Michael Nyman
Total Page:16
File Type:pdf, Size:1020Kb
EFFET L OO P SUR... Michael Nyman Michael Nyman (Photo : X.D.R) « Michael Nyman a apparemment découvert comment avoir un pied dans le 18 ème siècle et un autre dans le 20 ème siècle » (Peter Greenaway in Daniel Caux : Peter Greenaway - Editions Dis Voir - 1987) BLABLA Michael Nyman Nationalité : Britannique Naissance : 23 mars 1944 à Londres 1er métier : critique musical Autres : Musicologue, ethno-musicologue, pianiste, claveciniste, compositeur, arrangeur, chef d’orchestre, librettiste, photographe, éditeur …. Signe particulier : Minimaliste Fan de : Henry Purcell Violon d’Ingres : Les musiques de films Michael Nyman (Photo : X.D.R) DU CRITIQUE MUSICAL AU COMPOSITEUR ichael Nyman a étudié le piano et le clavecin au Royal College of Music et au King’s College. A cette époque, il compose déjà mais en 1964, il décide de mettre de côté l’écriture Mmusicale pour travailler en tant que musicologue puis par la suite, il devient critique musical. Ses articles se retrouvent dans des revues comme The Listener, The Spectator... Durant cette période, le monde de la musique contemporaine est fortement imprégné par des compositeurs comme Boulez, Stockhausen, Xenakis… À travers ses articles, Michael Nyman choisit de mettre en lumière des courants musicaux émergents. Dans le même temps, il n’hésite pas à consacrer ses analyses musicales à des genres autres que le classique : le rock, la musique indienne… Cet éclectisme l’amènera plus tard à jouer et composer avec des musiciens issus de divers horizons musicaux. Ainsi, dans le courant des années 1970, il collabore tour à tour avec le groupe de rock anglais The Flying Lizards1, avec le mandoliniste indien U.Shrinivas ou bien encore avec sa compatriote Kate Bush2. En 1969, Michael Nyman utilise pour la première fois le terme de minimalisme pour désigner un courant musical. Un mot qui jusque là, était réservé à la sphère picturale. Dans un article de The Spectator, il choisit ce vocable pour définir l’œuvre du compositeur contemporain Cornelius Cardew intitulée The Great Learning. Son travail de critique aboutit en 1974 à l’élaboration d’un livre qui va profondément marquer les études consacrées à la musique contemporaine. Il s‘agit de Experimental music : Cage and beyond, préfacée par Brian Eno3. Michael Nyman y brosse le panorama des récentes pistes explorées par les musiciens contemporains qui se départissent à la fois de l’école européenne du sérialisme et de l’avant-garde issue de l’après-guerre. Cet ouvrage qui n’a subi aucun remaniement lors de sa réédition en 1999 reste aujourd’hui encore, une référence incontournable dans ce domaine. Dans ce livre, il s’attache à définir ce qu’est la musique expérimentale à travers ses précurseurs dès les années 1950 comme Morton Feldman et John Cage, jusqu’aux années 1970 avec Christian Wolff, Cornelius Cardew… 1 The Flying Lizards - Fourth Wall - (Virgin Records - 1981) 2 Sangam : Michael Nyman meets Indian Masters - (WEA - 2003) / Kate Bush - The Sensual World (EMI - 1989) 3 Experimental music : Cage et au-delà - (Éditions Allia - 2005) (Voir Rubrique Lire) 2 Il aboutit à ce qu’il nomme le minimalisme et ses avatars : le minimalisme radical, répétitif ou encore, mystique. Les principaux représentants de ce courant sont Steve Reich, Philip Glass, John Adams, LaMonte Young, Terry Riley ou encore Michael Gordon4. Leurs créations se caractérisent par le fait de réduire au maximum ce qui fait une œuvre musicale : rythme, notes, instruments, etc. Il montre comment ces compositeurs appréhendent autrement l’œuvre musicale depuis le travail de composition jusqu’à la réception de l’œuvre par l’auditoire. Il souligne également le fait qu’ils mettent à profit les conceptions « pré-expérimentales » d’un Erik Satie ou encore d’un Charles Yves. À la liste de ces artistes minimalistes tournés vers la musique répétitive va bientôt s’ajouter le nom de Michael Nyman lui-même. C’est en 1968, qu’inspiré par une œuvre du maître de la musique répétitive Steve Reich, il se remet à la composition. En 1976, on lui confie les arrangements de chants vénitiens du 18ème siècle pour la pièce de Goldoni Il Campiello. Cette commande va permettre à Nyman de faire une rencontre majeure, celle d’un ensemble de musiciens réunis spécialement pour l’occasion mais qui vont continuer à travailler avec lui et ce, jusqu’à aujourd’hui : Le futur Michael Nyman Band voit le jour. Le Michael Nyman Band (Photo X.D.R) Le noyau dur est constitué de A. Balanescu (violon), D. Fuest (clarinettes), D. Roach (saxophone alto), J. Harle (saxophone soprano), A. Hinnigan (violoncelle)…. Cette formation lui permet de poursuivre ses recherches musicales. L’ensemble va en effet s’adapter aux exigences du compositeur en ajoutant aux instruments acoustiques habituels des instruments récents et électrifiés ou bien des instruments traditionnels peu utilisés dans le domaine de la musique classique et qui vont de surcroît, être amplifiés.Ainsi au sein de cette formation, rebecs, sacqueboutes, banjo, saxophones, basse et batterie se côtoient permettant à Michael Nyman d’approfondir son travail. Avec le Michael Nyman Band, le compositeur accède à ce subtil équilibre qui caractérise si bien son œuvre entre minimalisme et lyrisme, entre ancien et contemporain. 4 À ces compositeurs essentiellement nord-américains, ajoutons le britannique Gavin Bryars et l’estonien Arvo Pärt. 3 Depuis plus d’une quarantaine d’années, la plupart de ses compositions illustre assez bien l’évolution de son style. Au départ plus proche d’une écriture répétitive demeurant fidèle au courant post-moderniste, Nyman va peu à peu colorer sa musique d’un lyrisme qui le rapproche d’un Brahms voire d’un Chopin. Un autre aspect distingue sa démarche artistique : le fait de reprendre à plusieurs reprises, des thèmes déjà travaillés dans des oeuvres précédentes. Un véritable fil rouge traverse ainsi son parcours musical où ses compositions résonnent entre elles tout en s’adaptant à ses exigences esthétiques du moment. Ce trait caractéristique de son œuvre fait écho aux éléments répétitifs qui ponctuent ses compositions et rappelle la démarche d’un Philip Glass, d’un John Adams ou encore d’un Terry Riley. On qualifie sa musique de néoclassique : la tonalité est à l’honneur et les références aux anciens nombreuses, notamment Purcell, Haendel et la musique baroque anglaise en général. Cette dernière du reste, préfigure par certains aspects, la musique répétitive par l’utilisation de la basse obstinée et par la base de la construction des fugues fondée sur l’imitation et le contrepoint... La leçon de piano (Photo : Stuart Dryburgh - D.R) « LE DANDY CONFORMISTE » 5 À propos de son travail dédié aux musiques de films, Michael Nyman déclare sans complexes qu’en terme de visibilité il efface tout ce que j’ai pu accomplir avant, il m’offre un public plus large et je suis bien payé. Cela me permet de développer des projets plus personnels6. Sans nul doute, c’est effectivement cette voie qui va lui ouvrir une audience plus vaste. La bande originale du film de Jane CampionThe piano (La Leçon de Piano) marque la consécration de Michael Nyman dans ce registre. En effet, il s’agit d’une musique qui est en parfaite osmose avec l’atmosphère mélancolique, voire romantique du film. La musique est la voix d’Ada. Le son du piano est le miroir de son humeur, de ses pensées oralement inexprimées. […] Je devais créer une sorte de scénographie auditive qui était d’une importance semblable à celle des décors et des costumes.7 5 Surnom donné à Michael Nyman dans un article de la revue Classica n°2 (01/06/1988). 6 Extrait d’un article de Vincent Brunner - Michael Nyman, l’oreille du cinéma (L’Humanité du 21 décembre 2001) 7 Propos de Michael Nyman extraits du livre La leçon de Piano de Jane Campion (10-18). 4 Signalons que c’est l’actrice elle -même, Holly Hunter qui interprète les morceaux de piano solo dans le film. Pour ce faire, Nyman s’inspire d’airs populaires écossais des 18ème et 19ème siècles qui s’intègrent à l’univers intime du personnage de la pianiste muette Ada tout en évitant le pastiche à seule fin que l’on reconnaisse immédiatement une musique composée en 1992. De plus, Nyman renforce le lyrisme de son travail plutôt imprégné par le passé des tonalités propres au minimalisme. La cinéaste Jane Campion n’est pas en reste dans ce choix musical : elle souhaitait que la musique du film mêle le 19ème et la modernité. La correspondance musicale entre deux époques éloignées n’est pas inédite chez Nyman. Elle traverse la grande majorité de ses musiques de films. Il s’agit même d’une de ses signatures. Les exemples abondent lorsque l’on écoute la plupart des œuvres qu’il a composées pour le réalisateur britannique Peter Greenaway. C’est au début des années 1980 que Michael Nyman commence à travailler avec ce cinéaste. Outre les débuts de leur collaboration constitués de musiques accompagnant des courts et moyens métrages expérimentaux (Tree ; A Walk Through H…), leur association la plus marquante date de 1982 avec le long-métrage The draughtman’s contract (Meurtre dans un jardin anglais) qui demeure pour le réalisateur comme pour le compositeur, un moment essentiel de leurs carrières, leur permettant de se faire connaître d’un plus large public. Cette approche de la composition met en application les matériaux que Nyman aime à utiliser : de la musique ancienne avec des arrangements et une tonalité contemporaines. Ce résultat est obtenu par la réunion d’instruments anciens et d’instruments plus modernes jouant une trame musicale répétitive poussée en boucles obsédantes. Là encore, passé et présent semblent se répondre tout en restant inextricablement mêlés.