Taennchel, Montagne Des Dieux
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TAENNCHEL MONTAGNE DES DIEUX Adolphe LANDSPURG TAENNCHEL MONTAGNE DES DIEUX EDITIONS DU RHIN L'auteur remercie toutes les personnes qui l'ont aidé dans la réalisation de cet ouvrage, particulièrement Maurice Bisinger pour ses graphiques, Antoine Linder du Studio A de Neuf-Brisach pour ses photographies, Ernest Meichler d'Illzach pour sa gravure et Anne- Marie Landspurg pour son dessin ; il remercie les membres de l'Association des Sourciers d'Alsace qui l'ont accompagné lors des sorties au Taennchel. Il rend spécialement hommage aux radiesthésistes, conseillers, guides, photographes amateurs et accompagnateurs qui lui ont été d'une aide précieuse et remercie Simone Buttighoffer, Florian Chapotot, Roger Christophe, Albert Egly, Françoise Erhard, Charlotte et Gérard Faessler, Auguste Femandez, André Findelli, Marie-Claire et Guillaume Fleith, Franck Hanauer, Gabriel Herrmann, Claude Hoffert, Ludwig Holewik, frank hunzinger, Stanislas Krol, François Landspurg, Annie, Antoine, François et Julien Linder, Pascale Martz, Monique et Daniel Molès, Damien et Christiane Niklowitz, Gaston Oliger, Isabelle Papirer, Catherine Pont, Robert Renno, Alain Ripert, Anne-Marie Ruff, Marc Schultz, Marie, Christian et Noé Schweiger, Jean Scumilaz, Ute Strittmatter, Lucie Weber. Sauf indication contraire les photos sont de l'auteur Conception Graphique : Christian RIMELEN © EDITIONS DU RHIN, Mulhouse, 1994 Tous droits réservés ISBN 2 86 339099 6 PREMIÈRE PARTIE MYTHES ET CROYANCES AYANT MARQUÉ L'HISTOIRE DE L'ALSACE Les tribus néolithiques qui peuplaient il y a cinq mille ans les forêts et les montagnes d'Alsace, des Vosges et de la Forêt-Noire vivaient en harmonie avec la nature sauvage environnante, se nourrissaient de baies, de racines, de champignons, de fruits sauvages, de mollusques et de crustacés. Ils connaissaient le feu et pratiquaient la pêche et la chasse. A la même époque, en Égypte et en Mésopotamie, on connaissait le bronze, un alliage obtenu par la fonte des minerais de cuivre et d'étain. La coutume funéraire voulait qu'on enterre les défunts dans la position d'un dormeur accroupi, genoux pliés, jambes recroquevillées et la tête posée sur les mains. Les hommes étaient enterrés avec leurs armes et outils, les femmes avec leurs bijoux. Vers 1500 av. J.-C., un peuple issu du Caucase remonte le Danube, traverse la Forêt-Noire et franchit le Rhin pour se diriger vers l'ouest. Les Celtes ou Keltoï (en allemand Kelten), chassés par les Mongols, sont à la recherche de nouvelles terres. Ce peuple connaissait l'élevage et l'agriculture, techniques encore méconnues dans nos régions. Les Celtes savaient fondre les minéraux. Ils ont introduit en Alsace la civilisation du bronze et du fer. Ils forgeaient des outils et des épées très résistantes en trempant le fer. En outre, ils connaissaient la faux, la houe, la faucille et la bêche. Les Celtes étaient grands et avaient les cheveux d'un blond tirant sur le roux. Vaillants guerriers, ils aimaient chanter, bien boire et bien manger. Les tribus celtes établies sur la rive gauche du Rhin étaient les Rauraques, les Séquanéens et les Médiomatriciens. Les Rauraques occupaient la région située entre le Jura, le Rhin et le Sundgau. Ils occupaient le Fricktahl, le canton de Bâle et une partie du canton de Soleure (Solothurn). Leur capitale, Rauricum, fut baptisée plus tard Augusta Rauracorum par les Romains. La grande Séquanoise englobait la Haute-Alsace, le Jura et s'étendait jusqu'au Rhône. L'Alsace, comme la Forêt-Noire, connaîtra les échanges commerciaux entre l'Europe centrale et la péninsule Ibérique. Au début de l'âge du bronze, on brûle les morts et l'on recueille les cendres dans des urnes rassemblées dans d'immenses nécropoles appelées champs d'urnes. Les tombes plates remplacent peu à peu les tumulus circulaires à fosse. C'est certainement vers le Xe siècle av. J.-C. que commencent les grands chantiers, notamment le Mur Païen du Mont Sainte-Odile. Certains historiens pensent que ce sont les Médiomatriciens qui ont été les maîtres d'œuvre de cet ouvrage. C'est pendant le premier âge du fer ou période de Hallstatt (700 à 540 av. J.-C.) qu'ont dû se développer dans nos forêts et nos montagnes les cultes païens aux dieux et à la nature. On pense que c'est pendant cette période qu'ont été dressés les dolmens et les menhirs et qu'on dû être creusées les nombreuses cupules que nous trouvons encore de nos jours sur les anciens lieux de culte païens. Les Celtes vénéraient environ quatre cents dieux différents et avaient l'habitude de leur sacrifier des animaux, des esclaves ou des prisonniers lors de la mort d'un chef ou d'un prêtre. Par ce rituel, ils pensaient calmer les dieux et les esprits. Parmi les nombreux dieux adorés jadis en Alsace, on trouve Lug, protecteur des marchands et des voyageurs, Theut ou Theutates, le père de la nation, et Tonar, le maître du feu céleste qui deviendra le dieu Donar des Germains. Comme la foudre est souvent attirée par les chênes, les Celtes croyaient que Thonar y habitait. On vénérait également Matrès, la déesse mère représentée tenant dans ses mains des serpents entrelacés, Urani, la mère des fleurs et des amours, et Isis, déesse de la nuit, symbolisée par la lune. On vouait un culte à Epona, déesse des chevaux et protectrice des écuries (la mère divine, la Grande Mère, en vieux celtique Rigantona) qui chevauchait une jument blanche ; on adorait encore Nantasuelta, déesse de la source, protectrice des brasseurs de cervoise (bière) et des buveurs d'hydromel. En Alsace, on adorait le Rhin, symbolisé par le dieu Rhénus, ainsi que Vosegos, dieu qui a donné son nom aux Vosges. Vosegos, dieu protecteur de la chasse, était représenté par un homme des bois à l'allure farouche et sauvage, au front bas, aux moustaches tombantes, avec une grosse barbe touffue. On l'imaginait armé d'un arc, revêtu d'une peau de bête à laquelle pendait une tête de loup et une pomme de sapin. On vénérait aussi Sucellus, le dieu au maillet qui abrège la mort, le puissant Taranis (Jupiter), Hésus (Mars), dieu de la guerre, ou encore Cernunnos (1) le dieu cornu. Sur certaines hauteurs, on vénérait le dieu solaire Bélénus (Belenos, Bal ou Bel). Nos montagnes ont gardé le nom et le souvenir de ces dieux. Ainsi, au Ballon d'Alsace, au Ballon de Saint-Antoine, au Ballon de Servance, au Ballon de Lure, au Grand Ballon, au Petit Ballon, au Belacker dans la région de Thann, au Belstein au-dessus de Murbach, au Bollenberg près de Rouffach, on vénérait Bélénus. Ce même dieu solaire était également adoré au Schwarzwaldbelchen ou au Belchwald au-dessus de Yach en Forêt-Noire, ou encore au Belchenkopf près d'Olten en Suisse. Certains noms de cités comme Belfort, Montbéliard ou Belmont ont gardé dans leur nom le souvenir de Bélénus. Aux solstices, on allumait des feux sur ces hauteurs. Au solstice d'hiver, on brûlait des sapins verts afin de conjurer les ténèbres et de hâter le retour de la lumière. Encore de nos jours, au solstice d'été, les conscrits des vallées d'Alsace et des Vosges allument les bûchers des feux de la Saint-Jean sur les hauteurs. Cette coutume ancestrale consiste à édifier un bûcher fait de rondins de sept essences d'arbres poussant dans la région. A l'intérieur du bûcher on met des branches séchées de sapin et des pommes de pin. Du temps des Celtes, le prêtre traçait tout d'abord le cercle magique à l'intérieur duquel on édifiait le bûcher. La torche enflammée destinée à allumer le bûcher était exorcisée par un prêtre (1) Cernunnos ou Kernunnos était également appelé le bel encorné, celui-aux-quatre-cornes ou celui-au-crâne de-cerf. du culte. A la tombée de la nuit, le bûcher était allumé et le feu sacré se voyait de très loin. En cette même occasion, les Celtes lançaient vers la vallée une roue enflammée : la roue de Taranis. De nos jours, cette coutume continue à se perpétuer dans certains villages où l'on lance encore des disques de bois enflammés du haut d'une colline. La coutume du Schiweschlag consiste à emmancher des disques en bois ( 1 ) sur des bâtons de coudrier, à les allumer et à les lancer dans un mouvement tournoyant vers le bas de la colline. Les quatre grandes fêtes celtiques étaient : Imbolc le 1er février, fête qui correspond à la fête chrétienne de la purification de la Vierge, Beltaine le 1er mai, le " feu de Bel ", Lugnasad, la fête du dieu Lug le 1er août et Samain le 1er novembre, qui marque la fin et le début de l'année. Lors de cette dernière fête, qui correspond à la fête de la Toussaint et des Trépassés chez les chrétiens, les Celtes pensaient que les esprits des morts revenaient momentanément hanter le monde des vivants. Aux IIIe et IVe siècles, les Celtes occupent la majeure partie de l'Europe. En parcourant les forêts et les sommets d'Alsace, des Vosges et de la Forêt-Noire, nous avons lentement pu reconstituer en partie la carte des anciens lieux de culte et de sacrifice élus par les Celtes. Nous avons observé et étudié des dolmens, des menhirs, des pierres à sacrifices et des roches à cupules ; alors, nous nous sommes aperçus que les prêtres du culte celtique détenaient une connaissance de la science des rayonnements que nous redécouvrons aujourd'hui grâce à la géobiologie et la géographie sacrée. Nous avons retrouvé les traces de cette civilisation au Britzgyberg ou Mont Saint-Brice à Illfurth, au Schauenberg dans la région de Rouffach (Autel des Druides), au Steinberg au pied du Petit Ballon, au Grand Hohnack et aux Pierres Tremblantes dans la région d'Orbey, au Kalblin, au Koenigsstuhl et au Taennchel dans la région de Ribeauvillé, au Chalmont et au rocher du Coucou dans les vallées de Sainte-Marie-aux-Mines et au Val de Villé, au Kienberg et au mont Sainte-Odile au-dessus de Barr, à la Porte de Pierre et au Jardin des Fées dans la région de Mutzig, au (1) Ces disques, appelés Scheiben en allemand et Schiwe en alsacien, sont nommés Hidoles en patois vosgien.