Dossier Pédagogique
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Dossier pédagogique 1 Lettre de Rolande Causse pour soutenir la représentation théâtrale de l’album « Ita- Rose » : ITA ROSE ou L'histoire d'une famille victime de la grande Histoire... L'Histoire de la seconde guerre mondiale doit être connue par tous et fait partie de notre patrimoine. Elle structure la pensée des enfants et des jeunes et leur donne des points d'appui, des références. Qu'y a-t-il de mieux qu'un spectacle pour montrer cette réalité du passé ? Cette famille juive a vécu, dans de dures conditions, onze mois dans les camps français, Nexon, Gurs, Rivesaltes. En octobre 43, le père a été arrêté, torturé et tué de dix-sept balles par Klaus Barbie. Léon, le fils aîné, est aussi déporté et meurt rapidement au camp d'Auschwitz. Les deux petites filles d'Ita Rose, Mina et Claudine, semblaient protégées dans le foyer d'Izieu mais elles seront arrêtées, déportées avec les quarante- deux autres enfants d'Izieu et assassinées à Auschwitz- Birkenau. Puis, véritable Mère-Courage, Ita Rose, âgée de soixante-neuf ans, accompagnera Beate Klarsfeld à La Paz en Bolivie afin de dénoncer Klaus Barbie, le chef de la Gestapo, bourreau de Lyon, vivant là sous un faux nom. Enfin, elle assistera à son procès et accusera celui qui a tué son mari et est responsable de la mort de trois de ses enfants. Cette histoire est le symbole de ce qui est arrivé à de nombreuses autres familles juives. Et cette pièce de théâtre inscrit ce récit dans la Grande Histoire. 2 La voyant, les jeunes spectateurs ressentiront des émotions fortes qui laisseront des traces inscrites au plus profond d'eux- mêmes. Il est indispensable que des enfants de CM1 et CM2, que les collégiens et les lycéens suivent cette progression de mots, de silhouettes et de théâtre d'ombre. Tous, petits et grands engrangeront des souvenirs historiques et artistiques. La voix juste et émouvante de la comédienne disant le texte, le jeu des petits personnages changeant, se déplaçant et progressant au gré de l'histoire offre un spectacle riche, original et magnifique. Bien entendu, cette représentation est pour tout public et les adultes en ressentiront la beauté et la force de l'émotion. " Rolande Causse, écrivain 3 Introduction Ita Rose est un spectacle, plus qu’une pièce de théâtre, dont la particularité est double : d’une part, les protagonistes sont dans les ombres et les lumières qui dessinent sur la scène, portées par l’actrice qui les anime, l’histoire de cette femme et des siens ; d’autre part, la pièce elle-même s’inspire d’un album où s’imbriquent récits, dessins et photos d’archives. Le récit est celui d’une vie, celle d’Ita Rose, traversée et transpercée par l’Histoire de la seconde guerre mondiale, celle d’une femme qui a survécu à cette Histoire, et révèle comme un condensé du pire de ce qu’on l’on pouvait subir en ces temps-là. I - Quelques repères historiques : 4 ♦L’exclusion légale des juifs en France de l’Armistice à la Libération Au lendemain de l’Armistice, la France se trouve scindée en cinq zones administrées par des doits distincts . Dans les départements du Nord et du Pas de calais, rattachés au commandement allemand à Bruxelles, de la Moselle, annexée au Reich au sein du Gau de Luxembourg, et de l’Alsace, annexée dans le Reichsgau du Bade-Wurtenberg, la germanisation est immédiate et les lois de Nuremberg directement appliquées. De 1940 à 1942, des textes allemands de persécution et de spoliation des Juifs (Ordonnances du gouverneur militaire pour les territoires français occupés) sont mis en place dans la zone occupée et restent en vigueur jusqu’en 1944. Dans la France de Vichy (colonies comprises), le gouvernement du maréchal Pétain élabore, à partir de juillet 1940, un ensemble de textes législatifs qui transcrivent dans le droit français des principes antirépublicains, antimaçonniques et antijuifs, permettant la spoliation des biens et la mise à l’écart de la société. La loi du 3 octobre 1940 crée un « Statut des Juifs » qui exclut ces derniers de la fonction publique et établit une liste de professions soumises soit à numérus clausus, soit à l’interdiction totale d’exercer dans les domaines de la presse, de la culture et de la radio. La loi du 29 mars 1941 crée le Commissariat général aux questions juives, permettant à l’administration de Vichy la mise en œuvre de « l’aryanisation » des entreprises juives et la constitution de fichiers ♦L’Etoile Jaune Cette marque distinctive est imposée aux Juifs de zone occupée à partir du 7 juin 1942. Du 2 au 6 juin, les juifs de plus de 6 ans doivent se présenter dans les commissariats de police où, contre un point de la carte textile, leur sont remises trois étoiles par membre de la famille. L’étoile jaune à six pointes est très visible. Bordée de noir, elle porte le mot »juif ». Elle sera cousue solidement sur le côté gauche du vêtement, à hauteur de poitrine. Le gouvernement de Vichy ne l’adopte pas en zone sud mais fera inscrire le terme « juif » sur la carte d’identité. Les nazis espèrent que cette mesure va isoler les juifs et provoquer la surprise et la malveillance de la population. D’autres mesures limitatives suivent : limitation des achats au créneau 15/16h, interdiction de fréquenter les lieux publics … 5 ♦ La rafle du Vel d’Hiv (16-17 juillet 1942) Les 16 et 17 juillet 1942, près de treize mille Juifs (pour la plupart étrangers) sont arrêtés dans le ressort du Gross-Paris. Tandis que les célibataires et les couples sans enfants sont directement emmenés au camp d'internement de Drancy, en banlieue nord- est, les familles, soit plus de huit mille hommes, femmes et enfants, sont détenues un temps au vélodrome d'hiver de Paris (situé rue Nélaton, dans le XVe arrondissement), avant d'être transférées dans les camps de Pithiviers et de Beaune-la-Rolande (Loiret). Tous seront déportés à Auschwitz-Birkenau d'où, pour la plupart, ils ne reviendront pas (sur les 75 000 Juifs au total déportés de France, moins de 2 500 sont revenus). Cette vaste opération (dont le nom de code était « Vent printanier ») voulue par les Allemands et exécutée par la police française, est restée dans les mémoires sous le nom de « rafle du Vel' d'Hiv' ». Elle marque les débuts de la mise en œuvre de la solution finale en France. ♦Le camp de Nexon : Le centre de séjour surveillé de Nexon fut construit dans le courant de 1940 et accueillit des prisonniers politiques en novembre 1940, après avoir "hébergé" des réfugiés espagnols. Il comprenait 13 baraques permettant d’abriter 1200 internés, 4 constructions supplémentaires porteront la capacité à 1600 personnes. Il était entouré d’un réseau de barbelés et surveillé par 4 miradors. Compte tenu du transfert fréquent d’internés vers d’autres camps français ou allemands et de la main-d’œuvre que l’occupant y puisait , l’effectif varia de 150 à 700 détenus, en majorité communistes et syndicalistes. Le 29 août 1942, 450 Juifs dont 68 enfants de la région de Limoges sont arrêtés et rassemblés à Nexon. Ils seront livrés aux nazis et déportés à Auschwitz. Des Israélites âgés évacués du camp du Récebedou trouvèrent « refuge » à Nexon. A la suite de sa dissolution en novembre 1943, les internés du camp de Gurs seront également transférés à Nexon. L’attaque du camp par les FFI le 11 juin 1944 provoqua une coupure d’électricité qui sera mise à profit par 54 détenus pour s’évader. Les autres internés seront acheminés à Limoges au Grand Séminaire. Nexon redevient alors un camp d’internement administratif qui sera définitivement fermé en 1945. 6 ♦Le camp de Rivesaltes : Le camp de Rivesaltes ou camp Joffre, occupant 600 hectares entre les communes de Rivesaltes et de Salses, a été construit en 1938, afin de servir à l'instruction et à l'acclimatation des troupes en provenance d'outre-mer. En février 1939, les premiers civils arrivent au camp, il s’agit des républicains espagnols ayant fui le franquisme. Rivesaltes, passé sous le contrôle du régime de Vichy, sert ainsi au regroupement ou au rassemblement familial d'Espagnols (55 %), de Juifs (33 %). Les Tziganes, indigents et opposants politiques, "étrangers ennemis, indésirables ou suspects pour la sécurité nationale et l'ordre public" y sont aussi détenus. D'une capacité de 18000 personnes, le camp accueillera 21000 détenus entre 1941 et 1942 Seules les sorties pour aller effectuer des travaux d'intérêt général sont autorisées, le camp étant un vivier de main d'oeuvre gratuite. Les hommes âgés de 18 à 55 ans, jugés aptes physiquement, sont envoyés dans des groupements de Travailleurs Etrangers (GTE). Les femmes et les jeunes gens à partir de 15 ans effectuent des travaux saisonniers. Le 11 novembre 1942, l'armée allemande envahit la zone libre. La partie militaire du camp est alors occupée par l'armée allemande qui s'en sert pour le cantonnement et l'instruction de troupes d'infanterie dont les unités concourent à la défense côtière. En novembre 1942, le camp est dissous. Les mille derniers internés sont envoyés à Gurs, sauf les Tziganes qui sont dirigés sur le Camp de Saliers. ♦Le camp de Gurs Aménagé en un mois et demi sur un terrain de quatre-vingt hectares situé sur la lande de Gurs, le camp d'internement comporte à l'origine environ quatre cent baraques, et il est ceint d'une double ceinture de barbelés. Dès avril 1939, le "centre d'accueil" est jugé opérationnel par les autorités de la IIIème République.