La Béotie Et La Mer Leandro Coste
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La Béotie et la mer Leandro Coste To cite this version: Leandro Coste. La Béotie et la mer. Histoire. 2019. dumas-02477155 HAL Id: dumas-02477155 https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-02477155 Submitted on 13 Feb 2020 HAL is a multi-disciplinary open access L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est archive for the deposit and dissemination of sci- destinée au dépôt et à la diffusion de documents entific research documents, whether they are pub- scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, lished or not. The documents may come from émanant des établissements d’enseignement et de teaching and research institutions in France or recherche français ou étrangers, des laboratoires abroad, or from public or private research centers. publics ou privés. 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En premier lieu, je souhaite exprimer toute ma gratitude à mon directeur M. Christophe Chandezon. Dès mes années de licence d’Histoire, j’ai toujours eu réponse à mes sollicitations, m’aiguillant notamment dans mon intérêt naissant pour la Béotie, jusqu’à me proposer ce sujet. Les deux années suivantes, j’ai toujours pu compter sur sa patience et son soutien pour mon mémoire, mais également pour des matières plus diverses telles que le stage ou en me donnant des lettres de recommandations lorsque j’en ai eu besoin. Pour cela et tout le reste, qu’il soit chaleureusement remercié. Mme Hélène Ménard, qui a offert à plusieurs élèves de notre promotion l’opportunité de présenter notre sujet devant les étudiants de M1. Ses conseils m’ont été fort utiles tout comme ses recommandations bibliographiques. Je pense ensuite aux élèves qui étaient en cours avec moi au cours de ces deux années de Master. J’ai une pensée notamment pour Amandine et Raphaël, avec qui j’ai partagé l’essentiel des trajets quotidiens entre Béziers et Montpellier, et Florian, dont la présence en bibliothèque au cours des mois de rédaction fut source de motivation. Je remercie également Axel et Dounia qui, outre de nombreux conseils, m’ont offert leur aide, respectivement pour la conception de cartes et pour des traductions grecques. Enfin, je dois remercier de tout mon cœur Sam, Nina, Étienne et Hélène, pour avoir relu ce mémoire et contribué à l’améliorer par leurs nombreuses remarques. 3 Sauf indication contraire, toutes les dates mentionnées dans ce mémoire doivent être entendues comme étant « avant J.C. ». 4 Introduction Les Grecs sont généralement présentés comme un peuple de marins et si cette image est à nuancer1, il est indéniable que les Grecs ont côtoyé la mer comme peu de leurs contemporains. De cette culture de la mer, l’Athénien serait le modèle et, comme dans de nombreux cas, le Béotien ferait figure d’antithèse. L’étude de la Béotie par le prisme de la mer peut en effet sembler paradoxale tant elle transparaît comme une région terrestre. La Béotie dispose d’espaces propices aux pratiques agricoles tant autour de Thèbes et de sa plaine Ténérique que sur les berges du lac du Copaïs. Elle apparaît alors comme un pays bien plus fertile que l’Attique2, sa voisine orientale, et dispose en conséquence d’une riche aristocratie foncière avec une culture équestre développée3. De cet attachement à la terre et ses valeurs associées, le meilleur exemple est assurément Hésiode dont la vie est rythmée par le travail des champs dans le respect des dieux. Pourtant, la mer est bien présente en Béotie, par deux fois même. Celle-ci dispose d’un littoral sur le golfe de Corinthe au sud, et d’un autre au nord sur le canal d’Eubée, ce dernier étant lui-même divisé en deux parties par le détroit de l’Euripe, entre le continent et l’île d’Eubée. Si la position de la Béotie vis-à-vis de la mer a souvent été négligée par les Modernes et les Anciens, elle ne l’a pas toujours été, comme on peut notamment le voir chez Éphore de Cumes, cité par Strabon, qui déclare que « la supériorité de la Béotie sur les pays limitrophes réside à la fois dans cette fertilité et dans le fait que, seule, elle est baignée par trois mers et dispose de ports en plus grand nombre »4. Il s’agit alors de déterminer quelle peut être la relation de la Béotie à son littoral, et plus largement à la mer. 1 Voir CORVISIER J. N., Les Grecs et la mer, p. 9. 2 Comme le note Strabon, Géographie, IX, 2, 1. 3 On peut notamment voir GARTLAND S. D., Geography and History in Boeotia, p. 58-61. 4 Strabon, IX, 2, 2 : « Ἔφορος δὲ καὶ ταύτῃ κρείττω τὴν Βοιωτίαν ἀποφαίνει τῶν ὁμόρων ἐθνῶν καὶ ὅτι μόνη τριθάλαττός ἐστι καὶ λιμένων εὐπορεῖ πλειόνων ». 5 La Béotie en Grèce centrale5 La Béotie est une région historique de la Grèce mais il s’agit ici de préciser ce qui la définit. Pour ce faire, il est possible de s’appuyer sur la définition des Béotiens que propose Henri van Effenterre6 : « Au sens banal, c’étaient les habitants des diverses cités de la Béotie, groupées par moment en Confédération ». Cette définition a pour qualité d’être la plus simplificatrice possible tout en restant en tout point véridique. Ainsi, en suivant la réciproque de ce raisonnement, on pourrait logiquement définir la Béotie en disant qu’il s’agit de la région7 habitée par les Béotiens parfois groupés en Confédération. Définir la Béotie par ses habitants fait particulièrement sens car ce sont eux qui ont donné leur nom à la région et non l’inverse : « Béotien » serait un ethnique porté par les envahisseurs Doriens8 tel que le rapporte Thucydide9. Si l’on admet que la Béotie est la région habitée par les Béotiens, il faut se demander où habitent les Béotiens. Face à cette question émergent deux réponses, représentant deux réalités distinctes. 5 Carte en domaine public pouvant être trouvée sur https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Ancient_Regions_Central_Greece.png (visité le 11/08/19). 6 Les Béotiens, p. 31, où il ne s’agit en réalité que du point de départ d’une réflexion plus large permettant d’envisager les multiples réalités qui se cachent derrière le terme. 7 Cette définition toute personnelle repose sur une réciproque artificielle : la notion de « cité » a disparu au profit de celle de « région », sémantiquement plus unificatrice. C’était néanmoins une nécessité pour ne pas définir la Béotie comme étant toutes les cités où vivent des Béotiens, Plutarque vivant à Delphes n’a pas fait de celle-ci un sanctuaire béotien. 8 GIOVANNINI A., Étude historique sur les origines du catalogue des vaisseaux, p. 46-47. 9 I, 12. 6 Une première Béotie « historique » apparaît fixe, figée par la tradition et unie par des traits culturels. Ses frontières sont relativement bien établies : au sud-est, la frontière part du golfe de Corinthe en suivant les monts du Cithéron qui séparent la Béotie de la Mégaride et rejoint alors le massif du Parnès qui délimite la frontière avec l’Attique. La séparation entre la Béotie et la région d’Oropos est elle plus floue : elle prend la forme d’une zone de confins sud-nord descendant du Parnès vers le golfe d’Eubée et rejoignant à peu près l’embouchure de l’Asopos. Au sud-ouest, la frontière passe par le versant occidental de l’Hélicon, la Phocide étant au-delà dans la vallée du Parnasse. Puis cette frontière forme une boucle qui englobe le lac du Copaïs et les cités le bordant, la Locride orientale se trouvant au nord, séparée par le petit massif du Chlomo. Au nord et au sud, le golfe d’Eubée et le golfe de Corinthe constituent des frontières naturelles. Il s’agit des limites de la Béotie historique que l’on retrouve déjà en partie dans le Catalogue des Vaisseaux d’Homère10 et qui présente quelques traits homogènes tels que son dialecte béotien. La région fait dans les 2 000 km², avec environ 50 kilomètres dans l’axe sud-ouest/nord-est11 et autant dans l’axe sud-est/nord- ouest12. Œuvre non reproduite par respect du droit d’auteur La Béotie et ses frontières historiques13 10 Iliade, II, v. 484-516, Homère y distingue cependant les Béotiens des Minyens, dans la région d’Orchomène. 11 La distance à vol d’oiseau entre Creusis et Chalcis. 12 Entre Platées et Chéronée. 13 BALADIÉ R., Strabon Géographie IX, Cartes (hors texte). Carte modifiée personnellement. 7 Face à cette définition existe une deuxième réalité de la Béotie, politique cette fois-ci : c’est la Confédération béotienne, qui a existé de façon quasi-continue entre le Ve et la première moitié du IIe siècle avant J. C. Il s’agit d’un Koinon, une communauté de cités partageant des institutions, des lois, une monnaie, des fêtes et donc une identité commune. C’est un vecteur identitaire fort qui a valeur tant en Béotie qu’à l’extérieur faisant de la qualité de « Béotien » un synonyme récurrent de « citoyen du Koinon des Béotiens ».