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Jeux vidéo : pourquoi Blanka et Honda vont disparaître dans « Street Fighter V » Le Monde.fr | 04.02.2016 à 15h20 | Par William Audureau (/journaliste/william-audureau/) Blanka et Honda, deux des huit emblématiques héros de Street Fighter II, en 1991. Capture d'écran Ils font partie du paysage depuis 1991 et l’épisode de la révélation mondiale, Street Fighter II. Blanka, le mutant brésilien électrique et vert, et Honda, le sumo japonais à la technique des mille mains, seront pourtant absents du casting de personnages jouables de Street Fighter V à sa sortie le 16 février. Toutes proportions gardées, c’est un peu comme si Chewbacca et R2D2 n’apparaissaient pas dans un Star Wars. Pixels a posé la question à Yoshinori Ono, producteur exécutif du jeu de Capcom : pourquoi une telle absence ? Cure d’amincissement Première raison : la volonté d’imposer une cure d’amincissement au casting de la série. Le dernier jeu en date, Ultra Street Fighter IV, en 2013, proposait 44 personnages différents, un nombre démesuré à ses yeux. « Même si vous n’utilisez que quelques personnages, il est important de savoir comment fonctionnent les autres. A mesure que je vieillis, je me dis que nous avons trop de héros. » Cette nouvelle génération repart sur un chiffre plus mesuré, celui de seize combattants. Ultra Street Fighter IV proposait 44 combattants. "Plus je vieillis, plus je me dis qu'il en faut moins", juge Yoshinori Ono. Capcom Et fatalement, il a fallu faire des choix. « L’idée était d’avoir huit héros de Street Fighter IV et pour les huit restants, quatre combattants peu connus issus d’autres épisodes et quatre tout nouveaux personnages. » Sur les huit protagonistes initiaux de Street Fighter II, six reviennent ainsi (Ryu, Ken, Chun Li, Dalshim, Zangief, Guile). Pourquoi éliminer Blanka et Honda en particulier ? Yoshinori Ono évoque deux raisons, dont la première tient à la nécessité d’avoir un panel de combattants équilibré, à la fois en matière de style de jeu et de nationalités représentées. « Quand nous avons eu nos douze combattants vétérans, on a regardé le roster [liste des personnages jouables apparaissant dans le menu du jeu], et on s’est demandé : qu’est-ce qu’il manque ? Il n’y avait pas assez de personnages explosifs, par exemple. Ni de personnages rapides. Nous avons donc conçu les quatre nouveaux combattants pour qu’ils comblent les trous. » C’est ainsi qu’est née Laura, une nouvelle héroïne d’origine brésilienne, comme le mutant vert. « Je me suis dit qu’il n’y avait pas besoin de deux personnages brésiliens et que Blanka pourrait peut-être recharger un peu ses batteries. » Laura, une nouvelle combattante adepte de ju-jitsu brésilien, reprend à Blanka le rôle du héros auriverde. En moins poilu. Capcom La prime à l’offensive L’absence de Honda et Blanka exprime également une volonté de bousculer les pratiques des joueurs et de privilégier des matchs offensifs, après un Street Fighter IV critiqué pour sa prime à la défense . Le sumo et l’homme-bête ont en effet un point commun : depuis leurs débuts, certains de leurs coups spéciaux s’activent en se mettant en position défensive pendant deux secondes, avant de relâcher leur attaque. « Les personnages "à charge", comme on les appelle, sont mis de côté dans Street Fighter V », reconnaît M. Ono, tout en précisant qu’ils n’ont pas totalement disparu. Guile, dont les coups fonctionnent de manière similaire, sera intégré dans le jeu dans un second temps, en téléchargement. Blanka et Honda sont deux personnages à charge, un style défensif : le joueur doit se protéger plusieurs secondes avant de relâcher l'attaque (ici, Street Fighter Alpha 3). Capture d'écran Enfin, Blanka et Honda ont un autre point commun : ce sont des personnages pensés pour les débutants. « A l’époque, il était difficile de faire des boules de feu ou des dragon punch avec les contrôleurs des bornes d’arcade, la manipulation demandait un timing très précis, rappelle le producteur exécutif, Yoshinori Ono. Ces personnages étaient là pour que les débutants sortent des coups spéciaux assez facilement, juste en appuyant frénétiquement sur un bouton. » Leur popularité a presque été accidentelle. « Ce n’est pas que ces combattants étaient appréciés pour eux-mêmes, mais ils remplissaient une fonction », estime le producteur. « Avec Street Fighter V, l’optique est d’être le plus grand public possible. Nous avons rendu le timing plus tolérant. Il n’y a plus besoin de prendre un personnage "à charge" si vous êtes débutant, il est juste plus facile de lancer les coups spéciaux. » Cette philosophie se retrouve dans la panoplie de l’emblématique combattante chinoise Chun Li, dont la technique des mille pieds nécessite désormais un mouvement de quart de cercle vers l’avant avec la manette, au lieu d’un matraquage en règle du bouton de coup de pied. Bye, bye, donc, Blanka et Honda, à la fois inutiles, trop défensifs et trop « bourrins » pour le nouveau Street Fighter. Cela ne signifie pas que les joueurs ne finiront pas par les revoir . « A mesure que le temps passe, nous lancerons de nouveaux personnages ; nous en avons déjà annoncé six. Blanka n’y est toujours pas, mais ce n’est que le début », prévient Yoshinori Ono, qui prévoit l’ajout de nouveaux héros par saisons. « On ne veut léser personne, ni les nouveaux venus, ni les anciens de Street Fighter II, ni ceux qui jouent tous les jours à Street Fighter IV. Chacun s’y retrouvera », esquive-t-il en anticipant les coups..