UNIVERSITE D’ANTANANARIVO FACULTE DES SCIENCES

DOMAINE SCIENCES ET TECHNOLOGIES

ECOLE DOCTORALE SCIENCES DE LA VIE ET DE L’ENVIRONNEMENT EQUIPE D’ACCUEIL ZOOLOGIE ET ANTHROPOLOGIE BIOLOGIQUE

MEMOIRE D’HABILITATION A DIRIGER DES RECHERCHES

CAMELEONS: INDICATEURS ENVIRONNEMENTAUX,

OUTILS DE LA CONSERVATION

VOLUME I : DOCUMENT DE SYNTHESE

Présenté par : Monsieur RABEARIVONY Jeanneney Devant le JURY composé de : Président Madame RAKOTO-RANOROMALALA Danielle Aurore Doll Professeur Titulaire, Université d’Antananarivo Directeur Monsieur RASELIMANANA Achille Philippe Professeur Titulaire, Université d’Antananarivo Rapporteur interne Monsieur ANDRIANARIMISA Aristide Professeur Titulaire, Université d’Antananarivo Rapporteur externe Monsieur RENE DE ROLAND Lily-Arison Professeur Titulaire, Université de Toliara Examinateurs Monsieur RAZAFIMAHEFA Professeur, Université de Mahajanga Monsieur Steven Michael GOODMAN Professeur, Field Museum of Natural History, Chicago

Soutenu publiquement le 18 Mai 2021

UNIVERSITE D’ANTANANARIVO FACULTE DES SCIENCES

DOMAINE SCIENCES ET TECHNOLOGIES

ECOLE DOCTORALE SCIENCES DE LA VIE ET DE L’ENVIRONNEMENT EQUIPE D’ACCUEIL ZOOLOGIE ET ANTHROPOLOGIE BIOLOGIQUE

MEMOIRE D’HABILITATION A DIRIGER DES RECHERCHES

CAMELEONS: INDICATEURS ENVIRONNEMENTAUX,

OUTILS DE LA CONSERVATION

VOLUME I : DOCUMENT DE SYNTHESE

Présenté par : Monsieur RABEARIVONY Jeanneney Devant le JURY composé de : Président Madame RAKOTO-RANOROMALALA Danielle Aurore Doll Professeur Titulaire, Université d’Antananarivo Directeur Monsieur RASELIMANANA Achille Philippe Professeur Titulaire, Université d’Antananarivo Rapporteur interne Monsieur ANDRIANARIMISA Aristide Professeur Titulaire, Université d’Antananarivo Rapporteur externe Monsieur RENE DE ROLAND Lily-Arison Professeur Titulaire, Université de Toliara Examinateurs Monsieur RAZAFIMAHEFA Professeur, Université de Mahajanga Monsieur Steven Michael GOODMAN Professeur, Field Museum of Natural History, Chicago

Soutenu publiquement le 18 Mai 2021

SOMMAIRE

Sommaire

SOMMAIRE ...... i

Liste des Tableaux ...... iv

Liste des Figures ...... v

Liste des Annexes ...... vi

Liste des abréviations ...... vii

Remerciements ...... x

Résumé ...... xiii

Abstract ...... xv

INTRODUCTION GÉNÉRALE ...... 1

PARTIE I : ITINERAIRE SCIENTIFIQUE ET PROFESSIONNEL ...... 3

I. 1. CURSUS UNIVERSITAIRE ...... 3

I. 2. EXPERIENCES DE TRAVAIL ...... 4

I. 2. 1. Champs d’intervention ...... 4

I. 2. 2. Manager des zones humides auprès de TPF Madagascar, Années 2001-2004 ...... 5

I. 2. 2. 1. Assistance aux deux Communautés de Base à Tsimembo-Manambolomaty ...... 6

I. 2. 2. 2. Contribution à la publication scientifique ...... 7

I. 2. 2. 3. Participation à la levée de fonds ...... 8

I. 2. 3. Coordinateur des zones humides auprès de TPF Madagascar, Année 2004-2007...... 9

I. 2. 4. Chef de Projet auprès de WWF, Année 2009-2013 ...... 11

I. 2. 5. Responsabilités auprès de l’Université d’Antsiranana ...... 15

I. 2. 5. 1. Responsable de la Mention « Sciences de la Nature et l’Environnement », Années 2016-2019 ...... 15 i

I. 2. 5. 2. Doyen de la Faculté des Sciences, Années 2019-Présent ...... 16

I. 3. DEVELOPPEMENT PROFESSIONNEL ET ELARGISSEMENT DES CONNAISSANCES ...... 17

PARTIE II : ACTIVITES DE RECHERCHE ET D’ENCADREMENT ...... 21

II. 1. RECHERCHE ...... 21

II. 1. 1. Préambule ...... 21

II. 1. 2. Analyse comparative de la distribution des caméléons entre l’été et l’hiver ...... 21

II. 1. 3. Statut de conservation des caméléons terrestres ...... 25

II. 1. 4. Influence des habitats riverains sur la distribution des caméléons ...... 32

II. 1. 5. Etude des habitats préférentiels des caméléons dans une forêt orientale de basse altitude ...... 38

II. 2. ENCADREMENT ...... 42

II. 2. 1. Préambule ...... 42

II. 2. 2. Encadrement des techniciens et de la population locale ...... 43

II.2.2.1. Chez « The Peregrine Fund Madagascar », Année 2001-2009 ...... 43

II.2.2.2. Chez « The World Wildlife Fund (WWF) », Année 2009-2013 ...... 53

II. 2. 3. Formation des étudiants ...... 55

II. 2. 3. 1. Enseignement en salle ...... 55

II. 2. 3. 2. Pratique sur le terrain ...... 59

II. 2. 3. 3. Jury à la soutenance de DEA / Master ...... 61

II. 2. 3. 4. Assistance aux étudiants dans la publication scientifique ...... 61

PARTIE III : PROJETS ET PERSPECTIVES ...... 63

III. 1. ANALYSE DES LACUNES ...... 63

III. 2. BIO-ECOLOGIE DES CAMELEONS SEPTENTRIONAUX ...... 63

ii

III. 3. SUIVI ECOLOGIQUE ...... 65

III. 4. DEVELOPPEMENT PARTENARIAL ET COLLABORATION ...... 66

CONCLUSION ...... 69

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES ...... 71

REFERENCE WEBOGRAPHIQUE ...... 80

iii

Liste des Tableaux

Tableau 1. Synthèse de cursus universitaire ...... 3

Tableau 2. Echanges dans des pays étrangers ...... 18

Tableau 3. Echanges tenus à Madagascar ...... 19

Tableau 4. Variation saisonnière de la distribution des quatre espèces associées dans la zone de 0-25 m de la bordure de rivière ...... 35

Tableau 5. Abondance hivernale des caméléons dans la forêt relativement intacte et dans la régénération secondaire ...... 40

Tableau 6. Abondance (nombre d’individus / 100 m) saisonnière des caméléons dans la forêt relativement intacte et dans la régénération secondaire incluses dans les 50 m de cours d'eau ...... 41

Tableau 7. Objectifs, règles de gestion et activités connexes ...... 45

Tableau 8. Données sur les activités de pêche de FIZAMI et FIFAMA pendant 2002-2007 ..... 48

Tableau 9. Dynamique de la population de Pygargue de Madagascar à Tsimembo- Manamabolomaty entre 2002 et 2007 ...... 49

Tableau 10. Evolution des relations partenariales auprès de la Mention « Sciences de la Nature et de l’Environnement » depuis 2015 ...... 67

iv

Liste des Figures

Figure 1. Abondance saisonnière des caméléons terrestres pendant l’été 1996-1997 et l’hiver 1997 ...... 22

Figure 2. Abondance saisonnière des caméléons arboricoles pendant l’été 1996-1997 et l’hiver 1997 ...... 22

Figure 3. Espèces de caméléons terrestres recensées à Andranomay et à Ranomafana lors de la présente étude ...... 27

Figure 4. Distribution et abondance des caméléons terrestres à Ranomafana pendant l’été 1996-1997 ...... 28

Figure 5. Distribution et abondance des caméléons terrestres à Ranomafana pendant l’hiver 1997 ...... 28

Figure 6. Distribution et abondance des caméléons terrestres à Andranomay pendant l’été 1997 ...... 28

Figure 7. Habitat riverain à Ranomafana ...... 33

Figure 8. Espèces de caméléons recensées dans les habitants riverains de Ranomafana ...... 34

Figure 9. Variation de la hauteur du perchoir suivant la saison et l’habitat riverain ...... 37

Figure 10. Espèces de caméléons recensées à Ambodiriana ...... 39

v

Liste des Annexes

Annexe 1. Carte montrant les sites d’intervention mentionnés dans le présent mémoire ...... I

Annexe 2. Participation en qualité de jury à la soutenance ...... II

Annexe 3. Nouvelle espèce d’Amphibien Gephyromantis angano découverte à Ampontsidy VIII

Annexe 4. Interventions antérieures à l’Université d’Antsiranana dans les régions DIANA, SAVA et Sofia ...... IX

vi

Liste des abréviations

ADEFA : Association pour la Défense de la Forêt d’Ambodiriana

AEA : Aptitude d’Etudes Approfondies

BAVRN : Biochimie Alimentaire et Valorisation des Ressources Naturelles

BLU : Bande Latérale Unique

CITES : Convention on International Trade in Endangered Species

COBA : Communauté de Base

COMATSA : Corridor Marojejy Anjanaharibe-Sud et Tsaratanana

CONARAMS : Comité National RAMSAR

CR : Critically Endangered (En Danger Critique)

CURSA : Centre Universitaire Régional de la SAVA

DEA : Diplôme d’Etudes Approfondies

DIANA: Diégo, Ambilobe, Nosy-Be et Ambanja

DICE : The Durrell Institute for Conservation and Ecology

DUES : Diplôme Universitaire d’Etudes Scientifiques

EC : Elément Constitutif

EFN : WWF-Education For Nature

EN : En danger

ESAED : Ecole Supérieure en Agronomie et Environnement de Diégo

FBM : Fikambanana Bemanevika Miraihina

FIFAMA : Fikambanana Fampandrosoana Mamokatra

FIMAKA : Fikambanana Miarony Ala Ketsany Amberivery

vii

FIZAMI : Fikambanana Zanatany Andranobe Miray

GBPE : Gestion de la Biodiversité et protection des Ecosystèmes

GELOSE : Gestion Locale Sécurisée

GVRM : Gestion et Valorisation des Ressources Minérales

HDR : Habilitation à Diriger des Recherches

IMRED : Introduction, Méthodologie, Résultats, Discussion et Conclusion

IUCN : International Union for Conservation of Nature

LMD: Licence, Master et Doctorat

MAVOA : Madagasikara Voakajy

MBG : Missouri Botanical Garden

MICET : The Malagasy Institute for the Conservation of Tropical Ecosystems

MNP : Madagascar National Parks

MSc : Master of Science (degree)

NAP : Nouvelle Aire Protégée

NT : Nearly Threatened (Presque Menacée)

ONG : Organisation Non-Gouvernementale

PHCF : Programme Holistique de Conservation des Forêts

SAVA : Sambava, Antalaha, Vohémar et Andapa

SM : Sciences Marines

SNE : Sciences de la Nature et de l’Environnement

SNHFAP : Service National Hors des Forces Armées Populaires

SRI/SRA : Système de Riziculture Intensive / Système de Riziculture Améliorée

TGRN : Transfert de Gestion des Ressources Naturelles

viii

TPF : The Peregrine Fund

UE : Unité d’Enseignement

UEA: University of East Anglia

UK : United Kingdom

USA : United States of America

USAID : United States Agency for International Development

UV : Unité de Valeur

VU : Vulnérable

WWF : World Wide Fund for Nature, anciennement World Wildlife Fund

ix

REMERCIEMENTS

REMERCIEMENTS

Ce document est le résultat de 28 ans de recherche sur la bio-écologie de caméléons à Madagascar. Sa réalisation est l’aboutissement du dévouement et des efforts de nombreuses personnes à qui je dois ma sincère reconnaissance.

Je tiens ainsi à adresser mes remerciements aux différents Responsables de l’Université d’Antananarivo : ceux du « Domaine Sciences et Technologies », Dr. RAMAHAZOSOA Irish Parker, Maître de Conférences, de l’Ecole Doctorale « Sciences de la Vie et de l’Environnement », Pr. RAKOTO-RANOROMALALA Danielle Aurore Doll, Professeur Titulaire et de l’Equipe d’Accueil « Zoologie et Anthropologie Biologique », Pr. RAKOTOMANANA Hajanirina, Professeur Titulaire. Ils ont accepté ma candidature en HDR au sein de leur Etablissement et surtout, ils ont autorisé la soutenance des résultats de recherche.

Je voudrais aussi exprimer mon respect à l’endroit du Président de l’Université d’Antsiranana, Dr RATSARAMODY Justin, Maître de Conférénces. Il a accepté la continuité de mon cursus pédagogique et professionnel dans mon Université d’origine, l’Université d’Antananarivo, bien qu’il y ait aussi l’Ecole Doctorale dans le Domaine de Sciences et Technologies, à l’Université d’Antsiranana.

En termes académiques, mon Directeur de mémoire, Pr. RASELIMANANA Achille Philippe, Professeur Titulaire, m’a offert, de façon continue, de précieux conseils malgré les lourdes tâches qui lui incombent aussi bien à la Faculté des Sciences, Université d’Antananarivo que dans l’Association Vahatra. Veuillez trouver ici Professeur, l’expression de ma profonde gratitude.

Ma gratitude va aussi à l’endroit des autres membres de jury ici présents : je vous remercie d’avoir accepté d’évaluer ces travaux de recherche afin d'améliorer ma carrière scientifique et professionnelle. Je tiens ainsi à adresser l’expression de ma sincère reconnaissance à:

Madame le Professeur RAKOTO-RANOROMALALA Danielle Aurore Doll, Professeur Titulaire, qui me fait l’honneur de présider le jury de ce mémoire.

Messieurs les Professeurs ANDRIANARIMISA Aristide et RENE DE ROLAND Lily-Arison, professeurs Titulaires, qui ont bien voulu me faire l’honneur d’examiner avec attention ce mémoire en tant que rapporteurs.

x

Messiers les Professeurs RAZAFIMAHEFA et Steven Michael GOODMAN, qui me font l’honneur de participer au jury de ce mémoire en qualité d’examinateur.

J’ai aussi une dette de reconnaissance à l’endroit de mes anciens enseignants de la Faculté des Sciences de l’Université de Mahajanga et de la Faculté des Sciences de l’Université d’Antananarivo. C’est grâce à vos efforts et à la transmission du sens de la rigueur dans la formation des jeunes scientifiques, avenir de notre nation, que ce présent mémoire a pu être mené à terme. Soyez assurés que votre dévouement restera ancré dans mon cœur.

La recherche de financement pour cette longue période d’investigation dans la bio-écologie des caméléons a toujours été supportée par mes collègues britanniques : Pr. Richard GRIFFITHS, Professeur Titulaire et Dr. Lee BRADY de l’Université de Kent, Canterbury, UK et Dr. Richard JENKINS de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN), Cambridge, UK. Votre confiance à mon égard m’a donné du courage dans la finalisation de ce mémoire. Je vous en remercie vivement.

A tous mes collègues de diverses institutions ou associations environnementales, entres autres, The Peregrine Fund (TPF) Madagascar, WWF, Association de la Défense de la Forêt d’Ambodiriana (ADEFA), Association Madagasikara Voakajy (MAVOA) et The Malagasy Institute for the Conservation of Tropical Ecosystems (MICET) : votre collaboration à travers le long parcours de ma carrière professionnelle m’a aidé à persévérer jusqu’à ce jour de cette soutenance. Veuillez recevoir ici, l’expression de ma reconnaissance la plus sincère.

Par la même occasion, je tiens aussi à remercier mes collègues de la Faculté des Sciences, Université d’Antsiranana, pour leur accueil chaleureux depuis mon arrivée à l’Université et pour leur soutien moral au cours de ma vie professionnelle, en tant que Responsable de Mention « Sciences de la Nature et de l’Environnement (SNE) » et aussi au poste de Doyen de la Faculté des Sciences. Je voudrais particulièrement remercier Dr. ABDOUL Fatah et Dr. FENORADOSOA Taratra Andrée, Maîtres de Conférénces, qui n’ont jamais cessé de m’apporter soutien et encouragements jusqu’à l’aboutissement de ce mémoire.

Quant à l’équipe du terrain, je tiens à reconnaître le courage témoigné par tous mes assistants qui, de jour comme de nuit, ont travaillé dans la collecte des données. Par peur d’oublier certains noms, je voudrais seulement citer BISOA Michel, RABE Doockley, Rosie LORD, Rhonna BARR, Anna GIBSON, KALOLOHA Augustin, TOTOBE Sully, RAKOTONIAINA Jean- xi

Claude, CLAUDE Drongo, RASENDRANIRINA Victor et TSIMBA. Toutes les photos utilisées dans ce document pour l’illustration ont été offertes par Dr Lee BRADY et Chantal MISANDEAU, et la carte par RAKOTONDRATSIMA Marius.

Enfin, à vous les membres de ma famille, je suis en peine de formuler l’expression appropriée pour vous remercier ; sans votre encouragement, surtout après la perte de mes données avec mon ordinateur portable, le présent mémoire n’aurait pu être mené à terme. C’est grâce à vous que nous sommes voici ensemble présents à ce jour de soutenance. Je vous remercie infiniment.

xii

RESUME

Appuyées financièrement par de multiples bailleurs et en collaboration avec des partenaires nationaux et internationaux, mes 28 années (1993-2021) de recherches sur les caméléons malgaches ont fait apparaître leur rôle dans la conservation de la nature en tant qu’indicateurs environnementaux.

Le présent document commence par la synthèse de mon itinéraire scientifique et professionnel. En effet, après mon cursus universitaire (à Madagascar et à l’extérieur), mes expériences de travail dans des domaines variés (Bio-écologie, Conservation, Management, Leadership Environnemental, Levée de Fonds) ont favorisé l’obtention de postes dans deux organismes internationaux, The Peregrine Fund (TPF) Madagascar et World Wildlife Fund (WWF). Ainsi, mes deux postes de responsabilité auprès de TPF, Manager des zones humides (2001-2004) et Coordinateur des zones humides (2004-2009), ainsi que mon poste de Chef de Projet au sein de WWF Andapa / (2009-2013) ont été concluants, tant sur la conservation et la gestion de l’environnement que sur l’encadrement de techniciens et des populations locales. Mes échanges avec différents experts nationaux et internationaux constituent un véritable tremplin pour arriver à ces résultats. En effet, mon transfert vers l’Université d’Antsiranana en 2013 m’a permis (1) de former des étudiants, futurs responsables de la nation, dans le domaine varié de l’environnement et (2) d’échanger, avec mes collègues universitaires, mes expériences dans l’administration issues de ces deux organismes internationaux, via deux postes de responsabilité : Responsable de Mention « Sciences de la Nature et de l’Environnement (SNE) » (2016-2019) et Doyen de la Faculté des Sciences (du 24 avril 2019 jusqu’à présent).

Madagascar héberge environ 92 espèces de caméléons dont 100 % sont endémiques. Ces espèces sont fortement dépendantes de la forêt naturelle et en tant qu’indicateurs biologiques, ils sont sensibles à la variation des paramètres environnements, entre autres habitats, voire micro- habitats et saisons. A Ranomafana (Vatoharanana et Talatakely) et dans d’autres sites comme Ambodiriana et Ankarafantsika, les caméléons terrestres sont plus abondants pendant l’été par rapport à l’hiver. Ils paraissent sensibles au changement d’habitats naturels sauf pour bien peu d’espèces qui tolèrent le degré modéré de la dégradation (par exemple, Brookesia superciliaris). En ce sens, l’accroissement tarifaire, surtout au niveau local est très essentielle pour que le commerce des caméléons terrestres y apporte plus d’avantages économiques par rapport au préjudice de survie de ces animaux. xiii

Quant aux caméléons arboricoles, ce sont les espèces de petite taille comme Calumma glawi et C. nasutum qui montrent généralement un accroissement hivernal de l’abondance. Les autres espèces tendent à être plus abondantes pendant l’été. A l’exception de quelques espèces près, entre autres Furcifer pardalis, qui a une affinité particulière aux habitats dégradés, la majorité des caméléons arboricoles sont fortement dépendants de la forêt relativement intacte, à l’instar des espèces terrestres. En termes de micro-habitat, les conditions écologiques particulières au voisinage de cours d’eau (température, humidité, ombrage) offrent un milieu propice à la survie des caméléons, au moins dans une zone de 25 m de la rive.

La conservation des habitats forestiers est une tâche critique et les caméléons ne sont autres que des outils étant indicateurs biologiques. Cette conservation exige en effet l’implication de toutes les entités concernées. Dans le présent mémoire, cette implication revêt diverses formes. En effet, des travaux d’encadrement de la population locale, des techniciens sur le terrain et des étudiants ; des échanges entre les enseignants, les experts nationaux et internationaux ; des diffusions de films de sensibilisation et des publications scientifiques dans diverses revues ont été réalisés à cette fin.

Toutefois, quelques aspects jugés importants pour ce thème, mais qui ne sont pas couverts par la présente étude, ont été observés. Ces aspects méritent d’être considérés en vue de mieux harmoniser la recherche avec la réalité. Sur ce, dans le Nord du pays, centre de diversité des caméléons de Madagascar, l’orientation des études sur la bio-écologie et le suivi écologique des caméléons est primordiale. Le renforcement de relations partenariales est un moyen pour arriver à ce terme.

Mots-clés : Abondance, bio-écologie, caméléons, fluctuation saisonnière, indicateur environnemental, IUCN, TPF Madagascar, WWF

xiv

ABSTRACT

Supported financially by several funders and in collaboration with national and international partners, my 28-years (1993-2021) of research on Malagasy chameleons have shown their role in conservation of nature as environmental indicators.

The synthesis of my scientific and professional itinerary forms the starting point of this document. Thus, after my study at the universities (in Madagascar and in abroad), my work experiences in different fields (Bio-ecology, Conservation, Management, Environmental leadership, Fund rising) helped me to advance my tasks at two international institutions: The Peregrine Fund (TPF) Madagascar and World Wildlife Fund (WWF). As such, my two positions held within TPF as Wetlands Manager (2001-2004) and Wetlands Coordinator (2004-2009) and as Project Manager within WWF Andapa / Bealanana (2009-2013) were completed successfully, both in terms of conservation and environmental management and in training of local technicians and people. My experiences and exchanges with national and international experts helped me to achieve these results. My displacement to the University of Antsiranana in 2013 allowed me the opportunities for (1) training students, our future leaders, in various environmental fields and (2) sharing among my university colleagues my experiences from those two international organizations, via two different positions: Head of “Natural Sciences and Environment Department” (2016-2019) and Dean of Faculty of Sciences (from 24 April 2019 to present).

Madagascar has approximately 92 species of chameleons, of which 100 % are endemic. These species are forest-dependent and, as environmental indicators, they are sensitive to the change in ecological parameters as habitats and even micro-habitats, and seasons. In Ranomafana (Vatoharanana and Talatakely) and in others sites as Ambodiriana and Ankarafantsika, terrestrial chameleons are more abundant in summer than in winter. They are sensitive to natural habitat changes, with the exception of a few taxa that tolerate moderated degradation, such as Brookesia superciliaris. In this sense, the increment of market value, especially at local level is essential so that the trade on terrestrial chameleons is economically more beneficial compared to the detrimental effects on the survival of these .

xv

Concerning arboreal chameleons, the abundance of small-bodied species such as Calumma glawi and C. nasutum increased during winter, while those of large-bodied species like C. oshaughnessyi decreased.

As in terrestrial chameleons, arboreal taxa are highly dependent on relatively intact natural forests, with the exception of few species such as Furcifer pardalis which is associated with degraded habitat. Specific ecological conditions (temperature, humidity, shade) within 25 m from the river edge may provide, in terms of micro-habitat, an appropriate site for the survival of chameleons.

The conservation of forest habitats is a critical tasks and chameleons are an important tool as bio- indicators. Therefore, forest conservation requires the implication of all concerned entities. In the present document, this implication explicitly takes different forms: training of local technicians and people, as well as students; exchanges amongst researchers / lecturers, national and international experts; awareness raising public interest and concern via film broadcasting; and scientific publications.

However, some important aspects are not covered by this current document, which includes aspects that help harmonize research with reality. As such, in the northern region of Madagascar, the diversity center for chameleons on the island, ecological studies and monitoring is primordial. Strengthening the relationship amongst partners can be used as a mean to achieving this target.

Keywords: Abundance, Bio-ecology, chameleons, environmental indicator, IUCN, seasonal fluctuation, TPF Madagascar, WWF.

xvi

INTRODUCTION GÉNÉRALE

L’indicateur environnemental désigne un être vivant ou un groupe d’êtres vivants sensible aux changements de l’environnement et répondant aussi rapidement à ces variations (Han et al., 2015 ; Souza et al., 2015). Il permet, en ce sens, d’évaluer l’état de santé environnementale et facilite, en effet, l’établissement du plan de conservation plus adéquat (Niemeijer, 2008 ; Han et al., 2015). C’est dans cette optique que certains auteurs définissent l’indicateur environnemental comme l’interface entre science et management (Heink, 2010).

Madagascar abrite environ 92 espèces de caméléons qui sont réparties dans quatre genres (Glaw, 2015; Prötzel et al., 2020) : deux terrestres, Brookesia (Gray, 1865) et Palleon (Glaw et al., 2013), et deux arboricoles, Calumma (Gray, 1865) et Furcifer (Fitzinger, 1843). Avec toutes ces espèces, dont 100 % sont endémiques (Glaw & Vences, 2007), Madagascar héberge approximativement la moitié de taxa mondialement répertoriées (Glaw & Vences, 2007 ; Glaw, 2015). Ces espèces sont toutes fortement dépendantes de la forêt naturelle (Brady & Griffiths, 1999 ; Raselimanana & Rakotomalala, 2003), à quelques exceptions près (Rabearivony et al., 2007 ; Randrianantoandro et al., 2009). La découverte de nouvelles espèces continue (Exemples, Gehring et al., 2010, 2011 ; Glaw et al., 2012, 2021 ; Prötzel et al., 2018, 2020 ; Scherz et al., 2019).

Malheureusement, contre ce bon profil, très peu d’études sur l’histoire naturelle de caméléons ont été menées pour mieux assurer leur survie, surtout face à des pressions anthropiques intenses qui prévalent actuellement à Madagascar (Vieilledent et al., 2018). Certaines études montrent, toutefois, que la distribution des caméléons dans la nature dépend du gradient altitudinal (Raselimanana & Rakotomalala, 2003), du degré de perturbation des habitats forestiers (Brady & Griffiths, 1999 ; Jenkins et al., 2003), de la variation saisonnière (Brady & Griffiths, 1999 ; Rabearivony et al., 2007), de la proximité de la piste existante dans la forêt ainsi que du cours d’eau forestier (Metcalf et al., 2005 ; Rabearivony et al., 2015a). Jenkins et al. (2003) par exemple ont comparé l’abondance de caméléons dans trois biotopes spécifiques : forêt naturelle moins perturbée, forêt fortement perturbée par le passage récent de feu et la forêt moins perturbée mais incluse dans 50 m du cours d’eau. Ces auteurs ont conclu que l’abondance des caméléons a diminué de la proximité du cours d’eau vers la zone calcinée en passant par la forêt moins perturbée. Une espèce, Brookesia minima, n’a même pas été recensée dans la forêt laissée par le feu (Jenkins et al., 2003). 1

Le présent document est l’aboutissement de 28 ans (1993-2021) de recherches sur la bio- écologie des caméléons malgaches. Ces recherches ont été financées par de multiples bailleurs et menées en collaboration avec différents partenaires nationaux et internationaux. Mes expériences dans le renforcement de capacité de la population locale, de techniciens de terrain ainsi que des étudiants en termes de conservation, de gestion des ressources naturelles et de recherche y sont aussi déplorées. Le document sera en effet divisé en deux volumes résumant mes expériences en tant qu’herpétologue ainsi que mes investigations dans la gestion des ressources naturelles renouvelables.

Le premier volume correspond au document de synthèse et comprend trois parties. La première partie concerne la présentation succincte de mon itinéraire académique et professionnel. La seconde partie développera le sujet relatif à notre travail de recherche sur les caméléons ainsi que nos activités en encadrement. Cette partie détaille, en effet, les principaux résultats de nos investigations. La troisième et dernière partie abordera mes projets et mes perspectives de recherche en vue de mieux rationnaliser la connaissance sur les caméléons de Madagascar. Une conclusion générale clôtura ainsi ce document.

Le deuxième volume prend la forme d’annexes où se trouveront les copies de nos principaux articles déjà publiés dans les différentes revues scientifiques internationales ainsi que la présentation plus détaillée de mon « Curriculum Vitae ».

2

VOLUME 1 :

DOCUMENT DE SYNTHESE

PARTIE I : ITINERAIRE SCIENTIFIQUE ET PROFESSIONNEL

I. 1. CURSUS UNIVERSITAIRE

Cette rubrique résume mon parcours à partir du Baccalauréat en tant que scientifique par formation.

En 1985, j’ai réussi à la première session le Baccalauréat Série D dans le Centre d’examen de Befandriana Nord, Région Sofia. Après avoir effectué le Service National Hors des Forces Armées Populaires (SNHFAP), je me suis inscrit à la Faculté des Sciences, Université de Mahajanga, en 1986. J’ai obtenu mon diplôme de Licence en 1990. La même année, j’ai effectué un transfert à la Faculté des Sciences, Université d’Antananarivo. J’y ai terminé mon parcours universitaire jusqu’au doctorat. Mon cursus universitaire est résumé dans le Tableau 1.

Tableau 1. Synthèse de cursus universitaire

Année Diplôme / Attestation Mention Université

1985 Baccalauréat Passable -

1987 DUES I Assez-Bien Mahajanga, Madagascar

1989 DUES II Assez-Bien Mahajanga, Madagascar

1990 Licence NA* Mahajanga, Madagascar

1993 Maîtrise NA* Antananarivo, Madagascar

1995 AEA Assez-Bien Antananarivo, Madagascar

1999 DEA Très Bien Antananarivo, Madagascar

1999 Master’s degree (MSc) "B" Kent à Canterbury, Angleterre

2013 Doctorat Honorable Antananarivo, Madagascar

* : Non Applicable

En 1998, durant mon parcours universitaire à la Faculté des Sciences, Université d’Antananarivo, j’ai bénéficié de la part de « The Wellcome Trust, UK » d’une bourse de Master en « Biologie de la Conservation » dans une institution britannique « The Durrell Institute of Conservation and Ecology (DICE) », Université de Canterbury, Kent, Angleterre. En vue de ce 3

Master, j’ai suivi deux branches : (1) Conservation de la Biodiversité et (2) Management de l’Environnement. J’ai ainsi réussi mon Master en 1999. Toutefois, avec cette bourse, j’ai dû reporter cette même année 1999 la soutenance de mon DEA à Madagascar qui a été prévue en 1998, ceci grâce à l’accord du Responsable du Département de Biologie Animale à la Faculté des Sciences, Université d’Antananarivo.

Le soutien financier par « The Wellcome Trust, UK » a été réparti sur deux années : la première (1998-1999), est attribuée pour l’étude à temps plein « full time study » à l’Université de Canterbury et la deuxième (1999-2000) pour la pratique sur le terrain à Madagascar, au Parc National de Ranomafana.

Comme cette pratique sur le terrain a couvert deux saisons, été (décembre 1999 à janvier 2000) et hiver (juin à juillet 2000), j’ai eu l’opportunité de collecter davantage de données pour mon futur projet de doctorat (Rabearivony, 2013). Par ailleurs, grâce aux supports financiers par d’autres bailleurs, notamment l’Université d’Edinburgh, Ecosse, UK, j’ai pu compléter la deuxième étape des travaux de terrains pour le doctorat dans la Réserve Privée d’Ambodiriana, District de Soanierana-Ivongo, Région Analanjirofo : 24 juillet au 25 août 2001 pour la saison d’hiver, et 5 – 27 janvier 2002 celle d’été. Le thème du projet de doctorat est axé sur « la bio- écologie et conservation des caméléons des habitats riverains dans les forêts humides de l’Est de Madagascar ». J’ai pu soutenir ainsi mon doctorat en 2013.

I. 2. EXPERIENCES DE TRAVAIL

I. 2. 1. Champs d’intervention

Mes champs d’intervention après l’obtention de la Maîtrise en Biologie Animale, Option Ecologie-Environnement, Université d’Antananarivo et du Master en Biologie de la Conservation, Université de Canterbury, peuvent être regroupés en cinq (05) axes : Bio- Ecologie, Conservation, Management, Leadership et Levée de fonds ou « Fundraising » (cf. CV détaillé dans le Volume II). En outre, j’ai eu l’opportunité de renforcer et d’améliorer mes performances dans ces différents domaines grâce au projet de développement et de renforcement des capacités dont j’ai pu bénéficier lors de mes séjours à l’Université de Canterbury et à l’Université de Berkeley, Californie, Etats-Unis (cf. CV dans le volume II). Grâce à ces

4 formations et stages, j’ai pu mettre en œuvre mes compétences et expériences dans le domaine de la levée de fonds et de la gestion dans ma carrière professionnelle.

Ainsi, avant d’être intégré dans la Faculté des Sciences, Université d’Antsiranana, j’ai assumé trois (03) postes de responsabilité dans deux différents organismes internationaux : 2001-2009 dans TPF Madagascar et 2009-2013 dans WWF. Auprès de TPF, j’ai occupé le poste de « Manager des zones humides » de 2001 à 2004 et de « Coordinateur des zones humides » de 2004 à 2009. Quant au WWF, j’étais le « Chef de projet » de 2009 à 2013.

I. 2. 2. Manager des zones humides auprès de TPF Madagascar, Années 2001-2004

Tsimembo-Manambolomaty, l’un des deux premiers sites RAMSAR de Madagascar avec Tsimanampesotse, est situé dans la partie occidentale de Madagascar (Annexe 1), District d’Antsalova. Le site est composé de quatre lacs (Soamalipo, Befotaka, Ankerika et ) ; les trois premiers ainsi qu’une partie de la forêt caducifoliée de Tsimembo – totalisant environ 14,701 ha - sont gérés par deux Associations locales depuis 2001: FIZAMI (Fikambanana Zanatany Andranobe Miray) et FIFAMA (Fikambanana Fampandrosoana Ankerika Mamokatra). La gestion adoptée par ces deux associations est de type GELOSE (Gestion Locale Sécurisée).

Ce site héberge environ 10 % de la population restante de Pygargue de Madagascar Haliaeetus vociferoides (Watson & Rabarisoa, 2000 ; Watson et al., 2007), une espèce d’oiseau gravement menacée (IUCN, 2020). Ainsi, TPF assiste ces deux associations afin de préserver la biodiversité unique du site et de promouvoir des activités socio-économiques durables, en se focalisant sur cette espèce-parapluie Haliaeetus vociferoides.

Avant mon recrutement en 2001, l’analyse situationnelle effectuée par TPF à Tsimembo- Manambolomaty et dans ses autres sites de recherche a montré les cas suivants :

 Les deux associations récemment créées à Tsimembo-Manambolomaty, FIZAMI (créée le 17 novembre 1997) et FIFAMA (créée le 06 janvier 2000) ont encore besoin d’appuis techniques conséquents pour mettre en œuvre les clauses dans leurs cahiers de charge.  TPF a effectué beaucoup de travaux de recherche ; toutefois beaucoup plus de publications sont nécessaires pour mettre en exergue les résultats scientifiques.  Plus de financements sont nécessaires pour continuer les travaux de recherche menés par TPF.

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Ainsi, j’ai été recruté par TPF Madagascar en octobre 2001 pour assurer trois principales tâches :

(i) Assister les deux Communautés de Base (COBAs) dans le Complexe Tsimembo- Manambolomaty, FIZAMI et FIFAMA, dans leur gestion des ressources naturelles.

(ii) Contribuer avec l’équipe de TPF à la publication dans les revues scientifiques internationales les résultats des recherches et des réalisations effectuées.

(iii) Participer à la levée de fonds, nécessaires à la vie de Projet.

I. 2. 2. 1. Assistance aux deux Communautés de Base à Tsimembo-Manambolomaty

Depuis longtemps, la pêche traditionnelle constitue la principale activité de la population locale autour de Tsimembo-Manambolomaty - qui utilise les ressources naturelles de la zone humide harmonieusement avec les Pygargues de Madagascar Haliaeetus vociferoides. Toutefois, à partir des années 1990, l’arrivée massive d’au moins 275 pêcheurs par saison, qui ont abusé des règles d’exploitation traditionnelle de la zone humide, a eu des conséquences négatives sur l’ensemble de la biodiversité du site (y comprises sur les Pygargues de Madagascar), sur la culture locale et sur l’économie des pêcheurs locaux (Watson & Rabarisoa, 2000). Une diminution des ressources forestières ligneuses est constatée à cause de la fabrication de pirogues, la construction de campements et le séchage de poissons au feu de bois (Watson & Rabarisoa, 2000 ; Watson et al., 2007). Les ressources piscicoles sont aussi à risque de surexploitation, mettant en cause la survie de la population de Pygargues de Madagascar étant donné que 65 % de leur régime alimentaire sont constitués de poissons (Berkelman et al., 1999). La culture traditionnelle locale et l’économie des autochtones entrent aussi en compétition avec celles des migrants.

Les cahiers de charges pour ces deux associations, FIZAMI et FIFAMA, ont été préalablement établis avant mon recrutement. En effet, mes principaux rôles relatifs à l’assistance à ces deux associations sont surtout axés sur la mise en œuvre de leurs clauses, qui sont établies généralement en fonction de leurs règles traditionnelles de gestion des ressources forestières et lacustres. En outre, ces rôles cadrent bien dans mes prérequis lors de mes différentes formations sur la conservation de la biodiversité, le management des ressources naturelles et le leadership environnemental (cf. CV détaillé, Volume II).

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Mes interventions soutenues par l’équipe de TPF se basent principalement sur la sensibilisation, la formation et l’orientation de ces Associations à retourner vers leurs règles traditionnelles de gestion du site RAMSAR Manambolomaty. Rabearivony et al. (2008, voir Volume II) résume nos principaux résultats d’intervention dans ce site. En effet, suite à nos travaux d’assistance, Tsimembo-Manambolomaty peut toujours garder sa capacité d’héberger la plus forte concentration de Pygargue de Madagascar Haliaeetus vociferoides. Plusieurs autres espèces faunistiques telles que le Propithèque de Decken (Propithecus deckenii), l’Hapalémur occidental (Hapalemur occidentalis) et le Renard Volant de Madagascar (Pteropus rufus) y bénéficient aussi d’un bon statut de conservation. Sur le plan culturel, ce site abrite une ressource unique de l’arbre endémique Hazomalania voyronii (Hernandiaceae), une espèce utilisée par la tribu Sakalava dans la confection de cercueils, car il n’est de plus grand honneur pour les Sakalava que de pouvoir se faire inhumer dans un cercueil confectionné avec cet arbre.

Le produit de la pêche à Tsimembo-Manambolomaty est estimé à 60 – 100 tonnes par saison et, à l’issue de la gestion des ressources naturelles et des activités y afférentes, FIZAMI et FIFAMA sont parmi les rares Associations malgaches qui ont réussi à avoir un compte bancaire. Leur gestion de la pêcherie a fait augmenter considérablement le revenu annuel local qui est estimé à plus de 1 562 US$ / pêcheur par saison. La taxe collectée à partir de la ristourne de pêche constitue près de 56 % du budget communal des deux communes d’appartenance telles que Masoarivo et Trangahy. Cette gestion communautaire de la zone humide de Tsimembo- Manambolomaty est si bien connue dans le domaine de la conservation à Madagascar, qu’elle sert de modèle pour d’autres organisations et associations (Rabearivony et al., 2008).

I. 2. 2. 2. Contribution à la publication scientifique

En tant que biologiste et écologiste de formation, la publication des articles scientifiques relatifs aux activités de recherche, de gestion et de conservation que j’ai menées avec mes collègues au sein de TPF ou avec d’autres partenaires fait aussi partie de ma vie professionnelle. En effet, jusqu’en avril 2021, j’ai publié 27 articles scientifiques, dont 16 avant mon doctorat en 2013 et 11 après). Parmi ces 27 articles 23 sont déjà parues et quatre « sous-presse » (Voir CV détallé dans le Volume II de ce document). Entre ces 23 articles, neuf (soit 39 %) concernent la bio- écologie des caméléons (cf. publications sélectionnées, Volume II), confirmant ainsi mon intérêt particulier à ces squamates. Les autres thèmes incluent l’utilisation et valorisation des ressources naturelles, la conservation et management de la biodiversité, la decription d’une nouvelle espèce 7 d’amphibiens et autre découverte herpétofaunique. Quelques articles y afférents sont présentés dans le volume II à titre des publications sélectionnées. Au total, huit sur 23 de mes articles publiés (soit 35 %) concernent des travaux de recherche au sein de TPF incluant differents thèmes et quelques échantions sont aussi disponibles dans le Volume II de ce document. Sur ce, et à titre d’anecdote, un article paru en 2008 et intitulé « Taboos and social contracts : tools for ecosystem management – lessons from the Manambolomaty Lakes RAMSAR site, Western Madagascar » a fait la même année, l’objet d’une « press release » américaine.

I. 2. 2. 3. Participation à la levée de fonds

Etant un organisme œuvrant dans le domaine de l’environnement, en particulier dans la conservation, la gestion, la recherche et le renforcement des capacités, TPF a mis en œuvre plusieurs projets. Le financement des activités prévues dans chaque projet nécessite ainsi le concours de plusieurs bailleurs et c’est dans le cadre de levée de fonds pour ces projets que je suis intervenu en tant que « fundraiser ». C’est en collaborant avec mes collègues au sein de notre institution que nous avons pu obtenir des financements de différent donateurs, entre autres, Liz Claiborne and Art Ortenberg Foundation, John D. and Catherine T. MacArthur Foundation, Little Family Foundation, Environment Now, Walt Disney Company Foundation, Conservation International, United States Agency for International Development et de RAMSAR International via CONARAMS Madagascar. En outre, grâce aux stages et aux formations que j’ai suivis sur la levée de fonds, j’ai pu m’engager davantage dans la recherche de financement pour promouvoir d’autres projets. C’est le cas de la bourse d’ALCOA Foundation’s Conservation and Sustainability Fellowship Program, USA en 2008 pour la promotion de l’écotourisme à Bemanevika, District de Bealanana, Région Sofia (cf. Champs d’intervention dans le CV détaillé, Volume II). Ce dernier est un site prioritaire pour la conservation des oiseaux menacés, y compris le plus rare canard du monde, Fuligule de Madagascar Aythya innotata (Mills & Rogerson, 2013 ; Bamford et al., 2015). Grâce à ces différents efforts en collaboration étroite avec les communautés locales et les bailleurs, Bemanevika est actuellement aligné parmi les paysages écotouristiques importants à Madagascar (Mills & Rogerson, 2013).

En outre, l’insuffisance de chercheurs de nationalité malgache, responsables et leaders pour prendre en main la gestion environnementale à Madagascar, figure parmi l’un des problèmes majeurs qui préoccupent notre nation. La décision sur le plan général de conservation de notre environnement naturel dépend souvent de l’étranger. Ainsi, étant donné que le développement de 8 la capacité des chercheurs malgaches est l’un des objectifs de TPF, j’ai visé une formation en cascade pour pouvoir multiplier le nombre de citoyens responsables. Je suis ainsi dans l’obligation de m’instruire davantage pour pouvoir mieux partager avec les techniciens de terrain de TPF et avec la population locale mes expériences dans la conservation et la gestion de l’environnement. A cet effet, j’ai reçu deux fois le financement de la part de « The Russell E. Train Education for Nature Program, WWF » (cf. Champs d’intervention dans le CV détaillé, Volume II). Le premier financement, en 2003, a permis d’analyser mes données de doctorat dans le laboratoire de DICE (The Durrell Institut of Conservation and Ecology), Université de Canterbury, Kent, Angleterre. Cette analyse est suivie d’un deuxième financement, en 2007, pour assister à un stage en « Leadership Environnemental et Gestion Durable de l’Environnement », Université de Berkeley, Californie, USA. La mise en pratique de ces formations facilite beaucoup mes encadrements des techniciens locaux du TPF et les associations FIZAMI et FIFAMA dans la gestion du site RAMSAR Manambolomaty.

I. 2. 3. Coordinateur des zones humides auprès de TPF, Années 2004-2009

Grâce à la réussite de ce projet dans l’Ouest de Madagascar dont j’étais le responsable, TPF s’est engagé à étendre ses zones d’intervention en matière de conservation des zones humides. Je suis ainsi devenu le « Coordinateur des zones humides » pour cet organisme. En effet, en 2007, suite à la redécouverte de l’espèce aviaire gravement menacée Fuligule de Madagascar Aythya innotata à Bemanevika (René de Rolland et al., 2007), District de Bealanana, Nord-Ouest de Madagascar, ce nouveau site a été intégré dans ma zone d’intervention (Annexe 1).

Grâce à sa variabilité d’habitats (forêts, marécages, lacs et prairies), Bemanevika est un site exceptionnellement riche en termes de la biodiversité (Rabearivony et al., 2010a ; voir Volume II). Cependant, cette biodiversité est chroniquement menacée par des diverses pressions anthropiques comme les feux de brousse, le braconnage des animaux légalement protégés, la conversion de marécages en rizières et l’exploitation illicite des ressources ligneuses. Deux associations locales y sont déjà créées en 2006, avant l’intervention de TPF dans le site : FBM (Fikambanana Bemanevika Mirahina) et FIMAKA (Fikambanana Miarony Ala Ketsany Amberivery). Toutefois, à cause du manque d’organismes d’appui qui supportent techniquement la mise en œuvre de leurs cahiers de charge, ces deux associations sont demeurées peu actives jusqu’à l’arrivée de TPF en 2007.

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En effet, sur la base de mes formations en management et en leadership environnementaux (cf. CV détaillé ; Volume II), des séances de sensibilisation, de formation et d’information sont effectuées afin de les rendre plus responsables. Ces travaux de redynamisation sont toujours effectués avec le support des notables locaux, les détenteurs du pouvoir traditionnel et les représentants du service forestier. L’équipe locale de TPF sous mon encadrement, a commencé à s’y installer pour faire le suivi-écologique permettant d’évaluer la santé environnementale du site et de prendre des mesures adéquates et à temps, si nécessaire. Ainsi, la duplication des approches adoptées pour FIZAMI et FIFAMA à Tsimembo-Manambolomaty, a fait effet aussi pour ces deux associations à Bemanevika FBM et FIMAKA (cf. Rabearivony et al., 2010a dans les publications sélectionnées et Annexe 1).

La réduction des pressions anthropiques à Bemanevika semble prouvée par la capacité du site à maintenir la diversité des habitats ainsi que la biodiversité qu’y est inféodée. Ainsi, les quatre principaux écosystèmes présents à Bemanevika tels que les cinq lacs volcaniques de profondeur de 2 à 85 m (Andriakanala, Maramarantsalegy, Matsaborimena, Matsaborimaitso et Matsaborimisivoay), plusieurs larges fragments de forêts sempervirentes, les marécages ainsi que les savanes herbeuses sont généralement sains comme l’illustre Rabearivony et al. (2010a) dans les publications sélectionnées du Volume II. Cette publication ainsi que plusieurs d’autres articles ultérieurement publiés témoignent que ce complexe lacustre reste le seul habitat naturel des 18-25 individus restants pour la population sauvage du canard en danger critique A. innotata (René de Roland et al., 2007 ; Rabearivony et al., 2010a ; Bamford et al., 2015). Heureusement, grace aux efforts de conservation fournis par TPF, cette petite population ne cesse de grandir et actuellement, elle compte plus d’une soixantaine d’individus (René de Roland, Comm. Pers.). Bemanevika abrite aussi la plus forte concentration de busards de Madagascar Circus macrosceles, une espèce de rapace en danger (EN) fortement dépendante du marécage pour la nidification et de la savane pour l’alimentation (René de Roland et al., 2009). A part ces oiseaux, Bemanevika est aussi connu comme étant le seul site de survie de caméléon gravement menacé Calumma hafahafa (Raxworthy & Nussbaum, 2006 ; Rabearivony et al., 2010a ; Jenkins et al., 2014a ; IUCN, 2020). Un peu résistantes au début, les deux associations FBM et FIMAKA sont devenues plus engagées dans la gestion de ce site biologiquement important comme le montre Rabearivony et al. (2010a) dans le Volume II de ce mémoire.

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Vu la grande responsabilité au poste de Coordinateur des zones humides, notamment dans la gestion des activités dans les deux vastes zones d’intervention Manambolomaty (14 701 ha) et Bemanevika (37 041 ha), mon rôle dans le troisième site de TPF à Mandrozo (15 145 ha) est limité à la publication de sa potentialité biologique dans de revue scientifique internationale. L’article y afférent (Rabearivony et al., 2010a) figure aussi dans le deuxième volume de ce mémoire parmi les articles sélectionnés.

I. 2. 4. Chef de Projet auprès de WWF, Années 2009-2013

Après avoir assuré ma fonction de Coordinateur des zones humides au sein de TPF, j’ai rejoint l’équipe de WWF en juillet 2009 pour occuper le poste du Chef de Projet dans le cadre du « Programme Holistique de Conservation des Forêts (PHCF) », à Andapa / Bealanana. Dans ce programme, mon site d’intervention est COMATSA (Corridor Marojejy, Anjanaharibe-Sud et Tsaratanàna, Annexe 1), l’un des plus grands blocs forestiers de Madagascar couvrant environ 266 800 ha et incluant cinq Districts appartenant aux trois Régions : Andapa, Sambava et Vohémar dans la Région SAVA, Ambilobe et Bealanana, respectivement dans les Régions DIANA et Sofia.

La situation dans ce corridor avant la mise en œuvre de ce programme a montré les faits suivants :

(1) COMATSA, comme beaucoup de sites à Madagascar, n’est pas à l’abri des effets néfastes du changement climatique, pourtant très peu de gens sont soucieux de leurs impacts ;

(2) les Transferts de Gestion des Ressources Naturelles existantes (TGRN) sont insuffisants pour pouvoir ceinturer de la protection ce vaste site ;

(3) ce corridor mérite d’être inclus dans le réseau des Nouvelles Aires Protégées (NAP) afin de pouvoir sauvegarder la biodiversité exceptionnelle du site ;

(4) un besoin accru en bois d’énergie et de construction est constaté dans tous les districts concernés par le programme ;

(5) les fragmentations forestières qui prévalent dans le corridor incite à un projet de restauration permettant de rétablir les fonctions essentielles de l’écosystème ; et

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(6) la culture sur brûlis reste la principale menace au site et la recherche d’activités génératrices de revenus pouvant freiner, sinon remplacer, cette mauvaise pratique est primordiale.

En vue de la gestion des problèmes énumérés, ma nouvelle responsabilité au poste du Chef de Projet au sein de WWF est orientée vers six principaux axes stratégiques :

(1) Sensibilisation sur le changement climatique ;

(2) TGRN ;

(3) Création de NAP ;

(4) Reboisement à vocation de production de bois d’énergie et de construction ;

(5) Restauration forestière afin de rétablir les fonctions écologiques essentielles de l’écosystème ;

(6) Promotion et diffusion des pratiques alternatives aux cultures sur brûlis.

Les formations et les échanges internes de WWF, mes prérequis dans certains domaines, entre autres, « Changement climatique et options pour l’énergie, Communauté rurale et gestion des ressources naturelles, Education environnementale, Utilisation durable des ressources naturelles, Gestion des Aires Protégées ainsi que Population, Pauvreté et Environnement » (cf. Champs d’interventions dans le CV détaillé du Volume II), contribuent de manière significative à la réalisation de ces six axes de programme.

Compte tenu de la vaste étendue du COMATSA et le nombre limité de techniciens de terrain de WWF Andapa / Bealanana, la mission de sensibilisation sur les effets du changement climatique est toujours combinée avec d’autres axes d’activités. En outre, étant donné que le PHCF (Programme Holistique de Conservation des Forêts) fut le premier intervenant dans le COMATSA qui véhicule cette sensibilisation aux effets du changement climatique, les résultats obtenus sont encourageants. En effet, d’octobre 2009 à décembre 2012, un total de 902 ménages autour de COMATSA, répartis en 39 communautés, sont informés et sensibilisés sur les effets et impacts du changement climatique. Ces chiffres représentent environ 70 % des ménages dans le COMATSA. La prise de conscience des gens locaux se juge à travers leur participation active dans la production et la diffusion des deux films en dialectes locaux concernant les causes, les manifestations, les impacts du changement climatique ainsi que les changements constatés par les populations au fil des années.

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Vu que la dégradation de l’écosystème forestier dans le COMATSA est plus manifeste dans la partie orientale privée du transfert de gestion (Rabearivony et al., 2015b), la mise en place de nouveaux transferts y est essentielle. Cette mise en place de nouveaux TGRNs dans le COMATSA est toujours effectuée de concert avec la population concernée et reçoit l’aval des autorités administratives hiérarchiques ainsi que l’appui technique des représentants du service forestier. Cette démarche courante permet de réduire le risque de conflit social dans la gestion ultérieure du terroir. En effet, neuf nouveaux transferts de gestion des ressources naturelles couvrant approximativement une superficie de 26 098 ha s’ajoutent dans la partie Est du site aux 22 préexistants. D’une étendue de 266 800 ha, l’actuelle aire protégée COMATSA est totalement ceinturée par plus d’une quarantaine de transferts de gestion.

Le PHCF, sous ma direction, travaille avec les pépiniéristes locaux formés par WWF, avec les différentes écoles publiques et privées pour pouvoir satisfaire les besoins en bois d’énergie et de construction dans les Districts de Bealanana et d’Andapa. En effet, avec un taux de réussite d’environ 83 %, 357 750 plants, majoritairement d’Eucalyptus, sont plantés dans une surface de 103 ha à la périphérie du COMATSA pour pouvoir ravitailler les populations avoisinantes du site. A l’époque, cette plantation constitue la plus grande envergure dans l’histoire de reboisement dans les Régions SAVA et Sofia. Des plans de reboisement ont été établis pour pérenniser ces acquis.

En vue de redresser le problème de la fragmentation forestière, généralement causée par la déforestation dans le COMATSA, la restauration du site s’est faite d’une manière active et passive. La restauration active consiste ainsi à planter des essences autochtones pour rétablir la connectivité écologique entre fragments forestiers et renforcer la diversité d’arbres forestiers dans la parcelle concernée. A côté de la restauration active, la restauration passive consiste à protéger une zone dégradée pour permettre sa régénération naturelle. Avec un taux de réussite d’environ 21 %, une étendue de 320 ha est restaurée (dont 300 hectares passivement et 20 ha activement) à l’aide de 53 695 plants formés de 14 espèces autochtones. Ces surfaces restent encore insuffisantes par rapport à la zone fragmentée dans le COMATSA. Toutefois, compte tenu de la fragilité des espèces autochtones par rapport aux plantes exotiques (Eucalyptus, par exemple), ce taux de réussite est significatif et le présent projet de restauration mérite d’être poursuivi en vue de maximiser les impacts écologiques de cette activité dans le corridor. A cet égard, des plans de restauration ont été établis pour la gestion durable des sites restaurés.

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La forte densité de la population causée par le flux migratoire, surtout dans la vallée de Bemarivo (8,65 habitants/km2), pour la culture de la vanille et du riz, le faible rendement rizicole en dehors de la forêt et la rareté des infrastructures agricoles sont les principales sources de la déforestation dans la zone de COMATSA. Le choix des alternatives pour atténuer cette déforestation dépend de la population concernée. En effet, trois principaux choix sont identifiés et à promouvoir dans le COMATSA : apiculture, pisciculture et SRI/SRA (Système de Rizicultures Intensives / Système de Rizicultures Améliorées). Sur ce, 45, 35 et 15 personnes sont respectivement formées au moyen de la formation en cascade pour pratiquer et diffuser l’apiculture, la pisciculture et le SRI/SRA. Le taux d’adoption dépasse largement les résultats escomptés : 100 % pour l’apiculture (soit 45 sur 45), 123 % pour la pisciculture (soit 43 sur 35) et 140 % pour SRI/SRA (soit 21 sur 15). Avec la pratique de SRI/SRA, le rendement à l’hectare pour la plupart des adoptants a passé de 3 à 5 tonnes. En outre, la construction d’un barrage hydro-agricole à , Commune Rurale de Bevonotra, une zone à faible production rizicole, mais à déforestation élevée, a permis d’irriguer 175 hectares additionnels pour 400 ménages bénéficiaires.

Selon la publication sélectionnée Rabearivony et al., (2015b) (cf. Volume II), COMATSA est connu comme une zone de refuge de plusieurs espèces animales endémiques et menacées. Cette importance biologique est aussi confirmée par Goodman & Wohlhauser (2018a). En effet, face à de fortes pressions anthropiques qui prévalent dans le site comme le défrichement pour l’agriculture, les feux de brousse et l’exploitation minière, l’inclusion de COMATSA dans le réseau de NAP est primordiale contre le risque d’extinction. Ainsi, après consultation d’au moins 700 ménages dans la zone, plus de 245 000 ha ont alors été proposés à inclure dans la catégorie VI, selon la catégorisation d’IUCN pour la NAP en création. Toutefois, le processus de création des aires protégées continue à Madagascar. Ainsi, après la révision récente des aires protégées terrestres de Madagascar par Goodman & Wohlhauser (2018a, 2018b), COMATSA est actuellement divisé en COMATSA Nord (239 402 ha ; Catégorie VI) et COMATSA Sud (82 645 ha ; Catégorie V).

En conclusion, la plupart des résultats escomptés sont atteints ou même dépassés ; ce qui a facilité pour le « PHCF » les négociations avec les bailleurs de la deuxième phase.

Ainsi, après avoir servi pendant plus d’une dizaine d’années deux organismes non gouvernementaux œuvrant dans le domaine de l’environnement, tout en continuant à faire des 14 recherches sur la biodiversité et les milieux écologiques, il est opportun de transférer les acquis de ces longues années d’expériences aux futures générations et de former la relève qui deviendra plus tard les décideurs de ce pays. C’est dans cette optique que j’ai faite une demande de poste de Maître des Conférences en 2013 au sein de la Faculté des Sciences, Université d’Antsiranana.

I. 2. 5. Responsabilités auprès de l’Université d’Antsiranana

I. 2. 5. 1. Responsable de la Mention « Sciences de la Nature et l’Environnement », Années 2016-2019

Elu Responsable de la Mention « Sciences de la Nature et l’Environnement (SNE) » en janvier 2016, j’ai eu à gérer et à faire fonctionner les quatre Parcours de la Mention. Il s’agit de : (1) Gestion de Biodiversité et Protection des Ecosystèmes (GBPE), (2) Biochimie Alimentaire et Valorisation des Ressources Naturelles (BAVRN), (3) Sciences Marines (SM) et (4) Gestion et Valorisation des Ressources Minérales (GVRM). Malgré cette lourde responsabilité, la confiance et le soutien de mes collègues à travers les résultats de vote m’ont permis de travailler avec sérénité et de réaliser les objectifs définis.

Ainsi, ayant une longue expérience en matière de manager et de leader au cours de mes précédentes carrières professionnelles, j’ai pu assurer l’organisation des diverses réunions internes de SNE en vue d’assurer une meilleure coordination et une supervision des activités pédagogiques de la Mention. Par ailleurs, mes échanges avec d’autres Chefs de Mentions dans plusieurs Universités de Madagascar facilitent mon imprégnation à ce poste. J’ai reçu par exemple beaucoup de textes relatifs au système LMD (License, Master et Doctorat) de la part de l’Université de Mahajanga me permettant d’exécuter mon mandat conformément aux lois en vigueur. Comme le responsable de Mention est le premier collaborateur du Doyen, ces textes sont exposés lors de différents séminaires pédagogiques pour que les enseignants de la Faculté soient au même niveau de compréhension, facilitant en effet l’exécution du mandant de mon chef hiérarchique (Doyen).

Pour faire face au problème d’insuffisance d’organismes de recherche et financiers pour supporter les étudiants en Master, plusieurs protocoles de collaboration sont établis avec les partenaires nationaux et internationaux. Cette recherche d’organismes d’appui forme la majeure partie de mes tâches en travaillant ensemble avec les responsables de Parcours. En effet, durant

15 mon mandat de trois ans, plus de 30 étudiants issus de différents Parcours ont bénéficié d’aides et de soutien d’organismes internationaux, pour leurs mémoires de Master.

Proposé et désigné en avril 2016, membre du Conseil d’Etablissement de la Faculté des Sciences, j’ai eu l’opportunité d’apporter mes expériences dans le domaine de gestion et de leadership dans l’assistance du Président du Conseil de la Faculté, dans l’exercice de sa fonction. Il s’agit entre autres, de la conception et de la proposition de la politique financière et administrative de la Faculté. Outre mes responsabilités au sein de la Faculté, j’ai pu élargir mes relations professionnelles vers d’autres Etablissements de l’Université d’Antsiranana. En effet, le Responsable Pédagogique et Administratif de l’ESAED (Ecole Supérieure en Agronomie et Environnement de Diégo), m’a sollicité pour devenir membre du Comité de l’Orientation Scientifique et Pédagogique de cette Ecole. Ainsi, suivant l’arrêté N° 2017/43/UNIV/ANTS/ESAED, j’ai fait partie de ce comité. Bien que mes tâches dans ce comité relèvent des affaires courantes telles que la planification du calendrier pédagogique annuel, la délibération des examens semestriels et la prise de décisions pour les mauvais étudiants, elles peuvent être d’une importance significative pour cette Ecole, créée en 2015.

I. 2. 5. 2. Doyen de la Faculté des Sciences, Années 2019-Présent

Durant mon mandat comme Responsable de Mention, j’ai assumé fréquemment le rôle d’intérim du Doyen de la Faculté durant son absence. L’expédition des affaires courantes au cours de cette période facilite largement mon imprégnation au poste du Doyen.

En effet, en mars 2019, suite à la demande de nombreux collègues au sein de la Faculté des Sciences, je me suis porté candidat à l’élection du Doyen dudit Etablissement. J’ai été ainsi élu avec 61 % des suffrages exprimés. Ainsi, selon le décret de nomination ministériel N° 2019-868 du 24 avril 2019, je suis désormais le nouveau Doyen de cette Faculté. La passation de service avec l’ancien Doyen a eu lieu le 20 mai 2019.

Etant donné que depuis quelques années, les recettes propres de la Faculté (droits d’inscription des étudiants) constituent la seule source budgétaire de l’Etablissement, les dépenses devraient être bien planifiées et balancées entre la pédagogie, l’administration et les finances. Ainsi, en travaillant étroitement avec les deux Conseils de la Faculté, Conseil Scientifique et Conseil d’Etablissement, quelques faits ont marqué ma première année de mandat (2019-2020). Par exemple, à titre de soutien aux étudiants en S6 du Parcours « Gestion de la Biodiversité et 16

Protection des Ecosystèmes (GBPE) », la Faculté a débloqué un budget pour la prise en charge des sorties pédagogiques dans les aires protégées voisines comme Montagne de Français et Montagne d’Ambre. Une telle pratique aide les étudiants à s’habituer avec la nature et à s’engager davantage dans la recherche scientifique. Toujours dans le cadre pédagogique, quelque partie de budget est aussi utilisée pour venir en aide aux étudiants en Master du Parcours « Gestion et Valorisation des Ressources Minérales (GVRM) » qui doivent se déplacer à Antananarivo pour des travaux de laboratoire. En outre, en 2019, grâce au soutien financier de la Faculté, six étudiants en Master de deux Mentions confondues (Physique et Sciences de la Nature et de l’Environnement) ont pu assister au Colloque international sur la maritimisation à Toliara.

En termes d’infrastructure, le Conseil d’Etablissement a accepté la proposition de réhabiliter toutes salles de classe et un laboratoire de la Faculté (l’ensemble soit au nombre de 14) ; ces bâtiments (qui n’ont pas été réhabilités depuis la création de l’Université d’Antsiranana en 1976) se trouvent dans un état de vétusté.

Face à ces besoins, le droit d’inscription à la Faculté des Sciences reste toujours le moins cher parmi les établissements universitaires d’Antsiranana. En effet, ce poste du Doyen m’a appris à pratiquer la politique d’austérité prônée par l’Etat malgache ; toutes les dépenses ont pour objectif de promouvoir le développement effectif de la Faculté, sur le plan pédagogique, administratif et financier. Pour le reste de mon mandat, les confiances et les soutiens moraux de la part de mes collègues constituent un véritable stimulant qui me pousse à m’engager davantage dans l’accomplissement de mes responsabilités.

I. 3. DEVELOPPEMENT PROFESSIONNEL ET ELARGISSEMENT DES CONNAISSANCES

En vue de renforcer mes capacités en administration, en conservation de la biodiversité et en gestion des ressources naturelles, j’ai saisi toutes les opportunités qui m’ont permis d’effectuer des échanges de compétences avec différents chercheurs nationaux et étrangers. Les échanges se font sous diverses formes : stages, formations, ateliers et conférences et qui touchent plusieurs thèmes (Tableaux 2 – 3). Ils m’ont permis en outre de nouer des relations partenariales, tant nationales qu’internationales et de côtoyer des experts issus de différentes institutions. En vue d’optimiser mes champs de compétences, j’ai mis à profit les échanges tenus à l’étranger (Tableau 2) et à Madagascar (Tableau 3).

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Tableau 2. Echanges dans des pays étrangers

Lieu d’Echange / Année Thème Formation Partenaires / Formateurs

Echange d’expériences sur le « Transfert de Gestion des Ressources Naturelles renouvelables (TGRNr) » 2011 entre pays africains Windhoek, Namibie WWF Namibie, Safari Hotel

Université de Monterrey, Stage sur “Orientation de Projet 2008 Environnemental” Monterrey, Mexique ALCOA Foundation, USA

« Alcoa Foundation’s 2nd Advancing Sustainability Fellows Conference » ayant comme thème ALCOA Foundation, USA, « Connecting Parterships and 2008 Networks for Sustainable Solution » Barcelone, Espagne Eurostars Grand Marina Hotel

Workshop on the conservation and sustainable management of the Bemanevika site, Bealanana, The Peregrine Fund – 2007 Madagascar Boise, Idaho, US Madagascar

WWF, The Russell E. Train

Formation certifiée en Education for Nature Program « Environmental Leadership (EFN), Université de Program/Sustainable Environmental 2007 Management » Berkeley, Californie, USA Californie, Berkeley, USA.

Université de Kent, Formation sur l’exploitation de base Canterbury, des données biologiques et 2003 écologiques Canterbury, Kent, UK WWF-EFN, USA

Formation sur l'exploitation de base Université de Kent, des données biologiques et Canterbury, Université 2001 écologiques Canterbury, Kent, UK d’Edinburgh, UK

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Tableau 3. Echanges tenus à Madagascar

Année Thème Lieu d’Echange / Formation Partenaires / Formateurs

Atelier national sur le « Renforcement de capacités pour l’opérationnalisation du système LMD et l’employabilité MESupReS, des diplômes de l’Enseignement 2016 supérieur » Toamasina, Madagascar Université de Toamasina

Formation certifiée sur la qualité, l'utilisation et la publication de MadBIF-GBIF France, 2016 données sur la biodiversité Antananarivo, Madagascar CIDST

Symposium International sur la biodiversité de Madagascar:

22ème Réunion du système mondial d’information sur la MESupReS, CNRE, GBIF, 2015 biodiversité Antananarivo, Madagascar CCI Ivato

Formation certifiée sur la qualité, l’utilisation et la publication de CNRE, MadBIF-GBIF 2015 données sur la biodiversité Antananarivo, Madagascar France, CIDST

Formation certifiée sur la mise en place d’un système de gestion et de partage de connaissances pour la « Gestion Durable des DREF Sofia, CIDST, Hôtel la 2011 Ressources Naturelles (GDRN) » Antsiranana, Madagascar Terrasse

Formation certifiée en « Personal Better Future, WWF and Organisational Leadership Leadership Program, The 2009 Development » Ampefy, Madagascar Netherlands, Hôtel Kavitaha

MCI Développement, Centre Formation certifiée sur le « Code de Formation en Droit et 2005 de Gestion des Aires Protégées » Antananarivo, Madagascar Pratique des Affaires

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Année Thème Lieu d’Echange / Formation Partenaires / Formateurs

Formation certifiée en « Informatique-Bureautique » : Microsoft Word 8.0, Microsoft Excel 8.0, Windows 3.1, MS- English Language Institute 1998 DOS 6.22 et Windows 95. Antananarivo, Madagascar (ELI), Antananarivo

Formation certifiée en Communication Publique en English Language Institute 1997 langue anglaise. Antananarivo, Madagascar (ELI), Antananarivo

USAID, Université d’Antananarivo, Université de Fianarantsoa, Université de Stony Brook (USA), Eastern Formation certifiée sur la Parc National de Ranomafana, Michigan University (USA), 1994 « Biodiversité de Madagascar » Madagascar Université de Duke (USA)

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PARTIE II : ACTIVITES DE RECHERCHE ET D’ENCADREMENT

II. 1. RECHERCHE

II. 1. 1. Préambule

En 1993, après avoir réussi la maîtrise en « Biologie Animale », Université d’Antananarivo, le Chef de Département de la Biologie Animale, m’a demandé de rejoindre un groupe de cinq étudiants anglais venant de l’Université de « East Anglia », Norwich, UK, pour effectuer avec eux une étude sur la bio-écologie des caméléons dans le Parc National de Ranomafana. L’étude a duré trois mois, du 22 novembre 1993 au 21 janvier 1994. Au début, j’étais un peu réticent de s’aventurer dans l’étude de ces animaux qui ne sont pas généralement appréciés par les Malgaches. Mais je suis devenu enthousiaste par la suite, grâce aux encouragements de l’équipe. Ce fut ainsi le début de ma carrière scientifique en tant qu’herpétologue.

II. 1. 2. Analyse comparative de la distribution des caméléons entre l’été et l’hiver

La première descente sur le terrain avec le groupe des étudiants de l’Université de « East Anglia », Norwich, UK en 1993, nous a permis d’élaborer un rapport sur la bio-écologie des caméléons à Ranomafana dans un ouvrage intitulé « UEA Madagascar Expedition 93 » établi par Brady et al., (1996). A cette époque, il s’agissait encore de l’un des rares publications concernant l’histoire naturelle des caméléons du site. Les données collectées au cours de cette mission, m’ont permis de faire une publication scientifique dans une revue internationale en tant que co- auteur (voir Jenkins et al., 1999 ; Volume II). Cette revue aborde le statut de conservation des caméléons de Ranomafana, avec des recommandations sur la nécessité de leur suivi écologique à long terme.

Le rapport « UEA Madagascar Expedition 93 » a suscité de nombreux intérêts de la part des gestionnaires et des bailleurs, compte tenu de son implication directe dans la conception de la stratégie de gestion et de conservation de la biodiversité. De nombreux projets s’en sont inspirés et ont obtenu des financements. En effet, en 1996, j’ai pu obtenir un financement de « The Darwin Initiative, UK », pour l’étude de la variation saisonnière de la distribution et de l’abondance des caméléons dans le PN de Ranomafana (Annexe 1) entre l’été (novembre 1996 au janvier 1997) et l’hiver (mai 1997 au juin 1997). Les données collectées constituent le sujet de

21 mon mémoire de DEA (Diplôme d’Etudes Approfondies), présenté en décembre 1999, à la Faculté des Sciences, Université d’Antananarivo (Rabearivony, 1999a). L’abondance des caméléons a été exprimée par la fréquence d’observations (nombre d’individus) par 100 m de distance explorée (Brady & Griffiths, 1999).

Au total, six (06) espèces de caméléons sont recensées dans le site d’étude tel que Vatoharanana ; deux espèces vivent au niveau de la litière (Palleon nasus et Brookesia thieli) tandis que quatre ont des mœurs arboricoles (Calumma nasutum, C. glawi, C. crypticum et C. oshaughnessyi). Les résultats ont révélé une variation de l’abondance des caméléons terrestres suivant l’espèce avec une dominance nette de P. nasus durant les deux saisons (Figure 1). L’espèce B. thieli est même absente pendant l’hiver. Tout comme chez les espèces terrestres, l’abondance des caméléons arboricoles change aussi d’une espèce à l’autre. L’espèce C. glawi est la plus abondante, puis vient C. oshaughnessyi suivie de C. nasutum et C. crypticum (Figure 2). Chez ces caméléons, la saison affecte aussi significativement leur abondance. En effet, pour l’espèce C. oshaughnessyi, son abondance diminue constamment entre l’été et hiver. Par contre, C. glawi et C. nasutum montrent une tendance inverse, traduite par l’accroissement significatif de l’abondance en hiver (Figure 2). Durant deux saisons, C. crypticum est l’espèce la moins représentée.

1,8 1,6 1,8 C. nasutum C. glawi 1,4 1,6 C. crypticum 1,2 P. nasus 1,4 C. oshaughnessyi 1,2 1 B. thieli 0,8 1

Abondance m par 100Abondance 0,6 0,8 Abondance m par 100Abondance 0,4 0,6 0,2 0,4 0 0,2 Eté Hiver Saisons 0 Figure 1. Abondance saisonnière des Eté Saisons Hiver caméléons terrestres à Vatoharanana Figure 2. Abondance saisonnière des pendant l'été 1996-1997 et l'hiver caméléons arboricoles à Vatoharanana 1997 pendant l'été 1996-1997 et l'hiver 1997

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Ces deux espèces terrestres ont une aire de distribution assez large, 43 865 km2 pour B. thieli et 15 798 km2 pour P. nasus mais leur exigence écologique pourrait être différente. Brookesia thieli semble associée à des micro-habitats très spécifiques, humides et traversés par peu de lumière (IUCN, 2020). Ces deux paramètres écologiques pourraient être facilement trouvés dans l’habitat riverain formé par la forêt relativement moins perturbée. C’est le cas de la forêt d’Andranomay là où B. thieli est la deuxième espèce la plus abondante après C. gastrotaenia (Jenkins et al., 2003 ; voir Volume II). Dans cette étude, comme nos zones d’exploration sont éloignées des cours d’eau, ces conditions d’humidité et d’ombrage pourraient se raréfier, rendant ainsi faible l’abondance de cette espèce. Probablement moins exigeante que B. thieli, P. nasus peut coloniser la forêt humide de basse, de moyenne et de haute altitude. Grâce à cela, en toutes saisons, elle est plus abondante que B. thieli à Ranomafana. Plusieurs études antérieures, entre autres Jenkins et al. (1999) et Rabearivony (1999b), ont montré cette prédominance numérique de P. nasus à Ranomafana par rapport à B. thieli. Toutefois, à cause de fortes pressions anthropiques (culture sur brûlis, extraction minière et de bois) dans sa zone de distribution naturelle, le Sud-Est de Madagascar, sa population est fortement fragmentée et cette espèce est actuellement classée Vulnérable (VU) par IUCN (2020).

Par ailleurs, la diminution hivernale d’abondance pour ces deux espèces terrestres pourrait être liée à leur histoire naturelle. En Afrique, la forte abondance estivale des caméléons terrestres coïncide avec la prolifération des petits insectes proies (Carne & Measey, 2013). Raselimanana & Rakotomalala (2003) ont montré qu’à Madagascar, les caléléons tendent à se répartir dans des habitats ou des micro-habitats à forte concentration des insectes proies. Toutefois, à l’encontre des espèces africaines (Akani et al., 2001 ; Measey et al., 2014), aucune étude sur les régimes alimentaires saisonnières n’a été menée chez les caméléons de Madagascar. En effet, une étude saisonnière plus poussée axée sur le régime alimentaire est requise pour mieux comprendre si ces deux espèces malgaches P. nasus et B. thieli sont aussi influencées par cette disponibilité des espèces proies.

Quant aux caméléons arboricoles, leur sensibilité à la perturbation des habitats varie selon l’espèce (Brady & Griffiths, 1999 ; Irwin et al., 2010 ; Shirk et al., 2014). Les espèces C. nasutum et C. crypticum semblent plus associées à la forêt relativement perturbée par rapport aux C. glawi et C. oshaughnessyi. Bien que ces deux premières espèces vivent aussi dans la forêt 23 relativement intacte, elles sont beaucoup plus connues dans la forêt secondaire, dans la bordure de la forêt primaire et le long de la piste forestière (Brady & Griffiths, 1999 ; Jenkins et al., 1999). A Ranomafana, l’association de C. crypticum à la piste forestière est déjà signalée par Jenkins et al. (1999; voir Volume II). Par ailleurs, dans la côte Ouest de Madagascar, Metcalf et al. (2005) (voir Volume II) ont aussi trouvé la même tendance chez Furcifer oustaleti et F. rhinoceratus à Ankarafantsika. Ainsi, cette affinité particulière à l’habitat relativement perturbé pourrait rendre faible lors de la présente étude, l’abondance de C. nasutum et C. crypticum à Vatoharanana, un site connu comme étant le cœur de la forêt primaire de Ranomafana.

Par contre, deux espèces plus dépendantes de la forêt intacte comme C. glawi et C. oshaughnessyi ont montré leur abondance plus élevée. En effet, la meilleure sauvegarde de la forêt Vatoharanana contribue largement à la survie de ces deux dernières espèces. Rabearivony et al. (2015a) ont signalé qu’une légère perturbation et localisée pourrait diviser la population de C. glawi en plusieurs sous-populations (voir Volume II). Ainsi, pour un objectif à long terme, les résultats de cette étude peuvent être utilisés par les gestionnaires du Parc pour identifier les zones prioritaires pour la conservation de caméléons. Cette priorisation devrait tenir compte de la sensibilité et de la dégradation de l’habitat des deux espèces menacées telles que C. glawi (EN) et C. oshaughnessyi (VU).

A propos des effets de la saison, chez le genre Calumma, la fluctuation saisonnière semble liée à la taille de l’espèce. L’accroissement hivernal de l’abondance chez les espèces de petite taille, C. nasutum et C. glawi, serait associé au recrutement des nouveaux éclos entre les deux saisons (Brady & Griffiths, 1999). L’hypothèse sur l’écologie de perchoir suggère que, pendant l’hiver, chez les espèces de grande taille comme C. oshaughnessyi et C. crypticum, les nouveaux éclos se perchent au raz de la canopée rendant ainsi leur détection difficile lors de cette période. Brady et al., (1996) ont déjà signalé que cette faible détection liée à la hauteur de perchoir significativement élevée, principalement chez les individus fraîchement éclos, aurait rendu l’abondance hivernale, au moins chez C. oshaughnessyi, faible. Rabearivony et al. (2015a) ont également confirmé que, même chez les adultes, beaucoup d’autres espèces se perchent significativement plus haut lors d’hiver (voir Volume II). En effet, l’ouverture des recherches plus poussées se focalisant sur deux aspects combinés tels que l’écologie de perchoir et la biologie de reproduction pour chacune de ces espèces, pourrait faciliter la compréhension de la variation saisonnière de l’abondance de ces caméléons.

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II. 1. 3. Statut de conservation des caméléons terrestres

A partir de 1996, grâce aux opportunités de support financier dont j’ai bénéficié de diverses institutions / bailleurs britanniques, j’ai pu conduire avec mes collègues malgaches et étrangers de nombreuses investigations sur le terrain. Elles m’ont permis d’approfondir mes connaissances en bio-écologie des caméléons dans plusieurs forêts de Madagascar comme à Andranomay, Ankarafantsika, Ambodiriana et Ranomafana (Annexe 1). Les résultats de ces investigations sont respectivement présentés dans les publications sélectionnées du Volume II : Jenkins et al. (2003), Metcalf et al. (2005) et Rabearivony et al. (2007, 2015a).

Comme chez les caméléons arboricoles, la distribution des caméléons terrestres (Brookesia et Palleon) dépend aussi de l’altitude, de la topographie (exemple, vallée, montagne, rivière) et du degré de perturbation de l’habitat (Raxworthy & Nussbaum, 1995 ; Carpenter & Robson, 2005). De même, ils sont aussi saisonniers (Brady & Griffiths, 2003). En effet, des études menées dans des forêts localisées dans différentes altitudes et étalées dans différentes saisons sont nécessaires pour éviter des erreurs et des artefacts dans la distribution des caméléons terrestres. Ces données pourraient ainsi servir de base dans la conception de la stratégie de conservation des caméléons terrestres à Madagascar.

En effet, soutenue financièrement par « The Darwin Initiative » et Université de Cambridge, UK, une étude axée sur l’évaluation de statut de conservation des caméléons terrestres a eu lieu dans trois zones altitudinalement différentes : (1) forêt sempervirente de moyenne altitude du Parc National de Ranomafana dans le Sud-Est de Madagascar, (2) forêt du Plateau Central d’Andranomay et (3) forêt sèche caducifoliée d’Ankarafantsika dans le Nord-Ouest de Madagascar (Annexe 1). Cette étude a duré deux années : à Ranomafana, année 1996 / 1997 (été : décembre 1996 au janvier 1997, hiver : mai au juin 1997) ; à Andranomay, année 1997 (été : décembre 1997) et à Ankarafantsika, année 1998 (hiver : juillet au août 1998). Dans chaque site, elle a été entreprise dans deux biotopes de degré de perturbation différent. En effet, à Ranomafana, elle a été menée dans la forêt relativement intacte de Vatoharanana versus la forêt plus perturbée de Talatakely. De même, le biotope du « Jardin Botanique B » (JBB) d’Ankarafantsika est relativement intact par rapport à ceux du « Jardin Botanique A » (JBA) qui est beaucoup plus perturbé.

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A Andranomay, le premier biotope est constitué par une forêt régénérée après le passage récent de feu, tandis que le deuxième est formé d’une forêt intacte (Non-Brûlé) modérément exploitée. Les données ainsi collectées forment le fond de mon mémoire de Master, soutenu publiquement à DICE (The Durrell Institute for Conservation and Ecology), UK, en octobre 1999 (Rabearivony, 1999b). En effet, l’année 1999 a été marquée par deux soutenances successives : la première, en octobre 1999, pour mon Master auprès de DICE ; la deuxième en décembre 1999, pour mon DEA, à la Faculté des Sciences, Université d’Antananarivo.

Ainsi, au terme de mon Master, les objectifs spécifiques sont de (1) comprendre la variation d’abondance des caméléons terrestres suivant l’espèce, le biotope et la saison (été, hiver) et (2) collecter les informations sur le commerce des caméléons terrestres à l’aide d’interviews, de questionnaires et de revue des littératures.

Au total, ces trois sites d’étude hébergent cinq espèces de caméléons terrestres : trois (B. superciliaris, B. thieli et P. nasus) à Ranomafana, deux (B. minima et B. thieli) à Andranomay et une (B. decaryi) à Ankarafantsika (Figure 3). Pourtant cette dernière espèce n’était pas recensée lors de notre étude, pendant l’hiver 1998.

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1,2 a. Brookesia minima1 b. Brookesia thieli

2 c. Brookesia superciliaris d. Palleon nasus2 Figure 3. Espèces de caméléons terrestres recensées à Andranomay (1) et à Ranomafana (2) lors de la présente étude (Clichés pris par L. Brady, 1999).

A Ranomafana, l’abondance des caméléons terrestres varie suivant l’espèce, le biotope et la saison. Ainsi, parmi les trois espèces du site, B. thieli est la moins représentée pendant les deux saisons (Figures 4 & 5). En outre, les caméléons terrestres sont plus abondants à Talatakely par rapport à Vatoharanana. Une espèce abondante à Talatakely, B. superciliaris, est apparemment absente à Vatoharanana. Quant à la saison, les caméléons terrestres sont plus abondants en été par rapport à l’hiver (Figures 4 & 5).

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1,4 2 1,8 B. thieli 1,2 B. thieli 1,6 P. nasus 1 P. nasus 1,4 1,2 B. superciliaris 0,8 B. superciliaris 1 0,6 0,8

Abondance m par 100Abondance 0,4

Abondance m par 100Abondance 0,6 0,4 0,2 0,2 0 0 Talatakely Vatoharanana Talatakely Vatoharanana Site Site Figure 5. Distribution et Figure 4. Distribution et abondance des abondance des caméléons caméléons terrestres à Ranomafana terrestres à Ranomafana pendant pendant l'été 1996-1997 l'hiver 1997

Comme le cas de Ranomafana, l’abondance des caméléons terrestres à Andranomay varie aussi suivant l’espèce et le biotope. Brookesia thieli est l’espèce la plus abondante à Andranomay ; son abondance dans le site Brûlé est encore plus élevée que l’abondance de B. minima dans le site Non-Brûlé (Figure 6). Apparemment, B. minima est absente dans le site Brûlé.

3

2,5 B. thieli B. minima 2

1,5

1

Abondance par m par Abondance 100 0,5

0 Brûlé Non-Brûlé Site

Figure 6. Distribution et abondance des caméléons terrestres à Andranomay pendant l’été 1997

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Comme déjà avancée précédemment dans l’analyse comparative de la distribution des caméléons, la différence en terme d’exigence écologique entre B. thieli et P. nasus pourrait influencer leur distribution à Ranomafana. Ecologiquement, à l’instar de P. nasus qui est relativement moins exigeante, B. thieli est associée à des micro-habitats un peu spécifiques, caractérisés par un milieu ombragé et de forte humidité (IUCN, 2020). Son abondance ici serait affaiblie étant donné que ces conditions ne sont que rarement trouvées dans les transects forestiers, érigés loin des cours d’eau. En outre, selon Brady & Griffiths (2003) et Measey et al. (2014), l’enfouissement des caméléons terrestres dans la litière affaiblit aussi leur abondance lors de la mauvaise condition d’hiver. Cette sensibilité à la condition hivernale expliquerait aussi l’absence de B. decaryi à Ankarafantsika lors de la présente étude (Rabearivony, 1999b). Ces données bioécologiques constituent la base scientifique exploitable par les managers pour établir un plan de conservation des caméléons terrestres, en tenant compte de l’histoire naturelle de plusieurs espèces.

La forte concentration de caméléons terrestres à Talatakely par rapport à Vatoharanana semble liée à la présence de la rivière Fompohonina qui agit comme barrière de distribution B. superciliaris vers ce deuxième site (Rabearivony et al., 2015a).

La force stochastique comme les feux, peut ravager un grand nombre de caméléons terrestres et la résilience des habitats détruits pourrait durer longtemps. La sensibilité des caméléons à cet imprévisible facteur varie suivant l’espèce, et B. minima semble moins tolérante par rapport à B. thieli (Rabearivony, 1999b). En effet, si B. minima est apparemment absente dans le site Brûlé, B. thieli pourrait encore survivre dans les petites îlots forestiers laissés par le feu. En conséquence, à Andranomay, B. thieli est constamment plus abondante que B. minima, une espèce qui se trouve uniquement dans le site Non-Brûlé, surtout au voisinage de la rivière (Jenkins et al., 2003). La future révision de statut de conservation de B. minima (EN) par IUCN devrait tenir compte de la prévalence des feux de forêt comme une force de déclin supplémentaire, qui sera rajoutée à ce qui a été déjà cité par IUCN (2020) : la culture sur brûlis, le charbonnage et l’extraction sélective du bois. Pour une conservation à long terme, cette mise à jour du statut de conservation sera couplée avec l’éducation villageoise pour sensibiliser les pyromanes.

Concernant l’aspect commercial, Madagascar a ratifié la convention CITES (The Convention on International Trade in Endangered Species of Wild Fauna and Flora) depuis 1975. Pourtant son 29 application dans le commerce de caméléons relève encore de beaucoup d’enjeux, entres autres, l’insuffisances de base bioécologique pour établir le quota annuel d’exportation, la nécessité de révision de chaîne de bénéfices depuis les collecteurs jusqu’aux exportateurs, l’insuffisance, sinon le manque de contrôle des exportations illicites, la fiabilité des enquêtes entreprises au niveau de la population humaine concernée, et la confusion d’identification des espèces commercialisées (Rabearivony, 1999b ; Carpenter et al., 2005).

Les résultats issus de l’interview à Ankarafantsika confirment que les caméléons de la région sont commercialisés, pourtant les espèces cibles ne sont pas identifiées (par la population locale). Le prix local de caméléons est estimé à 100 Ariary, soit environ 0,1 USD en 1998. Les collecteurs locaux vivent à Manerinerina, un petit village localisé à environ 80 km au Nord de la station forestière d’Ampijoroa. Les animaux ainsi collectés sont acheminés vers Antananarivo par les collecteurs ou intermédiaires pour être exportés. Malgré les efforts développés lors de la présente étude, aucune information sur le commerce n’a été obtenue à Andranomay et à Ranomafana. De même, par rapport au questionnaire lancé (par email) aux exportateurs / importateurs, éleveurs, individus ou associations travaillant dans le commerce de caméléons, aucune information n’a été également reçue. Par contre, la revue des littératures révèle qu’au moins neuf espèces de caméléons terrestres (B. decaryi, B. ebenaui, B. griveaudi, B. minima, B. perarmata, B. stumpffi, B. superciliaris, B. thieli et B. vadoni) sont exportées de Madagascar en quantités imprécises vers les Etats-Unis, l’Italie, l’Allemagne et la Grande Bretagne.

L’absence apparente de la collection de P. nasus à l’intérieur du Parc National de Ranomafana a été également signalée par d’autres auteurs, entre autres Jenkins et al. (1999). Pourtant, pour cette espèce connue comme « Vulnérable (VU) » (IUCN, 2020), Madagascar a récemment adopté un nouveau quota annuel d’exportation de 250 animaux vivants au marché international (UNEP-WCMC, 2017). Vu la difficulté d’accès à Andranomay (surtout à partir du village de Mangamila), la collecte de caméléons (terrestres ou arboricoles) y est devenue moins intéressante (Rabearivony, 1999b). Le trafic de caméléons est courant à Madagascar (Todd, 2011). Ainsi, par rapport à notre questionnaire, la réticence des exportateurs / importateurs, des éleveurs et des individus ou associations travaillant dans le commerce de caméléons ne serait autre qu’une sorte de prudence pour éviter la divulgation du mécanisme de ce trafic. Par ailleurs, les présents résultats montrent que, sans révision tarifaire, la comercialisation des espèces terrestres semble avoir peu d’impact positif en terme socio-économique locale.

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Le présent document a été conçu après avoir constaté la faille en matière de gestion et de contrôle sur le commerce de caméléons à Madagascar. Nos résultats ont ainsi permis de proposer d’inclure toutes les espèces terrestres dans l’Annexe II de CITES (à l’exception de B. perarmata qui est une espèce de l’Annexe I de CITES). En effet, sur la base de cette investigation, Carpenter & Robson (2005) renforcent cette initiative et actuellement, tous les caméléons terrestres de Madagascar sont classés dans l’Annexe II de CITES (UNEP-WCMC, 2011). Cette inscription dans l’Annexe II de CITES présente un grand avantage dans le contrôle et la reglementation du commerce international de ces espèces, attendu que cette Annexe comprend toutes les espèces qui ne sont pas nécessairement menacées d'extinction dont, nonbstant, le commerce des spécimens doit être réglementé pour éviter une exploitation incompatible avec leur survie.

Parmi ces neuf espèces commercialisées, trois sont classées comme « En danger (EN) » (B. decaryi, B. minima et B. perarmata), deux « Vulnérable (VU) » (B. ebenaui et B. vadoni), une « Presque menacée (NT) » (B. griveaudi) et trois « à Préoccupation mineure (LC) » (B. stumpffi, B. superciliaris et B. thieli) suivant IUCN (2020). La présence de B. perarmata sur le marché international, une espèce EN et à distribution très restreinte (dans une seule aire protégée, Tsingy de Bemaraha), classée dans l’Annexe I de CITES confirmerait la continuité de collection illicite signalée par Randrianantoandro et al. (2008). En effet, les résultats de cette étude prennent une forme d’alarme et de sensibilisation à différents niveaux pour que le laxisme dans l’application de cette convention CITES soit davantage dénoncé.

Etant endémiques de Madagascar et sensibles à la dégradation forestière, les caméléons terrestres figurent en effet parmi les groupes fauniques clés pour la conservation. Malheureusement, les données bioécologiques pour la plupart des espèces restent lacunaires. C’est ainsi que nous avons cherché à contribuer à combler ces lacunes à travers les recherches menées sur terrain depuis les deux dernières décennies. Pour certaines espèces de cameleons, la collecte à but commercial n’a aucun effet néfaste sur leur survie dans la nature (Andreone et al., 2005). Néanmoins, la confusion taxonomique et le manque de données sur la dynamique de population pourraient avoir des impacts non négligeables dans la définition du quota d’exportation. Celui-ci devrait être le plus conservatif possible. Toutefois, de 2015 à 2017, les quotas pour la majorité de ces espèces ont considérablement augmenté. Ils sont de 67 % pour B. ebenaui, 100 % pour B. griveaudi, B. stumpffi et B. thieli ainsi que 300 % pour B. superciliaris (UNEP-WCMC, 2017).

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En outre, il y a aussi des caméléons illégalement exportés, ce qui augmente encore la quantité en plus du quota accordé par CITES (Jenkins et al., 2014b). Cette collecte illicite ne fait qu’alourdir les effets néfastes causés par la dégradation forestière. La mise en place d’un système de gestion durable de cette filière s’avère ainsi indispensable. Toutefois, il est nécessaire d’avoir une connaissance scientifique solide sur la bioécologie des espèces et de promouvoir un programme d’éducation environnementale approprié afin de maximiser la chance de la durabilité commerciale de ces ressources naturelles. C’est dans cette optique que la présente étude bioécologique ainsi que plusieurs d’autres études ultérieures ont été réalisées dans differents écosystèmes forestiers de Madagascar, notamment dans la forêt humide de moyenne altitude de Ranomafana dans le Sud-Est (1999-2000), la forêt humide de basse altitude d’Ambodiriana dans le Nord-Est (2001-2002) et la forêt caducifoliaire du Complexe Bobaomby dans l’extrême Nord (2018).

II. 1. 4. Influence des habitats riverains sur la distribution des caméléons

Les caméléons sont parmi les reptiles qui dépendent de la forêt mais leur préférence écologique ou d’habitat varie largement au sein d’une communauté (Akani et al., 2001 ; Rabearivony et al., 2007). Il est important ainsi d’étudier la répartition spatiale des espèces suivant un gradient écologique bien défini. Les informations relatives à la distribution spatiale des espèces sont d’une importance capitale dans la conception et dans la mise en œuvre de plan de gestion et d’aménagement d’une aire de conservation. C’est dans cette optique que nous avons mené dans le Parc National de Ranomafana (Annexe 1) une étude axée sur l’Influence des habitats riverains sur la distribution des caméléons. Par définition, l’habitat riverain est la zone d’interface entre les écosystèmes terrestres et aquatiques (Gregory et al., 1991) (Figure 7).

32

Figure 7. Habitat riverain à Ranomafana (Cliché pris par L. Brady, 1999)

L’investigation s’est étalée dans deux saisons, été (22 décembre 1999 au 29 janvier 2000) et hiver (29 juin 2000 au 25 juillet 2000). Les principaux résultats ont constitué la partie principale de la thèse de mon doctorat à la Faculté des Sciences, Université d’Antananarivo, en 2013.

Par ailleurs, selon Jenkins et al. (2003), la zone forestière incluse dans 50 m de la rive abrite une forte concentration de caméléons par rapport aux habitats de la crête. En effet, cette étude a fixé comme objectifs spécifiques : (1) déterminer, le long de transects érigés perpendiculairement à la bordure vers le centre de la forêt, les espèces qui sont associées à la rive de 0 – 25 m et de 25 – 50 m à travers différentes saisons (été et hiver) et (2) explorer les facteurs écologiques contribuant dans cette distribution. Sur ce, quatre rivières représentant les six principaux habitats riverains à Ranomafana sont échantillonnées et les résultats de cette investigation sont détaillés dans la revue scientifique figurée dans le Volume II de ce document : Rabearivony et al. (2015a).

En effet, parmi les huit espèces de caméléons recensées dans les six habitats riverains confondus (Palleon nasus, Brookesia superciliaris, B. thieli, Calumma gastrotaenia, C. glawi, C. nasutum, C. crypticum et C. oshaughnessyi) (Figure 8), quatre ont montré une affinité particulière à la

33 zone de 0 – 25 m de la rive (suivant le test de randomisation appliqué aux deux saisons combinées) : P. nasus, C. gastrotaenia, C. glawi et C. nasutum.

b. Brookesia superciliaris a. Palleon nasus

c. Brookesia thieli d. Calumma gastrotaenia

e. Calumma glawi f. Calumma nasutum

g. Calumma crypticum h. Calumma oshaughnessyi Figure 8. Espèces de caméléons recensées dans les habitants riverains de Ranomafana (Clichés pris par L. Brady, 1999) 34

Par ailleurs, il a été constaté une influence de la saison sur cette distribution spatiale et écologique des caméléons. Palleon nasus est significativement associée à la bordure (0 – 25 m) pendant l’été, alors que C. gastrotaenia et C. glawi le sont pendant l’hiver. Calumma nasutum est fidèle dans cette tranche pendant les deux saisons (Tableau 4). En outre, le caméléon terrestre P. nasus prédomine pendant l’été tandis que les espèces arboricoles (C. gastrotaenia, C. glawi et C. nasutum) pendant l’hiver.

Ces résultats s’expliquent de telle sorte que, de la bordure vers le cœur de la forêt, l’abondance et la diversité des végétaux, les conditions d’humidité et de température changent graduellement (Hamilton et al., 2017) influençant ainsi la répartition des caméléons dans la zone riveraine. Par exemple, les conditions d’humidité, de la lumière et de la température adjacentes du cours sont favorables au développement de fougères terrestres et de monocotylédones (Rakotondrainibe, 2003), plantes fréquemment utilisées par l’adulte P. nasus pendant l’été dans la zone de 0 – 25 m de la rive comme perchoir.

Tableau 4. Variation saisonnière de la distribution des quatre espèces associées dans la zone de 0 – 25 m de la bordure de rivière (Rabearivony et al., 2015a, voir Volumme II).

Espèce Saison n DB (m) σ P

P. nasus Eté 114 21,1 1,3 <0,01

Hiver 3 37,1 6,4 -

C. gastrotaenia Eté 11 21,8 3,9 ns

Hiver 15 7,1 1,5 <0,001

C. glawi Eté 14 23,6 4,2 ns

Hiver 30 18,8 2,4 <0,01

C. nasutum Eté 27 19,6 2,6 <0,05

Hiver 142 22,6 1,2 <0,05 n = Effectif ; DB = Distance par rapport à la bordure de rivière ; σ = Ecart-type ; P = Probabilité issue du test de randomisation ; ns = Test Non Significatif ; - = Non testé étant effectif < 5 individus

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Autre explication : le régime alimentaire entre les caméléons terrestres et arboricoles pourrait aussi diverger en fonction de la variation saisonnière de l’abondance et de la diversité des insectes proies (Measey et al., 2014 ; Rabearivony et al., 2015a). Ainsi, si P. nasus peut se nourrir de petits insectes, C. gastrotaenia, C. glawi et C. nasutum consomment les insectes proies de plus grande taille. Par ailleurs, les insectes proies exploités par ces trois dernières espèces pendant l’hiver pourraient aussi être différents par ceux nourris par P. nasus pendant l’été. Dans l’habitat riverain relativement perturbé comme à Sakaroa, l’espèce moins exigeante comme C. nasutum pourrait s’adapter à la variation saisonnière de la diversité des insectes dans la zone de la bordure (0 – 25 m). A travers deux saisons (été et hiver), par exemple, la présence des adultes et des juvéniles de cette espèce dans la zone de la bordure semble illustrer ce fait. Par contre, pour l’espèce de faible tolérance à la perturbation comme C. glawi (Rabearivony et al., 2015a), ses juvéniles se concentrent à la bordure la plus protégée par la forte canopée comme celle de Vatoharanana-Amont.

Par ailleurs, la hauteur du perchoir pour ces quatre espèces associées à la bordure change avec la saison (été et hiver) et l’habitat riverain. Dans tous les sites, les caméléons se perchent un peu plus bas pendant l’été par rapport à l’hiver (Figure 9). Leur faible hauteur du perchoir pendant l’été pourrait coïncider avec la prolifération des insectes proies au niveau des sous-bois de la zone adjacente de la rive. Raselimanana & Rakotomalala (2003) ont déjà rapporté qu’à Madagascar, les caméléons forestiers tendent à se concentrer vers le lieu de prolifération des insectes, là où les sous-bois et les lianes forment aussi leurs perchoirs appropriés.

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3

2,5

2

1,5 Eté

1 Hiver

Hauteur du perchoir (m) perchoir du Hauteur 0,5

0 Sak. Mar. Fomp. Vato-Av. Vato-Ca. Vato-Am. Habitat Riverain

Figure 9. Variation de la hauteur du perchoir suivant la saison et l’habitat riverain (Sak. = Sakaroa ; Mar. = Mariavaratra ; Fomp. = Fompohonina ; Vato-Av. = Vatoharanana-Aval ; Vato- Ca. = Vatoharanana-Camp et Vato-Am. = Vatoharanana-Amont) (Rabearivony et al., 2015a, voir Volumme II).

Or, dans la forêt sempervirente de Madagascar, le niveau de strate comme sous-bois est le plus exploité pour le développement des cultures sous couverture végétale telles que vanille et café, grande source de devise pour notre pays. Un créneau de recherche est donc ouvert à partir de la présente étude pour pouvoir réconcilier ces deux aspects paradoxaux, économique et biologique. En ce sens, la considération de nos résultats pourrait présenter un double intérêt : conservation de biodiversité, y compris la population de caméléons d’une part, et développement de bien-être humain d’autre part. Depuis longtemps par exemple, la loi forestière sur la protection des berges à Madagascar interdit toutes les activités de développement dans une bande de 20 m de part et d’autre d’un cours d’eau. Cette loi de valeur économique est établie en vue d’éviter le risque d’éboulement et d’ensablement des rivières par l’érosion. Nos résultats pourraient constituer ainsi des arguments supplémentaires, plutôt biologiques, de protection de cette bande en tant que zone adjacente de cours (0 – 25 m), qui est un habitat préférentiel pour plusieurs espèces de caméléons.

A titre récapitulatif, la distribution et la structure de la communauté des caméléons sont en général dictées par un gradient écologique défini en fonction de la distance par rapport à la rive,

37 suivant la saison et le stade de développement des individus. La préférence écologique à un habitat relativement défini est remarquable pour certaines espèces.

II. 1. 5. Etude des habitats préférentiels des caméléons dans une forêt orientale de basse altitude

Malgré les différentes études menées à Ranomafana sur l’influence des habitats riverains sur la distribution des caméléons forestiers, la connaissance sur la bio-écologie des espèces reste lacunaire. Afin de combler cette lacune, nous avons conduit une étude supplémentaire dans la Réserve Privée de basse altitude (< 800 m) d’Ambodiriana (Annexe 1), District de Soanierana- Ivongo, pour renforcer les données déjà collectées. Cette étude s’est étalée sur deux saisons : Hiver (24 juillet – 25 août 2001) et Eté (5 – 27 janvier 2002).

Selon Irwin et al. (2010), chez les reptiles y compris les caméléons, le degré de tolérance face aux changements de leur milieu naturel varie souvent d’une espèce à une autre. Deux habitats de degrés de perturbation différents sont sélectionnés en vue de déterminer la tolérance des caméléons vis-à-vis de la perturbation du site. Le premier habitat est formé de la régénération secondaire (d’arbres) entremêlée avec le champ de culture abandonné de 1 à 3 ans. Le deuxième est la forêt relativement intacte, mais qui a subi une extraction modérée avant 1993. Les impacts de la variation de la saison sur l’abondance des caméléons dans les habitats riverains sont aussi explorés. Les résultats de cette investigation sont ainsi publiés dans une revue scientifique internationale Herpetological Journal et l’article y afférent se trouve dans la liste de publications sélectionnées dans le Volume II (Rabearivony et al., 2007).

A titre de résultats, quatre espèces de caméléons sont recensées à Ambodiriana dont, une terrestre (Brookesia superciliaris) et trois arboricoles (Calumma p. parsonii, C. nasutum et Furcifer pardalis) (Figure 10).

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a. Brookesia superciliaris b. Calumma p. parsonii

d. Furcifer pardalis c. Calumma nasutum Figure 10. Espèces de caméléons recensées à Ambodiriana (Clichés pris par C. Misandeau, 2011)

Les résultats ont révélé une variation structurale de la communauté en fonction de la saison et de l’état de l’écosystème forestier. Pendant l’hiver, B. superciliaris est plus abondante (n = 19) dans la forêt relativement intacte et seulement deux individus se trouvent dans les petits îlots forestiers isolés dans la régénération secondaire (Tableau 5). Calumma p. parsonii et F. pardalis montrent une tendance opposée. Si la première se trouve uniquement dans forêt relativement intacte (n = 3), la seconde préfère la régénération secondaire (n = 10). Calumma p. parsonii est l’espèce la plus rare du site. Calumma nasutum se trouve dans les deux types d’habitat ; mais elle est plus abondante dans la forêt relativement intacte (Tableau 5).

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Tableau 5. Abondance (nombre d’indivudus / 100 m) hivernale des caméléons dans la forêt relativement intacte et dans la régénération secondaire

Abondance Espèce Habitat n (individu / 100 m)

Brookesia superciliaris Forêt relativement intacte 19 0,42 ± 0,11

Régénération secondaire 2 0,05 ± 0,05

Calumma p. parsonii Forêt relativement intacte 3 0,06 ± 0,04

Régénération secondaire 0 0

Calumma nasutum Forê t relativement intacte 17 0,37 ± 0,15

Régénération secondaire 5 0,13 ± 0,05

Furcifer pardalis Forêt relativement intacte 0 0

Régénération secondaire 10 0,26 ± 0,16

Dans les habitats riverains (inclus dans les 50 m de la bordure de rivière), trois espèces tendent à être plus abondantes pendant l’été par rapport à l’hiver : B. superciliaris, C. nasutum et F. pardalis (Tableau 6). Toutefois, C. p. parsonii ne suit pas cette tendance ; aucun individu n’a été recensé durant l’été (Tableau 6).

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Tableau 6. Abondance (nombre d’individus / 100 m) saisonnière des caméléons dans la forêt relativement intacte et dans la régénération secondaire incluses dans les 50 m de cours d’eau

Espèce Habitat n Hiver n Eté

Brookesia superciliaris Forê t relativement intacte 10 0,56 ± 0,24 31 1,59 ± 0,55

Régénération secondaire 2 0,50 ± 0,50 0 0

Calumma p. parsonii Forêt relativement intacte 1 0,06 ± 0,06 0 0

Régénération secondaire 0 0 0 0

Calumma nasutum Forêt relativement intacte 10 0,55 ± 0,34 53 2,72 ± 0,88

Régénération secondaire 4 0,44 ± 0,34 19 2,53 ± 1,34

Furcifer pardalis Forêt relativement intacte 0 0 0 0

Régénération secondaire 10 1,11 ± 0,61 15 2,00 ± 1,67

En se basant sur la tolérance et sur la préférence écologique avancée par Irwin et al. (2010), B. superciliaris est une espèce de la forêt primaire, cependant elle tolère un certain degré de perturbation. Dans cette étude, elle est mieux représentée dans un petit bloc forestier (50 m x 5 m) localisé dans la régénération secondaire et présentant une forte humidité causée par sa proximité de la cascade. De nombreuses espèces de Brookesia sont connues d’avoir une exigence en humidité pour leur survie (Jenkins et al., 2003 ; Rabearivony, 1999b). Par contre, C. p. parsonii semble être vulnérable à la perturbation liée à la dégradation de la forêt. Plusieurs auteurs considèrent que son absence apparente pendant l’été est la conséquence de la faible taille de sa population (exemple, Andreone et al., 2000). En effet, à l’encontre de C. p. parsonii, les trois autres espèces recensées à Ambodiriana (B. superciliaris, C. nasutum et F. pardalis) montrent un accroissement estival de leur abondance dans l’habitat riverain. Bien que C. naustum soit plus abondante dans la forêt relativement intacte, sa présence dans la régénération

41 secondaire illustre sa capacité d’adaptation dans différents milieux. C’est une espèce de la forêt primaire qui est capable de coloniser la forêt secondaire et la bordure forestière (Brady & Griffiths, 2003), voire même le milieu plus dégradé comme dans la plantation de Pinus sp. (Raxworthy & Nussbaum, 1994). Cette affinité aux habitats perturbés est encore plus poussée chez F. pardalis, une espèce qui ne se trouve pas dans la forêt relativement intacte et déposant ses œufs dans les substrats moins compacts de divers milieux anthropiques (Andreone et al., 2005 ; Rabearivony et al., 2007).

En terme de gestion, à part ces aspects purement bioécologiques, pour une petite Réserve entourée par la zone fortement défrichée comme la Réserve Privée d’Ambodiriana, l’adoption d’un système de Réserve à usage multiple (avec le cœur de la forêt strictement protégé mais entouré par la zone d’usage traditionnel où se déroulent les activités quotidiennes de la population locale) semble être plus adéquate. Sur le flanc de la montagne fortement dévasté par la culture sur brûlis, par exemple, la culture de subsistance (exemples, riz, manioc et maïs) sera remplacée par la culture de rente (girofle, letchi, etc.). Sur ce second type de culture, les espèces moins exigeantes (exemple F. pardalis) y pourraient toujours continuer de survivre. Par ailleurs, en vue de la gestion durable de la Réserve Privée d’Ambodiriana ainsi que des espèces de caméléons qui y sont inféodées, le programme d’extension de la Réserve prôné par l’Association gestionnaire, ADEFA (Association pour la Défense de la Forêt d’Ambodiriana), devrait être combiné avec le rétablissement des forêts riveraines qui vont servir de couloirs d’échanges génétiques entre les différentes populations des caméléons des autres blocs forestiers (exemple, Fandrarazana).

II. 2. ENCADREMENT

II. 2. 1. Préambule

La disponibilité sur place des agents bien formés et motivés ainsi que des populations riveraines informées et sensibilisées, constitue une base fondamentale de la réussite de projet de conservation, de gestion de la biodiversité et des aires protégées en général. L’encadrement de ces personnels du projet et de la communauté locale à travers le transfert de compétences est désormais plus qu’une nécessité. Par ailleurs, le développement et le renforcement des capacités des jeunes scientifiques malgaches en matière de la biodiversité, de la biologie et de l’écologie constituent un autre aspect important pour l’avenir de ce patrimoine naturel. En tant que

42 responsable de la conservation, de la recherche et de suivi au sein de TPF, puis de WWF- Madagascar, j’ai eu l’opportunité de contribuer à l’accompagnement des agents de conservation et de la communauté locale au cours des différentes activités associées au transfert de compétences. La formation est principalement axée sur la conservation de la biodiversité et la gestion durable des ressources naturelles renouvelables. En outre, en tant qu’enseignant chercheur au sein de notre Etablissement à la Faculté des Sciences, mes activités d’encadrement des étudiants m’ont permis de participer activement à leur enseignement en salle, l’encadrement sur le terrain et en siégeant en tant que jury à la soutenance de Master. Par ailleurs, j’ai eu toujours l’occasion de les initier et de les aider pour la publication scientifique.

II. 2. 2. Encadrement des techniciens et de la population locale

II. 2. 2. 1. Chez « The Peregrine Fund Madagascar », Année 2001-2009

Le transfert de gestion des forêts et des ressources naturelles aux communautés riveraines est une approche permettant de responsabiliser celles-ci et de les faire participer activement à la protection de ces biens communs. Conformément à la politique nationale relative à la gestion des ressources naturelles renouvelables (loi GELOSE n° 96-025 du 30 septembre 1996), le site RAMSAR Manambolomaty (Annexe 1), une zone humide lacustre entourée de forêts sèches caducifoliées, a été officiellement fait l’objet de transfert de gestion. La gestion du site est ainsi transférée aux deux associations locales, FIZAMI (Fikambanana Zanatany Andranobe Miray) et FIFAMA (Fikambanana Fampandrosoana Ankerika Mamokatra), pour une durée de trois ans à partir de 29 septembre 2001. Les règles de gestion sont principalement basées sur le respect des tabous traditionnels (fady) et des conventions sociales (dina). Effectivement, le non-respect des organisations sociales existantes, suite au flux migratoire vers le site depuis les années 1990 est à l’origine de la dégradation rapide des ressources forestières et lacustres du site. Ce constat conduit ainsi The Peregrine Fund Madagascar (TPF) en collaboration avec les communautés locales à mettre en place ces règles. Cette migration massive menace ainsi la biodiversité du paysage. En tant que scientifique et responsable du programme communautaire au sein de TPF, nous sommes en charge de la formation des techniciens locaux en suivi écologique, qui vont à leur tour, former la population locale. Cependant, nous sommes fréquemment en interaction directe avec la population locale pour bien assurer le bon fonctionnement du projet.

43

La revalorisation des traditions locales au service de la conservation de la biodiversité et de l’environnement naturel constitue mon principal défi. En ce sens, l’appropriation de l’environnement par la population locale concernée est plus naturelle, ont confirmé Jones et al. (2008). Sur ce, étant donné que la communauté elle-même est l’unité essentielle de la gestion (Child, 1996), j’ai appliqué la gestion communautaire qui tient compte le problème complexe de la pauvreté, la socio-culture, la conservation et la transparence, comme Child (1996) et Vorlaufer (2007) ont suggérée. En effet, suivant les objectifs de gestion, le Tableau 7 résume les règles de gestion adoptées par les deux associations, leurs activités de suivi y afférentes et mes rôles dans leur encadrement de 2002 à 2007.

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Tableau 7. Objectifs, règles de gestion et activités connexes

Objectifs de gestion Règles de gestion adoptées Activités de suivi Rôles Eviter la surexploitation des lacs Nombre des pêcheurs limité à 400 dont 250 pour Mettre un numéro individuel sur le Coordination, supervision des activités et FIZAMI et 150 pour FIFAMA. Les migrants n’ont flanc de chaque pirogue. Recenser trait d'union entre les associations, le pas le droit de pêcher, mais peuvent jouer le rôle quotidiennement les pêcheurs bureau central de The Peregrine Fund- de collecteur grâce au permis délivré par le travaillant sur les lacs. Madagascar Project et le ministère Ministère de la pêche concerné Réglementer l'accès aux ressources Ouverture de la pêche au mois de juin (coïncidant Sensibiliser les gens locaux, les Support moral, facilitateur et appui piscicoles dans le temps au calendrier lunaire "Volambita " suivant la associations à respecter la saison logistique au "Tompondrano" pour le tradition) et fermeture en fin novembre. La date traditionnelle de pêche. Faire une respect de la saison exacte d’ouverture relève exclusivement le droit du patrouille systématique pour le détenteur de pouvoir traditionnel ou contrôle de braconnage. "Tompondrano" Contrôler la méthode d'extraction Dimension conventionnelle de filet limitée à 100 Vérifier systématiquement les outils Appui logistique pour le contrôle fait par des ressources lacustres et m de long, un mètre de large et 6 cm (trois doigts de pêche utilisés par les pêcheurs. les associations et trait d'union avec la forestières étirés) de maille. En dehors de la saison de pêche, surveillance de pêche en cas de necessité seule la canne à pêche est autorisée pour une consommation familiale. Interdiction de salage de poissons, méthode non Contrôler la méthode d'exploitation et Appui logistique pour le contrôle fait par durable, nécessitant l'utilisation des filets de préservation des ressources les associations et trait d'union avec la extrêmement longs et aux très petites mailles. piscicoles utilisée par les pêcheurs. surveillance de pêche en cas de necessité Suivant la convention, interdiction de l'utilisation Vérifier l'état de bois utilisé pour le Suppervision des activités de contrôle des plantes vivantes comme bois de chauffe. séchage de poissons. faites les par associations

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Objectifs de gestion Règles de gestion adoptées Activités de suivi Rôles Protéger les espèces de zones Interdiction de chasse sauf des poissons, des Suivre la dynamique de la population Planification de programmes de suivie humides dans le temps et dans gibiers (sanglier, tenrec). La convention est plus des espèces cibles pour évaluer la avec les techniciens locaux de The l'espace stricte surtout pour les animaux menacés et tendance et leur statut de conservation. Peregine Fund-Madagascar Project et les protégés (1) Oiseaux, Pygarque de Madagascar Associations (Haliaeetus vociferoides), Canard de Meller (Anas melleri), Ibis Huppé (Lophotibis cristata), (2) , Tortue à grosse tête (Erymnochelys madagascariensis), (3) Toutes espèces de lémuriens, (4) plantes à valeur commerciale et/ou culturelle (exemples, Dalbergia et Hazomalania voyroni). Protéger la phase Interdiction de la chasse des tenrecs en phase de Eduquer les associations à chasser les Education, sensibilisation de la démographiquement sensible pour gestation ou avec leur portée. Chasse sans tenrecs seulement en dehors de sa population locale sur le respect de cette les gibiers restriction pour le sanglier toute l'année. période démographiquement mais à règle supportée par la loi en vigueur chasser les sangliers, animaux nuisibles, toute l'année.

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Objectifs de gestion Règles de gestion adoptées Activités de suivi Rôles Préserver l'intégrité et la beauté de Interdiction de la culture sur brûlis dans la forêt Patrouiller la forêt pour le contrôle de Suppervision des activités et trait d'union la zone humide pour les gérée par les associations culture sur brûlis entre les associations, le bureau central de générations futures The Peregrine Fund-Madagascar Project et le ministère concerné Nombre des campements de pêcheurs limités à huit Patrouiller le bord des lacs pour le Suppervision des activités et trait d'union pour minimiser leurs impacts sur les écosystèmes contrôle de campements illicites. entre les associations, le bureau central de forestiers et lacustres. The Peregrine Fund-Madagascar Project et le ministère concerné Interdiction des feux de forêt quel que soit la Patrouiller la forêt pour le contrôle de Suppervision des activités et trait d'union saison. feux entre les associations, le bureau central de The Peregrine Fund-Madagascar Project et le ministère concerné Selon la tradition, c’est tabous de transporter de Sensibiliser les gens à bien respecter Education, sensibilisation charbon ardent sur l'eau, de faire l’amour dans les la sacralité du site. ilots sacrés comme Nosy Sarotsy, Rehampy et Nosindambo.

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D’après les résultats obtenus suite aux activités entreprises par les deux associations encadrées, le projet de transfert de gestion initié par TPF à Manambolomaty peut être considéré comme une réussite. Ces résultats sont publiés dans la revue scientifique Rabearivony et al. (2008) qui se trouve dans la liste des ouvrages sélectionnés (voir Volume II). En effet, en collaboration étroite avec les communautés de pêcheurs, nous avons pu ensemble respecter le nombre 400 des pêcheurs actifs dans le site RAMSAR Manambolomaty (Tableau 8). L’ouverture de pêche est aussi maintenue selon la tradition en juin (« Volambita »), sauf pour FIFAMA, les années 2005 et 2006 présentant un certain retard suite à la mort de détenteur du pouvoir traditionnel (« Tompondrano ») en janvier 2005. Effectivement, selon la tradition, le remplacement de « Tompondrano » demande plus de temps, ce qui fait que le rythme régulier de pêche n’a repris qu’en 2007. Le poids annuel de poissons pêchés est un moyen de vérification de l’état de stock des lacs (Hilborn & Walters, 1992). Nous avons ainsi constaté une quantité croissante de 89 tonnes à 116 tonnes, entre 2002 à 2004. Toutefois, elle a chuté brusquement en 2005 à cause de la sécheresse prolongée avant le rétablissement en 2007 (Tableau 8).

Tableau 8. Données sur les activités de pêche de FIZAMI et FIFAMA pendant 2002-2007

Année Nombre Ouverture de Pêche Fermeture de pêche Poids de poissons Pêcheur (FIZAMI / FIFAMI) pour FIZAMI et (tonnes) FIFAMA

2002 196 - 30-nov-02 93

2003 266 - 30-nov-03 89

2004 262 (8 juin 2004 /-) 30-nov-04 116

2005 213 (28 juin 2005 / 12 août 2005†) 30-nov-05 34*

2006 265 (23 juin 2006 / 11 août 2006†) 30-nov-06 67*

2007 298 (02 juin 2007 / 08 juin 2007) 30-nov-07 200

- = Données manquantes ; † = L’ouverture de pêche a été décalée pour FIFAMA, à cause de la mort de « Tompondrano » ; * = Faibles produits de pêche liés à la sécheresse prolongée qui aggrave l’impact du départ de « Tompondrano » FIFAMA.

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Nous avons également constaté qu’aucun pêcheur utilisant le filet règlementaire de 100 m x 1 m et maillant de 6 cm ne pratique plus le salage. Les pêcheurs comprennent ainsi l’importance de la préservation de ces ressources naturelles qui constituent le garant même de leur avenir. Toutefois, les deux associations FIZAMI et FIFAMA ont attrapé chaque année 1 à 5 pêcheurs utilisant des filets de dimension hors norme (plus de 100 m de long et moins de 6 cm de maille) et qui conservent leurs produits sous sel. La sanction sévère (immolation de zébu, achat de 20 l de rhum local (« toaka gasy ») et calcination des filets) infligée à ces malfaiteurs rend cette pratique moins fréquente. Sinon, en vue toujours de la conservation de produits, l’utilisation exclusive de bois secs pour le séchage de poissons est totalement respectée.

A Tsimembo-Manambolomaty, le Pygague de Madagascar, une espèce parapluie, gravement menacée, polyandre, a montré une population stable, entre 9 à 12 paires. En effet, comme 70-80 % des nids comprennent deux mâles et une femelle, le nombre total d’individus entre 2002 à 2007 a varié de 27 à 32 (Tableau 9). En outre, tout comme chez d’autres espèces parapluies (Roberge & Angelstam, 2004), la conservation de Pygague de Madagascar à Manambolomaty permet aussi de protéger un grand nombre de taxa y cohabitant.

Tableau 9. Dynamique de la population de Pygargues de Madagascar à Tsimembo- Manambolomaty entre 2002 et 2007

Pygargue de Madagascar Année

2002 2003 2004 2005 2006 2007

Mâle (n) 18 18 19 18 20 20

Femelle (n) 9 9 11 11 12 11

Total 27 27 30 29 32 31

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Grâce aux encadrements et aux accompagnements continus que nous avons pu faire auprès des deux associations FIZAMI et FIFAMA, elles ont pu en collaboration avec deux Ministères (Ministère de Pêche et ceux de Forêts), établir des indicateurs leur permettant d’évaluer l’efficacité de la gestion. Il s’agit entre autres, (1) Forêt entourant la zone humide restée intacte et aucune trace de feux, (2) Site hébergeant au moins 40 espèces d’oiseaux d’eau et sept espèces de lémuriens, (3) Population H. vociferoides restée stable au nombre de 10 paires, (4) Production annuelle de pêche dépassant 45 tonnes, et (5) Population de tortue à grosse tête (Erymnochelys madagascariensis) équilibrée avec toutes les classes d’âge (adulte, juvénile et nouveau-éclos). Les quatre premiers indicateurs sont bien atteints tandis que le cinquième n’est que partiellement réalisé. Toutes classes d’âge pour la tortue E. madagascariensis restent des fois chassées. A titre de solution, nous avons proposé avec Durrell Wildlife Conservation Trust (organisme spécialiste en conservation de tortue), le Ministère de pêche et la population locale la mise en place d’une zone strictement interdite de pêche pour faciliter l’atteinte de ce dernier indicateur. Sinon, les autres animaux protégés ainsi que la zone humide en entier sont en bon statut de conservation ; les gibiers sont chassés de façon non abusive. Ces résultats sont publiés dans la revue scientifique dans le Volume II : Rabearivony et al. (2008).

Comme résultats de différentes sensibilisations, aucune trace de culture sur brûlis n’a été observée dans la forêt faisant l’objet de transfert de gestion. Par le respect de la convention sociale ou dina, même les huit campements règlementaires n’étendent plus leur zone d’occupation. Aucun feu de forêt n’est survenu dans le site depuis le transfert de gestion le 29 septembre 2001. Les tabous relatifs à la sacralité des lieux, comme l’interdiction de transporter des charbons ardents sur le lac et la privation de la sexualité dans îlots sacrés sont bien respectés. Ces îlots sont désormais devenus des zones de refuge pour plusieurs espèces menacées, notamment, Pygargue de Madagascar H. vociferoides (CR) et Renard Volant de Madagascar Pteropus rufus (VU).

La bonne gestion des ressources naturelles (grâce à l’assistance et à l’encadrement fournis) a permis à ces deux associations à ouvrir chacune un compte bancaire sis à Morondava (ville économique la plus proche). C’est le fruit de la somme générée par le payement des droits de filets et de pirogues à la caisse sociale commune. Ce compte, pour ces deux associations, ne cesse d’être bien approvisionné annuellement.

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En 2004, à partir de la caisse commune, FIZAMI et FIFAMA ont établi chacune un grenier communautaire servant à ravitailler leurs membres durant la pénurie du riz à Madagascar (novembre au avril). Par ailleurs, chaque siège de ces associations, grâce à l’appui du Comité National Ramsar (CONARAMS) a un bureau permettant aux membres de travailler dans une maison, mais non plus à l’ombre des arbres. En outre, à titre de reconnaissance aux succès de gestion des ressources naturelles par FIZAMI et FIFAMA, WWF a octroyé à chacune de ces deux associations une distinction honorifique matérialisée par un certificat nommé « Gift to the Earth ».

A l’issue des transferts de compétences et de mon rôle de trait d’union entre la population locale, le bureau central de TPF Madagascar et les différents Ministères, ces deux associations sont ainsi devenues parmi les premiers bénéficiaires d’un renouvellement de contrat de gestion de la part du gouvernement malgache pour une durée de 10 ans, de 2005 à 2015. Par ailleurs, la Direction Régionale de Pêche sise à Maintirano leur accorde aussi un permis de pêche couvrant quatre ans : 2006-2010.

En outre, à part ces acquis concernant la pêche, quelques autres résultats socioéconomiques de mes interventions en tant qu’intermédiaire entre la population locale, le bureau central de TPF et différentes institutions peuvent être cités.

En effet, en 2006 à titre d’encouragement et de reconnaissance aux efforts de gestion fournis par ces deux associations, le CONARAMS a accordé à chacune, une Bande Latérale Unique (BLU) pour développer leurs échanges avec d’autres parties de Madagascar. Chacune de ces deux Communes d’appartenance est aussi dotée de tel moyen de communication. A cette époque, la BLU constitue le seul moyen de communication dans la région ; et par conséquent, ce don contribue largement au développement de leur échange d’expériences avec d’autres associations gestionnaires du site.

Par ailleurs, toujours dans le domaine du développement socioéconomique, l’USAID (United States Agency for International Development) a subventionné en 2007 le forage de quatre puits (deux par association) pour résoudre le problème chronique d’accès à l’eau potable dans la zone. La même année, en vue de libérer les jeunes de la délinquance, le CONARAMS supporte les jeunes sportifs de ces deux Communes à assister à la rencontre sportive annuelle connue comme « jeux de Melaky ».

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Cette conjugaison de la gestion des ressources naturelles avec le développement socioéconomique est le principe général de base pour la gouvernance des Nouvelles Aires Protégées (NAP) à Madagascar. En effet, avec appui permanent de TPF et faisant suite à mes longues activités d’encadrement des associations et des techniciens locaux (2002-2007), le site RAMSAR Manambolomaty est actuellement protégé sous la Catégorie V « Paysage Harmonieux Protégé » selon le décret 2015 -715 du 21 avril 2015.

A Bemanevika (Annexe 1), à part de renforcement de capacité des deux associations locales, FBM (Fikambanana Bemanevika Mirahina) et FIMAKA (Fikambanana Miaro ny Ala Ketsany Amberivery), mes activités, entre 2007-2009, consistent aussi à entamer le processus de la mise en place d’une nouvelle aire protégée dans la mosaïque d’écosystèmes forêts-lacs-marécages- savanes du site. Ainsi, comme l’inventaire biologique fait partie d’une étape préliminaire de ce processus, l’équipe de TPF a effectué un inventaire rapide de ce site pour faire sortir sa valeur bioécologique. Les résultats de cet inventaire présentent beaucoup d’intérêts du fait qu’ils aident à déplorer la richesse spécifique du site, à déterminer les espèces menacées, à identifier les cibles de conservation et à choisir, avec le contexte socioéconomique du site, la catégorie IUCN la plus appropriée pour l’aire protégée à créer. Ces résultats sont ainsi publiés dans la revue scientifique Rabearivony et al. (2010a) figurant dans la liste des ouvrages sélectionnés.

En effet, parmi les 48 espèces d’amphibiens recensées, une seule, Ptychadena mascareniensis, n’est pas endémique et quatre sont vulnérables (VU) telles que Boophis blommersae, Gephyromantis striatus, Spinomantis massi et Scaphiophryne boribory (Rabearivony et al., 2010a, 2010b ; voir Volume II). La découverte de cette dernière espèce à distribution très limitée, connue uniquement à Fierenana et à avant le présent inventaire, renforce la nécessité de protection du site Bemanevika pour étendre sa zone de répartition naturelle. Cette extension de sa zone de distribution est publiée dans la revue scientifique Herpetology Notes et constitue ainsi l’un des arguments pour le changement de son statut de conservation, en danger (EN) en 2008 à vulnérable (VU) en 2020 (Rabearivony et al., 2010b ; IUCN 2020).

Par ailleurs, les 18 espèces de reptiles trouvées à Bemanevika sont toutes endémiques. Quant aux oiseaux, 66 sur 106 espèces recensées sont endémiques (y comprises endémiques régionales) et neuf sont menacées dont trois vulnérables (VU), Oriolia bernieri, Rallus madagascariensis et Tyto soumagnei, cinq en danger (EN), Anas melleri, Ardeola idae, Circus macrosceles, Eutriorchis astur et Tachybaptus pelzelnii et une gravement menacée (CR) Aythya innotata. 52

Bemanevika est également un centre d’endémisme pour micromammifères. Ainsi, parmi les 25 espèces y inventoriées, seules deux sont introduites (Rattus rattus et Suncus murinus) et une est vulnérable (VU), Brachytarsomys villosa. En outre, pour les lémuriens, quatre espèces sur huit recensées dans le site sont vulnérable (VU), Cheirogaleus major, Eulemur fulvus, Hapalemur occidentalis, Microcebus rufus, trois en danger (EN), Allocebus trichotis, Daubentonia madagascariensis, Lepilemur dorsalis et une en danger critiquue (CR) Avahi unicolor.

Avec le soutien moral et technique de l’équipe de TPF tout au long de mes activités d’encadrement des deux associations locales, FBM et FIMAKA depuis 2007 et de publications de nos résultats dans différentes revues scientifiques, le site de Bemanevika est actuellement doté d’un statut de « Paysages Harmonieux Protégés » (IUCN Catégorie V) selon le décret 2015-782 du 28 avril 2015.

II. 2. 2. 2. Chez « The World Wildlife Fund (WWF) », Année 2009-2013

En vue de couvrir les cinq Districts concernés par le « Programme Holistique de Conservation des Forêts (PHCF) » au sein de WWF (Andapa, Sambava, Vohémar, Ambilobe et Bealanana), compte tenu du faible nombre de techniciens disponibles, nous avons dû adopter plusieurs stratégies de travail.

Premièrement, en tenant compte de la vaste étendue (266 800 ha), de COMATSA (Corridor Marojejy Anjanaharibe-Sud et Tsaratanàna ; Annexe 1), un petit bureau annexe a été construit à Bealanana pour coordonner toutes les activités du PHCF dans la partie Ouest du site. Par contre, dans la partie Est, c’est le bureau d’Andapa qui s’en occupe.

Comme préalablement mentionnées, mes principales occupations sont de coordonner et d’appuyer les techniciens ainsi que les associations locales de ces cinq districts dans la réalisation des six axes d’activités du PHCF:

(1) Sensibilisation de la communauté locale sur les effets du changement climatique ;

(2) Transfert de Gestion des Ressources Naturelles (TGRN) ;

(3) Création de Nouvelles Aires protégées (NAP) ;

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(4) Reboisement en vue de subvenir aux besoins des populations locales en bois d’énergie et de construction ;

(5) Restauration forestière afin de rétablir les fonctions écologiques essentielles de l’écosystème ;

(6) Promotion et diffusion des pratiques alternatives aux cultures sur brûlis.

La deuxième stratégie consiste à la planification minutieuse de missions pour les techniciens en vue d’une meilleure économie de temps pour chaque descente sur le terrain. Cette stratégie est adoptée face à l’accès très difficile au site, nécessitant au moins deux jours à pied pour arriver à la localité la plus proche du bureau. En effet, plusieurs activités appartenant aux différents axes stratégiques du projet sont ainsi combinées dans une seule mission pour ménager l’effort des techniciens dans l’accomplissement de leur mission pour obtenir les résultats escomptés.

Outre la réalisation des objectifs dans cinq axes d’activités du PHCF, le présent paragraphe souligne particulièrement les résultats d’inventaire biologique entrepris dans le COMATSA, entre 17 mars au 14 avril 2011, pour l’inclure dans le réseau de NAP à Madagascar (axe stratégique 3). Ces résultats se trouvent dans le Volume II de ce document Rabearivony et al. (2015b). Ainsi, parmi les 80 espèces d’amphibiens qu’y sont inventoriées dont toutes sont endémiques, cinq sont vulnérables (VU) et cinq en danger (EN), selon IUCN (2020). Ces espèces vulnérables sont Boophis andreonei, Gephyromantis ambohitra, G. rivicola, G. schilfi, G. tandroka tandis que celles en danger sont B. sambirano, G. klemmeri, Platypelis mavomavo, P. tetra et Rhombophryne serratopalpebrosa. Les reptiles ont également un taux d’endémisme exceptionnellement élevé. Ainsi, sur 54 espèces qu’y sont recensées, seulement deux ne sont pas endémiques (Ebenavia inunguis et Zonosaurus madagascariensis); six sont vulnérables (VU), Brookesia vadoni, Brygophis coulangesi, Calumma tsaratananense, Lygodactylus bivittis, Pararhadinaea melanogaster, Uroplatus ebenaui et quatre en danger (EN), Brookesia karchei, Calumma globifer, C. vencesi et Z. subunicolor. Les 79 oiseaux endémiques sur 96 espèces recensées au COMATSA comprennent deux taxa vulnérables (VU) tels que Brachypteracias leptosomus, Neodrepanis hypoxantha et deux autres taxa en danger (EN) Euryceros prevostii, Oriolia bernieri. Quant aux micromammifères, 28 espèces sont inventoriées dans le site dont un est vulnérable (VU), Microgale dryas et une autre, Rattus rattus, est introduite. Neuf sur dix espèces de lémuriens trouvées dans le COMATSA sont menacées, cinq vulnérables (VU), Avahi laniger, Eulemur albifrons, E. rubriventer, Hapalemur occidentalis, Lepilemur seali, trois en

54 danger (EN), Allocebus trichotis, Daubentonia madagascariensis, Microcebus mittermeieri et une gravement menacée (CR), Propithecus candidus.

Convaincues de cette potentialité biologique du COMATSA, toutes les entités concernées par cette mise en place d’une nouvelle aire protégée se sont mises d’accord (lors des deux ateliers de validation qui ont eu lieu, l’un à Bealanana et l’autre à Andapa) de l’inclure dans le réseau de Nouvelle Aire Protégée de Madagascar ou NAP. En effet, à partir du grand bloc forestier du COMATSA, deux nouvelles aires protégées de statut de conservation différent sont nées suivant le décret 2015-782 du 28 avril 2015 : Paysage Harmonieux Protégé (Catégorie V) pour le COMATSA Sud et Réserve de Ressources Naturelles (Catégorie VI) pour le COMATSA Nord.

II. 2. 3. Formation des étudiants

II. 2. 3. 1. Enseignement en salle

L’enseignement en salle consiste en formation de base sur la bio-écologie, la conservation, l’évolution et le management de la biodiversité facilitant ainsi l’imprégnation des étudiants dans le monde de sciences de la nature et de l’environnement, la pratique sur le terrain ainsi que leur propulsion vers la Licence ou le Master. En tant qu’enseignant-chercheur nous avons la charge d’enseigner quelques Unités d’Enseignements (UEs) ou leurs Eléments Constitutifs (ECs) dans deux établissements universitaires d’Antsiranana : (1) Faculté des Sciences et (2) Ecole Supérieure en Agronomie et Environnement de Diégo (ESAED).

Dans le premier cycle de la Mention Sciences de la Nature et de l’Environnement (SNE), Faculté des Sciences, j’ai assuré trois cours.

Au niveau du Semestre 2 (S2), suite à mes formations en invertébrés depuis la classe de première année et en écologie parasitaire en 5ème année dans les Universités de Madagascar (respectivement à Mahajanga et Antananarivo) et en « Ecologie et Conservation » dans l’Université de Kent à Canterbury, UK, j’ai pu enseigner l’EC « Parasitologie » qui fait partie de l’UE « Invertébrés ». Le cours consiste à expliquer le mécanisme, les différentes astuces utilisées par les parasites pour pouvoir boucler leurs cycles. En effet, bien que les invertébrés comprennent plusieurs embranchements, le cours se base surtout (de protozoaires aux métazoaires) sur les embranchements qui contiennent des parasites tels que les Flagellés, les

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Amibes, les Sporozoaires, les Plathelminthes et Némathelminthes. C’est dans l’esprit de renforcer la capacité écologique des étudiants et de les former dans l’amélioration de la santé animale et humaine que se fondent ces choix des embranchements.

En Semestre 4 (S4), j’ai enseigné l’EC « Anatomie Comparée » qui fait partie de l’UE « Biologie Animale ». Ce sont mes prérequis en cette matière lors de ma classe de deuxième année universitaire qui sont transférées ici aux étudiants. Le but est de leur faire comprendre les processus évolutifs des vertébrés à travers les différents organes. L’appareil circulatoire des vertébrés par exemple, évolue à partir du cœur veineux non cloisonné des vertébrés inférieurs (Cyclostomes, Poissons sauf les Dipneustes), passe au cœur incomplètement cloisonné chez les Dipneustes, Amphibiens et Reptiles non Crocodiliens et se termine en cœur complètement cloisonné des Crocodiliens, des Oiseaux et des Mammifères. En effet, par cette structure du cœur, la circulation commence par le type simple chez les vertébrés aquatiques à respiration branchiale ; puis vient l’ébauche de la double circulation pour les animaux à cœur incomplètement cloisonné. Le stade terminal de l’évolution est ainsi caractérisé par une véritable double circulation chez les animaux à cœur complètement cloisonné.

Mes prérequis en « Dynamique de population » et en « Ecologie et Conservation », respectivement à l’Université d’Antananarivo et à celle de Kent, facilitent largement mon enseignement de l’UE « Ecologie Animale » en S6. Cet enseignement se base sur la dynamique des populations, en appuyant surtout sur la structure et sur la croissance de la population, des diverses relations spécifiques (neutralisme, relation de coopération et conflictuelle) ainsi que l’anthropisation des écosystèmes. Ces éléments de base acquis par les étudiants vers la fin du premier cycle (S6) facilitent leur imprégnation dans la recherche écologique en vue de leur Master à la fin du second cycle (S10).

Au niveau du second cycle, j’ai assuré sept (07) cours. En effet, les deux ECs qui composent l’UE « Initiation à la Recherche » tels que « Rédaction Scientifique (EC1) » et « Technique de Documentation (EC2) » sont enseignés aux étudiants en S7 pour faciliter leur rédaction de Master à la sortie de S10. Mes longues expériences dans la publication scientifique depuis mon premier poste, mes diverses rédactions de mémoires et de thèse ainsi que de différents rapports scientifiques cadrent dans cette UE. Ces cours visent à aider les étudiants dans l’exploration et la recherche de documents à la bibliothèque et à l’internet et ainsi, pour qu’ils puissent exploiter les

56 informations recueillies dans la rédaction de leurs mémoires. Sur ce, le plan de rédaction adopté est le plan IMRED (Introduction, Méthodologie, Résultats, Discussion et Conclusion).

Pour leurs carrières scientifiques, les étudiants sont également orientés vers la publication de leurs résultats dans les revues scientifiques internationales. En ce sens, la formation est axée depuis la formulation du titre et du résumé jusqu’à la référence bibliographique.

Etant herpétologue de formation, et grâce aux différents travaux de recherche effectués notamment sur les terrains, je suis chargé d’enseigner « l’Herpétologie », l’un des quatre ECs qui compose l’UE « Zoologie » en S8. Le cours consiste à mettre en évidence l’importance de Madagascar en termes d’endémisme et de biodiversité herpétofaunique. La bio-écologie, le statut IUCN, le commerce international ainsi que les problèmes de conservation des reptiles et des amphibiens de Madagascar en général sont aussi enseignés pour inciter les jeunes étudiants à mettre en place des stratégies de gestion et de conservation plus rapidement efficientes.

La génétique mendélienne et la génétique de la population constituent la partie centrale de l’EC « Génétique » enseignée en S8. Mes cursus en génétique depuis l’Université de Mahajanga et puis à Antananarivo ont renforcé mes capacités, facilitant ainsi mon enseignement de cette EC. Le cours traite généralement de l’hybridisme, de l’hérédité liée au sexe, du groupe sanguin ou système ABO, du linkage. En outre, la génétique de la population permet d’évaluer l’importance de la diversité génétique de la population sous l’influence de la sélection naturelle et de la pression de l’environnement. Le point extrême de ce polymorphisme pourrait aboutir au phénomène de la spéciation ou la formation de la nouvelle espèce. Ce cours aide les étudiants à mieux comprendre comment les individus dans une population sont génétiquement variés.

Les connaissances théoriques en « Ecologie des vertébrés » de l’Université de Mahajanga et en « Ecoéthologie » de l’Université d’Antananarivo combinées avec plusieurs pratiques sur terrain, m’ont aidé à mieux comprendre l’évolution phyllogénétique du règne animale en fonction de leur comportement. Ces prérequis facilitent mon enseignement de l’EC « Ecoéthologie » en S8 de l’Université d’Antsiranana. En effet, dans une perspective évolutionniste, le cours consiste à savoir comment les animaux dans le milieu naturel peuvent assurer leurs fonctions vitales comme la recherche de nourriture, l’accouplement reproductif, l’établissement de territoire, le mode de vie en groupe ou en solitaire etc. Les différentes méthodes couramment utilisées dans le

57 recueil des données en comportement sont aussi expliquées pour la préparation des étudiants dans la collecte des données nécessaires pour leurs Masters.

La « Biologie de la Conservation » est la pierre angulaire de ma formation en conservation à l’Université de Kent, Canterbury, UK et m’a permis d’enseigner cette EC en S9 de l’Université d’Antsiranana. En effet, cette EC « Biologie de la Conservation », un domaine multidisciplinaire qui touche l’écologie, la biogéographie, la génétique des populations, l’économie, la sociologie, l’anthropologie et la philosophie, est enseigné en S9 en vue de préserver la diversité biologique et écologique ainsi que les processus écologiques naturels. La finalité de ce cours est d’inciter les étudiants à préserver et à gérer durablement la nature face à la crise actuelle de la biodiversité sous diverses pressions anthropiques.

La détérioration des services fournis par les écosystèmes, causée par l’appauvrissement de la diversité biologique a des conséquences graves pour les sociétés et pour les économies humaines, ainsi que pour la vie future de la planète (Billé et al., 2012). Les pauvres gens qui sont directement dépendants de la diversité biologique pour leur survie quotidienne, n’ont pas les moyens de se procurer des produits de substitution sont les plus vulnérables à ces conséquences. C’est dans l’intention de surmonter ce problème global que se repose le principe général de mes formations sur le management environnemental à l’Université de Kent en considérant l’intérêt humain comme le centre de toute conservation. Ainsi, j’ai enseigné en S10 l’EC « Management de la Biodiversité » pour démystifier et illustrer la contribution de la diversité biologique au développement dans ses diverses dimensions, et suggérer les voies de développement humain et économique qui reconnaissent, maintiennent et restaurent la biodiversité. Outre, le cours offre aussi une perspective de coopérations nationales et internationales au service de la gestion de diversité biologique.

A l’Ecole Supérieure en Agronomie et Environnement de Diégo (ESAED), le même EC « Parasitologie » donné en S2 dans la « Mention Sciences de la Nature et de l’Environnement » est aussi offert en S1. L’écologie parasitaire facilite l’imprégnation des étudiants qui vont choisir ultérieurement la spécialité « Vétérinaire ».

Mes capacités issues du cours sur les invertébrés, la parasitologie et la production végétale lors de mes cursus universitaires, facilitent l’enseignement de l’EC « Entomologie » en S2 à l’Ecole Supérieure en Agronomie et Environnement de Diégo (ESAED). Ce cours, comprend

58 l’entomologie agricole et médicale, et constitue déjà une étape préliminaire pour les étudiants qui vont se spécialiser respectivement en « Agriculture » et en « Vétérinaire ». Le cours commence par l’initiation à l’entomologie pour pouvoir rappeler les points essentiels sur les insectes.

Puis il détaille les différents ravageurs de diverses cultures afin de proposer des pistes de solutions pour les problèmes économiques qu’y pourraient être associés. Quant à l’entomologie médicale, il détaille la morphologie, la biologie, le rôle pathogène et la lutte contre les différents types d’insectes parasites : Insectes à métamorphose incomplète, insectes à métamorphose complète, insectes à larve acéphale et insectes ≥ 1 cm.

De même, j’ai aussi l’opportunité de transmettre mes connaissances acquises en « Embryologie » depuis mes cursus universitaires aux étudiants en S2 de l’ESAED. Ce cours traite le développement de l'embryon dès la fécondation de l'œuf jusqu’à la naissance, ou l'éclosion. Après la formation de zygote, l’embryogenèse se déroule en plusieurs étapes qui se suivent dans le temps : la segmentation (ou clivage), la gastrulation et l’organogenèse suivie d’une différenciation cellulaire. Si le développement anatomique, en particulier nerveux et sensorimoteur se termine à la naissance (ou éclosion), les animaux sont dits « nidifuges » ; dans le cas contraire, ils sont « nidicoles ». C’est important pour les étudiants qui veulent se spécialiser en « Vétérinaire » d’avoir ces connaissances de base pour leur future carrière.

II. 2. 3. 2. Pratique sur le terrain

Depuis mon retour au pays en 1999, j’ai eu des opportunités d’encadrer sur le terrain des étudiants, malgaches et étrangers, sur la bio-écologie des caméléons. Sur le terrain, ces étudiants sont formés en technique de recensement par la méthode de transect. Cette technique est recommandée par Jenkins et al. (1999) et elle est actuellement adoptée par plusieurs herpétologues pour le suivi-écologique (exemples, Brady & Griffiths, 2003 ; Andreone et al., 2005 ; Rabearivony et al., 2015a). En vue de fournir de plus amples informations sur cette technique, plusieurs publications dans les ouvrages sélectionnés du Volume II de ce document détaillent ce protocole de recherche sur la bio-écologie des caméléons : Jenkins et al. (1999, 2003) ; Rabearivony et al. (2007, 2015a).

En outre, cette formation pratique a été organisée de telle sorte qu’elle couvre deux saisons (été et hiver) afin de permettre aux étudiants de mieux comprendre la variation saisonnière de la 59 structure et la bio-écologie de la communauté des caméléons recensés. Tous les étudiants sont reconnus en tant qu’assistants de terrain et font partie des co-auteurs des publications relatives aux recherches effectuées (Exemples, Rabearivony et al., 2007, 2015a ; voir Volume II).

Cette démarche a été adoptée pour leur montrer l’importance de la publication qui demande une certaine responsabilité depuis le terrain dans la collecte des données et d’autre part, l’honnêteté scientifique qui exige l’authenticité des informations et l’implication de tous ceux qui participent aux études.

Souvent, en vue d’orienter les étudiants à appréhender une vision plus large dans le monde herpétologique, mes encadrements ne sont pas limités uniquement aux caméléons. En effet, en collaboration avec des experts nationaux et internationaux, plusieurs étudiants sont aussi formés en techniques standards couramment utilisées dans l’inventaire herpétologique à Madagascar telles que (1) observation directe le long d’itinéraires-échantillons ; (2) fouilles systématiques des lieux de refuges et (3) trous-pièges ou « pitfall traps ». Les grandes lignes pour ces trois principales méthodes se trouvent dans les publications du Volume II, Rabearivony et al. (2010a, 2015b).

En outre, pour cette connaissance élargie en herpétofaune, les étudiants sont aussi formés en identification et préparation de spécimens. En effet, pour quelques taxa dont leur identification est douteuse, un maximum de cinq spécimens par espèce sont fixés dans le formol à 4 % et, ensuite, préservés dans l’éthanol à 70 % pour une future confirmation d’identification dans le laboratoire du Département de la Biologie Animale (DBA), Antananarivo. Une prise de photos d’un ou de quelques individus de chaque espèce est aussi effectuée pour cataloguer leur coloration naturelle et leur variation phénotypique.

En résumé, les techniques et méthodes d’échantillonnage, ainsi que la préparation des échantillons sont plus élaborées et détaillées dans la plupart de nos publications comme dans Rabearivony et al. (2007, 2010a, 2010b, 2015a, 2015b). Elles concernent aussi bien celles utilisées spécifiquement pour les caméléons que celles pour les espèces herpétofauniques en général.

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II. 2. 3. 3. Jury à la soutenance de DEA / Master

Faisant suite à l’étude pratique sur le terrain, les étudiants sont aussi formés dans l’analyse des données aboutissant ainsi aux mémoires de Master et / ou aux publications scientifiques à l’échelle internationale. En tant qu’enseignant-chercheur au sein de la Faculté des Sciences, Université d’Antsiranana, j’ai la responsabilité de participer activement au bon fonctionnement de la formation, de l’encadrement et de la soutenance des mémoires des étudiants. Au cours de la soutenance de DEA (Diplôme d’Etudes Approfondies) ou de Master, mon rôle en tant que jury est celui de rapporteur, d’examinateur ou de président. Du 30 mai 2015 au 16 août 2019, j’ai effectué 35 interventions dont 13 fois membre de commission de lecture, six fois en tant que rapporteur, 19 fois à titre d’examinateur et neuf fois en rôle de président (Annexe 2). L’invitation de l’Université de Mahajanga en tant que « Rapporteur Externe » d’un doctorat, le 04 avril 2019, enrichira significativement mes expériences (avant la présentation de mon HDR).

II. 2. 3. 4. Assistance aux étudiants dans la publication scientifique

En tant que premier Responsable de la Mention « Sciences de la Nature et de l’Environnement (SNE), Faculté des Sciences, Université d’Antsiranana », il est de mon devoir d’encourager les étudiants en Master à contribuer activement à la publication de leurs résultats, non seulement pour leur carrière scientifique, mais aussi pour leur faire prendre conscience de l’importance du partage des informations, pour faire avancer la science et affiner les connaissances.

En ce sens, la réalisation la plus remarquable est la découverte d’une nouvelle espèce d’amphibiens, Gephyromantis angano, dans le corridor forestier d’Ampotsidy, Commune Rurale de , District de Bealanana, avec la participation effective de mes étudiants dans le Parcours GBPE (Gestion de la Biodiversité et Protection des Ecosystèmes) (Scherz et al., 2017 dans le Volume II ; Annexe 3). En collaboration avec l’un de mes étudiants du GBPE, nous avons pu soumettre un article sur le statut de conservation de caméléons dans la Nouvelle Aire Protégée du Complexe Bobaomby, extrême Nord de Madagascar (Andriantsimanarilafy et al., in prep.). Il en est de même pour un étudiant, du Parcours BAVRN (Biochimie Alimentaire et Valorisation des Ressources Naturelles), qui a eu aussi l’opportunité d’initier sa carrière dans la publication avec moi des aspects socio-culturels du Complexe Bobaomby (Rabearivony et al., in press).

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Cette publication porte principalement sur l’importance de traditions locales (y comprise l’invocation ancestrale jôro) et de tabous dans la conservation et dans la gestion du Complexe Bobaomby.

En guise de conclusion, le langage universitaire contemporain ne se repose pas seulement sur l’obtention de diplôme, mais surtout sur la publication des résultats pour informer le monde scientifique. En ce sens, mon rôle en tant qu’enseignant-chercheur est d’inciter, puis supporter les jeunes universitaires d’aller au-delà de la soutenance de Master, en leur faisant comprendre qu’en sciences « une recherche n'est formellement pas terminée tant que les résultats ne sont pas publiés ». Donc, le Master n’est pas une finalité, mais un début.

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PARTIE III : PROJETS ET PERSPECTIVES

III. 1. ANALYSE DES LACUNES

Les caméléons sont des bons indicateurs biologiques : leur composition spécifique et leur abondance varie suivant le type, la nature et l’état de l’habitat et de microhabitat (Brady & Griffiths, 1999 ; Jenkins et al., 2003 ; Rabearivony et al., 2007 ; Randrianantoandro et al., 2009). A part l’étude que nous avons réalisée à Ankarafantsika (Nord-Ouest de Madagascar), la majorité de nos efforts sont concentrés dans la forêt pluviale de l’Est. Par ailleurs, la bio-écologie des caméléons dans les aires nouvellement protégées n’est même pas entreprise dans la plupart des NAPs (Nouvelles Aires Protégées). La partie septentrionale de Madagascar, les blocs forestiers qui s’y trouvent en particulier, y compris les couloirs forestiers, est considérée comme un centre de diversité et d’endémisme des caméléons (Raxworthy & Nussbaum, 1995 ; Glaw et al., 2009, 2012 ; Prötzel et al., 2018 ; Scherz et al., 2019); elle joue aussi un rôle important dans la biogéographie de l’herpétofaune. Etant enseignant-chercheur à Antsiranana, je me sens avoir le privilège de pouvoir orienter les futures études et recherches vers les écosystèmes du Nord, plus proches de notre Université. La promotion des recherches appliquées et continues pour une utilisation directe en matière de la gestion et de la conservation sera privilégiée, notamment pour ce qui concerne les caméléons, leurs habitats naturels dans la région septentrionale de Madagascar connue comme étant le berceau de ce groupe de vertébrés. La réussite de cette gestion requiert toutefois l’implication des différentes entités, depuis la population locale jusqu’aux institutions nationales et internationales.

Cette analyse des lacunes ou des aspects de gestion et de conservation qui ne sont pas couverts par la présente étude nous incite à mettre en place de nouveaux projets et d’envisager les perspectives d’avenir.

III. 2. BIO-ECOLOGIE DES CAMELEONS SEPTENTRIONAUX

Dans le triangle de trois Régions administratives les plus proches de l’Université d’Antsiranana (DIANA, SAVA et Sofia), la richesse spécifique exceptionnelle en caméléons stipulée par Raxworthy & Nussbaum (1995) ne s’arrête pas dans les aires protégées formelles gérées par MNP (Madagascar National Parks ou ex-Association Nationale pour la Gestion des Aires Protégées) (Andreone et al., 2001 ; Raxworthy & Nussbaum, 2006 ; Glaw et al., 2012). 63

De nombreuses nouvelles espèces et / ou des espèces qui méritent une attention particulière pour la conservation se trouvent dans les aires protégées nouvellement créées. Il s’agit entre autres C. vatosoa et C. vencesei (Andreone et al., 2001 ; Rabearivony et al., 2015b), C. hafahafa (Raxworthy & Nussbaum, 2006 ; Rabearivony et al., 2010a ; Jenkins et al., 2014a), B. tristis (Glaw et al., 2012) et B. nana (Glaw et al., 2021). La préservation « in situ » de ces espèces permet aussi de sauvegarder plusieurs autres espèces de caméléons dont les statuts de conservation IUCN sont des fois, établis à partir des inventaires herpétofauniques sporadiques, nécessitant probablement des aspects bio-écologiques plus détaillés. Pour l’espèce vulnérable (VU) et endémique de la région Nord comme F. petteri, par exemple, son statut de conservation IUCN est établi sur la base des inventaires ponctuels (Rakotondravony, 2006 ; D’Cruze et al., 2007 ; Durkin et al., 2011 ; Labanowski & Lowin, 2011). Plus de recherches sont ainsi nécessaires pour mieux évaluer ses préférences écologiques, sa sensibilité aux diverses menaces et la (future) tendance de sa population (IUCN, 2020).

Par ailleurs, notre Centre Universitaire Régional de la SAVA (CURSA) sis à Antalaha, qui est une annexe de la Mention Sciences de la Nature et de l’Environnement (Faculté des Sciences, Université d’Antsiranana), nous facilite beaucoup la tâche et nos interventions dans cette zone reculée, difficile d’accès. En collaboration avec Madagasikara Voakajy (MAVOA), le CURSA et le Parcours GBPE par exemple, un de nos étudiants a pu collecter des données, à titre de stage en phénologie des plantes autochtones en pépinière dans l’aire protégée Loky-Manambato promue par Fanamby (Annexe 4). En outre, l’aire protégée Mahimborondro promue par TPF Madagascar dans la Région Sofia et la Nouvelle Aire protégée (NAP) Complexe Bobaomby par MAVOA dans la Région DIANA, sont aussi objets d’investigation de nos 15 étudiants en Master : quatre à Mahimborondro et 11 au Complexe Bobaomby (Annexe 4).

Ces travaux de recherche antérieurs sont cités ici dans l’intention de témoigner que notre projet d’étude sur la bio-écologie des caméléons septentrionaux serait réalisable et que, par ailleurs, nos expériences dans la levée de fond depuis TPF et WWF pourraient renforcer cet atout (cf. CV détaillé en Volume II).

En outre, la considération conjointe des espèces dans les aires recemment créées (après vision Durban en 2003) et celles des aires anciennement protégées permet de mieux rationnaliser la conservation et la gestion des caméléons à Madagascar.

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Mais cet argument est surtout vrai pour les caméléons du Nord, car chaque îlot forestier y recèle majoritairement au moins une espèce propre du site (Glaw et al., 2009, 2012, 2021).

III. 3. SUIVI ECOLOGIQUE

Bien que l’herpétofaune ait une spécificité écologique restreinte et soit un bon indicateur biologique, sensible au changement d’habitat et de microhabitat (Burger, 2006), la plupart des suivi-écologiques déjà entrepris à Madagascar concernent surtout les espèces emblématiques comme chez les oiseaux (René de Roland et al., 2009 ; Razafimanjato et al., 2014 ; Bamford et al., 2015) et les lémuriens (Guillera-Arroita et al., 2010 ; Mass et al., 2010). Toutefois, plusieurs espèces de caméléons sont fortement dépendantes de la forêt, et la perturbation de leurs habitats naturels affecte négativement leur abondance ainsi que leur diversité (Brady & Griffiths, 1999 ; Jenkins et al., 2003 ; Rabearivony et al., 2007). A l’encontre de ce profil cependant, rares sont les travaux concernant les suivis des caméléons, entre autres ceux de Brady & Griffiths (1999) dans le Sud-Est de Madagascar et de Randrianantoandro (2007) dans Moyen-Ouest. Par ailleurs, aucun suivi n’a été effectué dans le Nord malgré sa richesse spécifique manifeste.

Ce suivi constitue, dans le temps et dans l’espace, une longue observation permettant d’estimer les paramètres environnementaux dans le passé, le présent ainsi que leur future prédiction sur la survie des caméléons. Certes, une étude à court terme est essentielle ; mais elle pourrait présenter des artefacts qui pourraient influer cette prédiction (Wolf et al., 1987 ; Green et al., 2009). En effet, la duplication vers le Nord des études à long terme déjà entamées dans le Parc National de Ranomafana (Sud-Est) est primordiale. A l’aide de ce suivi écologique, les gestionnaires de sites dans le Nord seront informés à temps dès que le changement sur les populations de caméléons ainsi que leurs habitats apparaissent. Ces informations leur permettent ainsi de réagir immédiatement en prenant des mesures adéquates.

En outre, il y a un grand écart entre la recherche et son application dans la conservation (Toomey et al., 2017). La culture malgache sur les caméléons stipule que la blessure ou l’écrasement, même par inattention, de ces animaux pourrait entraîner une maladie grave, voire mortelle, à l’offenseur. La nécessité scientifique de conserver les caméléons en tant qu’indicateurs environnementaux sera un autre outil permettant de maximiser les impacts de cette culture conservative sur la gestion de caméléons.

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D’ailleurs, Gehring et al. (2010) ont déjà proposé, depuis une décennie, à inclure les caméléons, en l’occurrence Calumma tarzan, parmi les espèces phares de Madagascar pour mieux attirer l’attention publique sur la nécessité de leur conservation.

III. 4. DEVELOPPEMENT PARTENARIAL ET COLLABORATION

Depuis 2015, soit à un an avant mon poste du Responsable de Mention « Sciences de la Nature et de l’Environnement (SNE) », j’ai commencé à développer des relations partenariales et des collaborations en contribuant à l’élaboration du projet et assurant divers rôles comme le point focal du projet, la coordination et la supervision des activités (Tableau 10). L’Institution / Partenaire ainsi que le type / objet de collaboration sont variés. La majorité de ces collaborations offrent l’opportunité aux étudiants, en Licence ou Master, des thèmes pour leur diplôme académique.

D’ailleurs, pour une vision plus large et plus lointaine, la finalité de ce développement partenarial et collaboration est que la Mention « Sciences de la Nature et de l’Environnement (SNE) », Faculté des Sciences, Université d’Antsiranana, serve de référence pour la base de données, non seulement sur les caméléons, mais aussi sur d’autres groupes faunistiques et floristiques dans le Nord. Le problème toutefois est que cette Mention ne dispose pour le moment, d’aucun terrain d’expérimentation pour effectuer des études scientifiques. L’actuelle collaboration de la Mention et l’Association MAVOA pourrait résoudre au moins partiellement, cette situation. En effet, les deux parties ont eu un commun accord que le Complexe Bobaomby, extrême Nord de Madagascar, serait attribué à la Mention comme étant un laboratoire vivant pour les étudiants et pour les enseignants-chercheurs. D’ailleurs, cette Mention via le Parcours GBPE (Gestion de la Biodiversité et Protection des Ecosystèmes) sera aussi le co-gestionnaire de cette NAP avec MAVOA et les communautés de base. C’est dans cette optique qu’une étude à court terme, axée sur la distribution des caméléons a été effectuée conjointement par MAVOA et GBPE dans cette NAP Complexe Bobaomby. Les résultats ainsi obtenus montrent l’extension de la zone de distribution de caméléon terrestre de statut vulnérable Brookesia ebenaui (VU) vers la pointe Nord de Madagascar. Cette espèce est connue seulement, auparavant, dans quelques aires protégées du Nord, entre autres Manongarivo, Ankarana, Montagne d'Ambre et Montagne des Français (IUCN, 2020).

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Tableau 10. Evolution des relations partenariales auprès de la Mention « Sciences de la Nature et de l’Environnement » depuis 2015

Année Institution / Partenaire Type / Objet de collaboration Rôles

“Expedition Angano: Enhancing taxonomic Point focal du projet et Queen Mary University of knowledge in the Bealanana District, northern mise en œuvre des 2015-2017 London, UK Madagascar” activités de recherche

Coordination et investigations biologiques Madagascar National Parks Mise à jour du Plan d'Aménagement et de pour les espèces cibles de 2016-2018 (MNP) Nosy Hara Gestion (PAG) couvrant la période 2017-2021 conservation

Point focal, coordination Mise en place de gestion communautaire et supervision du projet The Peregrine Fund- durable de ressources forestières ligneuses de auprès de la Faculté des 2016-2018 Madagascar la NAP Mahimborondro Sciences

Transfert et suivi de la réintroduction de la 2017 Time and Tide Fondation population d'Eulemur coronatus à Nosy Ankao Coordination

Conservatoire Botanique Contribution à National de Brest (CBNB), Conservation ex et in situ des espèces végétales l’élaboration du document 2017-2020 France menacées dans la partie Nord de Madagascar de projet, point focal

Faculté des Sciences, de Technologies et de Echanges scientifiques et de personnels entre 2017-2022 l’Environnement (FSTE), les deux Facultés des Sciences (Antsiranana et Université de Mahajanga Mahajanga) Coordination

Point focal, coordination Création de la Nouvelle Aire Protégée (NAP) et supervision du projet Association Madagasikara Complexe Bobaomby, Extrême Nord de auprès de la Faculté des 2018-2023 Voakajy Madagascar Sciences

Kew Madagascar Formation des étudiants de la Faculté des Coordination et 2018 Conservation Center Sciences sur les connaissances botaniques supervision

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Cette initiative montre que la collaboration prônée dans la présente étude est fondée sur la base locale et s’étend vers le niveau régional, national et international. Sur ce, les caméléons étant des indicateurs environnementaux, ne sont que des outils ou des précurseurs, mais la finalité de cette collaboration est de préserver la biodiversité du Nord harmonieusement avec le développement de la région. C’est dans cette optique que ce développement partenarial présente un double avantage. Primo, il supporte le développement de la filière touristique dans le Nord pour diversifier davantage la source de revenu locale, tout en mieux considérant les caméléons qui ne sont autres que le deuxième attrait touristique à Madagascar après les lémuriens (Wollenberg et al., 2011). Secundo, il incite la volonté politique des dirigeants malgaches vers la conservation de ces patrimoines uniques au monde.

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CONCLUSION

Cet ouvrage résume 28 années d’expériences en bio-écologie des caméléons tout en commençant par un bref aperçu sur mon itinéraire académique et professionnel. Il synthétise, d’une part, mes activités de recherche soutenues par The Peregrine Fund Madagascar (TPF) et World Wildlife Fund (WWF) dans le domaine de la conservation et de la gestion des ressources naturelles renouvelables. D’autre part, il récapitule ma modeste contribution à la recherche sur les caméléons malgaches, endémiques de Madagascar et sensibles à la variation de l’environnement. Les travaux de formation des techniciens de terrain, de la population locale et des étudiants sont ainsi suivis de quelques perspectives pour mieux rationaliser la conservation de cette faune unique au monde.

En terme de résultats de mes encadrements, quelques impacts les plus importants de mes interventions peuvent être cités : (1) suite à ces travaux que j’ai initiés avec TPF et WWF, Tsimembo-Manambolomaty et Bemanevika ainsi que COMATSA sont actuellement inclus dans le réseau des aires protégées de Madagascar ; (2) les communautés de base (COBAs) entourant ces trois sites trouvent aussi leur maturité croissante en terme de gestion des ressources naturelles ; (3) sur la base de leur formation diversifiée, après leur Master, quelques nouveaux diplômés sont embauchés dans divers secteurs comme les ONGs environnementaux établis à Antsiranana et à Antananarivo, voire à la Banque Centrale d’Antsiranana et à l’aéroport de Nosy Be.

Quant aux caméléons, leur abondance varie suivant l’espèce, la saison et le biotope. Ainsi, parmi les cinq espèces terrestres concernées par cette étude, trois (Brookesia superciliaris, B. thieli et Palleon nasus) se trouvent à Ranomafana ; deux (B. minima et B. thieli) à Andranomay et une respectivement à Ankarafantsika (B. decaryi) et Ambodiriana (B. superciliaris), B. thieli est la moins abondante à Ranomafana à l’instar de B. minima à Andranomay. Les autres espèces sont comparativement plus abondantes. Toutes ces espèces connaissent une remarquable diminution de l’abondance, voire même absentes pendant l’hiver (cas de B. thieli à Ranomafana et B. decaryi à Ankarafantsika). Elles sont sensibles à la dégradation de l’habitat, sauf pour quelques espèces, entre autres B. superciliaris et B. thieli, qui tolèrent un degré modéré de perturbation. Quant aux caméléons arboricoles, parmi les six espèces recensées dont quatre à Vatoharanana (Calumma crypticum, C. glawi, C. nasutum et C. oshaughnessyi), Parc National de Ranomafana,

69 et trois à Ambodiriana (C. nasutum, C. p. parsonii et Furcifer pardalis), C. crypticum et C. p. parsonii sont les moins abondantes.

Calumma crypticum, une espèce associée à la bordure de la piste forestière, représente une abondance constamment faible au cœur de la forêt relativement intacte de Vatoharanana. Calumma p. parsonii et F. pardalis montrent une tendance inverse. Si la première à l’instar de C. glawi est associée à la forêt relativement intacte, la seconde montre une affinité à la régénération secondaire ou à la forêt à perturbation modérée comme C. nasutum. Les caméléons de grande taille comme C. oshaughnessyi et F. pardalis sont plus abondants pendant l’été par rapport à l’hiver. Par contre, les petites espèces comme C. glawi et C. nasutum montrent une tendance inverse marquée par un accroissement hivernal de leur abondance.

Ces données bioécologiques pourraient constituer la base scientifique exploitable disponible pour les gestionnaires de ces sites, afin d’établir un plan de conservation de la population des caméléons en tenant compte de leur histoire naturelle.

Par ailleurs, à l’échelle des micro-habitats, quatre espèces recensées à Ranomafana montrent une association particulière à la zone de 0-25 m de la rive de cours d’eau : C. gastrotaenia, C. glawi, C. nasutum et P. nasus. Les conditions de température, de l’humidité et de l’ombrage le long des rivières offrent un milieu propice à leur survie. Sur le plan plus pratique, cette importance biologique de la zone adjacente de cours (0-25 m de la rive) renforce les arguments socio- économiques du service forestier qui prohibe toutes sortes de développement dans 0-20 m de la rive en vue d’éviter le risque d’éboulement et d’ensablement de rivière par l’érosion.

En guise de conclusion, les caméléons ne sont autres que des outils, mais la finalité de mes efforts est de faire coordonner la conservation de l’environnement dans son état naturel avec le développement du bien-être. C’est la raison pour laquelle, mes travaux d’encadrement touchent des domaines variés de la conservation et de la gestion de l’environnement, et commencent dès la population locale jusqu’aux étudiants. En ce sens, jusqu’à ce que le bénéfice issu du commerce des caméléons sauvages soit davantage palpable au niveau local, cette étude considère ce trafic comme étant préjudiciable à la survie de ces reptiles.

A titre de perspective, l’orientation vers le Nord de Madagascar, centre de diversité des caméléons malgaches, des études bioécologiques et de suivi pourrait mieux rationaliser leur conservation. Ce projet exige un renforcement des relations partenariales pour sa réalisation. 70

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REFERENCE WEBOGRAPHIQUE

IUCN, 2020. The IUCN Red list of Threatened Species. . Consulté le 25 janvier 2021.

80

ANNEXES

Annexe 1. Carte montrant les sites d’intervention mentionnés dans le présent mémoire

I

Annexe 2. Participation en qualité de jury à la soutenance

N° Date Etudiant Thème Mention Parcours Niveau Rôle Contribution à l'étude chimique Bemanary et biologique d'extrait des Plantes Anatole feuilles et de tiges d'Emilia Sciences Medicinale 1 30-mai-15 Betalata humifusa DC. (Asteraceae) Chimiques (PM) DEA Examinateur Isolement d'un alcaloide parmi neuf inconnus dans les feuilles Plantes Mevalinitry d'une plante de Voacanga Sciences Medicinale 2 30-mai-15 Maximilien thouarsui (Apocynaceae) Chimiques (PM) DEA Examinateur Contribution à l'étude de la composition chimique et de l'activité antimicrobienne d'huiles essentielles de Tina Plantes Robisoa Janie striata (Sapindaceae) utilisée Sciences Medicinale 3 25-juin-15 Victoria dans le nord de Madagascar Chimiques (PM) Master Examinateur Contribution à l'étude de la composition chimique et de l'activité antimicrobienne de l'huile essentielle de Melicope Kalany Jean belahe Baillon (Rutaceae) Plantes Landry utilisée dans le nord de Sciences Medicinale 4 25-juin-15 Randrianarison Madagascar Chimiques (PM) Master Examinateur Etude des régimes alimentaires de Blanche Gouvernail (Gerres acinaces), Margueritte (Siganus sutor) et Barracuda (Sphyraena Sciences de la Examinateur et barracuda) dans la Baie de Nature et de Sciences Commission de 5 30-mars-18 Elinard Befeno Diego l'Environnement Marines (SM) Master lecture Inventaire des poissons récifaux dans la Baie de Cailloux Blancs et la Baie de Français: Richesse spécifique, densité, biomasse et Sciences de la Examinateur et Ravaoarimanan groupements trophiques et Nature et de Sciences Commission de 6 30-mars-18 a Prisca fonctionnels. l'Environnement Marines (SM) Master lecture

II

N° Date Etudiant Thème Mention Parcours Niveau Rôle

Sciences de la Examinateur et Zandrinirina Bio-écologie des mangroves Nature et de Sciences Commission de 7 30-mars-18 Bejoma Estelle dans la Baie de Diego Suarez l'Environnement Marines (SM) Master lecture Biologie, Ecologie et Gestion de la Ethnobotanique de Delonix Biodiversité et Ramanantena velutina en vue de son Sciences de la Protection des Jacques exploitation durable d'Oronjia à Nature et de Ecosystèmes 8 09-avr-18 Clertant Ramena l'Environnement (GBPE° Master Président Gestion de la Contribution à l'étude de Biodiversité et l'écologie alimentaire chez les Sciences de la Protection des Lémuriens diurnes dans le Parc Nature et de Ecosystèmes 9 09-avr-18 Sanamo Justin National Ankarana l'Environnement (GBPE° Master Président Biochimie Alimentaire et Etudes chimiques et Valorisation Nomenjanahar biologiques d'extrait des feuilles Sciences de la des Ressources Président et y Lovasoa de Cinnamosma fragrans Nature et de Naturelles Commission de 10 03-juil-18 Jaosaina (Canellaceae) l'Environnement (BAVRN) Master lecture Biochimie Alimentaire et Contribution à l'étude chimique Valorisation Ralaiarison et biologique d'extrait des Sciences de la des Ressources Président et Patrice feuilles de Stenochlaena Nature et de Naturelles Commission de 11 03-juil-18 Hermann tenuifolia (Blechnaceae) l'Environnement (BAVRN) Master lecture Biochimie Alimentaire et Valorisation Contribution à la valorisation de Sciences de la des Ressources Président et polysaccharides de Halymenia Nature et de Naturelles Commission de 12 03-juil-18 Tonissa Sergio durvillei (Rhodophyceae) l'Environnement (BAVRN) Master lecture

III

N° Date Etudiant Thème Mention Parcours Niveau Rôle Essai d'amélioration Institut d'environnement de production, Universitaire des Production technique et socioéconomique Sciences de Rurale et de la culture d'arachide dans la l'Environnement Changement Jean Jacques Commune Rurale et de la Société Climatique 13 21-sept-18 Stidio d' (IUSES) (PRCC) Master Examinateur Succession végétale, modèle Institut d'utilisation du Plateau Universitaire des Production d'Ambohibory, District Sciences de Rurale et d'Antsiranana II, Communes l'Environnement Changement Rurales d'Ankarongana, et de la Société Climatique 14 21-sept-18 Rajoby Astelin d'Antsoha et d'Anivorano (IUSES) (PRCC) Master Examinateur Institut Analyse, diagnostique et essai Universitaire des Production d'élaboration d'un référentiel Sciences de Rurale et technique d'une production l'Environnement Changement Rasoarimalala semi-industriel de miel: Cas et de la Société Climatique 15 21-sept-18 Mary Tania d'Ankarongana (IUSES) (PRCC) Master Examinateur Etude de faisabilité de la plantation des légumineuses, Institut cas de haricot (Phaseolus Universitaire des Production vulgaris L.) face aux Sciences de Rurale et Adolphe variabilités climatiques dans la l'Environnement Changement Thierry Commune Rurale et de la Société Climatique 16 21-sept-18 Princinot d'Ankarongana (IUSES) (PRCC) Master Examinateur

Inventaire des poissons récifaux Sciences de la Examinateur et dans la Baie de Cailloux Blancs Nature et de Sciences Commission de 17 20-déc-18 Rasika Stéphan et de Tonnerre. l'Environnement Marines (SM) Master lecture Etude de rendement et de Tarimanana structure en taille des produits Iangiarivoariza de captures de la pêche Sciences de la Examinateur et ndry traditionnelle et artisanale dans Nature et de Sciences Commission de 18 20-déc-18 Michelardin la Baie de Diego Suarez l'Environnement Marines (SM) Master lecture

IV

N° Date Etudiant Thème Mention Parcours Niveau Rôle Reconnaissance des flores marines, taux de recouvrement et la biomasse des macroalgues Sciences de la Razafindratsara dans la Baie de Cul de Sac de Nature et de Sciences 19 20-déc-18 Sonya Gallois et la Baie de Français l'Environnement Marines (SM) Master Président Gestion et Valorisation Métallogénie du gisement d'or Sciences de la des Ressources Examinateur et de Bestsiaka, secteur d'Ambilo, Nature et de Minérales Commission de 20 28-janv-19 Patrick Commune Rurale de Betsiaka l'Environnement (GVRM) Master lecture Ecole doctorale Valorisation des plantes "Génie du Amylacees: Utilisation des Vivant et farines de trois cultivars de Modélisation Spécialité, manioc Malagasy les plus (EDGVM)", Biochimie et Randrianantena exploités dans la Région de Université de Biotechnologie Rapporteur 21 04-avr-19 ina Antoni DIANA dans la panification Mahajanga Alimentaire Doctorat Externe Inventaire des espèces ligneuses dans la zone d'utilisation durable de la Nouvelle Aire Gestion de la Protégée Mahimborondro, en Biodiversité et vue d'une gestion Sciences de la Protection des Hernandez communautaire durable des Nature et de Ecosystèmes 22 11-avr-19 Jélot Francinel ressources naturelles. l'Environnement (GBPE° Master Encadreur Gestion de la Aperçu de la diversité des Biodiversité et oiseaux du Complexe Sciences de la Protection des Ranampy marie Bobaomby, Antsiranana II, Nature et de Ecosystèmes 23 11-avr-19 Daniella Madagascar l'Environnement (GBPE° Master Encadreur Biochimie Alimentaire et Contribution aux études Valorisation Zafinoro phytochimiques et biologiques Sciences de la des Ressources Sylviane de l'extrait des feuilles de Ficus Nature et de Naturelles 24 12-avr-19 Félicienne polita Vahl (Moraceae) l'Environnement (BAVRN) Master Président

V

N° Date Etudiant Thème Mention Parcours Niveau Rôle Biochimie Contribution à l'étude Alimentaire et phytochimique et biologique Valorisation des polysaccharides Sciences de la des Ressources Examinateur et hydrosolubles issus des feuilles Nature et de Naturelles Commission de 25 06-juin-19 Jemayel de Grewia triflora (Malvaceae) l'Environnement (BAVRN) Master lecture Biochimie La farine de manioc à chair Alimentaire et jaune: ses caractéristiques Valorisation Razafindrazana physiques et physico-chimiques Sciences de la des Ressources Examinateur et parany Blaise et nutrionnelles et son pouvoir Nature et de Naturelles Commission de 26 07-juin-19 Michelson de panification l'Environnement (BAVRN) Master lecture Biochimie Alimentaire et Valorisation Etude des polysaccharides de Sciences de la des Ressources Examinateur et trois algues brunes récoltées au Nature et de Naturelles Commission de 27 07-juin-19 Edhino Sullerot nord de Madagascar l'Environnement (BAVRN) Master lecture La farine de patate douce à Biochimie écorce blanche et à chair jaune: Alimentaire et ses caractéristiques physiques, Valorisation physico-chimiques et Sciences de la des Ressources Razafindrasoa nutritionnelles et son pouvoir de Nature et de Naturelles 28 07-juin-19 Honoria panification l'Environnement (BAVRN) Master Président Structure et distribution Gestion de la écologique de la communauté Biodiversité et batracofaunique du Complexe Sciences de la Protection des Zakia Bobaomby, Région DIANA, Nature et de Ecosystèmes 29 05-août-19 Kamardine Madagascar l'Environnement (GBPE° Master Encadreur Inventaire de Chauves-Souris Gestion de la pour la mise en place de la Biodiversité et Nouvelle Aire Protégée Sciences de la Protection des Bavary Ortega Complexe Bobaomby, Région Nature et de Ecosystèmes 30 05-août-19 Georgino DIANA, Nord de Madagascar l'Environnement (GBPE° Master Encadreur

VI

N° Date Etudiant Thème Mention Parcours Niveau Rôle Habitat et distribution des quatre espèces de plantes endémiques dans les sites à proximité de la mer du Complexe Bobaomby, extrême Nord de Madagascar, Région DIANA : Dalbergia Gestion de la suaresensis Baill. ; Adansonia Biodiversité et Midilajy suarezensis H. Perrier ; Sciences de la Protection des Soavola Diosoyros vescoi Hiern et Nature et de Ecosystèmes 31 06-août-19 Chayma Enissa Terminalia crenata Tul. l'Environnement (GBPE° Master Encadreur Gestion de la Caractérisation écologique et Biodiversité et floristique du massif forestier Sciences de la Protection des Benosy Jean dans le Complexe Bobaomby, Nature et de Ecosystèmes 32 06-août-19 Claude extrême Nord de Madagascar l'Environnement (GBPE° Master Encadreur Gestion de la Etude de la locomotion Biodiversité et Belalahy Eulemur coronatus (Gray, Sciences de la Protection des Examinateur et Tertius 1842) : Mobilité, latéralité et Nature et de Ecosystèmes Commission de 33 16-août-19 Rodriguez biomécanique de l’espèce. l'Environnement (GBPE° Master lecture Analyse de pressions anthropiques cas de Gestion de la charbonnage dans la nouvelle Biodiversité et Adakalo aire protégée montagnes des Sciences de la Protection des Hermann français, région DIANA Nature et de Ecosystèmes 34 16-août-19 Mickael Madagascar l'Environnement (GBPE° Master Président Biochimie Fabrication de shampoing Alimentaire et antipelliculaire à partir des Valorisation principes actifs de feuilles de Sciences de la des Ressources Examinateur et Andriamananja Ziziphus mauritiana Nature et de Naturelles Commission de 35 16-août-19 ra Francis (Rhamnaceae) l'Environnement (BAVRN) Master lecture

VII

Annexe 3. Nouvelle espèce d’Amphibien Gephyromantis angano découverte à Ampontsidy (Cliché pris par Scherz, 2016)

VIII

Annexe 4. Interventions antérieures de l'Université d'Antsiranana dans les Régions SAVA, SOFIA et DIANA

N° Etudiant Thème NAP Région Promoteur

1 Suivi de la croissance de Baobab en pépinière dans la Nouvelle Aire Protégée Randriamanantena de Loky-Manambato, District de Romual Vohémar Loky-Manambato SAVA Fanamby

2 Abondance et distribution altitudinale des espèces herpétofauniques dans le Corridor Razafimandimby d'Ampontsidy, Commune Rurale de Elidiot Beandrarezona, District de Bealanana Mahimborondro Sofia TPF

3 Influence de la lisière sur la distribution spatiale des espèces herpétofauniques dans le Corridor forestier d'Ampontsidy, Nomenjanahary Commune Rurale de Beandrarezona, Denise Herizo District de Bealanana Mahimborondro Sofia TPF

4 Inventaire des espèces ligneuses dans la Zone d’Utilisation Durable de la Nouvelle Aire Protégée Mahimborondro, en vue Hernandez Jélot d’une gestion communautaire durable des Francinel ressources naturelles» Mahimborondro Sofia TPF

5 Etude sur le stock de bois dans la Nouvelle Aire Protégée de Randriantsoa Erina Mahimborondro, District de Bealanana Mahimborondro Sofia TPF

6 Distribution des espèces batracofauniques dans le Complexe Bobaomby, Complexe Zakia Kamardine Antsiranana II Bobaomby DIANA MAVOA

IX

7 Hernandez Jélot Complexe Franscenel Bobaomby DIANA MAVOA *

8 Etude de la distribution et l’état de la Samsia Jaozanaka population des caméléons dans le Complexe Nasoro Complexe Bobaomby, Antsiranana II Bobaomby DIANA MAVOA

9 Inventaire de Chauve-Souris pour la mise Bavary Ortega en place de la Nouvelle Aire Protégée Complexe Georgino Complexe Bobaomby, Antsiranana II Bobaomby DIANA MAVOA

10 Inventaire de micromammifères en vue de la délimitation de Nouvelle Aire Protégée Complexe Soazara Fatouma Complexe Bobaomby, Antsiranana II Bobaomby DIANA MAVOA

11 Aperçu de la diversité des oiseaux du Ranampy Marie Complexe Bobaomby, Antsiranana II, Complexe Daniella Madagascar Bobaomby DIANA MAVOA

12 Habitat et distribution des quatre espèces endémiques dans les sites à proximité de la mer du Complexe Bobaomby, extrême nord de Madagascar, Région DIANA: Dalbergia suaresensis Baill. ; Adansonia Midilajy Soavola suarezensis H. Perrier ; Diosoyros vescoi Complexe Chayma Enissa Hiern et Terminalia crenata Tul. Bobaomby DIANA MAVOA

13 Caractérisation floristique et structurale Benosy Jean de Nouvelle Aire Protégée Complexe Complexe Claude Bobaomby, Antsiranana II. Bobaomby DIANA MAVOA

14 Dynamique de la population d'Eulemur coronatus (Gray, 1842) et évaluation des Laony Auguste menaces dans le Complexe Bobaomby, Complexe Benjamin extrême nord de Madagascar Bobaomby DIANA MAVOA

15 Caractérisation Ecologique de la Végétation à Baobab (Adansonia Soavinjara suarenzensis H. Perrier) dans le Complexe Datsune Complexe Bobaomby, Région DIANA Bobaomby DIANA MAVOA

X

16 Distribution de la faune reptilienne dans Complexe Santatra Arimala le Complexe Bobaomby, Antsiranana II Bobaomby DIANA MAVOA

17 Complexe Edhino Sullerot Bobaomby DIANA MAVOA*

18 Ralaiarison Patrice Complexe Hermann Bobaomby DIANA MAVOA*

NAP = Nouvelle Aire Protégée ; SAVA = Sambava, Antalaha, Vohémar et Andapa ; DIANA = Diego, Ambilobe, Nosy-Be et Ambanja ; TPF = The Peregrine Fund Madagascar ; MAVOA = Madagasikara Voakajy ; *: Données non pour Master mais pour expériences scientifiques ou ultérieurement pour doctorat

XI