Odilon Redon
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de la SOCIÉTÉ ANTHROPOSOPHIQUE EN FRANCE Mai - Juin 2014 Une artiste engagée dans le siècle 5 Odilon Redon , Amélie Lange précurseur de l’ art moderne Pentecôte, le chemin Alfred Kon traduit par Laurent Bénac 8 de métamorphose d’une image Exposition Catherine Cardon au musée L’anthroposophie en Beyeler de territoires israéliens 9 René Becker Bâle-Riehen Brèves 11 Depuis quelques années, il existe ‹ Je se reconnaît › Constanza Kaliks 12 un regain d’intérêt pour un artiste resté Méditer longtemps dans 13 aujourd’hui Martin Quantin l’ombre des impressionnistes, La vie spirituelle puis de Cézanne : E a-t-elle besoin d’un C 15 il s’agit d’Odilon N financement ? A R F Philippe Leconte Redon, né comme N E E U eux en 1840, et Q I H P O La vie de la branche présenté comme un S O Raphaël P O 17 «Précurseur de l’art R Dominique Bertrand H T N A moderne» au Musée É T É I Beyeler de Riehen- C O Compte-rendu S a l du congrès et de Bâle jusqu’au 18 mai. e 18 d l’assemblée générale Claudia Achour Deux exPositions, à Francfort en 2007 couleur dans les années quatre-vingt-dix, 1 (Schirn) et à Paris en 2011 (Petit Palais), ont qui atteint son aPogée à Partir de 1899 Perspectives du comité déjà donné l’occasion de Parcourir dans dans les variations sur le thème de « la vic - 22 pour 2014-2015 toute sa diversité l’œuvre de ce maître toire d’APollon sur le dragon ». Antoine Dodrimont excePtionnel : d’abord son chemin d’initia - L’exPosition actuelle offre un choix de tion dans les « noirs » au cours des années thèmes réPartis sur neuf salles, un cata - soixante, soixante-dix et quatre-vingt du logue d’excellente qualité et un film de In Memoriam XIX ème siècle, et ensuite, la renaissance de la 25 Près d’une heure qui, en français comme Écoute et parole o L’Assemblée générale de la Société anthroposophique universelle au Goetheanum fut l’occasion d’approfondir le thème 1 t de l’année et de mieux percevoir les perspectives que se donne le Goetheanum aujourd’hui. Voici deux pensées nées de i cette assemblée, un double geste d’écoute et de parole. Michaël ne s’approuve lui-même qu’en approuvant le monde, contrairement à Ahriman qui ne s’approuve lui-même qu’en niant le monde 2. Faut-il en conclure que les fidèles de Michaël doivent approuver le monde tel qu’il est? Oui, c’est d de cela qu’il s’agit. Il s’agit de dire oui au monde. L’humanité souffre de ne pas comprendre sa Chute, de ne pas com - prendre le mal. Michaël, régent des pensées de l’univers, comprend la Chute originelle. C’est seulement lorsque la Chute E de l’humanité sur terre, avec ses conséquences, peut être pensée, comprise, intégrée au sens de l’évolution, que s’ouvrent les possibilités pour surmonter cette chute. C’est ainsi que l’anthroposophie peut surmonter le dualisme et ouvrir des perspectives d’avenir, non par la négation, mais, pour aider à l’évolution, par l’approbation qui relie et écoute. En face de l’ouverture, qui permet de percevoir le monde dans toute son envergure et sa profondeur, il importe de ren - forcer le cœur du travail anthroposophique. C’est le but que s’est fixé la direction du Goetheanum en décidant de placer dorénavant l’Ecole supérieure de science de l’esprit au centre du Goetheanum, autant dans sa gestion que dans ses formes extérieures. Souvent perçu avant tout comme le siège de la Société anthroposophique, le Goetheanum voudrait devenir de plus en plus l'expression d’une École supérieure de science de l’esprit comme lieu de recherche anthroposophique, où l’approbation du monde s’intériorise pour devenir une science spirituelle toujours renouvelée, une réponse, une pensée formulée, une parole. 1. aussi Présentée en Page 12 Louis Defèche 2. Rudolf Steiner, Lignes dir ectrices de l’anthroposophie , GA 26. Odilon Redon , précurseur de l’ art moderne en anglais, comPlète l’image du chemin de Redon, comme celle de Kirchner, doit en fréquentant l’école d’art tradition - biograPhique du maître. être considérée, même de nos jours, nelle. Il se retira à Bordeaux, où comme une méthode d’avenir, Puisque RodolPhe Bresdin l’introduit à l’« art Le visiteur est accueilli Par cinq énormes tout le style et toute la biograPhie de noir » des techniques graPhiques. tableaux de la dernière Période, exécu - Redon montre qu’elle constituait son tés à l’huile dans des couleurs délicates, Cette orientation conduit le jeune Paradigme. traitées de telle sorte que certains motifs artiste à une maîtrise inimitable du des - reconnaissables semblent encore flotter C’est dans une rare solitude qu’il Passe sin au fusain et à la Production, sur de dans des courants chromatiques Permet - son enfance au domaine familial de longues années, d’œuvres n’ayant rien tant la figuration sans Pourtant y entrer. Peyrelebade (« Pierre érigée » !), entre de commun avec l’utilisation tradition - Ainsi se révèle d’emblée toute la Bordeaux et l’océan, atteint d’une ten - nelle, où le fusain sert uniquement d’es - méthode de Redon comme Précurseur dance éPilePtique, comme l’ont montré quisse PréParatoire à des œuvres « véri - de la Peinture moderne : bien avant le certaines recherches américaines il y a tables ». Au lieu de cela, des œuvres E C tournant du siècle, il s’engage dans quelques années, qui fut cePendant Profondément artistiques ont vu le jour, N A l’aventure du « motif à la fin », l’une des guérie dans un lieu de Pèlerinage. d’une finesse stuPéfiante, tout à fait R F N innovations essentielles de l’art Redon n’a de ce fait fréquenté l’école dans le sens des débuts de l’éPoque E E moderne. Dans le Processus Pictural, l’ar - qu’à Partir de sa onzième année et, au moderne, où la technique graPhique fut U Q I tiste s’engage en tâtonnant dans les vu de son art, on Peut Penser que l’in - H P O formes et les couleurs, et, dans une tellectualisation Précoce lui a été éPar - S O P suPraconscience de rêve, finit Par gnée, autrement dit, qu’une fenêtre O R H atteindre le moment où, le motif s’an - ouverte au monde de la Pure Phénomé - T N nonçant, il doit être incarné, dans une nologie fut toute sa vie Préservée en lui. A É T lutte tenace, de la façon la Plus juste Il devait toujours se comPorter très cal - É I C Possible. mement. « je n’ai jamais entendu mon O S a Père élever la voix », a déclaré son fils l e Le Peintre anthroPosoPhe Hermann d Ari. Cette disciPline a fait mûrir les Pré - Kirchner (1899-1978) est Parvenu à for - cieux fruits de sa faculté d’observation, muler ce Processus en ajoutant ceci : là où les Portes restent closes à la Plu - Pour que le tableau atteigne son Plein 2 Part d’entre nous. achèvement, Pour se révéler entière - ment au Peintre, ce dernier doit toujours Ce jeune homme issu de bonne famille, le méditer aPrès couP. Et Kirchner raP - doué Pour la musique (il resta habile Porte l’indication novatrice de Rudolf violoniste jusqu’à un âge avancé), qui Steiner : le sPectateur doit Parachever eut la chance d’avoir un bon Professeur l’œuvre. De ce Point de vue, la méthode de dessin, dut traverser des décePtions Parsifal - Odilon Redon élevée au rang de disciPline fié une source de lumière artistique à Part entière. Ici brillante Pénètre dans le tableau, aussi, Redon réalisa un travail Provenant de l’extérieur. Cette de Pionnier. référence au Christ, qui semble comme Profondément sincère, Un choix raffiné de ces doit être considérée comme une « débuts douloureux» Peut excePtion de taille dans le être contemPlé dans les deux contexte de l’éPoque et de la Premières salles « violet France d’alors. (Rien à voir avec foncé » de l’exPosition, dont la ces « mises en scène » qui dePuis couleur s’accorde avec les la Contre-Réforme étaient deve - œuvres. Celles-ci révèlent com - nues une habitude, notamment ment Redon Parcourut, en dans l’art du sud). D’ailleurs, on toute conscience, le Premier trouve déjà une rePrésentation des deux états d’âme désignés du Christ dans les « noirs » : un Par Platon comme aPParte - Esprit gardien de l’eau, Odilon Redon Christ couronné d’éPines, nant à l’initiation : celui de la étrange, et bien caPable de nous mélancolie. Le motif central est toujours sémiques et ne sont jamais Purement émouvoir 1. une tête couPée mais lucide, ou bien un illustratifs, même dans ses œuvres œil, indéPendant de tout corPs, qui vit d’illustration, dont le film nous montre De telles imaginations libres sont les aventures les Plus étranges : flottant toute une série. Les tableaux, au regrouPées en grouPes Particuliers dans en l’air comme un ballon, emPorté Par contraire, invitent le sPectateur à s’en - la salle « Barken », invitant à un voyage un démon, intégré dans le corPs d’une gager dans l’aventure des « images der - sPirituel sur des mers inconnues. Ces araignée, Presque toujours ouvert dans rière le PaPier Peint », sans que cette tableaux de Redon sont un encourage - une attitude étonnée et sereine, sou - invitation Présente un caractère obses - ment à l’exPloration suPrasensible. Les vent tournée vers le haut : un œil sionnel ou autoritaire. Ici Redon se motifs déjà cités d’APollon en sont un « anthr-oP ». (Le terme grec Pour révèle être un vrai « goethéaniste des bon exemPle.