EFFET L OO P SUR...

Michael Nyman

Michael Nyman (Photo : X.D.R)

« Michael Nyman a apparemment découvert comment avoir un pied dans le 18 ème siècle et un autre dans le 20 ème siècle »

( in Daniel Caux : Peter Greenaway - Editions Dis Voir - 1987) BLABLA Michael Nyman

Nationalité : Britannique Naissance : 23 mars 1944 à Londres 1er métier : critique musical Autres : Musicologue, ethno-musicologue, pianiste, claveciniste, compositeur, arrangeur, chef d’orchestre, librettiste, photographe, éditeur …. Signe particulier : Minimaliste Fan de : Henry Purcell Violon d’Ingres : Les musiques de films

Michael Nyman (Photo : X.D.R)

DU CRITIQUE MUSICAL AU COMPOSITEUR

ichael Nyman a étudié le et le clavecin au Royal College of Music et au King’s College. A cette époque, il compose déjà mais en 1964, il décide de mettre de côté l’écriture Mmusicale pour travailler en tant que musicologue puis par la suite, il devient critique musical. Ses articles se retrouvent dans des revues comme The Listener, The Spectator... Durant cette période, le monde de la musique contemporaine est fortement imprégné par des compositeurs comme Boulez, Stockhausen, Xenakis… À travers ses articles, Michael Nyman choisit de mettre en lumière des courants musicaux émergents. Dans le même temps, il n’hésite pas à consacrer ses analyses musicales à des genres autres que le classique : le rock, la musique indienne… Cet éclectisme l’amènera plus tard à jouer et composer avec des musiciens issus de divers horizons musicaux. Ainsi, dans le courant des années 1970, il collabore tour à tour avec le groupe de rock anglais The Flying Lizards1, avec le mandoliniste indien U.Shrinivas ou bien encore avec sa compatriote Kate Bush2. En 1969, Michael Nyman utilise pour la première fois le terme de minimalisme pour désigner un courant musical. Un mot qui jusque là, était réservé à la sphère picturale. Dans un article de The Spectator, il choisit ce vocable pour définir l’œuvre du compositeur contemporain Cornelius Cardew intitulée The Great Learning. Son travail de critique aboutit en 1974 à l’élaboration d’un livre qui va profondément marquer les études consacrées à la musique contemporaine. Il s‘agit de Experimental music : Cage and beyond, préfacée par Brian Eno3. Michael Nyman y brosse le panorama des récentes pistes explorées par les musiciens contemporains qui se départissent à la fois de l’école européenne du sérialisme et de l’avant-garde issue de l’après-guerre. Cet ouvrage qui n’a subi aucun remaniement lors de sa réédition en 1999 reste aujourd’hui encore, une référence incontournable dans ce domaine. Dans ce livre, il s’attache à définir ce qu’est la musique expérimentale à travers ses précurseurs dès les années 1950 comme Morton Feldman et , jusqu’aux années 1970 avec Christian Wolff, Cornelius Cardew…

1 The Flying Lizards - Fourth Wall - (Virgin Records - 1981) 2 Sangam : Michael Nyman meets Indian Masters - (WEA - 2003) / Kate Bush - (EMI - 1989) 3 Experimental music : Cage et au-delà - (Éditions Allia - 2005) (Voir Rubrique Lire) 2 Il aboutit à ce qu’il nomme le minimalisme et ses avatars : le minimalisme radical, répétitif ou encore, mystique. Les principaux représentants de ce courant sont , , John Adams, LaMonte Young, ou encore Michael Gordon4. Leurs créations se caractérisent par le fait de réduire au maximum ce qui fait une œuvre musicale : rythme, notes, instruments, etc. Il montre comment ces compositeurs appréhendent autrement l’œuvre musicale depuis le travail de composition jusqu’à la réception de l’œuvre par l’auditoire. Il souligne également le fait qu’ils mettent à profit les conceptions « pré-expérimentales » d’un Erik Satie ou encore d’un Charles Yves. À la liste de ces artistes minimalistes tournés vers la musique répétitive va bientôt s’ajouter le nom de Michael Nyman lui-même. C’est en 1968, qu’inspiré par une œuvre du maître de la musique répétitive Steve Reich, il se remet à la composition. En 1976, on lui confie les arrangements de chants vénitiens du 18ème siècle pour la pièce de Goldoni Il Campiello. Cette commande va permettre à Nyman de faire une rencontre majeure, celle d’un ensemble de musiciens réunis spécialement pour l’occasion mais qui vont continuer à travailler avec lui et ce, jusqu’à aujourd’hui : Le futur voit le jour.

Le Michael Nyman Band (Photo X.D.R) Le noyau dur est constitué de A. Balanescu (violon), D. Fuest (clarinettes), D. Roach (saxophone alto), J. Harle (saxophone soprano), A. Hinnigan (violoncelle)…. Cette formation lui permet de poursuivre ses recherches musicales. L’ensemble va en effet s’adapter aux exigences du compositeur en ajoutant aux instruments acoustiques habituels des instruments récents et électrifiés ou bien des instruments traditionnels peu utilisés dans le domaine de la musique classique et qui vont de surcroît, être amplifiés.Ainsi au sein de cette formation, rebecs, sacqueboutes, banjo, saxophones, basse et batterie se côtoient permettant à Michael Nyman d’approfondir son travail. Avec le Michael Nyman Band, le compositeur accède à ce subtil équilibre qui caractérise si bien son œuvre entre minimalisme et lyrisme, entre ancien et contemporain.

4 À ces compositeurs essentiellement nord-américains, ajoutons le britannique Gavin Bryars et l’estonien Arvo Pärt. 3 Depuis plus d’une quarantaine d’années, la plupart de ses compositions illustre assez bien l’évolution de son style. Au départ plus proche d’une écriture répétitive demeurant fidèle au courant post-moderniste, Nyman va peu à peu colorer sa musique d’un lyrisme qui le rapproche d’un Brahms voire d’un Chopin. Un autre aspect distingue sa démarche artistique : le fait de reprendre à plusieurs reprises, des thèmes déjà travaillés dans des oeuvres précédentes. Un véritable fil rouge traverse ainsi son parcours musical où ses compositions résonnent entre elles tout en s’adaptant à ses exigences esthétiques du moment. Ce trait caractéristique de son œuvre fait écho aux éléments répétitifs qui ponctuent ses compositions et rappelle la démarche d’un Philip Glass, d’un John Adams ou encore d’un Terry Riley. On qualifie sa musique de néoclassique : la tonalité est à l’honneur et les références aux anciens nombreuses, notamment Purcell, Haendel et la musique baroque anglaise en général. Cette dernière du reste, préfigure par certains aspects, la musique répétitive par l’utilisation de la basse obstinée et par la base de la construction des fugues fondée sur l’imitation et le contrepoint...

La leçon de piano (Photo : Stuart Dryburgh - D.R)

« LE DANDY CONFORMISTE » 5 À propos de son travail dédié aux musiques de films, Michael Nyman déclare sans complexes qu’en terme de visibilité il efface tout ce que j’ai pu accomplir avant, il m’offre un public plus large et je suis bien payé. Cela me permet de développer des projets plus personnels6. Sans nul doute, c’est effectivement cette voie qui va lui ouvrir une audience plus vaste. La bande originale du film de Jane CampionThe piano (La Leçon de Piano) marque la consécration de Michael Nyman dans ce registre. En effet, il s’agit d’une musique qui est en parfaite osmose avec l’atmosphère mélancolique, voire romantique du film. La musique est la voix d’Ada. Le son du piano est le miroir de son humeur, de ses pensées oralement inexprimées. […] Je devais créer une sorte de scénographie auditive qui était d’une importance semblable à celle des décors et des costumes.7

5 Surnom donné à Michael Nyman dans un article de la revue Classica n°2 (01/06/1988). 6 Extrait d’un article de Vincent Brunner - Michael Nyman, l’oreille du cinéma (L’Humanité du 21 décembre 2001) 7 Propos de Michael Nyman extraits du livre La leçon de Piano de Jane Campion (10-18). 4 Signalons que c’est l’actrice elle -même, Holly Hunter qui interprète les morceaux de piano solo dans le film. Pour ce faire, Nyman s’inspire d’airs populaires écossais des 18ème et 19ème siècles qui s’intègrent à l’univers intime du personnage de la pianiste muette Ada tout en évitant le pastiche à seule fin que l’on reconnaisse immédiatement une musique composée en 1992. De plus, Nyman renforce le lyrisme de son travail plutôt imprégné par le passé des tonalités propres au minimalisme. La cinéaste Jane Campion n’est pas en reste dans ce choix musical : elle souhaitait que la musique du film mêle le 19ème et la modernité.

La correspondance musicale entre deux époques éloignées n’est pas inédite chez Nyman. Elle traverse la grande majorité de ses musiques de films. Il s’agit même d’une de ses signatures. Les exemples abondent lorsque l’on écoute la plupart des œuvres qu’il a composées pour le réalisateur britannique Peter Greenaway.

C’est au début des années 1980 que Michael Nyman commence à travailler avec ce cinéaste. Outre les débuts de leur collaboration constitués de musiques accompagnant des courts et moyens métrages expérimentaux (Tree ; A Walk Through H…), leur association la plus marquante date de 1982 avec le long-métrage The draughtman’s contract (Meurtre dans un jardin anglais) qui demeure pour le réalisateur comme pour le compositeur, un moment essentiel de leurs carrières, leur permettant de se faire connaître d’un plus large public.

Cette approche de la composition met en application les matériaux que Nyman aime à utiliser : de la musique ancienne avec des arrangements et une tonalité contemporaines. Ce résultat est obtenu par la réunion d’instruments anciens et d’instruments plus modernes jouant une trame musicale répétitive poussée en boucles obsédantes. Là encore, passé et présent semblent se répondre tout en restant inextricablement mêlés. Dans cette composition, de nombreux clins d’œil sont faits au compositeur britannique Henry Purcell qui a inspiré bon nombre de musiciens après lui, de Benjamin Britten à Peter Townshend des Who. Le compositeur baroque fait écho au contenu du film qui situe son action en Angleterre aux alentours de 1695, date de son décès. Dans la première édition sur vinyles de la bande originale du film, Henry Purcell est mentionné d’ailleurs dans la distribution comme consultant de l’ !

music consultant : H. Purcell

Verso de la pochette vinyle de la B.O. de The Draughtsman’s contract (Photo : X.D.R)

5 Cette filiation ne date pas d’hier. Nyman précise en effet, que sa thèse (inachevée) sur la musique répétitive et contrapuntique anglaise durant les 16ème et 17ème siècles consacrait déjà une large part à Purcell qu’il considère comme le compositeur majeur de cette période et même bien au-delà. De plus, l’un de ses professeurs au King’s College, l’éminent Robert Thurston Dart, était spécialisé dans la musique baroque anglaise. Pour autant, Nyman estime qu’il ne faut voir en aucun cas un pastiche de Purcell dans cette œuvre mais plutôt une convergence entre deux compositeurs et deux époques : 1982 going on 1695, dit-il à ce sujet8. La partition pour basses s’inspire des schémas harmoniques répétitifs menés par les cordes et les cuivres, que l’on retrouve dans des morceaux comme Dido’s lament ou Music for a while et répond au sujet traité par Greenaway dans son film lorsque le dessinateur Neville parcourt de long en large la propriété dont il doit dessiner 12 points de vue. L’aspect lancinant du jeu des cordes rappelle aussi des passages de ses quatuors à cordes écrits dans le courant des années 1980-90 (1985, 1988, 1990, 1995). Les basses obstinées chères à Purcell sont la trame de cette B.O. où le compositeur favori de Nyman est mis à l’honneur. « Dans mes films, la musique de Michael Nyman crée l'ambiance, mais elle est aussi une structure du film : elle organise l'information. » 9

Dans la bande originale du film , le compositeur revisite pour la seconde fois Mozart. Il avait déjà utilisé le deuxième mouvement de la Symphonie Concertante en Mi bémol (l’andante) pour composer la musique du film de Greenaway, (1980). Ici ce sont les cordes qui prédominent pour créer 92 versions différentes des quatre mesures de cette symphonie, chiffre qui correspond au nombre de personnages apparaissant dans le film de Greenaway10… La démarche de jeter un pont entre deux époques n’est pas propre à Michael Nyman. On peut mentionner certaines compositions de Georges Delerue : des références à Malher parcourent la B.O du filmLe mépris et le thème de Camille s’inspire de l’aria de Bach, dans La nuit américaine, le Grand Choral s’inspire également de Bach mais aussi de Vivaldi. Le binôme Greenaway / Nyman donne lieu à onze créations en tout dont : Z.O.O., Le cuisinier, le voleur sa femme et son amant (The cook, the thief, his wife and her lover) et enfin, Prospero’s book adapté de La Tempête de Shakespeare signant leur dernière aventure ensemble. À partir de cette dernière œuvre, Nyman réadaptera des parties chantées pour voix et piano interprétées par la chanteuse allemande Ute Lemper en 1992. Celle-ci apparaissait déjà dans l’une des 3 voix de la bande son de Prospero aux côtés de Marie Angel et Deborah Conway. Une autre collaboration entre Nyman et la chanteuse allemande a eu lieu: il s’agit d’une musique créée pour un court-métrage de Jeremy Newson et Pat Gavin : Letters, riddles and writs (Lettres, énigmes et mandats). Ce film dans lequel Ute Lemper joue le rôle de Mozart fait partie d’une œuvre collective commanditée par la B.B.C pour célébrer le bicentenaire de la mort de Mozart intitulé Not Mozart (1991). Évoquons également pour la bande son de Prospero l’anecdote rapportée par Julien Mazaudier dans un article consacré à Michael Nyman11.Ce dernier se souvenant approximativement du récit de Caliban dans La Tempête dépeignant le royaume de Prospero comme « une île pleine de voix » (An isle full of voices) écrit une partition comprenant beaucoup de passages vocaux.

8 « 1982 se marie avec 1695 » - Cf : Livret de l’album The Draughtman’s Contract - p.3 9 Le cinéaste Peter Greenaway dans Peter Greenaway - op. cit. 10 À noter que 92 est un chiffre récurrent chez Greenaway. Il correspond au numéro atomique de l’uranium. Voir A walk to H (Une promenade à travers H) qui représente 92 cartes de pays imaginaires, The Fall qui est composé de 92 biographies et le projet multimédia The Suitcases 11 https://www.cinezik.org/critiques/affcritique.php?titre=prosperos-books 6 Or c’est un souvenir peu fiable qui vient à l’esprit du compositeur et provoque un contresens. En effet, le texte dit en réalité « une île pleine de bruits » (An isle full of noises). Néanmoins , les parties vocales sont une belle réussite et s’accordent parfaitement à l’univers du film qui, par bien des aspects évoque l’univers de l’opéra.

L’esprit baroque, le jeu des répétitions et de l’exagération qui imprègnent les films de Greenaway collent parfaitement avec l’univers de Nyman. La période baroque est d’ailleurs un point commun important entre le compositeur et le réalisateur puisque Peter Greenaway, artiste-peintre à l’origine, puise dans les attributs de la peinture de cette époque pour donner une certaine couleur à ses films par l’entremise de son directeur de la photographie, Sacha ierny.V Malgré tout, la collaboration entre les deux hommes cesse en 1991. Durant ce long partenariat, l’inspiration de Nyman et les contraintes émanant de Greenaway impriment au travail du compositeur un aspect fonctionnel qui obéit complètement à l’image et au caractère informatifs du son. Dans ses compositions, Michael Nyman s’attache à conserver l’esprit du film au plus près. Pour la bande originale du film de Christopher Hampton, Carrington, il explique que toute la musique s’articule autour du personnage principal, Dora Carrington et des hommes qui entrent dans son univers.12 Bien d’autres cinéastes ont fait appel à lui, citons entre autres Michael Winterbottom ( ; The Claim ; 9 Songs…), Volker Schlöndorff (The Ogre), Nanni Moretti (La Stanza del Figlio), Neil Jordan (The End of an Affair), Patrice Lecomte (, Le Mari de la Coiffeuse), Jean-Pierre Mocky (Le Miraculé), Andrew Nicoll (Bienvenue à ), Dziga Vertov (L’homme à la caméra, film muet de 1929, musique créée en 2002)13 En 2018, sort sur les écrans le film documentaire de Ian Bonhôte et Peter Ettedgui intitulé Mc Queen. Ce film a pour sujet le créateur de mode britannique Alexander Mc Queen dont les défilés revêtaient un aspect théâtral. Mc Queen écoutait régulièrement du Nyman dans son atelier. Michael Nyman en compose la bande son, un mélange de ses différents univers musicaux : symphonies, œuvres pour ballets, opéras, musiques de films, œuvres composées pour le Michael Nyman Band, où instruments anciens et musique électronique se côtoient.

The Draughtsman’s contract (Photo : X.D.R)

12 Cf. Livret de l’album Carrington (Decca, 1995) 13 Il a mis en musique d’autres films des années 1920 : À propos de Nice de Jean Vigo et Le cuirassier Potemkine de Sergueï Eisenstein 7 « NOISES, SOUNDS & SWEET AIRS... » 14 Si ses contributions musicales destinées aux films sont nombreuses (environ 75 films), il ne faut pas oublier pour autant le reste de son œuvre qui reflète là aussi son éclectisme musical puisqu’il a écrit des symphonies, des opéras, des quatuors, etc. et composé pour diverses commandes : festivals ; inaugurations ; commémorations ; défilés de mode et même pour un jeu vidéo(, 1996), puis pour une publicité commandée par le constructeur automobile Mazda (Double pour saxophone, violoncelle et orchestre, 1997)… En 1976, lorsqu’il renoue avec la composition, on peut d’ores et déjà constater que sont en germes les éléments qui définiront la griffe propre à Nyman : ce subtil mélange entre modernité et référence aux anciens, entre minimalisme et lyrisme. Ce que nous avons évoqué à propos des musiques de films, nous le retrouvons par exemple dans son In Re Don Giovanni (1977) où il reprend des thèmes de Mozart qu’il mêle à des sonorités rock et minimalistes. Dans ses autres créations musicales, Michael Nyman n’hésite pas à réutiliser des thèmes composés au préalable pour des musiques de films. Citons par exemple, Concerto interprété par Kathryn Scott qui emprunte des sections à La leçon de piano. Nyman explique à ce propos, que le titre même indique cela par l’utilisation voulue de l’article défini. Il ajoute que cette nouvelle visite du thème lui permet de créer une structure globalement plus cohérente et d’une plus grande complexité15 car elle se trouve moins limitée par les contraintes spécifiques liées au contexte de composition du film. Il en est de même pour l’opéra ballet de la chorégraphe Karine Saporta, La Princesse de Milan, basé sur la pièce de Shakespeare, La Tempête (1991) dont il tirera une version plus adaptée à un opéra non dansé intitulé Noises, Sounds & Sweet Airs. Les chorégraphies du film Prospero’s book de Peter Greenaway sont d’ailleurs réalisées par cette même chorégraphe. Autre exemple, The Fall of Icarus de Frédéric Flamand (1989), inspiré du tableau éponyme de Bruegel l’Ancien. D’autres chorégraphes ont bénéficié de son talent comme Siobhan Davies, Lucinda Childs… Également librettiste, il écrit un opéra en 1986 inspiré par l’œuvre de Robert Schumann, et tiré du livre d’Olivier Sacks L’Homme qui prenait sa femme pour un chapeau (The man who mistook his wife for a hat). MGV (Musique à Grande Vitesse) a été écrite pour l’inauguration du TGV Nord et commandée par la ville de Lille en 1993. Cette œuvre a été rejouée pour la même occasion à Metz en 2007 par une grande partie des musiciens du Michael Nyman Band. Il a également composé La Traversée de relative aux cérémonies du bicentenaire de la Révolution (1989) où l’oratorio fut réarrangé pour le film Prospero’s book, After Extra Time pour les festivités de l’Euro en 1996, ou encore pour l’Expo 98 au Portugal, un cycle de chants basés sur des poèmes de Fernando Pessoa... En 2002, il était compositeur en résidence pour trois ans au Badisches Staatstheater de Karlsruhe. Durant cette période il a réécrit son opéra et composé deux autres, Man and Boy : Dada (2003) et (2005). Cette même année, Michael Nyman a fondé son propre label MN Records.

La Princesse de Milan, Karine Saporta - Chorégraphe (Photo : © Pascal Gely - CDDS Enguerand)

14 Opéra réalisé en 1991qui a pour socle un opéra ballet chorégraphié par K. Saporta : La Princesse de Milan 15 Cf. : Livret de l’album The piano concerto / MGV, p.7 8 En 2004, il a créé The Photography of Chance, une œuvre qui rend hommage à l’animateur de la BBC, John Peel. Dans de toutes autres circonstances, bien dramatiques celles-là, il compose une symphonie en 2014 en hommage aux 96 victimes de la tragédie du stade d’Hillsborough à Sheffield en Angleterre de manière à récolter des fonds pour aider les familles endeuillées. 2016 marque sa collaboration avec l'ensemble Céladon dans la création : No time in Eternity qui élabore une passerelle entre la musique anglaise contemporaine et celle de la Renaissance. Dernièrement, en octobre 2019 il présente son filmEarthquake , issu de ses expériences directes ou non avec le phénomène du tremblement de terre. Artiste éclectique et prolifique, il a également publié un recueil de photographies accompagné d’un CD intitulé Sublime (2008).

À l’instar d’autres compositeurs issus du post-modernisme comme Glass, ou Riley, Michael Nyman représente un carrefour d’influences musicales et plus généralement esthétiques. Ce qui le caractérise également est un certain pragmatisme qui lui a valu quelques suspicions de la part de quelques observateurs musicaux. D’aucuns estiment que le compositeur se laisse parfois un peu trop aller à la facilité et au recyclage teintant sa musique d’un manque d’originalité. A contrario, on peut voir dans sa démarche artistique des qualités indéniables d’ouverture d’esprit, de liberté mais aussi une indiscutable cohérence entre sa démarche théorique et sa musique. Autre point à souligner : il lui tient à cœur de rendre sa musique accessible au plus grand nombre sans jamais vouloir la cantonner à un cercle d’initiés, objectif qui rejoint du reste l’esprit de la plupart des compositeurs post-modernes et ceux de l’école minimaliste anglo-saxonne et nord-américaine. Compositeur britannique aux multiples racines musicales, Nyman a influencé à son tour un certain nombre de musiciens : de (Good bye Lenin) à Alexander Balanescu (Des ânes et des insectes) qui fit partie du Michael Nyman Band durant quinze ans, sans oublier The Divine Comedy (Our mutual friends). En 2008, il reçoit l’Ordre de l’Empire Britannique (CBE) pour service rendu à la musique britannique. Michael Nyman a avant tout jeté une passerelle entre passé et présent, entre musique(s) ancienne(s) et musique(s) actuelle(s). En guise de conclusion, citons ses propres mots : « Un compositeur doit se baser sur du matériel déjà existant. Bach écoutait Vivaldi, Vivaldi écoutait Corelli et ainsi de suite jusqu’à Monteverdi. Ma musique est en cela aussi bien influencée par Mozart que par le minimalisme des années 70, la process music et le rock. »

Michael Nyman : Work in progress... (Photo : X.D.R)

9 À LA MÉDIATHÈQUE

ÉCOUTER ADAMS John / HARLE John : Minimalist 420 ANT ADAMS John / HARLE John : Birdman 520 BIR ADAMS John / HARLE John : Call by your name 520 CAL ADAMS John / HARLE John : Doctor Atomic 435 ADA ADAMS John / HARLE John : Oeuvres pour piano 411.11 ADA ADAMS John / HARLE John : - Shaker loops 419.41 ADA BRUBAKER Bruce : Glass piano 411.11 BRU BRYARS Gavin : Concerto pour piano : The solway canal 419.11 BRY BRYARS Gavin : The sinking of the Titanic 430 BRY CAGE John : The Seasons 420 CAG CAGE John : Sonatas and Interludes for prepared piano 411.16 CAG CAGE John : Early electronic & tape music 410 CAG CARDEW Cornelius : Piano music 1959-70 / J. Tilbury, pn. 411.11 CAR DIVINE COMEDY The : Promenade 250 DIV DIVINE COMEDY The : Absent friends 220 DIV EIGHTH BLACKBIRD : Singing in the dead of night : M. Gordon / D. Lang / J. Wolfe 4.97 EIG FELDMAN Morton : Ivan Ilic plays Morton Feldman 411.11 FEL GLASS Philip : Arrangements pour harpe : Metamorphosis ; The Hours/ L. Meijer, h. 411.51 GLA GLASS Philip : Echoes 412 GLA GLASS Philip : Einstein on the beach 435 GLA GLASS Philip : Kundun : B.O.F 520 KUN GLASS Philip : Les regrets : B.O.F 520 REG GLASS Philip : Songs from the trilogy 436 GLA GLASS Philip : Symphonies n° 2 & 3 424 GLA GLASS Philip : The Concerto Project Vol.1 4GLA19.43 GLASS Philip : The fantastic four : B.O.F 520 FAN GLASS Philip : The Hours : B.O.F 520 HOU GLASS Philip : The illusionist : B.O.F 520 ILL GLASS Philip : Concerto pour violon 4GLA19 GLASS Philip : Solo piano 411.11 GLA GLASS Philip / MEIJER Lavina : Arrangements pour harpe, Métamorphosis, The hours 411.51 GLA GORDON Michael : Trance 421 GOR GORECKI Henryk : Symphonie n°3, op.36 424 GOR LEMPER Ute : The best of 086 LEM MINIMALIST DREAM HOUSE : 411.11 ANT : Anthologie 1953-1957 1 MOO

10 MOZART Wolfgang Amadeus : Don Giovanni 335 MOZ MOZART Wolfgang Amadeus : Les 5 pour violon – Symphonie concertante 319.41 MOZ MOZART Wolfgang Amadeus : Don Giovanni 335 MOZ NYMAN Michael : Michael Nyman 418 NYM NYMAN Michael : New music New York 1979 407 ANT NYMAN Michael : Peter Greenaway film music 520 NYM NYMAN Michael : La leçon de piano 520 LEC NYMAN Michael : La fin d’une liaison 520 FIN NYMAN Michael : MC Queen 520 MCQ NYMAN Michael : Meurtre dans un jardin anglais 520 MEU NYMAN Michael : The man who mistook his wife for a hat 435 NYM PART Arvo : Alina 420 PAR PART Arvo : Tabula Rasa 420 PAR PART Arvo : Da pacem 420 PAR PURCELL Henry : Didon et Enée [Dido & Aeneas] 335 PUR PURCELL Henry : La Tempête 334 PUR PURCELL Henry : Music for Queen Mary 334 PUR PURCELL Henry : Music for the funeral of Queen Mary and other great woorks 330 PUR PURCELL Henry : Ode à Sainte-Cécile 344 PUR PURCELL Henry : Le Roi Arthur 335 PUR PURCELL Henry : Theatre music 1 334 PUR PURCELL Henry : Theatre music 2 334 PUR REICH Steve : Different trains. Piano phase 414.4 REI REICH Steve : Different Trains. Electric counterpoint 414.4 REI REICH Steve : Music for 18 musicians 470 REI REICH Steve : Octet. Music for a large ensemble. Violin Phase 418 REI REICH Steve : Sextet / Clapping music / Music for pieces of wood 416.91 REI RICHTER / PÄRT / VASKS : The four seasons recomposed / F. Humphreys, v. 419 RIC RICHTER Max : The essential 410 RIC RILEY Terry : Requiem for Adam 444 RIL RILEY Terry : The cusp of magic 444 RIL SATIE Erik : 3 Gymnopédies – 6 Gnossiennes 311.11 SAT SATIE Erik : Vexations / A. Marks, pn. 311.11 SAT SCHAEFFER Pierre : L’oeuvre musicale 420 SCH TAVENER John : Song for Athene 440 TAV TAVENER John : Essential Tavener 440 TAV TIERSEN Yann : L’absente 099.7 TIE TIERSEN Yann : All 099.7 TIE TIERSEN Yann : On tour 099.7 TIE TIERSEN Yann : Retrouvailles 099.7 TIE TIERSEN Yann : Rue des Cascades 099.7 TIE TIERSEN Yann : 099.7 TIE TIERSEN Yann : Good bye Lenin ! 520 GOO TIERSEN Yann : Le fabuleux destin d’Amélie Poulain 520 FAB WOLFF Christian : Préludes - Variations - Studies & instrumental music / P. Thomas, pn 411.11 WOL [YOUNG La Monte] : A tribute to La Monte Young 319.41 MOZ

LIRE A DIFFERENT WAY TO MOVE : Minimalismes, New-York, 1960-1980 783.9 ADI BODON-CLAIR Jérôme : Le langage de Steve Reich : L’exemple de 18 musicians (1976) 783.9 BOD BOSSEUR J.-Y. & D. : Révolutions musicales : La musique contemporaine depuis 1945 783.098 BOS CADIEU Martine : À l’écoute des compositeurs : entretiens 1961-1974 783.098 CAD 11 CAGE John : Silence, conférences et écrits 780.1 CAG CAMPION Jane : La leçon de piano R CAM A DIFFERENT WAY TO MOVE : Minimalismes, New-York, 1960-1980 783.9 ADI BODON-CLAIR Jérôme : Le langage de Steve Reich : L’exemple de 18 musicians (1976) 783.9 BOD BOSSEUR J.-Y. & D. : Révolutions musicales : La musique contemporaine depuis 1945 783.098 BOS CADIEU Martine : À l’écoute des compositeurs : entretiens 1961-1974 783.098 CAD CAGE John : Silence, conférences et écrits 780.1 CAG CAMPION Jane : La leçon de piano R CAM CHION Michel : La musique au cinéma 791.43 CHI GERGORIN Romaric : Erik Satie 783.04 SAT KOSMICKI Guillaume : Musiques savantes : 783.9 KOS de Ligeti à la fin de la guerre froide : 1963-1989 KOSMICKI Guillaume : Musiques savantes : 783.9 KOS de Debussy au mur de Berlin KOSMICKI Guillaume : Musiques savantes : 783.9 KOS de John Zorn à la fin du monde et après... : 1990-2015 NYMAN Michael : Experimental music Cage and beyond 783.098 NYM RUSSOLO Luigi : L’art des bruits 783.5049 RUS SMITH Patti : Just kids 782 SMI

Ecrivains et Oeuvres ayant inspiré Philip Glass : POE Edgar Allan : La chute de la maison Usher : dessin et scénario de N. Guillaume BD GUI COCTEAU Jean : Orphée COC COCTEAU Jean : Les enfants terribles R COC KAFKA Franz : La métamorphose / Die Verwandlung R KAF / 833 KAF (Mais aussi Samuel Beckett, Doris Lessing, Jean Genêt, Allen Ginsberg, John Maxwell Coetzee...)

Penseur ayant inspiré John Cage : ANCELET-HUSTACHE Jeanne : Maître Eckhart et la mystique rhénane 248.22 ANC

BANDES DESSINÉES MILLAR/TORRES/GIANFELICE : Jupiter’s circle BD JUP CRUMB Robert : Mister sixties BD CRU BLOT David / ROYER Jérémie : Yesterday 1 BD YES RASSAT Cédric / ROUSSE Ana : Karen Dalton - Jeunesse d’une femme libre, BDA ROU de Greenwich Village à Woodstock CHARYN / BOUCQ : La femme du magicien BD CHA

INTERPRÉTER EASY CONTEMPORARY PIECES : For solo piano 783 ANT EINAUDI Ludovico : Piano collection Vol. 1 783 EIN GLASS Philip : The piano collection 783 GLA NYMAN Michael : Songbook 783 NYM NYMAN Michael : La leçon de piano 783 NYM SATIE Erik : 3 Gymnopédies 783 SAT SATIE Erik : Gymnopédie N°1 783 SAT

12 @SURFER - Site de Michael Nyman http://www.michaelnyman.com/ - Le magazine de la musique de film https://www.underscores.fr/ - Saskja Boddeke & Peter Greenaway Projects https://www.sbpg-projects.com/ - Le Minimalisme sur France Musique - Partie 1 https://www.francemusique.fr/emissions/l-experimentale/documentaire-le-minimalisme- partie-1-37402 - Le Minimalisme sur France Musique - Partie 2 https://www.francemusique.fr/emissions/l-experimentale/documentaire-le-minimalisme- partie-2-38103 - INA : L’Europe des cultures : médiathèque : fiche Michael Nyman https://fresques.ina.fr/europe-des-cultures-fr/fiche-media/Europe00301/michael-nyman - Filmographie de Michael Nyman décryptée sur Cinezik https://www.cinezik.org/infos/affinfo.php?titre0=20080507104701 - Histoire des instruments de musique électroniques de 1748 à 2019 – En anglais http://120years.net/ - Histoire des arts Lab : Michael Nyman https://hdalab.iri-research.org/hdalab/notice/2957 - In the Ocean : film complet sur les avant-gardes musicales https://www.youtube.com/watch?v=h0NwiTHIhGM

- http://brahms.ircam.fr/michael-nyman - https://www.francemusique.fr/personne/michael-nyman - http://neospheres.free.fr/minimal/nyman.htm - http://www.musiqxxl.fr/michael-nyman/

VOIR BECKER Wolfgang : Good bye Lenin ! BEC CAMPION Jane : La leçon de piano CAM CHOMET Sylvain : The illusionist CHO DALDRY Stephen : The hours DAL GREENAWAY Peter : 4 american composers GRE GREENAWAY Peter : Que viva Eisenstein GRE GREENAWAY Peter : Goltzius et la compagnie du pelican GRE GREENAWAY Peter : Meurtre dans un jardin anglais GRE GREENAWAY Peter : Le ventre de l’architecte GRE HICKS Scott : Le goût de la vie HIC MELVILLE Jean-Pierre : Les enfants terribles MEL NICCOL Andrew : Bienvenue à Gattaca NIC ZVIAGUINTSEV Andreï : Leviathan ZVI

13 LA PLAYLIST

Cornelius Cardew : Treatrise https://www.youtube.com/watch?v=yOdKs4Csqzo Michael Nyman : Chasing Sheep is Best Left to Shepherds (Meurtre dans un jardin anglais) https://www.youtube.com/watch?v=xn1_vUe_Vws Michael Nyman : Sheep ‘n’ tides par V. Lisitsa - (Drowning by numbers) https://www.youtube.com/watch?v=FJuni5obD7I Henry Purcell : Rondeau (Abdelazer; Z570) https://www.youtube.com/watch?v=VVivtti-n-w Wolfgang Amadeus Mozart : Symphonie concertante pour violon, alto et orchestre K. 364 (Andante) https://www.youtube.com/watch?v=jpbYiWbC6PM Michael Nyman : The heart asks pleasure first (La leçon de piano) https://www.youtube.com/watch?v=NsQBKr_x-P4 Michael Nyman : God’s hands (Bienvenue à Gattaca) https://www.youtube.com/watch?v=jOcIP9YybLE&list=PLohYzz4btpaTcfcA9sQQ1KTSGHQW-Q- nL&index=2 Michael Nyman : (The cook, the thief, the his wife and her lover) https://www.youtube.com/watch?v=w9ivMElHML4 Michael Nyman : Bird anthem https://www.youtube.com/watch?v=HDiLf21N8QY Michael Nyman : Angelfish decay (Z.O.O) https://www.youtube.com/watch?v=U21lhxlvYF4&list=PLtZM4-pHDwPmdgfnvCg3WdjYzW7gi2CSl Philip Glass : Morning passages ( The Hours) https://www.youtube.com/watch?v=Aj6BLyqTKDo Michael Nyman : In Re Don Giovanni (Version de l’album The Michael Nyman Band) https://www.youtube.com/watch?v=wPLPoYLM_BA Michael Nyman : Ariel songs (Shakespeare) : Come and go (U. lemeper, chant) https://www.youtube.com/watch?v=cecWAE6pIc4 The Flying Lizards : Hands 2 take https://www.youtube.com/watch?v=dMCwOLe3ff0 The Divine Comedy : Our mutual friend https://www.youtube.com/watch?v=tq_-SxYKGa8

Henry Purcell : Autograph manuscript of Fantazias (British Library - Add MS 30930)

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