La Campanie préhistorique

La Campanie préhistorique Voyage d’études 23-29 mars 2020

Delia Carloni, Tara Steimer & Marie Besse & Adrien Berthod Céline Gür Hector Louis Chaves Ilham Berset José-Fernando Antonio Pettina Mila Courlet Myriam Narom Ifriquia Bensaïd Romain Patrick Guy Briffaz Solène Béday Stéphane Hugues Tschanz Virginie Yvonne Monnet

1 La brochure

Cette brochure a été réalisée dans le cadre des Travaux Pratiques de Préhistoire Régionale 2019/2020 du Laboratoire d’archéologie préhistorique et anthropologie (Institut Forel, Sciences de la Terre et de l’environnement) de l’Université de Genève. Ella a pour but notamment d’accompagner les participants au voyage d’études en archéologie préhistorique organisé en Campanie (Italie) du 23 au 29 mars 2020.

Textes Delia Carloni, Tara Steimer & Marie Besse & Adrien Berthod Céline Gür Hector Louis Chaves Ilham Berset José-Fernando Antonio Pettina Mila Courlet Myriam Narom Ifriquia Bensaïd Romain Patrick Guy Briffaz Solène Béday Stéphane Hugues Tschanz Virginie Yvonne Monnet

Couverture Delia Carloni

Mise en page Delia Carloni

Genève le 24 février 2020

2 Programme

Lundi 23 mars 2020 10h – Rendez-vous à l’Aéroport de Genève (zone des départs) 13h20-15h05 – Déplacement en avion Genève-Naples avec Easyjet 15h45 – Déplacement en minibus au Musée Archéologique National de Naples 16h30 – Visite guidée du Musée avec un spécialiste 19h – Déplacement en minibus de Naples à Salerno 20h – Arrivée à l’hébergement (Salerno) 20h30 – Dîner

Mardi 24 mars 2020 8h40-10h50 – Déplacement en bateau jusqu’à 11h-12h – Visite du site archéologique 12h-13h – Pique-nique 13h-14h30 – Visite du Musée 14h30-15h – Arrêt Hotel Quisisana 16h25-18h50 – Retour en bateau à Salerno 20h00 – Dîner

Mercredi 25 mars 2020 8h30 – Déplacement en minibus aux Grotte di Castelcivita 10h30-11h30 – Visite des Grotte di Castelcivita 11h30-11h45 – Trajet à pied jusqu’à Area Picnic Ischia di Pietratonda (si ouverte dans le mois de mars) 11h45-12h45 – Pique-nique 12h45-13h – Trajet à pied jusqu’aux Grotte di Castelcivita 13h – Déplacement en minibus jusqu’au Parc Archéologique de Paestum 14h-16h30 – Visite du Musée Archéologique et des temples grecques 16h30 – Déplacement en minibus jusqu’à Salerno 20h00 – Dîner

Jeudi 26 mars 2020 8h30 – Déplacement en minibus aux Grotte di Pertosa-Auletta 10h-11h40 – Visite des Grotte di Pertosa-Auletta 11h40-12h40 – Pique-nique 12h40 – Déplacement en minibus jusqu’au Museo Speleo-archeologico 13h-14h30 – Visite du Musée

3 14h30 – Déplacement jusqu’au Musée Archéologique de Sala Consilina 15h-16h30 – Visite du Musée 16h30 – Déplacement en minibus jusqu’à Salerno 20h00 – Dîner

Vendredi 27 mars 2020 8h30 – Déplacement en minibus à Nola 9h30 – Visite de l’emplacement du village préhistorique Croce del Papa et du Musée Historique Archéologique de Nola 11h30 – Déplacement en minibus jusqu’au Parc Archéologique de Longola (Poggiomarino) 12h-13h – Pique-nique 13-14h30 – Visite du Parc 14h30 – Déplacement en minibus jusqu’à Pontecagnano 15h30-17h – Visite du Musée Archéologique de Pontecagnano 17h – Déplacement en minibus jusqu’à Salerno 20h00 – Dîner

Samedi 28 mars 2020 8h30 – Déplacement en minibus jusqu’au Parc National du Vésuve 10h-11h – Visite guidée du Vésuve avec un spécialiste 11h – Déplacement en minibus jusqu’au Parc Archéologique de Pompei 12h-13h – Pique-nique 13h-17h – Visite guidée au Parc Archéologique de Pompei avec un spécialiste. 17h – Déplacement en minibus jusqu’à Salerno 20h00 – Dîner

Dimanche 29 mars 2020 7h00 – Déplacement en minibus jusqu’à l’Aéroport de Naples 10h30-12h15 – Retour en avion Naples-Genève avec Easyjet

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Carte de situation de la Campanie en Italie (®Google Maps Satellite view)

5 Liste des sites et des musées par ordre de visite

1. Musée Archéologique National de Naples – 2. Grotta delle Felci 3. Hotel Quisisana 4. Musée Ignazio Cerio 5. Grotte di Castelcivita 6. Parc Archéologique de Paestum – temples grecques 7. Musée Archéologique de Paestum – nécropole du faciès Gaudo 8. Grotte di Pertosa-Auletta 9. Museo Speleo-archeologico 10. Musée Archéologique de Sala Consilina – nécropole villanovien du Premier âge du Fer 11. Nola Croce del Papa et Musée Historique Archéologique de Nola 12. Parc Archéologique de Longola (Poggiomarino) 13. Musée Archéologique de Pontecagnano – nécropole du faciès Gaudo 14. Musée Archéologique de Pontecagnano – nécropole villanovien du Premier âge du Fer, tombes de la Deuxième âge du Fer 15. Cône du Vésuve 16. Parc Archéologique de Pompéi

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Carte de la Campanie avec la localisation des sites et des musées présentés par les étudiant.e.s. Élaboration graphique : D. Carloni.

7 Participant-e-s

Étudiant-e-s Adrien Berthod Agnès Déthiollaz Anaïs Irène Viranyi Céline Gür Hector Louis Chaves Ilham Berset José-Fernando Antonio Pettina Mila Courlet Myriam Narom Ifriquia Bensaïd Romain Patrick Guy Briffaz Solène Béday Stéphane Hugues Tschanz Virginie Yvonne Monnet

Étudiant-e-s en Master Grégory Christinaz Asaea Barra Amélie Guillo

Organisation Marie Besse, professeure Delia Carloni, doctorante

Soutiens Université de Genève – Faculté de Science

Université de Genève – Faculté des Lettres

Université de Genève – Laboratoire d’archéologie préhistorique et anthropologie

8 Informations pratiques

Cordonnées

Via dei Canali

84121 Salerno SA, Italia

Tél. +39089234776

Emal [email protected]

Urgences Pour nous contacter

Delia Carloni +393280864034 (Italie) +41762579272 (Suisse)

Marie Besse +41795070332

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Urgences en Italie Tél. 113 - Police d'État Tél. 115 – Pompiers Tél. 118 - Urgences sanitaires – Ambulances Tél. 1530 - Garde côtière - Secours maritime

9 Sommaire

La géologie ...... 13

1. Zones montagneuses ...... 13 2. Zones de plaines ...... 14 3. Zones côtières et îles ...... 15 4. Zones volcaniques ...... 15 5. Vue d’ensemble ...... 15

Le paléoenvironnement au Pléistocène ...... 17

1. Contexte ...... 17 2. Pléistocène inférieur ...... 18 3. Pléistocène moyen ...... 19 4. Utilisation des micromammifères insectivores pour une approche des paléoenvironnements (fin du Pléistocène moyen et Pléistocène supérieur) ...... 21 5. Pléistocène supérieur dans les Appennins ...... 22

Le paléoenvironnement à l’Holocène ...... 24

1. Le paléoenvironnement en Europe pendant l’Holocène ...... 24 2. Le paléoenvironnement en Campanie pendant l'Holocène ...... 24 2.1 Le climat en Campanie pendant l'Holocène ...... 24 2.2 La faune en Campanie pendant l'Holocène ...... 25 2.3 La flore en Campanie pendant l'Holocène ...... 25 3. Conclusion...... 25

Le Paléolithique inférieur ...... 27

1. L’Italie au Paléolithique inférieur ...... 27 1.1. Climat et paysage italiens au Paléolithique inférieur ...... 27 1.2 Perspective générale sur le peuplement humain de l’Italie au Paléolithique inférieur ...... 27 1.3 La diachronie des peuplements humains ...... 27 1.3.1 Pebble culture ...... 28 1.3.2 Tayacien et Clactonien ...... 28 1.3.3 Acheuléen ...... 28 2. Le Paléolithique inférieur en Italie centrale et méridionale, versant tyrrhénien ...... 28 2.1 Acheuléen ancien ...... 28 2.1.1 Fontana Ranuccio ...... 29 2.1.2 Cala Bianca ...... 29

10 2.2 Acheuléen évolué ...... 29

Le Paléolithique moyen ...... 31

1. Contexte climato-chronologique...... 31 2. Homme de Neandertal ...... 31 2.1 Organisation des sociétés ...... 32 2.2 Subsistance et économie ...... 33 2.3 Habitats ...... 33 2.4 Traitement des morts ...... 33 3. L’industrie lithique type Levallois ...... 34 4. Sites de Campanie et de Calabre...... 34

Le Paléolithique supérieur ...... 35

1. Le contexte humain ...... 35 2. La période de transition ...... 35 3. L’Aurignacien (du site français d’Aurignac) ...... 36 4. Le Gravettien ...... 36 5. Le Solutréen ...... 37 6. Le Magdalénien ...... 37

Le Mésolithique ...... 40

Le Néolithique ...... 43

1. Les structures architecturales ...... 43 2. L’économie ...... 43 3. Les cultures matérielles ...... 44 3.1 La céramique ...... 44 3.2 L’industrie lithique polie ...... 45 4. Les idéologies ...... 45 4.1 Le funéraire ...... 45 4.2 La religion, les cultes et les symboles ...... 45

L’âge du Cuivre ...... 47

1. Énéolithique initial ...... 47 2. Énéolithique ancien 1 ...... 47 3. Énéolithique ancien 2 ...... 47 4. Énéolithique moyen ...... 48 5. Énéolithique tardif ...... 49

11 L’âge du Bronze ...... 51

1. Les premières phases de l’âge du Bronze ...... 51 1.1 Faciès de Laterza-Cellino San Marco ...... 51 1.2 Faciès de Palma ...... 51 2. Le Bronze moyen ...... 52 2.1 Culture protoappenninica ...... 52 2.2 Culture appenninica...... 52 3. Le Bronze récent ...... 53 4. Le Bronze final et la transition vers l’âge du Fer ...... 53

Le Premier âge du Fer ...... 54

1. La culture Villanovienne ...... 54 1.1 L’industrie métallurgique de la culture villanovienne ...... 55 1.2 Faciès de Palma Campania ...... 55 2. La culture des tombes à fosse ...... 55 3. La culture de Oliveto-Cairano ...... 56

Fiches des sites ...... 57

Hotel Quisisana, Capri ...... 58 Grotta di Castelcivita ...... 62 Grotta delle Felci, Capri ...... 71 La nécropole énéolithique de Gaudo (Paestum) ...... 77 La nécropole énéolithique de Pontecagnano ...... 84 Nola, Croce del Papa ...... 89 Grotta di Pertosa ...... 94 Longola di Poggiomarino ...... 100 L’ensemble funéraire de l’âge du Fer de Sala Consilina...... 111

12 La géologie Mila COURLET

La géologie de la Campanie est très complexe et variée (Lippman-Provansal, 2014). Du point de vue géographique, cette région se compose de deux zones montagneuses (la chaine des Apennins et les Monts Lattari), d’une côte et d’une zone insulaire dans la mer Tyrrhénienne, de zones de plaines inondables comme la Piana Campana et la Piana del Sele. Mais la région est surtout caractérisée par ses quatre centres volcaniques : le Roccamonfina, le Vésuve, les Champs Phlégréens et le complexe volcanique de l’île d’Ischia. Chacune de ces zones présente une structure géologique et stratigraphique qui lui est propre bien qu’elles aient eu un impact morpho-géologique les unes sur les autres. Ces particularités en font une région d’une grande complexité et richesse géologique. Nous allons nous intéresser à la géologie et à la lithologie de chaque zone indépendamment des autres afin d’en tirer des conclusions sur la structure géologique de l’ensemble de la région.

1. Zones montagneuses

Les massifs montagneux de la Campanie ont une composition essentiellement calcaire (Monti et al., 2006). De manière générale, la chaine des Apennins a des dépôts stratigraphiques de sédiments ainsi qu’une grande succession de carbonate mésozoïques (Monti et al., 2006) recouvert d’une couche détritique (roche sédimentaire) (Lippman-Provansal, 2014). Si l’on se penche plus précisément sur une des montagnes des Apennins, le Mont Cervati, qui est le point culminant de la chaine, nous constatons l’importance du retrait des glaciers ainsi que des matières issues des volcans dans la formation des séries stratigraphiques des montagnes de Campanie. Sur cette montagne en effet, un glacier wurmien a marqué l’évolution morphologique de la vallée : des moraines se sont formées lors de deux stades de retrait qui souligne une période froide et humide du Dryas (Fig. 1) (Lippman-Provansal, 2014).

Figure 1 – Stratigraphie du Mont Cervati. II.1. Tardiglaciaire et Holocène : 1. Substrat calcaire - 2. Substrat marneux - 3. Moraine du maximum glaciaire - 4. Blocs erratiques - 5. Moraine du premier stade de retrait - 6. Moraine du deuxième stade de retrait et cône proglaciaire (Lippman-Provansal, 2014).

13 La stratigraphie supérieure des montagnes de Campanie est donc marquée par les glaciations et les déglaciations de l’Holocène ainsi que par les dépôts venant des environs des montagnes comme les dépôts volcaniques.

2. Zones de plaines

Les plaines de la région Campanie présentent plusieurs milliers de mètres de dépôts marins, fluviaux, clastiques et volcaniques. Par exemple, la plaine du Sélé est majoritairement composée de dépôt marin du Pliocène inférieur, de dépôts argileux-graveleux du Pléistocène moyen et de dépôts côtier sableux, argileux et calcaire datant du Pléistocène supérieur et de l’Holocène (Fig. 2). La plaine est également caractérisée par la présence de travertins (Monti et al., 2006).

Figure 2 – Stratigraphie de la plaine du Sele. Coupe 1.1. : 1. Substratum - 2. Alluvions et travertins anciens (RissWürm ?) - 3. Dunes et sables littoraux tyrrhéniens - 4. Nappe alluviale würmienne et tardiglaciaire - 5. Argiles noires lagunaires boréales - 6. Travertins et limons lagunaires atlantiques - 7. Remblaiement lagunaire historique - 8. Dunes historiques et actuelles. Coupe 1.2. : 1. Cônes détritiques tardi-würmiens - 2. Tufs volcaniques gris - 3. Argiles noires - 4. Alluvions sablo-limoneuses - 5. Travertins - 6. Poches karstiques remblayées de terra-rossa - 7. Tufs volcaniques jaunes - 8. Travertins lithochromes - 9. Travertins à lits détritiques - 10. Colluvions à industries de l’âge du Bronze - 11. Colluvions à poteries de l’âge classique (Lippman-provansal, 2014).

3. Zones côtières et îles

Les côtes et les îles de Campanie font partie de la zone Tyrrhénienne. Cette zone est constituée d’une croute continentale et dans certaines zones d’une croute océanique (Monti et al., 2006). Durant la période post-glaciaire datée entre 5500 ans BP et 2500 BP, ces croutes ont été recouverte de dépôts éoliens qui se sont formés le long des côtes, des dépôts de travertins se sont développés et la concentration de carbonate de calcium a augmenté dans les sols des côtes de la région Campanie (Di Vito, 2013).

14 4. Zones volcaniques

La Campanie est une région touchée par le dépôt de nombreuses éruptions volcaniques (Di Vito, 2013) : des matériaux pyroclastiques sont présent dans les sols ce qui a provoqué des couches de lahar ainsi que des épisodes d’inondation dans les plaines qui entourent les volcans. Cependant, ces plaines, comme la zone de Nola par exemple, grâces aux matières issues des volcans, sont restées très fertiles et faciles à cultiver ce qui explique la concentration d’habitants autour des volcans durant la Préhistoire (Di Vito, 2013).

Nous allons prendre l’exemple de deux éruptions pliniennes qui ont marqué la géologie de la Campanie (Di Vito, 2013). L’éruption Agnano-Monte Spina du centre volcanique des Champs Phlegréens (4550 ans BP) a laissé un dépôt qui a recouvert une superficie de 1000 km2. Ce dépôt se compose d’un niveau de cendre et de ponces recouvert par des dépôts alluviaux post-éruptifs. L’éruption Punces d’Avellino du Somma-Vésuve (3950 BP) a provoqué une forte déstabilisation hydrogéologique de la zone entourant le volcan avec un dépôt pyroclastique qui a recouvert la plaine alentour.

5. Vue d’ensemble

La région compte la présence des différentes lithologies dans ses frontières (Fig. 3). Les complexes lithologiques suivants peuvent être observés (Monti et al., 2006) :

1. Complexe détritique (non cartographié, Fig. 3) comprenant des dépôts de débris meubles, cimentés et/ou pseudo-cohésifs trouvés le long des pentes structurelles et/ou lithostructurelles des unités géologiques préquaternaires. Ce complexe comprend également les dépôts éluviaux-colluviaux et les revêtements pyroclastiques de sommet et de pente.

2. Complexe alluvial de sédiments limono-argileux et sablo-conglomérés des bassins intra-alpins et côtiers du quaternaire, comprenant des lithofaciès limono-argileux, sablo-graveleux, marins et continentaux, parfois à composante pyroclastique prédominante, ainsi que des inondations récentes et actuelles.

3. Complexe volcanique comprenant des dépôts volcaniques-clastiques d’une importance considérable au Quaternaire.

4. Complexe arenacé-marneux-conglomérat comprenant une succession turbiditique.

5. Complexe argilo-sableux et conglomérat consistant en une alternance de conglomérats, de sable et d'argiles sableuses avec différents degrés d'épaississement et/ou de cimentation.

6. Complexe calcaire-marneux et arénacé-marneux-conglomérat comprenant des unités calcaires et terrigènes caractérisées par des lithofaciès très variables dans l’espace.

7. Complexe argileux-calcaire-argileux constitué d'une succession d'argiles polychromes, de calcaires et d'argiles et de grès rouge-calcaire ; ce complexe peut comprendre des lithologies et/ou des successions lithologiques principalement argileuses et marno-calcaires.

8. Complexe carbonaté ; comprenant principalement tous les lithotypes calcaires-dolomitiques des successions de plates-formes (plates-formes Campanie-Lucanie et Abruzzes-Campanie) ; au sein des Apennins campaniens, ils constituent d'importantes morphostructures hydrogéologiques. Les endroits sont intensément fracturés et coupés par de nombreux systèmes de failles avec une tendance prédominante Apennine et anti-Apennine.

9. Complexe argileux et argilo-calcaire comprenant les successions argilo-marneuses et marno- calcarénitiques avec des caractéristiques rhéologiques principalement de type "plastique" d'importance régionale pour l'extension des affleurements et la position géométrique.

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Figure 3 – Principaux complexes lithologiques de la région Campanie (Monti et al., 2006).

Références

Lippmann-Provansal, M., 2014. Dynamiques géomorphologiques holocènes en Campanie (Italie méridionale), in: Courtin, J., Guilaine, J., Roudil, J.-L., Vernet, J.-L. (éds.), Premières Communautés Paysannes En Méditerranée Occidentale : Actes Du Colloque International Du CNRS (Montpellier, 26-29 Avril 1983), Histoire. CNRS Éditions, Paris, 53–59.

Monti, L., d’Elia, G., Toccaceli, R.M., n.d. 2006. Analisi del dissesto da frana in Campania. Struttura operativa Regione Campania, 509–533.

Di Vito M., 2013. L’approccio geologico allo studio dell’interazione tra attività vulcanica e vita dell’uomo: esempi dalla Campania. Amato V. Le variazioni climatiche dell’Olocene: esempi di cambiamenti morfo- sedimentari desunti dal record archeo-tephro-stratigrafico della Campania (41°N, Italia meridionale). L’impatto delle eruzioni vulcaniche sul paezzagio, sull’ambiente e sugli insediamenti umani - approcchi multidisciplinari di tipo geologico, archeologico e bilogico. 2013. Numéro 18, 9–13 et 50–56.

16 Le paléoenvironnement au Pléistocène Romain, BRIFFAZ

Le Pléistocène est la première époque géologique du Quaternaire. Cette ère est précédée par le Pliocène et suivit par l’Holocène (Fig. 1). Elle débute il y a 2.58 Ma jusqu’à la fin du Paléolithique soit environ 11’700 ans BP Cette époque couvre presque toutes les glaciations récentes (International Commission on Stratigraphy).

Le Pléistocène est subdivisé en trois « sous-époques géologiques » :

 Le Pléistocène inférieur (2.58 Ma à 781’000 ans BP) est lui-même subdivisé en deux étages géologiques qui sont le Gélasien (2.58 Ma – 1.80 Ma BP) puis le Calabrien, (1.80 Ma – 781’000 ans BP) dont la fin est définie par la dernière inversion du champ magnétique terrestre : l’inversion Brunhes-Matuyama.

 Le Pléistocène moyen ou « Ionien » (781’000 à 126’000 ans BP)  Le Pléistocène supérieur ou « Tarentien » (126’000 à 11’700 ans BP)

Figure 1 – Échelle des temps géologiques englobant l’histoire de la Terre et de ses origines (International Commission on Stratigraphy).

Pour l’étude du paléoenvironnement au Pléistocène, nous allons concentrer nos recherches sur la région de l’Europe actuelle en nous attardant plus particulièrement à l’Italie et à sa région sud, la Campanie. Nous pourrons ansi proposer une description régionale du climat et du paysage.

1. Contexte

Au Pléistocène le climat est caractérisé par des cycles de glaciation (Palma di Cesnola, 1996). Dans la région des Alpes, quatre glaciations majeures ont été identifiées. Celle de Günz, Mindel, Riss et de Würm. Elles sont toutes séparées par des périodes interglaciaires. Lors de l’extension maximale des glaces, 30% de la surface de la Terre était couverte par la glace. Dans l’hémisphère nord de nombreux glaciers fusionnent pour former des glaciers continentaux. Dans nos régions, les glaciers alpins descendaient jusqu’à Lyon.

17 En Italie, l’actuelle plaine de la Padanie constitue, au Pléistocène inférieur, un golf marin pénétrant profondément dans l’Italie continentale (Palma di Cesnola, 1996). Plusieurs bassins internes sont occupés par des lacs. Au cours de la glaciation alpines du Pléistocène moyen, les glaciers descendent jusqu’à 100 mètres d’altitude, envahissant la région septentrionale de la plaine padane (Fig. 2). Avec la fonte des glaciers, de grands cônes fluvio-glaciaires se forment dans la plaine du Pô. Sur les Apennins, on a également découvert les traces de glaciers pléistocènes. Au Pléistocène supérieur, à la suite de la régression marine du dernier Glaciaire, le niveau de la mer descend de 100 à 130 mètres au-dessous du niveau actuel et le climat de l’Italie nord-oriental devient plus continental (Palma di Cesnola, 1996).

Figure 2 – L’Italie au début du Quaternaire (Calabrien) (adaptée de Palma di Cesnola, 1996 ; Trevisan et Tongiorgi, 1958).

2. Pléistocène inférieur

Au début du Pléistocène la faune marines continentales étaient proches des faunes actuelles (Guérin et al., 1983). Le peuplement des régions septentrionales d’Europe et d’Asie durant le Pléistocène est tributaire des cycles glaciaires. La faune qui normalement nous permet de mieux cerner les variations du milieu et du climat du Pléistocène sont très rares en Italie (Palma di Cesnola, 1996). Les espèces froides comme le renne ne font que de brèves apparitions. L’élan a laissé des restes plus fréquents en Ligurie et en Vénétie (nord). Des traces sporadiques de mammouth et de rhinocéros ont été retrouvées dans les régions de la Toscane et du Latium en Italie centrale. En ce qui concerne l’avifaune, on observe également des espèces arctiques et de montagne à de basses latitudes. Le pingouin a été signalé en Calabre et dans les Pouilles méridionales. Lors de la glaciation du Würm, la plupart des espèces dites würmiennes évoquent un climat de type tempéré chaud, ou bien possédant des caractéristiques climatiques plus clémentes. L’hippopotame, le rhinocéros de Merck et l’éléphant antique persistent en association avec de nombreuses espèces forestières. La majeure partie de la faune de macromammifères est représentée par des bovidés (bison, aurochs), des équidés (cheval, âne), des cervidés (cerf élaphe, daim, chevreuil), des caprinés (bouquetin, chamois) et des suidés (sangliers) (Palma di Cesnola, 1996).

Les données dont nous disposons sur la flore nous offrent des indications ponctuelles, pour le versant septentrional et central de l’Adriatique, avec des paysages ouverts où les herbacées sont dominantes et avec des groupes de latifoliées thermophiles et hygrophiles pour les niveaux de relief moyen, et des conifères pour les reliefs élevés (Palma di Cesnola, 1996). Concernant les industries lithiques (Palma di Cesnola, 1996), la première méthode de taille correspond à l’industrie Oldowayen. Elle sera remplacée

18 il y a 1.76 millions d’années par l’industrie Acheuléenne. Dans la région du Latium, en Italie au Pléistocène inférieur et moyen on trouve un mélange d’espèces animales de montagne, de plaine forestière, et de piémont (Segre, 2009). Cette faune nommée « faune de Colepardo » est attribuée à la partie initiale du Villafranchien (correspond à la fin du Pliocène jusqu’au Calabrien). Cette faune serait apparue en même temps que les changements géologiques de cette période. Les recherches sur le site de Quisisana sur l’île de Capri attestent d’une présence d’outils avec un faciès Acheuléen, une industrie quasimicrolithique abondante, de rares bifaces (Fig. 3) et d’une industrie osseuse très raffinées. Il est reconnu que la finesse morphologique de l’Acheuléen n’a ici aucune valeur chronologique (Segre et Biddittu, 2009).

Figure 3 – Bifaces et choppers qui appartiennent à la culture matérielle de l’Acheuléen (1-4). On retrouve aussi une industrie sur éclats avec notamment des grattoirs et des racloirs (adaptée de Piperno, 1998).

3. Pléistocène moyen

Les enregistrements paléoenvironnementaux témoignent d’une grande disparité de conditions aux échelles régionales et micro-régionales à travers toute l’Italie (Marquet, 1993). En fait, la géographie et les reliefs sont très divers et par conséquent aucune région du globe ne peut être considérée comme étant identique à une autre.

Le bassin de Boiano se situe dans la région Molise, proche de la Campanie. L’étude du paléoenvironnement au Pléistocène dans cette région nous intéresse tout particulièrement étant donné les recherches en cours sur les différents sites archéologiques de la Campanie. Le paysage de Boiano est un bon indicateur du paléoenvironnement en Campanie, car malgré de grandes différences climatiques entre les régions, la diversité floristique de la séquence de Boiano est comparable à celle connue pour le Pléistocène moyen et supérieur dans d’autres sites de l’Italie centrale et méridionale. L’étude palynologique du bassin de Boiano joue un rôle indispensable pour nous aider à retracer l’évolution des climats et de la végétation (Orain et al., 2012). Les échantillons étudiés proviennent d’une carotte profonde de 72 mètres dans lesquelles, un total de 71 taxons polliniques a été déterminé (Fig. 4). La quasi-totalité de ces taxons est toujours présente dans les environnements actuels de l’Italie centrale et méridionale. Cependant Carya, Juglans et Pterocarya et Zelkova, taxons aujourd’hui disparus en Italie continentale, sont récurrents dans les spectres polliniques de Boiano. Au cours de la séquence, ils décroissent puis disparaissent. Ces taxons disparaissent progressivement en Europe méridionale durant le Pléistocène moyen (Follieri et al., 1986, 1988 ; Russo Ermolli, 1994 ; Lebreton, 2004 ; Suc et Popescu, 2005 ; Russo Ermolli et al., 2010a ; Manzi et al., 2011).

19 Les échantillons des plus anciens pollens sont dominés par les arbres dont le développement s’effectue en climat tempéré froid comme l’épicéa et un milieu moyennement humide comme le hêtre et l’aulne (Orain et al., 2012). Ce qui indique une phase humide et relativement tempérée. On recense aussi le développement des conifères ainsi que le repli des arbres caducifoliés, ce qui peut être interprétés comme une dynamique de végétation de fin de période interglaciaire. Ensuite, les analyses de la seconde zone pollinique (LPZ 2) présentent un assemblage de végétation glaciaire steppique typique du Pléistocène moyen en Italie méridionale (Russo Ermolli, 1994 ; Russo Ermolli et Cheddadi, 1997 ; Munno et al., 2001 ; Russo Ermolli et al., 2010b ; Manzi et al., 2011). Les arbres plus exigeants en humidité (hygrophiles), comme l’érable, l’aulne, le charme et l’orme ont bénéficier du maintien d’une partie de l’humidité des sols pour se développer. La LPZ 3 enregistre une dynamique de reconquête de végétation forestière quasi-complète (Ravazzi et Strick, 1995). La régression des arbres caducifoliés traduit une baisse des températures. La dernière zone pollinique attribuable au Pléistocène moyen enregistre un retour de la flore steppique comme l’armoise, l’éphedra et la chénopodiacée (Deino et al., 2004 ; Aucelli et al., 2011).

Ces résultats indiquent une aridité climatique importante. Toutefois, la représentation hétérogène de taxons de type caducifoliés (Chêne, Noisetier et Bouleau) et conifères (Pin, Sapin et Épicéa), ainsi que des hygrophiles (Cypéracée, Poacée et Renonculacées) décrit la persistance d’humidité édaphique locale. Lors d’une des phases du Riss, le pin est dominant, tandis que les espèces de milieu chaud et humide se font plus rares (Deino et al., 2004 ; Aucelli et al., 2011). Des complexes à sapins, hêtres, aulnes et noisetiers descendent des montagnes et des collines pour gagner les plaines. De 500’000 à 300’000 BP environ, la région volcanique autour de Rome connaît une forêt luxuriante de type océanique. Une spécificité de la palynoflore de Boiano est l’omniprésence des Cypéracées et, dans une moindre mesure, des Poacées (Orain et al., 2012). Ces deux plantes occupent une place prépondérante dans l’environnement et corroborent l’hypothèse du maintien d’un environnement aquatiques voir marécageux. L’armoise qui occupe également une place significative dans le paysage de Boiano au Pléistocène moyen, est à son tour l’indicateur d’un environnement dégagé identique aux plaines steppiques. Dans le cadre de Boiano, les marqueurs géologiques et palynologiques ont permis de mettre en évidence le maintien de zones humides pendant les périodes glaciaires, soulignant des conditions propices à la survie de certaines communautés végétales. Le bassin de Boiano aurait ainsi constitué un refuge écologique particulier durant le Pléistocène moyen (Orain et al., 2012).

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Figure 4 – Diagramme pollinique détaillé des AP de la séquence de Boiano S6, incluant l’évolution de la concentration de Pinus (exprimée en grain de pollen par gramme de sédiment) (adaptée de Orain et al., 2012).

4. Utilisation des micromammifères insectivores pour une approche des paléoenvironnements (fin du Pléistocène moyen et Pléistocène supérieur)

La valeur paléo-écologique et paléoclimatique des faunes du Pléistocène inférieur et moyen n’est pas bien connue. De vrais travaux de synthèse nous manquent encore. De nombreuses espèces de mammifères ont été déterminées et étudiés, cependant, les pachydermes, les carnivores, les équidés, les bovidés, les cervidés n’ont jamais fait l’objet d’une étude quantitative. Il n’est donc pas possible de reconstituer les différents milieux avec exactitude (Palma di Cesnola, 1996). Nous pouvons néanmoins nous référer aux études faites sur les micromammifères et plus précisément sur les rongeurs qui sont très utile pour décrypter les variations climatiques du Pléistocène. Ces insectivores ont permis d’approcher une reconstitution des successions de phases climatiques et une reconstruction des environnements du passé. Les espèces vertébrées dont on collecte les restes dans les sites quaternaires ont le plus souvent une répartition géographique extrêmement vaste : le cerf élaphe, le chevreuil, occupent une grande partie de l’Europe. Il est donc plus difficile d’interpréter les différemment éléments environnementaux propre à chaque région.

En réunissant les résultats obtenus à partir de l’étude des rongeurs du domaine de l’Atlantique depuis la fin du Pléistocène moyen jusqu’au Pléistocène supérieur, il est possible de proposer un tableau d’ensemble des grands évènements climatique (Marquet, 1993) :

 Au Ryss II, le climat est dans l’ensemble froid et sec. Les paysages sont largement dénudés et les zones boisées sont surtout composées de conifères.  Au Ryss III, le climat reste froid mais surtout plus sec que lors de la période précédente. De très vastes espaces sont occupés par la steppe sèche semi-désertique. Les zones boisées de conifères se rarifient.  Pour le Würm ancien, de très violents refroidissements sont attestés, puis le climat redevient tempéré. La typographie de certaines régions comme la présence de hautes falaises permet à de

21 multiples microclimats de maintenir des conditions moins rigoureuses. En revanche, en dehors de ces zones protégées, le climat est plus rigoureux et au nord, extrêmement rigoureux. Seules les vallées conservent un certain boisement et les zones soumis aux vents froids sont très largement dépourvues d’arbres.  Au Würm récent, la tendance indique un climat assez instable qui oscille entre froid rigoureux et léger réchauffement. Les espaces boisés eux, gagnent en importance.  Le Dryas I et II est témoin d’une nouvelle avancée du froid. Le climat relativement sec donne des paysages très dénudés. C’est le dernier grand froid würmien.

Dans le sud le froid recule très rapidement et les espaces découverts commencent à se boiser (Marquet, 1993). Concernant la faune forestière, le cerf, le chevreuil, le sanglier, mais également des carnivores comme les lynx et le chat sauvage ont remplacé la faune würmienne (Lippmann-Provansal, 1984).

5. Pléistocène supérieur dans les Appennins

La glaciation würmienne n’a affecté, en Italie méridionale, que quelques hautes vallées montagnardes (Palma di Cesnola, 1996). À la fin du Pléistocène, l’évolution géomorphologique n’y présente pas une rupture aussi marquée que dans les domaines alpins.

La Campanie est une région de reliefs vigoureux, où la montagne s’élève rapidement des petites plaines côtières jusqu’à plus de 2000 m d’altitude. Ces fortes pentes sont propices au développement de la torrentialité, en particulier dans le substrat argilo-gréseux qui forme une partie de la chaîne (Palma di Cesnola, 1996). La Campanie apparaît ainsi comme un milieu particulier. Elle offre aux mutations de l’environnement tardi et post würmienne une grande fragilité structurale et un contexte bioclimatique favorable au développement de la forêt.

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22 à la fin du pléistocène et pendant l’holocène dans le bassin méditerranéen occidental », Bordighera, 33– 49.

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23 Le paléoenvironnement à l'Holocène Jose-Fernando Antonio PETTINA

Le paléoenvironnement est l’étude de l’environnement pendant les époques préhistoriques. Les études paléoenvironnementales sont essentielles pour comprendre dans quel milieu les êtres vivants, notamment les hominidés, évoluaient et interagissaient avec un monde qui ne ressemblaient pas à celui que l'on connait aujourd'hui. Nous allons étudier, dans cette partie, le paléoenvironnement de l'Holocène. Il s'agit de la période la plus récente du Quaternaire, qui débute il y a 10’000 ans environ. Nous allons commencer par parler du paléoenvironnement en Europe et par la suite de celui de la région qui nous intéresse le plus, c'est-à-dire la Campanie qui se trouve au sud de l'Italie.

1. Le paléoenvironnement en Europe pendant l’Holocène

L'Holocène débute par une phase de refroidissement et une forte augmentation de l’humidité, ce qui a provoqué une forte érosion des terres (Bullinger, 2019). Cette première phase est suivie d’une augmentation des températures dans toute l’Europe. Les glaciers des Alpes reculent fortement et l’humidité baisse surtout en méditerranée (Broglio, 1998). La forêt est en pleine colonisation. Celle-ci est riche en conifère avec quelques feuillus dont le noisetier. Il sera une importante ressource végétale avec ses fruits et son bois (Bullinger, 2019).

La faune est fortement représentée par l'ours, le cerf, le cheval et le renard. D'autres espèces, avec l'élevage, font leur apparition de l'élevage comme notamment les caprinés et les vaches (Bullinger, 2019).

2. Le paléoenvironnement en Campanie pendant l'Holocène

Nous allons séparer le travail en trois parties : le climat, la faune et la flore.

2.1 Le climat en Campanie pendant l'Holocène Une étude importante sur le climat, en Campanie, a été menée à l'aide de résidus isotopiques d'oxygène et de carbone sur des restes de coquille de mollusque terrestre fossilisé, comme par exemple dans la figure 1. Celles-ci ont été référencées par l’archéologue A.C. Colonese dans le chapitre Aspetti climatici al passaggio Tardoglaciale-Olocene in Italia meridionale tirrenica desunti dalla composizione isotopica dei gusci di molluschi terrestri dans le livre Proceeding of the V Convegno Nazionale di Archeozoologia, Rovereto, Italy (Colonese et al., 2006 ; Tagliacozzo et al., 2006). Les conclusions sont les suivantes : avant l'Holocène le climat près des côtes napolitaines étaient très aride et sec. Puis un soudain refroidissement des températures est survenu. Cet événement est nommé en anglais Older Dryas. Nous arrivons enfin à l'Holocène, où le climat est très humide et pluvieux, comme dans le reste de l'Europe. Celui-ci est accompagné d'une diminution de la concentration dans l’atmosphère du gaz carbonique. Ce n’est que vers la fin de la période que les températures augmentent (Colonese et al., 2006 ; Tagliacozzo et al., 2006).

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Figure 1 – Taux d'Oxygène dans les coquilles de mollusque terrestre (Colonese et al., 2006).

2.2 La faune en Campanie pendant l'Holocène Il est très important de comprendre la faune car celle-ci interagit avec l'homme. Nous pouvons voir dans l’étude menée sur des squelettes de chauves-souris dans la Grotta del Santuario della Madonna en Calabre du nord par l’archéologue Salari (2010) dans le chapitre I chirotteri del Tardoglaciale e Olocene Antico della Madonna a Praia A Mare. En effet grâce aux données sur les espèces et les niveaux que celles-ci ont occupé il a été possible de voir et de comprendre les différentes périodes d'occupation de la grotte par l'homme. Elle a également donné d'importantes révélations sur les chauves-souris de l'Holocène ancien (Salari, 2010).

La faune a pu être étudié également grâce au site de Longola di Poggiomarino et son incroyable état de conservation. Les animaux les plus chassés étaient le cerf, le chevreuil et le sanglier. Nous trouvons également des animaux domestiques comme le cochon présent en grande quantité (Sardella et al., 2012). 2.3 La flore en Campanie pendant l'Holocène

Pour l'étude de la flore en Campanie nous allons nous référer avant tout aux découvertes réalisées sur le site de Longoladi Poggiomarino. Si nous savons que la cueillette et l'agriculture étaient une part importante de l’alimentation, c’est parce que sur ce site il a été mis au jour par les archéologues de grandes quantités de noisettes, de glands et de figues. Egalement des espèces cultivées de céréales, de légumineuses et de vignes, lesquelles attestent très probablement la production de vin (Celant, 2002).

3. Conclusion

Le paléoenvironnement de la Campanie a subi de nombreux changements pendant l’Holocène avec des changements importants de températures (Bullinger, 2019; Corglio, 1998; Colonese et al., 2006). La faune est diversifiée même si nous ne constatons pas tout de suite la présence du cheval. La flore est très riche, dû à la fertilisation des sols a bénéficié grâce à de la forte activité volcanique de la région (Bullinger, 2019 ; Broglio, 1998 ; Colonese et al., 2006).

Références

Broglio, A., 1998. Introduzione al paleolitico. Laterza, Roma.

Bullinger, J., 2019. Préhistoire régionale, l'Epipaléolithique et le Mésolithique 14T006. Université de Genève.

25 Celant, A., 2002. Nota sull'analisi archeobotanica dei Macroresti vegetali, In : Cicirelli, C., Livadie, C.A. L’abitato protostorico di Poggiomarino : località Longola, campagne di scavo 2000-2004, Studi della Soprintendenza archeologica di Pompei. “L’Erma” di Bretschneider, Rome, 189.

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26 Le Paléolithique inférieur Hector CHAVES

C’est durant le Paléolithique inférieur que l’Italie a vu les premiers hominidés arriver. Au cours de cette période, rythmée par les glaciations, la péninsule va voir le genre Homo prospérer et se développer sur son territoire (Palma di Cesnola, 1996). 1. L’Italie au Paléolithique inférieur

Lors du Paléolithique inférieur, l’Europe a connu diverses périodes glaciaires et interglaciaires (Fig. 1) (Palma di Cesnola, 1996). Trois de ces glaciations nous concernent pour le cas de l’Italie : le Grünz – de 1,2 million d’année à 860’000 BP, le Mindel – d’environ 475’000 à 410’000 BP – ainsi que le Riss – aux alentours de 370’000 à 130’000 BP. Ces glaciations ponctuent le cours du Paléolithique inférieur et offrent la possibilité d’établir une chronologie relative dans un contexte archéologique qui manque de repères temporels (Palma di Cesnola, 1996). C’est dans ce contexte, plus froid qu’aujourd’hui, que les premiers représentants du genre Homo semblent être arrivés dans la péninsule (Palma di Cesnola, 1996). Figure 1 – Tableau des périodes glaciaires 1.1 Climat et paysage italiens au Paléolithique (Alpes), extrait de la carte de la CCGM de inférieur 2006. Comme le révèle l’étude stratigraphique du site du Mont Peglia en Ombrie, le paysage italien a connu de grands changements au cours des derniers millions d’années. La stratigraphie du site a en effet enregistré un climat subtropical-tempéré, dans des temps plus anciens, puis un climat tempéré-froid lors de la période interglaciaire Grünz-Mindel – 800’000- 475’000 BP (Palma di Cesnola, 1996). A partir de cette période, on retrouve, grâce à d’autres sites, les traces d’un paysage de « steppes-prairies boisées » (Cremaschi et al., 1990 ; Sala, 1983) peuplé de grands mammifères ; bisons, rhinocéros et hippopotames en sont quelques exemples.

1.2 Perspective générale sur le peuplement humain de l’Italie au Paléolithique inférieur

On trouve, au cours du Paléolithique inférieur, des traces de présence humaine sur l’ensemble de la péninsule italienne. Les restes humains sont rares et épars, généralement identifiés à Homo erectus. Un aspect dit « archaïque » des hominidés du Paléolithique inférieur italien est mis en évidence. F. Mallegni (1996) mentionne l’hypothèse selon laquelle l’Italie aurait isolé géographiquement les Homo erectus y vivant à cause de glaciations dans les Alpes et de la mer. Ces Homo erectus auraient alors conservés des traits disparus ailleurs avec le temps. En dehors des découvertes sporadiques d’ossements et de dents humaines, la majorité des sites ne livre que du matériel lithique, de l’outillage ou parfois des dépôts d’os d’animaux sélectionnés – notamment à Isernia-La-Pineta où on trouve une grande quantité de crânes de bisons et de rhinocéros (Palma di Cesnola, 1996).

1.3 La diachronie des peuplements humains

En ce qui concerne la chronologie exacte, les sites sont parfois difficiles à dater avec précision, que ce soit dû à l’absence de matière organique, aux contextes géologiques incomplets ou à des phénomènes taphonomiques complexes. Selon A. Palma di Cesnola, grand nombre d’objets ont été retrouvés hors- contexte (Palma di Cesnola, 1996). Il est tout de même possible de restituer une chronologie des événements.

27 1.3.1 Pebble culture

Les industries lithiques les plus anciennes qu’on retrouve en Italie sont des industries sur galets. On en retrouve sur l’intégralité de la péninsule italienne, ainsi qu’en Sicile. Mais la répartition des sites est inégale : notamment, le versant tyrrhénien de la péninsule livre plus de sites que le versant adriatique. Quant à la chronologie, cette période est moins bien documentée, et les indices typologiques potentiels sont bloqués par une hétérogénéité des méthodes typologiques des chercheurs ayant documenté ces sites (Palma di Cesnola, 1996). On peut tout de même constater que la majorité des productions sont des choppers à une face (Fig. 2). Près de Sassofortino en Toscane, les productions sont majoritairement en quartz, et à Bibbona – en Toscane aussi – elles sont en grande partie en jaspe. Ce dernier site est daté aux alentours de 400’000 BP. Figure 2 – Exemple de choppers (Palma di Cesnola, 1.3.2 Tayacien et Clactonien 1996).

Le Tayacien et le Clactonien sont deux ensembles d’industries lithiques qui peuvent être retrouvés en Italie. Ils ont la particularité d’introduire une nouvelle méthode de taille : le débitage – un débitage pré-Levallois (Momplaisir, 2003). Aussi, A. Palma di Cesnola (1996) explique que c’est dans le cadre du Tayacien les plus vieilles traces d’habitat, d’organisation sociale et de chasse de grands mammifères ont pu être identifiées. Cette période se présente donc comme une période charnière amenant des changements dans Figure 3 – Exemple d’industrie le mode de vie des humains. clactionien (Palma di Cesnola, 1996) Le Clactonien (Fig. 3) se différencie du Tayacien (Fig. 4) en cela qu’il produit des lames épaisses – le Tayacien préférant les éclats – et des outils de dimensions plus importantes – le Tayacien produisant des outils de petite taille (Palma di Cesnola, 1996 ; Grifoni et Tozzi, 2006). Le Tayacien ne nous laisse presque ’aucun biface (Grifoni et Tozzi, 2006). Quant à leur répartition géographique, on trouve le Clactonien le long du versant adriatique, ainsi qu’en Toscane jusqu’en Sicile (Dini et Filippi, 2012). Le Tayacien est lui aussi bien présent dans la péninsule, allant – en ce qui concerne le territoire italien – jusqu’aux portes des Balkans dans le nord-est du pays, où se trouve le site de Visogliano (Palma di Cesnola, 1996 ; Grifoni et Tozzi, 2006) et au sud jusque dans les Pouilles (Dini et Filippi, 2012). Figure 4 – Exemple des industries du Tayacien 1.3.3 Acheuléen ancien (Palma di L’Acheuléen se diffuse en Europe aux alentours de 600’000 BP (Dini et Filippi, Cesnola, 1996) 2012). En Italie, on retrouve des productions associées à l’Acheuléen ancien, notamment des bifaces asymétriques, aux bords irréguliers. A. Palma di Cesnola, en décrivant les différents sites rattachés à cette période, précise la difficulté à dater et identifier formellement les artéfacts acheuléens : les outils étant fréquemment mêlés à ceux d’autres périodes sur les sites où on a pu en identifier (Palma di Cesnola, 1996).

2. Le Paléolithique inférieur en Italie centrale et méridionale, versant tyrrhénien

Les restes du Paléolithique inférieur étant éparses, il sera ici question d’une partie de l’Italie centrale, du côté du versant tyrrhénien (Latium et Campanie) et non simplement de la Campanie.

2.1 Acheuléen ancien

28 La présence d’une industrie de l’Acheuléen ancien est attestée en Campanie (Fig. 5) dans la région de Salerne, sur la côte. On y trouve notamment le site de Cala Bianca (Palma di Cesnola, 1996).

2.1.1 Fontana Ranuccio

Fontana Ranuccio, dans le Latium, est le site le mieux connu du versant tyrrhénien en ce qui concerne l’Acheuléen. Le site présente une grande stratigraphie, allant de 548’000 à 366’000 BP. La partie la plus ancienne de la stratigraphie (548-458’000 BP) a livré des restes fauniques qui laissent penser que la région offrait à cette époque des prairies boisées. Cela correspond à une période interglaciaire (Grünz-Mindel), une phase plus tempérée, d’où la présence d’arbres. Le haut de la stratigraphie a enregistré des activités volcaniques, aux alentours de 366’000 BP (Palma di Cesnola, 1996), cet « horizon volcanique » est suivi d’activités humaines, les couches supérieures contenant des outils, lithiques (sur éclats, bifaces) comme osseux. Ici, l’industrie osseuse est aussi importante que l’industrie lithique (Palma di Figure 5 – Exemple Cesnola, 1996). d’industrie de l’Acheuléen ancien (Palma di Cesnola, 2.1.2 Cala Bianca 1996)

Cala Bianca, en Campanie, est un site datant de l’Acheuléen ancien, qui présente un nombre de bifaces, de choppers bifaces et un racloir. Les outils sont en quartzite, en jaspe et en silex. Selon A. Palma di Cesnola, cet Acheuléen en Campanie a un caractère « archaïque ». Les outils, qui ont été trouvés dans une couche stratigraphique qui permettrait de proposer un climat tropical de « type [tropical] Mindel- Riss » (Palma di Cesnola, 1996), semblent avoir été produits lors d’une période plus chaude du Paléolithique inférieur.

2.2 Acheuléen évolué

L’Acheuléen dit « évolué » nous livre des traces d’industrie osseuse (Palma di Cesnola, 1996). Il y a pour cette période trois sites en Campanie : Colle Avarone, Pontecorvo et Lademagne-Ponte del Diavolo. Nous allons parler en détail du site de Colle Avarone présente une majorité de bifaces (Palma di Cesnola, 1996). Les choppers et racloirs se font rares (Palma di Cesnola, 1996). Les restes fauniques et l’industrie lithique permettent d’inférer que l’occupation des sites a eu lieu pendant la période du Riss – entre 370’000 130’000 BP –, la période glaciaire et les restes d’animaux impliquant un climat froid.

Références

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29 Sala, B., 1983. La fauna del giacimento di Isernia La Pineta, un accampamento più antico di 700.000 anni. Catalogo della mostra, Bollogna, Ed. Calderini.

30 Le Paléolithique Moyen

Myriam BENSAID

Cette partie présente les caractéristiques générales du Paléolithique moyen européen (300’000 à 40’000 BP) ainsi que quelques spécificités du Paléolithique moyen italien, notamment en Campanie et en Calabre.

1. Contexte climato-chronologique

Couvrant plus de 250’000 ans, le Paléolithique moyen est caractérisé, au niveau climatique, par le passage du Pléistocène moyen au Pléistocène supérieur (Fig. 1) (Lhomme, 2007). Cette transition est marquée par la phase tempérée de l’interglaciaire Riss/Würm et précède la première partie de la glaciation Würmienne, événement climatique fondamentale du Pléistocène supérieur. Cette glaciation comprend deux pics de froids principaux : le premier pléniglaciaire (70’000 BP), qui voit la diffusion de l’homme de Neandertal en Europe durant le Paléolithique moyen et le second pléniglaciaire (- 24’000/-20’000 BP) durant le Paléolithique supérieur (Martini, 2019).

Figure 1 – Diagramme illustrant le contexte climato-chronologique du Paléolithique moyen.

2. Homme de Neandertal

Une autre caractéristique fondamentale du Paléolithique moyen est qu’il voit la naissance, l’apogée puis la disparition de l’homme de Neandertal. Ce type humain particulièrement adapté aux conditions climatiques rudes de la glaciation würmienne ne s’est développé qu’en Europe. On lui attribue

31 l’industrie lithique moustérienne en Europe occidentale (Lhomme, 2007). La plupart des apomorphies1 néandertaliennes se situent au niveau du calvarium2, de manière générale, tous les crânes néandertaliens connus (ex : La Chapelle-aux-saint, la Ferrasserie, la Quina H5) présentent ces caractéristiques (Palma di Cesnola, 1996). En outre, une étude sur la pathologie des populations du Paléolithique moyen menée de 1983 à 1991 par E. Trinkhaus a révélé qu’elles souffraient fréquemment de traumatismes importants liés à des activités telles que la chasse ou des agressions, dans la grande majorité des cas, les restes humains présentent des traces évidentes de guérison sans trace d’infection, ce qui laisse à penser que les groupes néandertaliens possédaient une structure sociale susceptible de prendre en charge les individus blessés (Palma di Cesnola, 1996).

La péninsule italienne voit l’arrivée des groupes néandertaliens durant le premier épisode de leurs migrations sur le continent alors que le territoire était habité par les dernières communautés d’Homo heidelbergensis, ancêtre de Neandertal issu de l’Homo erectus asiatique (Martini, 2019). Les restes néandertaliens italiens sont nombreux mais ne présentent malheureusement pas de squelettes complets, dès lors, il est difficile d’identifier de véritables caractères apomorphes néandertaliens et d’étudier la variabilité éventuelle de cette espèce en Italie au cours du Paléolithique moyen. De même, ces restes (dents ou os isolés) ne permettent pas d’appliquer les observations de E. Trinkhaus aux populations néandertaliennes d’Italie (Palma di Cesnola, 1996).

Figure 2 – Mandibule d’enfant découverte en 1984 dans Riparo il Molare à Salerne, en Campanie (adaptée de Palma di Cesnola 1996 ; Mallegni et Ronchitelli, 1987).

2.1 Organisation des sociétés

Il est difficile d’identifier des structures hiérarchiques précises pour les groupes humains du Paléolithique moyen. Cependant, les stratégies d’exploitation des ressources telles que la chasse aux grands herbivores sous-entendent l’existence d’une structure sociale au sein des groupes (Lhomme, 2007).

1 Caractères biologiques dérivés par rapport à son état ancestral. 2 Partie supérieure du crâne couvrant la cavité crânienne contenant le cerveau.

32 2.2 Subsistance et économie

La base de l’économie de subsistance repose sur l’exploitation directe des ressources du milieu naturel : la chasse, la pêche et dans une moindre mesure, la cueillette. La production d’outils en pierres taillées permet l’exploitation des matières carnées, en effet, la chasse, pratiquée de façon organisée, constitue la principale source d’alimentation, les végétaux ont pu constituer un complément alimentaire. Les proies de prédilection sont les grands herbivores, abattus au gré des déplacements des groupes humains ou dans des lieux de passages saisonniers des troupeaux, sites stratégiques pour les chasseurs. En plus de la viande, l’os et le bois acquis lors de la chasse sont utilisés pour l’entretien du feu (Lhomme, 2007).

L’Italie ne fait pas exception à la règle : le Neandertal est principalement un chasseur. On note d’ailleurs qu’il chasse toutes les espèces qui cohabitent sur son territoire, autant les petits mammifères comme le lièvre que les plus gros comme le mammouth (Martini, 2019). D’ailleurs, les restes trouvés sur les sites archéologiques présentent une grande diversité due aux variations du climat. Les espèces les plus récurrentes sont l’ours, le mammouth ou encore le renne et quelques bisons et aux abords des sites méditerranéens, des espèces associées à un climat plus froid comme l’Elaphas antiquus, l’Hippopotamus major ou le Rhinocéros merckii demeurent. La chasse se pratique en groupe, avec une organisation apparemment similaire à celle du Paléolithique inférieur, à l’aide de lances en pierres taillées. On peut également supposer l’utilisation d’armes en bois et en os qui ont échappé à la conservation (Martini, 2019).

2.3 Habitats

Le Neandertal est un chasseur nomade. Cependant, les données archéologiques permettent d’identifier des sites à vocations distinctes parmi les occupations mises au jour (Lhomme, 2007). En effet, il est possible de distinguer les sites stratégiques pour la chasse d’une espèce grégaire herbivore (renne ou bison) des sites liés à des activités plus domestiques comme la découpe, la consommation du gibier et le traitement des peaux. On suppose que ces sites sont aussi des lieux de résidences : les camps de base. Certaines grottes ou abris présentent de longues séquences d’occupation indiquant que les mêmes groupes sont revenus dans les mêmes habitats sur plusieurs générations. Cependant, au sein des structures identifiées comme domestiques, les activités pratiquées ne sont pas segmentées dans l’espace, souvent la sphère domestique est encombrée de déchets (Lhomme, 2007).

L’Italie présente un nombre important de gisements moustériens, même si la zone d’occupation est plus réduite que durant le Paléolithique inférieur (Palma di Cesnola, 1996). En effet, dans l’état actuel des recherches il n’y a pas de reste correspondant à cette époque en Sicile ou en Sardaigne. Selon les données, les habitats se situent essentiellement en grotte (Palma di Cesnola, 1996) cependant, il faut garder à l’esprit que des occupations en plein air ont pu exister sans qu’aucune trace n’ai pu nous parvenir. Le choix des grottes comme habitat résulte peut-être, comme ailleurs, du climat de plus en plus froid du Würm ancien, toutefois, il ne faut pas oublier que même avant le Glaciaire du Würm, les cavités naturelles étaient déjà fréquentées en Ligurie ou en Campanie par exemple, par les groupes pré- moustériens (Palma di Cesnola, 1996).

2.4 Traitement des morts

Les premières inhumations apparaissent avec l’Homme de Neandertal. En général, les corps sont déposés dans des fosses creusées dans le sol des grottes qui servent d’habitat et sont parfois accompagnés d’outils en silex ou de restes de faune. Dans certains cas, les restes humains sont mélangés à des restes d’animaux et portent des traces d’interventions anthropiques post mortem laissant croire que Neandertal pouvait être anthropophage (Lhomme, 2007). Les études récentes mettant en avant le rôle joué par les charognards sur les restes humains concernés ainsi que le caractère symbolique d’un éventuel traitement secondaire des corps tendent à nuancer cette idée. Si le traitement des morts indique clairement l’existence d’une certaine spiritualité, l’état actuel des recherches ne permet pas d’appréhender l’existence ou l’expression de sentiments religieux chez les néandertaliens (Lhomme, 2007).

33 Nous devons les premières preuves de rituels funéraires néandertaliens aux archéologues français Bardon et Bouyssonie, qui ont découvert en 1908 sur le site de la Chapelle-aux-Saint une fosse rectangulaire contenant le squelette complet d’un homme de Neandertal (Martini, 2019).

Dans le cadre de ce travail, nous n’avons trouvé aucune mention de sépulture néandertalienne en Italie.

3. L’industrie lithique type Levallois

Le débitage Levallois est la caractéristique principale de l’industrie lithique moustérienne, typique du Paléolithique moyen en Europe (Lhomme, 2007). Cette technique permet l’obtention d’éclats réguliers à la morphologie prédéterminée. Ces éclats sont utilisés bruts ou transformés par retouches en racloirs de types variés. L’existence et la récurrence de certains types d’outils permettent de distinguer plusieurs groupes culturels dans l’ensemble des industries lithiques moustériennes. Le terme « Moustérien » (Musteriano en Italien) est d’ailleurs souvent utilisé pour désigner le Paléolithique moyen et tient son nom du site Français « Le Moustier » où les fameux éclats Levallois ont été mis au jour. Bien que l’os soit fréquemment utilisé comme percuteur dans l’élaboration des outils lithiques, aucune véritable industrie osseuse n’a été découverte. Pour des raisons de conservation, les équipements en bois qui semblent avoir accompagné les pièces lithiques sont rares (Lhomme, 2007).

En Italie, la production lithique néandertalienne est loin d’être homogène tant dans une approche diachronique que synchronique (Martini, 2019). Le moustérien italien est donc un ensemble articulé d’aspects et de tendances technologiques. En effet, à la différence de l’Europe occidentale, où le faciès lithique peut être caractéristique d’une région, en Italie il est admis que chaque filon spécifique a sa propre zone de diffusion à l’intérieur d’un seul territoire. Ce parcours phylogénétique multilinéaire est dû, comme l’a remarqué Palma di Cesnola aux différents substrats pré-moustériens locaux (Martini, 2019).

4. Sites de Campanie et de Calabre

En Campanie, l’une des régions les plus importantes pour la connaissance du moustérien est la côte de Cilento. De nombreuses grottes situées dans cette zone ont fait l’objet d’études archéologiques et anthropologiques depuis les années 1960. Parmi elles, on peut mentionner un premier groupe de grottes : La Calla delle Ossa, Visco et des Ciavole, un deuxième groupe : les grottes Taddeo et de La Cala, l’abri del Poggio et la grotte Infreschi ainsi qu’un troisième groupe : la grotte Grande et la rotte du Molare. Ce panorama est complété par la grotte de Castelcivita, au pied des monts Alburni, et par le gisement de Montemiletto, situé à l’intérieur du pays (Palma di Cesnola, 1996).

Références

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34 Le Paléolithique supérieur Stéphane TSCHANZ

1. Le contexte humain

Le Paléolithique supérieur représente un segment historique correspondant à l’arrivée en Europe de l’espèce Homo sapiens, autour de 42’000 BP, et son évolution culturelle jusqu’à la fin du Pléistocène soit 12’000 BP (Martini, 2019). Ce nouveau groupe humain, l’Homme Anatomiquement Moderne (AMH) amorce le début de la phase archaïque du Paléolithique supérieur et d’une profonde transformation aussi bien sur le plan de l’activité utilitaire que symbolique. Après une période de cohabitation avec les Néandertaliens, l’extinction de ces derniers sera effective vers 30’000 BP (Martini, 2019).

2. La période de transition

A la fin du Paléolithique moyen, une période de transition précède la culture Aurignacienne, première phase caractéristique et homogène du Paléolithique supérieur classique (Palma di Cesnola, 2001).

Qu'est-ce qui caractérise cette période de transition ? Au niveau instrumental, en France et en Italie c'est, avec les pièces à dos courbe, un petit artefact (parfois microlithique) de forme géométrique (segment d'un cercle) communément appelé demi-lune (Fig. 1) (Schintler, 2011), qui constitue un fossile de référence. Ces demi-lunes auraient été utilisées à la fois sur le plan domestique, mais aussi pour la chasse. Cependant elles ne sont pas très importantes sur les sites Uluzziens, alors qu'elles le sont sur les sites du Châtelperronien, cette culture assez similaire qui se développe à peu près au même moment en France. C'est d'ailleurs un des éléments qui les différencie l'une de l'autre.

Figure 1 – Demi-lunes (Moroni et al., 2018).

En 2011, deux dents de lait provenant de la grotte de Cavallo dans les pouilles, qui avaient été précédemment attribuées aux Néandertaliens comme c’est le cas pour le Châtelperronien, ont été finalement reconnues comme appartenant à l'homme anatomiquement moderne (AMH) (Douka et al., 2014). Cette découverte confirmait, sans généraliser à l'échelle Européenne, que le protoaurignacien ne fut pas la première industrie du Paléolithique supérieur, mais qu'au moins en Italie, il était précédé par l'Uluzzien. Mais elle a aussi considérablement compliqué la question essentielle de l'attribution de cette culture, entre les deux types d’humains.

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3. L’Aurignacien (du site français d’Aurignac)

Les hommes modernes qui suivront seront porteurs de la culture Protoaurignacienne. Leur origine non discutée n'est pas l'est, mais l'ouest de nos pays ! Ils venaient de la Catalogne et du Languedoc et allèrent jusqu'à Grotta di Castelcivita au sud de l’Italie, et plus loin encore.... (Fig. 2) (Onoratini, 2006).

Figure 2 – Foyers d’origines et diffusion du courant méditerranéen d’homme moderne porteur de la culture protoaurignacienne (Onoratini, 2006).

Faisant suite au Protoaurignacien, caractérisé par les lamelles Dufour, l’Aurignacien typique conservera comme caractéristique la sagaie à base fendue et la sagaie aplatie (Onoratini, 2006). Mais l’outillage lithique verra le développement des grattoirs carénés et la production systématique de lamelles Dufour sera abandonnée.

Surtout, les Aurigniaciens vont diversifier la parure : dents animales perforées, coquillages fossiles ou contemporains, ivoire, bois de cervidés qui proviennent parfois de sites situés à de très longue distance (Palma di Cesnola, 2001). La vie symbolique s'accentue donc : les peintures de la grotte Chauvet en sont un exemple remarquable (Grotte Chauvet). On a même découvert une flûte en os datant de cette époque. La domestication du chien a certainement commencée (Botigué et al., 2017). Le climat est frais, avec des passages moins rigoureux (Palma di Cesnola, 2001).

L’Aurignacien cesse d’être caractéristique entre 30’000 et 28’000 BP en Europe lorsque arrive un autre groupe d’humains, qui descendraient de la même lignée que l’Homo sapiens.

4. Le Gravettien

Le Gravettien succède à l’Aurignacien et perdure jusqu'en 22’000 BP environ (20’000 BP en Campanie). Il est bien connu pour ses « Vénus », statuettes féminines aux formes très généreuses (Fig. 3).

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Figure 3 – Vénus de Willendorf (Le parisien).

En Italie et dans les Balkans : l’Épigravetien, de 20’000 à 10’000 BP, est caractérisé par des armatures à dos, des assemblages à pièces à cran, et quelques pièces foliacées.

5. Le Solutréen

Alors que se produit le dernier maximum glaciaire vient le Solutréen, jusqu’en 17’000 BP environ, en France et en Espagne (Universalis). C'est à ce moment que sont créées les fameuses feuilles de laurier (Fig. 4). On retrouve également des aiguilles à chas et des propulseurs. Et puis on ne sait pas exactement quand sont apparus les arcs, mais de petites pointes de silex compatibles avec des armatures de flèches ont été découvertes, datant de 19’000 BP.

Figure 4 – Feuille de laurier (Musée d’archéologie nationale).

6. Le Magdalénien

Le Protomagdalénien, de 22’000 à 20’000 BP environ se caractérise par une industrie lithique composite de burins dièdres, souvent multiples, de lamelles à dos et de lames à retouches composites (Langlais et al., 2010).

37 Le Badegoulien, appelé aussi Magdalénien ancien, se rencontre au sud-ouest de la France, en Cantabrie et sur la côte méditerranéenne de l’Espagne aux environs de 19’000 à 16’000 BP (Ducasse et Langlais, 2007). Les hommes développent des grattoirs et des outils archaïques (racloirs…), au détriment des burins et lamelles à dos.

Enfin le Magdalénien proprement dit clôture, de 17’000 à 14’000 BP, le Paléolithique supérieur et donc le Pléistocène, pendant une période de réchauffement climatique entrecoupée de quelques rechutes (Holst et Grimm). On constate alors la généralisation du propulseur, et la découverte du harpon. Lascaux comme plusieurs autres grottes célèbres, mais aussi des décorations sur les armes et objets de la vie quotidienne, des instruments de musique … attestent alors d’une vie culturelle très riche en art mobilier et pariétal (Universalis).

Références

Botigué, L.R., Song, S., Scheu, A., Gopalan, S., Pendleton, A.L., Oetjens, M., Taravella, A.M., Seregély, T., Zeeb- Lanz, A., Arbogast, R.-M., Bobo, D., Daly, K., Unterländer, M., Burger, J., Kidd, J.M., Veeramah, K.R., 2017. Ancient European dog genomes reveal continuity since the Early Neolithic. Nature Communications 8, 1–11. https://doi.org/10.1038/ncomms16082

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Ducasse, S., Langlais, M., 2007. Entre Badegoulien et Magdalénien, nos cœurs balancent... Approche critique des industries lithiques du Sud de la France et du Nord-Est espagnol entre 19000 et 16500 BP. Bulletin de la Société préhistorique française 104, 771–785.

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Holst, S., Grimm, D., n.d. Et le réchauffement acheva le Magdalénien [WWW Document]. Pourlascience.fr. URL https://www.pourlascience.fr/sd/archeologie/et-le-rechauffement-acheva-le-magdalenien-15989.php (accessed 2.28.20).

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Le Parisien, 2018. Une «Vénus» de 30 000 ans censurée sur Facebook [WWW Document]. leparisien.fr. URL http://www.leparisien.fr/societe/une-venus-de-30-000-ans-censuree-sur-facebook-28-02-2018- 7583721.php (accessed 2.28.20).

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39 Le Mésolithique Céline GÜR

Le Mésolithique définit une période de transition entre le mode de vie de chasseur-cueilleur et le mode de vie d’agriculteur-éleveur. Il débute au Proche-Orient, à environ 12000 BCE, pour arriver en Europe vers 9000 BCE où il se termine aux environ de 5000 BCE (Binder, 2013 ; Perrin et al., 2009). Il s’étend de manière irrégulière par des mouvements de population, et des échanges de biens et d’idées (Binder, 2013 ; Perrin et al., 2009).

L’étude des données stratigraphiques et géologiques des dépôts de l’Holocène de Campanie indique des changements climatiques au Mésolithique (Alloca et al., 2000). Le climat se réchauffe et devient plus humide avec des pluies saisonnières. Par conséquent, la steppe recule pour laisser place à des paysages plus boisés. Les indicateurs géologiques montrent des oscillations entre un climat plus chaud et humide et un climat semblable à l’actuel (Alloca et al., 2000). Dans la plupart des sites du Mésolithique, l’analyse des restes fauniques a permis de constater un changement dans l’alimentation : la proportion de grands herbivores (chevaux, aurochs) diminue face aux espèces forestières (Lo Vetro et Martini, 2016 ; Alloca et al., 2000), démontrant un changement de faune locale en relation avec les modifications climatiques.

En Italie, plusieurs cultures se succèdent ou se côtoient tout au long du Mésolithique (Fig.1). Les plus anciennes traces connues de technologie mésolithique appartiennent au Sauveterrien en Italie du S-O et à l’Épiromanellien dans le S-E et sont datées environ de 9700 BCE (Lo Vetro et Martini, 2016). Elles se situent au sud de l’Italie, mais l’on constate peu de différence de datation avec l’Italie centrale (Perrin et al., 2009). Le Mésolithique atteindra la Corse et la Sardaigne environ un millénaire plus tard (Fig.2). Deux faciès avec une diffusion locale limitée, ont pu être observé, il s’agit de l’Épiromanellien, localisé en Apulie sur la péninsule de Salento et datant d’environ 8000 BCE, et le faciès microlithique de tradition épigravettienne, situé en Sicile, présent entre 9000 et 6100 BCE.

Figure 1 – Chronologie des différents faciès du Mésolithique en Italie (Lo Vetro et Martini, 2016).

L’industrie lithique épiromanelienne, qui privilégie la percussion directe se caractérise par une forte présence de grattoirs circulaires et semi-circulaires et peu d’éléments géométriques (Lo Vetro et Martini, 2016 ; Collina, 2015). L’Épigravettien est moins bien défini, mais se compose principalement de

40 lamelles microlithiques et hyper-microlithiques, et de grattoirs dont certains avec des encoches, uniquement découverts dans la grotta dell’Uzzo (Lo Vetro et Martini, 2016).

Figure 2 – Carte des sites mésolithiques en Italie (Lo Vetro et Martini, 2016).

En parallèle à ces cultures relativement localisées, il y a aussi des faciès de diffusion plus étendue. Ainsi, l’Épipaléolithique indifférencié, observé entre 9200 et 6000 BCE, apparait d’abord dans le Sud-Ouest de l’Italie, puis en Sicile, dans le Latium et les îles de Corse et de Sardaigne. Ce faciès regroupe plusieurs industries lithiques qui utilisent des technologies simples similaires, et font une production d’éclats laminaires et de microlithes relativement faible au profit d’outils comme les racloirs, les outils à encoches ou denticulés (Lo Vetro et Martini, 2016 ; Collina, 2015).

Les faciès de type Sauveterrien sont visibles dans le Sud de la France, en Sicile et en Italie, entre 9600 et 6400 BCE (Lo Vetro et Martini, 2016). Relativement homogènes dans les régions précédentes, ils présentent une distribution irrégulière et une typologie variable en Italie centrale et au Sud. Le Sauveterrien est principalement axé sur la production d’armatures de flèches, de microlithes triangulaires, d’hypermicrolithes et d’éclats laminaires, avec une diminution de la largeur des pointes et des lamelles à dos ; cependant, en Campanie et en Apulie, ce sont les outils qui sont privilégiés (Lo Vetro et Martini, 2016 ; Collina, 2015).

Au 7ème millénaire avant notre ère, un renouvellement de la technologie mésolithique survient avec l’arrivée du faciès Castelnovien, qui introduit les microlithes standardisés en forme de trapèze (Fig.3). Obtenus par pression ou par débitage indirect, ils sont caractéristiques de la deuxième partie du Mésolithique. Les traces les plus anciennes de cette technique se trouvent en Sicile, sur le site de la

41 Grotta dell’Uzzo (Perrin et al., 2009). Entre 7000 et 6400 BC, le Castelnovien occupe le pourtour de la Méditerranée, à l’exception de la Sardaigne et la Corse ; jusqu’en 6000 BCE, le Castelnovien poursuit son expansion en Italie et ailleurs, avec une augmentation du nombre des sites.

L’émergence de la culture Impresso-Cardial, entre 6000 à 5800 BCE, marque le début du Néolithique au sud de la botte italienne ; dès cette époque, les sites d’Italie du Sud attestent tous de la présence d’agriculture et d’élevage (Binder, 2013). De fait, de 5800 à 5600 BCE, le Néolithique est bien installé au Sud et le complexe Impresso-Cardial s’étend vers les Abruzzes, la Sardaigne, la Corse et le Latium. Par contre, son extension est possiblement bloquée par la persistance du Castelnovien, au nord des Abruzzes.

Figure 3 – Exemples de lamelles à encoche et de microlithes trapézoïdaux (Perrin et al., 2006).

Finalement, entre 5600 et 5400 BCE, le Castelnovien au Mésolithique ne persiste plus que dans quelques régions, et la quasi-totalité de l’Italie est caractérisée par la présence des cultures matérielles du Néolithique (Binder, 2013 ; Perrin et al., 2009).

Références

Allocca, F., Amato, V., Coppola, D., Giaccio, B., Ortolani, F., Pagliuca, S., 2000. Cyclical climatic-environmental variations during the Holocene in Campania and Apulia: Geoarcheological and paleoethnological evidences. Memorie della Società Geologica Italiana 55, 345–352.

Binder, D., 2013. Mesolithique et Neolithique ancien en Italie et dans le sud-est de la France entre 7000 et 5500 BCE cal : questions ouvertes sur les dynamiques culturelles et les proces d’interaction. In: Jaubert, J., Fourment, N., et Depaepe P.(Eds.). Transitions, ruptures et continuite durant la Prehistoire, actes du XXVIIe Congres prehistorique de France (Bordeauxe Les Eyzies, 2010). In: Perrin, T., Manen, C., Marchand, G., Allard, P., Binder, D., Ilett, M. (Eds.). Autour du Neolithique ancien : les outils du changement : critique des methodes (sessionH). Societe prehistorique française, Paris, 341–356.

Collina, C., 2015. Le Néolithique ancien en Italie du Sud. Archaeopress, Oxford.

Lo Vetro, D., Martini, F., 2016. Mesolithic in central–southern Italy: overview of lithic productions. Quaternary International 423, 279–302.

Perrin, T., Marchand, G., Allard, P., Binder, D., Collina, C., Puchol, O., Valdeyron, N., 2009. Le second Mésolithique d’Europe occidentale : origines et gradient chronologique (The late Mesolithic of Western Europe: origins and chronological stages). Annales de la Fondation Fyssen 24, 160–169.

42 Le Néolithique

Solène BEDAY

Le Néolithique prend sa source dans le nord du Levant, une région connue sous le nom de Croissant fertile (Pessina et Tiné, 2008). Le passage du Mésolithique au Néolithique s’est fait sur cinq millénaires (12ème au 7ème millénaires av. J.-C.). La Grèce a été l’interface entre le Croissant fertile et l’Europe (Pessina et Tiné, 2008), suivant deux courants : le courant Danubien (par les terres suivant le cours du Danube) et le courant Méditerranéen (selon toute vraisemblance, par la mer, à l’aide d’embarcations qui n’ont pas été retrouvées) (Lehoërff, 2016). Deux modes de diffusions sont envisagés. Le premier est le mode de diffusion par acculturation (les hommes ont adopté des pratiques culturelles existantes dans d’autres groupes). Le second, est le mode de diffusion par migration ou expansion (des peuples ayant déjà adopté le « mode de vie néolithique » se sont déplacés dans de nouvelles zones). La néolithisation commence, en Italie, au 6ème millénaire av. J.-C. (Pessina et Tiné, 2008 ; van Andel, 1995). Elle est confirmée par la présence de différentes céréales de blé, d’engrain, d’amidonnier et de froment, en plus des quatre espèces animales domestiques habituelles ainsi que par la culture céramique impressa (Lehoërff, 2016).

1. Les structures architecturales

Un des éléments, qui détermine le Néolithique, est la sédentarité. Les populations de chasseurs- collecteurs/cueilleurs, alors de natures nomades, se sont progressivement sédentarisées. Elles ont réduit la surface de leur territoire et ont construit des habitations destinées à durer. Ces interprétations sont basées sur les structures architecturales retrouvées, notamment des traces de poteaux, des ravines, des fosses creuses, et des silos ou gouttières. Ce sont tant d’éléments qui, mis bout à bout, permettent de définir la présence passée d’une structure comme une habitation, un enclos ou un four. Il est exposé que l’Homme fabrique une « maison » qui lui ressemble et qui répond à ses besoins (artisanat, culte ou autres). Ce concept est présenté dans « le Néolithique en Europe » (Cauwe et al., 2007) sous le nom d’isomorphisme.

La majorité des structures désignées comme logement, au sud de l’Italie, sont de formes rectangulaires ou subelliptiques et sont formées d’une pièce cloisonnée en divers espaces et/ou affutée d’une abside pour une surface totale entre 20 et 50 m2 (Pessina et Tiné, 2008 ; Fig. 1). Au début du Néolithique, ces bâtisses sont construites en bois, avec les techniques de clayonnage recouvertes de torchis (Lehoërff, 2016). Ces espaces, qui généralement possèdent un four, servaient à de nombreuses activités domestiques et à l’artisanat. Figure 1 – Plan d’une habitation de Passo di Corvo (situé dans la région des Selon Anne Lehoërff (2016), trois zones se distinguent : la Pouilles) (adaptée de Pessina et Tiné, région, où les activités agricoles se déroulent, le village, qui est 2008) le regroupement des habitations et dans lequel se trouve certains bâtiments identifiés comme cultuels ou collectifs (greniers, fours collectifs) et la maison, qui abrite une famille nucléaire ou élargie. Ces trois zones participent à une organisation sociale au sein de laquelle une potentielle hiérarchie est identifiable grâce aux différences de tailles et de formes des structures architecturales.

2. L’économie

43 Un changement important a opéré durant le Néolithique. L’agriculture et l’élevage ont peu à peu été introduits dans les habitudes des populations existantes. Ce qui prédominait auparavant, la chasse et la cueillette, demeurèrent mais l’élevage et l’agriculture ont permis la sédentarité (ou, vice-versa, la sédentarité a pu permettre l’élevage et l’agriculture). Les céréales domestiquées sont différentes de leurs homologues sauvages. Les graines sauvages tombent une fois arrivées à maturation alors que celles domestiquées restent accrochées au brin, ce qui crée une dépendance à la manipulation humaine (Pessina et Tiné, 2008, p.220). Des animaux ont été utilisés pour diverses raisons, leur viande, leur lait, leur laine ou encore leur force de traction (Pessina et Tiné, 2008). L’économie néolithique est aussi faite d’échanges de matières premières. En Italie méridionale, ces échanges se font autour de l’obsidienne et des pierres vertes mais aussi du silex. Les gisements d’obsidiennes se trouvaient dans des zones inatteignables par voie terrestre, ce qui nous indique que les populations néolithiques avaient recours à la navigation (Grifoni Cremonesi, 2013).

3. Les cultures matérielles 3.1 La céramique

Plusieurs cultures céramiques se sont succédées, au cours du Néolithique, en Italie méridionale. Grâce au travail de A. Pessina et V. Tiné publié dans l’ouvrage Archeologia del Neolitico, il existe une bonne synthèse des différents faciès céramiques de l’Italie méridionale, ce paragraphe est basé sur leurs recherches (Pessina et Tiné, 2008).

Au Néolithique ancien, c’est la céramique imprimée qui prédomine (Fig. 2). Cette céramique est décorée par impression digitale, pincement ou par pression de coquillages comme le Cardium ou le Pectunculus. Il y a aussi la céramique Guadone, une version évoluée de la céramique imprimée. On peut évoquer aussi les faciès de Lagnano da Piede, Masseria da Quercia et de Matera-Ostuni.

Figure 2 – Céramique impressa archaïque du Sud-Est de l'Italie (adaptée de Pessina et Tiné, 2008).

Au Néolithique moyen, les faciès présents sont ceux de Passo di Corvo, Catignano-Scaloria Bassa, Capri-Lipari-Scaloria Alta « trichrome » (Fig. 3), Cassano, Serra d'Alto (Fig. 4). Le faciès de Passo di Corvo est représentatif de l’Italie méridionale de cette période, il est décoré de « bandes linéaires rectilignes ou courbes et de motifs géométriques complets (cercles, carrés, triangles et losanges), peints en rouge clair ou foncé » (Pessina et Tiné, 2008).

Figure 3 – Céramiques du faciès Capri-Lipari-Scaloria Alta (adaptée de Pessina et Tiné, 2008).

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Figure 4 – Céramiques du faciès Serra d’Alto (adaptée de Pessina et Tiné, 2008).

Datés du Néolithique récent et final, les faciès de Capanna Gravela, Diana-Bellavista, Spatarella et Zinzulusa-Macchia a Mare sont présents au sud de l’Italie.

Les faciès qui sont réellement attestés en Campanie au Néolithique sont les suivants : Impressa archaïque (6100-5700 BC), Impressa évolué « Guadone » (5800-5300 BC), Trichrome (Fig. 3) (5300- 5000 BC), Serra d’Alto (Fig. 4) (5000-4500 BC), Diana (4400-4100 BC) et Spatarella (4100-3800 BC).

3.2 L’industrie lithique polie

Le mot « néolithique » signifie nouvelle pierre. Cette période a été nommée de cette façon car l’industrie lithique a connu un changement important, celui du polissage (Cauwe et al., 2007). La hache polie est l’objet emblématique de cette période. En ce qui concerne l’Italie, les quelques traces d’activité de polissage ont été trouvées au nord, dans le même secteur que les gisements de pierres vertes (Pessina et Tiné, 2008).

4. Les idéologies 4.1 Le funéraire

En Italie méridionale, au Néolithique, les sépultures sont variées (Pessina et Tiné, 2008). Les défunts sont, le plus souvent, positionnés accroupis sur le flanc et déposés dans des fosses individuelles ou par paires (notamment mère-enfant), sans matériel et proche du lieu de vie. Parfois les populations du Néolithique ont utilisé des grottes, des fossés, des puits ou cavités préexistantes pour y déposer leurs morts. Dans les phases les plus récentes, des dépôts ainsi que des traitements sur les os, antérieurs à l’inhumation, ont été observées, ce qui soutient l’idée de rituels funéraires (Pessina et Tiné, 2008).

4.2 La religion, les cultes et les symboles

Un des points importants lorsqu’on parle du Néolithique, c’est la « révolution des symboles », concept expliqué par Jacques Cauvin (Cauvin, 1997). Les objets d’art permettent une interprétation car ils n’ont pas d’utilité au sens propre du terme mais, justement, une utilité au sens figuré ; symbolique et imaginaire. Il est donc intéressant de constater qu’au Néolithique, de représentations symboliques sont devenues fréquentes, notamment celle de la Femme et du Taureau (Cauvin, 1997). En Italie méridionale, de nombreuses figurines en argile (Fig. 5) représentant des femmes ont été trouvées (Pessina et Tiné, 2008). Elles présentent toutes la même stylisation et iconographie. Néanmoins, les éléments les plus anciens sont, dans l’ensemble, plus naturalistes, alors que les éléments les plus récents sont plus schématisés.

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Figure 5 – Figurines féminines d’Italie méridionale (trouvées sur les sites de : Rendina, Favella, Passo di Corvo, Canne, Cala Scizzo et Baselice) (Pessina et Tiné, 2008).

Références

Cauvin, J., 1997. Naissance des divinités, naissance de l’agriculture : la révolution des symboles au Néolithique, Nouvelle édition. ed, Empreintes de l’homme. CNRS Ed., Paris.

Cauwe, N., Dolukhanov, P., Kozlowski, J., Van Berg, P.-L., 2007. Le Néolithique en Europe, Collection U. Histoire. A. Colin, Paris.

Grifoni Cremonesi, R., 2013. Eléments d’homogénéité ou d’hétérogénéité au cours du Néolithique de l’Italie. In : Revista del Museu de Gavà. Sorcis, 581–584

Lehoërff, A., 2016. Préhistoires d’Europe : de Néandertal à Vercingétorix, 40000-52 avant notre ère, Mondes anciens. Belin, Paris.

Pessina, A., Tiné, V., 2008. Archeologia del Neolitico : l’Italia tra VI e IIV millennio a.C. Carocci, Rome. van Andel, R., 1995. Contributi aggiornati sulla neolitizzazione delle diverse aree d’Europa e del Mediterraneo. In : Documenti Praehistorica, Presso l’Università di Lubiana da M. Budja, Lubiana.

46 L’Âge du cuivre

Ilham BERSET

Lors du congrès tenu à Budapest en 1876, le hongrois Ferenc von Poulszky présente officiellement la proposition d’inclure un âge du cuivre entre le Néolithique et l’Âge du bronze. Plus tard, les termes «Chalcolithique » (du grec khalkos cuivre et lithos pierre) et « Enéolithique » (du latin aeneus bronze) sont entrés en usage pour souligner l’apparition des premiers artefacts métalliques à une époque où le travail de la pierre se poursuit et se développe encore (Cocchi Genick, 2009). Cet écrit se focalisera essentiellement sur les cultures matérielles de l’âge du cuivre attestées en Campanie.

1. Énéolithique initial

Le faciès de Macchia a Mare-Spatarella a clairement la fonction d’une phase de transition entre le Néolithique final et le début de l’Énéolithique (Pacciarelli et Talamo, 2008). Il tire son nom d’un des principaux sites du Gargano. Parmi les rares céramiques retrouvées, la forme de vase la plus documentée est la coupe tronconique avec un décor gravé en zigzag à l’intérieur du bord (Fig. 1.1, 1.2), plus rarement un décor de grille en forme de triangle (Fig. 1.3) (Cocchi Genick, 2009). Figure 1 – Faciès de Macchia a Mare-Spatarella (adaptée de Cocchi Genick, 2009). 2. Énéolithique ancien 1

Un phénomène précédent au faciès de Taurasi (cf. Par. 3 « Énéolithique ancien 2 ») a été reconnu et isolé stratigraphiquement à la base des structures de Taurasi mais il n’est pas encore clairement distingué ailleurs et les recherches sont toujours en cours (Talamo, 2008). Cette phase se caractérise par une céramique à décor pointillé formant généralement des bandes ou plus rarement d’autres motifs placés principalement sur des bols ronds. La poursuite des études sur le mobilier permettra de comprendre s’il s’agit ou non d’une phase distincte. Cependant, il est clair qu’elle se situe entre les faciès de Macchia a Mare-Spatarella et Taurasi (Pacciarelli et Talamo, 2008).

3. Énéolithique ancien 2

Le faciès de Taurasi est connu principalement par des ensembles funéraires. Il est défini à partir du comportement funéraire et est caractérisé par le rituel de l’incinération, avec des sépultures individuelles reliées à des structures spéciales qui semblent être des cabanes (Talamo, 2008). Elles ont probablement une fonction funéraire et culturelle et sont souvent réalisées avec des socles en pierre (Pacciarelli et Talamo, 2008). Le rituel consistait à incinérer dans un lieu autre que celui de sépulture, non encore identifié. Les restes brûlés étaient parfois déposés directement dans des fosses, mais le plus souvent dans un vase (Fig. 2.5) placé, soit dans une fosse, soit sur le sol, soit à proximité de la structure. Dans certains cas, deux individus ont été déposés ensemble dans la même fosse ou dans le même vase. L’état des restes rend difficile la distinction du sexe et de l’âge, cependant la présence d’armes semblerait indiquer des sépultures masculines. Dans plusieurs dépôts sont apparus des restes d’animaux brûlés avec les défunts, tandis que rares sont les éléments d’accompagnement, limités souvent à un seul objet : un vase, un fuseau ou un objet lithique. L’emplacement des sépultures varie en fonction des structures ; principalement à l’intérieur, dans le vestibule ou dans la chambre funéraire (Talamo, 2008 ; Cocchi Genick, 2009).

47 En plus des vases utilisés comme cinéraires, nous en avons trouvé beaucoup d’autres à l’intérieur et à l’extérieur des structures, probablement utilisés pour des pratiques rituelles. Les types de vase comprennent principalement des cruches à décor rainuré horizontal sur le col (Fig. 2.1), parfois combiné avec des rangées de triangles ou des lignes en zigzag sur le corps (Fig. 2.2). Il existe aussi des grands bols de fusion (Fig. 2.3) associés à des gobelets (Talamo, 2008 ; Cocchi Genick, 2009) et des olle ovoïdes rainurés ou non (Pacciarelli et Talamo, 2008).

Figure 2 – Faciès de Taurasi: 1-3. céramiques; 4. poignard en cuivre; 5. os incinérés contenus dans un vase (adaptée de Cocchi Genick, 2009).

4. Énéolithique moyen

La culture de l’Énéolithique moyen correspond en Campanie au développement du faciès de Gaudo (Pacciarelli et Talamo, 2008). Ainsi nommé par le district de Spina-Gaudo près du site Paestum, où les premières tombes ont été découvertes en 1943. Ce faciès est représenté à partir du comportement funéraire. Les pratiques funéraires sont liées à une utilisation probablement exclusive de tombes artificielles en grotte (Cocchi Genick, 2009). Les tombes étaient composées d’un vestibule et d’une ou deux chambres funéraires (Sestieri, 1946). Les défunts étaient placés dans une position définie comme « couchée en arrière », allongés sur le dos avec les jambes pliées vers le bassin, ou plus rarement en position accroupie sur le côté gauche ou droit (Cocchi Genick, 2009). Le nombre d’inhumés pouvait varier entre un à 25 individus dans une même tombe (Sestieri, 1946).

En ce qui concerne le mobilier archéologique, il existe une variété remarquable de formes de vase, notamment les askoi (Fig. 3.1), les cruches (Fig. 3.2), les amphores (Fig. 3.6), les pissidi et leurs couvercles (Fig. 3.3), les gobelets (Fig. 3.4), les « salières » (Fig. 3.7) et le vase « en coquille de noix » (Fig. 3.5). Les décorations sont constituées de lignes incisées ou de légères rainures horizontales sur le col des vases en série de lignes verticales. Les pissidi et leurs couvercles ont une décoration incisée élaborée ou des rangées de points (Cocchi Genick, 2009).

Les objets métalliques comprennent un type de lame à base droite avec une nervure médiane (Fig. 3.10), désignée par divers auteurs comme poignard « type Gaudo », et deux types de poignard à soie, l’un avec une lame large sans nervure dit « type Remedello » (Fig. 3.8) et l’autre avec une lame étroite et allongée dit « type Buccino » (Fig. 3.9) (Cocchi Genick, 2009).

48 L’industrie lithique est composée de poignards à une (Fig. 3.12, 13) ou deux faces (Fig. 3.14) avec des bases de formes variées, des pointes de flèche (Fig. 3.15-17) et des microlithes trapézoïdales (Fig. 3.18). Il y a peu d’objets d’ornement représentés par quelques épingles en os avec une tête en forme de « T », principalement décorées de rainures parallèles (Fig. 3.19, 20) (Cocchi Genick, 2009).

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8 9 17 Figure 3 – Faciès de Gaudo: 1-7. céramiques; 8-11. objets en cuivre; 12-18. industrie lithique; 19-20 épingles en os (Cocchi Genick, 2009).

5. Énéolithique tardif

Caractérisé par un riche répertoire de formes de vases et de motifs décoratifs, le faciès de Laterza tire son nom de la ville de la province de Tarente où, en 1996, une importante nécropole a été mise au jour (Franco Biancofiore, 1967). En raison de la grande quantité de matériaux récupérés, elle reste encore aujourd’hui le principal contexte de référence. Les tombes sont en grotte artificielle dont la structure diffère peu de celle du faciès de Gaudo. Parmi toutes les sépultures, nous pouvons distinguer pour la taille, le nombre d’individus calculé en centaine et la richesse des matériaux. Cependant, il y a très peu d’informations sur le dépôt des restes humains ; il est donc impossible de retracer les formes de rituels (Cocchi Genick, 2009).

Le répertoire de vases semble être sensiblement homogène, consistant en amphores à motifs décoratifs élaborés et en anses avec appendice en forme de tubercule (Fig. 4.2), de bouton ou de calotte (Fig. 4.1). Il existe également des bols tronconiques (Fig. 4.7), Figure 4 – Faciès de Laterza: 1-2. certaines plus petites avec un bord dentelé (Fig. 4.8) ainsi que des amphores; 4-5. gobelets; 7-8. coupes gobelets décorés ou ornés d’anses sans appendice (Fig. 4.4, 5) tronconiques (Cocchi Genick, 2009). (Cocchi Genick, 2009).

49 Les productions métalliques comprennent des poignards « type Montebradoni », certains à base simple et un type particulier de lame à base quadrilatérale à bords tranchants avec deux ou trois chevilles (Fig. 5.3) (Cocchi Genick, 2009).

Concernant l’industrie lithique, il existe des pointes de flèches (Fig. 5.4), des demi-lunes (Fig. 5.5) et des trapèzes (Fig. 5.6), des pointes d’os avec un biais coupé aux deux extrémités (Fig. 5.7) et un type d’objet défini comme « hameçon composite » (Fig. 5.8, 9). Les nombreux ornements se Figure 5 – Objets distinguent par une exceptionnelle variété non seulement de formes mais métalliques, industrie aussi de matériaux utilisés : grès, calcaire, ardoise, schiste, os, dents, lithique et osseuse (Cocchi coquillages et même de l’ambre d’origine sicilienne (Fig. 6) (Cocchi Genick, 2009). Genick, 2009).

Figure 6 – Ornements de Laterza (Cocchi Genick, 2009).

Références

Cocchi Genick, D., 2009. Preistoria. QuiEdit, Verona, Italy.

Biancofiore, F., 1967. La necropoli eneolitica di Laterza. Origini I, 195–300.

Pacciarelli, M., Talamo, P., 2008. Sull’articolazione dell’età del Rame nell’Italia meridionale tirrenica. L’età del rame in Italia, 87–94.

Sestieri, P.C., 1946. La necropoli preistorica di Paestum. Rivista di Scienze Preistoriche 1, 245–266.

Talamo, P., 2008. Dinamicheculturali nelle aree interne della Campania centro-settentrionale durante le prime fasi dell’Eneolitico. RSP LVIII, 125–164.

50 L’Âge du Bronze Adrien BERTHOD

L’âge du Bronze en Campanie s’étend chronologiquement de 2300 à la fin du 2ème millénaire av. J.-C. (Bietti Sestieri, 2010). La construction d’une chronologie relative satisfaisante sur la simple base des faciès culturels reste problématique, comme nous le verrons. L’une des raisons en est la complexité et la fragmentation du territoire du Sud de la péninsule, qui ne favorise pas la stabilisation des types céramiques, de par l’obstacle qu’elle représente à l’intensification des rapports entre groupes humains (Bietti Sestieri, 2010). Toutefois, cette période est marquée par plusieurs éruptions volcaniques, dont la circonscription chronologique est essentielle à la restitution de la Préhistoire des populations locales.

1. Les premières phases de l’âge du Bronze 1.1 Faciès de Laterza-Cellino San Marco

Le faciès Laterza-Cellino San Marco est une culture matérielle de l’Enéolithique et du premier âge du Bronze (Fig. 1), qui comprend à la fois quelques éléments céramiques proche du Campaniforme ainsi qu’un certain nombre d’objets métalliques, dont le contexte de découverte est malheureusement souvent inconnu (Bietti Sestieri, 2010).

Figure 3 – Céramique de faciès Laterza-Cellino San Marco (Bietti Sestieri 2010).

1.2 Faciès de Palma Campania

Le faciès Palma Campania est défini exclusivement sur la base de la typologie céramique (Fig. 2). Les formes céramiques comprennent des tasses hémisphériques carénées (Fig. 2b), des tasses montées sur un support creux, des supports et des clepsydres (Fig. 2c) ainsi que des jarres biconiques (Fig. 2a) (Bietti Sestieri, 2010). Le site de Nola-Croce del Papa, enseveli sous une éruption du Somma-Vésuve survenue entre 1935 et 1880 av. J-C. (Passariello et al., 2009), connue comme l’éruption de Pomici dei Avellino (Bietti Sestieri, 2010), offre un exemple extrêmement bien conservé d’habitat associé au faciès Palma Campania. Suite à cette éruption, la plaine de Campanie semble presque totalement abandonnée jusqu’à la phase finale du Bronze moyen (Bietti Sestieri, 2010). La fouille a exhumé plusieurs maisons, de dimensions diverses mais construites selon les mêmes techniques (Albore Livadie et al., 2005). On décèle peut-être déjà à cette époque une possible hiérarchisation de la société : nous retrouvons quelques villages particulièrement importants, situés à des endroits géographiquement favorables, comme des croisements de vallées (Albore Livadie, 1999).

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Figure 4 – Faciès Palma Campania, a: jarres biconiques, b: tasses hémisphériques carénées, c: tasses à support percé, supports et clepsydre (Bietti Sestieri, 2010).

Du point de vue funéraire, il s’agit de sépulture individuelle en grotte pour la partie méridionale de la Campanie (Albore Livadie et Marzocchella, 1999). Dans les parties plus centrales et septentrionales de la région, le mode d’inhumation le plus fréquent est celui de tombes individuelles en fosses, réunies en nécropole. Notons au passage l’existence d’un comportement funéraire particulier pour les enfants morts en bas âge, qui consiste en une inhumation individuelle en urne, déposée à l’intérieur même des villages (Albore Livadie et Marzocchella, 1999).

2. Le Bronze moyen 2.1 Culture protoappenninica

Le faciès protoappenninico apparaît comme une continuité du faciès Palma Campania. L’un des aspects les plus caractéristiques de ses productions céramiques consistent en des anses à surélévation (Bietti Sestieri, 2010). On considère que l’apparition de la culture protoappenninica coïnciderait avec l’intensification du trafic maritime égéen vers la Méditerranée centrale et le développement subséquent de contacts avec les populations locales (Bietti Sestieri, 2010). Les modalités d’occupations du territoire sont diverses, mais l’on distingue assez nettement l’occupation systématique de sites côtiers sur les mers Adriatique et Ionienne, ainsi que des sites d’habitat à l’intérieur des terres, parfois en des lieux défensifs stratégiques (Bietti Sestieri, 2010). La fréquente association de matériel protoappenninica et Palma Campania, ainsi que des critères se retrouvant dans les deux faciès ne permettent pas toujours de les distinguer, typologiquement ou chronologiquement (Bietti Sestieri, 2010).

2.2 Culture appenninica

La culture appenninica correspond à un moment de relative homogénéisation au niveau de la culture matérielle, qui serait le résultat d’échanges particulièrement intenses entre les versants adriatiques et tyrrhéniens (Bietti Sestieri, 2010). Il reste parfois difficile de différencier la culture appenninica du

52 protoappenninica, en raison de la similarité des formes céramiques. Pour pouvoir attribuer avec certitude une céramique à l’un ou l’autre faciès, il nous faut la présence de décors typiques de l’appenninica (Bietti Sestieri, 2010). De même, l’extension géographique de la culture appenninica reste mal définie (Bietti Sestieri, 2010). Dans la continuité des populations de culture protoappenninica, les sites d’habitat sont très divers, dont les habitats en grotte qui semble perdurer à la culture appenninica (Bietti Sestieri, 2010). On remarque toutefois une tendance à l’installation en des lieux à caractère défensif, sur les hauteurs (Bietti Sestieri, 2010).

3. Le Bronze récent

La culture matérielle de l’âge du Bronze récent en Campanie est caractérisée par le faciès subappenninica. La différenciation des faciès appenninica et subappenninica reste difficile, en raison de la proximité morphologique entre ces deux faciès. En fait, ce sont plutôt l’absence de décors typiques appeninica ou la présence d’anses zoomorphes typiques (e.g. en forme de corne, de tête d’escargot ou de tête d’oiseaux) qui peuvent servir de critères discriminants (Bietti Sestieri, 2010).

4. Le Bronze final et la transition vers l’âge du Fer

L’âge du Bronze final correspond à une période de fixation des différences entre les productions des groupes humains locaux, et l’on observera à l’âge du Fer un véritable foisonnement typologique. C’est également une période de centralisation du pouvoir politique, le développement d’une économie de production et d’échanges de type commerciale-industrielle, qui répand ses produits dans toute la péninsule italienne (Bietti Sestieri, 2010).

Replacée dans le contexte de la côte tyrrhénienne, la Campanie apparaît comme le carrefour de nombreux axes de passages naturels, tant maritimes que terrestres, et cet état de fait se concrétise également d’un point de vue archéologique, par la présence simultanée de faciès culturels différents sur le territoire de la Campanie (Bietti Sestieri, 2010).

Références

Albore Livadie, C., Castaldo, E., Castaldo, N., Vecchio, G. 2005. Sur l’architecture des cabanes du Bronze Ancien final de Nola (Naples-Italie), in: Architectures protohistoriques en Europe occidentale du Néolitique final à l’âge du Fer. Presented at the 127e congrès national des sociétés historiques et scientifiques, Nancy, 2002, CTHS, Nancy, 488-512

Albore Livadie, C., 1999. Territorio e insediamenti nell’agro nolano durante il Bronzo antico (facies di Palma Campania): Nota preliminare, in: L’eruzione Vesuviana Delle “Pomici Di Avellino” e La Facies Di Palma Campania.

Albore Livadie, C., Marzocchella, A., 1999. Riflessioni sulla tipologia funeraria in Campania fra Bronzo Antico e Bronzo Medio, in: Atti Del XIX Convegno Di Studi Sulla Daunia. San Severo.

Bietti Sestieri, A.M., 2010. L’Italia nell’età des bronzo e del ferro: Dalle palafitte a Romolo (2200-700 a.C.). Carocci, Roma.

Passariello, I., Albore Livadie, C., Talamo, P., Lubritto, C., D’Onofrio, A., Terrasi, F., 2009. 14C Chronology of Avellino Pumices Eruption and Timing of Human Reoccupation of the Devastated Region. Radiocarbon 51, 803–816.

53 Le Premier âge du Fer

Virginie MONNET

Le Premier âge du Fer n’est pas défini précisément en Campanie mais les dates retenues sont de 950 av. J.-C. à 750 av. J.-C. (Bietti Sestieri, 2010). Il est catégorisé par la culture du faciès Villanovienne, la culture des tombes à fosse ainsi que de la culture de Oliveto-Cairano. Ces cultures sont toutes définies à partir du comportement funéraire et sont contemporaines. On retrouve des traces du passage des Eubéens. Pour la culture des tombes à fosse ainsi que la culture de l’Oliveto-Cairano, ce sont majoritairement des sépultures à inhumation, hormis quelques cas où on note des incinérations comme c’est le cas pour la culture Villanovienne. Les inhumés sont disposés accroupis et appuyés sur le flanc droit. Dans la phase initiale seul un objet était déposé dans les sépultures tel que des vases en argile mal purifiée, de couleur pouvant varier du marron au rouge et qui peut, avec la cuisson, devenir noire. Cette technique apparaît lors de l’apparition de la culture Villanovienne, des fibules en forme de disque sculptées symétriquement ou encore des rasoirs. Par la suite on retrouve plusieurs objets comme des vases de l’adriatique, des fibules à étrier et à disques fermés. L’industrie métallurgique continue de s’intensifier, le Premier âge du Fer est réparti en deux phases. La métallurgie la plus ancienne de l’âge du Fer est celle de la culture Villanovienne. On notera tout de même que l’explosion importante de l’industrie métallurgique se situe entre la fin de l’âge du bronze et le début du Premier âge du Fer. Cette explosion peut être considérée comme l’une des correspondances archéologiques les plus reconnaissables, elle donne des trajectoires organisationnelles au sein des sociétés : politico-territoriale, socioculturelle, ou encore économique. Ces trajectoires organisationnelles caractérisent l’apparition de la culture Villanovienne.

1. La culture Villanovienne

La culture Villanovienne doit son nom de l’origine des découvertes sur le site de Villanova non loin de Bologne. Elle tient son origine du protovillanoviano, c’est la plus vieille représentation étrusque de l’âge du Fer (Bietti Sestieri, 2010), des recherches archéologiques ont confirmé que cette culture est l’ancêtre des Étrusques et du peuple italique. On ne sait dire précisément si les habitats se situaient proches ou non des nécropoles, en revanche le comportement funéraire est totalement différent de ceux connus jusqu’ici (Bietti Sestieri, 2010). Ce ne sont pas des inhumations, mais principalement des incinérations qui sont pratiquées dans les rituels. Ils incinéraient les corps, mettaient les cendres dans une urne biconique (Fig. 1) et creusaient une tombe de type « puit » afin d’enterrer l’urne. Suivant la classe sociale et l’occupation dans la société on pouvait retrouver un casque en terre cuite ou en bronze (pour une personne ayant un rôle militaire), ou encore une écuelle dans la sépulture. On voit une nette différence dans la culture Villanovienne quant au rang social au niveau des pratiques funéraires. Les urnes étaient façonnées à la main et étaient de forme biconique (les deux troncs de l’urne ont la forme des deux cônes se rejoignant au niveau de leurs bases) (Bietti Sestieri, 2010). Les décorations consistent en des motifs géométriques incisés ou gravés.

Les connaissances de la culture Villanovienne sont essentiellement basées sur les analyses typologiques des matières trouvées dans les nécropoles ou encore sur des analyses de classes individuelles d’objets, principalement en métal (Bietti Sestieri, 2010). Pour ce qui concerne la céramique on parle d’une production exécutée à la main du type household production/industry. C’est une production homogène même en ce qui concerne les plus petits sites. Le complexe de la culture Villanovienne constitue le point le plus avancé en termes d’articulation sociale. On retrouve une structure politico-territoriale forte ainsi qu’une organisation efficace pour la production des denrées et les échanges (Bietti Sestieri, 2010).

54

Figure 1 – Un exemple d’urne biconique Villanovienne (Louvre).

1.1 L’industrie métallurgique de la culture Villanovienne

L’industrie métallurgique Villanovienne est caractérisée par une homogénéité des objets produits, cela rappelle la production des céramiques (Bietti Sestieri, 2010). On a une différenciation entre chaque site pour autant les objets ont toujours un prêt à l’emploi reconnaissable. Ce sont des objets de haute qualité doté d’un certain prestige. Cette production demandait des compétences particulières techniquement ce qui pourrait attester la présence d’ateliers spécialisés, c’est à dire que les objets ont tous été créés au même endroit et se sont diffusés dans l’Italie par la suite. Lors de la seconde phase on observe une augmentation du niveau de spécialisation. Les outils sont plus précis et correspondent encore plus à une demande spécifique qui exige des connaissances techniques et une certaine dextérité immédiatement reconnaissable. Les fibules sont les produits les plus typiques et les plus répandues. La haute qualité technologique de ces outils dénote de la diffusion importante qu’a connu la métallurgie Villanovienne. On observe donc une activité économique certaine de la communauté que forme l’Etrurie Villanovienne (Bietti Sestieri, 2010).

1.2 Les nécropoles de la culture villanovienne

On compte par centaine voir par millier les tombes dans les nécropoles de la culture Villanovienne. Ce nombre est significatif de l’étendue des communautés de cette culture. On observe un grand changement au niveau des sépultures en comparaison à la fin de l’âge du Bronze où les sépultures formelles étaient réservées à un nombre de membres des différentes communautés mais cela restait un nombre de personnes restreint (Bietti Sestieri, 2010). En ce qui concerne la nécropole de Tarquinia on relève des éléments intéressants notamment au niveau de l’agencement des sépultures (Bietti Sestieri, 2010). Durant la phase initiale l’absence des armes est généralisée dans les sépultures même si pour certaines nécropoles on retrouve des épées (nécropole dell’Impiccato et dei Monterozzi). Les personnes se trouvant dans ce type de sépultures occupaient sûrement socialement une place importante. Cela indiquerait un certain pouvoir conféré au chef. A la seconde phase du Premier âge du Fer la naissance de la spécificité dans les matériaux apparaît. Le mobilier dans les sépultures donne des indications sur les rôles sociaux des individus (Bietti Sestieri, 2010).

2. La culture des tombes à fosse

55 Au Premier âge du Fer il y a deux types de sépultures distinctes : les inhumations comme la culture des tombes à fosse et les incinérations qui caractérisent la culture Villanovienne (Bietti Sestieri, 2010). On a quelques manifestations plus antiques qui attestent de la présence eubéenne. La nécropole de Cuma et les nécropoles de la vallée du Sarno sont des sites importants et caractéristiques des tombes à fosse. En effet, Cuma est le site qui représente le plus la culture des tombes à fosse. On retrouve tout de même une présence de la céramique Villanovienne dans la culture des tombes à fosse. A part pour le cas de Pontecagnano où on retrouve une quantité de tombes bicellulaires, la culture des tombes à fosse est caractérisée par ses sépultures creusées monocellulaires. Les structures des habitats sont proches de l’eau puisqu’en réalité elles en sont entourées (Bietti Sestieri, 2010). Le choix est évident, il est en lien avec la production mais également avec les particularités des nécropoles des tombes à fosse. C’est un endroit humide certainement propice aux chambres creusées à une certaine profondeur. La disponibilité de l’eau était donc illimitée ce qui était très utile pour la production de différents objets. D’un point de vue pratique il y avait certainement plus d’avantages que de désavantages à vivre entouré d’eau. Bien que la nécropole de Pontecagnano soit Villanovienne elle reste significative en ce qui concerne les tombes à fosse. Néanmoins, la nécropole la plus significative est celle de Cuma. Les données acquises ont pu permettre d’établir qu’une structure organisationnelle de la communauté était en place (Bietti Sestieri, 2010). Les lances retrouvées dans certaines sépultures sont un indicateur masculin tandis que l’épée était sûrement le symbole octroyé au chef de la communauté. Il y a très peu de sépultures féminines, ce sont majoritairement des tombes masculines. Au niveau céramique et métallurgique on a une différenciation qui se fait à la seconde phase du Premier âge du Fer, la technique et la stylistique sont différenciées, on s’éloigne de la culture Villanovienne.

3. La culture de Oliveto-Cairano La culture de l’Oliveto-Cairano est assimilée à la culture des tombes à fosse pour autant il y a quelques différences notables telles que les décorations qui se distinguent et ne ressemblent pas à la décoration de la culture des tombes à fosse. Elle est catégorisée par les fibules type « siciliennes », fibules en forme de lunettes sans support. En ce qui concerne les décorations c’est une riche décoration plastique peinte avec le style « a tenda ». En ce qui concerne l’organisation de la société c’est superposable à l’organisation de la culture des tombes à fosse.

Références

Bietti Sestieri A.M., 2010. L’italia nell’età del bronzo e del ferro, Dalle palafitte a Romolo (2200-700 a.C.), Carocci editore, Rome.

Louvre, 2020. Urne cinéraire biconique à décor géométrique incisé [WWW Document]. URL https://www.louvre.fr/oeuvre-notices/urne-cineraire-biconique-decor-geometrique-incise

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Fiches des sites

57 Hotel Quisisana, Capri Romain BRIFFAZ

1. Localisation

Le site archéologique de Quisisana se situe au large de Salerno sur l’île de Capri. Les fouilles ont eu lieu sur deux endroits différents peu éloignés l’un de l’autre. Le premier correspond à l’emplacement de l’actuel Grand Hotel Quisisana et le second se trouve un peu plus au sud sur la .

2. Accessibilité

Actuellement le site a été entièrement recouvert par la construction de l’hôtel et de plusieurs habitations alentours. Pour s’y rendre il est nécessaire d’emprunter le ferry Sorrento – Capri ou le ferry Napoli – Capri qui compte une quinzaine de kilomètres en plus. Pour observer le mobilier archéologique découvert lors des fouilles du site, il faut se rendre soit au musée Ignazio Cerio dans le centre de Capri ou au musée national de préhistoire et d’ethnographie Luigi-Pigorini à Rome.

3. Historique des recherches

En 1905 à la suite de la construction du Grand Hôtel Ignazio Cerio, physicien et médecin Italien, découvre du mobilier archéologique sous une couche d’argile rouge. Quelques années plutôt, en 1902, Raffaello Bellini, découvrait les premières traces d’artefacts suite à l’exposition d’une couche d’argile rouge dû aux travaux fait sur la future via Krupp (Pigorini et al., 1906). Les recherches sur Quisisana ont été poursuivies en 1910 par deux géologues Francesco Bassani et Alessandro Galdieri. Elles ont permis la découverte de plus amples artefacts (Bassani, 1910).

Au début du XXe siècle en Italie, les connaissances sur le Paléolithique inférieur sont encore vagues. À cette époque, on connaissait très peu de gisement du Paléolithique inférieur en Italie. Les découvertes de Quisisana permettent aux recherches archéologiques sur le Paléolithique d’éclaircir des questions chronologiques. En 1939, les recherches se poursuivent avec des observations stratigraphiques effectuées par A.C. Blanc. En 1964, se sont L. Cardini et A.G. Segre qui se penchent sur le cas Quisisana. Les dernières descriptions du site remontent à 1984 et son publiée dans l’ouvrage I Primi Abitanti d’Europa. Elles sont récoltées par M. Piperno et A.G. Segre et présentent une synthèse sur la position du mobilier lithique et de la faune (Piperno et Segre, 1984).

4. Les structures Sur le site de Quisisana, aucune structure particulière n’est attestée.

5. Le mobilier archéologique

58 Pour le mobilier archéologique, il a été en partie découvert par Ignazio Cerio dans la partie supérieure d’une épaisse couche d’argile rouge (couche 5 – Fig. 1) sous le Grand Hôtel de Quisisana (Piperno, 1998). Au cours de fouilles suivantes, une industrie en quarzite, basalte et silex, appartenant à l’Acheuléen ancien a été récoltée (Piperno, 1998). Cette couche qui reposait directement sur le calcaire du Crétacé ou sur un lambeau cimenté de plage marine fossile a été attribué au Pléistocène moyen (Palma di Cesnola, 1996). Dans les niveaux inférieurs de ce même dépôt ont été retrouvé une faune non associée à l’Acheuléen étant donné que ces restes de faunes n’ont pas été sujet à des traces engendrées par les peuplements de cette culture lithique. On ne recense aucune industrie de l’os (Palma di Cesnola, 1996).

Figure 1 – Schéma stratigraphique du gisement de Quisisana (Capri). Le mobilier archéologique était découvert dans la partie supérieure de la couche 5. Le gisement acheuléen et les restes de faunes sont situés au niveau de la couche 5 (adaptée de Palma di Cesnola, 1996 ; Piperno et Segre, 1984.).

La faune retrouvée au niveau de la couche 5 se constitue en partie d’animaux éteints ou qui ne font plus partis du paysage campanien voir même du paysage européen (Piperno, 1998). On recense la présence du mammouth (Elephas primigenius), du rhinocéros (Dicerorhinus hemitoechus), de l’hippopotame, de la panthère, de la hyène et de l’ours. Pour les espèces plus communes, la présence du cerf et du sanglier est attestée. Il semblerait que ces restes soient des restes naturels et non des restes liés à une industrie osseuse qui auraient donc été exploitée par l’homme. Malgré l’ancienneté de sa découverte, l’industrie de Quisisana est très mal connue (Piperno, 1998). Elle se compose de plusieurs bifaces en quartzite et en silex assez épais et souvent grossièrement taillés et des choppers qui appartiennent à la culture matérielle de l’Acheuléen (Fig. 2). Les caractéristiques typologiques détectées sur l’élément le plus ancien de l’industrie de Capri semblent indiquer un certain archaïsme comparé aux connaissances actuelles sur l’évolution de l’Acheuléen dans le sud de l’Italie. Les bifaces sont assez grossiers et cette impression est également accentuée par la qualité de la matière première utilisée. Cet élément ferait donc référence à une phase moyenne de l’Acheuléen (Palma di Cesnola, 1996). L’industrie de Quisisana ne se limite pas à du mobilier de l’Acheuléen (Piperno, 1998). Elle inclue également des artefacts se référant à une méthode de taille plus récente. Il s’agit d’une industrie sur éclats à talon lisse et d’outils sur éclat sur silex tel que des racloirs simples convexe ou concave et des denticulés, dont la retouche est fréquemment profonde et irrégulière (Fig. 2). Parmi les éclats examinés, aucun ne semble être issu de la technique Levallois (Piperno, 1998).

59 2 1

3 4

5

7 8 6 Figure 2 – Mobilier archéologique du site archéologique de Quisisana (Piperno, 1998). Description : 1 : Biface asymétrique en quartzite, avec une tendance à la lancéolée, les deux bords étant occupés par des détachements secondaires et des retouches, surtout à l'extrémité distale. (L:126 ; l.68, s:39) (Musée "L. Pigorini" Inv. 79949). 2 : Biface sur galet de quartzite, tendant vers l'ovale, avec un cortex partiellement conservé sur une des faces. (L:120 ; l:72 ; s:42) (Musée "L. Pigorini". Inv. 85510). 3 : Biface asymétrique qui provient d’un éclat de quartzite, avec un bout de cortex conservé à la base. (L:82 ; l:58 ; s:25) (Musée "L. Pigorini". Inv. 10013/G). 4 : Biface en silex avec les deux bords retouchés et sur une des faces, retouche denticulées profonde. (L:133 ; l:71 ; s:50) (Musée "L. Pigorini" Inv. 85511). 5-6 : Éclat de silex avec talon lisse au décollement. (5 : L:48 ; l:36 ; s:14). (Musée "L. Pigorini". Inv. 75971). (6 : L:46 ; l:42 ; s:18) (Musée "L. Pigorini". Inv. 75970). 7 : Racloir convexe simple avec un petite cortical, avec talon lisse. (L.40 ; l:32 ; s:13) (Musée "L. Pigorini". Inv. 10106/Cg).

5.1 La datation du mobilier archéologique

En 1955, A.C. Blanc et L. Cardini avaient dans un premier temps supposé qu’il existait deux horizons différents de cultures lithiques dont les plus anciennes, celle de l’abbevilliens, regrouperait presque tous les bifaces et celle du clacto-tayaciens engloberait une partie des outils sur éclats (Blanc et Cardini, 1955). Pour les plus récents, ils auraient appartenu à un « Pré-moustérien » (Palma di Cesnola, 1996). Ensuite, tout comme M. Piperno et A.G. Segre (1984), M. Radmilli (1963) a estimé que l’ensemble de Quisisana devait être attribué tout entier à l’Acheuléen. Ces derniers précisent cependant que l’industrie de Quisisana, dû à son caractère archaïque, se rapporterait plutôt à l’Acheuléen « moyen » (Piperno et Segre, 1984). 5.2 La comparaison avec d’autres sites du Paléolithique inférieur

Concernant les autres sites archéologiques qui seraient témoins de la diffusion et de la succession du faciès des industries bifaciales dans cette zone campanienne. On recense le site archéologique de Camerota dans la province de Salerne, de Notarchirico et celui de Rosenato dans la province de Cosenza

60 (Piperno, 1998). Mais l’absence d'associations fauniques dans les trois gisements mentionnés limite la possibilité de les comparer avec Capri suite à des considérations essentiellement typologiques (Piperno, 1998).

6. L’importance du site dans le contexte régional

Comme spécifié précédemment, la pauvreté des données techno-typologiques et iconographiques ne permet pas d’établir de comparaison précise entre les découvertes de Capri et celle de Camerota, Rosaneto ou encore Notarchirico. En revanche, pour le début du XXe siècle qui connaissait peu de site du Paléolithique inférieur, cette découverte fut considérable pour l’avancée des recherches archéologique de cette période. Le site archéologique de l’Hotel de Quisisana est l’un des premiers sites du Paléolithique inférieur découvert en Italie et permet à l’époque d’élargir les connaissances de cette période ancienne. Aujourd’hui encore, Quisisana fait partie des trois seuls sites du Paléolithique inférieur connus dans la région.

Références

Bassani, F., Galdieri, A., 1910. Scavo geologico eseguito a Capri. In : Atti IV Ruin. Società Italiana per il Progresso delle Scienze, Napoli.

Blanc, A.C., Cardini, L., 1955, Relazione sull’ attività della Sezione di Capri « Ignazio Cerio » dell’Istituto Italiano di Paleontologia Umana nell’anno 1941-42, n.d.

Palma di Cesnola, A., 1996. Le paléolithique inférieur et moyen en Italie, L’homme des origines. J. Millon, Grenoble.

Pigorini, R., Cerio, I., Bellini, R., 1906. Materiali paletnologici dell’Isola di Capri. BPI XXXII, 1.

Piperno, M., 1998. Il Paleolitico inferiore dell’isola di Capri. Una sintesi. In: Federico, E., Miranda, E., 1990 (éds.). CAPRI antica: Dalla preistoria alla fine dell’età romana. La Conchiglia, Capri.

Piperno, M., Segre, A.G., 1984. Capri,Campania. In: M., Bulgarelli, G. M., Zevi, F. (eds). I primi abitanti d’Europa. 1.500.000 - 100.000 anni. De Luca., Roma, 147-149.

Radmilli, A.M., 1963. La Preistoria d’Italia alla luce delle ultime scoperte. Istituto Geografico Militare, Firenze.

Segre, A.G., Biddittu, I., 2009. Pléistocène moyen et inférieur dans le Latium (Italie centrale). L’Anthropologie 113, 59–65.

61 Grotta di Castelcivita

Myriam BENSAID & Stéphane TSCHANZ

1. Localisation

La Grotta di Castelcivita se trouve dans la province de Salerne au sud de l’Italie (Fig. 1). Cette cavité naturelle est creusée au cœur du Massif Alburni (formation datant du Crétacé) au bord de la rivière Calore (Gambassini, 1997).

Figure 1 – Localisation de la Grotta di Castelcivita (Fiore et al., 2019 ; modifié de Moroni et al. 2013).

2. Accessibilité

La Grotta di Castelcivita peut être visitée durant toute l’année (Grotte di Castelcivita) :

 du 1/4 au 30/9 :à 10h30, 12h00, 13h30, 15h00*, 16h30, et 18h00.

 en mars et octobre : à 10h30, 12h00, 13h30 et 15h00*. de novembre à février et * uniquement sur réservation. Elle est découpée en trois circuits, qui se succèdent par ordre de difficulté croissante (Fig. 2).

Le parcours touristique (en orange) mesure 1200 mètres de long. Il prend environ 1 heure et est accessible toute l’année

Le chemin amateur (en vert) mesure 3000 mètres de long. Il est accessible à pieds en 4 heures environ et uniquement de juin à octobre sur réservation.

Remarque: on peut parcourir la route touristique dans l'obscurité (le vendredi, samedi et dimanche à 15h00 si + de 15 ans).

Les handicapés en fauteuil et les poussettes ne sont pas admis.

Sur place on trouve un parking, une restauration et des toilettes.

62 L'entrée coûte 10 euros pour l'itinéraire touristique (enfants de 6 à 12 ans: 8 euros) et 25 euros pour l'itinéraire amateur. La visite dans le noir coûte 13 euros pour les adultes et 10 pour les enfants. Une réservation est nécessaire pour les groupes de plus de 20 personnes au moins un jour à l'avance.

Figure 2 – Les trois circuits (Grotte di Castelcivita).

3. Historique des recherches

Des dépôts archéologiques à l’entrée de la grotte on fait l’objet d’une première campagne de fouille lancée par le professeur P. Gambassini de l’Université de Sienne entre 1975 et 1988 (Fig. 3) (Gambassini, 1997). Depuis 2015, les fouilles de l’Université ont repris sous la direction de la Professeure A. Ronchitelli.

Figure 3 – Les zones fouillées de 1975 à nos jours (Fiore et al., 2019)

Les fouilles ont permis d’identifier une séquence culturelle importante qui s’étend de la dernière phase du Moustérien (fin du Paléolithique moyen) au Protoaurignacien, (début du Paléolithique supérieur) et présente ainsi une période de transition entre l’Homme de Neandertal et l’Homme moderne. La grotte présente une stratigraphie de 3,4 m formée de colluvions qui a été fouillée sur une aire de 12 mètres carrés (Fig. 4) (Gambassini, 1997). Les trois couches les plus basses de cette stratigraphie sont attribuées au moustérien tardif :

 Les niveaux XIII à XII sont associés à une période froide dont la position chronologique ne peut qu’être envisagée et est estimée équivalente à la fin du Würm.  Les niveaux XI à IX révèlent des conditions climatiques plus humides et plus tempérées que les précédentes et indiquent une végétation abondante ainsi qu’une occupation humaine de la

63 cavité. Les données anthropologiques confirment la présence d’une forêt diffusée sur le versant de la grotte et constitué principalement de sapin blanc.  Les niveau VIII à VII indiquent que les conditions de climat tempéré de la phase précédant demeurent tandis que l’humidité s’accentue. L’environnement reste boisé mais les essences changent et comprennent des noisetiers, du chêne et des pins de méditerranéens.

Figure 4 – Chronologie du Paléolithique de la Grotte de Castelcivita : stratigraphie du dépôt sédimentaire et horizons chrono-culturels (Gambassini, 1997).

4. Les Grottes

Les Grottes de Castelcivita forment un système de cavités souterraines de 4800 mètres de long, situées dans la vallée de la rivière Calore, au pied du massif de l'Alburni (province de Salerne), à 100 mètres d'altitude. Elles se développent le long d'une branche principale à partir de laquelle, en plusieurs points, ce système se divise en voies secondaires (Grotte di Castelcivita). Elles composent ainsi un paysage enchanteur de tunnels, grands espaces et passages étroits creusés par l'action de l'érosion karstique. Le suintement des roches continue d'ailleurs de former stalactites et stalagmites. Une première partie est artificiellement aménagée pour permettre à des visiteurs touristiques de pénétrer dans la cavité sur une longueur d'environ 1200 mètres. Une seconde est destinée aux amateurs, mais elle est sujette à de fréquentes inondations. Une dernière est réservée aux spéléologues professionnels.

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5. Le mobilier archéologique

5.1 Le mobilier archéologique du Paléolithique moyen

5.1.1 L’industrie lithique du Paléolithique moyen

L’industrie moustérienne est abondamment représentée dans tous les horizons de la couche XIII à la base de la couche VII puis semble abandonnée dans les niveaux supérieurs (Gambassini, 1997). Toutes les pièces mises au jour ont été décrites ensemble car à ce niveau des recherches, dans les niveaux concernés, on estime qu’elles ne présentent pas de différences significatives ni au niveau de la typologie, ni au niveau de la technique (Fig. 5 et 6). Les sources de matériel brut sont généralement du silex, en grande majorité et un peu de quartzite de source locale (Gambassini, 1997).

Figure 5 – Éclats Levallois travaillés en racloirs, en pointes ou en burins (Gambassini, 1997).

Figure 6 – Percuteur en calcaire (Gambassini, 1997).

65 5.1.2 La faune du Paléolithique moyen

Des os de mammifères ont été identifiés par F. Masini et L. Abbazzi en 1997 dans le but de reconstituer le paléoenvironnement et les fluctuations climatiques passées. Des études taphonomiques et archéozoologiques plus poussées sont en cours (Fiore et al., 2019). Les restes de macrofaune étudiés attestent d’une première phase tempérée et humide correspondant aux niveaux moustériens gar, spits 32-24 (Fig. 2), parmi ces restes on identifie une majorité de Cervus elaphus (cerf élaphe) et de Dama dama (daim) tandis que le Apomdemus sp. (mulots) et les Mircotus terricola sp. (campagnoles) sont dominants dans la microfaune. D’autres espèces liées aux environnements boisés tel que le Glis glis (loir) sont aussi fréquentes. Dans la phase suivante (gar et rsi, sits 23-18, Fig. 4) on note une réduction du nombre de restes de Cervus elpahus et une augmentation des Rupicapra pyrenaica (chamois) de même, les Microtus agretis remplacent les Microtus terricola, ce qui implique des espaces plus ouverts mais un environnement toujours humide (Fiore et al., 2019).

5.2 Le mobilier archéologique du Paléolithique supérieur

5.2.1 Le lithique du Paléolithique supérieur

Un horizon Protoaurignatien à lamelles Dufour (rsa, Fig. 4) coiffe des strates moustériennes et Uluzziennes, le tout étant scellé par les sédiments volcaniques de l'Ignimbrite Campanienne (Moroni et al., 2013). Ainsi, deux couches protoaurignaciennes à micropointes à dos marginal originales (gie et ars, Fig. 4) surmontent la couche Uluzzienne, alors que le Levallois est la technologie la plus utilisée dans sa phase initiale. Ensuite, il est remplacé par des procédures d'écaillage plus variées et une augmentation des lamelles (Peresani et al., 2016). Les grattoirs et pointes sont également une caractéristique Moustérienne au départ, alors que plus tard vont se développer les pièces éclatées, les couteaux à dos et autres outils du Paléolithique supérieur.

Figure 7 – Industrie lithique uluzzien de la Grotta di Castelcivita (Moroni et al., 2013).

À Castelcivita, les pièces esquillées sont fréquentes, ainsi que les pièces à dos courbes (Fig. 7) (Moroni et al, 2013). Et puis on retrouve une abondance d'outils de type Paléolithique moyen (ainsi les burins sont beaucoup moins nombreux que les grattoirs). La matière première ne change pas : des cailloux

66 collectés in situ, même de piètres qualités, déposées par les rivières. Cela montre un comportement opportuniste avant tout comme pour l'utilisation du calcaire. Même si la production est plus versatile qu'auparavant, l'approche de ces différentes cultures régionales Européennes de transition reste "à l'ancienne". Elles sont enracinées dans le contexte technologique lithique moustérien. Cela confirme l'apparition graduelle des éléments de la culture Aurignacienne (Dini et al., 2012), donc son origine non unitaire. Le Protoaurignacien se présente alors comme un technocomplexe polymorphe.

L’évolution de l’Aurignacien à dos marginaux se poursuit selon un mode bien particulier dans la couche gic (Fig. 4). Elles croissent remarquablement, tandis que les lamelles Dufour, devenues plus rares sont remplacées par un grand nombre de micropointes à dos marginales, unilatéral ou surtout bilatéral tantôt sous la forme lamellaire, tantôt sous la forme de tout petits éclats triangulaires, très caractéristiques (Palma di Cesnola, 2001).

5.2.2 L’industrie en os du Paléolithique supérieur

On remarque désormais la présence d'une industrie en os, à Castelcivita comme dans presque tous les sites Uluzzien (Fig. 8), alors qu'elle était quasiment absente du Moustérien (d’Errico et al., 2012). Cette technologie complexe en est donc à ses débuts. Désormais sont utilisés non seulement la pierre, mais également les matériaux durs provenant des animaux (carapace des mollusques, dents, ivoire, os ou corne). Ceci deviendra encore plus systématique au cours de la période suivante le Protoaurignacien, elle-même caractérisée par les lamelles Dufour (Onoratini, 2006).

Figure 8 – L’industrie en os. Les objets 11 à 14 proviennent de Castelcivita (d’Errico et al., 2012).

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5.2.3 Le climat, la faune et la flore au Paléolithique supérieur

Les données de Castelcivita suggèrent un environnement forestier avec un climat légèrement humide, qui se refroidira progressivement (Moroni et al., 2013). La chasse, à la fin du moustérien, était concentrée sur les ongulés (cerfs, daims, chevreuils et quand la végétation deviendra plus aride, chevaux...) avec une stratégie de sélection des spécimens les plus âgés dans les troupeaux (Moroni et al., 2013). Les carnivores étaient nombreux, et on retrouve des restes de léopard, animal généralement très peu chassé par les humains. La quantité de carnivores retrouvés décroit toutefois avec le temps.

L'activité de pêche est également avérée, avec des anguilles, des loups, des truites notamment (Moroni et al., 2013). Et puis la chasse aux oiseaux est maintenant prisée, avec des anaticles (oies, cygnes, canards...), des gallinacés (dindes, poules, pintades...) et des oiseaux de rivage. Il faut noter que certaines espèces étaient exploitées aussi pour leurs plumes (Fiore et al., 2019).

En plus de l’utilisation de ces plumes, comme à Castelcivita, on retrouve de l'ocre, et des ornements personnels liés à une culture symbolique sur de nombreux sites. Il s'agit d'une première apparition en Italie, qui s’étendra largement au Paléolithique supérieur (Boscato et Crezzini, 2012). C’est alors dans le domaine économique et social, dans les aspects comportementaux que la modernité de l’Uluzzien est aujourd'hui particulièrement reconnue, par opposition au Moustérien.

6. L’importance du site dans le contexte régional

La particularité de la Grotte de Castelcivita est sa stratigraphie qui permet d’observer les changements au niveau de la culture matérielle entre le Paléolithique moyen et le Paléolithique inférieur. Comme on peut le lire sur la figure 4, cette phase est prédécédée par un niveau moustérien. Or, pour bien saisir la transition ainsi que toutes les étapes qu’elle comporte, il est primordial d’avoir une bonne connaissance des restes moustériens du site afin de connaitre le « point de départ » de la transition. Ce site nous livre des informations importantes sur les modes de vie de Néandertal en Campanie : les lieux qu’il a fréquentés, les animaux chassés, ainsi que l’exploitation des ressources lithiques.

Ces grottes sont les témoins de la période de transition entre le Paléolithique moyen et supérieur qui est marquée par la fin de l'unicité du Moustérien lequel l'emportait partout en Europe auparavant (Fiore et al., 2019). Dans plusieurs régions, la culture se différencie, et l’Uluzzien est ainsi un faciès spécifique du Paléolithique supérieur archaïque qui concerne uniquement l’Italie et une partie de la Grèce. A son issue, l’homogénéité culturelle reviendra lorsque l’Aurignacien se sera imposé.

C'est dire l'importance des grottes de Castelcivita car y sont représentées les occupations successives de ces trois périodes ! Des datations radiométriques y furent réalisées. Elles nous indiquent la position chronologique de cette période interpléniglaciaire, l'Uluzzien (Schintler, 2011). Elles ont toutefois été largement revues. Ainsi, les données les plus récentes montrent que l'Uluzzien est une unité culturelle cohérente d'une durée de trois à cinq millénaires, qui sera remplacée par le Protoaurignacien avant l'éruption de l'Ignimbrite Campanienne, survenue en 39.85 ka BP (Giaccio et al., 2017). Cette date représente donc un terminus ante quem pour l'occupation paléolithique de Castelcivita.

On est alors amené à se poser la question: quels furent les hommes qui ont créés cette culture Uluzzienne ? D'où venaient-ils ? Cette deuxième question semble résolue : la culture Uluzzienne s'est diffusée à partir de la Grèce avant 45’000 ans BP (Fig. 9) (Moroni et al., 2013), sachant qu'à cette période, le niveau de la mer était de 70 mètres inférieur à celui d'aujourd'hui. Par contre la réponse à la première question reste un mystère. La position des auteurs varie considérablement.

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Figure 9 – Hypothèse de dispersion des Uluzziens dans l’Europe du sud (Moroni et al., 2013).

Certains auteurs considèrent que Neandertal en est l’unique auteur, comme cela est généralement reconnu pour le Châtelperronien. L’Uluzzien serait le résultat de l'évolution culturelle in situ des populations du Moustérien tardif dans cette région du sud de l'Europe. Ces auteurs remettent en question l'hypothèse de l'acculturation et retiennent que le Néandertalien avait déjà accompli son propre passage au Paléolithique supérieur lorsque les premiers Aurignaciens sont arrivés en Europe (Zilhão et d’Errico, 2000). D'autres considèrent au contraire qu'il s'agit de l'apport d'hommes modernes. Ils s'appuient sur la nouvelle attribution des deux dents précitées, et le modèle comportemental développé (Peresani et al., 2016). Enfin il reste ceux qui ne se prononcent surtout pas, considérant que la durée du passage entre les périodes était très courte, et les populations locales si infimes, chaque site ayant sa propre vérité, que seules de nouvelles découvertes sur lesquelles on pourrait realiser des analyses ADN probantes permettraient de répondre définitivement à la question (Villa et al., 2018).

Références

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69 Douka, K., Higham, T.F.G., Wood, R., Boscato, P., Gambassini, P., Karkanas, P., Peresani, M., Ronchitelli, A.M., 2014. On the chronology of the Uluzzian. Journal of Human Evolution 68, 1– 13. https://doi.org/10.1016/j.jhevol.2013.12.007

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Villa, P., Pollarolo, L., Conforti, J., Marra, F., Biagioni, C., Degano, I., Lucejko, J.J., Tozzi, C., Pennacchioni, M., Zanchetta, G., Nicosia, C., Martini, M., Sibilia, E., Panzeri, L., 2018. From Neandertals to modern humans: New data on the Uluzzian. PLOS ONE 13, e0196786. https://doi.org/10.1371/journal.pone.0196786

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70 Grotta delle Felci, Capri Mila COURLET

La Grotta delle Felci à Capri, est une grotte ayant livré une quantité considérable de matériel archéologique datant du Néolithique jusqu’à l’âge de Fer. Sa localisation au milieu de la mer Tyrrhénienne lui à value une grande importance à la Préhistoire en tant que passage commerciale de matériel.

1. Localisation

Située dans la partie méridionale de l’île de Capri, la Grotta delle Felci, s’ouvre sur le versant sud-est du Mont Solaro à 200 mètres juste au-dessus de la mer.

2. Accessibilité

L’accès à la grotte se fait par le nord, en empruntant la route qui longe le massif du Mont Solaro jusqu’à une petite route en montée appelée « Via Grotta delle Felci » qui offre une vue sur la baie de . La route se transforme en chemin passant devant la Grotta dell’Arco puis une montée en gravier permet d’accéder au plateau à gauche duquel se trouve la Grotta delle Felci, en contre-bas.

3. Historique des recherches

Les premières fouilles furent effectuées en 1882 par Ignazio Cerio (Fig. 1), célèbre amateur préhistorique de Capri ; elles concernèrent les couches superficielles du site et mirent au jour une extraordinaire collection de vases peints et gravés, d'objets en pierre et en os, de lames en obsidienne, de pierres taillées, de meules et de restes de nourriture animale. De nouvelles fouilles ont été tentées en 1922-23 par Ugo Rellini (Fig. 2) et, pendant la seconde guerre mondiale, par Alberto Carlo Blan puis Luigi Cardini et enfin Giorgio Buchner. (Centro Musei delle Scienze Naturali dell’Università di Napoli Federico II).

Figure 1 – Ignazio Cerio, Centro caprense Ignazio Cerio, Capri.com. Figure 2 – Ugo Rellini, Alessandro Guidi, 2010.

71 4. La Grotte

La cavité à une superficie de 370 m² et sa voute est située à environ 12 mètres de hauteur (Centro Musei delle Scienze Naturali dell'Università di Napoli Federico II).

5. Le mobilier archéologique

La richesse du matériel trouvé au cours des différentes fouilles suggère que la grotte à été fréquentée sans interruption par l’homme du Néolithique jusqu’à l’âge de Fer.

Le matériel trouvé lors des premières fouilles, ayant essentiellement porté sur la partie superficielle de la stratigraphie de la grotte, semble appartenir pour l'essentiel à l'âge du Bronze (IIe millénaire av. J.- C.). A cette époque, l'abri était probablement utilisé comme habitation, et non plus à des fins rituelles ou funéraires comme à l'époque Néolithique (Centro Musei delle Scienze Naturali dell'Università di Napoli Federico II).

5.1 La céramique trichrome

Sur l’île de Capri, au Néolithique moyen, s’est développé une riche production de vases peints avec un style particulier : des bandes rouges bordées de bandes noires (Pessina et Tiné, 2008). Ce type de céramique appelé Trichrome a été trouvé en grande quantité dans les couches Néolithiques de la Grotta delle Felci et leur datation varient entre 5300 et 5000 BC (Giardino, 1990).

Ce type de céramique a une distribution côtière assez large allant de la Campanie à la Sicile et des îles éolienne à la Calabre mais le noyau principal se trouve sur les îles de Capri et de Lipari, les seules dans lesquelles ce style est presque exclusif dans la vaisselle peinte, d’où sa deuxième appellation : faciès de Capri-Lipari (Giardino, 1990).

La céramique trichrome est essentiellement constituée de tasse et de bols à fonds convexes avec des anses. Les motifs sont variés et les bandes peuvent être horizontales ou verticale, diagonale, en zig-zag ou en forme de losange mais toujours rouge bordée de noir. Souvent la pâte est fine et la cuisson imparfaite (Fig. 3) (Giardino, 1990).

Figure 3 – Céramique trichrome de la Grotta delle Felci, Néolithique (Giardino, 1990).

72 5.2 Céramique protoappenninica et appenninica

Dans la Grotta delle Felci, on trouve des pièces de céramiques attribuables à la culture Protoappenninica (XVIe et XVe BC, phase B) (Giardino, 1990). Comme le petit support en forme de sablier des fouilles de Cerio (Fig. 4). De nombreuses autres céramiques Protoappenninica ont été retrouvées dans la grotte tels que des bols carénés à hanses quadrangulaires surélevées.

Figure 4 – Support en forme de sablier de la culture protoappeninica de la Grotta delle Felci, XVe siècle av. J.- C. (Giardino, 1990).

Divers fragments de céramique de la grotte sont caractérisés par des formes et des décorations typiques de la culture appenninica (XIVe siècle BC), ont été retrouvés dans la Grotta delle Felci par I. Cerio. (Giardino, 1990). La culture appenninica, typique de l’âge de Bronze moyen en Italie centrale et méridionale, est caractérisée par sa céramique à pâte brune dont la paroi est ornée de complexes motifs géométriques incisés (Fig. 5) (Giardino, 1990).

Figure 5 – Céramique appenninica de la Grotta delle Felci, XIVe siècle av. J.-C. (Giardino, 1990).

5.3 L’obsidienne

L’obsidienne est une roche noire volcanique formée par le refroidissement du magna. Le magma a une composition principalement siliceuse ce qui rend la roche très tranchante une fois taillée. C’est donc un matériau très prisé au Néolithique pour la fabrication d’outils coupants (Giardino, 1990).

73 Des outils en obsidienne sont souvent trouvés sur des sites où cette roche n’est pas présente naturellement. L’identification de la zone d’origine de l’obsidienne est donc très importante car elle donne des informations sur les relations sociales entre les différents peuples et sur les principales routes commerciales. On sait que les zones de profusion de l’obsidienne en Méditerranée sont nombreuses (Giardino, 1990). Les principales sont les suivantes : Arci (centre-ouest de la Sardaigne) ; Lipari (îles Eoliennes) ; Pantelleria (canal de Sicile); Antiparos, Milos et Giali (mer Egée) (Vaquer, 2007).

J. Vaquer a souligné l’importance des routes maritimes dans la circulation de l’obsidienne vers le zone nord-tyrrhénienne (Vaquer, 2007).

Capri est justement située dans la zone nord tyrrhénienne. C’est est une île constituée principalement de roche sédimentaire et ne comporte pas l’obsidienne parmi ses roches naturelles, pourtant une quantité considérable d’outil en obsidienne ont été retrouvés dans la Grotta delle Felci (Fig. 6) ; par conséquent, sa présence se justifie par un échange commercial avec d’autre localités méditerranées (Giardino, 1990).

Figure 6 – Lames en obsidienne de la Grotta delle Felci, Néolithique (Giardino, 1990).

5.4. Les meules de grès

Dans un ravin situé dans le mur nord-ouest de la grotte, les fouilles de Rellini ont mis au jour des restes osseux de 6 ou 7 individus dont une femme et un enfant datant du Néolithique. Les ossements humains étaient mélangés à des ossements d’animaux ce qui d’après C. Giardino, sont des restes évidents d’offrandes funéraires à base de viande. Le mobilier funéraire se composait de quelques vases peints trichromes, de galets peints, de coquillages perforé (bijoux faisant surement parti de la tenue funéraire) (Fig. 7), mais surtout de meules de grès recouvertes d’ocre ainsi que de pilons (Fig. 8) (Giardino, 1990).

La présence de la meule de grès en elle-même sur un site du Néolithique ne justifie pas forcement qu’elle fasse partie du mobilier funéraire et il n’est pas rare à cette période de trouver des sépultures dans les sols des habitations. Cependant, plus d’une cinquantaine de meules de grès ont été retrouvés dans la Grotta delle Felci, ce nombre exceptionnel laisse penser que les meules n’ont certainement pas servi à des fins domestiques mais étaient liées à des pratiques de cultes funéraire ou de cérémonies d’adoration impliquant l’utilisation d’ocre. Si l’on considère que les meules ont fait partie d’ensemble funéraire, nous en arrivons à un si grand nombre pour un si petit espace qu’il semble impossible que la grotte ait pu en même temps servir d’habitation à cette période. De plus les meules étaient mélangées à des galets peints à l’ocre rouge, expression d’un culte religieux qui était déjà présent au Paléolithique. D’après G. Buchner, nous devons donc exclure l’utilisation profane de la grotte au Néolithique (Buchner, 1954).

Figure 7 – Coquillages perforés faisant partie de la tenue funéraire de la tombe de la Grotta delle Felci, Néolithique (Giardino, 1990).

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Figure 8 – Meule de grès et pilon de la Grotta delle Felci, Néolithique (Giardino, 1990).

6. L’importance du site dans le contexte régional

6.1 Symbolique cultuelle

La Grotta delle Felci avait à l'époque Néolithique une fonction rituelle évidente, comme sanctuaire dans lequel on pratiquait des cultes ainsi que des sacrifices et des sépultures ; les offrandes de récipients contenant de la nourriture et des boissons prouvent que des cérémonies devaient avoir lieux dans la grotte ; la pratique de libations sacrées est suggérée par l'abondance de tasses et de bols en céramique d'une valeur spéciale, telle que la céramique trichome (Giardino, 1990). En ce qui concerne l’âge du Bronze, des os d'animaux et des coquillages évoquent la mémoire des rites célébrés en ce lieu en l'honneur de divinités, au cours desquels la nourriture était offerte (Giardino, 1990).

6.2 Rôle dans la diffusion de l’Obsidienne

L’île de Capri jouait clairement un rôle de médiation d’une grande importance dans la circulation de l’obsidienne dû à sa position géographique au milieu de la route commerciale de cette précieuse roche. En effet, Capri comportait énormément d’obsidienne venant du sud qu’elle taillait et qu’elle faisait ensuite surement passer au nord (Fig. 9) (Vaquer, 2007). Les communautés préhistoriques qui ont fréquenté la Grotta delle Felci étaient intégrés dans les réseaux de circulation de l’obsidienne et se dédiaient peut-être même à la transformation de matière première au Néolithique. Il est donc probable que Capri doit la prospérité de ses communautés néolithiques au commerce de l'obsidienne, comme en témoigne de manière exemplaire l'abondance et la richesse des matériaux de la Grotta delle Felci (Giardino, 1990).

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Figure 9 – Carte de la route commerciale de l’obsidienne passant par Capri au sud de Palmarola (Vaquer, 2007).

Références

Buchner, G., 1954. La stratigrafia dei livelli a ceramica ed i ciottoli con dipinti schematici antropomorfi della Grotta delle Felci. Museo Preistorico-Etnografico "LPigorini, Roma.

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Centro Musei delle Scienze Naturali e Fisiche, n.d. URL http://www.cmsnf.it/, http://www.cmsnf.it/ (accessed 2.21.20).

Giardino, C., 1990. L'isola di Capri dal Neolitico alla prima età del Ferro. In: Federico, E., Miranda, E., 1990 (éds.). CAPRI antica: Dalla preistoria alla fine dell’età romana. La Conchiglia, Capri.

Guidi, A; 2010. The Historical Development of Italian Prehistric Archaeology : A Brief Outline. Bulletin of Archaeology, 20(2), 13–21.

Pessina, A., Tiné, V., 2008. Archeologia del Neolitico : l’Italia tra VI e IIV millennio a.C. Carocci, Rome.

Vaquer, J., 2007. Le rôle de la zone nord Tyrrhenienne dans la diffusion de l’obsidienne en Méditerranée nord- occidentale au Néolithique. In : D’Anna, A., Cesari, J., Ogel, L., Vaquer, J. (éds.). Corse et Sardaigne préhistoriques: relations et échanges dans le contexte méditerranéen. Actes des congrès natrionaux des sociétés historiques et scientifiques 128. Paris, édition du CTHS, 99–119.

76 La nécropole énéolithique de Gaudo (Paestum)

Ilham BERSET

1. Localisation

La nécropole de Gaudo a été trouvée dans la province de Salerne en Campanie, à l’intérieur d’une vaste zone située à environ 2 km au nord de la ville de Paestum et occupait la localité dite « Spina-Gaudo » (Sestieri, 1946).

2. Accessibilité

Le site des fouilles n’est plus visitable actuellement, il a été transformé en parcelle agricole (Wikipédia). Cependant, une partie du mobilier archéologique est exposée dans le musée du parc archéologique de la ville de Paestum. Nous pouvons y trouver une reconstitution d’une tombe énéolithique ainsi qu’une collection de vases (Archeological Park of Paestum). Au musée archéologique national de Naples sont conservés 39 vases, 3 poignards en silex, une pointe de flèche et un poignard en cuivre (Aurino, 2014).

3. Historique des recherches

La découverte de la nécropole énéolithique de Gaudo en automne 1943 a été un évènement exceptionnel lié à la Seconde Guerre mondiale (Brinson, 1945). Suite à l’opération Husky, qui consistait à envahir et libérer la Sicile par les forces alliées, une nouvelle opération dite Avalanche a été lancée : le débarquement dans le golfe de Salerne. Quelques semaines après le débarquement, lorsque les militaires américains extrayaient de grandes quantités de tuf calcaire visant à construire une piste d’atterrissage pour les forces alliées (Fig. 1), ils sont tombés sur plusieurs tombeaux creusés. Les fouilles ont été faites par des moyens mécaniques et les tombes ont malheureusement été endommagées. La découverte de la culture de Gaudo ne s’est produite que l’année suivante, lors d’extractions d’autres quantités de tuf calcaire, désormais pratiquées à la main. Des nouvelles tombes ont été mises au jour avec la présence d’un corps d’armée britannique qui comprenait le lieutenant John G. S. Brinson appartenant à la B.P. Mobile Archaelogical Unit. Deux campagnes de fouilles ont été menées en 1945, d’autres en 1946 et 1947 et ont mis au jour un total de 19 contextes de tombes. Un an après la découverte de la tombe 10 et la fin de la guerre, Pellegrino Claudio Sestieri inspecte la nécropole de Gaudo et ramasse des vestiges laissés par les militaires. Les dernières fouilles ont été menées par la Surintendance de Salerne à plusieurs reprises depuis 1962 par Giuseppe Voza qui a découvert 14 nouvelles tombes (Aurino, 2014).

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Figure 1 – Photos des préparatifs militaires (adaptée de Aurino, 2014).

4. Les tombes

Les premiers essais d’excavation ont mis en lumière certaines tombes extérieurement plus ou moins endommagées par les moyens mécaniques utilisés par les militaires en 1943 (Brinso, 1945). Seule une partie des tombes dans le quartier « Gaudo » était restée intacte. Toutefois, il y a quand même eu des destructions dans certaines de ces tombes. En effet, la voûte très mince situées au-dessus de la chambre funéraire s’était écroulée sous le poids de la terre. D’autres semblaient avoir été pillées car elles ont été retrouvées sans voûte, remplacée par un tas de pierres, et sans objets à l’intérieur ou quelques fragments de céramiques (Sestieri, 1946).

En revanche, les sépultures intactes nous ont donné des caractéristiques générales : les tombes sont artificielles, creusées dans le sol calcaire, de forme elliptique ou circulaire. Elles sont composées d’un vestibule et d’une chambre funéraire fermée par une dalle rectangulaire en pierre. La tombe et le vestibule forment deux cercles tangents, au point d’union s’ouvre la tombe. Le niveau du fond de celle- ci est plus bas que celui du vestibule. Nous avons pu observer également que parfois un vestibule est commun à deux tombes (Sestieri, 1946).

Un autre élément très important a été mis en évidence dans ces fouilles : le banc de calcaire est sillonné de canaux qui se croisent en angle droit (Fig. 2) (Sestieri, 1946). Ceux en direction Nord-Sud mesurent 40 cm à 60 cm, creusés à 20 cm de profondeur et sont continus alors que ceux en direction Ouest-Est sont beaucoup plus petits, mesurant 20 cm, creusés à 10 cm de profondeur et ne sont pas continus. Ce système de canaux servait au drainage de la nécropole, les canaux nord-sud se terminent en de petits puits circulaires qui devaient recueillir les eaux de pluie et les empêcher de pénétrer dans les tombes. Pour faciliter l’évacuation des eaux, les petits canaux se trouvaient à un niveau plus élevé que les autres. Ce réseau a dû être creusé avant que les tombes ne furent ouvertes car ces dernières ne tiennent pas compte des canaux les coupant en plusieurs points et les rendant inefficaces. Cela fait penser que probablement ils voulaient à l’origine un ordre régulier de la nécropole mais en pratique ils n’en ont pas tenu compte (Sestieri, 1946).

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Figure 2 – Planimétrie de la nécropole du Gaudo (Voza, 1975).

Les tombes contenaient très souvent un grand nombre de squelettes, rarement un ou deux. Sur deux cas seulement, nous avons retrouvé un squelette mais les deux sépulcres étaient entièrement détruits, donc nous ne pouvons pas être certains que ces dépôts étaient isolés. Dans une tombe, bien que la voûte se soit effondrée, deux squelettes ont été retrouvés en position « accroupi » (Fig. 3) avec le crâne vers le nord. Dans d’autres tombes, nous avons trouvé un nombre varié d’inhumés allant de 7 à 25 individus. Dans le cas des sépultures collectives, nous avons pu observer que les crânes étaient déposés tout autour des parois alors que les autres os s’amassaient vers le centre, à proximité de la porte c’est presque toujours un ou deux squelettes accroupis.

Les vases, généralement très nombreux, se trouvaient toujours autour des parois (Fig. 4) (Sestieri, 1946). Selon les observations de J. G. S. Brinson (1945), les sépultures auraient été réutilisées à d’autres moments et probablement par des peuples différents : les nouveaux venus auraient pressé violemment les os et vases des anciens contre les parois pour faire de la place à leurs défunts (Brinson, 1945). A cette hypothèse s’oppose quelques considérations selon P. C. Sestieri (1946) : les vases et les autres objets ont des caractéristiques d’homogénéité et démontrent l’appartenance à un seul faciès, celui de Gaudo. Il faudrait donc supposer que les plus récents utilisateurs déposaient leurs morts sans leurs objets de valeur. Nous ne pouvons pas dire que les vases aient été poussées contre les parois car cette disposition se trouvait également dans le cas où il n’avait que deux défunts qui ont été retrouvés à leur place sans avoir été déplacés (Sestieri, 1946).

79 Figure 3 – Tombe G : squelette recroquevillé Figure 4 – Tombe G, pendant l’excavation (Sestieri, 1946). à la porte (Sestieri, 1946).

5. Le mobilier archéologique

Un grand nombre de céramique a été retrouvé dans la nécropole (Brinson, 1945). Les vases sont caractérisés par une pâte de couleur brune ou marron. Le type de vase le plus courant est celui dit de « bouteille » (Fig. 5A). Ils sont globulaires avec un col plus ou moins haut qui peut être cylindrique ou conique. Très fréquent aussi, le type en forme de « verre » à une poignée, à fond plat. Une autre catégorie de vases a été mise en valeur lors des fouilles, en très peu d’exemplaires mais de grand intérêt. Il s’agit de vases définis « salière » (Fig. 5B) par P.C. Sestieri (1946) car ils sont constitués de deux éléments en forme de capeduncola (un type de bol). Ces deux parties sont réunies par un petit pont horizontal et d’une poignée partant des bords, arquée ou à angle droit. Une autre forme de vase est appelée askos (Fig. 5C) qui se différencie des vases « bouteille » par le col cylindrique déplacé vers l’avant, et la poignée derrière celui-ci sur le dos. Des couvercles ont été retrouvés en très peu d’exemplaires composés parfois de 2 parties : l’inférieur plus ou moins cylindrique séparé de la partie supérieure sur laquelle se trouve un petit dôme, faisant penser à une petite cabane circulaire (Fig. 5D). Il a été trouvé également un grand bol reconstruit quasi entièrement de deux grands fragments (Fig. 5E). Il est conique, très ouvert vers le haut avec le fond parfaitement circulaire et plat. La décoration des vases de la nécropole de Gaudo est incisée, la plus fréquente est celle observée sur les vases « bouteille ». Elle consiste en de petites lignes horizontales, pas forcément droites ni continues, sur le col et en série des lignes verticales (Fig. 6). La même exécution se remarque sur les couvercles évoqués précédemment (Sestieri, 1946).

Concernant l’industrie lithique, nous avons retrouvés plusieurs outils en pierre taillé (Sestieri, 1946). Les lames ont été faites avec beaucoup de précision et rendues très coupantes par un travail minutieux avec des retouches sur les bords, pouvant atteindre 20 cm de longueur. Six pointes de flèche triangulaires avec de petites ailes ont été découvertes. D’autres objets ont été retrouvés comme un couteau à section triangulaire, quelques grattoirs et six géomètres en forme de trapèze provenant d’une seule tombe (Sestieri, 1946).

Un seul objet en cuivre a été retrouvé : un poignard triangulaire, large et court avec un talon rectiligne (Fig. 7) (Sestieri, 1946). Selon le témoignage d’un pasteur qui se trouvait sur place durant la première excavation, un bracelet en argent aurait été trouvé dans un vase. Malheureusement, nous n’avons aucune preuve tangible de l’existence de ce bijoux (Sestieri, 1946).

Nous pouvons noter que dans la nécropole de Paestum aucun autre objet, à part ceux décrits, n’a été retrouvé : aucun en terre cuite mis à part les vases, aucun objet de parure, aucune trace d’une industrie

80 osseuse. Cette anbsence certain peut être attribuée aux pilleurs qui cassaient la voûte de la chambre funéraire pour s’y introduire (Sestieri, 1946).

A B

C

E D

Figure 5 – Différents types de vases de la nécropole de Paestum: A. Vases « bouteilles »; B. « Salières »; C. Askos; D. Couvercle; E. Grand bol (adaptée de Sestieri, 1946).

Figure 6 – Askos et vase « bouteille » avec des décors incisés (Bailo Modesti et Salerno, 1998).

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Figure 7 – Poignard en cuivre (Sestieri, 1946).

6. L’importance du site dans le contexte régional

Les vingt années séparant la découverte de la nécropole par John G. S. Brinson et sa redécouverte par G. Voza ont permis d’acquérir de meilleures méthodologies de fouille et des connaissances approfondies sur le site archéologique (Aurino, 2014). La culture de Gaudo est attestée en Campanie et est connu principalement par des ensembles funéraires (Cocchi Genick, 2099). La nécropole énéolithique en localité « Spina-Gaudo » est le premier complexe sur lequel se fonde une grande partie de la définition du faciès de Gaudo. C’est pour cela que ce site est un contexte archéologique très important de l’âge du cuivre en Campanie. Sa découverte a été l’une des plus importantes faites par la B.P. Mobile Archeological Unit malgré des circonstances exceptionnelles (Aurino, 2014).

De plus, le système de canaux de la nécropole tend à renforcer l’idée d’un culte des anciens. En effet, ce système devait permettre de dévier l’eau afin de protéger les tombes et les défunts. Cependant, certaines tombes ont été creusées sans tenir compte des canaux, les traversant et les coupant à plusieurs endroits contradisant cette hypothèse (Sestieri, 1946).

Références

Archeological Park of Paestum, n.d. Prehistory [WWW Document]. URL https://www.museopaestum.beniculturali.it/la-preistoria/?lang=en#! (accessed 1.29.20).

Aurino, P., 2014. La necropoli eneolitica del Gaudo (Paestum) tra scoperta e riscoperte, in: Guidi, A. (Ed.), 150 anni di preistoria e protostoria in Italia, Studi di Preistoria e Protostoria. 437–444.

Bailo Modesti, G., Salerno, A., 1998. Pontecagnano II.5 La necropoli eneolitica - L’età del Rame in Campania nei villaggi dei morti. Istituto Universitario Orientale, Naples.

Brinson, J.G.S., 1945. The pre-hellenic necropolis at Gaudo, document conservé auprès de la Biblioteca della Soprintendenza di Napoli

Cocchi Genick, D., 2009. L’Età del Rame, in: Preistoria. QuiEdit, Verona, Italy, 199–210.

Sestieri, P.C., 1946. La necropoli preistorica di Paestum. Rivista di Scienze Preistoriche 1, 245–266.

Voza, G., 1975. Considerazioni sul Neolitico e sull’Eneolitico in Campania. AntiIIPP XVII, 51–84.

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Wikipédia, pas de date. Gaudo aérodrome [WWW Document]. URL https://fr.qwe.wiki/wiki/Gaudo_Airfield?ddexp4attempt=1 (accessed 1.29.20).

83 La nécropole énéolithique de Pontecagnano Virginie MONNET

1. Localisation La nécropole énéolithique de Pontecagnano a été trouvée dans la propriété « De Concilio » à une centaine de mètres au nord de la S.S 18, à cent-vingt mètres au sud-ouest du tronçons autoroutier Salerno-Reggio Calabria et à environ cent mètres de la rivière Picentino actuelle (Fig. 1).

Figure 1 – Plan des sites archéologiques dans la commune de Pontecagnano. L’emplacement de la nécropole énéolithique est indiqué par le numéro 1. Planimétrie par C. Lanzara (Bailo Modesti et Salerno, 1998).

2. Accessibilité On ne peut plus visiter le site, car des constructions ont pris place à cet endroit. En outre nous pouvons observer les vestiges archéologiques retrouvés au Musée Archéologique National de Pontecagnano qui se trouve Via Lucania à Pontecagnano Faiano. L’accessibilité au musée est gratuite pour les étudiants en archéologie et les heures d’ouvertures sont les suivantes : avril – septembre 9h-19-h30, octobre – mars 9h-19h.

3. Historique des recherches

84 Les fouilles effectuées sont des fouilles fortuites (Bailo Modesti et Salerno, 1998). Le site a été trouvé à l’occasion de la construction d’un immeuble. Lorsqu’ils ont commencé les travaux les ouvriers sont tombés sur des vestiges et ont dû stopper la construction le temps que les fouilles soient effectuées. Les fouilles ont été menées par G. Bailo Modesti et A. Salerno au début du mois de septembre 1992 et se sont terminées fin décembre 1992. Les éléments retrouvés sur le site sont typiques du faciès du Gaudo. Toutefois on retient une tombe (no. 1497) dans laquelle on a retrouvé des éléments se rapprochant de la culture de Laterza.

4. Les tombes

La nécropole énéolithique de Pontecagnano se trouve dans la quatrième strate reconnue dite le « paleosuolo ». Le sol qui couvre la roche mère est argileux de couleur rouge-brunâtre et recouvre le banc de tuf dit « grigio campano ». Ce dernier atteste la plus importante éruption qui a eu lieu dans la région de la Campanie environ vers 33’000 avant J.-C. C’est précisément à partir du paléosol et dans le banc de tuf que les tombes ont étés creusées.

Les tombes sont toutes dotées d’un puit d’accès de forme circulaire ou du moins ce qui s’en rapproche le plus (Bailo Modesti et Salerno, 1998). De dimensions variables mais toujours de manière à ce qu’elles soient utilisables. C’est un petit espace qui permettait de rentrer dans la chambre mono ou bicellulaire (Fig. 2, 3 et 4). A l’intérieur des chambres bi/monocellulaires on note une particularité au niveau de la disposition des défunts : les jambes sont le long de la fosse tandis que les mains et le thorax sont repliés et sur la droite (Fig. 5). On a majoritairement retrouvé des corps qui étaient encore en connexion anatomique. La plupart des tombes se sont révélées être masculines, ce n’est pas pour autant que l’on n’a pas retrouvé́ de tombes féminines mais celles-ci sont peu réprensentées. On a retrouvé́ 10 chambres dont 7 étaient bicellulaires et 3 monocellulaires auxquelles on peut ajouter une tombe pour laquelle la détermination reste incertaine car elle a été en partie détruite. Comparé aux autres sites du faciès du Gaudo c’est le seul endroit où on retrouve une majorité de tombes bicellulaires. Sur les autres sites les tombes monocellulaires sont majoritaires. Sur les 57 individus retrouvés sur le site, 24 sont masculins tandis que 11 sont féminins. On retrouve également des restes de chiens dans certaines tombes. Outre les ossements de chiens retrouvés dans certaines sépultures pour quatre d’entre elles (nos. 6517 A et B, 6589 et 6590B) on a une prévalence des ossements de moutons et de cochons présents ; dans de très rares cas des ossements de bovins sont également trouvés. L’interprétation serait que ces ossements servaient de rituel d’offrandes (Bailo Modesti et Salerno, 1998). On a retrouvé dans un cas une trace de trépanation à laquelle la personne de la sépulture no. 6589 aurait survécu. Au niveau des particularités dans les sépultures on a également retrouvé des pièces en céramique, sur ou à côté des corps, donnant l’impression qu’ils ne font qu’un des céramiques.

A B

Figure 2 – Forme des tombes typique de la nécropole : A) tombe monocellulaire ; B) tombe bicellulaire. Par C. Lanzara (Bailo Modesti et Salerno, 1998).

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Figure 3 – Chambre monocellulaire (Bailo Modesti et Salerno, 1998).

Figure 4 – Pierres déposées devant les entrées des chambres (Bailo Modesti et Salerno, 1998).

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Figure 5 – Position des corps encore en connexion anatomique dans la sépulture (Bailo Modesti et Salerno, 1998).

5. Le mobilier archéologique Une certaine quantité de céramique a été retrouvée sur le site (Bailo Modesti et Salerno, 1998). Elle est typique de l’Énéolithique pour laquelle on ressent une forte influence venant du côté de l’Adriatique. On note des caractéristiques typologiques qui se rattachent à la culture du Gaudo. La majorité des céramiques retrouvées sont en forme d’olla (>30%), c’est le vase typique, on retrouve également environ 19% de tasses, environ 14% de cruches (Fig. 6) et on note la présence de quelques verres et bocaux également (Bailo Modesti et Salerno, 1998). Dans les tombes 78% des objets sont en céramique et les 21% restants sont des armes fabriquées en silex. Seuls deux objets qui ont été retrouvés dans les sépultures étaient fabriqués en métal.

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Figure 6 – Cruche typique du faciès du Gaudo. Laboratoire photographique de la Surintendance spéciale du Musée National Préhistorique Ethnographique L.Pigorini (Bailo Modesti et Salerno, 1998)

6. L’importance du site dans le contexte régional Le site est important par sa richesse archéologique, mais également parce-que l’Énéolithique, en ce qui concerne le territoire de la commune de Pontecagnano, est documenté uniquement dans la propriété De Concilio. Pour trouver d’autres sites il faut se rendre plus à l’ouest du pays vers la localité́ de San Leonardo ainsi qu’à l’extrémité́ opposée à Bellizzi. Les périodes successives sont peu documentées dans cette région. Toutes les découvertes de cette époque se concentrent à San Antonio à environ 2km de distance du groupe Picentino-Piazza. La nécropole se situerait non loin du village de l’âge du Cuivre selon l’une des conclusions de Bailo Modesti, auteur de « Pontecagano II.5 La necropoli eneolitica – (...) ».

Références

Bailo Modesti, G., Salerno, A., 1998. Pontecagnano II.5 La necropoli eneolitica - L’età del Rame in Campania nei villaggi dei morti, Aion ArchStAnt. Istituto Universitario Orientale, Naples.

88 Nola, Croce del Papa Céline GÜR

1. Localisation

Le site de Nola est situé en Campanie, à environ cinq kilomètres du pied du Vésuve en direction du Nord-Est (Fig. 1).

Figure 1 – Carte de la Campanie (adaptée de Albore Livadie et Vecchio, 2002).

2. Accessibilité

Le parc archéologique construit autour de la localité Croce del Papa est actuellement fermé au public en raison de la présence d’une nappe phréatique qui menace le site, mais il existe toutefois des reproductions des bâtiments dans le musée archéologique de Nola et des projets de drainage et de protection du site en attente de financement.

3. Historique des recherches

Les trois bâtiments qui constituent le site, découverts dans le cadre de la construction d’un édifice commercial, ont été l’objet de fouilles de mai 2001 à juillet 2002 (Albore Livadie et al., 2005). Une excavation ultérieure due à des travaux de voirie a mis au jour une quatrième maison, semblable dans sa structure et sa qualité de conservation aux trois premières. De ces structures, seul le bâtiment 2 fut intégralement excavé, les autres ont été conservées dans l’intention de construire un parc archéologique (Albore Livadie et al., 2005).

89 4. Les structures

Nola est un village du Bronze ancien. L’occupation est celle d’une population sédentaire d’agriculteurs et d’éleveurs, installée en plaine. Des datations récentes ont permis de situer sa dernière occupation au Bronze ancien, aux environs de 3500 BP, occupation interrompue par une éruption du Somma-Vésuve dit des Ponces d’Avellino. Fort heureusement, le village n’a pas été détruit par les laves de l’éruption, mais s’est trouvé enterré sous six mètres de cendre et a subi des coulées de boues, ce qui a permis une conservation des lieux exceptionnelle. Le village a été envahi par des coulées de boue très fines composées de cendres mouillées, et plus assez chaudes pour incendier les matières touchées, qui ont littéralement moulé tous les éléments à leur emplacement d’origine (Passariello et al., 2009 ; Rossenberg, 2005). Les traces de pas des derniers occupants et l’absence de corps indique que les habitants ont pris la fuite avant l’arrivée des cendres (Albore Livadie et al., 2005).

Les structures fouillées sont parfaitement conservées sur 1,30 m et les matières organiques moulées par les cendres des Ponces d’Avellino. Les quatre maisons appartiennent à une agglomération plus importante et présentent une grande similarité. Elles sont toutes absidiales et orientées du Nord-Ouest au Sud-Est, avec une entrée sur le côté court. Elles semblent être construites dans le sens du vent dominant. La toiture était faite de paille, très raide et prenant appuie sur le sol grâce à une charpente constituée de chevron et de lattes disposées horizontalement. La disposition des ponces de l’éruption en forme de demi-cercle à l’avant des maisons pourrait suggérer qu’il y avait un auvent. À l’intérieur de la structure, des poteaux aidaient à soutenir le poids de la structure (Fig. 2A). À l’extérieur, une petite butte de terre devait aider à consolider le tout et peut-être à protéger les habitations (Albore Livadie et al., 2005).

Les parois étaient en clayonnage et la porte basse (Albore Livadie et al., 2005). Des poteaux contre le pourtour intérieur formaient une seconde paroi dont la fonction de mur porteur n’est attesté que dans les maisons 3 et 4 (Fig. 2B), et dont la hauteur devait correspondre environ à ce qui en est conservé, c’est- à-dire 1,30 m. Quelques éléments tel que des planches, des poutres carrées ou une échelle triangulaire suggèrent l’existence possible d’un étage (Albore Livadie et al., 2005).

Figure 2 – Sections de la maison 4 ; section longitudinale (A) ; section transversale (B) (Albore Livadie et al., 2005).

90 L’intérieur des structures était séparé en plusieurs espaces par des parois intérieures faites de planches verticales, à l’image de la façade (Albore Livadie et al., 2005). Les maisons 2 et 3 comportaient chacune deux pièces, tandis que la maison 4 en comportait trois (Fig. 3). Un gradin en argile servait d’étagère sur le mur qui séparait l’abside du reste de la structure.

À l’extérieur, les bâtiments étaient séparés par des barrières et il y avait un accès presque immédiat avec des enclos (Albore Livadie et al., 2005). En plus des habitations, d’autres types de structures ont été mises au jour. Une cage en terre et bois abritait des chèvres et deux sépultures en vase de fœtus ont été trouvées dans la maison 4. Finalement, les couches plus anciennes du site révèlent un village détruit par un incendie (Albore Livadie et al., 2005 ; Albore Livadie, 2001).

Figure 3 – Restitution de l’intérieure de la maison 4 (Castaldo et Albore Livadie, 2005).

5. Le mobilier archéologique

La maison 2 contenait une coiffe en dent de jeunes porcs et moins de dix céramiques, alors que dans les maisons 3 et 4, plus de deux cent vases en argile (Fig.4) et plusieurs récipients en bois ont été découverts. Il s’y trouve également des empreintes d’outils en bois et des fours en berceau. Dans la maison 3 se trouve également un métier à tisser amovible (Albore Livadie et al., 2005). Par contre, bien que le village date de l’âge du Bronze, le site ne contient que deux alènes en bronze. L’hypothèse la plus vraisemblable serait que les habitants les auraient emportés dans leur fuite.

Certains vases contenaient du matériel organique : on retrouve des traces d’amandes et de glands, des fruits carbonisés et des empreintes de blé, d’amidonnier et principalement d’orge vêtu, très abondant (Albore Livadie et al., 2005). Il reste également des traces de faune, certaines dues à la consommation humaine et d’autres à l’éruption volcanique. Par exemple, un chien a été retrouvé caché dans la maison 2, neuf caprinés portantes sont restées dans l’abri à animaux et quatre autres à l’extérieur (Albore Livadie et al., 2005).

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Figure 4 – Exemples de céramiques typiques du faciès Palma Campania trouvés à Nola ; 1-4) tasse sur pied haut, 5) vase à une anse sur pied, 6-8) soutien en forme de clepsidre, 9) bol (Albore Livadie, 2007).

6. L’importance du site dans le contexte régional

Le site a une importance majeure pour la recherche. Bien que le potentiel archéologique de la région soit connu depuis une trentaine d’années, la quantité et la qualité des informations fournies par le site de Nola excèdent ce à quoi on aurait pu s’attendre. En effet, ce village du Bronze ancien est extrêmement bien conservé grâce aux cendres volcaniques des Ponces d’Avellino, d’autant plus que celles-ci se sont révélées moins destructrices pour Nola que cela ne l’a été à Pompei. La qualité de la sédimentation a permis de conserver nombre de détails, grâce aux négatifs très précis de toutes les matières organiques (Albore Livadie et al., 2005).

Cette finesse de conservation permet d’observer très précisément l’emplacement originel des objets et la distribution des pièces et leurs fonctions. Ainsi, Nola a permis de mieux comprendre l’organisation de l’espace, la structuration et l’architecture d’un village méridional du Bronze ancien (Albore Livadie et al., 2005).

92 Références

Albore Livadie, C., 2001. Nola: La Pompéi de la Préhistoire. Recherches en cours sur un site du Bronze ancien détruit par l’éruption des Ponces d’Avellino (3500 B.P.). in : Hommes et Volcans/De l’éruption à l’objet. Actes du symposium 15.2 organisé par la Commission 31 de l’Union des Sciences Préhistoriques et Protohistoriques dans le cadre du XIVe congrès, UISPP, Université de Liège, Belgique, 2-8 septembre 2001, dossier de l’Archéo-Logis 2, 57–65.

Albore Livadie, C., 2007. L’età del Bronzo antico e medio nella Campania nord-occidentale. Atti Della “XL Riun. Sci. Ist. Ital. Preistoria E Protostoria Strateg. Insediamento Fra Lazio E Camp. À Preistorica E Protostorica Firenze 2, 179–203.

Albore Livadie, C., Castaldo, E., Castaldo, N., Vecchio, G., 2005. Sur l’architecture des cabanes du Bronze ancien final de Nola (Naples, Campanie). Archit. Protohistoriques En Eur. Occident. Néolithique Final À L’Âge Fer Actes Congrès Natx. Sociétés Hist. Sci. 127e Congrès Nancy 15-20 Avril 2002 Paris 487–512.

Albore Livadie, C., Vecchio, G., 2002. Ambiente e territorio durante il Bronzo antico: il villaggio di Croce del Papa-Nola. XLll Convegno intemazionale di Studi sulla Magna Grecia" Ambiente e Paesaggio nella Magna Grecia.

Passariello, I., Albore Livadie, C., Talamo, P., Lubritto, C., D’Onofrio, A., Terrasi, F., 2009. 14C Chronology of Avellino Pumices Eruption and timing of human reoccupation of the devastated region. Radiocarbon 51, 803–816. van Rossenberg, E., 2005. The discovery of an Early Bronze Age village at Nola (Campania, Italy). The Pompeii premise put to the test. Profiel, 6, 6–9.

93 Grotta di Pertosa

Adrien BERTHOD

1. Localisation

Grotta di Pertosa, également dénommée « Grotte de l’Ange », se situe en Campanie, dans la partie orientale des Monti Alburni, sur la commune de Pertosa. Plus précisément, elle se trouve dans la moyenne vallée du Tanagro, qui s’ouvre à l’extrémité nord du Vallo di Diano. La grande ouverture de la grotte vers le Nord, en hauteur au-dessus du fleuve Tanagro, la rend bien visible des alentours (Larocca, 2010).

2. Accessibilité

De nos jours, une importante signalisation touristique sur place facilite l’accès au site (Larocca, 2010). En effet, les abondantes concrétions à l’intérieur de la grotte ont permis une exploitation touristique intense, depuis le début du XXe siècle.

3. Historique des recherches

Si la grotte est connue de longue date par les populations environnantes, eu égard à sa localisation et à la visibilité de son entrée, Il faudra attendre la fin du XIXe siècle pour que soit reconnu l’intérêt archéologique de l’endroit (Larocca, 2017). En 1897, un certain Paolo Carucci, médecin, professeur de sciences naturelles et archéologue amateur, ramasse quelques fragments de céramique et d’os lors d’une visite de l’entrée de la grotte. Ses trouvailles l’incitent à mettre sur pied un projet plus conséquent, pour l’année suivante.

Cependant, P. Carucci trouve un concurrent de taille en la personne de Giovanni Patroni, alors Vice- inspecteur du Musée National de Naples. Celui-ci considère que seule l’autorité administrative, dont il se trouve justement récipiendaire, peut légitimement intervenir sur le patrimoine archéologique. Ainsi, au mois de juillet 1898, G. Patroni ouvre deux tranchées de part et d’autre de l’autel dédié à l’archange Michel, à l’emplacement de l’actuel quai d’embarquement. Il met au jour des structures en bois interprétées comme des palafittes et une grande quantité de mobilier divers (Breglia et Fiorentino, 2017 ; Patroni, 1899).

P. Carucci ne se laissera toutefois pas abattre et viendra fouiller quinze jours après la fin des recherches de G. Patroni. Il fouillera le long des tranchées de G. Patroni, contre les parois de la grotte et y découvrira, logé dans les anfractuosités de la roche, un grand nombre de céramiques miniatures tout à fait particulières (Carucci, 1907 ; Larocca, 2017), dont nous reparlerons plus bas. Suite à ces deux interventions successives, l’élévation du niveau des eaux à des fins hydroélectriques ainsi que la construction d’un quai d’embarquement pour les touristes ont signé l’arrêt des recherches pour plus d’un siècle. Toutefois, un projet de recherche dans la grotte a été lancé en 2004 et a culminé en 2013 avec les fouilles du lit du torrent, asséché pour l’occasion (Larocca, 2017).

4. La grotte et les structures

4.1 La cavité karstique

94 La Grotta di Pertosa se distingue par plusieurs aspects. Premièrement, sa vaste entrée naturelle. Deuxièmement, la présence d’un cours d’eau pérenne qui traverse la grotte avant de se jeter dans le Tanagro. Enfin, la taille de la grotte est tout à fait exceptionnelle, puisqu’elle permet 3000 mètres de parcours spéléologique (Fig. 1), ce qui en fait l’une des plus importantes de la région (Larocca, 2010).

Figure 1 – Plan de la grotte. La zone archéologique est encadrée en rouge (Larocca, 2017).

La partie praticable de la grotte se subdivise grossièrement en trois branches principales (Fig. 1) : la branche septentrionale correspond au parcours touristique (Larocca, 2010). L’attrait de ce secteur réside dans la quantité et la diversité des concrétions : stalagtites, stalagmites, vasques, voiles, colonnes ou cristaux. La branche du milieu ne présente pas le même intérêt touristique, car les concrétions n’y sont pas aussi foisonnantes (Larocca, 2010). Enfin, la section méridionale de la grotte est quant à elle occupée par le torrent souterrain, mais reste pratiquable à pied. Ce torrent serait le résultat d’une infiltration du fleuve Tanagro, mais les modalités d’un apport hydrique d’une telle ampleur restent à éclaircir (Larocca, 2010).

4.2 Les palafittes

G. Patroni voit dans ces structures en bois une sorte de système de plancher (Fig. 2), où de solides pieux droits (ritti) soutiennent des poutres horizontales (correnti) qui servent elles-mêmes de cadre à des planches (traverse) en bois plus jeune (Patroni, 1899).

P. Carucci distingue quant à lui trois techniques de construction différentes (Fig. 3) (Carucci, 1907). La première consiste à coincer le pieu entre deux bâtons plus fins avant de lier l’ensemble avec de la ficelle. La deuxième est similaire à celle décrite par G. Patroni, où le pieu est calé dans la poutre et lié. La troisième, plus rare, s’agit d’une sorte de maille que l’on fixe sur un pieu.

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Figure 2 – Structures palafittiques observées par Patroni (adaptée de Breglia et Fiorentino 2017 ; Patroni 1899).

Figure 35 – Les trois hypothèses architecturales de Carucci (adaptée de Breglia et Fiorentino, 2017 ; Carucci, 1907).

5. Le mobilier archéologique

Le mobilier découvert dans la grotte est de nature très diverse : céramique, ossements, bois, plaque de cuisson d’argile, meules et objets métalliques. Nous nous concentrerons exclusivement sur la céramique et les dépôts votifs.

5.1 Céramique

La reprise des recherches dans les années 2004-2013 a mis au jour de la céramique préhistorique qui ont fait l’objet d’une étude par M.L. Savino (Savino et al., 2017). Malheureusement, plus de la moitié des fragments étaient trop endommagés pour servir d’indice sur la forme originelle des récipients (Savino

96 et al., 2017). Toutefois, quelques pièces entières conservées dans la « Collezione Carucci », maintenant exposée dans le Museo Archeologico Provinciale de Salerne (Pacifico et Luciano, 2017), ont permis d’établir des comparaisons.

Il semblerait que la céramique retrouvée dans le cadre des recherches de 2013 comprend des pièces allant du Néolithique à l’âge du Bronze final et début de l’âge du Fer, mais il s’agit pour la plupart d’entre elles de céramique de l’âge du Bronze, plus particulièrement les cultures protoappenninica (Fig. 4), appenninica (Fig. 5) et subappenninica (Savino et al., 2017).

Figure 4 – Éléments typiques du faciès protoappenninico, dessin par M.L. Savino (Savino et al. 2017).

Figure 5 – Décors typiques du faciès appenninico (Savino et al. 2017).

La difficulté de dater les céramiques précisément réside également dans l’absence de stratigraphie clairement établie pour la grotte. La datation chrono-typologique des pièces nous indiquerait une fréquentation assidue du lieu à partir de l’âge du Bronze moyen (Savino et al., 2017). Des analyses chimiques menées sur un nombre restreint de pièces ont mis en évidence la présence de lait et de graisse animal, qui serait un indice de l’utilisation de la grotte comme site d’habitat (Savino et al., 2017).

5.2 Dépôts votifs

97 La Grotta di Pertosa a été à l’époque médiévale le lieu d’un important culte dédié à l’Archange Michel, mais la fréquentation cultuelle de la grotte serait bien antérieure (Larocca, 2017). Dès la découverte du site au XIXe siècle, la question de l’aspect cultuel du site se trouva posée. À ce sujet, l’antagonisme des deux positions de G. Patroni et P. Carucci est emblématique : G. Patroni, le fonctionnaire, imagine que le site est purement utilitaire, tandis que P. Carucci, le libre-penseur, est persuadé que la fréquentation humaine du site est spécifiquement cultuelle (Larocca, 2017). P. Carucci base son opinion sur sa découverte de nombreux vases miniatures logés dans les anfractuosités rocheuses (Carucci, 1907 ; Larocca, 2017). Plusieurs éléments l’amènent à penser à un dépôt votif. Tout d’abord, la concentration de vases singulièrement identiques. Ensuite, leur petite taille et les nombreux défauts de cuisson observés par P. Carucci exclurait toute fonction utilitaire des récipients (Carucci, 1907).

Un deuxième dépôt interprété comme votif a été découvert à l’occasion de travaux pour l’exploitation hydro-électrique du torrent souterrain, à l’extérieur de la grotte (Rellini, 1916). Celui-ci consiste en un amas d’objets métalliques comme des armes ou des fibules. La typologie du matériel de ce dépôt appartient en partie à l’âge du Bronze récent et en partie à une période à cheval entre l’âge du Bronze récent et final (Larocca, 2017 ; Larocca et al., 2018). Les dépôts d’armes en relation avec des grottes représentent une tendance qui se développe tout au long de l’âge du Bronze en Italie (Larocca, 2017).

6. L’importance du site dans le contexte régional

La Grotta di Pertosa est un site exceptionnel à bien des égards. Tout d’abord, la morphologie de la grotte, avec son immense entrée et le cours d’eau qui la traverse, est remarquable. La présence de structures palafittiques à l’intérieur même de la grotte est unique en Europe. De plus, les dépôts votifs retrouvés sur le site donnent de précieuses informations sur les pratiques symboliques et rituelles de l’âge du Bronze dans la région. Ces éléments contribuent à faire de la Grotta di Pertosa un site de tout premier plan en Campanie.

Références

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98 strumento di attacco e difesa, status symbol e dono agli dei. Ricerche e Scavi”. Centro Studi di Preistoria e Archeologia, Milano, 293–304.

Pacifico, S., Luciano, R., 2017.La donazione Carucci per il “Museo Provinciale Vittorio Emmanuele II” di Salerno. In: Larocca, F., (éd.). Tra pietra e acqua, l’archeologia delle Grotte di Pertosa-Auletta, Studi e Ricerche 2004-2016. Ed. Fondazione MIdA, Bari, 28–39.

Patroni, G., 1899. Caverna naturale con avanzi preistorici in provincia di Salerno. Monumenti Antichi della Reale Accademia dei Lincei IX, 545–616.

Rellini, U., 1916. La caverna di Latronico e il culto delle acque salutari nell’età del Bronzo. Monumenti Antichi della Reale Accademia dei Lincei XXIV, 461–630.

Savino, M.L., Fico, D., Pennetta, A., Egidio de Benedetto, G., 2017. La ceramica dell’età del Bronzo, nuove acquisizioni dalle ricerche 2013. In: Larocca, F., (éd.). Tra pietra e acqua, l’archeologia delle Grotte di Pertosa-Auletta, Studi e Ricerche 2004-2016. Ed. Fondazione MIdA, Bari, 56–69.

99 Longola di Poggiomarino Solène BEDAY & Jose-Fernando Antonio PETTINA

1. Localisation

La localité de Longola appartient à la commune de Poggiomarino qui elle-même se trouve sous l’autorité de la ville de Naples et fait partie de la région de Campanie, en Italie. Le parc archéologique est situé à environ 34 km de Salerno, 30 km de Naples et 8 km de Pompéi (Parco Archeologico Naturalistico di Longola).

2. Accessibilité

Le parc archéologique de Longola est accessible en voiture. Il se trouve à environ 1 heure de trajet de Naples ou de Salerno. Il faut prendre les sorties d’autoroute Sarno ou Pompéï puis, rejoindre la route nationale SS268 qui mènent à trois sorties recommandées : Poggiomarino-San Giuseppe Vesuviano, Poggiomarino-Terzigno ou Poggiomarino-Boscoreale. Il y a aussi possibilité d’accéder au parc archéologique en train. La gare la plus proche, celle de Poggiomarino se trouve à 4,5 km du site de Pompéi (Parco Archeologico Naturalistico di Longola).

3. Historique des recherches

Le site de Longola Poggiomarino a été découvert, par hasard en novembre 2000. En effet, des fragments de céramique ont été trouvée en grande quantité au bord du Sarno en octobre 2000 et ont été rapporté à l'archéologue C. Cicirelli. Celui-ci a conclu à la présence d'un site archéologique encore inconnu (Albore Livadie, 2012b).

3.1 Premières fouilles et stratigraphies

Les premières inspections seront indiquées par C. Cicirelli et d’autres archéologue dans le chapitre Il primo saggio: intervento 1 dans le livre L’abitato protostorico di Poggiomarino (Cicirelli et al., 2012; Cicirelli et Albore Livadie, 2012). Celles-ci vont montrer de nombreuses agglomérations de terres riches en données archéologiques. Par exemple, de bois de chêne, d'ossements de faune sauvage et domestiqué, de restes carpologique (la carpologie est l'étude des graines en contexte archéologique) de noisettes ou de glands. Mais encore de fragments de céramique datés de la culture matérielle appenninica (Bronze moyen 3) jusqu'au VI siècle av. J.-C. Les découvertes réalisées supposaient que ces vestiges provenaient d'un lieu unique. Alors que les découvertes se trouvaient à des kilomètres de distance les unes aux autres, couvraientt une distance importante allant de Poggiomarino à Sarno en passant par Striano.

Les premières hypothèses supposaient que la source de ces vestiges était la province de Salerno, Avellino et Benevento où s'y trouve une décharge. Mais cette idée sera abandonnée. Le site était en fait situé sur les rives du Sarno près de la localité de Longola où des travaux de purification du fleuve était en cours.

Après cette découverte il a été possible d'extraire une colonne stratigraphique de 20m de profondeur, les premiers mètres mettront en évidence des restes de bois, fragment osseux, céramique et métal prouvant l'occupation anthropocène de Longola. Les fouilles ont été menées sur une surface de 8 mètres sur 8 mètres comme le montre la figure 1.

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Figure 1 – première fouille (Cicirelli et Livadie, 2012).

3.2 Recherches

Les principales analyses ont été mis en évidence pendant les campagnes de fouille de 2002 et les données ont été mises en évidence par l’archéologue Cicirelli dans le chapitre Introduzione alla schedatura dans l’ouvrage L’abitato protostorico di Poggiomarino (Cicirelli, 2012a ; Cicirelli et Albore Livadie, 2012). Elles ont été menées rapidement dû à la possibilité de l'arrêt des travaux archéologique. Cela a apporté de nombreuses informations sur les activités humaines, de la région, pendant l'âge du Bronze. Les fouilles de 2004 ont permis de donner des éléments plus précis sur le développement de ce village préhistorique, jusqu'à l'époque romaine.

Les travaux menés sur les structures d’habitat et sur les petites îles sont réalisés d'abord, de manière analytique tout en séparant les différentes aires. Ensuite, de manière synthétique dans les opérations d'assemblage entre structures et ilots. Mettant en exergue une longue fréquentation qui s'est développée dans l'axe horizontale et verticale du fleuve. Ce sont distingués différents modes de vie grâce à une macro-séquence qui démontre des changements structurels. Ceux-ci sont constatés aux cours des travaux de 2002 et 2004.

Chaque structure, objet, stratigraphie ont été catalogués informatiquement en les séparant en plusieurs aspects :

 La définition qui a permis de démontrer la réalité structurelle et l'emplacement des matériaux donnant des indications sur l'utilisation de ceux-ci.

 Les dimensions et formes qui prenne en compte toute la structure dans la zone de fouille.

 La description est une introduction aux caractéristiques habitables avec des illustrations des éléments structurels. Comme par exemple, les divisions internes, le nombre d'étage et les structures de combustion.

 L'aspect annexe regroupe les constructions permettant le développement de certaines activités ou facilités.

 Les chemins externes et voie périphérique sont les aspects qui permettent de regrouper tous les chemins praticables sur terre comme sur les eaux.

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La datation a été réalisé en prenant compte divers éléments comme la stratigraphie, les céramiques et bien-sûr les analyses dendrochronologique, dû au nombreux objets et nombreuse structures en bois bien conservés grâce à ce milieu particulièrement favorable. Ceux-ci on pût montrer la diversité des éléments végétaux et de tirer des statistiques sur les différentes espèces de bois présentes pendant cette période, comme montré sur la figure 2. Les vestiges relevés nous donnent une période d'occupation qui va de la moitié de l'âge du Bronze jusqu'au VI siècle avant J.-C. date d’un événement climatique qui va obliger les populations à partir. Après un siècle d'inoccupation des nouvelles traces d’occupation seront attestées jusqu'en 79 après J.-C.

Figure 2 – Les différentes essences de bois (Cicirelli et Albore Livadie 2012).

4. Les structures

Les structures découvertes à Longola sont de type palafittique. Cela est exceptionnel pour la région d'Italie du sud (Albore Livadie, 2012). Le milieu aquatique a permis une parfaite conservation des structures et donc une bonne compréhension de leur développement technique au cours du temps. Il a été possible pendant les reconstitutions de les confronter avec les preuves décuvertes sur le site jours après jours.

4.1 Les palafittes

Les habitations trouvées sur l’incroyable site de Croce del Papa à Nola (Albore Livadie, 2001), constitue une source très importante concernant les habitats de l’âge du Bronze ancien, parfaitement conservé grâce aux réjets volcaniques. Le site de Longola est ce que l'on considère comme l'évolution logique des techniques architectural de l'âge du Bronze (Albore Livadie, 2012).

4.1.1 Les cabanes et les ilots

Les informations ont été référencé par Albore Livadie dans le chapitre I tipi di capanne dans le livre L’abitato protostorico di Poggiomarino (Albore Livadie, 2012 ; Cicirelli et Albore Livadie, 2012).

Nous trouvons des cabanes qui présentent des toits différents de ceux connus pour le faciès de Palma Campania et surtout du site de Nola (Albore Livadie, 2001). Les toits descendaient normalement sur le

102 sol. Ils s’arretent désormais en haut de la cabane et sont tenus grâce à une poutre transversale qui possèdent deux fonctions : premièrement, de tenir le poids de tout le toit et deuxièmement, de répartir le poids de la structure sur un sol qui lui-même pouvait être instable.

Les cabanes pouvaient être réalisées avec des murs de type treillis vers l'extérieur et dans d'autre cas, des treillis renforcés avec des doubles planches. Les ouvertures des maisons de l'âge du Bronze sont sur le petit côté (dans la grande majorité des cas), alors que celles du site de Longola sont sur le long côté de la cabane. Les cabanes sont plutôt étroites et réalisées de manière d'obtenir le maximum de stabilité du toit. Leurs constructions devaient être relativement facile dût au caractère malléable du sol. Cependant, il était difficile de créer des structures stables, ce qui expliquerait la faible hauteur des cabanes, même si cela reste une hypothèse.

Le planches était légèrement surélevé pour être maintenu au sec. A cause de leur mode de construction et du milieu aquatique, il n’y a pas plusieurs étages. Ces habitations se différencient par leurs taille, orientation, division interne, nombre d'ouverture et disposition des foyers.

Les ilots sont occupés de, une ou plusieurs cabanes qui peuvent être en forme dites de « fer à cheval » ou carré en une ou plusieurs chambres comme nous pouvons le voire sur les figures 3 et 4. L'orientation des ilots ainsi que des habitations sont conditionné par l'environnement. L'ilot est construit en pierre ponce pour drainer les eaux capillaires montantes avec une préparation de branche et de matières végétales. Afin d'éviter les affaissements, un sol durs en dos d'âne est amenagé.

Il est important de noter que ce n'est pas dans tous les ilots que nous allons trouver des cabanes à fonction d'habitation. Mais nous allons également trouver des zones de fabrication d'objet ou d'emplacement pour les animaux. Nous avons trouvé pour trois cas, des plateformes en bois, ainsi que des points d'attache pour les embarcations (delle Donne et al., 2012).

Figure 3 – Cabane en « fer à cheval » (Cicirelli et Livadie, 2012).

Figure 4 – Cabane rectangulaire (Cicirelli et Livadie 2012).

103 4.1.2 Les structures de remblayage et de confinement pour la création des ilots

Ces structures nous montrent la capacité de l'homme à changer son milieu naturel et ces observations ont été signalé par l’archéologue E. Castaldo dans le chapitre Le strutture di arginatura e di contenimento. Tipologia e caratteristiche tecnico-costuttive au sein du livre L’abitato protostorico di Poggiomarino (Castaldo, 2012 ; Cicirelli et Albore Livadie, 2012) . Il est important de noter que ces structures ont évolué tout au long de l'utilisation du site de Longola, ce qui nous prouve l'assimilation de connaissances et de savoir-faire.

Les ilots sont basiquement construits en créant un abaissement des eaux avec des barrages et des rigoles. La création des ilots comme vu précédemment sont isolé de l'humidité avec différent matériaux. Il est important de noter que tout autour des ilots le terrain est également isolé de l'humidité avec un barrage cré à l'aide de différents pilotis, disposé verticalement tout autour des ilots, nous le voyons ici clairement dans la figure 5. Le sol est limoneux et tourbeux ce qui permet d'avoir une terre de bonne qualité pour les plantes qui vont s'épanouir dans ce milieu. Les canaux ainsi que les ports ont été réalisés dans un second temps. Ils ont été faits à l'aide de gros tronc de bois et les populations ont pu naviguer dans les canaux pour se rendre d’un ilot à l’autre (habitations et espaces dediés à l’artisanat). La navigation est attestée grâce à la découverte de deux pirogues monoxyles.

Figure 5 – Barrage (Cicirelli et Livadie 2012).

4.2 Funéraire

Aucun site funéraire n’a été trouvé. Cependant des restes humains ont été découvert avec des cassures, celles-ci démontrent que les ossements font partie du site de Longola. Malgré le fait qu’un autre site possédant une zone funéraire ce trouve proche du site qui nous intéresse dans ce travail. Il semble cependant que la zone en question présente un fort lien avec le site de Longola (Duday, 2012).

5. Le mobilier archéologique

Le matériel trouvé sur le site de Longola di Poggiomarino est varié. Le site, à proximité d’un ancien bras de la rivière Sarno, se trouvait dans un milieu marécageux en permanence humide. Les différentes éruptions du volcan Vésuve ont déposé des cendres qui se sont retrouvées dans la stratigraphie. Ces

104 conditions ont permis une bonne conservation du matériel archéologique (Cicirelli et Albore Livadie, 2007).

5.1 Matériel en bois

Longola di Poggiomarino a livré un nombre important d’objets en bois (Cicirelli et Albore Livadie, 2007). Ces trouvailles ont permis d’évaluer l’ampleur de l’utilisation du bois comme matière première pour la fabrication d’outils divers. Les arbres utilisés pour leur bois sont majoritairement des chênes, des ormes, des sapins, des oliviers et des érables qui ont été choisis pour leurs caractéristiques spécifiques (Pappalardo et Albore Livadie, 2012).

5.1.1 Les pirogues

Deux pirogues ont été trouvées à Poggiomarino (Cicirelli et Albore Livadie, 2007). Grâce à l’environnement du site, elles ont pu être correctement conservées. Le premier monoxyle a été fabriqué en chêne. C. Cicirelli (2012b) affirme que le bois de chêne possède des qualités permettant son utilisation en milieu sec et en milieu humide et sur une longue période. Elle déclare d’ailleurs que cette pirogue avait été utilisée durant 50 ans (Cicirelli, 2012b). La technique de radiométrie a permis de dater l’utilisation de cette pirogue à 896-798 ans avant J.-C. et un reste de chargement a été analysé. Le monoxyle contenait des céréales et des objets en pierre (Cicirelli, 2012b).Le deuxième monoxyle est, quant à lui, en orme, un bois qui présente la même capacité d’adaptation aux intempéries que le chêne. Les résultats portent à croire que les pirogues étaient utilisées pour le transport de biens le long des canaux artificiels et même plus loin, hors du village. Ces transports de marchandises indiquent de probables activités commerciales (Cicirelli, 2012b).

5.1.2 Les ustensiles en bois

Le bois, en plus d’avoir été utilisé comme matière première pour la construction des habitations et des canaux ainsi que comme combustible pour l’artisanat, a été utilisé pour l’élaboration d’ustensiles de cuisine, d’outils agricoles, de véhicules, d’armes et encore de vaisselle (Pappalardo et Albore Livadie, 2012).

5.2 La céramique

Les céramiques découvertes sont de type appeninica ou subappenninica (en raison de la forme des poignées et le type de décors sur une petite partie des artefacts) et datées de la fin du Bronze moyen 3 et du Bronze récent (Fig. 6). Ces céramiques sont de couleur brune ou noire, présentent des incisions gravées le plus souvent en forme de rubans courbés, sont évasées au niveau du col et ont un fini brillant (Albore Livadie et al., 2008).

Figure 6 – Céramiques du Bronze moyen trouvées sur le site (adaptée de Livadie et al. 2008).

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5.3 La métallurgie

Tout porte à croire qu’il y avait une activité métallurgique importante à Longola (Albore Livadie, 2012). Des fours, des artefacts défectueux et des déchets de bronze ont été retrouvés. Cependant, aucune enclume, marteau, pince ou lime n’ont été détectés, et ce malgré leur importance dans ce type d’activité. Les outils destinés aux finitions des pièces métalliques comme des poinçons et des gouges ont été trouvés. Un très grand nombre de fibules en bronze ont été identifiées. Une partie d’entre-elles peuvent être observées sur la figure 7 (Cicirelli, 2012c).

Figure 7 – Fibules en bronze (adaptée de Cicirelli et Albore Livadie 2012).

5.4 Os, corne et ivoire

Un nombre important d’objets en bois de cerf ont été découverts sur le site (Cicirelli, 2012d). A ceux-ci se joignent, les objets en os, en ivoire, en coquillage et les arrêtes de poissons. Le bois de cerf a été sélectionné pour son élasticité qui lui procure une bonne résistance aux chocs. Les matériaux ont donc probablement été choisis pour leur attrait selon l’utilisation destinée à l’objet. Il y a eu réalisation de picots et aiguilles probablement utilisés pour les activités textiles. Les épingles (Fig. 8), auraient pu être portées comme éléments de parures (Cicirelli, 2012d).

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Figure 8 – Epingles (adaptée de Cicirelli et Albore Livadie 2012).

5.5 La pêche

Des hameçons en forme de double-crochet (Fig. 9) ont été observés sur le site de Longola (des comparaisons avec ceux qui ont été retrouvés dans les sites lacustres Suisse ont été faites). Les chercheurs ont aussi découvert des galets aplatis forés de deux trous permettant probablement une attache à des cordes et qui pourraient servir de poids pour des filets de pêches (Carranante, 2012).

Figure 9 – Hameçon (Cicirelli et Livadie 2012).

5.6 Le textile

Toute une panoplie d’objets indique d’importantes activités de tissage effectuées à Poggiomarino durant l’âge du Fer (Pappalardo et al., 2011). Tout porte à croire que les activités textiles étaient répandues parmi le village car des objets reliés à cet artisanat ont été trouvés dans toutes les habitations. De nombreuses fusaïoles et de nombreux pesons ont été découverts ainsi que des aiguilles, bobines, navettes et peignes. Un panier atteste des activités de vannerie (Pappalardo et al., 2011).

5.7 Les activités de vinification

Il a été retrouvé neuf disques de bois. La majorité des disques est formées de trois parties, deux en demi- lune et une rectangulaire qui se trouve au milieu. Ces trois parties distinctes sont fixées ensemble grâce à un assemblage en tenon et mortaise (une des pièces possède un appendice et l’autre un creux, ce qui permet l’imbrication des deux). Certains de ces disques possèdent des tirants en bois qui permettent une

107 fixation supplémentaire. Etant donné qu’ils possèdent tous un trou en leur centre, cela indiquerait que ces objets étaient donc des roues de chars et non des pressoirs à raisin comme on aurait pu le croire de prime abord. Toutefois, la découverte de nombreux restes de raisins domestiques indique tout de même une activité de vinification (Cicirelli et al., 2007).

6. L’importance du site dans le contexte régional

Le site de Longola di Poggiomarino est important dans le contexte régional car les sites archéologiques se trouvant en milieu humide, sont rares en Italie du sud. L’environnement propice à la conservation de Longola a permis de mettre en lumière de nombreux artefacts en matériaux périssables, notamment des objets en bois, en corne, en os et en ivoire ainsi que de la vannerie. Il faut aussi relever l’importance des structures palafittiques qui sont généralement posées sur des plateformes proches des rivages. Sur la figure 10, ci-dessous, vous pouvez observer les différents sites archéologiques présents dans la plaine de la rivière Sarno. Longola qui porte le numéro 7, est traversé de paleoalveo (lits d’anciennes rivières) ce qui lui confère ces spécificités comparables aux sites lacustres et lui donne des avantages très intéressants, comme la possibilité d'avoir des terres cultivables pratiquement autonomes (dût à l'eau déjà présente sur place) (Cicirelli et Albore Livadie, 2012). La découverte de deux pirogues monoxyles prouve que les populations vivant dans ces lieux, se sont adaptées à leur environnement et ont su en tirer profit (choix du matériau pour leurs caractéristiques spécifiques, utilisation des canaux pour le transport de denrée etc.) et qu’elles ont fait du commerce (la production dans différents artisanats a été attestée mais peu de produits finis ont été retrouvés). Il est aussi important de mettre en avant la découverte des différentes technologies mises en oeuvre (notamment dans l’artisanat et la construction) développées par les habitants de Longola tout au long de l’occupation du site. Ce village, traversé par des canaux, lui a valu le surnom de Venise préhistorique (Parco Archeologico Naturalistico di Longola).

Figure 10 – Carte géo-archéologique de la plaine du Sarno (Cicirelli et Albore Livadie 2012).

Références

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Carannante, A., 2012, Gli strumenti da pesca : risultati preliminari. In : Cicirelli, C., Albore Livadie, C. (éds.). L’abitato protostorico di Poggiomarino : località Longola, campagne di scavo 2000-2004, Studi della Soprintendenza archeologica di Pompei. “L’Erma” di Bretschneider, Rome, 158.

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Cicirelli, C., Albore Livadie, C., (éds.) 2012. L’abitato protostorico di Poggiomarino : località Longola, campagne di scavo 2000-2004, I-II, Studi della Soprintendenza archeologica di Pompei. “L’Erma” di Bretschneider, Rome.

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109 Pappalardo, M.T., Albore Livadie, C. (éds.), 2012, Gli ustensili in legno. In : Cicirelli, C., Albore Livadie, C. (éds.). L’abitato protostorico di Poggiomarino : località Longola, campagne di scavo 2000-2004, Studi della Soprintendenza archeologica di Pompei. “L’Erma” di Bretschneider, Rome, pp. 174–180.

Pappalardo, M.T., Pizzano, N., Albore Livadie, C., 2011. La tessitura nella prima età del ferro a Poggiomarino- Longola (Napoli). In: Alfaro, C., Brun, J.P., Pierobon, R., Borgard, P., (éds.). Textiles y tintes en la ciudad , Purpurae Vestes III, pp. 19–25.

Parco Archeologico Naturalistico di Longola, n.d. Dove siamo [WWW Document]. URL http://www.longola.it/index.php/longola/dove-siamo (accessed 2.21.20).

Parco Archeologico Naturalistico di Longola, n.d. La scoperta [WWW Document]. URL http://www.longola.it/index.php/longola/la-scoperta (accessed 2.21.20).

110 L’ensemble funéraire de l’âge du Fer de Sala Consilina

Hector CHAVES

1. Localisation

Le site de Sala Consilina se situait dans le Vallo di Diano (Fig. 1), dans la région de Salerne, en Italie. Il s’agit d’un ancien lac du Pléistocène.

Figure 1 – La Vallo di Diano (Ruby, 1995).

2. Accessibilité

Le site en lui-même ayant été détruit par une construction immobilière, le mobilier archéologique a été déplacé, et les collections sont aujourd’hui accessibles dans deux musées : le Musée archéologique provincial de Lucanie d’une part – lequel est ouvert tous les jours de 9h à 19h, mardi excepté, et le Musée de Sala Consilina d’autre part.

3. Historique des recherches

Les recherches à Sala Consilina ont connu des complications, entre de mauvaises conditions de fouille, des documentations sporadiques et de mauvaises conditions de stockage (Ruby, 1995). Il aura tout de même été possible d’étudier le site, chercher à le comprendre en ayant suffisamment d’éléments pour étayer les hypothèses.

3.1 Avant les fouilles

C’est à la fin du XIXème siècle, en 1872, que la présence d’une nécropole sur le site a été découverte, par C. Marinoni lequel a découvert un dépôt de vases et d’objets en bronze qui ont pu être comparés à d’autres découvertes qui avaient été faites plus au nord du pays (Ruby, 1995).

3.2 Durant les fouilles

Avant les années 1950, le site n’avait pas été fouillé, même si depuis plus d’un demi-siècle la présence de la nécropole était bien connue. Une fois les fouilles lancées, elles se sont étalées sur plus de trois

111 décennies, gérées tout d’abord par l’administration provinciale, puis par des archéologues tels que Kilian Klaus ou Juliette de la Genière (Ruby, 1995).

3.2.1 Les années 1950 et 1960

Dans les années 1950, l’administration provinciale découvre plus de 250 tombes sur le site de Sala Consilina. Le site sera divisé en deux parties durant les fouilles de cette décennie : le secteur nord-ouest où fouille l’administration provinciale, et le secteur sud-est où fouillent K. Klaus et J. de la Genière (Ruby, 1995).

L’administration provinciale a laissé une documentation majoritairement inexploitable et très lacunaire – la documentation de 1962 est par exemple totalement inaccessible ; à cela s’ajoute un manque de communication avec les autres fouilleurs du sud-est, K. Klaus et J. de la Genière. Ces derniers ont énormément œuvré pour compenser les lacunes de l’administration provinciale, K. Klaus publiant notamment un plan global de la nécropole (Kilian, 1970 ; Ruby, 1995), resté toutefois très imprécis malgré leurs efforts (Ruby, 1995).

Durant ces décennies, plus de 1'500 tombes datant du IXème au Vème siècle av. J.-C. sont mises au jour.

3.2.2 Les années 1970

Dans les années 70, un certain B. d’Agostino reprend les fouilles du site (d’Agostino, 1990, 1992; Ruby, 1995). Il s’agissait alors de fouilles de sauvetage, un projet immobilier étant planifié à l’emplacement du site. Les deux premières années, il met au jour 114 tombes dans ce qui était le secteur de l’administration provinciale. Malheureusement, les conditions de fouilles étant mauvaises – travaux immobiliers et pression des échéances – une partie des structures et du matériel a été endommagée. A cela s’ajoute la perte des relevés d’un des secteurs et du journal de fouilles. Cela dit, ces fouilles auront permis d’avoir une vision plus claire et ordonnée du secteur nord-ouest, fouillé initialement par l’administration. Il a ainsi été possible d’avancer des interprétations chronologiques et spatiales des événements à l’échelle de la nécropole entière, et donc de son expansion (Ruby, 1995).

3.2.3 Les années 1970-1980

Au fur et à mesure des fouilles par secteur, le matériel était envoyé à Pontecagnano pour qu’il y soit stocké et étudié (Ruby, 1995). Il n’y a pas eu de restauration. Une fois les fouilles de d’Agostino terminées, des dépôts ont été créés à Sala Consilina afin de les accueillir. Ce qui est problématique est qu’une fois les objets arrivés à l’antiquarium de Sala Consilina, les objets de diverses fouilles plus ou moins bien documentées se sont retrouvés en partie mélangés. Le manque de documentation ne permettant pas d’y remettre de l’ordre, c’est là une grande quantité des informations ont été perdues. Cela dit, les données des fouilles de années 1970 ayant permis de mieux comprendre le secteur nord- ouest, l’analyse globale du site devenait possible. Le site, qui se trouve sur des cônes de déjections, aurait connu une double croissance. Deux nécropoles auraient grandi en parallèle, en position topographique analogue (Ruby, 1995).

4. Les nécropoles

Le site en lui-même est composé d’une ou deux nécropoles datant de l’âge du Fer (Ruby, 1995). L’une mêlant d’une manière apparemment chaotique les premier et deuxième âges du Fer, l’autre étant plus structurée. En effet : dans le secteur nord-ouest fouillé par l’administration provintiale, les tombes sont orientées de 15° ou 55° par rapport au nord (Ruby, 1995). Alors que le sud-est, lui, présente des tombes à orientation plus variable, se superposant alors parfois entre âge du Fer I et II (Ruby, 1995). Cela a dû participer au doute quant à savoir s’il s’agissait d’une ou deux nécropoles (Ruby, 1995). En ce qui concerne les tombes, il y a eu à Sala Consilina – comme mentionné plus haut – tant des inhumations que des crémations. Les tombes à crémation sont des puits majoritairement circulaires, bien que certaines quadrangulaires aient été retrouvées. Quant à elles, les tombes à inhumation sont des fosses

112 globalement quadrangulaires. Les données des premières fouilles étant lacunaires, il est difficile d’être plus exhaustif en ce qui concerne la structure des tombes. P. Ruby explique tout de même qu’il est probable que les puits à crémation aient été couverts de dalle en pierre calcaire (Ruby, 1995).

Le site présente un mobilier ayant été identifié dès le XIXème siècle comme étant Villanovien, ce qui fait de Sala Consilina le site villanovien le plus austral, et qui implique à l’origine un lien avec l’Étrurie (Ruby, 1995). P. Ruby sépare dans son 4ème chapitre l’histoire du site en trois étapes (Ruby, 1995).

4.1 Arrivée de l’influence villanovienne

P. Ruby (1995) discute de l’hypothèse selon laquelle Sala Consilina serait dans une première étape une « colonie » villanovienne : des gens seraient venus s’installer au bord de ce qui était alors un lac, et y auraient prospéré. Ceci s’inscrirait dans un mouvement plus général à l’échelle de l’Italie qui est désigné par certains comme une « colonisation étrusque ».

4.2 Ancrage dans la région

Dans la deuxième étape, les mœurs de Sala Consilina changent (Ruby, 1995). Ces changements sont funéraires mais impliquent un changement d’organisation sociale : il y a notamment l’apparition d’armes en accompagnement funéraire pour les hommes et de quenouilles pour les femmes.

4.3 Une « voie princière » ?

Aux alentours du VIIIème siècle av. J.-C., il semble que les différences entre individus de Sala Consilina soient moins fortement marquées : on ne trouve plus d’armes dans les tombes, les différences entre hommes et femmes sont moins fortes mais toujours présentes. Cet état de fait tranche avec les autres sites villanoviens connus, et P. Ruby (1995) conclut que le site de Sala Consilina ne peut plus être considéré comme villanovien en deçà d’un certain stade de la deuxième étape son histoire.

5. Le mobilier archéologique

On retrouve à Sala Consilina une grande diversité d’objets : de nombreux types de céramiques, de parures, parmi lesquelles les fibules (dont certains types ont pu être réservés à un sexe et accompagner des défunts dans la mort), et diverses armes qui elles aussi ont pu servir de mobilier d’accompagnement funéraire (Ruby, 1995). Durant la période où la pratique de la crémation perdurait, les cendres et objets résistants du bûché crématoire étaient placé dans des urnes dites « biconiques » (Ruby, 1995). Ces dernières sont caractéristiques de la culture Villanovienne, qui pratiquait la crémation (Ruby, 1995).

Le mobilier permet de mettre en évidence des liens entre des groupes vivant dans des régions distinctes. L’évolution de techniques, de style ou d’objets impliqués dans des rites à Sala Consilina peut permettre d’attester d’affinités et de contacts entre le Vallo di Diano et d’autres régions d’Italie ou d’outre-mer (Ruby, 1995).

Dans un premier temps, Sala Consilina est en accord avec le monde villanovien : les défunts portent des fibules genrées, comme en Étrurie, et la pratique de la crémation – originaire d’Étrurie en se plaçant dans l’hypothèse d’une colonisation villanovienne – est encore pratiquée à Sala Consilina. Au cours du temps, le contexte culturel de la région où se trouve le Vallo di Diano ainsi que les contacts avec le monde grec influencent les rites funéraires à Sala Consilina ; la pratique de la crémation va par exemple cesser (Ruby, 1995).

113

Figure 2 – Urne biconique du Louvres (adaptée de Ruby, 1995).

6. L’importance du site dans le contexte régional

Les nécropoles découvertes à Sala Consilina représentent une découverte importante, en cela que le site était à l’époque très peuplé (Ruby, 1995). Il présente alors un large échantillon de population étudiable, tant sur le plan social que biologique. De plus, ce site est le site villanovien le plus au sud que l’on connaisse. Il nous présente une évolution particulière en cela qu’il se différencie des autres sites villanoviens. Par exemple, il présente des phénomènes d’assimilation culturelle et de changements sociaux qui le rapprochent, au moins sur certains points, d’autres ensembles socio-culturels connus. Notamment par le passage de la crémation ainsi que l'usage d'urnes biconiques – typique de la culture Villanovienne – à l’inhumation remplacera cette pratique. Cela même nous renseigne non seulement sur l’évolution de cette colonie villanovienne, mais encore sur la nature des rapports que pouvaient entretenir les gens à ce moment de l’histoire.

Références d’Agostino, B., 1990, Problemi d’interpretazione delle necropoli. In : Lo scavo archeologico : dalla diagnosi all’edizione. (dir. R. Francovich et D. Manacorda). Forenze, 1990 (Quaderni del Dip. di Arch. E St. Delle Arti. Sez Arch. Univ. Di Siena), 401–420. d’Agostino, B., 1992, Prima della colonizzazione. I tempi e i modi nella ripresa del rapporto tra i Greco e il mondo tirrenico. AttiMemMagnaFr, 3e s., I, 1992. Galatina, 51–60.

Kilian, K., 1970. Früheisenzeitlichen Funden aus der Südostnekropole von Sala Consilina (Provinz Salerno), Archäologische Forschungen in Lukanien III. Heidelberg.

Ruby, P., 1995. Le crépuscule des marges : Le premier âge du Fer à Sala Consilina, Collection du Centre Jean Bérard. Publications du Centre Jean Bérard, Naples.

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