L'enfant Et La Guerre, 2001 Table Des Matieres
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L'ENFANT ET LA GUERRE, 2001 7e Séminaire de l’IDE 16 au 20 octobre 2001 INSTITUT INTERNATIONAL DES DROITS DE L’ENFANT INSTITUT UNIVERSITAIRE KURT BÖSCH TABLE DES MATIERES Préface Jean ZERMATTEN L'Enfant et la Guerre Bernard COMBY Allocution d’ouverture Marianne DA COSTA DE MORAES Niños combatientes en Colombia y la experiencia austríaca en Derecho Juvenil Première partie APPROCHES DU PHENOMENE Sylvia LADAME Les enfants et la guerre Willie MC CARNEY Child soldiers : criminals or victims ? Should child soldiers be prosecuted for crimes against humanity ? Deuxième partie ENFANTS ET CONFLITS : UNE RÉALITÉ PROTÉIFORME Siddharth CHATTERJEE Demobilization - Child Soldiers in southern Sudan Laure DESFORGES Quelle défense et quelle garantie pour les enfants de la guerre: le cas du Rwanda Damien E. NGABONZIZA Quelles mesures de réhabilitation pour les enfants traduits devant les instances judiciaires ? Monika KAEMPF The ICRC study Women facing war and its impact on girl children Troisième partie DE QUELQUES OUTILS DE PRÉVENTION Alexandro RUITER The ICRC's Communication Programmes for Young People Hajrija SIJERCIC-COLIC Education on peace : example in Bosnia and Herzegovina Jaqueline A. MICHIELLI Canada's involvement and prevention tools Michael A. CORRIERO The involvement and protection of children in truth and justice-seeking processes: the special court for Sierra Leone Travaux des ateliers Renate WINTER Synthèse finale Annexe 1 Optional Protocol to the Convention on Rights of the Child on the involvement of children in armed conflicts Annexe 2 Joint Action of 17 December 1998 adopted by the Council on the basis of Article J.3 of the Treaty on the European Union’s contribution to combating the destabilising accumulation and spread of small arms and light weapons Préface JEAN ZERMATTEN Juge des mineurs, Directeur de l’Institut International des Droits de l’Enfant L'ENFANT ET LA GUERRE « Lorsque l’on fait une guerre..., on peut se demander, selon un calcul rationnel à la lumière des dégâts chiffrés, si l’enjeu en question valait les sacrifices humains et la destruction, la souffrance engendrée chez des millions d’hommes, de femmes, d’enfants. Devant une telle question, on ne peut que constater l’absurdité de l’acte, la barbarie, la stupéfaction et l’incompréhension de la nature humaine, d’autant plus que celle-ci prêche la paix, la tolérance et le bien suprême pour tous les hommes, en même temps qu’elle se montre cruelle (1) ». Cette citation du Professeur Houbballah, médecin psychiatre libanais qui a connu les affres d’une horrible guerre civile et son cortège de douleurs et qui a étudié les conséquences de ce déferlement de violence sur le psychisme des adolescents, n’introduit, hélas, que trop bien le sujet de l’enfant et la guerre. Enfant(s) et guerre(s) : deux termes qui ne vont pas ensemble, qui devraient s’exclure d’emblée l’un l’autre et que la langue ne devrait pas permettre d’accoler, tant leur signification est opposée. Le premier est porteur de tous nos espoirs, il représente ce que nous projetons à travers lui, notre futur et recèle les trésors de l’innocence, de la candeur et de la spontanéité ; il appelle notre protection et demeure l’objet de toutes nos attentions. Le second est l’inverse, puisqu’il est synonyme de destruction, de mort et de tortures; il nie l’avenir et base sa tragique réalité sur les notions de puissance, de pouvoir, de calcul, d’extermination, de tyrannie ; il suscite l’incompréhension, le rejet, le non-sens. Et pourtant, la réalité de ce nouveau millénaire nous met face à une évidence : les enfants sont concernés par la guerre, que celle-ci se nomme guerre traditionnelle, conflit armé, guérilla, révolte, soulèvement, mutinerie, lutte… mais aussi guerre économique à travers les organisations criminelles qui se disputent marchés, territoires, trafics. On connaît bien la position de l’enfant victime des règlements de comptes entre adultes ; les conventions de Genève font une large place à la femme et l’enfant victimes. On se souvient aussi de la première Déclaration de Genève (1924) qui exigeait des Etats membres de la SDN une protection particulière pour l’enfant victime des affrontements armés. Ce que l’on a moins abordé, c’est, bien sûr, la position de l’enfant, lorsqu’il est lui-même impliqué comme acteur des atrocités belligérantes et qu’il manie la machette, le fusil ou qu’il pose les mines qui feront sauter ses frères. Si ce sujet s’impose, c’est parce que la communauté internationale, à la suite du rapport de Madame Graça Machel pour l’ONU, a réalisé que près de 300'000 enfants étaient impliqués d’une manière active dans les conflits armés, à travers le monde et que ce chiffre n’était probablement qu’une approximation vu le nombre d’Etats ayant reconnu avoir utilisé des personnes de moins de 18 ans dans des activités conflictuelles armées. Cette prise de conscience a incité les Etats et l’Organisation des Nations Unies à proposer pour signature et ratification un Protocole facultatif à la Convention des droits de l’enfant, à l’effet de pallier la timidité de l’art 38 de la Convention et d’empêcher que des moins de 18 ans puissent être enrôlés dans les armés régulières et les milices. Ce texte connaît un engouement certain et devrait entrer en vigueur début 2002 (2) ; il témoigne de préoccupations légitimes. Les récents événements du 11 septembre 2001 ont mis en lumière la folie meurtrière des hommes ; ils ont aussi montré combien les fanatismes étaient dangereux et comment ils avaient prise facile sur des enfants et des adolescents, lorsque ceux-ci traversent des crises comme celle de la recherche de leur identité ou des difficultés de caractère familial, économique, culturel, sont en proie à la difficile intégration du fait de leur situation de migrants ou sont en lutte de loyauté à cause de leur double appartenance à des mondes différents, sinon opposés et en quête de modèles ou d’un idéal qui leur échappent. La réponse à ces attaques, sous la forme d’une démonstration de puissance basée sur la technique développée à son point le plus poussé, à l’exemple des « frappes chirurgicales », exacerbe également l’idée de violence et donne aux plus jeunes l’illusion que la loi du plus fort triomphe toujours, à défaut d’être la meilleure. Cette tragédie n’a fait que renforcer l’actualité et l’acuité de ce thème. Cette fragilité des enfants face aux messages adultes, soit par appel à militer dans les mouvements extrémistes, soit par vénération de la puissance, nous conforte dans l’opinion que l’enfant présente des intérêts non négligeables pour les gourous ou pour les militaires. Cela ne se dit pas ; mais cela se constate (et ce constat est aussi valable malheureusement pour les chefs de gang ou de mafia). Car, à notre avis : - l’enfant, est tout d’abord, obéissant ; il n’a pas l’habitude de s’opposer aux ordres ou aux consignes et souvent, s’il entendait faire de l’obstruction, il n’en a pas la force ; il est donc très malléable pour l’adulte qui le dirige ; - l’enfant est dépendant matériellement et immatériellement des plus âgés ; sa faim et sa soif sont comblés par ces derniers ; les nourritures spirituelles viennent des mêmes ; l’enfant est donc particulièrement sensible à toutes les ingestions alimentaires et mentales ; pas étonnant donc, qu’il soit particulièrement réceptif à l’intoxication idéologique ; - l’enfant constitue une main d’œuvre bon marché, facile, non syndiquée ni revendicatrice (les employeurs d’enfants l’ont compris depuis longtemps) ; dès lors, il est nettement plus « avantageux » que l’adulte, car il ne connaît ni sa valeur, ni le coût réel de ses « services », il est donc un objet idéal pour les recruteurs ; - l’enfant, dans la plupart des régions où il est enrôlé, souffre de conditions d’existence misérables (pauvreté, famine, chômage) ; ses perspectives se résument à « no future » ; dès lors, la possibilité d’un engagement dans une force armée, une milice ou une organisation para-militaire constitue une aubaine pour l’intéressé, pour sa famille aussi ; le maigre pécule qui l’attend sera le bienvenu ; - l’enfant, de plus, dans la plupart des cas, se trouve sans éducation, c’est-à-dire sans avoir reçu les moyens qui lui permettraient de dire non à un enrôlement ; il est sans défense face à des adultes qui lui promettent un rôle de caïd, voir un destin de héros ; comment pourrait-il résister à cette offre qui va lui permettre d’exister au propre comme au figuré ? Les enfants sont donc des proies faciles que des adultes sans scrupules, et souvent sans beaucoup d’éducation, envoient en première ligne faire le coup de feu et préparer le terrain aux « vrais » militaires, ou utilisent comme porteurs, messagers, machinistes, cuisiniers, ravitailleurs… sans oublier les filles qui servent à des tâches domestiques ou sanitaires, quand elles ne sont pas exploitées pour le repos du soldat. Proies faciles et, pire, consentantes, pour autant que ce mot puissent revêtir une quelconque signification tant le consentement des enfants à subir ce sort est conditionné par le discours des adultes et par des conditions de vie qui ne leur laissent d’autre choix. Le fait que des enfants ne soient plus seulement considérés comme des victimes de la guerre, mais comme des acteurs de celle-ci, amène aussi à une nouvelle position, celle de l’enfant, impliqué dans des conflits armés et qui se rend auteur, à son tour, d’atrocités vis-à-vis d’autres personnes. C’est l’enfant auteur d’infractions liées à son statut de petit soldat : rapines, dommages, viols et autres tortures, voire complicité de génocide… Il faut alors savoir qui doit le juger de la justice militaire ou de la justice civile, quelle sanction lui appliquer et quelles issues prévoir pour lui redonner un statut plus en accord avec son jeune âge.