Édition Critique D'un Fragment Du 'Renaut De Montauban' En Prose (Rubriques XXV-XXVIII)
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Faculteit Letteren en Wijsbegeerte Opleiding Taal- en Letterkunde: Romaanse Talen Academiejaar 2006-2007 Édition critique d’un fragment du ‘Renaut de Montauban’ en prose (Rubriques XXV-XXVIII) Verhandeling voorgelegd tot het behalen van de graad van Licentiaat in de Taal- en Letterkunde: Romaanse Talen, door Isabel VAN HOVE Promotor: Prof. Dr. Ph. VERELST II I. INTRODUCTION III AVANT-PROPOS L’objectif du présent mémoire est de fournir une édition critique d’un fragment du grand remaniement en prose du Renaut de Montauban. Il s’agit d’une œuvre monumentale datant du XVe siècle de laquelle il n’existe pas d’édition critique. Néanmoins, cette prose amplifiée fait l’objet d’une série de mémoires de licence – comme le nôtre – à l’université de Gand. Notre fragment contient les rubriques XXV à XXVIII, faisant partie de l’Épisode Gascon. Il s’agit d’un moment-clef dans l’histoire : le combat à Vaucouleurs – qui comprend environ la moitié de notre extrait – et sa suite. Nous tenons à adresser des remerciements au professeur Ph. Verelst, qui nous a aidée pendant deux années à réaliser ce mémoire, en nous guidant à travers les problèmes les plus ardus avec beaucoup de patience et sagesse. N’oublions pas non plus de remercier notre mère, nos amis, et toutes les autres personnes qui nous ont appuyée pendant l’élaboration de ce travail. Nous commencerons notre étude par une introduction dans laquelle nous décrirons en premier lieu les manuscrits, puis nous proposerons une comparaison entre les trois manuscrits en prose avant de passer à une étude de la langue de notre manuscrit de base, Lf. L’examen des ressemblances et divergences entre Lf et R, ainsi qu’entre Lf et les versions rimées plus anciennes sera notre point suivant. Finalement, nous ajouterons un résumé de notre fragment. La deuxième partie de ce mémoire consiste en un texte critique, accompagné de notes, d’un glossaire et d’un index des noms propres. De cette façon, nous comptons apporter notre pierre à l’édifice, en contribuant au progrès de cette entreprise démarrée il y a plus que 20 ans. IV A. LES MANUSCRITS Le fragment que nous éditons du Renaut de Montauban nous est transmis par trois manuscrits1 : Lf : les manuscrits français 19173 à 19177, de la Bibliothèque Nationale à Paris. Le sigle provient du nom d’un des possesseurs : Jean Le Feron. Am : les manuscrits 5072 à 5075, de la Bibliothèque de l’Arsenal à Paris, complétés par le Cod. Gall. 8 de la Bibliothèque de Munich. Le sigle s’explique par les endroits où les différentes parties du manuscrit se trouvent : Arsenal et Munich. Pm : les manuscrits 311 et 312 de la Bibliothèque du comte Schönborn à Pommersfelden. Ce sigle est à expliquer par le nom de la bibliothèque : Pommersfelden. 1 THOMAS, J., Les mises en prose de ‘Renaut de Montauban’. Classement sommaire et sources dans Fin du moyen âge et Renaissance. Mél. de philologie française offerts à Robert Guiette, Anvers, De Nederlandse Boekhandel, 1961, p. 134. [Tout comme nos prédécesseurs, nous optons pour adopter les sigles utilisés par Ph. Verelst dans sa bibliographie : VERELST, Ph., ‘Renaut de Montauban’, textes apparentés et versions étrangères : essai de bibliographie dans Romanica Gandensia, t.XVIII, Gent, 1981, pp. 199-232] V 1. Description codicologique Vu que nous ne disposons que de microfilms (Lf et Am) et de photocopies (Pm), la description des manuscrits s’est révélée très ardue à certains endroits. Par conséquent, nous devons beaucoup à nos devanciers – parmi lesquels il faut mentionner en particulier Els De Vos, qui s’est plongée dans le domaine de l’archivistique1 – et aux ouvrages de référence. Ajoutons aussi l’édition d’une des suites généalogiques du Renaut, Mabrien par Ph. Verelst2, ouvrage dans lequel on trouve entre autres une description matérielle des manuscrits Lf et Am. Comme nous ne sommes en possession que d’un fragment, une étude approfondie de l’ensemble des manuscrits n’est pas possible. Nous nous limiterons à la description matérielle de notre fragment. 1.1. Le manuscrit de la Bibliothèque Nationale (Lf) Lf fonctionnera comme notre manuscrit de base, ce choix a été justifié par Ph. Verelst dans son édition critique de Mabrien: « C’est finalement un critère codicologique qui m’a amené à préférer Lf, à savoir son aspect ‘copie d’atelier’, qui laisse supposer qu’il a servi de modèle aux autres manuscrits »3 ; ainsi que par J. Thomas, qui annonce sa préférence pour Lf de façon prudente dans le tome XVIII de Romanica Gandensia4. Il faut spécifier que le terme ‘copie d’atelier’ provient en fait d’Antoine de Schrijver, spécialiste de la miniature bourguignonne, le père d’une des étudiantes, Caroline De Schrijver, qui a édité un fragment du Maugis d’Aigremont5. Le manuscrit est écrit sur papier – un appui nettement moins riche que le parchemin des deux autres – de format in-4° 6. Notre fragment occupe les folios 173 v° à 199 v° (jusqu’à 1 DE VOS, E., Édition critique d’un fragment du ‘Renaut de Montauban’ en prose (rubriques VII-XIII), Gand, 1990. [Nous nous abstenons de répéter tout ce qu’elle a découvert, il nous paraît mieux référer à son travail pour ce qui est de l’histoire des manuscrits.] 2 VERELST, Ph., ‘Mabrien’, roman de chevalerie en prose du XVe siècle. Édition critique, Genève, Droz, 1998. 3 VERELST, Ph., op.cit., p.34. 4 THOMAS, J., La sortie de Bayard, dans Romanica Gandensia, t. XVIII, Gent, 1981, pp. 88-89. 5 DE SCHRIJVER, C., Édition d’un fragment du ‘Maugis d’Aigremont’ en prose (rubriques XLII-LI [lire XLI-L]), Gand, 1983, pp. V-VI. 6 OMONT, H., Catalogue général des manuscrits français. Ancien Saint-Germain français, t. III, n° 18677-20064, du fonds français, par L. AUVRAY et H. OMONT, Paris, Ernest Leroux, 1900. VI la ligne 27) du second volume (cote 19.174). La foliotation est moderne : dans le coin supérieur droit de chaque feuillet, côté recto, nous voyons un chiffre arabe encerclé. Le texte est écrit en pleines lignes, desquelles le nombre varie légèrement selon les feuillets : 35 lignes (23 feuillets), 34 lignes (15 feuillets), 36 lignes (11 feuillets), 33 lignes (3 feuillets : f° 180 r°, f° 190 r°, f° 197 r°) et 32 lignes (1 feuillet : f° 180 v°). Sur les microfilms que nous avons utilisés, il était impossible de distinguer des traces de piqûres ou de réglures, bien qu’elles doivent exister1. Abstraction faite des divergences en ce qui concerne la ‘taille’ des lettres – comparons à titre illustratif les feuillets 180 v° et 181 r° – , on ne voit pas de différences dans l’écriture. On pourrait en déduire que le texte a été écrit par la même main tout au long de notre fragment. Étant donné que nos prédécesseurs ont avancé la même hypothèse, nous serions tentée d’affirmer que tout le volume a été transcrit par le même scribe. Le texte est écrit de façon rapide et nerveuse ; il s’agit d’une écriture gothique cursive mal soignée à modules très petits, ce qui ne contribue pas à la lisibilité de notre extrait. À certains endroits, notre ‘logique’ a dû l’emporter sur l’impression que nous avions à la première lecture. Prenons l’exemple du folio 175 r° : nous savons qu’il y a une équivalence graphique entre -c- et -t- dans les mots comme ‘donc’ (cf. infra). Néanmoins, il est peu probable que le mot écrit au milieu de la ligne 8 soit ‘crois’, signifiant ‘trois’. La même remarque vaut pour le nom de Richard à la dernière ligne du folio 189 v° : écrivant tellement vite, le scribe a oublié d’insérer le -i-, par conséquent, bien qu’on sache qu’il s’agit de ‘Richard’, on lit ‘Rchard’. La rapidité de l’écriture s’observe aussi dans le fait que, d’une part, des mots qui ne doivent pas être agglutinés le sont quand même (p.ex. atout, f° 190 r°) et que, d’autre part, souvent un seul mot est scindé en unités différentes (p.ex. Broye Fort, f° 193 r°). L’aspect esthétique n’a visiblement pas joué de rôle important2. Or le souci d’exactitude est omniprésent : plusieurs fois, le transcripteur a retouché le texte, même aux endroits où cela ne paraît pas nécessaire, comme à la ligne 6 du folio 190 v°, où la lettre -d- est biffée. Le scribe aurait bien pu écrire « bien devoient aymer », néanmoins il a opté pour « bien aymer devoient » en biffant le signe qu’il avait écrit prématurément. Toutes les 21 corrections ont été faites pendant l’écriture même et s’il y a une forme correcte ajoutée, elle 1 VERELST, Ph., Mabrien… p. 29. 2 Ajoutons à ce propos une observation d’Els de Vos (op. cit.), c.-à.d. que les mêmes lettres sont souvent formées de façons différentes, telles que -s-, mais aussi -d-, -z-, etc. VII suit immédiatement celle biffée. Quelques fois, le transcripteur a ajouté une spécification au- dessus du texte : à la ligne 28 du folio 181 v° par exemple il a dû ajouter le nom de Fouques, tout petit au-dessus du mot ‘conte’. Les initiales ornées n’ont pas été exécutées, on ne voit qu’une espace libre de deux interlignes et une lettre guide dans la marge de gauche. Ce manque, ainsi que l’absence de miniatures dans le manuscrit, contribue à l’hypothèse de Ph. Verelst, qui considère Lf comme ‘une copie d’atelier’ (cf. supra). La seule forme de décoration qu’on y trouve consiste en des petits traits (p.ex. f° 173 v°, ligne 4), des lettres quelque peu ornées (p.ex.