Les Confidences Provocatrices Et Généreuses Du Chef De Meute
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SAMEDI 23 MARS 2013 LE JOURNAL DU JURA RIFFS HIFI 23 KROKUS Ceschiens sont encoreaffamés de rock’n’roll KENT Les confidences provocatrices Toujours pas fatigué! Danslesannées90,ileffectuaitla navette entreTavannes et Trame- et généreuses du chefdemeute lanàunrythmedestakhanovisteà l’occasion de concerts aussi inti- mistes que fulgurants,pour le plus grand bonheur d’une poignée PASCAL VUILLE d’aficionados impénitents.Elec- triques,acoustiques –ilfut l’un Chris von Rohr,fondateur du des premiers Français àsepro- groupe rock suisse le plus titré duireunplugged –, «accordéoni- de toute l’Histoire, nous are- sés», même: ces rendez-vous ré- çus chez lui pour évoquer vélaient àchaque fois une «Dirty dynamite». Portrait authentique bête de scène. d’un rocker authentique,pro- Ancien chanteur de Starshooter, vocateur et généreux. le gang le plus sous-estimé de Dans une rueàsens unique France,Kent avait fini par dire de Soleure, àdeux pas du cime- stop àune expérience collective tière, une maison mitoyenne pratiquée sous le signe du plus pur Kent:horsmodes et unique. LDD comme les autres.Auportail, communisme, où les roadies ga- une pancarte en anglais avertit gnaientautant –ouaussi peu – sur le cœur,àlafaçon d’un le piéton: «Attention au pro- que les membres du groupe. Aznavour. priétaire. Le chien n’est pas Cruelle coïncidence,les Stones Et puis,comment ne pas préfé- méchant.» Seul indice qui venaient pourtant de supplier ce rerlagouaille et le poignant réa- laisse àpenser que cette bâtisse dernier d’effectuer la première lismedeStarshooter àces rengai- est le foyerd’unoriginal qui a partie de leur tournée française. nes bobo-urbaines parfois un brin le sens de l’ironie. Kent avait dit niet. Depuis,quel pathétiques? Enchanté de parler au média parcoursensolo! Tour àtour écri- Cela dit, Kent reste un parolier des «Welches», il nous ac- vain, auteur de BD et même ac- hors pair.Ungars en dehors du cueille dans son salon, justeà teur,lechanteur lyonnais pour- système.«Le temps des âmes» côté d’un grand piano. «C’est là suit son petit bonhomme de (distribution Disques Office), son que Steve Lee (ndlr: le chanteur Chris von Rohr et le chanteur Marc Storacesur le fameux passage pour piétons d’Abbey Road, des Beatles. LDD chemin en dehors des modes et dernier album, consiste en un décédé de Gotthard) et moi des normes.Souvent avec bon- échange entreses mots et le piano avons composé «Heaven»et«Let compacts,untas de photos dédi- révolutionne pas le genre. Là forme de boutade,s’il est raison- heur et originalité. de Marc Haussmann. Dépouillé? it rain». C’est tellement triste de cacées par le groupe au complet, n’est pas le propos.Ilplace nable pour des soixantenaires Depuis,onnecompte plus ses On peut direça. Mais encensé par l’avoir perdu»,dit-il, pensif. qui compte dorénavant aussi l’auditeur au carrefour du de parlerautant de sexe, il prend disques.Etcegrand voyageur,qui la presse française toutes tendan- Nombreux sont ceux qui igno- l’ex-GotthardMandy Meyer blues,durock’n’roll, du hard immédiatement la perche ten- se produit aussi bien en Chine ces confondues,deL’Humanité à rent que c’est Chris von Rohr dans ses rangs.Ledisque aurait- rock et du boogie. due: «Nos chansons parlent d’af- qu’enAllemagne,alterne l’inti- Rock &Folk. qui adéniché Gotthardilyaun il «sonné» de la même manière firmationdesoi, de soirées arro- miste le plus froid et le pêchu le Façon de rendrehommage à peu plus de vingtans dans un s’il n’avait pas été enregistréaux Sacrées références sées,demauvaise politique, plus binaire. uneformidablehonnêteté,une fa- caveau tessinois. mythiques Abbey Road Studios Dans le sillon de leurs référen- d’enfants trompésetbeaucoup Certes,onnel’a pas toujours sui- çon d’avancer sans compromis. Le Soleurois croit immédiate- de Londres? «Si l’on considère ces: ZZ Top, AC/DC, Steppen- d’autres choses de la vie.Permet- vi dans sa quête inassouvie de Un peu àlafaçon de la dynastie ment en eux, scotché par la voix l’aspect technique, non. De nos wolf,LynyrdSkynyrd et les tez-nous de parler un peu de sexe nouveaux horizons.Comme on des Pickendorf,ces héros de Jean incroyabledeleur chanteur.Il jours, chacun peutenregistrer un Beatles,auxquels ils rendent aussi! Le foot, le rock’n’roll et le n’apas trop goûté cette façon un Raspail, toujours honnêtes,tou- les ferasigner chez BMG et pro- disque dans son salon avec un ordi- hommage grâce une étonnante sexe sont les plus belles choses de peu brutale de bannir le rock au jours rebelles,toujours fidèles. duiraleurs six premiers albums, nateur.Mais la musique est avant version de «Help», bluesyàsou- la vie.Aujourd’hui, nous vivons profit de la «bonne chanson fran- Toujours perdants? Peut-être, dont «Homerun» qui s’écoulera tout une question d’émotions.Ces hait. «Dans le heavymetal, tu dans un monde digitalisé.Assez de çaise». Allusion àces refrains un mais ôcombien magnifiques... à150 000 exemplaires sur sol studios ont une atmosphère parti- vieillis plutôt mal. Tu vieillis mieux Facebook, assez d’iPhone,assez de peu plats qu’onentonne la main PIERRE-ALAIN BRENZIKOFER helvétique.Jouxtant les dessins claviers! ‹Touch me,feel me, de sa fille de onze ans,les dizai- scream for me baby›, c’est ça notre nes de disquesd’oretdeplatine gospel ànous! Il nous faut redé- de Gotthardqui garnissent l’es- « Le football, le rock and roll couvrir notre corps de toutes les fa- calier témoignent d’un par- ● çonspossibles, par le yoga, le sport. cours exceptionnel en tant que C’est mon message.C’est en tout producteur.Son palmarès en et le sexesont les plus belles cas mieux que de regarder la télé- tant que bassiste,auteur et com- choses de la vie.Assez de réalité,non?» Difficile de lui positeur chez Krokus est encore donner tortsur ce coup-là. LA PLAYLISTDE... plus impressionnant. Plus de Facebook, assez d’iPhone!» dix millions d’albums vendus au Des survivants total pour un groupe basé à CHRIS VONROHR BASSISTE DE KROKUS En jetant un coup d’œil dans le Pascal Vuille quelques miles de Bienne.L’a-t- rétro, Chris de Rohr est con- [email protected] on oublié? Les médias romands culière. Ils n’ont pas été spéciale- en jouant du blues rock. Et puis scientque son groupe revient de en font peu de cas,hélas. ment rénovés et on ytrouve beau- nos racines sont là, dans cette ex- loin. De très loin. Et que la ré- ANASTACIA «It’s aman’s world» (2012) coup de matériel desannées 60 et plosion musicale qui ajailli dans unification des deux camps fut Cettecollection de reprises est passée inaperçue. Pourtant,elle vaut Digne successeur 70.Ici, un ampli de Keith Ri- les années 60.Nous ne faisons rien plus compliquée qu’à KohLan- son pesant de platine. Tout comme les croonersPaul Anka et Pat Dans son salon, tout indique chards.Là, le micro de John Len- de nouveau. Nous ne cherchons ta: «Il afallu quelques séances Boone avant elle, l’Américaine aux puissantes vocalises revisitedes que Chris de Rohr est en pleine non. Plus loin,lapipe àeau de pasàréinventer ce genre établi. quasi thérapeutiques pour laisser classiques du rock plombé, leur donnant une nouvelle énergie. Les promo de «Dirty dynamite», le Yoko Ono.«Yconcevoir ‹Dirty dy- Notre démarche,c’est de le jouer à derrière nous nos problèmes d’ego, tubes d’AC/DC,Led Zep, BonJovi, Aerosmith et des Guns sont successeur de «Hoodoo» qui fut namite› arevêtu un caractère très notrefaçon, intensément et avec nos rancunes et des tonnes de revitalisés àcoup d’injections de soul. Quant àlaversion de «One» de il yaexactement trois ans l’al- émotionnel,qui nous apermis de beaucoup de feeling.Onn’a pas à mauvais souvenirs.Ilfaut direque U2,elle donne la chair de poule. bum de la reformation du line- donner 120% de nous-mêmes!», réinventer le printempsouleTo- nous n’avions plus été ensemble up originel. Unepile d’affiches, explique-t-il avec enthousiasme. blerone non plus!»,dit-il, amusé. depuis20ans! Des larmes ont cou- BEN HARPER WITH CHARLIE MUSSELWHITE «Get up!» (2013) un gros carton regorgeant de Ce bâton de dynamite rock ne Quand on lui demande,sous lé au sein de Krokus.Nous avons Le génial touche-à-tout fait une incursion musicale dans le Mississippi. su dépasser nos différences et ap- Enfin l’album de blues tant attendu! Acoquiné pour l’occasion au précions ce qui nous arrive comme chantredel’harmonica qui ajoué avec Muddy Waters et John Lee un cadeau, car ce n’était pas ga- Hooker,leCalifornien renoue avec ses racines profondes.C’est le Ben gné. Anos concerts, un tiers du pu- Harper qu’on affectionne, celui qui nous plonge dans un maelström de blic amoins de 20 ans.Etpuis, folk,deblues,desoul et de gospel. Il n’est jamais meilleur que quand nous sommes d’heureuxbâtards, il ne fait pasdurock. car il yatoujours autant de jolies filles devant la scène.Nous ne THE JIM JONES REVUE «The savage heart» (2012) sommes pas des vieux cons qui se la Depuis le temps que «Rock &Folk» nous bassine àlongueur d’année jouent tranquille,mais de jeunes avec ce groupe londonien de rock’n’roll garage, fallait qu’on yprête chiens, prêts àbotter des culs! l’oreille. Une oreille dont les tympans ont étéagréablement perforés Nous avons tout vécu avec Krokus: par la sauvagerie d’un quatuor très énervé qui fait passer les Lordsof des décès, des guerresd’avocats, Altamont ou les Dropkick Murphyspour des chanteursdepolyphonies des mauvais managers, des bagar- corses. res, des divorces.Leghetto,quoi. Où nous en sommes maintenant, MUMFORD &SONS «Babel»(2012) c’est du bonus.» Tout justeauréolée du Grammy du «meilleur album de l’année», cette Long live Krokus! seconde pépitedes Londoniens l’a emporté sur les réalisations de Jack Whiteetdes Black Keys,les références actuelles du rock.Excusez du «Dirty dynamite», Sony Music.Enconcertle peu.