CONFÉRENCE DES BOURSES DU TRAVAIL TENUE À L’ISSUE DU CONGRÈS CORPORATIF D’

les 15 et 16 octobre 1906.

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La Conférence que, d’après les décisions du Congrès de , les Bourses du Travail peuvent tenir à l’issue du Congrès corporatif, a eu lieu les lundi 15 et mardi 16 octobre.

La Conférence procède à l’élection de son Bureau: Président: Cousteau (Narbonne); Assesseurs: De- larbre (Dijon), et Jannot (Cette-Sète); Secrétaire: Klemczynski (Oise).

Yvetot, secrétaire, annonce que 83 Bourses sur 135, participent à la Conférence et donne lecture de ces Bourses et des délégués qui les représentent. Ce sont:

Aix-en-Provence, Monclard. Meaux, Étard. Agen, G. Yvetot. Mèze, Niel. Alais (Alès), Jacquet. Montauban, Raymond. Albi, P. Gibert. Montluçon, Desforges. Alençon, Richer. Montpellier, Niel. Alger, Yvetot. Moulins, Gilles Morgand. Amiens, Cleuet. Nancy, Garnery. Angers, Bahonneau. Nantes, Blanchart. Angoulême, Étard. Narbonne, Cousteau. Arles, Avis. Nemours, Garnéry. Avignon, Yvetot. Nevers, Lefèvre. Bayonne, F. Delesalle. , Léon Morel. Belfort, Traut. Niort, Briat. Besançon, Lefèvre. Orléans, Constant. Béziers, Niel. Paris, Turpin. Bordeaux, Vendangeon. Périgueux, Teyssandier. Boulogne-sur-Mer, Alf. Amat. Perpignan, Bertrand. , Hervier. Poitiers, Limousin. Brest, Roullier. Puteaux, Limousin. Brive, Yvetot. Reims, Guernier. Carcassonne, Delesalle. Rennes, Beaupérin. Cette (Sète), Jannot. Roanne, Cleuet. Châteauroux, Lochet. Rochefort, Roux. Cherbourg, L. Laurens. Romans, Garnery. Clermont-Ferrand, Orfeuvre. Rouen, P. Viche. Creil (Fédération Oise), Klemczynski. Saint-Amand, Hervier. Dijon, Delarbre. Saint-Brieuc, Collet. Dunkerque, Dekoninck. Saint-Chamond, Delesalle. Épernay, Richon. Saint-Claude, Caze. Escarbotin, Yvetot. Saint-Denis, Lenglet. Grenoble, David.Saint-Étienne, Soulageon, Jullien. Issoudun, Lochet.Saint-Quentin, Nicolas. Issy-les-Moulineaux, G. Caillez. Saint-Nazaire, Gautier. Ivry, Yvetot. Thiers, Vedel. , Fauny., Raymond, Marty. Le Mans, Richer.Tours, Coignard. Levallois-Perret, Lefort.Troyes, Desbordes. Limoges, Desbordes. Tulle, Vaysse. Lyon, Chazeaud.Valence, E. Barthelon. Maçon, Yvetot. Vichy, Perrin. , Charpentier, Monclard. Vierzon, René Coteau. Mazamet, Étard. - 1/36 - PREMIÈRE SÉANCE: LUNDI 15 OCTOBRE 1906 (MATIN).

Un ordre du jour demandant que la séance se ter- à l’avenir, représenter plus de trois Bourses à la mine le soir, en abrégeant les discours, n’est pas Conférence. adopté. (Cette proposition est acceptée à l’unanimité moins trois voix). Monclard demande la nomination de trois commis------sions pour abréger les travaux du Congrès, et de- mande une séance de nuit. VIATICUM DES BOURSES

Vendangeon s’y oppose. Fauny soutient l’idée Yvetot présente les deux projets compris dans le d’en fi nir au plus tôt. rapport envoyé aux Bourses et comprenant l’écono- mie du projet Briat et la critique du projet par Niel. Il Niel s’oppose à la nomination de trois Commis- rappelle que le Comité des Bourses s’est occupé de sions. Une pour l’indépendance des Bourses et une donner une solution à cette question, en adressant, à pour le placement. Pour les Unions départemen- deux reprises, des questionnaires référendums aux tales, Klemczynski, qui a été rapporteur au Congrès, Bourses.. Bien peu d’entre elles ont répondu. Le Co- est à la Conférence; quant au viaticum, il a été suffi - mité a fait le possible. Il laisse la discussion libre sur samment étudié et un rapport a été édité. la question, les données sont à présent suffi santes. Les deux tendances sont maintenant bien exposées: Vedel trouve inutile la nomination d’une commis- Viaticum libre ou obligatoire. Si les délégués veulent sion, qui ferait perdre du temps. que ces rapports soient lus, ils sont à la disposition de la Conférence. (On insiste pour l’ordre du jour sans commissions). Niel: Nous les connaissons. Monclard demande à nouveau que la conférence se termine le soir, Fauny se prononce pour l’obligation, dont il a re- connu depuis la nécessité. Au Havre, les camarades Niel estime que cela soulèverait des incidents dans étrangers passent assez nombreux, et il convient de les Bourses. compter sur un budget nouveau pour les soutenir ré- gulièrement. Garnery demande qu’on se mette au travail de suite. Turpin, au nom de l’Union de la Seine, soutient également l’obligation. Il insiste aussi pour que les (A l’unanimité moins deux voix, on passe à la dis- Secrétaires des Bourses connaissent les carnets cussion. Par 23 contre 12, on vote à mains levées des travailleurs étrangers, qui sont souvent trom- pour que la Conférence discute sans commissions). peurs et dont les modèles devront être connus. Il dépose un ordre du jour. ----- Desforges est aussi pour l’obligation, mais trouve REPRÉSENTATION DES BOURSES que l’échelle de cotisation contenue dans le projet Briat, n’est pas proportionnée suffi samment. Les Yvetot, secrétaire, pose la question de savoir si gros syndicats ne paient pas assez par rapport aux l’on peut représenter plusieurs Bourses à la fois. petits.Il demande l’échelle suivante: 1 à 50, 0fr.50; 51 à 100, 0fr.75; au-dessus de 100 0fr.50 par fraction Niel demande qu’on se base sur la représentation de 100. au Comité des Bourses, à défaut d’autre réglemen- tation. Au Comité, les délégués ne peuvent avoir Turpin insiste pour qu’on ne soit pas trompé par plus de trois mandats. les livrets de mutualité dont les étrangers se servent pour toucher des secours dans les syndicats. Yvetot s’est basé sur le chiff re de dix, adopté par le Congrès confédéral. Chazeaud est contre l’obligation. On nous parle de nous séparer des subventions et nous serons obli- Caillez demande qu’on n’accepte que les Bourses gés d’augmenter les cotisations des syndiqués. mandatées régulièrement. Nous demandons qu’on garde le statu-quo. Si les Bourses n’ont pas institué le viaticum, les syndicats Yvetot: Il n’y en a pas d’autres. l’instituent. Il nous serait, à Lyon, matériellement im- possible de faire le viaticum, même s’il était voté. Guernier et Niel demandent qu’on ne puisse, - 2/36 - Lepart s’associe à ces paroles pour la Bourse de à Paris ou en revenant. La plupart sont des cama- Meaux. rades étrangers, Russes, Allemands, Belges, Hol- landais, habitués à être secourus dans les autres Bahonneau se déclare partisan, au nom de la pays, surtout en Allemagne. Ils sont très exigeants et Bourse d’Angers, aux principes de l’obligation et de la situation du secrétaire, comme celle des syndicats la centralisation contenues dans le rapport Briat, et environnants est intolérable. qui lui semblent logiques. On semble trop oublier, dans cet ordre d’idées, le rôle des Bourses du Travail, qui est de se rendre Constant est hostile au statu quo. Il faut régler maîtresses du marché du travail. L’Union de l’Oise cette question. Il y a des Bourses qui sont peu fortes compte 1.200 adhérents éparpillés dans 50 com- et qui ont beaucoup de secours à donner. munes du département. Elle doit répondre aux Il critique aussi l’échelle de versement et propose services syndicaux avec ses seules forces, les ad- des modifi cations aux articles 1 et 2 du projet, et la hérents lui fournissant un budget mensuel de 180 mise en pratique de l’article 5. Il voudrait voir adopter francs, ce qui est peut-être le sacrifi ce le plus no- le carnet présenté par la section. table dans les Bourses. Ce budget représente ce qu’il faut, rien que pour le viaticum, auquel aucun Morgand: Nous repoussons, à Moulins, le viaticum syndiqué cotisant de l’Oise n’a fait appel. Les syn- obligatoire, l’ayant appliqué chez nous et ne pouvant, diqués qui ont touché à Amiens ou Saint-Quentin, dans l’occurrence, supporter de charges nouvelles. trouvent étrange de ne pas toucher à Creil. Faut-il courir après la subvention municipale? Nous nous Gautier: La Bourse de Saint-Nazaire est fermement y refusons et nous sommes partisans du principe partisan de l’obligation du viaticum. Les passagers de l’obligation comme de la centralisation avec une y sont nombreux, et si on ne trouve pas un moyen échelle de versements qu’on peut modifi er, mais qui de régulariser la question du viaticum, les Bourses doit être générale. surchargées de chômeurs fi niront par le supprimer. J’ai fait partie de la Commission de Bourges, qui En attendant, elles sont dans la nécessité de le dimi- nomma Briat rapporteur après s’être montrée en ma- nuer. Un camarade qui partira de Nantes sera obligé jorité favorable à l’obligation. Je fus de la minorité de traverser toute la région bretonne sans indemnité. qui proposa la ressource unique dans une cotisation supplémentaire applicable au syndiqué. Je me suis Hervier trouve indispensable l’organisation obliga- rallié à l’idée de Briat, qui n’excluait pas la subven- toire du viaticum. Il n’y a pas de moyen plus simple tion de cette ressource, en laissant libre le verse- et plus sérieux que celui de la centralisation, et il est ment des Bourses, pensant comme lui, rallier plus regrettable de voir ce projet rencontrer toujours des d’organisations au principe de l’obligation. Ceci fut objections fi nancières principalement. Les Bourses cause de notre échec, car parmi les 48 Bourses hos- n’auraient pas beaucoup plus à verser que mainte- tiles, il y en eut pas mal qui s’opposèrent à la base nant. Il cite le cas de Bourges et présente le système incertaine de la subvention critiquée par Niel, ou qui adopté dans cette Bourse, qui a donné des résultats: y virent une prime au subventionnisme, cc qui était une cotisation de 0fr.01 par membre et par mois a bien loin, personnellement, de ma pensée. été imposée aux 4.000 syndiqués adhérents. On a Ou le viaticum des Bourses est désirable, et il n’y pu ainsi recueillir des fonds et généraliser ce service a pas de meilleure base de son institution que celle par une répartition proportionnée suivant l’état de la de l’eff ort personnel du syndiqué. Ou il n’est possible caisse. Pourquoi n’opérerait-on pas de la même fa- que par les Fédérations nationales, et il faut le dire çon nationalement? franchement et le syndiqué encore paiera. J’estime que ce service est surtout celui des Bourses du Tra- Klemczynski est heureux de voir des Bourses vail, et que ce sera commettre une faute que de ne comme celles du Havre et d’Orléans qui votèrent, pas l’instituer. il y a deux ans, contre le principe de l’obligation, en reconnaître aujourd’hui la nécessité. Tant que les Jannot est hostile à l’obligation. Les Bourses qui Bourses ne se trouvent pas dans l’embarras créé manquent de ressources peuvent en rechercher ou par le secours de route, elles semblent se désinté- refuser le secours, si ces dernières leur font défaut. resser de la question. Le cas est tout diff érent entre Le système proposé diminuera le taux du secours les centres passagers comme Paris et ses environs, très certainement, et ne sera pas une amélioration. et celui, des localités qui ne voient que de rares syn- diqués, ou des syndiqués secourus par leur fédéra- Viche est contraire au service obligatoirement tion d’industrie ou de métier. constitué. Il vaudrait mieux que les Fédérations de Le refus d’organiser nationalement le viaticum a métier ou d’industries instituent le viaticum entre obligé la de Creil, siège de l’Union elles. Elles pourront y apporter plus de contrôle. de l’Oise, à ne devenir qu’un bureau où le secrétaire Nous assurons à Rouen, les versements par un ver- reçoit sa correspondance. sement de 0fr.10 par syndiqué. A Creil, il faut prévoir 1.500 passagers par an, allant - 3/36 - Niel trouve impossible l’organisation du viaticum ser pour ce service, 0fr.01 par mois à chacun de ses par les Bourses du Travail. adhérents. Il fait ressortir les deux formes du viaticum: celui des Bourses du Travail et celui de la Confédération, Coignard est opposé à l’obligation. Partisan d’une qu’on a recherché à réaliser. entente entre les Fédérations nationales et les Celui qu’on veut instituer nationalement entre les Bourses, il pense ainsi éviter les cotisations supplé- Bourses du Travail, et que l’on veut si solide est fon- mentaires, dont les syndiqués ne voudraient pas. Il dé sur une base des plus fragiles et des plus incer- est partisan du viaticum confédéral, seul solidement taines. établi. La Bourse du Travail aurait la mission de ver- Le budget des Bourses est constitué par des sub- ser le secours. ventions qui ne sont pas régulières, qui ne sont pas assurées. La cotisation personnelle imposée n’est Jullien: Partisan en principe, la Bourse du Travail pas possible, les syndiqués ne pouvant être réguliè- de Saint-Étienne se trouve dans l’impossibilité ma- rement dénombrés. A Montpellier, les syndicats se térielle d’eff ectuer obligatoirement des versements. refusent à donner le nombre de leurs adhérents. Nous avons des syndicats de 10.000 membres qui C’est sur une inégalité de ressources que vous sont tombés à 400. Le viaticum obligatoire serait une voulez répartir une égalité de charges. Il y a là une prime à l’exploitation des passagers professionnels. contradiction. Il faut l’instituer internationalement avant de l’insti- Vous dites, les caisses verseront dans une caisse tuer obligatoirement chez nous. centralisée. Il v a des Bourses qui touchent des sub- ventions sous forme de jetons, permettant le soutien L. Morel propose la motion suivante, au nom de la des passagers. Bourse du Travail de Nice: Vous avez beaucoup de Bourses qui donnent les «Considérant que la Conférence est assez éclairée secours en nature. sur le viaticum, nous demandons donc le passage Il y a des syndiqués très sérieux, il y en a d’autres au vote sur son organisation obligatoire ou faculta- qui ne sont pas en état de recevoir de l’argent. tive». Toutes les Bourses connaissent le projet Briat. Sur 60 Bourses qui ont répondu aux questionnaires, 19 (La Conférence se prononce pour le maintien de la ont répondu pour le principe, 41 contre. Il faut en discussion avec la liste des inscrits). ajouter 10 qui se sont prononcées contre aujourd’hui, et qui n’ont pas répondu, soit 51. Caillez est hostile au viaticum des Bourses, qui fe- L’argument de Klemczynski nous prouve qu’à partir rait double emploi avec le viaticum des fédérations. du moment où le secours sera rendu obligatoire, la part du secours que nous pourrons donner serait de David est pour le viaticum facultatif. Il n’y a pas tou- 25 à 30 francs par an. Le viaticum facultatif actuel jours de permanences pour recevoir les chômeurs. est supérieur et ne s’épuise pas. Les ressources exigées par l’obligation seront une Le système de l’obligation limite le secours. imposition redoutable. Si on interrogeait les intéressés, ils seraient contre l’obligation qui réduit leurs avantages. Vedel parle de la subvention arriérée votée par le Sur les 20 Bourses du Travail favorables à l’obliga- Parlement sur la proposition du Ministère du Com- tion, 11 sont pour le versement supplémentaire. Je merce. Il demande que la Conférence se prononce ne sais si elles peuvent garantir leur versement et si sur le refus ou l’acceptation de cette subvention. elles ont bien la certitude de tous leurs syndiqués. Cela pourra donner une indication très précieuse.

Gautier: Évidemment, puisque le versement existe Turpin: Il n’y a pas de syndiqués particuliers. Il faut déjà. donc généraliser le viaticum. Le double emploi n’est pas à craindre. Les Fédérations ont dû créer le se- Niel: Les Bourses favorables ne se prononcent pas cours de route parce que les Bourses ne l’avaient nettement pour le système de fonctionnement, tant pas. Nous perfectionnerons le viaticum. Il y a un ce dernier leur semble incertain. Trois disent: les égoïsme dans les Bourses comme chez les parti- subventions paieront le viaticum. culiers. Les Bourses placées dans les endroits non Briat, sentant lui-même la force de cet argument passagers, peuvent secourir sans crainte, tandis dans son projet, a dit que les Bourses étaient libres que celle de Paris et de toute la région environnant de verser comme elles l’entendaient. la capitale, ne peuvent suffi re. Il conclut à l’impossibilité matérielle du viaticum obligatoire par les Bourses, et à la propagande pour Yvetot: Il est regrettable que des Bourses pensent le viaticum dans les fédérations d’industries. que le viaticum corporatif vaille mieux que celui des Bourses. C’est voir la question à un point de vue Beaupérin est partisan absolu de l’obligation du étroit. Il y a des corporations qui ne pourront jamais viaticum. Depuis 1893, la Bourse de Rennes fait ver- instituer le viaticum. Faut-il laisser toujours incom- - 4/36 - plet un service dont chacun comprend la nécessi- Bourse; nous n’avons compté que sur ces Bourses. té et qui serait capable d’augmenter le nombre des Moralement, les Bourses sont appelées à faire syndiqués? Les Fédérations de métier se débarras- l’échange des produits, à rendre les services d’édu- seraient peu à peu de leur viaticum, si les Bourses cation. ou Unions locales instituaient le leur, dont leurs ad- La question de permanence est mieux observée hérents profi teraient. Alors, elles rentreraient, les par les Bourses que par les syndicats, c’est indis- Fédérations et les Bourses, chacune dans leur rôle. cutable. S’il y avait double emploi pour certains adhérents, Le service du viaticum est dépendant de celui de eh! bien, ce serait tant mieux! Versant deux fois, ils l’échange du travail et des placements. toucheraient deux fois. La subvention de 10.000 francs touchée par l’Of- Il y a des Bourses qui reçoivent beaucoup de voya- fi ce du Travail était votée par le Parlement et, par geurs et dont les éléments ne voyagent pas, tandis conséquent, plus morale. Personne n’avait le droit que le contraire se produit. d’y toucher, tandis que celles touchées par les syn- Il faut voir les choses largement. Il faut que des coti- dicats sont subordonnées au visa du préfet et à celui sations soient versées. D’où elles viendront, je veux du Ministre de l’Intérieur. l’ignorer. Je préférerais les cotisations personnelles, Briat conclut en demandant l’application, sauf mo- les subventions étant de plus en plus incertaines et difi cations de détails, du principe exposé dans son de plus en plus compromettantes. Mais, avant tout, rapport. je tiens à l’institution générale du viaticum dans les Bourses du Travail. Limousin: L’obligation donnera un contrôle. Il fau- Au point de vue international, le camarade de Saint- dra un système permettant de connaître la victime du Étienne trouvait qu’il passait beaucoup d’étrangers patronat d’avec le professionnel du secours. Le livret en France. Il s’agit de savoir si les camarades étran- des Bourses permettra de favoriser le syndiqué inté- gers sont en règle au point de vue syndical. Ce serait ressant. Actuellement, on peut donner un secours à un lien de solidarité internationale de plus, que nous un jaune. Si on ne peut pas faire l’obligation, qu’on avons le devoir d’encourager. Quand il dit qu’il faut crée un système de contrôle. le Viaticum international d’abord, le camarade de St-Étienne se trompe. Le fait existe pour le Livre. Si Guernier: Le principe de l’obligation entraînera de l’on a créé le viaticum international, c’est parce que nouveaux sacrifi ces. Il faut prévoir que beaucoup de les nations ont demandé la réciprocité. Les corpora- syndiqués se refuseront à payer des cotisations sup- tions de métier se fondent en fédérations d’industrie. plémentaires. C’est pourquoi je voterai contre. Notre point de vue à nous, épris de l’idée fédérale, s’établit là. Nous pouvons poser un jalon d’égalité Monclard: Vous serez forcés, avec l’organisation entre tous les travailleurs. Les Bourses sont les abris du viaticum obligatoire, à des cotisations vraiment de tous les travailleurs. La supériorité du viaticum importantes et la pratique sera impossible. des Bourses s’établit donc sur les autres, par son principe de généralité. Constant: Dans toutes les Bourses, il y a un bud- get spécial pour le viaticum. Toutes les Unions lo- Richer adopte le projet Niel parce qu’il considère cales ou départementales reçoivent des cotisations qu’il y a lieu d’établir des statuts uniques et des coti- de leurs membres, et peuvent répondre administrati- sations uniques. vement à l’organisation de ce service.

Briat est partisan de l’obligation. Le viaticum rend Traut: Nous devons donner des secours aux étran- et rendra des services. Nous sommes divisés sur gers syndiqués. Nous demanderons la réciprocité le principe de l’obligation ou de la faculté de le lais- aux nations voisines. L’obligation du viaticum aux ser aux Bourses du Travail. Serais-je indiscret de étrangers comme aux Français, doit être le principe demander à la Bourse du Travail de Montpellier de cette nouvelle organisation. comment elle paie des cotisations à la Section des Bourses? Nous avons trouvé quantité de Bourses Lepart dépose, au nom de la Bourse du Travail de très visitées par les chômeurs, comme Paris, par Meaux, l’ordre du jour suivant: exemple. Nous avons trouvé qu’il y avait une vio- «Considérant la diffi culté qu’il y a, tant au point de lente injustice. Et nous avons pensé que le mieux vue du contrôle qu’au point de vue fi nancier d’orga- était la répartition. Le syndiqué qui a versé son via- niser le viaticum des Bourses. La Bourse de Meaux ticum dans une Bourse et qui ne peut toucher son propose d’inviter les fédérations à organiser elles- secours dans une autre, se fait une singulière idée mêmes le viaticum dans leur sein». de notre organisation. Quand on ne peut donner le secours sans abus, on Après une discussion à laquelle prennent part les avoue sa faiblesse. Étant très larges, nous n’avons camarades Niel et Turpin, Lévy expose le système pas décidé de rendre obligatoire le principe du ver- du livret permettant d’éviter les abus. Les carnets sement du syndiqué au syndicat, ou du syndicat à sa serviraient à établir un bordereau périodique rendant - 5/36 - possible l’Offi ce national de placement et de statis- Saint-Claude; Saint-Amand; Saint-Nazaire; Thiers; tique. Valence; Vichy. (30).

Gautier dépose l’ordre du jour suivant: Ont voté le viaticum facultatif: Aix; Alençon; «La Conférence est invitée à se prononcer sur le Amiens; Arles; Bayonne; Béziers; Bordeaux; Bou- principe obligatoire ou facultatif du viaticum». logne; Brest; Brives; Carcassonne; Cette (Sète); Gautier, de Saint-Nazaire; Morel, de Nice; Cous- Châteauroux; Clermont-Ferrand; Dijon; Dunkerque; teau, de Narbonne. Épernay; Grenoble; Issoudun; Issy; Le Mans; Li- moges; Lyon; Marseille; Meaux; Mèze; Montauban; Niel soutient le statu quo avec le livret. Montluçon; Montpellier; Moulins; Narbonne; Nice; Périgueux; Perpignan; Reims; Rouen; Saint-Brieuc; (La priorité est accordée sur le vote de principe). Saint -Chamont; Saint-Étienne; Saint-Quentin; Tou- louse; Tours; Troyes; Tulle; Vierzon. (45) Il est procédé au vote par appel nominal. En voici le résultat par Bourse: Se sont abstenues: Alger; Angoulême; Avignon; Ivry; Niort; Roanne; Saint-Denis. (7) Ont voté pour l’obligation: Agen; Alais (Alès); Albi; Angers; Belfort; Besançon; Bourges; Cherbourg; Pour le viaticum facultatif: 45 Creil; Escarbotin; Le Havre; Levallois; Mâcon; Ma- Pour le viaticum obligatoire: 30 zamet; Nancy; Nantes; Nemours; Orléans; Paris; Blancs: 7 Poitiers; Puteaux; Rennes; Rochefort; Romans;

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DEUXIÈME SÉANCE: LUNDI 15 OCTOBRE 1906 (APRÈS-MIDI).

Le Viaticum - La Subvention gouvernementale part de la somme votée par le gouvernement en fa- veur de l’alimentation des caisses de chômage ins- La séance est ouverte à 2 heures avec le même tituées dans les syndicats, Fédérations et Bourses bureau. du Travail, Le Mans demande que la Conférence des Bourses Lévy, trésorier, est resté à la Conférence, se met- du XVème Congrès se prononce à savoir si le Comité tant à la disposition de ceux qui auraient besoin doit, oui ou non, accepter de participer à la réparti- d’explications sur la situation fi nancière; mais il de- tion de la somme votée par le gouvernement». mande, dans la négative, la permission de se retirer Richer, Le Mans. étant rappelé à Paris par dépêche. Briat parle de la subvention pour le chômage et du Briat demande au trésorier son avis sur la question grand nombre de syndicats qui ont recours aux 16% de la subvention gouvernementale pour l’Offi ce du leur revenant. Certaines Fédérations nationales sont Travail, et s’il y a lieu de la maintenir. loin de dédaigner cet appui. Une subvention votée par le Parlement est plus morale et plus sûre que la Delesalle proteste contre la subvention gouverne- subvention obtenue d’un conseil municipal ou d’une mentale. Ce serait mettre la Section des Bourses assemblée départementale, cette dernière obligeant en opposition avec la décision prise par le Congrès à faire des démarches et se trouvant subordonnée à confédéral, qui a voté, à une grande majorité, le la signature des préfets et du ministre de l’intérieur. développement syndical en dehors de toute inter- Il explique comment les 10.000 francs ont été ob- vention gouvernementale. Il s’élève contre cette in- tenus par l’Offi ce de placement. Cette subvention tervention, qui se manifeste dans tous les discours n’a pu être renouvelée parce que le trésorier n’a pu ministériels, et qui compte séduire les organisations justifi er l’emploi de cette somme. Si le viaticum était ouvrières avec la subvention de 110.000 francs organisé avec l’emploi de cette subvention, et qu’on sur le chômage. Il ne faut pas que les syndicats se puisse présenter des bordereaux de dépenses aff ec- laissent entraîner dans le gouvernementalisme où tées à un tel service, elle serait certainement main- on veut les engager. tenue.

Richer demande que la Conférence se prononce Richer insiste pour qu’on passe au vote sur la sur l’attitude à prendre par le Comité des Bourses et question. dépose l’ordre du jour suivant: «Les Bourses du Travail étant administrativement (La Conférence décide de poursuivre la discus- consultées et invitées à participer à l’obtention d’une sion). - 6/36 - Niel: Rien n’indique que le Comité des Bourses ait place dans la Maison des Fédérations si elle émar- refusé la subvention. On ne peut donc dire qu’elle ait geait au budget gouvernemental. été refusée. Sur le principe des subventions, je ne Briat a dit que les syndicats, fédérations, bourses suis pas d’accord avec ceux qui disent qu’il faut les du travail, touchent leurs 16% sur la subvention repousser dans tous les cas. de 110.000 francs donnée par le gouvernement. Il faut les accepter quand elles sont données sans Comme Montpellier, nous avons refusé notre part conditions inacceptables. des 16%. Le Syndicat de la Métallurgie chez nous, Est-ce que Yvetot, l’ennemi le plus acharné du les touche il est vrai, mais nous ne devons pas à subventionnisme, ne touche pas et ne profi te pas la Section des Bourses faire des petites choses et lui-même des subventions gouvernementales ou avons le devoir de maintenir notre principe d’auto- municipales? Il a écrit lui-même, dans son rapport, nomie. Nous devons refuser la subvention, même si qu’il s’était servi de la subvention gouvernementale, elle devait servir à l’Offi ce de placement. Il conclut sans qu’il ait perdu pour cela ses convictions révolu- que la Section des Bourses doit vivre en dehors de tionnaires. C’est entendu. Mais est-il le seul capable toute tutelle. de ne pas se laisser corrompre par les subventions? Si les subventions sont si corruptrices que cela, que Rouiller et Chazeaud se prononcent contre la sub- continue-t-il d’en profi ter lui-même? vention.

Yvetot: Ne faites pas un cas personnel. Delesalle: Briat a dit qu’on donnait 12 à 16% pour le chômage aux syndicats. Cela ne saurait apporter Niel: On pouvait autrefois toucher sans compro- un remède effi cace contre le chômage. Le gouverne- mission cette subvention de 10.000 francs pour l’Of- ment nous a obligé déjà à créer une société spéciale fi ce de placement. Mais, étant données les condi- pour toucher les 10.000 francs. Cette société spé- tions dans lesquelles nous toucherions les 10.000 ciale «l’Offi ce de placement», instituée légalement francs off erts à toutes les organisations, sous le cou- en dehors de la Section confédérale des Bourses, vert du soutien légal du chômage, les 10.000 francs nous diminuait moralement, il ne faudrait pas aller de l’Offi ce compris dans cette somme ne sont plus plus loin dans l’humiliation. acceptables. Le jour où le prolétariat, par les moyens qu’il vou- Yvetot, secrétaire: J’ai toujours été adversaire, dra employer, révolutionnaires ou légaux, arrachera on principe, des subventions. En pratique, j’en suis les subventions, nous aurons de grands avantages partisan parce que je me connais. Ne me taxez pas dans nos groupements. Au lieu de les faire suppri- d’orgueil, car si toutes les Bourses avaient su profi ter mer, ou de ne les obtenir que sous forme de faveur, de la subvention comme j’ai pu le faire moi-même, il on ferait tout aussi bien d’arriver par tous les moyens y aurait beaucoup de besogne de faite. à les faire considérer comme un droit, auquel on ne Il explique l’origine de la subvention. On s’est gar- pourrait plus toucher. dé d’expliquer comment j’avais été demander la sub- N’oublions pas, en attendant, que la subvention vention, trouvant plus simple l’ordinaire calomnie. municipale n’est jamais consacrée à l’objet pour la- Pelloutier avait fondé le service de statistique et de quelle elle est donnée. S’il y a un mouvement syn- placement. Il avait pensé que les Bourses pouvaient dical sérieux, c’est parce qu’il y a une section des se rendre maîtresses du marché du travail. J’ai suc- Bourses et parce que ces Bourses sont subvention- cédé à ce travailleur, mort à la peine, dans la misère, nées. et ai essayé de continuer une œuvre qui lui attira tant Les Bourses subventionnées sont la source intaris- de critiques. Nous avons eu des altercations très vio- sable de la propagande syndicale. lentes à ce sujet, le camarade Delesalle les rappelle. Si nous suivions le chemin qui nous est tracé par Les Bourses, stimulées par l’action de Pelloutier, Delesalle, qui veut impitoyablement l’application devinrent des services importants qu’il ne fallait pas d’une décision à laquelle il donne un sens particu- étouff er. Il fallait que les Bourses se prêtent aux ef- lier d’anti-étatisme, nous nous priverions d’un moyen forts normaux qu’il importait de renouveler. Elles s’y d’action considérable. La décision du Congrès af- prêtèrent très peu, pour le placement surtout. Dire fi rme qu’une opposition à l’État peut devenir pos- que les renseignements reproduits par la feuille de sible, sans nous engager pour cela à refuser des l’offi ce étaient bien utiles, serait exagérer, mais ils subventions. ne furent pas inutiles non plus. Où a donc passé l’argent? Gautier se déclare hostile à la subvention gouver- On a diminué les appointements du secrétaire et nementale. Il y a une diff érence entre la subvention supprimé ceux du trésorier sur le budget de la Sec- gouvernementale et la subvention municipale. Il tion des Bourses, en prenant ces réductions sur la s’agit de savoir si la Section des Bourses peut vivre subvention de l’Offi ce. Le Manuel du Soldat, voté avec les cotisations des Bourses. II faut qu’elle soit par le Congrès d’Alger, a été fait avec cet argent autonome. J’estime que la Confédération est mieux qu’on a pu avancer de suite. S’il y a des individus qui dans son nouveau local et qu’elle ne serait plus à sa s’éblouissent devant la personnalité d’un ministre ou - 7/36 - d’un préfet, je ne suis pas de ceux-là. faut pas laisser les sociétés de secours mutuels bé- Lors des incidents de Limoges et de l’arrestation néfi cier uniquement de la subvention gouvernemen- de camarades, une délégation dont j’étais, s’en fut tale. trouver M. Chaumié, ministre de la justice. Nous étions trois révolutionnaires et nous expliquâmes au Briat: Niel a dit qu’il y avait des conditions attachées ministre que si nos camarades avaient dévalisé les aux subventions de chômage les rendant inaccep- armureries de Limoges, c’est que, devant les pré- tables. Si ces conditions existent dans la forme de la paratifs de massacre qui s’opéraient contre eux, il demande qui peut paraître vexatoire, on pourrait la était tout naturel que ces camarades prissent des faire changer, s’il n’y a que ce point là. mesures défensives. Comme il nous parlait de re- pris de justice, nous lui fîmes remarquer que nous Niel: Et lorsqu’on dit: «Les Bourses du Travail de- en étions également, ce à quoi il répondit qu’il faisait vront tenir à la disposition du contrôleur des fi nances une distinction entre ceux dont il parlait et des gens toutes les pièces justifi catives», je demande que la comme nous, condamnés pour leurs idées. Il nous Section des Bourses ne touche pas les 10.000 francs, donna satisfaction. Nous sommes-nous déshonoré? tant que ces conditions seront imposées. «Vous êtes les adversaires des subventions et vous êtes dans le local de la Bourse du Travail sub- Turpin dépose l’ordre du jour suivant: ventionnée de Paris», nous disait-on. On ne peut «La Conférence des Bourses décide qu’un référen- plus nous dire cela. Nous n’avons pas été cause du dum explicatif sera soumis aux Bourses pour se pro- départ de la section de la Bourse centrale de Paris, noncer sur la subvention de l’Offi ce». mais nous n’avons jamais pris de précautions pour y rester et avons, en maintes circonstances, agi libre- Cet ordre du jour est voté à mains levées, à l’unani- ment, comme si nous étions chez nous. A cause de mité moins quatre voix. cela, on nous a craint longtemps. Les subventions ne sont pas fatalement corrup- Roullier demande que le référendum porte sur les trices, mais il y a des exceptions. deux principes: J’ai été dans des Bourses où on voulait voir nos 1- Celui de la subvention; principes exposés modérément et même partielle- 2- Celui de l’attribution de la somme. ment, pour conserver les subventions. Cela est de la compromission et je ne m’y suis jamais laissé en- Adopté. traîner. Si vous ne voulez pas qu’on vous reproche les Jullien demande que ce référendum ait lieu après concessions que vous fait faire la crainte de perdre l’envoi du compte-rendu du Congrès aux Bourses du les subventions, tâchez de vivre d’une façon auto- Travail. nome. Chaque fois qu’il y aura des confl its, ce sera presque Adopté. toujours la subvention et la politique qui en seront la cause. Le cas de Lyon en est la preuve. Parmi les Niel présente l’ordre du jour suivant: délégués de Lyon venus au Congrès d’Amiens, 15 «La Conférence des Bourses, réunie à l’issue du ont eu leurs frais payés par la municipalité, tandis Congrès corporatif d’Amiens, statuant défi nitive- que les deux autres venaient après s’être solidarisés ment sur la question du viaticum des Bourses, invite entre camarades. toutes les Bourses du Travail ou Union de Syndicats à organiser dans leur sein, d’après leurs ressources Klemczynski: Je ne sais si le camarade Briat rat- particulières, un secours pour tous les confédérés tache la question de la subvention à la discussion sur de passage. le viaticum, qui n’est pas close, mais je tiens à décla- La Conférence rappelle, en outre, la décision de la rer que si je me suis passionné à l’obligation du ver- Conférence de Bourges, relative à l’établissement sement pour ce service, c’est parce que je l’estime d’un livret spécial qui serait délivré par les Bourses possible avec le seul eff ort fi nancier des syndiqués. à tout syndiqué partant sur la route. L’Union de l’Oise a approuvé la première subvention Enfi n, la Conférence émet le vœu que le Comité qui n’était pas encerclée dans les 10.000 francs. confédéral engage toutes les Fédérations profes- Actuellement, l’acceptation de cette subvention gou- sionnelles à étudier pour leur compte l’établissement vernementale serait un acte de déchéance syndica- du viaticum corporatif». liste auquel nous ne souscrivons pas. Après le com- Il soutient cette proposition et demande que la Sec- plot, maintenant que nous allons être chez nous, il tion des Bourses invite ses organisations adhérentes faut nous habituer à rompre de telles attaches et je à faire fonctionner dans leur sein le viaticum. n’oserais propagander au nom de la Confédération si on acceptait un tel argent. Klemczynski: Cette invitation est bien ironique. Comment! on prive les Bourses principalement inté- Jullien: On doit prendre l’argent d’où il vient. Il ne ressées par le viaticum des ressources nécessaires - 8/36 - puis on les invite à organiser par leurs propres res- Klemczynski: Il ne reste plus aux Bourses qui sources ce même service? Comment s’y pren- n’ont pas le nécessaire, qu’à adresser des listes de dront-elles? souscription à celles qui n’ont pas voulu s’associer au versement commun. Niel: Cette proposition n’engage que les Bourses ou Unions qui pourront le faire, puisque le viaticum Niel: Montpellier a toujours répondu largement à est facultativement établi. toutes les demandes des Bourses besogneuses ou J’insiste pour rétablissement du carnet de viaticum en détresse. adopté à Bourges, permettant le contrôle. ------

Gautier: Nous allons à la paperasserie avec tous INDÉPENDANCE DES BOURSES les livrets qu’on nous propose. Fauny remercie les Bourses du Travail qui ont Niel expose les grands avantages du carnet pour aidé celle du Havre. Il a reçu mandat de laisser les le contrôle. Ce sera la preuve de l’existence de la Bourses agir de leur mieux pour atteindre l’autono- grande famille ouvrière, ce qui sauvera des griff es mie. des gendarmes, beaucoup de nos camarades sur le trimard. David soutient le vœu que la Section des Bourses invite ses organisations adhérentes à se rendre in- Fauny: Il n’y a pas de grande famille si une solida- dépendantes. rité n’existe pas entre les Bourses, et qu’il soit pos- sible aux unes de donner le secours, quand il sera Yvetot rappelle qu’il a préconisé l’entente des impossible aux autres de le faire. Bourses avec les Coopératives. Ces dernières don- nant une partie de leurs dividendes consacrée à l’en- Lepart propose, au nom de la Bourse du Travail de tretien et à la création des Bourses, solutionneraient Meaux, l’ordre du jour suivant: la question. «La Bourse de Meaux, considérant la diffi culté qu’il y a, tant au point de vue du contrôle qu’au point de Viche: Les syndiqués n’ont qu’à mettre en applica- vue fi nancier, d’organiser le viaticum des Bourses; tion les décisions du Congrès d’Amiens, les invitant propose d’inviter les Fédérations à organiser elles- à pénétrer dans les coopératives et à orienter ces mêmes le viaticum dans leur sein». dernières vers le syndicalisme.

Cette proposition est repoussée à l’unanimité moins Yvetot: C’est la solution que j’allais leur proposer. trois voix. Il s’explique sur le principe de cette indépendance, qui détournerait la loi en ne donnant pas pour cela Richer: Je me suis abstenu. Depuis six ans les aux syndicats la capacité commerciale que leur sou- discussions sont les mêmes et les discussions pa- haitent plusieurs réformistes. reilles. Coignard: Chez nous, nous avons institué un res- Niel retire de ce fait, la dernière partie de son ordre taurant coopératif. Il est en bonne voie de prospérité. du jour concernant le viaticum par les Fédérations. Il y a aussi un moyen de soutenir notre indépen- dance, c’est la solidarité de Bourse à Bourse. Turpin propose qu’il soit ajouté à l’ordre du jour Niel que: «les livrets seront à la charge des Bourses Reymond et Marty-Rolland renouvellent, à ce su- qui en feront la demande». jet, le vœu déposé au Congrès d’Alger par la Bourse du Travail de Toulouse, qui est le suivant: Constant: Seuls les syndiqués à jour de leurs coti- sations pourront avoir un livret. (Assentiment). «1- Éviter toute reconnaissance d’utilité publique; 2- Dans chaque Union locale de Syndicats établir Avis: Et pour ceux qui donnent un secours en na- une cotisation par syndicat, pour que chaque Bourse ture? se constitue des fonds de réserve et arrive progres- sivement à créer dans son administration intérieure, Niel explique que le livret indiquera cette distinc- un organisme de résistance prêt à entrer en lutte et tion. A une page il y a: «A été secouru», cela est à se substituer à la tutelle des municipalités à l’heure réservé aux secours en nature. A l’autre, il est dit: «A où la conscience ouvrière assez forte, aura décidé reçu un secours de...», cela est pour le secours en de s’en passer; argent. 3- Que les Unions locales de Syndicats étendent chaque jour davantage l’expérience de la coopéra- L’ordre du jour ainsi amendé est voté à l’unanimité tion, pour essayer de trouver dans les Coopératives moins deux voix. de production ou de consommation, et même dans - 9/36 - les deux à la fois, un moyen puissant qui a fait ses sont pas si faciles qu’on veut bien le dire. Toutes les preuves et qui pourra les aider à assurer leur indé- coopératives ont plus ou moins déviées. pendance absolue». Dans une de nos coopératives seulement, nous sommes arrivés à imposer 60% des dividendes pour Turpin demande la clôture. Elle est acceptée, avec la propagande économique ou sociale; les actions les orateurs inscrits. ne sont pas remboursables et on ne répartit pas de dividendes. Morgand: Il est certain qu’il appartient aux Bourses de chercher à se rendre indépendantes par leurs ef- Niel: Pour assurer l’indépendance des Bourses, forts propres. Comment font les Bourses qui ne sont il faut réaliser ces deux conditions essentielles: la pas subventionnées? Elles résistent quand même quantité et la qualité des unités syndicales. En atten- en perfectionnant leurs moyens et en demandant à dant, on peut se servir des divers moyens indiqués. leurs membres des sacrifi ces qu’il leur appartient de J’attire cependant l’attention des camarades sur donner. certains dangers de la coopération, qu’ils n’entre- voient peut-être pas. Chazeaud: L’acceptation ou le refus d’une sub- Vous n’ignorez pas que le projet qui a pour but vention est une question d’appréciation. A Lyon, la de donner la capacité commerciale aux syndicats, division provient de ce que les uns ont trouvé accep- a pour conséquence de substituer l’esprit de com- tables les conditions attachées à la subvention, tan- merce à l’esprit de lutte, que cela serait de nature dis que d’autres les trouvèrent inacceptables. Que à détruire beaucoup de nos groupes de combat, et les Bourses recherchent par tous les moyens à se que c’est pour cela que nous nous élevons avec tant débarrasser des tutelles subventionnistes. de véhémence contre lui. Je crains fort qu’au fur et à mesure que vous pénétrerez dans les coopératives, Briat revient aux relations entre les syndicats et les vous tombiez dans les préoccupations d’ordre mer- coopératives. Il est diffi cile, quant aux statuts coo- cantile et vous aurez préparé le terrain à la capacité pératifs, de les modifi er dans le sens syndical, une commerciale des syndicats qui tient tant au cœur de fois qu’ils sont établis. Toutes les coopératives qui se la bourgeoisie. créent devraient être orientées dans le sens syndi- A Montpellier, nous avons trouvé une ressource cal. Il cite des exemples à Paris ou les syndiqués ont exceptionnelle que je tiens à vous indiquer. Depuis fait montre d’un esprit d’adaptation des plus sérieux douze ans, nous avons fait admettre par la Munici- entré ces deux organismes. palité, dans les cahiers des charges, qu’il serait don- né tous les ans, au théâtre, une représentation pour Desbordes pense qu’il faut mieux laisser aux les syndicats. Bourses le moyen de se rendre indépendantes. Il Cette représentation nous apporte annuellement un cite le cas de Limoges où l’autonomie de la Bourse bénéfi ce de 800 francs. Nous répartissons ces fonds fortement soutenue par les meilleurs militants se aux nécessiteux de la ville, mais nous n’y sommes trouve néanmoins diffi cile. pas tenus.

Limousin: Nous ne serions ni syndicalistes, ni Laurens, au nom de la Bourse du Travail de Cher- révolutionnaires, si nous ne cherchions pas notre bourg, dépose l’ordre du jour suivant: autonomie. A Poitiers, une des villes les plus réac- tionnaires de France, nous avons 1.500 francs de «La Conférence des Bourses invite les Bourses du subvention. Nous avons en plus notre trésor de Travail à prendre, dès maintenant, des mesures en guerre du même montant, que nous avons amassé prévision de la suppression éventuelle de leur sub- sou par sou. Nous connaissons le nom et l’adresse vention». de tous nos syndiqués et j’ai été surpris que notre camarade Niel, à propos du viaticum, nous présente Garnery s’oppose à la coopération de production comme si mystérieuse, l’organisation syndicale de indiquée dans l’ordre du jour de Toulouse. Il consi- Montpellier. Grâce à l’association de tous à l’œuvre dère que la coopération de production est un dériva- commune, nous ne sommes pas aussi étroitement tif bien redoutable pour l’organisation syndicale. subordonnés à la subvention municipale. Briat soutient l’utilité des coopératives de produc- Beaupérin: Nous faisons, à Rennes, des eff orts tion quand elles sont constituées par des syndiqués personnels. Nous payons 0fr.05 par membre et par conscients du but d’aff ranchissement que nous mois pour assurer le fonctionnement de nos services poursuivons. et habituer nos membres à se passer de la subven- tion, dans le cas où l’on voudrait nous imposer des Roullier trouve qu’il y a un danger énorme dans la syndicats jaunes, comme on a déjà voulu le faire. coopération de production qui tue presque toujours l’énergie syndicale en faisant, ou des satisfaits, ou Gautier: Les rapports avec les coopératives ne des découragés. - 10/36 - Klemczynski demande le vote de la proposition de coopération de production, C’est une responsabilité Cherbourg, les Bourses ayant surtout à compter sur que je ne prendrai pas pour ma part; trop de raisons leur initiative dans la circonstance. sérieuses ni ayant fait considérer cette forme de lutte comme prématurée et pleine de périls pour notre dé- La mise aux voix de l’ordre du jour de Toulouse est veloppement syndical. adopté à l’unanimité. La division est demandée pour l’ordre du jour de Caillez, Briat et Étard, parlent diversement au Toulouse. sujet du Pavillon coopératif au Palais du Travail, de La première partie qui est une affi rmation du prin- Paris. cipe est votée à l’unanimité moins une voix. Morel dit que dans le Sud-Est, toutes les tentatives Briat propose qu’on remplace, à la seconde par- de coopération ont échouées. tie, le mot «coopératives», par «coopératives syndi- cales» de consommation ou de production. Cleuet propose une modifi cation à la deuxième partie de l’ordre du jour de Toulouse, en remplaçant Fauny s’explique sur l’action des syndiqués dans la formule: «dans les coopératives de production ou les coopératives. de consommation et même dans les deux à la fois», par: «dans les coopératives syndicales», tout sim- Roullier demande qu’on n’engage pas les organi- plement. sations dans la voie coopérative, qui dévie l’action syndicale. Après un échange de vues et les explications sup- plémentaires de Garnery, Cleuet, et les auteurs de Viche: Si les syndicats le voulaient, ils entreraient la proposition, Reymond et Marty-Rolland, qui ne dans les coopératives de consommation ou de pro- s’opposent pas à cette addition, la dernière partie de duction, et y feraient de la bonne besogne. l’ordre du jour de Toulouse est votée à l’unanimité moins onze voix. Cleuet: Cela va peut être vous surprendre qu’un coopérateur comme moi, soit absolument de l’avis ------de Garnery et des camarades qui font leurs réserves sur les coopératives de production. L’expérience est CRÉATION D’UN SERVICE RÉGIONAL venue nous démontrer, à maintes reprises, les mul- DE PLACEMENT tiples dangers de l’association de production actuel- lement. Ce n’est qu’au moment où les coopératives de Morel dépose le vœu suivant, au nom de la Bourse consommation seront très développées, qu’on pour- du Travail de Nice: ra, sans danger, créer des Coopératives de produc- «La Conférence des Bourses, tenue à l’issue du tion, rattachées, elles-mêmes, à ces coopératives XVème Congrès national corporatif d’Amiens, consi- de consommation; en attendant, ces organismes dérant que le seul moyen de créer un service régio- de production entraînent souvent la désorganisation nal de placement gratuit, est dans la rapidité des syndicale. commuunications entre les Bourses du Travail; Considérant que le moyen le plus pratique est de Briat: Je ne suis pas de l’avis de Cleuet. J’ai tra- relier, entre elles toutes les Bourses du Travail; vaillé pendant dix ans à mettre debout une coopéra- La Conférence invite le Ministre du Travail et son tive de production qui a réussi. Si vous avez eu ces collègue, le Ministre des Postes et Télégraphes, déboires, c’est parce que, sans doute, n’avez-vous d’installer dans toutes les Bourses du Travail, un ap- pas pris toutes les garanties. J’ai toujours également pareil téléphonique, qui leur permettra, non seule- combattu le mélange des questions de principes ment de correspondre entre elles, mais aussi avec avec les questions d’argent. Mais, en se plaçant sur le patronat; le plan des moyens pratiques, je soutiens la proposi- Charge le Comité fédéral de faire le nécessaire tion de Toulouse. pour faire aboutir ce vœu». L. Morel, Nice; Vendangeon, Bordeaux; Delarbre, Turpin: Il est plus simple d’admettre le projet de Dijon; Fauny, Le Havre; Monclard, Marseille, Aix; Toulouse. Il parle d’un exemple à Paris, chez les ou- Traut, Belfort; Cousteau, Narbonne; Orfeuvre, vriers de la Voiture, et pense que les expériences Clermont-Ferrand. sont heureuses ou malheureuses, suivant les cir- constances. Morel développe ce vœu.

Cleuet: Si vous aviez ici des militants de coopé- Briat fait remarquer que ce vœu est lié à la ques- ratives, ils vous parleraient comme nous. Nous ne tion de la subvention et qu’il doit être joint au référen- devons pas inciter les camarades à se lancer dans la dum. (Cette jonction est adoptée). - 11/36 - Diverses propositions sont faites par les délégués Limousin: Nous sommes opposés aux critiques de Toulouse et Marseille, tendant à terminer la absolues de Grenoble et pensons qu’il ne faut pas Conférence le jour même. laisser aux municipalités le service du placement. Les délégués de Belfort et Brest, protestent. Nous plaçons, en eff et, plus de gens de maisons que d’ouvriers. Mais cela ne veut pas dire que nous L’ordre du jour suivant, proposé par Niel, est adop- ne facilitons pas le placement des syndiqués. té: Nous secondons également les passagers en leur donnant du travail dans les campagnes et nous leur «Si l’ordre du jour est épuisé dans la première faisons une rude propagande. journée de la Conférence, la seconde journée sera consacrée à l’examen des imprimés des Bourses, Vendangeon: Les gens de maison sont syndiqués apportés par les délégués». et adhérents à la Bourse. C’est nous qui les avons engagés à le faire. Nous proposons le placement ré- David: On a dit que le placement servait aux syndi- gional à cet eff et. qués. Il sert aux bonnes, aux femmes de chambres et domestiques, et pas du tout aux syndiqués. Niel: Le placement est un grand moyen de propa- Dès l’instant que le placement ne sert qu’à des élé- gande. Le bureau de placement a la faculté de créer ments qui ne viennent pas à nous, faut-il dépenser, de la sympathie autour de la Bourse du Travail. pour le placement, le meilleur de nos ressources? Briat a raison de dire qu’il faut savoir faire le place- Les syndicats peuvent assurer eux-même le place- ment. Les patrons, souvent, imposent des conditions ment, sans que les Bourses du Travail s’en préoc- qui soulèvent des incidents. cupent exclusivement. Nous nous sommes décidés à n’être que des in- termédiaires laissant aux deux parties le soin de dé- Étard soutient la permanence dans les Bourses du battre les conditions du contrat. Travail qui est très utile pour les syndicats. Tant que la majorité des ouvriers qui s’adressent aux Bourses, n’est pas syndiquée, il est indispen- Avis demande le statu quo sur la question du pla- sable de rester des intermédiaires dans le place- ment. cement. Les Bourses ont des Bulletins qui peuvent les aider. Monclard et Lenglet fournissent des observations Turpin s’oppose à la théorie de Niel. Il faut accep- sur le placement dans les Bourses du Travail et leur ter l’off re du patron. Lui demander ses conditions et utilité. ne pas le présenter à l’ouvrier s’il n’est pas dans les conditions permises par les tarifs syndicaux. Briat: Les critiques de Grenoble sont peut être exactes pour Grenoble. Elles ne le sont pas pour Niel: Ceci est impraticable en province. toutes les Bourses. Il ne s’agit pas de faire le place- ment. Il faut savoir faire le placement. Jullien: Il faut attirer les travailleurs à la Bourse. L’Offi ce du Travail avait pour but de placer dans les Il faut accepter toutes les demandes et laisser aux conditions syndicales. Le placement régional devrait intéressés le soin de défendre leur salaire. Il faut que correspondre à ce but. Le placement se fait, la plu- ce service reste à la Bourse, ne serait-ce que pour part du temps, sans la moindre garantie. C’est un favoriser la suppression des bureaux de placement. point essentiel qu’il faut examiner pour donner une indication aux Bourses. Lefort: Notre bureau de placement nous sert à exonérer nos affi ches du droit d’enregistrement. Roullier trouve que le meilleur moyen est de conti- nuer la propagande en faveur de la diminution des (Quelques Bourses demandent des renseigne- heures de travail. C’est aussi de faire de la propa- ments au sujet de cette franchise qui sont fournis gande dans les petites communes où les patrons par les camarades Briat et David, lesquels affi rment s’installent à leur aise, parce qu’ils trouvent de la que cette franchise a des limites qu’il ne faut pas main-d’œuvre à bon compte et des ouvriers non dépasser). éclairés par notre propagande. L’ordre du jour suivant est adopté unanimement Babonneau: A Angers, on place surtout des ou- pour clôturer cette discussion: vriers et dans des conditions purement syndicalistes, ce qui ne nous empêche pas de chercher à diminuer «La Conférence des Bourses, réunie à Amiens, le les heures de travail. 15 octobre 1906, engage les Bourses du Travail d’un même département ou encore d’une même région, à Teyssandier soutient l’avantage du téléphone et s’entendre entre elles pour le placement gratuit et à propose une subvention pour que l’État l’accorde au se communiquer chaque semaine, par exemple, les plus tôt. off res et demandes d’emploi dont elles disposent». - 12/36 - UNIONS DÉPARTEMENTALES nus à plus d’activité, parce que, moins assurés de OU RÉGIONALES leur gagne-pain. Ils accoutument les syndiqués à faire des eff orts plus grands, ce qui est la source la Klemczynski, rapporteur de la Commission devant plus sûre de notre développement. le Congrès: Vous n’ignorez pas dans quelles condi- Il se produit donc un travail de pénétration parmi le tions cette question a été abordée. Le Congrès était prolétariat s’éparpillant actuellement dans les petites très justement énervé et les rapports furent accep- communes par le jeu de l’industrialisme moderne, tés ou diff érés à la vapeur, sans même être discu- fuyant les agglomérations. tés. Celui des Unions départementales expose une Il se crée ainsi des militants nouveaux, en même question trop importante pour qu’il ait été possible, temps qu’un élargissement dans les conceptions dans des circonstances aussi défavorables, de voter syndicalistes résultant de la variété dans les formes au pied levé. d’exploitation qu’on doit étudier et combattre. Aussi, ne me suis-je pas opposé au renvoi de la Les Unions régionales luttent contre les tendances question à la Conférence des Bourses, quoi qu’en particularistes (corporatives ou localistes) qui para- tout autre moment elle eût gagné à être discutée au lysent les grands mouvements. Congrès, et aussi parce qu’elle aboutissait à une in- Enfi n, elles aident d’une façon prépondérante, les dication modifi ant légèrement l’article 2 des statuts grèves partielles par la canalisation des ressources confédéraux. improvisées et le soutien permanent des grévistes. Notre rapport n’ayant pas été adopté par le Congrès, Des camarades, comme ceux de la Fédération nous n’avons plus l’espoir d’indiquer, par une modi- des Métallurgistes, par exemple, craignent que les fi cation aux statuts, la place que nous avons voulu Unions départementales ne constituent des rouages donner, désormais, aux Unions départementales. nouveaux. Mais, est-ce que les sous-sections de N’ayant pas sous les yeux ce travail, j’énumère briè- leur Fédération nationale ne sont pas des rouages vement les raisons qui nous font soutenir à nouveau nouveaux? C’est tout simplement l’organisme confé- ce principe des Unions départementales ou régio- déral dont les deux branches sont bien distinctes, nales. mais dont les fonctions se développent. D’abord, les Unions de ce genre existent, et leur Ce qu’il importe, c’est de conserver une régularité nombre a doublé depuis le Congrès de Bourges. dans le mouvement et d’empêcher les tiraillements Elles répondent à un besoin. entre organisations. Les Bourses du Travail sont généralement des C’est pourquoi notre Commission ne s’est pas ar- Unions locales créées pour les besoins d’organisa- rêtée à une solution brutale de transformation sta- tions concentrées. Elles ont un esprit assez diff érent tutaire modifi ant le rouage actuel. Elle a seulement des Syndicats et ont limité trop souvent leur rôle prévu les cas qui ne manqueront pas de se produire. aux services d’assistance: placement, secours de L’esprit de la modifi cation proposée et qui est res- route, conseils judiciaires, statistique, etc..., services té le nôtre, est que les Unions départementales ou qui ont, selon moi, une importance capitale et dont régionales devront être les éléments de la Section chacun d’eux devrait faire l’objet de nos eff orts, mais des Bourses. Ce sont elles qui confédéreront. Les dont l’imperfection est surtout due au manque d’élé- Bourses ne seront pas supprimées pour cela, au ments compris dans les Syndicats, contraire, elles se multiplieront, faisant plus nom- Beaucoup de militants actifs ont compris que les breux les centres d’activité syndicaliste, mais leur Bourses du Travail devaient également se mêler entente et leur soutien seront assurés par l’Union à la propagande et à l’éducation dans les localités départementale. Rien, pour l’instant, ne serait mo- environnant le centre. Ils ont été amenés à cette difi é. Les Unions départementales ou régionales se action, parce que les syndiqués des villes, sont créant à leur gré, les Bourses existantes qui reste- concurrencés par ceux des campagnes et qu’il faut raient isolées, continueraient à être confédérées. essayer d’organiser ces derniers. C’est pourquoi Mais, pour l’avenir, une Union locale devrait appar- nous voyons, aujourd’hui, beaucoup de secrétaires tenir à son Union départementale ou régionale, lors- de Bourses du Travail se lancer dans la propagande qu’il en existe une confédérée. syndicale dans toute la région, considérant cette ac- Nous nous contenterons, à la Conférence, de pré- tion comme plus importune que celle des services coniser ce moyen qui a donné de grands résultats. qui ne sont rendus, la plupart du temps, qu’à des Nous savons que les Fédérations d’industrie ou de non-syndiqués. métier ne sont pas seules à créer des syndicats, ce De plus, la lutte poussée toujours plus avant contre qui leur coûte bien plus cher parfois. Les Unions le patronat, a obligé les Unions de syndicats à vivre départementales ont fait augmenter le nombre des ou à songer à la vie par leurs propres moyens. La syndicats confédérés et ne redoutent pas l’accusa- condition de quantité dont parlait Niel, se réalise tion de particularisme qu’on leur adresse. Elles n’ont dans le groupement englobant un plus grand rayon pas toutes les vertus, mais les organisations sont ce et est un des moyens les plus importants de solu- que sont les militants. tionner la question de l’indépendance des Bourses. C’est pourquoi j’insiste pour qu’une indication soit Les militants des Unions départementales sont te- donnée, dans cette Conférence, d’avoir à se préoc- - 13/36 - cuper de cette forme plus complète de notre orga- Confédération, notre pensée étant de la consolider nisme en formation. Nous abandonnerions volontiers par plus de propagande. ce souci si l’on nous prouvait qu’il doit aff aiblir notre (La séance est levée).

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DERNIÈRE SÉANCE: MARDI 16 OCTOBRE 1906.

Président: Roullier (Brest); et laisser les Unions, je comprendrais. Mais vous Assesseurs: Monclard (Marseille) et Fauny (Le sentez tellement la nécessité naturelle des Bourses Havre); du Travail qui est un des quatre échelons: le syndi- Secrétaire: Klemczynski (Creil). cat; les Bourses du Travail; les Fédérations de mé- tier; la Confédération. Le Secrétaire a reçu le mandat de la Bourse du D’après votre projet, les Bourses du Travail ne Travail de Nevers et demande au Congrès de le va- comptent plus. Ce sont les Unions départementales lider. qui seront représentées. (Il en est ainsi décidé). Vous appelez cela de la décentralisation et du fé- déralisme? ----- Au Comité fédéral on correspondra avec les Unions départementales, lesquelles correspondront, à leur Continuation de la discussion sur les Unions tour, avec les Bourses du Travail. départementales: Garnery: Avec votre décentralisation, il pourrait y Turpin: Nous sommes, à Paris, Union des Syndi- avoir autant de Bourses que de communes. cats de la Seine. Il y a, dans ce département, des Bourses du Travail qui ne sont formées que par des Turpin: C’est le cas de la Seine. sections de syndicats adhérentes à l’Union. Les Bourses sont gérées d’une façon autonome. Il fau- Niel: Ne prenez pas le cas de la Seine. Les Bourses drait une entente entre les Bourses ayant à fonction- du Travail de la Seine comprennent des sections, ner dans le sein des Unions départementales deve- dites-vous, de syndicats; elles sont des succursales nues de plus en plus nécessaires. Il cite le danger de la Bourse de Paris. Si les Bourses augmentent des Bourses qui se multiplient dans un même dépar- dans des proportions importantes, et c’est l’origine tement et qui agissent contradictoirement. De plus, à de la question, comment faire? Vous n’avez qu’à dé- la Section des Bourses, les cinq Bourses de la Seine cider que ne pourront être admises que les Bourses et dont le nombre total de syndicats est inférieur à possédant un minimum déterminé de syndicats. Le celui de l’Union de la Seine, ont une prépondérance deuxième moyen serait de décider que chaque dé- sur leur organisation mère. légué puisse représenter cinq ou six Bourses, mais, au Comité confédéral, ce sont les délégués qui Niel: Il n’y a aucun argument sérieux en faveur des votent. C’est là une preuve de la vie confédérale que Unions départementales. Je voudrais d’abord dé- l’augmentation des Bourses. Si vous ne voulez pas truire le principe qui a guidé les auteurs de la propo- supprimer les Bourses, qu’en ferez-vous? Nous n’en sition et principalement Yvetot, qui se réclament du faisons pas une obligation, disait Klemczynski lui- fédéralisme. Ils agissent dans le sens contraire. Il ne même. Il y aura donc deux systèmes d’organisation. faut pas confondre le fédéralisme avec le «fédératio- C’est un chaos épouvantable. Quand même vous nisme». Le premier est décentralisateur, le second décideriez cela obligatoirement, des Bourses locales est centralisateur. Les Bourses du Travail sont bien ne voudraient pas s’y soumettre et formeraient un localement la décentralisation. Et avec les Unions organisme à part. Cette question, autrefois considé- départementales représentées uniquement au Co- rée comme une surcharge, revient sur le tapis sans mité fédéral, ce serait de la centralisation. raison sérieuse. Elle est inspirée par des préoccupa- Dans le rapport fait par Klemczynski, il était dit tions géographiques et non des préoccupations de que les Unions départementales réduiraient les dé- la vie ouvrière. penses. Je pense le contraire. Vous vous eff orcez de La classe ouvrière ne connaît que ses besoins dire que rien ne sera changé dans le fonctionnement comme ligne géographique. Ce sont les besoins qui des Bourses du Travail, les dépenses des Bourses imposent le syndicat, ce sont eux qui provoquent la existeront donc encore et il y en aura encore de nou- nécessité, des Fédérations de métier ou d’industrie, velles pour le fonctionnement des Unions. puis, dans chaque localité, le patronat s’entendant Si vous disiez, nous allons supprimer les Bourses pour exploiter, oblige les ouvriers à se réunir en - 14/36 - Bourses du Travail, enfi n, dans la nation, cela cor- les grands centres. Nous voudrions que les Unions respond à un besoin. régionales fassent une enquête sur les conditions Quel est le besoin départemental qu’on puisse éta- du travail dans leur région et les adressent au Co- blir? Je vous mets au défi de le trouver! mité confédéral. Je voudrais que la Conférence Je conteste qu’il existe une exploitation patronale des Bourses indique, sous forme de vœu formel, la départementale. nécessité de ces rapports annuels fournis par les Bourses du Travail. La Confédération doit compter Briat: Et les Chambres de commerce? comme auxiliaires les secrétaires des Bourses, sur- tout sur les conditions du travail et les indications Niel: Je vous fais remarquer que les Chambres de des moyens de propagande, suivant les milieux et commerce ne sont pas faites exclusivement pour les circonstances. la lutte contre l’ouvrier, et il y a parfois plusieurs La question de l’Union départementale donnerait à Chambres de commerce dans le département. Je cette préoccupation une application plus facile. soutiens que vous augmentez d’un rouage le fonc- tionnement confédéral. Traut soutient que les Unions départementales Ces Unions départementales auront-elles oui ou aident les Fédérations de métier et d’industrie, non, un permanent? même dans les luttes. Si oui, il faudra qu’il soit payé. S’il n’y a pas de fonc- tionnaire permanent, rien. Pour établir des rapports Hervier: Dans le Cher, nous n’avons pas l’intention fréquents entre les Bourses d’une même région, il de former une Union départementale. Nous possé- n’est pas besoin de créer des Unions départemen- dons plusieurs Bourses qui s’entendent très bien tales statutaires, permanentes. Ces rapports existent pour la propagande, partout où le besoin s’en fait ou peuvent exister sans cela. Chaque fois que des sentir. Nous trouvons que ce serait un rouage inutile Bourses voisines ont besoin l’une de l’autre, soit quand les Bourses ont de la vitalité. pour la propagande, soit pour une action commune, elles n’ont qu’à s’entendre entr’elles. Nous le faisons Étard, au nom de Mazamet et d’Angoulême, se dans l’Hérault entre les six Bourses existantes sans prononce en faveur des Unions. Comme secrétaire charges nouvelles. C’est pour moi un danger consi- de la Fédération du Bâtiment, j’en suis également dérable, Je vous demande de repousser les Unions partisan parce que cela facilite la pénétration dans départementales ayant un caractère permanent les campagnes qui ne seraient jamais touchées par parce qu’elles compliqueront l’organisme. la parole syndicale.

Briat: Si j’ai bien compris la proposition Klemc- Richer: Depuis 1897, sous diff érentes formes, j’en- zynski elle entend bien laisser aux Bourses leur li- tends demander la suppression des Bourses du Tra- berté, mais elle veut une entente entre elles, dans vail. Quoiqu’on en dise, il existe des Bourses qui font des Unions départementales pour donner plus de de la propagande régionalement. Il existe une confu- vitalité à l’action syndicale. Je m’explique que les sion de mots. Il est à craindre des divisions avec les Unions répondent à un besoin très grand pour les Unions départementales. Pour moi, le Conseil d’ad- petits centres. ministration de la Bourse doit être le Comité général Dans les petites Bourses, la Bourse manque de du département. vitalité. Pourquoi ne pas permettre aux Bourses du Travail de s’étendre départementalement ou de se David: La question est simple. Nous n’entendons relier? Où y a-t-il inconvénient à ce que ces Unions pas créer un organisme nouveau. Nous avons été se produisent? Je voterai donc la proposition des amenés à former des Unions départementales, par Unions départementales. Les Chambres de com- suite de la nouvelle méthode d’action syndicale qui merce donnent leur avis sur toutes les questions a mis contre nous toutes les forces patronales et ad- ouvrières. Elles se coalisent ainsi contre le proléta- ministratives d’une région, auxquelles il faut opposer riat. De plus en plus, ces Chambres de commerce les nôtres. s’agitent dans les confl its et prennent position. Roullier: Dans le Finistère, nous avons connue Vedel: Je ne répondrai pas aux divers arguments l’activité syndicale depuis la création de notre Union de Niel. Je me placerai au point de vue de la pro- départementale. pagande. J’ai proposé à la première commission du Il cite de sérieux exemples où la propagande dépar- Congrès une motion qui n’a pas été lue au Congrès. tementale a intensifi é la lutte, augmenté les forces Je regrette qu’il n’y ait pas plus d’accord entre les d’action et amené une vie ouvrière qui jamais n’avait Bourses et les Fédérations d’industrie, pour la pro- été connue par la seule présence de la Bourse du pagande. Les Secrétaires de Bourses se confi nent Travail locale. trop souvent dans leur rôle administratif. Dans les Fédérations d’industrie, on fait trop sou- Garnery: C’est une accusation bien fausse que de vent de la propagande au kilomètre, et on va dans reprocher aux auteurs des Unions départementales, - 15/36 - qu’ils veulent supprimer les Bourses du Travail. C’est que la propagande aux travailleurs de la terre est une erreur. Au contraire, nous voulons généraliser très peu répandue par les Bourses subventionnées les Bourses du Travail en les vivifi ant par l’action qui qui semblent redouter cette extension parfois. les entoure et les seconde. La solution au problème de l’organisation des syn- Nous trouvant en présence d’un tel besoin de la dicats agricoles est toute entière dans les Unions lutte économique, nous avons le devoir d’indiquer la départementales, Les U.D. peuvent établir des sta- constitution de l’Union départementale ou régionale. tistiques sur les conditions du travail, sur les études Nous augmenterons ainsi le nombre dés camarades professionnelles, sur le coût de la vie et les besoins reliés étroitement, nous permettrons la production de de la consommation et cela d’une façon totale, sans militants devenus nécessaires. Non seulement nous laisser le moindre groupement humain en dehors de n’émietterons pas les forces par les Unions régio- ces renseignements indispensables, lorsqu’il nous nales, mais nous créerons des Bourses autonomes, appartiendra d’organiser la production et la réparti- ayant leur rôle réel et apportant à la Confédération tion. La plupart des B. du T. actuelles, le peuvent- l’appui sans lequel elle ne pourra fonctionner com- elles? plètement. De même dans les luttes ouvrières, les Unions dé- partementales à l’aff ût des moindres mouvements Yvetot: Fait l’historique de la question. Au Congrès ouvriers, fournissent aux grévistes souvent non or- de Nice, un vote fut déjà obtenu, soutenant la for- ganisés, l’appui moral de leurs militants qui peuvent mation des syndicats en Unions départementales. plus facilement relever les énergies en n’abandon- Là Section des Bourses s’est trouvée, depuis, en nant pas le terrain de grève. La propagande syndi- ‘présence d’une situation de faits dont il faut tenir caliste est semée de diffi cultés sans nombre. Les compte. Il n’y a rien de laissé à notre imagination autorités s’ingénient à multiplier les formalités pour dans la question. En soutenant l’unité ouvrière à décourager les travailleurs qui veulent se syndiquer. Montpellier, Niel ne la créait pas, mais consacrait un Il faut agir sur place et au plus vite. Souvent de nou- fait. En soutenant les Unions départementales, nous velles industries se créent dans les communes re- ne créons pas davantage un fait, nous le consacrons. culées où une exploitation odieuse se pratique et où Reprenant le rapport qu’il déposa au Comité de l’on établit une production concurrente à celle de la la Section des Bourses et qui parut dans la Voix du ville, avec des salaires dérisoires. Les militants des Peuple, en février dernier, Yvetot signale les princi- U.D. se préoccupant de ces manifestations de la paux arguments, qui lui font considérer comme heu- lutte économique et agissant en conséquence, afi n reux, le mouvement en faveur des Unions départe- que les Fédérations nationales soient prévenues, mentales. contribueraient à un succès immédiat. L’argument tendant à établir qu’on veut supprimer Les Unions départementales ont aussi l’avantage les Bourses du Travail est détruit par le nombre des d’organiser des syndicats départementaux là où les Bourses qui augmente chaque année, en même salariés de la profession ne sont pas en nombre suf- temps que se forment les Unions départementales. fi sant dans un seul milieu, ce qui facilite leur asser- Les Unions ne sont pas disposées à supprimer les vissement. Bourses, mais, au contraire, à les créer et à leur don- L’inconvénient de la loi de 1884, qui oblige les syn- ner une vitalité qu’elles sont loin de posséder en ce dicats à donner le nom des membres du conseil syn- moment. dical aux autorités, locales peut se trouver supprimé Dans les statuts de l’Union départementale de par la création d’un syndicat régional, auquel sont l’Oise fondée en 1901, il est bien indiqué que cet or- reliées les sections qui n’ont pas à fournir ces rensei- ganisme a pour but de créer des Bourses du Travail gnements toujours inquisitoriaux. avec l’assentiment de l’Union départementale qui re- Pour beaucoup de militants, les Unions départe- liera ces centres entre eux. Au lieu de correspondre mentales sont aujourd’hui considérées comme des à de vagues besoins ou à un esprit localiste et de se organisations supérieurement disposées à l’aug- subordonner, par conséquent, au subventionnisme mentation et à la généralisation de la propagande. municipal, les Bourses du Travail correspondront Nous éviterons les Bourses du Travail chétives ainsi aux nécessités de la propagande dans son en- et insignifi antes; nous augmenterons celles qui semble, suivant l’esprit confédéral. Nous devons voir agissent et coordonnent l’eff ort syndicaliste. les choses dans un esprit toujours plus large et ne Nous pourrons considérer des limites autres que considérer que la propagande à faire. Or, les B. du celles des départements avec une géographie confé- T. ont surtout pour but l’éducation syndicaliste et la dérale, si les besoins de la propagande l’exigent. propagande dans une région dont elles connaissent Après le vote du Congrès, nous ne pouvons émettre particulièrement les multiples besoins. Les Unions ici qu’une indication, mais il nous semble que le mo- départementales peuvent préparer cette propa- ment est venu de le faire et de pénétrer l’esprit des gande avec moins de frais et plus de certitude dans syndiqués de la nécessité de cette forme d’organi- les centres isolés; de plus, elles peuvent relier à la sation, dont tout le mécanisme confédéral doit bé- Confédération, de nombreuses consciences syndi- néfi cier. cales éloignées de tout centre industriel. C’est ainsi La discussion est close. - 16/36 - Les ordres du jour suivants sont présentés: Après un vote par appel nominal, la proposition Belfort-Creil est adoptée par 37 mandats contre 35 à 1- Pour les Unions départementales: la proposition Montpellier.

«La Conférence des Bourses, réunie à Amiens le Ont voté pour les Unions départementales ou ré- 16 octobre, considérant que les Bourses du Travail gionales: et Unions de syndicats ont toujours été des institu- Agen; Alais (Alès); Albi ; Alger; Angers; Angoulême; tions puissantes de propagande; Avignon; Belfort; Besançon; Bordeaux; Brest; Brives; Considérant qu’elles ont contribué, pour une large Cherbourg; Creil; Dijon; Grenoble; Ivry; Le Havre; part, au développement de l’idée syndicale dans les Levallois; Lyon; Mâcon; Mazamet; Nancy; Nemours; centres les plus retirés; Nevers; Nice; Niort; Orléans; Paris; Poitiers; Pu- Reconnaissant l’effi cacité incontestable de ces or- teaux; Romans; Rouen; Saint-Claude; Thiers; Tours ganisations, émet le désir de voir partout se consti- et Tulle. tuer des Unions départementales ou régionales, qui permettront d’intensifi er la propagande en faci- Ont voté contre: litant l’échange des propagandistes d’une localité à Aix; Alençon; Amiens; Arles; Béziers; Boulogne; l’autre». Bourges; Cette (Sète); Clermont-Ferrand; Dun- Th. Traut, Belfort; Delarbre, Dijon; L. Morel, kerque; Epernay; Issy; Le Mans; Marseille; Meaux; Nice; Limousin, Poitiers; Moyse Coignard, Tours; Montauban; Montluçon; Montpellier; Nantes; Nar- G. Yvetot, Agen, Alger, Avignon, Brives, Escarbo- bonne; Périgueux; Perpignan; Reims; Rennes; tin, Yvry, Mâcon; H. Turpin, Paris; E. Briat, Niort; Roanne; Rochefort; Saint-Amand; Saint-Brieuc; J. Étard, Union des Syndicats Mazamet, Bourse Saint-Denis; Saint-Étienne; Saint-Quentin; Saint-Na- du Travail Angoulême; Lefort, Levallois; J. Vays- zaire; Toulouse; Vichy et Vierzon. se, Bourse du Travail de Tulle; L. Vedel, Bourse de Thiers; A. Klemczynski, Oise; J. Roullier, Union ré- Se sont abstenus: gionale des Syndicats ouvriers du Finistère et envi- Carcassonne; Châteauroux; Escarbotin; Issoudun; rons; Chazeaud, Lyon; J. Vendangeon, Bourse de Limoges; Mèze; Moulins; Saint-Chamond; Troyes et Bordeaux; R. Fauny, Havre; Eug. David, Union des Valence. Syndicats ouvriers de l’Isère, Bourse du Travail de Grenoble; Giboy, Bourse d’Albi; Cazes, Bourse de La proposition suivante, déposée par la Bourse du Saint-Claude. Travail d’Angers, est votée ensuite à l’unanimité.

2- Contre les Unions départementales ou régio- «La Bourse du Travail d’Angers, en prévision de nales: la suppression des Bourses du Travail par les mu- nicipalités, invite les syndicats à s’ériger en Unions «Après un échange de vues sur la question des départementales ou régionales, afi n que si, sponta- Fédérations départementales, considérant que, pour nément, une Bourse ou des Bourses se trouvaient établir des relations entre les diverses Bourses du supprimées, il n’y ait pas d’arrêt dans le fonctionne- travail d’un même département, il n’est pas besoin ment de l’organisme fédéral syndicaliste». de créer un nouvel organisme départemental et per- La Bourse du Travail d’Angers; Chazeaud, Lyon; manent; E. David, Bourse du Travail de Grenoble; J. Roul- Considérant que la propagande syndicale dans une lier, Union du Finistère; Caze, Bourse de Saint- région ou un département s’exerce déjà facilement, Claude; A. Klemczynski, Oise. grâce aux bons rapports qui existent entre Bourses voisines; La proposition suivante de la Bourse du Travail de Considérant qu’il y a intérêt syndical à ne pas com- Thiers est également adoptée à main levée unani- pliquer les rouages de l’organisation ouvrière et de mement: surcharger les cotisations; La Conférence d’Amiens invite les Bourses du Tra- «Considérant que, jusqu’à ce jour, la propagande vail à-resserrer de plus en plus les relations dans n’a pas donné tous les résultats qu’on en peut at- leurs régions et passe à l’ordre du jour». tendre; Niel, Montpellier; Cleuet, Amiens; Soulageon, Considérant que ce manque de résultats provient Saint-Étienne; Avis, Arles; Orfeuvre, Cler- de ce qu’il n’y a pas entente et unité d’actions suf- mont-Ferrand; Guernier, Reims; Richon, Épernay; fi santes entre les deux organismes principaux de la Blanchart, Nantes; Gautier, Saint-Nazaire; Beau- Confédération, Bourses du Travail et Fédérations; périn, Rennes; Lepart, Meaux; Richer, Le Mans et La Conférence invite les Bourses du Travail à Alençon; Lochet, Châteauroux et Issoudun; Cailly, adresser chaque année, au Comité confédéral, à Issy; Nicolas, Saint-Quentin; Teyssandier, Péri- date fi xe, un rapport relatant aussi exactement que gueux; Hervier, Bourges et Saint-Amand; Coton, possible la statistique du travail et la situation du syn- Vierzon, Vichy. dicalisme dans leur région, ainsi que la façon dont la - 17/36 - propagande pourrait être faite suivant les milieux et PROPOSITIONS DIVERSES ADOPTÉES: les circonstances; Invite également les Fédérations à s’inspirer de «Étant données les diffi cultés de la propagande, ces rapports, qui seront lus au Comité confédéral la Conférence invite le Comité fédéral des Bourses et déposés en ses archives, pour organiser, après à éditer une brochure qui sera l’ABC du syndica- entente avec les Bourses intéressées, leur propa- lisme». gande, dans les localités ou régions où elles désire- Union Finistère. ront la porter». Vedel, Bourse du Travail de Thiers. A titre d’indication, Bourges demande que dans chaque Bourse du Travail on se préoccupe de la ré- Proposition Niel sur un référendum concernant les vision des usages locaux qui, en maintes occasions, Unions départementales: étant donnée leur caducité, arment les juges de paix «Le vote étant insuffi sant pour donner une indica- au préjudice des travailleurs, surtout en matière de tion défi nitive, la Conférence décide de consulter placement. toutes les Bourses par un référendum sur la ques- tion des fédérations départementales». Le camarade Briat présente au Congrès des épreuves radiographiques réelles et des épreuves Briat fait remarquer que cette proposition de Niel truquées par les Compagnies d’assurance, concer- aurait été mieux placé avant le résultat du vote de nant la consolidation des blessures. Il obtient du la question. Congrès le vote unanime d’une motion tendant à avertir toutes les Bourses de ces procédés, et les Cette proposition est repoussée par 46 mandats engageant à exposer ces photographies à titre de contre 14. propagande.

Ont voté pour: «La Conférence des Bourses, réunie à Amiens le Amiens; Boulogne; Clermont-Ferrand; Issy; Le 16 octobre, confi rmant ses décisions antérieures, Mans; Meaux; Mèze; Montauban; Montluçon; Mont- relatives à la propagande anti-militariste et anti-pa- pellier; Roanne; Rochefort; Saint-Denis; Toulouse. triotique, décide de la continuer avec la plus grande activité et approuve l’action menée par le Comité fé- Ont voté contre: déral des Bourses». Agen; Albi; Alger; Angoulême; Avignon; Belfort; Be- Bourse de Narbonne; Bourse de Besançon; Ne- sançon; Béziers; Bordeaux; Bourges; Brest; Brive; vers; Nancy; Romans; Nemours; Lyon; Grenoble; Châteauroux; Cherbourg; Creil; Dijon; Dunkerque; Cherbourg; Bourse du Havre; Paris; Union du Fi- Escarbotin; Grenoble; Issoudun; Ivry; Le Havre; Le- nistère; Jacquet d’Alais (Alès); Saint-Claude. vallois; Lyon; Mâcon; Mazamet; Nancy; Nemours; Nevers; Nice; Niort; Orléans; Paris; Périgueux; Poi------tiers; Romans; Rouen; Saint-Amand; Saint-Claude; Thiers; Tours; Tulle; Vichy; Vierzon.

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- 18/36 - RAPPORT SUR L’ÉTABLISSEMENT DU VIATICUM DES BOURSES

Au commencement de l’année 1905, le Comité Art. 4: Pour avoir droit au secours de route, chaque s’occupa de mettre en application la décision de la syndiqué doit: Conférence des Bourses du Travail, en faisant par- 1- avoir trois mois au moins de noviciat; venir aux Bourses du Travail ou Unions locales de 2- avoir acquitté régulièrement ses cotisations à Syndicats, la circulaire suivante: son Syndicat.

(Circulaire n°1) Art. 5: Un livret individuel portant un numéro d’ordre sera délivré par la Bourse à laquelle est adhérent le CONFÉDÉRATION GÉNÉRALE DU TRAVAIL voyageur. Section des Bourses Le voyageur touchera, à son arrivée, le secours de LE VIATICUM DES BOURSES DU TRAVAIL route fi xé. Les sommes versées seront portées sur le livret in- A la première Conférence des Bourses du Travail dividuel remis au voyageur. tenue à l’issue du Congrès de Bourges, le projet de Viaticum des Bourses du Travail fut l’objet d’une Art. 6: Le livret sera divisé en trois parties, une que longue et sérieuse discussion. La première partie de gardera la Bourse du Travail, la 2ème envoyée au cette discussion prit fi n par l’adoption unanime de la siège de l’Offi ce et le talon restera attaché au livret proposition suivante: du voyageur. «Une Commission sera nommée pour étudier Ia Chaque Bourse aura un livret-répertoire, indiquant question très complexe du viaticum et présentera le nom, le prénom, la date de passage du fédéré, un rapport à la Conférence des Bourses. Les cama- sa profession, la ville d’où il venait et le total des rades ayant fait une tournée sur le viaticum, au nom sommes portées sur son livret au moment de son de la section des Bourses, feront partie de droit de passage. cette Commission». Art. 7: S’il est obligé de repasser par une Bourse Cette Commission, par la voix de son rapporteur, où il a déjà reçu le secours de route, il pourra toucher présenta à la séance suivante de la Conférence des de nouveau. Bourses, le rapport et projet de statuts ci-dessous: Art. 8: A son arrivée dans une ville, le voyageur de- Rapport sur le Projet de Viaticum vra se présenter immédiatement à la Bourse du Tra- des Bourses du Travail de France vail, pour recevoir du secrétaire général tous les ren- PROJET DE STATUTS seignements utiles; celui-ci devra lui faire connaître les maisons de sa profession pour l’aider à chercher Art. 1er: Entre les Syndiqués adhérents aux statuts du travail. Chaque Bourse déterminera elle-même de la Confédération Générale du Travail, il est créé les propres moyens à s’assurer si l’ouvrier a bien vi- dans les Bourses du Travail ou Unions de Syndicats sité les ateliers de sa corporation. fédérés un service de secours de route destinés à Le visa de départ sera apposé sur le livret du fédé- faciliter les déplacements nécessaires par les re- ré par le secrétaire général de la Bourse du Travail cherches de travail. ou suivant les dispositions que les Syndicats de la ville auront prises. Art. 2: Ce service est constitué dans chacune des Le fédéré qui aura trouvé du travail dans une ville Bourses du Travail par une caisse qu’administre la possédant un Syndicat de sa profession, ne pourra Bourse du Travail et qui s’alimente à son gré à raison commencer le travail sans s’être assuré, auprès du de: Pour les Syndicats de: secrétaire de la Bourse, que la maison où il doit en- 1 à 50 membres: 0fr.50 par mois. trer n’est pas à l’index. 51 à 100 membres: 0fr.75 par mois. Faute de ce faire, et au cas où la maison serait en 100 à 150 membres: 1fr.00 par mois. interdit, le fédéré perdrait tout droit au Viaticum et il 151 à300 membres: 1fr.25 par mois. serait immédiatement signalé au bureau de l’Offi ce. 301 à 500 membres: 1fr.50 par mois. Dans la ville où il aura trouvé de l’embauche, il devra 500 à 750 membres: 1fr.75 par mois. déposer son livret à la Bourse. 751 à 1000 membres: 2 fr.00 par mois. Pour les Syndicats au-dessus de 1.000 membres, Art. 9: Chaque Bourse du Travail aura à sa dispo- 0fr.50 par fraction de 1.000. sition une carte kilométrique pour indiquer les dis- tances et faciliter les voyageurs syndiqués. Art. 3: Le trésorier de la Bourse ouvre, pour le ser- vice du Viaticum, des livres spéciaux. Art. 10: Chaque syndiqué ne pourra toucher qu’un

- 19/36 - maximum de 30 francs en 12 mois, à compter du imprimé et soumis à l’étude des Bourses. premier versement. Ce droit sera renouvelable tous les ans. De plus, il fut décidé encore qu’on ferait suivre le Rapport des critiques apportées par le délégué de Art. 11: Tous les trois mois, chaque Bourse du Montpellier et que, de son côté, le rapporteur ferait Travail adressera à l’Offi ce le compte des sommes valoir l’économie de son projet. C’est à quoi nous qu’elle aura consacrées au service du Viaticum. nous conformons en publiant ce qui suit: Elle établira le montant de ses excédents ou de ses défi cits. L’Offi ce sera chargée de combler le défi cit ÉCONOMIE DU PROJET des Bourses au moyen des excédents et, au besoin, avec ses ressources personnelles. La question du service du Viaticum est à l’étude du Comité fédéral et des Congrès de la Fédération des Art. 12: Chaque Bourse devra envoyer, au moins Bourses depuis 1899. Plusieurs systèmes ont été une fois par mois, et suivant une formule qui sera essayés; aucun n’a donné de résultats appréciables. établie par l’Offi ce, un état du travail dans chaque A la dernière Conférence des Bourses du Tra- corporation. L’ensemble de ces états, communiqué vail qui eût lieu en septembre 1904, à Bourges, la 48 heures après à toutes les Bourses, permettra question fut de nouveau discutée, en Commission de diriger les voyageurs vers les endroits indiqués d’abord, en Congrès ensuite; on ne trouva d’autre comme disposant de travail et de les écarter de ceux solution que de la renvoyer à l’examen des Bourses où il y aurait chômage. pour être tranchée défi nitivement. Toutes les Bourses, à part une ou deux exceptions, Art. 13: Le Secrétaire de la Bourse du Travail qui sont favorables au service du Viaticum, mais elles délivre un Carnet de Viaticum devra l’inscrire sur le sont en désaccord sur la manière dont il doit être livret du syndiqué en indiquant le matricule du carnet appliqué. Les unes sont d’avis qu’il faut laisser aux et la date de la délivrance. Bourses le soin de faire ce qu’elles pourront pour Si le syndiqué emploie pour obtenir le Viaticum des aider les travailleurs; les autres, au contraire, sou- moyens frauduleux, il sera privé de secours pendant tiennent que seule une réglementation fi xe peut un an. Cette mesure sera immédiatement notifi ée à mettre fi n aux abus et assurer à tous les ouvriers l’Offi ce qui la signalera dans la feuille hebdomadaire. syndiqués le secours de route. Je suis partisan convaincu de ce dernier système; La Commission s’est prononcée dans les condi- voici pourquoi: tions suivantes: Dans l’état actuel, presque toutes les Bourses du Pour le principe du Viaticum: Unanimité. Travail allouent aux ouvriers de passage, une indem- Pour le principe du Viaticum obligatoire: 9 voix nité qui varie de 0fr.30 à 2 francs; quelques-unes contre 4. donnent, en plus, un bon de logement ou de repos. Pour l’échelle de cotisation: 7 voix contre 4 au pro- Un petit nombre d’entre elles ne donnent que des jet de 0,75 par syndicat et 2 pour 1 centime par syn- secours en nature. Généralement, ces secours sont diqué. accordés indistinctement aux syndiqués et aux non A l’unanimité, pour le vœu de Belfort tendant à syndiqués. Il y a cependant quelques rares Bourses, étendre le viaticum internationalement. qui ne donnent qu’aux premiers. Les fonds qui fournissent l’argent nécessaire à ces La discussion continua sur ce rapport et nous ne dons proviennent de subventions, de fêtes, de tom- saurions trop engager les camarades et militants bolas et de cotisations individuelles. Au commence- des Bourses du Travail ou Unions locales de Syndi- ment de l’exercice, ils permettent d’être large, mais cats, à se reporter au Compte rendu du Congrès et au fur et à mesure qu’ils s’épuisent, les secours de la Conférence de Bourges (aux pages 242 à 245 alloués sont diminués et bien des fois, supprimés et 249 à 255) où ils trouveront le résumé de cette complètement. discussion qui se termina par l’adoption, à 48 voix Il me semble évident, dans ces conditions, que le contre 36, de l’ordre du jour suivant: système est défectueux; il est même souverainement «Étant données les diffi cultés pratiques qui existent injuste qu’un camarade qui a versé pour le Viaticum encore pour établir le viaticum obligatoire, la Confé- pendant des années, se le verra refuser s’il tombe rence des Bourses, reconnaissant la nécessité de au mauvais moment. Certainement il y a moyen de développer progressivement l’application du prin- trouver quelque chose de plus équitable. cipe du viaticum propose de maintenir le statu quo Or, pour parer en partie à ces inconvénients, le modifi é par, l’obligation du livret, et renvoie à l’étude Congrès des Bourses, en 1900, à Paris, avait accep- des Bourses et des Syndicats le projet de la Com- té le projet de Viaticum présenté par son secrétaire, mission qui sera étudié au prochain Congrès». (voir l’Histoire des Bourses du Cet ordre du jour devint une décision qu’il appar- Travail, par F. Pelloutier, page 196), mais ce projet tenait au Comité des Bourses de mettre en applica- qui mettait à la disposition des Bourses des livrets tion, puisqu’il fut bien entendu que ce projet serait de Viaticum ne fut donné que comme facultatif, aussi - 20/36 - les livrets restèrent-ils au bureau de la Fédération suivante qui était adoptée à l’unanimité: des Bourses. Tout resta comme par le passé. «Une Commission sera nommée pour étudier la Il en résulte que, pour obtenir des résultats quel- question très complexe du Viaticum et présentera conques, il faudrait un règlement obligatoire. C’est un rapport à la Conférence des Bourses. Les cama- un point essentiel; s’il n’est pas obligatoire, tout sys- rades ayant fait une tournée sur le Viaticum au nom tème avortera. Cette obligation, quoi qu’on en dise, de la Section des Bourses, feront partie de cette n’a rien de vexant ou de choquant pour les syndi- Commission». qués. Il s’agit seulement d’assurer et de garantir à Cette Commission, dont je faisais partie, se réunit tout camarade le secours sur lequel il peut compter l’après-midi du même jour, pour discuter la question et l’aide qu’il attend légitimement de toute Bourse du Viaticum et préparer le rapport. fédérée. Il faudrait donc que toutes les Bourses Une importante discussion s’établit d’abord sur le prennent l’engagement de verser à tous les cama- principe même du Viaticum, principe qui fut naturel- rades, remplissant les conditions des statuts, une lement adopté par l’unanimité de la Commission. indemnité fi xe. Mais il n’en fut pas de même, lorsqu’on aborda Si chaque Bourse versait tous les mois une coti- le coté pratique et la mise en application du Viati- sation proportionnelle au nombre des Syndicats af- cum. J’avais fait moi-même une tournée sur cette fi liés et au nombre des syndiqués, il serait possible, question, dans une douzaine de Bourses, au nom avec les ressources ainsi acquises, d’avoir l’argent rie la Section des Bourses. Si j’avais eu le plaisir de nécessaire pour assurer un budget assez fort. Mais constater que partout le principe du Viaticum était cette cotisation a des ennemis. C’est elle qui a sou- favorablement accueilli, j’avais eu l’occasion de me levé des débats retentissants à la Conférence des rendre compte des nombreuses objections qu’on Bourses en 1904 et qui a fait échouer le projet de la faisait partout contre son fonctionnement pratique, Commission. Des délégués ont prétendu qu’il était et j’avoue qu’à la Commission j’étais fortement dé- impossible de demander aux syndiqués une cotisa- cidé à opposer ces objections, dont quelques-unes tion supplémentaire; on leur objecta qu’il n’était pas m’avaient sérieusement frappé, à l’optimisme de question de cela, que les Bourses possèdent les ceux qui croyaient qu’on ferait fonctionner le Via- fonds nécessaires pour ne rien demander, puisqu’on ticum aussi facilement dans la pratique que sur le somme elles payent actuellement; ils ne voulurent papier. rien entendre. Avant d’aborder la discussion de l’économie même Notre projet n’est, parait-il, pas viable? du projet, je demandai qu’au caractère obligatoire du Cependant, nous voyons les Bourses payer des Viaticum on substituât le caractère facultatif, afi n de cotisations à la Fédération; personne ne trouve cela laisser à chaque Bourse la liberté d’établir le secours étrange et les Bourses s’en tirent toutes seules. Elles aux syndiqués de passage selon les ressources et prélèvent cela sur leur budget général, qui, d’ailleurs, les moyens les plus appropries à son milieu. Par 9 est presque toujours alimenté par des subventions. voix contre 4, la Commission repoussa ma proposi- Elles opéreraient de même pour le viaticum; elles le tion. peuvent, puisqu’elles donnent déjà des secours de La Commission passa alors à la discussion détail- route; les dépenses ne seraient pas sensiblement lée des articles du projet. Ne pouvant préjuger de la plus grandes, et nous aurions un service régulier; décision que prendrait en fi n de compte la Confé- l’équilibre serait établi entre toutes les contrées; il n’y rence, je collaborai de mon mieux à l’établissement aurait plus d’aléas. d’un Viaticum qui donnerait à tous le plus de satis- La création du Viaticum est vivement désirée par faction possible. tous les militants; nous avons donné notre avis; nous II est inutile de reproduire ici le projet que la pouvons ajouter que toutes les Fédérations fran- Commission adopta. Il fi gure dans la brochure du çaises et étrangères qui ont installé le Viaticum, l’ont Congrès de Bourges, où chacun pourra le consulter institué statutairement. plus utilement à la page 249. Qu’il me suffi se de dire La parole est aux Bourses, il leur appartient de dé- qu’à la plupart des articles, je montrai les diffi cultés cider et de trancher la question, nombreuses d’application qui rendraient le Viaticum éphémère, et que je fi s valoir pour cela des argu- E. Briat, délégué au Comité fédéral par les Bourses ments de plusieurs natures. de Belfort, Besançon et Niort. Ce sont ces arguments, qu’au nom de la minorité de la Commission, je développerai à la Conférence ----- et que je dois rappeler ici brièvement: 1- Nul ne peut contester qu’entre le Viaticum CRITIQUE DU PROJET des Fédérations corporatives, et le Viaticum des Bourses, il n’y ait une grande diff érence toute à Camarades, l’avantage de celui des Fédérations. Une Fédération A la Conférence des Bourses tenue à Bourges, à bien organisée, solidement établie et richement en- l’issue du Congrès corporatif et dans la séance du tretenue par les cotisations de ses Syndicats, peut lundi matin 19 septembre, je déposais la proposition facilement établir un Viaticum pour ses fédérés. Le - 21/36 - Viaticum idéal, au point de vue pratique, serait celui le secours de 30 francs, ce n’est pas non plus de organisé pour tous les travailleurs, par chaque Fédé- sa faute; elle n’a pas fait ce qu’elle a voulu, mais ce ration de métier ou d’industrie. Il n’y a du reste qu’à qu’elle a pu; c’est-à-dire ce qu’un examen minutieux voir fonctionner le Viaticum des Fédérations qui l’ont des diffi cultés d’application lui a permis de faire. établi pour savoir que celui-là seul est simple, facile, Ainsi donc, cet article du projet en montre l’impuis- logique et pratique. sance et prouve que le statu quo, dont j’ai réclamé et Peut-on en dire autant du Viaticum des Bourses? obtenu le maintien, est bien supérieur. Et le regretté camarade Pelloutier, qui en avait eu 3- Les Bourses, consultées l’an dernier, lors des le premier la généreuse conception, ne nourrissait-il tournées organisées par la Section confédérale des pas au fond qu’une chimère? Bourses, se sont prononcées pour le Viaticum, ré- Le contrôle du Viaticum des Bourses serait des glementé c’est vrai. Mais elles se sont prononcées plus diffi ciles et les fraudes, qu’on ne peut pas tou- beaucoup plus par sentiment que par raison. Et la jours éviter dans les Fédérations, seraient bien plus preuve, c’est que lorsqu’elles ont été toutes réunies nombreuses dans les Bourses, en raison de la multi- à la Conférence de Bourges, qu’elles ont pu échan- plicité des professions. ger leurs critiques et examiner de plus près toutes les 2- Le secours proposé par la Commission, dé- diffi cultés, elles se sont prononcées pour le maintien montre à lui seul l’impuissance du projet. En eff et, du statu quo, qu’elles n’abandonneront que contre l’article 10 dit: «Chaque syndiqué ne pourra toucher échange d’un système supérieur, plus avantageux qu’un maximum de 30 francs, en 12 mois, à compter aux travailleurs sur la route, quand il sera pratique- du premier versement. Ce droit sera renouvelable ment, possible. tous les ans». Les diffi cultés sont diverses et peuvent varier dans Le secours de 30 francs serait, pour la grande ma- chaque Bourse. Telle Bourse est subventionnée, jorité des camarades qui sont obligés de s’expatrier telle autre ne l’est pas. Telle municipalité impose des pour aller à la recherche du travail, insuffi sant, et conditions que telle autre n’impose pas. Pour cer- je dirai presque ridicule. En moins de 15 jours, un taines Bourses, la subvention municipale pour cet syndiqué sur la route aurait épuisé son secours de objet est donnée en nature; sous forme de jetons, 30 francs servi d’après les distances kilométriques bons de fourneaux, dortoirs, etc..., pour d’autres d’une Bourse à une autre, et ce syndiqué serait privé elle est donnée en argent. Toutes ces diff érences de tous secours pendant les onze mois qui suivraient, constituent des diffi cultés nouvelles qui entraveront en supposant - ce qui est le cas pour beaucoup - que toujours forcément le fonctionnement d’un Viaticum ce syndiqué ne trouvât pas d’ouvrage avant un an. obligatoire, statutaire, réglementé, régulier et égal En tous cas, nombreux sont ceux qui restent plu- pour toutes les Bourses. sieurs mois sur la route. Ceux-là resteraient donc de On ne transforme pas magiquement les habitudes longs mois sans avoir droit à rien, après le premier et les mœurs. Or, les habitudes et les mœurs syn- mois, car on peut affi rmer que les 30 francs statu- dicales d’aujourd’hui, sont telles qu’on n’obtiendra taires seraient épuisés au bout d’un mois. pas facilement des syndiqués et des syndicats qu’ils Tandis qu’avec le système actuel, le Viaticum du versent des cotisations à leurs Bourses, comme ils syndiqué sur la route ne s’épuise jamais et tant qu’il en versent à la Fédération. Et c’est ce qui rendra tou- restera sur la route il pourra toujours se présenter jours le Viaticum obligatoire des Bourses plus fragile aux Bourses placées sur sa route, pour demander et plus aléatoire que celui des Fédérations. un secours qu’on lui accordera sans regarder sur 4- Enfi n, le vice radical et fondamental du projet de son livret s’il a épuisé son Viaticum. la Commission, c’est qu’il est bâti sur du sable. Il ne Il est vrai qu’à l’heure actuelle, toutes les Bourses ne repose sur aucun fondement solide, quoiqu’en dise délivrent pas de secours, que celles qui eu délivrent le rapporteur, puisqu’il est basé sur des ressources ne les délivrent pas toujours en espèces, tandis aléatoires, les subventions: subventions municipales qu’avec le Viaticum obligatoire, toutes les Bourses pour les Bourses, subventions d’État pour l’Offi ce. fédérées délivreraient un secours en espèces. Le rapporteur a bien essayé de détruire cet argu- D’abord celles qui n’en délivrent pas ne sont pas ment capital en déclarant que le fondement du Via- nombreuses. Et que pourrait bien faire à un syndiqué ticum était solide, puisqu’il était fait des cotisations sur la route que toutes les Bourses distribuassent le syndicales dont il indique l’échelle dans son rapport. Viaticum, si ce syndiqué avait épuisé ses 30 francs? Mais il était si peu convaincu de cette affi rmation qu’il Et y a-t-il un intérêt supérieur à ce que le secours soit s’est trahi lui-même par deux fois, et que ce n’est distribué en espèces plutôt qu’en nature? Je serais qu’à la faveur d’une équivoque, qu’il a pu donner un presque d’un avis contraire, et beaucoup compren- semblant de solidité à son système de cotisations. dront pourquoi.... En eff et, à l’article 2 de son projet, il dit: «Le Via- Le rapporteur de la Commission m’a objecté sur ce ticum est constitué dans chacune des Bourses du point que si le secours n’était que de 30 francs, ce Travail par une caisse qu’administre la Bourse du n’était point de sa faute, car il avait demandé qu’il fût Travail et qui s’alimente à son gré à raison de...» de 40 francs par an. (suit l’échelle proportionnelle des cotisations). Il est facile de répondre que si la Commission a fi xé Que veut dire ce membre de phrase que je sou- - 22/36 - ligne: «... et qui s’alimente à son gré»? qu’ils avaient payé. Cela ne veut pas dire que, sachant que les caisses Voilà les principaux arguments qui militent en fa- des Bourses sont en général alimentées par les sub- veur du Viaticum facultatif, contre le Viaticum de la ventions municipales, il est diffi cile d’obtenir qu’elles Commission. s’alimentent par les cotisations des syndicats? Dans le projet de la Commission, il y a pourtant une Et au cas où cela ne serait pas assez clair, le rappor- idée bonne dont nous pouvons nous servir tout de teur ajoute plus loin: (page 251) «quant aux moyens suite, même avec le statu quo. C’est celle du livret que pourront employer les Bourses pour alimenter la du Viaticum. caisse, nous leur laissons la plus entière autonomie. La Section des Bourses pourrait en eff et, dès main- Ces paroles, je le répète, trahissent les préoccu- tenant, avoir des sortes de livrets de Viaticum qu’elle pations du rapporteur qui sait autant que moi que enverrait à toutes les Bourses fédérées. Celles-ci les dépenses de chaque Bourse, pour le Viaticum distribueraient ces livrets à tous leurs syndiqués seront couvertes, non par des cotisations volontaires qui partiraient sur la route. Dans chaque Bourse qui et individuelles des syndiqués comme il dit, mais par donne un secours, le secrétaire indiquerait que le ti- les subventions que reçoivent les Bourses. tulaire de ce livret a été secouru, avec la formule: Or, voilà le défaut de la cuirasse. Les subventions «Le confédéré... est passé à.... le... et a touché un municipales sont aléatoires, temporaires, fragiles. secours de route (en indiquant le secours)». Le viaticum obligatoire, national, réglementé, au Ou bien: contraire, est une institution à caractère sérieux, per- « Le confédéré... du Syndicat... est passé à... le... manent. Si vous construisez cette institution solide et a été secouru (sans indiquer le secours)». et permanente sur les bases fragiles et temporaires Ce livret serait signé et tamponné par chaque des subventions, vous préparez d’avance un écrou- Bourse, et son titulaire, prouvant ainsi qu’il n’est pas lement général du Viaticum, d’un service important abandonné, pourrait sur la route faire la nique aux de la Confédération dont tout l’organisme du prolé- gendarmes qui auraient envie de l’arrêter pour va- tariat organisé peut ressentir la secousse. gabondage. En outre, en instituant le Viaticum confédéral obli- Pour toutes ces raisons, je demandai à la Confé- gatoire, vous vous imposez l’obligation de le servir à rence des Bourses, de repousser le projet de la tout fédéré sur la route qui le réclamera, vous créez Commission et d’adopter ma proposition qui était pour tous les syndiqués un droit nouveau, c’est-à- ainsi conçue: dire que vous faites naître dans l’esprit de tout syn- «Étant données les diffi cultés pratiques qui existent diqué cette opinion que le viaticum est pour lui un encore pour établir le Viaticum obligatoire, la Confé- droit, qu’il aura le droit de le réclamer quand il sera rence des Bourses, reconnaissant la nécessité de sur la route, à toutes les Bourses qui, elles, n’auront développer progressivement l’application du prin- pas celui de le refuser; vous prenez donc, à l’égard cipe du Viaticum, propose de maintenir le statu-quo, de tous les confédérés, des engagements que, ainsi modifi é par l’obligation du livret, et renvoie à l’étude que nous venons de le voir, vous n’êtes pas sûrs de des Bourses et des Syndicats le projet de la Com- pouvoir tenir. Et ce droit, vous le donnez à des per- mission qui sera étudié à la prochaine Conférence». sonnes qui n’ont rien fait pour y avoir droit, je veux Par 48 voix contre 36, la Conférence adopta ma dire à des ouvriers qui n’ont versé aucune cotisa- proposition. J’obtenais d’elle ce que je n’avais pu ob- tion pour les avantages du Viaticum, et qui n’admet- tenir de la Commission. traient pas, malgré cela qu’on le leur supprimât sous Nous n’avons donc maintenant qu’à étudier sérieu- prétexte que les subventions ont disparu, après en sement la question, et si nous trouvons un projet su- avoir bénéfi cié pendant quelque temps. périeur au statu quo, appliquons-le rigoureusement. Au point de vue de la morale et de l’éducation so- ciales, le procédé est douteux qui consiste à illusion- Louis Niel. ner les hommes en leur accordant des droits sans Secrétaire général de la leur imposer des devoirs. Pour qu’ils aient le droit au Bourse du Travail de Montpellier. secours du Viaticum, les travailleurs doivent avoir le droit de verser des cotisations pour cet objet. Nous le répétons, c’est maintenant aux Bourses Au contraire, avec le statu quo, avec le Viaticum fa- qu’il appartient de discuter, d’étudier l’institution cultatif, nous n’entretenons pas les travailleurs dans défi nitive du Viaticum, afi n qu’à la Conférence des cette idée que le secours qu’ils touchent dans les Bourses qui se tiendra après le Congrès corporatif Bourses est un droit pour eux. Ils comprennent, ou d’Amiens, en 1906, le Comité des Bourses puisse du moins il nous est plus facile ainsi de leur faire présenter un projet de Viaticum, applicable aussitôt. comprendre, que ce secours n’est qu’une faveur, qui peut être retiré à tout instant et s’il plaît aux munici- Pour le Comité fédéral de la Section des Bourses: palités ou à l’État de supprimer les subventions qui Le Secrétaire, G. Yvetot. nous permettaient de donner ce secours, nous ces- sons le service du Viaticum sans nous exposer au Cette circulaire, imprimée sur 4 pages in-40, fut reproche que nous retirons aux syndiqués un droit tirée à 500 exemplaires et, en deux fois consécu- - 23/36 - tives, adressées aux Bourses. Celles-ci, pour la plu- prononcées les Bourses ou Unions locales de: Alger, part, mirent très peu d’empressement à répondre Angers, Béziers, Brest, Castres, Carcassonne, au questionnaire qui accompagnait cette circulaire. Clermont-Ferrand, Chalon-sur-Saône, Épernay. Enfi n, une troisième fois le bureau de la Section des Fougères, La Rochelle, Le Havre, Lorient, Mehun- Bourses insista. Nous reproduisons ci-dessous, la sur-Yèvre, Montauban, Nice, Rive-de-Gier, Rouen, circulaire et le questionnaire (circulaire n° 2): Tarare, Tulle, Versailles, Vierzon, Villeneuve-sur-Lot. Vingt-trois Bourses se prononcent pour que le Viati- CONFÉDÉRATION GÉNÉRALE DU TRAVAIL cum soit libre. Section des Bourses Aux Membres des Comités ou Conseils d’adminis- - Pour qu’il soit établi d’une façon obligatoire, se tration des Unions locales de Syndicats ou Bourses sont prononcées les Bourses de: Agen, Albi, Alen- du Travail, çon, Bagnères-de-Bigorre, Belfort, Châteauroux, Cognac, Constantine, Mazamet, Paris, Périgueux, Chers Camarades, Perpignan, Rennes, Rochefort, Roubaix, Saint- Pour la troisième fois le Secrétariat de la Section Amand, Saint-Nazaire, Tarbes, Thiers, Valence. des Bourses vous fait parvenir la circulaire relative Vingt Bourses veulent qu’il soit obligatoire. au Viaticum dus Bourses. Il est absolument indispensable que votre Union ou Ainsi, sur 130 Bourses, après trois circulaires Bourse du Travail nous communique enfi n ses ap- adressées à chacune, 50 seulement ont répondu à préciations sur le Viaticum afi n que le Comité des la première question sur soixante-et-une. Bourses ait le temps à son tour, de présenter un pro- jet défi nitif à la Conférence des Bourses qui suivra le Ne se sont pas prononcées sur cette première Congrès national corporatif d’Amiens. question les Bourses de: Arles, Auch, Bayonne, Cette question, depuis si longtemps discutée, mé- Bédarieux, Bordeaux, Blois, Bourg, Cahors, Com- rite toute votre attention, et l’importance de l’institu- mentry, Escarbotin, Grenoble, Ivry, Issoudun, Laval, tion de notre Viaticum des Bourses est telle, que ce Limoges, Montluçon, Montpellier, Nevers, Poitiers serait méconnaître sa valeur que de n’y pas apporter Troyes, Vichy. Dix-neuf ne se prononcent pas et l’intérêt qu’elle exige de votre part. quatre le veulent facultatif. En conséquence, nous joignons à la circulaire im- primée un questionnaire, auquel nous voulons le Sur la deuxième question: «Ètes-vous d’avis que le croire, vous daignerez répondre. Nous comptons Viaticum des Bourses soit basé sur des cotisations recevoir vos appréciations et les réponses au ques- versées par chaque syndicat adhèrent à la Bourse». tionnaire ci-contre, avant le 1er octobre prochain. Ont répondu Oui, les Bourses de: Albi, Alençon, QUESTIONNAIRE: Bagnères-de-Bigorre, Bédarieux, Fougères, Laval, 1- Ètes-vous d’avis que le Viaticum des Bourses Nice, Paris, Perpignan, Rennes, Rouen, Thiers, Va- soit établi d’une façon obligatoire ou d’une façon lence. Treize Bourses déclarent vouloir le Viaticum, libre pour les Bourses? Réponse: basé sur les cotisations de chaque syndicat adhé- 2- Ètes-vous d’avis que le Viaticum des Bourses rent à la Bourse du Travail ou Union locale. soit basé sur des cotisations versées par chaque Syndicat adhérent à la Bourse, ou Union locale de Ont répondu Non, les Bourses de: Belfort, Cognac, Syndicats? Réponse: Grenoble, La Rochelle, Mehun-sur-Yèvre, Montau- 3- Ou bien laissez-vous les Bourses libres d’ali- ban, Tarare, Troyes, Tulle. Neuf Bourses sont contre menter le Viaticum à leur gré? Réponse: le Viaticum basé sur les cotisations de chaque syndi- 4- La circulaire ci-jointe (circulaire n°1), vous rap- cat adhérent à la Bourse du Travail ou Union locale. pelle la discussion de Bourges à ce sujet et vous invite à donner votre appréciation sur les deux sys- N’ont pas répondu à cette question, les Bourses de: tèmes. Veuillez nous dire les raisons qui nous font Agen, Alger, Arles, Angers, Auch, Bayonne, Béziers, adopter l’un ou l’autre de ces deux systèmes? Ré- Bordeaux, Blois, Bourg, Castres, Clermont- Ferrand, ponse: Cahors, Chalon-sur-Saône, Commentry, Chateau- roux, Constantine, Escarbotin, Ivry, Issoudun, Li- Soixante-cinq Bourses sur cent trente avaient, en moges, Lorient, Montluçon, Montpellier, Poitiers, septembre 1905, répondu au questionnaire sur le Rive-de-Gier, Rochefort-sur-Mer, Roubaix, Saint- Viaticum. Amand, Saint-Nazaire, Tarbes, Versailles, Vichy, Vierzon, Villeneuve-sur-Lot. Trente-cinq Bourses A la première question: Ètes-vous d’avis que le Via- n’ont pas répondu exactement à la question. ticum soit établi d’une façon obligatoire ou d’une fa- çon libre pour les Bourses, voici les réponses: Mais les neuf Bourses qui ont répondu non à la deuxième question et les trente-cinq qui n’y ont - Pour le Viaticum établi d’une façon libre, se sont pas répondu, font quarante-quatre Bourses qui ré- - 24/36 - pondent oui à la troisième question qui est celle-ci: tion le Viaticum des Bourses, depuis tant d’années «Ètes-vous d’avis de laisser les Bourses libres d’ali- en chantier. menter le Viaticum à leur gré?». Nous espérons que l’initiative des Bourses répon- Pour la quatrième question du questionnaire qui dra à la bonne volonté de son Comité et que le Via- était la suivante: «Veuillez donner votre apprécia- ticum sera défi nitivement établi pour l’année 1907. tion sur les deux systèmes: le projet Briat et le Projet Niel et dire les raisons qui vous font adopter l’un ou Pour le Comité des Bourses, l’autre?...» il est nécessaire d’énumérer ici les ré- Le secréaire-rapporteur, ponses faites. Elles méritent une sérieuse attention Georges YVETOT. et feront certainement l’objet d’une étude particulière pour l’adoption d’un projet présenté à Amiens, en vue ------d’une adoption défi nitive du Viaticum des Bourses. Appréciations données par les Bourses sur Ajoutons que, beaucoup de Bourses, sans ré- l’établissement du Viaticum: pondre exactement au questionnaire, ont émis cer- taines critiques; quelques-unes ont même fait des Nota: Pour saisir immédiatement à quelles ques- rapports. Nous ne croyons pas qu’il soit possible de tions sont faites les réponses suivantes, se repor- reproduire in-extenso tous les arguments donnés, ter au questionnaire qui se trouve dans le rapport mais nous les résumerons quand même, le plus lar- ci-dessus. gement possible, pour conclure à cette constatation: les avis sont très partagés sur la façon d’établir le Agen: 1ère question: Nous sommes d’avis que le Viaticum des Bourses. viaticum soit établi d’une façon obligatoire. 2ème question: (néant). 3ème question: Nous laissons les C’est pourquoi le Comité des Bourses crut prendre Bourses libres d’alimenter le viaticum à leur gré. le bon moyen en désignant une Commission spé- 4ème question: Les raisons sont celles exposées par ciale à l’eff et d’étudier la question et de présenter un le Rapporteur dans l’économie du projet de viaticum projet. des Bourses.

Cette Commission, en présence des réponses énu- Albi: 1ère question: Nous sommes partisans du via- mérées ci-dessus, déclare se trouver en présence ticum obligatoire pour les Bourses, avec le projet de deux projets suffi samment exposés par le rap- Briat, à moins qu’on en présente un plus pratique. port présenté à Bourges au nom de la majorité de 2ème question: Oui, si la Bourse en reconnaît l’utilité. la Commission et les critiques apportées à ce projet Il y a des Bourses qui pourront s’en éviter par les par le camarade Niel, au nom de la minorité. subventions qu’elles touchent; mais, si la subven- tion venait à manquer, il est entendu que les syn- En conséquence, le secrétaire du Comité fut char- dicats doivent payer, afi n d’assurer le service obli- gé de présenter au Comité le présent rapport. gatoire. 3ème question: Comme on le voit plus haut, nous sommes plutôt partisans de ce système, mais Le Comité des Bourses l’approuva, après l’avoir à condition que les Bourses assurent le service en discuté. Il décida que ce rapport serait présenté en versant intégralement leur cote-part à la caisse na- son nom à la Conférence des Bourses comme rap- tionale, conformément à l’article 2 du projet Briat, port défi nitif. toujours modifi able suivant les besoins, dans l’ave- nir. 4ème question: Nous sommes partisans du projet Le Comité des Bourses croit qu’il est indispensable Briat, ou plutôt de la Commission, parce qu’il consti- de présenter les deux projets donnant satisfaction tue un progrès et qu’il est toujours modifi able. Et aus- aux deux parties qui se sont prononcées à si peu de si, parce que nous avons confi ance dans le triomphe voix de diff érence. de cette mesure de solidarité obligatoire; lorsque le service obligatoire sera établi, même d’une façon in- La Conférence des Bourses modifi era comme elle suffi sante, comme les 30 francs du projet Briat, l’état l’entendra les projets présentés. Mais il est de son bourgeois sera bien obligé de nous aider, même si devoir de ne pas laisser en suspens plus longtemps nous n’en ayons pas besoin. l’établissement du Viaticum des Bourses. Alger: Les Bourses du Travail doivent être libres Depuis la conférence de Bourges, la question reste d’établir le viaticum comme elles l’entendent, ou, à résoudre. Il faut que la Conférence d’Amiens ait à plutôt selon leurs ressources. Nous sommes parti- cœur d’adopter défi nitivement un projet et que le Co- sans des livrets de viaticum établis par la Section mité puisse, sur les indications nettes et précises de des Bourses et délivrés par les Bourses fédérées, la Conférence, charger son Bureau ou une Commis- avec la formule: «Le confédéré... du syndicat d... est sion spéciale de mettre immédiatement en applica- passé à... le..., et a été secouru (sans indiquer le se- - 25/36 - cours)». De plus, on pourrait ajouter à ce livret une Bourses qui auraient épuisé leur crédit. annotation indiquant que si le confédéré est arrêté En outre, la Bourse du Travail de Bagnères-de-Bi- pour vagabondage, les autorités devront demander gorre propose diff érentes modifi cations aux statuts des renseignements au secrétariat de la Bourse d’où de viaticum: articles 2, 8 et 10. il vient. La Bourse d’Alger a adopté cette manière de voir, parce que, comme le disait Niel, le projet Bayonne: 1ère question: Facultatif. 3èmequestion: de la Commission ne repose pas sur des bases so- Proposition Niel - Statu quo modifi é avec obligation lides. D’autre part, toutes les Fédérations ont des du livret. 2ème et 4ème questions: Pas de réponse. tendances à organiser le viaticum, par conséquent, en institutant le viaticum obligatoire des Bourses, ce Bédarieux: 1ère question: Nous adoptons en prin- serait créer un rouage qui ferait double emploi. cipe le système facultatif. 2ème question: Oui. 3ème question: Nous pensons avoir répondu à la 1ère, 2ème Arles: La Bourse d’Arles étant très rapprochée de et 4ème question, ce qui doit être une satisfaction pour Marseille, le mois de septembre (vendanges), une la 3ème question. 4ème question: Ne pouvant compter masse d’ouvriers de toutes corporations passent à la sur subvention locale, nous adoptons le viaticum fa- Bourse du Travail et demandent des secours. Notre cultatif pour les Bourses. budget n’y suffi t pas et nous sommes obligés d’ar- rêter ou de supprimer les secours du viaticum aux Belfort: La Bourse de Belfort est d’avis que le via- passagers. ticum soit établi d’une façon obligatoire et qu’il soit basé sur des cotisations versées par les syndicats Alençon: Le Comité de la Bourse du Travail d’Alen- adhérents à leur Bourse ou Union locale de syndi- çon se prononce pour le viaticum obligatoire, en re- cats, c’est-à-dire qu’elles pourront avoir la même poussant l’échelle proposée par la Commission, à origine que les cotisations versées par les Bourses laquelle est préférable la cotisation unique de 0,01fr. à la C.G.T. (Section des Bourses). Après étude, Bel- par membre et par mois, qui donnerait davantage et fort se prononce en faveur du projet élaboré par la serait plus démocratique, plus égalitaire. On se ral- Commission désignée à la Conférence de Bourges, lierait à ce projet plutôt que de ne rien avoir. estimant que si l’on veut créer quelque chose de du- rable par des cotisations, il faut que celles-ci soient Angers: 1ère question: Tout ce qui peut être le plus obligatoires. libre pour les Bourses. 2ème et 3ème questions: Angers se déclare libre d’alimenter le viaticum à son gré. Béziers: 1ère question: Nous sommes d’avis que 4ème question: La Bourse du Travail d’Angers se rallie chaque Bourse soit autonome, et établisse libre- à la question du livret du viaticum que chaque Bourse ment son viaticum. 2ème question: Néant. 3èmeques- distribuerait à ses syndiqués se mettant sur la route, tion: Les Bourses, à notre avis, doivent être laissées ainsi qu’il en ressort du projet de la Commission, cri- libres d’alimenter la caisse de ce service. 4ème ques- tiqué par Niel. Chargés de frais de cotisations, nos tion: Nous repoussons le projet Briat, pour toutes syndicats sont, en majorité, dans l’impossibilité de les excellentes raisons que Niel a si bien résumées payer une cotisation régulière. On maintient le statu dans la critique de ce projet. Nous serions de son quo. avis, quant à la création de ces sortes de livrets sur lesquels les Bourses pourraient inscrire le secours Auch: Nous optons pour le viaticum facultatif, qu’elles accordent, cela, dans l’intérêt de ceux qui parce que nos syndicats ne peuvent verser en plus sont secourus. de leurs cotisations dues à la Bourse du Travail. Les La Bourse du Travail de Béziers a décidé de s’en délégués au Comité se sont prononcés contre le via- tenir au statu quo et aux déclarations de son délégué ticum obligatoire. Toutefois, nous sommes partisans à la Conférence des Bourses qui a eu lieu à l’issue du livret de fédéré préconisé par Niel, dans la circu- du Congrès de l’année dernière. Elle rejette le projet laire adjointe à celle du rapporteur. de viaticum obligatoire, elle continuera comme par le passé, à accorder les secours en nature aux ou- Bagnères-de-Bigorre: Le viaticum sera établi vriers syndiqués de passage; mais elle ne croit pas d’une façon obligatoire, par solidarité, les cama- possible d’instituer un service de viaticum comme il rades se doivent l’appui moral et matériel entre eux, était proposé, la question est trop importante et pré- l’œuvre est une belle occasion de mettre en pratique sente des inconvénients qui rendent sa réalisation la devise: Un pour tous, tous pour un. Une caisse impossible pour nous, de longtemps. spéciale dans chaque Bourse, administrée séparé- Tout en reconnaissant le bien fondé de l’initiative ment, par un trésorier et secrétaire, alimentée par du viaticum, nous croyons que les Fédérations sont des cotisations de chaque syndiqué, puisqu’il est appelées à solutionner plus effi cacement cette forme intéressé individuellement et, par les subventions. d’action syndicale et, pour cette raison, la Bourse du Une caisse constituant fonds de réserve à la Bourse. Travail a écarté la question que vous lui soumettiez. Une caisse de réserve à l’Offi ce du Travail, établi sur le boni des Bourses, afi n de combler les défi cits des Bordeaux: Tout en reconnaissant l’impérieuse né- - 26/36 - cessité de la création d’un service de viaticum pour de ressources pour y subvenir; en raison des verse- les Bourses, nous trouvons trop insuffi sant le mon- ments opérés par plusieurs Fédérations qui ont déjà tant des secours alloués. Aussi, jusqu’à ce qu’il soit le viaticum, qui ferait double emploi avec le viaticum possible de faire mieux, préférons-nous le maintien obligatoire des Bourses. du statu quo. Indépendamment des secours alloués par les corporations respectives, donne deux francs Cahors: Nous payons à tout camarade fédéré de à chacun des syndiqués à jour de leurs cotisations, passage, la somme de 1fr.50. Nous allons essayer ou ne devant pas plus de deux mois. Nous regret- de monter ce secours à 2 francs. C’est tout ce que tons de ne pouvoir faire davantage. Pensant faire nous pouvons faire et c’est tout ce que nous voulons mieux, avec le concours de l’Union des syndicats faire pour le moment. ouvriers de la Gironde, nous avons essayé de fonder une Maison du Peuple (coopérative de production et Carcassonne: 1ème question: Libre. 3ème question: de consommation) au moyen de laquelle, en outre, Nous adoptons ce système pour les raisons sui- chaque passager aurait eu les repas d’une journée vantes: la crise viticole paralysant le commerce et et le coucher, nous n’avons pas été compris. l’industrie, les syndicats ont toutes les peines du monde à se constituer pour le maintien des salaires. Blois: 1ère question: Oui, mais il faut que tous les Une nouvelle imposition de cotisation serait leur syndicats soient fédérés; car ceux qui ne seront pas ruine. A cause de cela, nous sommes, d’avis de lais- fédérés ou que la Fédération ne rembourserait pas ser toute liberté aux Bourses. à la Bourse du Travail, ne pourraient participer à ce viaticum. 3ème question: Ce système peut créer des Chalon-sur-Saône: 1ème question: Libre. 3ème ques- injustices, car les passants nous disent: à tel endroit, tion: Notre Comité est d’avis de laisser le soin à on nous a donné plus qu’ici. 4ème question: Le viati- chaque Bourse de s’alimenter à son gré, avec l’obli- cum obligatoire doit être le même pour tous. On s’as- gation du livret de viaticum. socie à la majorité. Châteauroux: Le viaticum obligatoire pour toutes Bourg: Nous accordons un secours de un franc les Bourses. La prochaine Conférence pourrait dis- aux syndiqués qui ne touchent aucun secours de leur cuter les statuts du viaticum et son application im- Fédération de métier, cela, malgré des ressources médiate. très restreintes, nous continuerons donc comme par le passé. Les ouvriers sur la route ne se plaindront Cognac: 1ère question: Nous sommes d’avis que certainement pas du maintien du statu quo, car il leur le viaticum soit établi d’une façon obligatoire pour assure des plus grands avantages que le projet du toutes les Bourses du Travail. 2ème question: Non. rapporteur qui, tout en faisant appel à des cotisa- 3ème question: Nous sommes d’avis de laisser les tions supplémentaires pour alimenter la caisse du Bourses du Travail libres d’alimenter le viaticum viaticum, restreignait les secours à 30 francs par an à leur gré. 4ème question: Par le système que nous née. Le viaticum organisé par les Fédérations est adoptons, les Bourses du Travail conserveront leur d’ailleurs plus pratique. Ainsi donc, Bourg demande indépendance. le maintien du statu quo. Commentry: Le statu quo. Brest: A l’unanimité des membres du Comité, on se prononce pour le projet Niel et contre le viaticum Constantine: La Bourse du Travail est d’avis que obligatoire dans les Bourses. Nous pensons que la l’application du viaticum est impossible, tant il y au- plus large autonomie doit être laissée aux Bourses. rait d’énormes diffi cultés. Elle préconise l’adhésion obligatoire de tous les syndicats à leur Fédération Castres: 1ère question: D’une façon libre. 3ème ques- respective. Les corps de métiers sont plus à même tion: Liberté aux Bourses d’alimenter le viaticum. de juger si leurs adhérents sont dignes ou non de 4ème question: Le Comité général n’a pas cru devoir toucher le viaticum dans les villes où ils passent. alimenter le viaticum au moyen des cotisations des Pour l’Algérie, le viaticum est impossible, vu les dis- syndicats, par la simple raison que les syndiqués tances qui séparent les villes importantes les unes trouvent que leur cotisation est assez élevée en rai- des autres. La Bourse du Travail de Constantine, à son de la journée qu’on gagne. Nous sommes aus- l’unanimité, repousse le projet. si partisans d’un livret de viaticum, afi n d’empêcher des abus dont nous avons été quelquefois victimes. Épernay: Laisser les Bourses libres d’agir au mieux de leurs intérêts. Clermont-Ferrand: 1ème question: La Bourse du Travail de Çlermont-Ferrand préconise le viaticum Escarbotin (Le Vimeu): 3ème question: Oui, pour établi d’une façon libre par les Bourses. 2ème et 3ème cette raison que les syndicats seraient appelés à questions: Oui. 4ème question: En raison des abus fournir les ressources nécessaires, et que, seuls, ils à craindre par le viaticum obligatoire et du manque peuvent juger de leurs moyens de ressources. - 27/36 - Fougères: 1ère question: Libre. 2ème question: Tous même Bourse. La Rochelle signale des abus qui se les syndicats adhérents à notre Bourse versent une sont produits par des voyageurs qui ne faisaient que cotisation qui nous permet de secourir les ouvriers d’aller de Rochefort à La Rochelle et vice versa. de passage qui sont syndiqués et au pair de leurs cotisations. 3ème question: Pour le moment, nous Laval: Pour établir le viaticum, nous adoptons les sommes partisans du statu quo, c’est le seul moyen statuts présentés par la Commission, à la Confé- qui nous paraisse rationnel. 4ème question: Nous rence de Bourges. Sauf l’article 2, nous pensons que adoptons le projet Niel, parce qu’il nous semble le la cotisation de 1 centime par mois et par cotisant, plus facilement applicable. est nécessaire pour nous procurer les ressources Nous ne connaissons guère les questions qui s’at- dont nous aurons besoin, pour assurer le service; tachent au viaticum. Nous espérons que le Comité en outre, cette application uniforme nous paraît plus fédéral apportera tous ses soins à rédiger un rap- équitable que l’échelle de cotisation présentée par la port qui réponde bien aux besoins de tous et qui soit Commission. applicable, car la plupart des Bourses ne peuvent compter que sur elles-mêmes pour secourir les Le Havre: Décide d’alimenter le viaticum à son gré, passagers, les subventions ne pouvant y être em- comme elle le fait actuellement. ployées. Ici, tout ouvrier de passage, s’il est syndi- qué et au pair de ses cotisations, reçoit un secours Limoges: Étant donné les diffi cultés d’application de 1 ou 2 francs, selon la distance parcourue. Nous du projet présenté par la Commission, nous nous pensons que toutes les Bourses font ainsi leur de- prononçons en faveur de la proposition Niel, c’est- voir. à-dire le statu quo, modifi é par l’application du livret. Nous émettons le vœu que les Fédérations de mé- Grenoble: Nous sommes partisans du viaticum fa- tiers et d’industries, organisent chacune leur viati- cultatif. En l’occurrence, le statu quo est préférable, cum. car l’on ne pourrait se baser, comme pour les co- tisations, que sur les subventions municipales ou Lorient: 1ère question: Liberté aux Bourses d’or- départementales. Or, ces subventions tendent à dis- ganiser leur viaticum. 2ème et 3ème questions: Liber- paraître pour les Bourses du Travail qui ne marchent té. Nous adoptons les critiques de Niel. Nous ne pas au doigt et à l’œil des dirigeants. Ainsi, le viati- voudrions pas que le viaticum fasse double emploi; cum obligatoire n’aurait qu’une durée éphémère, qui que les Fédérations l’instituent elles-mêmes ou que serait d’un mauvais eff et sur le prolétariat. ce soit les Bourses, mais qu’il n’y en ait qu’un bien Nous approuvons la critique du camarade Niel sur établi, soit dans chaque Fédération, soit dans les le projet présenté à la Conférence de Bourges et se- Bourses. rions partisans du système de livrets qu’il nous pro- pose dans son rapport. Mazamet: 1ère question: D’une façon obligatoire. 2ème question: Oui. 3ème question: Non. 4ème question: Ivry: Nous estimons qu’il n’y a pas lieu d’instituer le Parce qu’il y a des Bourses qui disent qu’elles n’ont viaticum dans les Bourses de la banlieue, celles-ci pas d’argent en caisse et ne distribuent aucun se- étant trop près de Paris. cours et laissent partir les camarades sans secours. Les syndicats versant pour le viaticum, la Bourse du Issoudun: 3ème question: Nous laissons les Bourses Travail est, de ce fait, obligée de donner le viaticum. libres d’établir le viaticum à leur gré et suivant leurs moyens pécuniers. Mehun-Sur-Yèvre: 1ère question: D’une façon libre dans chaque Bourse. 2ème question: Non. 3ème ques- La Rochelle: 1- Le Comité s’est prononcé pour tion: Oui. l’établissement libre du viaticum; 2- Il n’a pas admis le principe des cotisations versées par les syndicats Montauban: En outre d’un rapport intéressant sur adhérents; 3- Il s’est prononcé également en faveur le viaticum qu’elle délivre, la Bourse du Travail de de la liberté d’alimenter, à son gré, la caisse de ce Montauban répond ainsi qu’il suit au questionnaire: nouveau service. 1ère question: D’une façon libre encore momentané- Ces trois décisions sont suivies de commentaires ment. La Bourse du Travail de Montauban accepte intéressants qui critiquent le projet et réfutent les entièrement l’ordre du jour de Montpellier, adopté à arguments de Niel. Le système obligatoire est nul. la Conférence de Bourges. Elle demande qu’une en- L’article 7 des statuts est indéterminé. À notre avis, quête soit faite dans toutes les Bourses, lesquelles dit le correspondant de La Rochelle, il y aurait lieu feront connaître, pour un temps déterminé, les de déterminer: 1- Ou le temps qui devrait séparer les sommes qu’elles ont allouées, lesquelles totalisées, deux passages successifs; ou le chiff re total de la pourraient servir de point de départ. 2ème question: somme qui pourrait être touchée par chaque voya- Non. Il nous semble que ce ne serait pas suffi sant geur; ou dans quelles conditions le voyageur pourra d’abord. Ensuite, la diffi culté, pour certaines Bourses être considéré dans l’obligation de repasser dans la existantes qui ne sont pas subventionnées, de de- - 28/36 - mander des cotisations nouvelles à leurs syndicats! c’est celui qui sera le plus pratique pour des Bourses Le maximum de 30 francs par an (art. 10), n’est non subventionnées. pas assez élevé. Nous avons la conviction que les camarades obligés de voyager, touchent, en ce mo- Paris: 1ème question: Nous sommes partisans du ment même, une somme annuelle bien plus forte viaticum obligatoire, c’est-à-dire que les travailleurs dans les Bourses qu’ils visitent. Nous réclamons syndiqués de passage dans une ville, touchent un le livret confédéral qui donnerait des statistiques secours, soit de leur Fédération nationale ou de la très utiles et pourrait supprimer certains abus. 3ème Bourse du Travail, mais sans cotisations obligatoires question: Oui. Car, comme le dit Briat, la cotisation et supplémentaires pour les syndicats. 2ème question: proportionnelle au nombre de syndicats affi liés peut Non. 3ème question: Oui. avoir des ennemis. Ce qui serait un tort. De plus, à notre avis, elle ne donnerait pas, comme nous le Périgueux: Le principe du viaticum obligatoire est disons plus haut, un budget assez fort permettant de admis. Mais l’échelle proportionnelle concernant les délivrer à nos camarades qui voyagent, un secours cotisations doit être supprimée et remplacée par une raisonnable. Exemple: la Bourse de Montauban cotisation unique de tant par membre. n’aurait à payer, comme cotisations, que la somme de 96 francs par an; tandis que notre viaticum, libre Perpignan: Le Comité général de la Bourse du et régulier, comme il est établi, nous coûte environ Travail de Perpignan se prononce, en principe, pour 270 francs. Il est vrai de dire que c’est la subven- le viaticum obligatoire. Cependant, comme certaines tion qui nous est allouée qui nous permet de parer à Bourses peuvent se trouver dans l’impossibilité de cette dépense et aux divers frais de la Bourse. 4ème réaliser les fonds nécessaires pour assurer le ser- question: Viaticum facultatif encore, vu la fragilité du vice du viaticum, il est d’avis de laisser à chacune maintien des subventions. De plus, si les Bourses d’elles la faculté de créer ou de ne pas créer ce ser- s’en tenaient rigoureusement à l’art 2 du projet, les vice. Nous ne devons pas perdre de vue que si le secours seraient, à notre avis, insuffi sants. viaticum devenait une obligation formelle, beaucoup de Bourses, qui ont déjà toutes les peines du monde Montluçon: La Bourse du Travail de Montluçon à fonctionner, se retireraient forcément de la Fédé- fournit aussi un rapport très intéressant. Elle expose ration des Bourses. 2èmequestion: Non. A de rares des modifi cations au projet que nous regrettons de exceptions prés, les syndicats ne perçoivent que ne pouvoir reproduire faute de place. Cependant, d’insignifi antes cotisations; ils éprouvent déjà des nous croyons que la Bourse du Travail de Montluçon diffi cultés sans nombre pour faire face aux obliga- se repose trop sur l’Offi ce national ouvrier de statis- tions confédérales. Si on leur imposait une nouvelle tique et de placement dont elle escompte la subven- cotisation pour le service du viaticum, on courrait tion de 10.000 francs et son augmentation à 25.000 à un échec à peu près certain. C’est l’avis du Co- francs. L’on sait maintenant le mal qu’il y a eu pour mité général. 3ème question: Oui. Et voici pourquoi: obtenir ces 10.... francs; l’on sait comment ils furent chaque Bourse, établissant son budget, crée un employés et les polémiques qui se sont élevées à chapitre spécial au viaticum. Elle aff ecte à ce ser- leur sujet, autant aux deux Chambres que dans les vice une somme calculée sur les secours délivrés Bourses du Travail. On se leurre en tablant sur l’Of- pendant l’année écoulée. Et, c’est en se basant sur fi ce. cette somme, qu’elle peut fi xer l’indemnité à accor- der à tout syndiqué de passage. 4ème question: Le Montpellier: La Bourse du Travail de Montpellier projet du camarade Briat serait excellent, si toutes adopte le projet Niel. les Bourses étaient alimentées par les mêmes sub- sides. Aucune diffi culté ne surgirait alors pour em- Nevers: Le Comité de la Bourse du Travail de Ne- pêcher l’une ou plusieurs d’entre elles de souscrire vers laisse le soin aux Fédérations de métiers, d’ins- à ce projet. C’est un devoir de solidarité qu’elles ne tituer le viaticum aux passagers et, pour supprimer manqueraient pas de remplir. Mais les observations les abus, qui ne manqueraint pas de se produire, du camarade Niel sont tellement vraies, elles re- propose, en première ligne, la création d’une caisse fl ètent si exactement la situation des Bourses, qu’il de chômage. nous semble tout naturel de nous rallier à sa critique du projet Briat et d’adhérer au système qu’il lui op- Nice: 1ère question: De façon libre ; attendu que, pose. Prenons un exemple; la Bourse d’Issoudun n’étant pas subventionnés, nous nous verrions dans nous a adressé un appel où elle déclare que la sub- l’impossibilité de faire fonctionner ce viaticum. 2ème venion qui lui est allouée par la Ville est insuffi sante question: Non, car déjà, parmi nous, il est des syn- «pour les besoins» actuels de la Bourse. Elle solli- dicats qui ne peuvent pas même payer leurs coti- cite des subsides. Or, des Bourses ne reçoivent pas sations. 3ème question: Il est mieux de laisser les de subventions du tout. Il serai dès lors diffi cile, nous Bourses libres; ce qui les encouragera à faire le plus le répétons, d’obtenir d’elles une adhésion ferme au possible pour cette question du viaticum. 4ème ques- projet du viaticum obligatoire. Elles adhéreront cer- tion: Nous acceptons le contre-projet Niel, parce que tainement en principe, en attendant, qu’une munici- - 29/36 - palité «amie» (?) leur permette d’y souscrire d’une Rochefort-sur-Mer: Nous acceptons le principe du manière eff ective. Observations complémentaires: viaticum obligatoire des Bourses. Les trois quarts des secours de route délivrés par la Bourse du Travail de Perpignan étant aff ectés aux Roubaix: A l’unanimité, l’Union approuve le prin- ouvriers étrangers, il serait de toute nécessité que cipe du viaticum obligatoire. Elle demande que cette le viaticum soit réglé internationalement. De toute obligation ne soit pas pour les organisations qui ont façon, il faudrait être assurés que nos camarades déjà ce service dans leur fédération nationale d’in- voyageant à l’étranger seront, eux aussi, assistés dustrie ou de métier, afi n d’éviter le double emploi. par les organisations ouvrières des pays qu’ils tra- L’Union demande que la cotisation soit au prorata. verseront. Les devoirs doivent augmenter parallèlement aux La question du livret uniforme mérite aussi d’être droits. En d’autres termes, un syndicat ayant 300 sérieusement étudiée; la plupart des voyageurs se membres doit logiquement, et en toute équité, payer présentent avec des livrets sans date, de sorte que le double que celui qui n’en a que 150. Néanmoins, l’on ignore si les cotisations portées, datent de plu- l’Union croit qu’il y a lieu, pour les petits syndicats sieurs années ou de l’année en cours; d’autres, n’ont de fi xer un minimum de cotisation; elle admet 0fr. en leur possession qu’une simple carte qui n’off re 25 par mois pour ceux ayant moins de 50 membres. pas davantage de garanties; d’autres encore exhi- Au-dessus de ce nombre, elle comprendrait qu’on bent un certifi cat qui, quelquefois, peut être un do- mit un demi-centime par membre et par mois - 0,005 cument de complaisance. Tout cela doit être com- - ce qui ferait 0,06 par membre et par an. Ce n’est plètement réformé, si nous ne voulons pas que le pas cette cotisation qui pourrait être un obstacle à viaticum soit un leurre. l’adhésion de tous les syndicats confédérés n’ayant pas encore de viaticum. Car il ne faut pas se le dis- Poitiers: Le Comité adopte le règlement présenté simuler, l’obligation dans des conditions par trop par le camarade Briat. Elle propose sa mise en ap- onéreuses, pourrait être une cause de désagréga- plication au 1er janvier 1906 ou, tout au moins, celle tion pour notre organisme confédéral. Et, c’est ce du livret qu’accepte Niel dans son contre-rapport. Ce qu’avant tout, il faut éviter. Pour le reste, nous accep- livret mentionnant les causes du départ du cama- tons les conclusions de la Commission de Bourges. rade qui en est porteur, les victimes du patronat re- Notre mode de cotisations, outre qu’il donnerait des cevraient très certainement des marques de solida- recettes supérieures à celui de la Commission de rité plus sérieuse qu’ils n’en reçoivent actuellement, Bourges, il aurait cet appréciable avantage d’être où ils sont souvent confondus avec des individus égalitaire. Pour 2.850 membres, le Comité fédéral qui n’hésitent pas à truquer les livrets syndicaux et toucherait (2.850 x 0,005) = 14fr.25. Pour le même qui, par des lettres fabriquées pour la circonstance, nombre, avec l’échelle proposée par la Commission, cherchent à exploiter la solidarité des camarades. le Comité fédéral toucherait 8fr. 875. La proposition Les camarades étrangers qui ne parlent pas le fran- de Roubaix donnerait 5fr.50 en plus. Comme on çais, devront toujours se munir de ce livret pour évi- doit faire, j’ai pris évaluativement le maximum des ter des abus. membres de l’échelle. Si j’avais pris le minimum, soit 1,857 x 0,005 = 9fr.285, soit 0fr.53 de plus. Rennes: 1ère question: Obligatoire. 2ème question: Il serait préférable que le viaticum des Bourses soit Rouen: 1ère question: Nous estimons que le viati- basé sur des cotisations versées par chaque syn- cum des Bourses doit être établi d’une façon libre dicat adhérent à sa Bourse, proportionnellement au pour les Bourses. 2ème question: Nous sommes par- nombre de ses adhérents. tisans que le viaticum soit basé sur des cotisations Mais ce versement devrait être plus élevé que ce- versées par les syndicats adhérents aux Bourses lui proposé par la Commission, ou tout au moins, ou Unions locales. Des deux systèmes préconisés, l’échelle de proportion devrait être basée d’une fa- nous optons pour celui de Niel. Il nous semble, en çon plus rationnelle. eff et, impossible de rendre le service du viaticum Admettre, par exemple, une cotisation minium de obligatoire. A notre sens, il vaut mieux lui laisser un 0fr.50 par mois et ensuite 1 centime par membre et caractère facultatif; les Bourses ne peuvent délivrer par mois, au-dessus de 50 membres. 3ème question: le viaticum que suivant les ressources dont elles Comme dans certaines Bourses, il serait peut-être disposent. Quelques Bourses touchent des subven- diffi cile d’exiger un versement obligatoire des syndi- tions assez élevées qui pourraient leur permettre cats, on pourrait laisser les Bourses libres d’alimen- d’établir solidement le viaticum; mais la plus grande ter le viaticum à leur gré, mais en exigeant néan- partie ne le peuvent, manquant de ressources. Elles moins que ces Bourses versent, proportionnellement ne peuvent, par conséquent, compter que sur des au nombre des syndiqués y adhérant. cotisations reçues des syndicats adhérents pour ins- tituer une caisse destinée à délivrer des secours de Rive-de-Gier: 1ère question: Libre. 2ème question: route aux ouvriers syndiqués. Nous le pratiquons, Facultatif. 3ème question: A leur gré. 4ème question: du reste, à Rouen, et ce moyen donne d’excellents Système du citoyen Niel. résultats. Nous nous déclarons également pour la - 30/36 - création de livrets décernés aux syndiqués partant les raisons qui ont déterminé te Comité: le Conseil d’une localité, ce livret sera signé et tamponné par municipal de Tarbes allouait à la Bourse une subven- chaque Bourse, niais sans indiquer le secours dé- tion qui lui permettait de payer, avec cet argent, le lo- livré. cal ainsi que d’autres frais; depuis que la subvention a été retirée, les cotisations mensuelles des syndi- Saint-Amand (Cher): 1ère question: Nous sommes cats adhérents ont été augmentées pour assurer sa d’avis que le viaticum soit établi d’une façon obli- vitalité. Aussi, sans être pessimiste, le Comité craint, gatoire. 2ème question: Nous adoptons le projet de qu’en élevant de nouveau les versements aux orga- statuts tel qu’il est dans la circulaire. Ce projet nous nisations, l’eff et produit soit mauvais. Malgré cela, paraît très juste et ne nécessitant pas d’écritures soit par des cotisations volontaires, soit par des tom- comptables compliquées, comme avec le projet de 1 bolas ou par d’autres moyens, le Comité estime que centime par syndiqué. Le viaticum devra être organi- les Bourses pourront aisément constituer de bonnes sé internationalement. 3ème question: Cette troisième caisses de secours. question approuvée, ne donnerait aucune satisfac- tion; l’organisation et surtout l’esprit de certaines Thiers: 1- Le viaticum doit être établi obligatoire- Bourses laisseraient trop de place à l’arbitraire et ment pour toutes les Bourses. 2- Il doit être basé sur donneraient souvent au viaticum un enterrement de les cotisations versées par chaque syndicat. C’est première classe. La solidarité, en nos mœurs ac- là, en eff et, la seule manière d’éviter les choses qui, tuelles, doit être imposée pour être effi cace. C’est journellement, se produisent, et cela pourra per- malheureux, mais c’est comme cela! mettre à l’Offi ce de statistique et de placement de participer à la subvention de 100.000fr. attribuée au Saint-Chamond: Pour le viaticum des Bourses, chômage, en plus des 10.000fr. qu’il touche déjà. nous sommes d’avis qu’un livret individuel de tous D’autre part, les secours auront enfi n un caractère les confédérés soit établi, à seule fi n de pouvoir beaucoup plus sérieux que précédemment. Nous contrôler le camarade de passage, parce qu’il peut nous réservons de discuter le reste des statuts à la arriver que l’on donne des secours aux jaunes. D’un Conférence des Bourses. autre côté, nous désirons le statu quo, quant à la somme à remettre ou tout autre chose. Troyes: 1ère question: Le viaticum doit être faculta- tif pour la raison que les syndicats étant déjà très Saint-Nazaire: Nous déclarons adopter intégra- chargés de cotisations, paieront diffi cilement une lement le projet élaboré par la Commission à la surcharge obligatoire. Il ne faut pas songer aux sub- Conférence des Bourses, à Bourges, Le principe ventions municipales qui n’existent pas ici,à Troyes, obligatoire nous paraît indispensable pour le fonc- et qui, si elles existent ailleurs, sont trop sujettes aux tionnement de ce service. fl uctuations de la politique du moment. 2ème question: La Bourse de Troyes est d’avis que le principe de Tarare: 1ère question: Pour le moment, tous nos syn- la cotisation soit repoussé, en attendant la création dicats sont pour le viaticum organisé librement par d’un organisme supérieur qui permettra de pallier les Bourses. 2ème question: Nos syndicats ne versent aux inconvénients du système. Le viaticum sera ser- actuellement aucune cotisation à la Bourse pour le vi par la Bourse du Travail de Troyes comme elle viaticum et ce serait bien diffi cile de leur demander le fait actuellement, c’est-à-dire qu’elle donnera 3 une cotisation supplémentaire à celle bien minime, francs à chaque passager syndiqué, jusqu’à épui- qu’ils aff ectent à notre organisation. 3ème question: sement de la caisse. 3ème question: Oui. Nous de- Actuellement, nous versons un franc à tous les syn- mandons le viaticum facultatif, mais avec la création diqués en règle, de passage à notre Bourse. Les du livret qui servira ainsi de contrôle. D’autre part, fonds sont prélevés sur notre subvention municipale. certaines Fédérations nationales ayant un viaticum Comme il passe peu d’ouvriers dans notre localité, à elles, nous demandons que, en cas d’obligation, cela suffi t pour le moment. 4ème question: Nous de- ça ne soit pas et les Fédérations et les Bourses qui mandons le maintien du statu quo, parce que nous servent le viaticum. Il faut que ce soient les unes n’avons pas de permanent; nos bureaux ne sont pas ou que ce soient les autres. Sans cela, ce sera la ouverts dans la journée, de là, grande diffi culté. De confusion. 4ème question: Nous sommes partisans du plus, l’esprit syndical fait défaut ici et, sauf une poi- système facultatif, parce qu’en l’état actuel des or- gnée de militants dans chaque, nos syndicats sont ganisations syndicales dans l’Aube, il est impossible des mythes, nous faisons tous nos eff orts pour amé- de leur demander une nouvelle cotisation, la Bourse liorer cette situation, mais, pour le moment, nous ne étant trop pauvre pour la payer elle-même. Cepen- pouvons rien changer. dant, cette dernière fera tout son possible pour don- ner un secours en argent aux camarades voyageurs. Tarbes: Le Comité est d’avis: Que le viaticum doit être obligatoire et réglementé; 2- Que toute autono- Tulle: 1ère question: La Bourse du Travail de Tulle mie doit être laissée aux Bourses pour alimenter la estime qu’il y a lieu de laisser toute latitude aux caisse qui doit en assurer le fonctionnement. Voici Bourses du Travail, pour l’établissement du viati- - 31/36 - cum. 2ème question: Non. Notre subvention supplée pour les Bourses qui n’ont pas répondu, de se faire aux cotisations syndicales, car nous estimons que une opinion; et pour celles qui sont adhérentes, de- les camarades de province ont suffi samment à faire puis l’envoi du questionnaire, de se mettre au cou- sans les charger d’une autre cotisation. 3ème ques- rant. tion: Parfaitement. Aussi nous avons par principe de donner 1fr.50 ou 2 francs à chaque camarade de Si long que paraisse ce résumé, il ne manque pas passage, c’est-à-dire 0,05 par kilomètre, depuis la d’intérêt. Nous croyons que chaque Bourse aura rai- Bourse du Travail la plus proche de celle de Tulle. son de le lire. Nous regrettons seulement de n’avoir 4ème question: Le Comité s’en tiendra certainement pu donner, faute de place, les rapports in-extenso de à la décision de la Section des Bourses, tout en es- deux ou trois Bourses, pérant qu’elle ne lui demandera pas davantage que ce qu’elle fait et a fait depuis sa fondation. Nous dis- Il est à remarquer qu’aucune Bourse n’est adver- posons d’un certain crédit à cet eff et qui n’est jamais saire du viaticum. En principe, toutes l’approuvent épuisé, même en délivrant 2 francs maximum. et le reconnaissent de grande utilité. Il n’y a que les moyens de l’organiser et les moyens de l’appliquer Valence: La Commission exécutive de la Bourse du qui diff èrent. Même les Bourses qui voudraient ne Travail déclare que: 1- Le viaticum doit être obliga- le laisser instituer que par les Fédérations, prouvent toire pour toutes les Bourses, car c’est le seul moyen ainsi leur empressement à le voir appliquer. Elles de le rendre effi cace. Nombre de petites Bourses du ne réfl échissent pas que le viaticum des Bourses Travail qui se trouvent sur les grandes lignes, se ver- épargnerait bien des soucis à quelques Fédérations raient parfois dans l’impossibilité de faire face à leurs qui se chagrinent de n’avoir pu l’instituer ou le faire engagements, vu les nombreux voyageurs qu’ils fonctionner parfaitement. Le viaticum des Bourses avaient à secourir; 2- La Commission est d’avis que ne s’appliquera pas aux ouvriers d’une corporation, la cotisation soit versée par chaque syndicat; n’ayant mais à tous les ouvriers syndiqués. Là est sa supé- qu’une caisse centrale, le contrôle n’en serait que riorité, là est sa raison d’être. plus facile. Voilà, à titre d’indication, notre réponse. Aucun délégué à la Conférence des Bourses n’au- Versailles: 1ère question: Libre. 3ème question: Oui. ra d’excuse à une dérobade, lorsqu’il s’agira de se prononcer sur un système pratique et applicable au Vichy: Décide de laisser les Bourses libres d’admi- plus tôt. II faut enfi n que les Bourses du Travail s’en- nistrer le viaticum à, leur gré. tendent.

Vierzon: La Bourse est contre le viaticum obliga- Si, par ce travail, nous avons pu convaincre et in- toire et désire qu’on laisse les Bourses alimenter le citer sérieusement les Bourses à mettre debout et viaticum à leur gré. à rendre viable le viaticum des Bourses, ce sera un bon et durable résultat. Villeneuve-sur-Lot: 1ère question: Libre. 3ème ques- tion: Oui. Nous souhaitons qu’il en soit ainsi.

Voilà donc, impartialement résumées, toutes les ré- Le rapporteur: ponses dans ce qu’elles ont d’essentiel. G. YVETOT. Délégué au Comité fédéral Nous pensons que ce rapport est le meilleur moyen, par les Bourses de Alais (Alès), Oran, Lunéville.

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- 32/36 - RAPPORT SUR LES APPLICATIONS DE LA RADIOGRAPHIE AUX ACCIDENTÉS DU TRAVAIL

Présenté par le Camarade Briat, délégué de la Bourse du Travail de Niort, à la Conférence des Bourses du Travail (Amiens 1906).

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Dans les applications de la loi sur les accidents du aussitôt ses études terminées, consente à consacrer travail, le tribunal ne peut se prononcer que d’après les années de travail nécessaires à la formation du les rapports des experts; aussi est-il pour nous tous radiographe. Aussi, trouve-t-on plus simple de tour- du plus haut intérêt d’examiner ici si les expertises ner la diffi culté! Au lieu d’eff ectuer un graphique, une fournies par les médecins off rent toujours la garantie inscription photographique à l’aide des rayons X, le scientifi que indispensable. Bien des fois déjà, nous médecin préfère préconiser et faire une radioscopie; avons constaté que les experts-médecins ont une opération plus simple et dont on ne peut constater la tendance trop marquée à se substituer au juge, en bonne exécution. basant leurs rapports sur des faits d’ordre moral, au lieu de se restreindre au rôle scientifi que que leur La radioscopie, c’est l’image fugitive, ne laissant confère leur titre d’expert. Nous voulons, aujourd’hui, pas de trace, que l’on perçoit sur un écran recou- attirer votre attention sur l’emploi de la radiographie vert de platino-cyanure de baryum, lorsqu’on place par les experts-médecins. le malade entre cet écran et la source de rayons X.

Ce qui nous a fait considérer ce point de vue spé- Ce n’est plus alors sur la plaque photographique cial de la question, ce sont tout d’abord les récri- impartiale, parce qu’elle est impersonnelle, que s’ef- minations des médecins au sujet de la nomination fectue l’inscription, c’est l’œil de l’observateur qui d’experts radiographes non-médecins; puis, la dis- enregistre les images. Donc, si l’observateur est le cussion qui a eu lieu à l’Académie de Médecine, dis- médecin, il est juge et partie pour le diagnostic qu’il a cussion qui a eu pour conséquence, malgré de vives préalablement porté; car, dans tous les articles que protestations, l’adoption d’un vœu ayant pour objet nous avons consultés à ce sujet, les médecins pré- de considérer la radiographie comme appartenant conisent: d’établir le diagnostic d’abord, et d’eff ec- au domaine médical exclusivement. tuer la radioscopie ensuite.

L’emploi de la radiographie, dans les procès qu’en- La radioscopie ainsi comprise n’apporte donc pas traîne l’application de la loi sur les accidents du tra- réellement une garantie supplémentaire à l’acciden- vail, nous a fait un devoir de rechercher si l’acca- té. Nous avons pu nous convaincre, en outre, que parement tente au profi t des médecins n’était pas cette radioscopie est eff ectuée le plus généralement de nature à diminuer la garantie des accidentés, et sans méthode scientifi que, au seul gré de l’opéra- nous nous sommes livrés à une enquête dont nous teur. vous apportons aujourd’hui les conclusions. Ce que nous avons le devoir de réclamer, c’est l’ap- Notons, tout d’abord, que jusqu’ici il n’y a pas eu, plication non de la radioscopie, mais de la radiogra- dans les Facultés de Médecine, un enseignement de phie, qui fournit un document dont on peut contrôler la radiographie; cela à titre de remarque seulement, la bonne ou la malfaçon, que l’on peut soumettre à car cet état de choses sera sans doute modifi é pro- la discussion. chainement. Mais, ce qui est plus grave, nous avons pu nous convaincre au cours de notre enquête que la Dans le rapport présenté à l’Académie de Méde- radiographie relève essentiellement de la physique, cine sur ce sujet, il est dit que l’on peut exécuter des de la chimie, sciences que les médecins considèrent épreuves radiographiques douteuses, «pour ne pas comme accessoires; de la géométrie, de la géomé- dire truquées», que de tels documents ont pu être trie descriptive, sciences que les médecins se croient invoqués à l’appui des demandes formulées par les autorisés à ignorer. Il est vrai que la radiographie accidentés du travail. (Il n’a pas été dit si les opé- relève de l’anatomie, mais la connaissance, même rateurs étaient médecins ou non). Nous avons pu complète, de cette science ne saurait compenser la constater, dans notre enquête, combien la mécon- méconnaissance plus ou moins complète des autres naissance des sciences exactes, et particulièrement sciences précédemment citées. Le médecin n’est de la géométrie, suffi t pour expliquer la confection donc pas préparé pour l’exécution de la radiogra- d’images radiographiques absolument quelconques phie. On nous objectera qu’il peut acquérir, par la et dont, par conséquent, il est impossible de tirer une suite, les connaissances qui lui manquent; mais cet conclusion juste. C’est ce fâcheux résultat dû à l’in- apprentissage est trop long, réclame trop d’eff orts, compétence, que nous retiendrons ici. pour que le médecin, qui veut, utiliser son diplôme - 33/36 - Pour nous défendre contre cette incompétence, et non à ceux qui les considèrent comme la partie nous avons le devoir de nous opposer à certain pro- négligeable de leur programme. cédé d’investigation recommandé par le rapporteur de l’Académie de Médecine en parlant de la conduite Ayant constaté que la majorité des radiographies que doit tenir le radiologiste (médecin bien entendu) sont exécutées dans les laboratoires des hôpitaux, «...Qu’il fasse ensuite intervenir l’écran pour dé- par des hommes de science non médecins, dont les terminer, par la radioscopie, l’état des diff érents or- travaux sont fréquemment la base des communica- ganes, voir, s’il y a lieu, de pousser les choses plus tions aux sociétés savantes, nous vous proposons loin et de recourir à une radiographie, que celle-ci, si d’émettre les vœux suivants: elle est jugée nécessaire, soit orientée et prise dans les conditions les plus convenables...». VŒUX:

Ainsi le médecin est juge absolu! Tout son devoir «Considérant que la radiographie, n’est pas en- consiste à se placer dans les conditions les plus seignée actuellement aux médecins, que ceux-ci, convenables... celles sans doute qui serviront le n’ayant qu’une connaissance fort restreinte des mieux ses intérêts!... sciences exactes, ne peuvent exécuter et interpréter les radiographies avec la science scientifi que indis- Nous, qui avons le devoir d’assurer la plus grande pensable, qu’ils ne cherchent dans ce mode d’inves- garantie à l’accidenté, conformément à la loi, tigation que la confi rmation de leur diagnostic; qu’un nous réclamons des examens radiographiques, tel état de choses ne peut être que préjudiciable aux conformes à la méthode scientifi que et, pour vous accidentés dans l’intérêt desquels la radiographie citer un exemple, considérons le cas si fréquent des doit être une enquête scientifi que indépendante du fractures de membres: diagnostic pour aider à la recherche de la vérité; Considérant, en outre, que les protestations des - Ce qu’il faut obtenir, c’est que les radiographies syndicats médicaux au sujet de la nomination de des membres soient toujours exécutées suivant deux deux experts radiographes non-médecins, l’un, chef plans incidents, faisant entre eux un angle de 90 de- de travaux pratiques au P.C.N., l’autre, chef de labo- grés; de telle sorte qu’une solution de continuité se ratoire des hôpitaux, sont de nature à légitimer notre présentant dans l’un de ces plans sous forme de su- défi ance à l’égard des radiographes médecins, en perposition, soit nettement décelée dans l’autre plan montrant leur volonté d’être toujours «juge et partie» incident, avec son chevauchement s’il y en a, avec et de refuser tout contrôle scientifi que; l’orientation vicieuse des fragments si elle existe. Si, La Conférence des Bourses émet les vœux sui- au contraire, nous sommes en présence d’une frac- vants: ture parfaitement réduite (terme médical), parfaite- 1- Que les tribunaux appellent comme experts-ra- ment consolidée, ce mode d’examen est encore le diographes les chefs non-médecins des laboratoires seul qui en permette la rigoureuse constatation. des hôpitaux dont la compétence en la matière ne saurait être mise en doute, en attendant qu’un di- Les plans incidents généralement employés et les plôme spécial de radiographe soit institué; plus aptes à exprimer la vérité, sont ceux qui corres- 2- Que les radiographies soient toujours exécutées pondent à: une radiographie prise d’avant en arrière, suivant une méthode scientifi que; que la technique et une radiographie latérale. employée soit mentionnée sur les épreuves four- nies; qu’il ne soit plus permis d’utiliser uniquement la Pas un de nous, mécanicien, charpentier ou ma- radiographie comme moyen d’enquête, car ce mode çon, ne contestera, nous en sommes sûrs, le bien d’investigation ne laissant aucune trace, ne peut ser- fondé de cette réclamation. vir de base à la discussion, mais, qu’au contraire, en cas de litige, il soit demandé un nouvel examen C’est en considération de tous les arguments pré- radiographique, la radioscopie ne devant jamais être cités et particulièrement de la situation anormale ac- substituée à la radiographie et ne pouvant que rare- tuelle, suivant laquelle le médecin-radiographe de- ment la compléter; vient par cette double fonction «juge et partie», que 3- Enfi n, pour les examens radiographiques des nous vous proposons d’émettre un vœu ayant pour membres, qu’il soit toujours demandé deux exa- objet de réclamer l’exécution et l’analyse des radio- mens eff ectués suivant deux plans incidents, faisant graphies à ceux qui pratiquent les sciences exactes entre eux un angle de 90 degrés».

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- 34/36 - LE PAIN GRATUIT ET LA GRÈVE GÉNÉRALE

(Question non discutée par le Congrès et déposée par le Syndicat l’Union des Travailleurs de l’industrie lainière de Reims)

Au cours de la période d’agitation intensive et de Nous voulons surtout que cette existence ne puisse propagande syndicale que l’histoire enregistrera plus être entravée, voire même empêchée, disons sous le nom de campagne des Huit heures, nous subordonnée, à quelque raison que ce soit. Il ne avons eu maintes fois à constater et à regretter faut pas que la vie, le droit à l’existence puisse être l’indiff érence, voire même l’hostilité nettement mar- contesté à qui que ce soit. Il ne faut pas que le tra- quée d’un grand nombre de travailleurs syndiqués vailleur soit condamné au travail forcé perpétuel, ou non-syndiqués envers cette question pourtant si pour avoir le droit de vivre. importante de la réduction des heures de travail. Or, ce droit à la vie est contesté à tous les travail- Parmi les causes de ce que nous appellerons cette leurs dans la société bourgeoise où ils sont tenus anomalie, il en est une que nous avons retenue pour de se faire exploiter pour manger, donc pour exis- l’avoir enregistrée maintes fois et parce qu’elle com- ter, mais où, cependant, les privilégiés capitalistes porte un enseignement dont il faudra tenir compte, peuvent vivre en jouisseurs, disposer de toutes les si nous voulons aboutir un jour à l’émancipation du richesses sans être tenus de travailler. prolétariat. Cette cause est celle-ci: se souciant plu- tôt de gagner de forts salaires que de travailler moins Cette situation odieuse ne peut durer, nous vous longtemps, les ouvriers qui ne s’occupent pas d’éco- demandons de la faire cesser. Nous estimons qu’il nomie sociale, les égoïstes à courte vue, jamais ne dépend de vous de faire entrer le droit à la vie dans s’intéressant activement à un mouvement dont, à les mœurs, dans les faits et dans la loi. tort ou à raison, ils peuvent craindre qu’il résultera pour eux un fl échissement, un préjudice à leur situa- Nous sommes dans un monde où l’intérêt stupide tion matérielle. prime tout, nous l’avons démontré plus haut en ce- qui concerne nos camarades du travail. Il résulte Sans doute, c’est un préjugé de croire que plus on de cet état de choses que, pour arriver à un but, il travaille, plus on gagne. Les faits sont là pour dé- faut satisfaire tous les intérêts. Or, vouloir assurer montrer que, généralisée, cette théorie est fausse. la vie, garantir l’existence de chacun et de tous, Mais hélas, la force de l’égoïsme est telle, l’appât c’est incontestablement répondre aux exigences es- du gain si tentateur, que toutes les démonstrations sentielles de tous les êtres humains. Cherchez un de faits ou de sentiment, sont, quand il s’agit de moyen d’arriver à servir notre cause de rénovation, faire penser et agir des gens qui ne pensent pas, en tenant compte des nécessités du moment, no- qui, en tous cas, ne peuvent généraliser, et qui, s’ils tamment de la médiocrité mentale d’une grosse par- sont susceptibles de se mettre en grève pour ob- tie de l’humanité et faire que l’action, le rayonnement tenir une augmentation de salaire, ne peuvent ce- de ce moyen, touche les intérêts, soit même alimen- pendant comprendre qu’il soit possible de gagner té par les passions qu’elles engendrent c’est ce que ce qu’ils gagnent couramment, en travaillant moins nous nous sommes proposés de rechercher. Et nous longtemps qu’ils le font. Pour changer leur opinon croyons pouvoir vous demander de discuter s’il ne sur ce point, il faudra encore de longues années de faudrait pas déplacer l’axe du mouvement syndical, propagande spéciale. en le transportant du terrain des revendications pro- fessionnelles particulières, au terrain des revendica- Notre souci principal étant de transformer la socié- tions plus générales à caractère communiste et, par té, nous nous sommes dit que si les courtes jour- conséquent, révolutionnaires, en plaçant l’aboutis- nées peuvent favoriser l’éducation des travailleurs sement mécanique de cet axe dans une société où et ménager leurs forces, nous n’avons peut-être pas la solidarité sociale ne serait plus un vain mot. absolument besoin d’elles pour créer un mouvement aux fi ns plus larges, conformes au but que nous Garantir l’existence de tout être humain en assu- poursuivons. rant à chacun le minimum de nourriture nécessaire pour ne pas mourir de faim, voilà ce qu’il faudrait Nous sommes tous peu ou prou partisans d’une revendiquer énergiquement. Faire passer cette idée réorganisation sociale, d’une société où les produc- de la théorie à la pratique par les moyens et les pro- teurs jouiraient du bénéfi ce intégral du travail libre, cédés ordinaires de l’action directe syndicale, voilà au lieu d’être, comme aujourd’hui, asservis au capi- ce que nous croyons possible, ce que nous disons tal. Nous voulons surtout entourer la vie du travail- dépendre de vous, ce que nous vous prions de vou- leur du plus ou des plus hautes garanties possibles, loir avec nous. Si nous le voulons, si nous savons et pour cela, détruire tout ce qui lui est défavorable. faire pour le droit à la vie ce que nous avons fait pour

- 35/36 - les Huit heures, nous obtiendrons des résultats dont saurait ici être parlé de l’action de telle corporation les conséquences seront des plus heureuses pour la plutôt que de telle autre. Pour réaliser le pain pour rénovation sociale. tous, il faut une action générale.

Oh! Ce n’est pas que nous songeons à vous in- Vous vous êtes maintes fois prononcés en faveur diquer une panacée à tous les maux dont souff re de la Grève générale, subordonnant sa déclaration l’humanité. Non, ce que nous préconisons, c’est la à des circonstances favorables. revendication d’une réforme vraiment effi cace, d’une réforme présentable en une formule simple et claire, Ces circonstances, vous pouvez les déterminer en susceptible de rallier toutes les bonnes volontés et suscitant un mouvement populaire en faveur de l’as- en même temps de créer une opposition brutale et surance du droit de vie par le Pain gratuit. irréductible de la bourgeoisie. La loi actuelle ne permet pas de réaliser, même Ce que nous voulons, c’est le Pain gratuit, le pain communalement, cette réforme communiste. Il est assuré à tous au même titre que l’air, l’eau et l’éclai- de toute nécessité de faire disparaître cette barbarie rage des rues. du code.

Le Pain gratuit! Les travailleurs verront que s’ils Nous vous prions de mettre dans vos préoccupa- réclament enfi n une réforme dont les résultats se- tions cette question du Pain gratuit par la Grève gé- raient tangibles et conformes aux fi ns d’égalité so- nérale ou, nous pouvons le dire, de la Grève géné- ciale que nous poursuivons, les travailleurs verront, rale par le Pain gratuit. disons-nous, que cela ne saurait leur être accordé par les possédants actuels. Et nous espérons que Le Congrès peut se prononcer en faveur de notre ce leur sera une raison suffi sante pour l’exiger obs- proposition, il la placera, par ce fait, à l’ordre du jour tinément. des assemblées générales de toutes les organisa- tions confédérées et aidera puissamment à sa vul- Le Pain gratuit refusé par tous les aff ameurs systé- garisation. matiques de peuple, sera voulu par ce peuple. Il ne Si vous êtes toujours partisans de la grève géné- nous restera qu’à mettre à sa disposition les moyens rale, si vous ne craignez pas de la tenter, si vous indispensables pour le réaliser. êtes confi ants en vous, vous ferez de la propagande en faveur du Pain gratuit, premier palier du commu- Ces moyens, nous l’avons dit, sont dans nos mains, nisme, première affi rmation et consécration du droit ils sont ceux de l’action syndicale. Il va de soi, étant à l’existence. donné le caractère général de la question, qu’il ne Ch. Dooghe.

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