Éditions Auteurs en scène, Les presses du Languedoc, Éditions Syros-jeunesse, 2001, 8,50 ¤. Éditions Le bruit des autres, 2001, 9,15 ¤. 2001, 22,90 ¤. 2001, 18,29 ¤. La Trahison5, Les Deniers du rêve: Essai sur l’avenir des Paysages etc.: Une sélection d’œuvres Dordogne: Le Sentiment des origines: Des sources de Claude Sales politiques culturelles6, dans les collections du Centre Pompidou10, à l’embouchure11, de Jacques Rigaud textes de Charlotte Riou et Colette Garraud photographies de Jean-Luc Chapin, Voici un livre qui se lit d’un trait parce qu’il est court carnet de voyage: Éric Bonneau, (moins de cent pages), mais aussi parce que le sujet En s’appuyant sur son expérience au ministère Ceci n’est pas un catalogue. textes et poèmes de Stéphanie Benson, est poignant et l’écriture limpide. Il s’agit du récit de la Culture et à la présidence de nombreuses Paysages etc. a été édité par le Musée d’art Pi e r re Bergounioux, Berna r d Lesfargues, Paul Placet, d’une trahison réelle — objective si l’on peut dire —, associations culturelles, Jacques Rigaud reprend et d’arch é o l o g i e - Ville de Guéret et les Éditions Cercl e Joël Vernet, François Augiéras, Jean-Louis Murat, mais aussi et surtout, pour Claude Sales, sa réflexion sur la culture commencée dans Li b r e culture7, d’art, à l’occasion de l’exposition du même nom. Agrippa d’Aubigné, Fénelon, Étienne de La Boétie, d’une affaire personnelle, d’une trahison La Culture pour vivre8 et L’Exception culturelle9. Il s’agissait d’une sélection d’œuvres choisies Michel de Montaigne de la confiance accordée. Il constate que tout dans les collections du Centre Pompidou, dans le cadre En poste en Algérie avec une trentaine d’appelés, ne va pas si mal d’un programme d’échanges entre la Région Limousin Voir et donner à lire la rivière. dont quelques Algériens, il apprend par ses chefs actuellement, et le centre lui-même. (La part des anges éditions) vient de sortir un très bel qu’un de ces derniers, avec qui il est parti c u l i è re m e n t qu’il s’agisse L’ouvrage comprend un aspect catalogue qui permet ouvrage : Dordogne: Le Sentiment des origines. en sympathie, doit l’égorger la nuit suivante. de l’offre culturelle, bien sûr d’avoir un aperçu sur les œuvres d’Alechinsky, De grand format, presque carré, le regard Rien ne permet d’avoir le moindre doute. des pratiques Ma n e s s i e r , Vieira da Silva, Buraglio, Hains et Depardo n , a de l’espace pour suivre pas à pas la rivière. Quarante ans après, Claude Sales n’a toujours pas en amateur, Plossu, Jean-Luc Chapin est photographe, il est aussi admis les faits et on sent bien que rien n’arrêtera de l’écart Faucon un arpenteur, accompagné d’un assistant cette interrogation devenue une obsession. Paris / province pour les et d’Éric Bonneau qui va écrire le journal Le livre est un témoignage mais pas une catharsis. qui se réduit photographes. de cette «intégrale horizontale». Intégrale Les pourquoi et les comment sont l’occasion et même parfois Mais puisqu’ils vont tous les trois parcourir la rivière d’une évocation concrète de la Guerre d’Algérie. s’inverse. c’est surtout en étant dedans (en canoë) ou à côté, très au bord. Claude Sales le fait avec simplicité, honnêteté Mais ce constat un ouvrage J’ai beaucoup aimé ce journal, son humilité, son aspect et souci de comprendre plus que de juger. ne devrait pas faire qui propose réaliste et concret porteur d’une poésie qui tient Il s’agit d’un récit, mais la littérature y a toute il l u s i o n : aujourd’ h u i , une réflexion à l’intimité vraie des trois voyageurs de l’eau sa place. L’é c r i t u r e est direc t e , la culture est gérée su p p l é m e n t a i r e avec le sujet: la rivière, plus qu’à la façon de faire efficace, sans doute plus que pensée, grâce des phrases. beaucoup plus travaillée il lui manque à un historique C’est bien sûr le choix du noir et blanc qui crée qu’il n’y paraît; c’est bien là une réflexion, un projet. Faute d’une réflexion politique de la notion une distance avec la rivière comme objet «to u r i s t i q u e» , son mérite. En ces temps au plus haut niveau de l’État comme à l’échelon de paysage, mais c’est surtout l’approche de l’espace micro où l’on parle beaucoup de chaque acteur, le risque est grand de voir par ou macroscopique qui porte le lecteur à avoir un reg a r d des «événements d’Algérie», une double évolution vers une fonctionnarisation Charlotte Riou, qui varie entre un sentiment — car il s’agit bien de cela, on ne peut que conseiller de la culture et un glissement vers l’économie conservatrice d’une grande intimité, une familiarité avec ce lieu étrange ce livre dont la lecture de marché. Ce sera alors la fin de ce qui a caractérisé des musées qu’est la berge — et son inverse, le lecteur étant confron t é est d’un grand agrément la France depuis Malraux et ses successeurs, de Guéret, et un cours essai intitulé De la dé-composition à un univers très vaste et fougueux, dépassant. et qui, comme dirait Vialatte, Jack Lang en tête. Jacques Rigaud analyse les diffé re n t s des paysages, de Colette Garraud, historienne d’art. Grâce à une maquette d’ouvrage très pensée, « donne à penser». facteurs qui rendent nécessaire et urgente la réflexion: L’originalité du livre vient aussi des artistes l’introduction de textes anciens sur la Dordogne la mondialisation, l’évolution dévorante de l’économie qui essaient de répondre à la question: — comme ceux de Montaigne ou La Boétie — Jean Moyen de marché mais aussi la décentralisation, la construc t i o n «— Et pour vous le paysage qu’est-ce que c’est ?» n’apparaît pas comme plaquée au sujet mais comme eu r opéenne, les nouvelles technologies… Il conviendrait des accompagnants, qui donnent le temps au temps, aussi, sans vouloir trop instrumentaliser la culture, Catherine Roche qui rendent à la rivière son histoire, et aux arpenteurs- d’aborder sa fonction socialisatrice; la culture lecteurs l’impression de vivre une sensation d’éterni t é . est sans doute un formidable créateur de lien social, Et il en est de même des textes de Pierre Bergo u n i o u x en c o r e faudrait-il le rec o n n a î t r e et agir en conséquence. et de François Augiéras. Br ef, les pistes ne manquent pas pour qui veut donner Plusieurs belles découvertes, un nouvel élan à la culture. comme le texte de Stéphanie Benson Le discours est tonique, agréable à lire, jamais (plus connue comme auteur de policier) ennuyeux car plein de verve, de propos piquants, en anglais et en français, qui nous fait même si cela reste dans la plus parfaite courtoisie découvrir une écriture très fine — le contraire étonnerait chez ce gentleman et sensible, et celui de Paul Placet de la culture. Il n’empêche, on se régale à le suivre — un pari très risqué et réussi, alliant des éléments de vie publique avec d’autres puisque le narrateur et la rivière ne font plus privés. Ce livre arrive à point à la veille qu’un: « Vieillir ne m’est pas accordé, de consultations électorales: il serait intéressant je ne trouve donc jamais durablement d’interroger les différents candidats, les différents mon niveau d’équilibre. Toujours tout partis sur leurs idées en matière de culture ; à recommencer. Cent fois j’ai modifié je dis bien interroger, car il serait surprenant mon cours, il a régressé devant la montée que les uns ou les autres abordent d’emblée le sujet des eaux marines, le principe demeure qui, on le sait, n’est pas réputé rentable en voix. inchangé: j’accumule les débris et comble une fosse, les sédiments Jean Moyen se compactent, durcissent, se stratifient, s’enfouissent sous le poids. »

Catherine Roche

11 Dordogne: Le Sentiment des origines: Des sources 6 Les Deniers du rêve: Essai sur l’avenir des politiques culturel l e s , à l’embouchure, de Jacques Rigaud, photographies de Jean-Luc Chapin, carnet de voyage : Éditions Grasset & Fasquelle, 2001, 19,30¤. 10 Paysages etc.: Une sélection d’œuvres Éric Bonneau, textes et poèmes de Stéphanie Benson, 7 Libre culture, Éditions Gallimard, 1990, épuisé. dans les collections du Centre Pompidou, Pi e r re Bergounioux, Berna r d Lesfargues, Paul Placet, Joël Vern e t , 5 La Trahison, 8 La Culture pour vivre, Éditions Gallimard, 1975 et 1980, épuisé. textes de Charlotte Riou et Colette Garraud, François Augiéras, Jean-Louis Murat, Agrippa d’Aubigné, de Claude Sales, 9 L’Exception culturel l e : Culture et pouvoirs sous la Ve Ré p u b l i q u e , Musée d’art et d’archéologie -Ville de Guéret Fénelon, Étienne de La Boétie, Michel de Montaigne, Éditions du Seuil, 1999, 7,47 ¤. Éditions Grasset & Fasquelle, 1995, 18,29 ¤. et Éditions Cercle d’art, 2001, 29,00 ¤. (La part des anges éditions), 2001, 24,40 ¤. M A C H I N & M A C H I N E Cette nouvelle rubrique, qui clôt Machine à feuilles, présentera désormais régulièrement un acteur ou un objet lié au livre en Limousin.

René Salsedo, imprimeur linotypiste

Tout petit déjà, René Salsedo rêvait en lignes prêtes à être imprimées. lui-même l’impression pour des livres de mettre ses mains au service Linotypiste, c’est donc le premier à petits tirages. des mots. métier de René Salsedo. Il est aujourd’hui l’un des derniers C’est un métier qui exige à la fois René Salsedo n’a rien imprimeurs typographes de la région, une pratique sans faille des règles d’un dinosaure de l’imprimerie installé à Limoges, dans le quarti e r typographiques mais aussi traditionnelle refusant les techniques des Portes-Ferrées1. une connaissance parfaite modernes: il a conscience Né en Tunisie, il arrive à Limoges de la mécanique de cette machine que l’offset ou l’impression en 1957. À quatorze ans, à composer, dont les rouages numérique ont apporté il est reçu au concours d’entrée sont aussi complexes une simplification et une rapidité en apprentissage à L’Imprimerie que ceux d’une horloge. d’exécution que ne permet pas nouvelle, qui est alors l’imprimerie C’est en 1973 que René Salsedo l’imprimerie artisanale. de labeur du Populaire-du-Centre s’installe comme façonnier-l i n o t y p i s t e . Dans ce marché de l’imprimerie, où son père travaille en qualité Le travail ne manque pas où il a fallu faire d’énormes de mécanicien rotativiste. — malgré la centaine de machines investissements pour survivre, Après cinq années d’appren t i s s a g e déjà présentes sur la place il a simplement recentré son travail et deux CAP en poche (un d’ajusteur de Limoges — et il emploie sur les petits tirages de qualité. et un de typographe), il peut quatre personnes pour composer Quinze années plus tard, s’attaquer enfin à la machine ces lignes de plomb. Au début il a toujours son carnet qu’il ne quittera plus: la linotype. des années 80, le développement de commandes bien rempli C’est à la fin du XIXe siècle de la photocomposition, de la PAO car la demande ne se tarit pas qu’un horloger allemand (publication assistée par ordi n a t e u r ) pour un travail d’une telle qualité : — Ottmar Mergenthaler — et par voie de conséquence poésie, beaux livres, livres d’arti s t e , révolutionne l’imprimerie en inventant des machines offset sonne le glas invitations, faire- p a r t, menus res t e n t cet engin qui transforme le plomb de l’impression traditionnelle appréciés pour leurs caractères en fusion (en fait un alliage en typographie. Il décide alors qui enfoncent profondément de plomb, d’antimoine et d’étain) de continuer la lino, mais de faire l’encre dans l’épais papier. Les Éditions François-Janaud, la revue L’Indicible frontière, Friches: Cahiers de poésie verte sont ainsi des fidèles de l’imprimerie des Portes-Ferrées.

À cinq ans de la retraite, René Salsedo s’était fait à l’idée de voir disparaître ses machines, emportées, comme la presque totalité du matériel typographique, par les grues et les camions des «casseurs». Or, depuis peu, il sait que ce matériel ne sera pas détruit et aura peut-être encore «d’autres vies » puisque la restauration de la papeterie du Moulin-du-Got, à Saint-Léonard-de-Noblat, et la création d’un espace des techniques anciennes de l’imprimerie vont permettre de sauver ses machines. Avec la réalisation de ce projet, ce sera peut-être aussi la sauvegarde de ces métiers de l’imprimerie traditionnelle avec la transmission du savoir-faire à quelques jeunes 1 René Salsedo, 66, rue des Porte s - F e r rées, 87000 Limoges, tél. 05 55 30 29 31. passionnés… Pourquoi pas !

ALCOL reçoit le soutien de l’État — ministère de la Culture et de la Communication —, Direction régionale des affaires culturelles Limousin Di r ection régionale des affa i r es culturelles du Limousin, et du Conseil régional du Limousin.