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magazine

AÏKIDOAÏKIDOFÉDÉRATION FRANÇAISE D’ AIKIBUDO ET AFFINITAIRES LE DOSHU À Josette NICKELS

Marc BACHRATY

Alain VERDIER L’expérience tranquille

KINOMICHI L’ART DU MOUVEMENT IKI MG 13 DEF 5/12/03 08:25 Page 2

éDITO par maxime delhomme

VERS LA DÉMOCRATIE PARTICIPATIVE L’aïkidoka doit être déterminé. Impatience, pusillanimité, et autres manifestations caractérielles n’y sont pas de bon aloi car elles ne font qu’empêcher l’aboutissement vers une solution juste. Ce qui doit être évident sur le tatami l’est tout autant en dehors. C’est pourquoi il ne faut pas être attristé par le fait que la fusion complète des Fédérations actuellement existantes n’a pas pu être acceptée par nos partenaires dans l’UFA car cette fusion va être actée comme inéluctable. Et surtout, grâce à l’infinie patience dont nous sommes redevables à Jean-Luc Rougé, médiateur pour le compte du ministère, cette fusion se fera sur des bases saines. Concrètement, il a été conclu, outre une refonte des jurys d’examen qui ne seront plus paritaires, qu’il n’y a pas plusieurs aïkidos mais une discipline unique. En conséquence, il est aujourd’hui écrit que pour cette Fédération unifiée à venir, il ne pourra y avoir « de rétrocession sur les licences à des écoles ou des groupes ». C’est une nouvelle ère qui s’ouvre. Il ne faut pas oublier que la discipline est jeune, et qu’après une période très marquée par les différentes personnalités de ceux qui apprirent auprès de O’ Sensei, nous arrivons maintenant au stade de la maturité en revenant à l’unicité originelle. Persévérer dans la dispersion aurait conduit à la disparition de la discipline, alors que le seul objectif de notre organisation est d’en assurer le développement. Mais pour assurer l’avenir, dont nous sommes responsables, de ceux qui viennent à cette discipline, il fallait faire admettre, comme nous avons pu le faire vivre au sein de la FFAAA, que l’aïkido appartient à tous à égalité. Chacun peut et pourra donc suivre et contribuer à l’école qui lui plaira sans que celle-ci ne puisse se détacher de la communauté qui lui a permis d’éclore. La primauté des enseignants pour dire ce qu’est l’aïkido n’en est d’ailleurs que plus évidente parce que plus libre. Bien sûr, pour qu’une telle organisation de l’ampleur de celle à venir puisse fonc- Le Président, tionner démocratiquement, c’est-à-dire sans tyranni- ser qui que ce soit, il y faudra encore là une vraie le Comité volonté. Et entre maintenant et cette fusion que nous sou- Directeur et le haitons proche, il n’y aura pas trop de temps pour secrétariat de que chacun prenne en charge le sort de la collecti- vité en même temps que le sien propre. la FFAAA Il faudra certainement rappeler à de multiples occa- sions que la démocratie n’est pas plus une donnée souhaitent que naturelle qu’une incantation ou le résultat d’une méditation assise, mais simplement une envie de l’année partager, de participer, de bouger, de vivre. 2004 La Démocratie est l’art des faibles, me direz-vous, mais justement c’est cela un art martial et encore soit pour vous plus l’aïkido qui nie toute force, toute injustice, toute suprématie jusqu’à refuser même toute et les vôtres victoire. source de paix et Maxime Delhomme Président de la FFAAA de bonheur.

AÏKIDO MAGAZINE décembre 2003 est édité par FFAAA, 11 rue Jules Vallès - Tél: 01 43 48 22 22 - Fax: 01 43 48 87 91. www.aikido.com.fr - Email : [email protected] Directeur de la publication: Maxime Delhomme. Directeur administratif: Sylvette Douche. Photographe: Jean Paoli. Illustrateur: Claude Seyfried - stix. Toutes reproductions interdites sans autorisation préalable. Réalisation: Rose Night

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infos-stages

STAGES NATIONAUX ET STAGES JEUNES STAGE EXCEPTIONNEL à PARIS SAISON 2003/2004 Les 7 et 8 Février 2004 DÉCEMBRE 2003 dirigé par 07 décembre - Paris Moriteru Ueshiba, 21 décembre Christian Tissier - Dijon doshu JANVIER 2004 petit-fils du fondateur de l’Aïkido 04 janvier Christian Tissier - Lyon 10 janvier Christian Tissier - 10 et 11 janvier Franck Noël - Pont à Marcq Stade Charléty 11 janvier Christian Tissier - Bordeaux ou Lormont 18 janvier Bernard Palmier - Troyes 17, Ave Pierre de Coubertin - 75013 Paris 18 janvier Franck Noël - Rouen Inscriptions auprès de votre club pour le stage, le cocktail et le diner spectacle au Paradis Latin. FÉVRIER 2004 07 et 08 février Doshu - Paris ATTENTION ! AVANT LE 1ER JANVIER 10 au 15 février Jean-Michel Mérit - Guadeloupe POUR LA SOIRÉE CABARET DU SAMEDI 28 et 29 février Franck Noël – Nantes

MARS 2004 13 mars Christian Tissier - Pont à Mousson STAGES du 11 au 23 juillet 2004. 14 mars Christian Tissier - Brest Rens : 0148086442 - 0611401931 21 mars Christian Tissier - Clermont Ferrand - Fréjus 21 mars Franck Noël - Paris stage dirigé par Alain Guerrier 6e , - Crest 28 mars Bernard Palmier - Toulouse et Phillipe Grangé 4e dan du 29 au 31 stage dirigé par Alain Guerrier 6e dan mai 2004. Rens : 0494531400 et Phillipe Grangé 4e dan, du 19 au 25 AVRIL 2004 juillet 2004. Rens : 0663061400 04 avril Christian Tissier - Poitiers - Ile de Noirmoutier 18 avril Alain Guerrier - Boulouris stage dirigé par Joel Roche 5e dan, du - Roquebrune / Argens 29 au 31 mai et du 12 au 18 juillet 2004. stage dirigé par Christian Tissier MAI 2004 Rens : 0241487566 7e dan, du 25 juillet au 6 août 2004. 02 mai Christian Tissier - Lons le Saunier Rens : 0603247649 15 au 23 mai Franck Noël - Saint Denis La Réunion - St Pierre d’Oléron 29 et 30 mai Paul Muller - Corte stage dirigé par Franck Noel 6e dan, du - Porto Vecchio 20/21 et 22 mai Jean-Michel Mérit - Narbonne-jeunes 19 au 31 juillet 2004. Rens : 0561261031 stage dirigé par Christian Mouza 4e dan, du 26 au 31 juillet 2004. JUILLET 2004 - Hendaye Rens : 0608162488 05 au 09 juillet G. Maillot / P. Muller / G. Rettel stage dirigé par P. Grangé 4e dan, du stage préparation BEES 1er et 2è degrés. 11 au 17 juillet 2004. Rens : 0556808658 - Estavar stage dirigé par Franck Noel 6e dan, du AOUT 2004 - La Plaine Tonique 7 au 14 août 2004. Rens : 0561261031 23 au 27 août B. Palmier / F. Noel - Dinard stage dirigé par Patrick Bénézi 6e dan, stage enseignants et futurs enseignants

AU REVOIR MICHEL… restera toujours fidèle. En Guerrier a inclus des prises de vue réalisées par 1977 il entrera au comité AIKIDO lui-même en super-8 lorsqu’il résidait au Japon, Michel Leveaux nous a directeur de l’UNA. Origine et Transmission concernant les maîtres qui ont assuré la succession quittés. Toutes celles et Aujourd’hui encore, Durée 1h 08mn - VHS Pal ou DVD directe : Kishomaru Ueshiba, Yamaguchi Seigo, ceux, anciens et plus membre de la commission Réalisation : Osawa, mais aussi, pour la transmission en : jeunes, qui l’ont connu, des anciens de la ligue, il Alain GUERRIER 6e dan Tadashi Abe à Marseille en 1959, Mutsuro Nakazono côtoyé se souviendront de avait à cœur de donner un de l’Aïkikaï de en démonstration à Valence puis à Marseille sur la lui, qui jusqu’au bout sera peu de son temps à Canebière à l’occasion des fêtes du 1er mai ; monté sur le tapis et se sera l’Aïkido. Le réalisateura retracé la au cours de son 1er stage au Dojo- entraîné avec chacun Michel, nous chercherons vie de Beach, à Fréjus-Plage, en plein mois d’août. d’entre nous avec gentilles- longtemps encore, lors de depuis sa maison natale se, humilité et passion. nos stages, ta silhouette sur de Tanabé jusqu’au nord Prix DVD : 39€ Frais de port : 5€ Pionnier de l’Aïkido dans le le tatami, nous rappelant de Hokkaïdo en s’arrê- Prix VHS : 35€ Frais de port : 6€ Nord, il commença à prati- alors que tu as rejoint par tant sur les lieux qui Pour toute commande : quer cette discipline au une dernière esquive le furent marquants dans l’élaboration de cet art. Tél / Fax : Alain Guerrier : 04 94 53 14 00 club de Cambrai auquel il paradis des aïkidokas. Dans ce film, réalisé en vidéo numérique, Alain

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masamichi noro À l’Aïkikaï de Tokyo Masamichi Noro, surdoué de l’Aïkido, devient très vite un des uchi-deshi préférés de Morihei Ueshiba, qui n’hésite pas à l’envoyer, malgré son jeune âge, comme délégué officiel de l’Aïkikaï pour l’ et l’Afrique. Masamichi Noro arrive en France en 1961, il a tout juste 25 ans. Succédant ainsi à Tadashi Abe, il va ouvrir près de 250 clubs d’Aïkido et verra arriver en France Tamura Nobuyoshi ainsi que Nakazono Mutsuro. En constante recherche, il crée sa propre voie en 1979, sur les bases d’exercices mis au point pour se remettre d’un très grave accident dont il fut victime en 1961 : le Kinomichi, littéralement Voie de l’Énergie. En 2001, le groupe NoroKinomichi a rejoint la FFAAA comme discipline affinitaire. Dans son Korindo dojo de l’avenue des Batignolles, Masamichi Noro nous reçoit pour évoquer ce parcours d’exception et sa pratique, sans jamais se départir de ce sourire chaleureux que tous ceux qui furent ses élèves lui connaissent bien. le mouvement universel du ki

ENSEI, VOUS AVEZ DÉBUTÉ du corps. Mais à cette époque mes cé la pratique tout de suite, le premier moyens. Mais tout se passait magnifi- LA PRATIQUE PAR LE KENDO, parents voulaient que je devienne un cours du matin. Kishomaru m’a attra- quement, alors j’ai pris ma décision. Je JE CROIS, ET PLUS TARD jour médecin, c’était leur principale pé, m’a fait shiho nage… j’étais judoka suivrai les trois cours quotidiens, dont SL’AÏKIDO, QUELLES ÉTAIENT préoccupation. Ma famille résidait depuis plusieurs années, je n’aurais un dirigé par Osawa sensei. J’étais vrai- VOS MOTIVATIONS ? dans le nord du Japon. J’ai été envoyé jamais pensé que quelqu’un puisse me ment enthousiasmé. D’abord, je dois dire, qu’enfant j’étais au lycée à Tokyo. Les premières années projeter comme ça. C’était pas pos- très souvent malade, c’était affreux. Je j’ai étudié très sérieusement pour faire sible. J’ai été très étonné de cette tech- EN QUOI LA RENCONTRE AVEC devais souvent rester au lit. Vers 8, 9 plaisir à mes parents. Mais un jour nique, maître Ueshiba avait été sans MORIHEI UESHIBA A ÉTÉ DÉTERMI- ans, j’étais un petit garçon plutôt quand j’ai vu du , j’ai voulu en pitié pour moi, mon poignet été devenu NANTE POUR VOUS ? faible. À la sortie de la dernière guerre, faire. Je suis rentré au dojo de la police, très douloureux. Deux jours plus tard, Le contact avec O sensei est inexpli- beaucoup d’officiers se sont retrouvés je suis rapidement devenu 1er dan et Morihei Ueshiba était là. J’ai vu, j’ai cable. Tout s’est fait très simplement. Il sans travail. Un de ces officiers ami, puis j’ai fini par rentrer en faculté de compris, c’était magnifique ! Un vieil était là, par sa seule présence, par tout qui passait chez nous, dès qu’il m’a vu, médecine. homme comme lui, faisant de tels ce qui émanait de sa personne, j’ai été a dit : « Un garçon faible comme ça, ce mouvements, se déplaçant remarqua- emporté. O sensei nous disait : « Ma vie n’est pas possible. Il faut lui faire faire C’EST À CETTE ÉPOQUE LÀ QUE blement, avec ses cheveux et cette c’est la réalisation de l’amour. » J’ai des exercices physiques. » Mon père VOUS AVEZ RENCONTRÉ MORIHEI barbe blanches, c’était incroyable. Je voulu dès cet instant devenir très vite était très content, il pensait que cet offi- UESHIBA. me demandais où j’étais. Dès les pre- son « chou chou ». Je me disais qu’il fal- cier ferait de moi un être raisonnable. Je n’acceptais pas de passer mon miers jours j’ai décidé de m’installer lait que j’arrive à être bien avec lui pour L’officier a déclaré : « Je sais faire beau- temps à faire des études. Je l’ai dit à comme deshi. Je suis venu avec mon progresser le plus vite possible. Pour coup de choses, je suis kendoka. Je mon oncle qui était un ami d’école de futon, j’ai salué le maître Ueshiba qui qu’il me donne beaucoup. Un an plus vais lui apprendre le Kendo. Il faut , le fils du fonda- m’a introduit, puis je me suis installé. À tard, j’étais par mon travail un de ses qu’il pratique le Kendo. » teur de l’Aïkido, dont j’avais entendu cette époque là il y avait déjà, Tamura élèves les plus proches. Un matin O sen- J’avais 10 ans à ce moment-là. Dans le parlé 10 ans auparavant. Il m’a répon- sensei, Arikawa sensei, il y avait égale- sei me dit : « Noro, tu es libre ? » Comme même temps, il a dit : « J’ai rencontré du : « Si tu réussis en médecine, je te ment Okumura sensei, Tada sensei je lui répondais par l’affirmative, il pour- Maître Ueshiba. Il a des techniques présenterais au grand maître de entres autres comme externes. Nous suit : « Nous allons à Iwama. » J’ai pris magnifiques. » Le nom de l’Aïkido était l’Aïkido et tu pourras pratiquer. Je n’étions pas nombreux, parfois 5, 6 nos bagages, et nous sommes partis déjà dans ma tête, mais comme il était t’amènerai au dojo du fondateur. » pratiquants seulement. À l’époque, pour Iwama. C’était ma première ren- spécialiste de Kendo, j’ai fait du Immédiatement je me suis mis aux Kishomaru Ueshiba était salarié dans contre avec ce lieu aujourd’hui Kendo. Mon père était vraiment études, et j’ai été reçu 2éme au une entreprise pour subvenir aux mythique. content, il voyait que petit à petit, je me concours d’entrée à la faculté. C’était besoins de sa famille, et de O sensei À Iwama, il y avait Saïto et Isoyama développais. Ensuite, j’ai commencé à en 1955, mon oncle m’a emmené au son père également. La vie n’était pas sensei entre autres. Je dormais dans le m’intéresser au corps, au mouvement dojo de Morihei Ueshiba. J’ai commen- facile, ils vivaient tous avec très peu de dojo. À 5 h 30, O sensei commençait la

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journée par la prière avant de passer COMMENT A ÉTÉ DÉCIDÉ VOTRE aux exercices. Un jour il dit : « Noro, DÉPART POUR LA FRANCE ? viens, prends un . » J’arrive très Normalement c’est Tada sensei et moi ému avec mon bokken. Tout d’un coup, qui devions venir en Europe après le il frappe mon bokken… Mon corps a retour au Japon de Tadashi Abe, pour été comme électrifié… j’ai lâché le bok- lui succéder dans ses fonctions. Nous ken. Il a fait une moue de pitié en me étions délégués pour l’Europe et pour disant : « Noro, ça va pas, ça va pas ? » l’Afrique. C’est O sensei qui a décidé Il me dit : « Jo, maintenant. » J’ai pensé, sur une proposition de Kishomaru. il va frapper comme avec le bokken. Je C’est comme ça qu’en 1961, j’ai débar- m’y attendais. Au même instant il frap- qué à Marseille, après une longue tra- pe avec le jo. Il s’est passé le contraire. versée en bateau. Je me suis d’abord Lui même a du sentir mon énergie, il installé à Cannes. J’étais seul, Tada m’a dit : « Noro tu vas faire du jo…» finalement avait décidé de rester au Mais attention, mon bokken il est pas Japon. Je devais changer de pays tous mal non plus ! Cependant depuis ce les trois mois car je n’avais pas de visa suis Noro. » Puis il part et puis revient À mains moment je fais quelques complexes vis- de séjour, Italie, Allemagne, Afrique. Je : « D’où viens-tu ? » « D’Europe, O nues ou aux à-vis du bokken. Il a voulu que je conti- suis resté 8 ans sans pouvoir rentrer au sensei » Il m’a redemandé 4 ou 5 fois. armes le nue l’exercice après le cours. Il m’a Japon. C’était pas possible, ça coûtait Alors Kishomaru s’est approché et lui a Kinomichi montré des roseaux géants dans le jar- très cher et j’avais très peu de moyens, dit que j’arrivais de Paris. Tout d’un reprend din et m’a dit : « Voilà ton partenaire. » malgré les 250 sections que j’avais coup, il a réagi et s’est mis à sauter de toutes les Il m’a montré un mouvement technique réussi à ouvrir. Fin 1968, je suis rentré joie en disant : « Noro est là, Noro est techniques en me disant : « Fais ça ! » « Oui sen- au Japon parce que mon père était très là ! » Je voyais que tout le monde se de bases,de sei. » Je commence, mais au Japon, on malade. Dès que j’ai posé le pied, je demandait ce qu’il avait. C’était dans l’Aïkido. n’arrête pas la pratique avant que le suis allé directement à l’Aïkikaï, c’est les derniers moments de sa vie. Peu de maître le dise. Il s’était assis à une normal. Je suis resté dormir et j’ai assis- temps après il est décédé. table et me regardait. Le temps s’écou- té au cours de O sensei dans le nou- lait, je faisais la technique, combien de veau dojo où il y avait maintenant J’IMAGINE QUE LE PROCESSUS DE temps je ne sais pas, mais jusqu’à beaucoup de pratiquants. Il était très CRÉATION DU KINOMICHI A ÉTÉ épuisement. âgé, sa mémoire était devenue très ASSEZ LONG, QUAND S’EST-IL Je me suis approché de lui à quatre faible. J’étais en seiza parmi les autres, IMPOSÉ À VOUS ? pattes pour demander pardon de m’être O sensei s’approche de moi et me Tout d’abord il y a eu ce premier choc NAISSANCE DE LA arrêté. Mais en fait, il dormait… ! demande : « Qui es-tu ? » « O sensei, je pour moi. Un accident de voiture en TENUE DU KINOMICHI 1966 où j’ai été laissé pour mort. La vitesse me passionnait. Quand je suis Reconnaissable entre tous, le revenu à moi, je me souviens bien, hakama du Kinomichi est né, au deux ou trois de mes élèves étaient à début des années 80, de l’inspira- mes côtés qui me regardaient. Ils m’ont tion d’une élève de maître Noro. dit : « Vous avez eu un accident en voi- Styliste chez Hanae Mori, la mai- ture. » Tout le monde était très inquiet. son de haute couture de renom- J’étais allongé dans mon lit, tout de mée internationale, Mouchy, sur suite j’ai fait bouger un pied puis la demande de maître Noro va lui l’autre. Donc je pouvais faire quelques proposer divers croquis, directe- mouvements. La main droite pas de ment inspirés des tenues des problème, la main gauche, paralysée, samouraï du 17e et 18e siècles aucune sensation. J’ai demandé à par- qu’elle avait référencée lors de ler à un médecin à qui j’ai demandé ses multiples séjours au Japon. comment ça se fait que ma main ne La tenue blanche actuelle et la réagit pas. Il m’a répondu : « D’ici veste blanche que portent les quelques mois ça reviendra. » J’étais hakama sont fabriqués en France soulagé. J’avais conservé la possibilité à partir de l’un de ses croquis. de bouger. Mais durant ces moments Le hakama rayé, fabriqué au de souffrance, je me suis posé beau- Japon, est référencé dans la coup de questions. Je me disais : gamme des échantillons fournis Qu’est-ce que c’est que cette vie là ? pour les hakama traditionnels. Que suis-je moi-même ? J’ai dit au Le MON est médecin que je voulais quitter la cli- l’emblème de nique dans une semaine, que je vou- la famille lais faire des exercices pour développer paternelle de mon corps de nouveau. Il ne voulait maître Noro. pas me libérer avant un mois. Ce

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kinomichi

partout comment réaliser l’équilibre parvenu à la réalisation de ma propre dans mon corps, ça devenait plus clair. voie. J’avais expérimenté pendant ces Si nous réalisions l’énergie entre ciel et années un certain nombre de tech- terre. Si mon corps énergie est harmo- niques de kinésithérapie pour retrou- nisé avec le souffle de la terre. Ce n’est ver mon équilibre. Le Kinomichi est pas simple mais c’est là notre force de fondé sur l’ensemble de cette expérien- vie. Un jour Graf von Durckheim, que ce énergétique. Un mois plus tard, tous je considérais comme mon ami, et dont mes instructeurs sauf deux ou trois ont je suivais l’enseignement, me dit : « démissionné. J’ai aussi perdu la moitié Qu’elle est ton idée ? » Je lui ai répon- de mes hakama, j’étais déçu, triste. du que le hara, c’est l’outil pour réali- Entre temps, j’avais eu des mots assez ser l’énergie. L’homme doit utiliser son durs avec Kishomaru Ueshiba concer- énergie vitale centrée dans le hara. nant cette nouvelle organisation de Pour se réaliser, il doit harmoniser mon enseignement, mais nous nous cette énergie, la force de la terre avec la sommes finalement et définitivement force du ciel. Pour vivre, notre force réconciliés en 1986. Aujourd’hui, je doit rester sur terre. Si nous élevons suis très heureux que le Doshu Moriteru Ueshiba ait répondu favora- masamichi noro blement à l’invitation de la FFAAA de venir diriger un stage en 2004 à Paris. J’avais prévenu ma famille que cela n’était pas possible. Mais comme je fai- disait souvent : « C’est cercle, carré, tri- cette force vers le ciel, il nous renvoie pouvait arriver. Maintenant il fallait sais bêtises sur bêtises, il a fini par angle. Le cercle c’est l’univers entier, le sa force d’équilibre. La force du ciel reconstruire, mais sur de bonnes demander à mon élève de m’emmener carré c’est la terre, le triangle c’est passe par notre corps vers la terre ; les bases, lentement, avec le temps. ailleurs. J’ai commencé les exercices, l’homme. L’harmonisation de ces élé- deux forces se rejoignant au cœur de j’ai demandé à Asaï qui est en ments, c’est le ki. » Tous ces exercices, notre corps. J’étais convaincu que tant À QUEL MOMENT AVEZ-VOUS Allemagne de venir me rejoindre et je je les faisais à partir du centre vital, le que nous vivons, nous devons faire des RENONCÉ AU CARACTÈRE MAR- lui ai dit : « Asaï, à partir de mainte- hara. C’est le moteur de l’énergie, de exercices de terre-ciel pour garder cette TIAL DE L’AÏKIDO ? nant, exercices tous les deux. » tout. C’est cette force qui est en contact énergie. En Aïkido, on parle également Cela fait déjà bien longtemps. Vous Dix jours après l’accident, je commen- avec le ciel et la terre. Je saisissais tou- de centre vital. De fait, j’étais arrivé à savez, toutes les techniques, comme çais les exercices, mais mon corps ne jours plus les paroles de Morihei une réalisation personnelle, parfois en shiho nage par exemple, il fallait suivait pas. J’avais partout des cica- Ueshiba. opposition avec la pratique de mon qu’elles soient efficaces. Mais moi je trices. Le choc avait été très dur, mais Un jour, plusieurs années après mon maître Morihei Ueshiba. À ce moment n’ai jamais aimé l’affrontement. J’ai j’avais envie de m’en tirer. Je m’entraî- accident, comme je marchais dans la là, j’ai pensé qu’il fallait que je quitte toujours pensé aux paroles révolution- nais sans cesse, et dans le même temps forêt, en regardant un arbre j’ai repen- l’Aïkido. Ce n’était pas facile à assu- naires de Morihei Ueshiba : « La tech- je me questionnais encore, ma vie, sé à O sensei qui avec sa main réalisait mer. J’en ai parlé à mes proches. Je leur nique est au service de l’amour. » Au cette énergie en moi. Que suis-je ? l’harmonie entre l’arbre et lui-même. Je ai dit qu’avec l’Aïkido j’avais connu la fond de moi je n’aime pas l’affronte- J’avais une énergie extraordinaire. Je m’interrogeais. Comment l’arbre réalise réussite, mais que maintenant, le ment, alors le temps était arrivé d’éli- sentais la flamme en moi. Je voulais son énergie de vie ? Il puise sa force moment était venu de créer ma propre miner tout affrontement. Mais malgré dans mes exercices dépasser mes dans la terre par ses racines, elle passe voie. Que je la nommais, Kinomichi, la ça, si quelqu’un de très puissant, de limites. Je ne pensais qu’en termes par le tronc pour s’élever vers le ciel en voie de l’énergie. Que maintenant, la physiquement bien développé se pré- d’énergie. Je me rappelais les paroles créant un espace vital. C’est ça, c’est ça vie sera peut-être moins facile, moins sente avec sa force, je lui dis : viens, de O sensei : « Homme, ciel, terre. » Il qu’il faut, me suis-je dit. Je cherchais confortable… J’aurais pu continuer à bouscule moi…Je passe alors ma tech- enseigner l’Aïkido, mais il aurait fallu nique pour montrer que je suis encore que je triche avec moi-même. dans la recherche. PROGRESSION DANS L’INITIATION AU KINOMICHI Inimaginable. En décidant de me lan- cer dans cette voie, je prenais des PRÉCONISEZ-VOUS UN TRAVAIL Initiation 1 : Initiation 3 : risques importants, notamment de ne PARTICULIER SUR LE KI ? 3 mouvements de ciel et 3 mouve- à partir de 90 leçons et avec l’auto- pas être suivi par mes élèves. Il y avait Beaucoup de pratiquants d’arts mar- ments de terre constituent l’essen- risation de maître noro. beaucoup de raisons objectives que je tiaux parlent de ki, mais ce ki, ils l’uti- tiel des bases et permettent l’ap- initiation 4 et 5 : puisse me tromper. Tant d’idées, par- lisent pour s’affronter. Un jour je vois prentissage des positions fonda- perfectionnement réservé aux fois géniales, n’ont jamais abouti. Je deux de mes élèves qui pratiquent mentales : étirements, spirale, dia- futurs hakama et aux hakama. pouvais me retrouver dans l’impossibi- comme dans un affrontement. Dans gonale et notion de contact avec le lité de nourrir ma famille et même me l’exercice, ils étaient très contractés. partenaire. Pratique du jo et du bokken : retrouver mendiant…J’ai demandé à L’un dit : « Toi, tu as du ki. » Alors je symbole de la chevalerie japonaise, Odyle mon épouse ce qu’elle pensait leur ai dit, ça ce n’est pas du ki. Le ki Initiation 2 : leur utilisation contribue à affiner du nom Kinomichi. Elle m’a répondu : c’est le souffle universel, c’est un les débutants peuvent y participer à les sensations corporelles et les « Kinomichi… Kinomichi…Ça va, c’est souffle créatif. Ce qui est destructif, ce partir de 20 leçons effectuées en positions de base. bien. » Voilà comment j’ai annoncé la n’est pas du ki. Le ki c’est l’amour et initiation 1. reprise des bases dans création de ma voie. C’était en 1979. l’amour doit être harmonisation. le dynamisme. Treize ans après mon accident, j’étais L’énergie c’est la rencontre homme-

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terre-ciel. Quelqu’un qui dans un dominait. Dans les danses primitives …De fait, j’étais arrivé à une affrontement projette son partenaire comme dans les danses modernes, réalisation personnelle, parfois en très loin, ça ce n’est pas du ki. Dans l’énergie s’élève des pieds vers la tête, opposition avec la pratique de mon ces moments là, je me dis que tout ça de la terre vers le ciel. Aujourd’hui mal- doit changer. Nous devons changer. heureusement, il n’existe plus de disci- maître Morihei Ueshiba. Quel est le sens de cette vie moderne, pline qui travaille ce principe terre-ciel. À ce moment là, j’ai pensé qu’il qui établit cette relation entre les êtres, fallait que je quitte l’Aïkido. quand je vois le monde d’aujourd’hui QUE DEVIENT LA RELATION TORI- avec tous ces conflits ? La véritable UKÉ COMME LA CONNAISSENT Ce n’était pas facile à assumer. force est dans celui qui crée une rela- LES PRATIQUANTS D’AÏKIDO ? J’en ai parlé à mes proches. tion d’amour entre les hommes. Entre Kinomichi, c’est l’art du mouvement. Je leur ai dit qu’avec l’Aïkido j’avais l’homme et la nature, entre l’homme et C’est dans le mouvement que s’expri- l’univers. C’est cette énergie que le me cette énergie dont nous avons connu la réussite, mais que Kinomichi veut développer par ses parlé. Tori est au centre de cette spira- maintenant, le moment était venu exercices. Mais malgré cela quelqu’un le, uké, comme un atome, est en en de créer ma propre voie… peut arriver, se durcir et briser cette gravitation autour de ce centre. L’esprit harmonie. est dans ce mouvement d’harmonisa- tion entre tori et l’attaque de uké. C’est QUELS SONT LES PRINCIPES FON- à cela qu’il faut arriver, faire disparaître DAMENTAUX QUI DÉTERMINENT le désir de domination par l’affronte- donc la forme combative des défenses. devait utiliser son arme. C’est aussi à LE KINOMICHI ? ment. Tori et uké c’est l’harmonisation. Les techniques de l’Aïkido sont utili- ce moment que le bujutsu (technique La rencontre, la communication, Ce doit être une rencontre pour créer le sées comme vecteur de communica- de guerre), a évolué vers le bugeï (art l’amour, la paix. Souvent je dis dans souffle de l’harmonisation. tion, d’harmonisation, dans l’esprit de paix). La pratique des armes était mes cours : quand on commence l’édu- défini par O sensei. L’aspect extérieur devenue une pratique dans la joie de cation dans l’enfance, tout n’est que LES TECHNIQUES DE BASES DE de shiho nage reste shiho nage, mais à vivre. C’est dans cet esprit là qu’elle méfiance. Beaucoup de méfiance. L’AÏKIDO SE RETROUVENT-ELLES l’intérieur de la forme, ce n’est qu’har- s’intrègre dans le Kinomichi. Encore Attention, méfie-toi ! À l’école, qui t’as DANS LE KINOMICHI ? monie. C’est pourquoi je l’ai nommé : une fois, la voie que nous a montrée frappé ? Untel, alors va le tabasser. Toutes. Nous travaillons toutes les premier mouvement du ciel. Et ikkyo : Morihei Ueshiba. Quelle note ? Qui est fort ? Qui est techniques de l’Aïkido. Parce que je ne premier mouvement de la terre. faible ? Plus tard dans la vie active, la connais que l’Aïkido, pas autre chose. À QUI S’ADRESSE LA PRATIQUE DU rivalité s’installe. Il faut être le meilleur. Mais, la première chose à faire, par LE TOUCHER, DANS VOTRE PRA- KINOMICHI ? Plus fort, plus beau, etc. Je dis l’énergie exemple shiho nage. Nage, projection. TIQUE, SEMBLE ÊTRE UN ACTE À personne en particulier, à tout le du Kinomichi, ce n’est pas ça. C’est Dans la tête vient tout de suite l’idée de LIBÉRATEUR. monde, aux enfants comme aux l’esprit d’ouverture, le contact par projeter. Ikkyo, autre exemple, immobi- Bien sûr. Attention ! Le toucher peut adultes jusqu’à un âge avancé. J’ai l’exercice. Cet exercice, c’est comment lisation. Déjà, c’est deux exemples aussi être un piège. Dans le Kinomichi, même une pratiquante de 80 ans, elle optimiser cette énergie qui passe par la d’un début d’affrontement dans les le toucher est un facteur de communi- est magnifique, extraordinaire. Il est terre et s’élève vers le haut en traver- esprits, alors j’ai supprimé tous ces cation partagé. Il faut faire une distinc- bien sûr possible de s’initier à tout âge. sant le corps. Bien sûr le Kinomichi nage et immobilisations. De même tion, dans le toucher les deux souffles Le devoir des anciens est de s’ouvrir n’est pas seul à utiliser ce principe. À pour ce qui concerne les attaques. J’ai ne doivent pas s’affronter, sinon c’est la aux débutants. Cette communication l’origine de la danse déjà ce principe gommé l’esprit guerrier de l’attaque, destruction. est inscrite implicitement dans le Kinomichi. Une recherche d’esthétisme et AVEZ-VOUS ÉGALEMENT ADAPTÉ d’harmonie domine la pratique LE TRAVAIL AUX ARMES DE LE KINOMICHI EST EN QUELQUE du Kinomichi. L’AÏKIDO À VOTRE PRATIQUE ? SORTE L’ŒUVRE DE VOTRE VIE, Tout à fait, les armes de l’Aïkido se COMMENT LE VOYEZ-VOUS retrouvent dans la pratique du AUJOURDH’HUI ? Kinomichi. L’arme doit être un moyen Déjà presque 25 ans que nous déve- de développer le ki, comme nous loppons notre art. Je suis très enthou- l’avons défini précédemment, principa- siaste. Cet exercice me paraît nécessai- lement le bokken et le jo. C’est le pre- re pour l’humanité. Nous nous mier Shogun, Tokugawa, qui a déclaré sommes développés dans de nom- au XVIIe siècle : « Maintenant assez breux pays, en Europe et dans le de guerre, le Japon doit retrouver la monde entier. Le mois prochain je paix. » C’est sous son ère que le sabre serais au Mexique où j’ai beaucoup du samouraï a évolué vers un instru- d’élèves. Nous pouvons créer une ment au service de la paix. L’arme ne autre dimension dans la relation devait plus servir à tuer mais au humaine. Nous sommes déjà nom- contraire à favoriser l’équilibre inté- breux dans cette pratique. Je ne sais rieur, tout en devenant un symbole de pas exactement à quel stade nous pureté comme on le vit aujourd’hui. sommes arrivés, mais le Kinomichi fait C’est dans cet esprit que le samouraï toujours plus d’adeptes. ❁

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entretien avec

alain verdier Très investi dans la marche en avant de l’Aïkido en France, comme membre du Collège Technique ainsi que de la Commission Paritaire, Alain Verdier 5e dan, nous livre son point de vue, riche d’une expérience précoce à l’Aïkikaï de Tokyo, sur sa pratique et l’enseignement de l’Aïkido . L’EXPÉRIENCE TRANQUILLE

’avoir reçu l’enseignement des senseis à matin très tôt jusqu’au soir, avec des maîtres différents Dl’Aïkikaï de Tokyo a-t-il influencé votre concep- mais tous de valeur, une « clientèle » également différente tion de l’art martial ? selon les moments de la journée. Tout ceci permet au pra- N’étant pas, je pense, complètement imperméable à mes tiquant curieux et assidu d’enrichir considérablement sa congénères, il serait quelque peu présomptueux de ma pratique, de varier les expériences ; il en arrive même par- part de dire que ma conception de l’aïkido est sortie fois à oublier qu’il fait un art martial tellement « le cours indemne des divers enseignements que j’ai pu recevoir à d’aïkido » est inscrit dans son quotidien et c’est là peut- l’Aïkikaï, ou en France d’ailleurs dans la mesure où c’est être qu’il s’imprègne le plus des valeurs essentielles de moins une question de lieu que de personne. Au premier l’aïkido ; tout ceci évidemment est à la mesure de la per- plan, il y a en effet les maîtres, les enseignants et l’attrait, méabilité dont on est capable à ce moment-là. donc l’influence qu’exerce sur votre pratique tel ou tel, la perspective qu’il représente. La qualité de cette influence Faut-il s’imprégner de culture japonaise, de ses est certainement en partie fonction de la qualité de la rela- rituels, pour mieux comprendre l’aïkido ? tion entre l’enseignant et l’élève et cela ne se décrète pas. Cela ne peut pas faire de mal ! Je suis souvent surpris par le manque de pudeur d’aïkido- Plus sérieusement, cette question soulève deux pro- kas même confirmés qui, en la matière, pensent qu’il suf- blèmes. Un premier que je formulerai ainsi : « faut-il ou fit d’avoir choisi un maître pour que celui-ci les ait élus. doit-on rester fidèle aux origines de l’aïkido ? » Je sais qu’il Outre le paradoxe évident que représente cette attitude, il s’agit d’un sujet sensible chez nombre d’aïkidokas ; s’agit là d’une belle illustration de cette étape égocentrique répondre positivement relève, à mon avis, d’une forme de par laquelle doit passer tout aïkidoka et qui aurait tout à « primordialisme » qu’on pourrait définir comme l’idée, la gagner à rester une étape. volonté, l’invocation d’une fidélité intégrale aux origines. Après, bien sûr, il y a le contexte un peu particulier, un peu Cette idée me semble nier complètement le fait que, si mythique je dirai, de l’Aïkikaï, l’organisation spécifique l’histoire de l’aïkido n’a pas forcément un sens, elle a en des cours, leur succession tout au long de la journée du revanche un cours, un déroulement. La création de l’aïki- do est, par définition, un moment essentiel de ce déroule- ment et il ne s’agit pas bien sûr d’en contester l’impor- IKI MG 13 DEF 5/12/03 08:25 Page 9

tance. Il n’en reste pas moins qu’il serait aberrant que l’aï- espace commun entre les protago- kido se donnât comme objectif ou aboutissement la stricte nistes, une présence qui ne se observance de ses origines. Cette forme d’intégrisme, qui nourrirait pas de l’élimination, par définition n’a que le temps en sa faveur, pourrait avoir même symbolique, de l’autre. La comme effet pervers de dispenser de toute réflexion active véritable supériorité de l’aïkido en sur ce que l’on fait, ce qui irait certainement à l’encontre tant que système éducatif est bien des valeurs que souhaite promouvoir l’aïkido. dans la reconnaissance qu’au-delà Le deuxième problème tient à l’aspect universel de l’aïki- de la fusion ou de la séparation il y do. Si, comme l’a voulu le fondateur, l’aïkido se situe au- a la place pour un espace commun delà de toute culture, de toute époque, de toute race et où chacun justement peut affirmer religion, il serait quelque peu paradoxal de devoir s’impré- sa présence. Quelle discipline col- gner de culture japonaise pour pratiquer le « véritable aïki- lective, à part peut-être la démo- do ». Qu’un minimum soit souhaitable et souhaité, je le cratie dans le domaine politique, conçois tout à fait, et on ne peut que se féliciter de l’apport peut se prévaloir d’une telle aspi- que constitue à cet égard l’enseignement de ceux qui ont ration ? longtemps séjourné au Japon. Bien sûr, pour nous aïkidokas, l’aï- En revanche, la compréhension, telle qu’on l’entend pour kido a toutes les vertus, en tout cas l’aïkido, c’est à dire non pas seulement intellectuelle mais celles qu’on veut bien lui prêter ; aussi psychologique et physique, voire sensorielle, néces- gardons nous de croire cependant site une certaine réceptivité qui peut être fonction des que l’aïkido crée « naturellement » conditions d’accès à l’aïkido. En dehors du Japon, se cette présence, il ne fait que porter mettre à la pratique de l’aïkido est souvent perçu par l’in- en lui cette opportunité qu’il téressé comme un événement à la mesure de la rupture appartient à chacun d’entre nous de révéler par une pra- psycho-sociologique qu’il constitue. Au contraire, le tique assidue et vivante. Japonais, ou le Français vivant au Japon, ne ressent pas, me semble-t-il cette rupture, ce qui lui permet d’entrer de Après toutes ces années de pratique de l’aïkido, plain-pied dans la pratique, sans traumatisme, et d’adhé- quelle est l’orientation principale de votre ensei- rer plus simplement et immédiatement au projet qui lui est gnement ? proposé. Elle est très liée à ma réponse précédente. C’est tenter de Je pense que l’enseignement de l’aïkido en France doit mettre en oeuvre les moyens permettant de faire émerger aussi prendre en compte cet état de fait et s’efforcer de et s’affirmer cette présence. Quels sont-ils ? Ce peut être, dédramatiser cet aspect de la pratique afin qu’elle puisse par exemple, de montrer que la concentration n’est pas le être vécue pleinement. fait de centrer son attention sur un point, de se fixer mais au contraire d’être relâché, dans le sens de « serein », c’est Chaque discipline martiale a son efficacité spéci- à dire d’être disponible pour intervenir à tout moment sans fique, quelle serait celle de l’aïkido ? donner de point d’appui au partenaire. C’est, dans le droit L’efficacité peut se décliner à différents niveaux. Au-delà fil, essayer d’avoir l’esprit libre, libre de tout objectif, de de celle qui consiste à réduire momentanément ou défini- tout résultat susceptible d’être utilisé pour une reconnais- tivement, partiellement ou complètement, un adversaire sance de soi par les autres, c’est éviter d’avoir une vision ou réputé tel, il y a d’autres formes d’efficacité plus large- ment opérationnelles qui me semblent pouvoir être déve- loppées par l’aïkido ; la plus intéressante à mes yeux est Au-delà celle liée à ce qu’on peut de la appeler, faute de mieux, la technique, présence ; une présence qui l’aïkido serait autre chose que la est un état concentration au sens où on harmo- l’entend habituellement et nieux qui confine parfois à l’obses- entre soi sion, une présence qui se et son par- libérerait de toute visée nar- tenaire, cissique, une présence qui, à sans consi- travers un conflit dont on ne dération sait jamais complètement s’il de culture est « pour de faux ou pour de de race vrai », serait faite de disponi- ou de bilité, de lucidité, une présen- religion. ce qui serait productrice d’un

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…Ce n’est qu’en améliorant la regard de l’enseignant, qu’il progresse. Le problème récur- qualité du passeur et la qualité de la rent de la pédagogie touche au choix de la logique d’en- « marchandise » passée qu’on seignement : faut-il privilégier une logique de la restitution améliorera la transmission. ou une logique de la compréhension ? Bien sûr, ce n’est pas aussi tranché que ça mais on penche tous d’un côté ou En aïkido, les deux sont intimement de l’autre. En ce qui me concerne, je penche plutôt du côté liés même si certains considèrent un de la compréhension, car ce me semble plus prometteur, peu schizophréniquement que mais je ne minimise pas du tout l’intérêt de la restitution. Surtout si c’est une restitution bien comprise ! Ce qu’il faut pédagogie et contenu peuvent faire éviter à tout prix, c’est que l’aïkido ne devienne par trop l’objet d’un traitement séparé. réducteur et n’enferme ses pratiquants dans des schémas Je pense par exemple que, dans stéréotypés, auquel cas on se dirigerait tout droit vers la mort de ce qui est vivant. Pour répondre plus directement l’enseignement de l’aïkido, il ne faut à votre question, je crois que la progression est directement pas systématiser le recours à des fonction du plaisir que l’on a à se sentir progresser et qu’el- artifices pédagogiques.… le se moque un peu des délais de livraison. Les techniques d’armes peuvent-elles avoir un effet dans ce sens ? C’est une question qui aura du mal à être tranchée ! Faut- linéaire du temps où il y aurait un début et une fin et où il avoir fait du latin et du grec pour s’exprimer plus vite et l’on serait à la fois prisonnier du passé et dans l’angoisse correctement en français, pour être un bon écrivain ? Je du futur, c’est vivre plus intensément le présent pour ce n’ai pas d’avis arrêté, mais concernant le sujet qui nous qu’il est et qui ne vaut que pour ce qu’il est. occupe, je ne demande qu’à être convaincu tant je suis Bien entendu, à un niveau « technique » moindre, je m’at- intimement persuadé, pour l’avoir vécu de façon furtive, tacherai à faire prendre conscience aux débutants du plai- qu’il y a un lien mais qu’il n’est pas toujours là où on sir qu’ils peuvent éprouver à se mouvoir par rapport à un essaie de nous faire croire qu’il est. Il n’est pas rare que la partenaire, à chuter pour mieux se relever... en évitant éga- pratique des armes soit considérée par les enseignants lement que ces objectifs ne deviennent pour moi une idée comme un dérivatif à l’aïkido. Il n’est pas rare non plus fixe ! De façon générale, je m’efforce de solliciter progres- que cette même pratique soit vue comme parfaitement sivement et le plus intensément possible la « présence » indispensable à toute progression en aïkido. Alors, fusion ? chez les élèves, en étant convaincu qu’il s’agit là d’un puis- séparation ? Il y a sûrement un espace commun entre aïki- sant levier d’autonomie et de responsabilité en même do et armes où les positions peuvent s’affirmer sans se temps qu’un moyen non négligeable d’améliorer la qualité rejeter. Même si pour d’aucuns, le travail des armes donne des relations. l’illusion d’un plus grand réalisme, au fond il est plus aus- tère, dans un premier temps moins chargé de valeur « com- Quel principe majeur proposez-vous à vos élèves munication », le contact y est plus virtuel et, de ce fait, il pour progresser plus rapidement ? me semble que c’est une pratique qui exige beaucoup de Au bout de plusieurs années d’enseignement, on sait tous temps et d’investissement avant de pouvoir faire un début qu’il est un peu vain de vouloir faire progresser plus rapi- de lien avec l’aïkido. Ce n’est bien entendu pas une raison dement les élèves : l’aïkido n’est pas une course, même pas pour ne pas s’y adonner, ce pourrait même être une raison une course de fond. La bonne vitesse de progression, c’est pour le faire mais, dans tous les cas, je ne crois pas à l’ef- celle où l’élève a l’intime conviction, corroborée par le fet d’accélérateur que cela pourrait avoir sur la progression en aïkido. IKI MG 13 DEF 5/12/03 08:25 Page 11

entretien avec

alain verdier

des brouillons écrits au propre immédiatement, avec plus Comme ou moins de fautes d’orthographe, plus ou moins de fautes passeur de de grammaire ; jamais d’œuvre définitive comme peuvent savoir, l’être un livre, une peinture, un poème qui auraient été Alain repris cent fois, corrigés, polis. verdier Il ne faut donc pas laisser passer cette chance qui permet s’appuie de prendre le recul suffisant pour analyser sa technique, sereine- Est-il nécessaire de faire un travail particulier de car c’est ce qui nous rendra plus tolérants à nos différences ment sur développement et maîtrise de l’énergie interne ? et peut-être même les effacera partiellement. C’est ce qui une expé- Je n’y ai jamais pensé tout à fait en ces termes là. Il m’est permettra également à l’aïkido de ne pas devenir un rience rare arrivé, il y a de cela très longtemps, de faire des stages de champ insularisé pour spécialistes, tant la spécialisation, ainsi que respiration. Est-ce cela l’énergie interne ? Toujours est-il en limitant la zone du savoir, me semble bornée et pro- sur une qu’un ami m’ayant fait remarquer que, lui, il n’arrêtait ductrice de postures. Le véritable risque est bien là, que la grande jamais de respirer et que cela lui semblait même préfé- réalité devienne une réalité pour chacun. Alors, peut-être maîtrise rable, j’ai cessé de me polariser sur cet aspect des choses ! les enseignants doivent-ils se souvenir que l’aïkido, à des tech- Depuis, j’ai eu tout loisir de vérifier que, effectivement, l’image du labyrinthe, est une énigme qui, pour être réso- niques. quand on fait de l’aïkido, on continue de respirer ! lue, suppose de valoriser l’échec, de tirer parti des impasses et des impossibilités, de faire face, de persévérer, Comme membre du collège technique, quelles pro- de se souvenir, de jouer, d’accepter de se perdre pour trou- positions faites-vous pour améliorer encore la ver des issues qui sont la plupart du temps provisoires. Se transmission de l’aïkido ? perdre n’est jamais un échec, « c’est seulement une occa- Quand on transmet un savoir, quel qu’en soit le niveau, on sion d’aller là où on n’est pas attendu. » Dans ce sens-là, est dans un rôle de passeur. Le passeur se trouve face à nul doute qu’une valorisation raisonnable de l’échec pro- une demande, une envie et je crois que, comme le dit la duit de la confiance en soi. Or, la confiance en soi et le chanson, il ne faut pas trop donner avant même l’envie. Ce doute sont bien les deux moteurs qui nous permettent d’al- n’est pas une question de rétention d’informations mais ler de l’avant. bien d’adéquation, de décalage pouvant exister entre le projet de l’enseignant et la capacité réceptive de l’élève. Ce Quelle est la finalité de l’aïkido ? n’est qu’en améliorant la qualité du passeur et la qualité C’est arriver à traverser des labyrinthes sans cesse réin- de la « marchandise » passée qu’on améliorera la trans- ventés par ceux que nous trouvons sur notre route, parfois mission. En aïkido, les deux sont intimement liés même si en travers de notre route. L’aïkido, c’est un peu un miroir certains considèrent un peu schizophréniquement que qu’on transporte tout au long de cette route. Ce miroir, il pédagogie et contenu peuvent faire l’objet d’un traitement faut en prendre soin, ne pas l’ébrécher, ne pas le casser et séparé. Je pense par exemple que, dans l’enseignement de c’est quand même mieux de le nettoyer de temps en temps. l’aïkido, il ne faut pas systématiser le recours à des artifices Faute de quoi, il pourrait être tenté de renvoyer des images pédagogiques. L’aïkido porte déjà en lui tout l’enseigne- brouillées. Je me plais à imaginer que quand on habite Alain Verdier ment dans la mesure où il est avant tout communication et complètement l’image renvoyée par un miroir en bon état, enseigne au que communiquer, c’est transmettre ; la moindre technique alors on doit pouvoir vivre sans réticence, jusqu’au dernier dojo AMBV d’aïkido est chargée d’informations à l’attention du parte- moment. t 84, cours naire. Donc, ce qu’il nous faut améliorer avant tout c’est la Aristide Briand qualité de notre pratique : pour cela on a la chance en aïki- 33000 Bordeaux do de pouvoir faire autant de « brouillons » qu’on veut, Tel : 05 56 92 12 91

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rencontre avec

marc bachraty Technicien exemplaire de la génération montante de l’Aïkido français, Marc Bachraty, 4e dan, a suivi un formation pluridis- ciplinaire qui donne à son enseignement un attrait particulier. GÉNÉRATION PLURIELLE

ous avez une pratique qui font aujourd’hui la fédération. Et sement de Paris. Ce style de karaté pratique un lieu de vie et d’éveil en du budo assez com- c’est là aussi que j’ai fait la rencontre très sobre et très pragmatique s’utili- considérant notre corps comme un Vplète, quelles écoles de Christian Tissier, qui passait se sur des distances courtes. Les moyen d’aller à la rencontre de nous- vous ont le plus marqué? parmi les élèves pour nous aider à positions sont plutôt hautes et natu- même et des autres. Il faut s’efforcer En effet , j’ai pratiqué pendant 5 ans décrypter les techniques que nous relles ; on y cherche à concentrer par un travail corporel de com- le judo, comme beaucoup d’enfants enseignait Endo sensei. Depuis ce toute la puissance dans le hara afin prendre les principes qui donnent du qui souhaitent commencer un art jour je n’ai cessé de participer aux d’être stable et enraciné. Ce style sens à la vie. La pratique du budo martial. Ce n’est qu’ à l’âge de 16 stages de ligues et à ceux de accorde une place importante au tra- exige de la volonté, de la conviction, ans, en 1985 que j’ai découvert l’aï- Christian Tissier. Plus tard je suis allé vail à deux et il y a même des exer- de l’humilité pour accepter de kido. C’est dans le dojo de Mariano rejoindre le Cercle Christian Tissier à cices qui s’apparentent au travail des remettre sans cesse en cause son Aristin que j’ai fait mes premiers pas. Vincennes. mains collantes du Tai-chi chuan savoir ou ce que l’on croit posséder. J’aimais la dynamique et le sérieux Par ailleurs, sur les bancs du lycée que je pratique un peu. Par ailleurs qui se dégageaient de ses cours. on échangeait nos techniques res- Zenei Oshiro qui a été l’élève de Pourquoi avoir choisi Mariano Aristin nous donnait aussi pectives avec des amis qui prati- maître Matayoshi aussi un expert du l’Aïkido comme pratique une fois par semaine un cours quaient le karaté. c’est ainsi que je Kobudo d’Okinawa. Alors parallele- centrale aujourd’hui ? d’armes essentiellement basé sur me suis rendu compte qu’il fallait ment au karaté je pratique aussi L’une des compréhensions fondamen- l’étude de l’aiki-ken et de l’aiki-jo. que j’améliore ma compréhension cette discipline, depuis maintenant tales du budo est sa relation étroite Après quoi l’on pratiquait le iaido de des frappes pour rendre ma pratique une dizaine d’années. avec les questions existentielles que l’école seitei-iai. de l’aïkido plus pertinente. J’ai C’est ainsi que je perçois le budo l’on peut se poser. Il nous permet Assez rapidement, les anciens du découvert le karaté Goju-ryu comme une voie initiatique qui vise à chaque jour qui passe d’apprécier club m’ont poussé à faire des stages d’Okinawa par l’intermédiaire de la formation physique et spirituelle intensément la vie en respectant les et c’est ainsi que j’ai fait mon premier Zenei Oshiro. Pendant des années, de l’individu, dans un engagement autres, la nature et de se connaître stage avec Endo sensei en 1987. Il y j’y suis allé deux fois par semaine sur le long terme. Il y a dans le budo davantage, pour trouver la sérénité. avait présents tous les hauts gradés dans un petit dojo du 12è arrondis- cette volonté constante de faire de sa L’Aïkido est ce moyen d’y parvenir, et

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peut se définir par ces deux mots : breuses années maintenant. rigueur, il est capable de nous pous- travail des armes nous donne l’occa- l’empathie et la clémence. Christian Tissier est une personnalité ser loin dans nos objectifs afin d’éle- sion d’exprimer cette notion. Dans la relation que l’on établie, il y à part dans le monde de l’Aïkido. ver notre niveau. La vitesse n’est possible que si le a toujours cette volonté d’écouter, de C’est un être brillant que j’ai la chan- Il y a également Zenei Oshiro, qui corps est suffisamment relâché pour sentir, de comprendre les intentions ce de côtoyer un peu. Son attitude avec patience et gentillesse dispense laisser fuser le geste. En d’autres du partenaire. Toute la pratique de est exemplaire et de toutes les ren- ses cours avec un rare enthousiasme. mots le relâchement peut être la l’aïkido doit tendre à nous harmoni- contres que j’ai faites c’est certaine- Il me permet de comprendre un peu mesure de la vitesse. ser ; faire que l’on assure notre deve- ment la personne qui influence le plus la pensée japonaise dans la Pour ma part et en rapport à mon nir dans la rencontre avec l’autre, en plus ma pratique. conception du karaté et les valeurs âge, je pense que cela correspond à trouvant les principes qui animent Dans ses cours, il a toujours le désir humaines qu’exige cette discipline. une étape qu’il faut expérimenter toute rencontre.On s’efforcera de res- de nous transmettre un enseigne- C’est aussi une personnalité discrète pour voir ce qu’il y a derrière. La pecter sans cesse l’intégrité du parte- ment rigoureux et profond, faire en et rayonnante. Merci à eux deux. vitesse est inscrite dans l’esprit des naire en assurant sa propre sécurité. sorte que nous puissions com- arts martiaux japonais. Il y a toujours Je crois que le pouvoir de contrôler prendre ce qui est important dans À vous voir pratiquer, il cette volonté d’optimiser un geste ses émotions a d’énormes répercus- une technique, et aller directement a semble que la vitesse pour le rendre le plus spontané et le sions sur la façon dont on organise l’essentiel. Sa façon de concevoir et d’exécution soit un fac- plus pertinent possible à l’instar de sa pensée, et sur la façon dont on d’expliquer un geste est sans nul teur primordial dans la l’archer qui n’aurait qu’une seule exécute une technique. autre pareil. Il est toujours très pur et technique ? flèche dans son carquois pour L’aïkido, est aussi le seul art martial le plus simple possible dans ses La vitesse est une qualité qu’il nous atteindre une cible mouvante. où il est fait cas du travail de uke. démonstrations. Mais nous savons est offerte de découvrir, aussi je pense La vitesse fait aussi appel au mental, Celui-ci nous rappelle sans cesse que tous que la conception simple, sans qu’elle est utile. où il lui est demandé de prendre une des évènements imprévus peuvent superflu d’un geste technique C’est une des expressions de la vitali- décision juste, claire et immédiate arriver à tout instant, nous obligeant demande une longue maturation et té. Personnellement, j’ai toujours été sans tergiverser. à s’adapter aux circonstances. des années de travail et de impressionné par cette qualité chez L’Aïkido, c’est aussi avoir un esprit recherche. C’est ainsi que du débu- les kendoka, qui dans leur concentra- Vous utilisez beaucoup présent, vigilant et attentif à tout ce tant au plus gradé, chacun pourra tion extrême et leur apparente tran- les atemis, dans quelles qui nous entoure. trouver les outils nécessaires à sa quillité extérieure, sont capable de phases sont-ils le plus Enfin, j’aime l’esthétique de l’aïkido, compréhension pour améliorer sa faire jaillir en une fraction de secon- efficaces ? son raffinement lorsqu’il est animé technique. de, une frappe incisive et détermi- En première analyse, il convient de par la fluidité et la dynamique. Ce qui me marque le plus en lui, c’est nante en clouant littéralement sur faire une différence entre les atemis cette capacité à renouveler sans place l’adversaire. portés en karaté et en aïkido. En Suivez vous un sensei cesse sa pratique et à nous apporter Mais bien sûr, la vitesse rime avec effet, en karaté on étudie l’atemi particulièrement ? de la nouveauté. Il est en constante lenteur et ce sont ces deux expres- comme un geste optimal qui permet En aïkido, je suis l’enseignement de recherche. Par sa clairvoyance et son sions de l’énergie qui vont donner le de neutraliser un individu. Aussi se Christian Tissier depuis de nom- discernement, sa constance et sa rythme à la technique. forge-t-on une arme avec toutes les J’aime cette capacité à être vif, parties du corps. Cela permet d’ac- tonique et dynamique. Du reste le croître une relative confiance en soi et de comprendre quels sont les points faibles du corps. De ce fait la notion d’altérité est importante, car à travers le travail spécifique des

Beaucoup de relâchement dans une grande rigueur tech- nique produit une qualité d’aïkido exemplaire.

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rencontre avec

marc bachraty

atemis on en apprend un peu plus pour le placement des hanches, la sur le fonctionnement bio-méca- recherche de l’assise à travers la nique du corps et de sa propre mobilité. Il oblige à unifier toutes les fragilité. parties du corps et l’esprit afin de les Cela étant dit, l’approche de l’atemi concentrer pour un geste parfait. jutsu que Christian Tissier nous sur les postures, les démarrages, la en aïkido me semble toute différente. Le tai sabaki nous permet de com- enseigne. Le ken est essentiel à ma détermination, sur le sens de l’enga- En effet, pour nous autres aïkidoka prendre que le hara, les hanches pratique car il permet de mieux com- gement, sur Irimi, etc. l’atemi est conçu comme l’une des sont l’un des moteurs du corps prendre l’aïkido et de développer des Psychologiquement, le kenjutsu composantes à la construction de la humain ainsi que le siège de l’équi- qualités spécifiques. l’éveil et forge le mental au danger. Il technique. En cela il oblige au cen- libre mais également que les jambes Ainsi en aiki-ken, on s’efforce de stimule donc notre attention et obli- trage à travers le placement, à l’at- sont des outils qu’il faut énormément s’harmoniser aux attaques de l’autre ge à la vigilance. Il nous apprend à tention portée au geste ; il permet de travailler pour développer, améliorer et ainsi développer une perception contenir nos émotions. Le danger est gérer la distance, et de générer et nos habiletés motrices. Ces mouve- plus fine de la qualité des angles. On toujours présent dans le travail au entretenir un déséquilibre, de proje- ments qu’ils soient irimi, irimi tenkan apprendra à effacer les hanches, le ken. C’est en ce sens qu’il aiguise ter en donnant un sens de chute ; par ou henka, offrent au corps une capa- travail de liaison avec le partenaire. notre esprit. ailleurs il permet de dissuader, de cité à trouver de la vigueur, de la Rapidement, des formes de corps De plus, en ken la relation martiale donner du rythme à la technique, vitesse, et d’acquérir une force apparaîtront plus claires pour mieux est souvent plus forte qu’en aïkido, d’apprécier la qualité des angles don- élastique. appréhender l’aïkido. ainsi il n’y a pas de place pour la tri- née à la technique, etc. Il permet Le henka est le point charnière au En kenjutsu, on insistera davantage cherie, pour la supériorité de poids, aussi de prendre conscience de notre irimi tenkan. Il est très intéressant à propre schéma corporel. Je crois qu’il travailler car il oblige un placement est une part importante de l’aïkido. correct des hanches ainsi que des angles fins pour laisser passer l’at- …La technique est un Quelle place faites-vous taque et construire la technique. Les alphabet, un langage qu’il au Tai sabaki ? jambes sont les piliers et le soutien faut s’approprier par la répé- Le Tai sabaki est fondamental en du corps humain. aïkido, dans la mesure où il intègre Dans mon enseignement, j’y accorde tition, afin que le corps dans sa pratique les notions Ma-ai une large place. acquiert des qualités qui avec (la distance) et le De-ai (l’anticipa- J’ai toujours été très impressionné le temps, prendront tout tion). par le irimi tenkan de Christian Le tai sabaki renvoie aussi aux prin- Tissier sur le katate dori Shiho nage leur sens et dimension. cipes de fluidité, de non opposition, Ura. Dans son pivot, il est capable L’esprit en revanche va et d’orientation de la force. de nous laisser sur place avec une animer et personnifier la Il nous force aussi à l’attention et vitesse et une stabilité, qui glacent. permet d’adhérer au mouvement, de technique, faire en sorte que créer une relation, de l’entretenir. Pratiquez vous les armes chacun va s’approprier la D’un point de vue corporel, il déve- parallèlement à l’aïkido ? technique, la digérer et loppe l’équilibre en apprenant à pla- Oui en effet, je pratique le Ken et le cer son centre de gravité le plus bas jo. En ce qui concerne le travail du la faire sienne… possible. C’est un exercice important Ken, je pratique l’aiki-ken et le ken-

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Pour Marc Bachraty, vigilance, anticipation, distance, sont autant de points majeurs à développer pour une bonne exécution des techniques d’aïkido.

ni même pour la spéculation. On se gage qu’il faut s’approprier par la nables pour une bonne vue psychologique il faudra toujours doit d’être intransigeant et sans répétition, afin que le corps acquiert pratique de l’aïkido ? s’efforcer d’être attentif à l’autre pour concession envers son partenaire. des qualités qui avec le temps, pren- En aïkido, il existe de nombreuses percevoir ces intentions. Il faut gar- Seul le travail prévaut. Toute la pra- dront tout leur sens et dimension. techniques mais qui répondent à des der une entière maîtrise de soi et être tique du ken s’attache à améliorer L’esprit en revanche va animer et per- constructions assez semblables dans capable de contrôler ses émotions. nos qualités techniques. On y déve- sonnifier la technique, faire en sorte l’ensemble. C’est à dire qu’il faut au Nous devons toujours agir avec un loppe l’anticipation, la coordination que chacun va s’approprier la tech- delà de la simple technique trouver maximum de sincérité, de détermina- ainsi que la tenue du corps, la posi- nique, la digérer et la faire sienne. les principes qui les lient entre elles. tion et d’honnêteté pour s’inscrire tion du dos, des hanches, le relâche- La technique est un legs que nous ont C’est peut être a travers cette exigen- dans une relation la plus vraie pos- ment des épaules, etc. transmis des générations de maîtres ce que l’on comprendra ce qu’est sible. L’engagement doit être total. Il C’est en cela qu’il est nécessaire à en remontant jusqu’au fondateur, l’aïkido dans son essence. faut faire en sorte de travailler avec l’étude de l’aïkido. En ce qui concer- pour nous donner les principes philo- Alors il y a effectivement des aspects esprit ouvert pour entrevoir toutes les ne le travail du jo, bien qu’il en res- sophico-spirituels de l’aïkido. techniques à souligner comme : opportunités de travail ; ce qui sorte les mêmes qualités qu’au ken, il L’esprit quant à lui permet de faire La recherche du placement juste, implique une totale disponibilité du offre une plus grande liberté d’action, évoluer la compréhension de la tech- qui implique une bonne compréhen- corps et de l’esprit pour ne pas géné- de fluidité de mouvement et de sou- nique et d’affiner notre interprétation. sion du ma-ai (cet intervalle d’espa- rer de raideur, de crispation et de plesse. En jo la notion du uke naga- Il donne du sens à ce que nous ce-temps où les deux protagonistes refus (lequel est toujours sclérosant shi (Ukeru signifie recevoir. Nagashi sommes et ce que nous voulons entrent en relation et qui conditionne et ennuyeux). Il faut toujours accep- vient du verbe Nagareru qui équivaut devenir. C’est d’ailleurs la raison pour la mise en œuvre de la technique et ter de remettre en cause son savoir à à : fluidité. On peut donc le traduire laquelle l’aïkido est un art vivant. sa parfaite réalisation. C’est là aussi chaque fois que l’on monte sur le par « recevoir l'attaque de façon flui- En fait, c’est comme si vous aviez que vont se créer le rythme, le mou- tatami, car c’est à ce prix seulement de ) est très importante, dans laquel- toujours à lire le même livre. A vement) et du de-ai (ce que l’on que l’on trouvera les ressources pour le la recherche de la défense se fond chaque nouvelle lecture se fait jour appelle l’anticipation, cette capacité progresser et continuer dans cette avec celle de la riposte. L’étude du jo une compréhension différente, plus à envoyer un stimulus chez le parte- voie ; permet de mettre en place l’alternan- pointue. naire pour le faire agir ou réagir. C’est Enfin il y a la notion de vigilance ce du jeux de la contraction-décon- L’esprit offre à tout le monde l’oppor- le point crucial à ne pas manquer, (zanshin), c’est à dire de pouvoir à traction du poignet, ainsi que sa tunité d’explorer des pistes de tra- car c’est lui qui va cristalliser le chaque instant de la technique vitesse de rotation. vail, et d’oser entreprendre un che- début de la relation et influer sur le conserver son potentiel physique et min. Par conséquent c’est l’esprit qui dénouement final) ; émotionnel intact. t A quoi faut-il attacher va donner corps et forme à la tech- La qualité du déplacement par le plus d’importance en nique. Le corps par la technique va l’exercice des tai sabaki permet la aïkido, à l’esprit ou à la permettre à l’esprit de s’incarner et création et la conduite du déséqui- technique ? de s’exprimer. libre pour conclure sur une projec- Marc Bachraty enseigne L’esprit et la technique participent tion ou une immobilisation ; au Gymnase du Fort, tous les deux de manière significative Quels sont les aspects La notion de centrage, qui suppose 56, rue de Fontenay, dans la pratique de l’aïkido. techniques qui vous que l’on puisse contrôler la totalité 92140 Clamart La technique est un alphabet, un lan- paraissent incontour- de l’axe du partenaire. D’un point de Tèl : 06 71 12 90 03.

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transmission Josette Nickels-Grolier est venue à l’aïkido du temps où Le Comité National de l’Aïkido était encore au sein de la FFJDA. C’est à Louis Clériot, son professeur et mentor, qu’elle doit confie-t-elle “rigueur au travail et sincérité sur le tatami”. Aujourd’hui 4e dan, secrétaire de la Ligue de l’Ile de France, Josette Nickels-Grolier enseigne avec une prédilection toute particulière pour la transmission aux plus jeunes, en favorisant “l’accession à l’autonomie du pratiquant”, thème qu’elle développa pour l’obtention du Tronc Commun de son BEES 2e degré. L’émancipation par L’AUTONOMIE

a-t-il un aspect fonda- les principes ne semblent jamais dénaturer. gogiques. En faisant participer ses élèves à sa mental dans l’aïkido qui Ces principes forment le liant de la relation recherche, il les incite à la réflexion et à un Yretient l’attention plus aïki, les techniques ne représentant alors que retour sur leur propre compréhension des que tout autre ? les vecteurs physiques permettant de mieux principes, un pas vers l’autonomie. L’accession à l’autonomie du pratiquant me les appréhender. La singularité dans la rela- tient tout particulièrement à cœur car elle tion interpersonnelle s’appuie, en effet, sur Quand Morihei Ueshiba, le sous-tend l’intérêt que je porte à mon rôle l’universalité de principes tels que l’harmonie, fondateur, dit « L’art d’enseignante. la sincérité, le respect de l’intégrité, l’unité du suprême en aïki est de L’aïkido se développe aujourd’hui dans le corps et de l’esprit. gagner le combat sans monde entier et son expression est multiple Le rôle de l’enseignant est d’apprendre à combattre. » Quel sens lui car il répond partout aux besoins culturels et décliner ses principes en capacités à dévelop- donnez ? éthiques des hommes qui le pratiquent en se per. En choisissant de développer l’une ou Dans la famille des arts martiaux, l’aïkido se colorant des particularismes continentaux, l’autre de ces capacités, l’enseignant se donne singularise par l’absence de compétition. Il ne voire régionaux. Cependant, quelles que des objectifs pédagogiques lui permettant s’agit pas pour le pratiquant d’acquérir plus soient les modalités de ces diverses pratiques, d’organiser ses cours et ses séquences péda- de puissance ou plus de force pour battre un adversaire en combat. Il n’est nul combat si ce n’est contre soi-même. La notion d’adver- saire n’existant pas, seul l’entraînement exis- te et il se fait avec un « partenaire ». Les deux partenaires alternant systématiquement et régulièrement les rôles, ils se trouvent indiffé- remment confrontés aux états de l’être liés à la victoire, à la défaite. Leur ambition est alors le respect de l’intégrité physique et mentale de l’autre dans une relation où prévaut la recherche de l’harmonie qui sous-tend la non- violence. Le corps devient l’instrument d’une mise en scène dans laquelle l’interaction entre deux individus vise à une meilleure compréhension mutuelle par la perception de leurs limites relationnelles respectives dans un cadre conflictuel normé. Il est question ici de développement personnel. Cette vision idéale de la pratique ne va pas sans soulever une question fondamentale : Quelle part l’enseignant devra-t-il prendre

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dans cette recherche éminem- ment personnelle pour favori- ser la construction de l’indivi- du et son accession à l’autono- mie ? En aïkido, les conditions de l’autonomie sont mises en jeu d’autant plus par l’enseignant Le processus éducatif coïncide pendant un qu’il demeure lui-même un moment avec le processus d’identification à pratiquant. Il est question de la personne même de l’enseignant dans une réaliser une solidarité apaisée relation ternaire élève/enseignant/objet du par une bonne distance avec savoir. l’autre. L’imitation initiale des Mais avec le temps, le modèle peut devenir techniques proposées par l’en- un obstacle en lui-même. Il est celui qui seignant permet la transmis- enseigne quelque chose à quelqu’un, mais il sion de la discipline au travers est aussi celui qui suscite le désir de substitu- des savoirs-faire qui la tion du moi au modèle. Quand le modèle construisent. La coopération imité devient obstacle et rival, le désir de sub- qui naît de la réciprocité de la stitution est source de conflit. Quand les relation en aïkido favorise rivaux sont obsédés l’un par l’autre, ils délais- l’émancipation progressive du sent l’objet même de leur désir. pratiquant par rapport au modèle de l’enseignant. En lui La médiation, accès aux savoirs-être. faisant toucher du doigt les Lorsque la distance entre le médiateur (l’en- principes au cœur de l’aïkido, l’enseignant motivation. Elle naît du désir triangulaire seignant) et le pratiquant est grande (statut, participe à l’élaboration de savoirs-être qui inhérent à la relation entre le modèle éduca- autorité, temps, espace, etc.) aucune rivalité assureront la continuité de la démarche au teur, l’élève et l’objet du savoir. On veut ce n’est possible. Le contexte est favorable à un travers de la pratique et de l’évolution de que l’autre nous montre à désirer, plus sim- apprentissage intensif. C’est le temps pour l’élève. plement on veut ce qu’il veut. On désire ce l’élève de l’acquisition des savoirs. Il est moti- qu’il nous désigne comme désirable, ce qui vé par son développement personnel au tra- Il semble nécessaire pour nous fait convoiter secrètement l’objet de son vers de l’image d’un modèle avec lequel aucu- comprendre le rôle de désir. On capte chez l’autre ce qui le pousse ne confusion n’est possible. La distance ne l’enseignant de s’interroger vers l’objet de son désir, on l’adopte ou on se pouvant induire la conformité, l’élève voit son sur ce qu’implique la relation l’approprie. choix limité à la ressemblance. éducative. Trois étapes jalonnent donc le parcours initia- On peut vivre en harmonie avec un « sem- L’imitation, accès aux savoirs-faire tique du pratiquant : imitation des formes blable. », tandis qu’on ne peut que souhaiter En aïkido, comme dans tout enseignement, extérieures du modèle (l’enseignant), imita- la disparition d’un « même » ou d’un « l’accès au savoir est indispensable à l’émer- tion des comportements, des attitudes, imita- double » (théorie de l’ontogenèse). gence du pratiquant. L’imitation est nécessai- tion de l’autre, c’est-à-dire reproduction du Ainsi lorsque le modèle se rapproche, les par- re à l’apprentissage car elle est source de rapport du modèle à l’objet de son désir. tenaires de la relation tirent ombrage de cette

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transmission

…En aïkido, les conditions de entre l’élève et le savoir en lui permettant d’y l’autonomie sont mises en jeu accéder sans se situer comme un obstacle. Il ne peut être question de confronter l’élève à d’autant plus par l’enseignant une injonction paradoxale qui voudrait que : qu’il demeure lui-même un « je t’enseigne mais n’espère pas devenir comme moi sinon tu me perdras ! » pratiquant. Il est question de Cependant, le rôle de l’enseignant qui con- réaliser une solidarité apaisée siste à transmettre des savoirs, savoirs-faire étroitement liés aux savoirs-être, afin que par une bonne distance avec l’élève se construise et évolue dans un cadre l’autre… rigoureux mais ouvert, se trouve cependant très souvent dénaturé par l’envie, si ce n’est la volonté d’être et de demeurer le modèle, la référence technique qui donne notoriété et pouvoir. Il n’est plus question alors de libérer promiscuité. L’élan vers l’objet est l’élan vers objet de haine. L’enseignant qui exige de l’élè- l’élève du piège de la rivalité dans la relation le médiateur. Lorsque l’enseignant décide de ve qu’il corresponde à un idéal projeté et éducative mais au contraire de la construire briser cet élan ou que l’élève tente de répudier imposé par lui ne souhaite que de se voir autour d’une identification impossible. En ses liens à l’enseignant, la relation passe de la confirmer dans sa propre voie. distillant les savoirs-faire avec parcimonie, en vénération à la rancune. détachant les techniques des principes ôtant Le modèle choisit bientôt d’être un obstacle Comment s’articule cette ainsi toute cohérence à la pratique, l’ensei- pour ne pas être déformé, spolié, remplacé ou relation éducative dans le gnant met l’élève devant une alternative dou- évincé par celui qui voulait l’imiter. Il peut cadre particulier de la loureuse, la dépendance ou la rébellion. Telle aussi, à l’inverse, vouloir impérativement pratique de l’aïkido ? n’est pas la finalité de l’aïkido. induire de la part de l’élève une dépendance Le rôle de l’enseignant L’enseignant se doit d’identifier les principes, en exigeant une sorte de réverbération de son L’enseignant doit se placer comme médiateur les structures et les relations pour qu’à terme enseignement. Il refuse toute l’élève puisse réaliser la même identification. influence autre que la sienne, Il doit se comporter comme un intermédiaire condamne les divergences, barre les dans la transmission du savoir. Il a pour fonc- issues propres à l’élève. tion d’enseigner des contenus et ne doit en Le médiateur qui empêche de satis- aucune manière « s’enseigner. » Il doit renon- faire le désir qu’il a suggéré devient cer à être le « modèle/obstacle », voire même le modèle tout en assumant au mieux les obli- gations de l’enseignement tant sur le plan L’équilibre subtil de technique que sur le plan éthique. La relation l’aïkido passe par une n’est pas de disciple à gourou, mais d’élève à relation sincère entre Tori et uké comme entre l’enseignant et l’élève.

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kyudo

maître. La fonction de l’enseignant en tant que modèle sera de disparaître, là se situe le L'ESSENCE PURE « maître. » De plus, comme il est un enseignant mais n’en demeure pas moins un pratiquant, il se doit de DU BUDO poursuivre sa propre évolution, un processus qui pour lui aussi deviendra source de créati- ous sommes à la recherche d'un accord de tout notre vité et donc d’autonomie. être mais nous ne poursuivons pas les raisons qui L’accession à l’autonomie du pratiquant N justifient cet accord, par manque de savoir, par Pour le pratiquant, l’autonomie passe par la orgueil, par fainéantise. capacité de se séparer de son désir de s’appro- prier la personne de l’enseignant. L’élève doit se Pour beaucoup, le Budo est une démarche philosophique détacher de l’autre pour n’être mobilisé que par qu'ils entrevoient de manière bien simpliste, d'autres le savoir. Il lui faut acquérir les connaissances détournent la tête, la philosophie pour eux sentant le moisi de manière à ce qu’elles deviennent siennes afin de pouvoir construire son parcours person- et restent alors devant la porte sans jamais pénétrer ni nel, son do. comprendre l'essence propre à ces arts. L’autonomie est alors conquête. Elle est le Le propos n'est pas de vouloir ressembler à un samouraï, résultat d’un processus de libération des liens à l’autre, enseignant et/ou partenaire. Le prati- ce qui serait bien naïf, car de plus le code d'honneur qui quant peut faire usage de sa liberté pour choisir régissait leur existence, parfois météorique, ne s'adaptait ses modèles et tenter de les vivre dans une qu'à une caste bien particulière. dynamique relationnelle apaisée. Son autono- mie passe par l’aveu du lien et de la ressem- Cependanr, morale, art de vivre, sont les buts du Budo qui blance puis par l’affranchissement progressif de enseigne une autre conception de la dignité, une autre la relation avec son ou ses enseignants, son ou notion du dépassement, une autre façon d'évaluer la vie. ses partenaires, le ou les gradés de référence. Il assume l’héritage en reconnaissant l’imita- Bien connu et insuffisament réfléchi, le dicton "quand tion. Il s’émancipe en trouvant son désir l'élève est prêt le maître arrive" bien sûr et c'est grandement propre. Il peut alors accéder techniquement à souhaitable, d'autres chercheront encore de multitudes une créativité critique qui lui est personnelle tout en ne renonçant pas aux principes fonda- définitionsau Budo, au Kyudo, mais il faudra d'abord se teurs de l’aïkido. débarrasser de certains artifices pour ne mettre en lumière que l'essentiel. Morihei Ueshiba affirmait : « Chacun d’entre nous doit ouvrir son propre chemin, ouvrir sa Le chemin est long et ce n'est qu’à force d'expériences propre porte sur la vérité. » « Les techniques toujours sans cesse renouvelées, que le disciple verra un d’aïkido changent constamment ; chaque ren- jour l'idéal et la lumière. contre est unique et la réponse appropriée devrait émerger naturellement. Les techniques d’aujourd’hui seront différentes demain. Ne Jacques Normand. vous laissez pas prendre à la forme et à l’ap- parence. » Ce que nous proposait Morihei Ueshiba, c’est la liberté, non pas une illusoire « indépendan- ce absolue », mais l’autonomie qui nous auto- rise à choisir nos modèles, à nous libérer des liens à l’autre, à trouver nos propres réponses aux fluctuations qui caractérisent les relations interpersonnelles, à évoluer pour nous construire en tant que pratiquant, mais sur- tout en tant qu’être humain. L’autonomie nous permet d’être partie prenante de notre devenir et du devenir des autres. Josette Nickels-Grolier

Gymnase Langevin -Wallon 9, rue Gatinot Chatillon sous Bagneux

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aïkibudo " Le Daito ryu Aikijujutsu et le Katori Shinto ryu sont les deux berges d’un fleuve dont le Yoseikan Shinto ryu est le lit, dans lequel s’écoule l’Aikibudo. Les deux berges de ce fleuve sont les rails de la tradition, et l’Aikibudo le flux de la modernité. " (Maître Alain Floquet) MINORU MOCHIZUKI Le dernier des samouraï

aître Minoru Mochizuki est alors le dojo du grand maître de né le 11 avril 1907 à Judo Toku, par ailleurs, un escri- MShizuoka, Préfecture de meur hors pair. Peu après il s'ins- Chiba (Japon). Son grand père était crivit au dojo de Me Kano, le le dernier descendant d'une lignée Kodokan. Reçu au 1er dan en juin de Samourai et enseignait l'art du 1926 à 19 ans ; l'année suivante il sabre. Le père de Mochizuki passait 2ème dan et devint l'assis- Minoru en revanche n'était qu'un tant de Me Mifune Kyuzo, un simple paysan qui fut d'abord l'élè- expert dans l'art du sutemi. ve du grand père avant de devenir Maître Kano souhaitant que les son gendre et de prendre son nom. jeunes judoka n'oublient pas les Le père étant venu s'établir à arts ancestraux, créa une section Tokyo, le jeune Minoru y commen- en 1928, la kobudo Kenkyukai, et ça l'étude du Judo dès l'âge de paya des professeurs du Katori 5 ans, chez Me Takebe. À 17 ans il Shinto ryu pour enseigner leur art s'inscrivit au Kendokan, qui était aux judokas. Me Mochizuki se pas-

Minoru Mochizuki, 1907-2003 : Fondateur du Yoseikan bu dojo menkyo kaiden daito-ryu aikijujutsu 10e dan Aikido - meïjin 9e dan nihon 8e dan judo 8e dan katori shinto ryu 7e dan iaido 5e dan kendo 5e dan jodo 5e dan karaté

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sionna pour cet art, à tel point qu'il lui fut proposer d'épouser la fille du soké (héritier) de l'école, Iizasa Morisada soké, mort sans laisser d'héritier mâle, et de devenir ainsi le nouveau soké. Comme cette situation l'aurait cependant conduit à s'établir à Narita et donc à quitter maître Kano, maître Mochizuki refusa cette proposition. Il s'est également retrouvé dans le Maîtres Mifune, Mochizuki et Jim Alcheik. dojo du maître Tokusanbo, le Maîtres Ueshiba et Mochizuki. Kendokan, où il pratiquait le Judo. Dans cette même période, il a aussi pratiqué du Gyokushinryu Jujutsu obtint deux certificats en Daito-ryu Kodokan, donc pour le Judo, il eu En 1980, maître Floquet décida de avec Sanjuro Öshiam et du en juin 1932 ("Goshinyo no te" et l'occasion de démontrer son exper- nommer le contenu de sa pratique, Kenjutsu avec un ex-samuraï. En "Hiden ogi no koto"). En 1933 et en tise de la pratique de l'Aiki(do) - son style et l'Art qui en découle : 1926, il s'est inscrit au Kodokan, 1935, il fut l'uchi-deshi de Morihei jujutsu, art qui subjugua un bon "Aikibudo" cela en plein accord dojo de Jigoro Kano Shihan. Il est Ueshiba au Kobukan Dojo pour nombre de pratiquants de Judo, avec Mochizuki Minoru. rapidement devenu un disciple par- une année avant d'ouvrir son ainsi que le Iai et un peu de Karaté. Il renoua également avec l'école ticulier de Kyuso Mifune sensei propre dojo dans la ville de Il retourna au japon en 1953. mère et l'héritier du Daito ryu (10e dan de Judo) au point qu’il Shizuoka en 1935 : le Yoseikan En 1954, un jeune judoka, enthou- Aikijujutsu, Takeda Tokimune, fils demeurait chez lui. (maison de l'enseignement de la siasmé par ce qu'il avait vu en du grand maître Takeda Sokaku, C'était un temps de pleine expan- droiture). Il y enseigna alors France, fut admis au Yoseikan de qui lui confia la mission de le sion pour le Kodokan. Kano sensei notamment le Judo et l'Aïki-jujutsu maître Mochizuki. Il s'appelait Jim représenter. Il intégra cette encourageait ses élèves à étudier du maître Ueshiba. Alcheik, y resta trois ans et de connaissance originelle de l'Aiki d'autres disciplines. Sous la tutelle retour en France, enseigna ce qu'il jujutsu dans son enseignement de du fondateur du Judo, maître Délégué pour avait reçu sous le nom d'Aikido- l'Aikibudo, aux côtés de celle de Mochizuki devint le plus jeune la France par jujutsu du Yoseikan (communé- l'école d'armes du Katori Shinto membre du Kobudo Kenkyukai - le Kodokan ment appelé alors Aïkido-Yoseikan ryu. En 1987, "l'Aikibudo ", s'unit à organisation pour l'étude, la pré- En 1938, lors de la guerre sino- ou Aïkido-Mochizuki), créa la l'Aikido afin de fonder en tant que sentation et le développement des japonaise, maître Mochizuki fut Fédération française d'Aikido-tai- co-discipline, la Fédération arts martiaux classiques - établie envoyé en Mongolie, puis nommé jitsu et de Kendo et fut le premier Française d'Aikido, Aikibudo et au sein du Kodokan, dans laquelle sous-préfet du département de Sei professeur de maître Alain Floquet. Affinitaires (F.F.A.A.A.). il pratiqua entre autres le Katori su ga. Il en profita pour enseigner En 1957, Jim Alcheik revenant du Shinto-ryu (entre autres: le Iai, le aux Mongols le Judo le Kendo et Japon représenta officiellement en Le patrimoine Ken, le Bo, le Naginata), du Jujutsu l'Aiki-jutsu. C'est à cette époque Europe l'Aikido-jujutsu du Yoseikan japonais avec Takaji Shimizu sensei au Dojo qu'il rencontra un autre japonais et créa la Fédération Française Depuis, sous l'impulsion de maître Mumon et du Kendo au dojo originaire des Ryu kyu (archipel au d'Aikido-taijitsu et de Kendo. Alain Alain Floquet, cet art se développe Yushinkan avec Hakuko sud d'Okinawa), qui l'initia au Floquet devint l'un de ses moni- dans le monde entier où il trouve Nakayama Shihan. Voyant qu'il Karaté. Il y fût actif en tant qu'édu- teurs-assistants. Jim Alcheck dispa- de plus en plus d'adeptes. Puisant maîtrisait rapidement ces arts, cateur et entrepreneur de travaux rut tragiquement en 1962. ses racines dans les écoles tradi- Jigoro Kano sensei l'a envoyé étu- destinés à améliorer les communi- Pour assurer l'avenir de l'Aïkido- tionnelles du patrimoine martial dier au dojo Kobukan sous Morihei cations et l'irrigation. Son idée de Jujutsu en France, Alain Floquet, japonais, l'Aïkibudo, recueilli Ueshiba sensei, shibucho de combattre le communisme par l'ap- déjà le plus jeune 2ème dan de auprès de sources historiques Daîtoryu Aîki-jujutsu d'O sensei plication des principes d'"entraide France, prit alors contact avec inconstestables, dépasse le simple Takéda Sokaku. En plus de la tâche et prospérité mutuelle" et de "la maître Mochizuki qui proposa que cadre de la pratique technique. évidente d'en apprendre le plus meilleure utilisation de l'énergie" son fils Hiroo se rende auprès de la Depuis 1970, Mochizuki Minoru a qu'il pouvait, il devait aussi se rap- de Jigoro Kano contribua au déve- FFATK à Paris pour aider à la sau- reçu régulièrement maître Floquet porter régulièrement à Kano sensei loppement de sa région. De plus vegarde de la fédération et de son au Yoseikan, ainsi que ses princi- pour un compte-rendu de son son projet d'irrigation fut complété art et répondre ainsi aux inquié- paux disciples. Il est également entraînement et ses progrès. après la deuxième Guerre tudes d'Alain Floquet. En 1966, venu animer des stages à plusieurs En 1930, Me Kano l'envoya étudier Mondiale par les autorités Alain Floquet fut nommé Directeur reprises en France. Mochizuki un art nouveau auprès d'un maître Chinoises. Technique de l'école d'Aïkido- Minoru s'est éteint en France, près à la réputation grandissante , En 1947, il retourna au Japon et yoseikan pour la France. En 1973, d'Aix en Provence, le 30 mai 2003. Morihei Ueshiba (cf. biographie). reconstruisit son dojo à Shizuoka. il fonde le C.E.R.A ( Cercle d'Etude Minoru Mochizuki avait puisé et De la même façon ; il lui fit étudier Peu de temps après il vint en et de Recherche sur l'Aikibudo). développé son expertise martiale le Shindo muso ryu ju jutsu auprès France. C'était en 1951. Il est resté En 1978, Mochizuki Minoru lui en prenant ses sources dans les de maître Shimizu. maître en France durant 3 ans. Venu au délivra le grade de 7ème dan et le Budo classiques nippons qu’il avait Mochizuki est devenu rapidement sein d'une mission culturelle offi- titre de "Kyoshi", reconnaissant eu la chance d’étudier auprès l'assistant de maître Ueshiba et cielle, comme expert délégué par le ainsi l'importance de son action. des plus grands. Son expérience

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martiale authentique associée à sans compter aux travers de ses Stage Aïkibudo- celle plus dramatique de la guerre, cours ou des stages qu’il animait. Applications self-défense et lui avait fait adopter une gentilles- Sa recherche personnelle a permis bâton de défense, sous la se, une modestie et un souci péda- l’élaboration d’un système intégré direction de Alain Floquet gogique hors pair dans la trans- regroupant en son sein de nom- assisté de J. P. Vallé, mission la plus fidèle et la plus breuses dsciplines martiales. (responsable national complète possible de ses connais- FSPF Aïkibudo) sances : La flamme Dojo d’Aïkibudo «En temps de paix, l’essence des de Minoru 7 décembre 2003, arts martiaux c’est l’enseignement. Mochizuki Salle des Sports, Dans le mot ryu (école), il y a l’idée Sa maîtrise plus particulière des rue Vittecocq de courant. Do, c’est la voie, c’est techniques de sutemi waza (tech- 76230 Bois-Guillaume quelque chose qui passe. Si on arrê- niques de sacrifices) enchaînées Inscriptions et te d’enseigner, ce n’est plus la voie, par un travail en shime waza renseignements : Ligue c’est seulement une technique. La (étranglements) ou kansetsu waza Aïkibudo de Normandie. technique martiale vise uniquement (luxations), constitue une «marque à tuer, alors que le but des arts mar- de fabrique» autant qu’un attache- Séminaire monitorat tiaux est de former la personnalité.» ment particulier à maître Mifune Cette démarche n’aurait pas été fédéral et BEES Aïkibudo, Il aimait à préciser l’importance de du Kodokan. pour déplaire à maître Mochizuki , sous la direction de l’enseignement et se dépensait Minoru Mochizuki avait choisi tant il faisait sienne les deux Paul-Patrick Harmant. d’être conduit en sa der- maximes chères à feu maître Jigoro Conférencier réglementa- nière de-meure dans la Kano, fondateur du Judo : tion Gérard Clérin. plus stricte intimité. Ses « Sei ryoku yô », Le meilleur Mont Saint-Martin, du dernières volontés ont été usage de l’énergie. 29 avril au 2 mai 2004, respectées, et une cérémo- « Ji ta kyô ei » , Entraide et Salle de la Fraternelle, nie particulière a permis Prospérité Mutuelle. Rue Jeanne d’Arc, de présenter un mémorial 54350 Mont Saint-Martin en sa mémoire au mois de L’hommage au Inscriptions et juillet 2003. grand maître renseignements : Il reste du devoir de tous Nombreux sont les pratiquants 03.90.23.16.17.(pro.) les pratiquants, ensei- prestigieux ou anonymes qui se 03.88.72.36.89.(dom.) gnants ou non, de mainte- sont engagés aux côtés du Major nir aussi vive que possible Dauby (responsable de l’organisa- la flamme que Minoru tion), d’un des petits-fils du maître Séminaire brevets Mochizuki senseï a porté et des équipes nationales Police fédéraux Tenshin Shoden toute sa vie : l’apport tech- (F.S.P.F.) afin que cette Nuit des Katori Shinto ryu, nique de ce maître excep- arts martiaux soit à la fois un fan- sous la direction de Minoru Mochizuki tionnel, ses qualités tastique hommage au senseï dispa- Paul-Patrick Harmant, et Alain Floquet. humaines et son engage- ru, à son exceptionnel apport tech- assisté de Frédéric Floquet. ment d’enseignant font de nique et pédagogique ainsi qu’un Gymnase de Grigny lui, au-delà de tous les soutien conséquent à la cause du les 27 et 28 mars 2004, titres, grades et honneurs TELETHON. Maître Alain Floquet Dojo de Haricot, allée des qu’il a pu recevoir au cours en sa double qualité de disciple de tuileries (près de la gare), de son existence, un modè- feu Minoru Mochizuki senseï et 91350 Grigny le incontournable dans le d’ancien fonctionnaire de Police Inscriptions et monde du Budo, dont les s’est fait un devoir de conduire renseignements : traditions martiales ont gui- l’équipe de démonstration 03.90.23.16.17.(pro.) dés son existence… Aïkibudo pour cet évènement. 03.88.72.36.89.(dom.) L’École de Police de Que ces quelques lignes expriment Rouen-Oissel organise le le modeste hommage de la commu- 6 décembre 2003 une nauté Aïkibudo envers le dernier manifestation d’arts mar- des grands maîtres traditionnels, tiaux en l’honneur et en dont l’enseignement constituera à mémoire de Minoru jamais l’un des piliers de notre art. Mochizuki. Cet évène- Le Cercle d’Etude et de Recherche ment se double d’un en Aïkibudo (CERA) publiera pro- engagement en faveur de chainement un numéro spécial de la recherche médicale et, sa lettre consacré à la vie et à Maître Mochizuki est associé à la campagne l’œuvre de maître Minoru dans sa pratique nationale de don dans le Mochizuki de sabre. cadre du TELETHON. CERA

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