Traite De L'amour De Dieu
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1 TRAITE DE L'AMOUR DE DIEU AVERTISSEMENT Les Sœurs du Monastère de la Visitation d'Annecy ont autorisé cette numérisation de l'édition des Œuvres Complètes de saint François de Sales, dont elles sont propriétaires, pour permettre aux membres des Congrégations, Instituts et Familles et Groupes Salésiens un accès plus rapide aux textes de saint François de Sales. La numérisation, qui a simplifié des références et des notes, ne prétend nullement remplacer l'édition d'Annecy que l'on peut toujours acheter (collection complète ou volumes séparés) au Monastère de la Visitation à Annecy. Table des matières p.393 PREFACE DE DOM MACKEY OSB INTRODUCTION Le Traitté de l'Amour de Dieu est la révélation complète de l'esprit et du coeur de saint François de Sales arrivé à l'apogée du génie et de la sainteté. Bien qu'en elle-même l'Introduction à la Vie devote soit un chef- d'oeuvre, ce n'est pourtant, à l'égard de celui-ci, qu'une radieuse aurore comparée à un midi resplendissant. Là, c'est à tous les chrétiens de bonne volonté que le saint Auteur s'adresse ; ici, il a spécialement en vue les âmes d'élite, capables de suivre son vol dans la contemplation des mystères ineffables de la charité de Dieu pour sa créature et du retour généreux que la créature doit à son Créateur. Pour parler à Philothée, il s'inspire de l'indulgence avec laquelle l'Apôtre se faisait tout à tous afin de les gagner tous ; mais lorsqu'il s'adresse à Théotime, sa diction s'élève avec sa pensée, on croirait entendre un écho des inimitables accents de saint Paul aux fidèles d'Ephèse (3,8 et 19) : le Docteur paraît investi à son tour de la mission d'évangéliser les inscrutables richesses du Christ, d'enseigner cette suréminente science de la charité qui doit remplir les coeurs de toute la plénitude de Dieu. Ce sujet, le plus sublime qui puisse s'offrir à l'intelligence humaine, notre Saint l'expose sous tous ses aspects, l'exploite dans toute son étendue. Après avoir montré comment la charité plonge ses racines dans les profondeurs de la nature et de la grâce, il en explique les développements, en indique les principaux exercices, et, d'ascensions en ascensions, s'élève jusqu'à cette perfection de l'amour divin, qui consiste dans l'union de l'âme avec son Principe, union commencée ici-bas par l'oraison, pour se consommer au ciel dans les splendeurs de la vision béatifique. La préparation de cet incomparable livre fut l'oeuvre de prédilection de notre Saint, le sujet des méditations de sa vie entière, la " belle esmeraude " dont la vue le reposait au milieu des labeurs de l'apostolat. Résumé de savantes études et fruit d'une longue expérience, ce Traitté, nous le répétons, est l'histoire intime de l'âme de saint François de Sales, l'une des plus admirables créations de la toute puissance et de la bonté divine ; aussi, a-t-il été signalé, et avec raison, comme son plus beau titre à l'auréole du Doctorat. Le " Docteur de la dévotion " s'y révèle comme le Docteur de l'Amour divin, et, tout en développant les principes les plus élevés de l'ascétisme, il jette des clartés inattendues sur les conceptions les plus abstraites de la théologie mystique, cette céleste science, " consommation de toute science, qui est à la fois l'état et la fin de la perfection chrétienne " (Saint Bonaventure). Rien donc, dans cet ouvrage, qui n'ait un intérêt spécial, rien qui ne mérite d'être l'objet d'un examen approfondi à quelque point de vue qu'on l'envisage : toutefois, cette Introduction aura principalement pour but l'étude de la doctrine même contenue dans le Traitté de tAmour de Dieu, et cela, non seulement à raison de son importance intrinsèque, mais parce que cette doctrine si sûre et si lumineuse n'a pas été toujours appréciée à sa juste valeur. Arnauld et les autres fauteurs du jansénisme, Molinos et son école quiétiste ont prétendu étayer sur les enseignements du saint Evêque de Genève l'échafaudage de leurs erreurs : ils ont 2 travesti le sens de ses paroles, ils en ont falsifié le texte. Fénelon lui-même, trompé par l'ardent désir d'appuyer ses opinions sur l'autorité d'un Saint dont il vénérait à la fois la science et la piété, détourna la véritable signification des expressions de notre Docteur. Ces nuages se seraient dissipés comme les brouillards du matin aux premiers rayons du soleil, si l'on avait eu soin de laisser le Traitté de l'Amour de Dieu rayonner de son propre éclat. Malheureusement, Bossuet, qui revendiqua l'honneur de la défense, n'avait pas suffisamment étudié l'enseignement de saint François de Sales. Tout en réfutant les fausses conclusions de Fénelon, il lui arriva de rabaisser la doctrine du bienheureux Prélat. Cette controverse eut ainsi pour résultat d'amoindrir dans l'Eglise de France l'autorité de notre Saint, et de le reléguer dans l'opinion de plusieurs parmi les théologiens de second ordre. Son Theotime subit pour un temps le contre-coup de cette prévention. C'est pourquoi il nous semble nécessaire de faire dans cette Introduction une part assez étendue à la célèbre controverse du semi-quiétisme. Il ne sera pas difficile de trouver dans le Bref du Doctorat et dans les témoignages de graves écrivains, des armes puissantes pour réduire à néant les interprétations inexactes données aux enseignements de saint François de Sales. Un court aperçu historique sur l'origine et la composition du Traitté précèdera l'étude du côté théologique, qui sera le principal objet de notre attention. Suivront quelques considérations sur les qualités littéraires de l'ouvrage, et sur les relations particulières qu'il présente avec les autres écrits et avec la vie même de l'Auteur. I Aperçu historique du Traitté de l'Amour de Dieu Divers événements ou les sollicitations de ses amis avaient déterminé saint François de Sales à la publication de ses trois premiers ouvrages. Il n'en fut pas ainsi du Traitté de l'Amour de Dieu. Ce livre est une production spontanée de son coeur, le fruit de sa longue expérience et de son intime union avec le Seigneur. Tel un géant qui ayant gravi d'un bond les sommets les plus élevés redescend vers le voyageur attardé au milieu de la plaine, et l'entraîne dans la rapidité de sa course, ainsi notre Docteur, après avoir atteint les cimes de l'amour divin, redescend, pour ainsi dire, vers l'âme chrétienne désireuse de fournir le même parcours : il l'excite, la soulève, l'emporte jusque dans le sein de la charité incréée. Le zèle, " cette passion sainte " qui, au témoignage de l'Auteur (Liv. V, chap 9), " fait tant escrire de livres de pieté, " est donc l'unique inspirateur de celui-ci. Les manuels élémentaires de spiritualité étaient rares au commencement du XVII' siècle, plus rares encore les recueils ascétiques et mystiques accessibles à la moyenne des intelligences. La nomenclature et l'examen des ouvrages cités dans la Préface du Traitté prouvent suffisamment cette lacune 1; notre Saint dut la constater plus d'une fois, surtout depuis qu'il se fut 1-La même conclusion ressort de l'examen de quelques traités de haute spiritualité qui avaient une certaine vogue à cette époque. Si saint François de Sales ne les cite pas dans sa Préface il les nomme ailleurs. Il suffit de les parcourir pour se convaincre mieux encore de l'utilité et de l'opportunité des écrits ascétiques de notre Docteur. Quelques détails sur ces ouvrages ne seront pas sans intérêt. On en compte quatre principaux : la Perle Evangelique (Margarita evangelica, incomparabilis thesaurus divinae Sapientiae, MDXLV), par un auteur inconnu; la Methode de servir Dieu, du P. Alphonse de Madrid ; l'Abregé de la perfection, écrit par une dame milanaise (voir L'Esprit de saint François de Sales, par Mgr Camus, Partie VII, § vii) ; la Regle de perfection reduite au seul point de la Volonté divine, par le célèbre P. Benoit de Canfeld, Capucin anglais. Les trois premiers de ces ouvrages sont caractérisés par saint François de Sales comme " livres fort obscurs et qui cheminent par la cime des montagnes." (Lettre à une dame, novembre 1607.) Cette désignation convient tout spécialement à la Perle. Ailleurs, écrivant a sainte Jeanne-Françoise de Chantal (avril 16o6) " Le livre de la Methode de servir Dieu est bon, " lui dit notre Saint, " mais embarrassé et difficile plus qu'il ne vous est requis." En effet, l'aridité des raisonnements et les divisions et subdivisions de ce traité le compliquent au point d'en bannir l'onction et d'en 3 chargé de la direction de la Baronne de Chantal. Aussi le voyons-nous occupé de la composition de son chef-d'oeuvre avant même d'avoir groupé les matériaux de l'Introduction à la Vie devote Ce n'était pas une suite de déductions abstraites qu'il projetait, mais un livre plein de chaleur et de mouvement ; c'est la Vie de la sainte Charité qu'il voulait écrire. Le Traitté est annoncé sous cette forme métaphorique dans une lettre à Mme de Chantal, en date du 11 février1607 : "....Affin que vous sachies tout ce que je fay, " dit le bienheureux Prélat, " quand je puis avoir quelque quart d'heure de relay, j'escris une vie admirable d'une sainte de laquelle vous n'aves encor point ouÿ parler, et je vous prie de ne point aussi en dire mot; mais c'est une besoigne de longue haleyne, et que je n'eusse pas osé entreprendre si quelques uns de mes plus confidens ne m'y eussent poussé : en verres quelque bonne piece quand vous viendrés.