La Musique Techno En France : Intégration D'une Contre-Culture Et Processus De Légitimation
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La musique techno en France : Intégration d’une contre-culture et processus de légitimation Vincent Orinel Séminaire : « Histoire : La Fabrique culturelle » Sous la direction de Claire Toupin-Guyot 2014-2015 1 Remerciements Je tiens avant tout à remercier Mme Claire Toupin-Guyot pour son suivi et ses précieux conseils tout au long de cette année. Rien n’aurait non plus été possible sans Maxime et ses conseils avisés ainsi que l’attention qu’il a pu porter à la relecture de ce mémoire. Merci aussi à tous mes amis et à ma famille qui me supportent au quotidien. Enfin, j’adresse mes remerciements les plus chaleureux à Franck, Thomas, Fabien et aux 1028 personnes qui ont répondu à mes questionnaires. La musique techno a encore de beaux jours devant elle avec de tels passionnés. 2 Sommaire Remerciements ...................................................................................................... 2 Table des sigles ..................................................................................................... 5 Lexique .................................................................................................................. 5 Introduction ........................................................................................................... 6 Partie 1. Les débuts de la techno en France : un phénomène incompris ............ 15 Chapitre 1. Les liens originels de la techno avec la marginalité sociale ............................... 15 Chapitre 2. Les première mesures répressives ...................................................................... 26 Partie 2. Les espoirs déçus du succès commercial de la French Touch.............. 38 Chapitre 1. Musique techno et sphère commerciale : des débuts timides ............................. 38 Chapitre 2. La ringardisation de la techno ? ........................................................................ 58 Chapitre 3. La fin des rave parties ? ...................................................................................... 65 Partie 3. Le retour de la techno : une musique intégrée ? .................................. 79 Chapitre 1. Le retour en force de la techno ........................................................................... 79 Chapitre 2. Le renouveau des activités revendicatives ......................................................... 87 Chapitre 3. Le futur des processus de légitimation ............................................................... 94 Conclusion ......................................................................................................... 103 Annexes ............................................................................................................. 109 Sources .............................................................................................................. 118 Bibliographie ..................................................................................................... 127 Index .................................................................................................................. 130 Tables des illustrations ...................................................................................... 132 Table des matières ............................................................................................. 133 3 Summary Despite its recent nature, techno music has already had quite a dense history. It first appeared during the 1990’s in the ghettos of industrial cities of the United States such as Chicago or Detroit, it is nowadays ubiquitous in our lives, in the advertising or in the clubs. In France, techno music finds its roots in the rave parties, these spontaneous musical meetings that happened to do less noise in the fields than in the newspapers and in the ministries. Largely mocked or denounced at its beginning, it seems that techno does no longer shock anyone today. To get room amongst the other musical genres, it has changed its public, its shape or its name many times, often by getting rid of its particularities. Its history is the one of a progressive integration of what used to be a cultural anomaly and which has earned its acceptation at the cost of erasing its most embarrassing aspects. Now that it seems this genre has lost its exceptional character, it is needed to come back on its legitimation process and to question it. Key words: Techno / Electronic music / Legitimation / Integration / Marginality Résumé En dépit de sa nature récente, la musique techno a déjà une histoire très dense à son actif. Apparue au cours des années 1990 dans les ghettos des villes industrielles des Etats-Unis, elle est aujourd’hui omniprésente dans nos vies, que ce soit dans la publicité ou dans les clubs. En France, elle trouve ses racines dans les raves, ces rassemblements musicaux spontanés tenus en marge du reste de la société, qui firent autant de bruit dans les champs que dans les colonnes des journaux ou dans les couloirs des ministères. Largement brimée ou dénoncée à ses débuts par ses détracteurs, il semble que la techno ne choque aujourd’hui plus grand monde. Pour se faire une place parmi les autres genres musicaux, elle a changé de mains, de forme ou de nom à plusieurs reprises, se délestant bien souvent au passage de ses particularités. Son histoire, c’est celle de l’intégration progressive de ce qui faisait au départ figure d’anomalie culturelle et qui à l’épreuve de la société a gagné son acceptation au prix du polissage de ses plus dérangeantes aspérités. A l’heure où son caractère exceptionnel semble avoir cessé d’exister, il convient pourtant de remonter le fil et de faire l’état des lieux de cette légitimation. Mots-clés : Techno / Musique électronique / Légitimation / Intégration / Marginalité 4 Table des sigles DRAC : Direction Régionale des Affaires Culturelles. FNSEA : Fédération Nationale des Syndicats d’Exploitants Agricoles. LSQ : Loi sur la Sécurité Quotidienne. MILAD : Mission de Lutte Anti-Drogue, rattachée au ministère de l’Intérieur. NIMBY : Not In My Back Yard SACEM : Société des Auteurs, Compositeurs et Editeurs de Musique TAZ : Zone autonome temporaire. Lexique Bad trip : Traumatisme, perte de repères liée à une prise de stupéfiant. Infoline : Boîte vocale sur laquelle les organisateurs de raves donnent le lieu de la fête. Free party : Fête techno hors discothèque clandestine et illégale. Rave party : Fête techno hors discothèque. Terme générique. Sound-system : Désigne à la fois le matériel sonore utilisé pour diffuser la musique et le petit groupe de personnes qui le possède et l’utilise en organisant des raves. Synonyme : son. Teufeur : Amateur de free party. 5 Introduction « Techno », « électro », « musique électronique », etc. La question de l’appellation de ce genre musical a toujours fait l’objet de débats houleux. Il peut s’avérer que le choix de tel ou tel terme soit politique ou qu’il corresponde à une « air du temps », mais les divergences établies d’un nom à un autre ne sont pas toujours pertinentes et relèvent bien souvent d’une acception individuelle. Par exemple, l’expression « musique électronique » a pour principal vice d’être ‘signifiante’ en soi et va dès lors au-delà du simple rôle d’étiquette qu’on souhaiterait lui confier en provoquant des confusions quant à ses limites. Ce déficit d’appellation franche est lié entre autres à l’hyperactivité et à l’incessante ramification qui ont traversé ce courant musical tout au long de son histoire. Il n’est pas étranger non plus à une certaine logique mercantile. Il faut rappeler que les limites des genres électroniques sont on ne peut plus perméables et la plupart des morceaux relèvent en réalité de styles divers. Les emprunts sont courants et se font sans difficulté théorique, la musique électronique étant finalement très peu conventionnée. Cette ouverture permanente à l’innovation musicale fait qu’il existe un renouvellement constant voire un foisonnement des genres. Il n’est ainsi pas rare que l’identification d’un morceau pose problème, voire qu’elle devienne un objet de débats. Le vocabulaire lui aussi foisonne, et il arrive que de nouvelles expressions - bien souvent venues de l’anglais - fassent leur apparition, pouvant là encore offrir matière à empoigne. Au cours de ce mémoire seront donc abordés des termes, parfois synonymes, parfois différents, comme « techno », « electro », « musiques électroniques », « soirées légales », « rave », « free »… Selon les contextes, nous nous pencherons sur ces termes en tâchant de voir s’ils peuvent nous signifier autre chose que ce qu’ils désignent. Les chercheurs s’étant penchés sur la techno ne se sont pas laissés bloqués par cette impasse définitionnelle, aussi la présente démonstration ne saurait elle non plus pâtir des difficultés de l’identification stylistique, et ce pour plusieurs raisons. Il faut tout d’abord voir qu’au regard des institutions auprès desquelles nous interrogerons la légitimé de ce genre (grand public, hommes politiques, etc.), elle demeure tout à fait ésotérique. Risquer la pertinence de l'analyse pour des soucis de catégorisation musicale semble ici un mal non- nécessaire. De plus, la « techno » restera le fil d’Ariane de notre démonstration, ce qui ne nous empêchera pas d’aborder des genres annexes. Il est par exemple remarquable qu’en presque trois décennies, la part de l’instrumentation dite électronique a considérablement 6 progressé au sein des productions affiliées à des genres tels que la pop, le rock ou le hip-hop. Enfin, pour des raisons historiques, parler de ‘musique électronique’ ou 'd'électro'