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Cap-aux-Diamants La revue d'histoire du Québec

L’imprimeur des libertés Jean-Paul de Lagrave

350 fois Montréal Number 27, Fall 1991

URI: https://id.erudit.org/iderudit/7927ac

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Publisher(s) Les Éditions Cap-aux-Diamants inc.

ISSN 0829-7983 (print) 1923-0923 (digital)

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Cite this article de Lagrave, J.-P. (1991). L’imprimeur des libertés. Cap-aux-Diamants, (27), 30–33.

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Qui est ce Fleury Mesplet? Un fou de l'imprimerie qui a l'au­ dace de publier en iroquois? Un pamphlétaire, émule de Ben­ jamin Franklin et de Voltaire? Oui, un peu de tout cela. Il est également, selon certains, un être insolent et dangereux. Pour d'autres, un gardien des «belles lettres» et un farouche adver­ saire des préjugés. Monsieur Mesplet, qui êtes-vous, au juste?

par Jean-Paul de Lagrave*

L N APPARTIENT QU A LA LIBERTE DE CONNAITRE LA « I, vérité et de la dire», assure Voltaire dans l'avant-propos de son Histoire du parlement en 1769. Le maître imprimeur Fleury Mesplet le prouve à sa façon au Québec en y devenant le diffuseur des Lumières dans le dernier quart du xvnie siècle. Avant la venue de Mesplet à Mont­ réal, cette diffusion, telle que la conçoit Voltaire et les autres Philosophes, n'a pas vraiment commencé au Canada. L'imprimeur emploie tous les moyens que lui donne son art pour faire connaître les grands principes «philosophi­ ques» et en montrer les applications possibles dans la vie concrète des habitants, et cela dans te contexte de la guerre d'Indépendance des États-Unis d'Amérique, puis de la Révolution française. Mesplet est un personnage clé de l'histoire des idées au Québec et au Canada.

On imprime...en iroquois!

Né à le 18 janvier 1734, fils et petit-fils de maîtres imprimeurs, il installe ses presses en braire Jean Deville. Le beau-frère de Fleury Mes­ 1776 à Montréal, où il publie le premier journal plet, François de Los Rios, aussi propriétaire littéraire (1778-1779) et le premier périodique d'une librairie, est l'ami de Joseph Vasselier, le d'information (1785-1794). Entre 1776 et 1794, il principal correspondant de Voltaire à Lyon. imprime 96 titres de livres et de brochures. Il faut ajouter que Mesplet publie le premier almanach Fleury Mesplet n'a que vingt ans quand il prend français en Amérique ainsi que le premier livre la direction de l'imprimerie-librairie de sa tante, illustré au Canada. Il imprime en français, en Marguerite Capeau-Girard, à Avignon. Le jeune anglais et aussi en latin et en iroquois. imprimeur retourne à Lyon vers 1760. Peut-être influencé par Los Rios, qui écrit dans ses Mé­ Fleury Mesplet est né à Une famille «de papier» moires que l'Angleterre «est le Pérou de l'Eu­ Marseille le 18 janvier rope, le plus beau séjour pour ceux qui veulent 1734. Issu d'une famille Fleury Mesplet reçoit sa formation dans l'atelier vivre en liberté», Mesplet s'établit à Londres en d'imprimeurs, il émigré 1773. Son imprimerie fonctionne durant une an­ aux États-Unis en 1774 de son père Jean-Baptiste Mesplet à Lyon, rue où il exerce son métier Mercière, la grande rue des imprimeurs et li­ née au cœur de la capitale, à Covent Garden. Il y pour le Congrès améri­ braires lyonnais. La famille s'est installée dans fait paraître son premier livre connu, imprimé cain. A la demande de cette ville vers 1738. Jean-Baptiste Mesplet et son sous son nom. C'est un ouvrage d'histoire, La Franklin, il vient s'éta­ père, Jean Mesplet, sont originaires d'Agen, Louisiane ensanglantée, dans lequel le cheva­ blir à Montréal en 1776 où il mourra en 1794. dans l'ancienne province de Guyenne. À Lyon, lier Jean de Champigny appelle l'Angleterre au (Anonyme. Musée du les Mesplet sont associes à Aimé de La Roche, le secours des Louisianais abandonnés aux Espa­ Québec). fondateur du premier journal lyonnais et au li­ gnols par le gouvernement de Louis xv.

30 CAP-AUX-DIAMANTS, Numéro 27 Automne 1991 Aux côtés de Franklin GAZETTE Londres baigne dans un climat politique où Ben­ DU COM M E R CE jamin Franklin joue un rôle décisif, alors que se ET LITXE- X J I R E, perçoivent les signes avant-coureurs du grand Pour ta Ville 8c Dulria de . défi des «insurgents». Pour ses quarante ans, Mesplet se retrouve avec ses presses à Philadel­ I J— »77«- phie, aux côtés des Fils de la Liberté. Dès 1774, il AUX CITOYENS. qucJqurt pcribunei, aaaàt aies 1 afanerea. La Semaine lui tus» , relui qui «'eût pat eUf •« devient l'imprimeur de langue française du jener un coup «"«cri fut k Papier précédenr. (aiGsi avec ttidtc k (ui/ant, patte qu'il Congrès américain et, à ce titre, il imprime des C m* firticite de «Ma avow propoCE l't- flattera Ion caraâcrc, «u fera puai à U portée J (tblirTemeat d'im Papier Périodique, aca de (n coaaaeaifàncct, let tatera t m (étont pl«a Ni IIM par ripport à flw-orfnK , que par familier», >ei oli/eti pcinti de aianaere qu'a lettres collectives destinées aux habitants du ira avantage i ouc «out n mireret. Je voh • ait pu befoui de nucrofeopc pour kt ap- ejue plute-uti d rnuc voiti, Wcûiruri, m'en- percevoir : chacun Mur 1 Mur j tr«uvcra fan Québec, les incitant à secouer le joug de la courafcnt pif km Soofcriptioae, Il que •anufrcicat «u CM «v'ructaan. Le père de malgré b dikrtc prcfenie de « qui peut fanail* trouvera dci rcilùvrccs poor procurer ietérefles k Commerce ou d'iorrn objet! qui de l'éducation 1 ke enfant- Le» mfini p tyrannie et à se joindre au mouvement de libéra­ JUttcTsit votre cunoù-i . «out recevez avec liront det précrrnci dont la nni que tara emote iTtsrtent ktoorea fia et/ta que je vawtt avaKafjcute. Let dafféttotn «aatmet «va tion des colonies britanniques d'Amérique du ai (akci, de travailler autant qu'a fera* 1 feront trancet pi».sont ana uni , dcplaarOM mon pouvoir pour la fniifaûion de mua k lui lutrei, man chacun aura fan «Mr. D'origine française, Nord. Ces lettres imprégnées du souffle des Lu­ d'ua chacun en particular. M cft peu de Province qui aient be loin Je miiwi p*opoS de remplir la Feuille d'en coûtée meat avant que cerle que nojt Fleury Mesplet (1734- Ce i AvcniAVmcnrl public* It «et arLu-ea qui habita ni ; on peut dire c« général. que ht mières, empruntent en particulier les voix de qurioîcnc uiiirrtfrx k Commerce. L'un te p"*'* ne i uTtw ouverts qa'iu commercr dea 1794) accompagne Ben­ I 'luire manquent pour le préfesit. Peu d'A- chuta qu i tcnde»t I la iti *I»A ion «ci fean. Montesquieu et de Beccaria. \ en locuteur, vu que k Pacaer «'«ft pat V v-osi pMUw , aV t jau-t-j encore une Bs jamin Franklin à Mont­ «•cor* connu : arowa bues . Heaucun , «urn bhenboqoe «u mertte w débru d'une Bible - uienq-x «04, k tVuatJM prcCrnte quant lu ibrque qu> putttt «tre regarde coaunc un réal en 1776 et décide Cnmcnerce • «n rem te que a ce je croit «'i«"ir mocumeue , «M d'une Science protottdc, de s'y fixer. Il fonde en aucun reproche à recevoir pour cet deua m** de l'enraie It du dcfâr de (mut V«ul an Kiel. ton viendrez Ucaaeutt, que My a prêtera 1778 La Gazette du Quant tu E morceaux varié* de fjfiéranrr, b plut (node parue fe MOT tn/errru i dans Ancien Régime et Lumières j tfpcre me mettre à I abri par k ton t|«* je une fnWrc bien étroite; ce o'eft pat faurc commerce et littéraire prendrai pour voua procurer ecus qot je de difpofitntnou de bonne volonté d'aerjué. croirai let plut i mutaet t It lea «tu» iafli-jc rir eki eonaniffiia rtl , triait faute d'actaton. pour la ville et district lafi. Je n'igncf e poàoc k daancvJtc «k plaire 1 Soui k ri-gne précédent voua «'étiez en par­ -Mi â b feit ; uuia qu'arrivera-1 -d t La tie «ccopéa tfoc del ttoublet qui ajnroKar de Montréal. La guerre de libération s'étant étendue jusqu'au Feuille qui contiendra «ne plut Rraaoc quasi- votre l't ov i ne t, v oui ne receviez de l'Europe l«c de Nuiktai ttricufca «a ptaâta pat i crue ce qoi pouvorj urWaàrc vot iaMcrto ou {Anonyme, Musée du Québec, où la complicité de la majorité des T.QML *^ habitants avait permis aux Fils de la Liberté de Québec). refouler les forces britanniques dans la capitale, bien nourries, en raison de l'attitude de la popu­ Franklin est nommé, comme il l'écrit lui-même, lation qui sympathise avec les «rebelles». Les «une sorte de gouverneur» de la «Province», miliciens américains repassent la frontière. Mes­ avec la mission d'y établir un régime démocrati­ plet reste sur place. Il n'est pas libre de repartir. que. Car le Québec est l'unique colonie anglaise Tout d'abord, il y a le problème du transport de en Amérique à n'avoir jamais eu une assemblée son imprimerie et de ses autres biens, qui ont élue. Le pays vivait encore en régime «féodal». nécessité l'emploi de cinq chariots au départ de Philadelphie. Mais surtout, l'imprimeur se re­ À la recommandation de Franklin lui-même, trouve sans le sou. En effet, avant de quitter Mesplet, à titre d'imprimeur, fait partie de la Philadelphie, il a changé la majeure partie de sa délégation qui se rend à Montréal au printemps fortune en billets de banque du Congrès qui sont de 1776. Au moment de cette intervention, il y a sans valeur au Québec. une seule imprimerie dans la province de Qué­ bec et cela depuis 1764. Un parent de Franklin, Un imprimeur en cage l'imprimeur William Dunlop, a envoyé de Phila­ delphie son neveu, William Brown, ouvrir le pre­ Après la reprise de Montréal, l'un des premiers mier atelier dans l'ex-Nouvelle-. Brown gestes des royalistes est d'emprisonner l'impri­ est aussi - avec le typographe Thomas Gilmore - meur, ses deux ouvriers et son journaliste. Ils le fondateur du premier journal anglo-français demeurent incarcérés durant 26 jours. Après sa dans cette colonie, 777e Gazette - La Gazette de Québec.

Il paraît essentiel au Congrès d'établir dans la province un nouvel imprimeur, apte à répandre les idéaux de liberté et de démocratie, car on ne peut attendre une telle orientation de la part de Brown, trop inféodé au gouvernement colonial Second imprimeur à ve­ britannique. Mesplet n'a pas la possibilité de nir se fixer sur les rives faire fonctionner immédiatement ses presses du Saint-Laurent après installées rue Capitale, près de la place du William Brown à Qué­ Marché, en bordure du fleuve. Un naufrage à bec, Fleury Mesplet fait Chambly a avarié son matériel et occasionné un venir son matériel de Philadelphie. Le Musée retard. Il arrive à Montréal seulement le 6 mai. régional de Vaudreuil possède une réplique Pendant ce temps, une flotte britannique, trans­ en bois d'une presse portant 10 000 mercenaires, vogue sur le Saint- «en taille douce» utili­ sée à la fin du xvaf Laurent vers Québec où le gouverneur général siècle. Guy Carleton s'est barricadé tout l'hiver, n'osant (Nos Racines, n° 37 p. sortir avec ses troupes armées jusqu'aux dents et 734).

CAP-AUX-DIAMANTS, Numéro 27 Automne 1991 31 libération, Mesplet se met intensément au tra­ aucun procès. L'emprisonnement est extrême­ vail. Entre 1776 et 1778, il imprime des règle­ ment rigoureux. Durant la première année, il est ments d'associations pieuses, des neuvaines, défendu à Mesplet et à Jautard de sortir dans la des livres de piété, des missels et des caté­ cour de la prison; on leur interdit d'écrire, même chismes, toutes des commandes des seigneurs au gouverneur général. L'imprimeur et le journa­ ecclésiastiques. liste sont confinés dans une cave obscure, sor­ dide et d'une extrême humidité. Un tel empri­ Le 3 juin 1778, Mesplet lance le premier journal sonnement ruine la santé des deux prisonniers; littéraire et premier périodique unilingue fran­ Jautard meurt peu après son élargissement. çais au Canada, la Gazette du commerce et litté­ raire, qui devient peu après la Gazette littéraire. Sus à l'ignorance Rédacteur principal, l'avocat Valentin Jautard, Infatigable, Mesplet lance le 25 août 1785 la Gazette de Montréal, The , le premier périodique d'information dans cette ville. L'esprit philosophique anime cette feuille durant les huit années et demie de son exis­ tence. Voltaire en sera encore le principal inspi­ rateur. «Je vois avec attendrissement, écrit un lecteur à Mesplet, sous le pseudonyme «Homme libre,» dans le numéro du 2 décembre 1790, «combien vous vous appliquez à inspirer du goût pour les belles-lettres à la jeunesse de cette colonie; quels coups heureux enfin vous portez aux préjugés, à l'ignorance et au sot orgueil.» On reproduit non seulement des extraits d'ouvrages de Voltaire, mais sa pensée, relative à la tolé­ rance, à la liberté de pensée et d'expression, est sous-jacente dans les diverses campagnes de presse qu'entreprend le périodique.

Dès sa fondation, la Gazette de Montréal se Scène militaire à Mont­ consacre à contester l'Acte de Québec, qui a réal en 1775 lors de l'in­ reconnu en 1774 le système seigneurial et le vasion américaine. originaire de Bordeaux, agit comme critique lit­ pouvoir de l'Église. Le journal réclame une nou­ (Archives nationales du téraire. Dès la parution du journal, des oppo­ velle constitution, c'est-à-dire le droit pour les Canada, Ottawa). sants religieux réclament sa suppression auprès habitants du pays d'avoir une chambre d'assem­ du gouverneur général, qui décrète l'imprimeur blée. Cette intervention contribue à l'adoption et son journaliste passibles d'expulsion. Mais les d'une constitution un peu plus démocratique. notables laïcs de Montréal parviennent à faire Parallèlement à ce combat, la Gazette de Mont­ fléchir le gouvernement. Le périodique peut réal en livre un autre contre les formes supersti­ donc reprendre sa publication. tieuses de la religion. Mesplet appuie aussi le plan d'un système d'enseignement public préco­ À mort l'insolence! nisé par le gouverneur général, après une en­ quête royale en montrant l'urgente nécessité. Par Au mois de janvier suivant, le seigneur de Mont­ ailleurs, la Gazette de Montréal s'engage dans réal et supérieur des sulpiciens, Etienne Mont­ une lutte pour une réforme de la justice et contre golfier, demande au gouverneur «l'anéantisse­ l'esclavage. Mesplet pose ainsi des jalons pour ment» du journal. La fondation d'une académie l'avenir des libertés. en l'honneur de Voltaire a mis le comble à la colère des clercs appuyés par le juge René-Ovide Ces combats se livrent dans un contexte histori­ Hertel de Rouville. Celui-ci ne cesse de porter que particulier qui ne peut que les aviver et les plainte contre «l'insolence» du périodique tan­ éclairer, celui de la Révolution française. Entre dis que le supérieur sulpicien et le jésuite Ber­ 1788 et 1794, il n'y a pratiquement aucun numé­ nard Well se plaignent de l'encouragement ro omettant ce qui se passe en France. La Ga­ donné à des auteurs «impies». Des éloges de zette de Montréal ne conçoit pas ces informa­ Voltaire et des articles préconisant la liberté tions comme de la nouvelle étrangère, mais plu­ d'expression ont déplu. tôt comme des faits qui peuvent concerner cha­ que lecteur, ce qui explique les réactions lo­ La cabale conduit finalement à l'arrestation de cales, par exemple, contre le règne et la puis­ l'imprimeur et du journaliste, et à leur incarcéra­ sance des seigneurs. tion pendant plus de trois ans; ils ne subissent

32 CAP-AUX-DIAMANTS, Numéro 27 Automne 1991 À la défense des droits de la personne L'engagement de Mesplet va loin. Il pense, comme Thomas Paine et Condorcet, que les droits humains doivent être respectés dans le monde entier, et au Québec en particulier. C'est pourquoi il ne reste pas indifférent à l'appel du premier ambassadeur de la République fran­ çaise à Philadelphie, Edmond-Charles Genet, l'ami des Girondins. C'est la dernière lettre sur la liberté que Mesplet fait circuler avant de mourir en plein travail, dans son imprimerie, le 24 jan­ François-Marie Arouet vier 1794, l'année même du centenaire de la dit Voltaire (1694-1778). Ce philosophe des Lu­ naissance de Voltaire. mières sera une impor­ tante source d'inspira­ Le relevé de ses biens montre que le premier tion pour Fleury Mes­ maître imprimeur de Montréal jouissait de l'ai­ plet. sance d'un bourgeois de cette ville. Dans sa (Portrait de Nicolas de carrière en Amérique, Mesplet a pu compter sur Largillière). un généreux bailleur de fonds, Charles Berger, un compatriote qu'il s'est associé à Philadelphie Québec, ce qu'elle fait pendant l'emprisonne­ en 1774. Endetté envers des marchands de Mont­ ment de son mari, entre 1779 et 1782. réal en raison de son long emprisonnement, il tente de se faire rembourser par le Congrès amé­ Fleury Mesplet sut, au fil des deux grands événe­ ricain les frais de son installation comme im­ ments mondiaux de son époque - la guerre d'In­ primeur officiel des colonies unies dans la dépendance des États-Unis d'Amérique et la Ré­ province. 11 n'obtient qu'une compensation volution française - faire saisir les principes de dérisoire et ses biens sont vendus à l'encan en la philosophie des Lumières s'appuyant sur la 1785. Mais il n'est en aucun temps emprisonné raison, l'humanité et la tolérance. Il transmet aux pour dettes et les commerçants ne lui retirent Canadiens ce mot d'ordre de Voltaire: «Osez jamais leur appui publicitaire. penser par vous-même!». Car la liberté d'expres­ sion n'avait cessé d'être entravée depuis les ori­ Pionnière de l'imprimerie gines de la Nouvelle-France. Les habitants du Québec commencèrent à penser politiquement Fleury Mesplet a épousé Marie-Marguerite Pié- avec les Fils de la Liberté de 1775. Mesplet est rard à Avignon le 17 août 1756, Marie Mirabeau à certes dans le Nouveau Monde l'un de ces asso­ Lyon vers 1765 et Marie-Anne Tison à Montréal le ciés inconnus qu'évoque Voltaire en 1772 dans 13 avril 1790. Il n'y eut aucun enfant issu de ces les Questions sur l'Encyclopédie: «J'ai des asso­ mariages. Marie-Anne Tison est la première ciés qui travaillent comme moi à la vigne du femme éditrice d'un journal au Canada. Après le Seigneur, qui cherchent à inspirer la paix et la décès de son époux, elle publie six numéros de tolérance, l'horreur pour le fanatisme, la persé­ la Gazette de Montréal. Le titre n'est ensuite cution, la calomnie, la dureté des mœurs et repris qu'un an plus tard par le maître de poste l'ignorance insolente.» • Edward Edwards, concurremment avec l'impri­ meur Louis Roy. Quant à Marie Mirabeau, elle est la première femme à diriger une imprimerie au 'Historien

c10 o Le corps vacant John Baldessari I^M Jusqu'au 27 octobre Du 10 novembre au 19 janvier 1992 npnd Ea> • ^m > (0 i o 3 'RENDEZ-VOU S AU CENTRE-VILLE DE MONTREAL AU PRINTEMPS 1992! a •o x •g a> O MUSEE D'ART CONTEMPORAIN DE MONTREAL

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